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Sujet: La Lune n’a rien à craindre des Loups…
Forlong

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Rechercher dans: Le Royaume de Gondor   Tag calimehtar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Lune n’a rien à craindre des Loups…    Tag calimehtar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 18 Fév 2012 - 18:33
Le cœur de Forlong s’accéléra lorsqu’il entendit les paroles prononcées par l’elfe. Elle le suivrait. Par tendresse, par sens de devoir ou autre encore, il ne savait pas. Mais elle ne comptait pas le quitter malgré les évènements de la nuit passée…il ressentit une pique de jalousie lorsque la femme étreignit le vagabond, tout en se rendant immédiatement compte de l’absurdité de cette pensée.

Nathanael et Calimehtar semblaient le percevoir en tant qu’animal blessé, en besoin de soins et de protection…ils avaient malheureusement raison. Le Loup Blanc regarda autour de lui. Un blessé, un vieux paysan et une femme aux yeux bandés. Il ne leur restait plus qu’à espérer que les routes du Gondor seraient bien gardées par les soldats du Roy.  

Il fut arraché de ses pensées par les paroles de Nathanael. Il identifia sans problème le sens caché du monologue…Lost Ore, la Tête, et la Couronne de Fer. L’homme du Nord ne put s’empêcher, encore une fois, d’admirer l’esprit vif du conteur. Cependant son discours n’était en aucun cas rassurant. Après le chaos, la destruction et la déception de la campagne d’Assabia, ces quelques journées passées en compagnie du conteur et de la guérisseuse avaient eu un effet bénéfique sur le vétéran. Comme tout loup blessé, il désirait simplement se retraiter quelque part, et guérir ou mourir en paix. Et pourtant son repos ne durerait pas longtemps…assez peut être pour guérir son épaule, mais probablement pas pour soigner son âme tourmentée.

Les adieux furent brefs et simples. Forlong regarda l’homme barbu dans les yeux, et lui souhaita bonne chance dans ses aventures. Il espérait sincèrement revoir un jour Nathanael; une amitié avait lié ces deux hommes si différents, et ils savaient qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre. Un luxe rare dans ce monde corrompu.

C’est ainsi que leurs chemins se séparèrent…l’homme du Nord et l’elfe se dirigeaient à présent vers un avenir incertain au rythme irrégulier du chariot rempli de foin.

La proximité de Calimehtar n’avait pas laissé Forlong indifférent, et le contact presque imperceptible avec sa jambe lui fit contracter ses muscles. Il sourit intérieurement ; le bandeau qui recouvrait les yeux de l’elfe lui permettait de l’observer sans qu’elle s’en aperçoive, du moins il espérait que ca soit le cas. Le dunadan regarda les traits délicats du visage de la femme, traça du regard la ligne gracieuse de ses épaules…des épaules qu’il avait senti frémir légèrement sous son toucher il y a quelques heures à peine. Il tenta tant bien que mal de penser à autre chose.

Ses pensées revinrent vers son fief…le château Beauclair. Il n’avait pas posé pied sur ses terres depuis plus de six ans à présent. Les habitants du village le croyaient sans doute mort, même s’il s’était assuré qu’une somme d’argent soit régulièrement versée dans les coffres du château, afin que ses hommes ne souffrent pas de faim ou de froid en hiver. Forlong n’avait pas dit à l’elfe qu’ils se dirigeaient vers son propre fief. Elle ne savait pas qu’il était un seigneur. Un chevalier, qui jadis marchait aux côtés des grands de ce monde. Aujourd’hui, il ne restait plus qu’un vétéran blessé, vêtu d’une vieille veste de cuir. Non…il ne lui avait pas dit. Pourquoi ? Il ne savait pas vraiment lui-même. Peut être qu’il avait encore peur de faire entièrement confiance à quelqu’un, surtout une personne qu’il connaissait depuis quelques jours seulement. Et pourtant, il ne pouvait penser à Calime’ en tant qu’inconnue. Ces nuits passées devant le feu de camp, ses mains délicates remplaçant ses bandages, son chant doux à son oreille…sa peau chaude sous ses doigts. Oui…elle était devenue une part de sa vie. Cependant la méfiance n’était pas la seule raison de son silence ; le Loup Blanc ne savait pas comment il allait être accueilli dans son fief. Avec haine ? Méfiance ? Peut être que le château avait à présent un nouveau seigneur, après la mort présumée de Forlong Neldoreth d’Arnor…il ne savait pas. Les questions se multipliaient dans sa tête, et il soupira légèrement. Il ne lui restait plus qu’à attendre.


