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Sujet: Commerce au sud du Poros
Mardil

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Rechercher dans: Harondor   Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Commerce au sud du Poros    Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 13 Mar 2016 - 19:04

Ella jetait un dernier coup d’œil à son manoir d’Osgilliath lorsqu’on vînt la prévenir que Evart Praven venait d’arriver. Elle alla le saluer rapidement avant qu’ils ne se mettent en route. En temps normal, ils auraient voyagé par bateau jusqu’au Harondor mais des rapports faisaient état de pirates sur les côtes de son pays et elle préférait ne pas courir de risques inutiles. Cela leur permettrait de parvenir au Harondor par le nord et elle pourrait faire un détour vers son haras avant de rejoindre Djafa. Ainsi Evart aurait la possibilité de voir certains de ses domaines, ce qui pourrait s’avérer utile pour la suite.

Elle aurait souhaité partir simplement à cheval mais cela n’était guère possible. Aussi bien elle qu’Evart voyageaient avec plusieurs malles d’effets personnels et les deux charrettes qui transportaient tout cela ne pouvaient voyager bien rapidement. Ella avait apprêté un char en bois pour elle-même et sa suivante mais il n’aurait pas été convenable que son secrétaire voyageât avec les femmes aussi l’avait-elle laissé prendre ses propres dispositions pour son confort.

Le convoi était renforcé par de nombreux gardes. Après ce qui était arrivé à l’un de ses convois de marchandises, la Grande Marchande ne voulait prendre aucun risque pour sa sécurité. C’est donc cachée par les épais panneaux de bois de son char qu’elle quitta Osgilliath. Le temps était magnifique bien qu’un peu frais au goût d’Ella alors que les gondoriens prétendaient qu’il faisait chaud pour un matin en cette saison. Elle avait donc passé un long manteau de fourrure par dessus sa tenue. Non seulement pour la protéger du froid ambiant mais surtout pour que personne ne remarque sa tenue de cavalière qui, selon les standards du Gondor en tous cas, n’était pas convenable pour une dame de sa position.

Les robes gondoriennes avaient beau être belles, elles rendaient totalement impossible l’équitation. Cela était logique étant donné la place laissée aux femmes dans cette nation aussi Ella essayait-elle de ne pas trop s’en formaliser. Elle avait hâte de revenir dans son propre pays cependant. Les tenues d’équitation du Harondor étaient volontiers unisexes. Elle avait enfilé une tenue de cavalière classique, couleur sable et crème. Elle était couverte de la tête aux pieds afin de se protéger du soleil. Si cela n’était pas nécessaire au Gondor, Evart apprendrait bien assez tôt à se méfier de l’astre solaire lorsqu’ils pénétreraient au Harondor.

Bien avant midi, elle comprît qu’elle ne pourrait tolérer les balancements du char tout au long du voyage. Ces derniers lui donnaient la nausée et elle ne pouvait profiter du grand air, tapie derrière ces épais murs de bois. Elle prît son mal en patience mais lorsqu’ils s’arrêtèrent pour déjeuner, elle prit la décision qu’elle ne remonterait pas dans cet engin de malheur. Ils avaient depuis longtemps laissé Osgilliath derrière eux de toute manière et se trouvaient dans l’Emyn Arnen. D’ici à la tombée de la nuit, ils auraient pénétré dans l’Ithilien Sud. Ella savait qu’il leur faudrait plusieurs jours afin de traverser cette vaste région boisée.

Au lieu de suivre le fleuve, ils avaient pris la route qui longeait les Monts de l’Ombre. Les terres d’Ella se trouvaient au nord-est du Harondor et il était plus logique de prendre ce chemin. Cependant, Ella ne pouvait s’empêcher de penser au mal qui avait élu résidence derrière ces hautes montagnes durant des millénaires. Si la route est était désormais sure, les gens continuaient à préférer la route de l’Anduin, probablement à cause de toutes les histoires concernant les anciennes terres de Sauron. Ella n’en avait cure. Le mal en Mordor avait disparu depuis des siècles et ses ennemis ne l’attendaient pas sur cette route-ci. De plus, elle avait déjà eu l’occasion de l’emprunter et elle savait qu’il n’y avait rien à craindre. Les officiers du roi veillaient sur toutes les routes du Gondor et il n’y avait pas eu d’incursions des orcs dans la région depuis des décennies.

Sa servante déplia une longue nappe faîte d’un tissu très résistant à défaut d’être esthétique et installa les couverts à même le sol. Ella s’excusa auprès d’Evart pour le confort très relatif mais ils ne pouvaient se permettre de s’arrêter bien longtemps. Ils seraient mieux installés pour la nuit à venir mais elle souhaitait juste se sustenter quelque peu avant de reprendre la route. Le soleil avait atteint son zénith et elle s’était débarrassée de son manteau devenu bien inutile. La température était agréable mais elle avait passé un chapeau en tissu renforcé de fer afin de se protéger du soleil.

Leur déjeuner était frugal et se composait d’une terrine de chevreuil aux cèpes servie sur de larges tranches de pain frais. Des légumes séchés légèrement salés leur servaient d’accompagnement ainsi que plusieurs sortes de fromages venant du Gondor. Des pêches et des poires des vergers du Lebenin venaient compléter le tout. Ella appréciait cette nourriture simple et le fait de manger au grand air, loin de l’étiquette qu’elle avait dû respecter ces derniers mois.

- J’espère que vous n’êtes pas trop gêné par le voyage messire Praven. Malheureusement cette route n’est pas aussi fréquentée que la route du fleuve et les relais royaux sont plus rares. Nous en trouverons un à la frontière entre l’Emyn Arnen et le sud de l’Ithilien aussi jouirons nous d’un repas plus convenable et d’un lit pour cette nuit. Malheureusement, cela ne sera pas le cas pour toutes les nuits et nous devrons nous contenter d’une tente certains soirs.

Ella sentait que le jeune homme n’était guère habitué aux longs voyages par voie de terre. Pour autant qu’elle le sache, il n’avait jamais quitté le Gondor et n’était peut-être même jamais venu dans cette partie du royaume. Aussi, elle décida de l’informer un peu plus sur ce qui les attendait.

