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Sujet: Redditions
Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag masque sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag masque sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 27 Oct 2020 - 19:24




Autour de la Lice, tout n’était plus qu’ombre. Il entendit, dans le lointain, le sifflement des flèches et les gémissements des hommes; mais n’y prêta guère attention. Couché au sol et incapable du moindre geste; il se battait pour ne pas sombrer dans les ténèbres. Il ne ressentait plus que le goût du sang et l’appel strident de la mort.  L’attaque de Nuall s’était passée si rapidement. Le capitaine n’avait la vie sauve que grâce à son instinct qui l’avait fait reculer de quelques centimètres au tout dernier moment avant l’impact. Puis il s’était retrouvé au sol. Il avait vu comme un éclair blanc qui l’éblouit pendant une fraction de seconde avant qu’un voile noire accompagnée d’une douleur insoutenable ne vint l’accabler.  Il aurait bien voulu crier pour extérioriser la souffrance qu’il endurait, mais cela lui aurait fait bien trop mal. Peu à peu, il se remit à distinguer le bleu profond du ciel au-dessus de-lui ainsi que les silhouettes floues des charognards ailées qui se préparaient au festin. Il entendit quelque chose sur sa gauche mais, inexplicablement, il ne parvint pas à tourner son regard vers cette direction. Impossible également de tourner la tête, chaque mouvement du visage ne faisait qu'accroître sa peine. Trop confus et perclus de douleur pour comprendre ce qu’il se passait autour de lui; le rohirrim referma son oeil valide, cherchant refuge dans l’obscurité.

Il entendit une voix familière au-dessus de lui:

“Capitaine! Tenez bon Ansgar!”


Il entrouvrit l’oeil pour ne voir qu’une longue chevelure blonde qui se penchait sur lui. Puis ce fut le noir à nouveau. La Lice avait sombré dans l’inconscience.


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Felarel qui s’était immédiatement précipité sur “le champ de bataille” une fois les Dunlendings neutralisés par les archers d’Isengard ordonna que l’on ramène une civière pour l’officier blessé au plus vite. Le Capitaine de la Maison du Roi n’avait que peu de compétence en matière de médecine mais il avait assez d’expérience de la guerre pour savoir que ce genre de plaies devait être traitée au plus vite. On s’occupa ensuite des quelques autres survivants de l’éored d’Irül. Malheureusement, dans leur chute, leurs ravisseurs avaient eu le temps d’en égorger la majorité. D’autres avaient été mortellement transpercés par les traits rohirrim qui n’avaient pas fait la différence entre frères et ennemis. Eotrain faisait partie des victimes, son corps reposait au loin; une flèche fixée dans le crâne.

De la fameuse patrouille à l’origine de tous ces troubles ne restait plus qu’Ameno, dans le couloir de la mort, et le sergent Eadric. Avec ces morts et la disparition de Dairine, la lumière serait-elle jamais faite sur les dessous de ce sombre épisode pour le Royaume de la Marche.  L’officier supérieur avisa la dépouille de Nuall et de ses sbires; ces hommes avaient eu bien du courage pour venir défier les forces du Roi devant leur bastion. Un acte qui semblait désintéressé et ne visait visiblement bien qu’à faire libérer la belle captive. Que représentait-on donc cette fragile créature pour que tout son peuple prenne de tels risques pour elle? Malheureusement, avec le concours du guérisseur, elle s’était volatilisée et les cavaliers de l’Isengard n’aurait probablement jamais la réponse.

Les rohirrims avaient temporairement éliminé la menace qui s’était présenté devant sa porte mais, avec cette désastreuse victoire, ils avaient peut-être perdu bien plus.
#Felarel



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On avait déposé  Ansgar Osgarsson sur l’une des couches de fortunes qui peuplaient l’infirmerie précaire du campement de l’Isengard. Sûrement aurait-il eu le droit d’être soigné par les guérisseurs de Sa Majesté au sein de la tour d’Orthanc s’il en avait fait la demande. Ce privilège était réservé aux hommes de la Garde de la Maison du Roi mais une exception aurait pu être faite pour le Capitaine de la Porte d’Isengard. Mais ce dernier avait, lors de l’un de ses rares moments de pleine conscience, catégoriquement refusé. Son histoire c’était celle de la troupe; il était homme du peuple qui avait mis un point d’honneur à ne jamais oublier ses origines au cours de sa brillante carrière. Il était né avec les gens d’en bas; il mourrait avec les gens d’en bas.

Dame Méronne avait pris en charge l’officier meurtri et distribuait ses instructions avec sa poigne légendaire. Elle n’était ni la plus talentueuse ou la plus délicate des guérisseuses, mais elle restait une femme extrêmement respectée en Isengard. Sa grande expérience et son fort caractère en avait fait une figure incontournable des infirmeries de la garnison; et en l’absence de Rihils, elle était certainement la plus qualifiée pour s’acquitter de cette tâche.

Celle que le troupe surnommait, avec plus ou moins d’affection, “ Mère Torture” s’appliquait à panser les plaies du grand blessé après les avoir nettoyées. Ce dernier, qu’elle croyait totalement inconscient, la surprit en saisissant fermement son avant-bras comme pour la stopper dans sa tâche. Cet homme était tout de même coriace. Ansgar implora dans un grognement :

“Non.. Rihils… Lui seul peut me sauver… Mon ami Rihils…”

Visiblement contrariée, Dame Méronne fronça des sourcils et se défit vigoureusement de la poigne du capitaine. Elle lui répondit sèchement:

“Eh bien votre cher Rihils nous a tous laissé en plan! Vous compris Capitaine! Pouf il s’est envolé. Disparu le vaurien! Alors si vous voulez passer la nuit il va falloir me laisser travailler.”