Ils ne parlèrent pas beaucoup. L’absence du conteur se faisait ressentir…mais il ne s’agissait pas d’un silence inconfortable.  Le Loup Blanc était habitué à la solitude et au bruit seul de ses pensées, et la proximité de l’elfe semblait remplir le vide de son cœur. Il fronça les sourcils lorsqu’il s’aperçut qu’il attendait avec impatience les soins quotidiens de la guérisseuse. Bien que douloureux, ces séances représentaient pour lui un moment de tranquillité sans pareil, et une intimité étrange avec Calimehtar.


***


Forlong espérait arriver dans son fief dans la soirée, mais la chance ne leur souriait pas. Le soleil hivernal s’apprêtait déjà à se coucher lorsque le vieux paysan, habituellement silencieux, lança un juron, accompagné d’un secouement brusque qui éveilla une douleur brûlante dans l’épaule du guerrier. La réponse du Gondorien aux questions des voyageurs fut brève ; la roue du chariot était cassée. Il pouvait la réparer, mais cela prendrait plusieurs heures. Ils allaient passer la nuit ici.

La nuit fut glaciale, et un vent froid sifflait autour des voyageurs, faisant danser les flammes frêles de leur petit feu de camp. Ils étaient tous fatigués, et l’humeur noire du paysan avait mit fin à toutes tentatives de conversation. Le vieillard s’empara de ses outils, et se mit à travailler sur la roue. Forlong quant à lui s’aperçut du froid que devait ressentir l’elfe. Espérant que son action ne dérangerait pas Calimehtar, il s’approcha d’elle, et l’entoura de son bras sain, mettant une couverture par-dessus leurs corps. De l’autre côté, il avait posé Lunerill, son épée fidèle qu’il espérait ne pas devoir utiliser cette nuit. Le sommeil finit par envahir les voyageurs, et la chaleur de leurs corps les protégea en partie de la colère du vent…


***


Ils furent réveillés par le paysan peu de temps après l’aube. La roue était réparée, mais l’homme était aussi amer que la nuit passée. Il se contenta de lancer un regard douteux aux deux voyageurs, qu’il associait à présent avec la maison de joie de Pelargir.

Lorsque le soleil était au zénith, Forlong et Calimehtar partagèrent un repas modeste sur le chariot. Le Dunadan mangea avec appétit, ce qu’il considéra comme un signe qu’il revenait doucement à la santé. Il tenta de penser à autre chose qu’au corps de la femme à côté du sien la nuit passée. Il s’aperçut soudainement qu’il avait commencé à neiger ; des grands flocons de neige virevoltaient dans l’air, et tombaient sur ses cheveux blancs. Le spectacle lui rappela son Arnor natal, et il sourit brièvement malgré lui. Le charretier ne semblait pas partager son enthousiasme, et cracha sur le côté de la route.

Au bout de quelques heures, le guerrier commença à reconnaitre le paysage. Il s’agissait de la route menant vers Dol Amroth, la cité du cygne. Ils n’étaient plus très loin. La voix du paysan se fit entendre:

-Le chemin vers le fief Beauclair se trouve à gauche…à cheval vous devriez à arriver en une heure ou deux. Je n’ai pu réparer la roue du chariot que provisoirement, et je veux l’emmener à Dol Amroth le plus tôt possible. Surtout avec cette satanée neige. Nos chemins se séparent ici…

Bien que le paysan leur avait jadis promis de les emmener jusqu’au fief, le dunadan ne protesta pas. Il comprenait que l’homme avait envie de retrouver sa famille, et se débarrasser enfin de ces voyageurs étranges. Il pensait être à présent capable de monter à cheval…il paya généreusement le charretier, et lui remercia pour ses services.

