Le sable trahissait leur présence. Depuis plusieurs minutes déjà, les nomades haradrim attendaient de pied ferme la petite colonne de cavaliers. Les étrangers avançaient droit sur le campement, trop rapidement pour laisser le temps aux habitants du désert de s’enfuir : dès que l’alerte avait été donnée, les hommes étaient allés chercher leurs armes –cimeterres aiguisés, arcs courts, dagues- et s’étaient préparés à recevoir les intrus, pendant que les femmes et les enfants partaient se dissimuler à quelques centaines de mètres de là.
Les intrus se rapprochaient, arborant un étendard rouge sombre et noir. Ils étaient une vingtaine de cavaliers, trop lourdement armés pour être de vulgaires pillards. Mais qui étaient-ils ? Abdul, le bras droit du chef des nomades, et archer émérite, encocha une flèche peinte de rouge, et décocha : le projectile se planta dans le sable chaud quelques mètres devant les cavaliers, qui s’arrêtèrent brusquement et dégainèrent leurs armes comme un seul homme. Un homme néanmoins fit avancer son cheval jusqu’à la flèche : sa peau, noire comme l’ébène, le faisait venir des régions les plus méridionales du désert. Il mit pied à terre, et se saisit du projectile, puis, se tournant vers les dunes, cria :
« Nous venons en paix ! Nous sommes en route pour Al’Turbu Al’Qudushu sur l’ordre du Seigneur Taorin d’Umbar ! »L’homme fit ensuite signe à ses hommes de rengainer, fouilla quelques temps dans une sacoche, en sortit une gourde et du pain, puis s’assit en tailleur à l’ombre de son cheval. Le chef des nomades jeta un regard à son ami d’enfance, à ses hommes, et se leva. La barbe noire tachetée de gris, le visage fier, les pommettes hautes, l’homme avait tout d’un grand seigneur du désert, mais les coups du sort lui avait fait perdre la moitié de sa tribu, ses femmes et ses enfants quelques années auparavant.
Le chef descendit lentement de la dune, pendant que ses hommes se redressaient l’un après l’autre, regardant la scène de loin. Le chef arriva au niveau de l’envoyé d’Umbar, s’assit en tailleur face à lui, et sortit une petite bourse de sa poche : les deux hommes rompirent le pain, en mangèrent un morceau, puis avalèrent chacun une pincée de sel, avant de partager l’eau de la gourde. Dès que cette courte mais si importante cérémonie fut achevée, les hommes des deux camps se rapprochèrent, confiants : ceux qui violaient les lois du désert étaient maudits par tous, et finissaient par mourir dans d’atroces souffrances. C’était bien connu.
Les hommes d’Umbar passèrent la nuit au sein du camp des nomades, profitant du point d’eau pour refaire leurs réserves. Pendant le repas, le chef nomade et le grand noir discutèrent longuement, sur la vie dans le désert, sur les guerres qui s’annonçaient.
« Le Conseil des Neufs a décidé de partir en guerre contre l’oppresseur harondorim, au nord. Nous cherchons des hommes pour nous aider à lutter contre cette menace qui, bientôt, s’en prendra à vous aussi. » dit
Ezhel, le premier lieutenant des Chiens du Désert.
« Ce serait d’ailleurs un grand honneur pour nous de combattre à vos côtés dans cette guerre. Votre sagesse et votre force sont chantées jusqu’à la grande Dur’Zork, seigneur Al-Zakhed.
- Un tel conflit serait couteux pour ma tribu, lieutenant. Je ne peux m’engager sans rien espérer en retour, lieutenant. » répondit le chef nomade.
« Je suis sûr que vous comprenez.
- Bien sûr. Mais je suis certain que le Conseil des Neufs vous remerciera pour votre soutien. »Le lendemain, les Chiens repartirent, accompagnés de la tribu d’Al-Zakhed. Les hommes avançaient sous un soleil de plomb, avançant en file sur le sommet des dunes. D’ici deux ou trois jours, ils atteindraient les grandes oasis d’Al’Turbu Al’Qudushu, et pourraient enfin accomplir ce pourquoi ils avaient été envoyés dans cette enfer de sable et de chaleur…
*** *** *** *** ***
Ezhel écoutait patiemment le marchand vanter ses bêtes : selon lui, aucun autre Mumak ne pouvait égaler les siens, ni en force, ni en discipline. Ses Mahûds étaient les meilleurs de tout le Harad, à l’en croire. Et peut-être avait-il raison, tant ces magnifiques bêtes s’étaient faites rares de nos jours. Le lieutenant des Chiens regardait les immenses créatures dans leur enclos, puis se tournait vers les quelques Mahûds qui dressaient un jeune. Le Chien restait sans voix devant tant de magnificence : sans aucun doute, ces bêtes-là étaient un don des Valar aux hommes, don que beaucoup avait corrompu en domptant ces montagnes vivantes.
Ezhel réalisa soudain que le marchand s’était tu, et attendait une réaction. Le Chien se tourna vers lui, et lui dit :
« Monsieur, vos bêtes sont en effet très impressionnantes. Mais avant de sceller tout accord, il me faudrait savoir combien de ces magnifiques créatures, accompagnées de leurs dresseurs et de Mahûds aguerris, vous vendriez pour une centaine de millier de pièces d’or. »Le marchand fixa quelques temps
Ezhel, ses petits yeux noirs transperçant le lieutenant des Chiens du Désert, puis répondit :
« Nous vendons huit de ces magnifiques créatures, harnachées, bien entendu, et accompagnées de leurs dresseurs et des meilleurs Mahûds de tout le désert, pour 100.000 pièces d’or seulement. »Ces tarifs étaient exceptionnellement bas, comparés à ce que pratiquaient d’autres plus petits marchands. Mais, en même temps, aucun autre ne possédait à lui seul plus de la moitié des bêtes des oasis.
Ezhel regarda fixement le marchand, puis tendit la main.
« Il me semble que je ne puis résister à cette offre. J’achète. »Les deux hommes se serrèrent la main, puis convinrent d’un rendez-vous pour le paiement et la
« livraison de la marchandises » le lendemain, à l’aube.
*** *** *** *** ***
Les Chiens du Désert, accompagnés de la tribu d’Al-Zakhed, attendaient aux portes de l’oasis que les mumakîl arrivent. Au cœur de la colonne, un imposant coffre bardé de fer abritant le trésor des Chiens trônait à l’abri des regards.
Ezhel trépignait d’impatience : il allait enfin pouvoir quitter cet endroit où même l’eau ne parvenait pas à échapper à la chaleur écrasante du soleil de plomb, où les nuits glaciales gelaient le sang. Et surtout, il n’avait pas confiance en tout ces hommes, là-bas, attirés ici par l’appât du gain, ou rejeté des autres tribus.
Néanmoins, les hommes d’Umbar n’eurent pas à attendre très longtemps : à peine une demi-heure après leur arrivée aux portes de
« Là où l’eau ne manque jamais en plein désert », les barrissements des mumakîl annoncèrent l’arrivée du marchand et de ses hommes : huit immenses bêtes, harnachée pour la guerre et une quinzaine de Mahûds, parés de leurs peintures de guerre.
Le coffre fut donné au marchand, qui en vérifia rapidement le contenu, puis les Chiens et leurs nouveaux alliés s’engagèrent sur la route d’Umbar…
HRP : Je poste ici afin de gagner un peu de temps pour plus tard : les hommes ont été envoyés par Taorin juste après le vote, sans concertation avec les autres Seigneurs. On peut les considérer comme une petite "surprise" pour les Neufs.#Ezhel #Taorin