- Il nous faudra presqu’une semaine pour traverser l’Ithilien Sud à cette allure. D’ici 6 jours, nous serons rendus aux gués du Poros où nous séjournerons une nuit avant de pénétrer au Harondor. De là, il ne nous faudra qu’un peu moins de deux jours avant d’atteindre mon domaine qui se trouve au nord de Dhar Akbhat. Nous y resterons quelques jours avant de faire route pour Djafa. Si ma mémoire est bonne, deux relais royaux se trouvent sur cette route une fois l’Ithilien atteint, ce qui nous laisse trois nuits à passer sous la tente.

Elle fît un large sourire au jeune homme. Elle espérait qu’il trouverait le voyage plaisant. Elle-même comptait en profiter avant que les obligations de son travail ne la rattrapent. Elle avait toujours aimé voyager par voie de terre. Le bateau la rendait malade, même sur un fleuve aussi calme que l’Anduin dans sa partie sud. Elle se déplaçait par bateau lorsque cela était nécessaire. Le voyage pour Djafa était deux fois moins long par bateau mais nécessitait de passer par la baie de Belfalas. Il fallait donc un bateau rompu à la mer et non simplement au transport fluvial. Une rivière reliait ensuite Djafa à l’Harnen mais cela les aurait obligés à trop se rapprocher des terres sous contrôle des Neuf et à passer par Al’Tyr, ce qu’Ella jugeait bien imprudent. Il était plus sage de prendre par voie de terre même si cela rallongeait leur voyage.

Bien sûr, ils auraient pu se rendre en bateau jusqu’au gués du Poros et continuer à cheval par la suite mais Ella avait préféré ne pas faciliter la tâche à ceux qui auraient pu souhaiter qu’un dramatique accident lui arrive sur le chemin pour le Harondor. Elle serait en sécurité dans le nord du pays mais elle avait trop de détracteurs au Gondor pour prendre un tel risque.

- Messire Praven, que diriez-vous de poursuivre ce voyage à dos de cheval ?

Ella ignorait si le jeune homme était un bon cavalier mais elle ne tenait pas à continuer le voyage dans son char. De toute façon, elle préférait rester près des charrettes, ce qui signifiait que, même à cheval, l’allure resterait plus que réduite. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle aurait voyagé au galop en compagnie d’Evart et d’une partie de ses gardes et aurait laissé les charrettes les rattraper par la suite. Plus tôt ils arriveraient en vue du Poros et mieux elle se sentirait.

#Evart #Praven
Sujet: Une visite de courtoisie
Mardil

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une visite de courtoisie    Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 4 Oct 2015 - 14:20


Citation :

Ella,

Je ne peux t'en révéler trop pour le moment, mais sache qu'Evart Praven, dont je t'avais expliqué les déviances, a su se rendre extrêmement utile à notre cause.

Il reste un petit prétentieux par trop ambitieux... mais je pense qu'il serait de bon ton de lui donner sa chance. Il l'a en tout cas mérité et si tu parviens à lui trouver une utilité dans tes entreprises, il pourrait même faire preuve d'un certain talent.

Dans tous les cas, garde-le à l’œil et à portée de poignard.

Bien à toi,

Saemon


Ella relisait pour la dixième fois au moins le mot laconique que Saemon lui avait fait parvenir. Ce dernier cultivait le goût du secret et l’élevait même au rang de religion. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qui avait pu se passer entre son mentor et cet Evart Praven. Manifestement, le Grand Maître avait trouvé un moyen de tourner la situation à son avantage comme toujours.

En si peu de phrases, il lui en disait cependant beaucoup. Ainsi donc, qu’il ait utilisé la menace ou la persuasion (ou toute autre chose), Saemon avait trouvé le moyen de se mettre le marchand dans la poche. S’il disait qu’Evart avait mérité sa chance, c’est qu’il avait obtenu ce qu’il voulait du jeune homme, quoi que cela puisse être.

De fait, il lui envoyait désormais afin qu’elle l’utilise à son tour. Saemon avait beau être secret, il ne ferait rien pour la placer dans une situation inextricable à dessein. Elle savait qu’il avait à cœur qu’elle réussisse la mission qu’il lui avait confiée. Il pensait donc que le jeune marchand saurait se montrer utile à cet escient. Cela signifiait que, à défaut de lui faire confiance, il pensait que ce Praven avait les compétences nécessaires pour l’assister.

Elle ne pouvait nier qu’elle aurait besoin de quelqu’un de compétent dans les mois à venir. Cependant, elle ne comptait pas engager le jeune homme simplement car Saemon le confiait à ses soins. Si ce dernier voulait vraiment travailler avec elle (quoiqu’elle se doutait que Saemon ne lui avait pas laissé le choix), il faudrait qu’il le mérite. Elle s’attarda sur les qualificatifs qu’avait employé son ami.

Ambitieux et prétentieux. Elle pensait que le premier point était plus une qualité qu’un défaut dans leur profession. Quelqu’un d’ambitieux chercherait toujours à se démarquer et, puisque sa réussite future risquait de dépendre d’elle, Evart aurait tout intérêt à faire en sorte de lui plaire.

En revanche trop d’ambition risquait de nuire à la loyauté du jeune homme. Il faudrait qu’elle juge de cela elle-même. Par contre, la prétention risquait fort d’être un frein à l’établissement d’un lien de confiance entre eux. Ella ne supportait pas les vantards, d’autant plus quand ils n’avaient pas de raison d’être fiers d’eux-mêmes. Une fois encore, Evart se rendrait rapidement compte qu’il valait mieux pour lui qu’il reste à sa place s’il ne voulait endurer son courroux. Mais, s’il était aussi ambitieux que cela, il comprendrait très vite où était son intérêt.

La dernière phrase de Saemon la laissait beaucoup plus dubitative. Sous-entendait-il que le jeune homme pourrait chercher à lui nuire d’une façon ou d’une autre ? Pourquoi alors lui faire courir un tel risque ? Ella ne savait si le jeu en valait la chandelle. Elle repensa à l’attaque sur son convoi et se dit que ce n’était guère le moment de se montrer trop timorée. A portée de poignard ? Cela ressemblait fort à une autorisation de régler le problème que pourrait poser le jeune homme de la façon dont elle l’entendrait. Non pas qu’elle pensât une seconde à faire exécuter le jeune homme. Un tel acte n’était pas dans sa nature. Elle en avait cependant le pouvoir et même l’approbation de son supérieur.

Elle accepta donc l’entrevue demandée par Evart depuis bien longtemps déjà. Après tout, elle n’avait rien à perdre à rencontrer le jeune homme. Elle verrait en temps utile si elle pensait en tirer un quelconque avantage.