Forlong et Calimehtar assemblèrent leurs affaires, et l’homme du Nord dissimula son armure et ses autres possessions dans les sacoches d’Asulf, montant lui-même sur son vieux cheval du Rohan, Erwin. Il faisait plus confiance à son ancien compagnon qu’à l’étalon jeune et fougueux de Dol Amroth. Il attendit que l’elfe monte gracieusement sur sa jument, et ils partirent ensemble dans la direction de Beauclair.


***


La neige tombait à présent plus lourdement, et bientôt la route fut recouverte d’un tapis blanc…la nuit tombait vite, et les cavaliers avaient du mal à voir. Cependant ils ne pouvaient pas s’arrêter ; ils étaient si près de leur destination, et ne voulaient pas risquer une autre nuit passée dans le froid. Les trois chevaux avançaient lentement dans la neige, et les heures passaient une après l’autre…La précipitation fit place à une véritable tempête, et les voyageurs sentirent le froid percer leurs vêtements et les envahir. Ils n’avaient pas d’autre choix que d’avancer…Forlong se sentait faible à cause de sa blessure, mais s’inquiétait surtout pour sa compagne, sans savoir si elle était habituée à ce genre de conditions…heureusement leurs chevaux étaient expérimentés, et les guidaient tant bien que mal à travers le paysage nocturne…

Ce fut seulement lorsque le dunadan commençait à douter de leurs chances de survie qu’il aperçut au loin les contours noirs de bâtiments. Il bénit intérieurement les Valar, et son cheval accéléra, en sentant la proximité de la civilisation. L’homme et l’elfe descendirent tant bien que mal de leurs chevaux, et Forlong frappa lourdement sur la porte d’une grande maison en pierre et en bois. Des bruits de pas se firent entendre, et un homme assez gros vêtu d’une chemise de nuit ouvrit la porte, une bougie à la main. L’homme du Nord reconnut ses traits, il s’agissait d’un des villageois de Beauclair…mais ce dernier ne semblait pas reconnaitre le Loup Blanc dans la pénombre.

-La tempête nous a piégé, et nous avons failli y rester…nous avons besoin d’un endroit pour passer la nuit…

L’homme les regarda, et dit :

-Voyager par ce temps de chien…quelle idée…je n’ai malheureusement pas de place dans ma maison, mais mes écuries sont presque vides en ce moment. Vous pouvez y laisser vos chevaux ; le bâtiment est solide et chaud, vous y trouverez aussi du foin. Il ne s’agit pas d’un palais royal, mais vous serez à l'abri de la neige.

Forlong le remercia, et, suivi de près par l’elfe, se dirigea vers les écuries, en titubant légèrement. Lorsqu’il entra dans le bâtiment, il jeta sa cape enneigée sur le sol, et guida les chevaux dans les boxes. D’une main un peu tremblante, il sortit une bouteille d’alcool de son sac de voyage, et but une gorgée généreuse. Il sentit l’effet bénéfique du breuvage, et la chaleur se répandit dans son corps. Il voulut en proposer à l’elfe, mais il se rappela du fait qu’elle ne buvait pas. Le dunadan sortit alors quelques couvertures, et s’approcha du foin dans le coin des écuries. Il lui semblait qu’il s’agissait d’un lit royal, et il se posa lourdement dessus ; Calimehtar était déjà couchée. L’homme du Nord mit les couvertures par-dessus leurs corps, de façon maladroite à cause de sa blessure et du noir complet qui régnait dans le bâtiment.

Ils ne dirent rien, épuisés par le combat contre la tempête…ils étaient juste heureux d’être en vie, et profitaient de la chaleur du foin. Et pourtant…Forlong ne pouvait pas dormir. La proximité de l’elfe remplissait ses pensées, et son cœur battait rapidement. Il ne savait pas si c’était la fièvre, l’alcool, ou autre chose encore, mais il ne put s’empêcher. Doucement, sa main vint se poser sur l’épaule de la femme, et se glissa sous ses cheveux, dans sa nuque. Il s’approcha d’elle, la serrant contre lui avec force mais délicatesse.