Trop faible pour contester ou continuer la conversation, la Lice laissa mollement retomber son bras sur sa couche avant de tomber à nouveau dans l’inconscience. Le vaillant cavalier pouvait-il survivre à l’absence de son ami de longue date qui avait trompé sa confiance avant de fuir avec l’ennemi? Au fond, la trahison de Rihils n’était-elle pas blessure plus profonde que celle qui marquait son visage mutilé ?
#Méronne


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Les jours passaient sans véritablement se ressembler pour la Lice. Certaines fois il les traversait comme un fantôme, inconscient sur son lit et inconscient du temps qui s’écoulait. Parfois il s’éveillait pendant de longues heures et se tordait de douleur. Dame Méronne s'évertuait alors à lui faire ingérer diverses sortes de calmants assez inefficaces.

La cinquième nuit après les tristes évènements qui s’étaient déroulés devant les murs d’Isengard. Ansgar, hanté par ses cauchemars, s’éveilla en sursaut. Son oeil valide, mit quelques secondes à s’habituer à l’obscurité ambiante de la petite pièce séparée du reste de l’infirmerie dans lequel on l’avait placé. Il mit donc un certain temps pour constater qu’il n’était pas seul. Et la silhouette imposante qui lui faisait face, adossée contre le mur, n’était définitivement pas celle de Mère Torture. Le visage de l’inconnu était plongé dans l’ombre.

“ Ah! Enfin le réveil du guerrier...”
commenta le visiteur inattendu avec une voix rocailleuse.

Ansgar se redressa autant qu’il le put à l’aide de ses coudes, en état d’alerte. Il tentait de rassembler les maigres force qu’il avait repris, mais savait pertinemment que si l’homme décidait de s’en prendre à lui, il ne pourrait rien faire pour se défendre.

“Qui êtes vous? Déclinez votre identité!
-Mon nom importe peu.

-C’est un ordre! tonna l’officier.
-Je crains n’avoir  aucun ordre à recevoir de vous”.


L’homme avança alors de quelque pas et la petite lampe à huile qui brûlait sur la table de chevet éclaira faiblement l’individu. Mais son visage était toujours invisible; il était caché sous un masque caractéristique de l’Ordre des Lames.

“Et que vient donc faire une Lame à mon chevet? Je doute que vous soyez là pour me souhaiter un prompt rétablissement....” Demanda Ansgar d’un ton méfiant.

“Votre ami Rihils  … Ne vous a-t-il pas fait part de ses envies d’ailleurs? Vers où aurait-il pu suivre la sorcière?”

Pour toute réponse l’inconnu n’obtint qu’un crachat au sol de la part de son interlocuteur qui n’avait rien perdu de son légendaire caractère.

“Allez au diable! Les Lames ne me feront subir aucun interrogatoire!”

Pas de réaction. Plusieurs secondes s’écoulèrent dans un silence pesant avant que l’homme masqué ne change de sujet.

“Je pourrai vous en obtenir un… Un masque, pour dissimuler vos blessures.”

Ansgar fut alors secoué par un petit rire moqueur qui n’eut pour effet que d’amplifier la douleur qui le martyrisait.

“Les stigmates de la guerre n’ont pas à être cachés par un Cavalier du Rohan. Au contraire, il doit les arborer avec fierté. Pourquoi cacherais-je mes blessures? Je n’ai aucune honte d’avoir souffert en défendant mon royaume.”

L’inconnu au masque trembla alors de manière presque impercetible; comme si lui aussi, derrière son voile de mystère, cachait de profondes meurtrissures sur son visage. Il reprit finalement ses esprit et rétorqua:

“Ce royaume vaut-il encore la peine d’être défendue? Ce pays n’est plus reconnaissable; avec un gamin manipulé sur le trône et un dirigeant parvenu qui ne fait que trahir sa parole…
-Le Rohan restera mon pays et je serais toujours prêt à mourir pour lui.
-Alors vous mourrez bien assez tôt Capitaine Osgarsson. Parfois il est préférable de tout détruire pour repartir de rien plutôt que de soutenir un édifice aux fondations branlantes.”


L’homme fit alors volte -face et se dirigea vers la sortie:

“Attendez! Où allez-vous? “
lui demanda la Lice.

L’homme masqué s’arrêta un moment, réfléchit quelques secondes et répondit sans prendre la peine de tourner la tête en direction du blessé.

“Répandre le chaos.”

#Masque


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Rihils était épuisé. Le rythme de la marche forcée - pour ne pas dire la course- imposée par les Dunlendings était de plus en plus compliqué  à suivre pour les fines jambes du guérisseur, peu habitué à se déplacer ainsi à pied sur des lieux et pendant des journées entières. Passé l’effroi évident qui avait suivi sa capture par les Dunlendings, ce fut ensuite la lassitude qui s’était emparé de son esprit. Ils ne faisaient que courir, des heures durant, à travers les plaines jaunies du Rohan et il lui était même impossible de communiquer avec ses “compagnons de voyage” en quête de distraction. Enfin, vers le milieu du deuxième jour, ce fut la fatigue qui se fit la plus prégnante en écrasant tout autre sentiment. En journée il s’efforça de ne pas être totalement à bout de souffle et allait puiser au bout de ses forces mentales pour faire une foulée de plus. Le soir venu, quand le temps d’un court repos était arrivé; il s’endormait quasiment immédiatement avant d’être réveillé bien trop tôt par Konhor. Les hommes du pays de Dûn ne le maltraitaient pas pour autant; ils suivaient le même rythme de marche ( bien qu’ils soient entraînés pour supporter ce genre d’effort) et se contentaient des mêmes conditions de voyages spartiates. Lorsqu’il partageait le pain, Rihils recevait une part égal à celle des autres; une faveur bien inhabituelle pour un captif. Finalement seule la surveillance constante dont il faisait l’objet témoignait de son statut de prisonnier.

Arrivé au pied des montagnes, le guérisseur du Rohan avisa les pentes escarpées et la hauteur du col et ne put réprimer un soupir. L’annonce de l'ascension de ces massifs était loin d’être une bonne nouvelle pour et il se demandait sérieusement si son corps pourrait tenir telle escalade. Il était un expert du corps humain et il avait bien conscience que le sien était déjà presque à bout. Pourtant la moindre chute liée à l’épuisement pouvait avoir des conséquences fatales en haut de ces imposants sommets.