Cependant, elle n’avait que peu de temps pour se décider. Elle comptait repartir dans le Sud très bientôt et, si jamais Evart était amené à travailler pour elle, il était hors de question qu’elle le laisse gérer ses affaires au Gondor. Saemon avait été suffisamment clair sur ce point. « Garde-le à l’œil ». Si jamais, elle décidait d’engager le jeune marchand, alors il devrait l’accompagner au Harondor.

Les jours suivants furent consacrés à préparer son retour. Elle avait encore beaucoup à faire à Osgilliath. Elle comptait confier la gestion de son comptoir dans la cité à un de ses fidèles qui ne tarderait plus à arriver de Djafa. Il leur faudrait quelques jours pour tout mettre au point et elle pourrait enfin se mettre en route. Elle entreprit de renforcer ses nouvelles relations au sein de la Compagnie avant de partir mais ne les trouva guère mieux disposer à son égard. Emilion et Tiber répandaient leur venin. Ella laissait faire, consciente que lorsqu’elle serait en mesure de répondre, elle les anéantirait une fois pour toute. Elle n’avait pas besoin de rentrer dans leur petit jeu puéril en attendant que ce moment arrive.

Si celui-ci devait arriver un jour. Elle ruminait toujours l’échec de la récupération des registres d’Emilion. Désormais qu’ils se trouvaient à Dur’Zork, ses chances de mettre un jour la main dessus étaient presque nulles. Il serait suicidaire de se rendre à Dur’Zork et elle ne comptait pas y mettre les pieds de sitôt. Son plus grand souci restait de réussir à travailler aussi bien avec les commerçants du Gondor que ceux du Harad. L’instabilité politique était mauvaise pour le commerce.

Tant que son autorité n’était pas assurée, elle devrait apprendre l’art du compromis. Un exercice qu’elle avait souvent été obligée de pratiquer par le passé. Les enjeux étaient simplement beaucoup plus importants aujourd’hui. Elle ne se battait plus seulement pour sa famille et son commerce. Elle se devait de gérer les marchands d’un territoire immense, d’arbitrer les conflits, de définir la politique globale du commerce dans la région et de faire en sorte que chacun respecte ses directives. La tâche lui paraissait écrasante et elle l’était.

Elle ne comptait pas être un Emilion Goloth bis. Ce dernier avait admirablement géré son propre profit mais avait honteusement négligé les intérêts de la Compagnie du Sud lorsqu’il occupait ses fonctions. Elle le suspectait même de s’être personnellement enrichi en accordant des faveurs qu’il savait contraires aux directives de la Compagnie, et néfastes pour l’intérêt des Peuples Libres.

Le poste de Grand Marchand du Sud avait toujours été le plus délicat. C’était le seul qui recouvrait une région qui n’était officiellement pas un allié des Peuples Libres. Le Harad était même l’un des ennemis récurrents du Gondor. Et pourtant, nombre de marchands de ce pays avaient rejoint la Compagnie du Sud, un cas unique au sein de l’organisation. Le commerce entre le nord et le sud était vital car chaque région produisait des biens qui faisaient défaut à l’autre. Sur le papier, c’était une occasion unique de profits réciproques. Cependant, les rancœurs et les oppositions idéologiques des deux pays étaient tenaces et freinaient le développement d’un lien commercial durable qui aurait pu donner naissance à une alliance entre les gouvernements des deux pays.

Le Harondor avait toujours fait office de zone tampon et, sa situation géographique ainsi que son histoire, faisait qu’il était devenu le pivot de tout le commerce entre le nord et le sud. Celui qui contrôlait le pays pouvait fixer les règles et les précédents Grands Marchands avaient toujours fait en sorte de maintenir tout le monde content afin d’asseoir leur pouvoir.

Mais tout cela avait volé en éclat à la suite de la guerre. La partition du pays avait enterré pour de bon ce rôle capital du Harondor. Au contraire, les oppositions idéologiques de chaque pays étaient maintenant exacerbées, chacun essayant de jouer pour son camp uniquement. De fait, les marchandises du Harad ne parvenaient plus que rarement jusqu’au Gondor et vice-versa. Tout semblait s’arrêter à la frontière entre les deux Harondor et si Ella devait faire en sorte de revenir à la situation initiale, c’est au Harondor qu’il lui faudrait concentrer ses efforts.

Une tâche qui semblait impossible au vu du chaos qui régnait dans son pays natal.

Lorsqu’on vînt lui annoncer l’arrivée du jeune Praven, Ella décida de le faire attendre un peu. C’était après tout un classique que de se montrer plus occupée qu’on ne l’était réellement et elle ne comptait pas déroger à la tradition. Du reste, elle était en train de finir de rédiger les dernières lettres à ses gens à Djafa afin que tout soit en ordre pour son retour prochain et elle souhaitait s’occupait de cela en priorité.

Lorsqu’elle eût terminé, elle se dirigea vers l’antichambre où attendait Evart. Comme à son habitude, elle était vêtue avec soin mais avec une touche d’exotisme qui ne passait jamais inaperçue au Gondor et qui lui valait immanquablement des coups d’œil approbateurs ou au contraire outrés. Pour rien au monde, elle n’aurait agi différemment.

Elle laissa le marchand se présenter. Elle nota qu’il s’était montré des plus courtois mais elle considérait cela comme de la flatterie déplacée. A vrai dire, sa déclaration était plus obséquieuse que courtoise et son attitude semblait fausse du début à la fin. En bref, un courtisan habituel.

- Je vous en prie messire Praven, ne soyez pas si formel. J’apprécie plus que tout la concision en affaire.

Un moyen subtil de lui faire comprendre qu’elle n’avait que peu de temps à lui accorder et qu’il ferait mieux de se montrer convaincant sans chercher à noyer le poisson.

- Si vous voulez bien me suivre dans mon bureau.

Elle le précéda donc et alla directement s’asseoir derrière son large bureau en merisier. Elle lui indiqua une chaise en face d’elle et le laissa prendre place. Elle l’étudia sans mot dire durant quelques secondes, pas assez pour être impolie mais suffisamment longtemps pour rendre le jeune homme mal à l’aise.

- Que pouvez-vous faire pour moi messire Praven ?