Ce fut dans ces écuries désertes, dans le noir complet, alors que la neige virevoltait dans le vent dehors, que les lèvres du Loup trouvèrent celles de Calimehtar

#Forlong #Calimehtar
Sujet: Un retour sans bouclier...
Forlong

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Rechercher dans: Khand   Tag calimehtar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour sans bouclier...    Tag calimehtar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 15 Juil 2011 - 17:15
Forlong répondit avec un rictus au regard reconnaissant de Nathanael. Cela faisait à présent une dizaine d'années depuis la dernière fois qu'il dut choisir entre un lit chaud et une miche de pain face au contenu modeste de sa bourse. La fortune non négligeable amassée au cours de sa carrière au service des différents royaumes des Terres du Milieu avait été un peu amaigrie par ses cinq années en exil ainsi que par l'achat de sa nouvelle monture et de l'armure fantastique qu'il avait revêtu devant les murailles d'Assabia, mais était à présent de nouveau alimentée par son salaire fourni par Bogdan. Payer les frais de l'auberge ne lui posait ainsi aucun problème, mais il apprécia la gratitude de son compagnon.

Il regarda Nathanael disparaitre parmi la clientèle de l'auberge. Il soupira, admiratif. L'Arbre Blanc avait fait un bon choix; l'homme barbu n'attirait pas l'attention, mais savait se mêler à pratiquement chaque public en quête d'informations utiles, qu'il soumettait ensuite à une synthèse scrupuleuse dans son esprit analytique. Un espion parfait...lui même ne disposait pas de ce genre de talents. Forlong se demanda pourquoi les services secrets du Gondor l'avaient recruté. Certes, il n'était pas dépourvu d'intellect, et il représentait un atout non négligeable sur un champ de bataille. En effet, lors de la Grande Bataille du Nord, rares étaient ceux dans l'Armée Unifiée qui parviendraient à le battre en duel. Cependant c'était à une époque où son corps était au pic d'un entrainement intensif et guidé par une volonté de fer et des idéaux nobles. Aujourd'hui, épuisé et gravement blessé, il aurait du mal à effectuer une passe d'armes correctement, et la détermination qui le dirigeait était celle d'un homme qui n'avait presque plus rien à perdre. Bah...celui qui pouvait faire d'un loup sauvage un chien fidèle avant que celui ne devienne violent ne pouvait qu'en profiter.

Ressentant la fatigue l'envahir, Forlong remonta jusqu'à la chambre se doutant que le conteur n'allait pas tarder à les rejoindre. Lorsqu'il finit de se laver et se coucha sur le lit il accepta la demande de Calimehtar. Plus confiant à présent et couché plus confortablement, il était plus relaxé que lors des soins précédents et laissa ses paupières fatiguées retomber, le plongeant dans le noir. Il fut d’abord étonné d'entendre les douces paroles de la chanson elfique, mais ce n'était pas une surprise désagréable, et il se laissa bercer par la voix et les doigts délicats de la femme. Il ne se rappelait plus de la dernière fois qu’il avait laissé quelqu’un s’approcher à ce point avec tant de confiance. Était-ce une erreur? Peut être…mais il ne voyait aucune raison pour laquelle il serait profitable à Calimehtar de lui faire du mal. Lorsque l'elfe termina il la remercia doucement, et s'efforça d'ouvrir les yeux afin de consommer son repas. Il ne dut attendre longtemps avant que ce vieux renard Nathanael ne se glisse dans la chambre, disparaissant aussitôt derrière le rideau afin de se vouer aux plaisirs d’un bain chaud. Lorsqu’il réapparut,  Forlong fut surpris de découvrir le changement dans son apparence. Cet individu qui inspirait la confiance des soldats et voyageurs par ses habits recouverts de poussière et son air de vagabond, conteur et rôdeur, était à présent propre et gracieux. Sa barbe, soigneusement taillée, ne ferait pas honte à un noble de la cour du roi Méphisto. Pendant un très bref moment l’homme du Nord ressentit un grain de jalousie, un désir d’apparaitre en tant qu’homme élégant et soigneux plutôt qu’un vagabond mal rasé vêtu de cuir.  Il chassa cependant très vite ces pensées ; il n’avait jamais été vain…et après tout, l’eau chaude ne laverait pas ses cicatrices. Quelle femme voudrait d’un vieux vétéran comme lui ? Le spectre aux cheveux blancs…c’est ainsi que l’appelaient autrefois les citoyens ingrats du Bas de la Cité Blanche. Quel futur pouvait-il espérer ? Peut être une maison dans un village quelque part, où il pourrait vivre de sa fortune sans pour autant attirer trop de questions. Mais il n’était pas sûr qu’une vie sédentaire lui suffirait…il était un guerrier et un voyageur, et sortirait probablement son fidèle Lunerill du fourreau jusqu’à ce qu’un jour son bras s’avère être trop lent pour parer une lame ennemie. Bah…il n’y avait aucun intérêt à se soucier du futur.