Le repos annoncé et finalement bienvenu serait sans aucun doute de trop courte durée  pour récupérer suffisamment.

Pourtant il fallut d’un seul mot pour que la douleur qui accablait le rohirrim ne semble disparaître soudainement.

“Dairine?”
demanda-t-il avec une note d’espoir dans la voix.

La jeune femme ne l’avait pas complètement abandonnée. Si vraiment elle se trouvait là-haut, alors il n’y avait pas une seule seconde à perdre; il y avait tant de choses à apprendre.

Revigoré d’un coup; le guérisseur voulut prendre les devants et tenta de faire comprendre, à renforts de grands gestes, à son garde personnel qu’il désirait entamer l’ascension immédiatement.

Le corps humain était définitivement une formidable construction au fonctionnement parfois irrationnel.

Sujet: Redditions
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Rechercher dans: Isengard   Tag masque sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag masque sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 5 Fév 2020 - 19:20


Le capitaine Osgarsson connaissait le sergent Eadric depuis bien longtemps, ce dernier servant sous ses ordres depuis de longues années. Il n’était pas le subordonné le plus discipliné mais un guerrier hors pair et meneur d’homme précieux. Son côté un peu maraudeur de lui et ses hommes, qui contrastait avec la rigide organisation du reste du contingent d’Isengard sous les ordres de la Lice, en faisait un atout précieux surtout en patrouille, ou phase de repérage en qualité d’éclaireur. Mais cette fois-ci était-il allé trop loin en allant provoquer les Dunlendings au cœur de leurs terres?  L’officier en doutait grandement, ce genre de patrouille préventive en terres hostiles était effectivement monnaie courante et il ne croyait pas son subordonné assez stupide pour attaquer frontalement. De plus, le sergent avait l’air sincèrement retourné par la nouvelle de la mort de Dervenn et semblait réellement vouloir aider l’enquête de son supérieur. Eadric était doué dans de nombreux domaines mais c’était un piètre menteur, en occurrence la Lice savait qu’il était bien sincère. Sa longue expérience au sein de la troupe avait permis au capitaine de savoir comment ses hommes fonctionnaient; contrairement à de nombreux autres officiers supérieurs issus de la noblesse et  n’ayant jamais fréquenté la troupe, lui savait comment elle fonctionnait de l’intérieur et connaissait toutes les combines habituels et mensonges que certains pouvaient pondre à leur hiérarchie. Lui aussi était passé par là.

Le témoignage était intéressant et permettre de combler certains trous dans le récit mais de nombreuses questions restaient sans réponses et pas des moindres. Qu’est ce qui avait pu donc provoquer l’état léthargique d’Ameno depuis son retour de mission? Un bénin choc sur la tête ne pouvait l’expliquer. Pourquoi les Dunlendings avaient agi de la sorte? Qui était ces maraudeurs? Et que diable faisait Dairine au milieu de tout cela à ce moment là? Autant d’interrogations dont le sergent n’avait vraisemblablement pas les réponses.  La justification de la prise de la jeune captive n’était pas des plus convaincante mais était sans doute vraie, il n’était pas rare que des soldats décident de garder des prisonniers pour les  amener auprès de leur supérieur face à une situation incertaine. Il n’avait d’ailleurs pas attendu pour la livrer au capitaine de la Porte d’Isengard dès son retour.  

Eadric revint alors sur la malédiction prétendument jetée sur lui par la prisonnière et, après s’être excusé de son comportement violent, demanda à la voir pour qu’elle révoque le sortilège. Face à cette audacieuse requête, la Lice haussa un sourcil. Ces histoires de malédiction et de magie le laissait toujours de marbre; il y avait certes des phénomènes troublants à commencer par le comportement d’Ameno mais rien qui ne soit pas naturellement explicable. La situation était déjà assez compliquée comme cela, nul besoin de rajouter des calembredaines de sorciers dans l’équation. Mais de toute évidence, nombre de soldats ici n’étaient pas aussi pragmatiques et croyaient bien en ces menaces surnaturelles.

“La captive a été placée en quarantaine jusqu’à nouvel ordre, nul n’est autorisé à rentrer en contact avec elle. Je ne peux pas faire d’exception sergent. De toute façon si mauvais sort il y a, et vous savez bien ce que je pense de ces foutaises, je ne vois pas pour quelle raison elle retirerait celui qui plane au-dessus de votre tête.”

Il prit une gorgée de vin, boisson qui l’aiderait sûrement à gérer cette journée bien délicate.

“ Vous pouvez disposer Sergent, allez vous reposer et reprendre des forces. Quelque chose me dit que nous aurons bientôt besoin de vous en pleine forme. Très bientôt même.”

Il n’y avait peut-être pas de malédiction, mais il avait le pressentiment qu’il  y avait  bien quelque chose de menaçant à l’oeuvre ici.


De son côté Rihils menait lui aussi son interrogatoire mais d’une différente manière, l’idée n’étant pas de brusquer son interlocuteur afin que celui-ci se montre le plus coopératif possible. Le guérisseur savait la confiance qu’il inspirait chez les autres et comptait bien en profiter; il avait de nombreuses qualités mais l’humilité  n’en faisait pas partie. Il écouta attentivement le récit de Holmo sans l’interrompre, se contentant de prendre des notes sur son carnet tout en hochant la tête de temps à autre. Quand le soldat l’interrogea sur la responsabilité de la captive, Rihils lui réserva la plus diplomatique des réponses.

“ L’enquête est en cours mais pour l’instant absolument rien ne nous permet d’établir un lien  direct entre la prisonnière et la situation présente.  Nous cherchons des réponses et des causes et croyez-en mon expérience, elles ne seront sans doute pas aussi simple que cela. Rien n’est jamais blanc ou noir en ce monde.”