Elle était curieuse de l’entendre plaider son cas. Sa question était également dénuée de toute ambigüité. Elle ne lui demandait pas en quoi elle pourrait l’aider mais uniquement ce que lui pouvait lui apporter. Il était le solliciteur et elle entendait bien qu’il comprenne tout de suite la nature de leurs relations.
Sujet: Une visite de courtoisie
Mardil

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une visite de courtoisie    Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 8 Juil 2015 - 14:14

Ella marchait tranquillement dans les rues d’Osgilliath, entourée de deux gardes du corps. Le soleil était haut dans le ciel et la chaleur devenait peu à peu étouffante. Elle se protégeait du soleil avec une ombrelle, chose dont elle avait l’habitude au Harondor. Elle était fière de son teint pâle et faisait tout pour le conserver même sous le soleil torride du Sud. Ses gardes du corps transpiraient à chaudes gouttes alors qu’elle commençait enfin à trouver le temps agréable. Lorsqu’elle rentrerait chez elle, il fui faudrait engager des hommes du Harondor.

C’était nouveau pour elle que de ne pas pouvoir se déplacer sans escorte. Cependant elle avait bien compris que son nouveau statut allait entraîner bien des changements dans sa vie. Elle venait de devenir un personnage public et les circonstances particulières (pour ne pas dire obscures) dans lesquelles elle avait obtenu cette place faisait d’elle un objet de curiosité… ainsi qu’un objet de jalousie et de rancœurs qu’elle ne comprenait que partiellement.

Sa position de Grande Marchande lui donnait un pouvoir considérable et elle recevait déjà des demandes de nombreux marchands qui souhaitaient la rencontrer. Elle avait passé les derniers jours à multiplier les entretiens avec ses partenaires commerciaux existants au Gondor et des inconnus qui souhaitaient faire affaire avec elle ou obtenir ses conseils. Cependant elle était déjà lassée du Gondor et espérait pouvoir rentrer chez elle très bientôt.

Sa matinée avait été plus que chargée. Elle avait rencontré deux membres éminents de la Compagnie du Sud et, si les échanges avaient été courtois, elle avait bien compris que sa présence parmi eux n’était pas pour leur plaire. Elle avait déjà lancé une enquête discrète sur l’opinion des membres de la Compagnie sur sa nomination et les résultats étaient sans appel. Au Gondor, sa promotion était globalement mal vue. Ce n’était pas que ces gens ne l’appréciaient pas (et pour cause, puisqu’ils ne la connaissaient que peu) mais il s’agissait plus d’un rejet instinctif.

Les raisons étaient plus ou moins les mêmes un peu partout. Tout d’abord, il y avait ceux qui connaissaient bien les Goloths et qui avaient pris parti pour ces derniers. Ils la voyaient comme une parvenue qui avait volé la position d’Emilion. A l’inverse certains des adversaires des Goloths l’avaient chaudement félicitée. Mais, même parmi ces derniers, elle n’avait pas reçue beaucoup de soutien. Les raisons suivantes étaient moins rationnelles mais tout aussi importantes : elle était une femme et elle avait moins de 30 ans. Elle était l’une des plus jeunes à avoir atteint le poste de Grand Marchand et la première femme à occuper une position importante au sein de la Compagnie du Sud. Cela suffisait à la rendre antipathique pour nombre de ses confrères masculins.

Mais la raison principale était que Saemon l’avait nommée directement à ce poste sans consulter personne. A travers elle, c’était la politique du Grand Maître qui était remise en question. Ella savait que son accession à la tête de la Compagnie du Sud n’avait pas fait que des heureux et les ennemis de Saemon, fort nombreux au demeurant, étaient désormais devenus les siens par association. Cela expliquait pourquoi les entretiens qu’elle avait eus jusqu’à présent avaient été pour le moins assez froids.

Au Harondor, elle ne laissait personne indifférent mais sa popularité n’était plus à faire. Les marchands étaient globalement favorables à sa nomination hormis ceux qui avaient bénéficié des largesses d’Emilion. Cependant, c’était sans conteste l’endroit des Terres du Milieu où sa position était la plus forte. Elle savait pourtant que les partisans d’Emilion risquaient de lui rendre la vie difficile dans les mois à venir. A l’inverse au Harad, on voyait d’un mauvais œil le départ d’Emilion Goloth et Ella se doutait bien que cela était dû aux généreuses concessions que l’ancien Grand Marchand avait fait aux marchands haradrims ces dernières années. Ailleurs, sa nomination laissait plutôt sans réaction. Le Harondor était très éloigné du Rohan, de l’Arnor ou des territoires nains et, que ce soit Emilion Goloth ou elle à la tête de la région, cela ne changeait pas grand-chose pour ces marchands.

Ella savait qu’elle allait devoir travailler dur pour se faire accepter et prouver à tous qu’elle avait les épaules pour assurer le poste de Grande Marchande de façon permanente. Elle n’oubliait pas que Saemon lui avait laissé un an pour faire ses preuves et elle savait que sa mission était double. Le plus important était de prouver qu’elle pouvait assurer ce poste avec brio et c’était là le point le plus difficile étant donné la situation dans laquelle se trouvait le Harondor. Le deuxième point était de s’assurer que l’enquête contre Emilion Goloth ne lui permette jamais de retrouver son poste. Ella avait déjà lancé cette opération consistant à trouver des preuves contre l’ancien Grand Marchand.

En fin de matinée, elle avait fait l’acquisition d’un petit manoir à Osgilliath car elle devrait faire le déplacement bien plus souvent qu’auparavant et qu’elle préférait de loin avoir un pied à terre dans la cité plutôt que de résider à l’hôtellerie des voyageurs, malgré le confort de cette dernière. Tout cela lui faisait se poser de nombreuses questions sur sa sécurité et surtout celle de sa famille. Horacio et Hassia étaient installés et ne représentaient aucune menace pour ses ennemis or elle craignait que ces derniers ne s’en prennent à Elaria ou Saemon. Sa sœur était très prometteuse et Ella la formait au commerce, afin qu’elle prenne sa suite un jour. Elle ne savait pas trop quoi faire de son petit frère en revanche qui, s’il pouvait se montrer brillant, était aussi dissipé et manquait de discipline.

Elle aurait aimé l’envoyer à Minas Tirith afin qu’il suive des études comme son père l’avait fait pour elle mais elle avait peur qu’il ne fasse une cible parfaite si elle l’éloignait d’elle ainsi. Elle s’en était ouverte à Saemon dans sa dernière lettre, ne l’ayant pas revu depuis leur entretien, et espérait que ce dernier pourrait prendre le jeune garçon sous son aile.
Elle arriva enfin à destination et déclina son identité au serviteur qui officiait à la porte de la luxueuse demeure. Elle remarqua la surprise de ce dernier qui s’empressa d’aller chercher son employeur. Ella n’eût pas longtemps à attendre avant que ce dernier ne la reçoive. Il semblait furieux de sa présence sous son toit mais également curieux de ce qui l’avait emmenée en ces lieux.