Il échangea quelques remarques avec Nathanael, mais son regard se porta au bout de quelques minutes vers l’elfe qui consommait son repas en silence. Elle semblait inquiète et pensive, et ne tarda pas à dévoiler les raisons de ce comportement. La surprise du dunadan fut grande, et il ne put s’empêcher de regarder longuement l’apparence physique de Calimehtar ; il comprit rapidement son erreur dans l’interprétation des évènements sur le chariot quelques heures auparavant. Une enfant de la Lune…il n’avait jamais entendu parler de cette particularité. Répugnance et méfiance…ces mots prononcés avec douleur le frappèrent avec une force terrible. Détester et craindre cet être si innocent ? Il ne pouvait se l’imaginer...elle n’avait rien de répugnant en elle. Certes, elle était différente. Etrange. Mais ces mots n’avaient aucune signification pour l’homme du Nord. Il ne connaissait pas la normalité, il n’avait pas de maison ni de famille qui l’attendait. Exilé, solitaire et pariah, il ressemblait plus  à cette femme au visage tatoué qu’aux paisibles habitants du Gondor. C’est ce genre de mots qui se formaient déjà dans sa bouche, lorsque Calimehtar se leva et disparut derrière le rideau sans leur lancer un regard de plus. Polie, contrôlée… mais il sentait bien que derrière cette fine paroi se cachait un être blessé, inquiet et méfiant.


Forlong fut surpris par le manque de réaction de la part de Nathanael, d’habitude si éloquent. Il ne savait pas ce qu’il avait mis mal à l’aise. Ressentait-il de la méprise envers la femme ? Les paroles un peu incertaines du vagabond nièrent aussitôt cette hypothèse. Il sourit tout de même légèrement en entendant le trait d’humour de l’homme barbu ; les meilleures galéjades étaient celles qui dissimulaient en elles un grain de vérité. Celle-ci en contenait un peu beaucoup. C’est avec avidité que le dunadan écouta les quelques détails que son compagnon de route lui dévoila sur les Enfants de la Lune. Une véritable mine d’informations. D’une grande beauté…il ne s’attendait pas à ce genre de remarque de la part de Nathanael. Ces mots le  firent réfléchir. Il n’avait pas pensé à Calimehtar de cette façon…il éprouvait cependant une étrange envie de la protéger. Et pourquoi est ce qu’il avait ressentit une pique de jalousie lorsque le conteur prononça cette phrase ? L’agent de l’Arbre Blanc ressentait-il quelque chose pour la jeune elfe ? Il ne savait pas quoi en penser. Il fut étonné de découvrir que son cœur battait rapidement, et calma sa respiration, de peur de rouvrir sa blessure par un flux de sang trop puissant et des mouvements trop agités de sa poitrine.

Les paroles de Nathanael prononcées après un moment de silence étaient sages et calmes, comme d’habitude. Calimehtar avait de toute façon choisi de s’isoler et le chaos régnait dans l’esprit de l’homme du Nord, l’empêchant de formuler une réponse cohérente à l’elfe.

-Vous avez raison. Dormez bien mon ami, profitons du rare luxe d’un lit doux et d’un feu de cheminée, la journée de demain ne sera pas facile.-Mon ami. Ces mots avaient semblé naturels lorsqu’il le prononça, mais il fut lui-même étonné qu’ils avaient quitté sa bouche. C’était la vérité, il s’était attaché à cet homme qui connaissait la valeur du silence tout aussi bien que celle de la parole.