L’interrogé s’enquit alors du sort de son ami Ameno, visiblement inquiet par ce que l’éta-major comptait lui réserver. Mais cette décision n’était pas du ressort du guérisseur qui malgré son prestige et sa place de choix dans l’organigramme depuis son arrivée n’aurait pas voix au chapitre dans ce procès purement militaire. Seuls les officiers et l’entourage du Roi pouvaient décider de ce qu’il adviendrait de lui. Mais en général le sort des meurtriers au sein de la troupe était quasiment scellé d’avance: l’échafaud. Justice serait rendue, mais Rihils comptait néanmoins peser de tout son poids pour repousser la sentence jusqu’à la fin de l’enquête  Il avait besoin d’examiner le coupable pour lever le voile sur ce soudain accès de violence.

“La décision finale concernant votre ami ne me revient pas. Pourtant je vous assure que nul mal ne sera fait tant que sa totale responsabilité ne sera pas prouvée.”


Rien n’était moins sûr, en particulier au vu de la justice sévère et  parfois expéditive en vigueur au sein de l’armée du Rohan.

“Je vous remercie Holmo, votre aide nous sera très précieuse et considérée comme il se doit.”

Le guérisseur libéra alors Holmo et appela Eotrain au rapport. Celui-ci lui donna peu ou prou la même version de l’histoire et ne lui apprit rien de neuf; Rihils décida donc de ne point éterniser l’échange et rejoignit la Lice dans ses quartiers pour planifier la suite des événements.

L’officier était assez devant son large bureau, l’air circonspect.  Pour la première fois depuis de longues années,  il voyait son vieil ami en grande difficulté et être quelque peu dépassé sans vouloir l’admettre. Depuis l’arrivée de la captive et l’enchaînement de mauvaises nouvelles, le capitaine de la Porte d’Isengard subissait le cours des choses, étant dans la réaction plutôt que de la prévention. Il était un homme d’action, officier hors pair sur un champ de bataille, combattant exemplaire à la tête d’une charge de cavalerie. Depuis son arrivée ici, il rongeait son frein face à l’inaction auquel il faisait face et ce genre de soucis n’étaient pas de ceux avec lesquels il aimait avoir affaire.  

Sur l’invitation du maître des lieux, Rihils s’installa sur le fauteuil réservé aux visiteurs de marque et les deux hommes échangèrent les informations qu’ils venaient de récolter.

“Et donc les différentes versions du témoignage correspondent plus ou moins.
constata la Lice.
- Presque totalement à vrai dire. Toujours cette histoire de patrouille et d’incursion dans les terres des Dunlendings, une brève séparation du groupe durant laquelle Ameno a subi un choc puis leur réunion suivi de l’affrontement avec des maraudeurs et la capture de la jeune femme. Ils ne nous ont pas mentis mais plusieurs zones d’ombres subsistent à commencer par le rôle de cette jeune femme et l’état psychologique d’Ameno. Il me faudrait pouvoir l’examiner plus longuement.
- Il est à l’infirmerie, en isolement et sous haute garde. Je t’y accompagnerai dans quelques minutes; je dois d’abord distribuer quelques ordres. Attends-moi ici.”


Le Capitaine sortit en vitesse de sa tente, son aide de camp le suivant comme son ombre, et commença à distribuer des ordres d’un ton autoritaire en parcourant le campement. Le prestigieux commandant en chef de la Porte d’Isengard, malmené depuis le début, était bien de retour. Se montrant à nouveau dans l’action plutôt que dans la réaction. Était-ce là une manière artificielle de restaurer sa prestance? Peut-être bien mais ce fut efficace, tant les soldats étaient rassurés de voir ainsi leur chef si sûr de lui. Il donna des directives concernant les funérailles de Dervenn, renforça la présence aux entrées du domaine et envoya sur le champ de nombreuses patrouilles pour sécuriser les alentours les plus proches et guetter tout activité inhabituelle près des frontières. Quelque chose de mauvais planait au dessus d’Orthanc et le capitaine ne comptait pas attendre d’en savoir plus pour prendre ses précautions, jamais son instinct ne l’avait pas trompé et s’il était inquiet c’était pour une raison.

Sa tournée achevée, il retrouva le guérisseur et ensemble ils prirent la route de l’infirmerie. Ils y furent accueillis par Dame Méronne, maîtresse des lieux qui les conduisit jusqu’au coin isolé où l’on avait amené Ameno. Quatre hommes lourdement armés l’encadrait pour éloigner les regards de tous les curieux.

“Le voici mon Capitaine. Il a l’air complètement dans un autre monde celui là, les concombres servis ce midi semblaient encore plus réactifs et je peux vous dire qu’ils étaient pas bien frais.
-Je vous remerci Ma Dame, vous pouvez disposer.
-Oh oui dernière chose, le Capitaine au masque a disparu du bâtiment il y a quelques heures. Je voulais vous l’annoncer plus tôt mais vous étiez introuvable.”


La Lice retint de justesse un profond soupir d’exaspération, il ne manquait plus que lui…

“Son état s’était grandement amélioré ces dernière semaines mais de là à quitter seul cet endroit, je dois admettre que je suis surpris.
commenta Rihils.
-Ah! Peu importe! Chaque chose en son temps.”

Retrouver ce capitaine n’était pas vraiment la priorité, d’autant plus que vu son état il ne risquait pas d’aller bien loin et d’être signalé par des hommes du campement. Pour l’instant, ils se devaient de concentrer leur attention sur l’enquête principale.

“Laissez-nous!
ordonna-t-il aux gardes
-Mais mon capitaine votre sécu…
-S’il bouge d’un pouce je lui briserai la nuque d’une main. Laissez nous à présent!”


Les soldats partirent sans poursuivre leurs protestations.

Rihils ouvrit sa sacoche à ustensiles et remèdes et s’agenouilla auprès d’Ameno, auquel on avait lié les mains aux barreaux du lit. Pas de réaction, il était toujours aussi apathique. Le médecin l’examina consciencieusement en silence pendant de longue minutes.