- Madame Desbo, que me vaut le plaisir de cette rencontre ?

Ella avait bien remarqué la note sarcastique que le marchand avait utilisée en disant le mot "plaisir".

- Maître Goloth, je suis venu vous apporter mon soutien en cette période difficile.

- Je trouve cela difficile à croire étant donné que vous avez comploté avec votre cher ami Saemon Havarian afin de me voler ma place.

- Ne prêtez pas attention aux ragots qui circulent dans la cité. Je vous suis toujours restée fidèle et je vous assure que je ferai de mon mieux pour assurer votre tâche le temps que cette enquête ridicule se termine et que vous soyez réintégré dans vos fonctions.

- Ce qui ne fait pas le moindre doute, j’espère que vous en êtes bien consciente.


Ella sourit intérieurement. Emilion était loin d’être aussi confiant qu’il le laissait croire. Et, tout dans son attitude laissait à penser qu’il ne croyait pas en ses propres paroles. Il devait savoir que des documents compromettants risquaient de faire surface et c’était exactement ce qu’Ella recherchait.

- Cela va de soi. Je suis persuadée que ce malentendu sera dissipé très rapidement.

- Souhaiteriez-vous un verre de vin ?

- Bien volontiers.


Le ton de la conversation s’était détendu et Emilion semblait apaisé par l’attitude calme et soumise d’Ella.

- Vous savez bien que la seule chose que j’ai à cœur est de pouvoir continuer votre œuvre au Harondor pendant la durée de cette enquête. Cependant il me manque des informations cruciales pour pouvoir travailler correctement.

- Cruciales dîtes-vous ?

- Et bien, je ne sais pas exactement quels étaient vos plans à long terme pour la région, d’autant plus étant donnée l’instabilité politique qui secoue le Harondor ces derniers mois. J’aurais besoin d’informations concernant les derniers contrats que vous avez passés au nom de la Compagnie et de vos notes sur les marchands de la région.


Emilion sembla redevenir suspicieux à la mention des notes.

- Les contrats que j’ai passés seront tous rendus publics durant l’enquête mais je vous invite à vous rendre à mon comptoir de Djafa si vous souhaitez vous les procurer. Tout est en ordre, comme vous pourrez le constater. Quant à mes notes, je n’ai jamais eu recours à ce système.

Ella remarqua bien comme l’œil gauche de l’ancien Grand Marchand cillait en disant cela. Elle pensait bien que ce dernier tenait un tel registre mais la personne qu’elle avait déjà envoyée à Djafa n’avait rien trouvé. Soit Emilion l’avait emporté avec lui à Osgilliath, soit il l’avait caché ailleurs. Ella était persuadée qu’il devait garder ces informations près de lui en permanence mais, avant cet entretien elle n’était pas sure de l’existence de ce registre. La nervosité d’Emilion l’avait trahi mais cela ne lui serait d’aucune utilité si elle ne mettait pas la main dessus. C’était la preuve dont elle pouvait se servir pour savoir qui était fidèle à Emilion et qui était susceptible de l’avoir aidé s’il avait passé des contrats qu’il n’aurait pas dû. Cela pouvait également lui servir pour savoir qui risquait de se révéler une menace pour elle à son retour.

- Peut-être pourriez-vous me fournir un tel document afin de me permettre de commencer mon travail ?

- Bien entendu, je ne souhaite rien d’autre que vous aider à assurer l’intérim durant cette période.


Le niveau d’hypocrisie de la discussion était tel qu’aucun des deux interlocuteurs n’était dupe. Il ne restait plus qu’un détail qu’Ella devait régler avant de prendre congés.

- Je voulais aussi vous prévenir que j’ai pu avoir accès à l’enquête vous concernant. Il est fort probable que la fouille de cette demeure soit ordonnée très bientôt.

- Balivernes. Il n’osera jamais ordonner une telle chose.


Ella remarqua bien qu’Emilion avait utilisé le singulier et elle n’avait aucun doute sur l’identité de la personne à laquelle son interlocuteur faisait allusion. Il était temps de laisser tomber les masques.

- Je n’en serai pas aussi sure. Les accusations contre vous sont très sérieuses et peut-être pas dénuées de fondements n’est-ce pas ?

- Comment osez-vous me parler ainsi sous mon propre toit ? Qui croyez-vous donc être ?

- Je suis celle qui occupe vos anciennes fonctions et croyez bien que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour m’assurer que les preuves de vos méfaits soient rendus publiques.

- Vous n’êtes qu’une gamine ambitieuse qui ne sait pas dans quoi elle s’engage. Havarian est trop lâche et il envoie sa putain faire le sale travail à sa place.


Ella tressaillit sous l’insulte et se leva. Emilion en fît autant et s’il la dépassait d’au moins deux têtes, elle ne cilla pas.

- Vous êtes déjà fini Emilion, même si vous ne le savez pas encore.

- Sortez immédiatement !


Ella ne se fit pas prier. Elle avait obtenu ce qu’elle voulait. Emilion était nerveux et était maintenant persuadé qu’elle ferait tout pour le détruire, à commencer par fouiller cette propriété. Il ne tarderait pas à faire déplacer tout ce qui pouvait se révéler compromettant pour lui. Et il lui révélerait ainsi bien plus qu’il ne le pensait.
Sujet: [Déclassifié]Une rencontre absolument pas fortuite
Mardil

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Rechercher dans: L'Auberge des Murmures   Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Déclassifié]Une rencontre absolument pas fortuite    Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 22 Mar 2015 - 15:58


La première impression d’Ella se confirma rapidement. Leur entretien était des plus sérieux et des plus confidentiels. Elle ignorait pour l’heure ce que Saemon attendait d’elle mais il prît tout de même le temps de lui dire qu’elle lui avait manquée. Elle ne répondit pas à cette affirmation mais le sourire qu’elle lui adressât était suffisamment éloquent pour qu’elle n’ait pas besoin de préciser davantage sa pensée.