Les bougies qui éclairaient la chambre furent éteintes, et seul le halo rouge projeté par le feu de la cheminée permettait à l’homme du Nord de distinguer les meubles et les silhouettes de ses compagnons. La respiration de Nathanael se fit bientôt profonde et régulière ; il semblait plongé dans un sommeil du juste. Forlong n’avait pas cette chance. Malgré les soins doux de Calimehtar, sa blessure avait mal supporté le voyage, et il sentit une fièvre l’envahir. Bientôt, la chaleur de la couverture se fit insupportable, et il la jeta sur le côté. Il attendit quelques minutes, mais le sommeil refusait de venir, la douleur et la chaleur l’empêchant de se reposer. Il porta les yeux vers le rideau fin qui séparait les deux parties de la chambre, et fut surpris de distinguer la silhouette féminine de Calimehtar se dessiner sur le tissu dans la lueur blanche de la lune. L’orage s’était éloigné, et la déesse nocturne sortit de derrière les nuages.

L’homme du Nord se leva tant bien que mal, et s’empara de la canne de bois et de sa veste en cuir. S’appuyant lourdement sur le bâton, il traversa la chambre et passa de l’autre côté. La femme semblait plongée dans ses pensées, ses cheveux encore humides entourant son visage fin, sa robe blanche  et sa position renforçant encore son air innocent. Il dit, sa voix presque inaudible :

-Les elfes sont peut être plus résistants aux simples maladies, mais cela ne peut être bon pour vous...

Forlong faisait référence au froid qui régnait dans cette partie de la pièce, assez éloignée de la cheminée. Les fenêtres de l’auberge n’étaient pas parfaitement isolées, et l’air froid pénétrait dans la chambre. La nuit était glaciale, et le givre dessinait des arabesques étranges sur les vitres. La robe légère de la femme et ses cheveux trempés n’amélioraient pas la situation…Maladroit à cause de sa blessure, le dunadan s’approcha de la femme, et plaça sa veste usée en cuir autour de ses épaules. Il regarda les étoiles pendant un bref moment, se rappelant d’autres nuits semblables, passées à ciel ouvert dans les contrées sauvages qu’il avait parcouru pendant ses voyages nombreux. L’homme aux cheveux blancs finit par dire :

-Nous ne sommes pas des hommes du petit peuple, ni des paysans superstitieux. Je tente de ne pas juger les gens selon leur apparence, surtout lorsque celle-ci n’a rien de repoussant…vous êtes parmi des vagabonds, traversant les Terres du Milieu sans destination finale, dépourvus d’une maison et d’une femme qui les accueillerait les bras ouverts. Nous sommes des parias, peut être plus que vous ne l’êtes. Nous pourrions vous abandonner si vous étiez un poids, ou si votre condition vous empêcherait de voyager. Mais vous avez prouvé hier que vous êtes capable non seulement de vous occuper de vous-même, mais aussi de porter secours à autrui. Sans vos soins je serais incapable de me tenir debout. Je ne peux pas vous promettre qu’en nous suivant vous aurez des aventures incroyables, ni que vous atteindrez votre objectif. Je ne peux même pas assurer votre sécurité dans mon état actuel…ce sera à vous de décider si vous souhaitez nous accompagner, mais je ne m’y opposerai pas. Nous arriverons à Pelargir dans deux jours, c’est là que moi et mon compagnon nous séparerons. Le choix d’accompagner l’un ou l’autre ou de partir autre part vous appartiendra à ce moment là.

Il s’arrêta un moment, épuisé par son monologue, puis ajouta, sa voix pensive :

-Vous m’avez fait confiance, et vous méritez pareil. Mon vrai nom est Forlong.

Sur ces mots, il se retourna, et partit dans la direction de son lit, faisant bon usage de sa canne en bois. Il s’écroula sur le matelas, épuisé, et le sommeil l’envahit aussitôt…
Le ciel était bleu mais l’air glacial lorsqu’ils se levèrent le lendemain matin, et après un déjeuner à l’auberge, ils se préparèrent à partir vers la cité de Pelargir…

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