“J’ai déjà vu certains hommes dans un état similaire au lendemain de batailles particulièrement violentes. Instables et comme hors de ce monde. Mais au vu de nos informations je vois mal ce qui a pu provoquer un tel changement. Et puis…”


Il s’arrêta un moment, comme s’il hésitait  à alarmer son impulsif ami avec quelque chose dont il n’était pas certain. Mais ce dernier insista.

“Et puis?
-Et puis il y a quelque chose dans son regard que je ne saisis pas.  Il est complètement vide, je n’ai presque jamais vu ça.
-Comment ça presque?”

Rihils hésita à nouveau un court instant, il appréhendait la réaction de la Lice à une opinion qui ne risquait pas de lui plaire.

“Eh bien lors de mes voyages en Terres Elfiques, j’avais croisé un homme au comportement semblable à l’hôpital de Fondcombe. Les Eldars m’ont expliqué qu’ils le traitaient pour le conjurer du malheur qui sommeillait en lui.”

Comme prévu, l’officier n’apprécia pas la remarque et vociféra:

”Ah ces maudits elfes et leurs balivernes! Moi je vais le réveiller cet abruti !”

A mains nues, le colosse défit les liens du meurtrier et le força à se lever puis à avancer devant lui.

“Ansgar! Ce n’est pas la solution!
-Oh que si! J’en ai assez qu’il se moque de nous. Choc psychologique! C’’est bien la meilleure celle-là.”

Comme il l’avait fait avec Dairine quelques heures plus tôt, la Lice conduisit son “prisonnier” à travers le campement en le maintenant fermement par le coup. Celui-ci ne se débattait pas. Ils marchèrent ainsi quelques minutes,suscitant la curiosité de la troupe sans que cela n’affecte le capitaine, jusqu’à faire à nouveau face au grand escalier et aux portes colossales de la tour d’Orthanc. Les trois hommes pénétrérent dans le gigantesque édifice et prirent le chemin des sous-sols. Leur destination était évidente.

Ils furent bientôt devant la cellule où se trouvait Dairine,  assoupie dans un coin sombre et humide. Sans aucune forme de ménagement, Osgarsson poussa violemment Ameno à l’intérieur avant de refermer la porte derrière lui.

“Peut-être qu’elle lui rappelera des souvenirs agréables et qu’on aura enfin une réaction.
-Ansgar…. ce n’est pas une bonne idée…”

Mais l’officier supérieur était sourd aux conseils avisés de son ami et n’attendait plus que de voir ce qui se passerait dans les minutes suivantes.


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“Moi je vous dis,  quelque chose de bizarre se passe ici. D’abord cette prisonnière étrange, puis ce meurtre incompréhensible. Je suis pas très rassuré les gars.”


Les quatre gardes qui partageaient ensemble une tente venaient de revenir de la corvée de bois à laquelle ils avaient été assignés suite au meurtre de Dervenn. Ils en étaient revenus éreintés alors que le soleil commençait à décliner à l’horizon et que l’air se rafraîchissait. Leur travail fini, ils avaient à présent tout loisir d’échanger sur les rumeurs qui courraient.

“Allez tais-toi! Les histoires de sorciers c’est pour faire peur aux gosses!
-Pourtant il se passe vraiment des choses; comment tu expliques le comportement de Ameno? Tu le connaissais, c’est un type bien d’ordinaire, le moins violent de son groupe même. Et puis trop jovial pour avoir des envies suicidaires en s’exposant à la cour martiale.
-Sorcière ou pas, ça m’est égal. Moi tout ce que je sais c’est que j’ai juste besoin d’un bon dîner et d’un peu de sommeil.”


La discussion durait depuis de longues minutes et commençait sérieusement à tourner rond, au fond peut-être valait-il mieux laisser ces problèmes au commandement et ne pas se mêler de tout cela.

“Tu veux dormir ? Avec ce grabuge dehors? “


Des cris de foule et autres exclamations montaient en effet depuis l’extérieur et gagnaient en intensité minutes après minutes. Intrigué, les quatre hommes sortirent de leurs quartiers pour voir ce qui pouvait bien se passer. Dehors la nuit était tombé rapidement et avec elle était venu un vent frais qui rafraîchissait les cœurs et les esprits. Des dizaines d’hommes s’étaient regroupés au loin, écoutant un homme en train de les haranguer. Ils s’approchèrent pour voir de qui il s’agissait.

L’homme était de grande taille, revêtant fièrement une armure reluisante d’officier de la Marche ainsi qu’une longue cape richement décorée. Il parlait d’une voix rauque et profonde qui semblait venir d’un autre monde. Mais le plus intrigant était le masque immaculé qui dissimulait son visage et lui donnait une allure mystérieux et menaçant. L’homme leva une main qui aurait pu appartenir à un mort, pour demander le silence à son audience.

“Mes frères, voilà des mois voire des années pour certains que vous acceptez de servir votre royaume dans des conditions exécrables. Vous dormez encore dans des tentes ouvertes aux éléments quand on vous avait promit la construction de baraques il y a bien longtemps déjà, vous vous faîtes soigner dans un hôpital à court de guérisseurs et d’équipement, vous subissaient la canicule sans avoir d’ombre pour vous protéger.. Vous acceptez toutes les souffrances que vous endurez quand ceux qui se terrent dans cette tour ne daignent même pas se soucier de votre existence. Mais vous n’avez rien dit. Vous avez acceptez tout ceci au nom de vos valeurs, de votre pays, de votre peuple. Mais voilà aujourd’hui, alors que notre vie à tous est en danger, nous nous devons de demander des comptes.”


L’homme haranguait une foule grandissante et qui se ralliait lentement à sa cause et qui acclamait bruyamment chacune de ses phrases.