Son ami ne perdit pas davantage de temps et lui rappela la raison de sa présence dans cette auberge qui ne payait pas de mine, certainement pas le genre d’endroit où le Grand Maître de la Compagnie du Sud était supposé se trouver. S’ils étaient réunis autour de cette table c’était bien évidemment pour discuter du Sud. De quoi d’autre auraient-ils pu parler ?

Ella était bien placée pour comprendre que la partition du Harondor était un coup dur, non seulement pour le Gondor, mais également pour la Compagnie du Sud. Ces derniers mois n’avaient pas été de tout repos. Si, officiellement, le commerce était toujours possible entre le nord et le sud, dans les faits cela s’avérait nettement plus difficile. Beaucoup de marchands n’avaient pas choisis de se trouver dans la nouvelle contrée des seigneurs pirates. Certains, dont plusieurs alliés aussi bien économiques qu’idéologiques d’Ella, avaient préféré déménager leurs activités. D’autres n’avaient eu d’autre choix que de rester. Certains autres, séduits par la perspective de faire du profit sans se plier à des règles contraignantes, avaient fait le trajet en sens inverse. D’autres encore n’avaient pas réagi officiellement mais Ella les suspectait de se livrer à des affaires, sinon illégales, tout du moins néfastes pour la Compagnie. A vrai dire, la carte économique du Harondor semblait se redessiner jour après jour et les choses changeaient à une vitesse folle. Personne ne pouvait vraiment prédire qui faisait un allié fiable et qui s’apprêtait à lui planter un couteau dans le dos.

Elle-même tentait de maintenir ses alliances à flot et de savoir à qui elle pouvait ou non faire confiance. Sa position était trouble mais personne n’ignorait qu’elle avait toujours été loyale au Gondor. Ceux qui partageaient ses prises de position cherchaient son conseil et se mettaient sous sa protection, certains avaient beaucoup perdu suite à la prise de Dur’Zork. Au contraire certains marchands du sud avec qui elle commerçait autrefois se montraient distants et froids. Aussi ménageait-elle leur susceptibilité et se montrait-elle prête à quelques concessions, au risque de déplaire à ses autres partenaires commerciaux. Elle n’avait pas pris position ouvertement contre la politique des seigneurs pirates, pas plus qu’elle n’avait témoigné son soutien à Radamanthe. Cependant elle n’avait pas non plus reconnu l’autorité de Taorin et de ses comparses et n’avait fait aucun geste en leur faveur. Tout un chacun pensait qu’elle attendait de voir comment le vent aller tourner. Et c’était ce qu’elle souhaitait. En son cœur sa décision était prise depuis longtemps mais il valait mieux que tous pensent qu’elle hésitait sur la marche à suivre. Ainsi chacun était libre de croire qu’il pouvait la ramener dans ses filets et elle recevait des offres intéressantes continuellement. Ainsi que des informations. Elle savait que Saemon avait compris son petit jeu et elle comprenait bien en quoi elle pouvait lui être utile.

Aussi lorsque ce dernier commença par lui parler d’Emilion Goloth, elle comprit la raison de sa venue. Elle-même s’était beaucoup inquiétée de la réaction, ou plutôt du manque de réaction, du Grand Marchand. Elle avait d’ailleurs tenté de sonder les intentions de ce dernier lors de leur récente rencontre mais il s’était montré délibérément évasif et elle n’avait pu en tirer quoi que ce soit de concret, malgré les soupçons qui la taraudaient.

Saemon se lança ensuite dans un monologue d’économie, qui, s’il était parfaitement juste, était également inutile aux yeux d’Ella. Elle savait très bien quels étaient les objectifs de la Compagnie du Sud et n’avait pas besoin qu’on lui rappelât. Elle savait également que nombre de leurs partenaires commerciaux au sein de la Compagnie étaient avant tout leurs adversaires. Et que tous n’avaient pas la même loyauté aux idéaux des Peuples Libres qu’eux. Elle en avait l’illustration jour après jour dans sa contrée natale.

Néanmoins elle laissa Saemon poursuivre, sachant très bien que ce dernier ne parlait jamais pour ne rien dire et que la raison de son discours lui apparaîtrait bientôt. Il dériva ensuite de nouveau vers la situation du Harondor, lui faisant comprendre qu’il n’ignorait rien des comportements plus que limites de certains des membres de la Compagnie. Elle-même n’était pas blanche comme neige dans tout ça puisqu’elle continuait à commercer avec des marchands qui soutenaient ouvertement les nouveaux maîtres du Harondor Sud. Cependant elle n’avait passé aucun contrat qui soit défavorable à la Compagnie ou aux intérêts du Gondor. Elle s’était contentée de ne se mettre personne à dos et de laisser toutes les portes ouvertes. Elle était pourtant consciente que cette stratégie ne pouvait fonctionner que sur le court terme.

Finalement Saemon arriva au point où il voulait venir depuis le début de leur conversation. Il partageait ses craintes quant à l’inaction d’Emilion Goloth. Rien que l’attitude actuelle d’Ella aurait mérité une remontrance de sa part, ou tout du moins un avertissement. Mais il ne lui en avait même pas parlé durant leur entretien. Cela avait suffit pour alerter Ella sur ses intentions véritables. Elle avait eu vent de certaines rumeurs concernant le Grand Marchand, mais rien qu’elle ne pût affirmer avec certitudes. Ce dernier laissait-il la situation empirer par incompétence ou avait-il des motifs cachés ? Encore pire, se pouvait-il qu’il profite consciemment d’une situation qui pouvait lui apporter un avantage financier ?

C’est seulement là que Saemon lui révéla la véritable raison de sa présence ici. Elle ne pouvait qu’abonder en son sens. Que ce soit par incompétence ou malveillance, Emilion Goloth avait failli à sa mission au sein de la Compagnie du Sud et il devait être mis à l’écart. Cependant, ils n’avaient que des présomptions et cela était insuffisant pour s’en prendre à lui directement. D’où cet entretien dans un endroit pour le moins non conventionnel.

Si elle partageait le point de vue de son ami, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce que ce dernier attendait d’elle au juste. Elle avait d’abord cru qu’elle n’était là que pour lui fournir des informations mais il lui apparaissait maintenant qu’il allait lui demander plus que cela.

- Je suis d’accord pour dire qu’il est devenu nécessaire de mettre un terme à cette situation. Cependant s’attaquer à un homme dans cette position n’est pas chose aisée. Certains y trouveraient sans doute à redire.

Elle faisait allusion à Tiber Goloth, l’oncle d’Emilion et vice-gouverneur de la Compagnie. Ce dernier ne laisserait pas le nom de sa famille être souillé dans un scandale, quant bien même serait-il en désaccord avec la politique de son neveu. Il était présent au diner qu’elle avait partagée chez le Grand Marchand et elle avait trouvé son attitude plutôt froide envers son neveu. Mais elle ne connaissait pas vraiment cet homme et les relations qu’il entretenait avec Emilion. Peut être était-ce là son attitude habituelle ?

- Si l’actuel Grand Marchand venait à être destitué, d’une manière ou d’une autre, il faudrait s’assurer de placer à sa place quelqu’un de suffisamment influent au Harondor pour maintenir la région à flot. Quelqu’un dont la loyauté à la Compagnie du Sud serait indiscutable. Un changement en profondeur serait bénéfique.

Elle laissa sa phrase en suspens. Ils savaient tous deux à qui elle faisait allusion. Car, si Saemon était son ami et qu’elle lui était redevable, elle ne se placerait pas dans une position de faiblesse, voire même risquerait de perdre ce pour quoi elle s’était battue ces dernières années, sans une compensation à la hauteur des risques encourus. Elle sonda son regard afin de s’assurer qu’il l’avait bien comprise, ce qu’il avait fait naturellement, puis se décida à poser sa question suivante.

- Qu’attends-tu de moi exactement ?
Sujet: [Déclassifié]Une rencontre absolument pas fortuite
Mardil

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Rechercher dans: L'Auberge des Murmures   Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Déclassifié]Une rencontre absolument pas fortuite    Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 8 Mar 2015 - 16:04
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Ella était dans la cité depuis maintenant trois jours. Elle résidait pour l’heure dans un luxueux hôtel à Osgilliath et ne s’était rendue à Minas Tirith que pour assister au mariage royal. C’était là la raison officielle de sa présence, la même que celle de centaines de personnes de par le monde. Et si elle ne pouvait nier que le spectacle avait été grandiose, c’était surtout une bonne opportunité de rencontrer de nouvelles têtes.

Même si elle se plaisait dans son domaine au Harondor, elle devait avouer qu’elle se trouvait bien isolée au Sud. Les récents développements politiques nécessitaient qu’elle limitât ses déplacements. Aussi cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pu se rendre au siège de la Compagnie du Sud, ce qui ne faisait pas ses affaires. Son affiliation à la Compagnie était encore récente et elle restait méconnue aux yeux d’un grand nombre de marchands.

Elle avait commencé son périple à Osgilliath par une visite à Emilion Goloth. Une nécessité qu’elle se devait d’accomplir car il était en charge du Harondor et que la plupart de ses contacts avec la Compagnie devait nécessairement passer par lui. Elle n’appréciait guère l’homme mais elle ne pouvait pas se le mettre à dos. Aussi faisait elle contre mauvaise fortune bon cœur.

Elle avait trouvé bien plus plaisante sa visite à Erina de Sora. Depuis la mort du mari de cette dernière, elle s’était beaucoup rapprochée de la veuve. Elle avait trouvé en elle une oreille attentive, une intelligence vive et une compagnie agréable. Leurs échanges de points de vue étaient aussi vifs que plaisants et elles déploraient toutes deux la place laissée aux femmes au sein de la Compagnie. Néanmoins ces derniers temps, Erina passait surtout beaucoup de temps à critiquer sa fille qui l’exaspérait au plus haut point. Ella ne pouvait lui donner tort là dessus. Manifestement l’intelligence et la réussite en affaires avaient dû sauter une génération.

Elle-même accordait beaucoup de temps à l’éducation de ses frères et sœurs. Elle n’avait pas d’enfant et n’avait aucunement l’intention de se marier un jour et donc d’avoir des descendants. Son héritage, c’étaient ses frères et sœurs qui en bénéficieraient aussi devait-elle s’assurer qu’ils en étaient dignes et qu’ils sauraient veiller à leurs intérêts. Elle n’était pas prête à laisser la main cependant. Si elle avait transformé l’ancien commerce de son père en une entreprise florissante, elle était loin d’avoir atteint ses objectifs.

Cette visite tant repoussée au Gondor était donc d’une importance capitale pour elle afin de se faire connaître, de rappeler à tous son existence et d’obtenir de nouveaux contrats. C’était aussi l’occasion pour elle de revoir Minas Tirith où elle avait passé de nombreuses années lorsqu’elle n’était encore qu’une jeune fille. La vision de la Cité Blanche au petit matin l’émerveillait toujours autant même après toutes ces années. Et pourtant, elle avait bien noté la façon dont on la regardait.

Elle ne pouvait nier ses origines harondorims qui transparaissaient aussi bien dans les traits de son visage, dans son habillement et dans son comportement. Cependant, la récente partition du pays était dans tous les esprits et elle sentait l’hostilité dans beaucoup de regards. Bien sûr elle était dans la partie du Harondor qui était toujours fidèle et affilié au Gondor mais les gens ne pouvaient pas le deviner simplement en la regardant. Rajouté à cela le fait qu’elle se déplaçait seule et qu’elle menait son cheval au galop comme l’aurait fait un jeune homme insouciant et elle attirait immanquablement les regards désapprobateurs.

Elle n’en avait cure. Elle se fichait des convenances lorsqu’elle était à cheval. Elle avait vécue toute sa vie entourée de chevaux et dès qu’elle montait, elle redevenait la jeune fille qu’elle était jadis, éloignée des soucis des hommes et des responsabilités quotidiennes, ne faisant plus qu’un avec sa monture. D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle avait su monter à cheval avant même de savoir lire et écrire. Les grandes échappées au galop dans les plaines du domaine de son père, l’entretien des écuries et des animaux et tous ces moments passés en compagnie de son père à apprendre son travail et à partager son univers étaient parmi les souvenirs qu’elle chérissait le plus.

Comme d’habitude son cœur se serra à la pensée de son défunt père. Pas un jour ne passait sans qu’elle n’ait une pensée vers lui. Elle se demanda si l’homme qu’elle s’apprêtait à rencontrer pensait également à son ami perdu. Il était probable qu’il avait bien d’autres soucis à présent. Elle franchit le seuil de l’auberge où il lui avait donné rendez-vous et elle remarqua le léger sourire qu’il esquissa sur son visage. Etait-elle la cause de cette joie soudaine ? Etait-il heureux de la revoir après toutes ces années ? Ou bien cela n’avait-il rien à voir avec elle ?