“Une sorcière amenée au cœur de notre campement et voilà que déjà ses mauvais sortilèges accablent les nôtres. Et quelle réponse avons-nous lorsque nous faisons part de nos inquiétudes au commandement? Aucune! Le silence total! N’avons nous pas le droit de savoir? De connaitre la malédiction qui pèse sur nous? S’ils ne veulent pas nous donner les réponses alors nous les obtiendrons nous mêmes! Marchons vers Orthanc car c’est là qu’ils doivent la tenir enfermer! Car quels autres murs que celle de la Tour Malicieuse pourraient bien la retenir! Allons réclamer ce qui nous est dû et briser le sortilège!”


Ce fut alors bientôt près d’une centaine de cavaliers qui suivirent leur mystérieux et charismatique nouveau leader sorti de l’inconnu. Une procession armée de torches enflammées déchirant l’atmosphère nocturne de l’Isengard, avançait bientôt en direction de la place-forte du domaine, gagnant sans cesse de nouveaux éléments en route.

La troupe et l’homme au masque réclamaient des réponses à un gouvernement bien ombrageux jusque là.
Sujet: "La Garde meurt mais ne se rend pas! Me*de!"
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Rechercher dans: Isengard   Tag masque sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: "La Garde meurt mais ne se rend pas! Me*de!"    Tag masque sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:40

“Rihils? Le guérisseur, où est-il?
-Par là-bas mon capitaine, auprès du grand brûlé.”


La Lice traversa l’infirmerie d’un pas leste jusqu’au rideaux placés dans un coin de la pièce. Derrière se trouvait le capitaine grièvement blessé qui avait été ramené mourant plus de quinze jours plus tôt. Rihils  était à son chevet, redoublant d’effort pour une cause qui semblait perdue. Osgarsson décida de ne pas déranger son ami de longue date au milieu de son travail mais signala sa présence en donnant des ordres d’une voix forte aux hommes qui passaient par là. Près de dix minutes plus tard, le guérisseur envoyé par Edoras entrouvrit les rideaux et sortit à la rencontre de l’officier. Son état de  fatigue était parfaitement lisible sur ses yeux profondément cernés et ses traits tirés, depuis son arrivée il n’avait pas dû faire une nuit complète.

“Par les Valars Rihils! Quelle mauvaise mine! Tu devrais prendre du repos.
-Oh! Crois-moi Ansgar, ce n’est pas l’envie qui me manque mais ici je ne compte plus mes heures. En plus de ma mission auprès des Gardes Royaux, je suis constamment interpellé par les guérisseurs locaux en quête de conseil ou d’aide pour les malades.
-Et tu ne peux refuser.
-J’y ai pensé plus d’une fois mais j’ai prêté serment donc....
-Je vois.”

Rihils se dirigea vers une table posée à quelques mètres de là où il avait déposé ses effets personnels. Il remplit un gobelet de terre cuite d’un breuvage sombre dont s’échappait des volutes de vapeur. Pendant un instant, la Lice crut qu’il s’agissait de vin chaud mais il se rappela que le guérisseur ne buvait presque jamais d’alcool, encore moins lorsqu’il travaillait. Devant l’interrogation silencieuse, l'intéressé s’expliqua :

“C’est du café. C’est fait à partir de grains qui poussent dans le Sud et que l’on fait importer à prix d’or, la rareté du produit en fait une denrée de luxe pour la noblesse gondorienne . Cette boisson a de nombreuses propriétés dont un regain d’énergie considérable dont je ne peux me passer. Tiens essaie.”


Le capitaine se saisit du verre qui lui était tendu et ingurgita une grosse gorgée. Il se mit à tousser bruyamment et ses yeux austères s’humidifièrent sous la douleur.

“Mais c’est bouillant! Pourquoi diable boire aussi chaud alors que l’on transpire déjà assez sous le soleil? Et puis cette amertume…
-C’est comme ça que cela se boit. Certains adoucissent le goût puissant en y ajoutant du lait mais à vrai dire on s’y habitue et on peut même finir par apprécier ça.
-Ouais, enfin c’est pas près de supplanter la bière dans notre région, ça crois moi.
-Je te rejoins sur ce fait.”


Les deux hommes discutèrent encore quelques minutes de sujets plutôt légers. L’arrivée de la Lice était plutôt bienvenue pour Rihils qui ne s’étaient plus accordé de pause ou d’un petit peu de bon temps depuis des jours. Mais il ne pouvait trop tarder.

“Je vais devoir te laisser mon ami. Je crains que le devoir ne m’appelle à nouveau.
-Où en est-il ? Il va s’en sortir?”

Rihils fit une grimace et reprit un peu de café, comme pour se donner un peu de courage.

“Disons que son état s’est amélioré, après au  vu de l’état où il est arrivé ce n’est pas vraiment une garantie. J’ai réussi à le stabiliser et réduire la douleur mais plusieurs tissus calcinés ou atteints se sont infectés et je ne vais pas avoir d’autre choix que de l’opérer et de les sectionner. Par chance l’infection n’a atteint aucun de ses organes vitaux mais il va falloir que je le charcute un peu pour le garder avec nous.”


La Lice n’était pas un grand sensible et il avait vu bien du sang et horreurs sur les champs de bataille.  Le spectacle de la mort ne lui faisait plus grand effet mais la perspective qu’un homme se fasse sectionner au scalpel une partie de son visage infectée lui fit tout de même furtivement passer un frisson.

“Bonne chance mon ami. Que les Valars guident tes gestes.
-Mon cerveau suffira amplement.”

Sur ces mots, le guérisseur disparut à nouveau derrière les rideaux, bistouri à la main.

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Les semaines s’écoulaient avec une certaine monotonie pour les membres de la Garde Royale. Eofend passait ses journées à sillonner le domaine royale d’Isengard, sans relever grand chose d’intéressant. Les soldats du Rois effectuaient occasionnellement des manoeuvres routinières dans les alentours; Eofend rejoignait parfois les missions de patrouille auprès du Sergent Dervenn de la Garde Verte pour fuir l’ennui de son quotidien. La région était calme et hormis quelques incidents mineurs, les cavaliers n’avaient pas eu grand chose à faire. Le Rohan était en paix pour la première fois depuis des années et la stabilité apparente du nouveau régime entretenait un fort sentiment de sécurité parmi les citoyens. Pourtant, le danger était toujours là, peut-être même plus menaçant que jamais car caché aux yeux de tous et frappant là où on l’attendait le moins. Eofend en avait fait l’expérience et cela avait coûté la vie de la plupart des hommes placés sous son commandement.  La nervosité apparente des officiers supérieurs que le sous-officier avait remarqué indiquait que certaines informations gardées secrètes inquiétaient les hauts gradés. Il n’avait que très peu croisé la Lice depuis la cérémonie mais les allers-retour qu’il faisait constamment entre les couloirs d’Orthanc et les postes de garde extérieurs ainsi que son air encore plus préoccupé qu’à l’accoutumée n’indiquaient certainement rien de bon.

Halgor et Méared avaient quant à eux  lentement remis sur pied grâce aux soins prodigieux administrés par Rihils. Les deux Gardes Royaux pouvaient à présent se déplacer et rejoignaient régulièrement leur supérieur et Bodvar lors des repas malgré les protestations de Mère Torture.

Ce soir là ils s’étaient à nouveau regroupés dans un coin de la salle, un peu à l’écart du reste de la troupe qui ne savait trop comment appréhender la présence de Gardes Royaux à leurs côtés.

“Terre du Roi ou pas, niveau nourriture on est quand bien même loti à Meduseld.”
Remarqua Méared en laissant mollement sa cuillère retomber dans sa soupe de légumes. Les éclaboussures provoquées lui valurent un coup de coude dans les côtes de la part de Halgor.

“Rappelle toi que nous sommes privilégiés par rapport à la troupe à Edoras où l’on profite des cuisines de palais. Ne t’inquiète pas, Sa Majesté et ses proches ont sûrement droit  à autre chose dans leur assiette.” répondit Bodvar avec un sourire en coin.

Ce dernier était sincèrement soulagé de revoir ses frère d’armes ainsi. Il avait craint le pire à leur sujet quand le capitaine Learamn l’avait informé de la situation avant de l’affecter à l’escorte de Rihils. Leurs états à son arrivée étaient encore critique et leur convalescence progressive avait été une réelle source de joie pour lui. Bodvar faisait partie de ces hommes apprécié de tous; il n’avait rien de particulier qui le distinguait des autres mais sa capacité à comprendre les autres et à se lier à eux en avaient fait un élément essentiel lorsque des tensions internes naissaient au sein de la garde: le rôle de médiateur lui seyait à merveille.

“Sergent, une idée de quand on pourra mettre les voiles? Je commence à en avoir ma claque de cet endroit.”

Eofend se doutait qu’en réalité la séparation prolongée avec sa famille qui affectait un Halgor bien trop fier pour l’admettre. Maintes fois durant la guerre civile, la vie de ses proches avaient été menacées ou utilisées comme source de chantage, et il ne pouvait se résoudre à les laisser plus longtemps dans le flou à son sujet.

“Eh bien justement, je voulais je vous en parler. Mère Torture s’est opposée à tout départ avant au moins plusieurs semaines et à priori c’est elle qui est en charge de l’infirmerie ici.
-Foutaises!
s’écria Halgor. Elle n’est jamais plus qu’une vulgaire infirmière et de toute façon on fait ce que l’on veut, on ne répond de personne ici.
-A l’exception du Roi
. Rectifia Bodvar.
- Et encore, notre mission principale étant la protection du Vice-Roi Mortensen; notre devoir est avant tout de rallier Edoras au plus vite. Surtout que Bodvar m’a rapporté qu’il y avait des troubles dans la capitale. J’ai demandé l’avis de Rihils et il m’a dit que nous étions hors de danger et que le voyage ne nous tuerait sûrement pas mais il m’a aussi averti que vous n’êtes pas encore complètement remis et que le trajet pourrait potentiellement aggraver vos blessures.
-Boah, quelques points de sutures supplémentaires contre un vrai repas. Moi je dis que ça vaut le coup.
jugea Méared en machouillant un bout de pain suspectement dur.
-Je suis d’accord avec l’escroc aux dés . Plus tôt nous nous partirons mieux nous nous porterons. J’ai  la vague impression que l’on ne nous considère pas d’un très bon oeil par ici. accusa Halgor.
-Dervenn m’a également assuré qu’il ne tentera pas de nous stopper au poste d’entrée où il est assigné à moins d’en avoir reçu l’ordre direct de la Lice. Ajouta Eofend.
-Et qu’en dit la Lice ? s’enquit Bodvar.
- Rien tant qu’il ignore nos velléités de départ. En partant nous accomplirons ainsi notre devoir de rallier le Vice-Roi sans désobéir à aucun ordre direct. Messieurs, faites vos bagages, nous partons dans la nuit. Rihils et les guérisseurs nous suivront plus tard, lorsqu’ils auront fini leur tâche. Annonça le sous-officier avant de lever son verre.
-Eofend, es-tu certain que tout cela est bien raisonnable?
-Je l’ignore mais ce que je sais c’est que moi aussi je n’en peux plus de cet endroit.”


Les quatres compères se mirent alors à rire et entrechoquèrent leurs chopes de bières avec entrain, égayés par la perspective de rentrer chez soi après les horreurs vécues.


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Rihils était éreinté. Il avait une nouvelle fois passé de longues heures à opérer son patient sans n’avoir aucune idée de la nature du résultat. Les tissus externes de l’officier étaient si atteints que les signaux traditionnels mesurés par les médecins comme la fièvre ou la transpiration étaient quasiment indétectables. La chair brûlée avait été retirée en certain endroits pour cause de nécrose et la cicatrisation était tout sauf évidente. L’homme était la plupart du temps plongé dans le coma et nourri par injection, une méthode expérimentale pratiquée par le guérisseur depuis quelques temps et qui avait fait ses preuves.
Il jeta machinalement un coup d’oeil en direction de la fenêtre pour constater que déjà le soleil déclinait. Combien de temps avait-il encore passé seul avec ce presque mort? Sa vie de solitaire se résumait-elle à ne côtoyer que ceux qui étaient condamnés?
Rihils chassa rapidement ces sombres pensées et désinfecta soigneusement ses instruments à l’aide d’une solution alcoolique. Alors, le blessé émit un râle profond qui semblait venir d’un autre monde; le guérisseur n’y prêta d’abord pas vraiment attention.Mais l’homme émit un second son rauque, mais celui-ci était différent, on aurait presque dit qu’il essayait de parler. Intrigué, le médecin s’approcha et se pencha doucement.
Les mots prononcés étaient à peine audible mais étrangement parfaitement clairs à la fois.