Elle était heureuse de le revoir pour sa part. Elle avait même passé plus de temps que d’habitude à arranger sa tenue et sa coiffure, tout en se reprochant cette coquetterie déplacée. Ils étaient là pour parler affaire et non pour évoquer ensemble le bon vieux temps. Et pourtant, elle dût se retenir pour ne pas le prendre dans ses bras. Comme il lui avait manqué. Leurs conversations passionnées lui avaient manquées, même si leur correspondance épistolaire ne s’était jamais interrompue. Saemon était plus qu’un ami fidèle. Il était celui qui avait toujours cru en elle. Il était celui qui l’avait sauvée alors qu’elle traversait les moments les plus difficiles de son existence.

- Saemon.

C’est là tout ce qu’elle lui dit avant de s’asseoir face à lui. Et pourtant dans ce simple mot, on pouvait en entendre beaucoup. La joie de le revoir, la gratitude sans borne qu’elle ressentait pour lui et malgré cela, le sérieux et la pointe de crainte qu’elle ressentait vis à vis de cet entretien. Car, non, ils n’étaient pas là pour une conversation banale et sans intérêt hormis le fait que cela aurait sûrement été bien plus plaisant.

Le mot qu’elle avait reçu n’était pas signé, l’endroit où ils se rencontraient n’était pas visible aux yeux de tous. Ce n’était pas un ancien ami qu’elle avait en face d’elle. Ce n’était pas non plus le Grand Maître de la Compagnie du Sud. Ils étaient plus proches de deux conspirateurs que de deux amis cherchant à rattraper le temps perdu. C’est pourquoi elle n’ajouta rien. C’est pourquoi elle ne lui dit pas ce qu’elle avait sur le cœur et comme ce dernier battait plus vite depuis qu’elle avait posé les yeux sur lui. Elle se contenta d’attendre qu’il lui annonce la raison de sa présence dans cette auberge anonyme.

#Ella #Desbo
Sujet: [Chez Ella Desbo] Elevage équestre
Saemon Havarian

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Rechercher dans: Dur'Zork   Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Chez Ella Desbo] Elevage équestre    Tag desbo sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 10 Fév 2012 - 13:35

Ella était occupé à ouvrir une à une les lettres que le responsable du comptoir de Dur'Zork lui avait mises de côté. Ella disposait d'un élevage de chevaux de taille assez importante bien que n'étant pas parmi les trois plus grands de la région.
Afin de se garantir une clientèle diversifiée et nombreuse, Ella avait ouvert des comptoirs sur la plupart des marchés des grandes villes de la région. Elle passait son temps sur les routes, allant d'une ville à l'autre pour superviser les commandes. Elle passait également beaucoup de temps à son haras, situé un peu à l'écart des grandes villes. Elle y disposait de nombreux éleveurs chevronnés et d'une bonne garde.
Les temps étaient durs, ils l'avaient d'ailleurs toujours étés.
Son père, Jonah Desbo, avait été un grand éleveur à son époque. Cependant, lors du passage de la grande armée qui avait attaqué le Gondor, toutes ses bêtes avaient été réquisitionnés. Les vaincus étant mauvais payeurs, il n'avait jamais pu récupérer son du. Désespéré et ruiné, il avait choisi de mettre fin à ses jours.
Ella n'était ce genre de femme, elle avait courageusement relancé l'affaire, profitant des installations familliales, elle les avait sous-louées à des fermiers de la région et, peu à peu, s'était relancée à son propre compte, montant lentement mais surement un nouvel élevage.
Ses chevaux étaient réputés, tout autant que ses capacités en affaire. Elle était dure en négociation bien que rarement désagréable. Elle provoquait une sorte d'admiration involontaire de la plupart de ses négociants.

Ella venait d'ouvrir une lettre portant un cachet qu'elle connaissait bien. C'était une lettre du Gondor, une lettre d'un ami. Fébrilement elle la déplia et commença à la parcourir. Elle arrivait au bout de sa lecture quand la porte du comptoir s'ouvrit, faisant sonner le carillon qu'elle avait accroché à l'entrée.
L'homme qui apparut était très grand. Elle l'avait déjà vu souvent rôder à Dur'Zok, et plus particulièrement depuis que l'Emir était parti. Il était habillé comme les gens de la région, mais son teint de peau pâle indiquait clairement qu'il ne venait pas du harad. Il salua Ella et tenta d'engager la conversation dans un haradrim peu convainquant. Ella l'arrêta net.

" J'ai eu l'occasion d'étudier pendant mon enfance à Minas Tirith. Je maîtrise tout à fait le commun..."

Bien que sa maîtrise soit évidente elle avait un petit accent qui ne faisait que rajouter à son charme naturel.

" Parfait, cela sera plus facile pour moi. Je me présente, Elidah de Morvole. Je viens des montagnes blanches en Gondor. "

Ella salua avec élégance.

" Ella Desbo, enchantée de vous rencontrer. Que me vaut donc l'honneur de votre visite Seigneur de Morvole ?"

L'étranger sourit largement, elle en venait au fait directement, aucune tergiversation, il aimait ça.

" Sans vous ennuyez avec des détails dont vous n'auriez pas l'usage, disons que je suis actuellement en train de monter une petite milice. Quelques soucis dans ma région qui me poussent à vouloir me tenir prêt. J'ai entendu que vos chevaux étaient d'une belle qualité et j'aurais aimé m'en procurer quelques uns.."

Ella lui retourna un sourire, mais il semblait évident qu'il n'était pas vraiment sincère. Elle déplia à nouveau la lettre qu'elle venait de lire et, sans que le seigneur des Montagnes blanches ne puisse lire, elle parcouru rapidement le deuxième feuillet de la missive. Il s'agissait d'une liste rédigée à la main. Elle releva la tête et répondit d'un ton doux mais ferme à son interlocuteur.

" Malheureusement Seigneur de Morvole, nous n'avons plus assez de chevaux. Nos commandes sont nombreuses pour le moment et nous sommes un peu débordés..."

Le visage de l'étranger changea instantanément. Cependant, il prit garde de rester le plus impassible possible.

" Quel dommage en effet... N'hésitez pas à me contacter si vous avez des désistement... Je paie bien."

Il salua, et sans plus attendre il quitta le comptoir. Ella venait de manquer une excellente vente et de se faire un ennemi. Elle espérait que le jeu en vaudrait la chandelle.
Sans plus attendre, elle saisit un parchemin et sa plume.

" Cher Saemon,..."
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