“Mon visage...visage...Miroir.
-Calmez vous mon cher, tout va bien. Je ne pense pas que le miroir soit nécessaire pour le moment.”

Le pauvre bougre avait perdu ce qu’il faisait de lui un être humain à part entière: son visage; et malgré les efforts déployés, le guérisseur était incapable de le lui rendre. Sa face émaciée et calcinée n’était pas belle à voir et pouvait provoquer un réel choc à son patient. Mais ce dernier se fit insistant.

“Un miroir!..Mi...roir. C’est...un ordre.”
se força-t-il à dire au prix d’immenses efforts avant d’être pris d’une toux qui lui fit cracher son sang.

“-Bon, comme vous le voudrez. Je vous aurais prévenu.”


Le guérisseur s’empara de la petite glace reposant sur la table de chevet et le plaça devant le visage du capitaine qui ne dit plus rien. Rihils ne savait dire quel était sa réaction tant tout émotion était difficile à identifier  sur ses traits. Il y eut un long moment de silence, finalement brisé par le blessé. Cette fois là il s’exprima de manière parfaitement claire.

“Un masque. Je vais avoir besoin d’un masque.”

Comme un signe du destin, le guérisseur avait exactement ce que son patient réclamait dans sa sacoche. Après quelques minutes de réflexion, il haussa des épaules avant d’aller le chercher. Ce pauvre bougre en avait indubitablement plus besoin que lui.

Rihils revint au chevet du lit, avec en main un masque vernis et  immaculé. Un souvenir qu’il avait emporté de son séjour chez les elfes de Fondcombe il y avait des années de cela.

Sans que le guérisseur ne sache où il trouva la force pour lever ses bras, le capitaine s’empara de l’objet, laissant les traces rouge-sang de ses doigts. Il le contempla pendant de longues secondes. Alors une émotion bien évidente se manifesta sur  ce qui restait de son visage qui se fendit d’un large sourire.



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#GardeRoyale #Méared #Halgor #Bodvar

“Edoras en vue!”


Méared pointait du doigt en direction du sud où se reflétait  un point brillant sur la cime d’une colline: le Château d’Or de Meduseld. Ses compagnons poussèrent des cris de joie et éperonnèrent leurs montures, partant au galop vers la capitale qui ne leur avait jamais autant manquée.  

Un garde posté sur les remparts remarqua l’arrivée des cavaliers ainsi que la bannière de la Garde Royale fièrement brandie par Bodvar. Le soldat alerta alors ses supérieurs et l’annonce du retour des Gardes Royaux se répandit rapidement. Plusieurs autres gardes accoururent même à l’entrée de la cité pour accueillir leur frères d’armes qu’il ne croyaient plus revoir.

La clameur qui accompagna leur entrée dans la cité ne fut la source d’aucune fierté pour Eofend, qui se savait revenir en ayant échoué dans sa mission. Ses hommes étaient pour la plupart morts et le chef des brigands s’était non seulement volatilisé avec les artefacts mais s’était également révélé bien plus dangereux qu’il ne le pensait.

Une fois arrivés , Méared et Bodvar s’empressèrent de rejoindre leurs compagnons pour leur raconter leurs mésaventures tandis que Halgor s’éclipsa promptement pour retrouver sa famille. Eofend mit pied à terre et confia sa monture à un écuyer avant que la carrure imposante de Théféor ne se place sur son chemin. Le colosse affichait un grand sourire et administra une tape, plus violente que prévue, sur l’épaule du sous-officier.

“Content de vous revoir parmi nous Sergent. Le Capitaine vous attend dans ses quartiers pour que vous puissiez le faire votre rapport.”


Eofend fronça des sourcils. Ce genre de requêtes n’étaient pas du genre de Learamn qui préférait rassembler tous les acteurs d’une mission pour analyser son déroulé et ses conséquences. L’officier venait d’ailleurs le plus souvent à leur rencontre où les réunissait dans la salle commune. Une convocation dans ses quartiers n’avaient rien d’habituel; peut-être son état de santé ne s’était toujours pas amélioré.  Mais un ordre était un ordre et Eofend n’était pas du genre à les discuter. Il retira son casque et s’engouffra d’un pas leste dans les couloirs de Meduseld.

La porte était légèrement entrouverte et Eofend la poussa après avoir frappé. Visiblement il y avait eu un changement de décoration depuis la dernière fois qu’il était venu. La chambre était autrefois richement décoré selon les goûts luxueux du jeune capitaine, mais à présent les murs étaient totalement nus, le mobilier réduit au strict nécessaire et la pièce était à peine éclairée.

Learamn l’attendait, debout et droit derrière son bureau. Il portait son armure intégrale de Capitaine ainsi que sa longue cape verte  aux dorures rouges .  En le voyant se tenir ainsi Eofend fut soulagé de constater qu’il ne semblait plus souffrir de sa blessure au pied.

“Mon Capitaine, vous m’avez fait demander pour mon rapport.”

L’officier supérieur lui répondit alors d’une voix anormalement rauque.

“Je vous écoute Sergent.”


Le Capitaine de la Garde se retourna alors pour faire face à son subordonné.  A cette vision, Eofend resta médusé jusqu’à ce qu’il ne comprenne.  Ce n’était pas Learamn.

Stupéfait, il souffla:

“Wald…”



FIN

#Wald #Bodvar #Théféor
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