21 résultats trouvés pour Osgarsson

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Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 27 Oct 2020 - 19:24




Autour de la Lice, tout n’était plus qu’ombre. Il entendit, dans le lointain, le sifflement des flèches et les gémissements des hommes; mais n’y prêta guère attention. Couché au sol et incapable du moindre geste; il se battait pour ne pas sombrer dans les ténèbres. Il ne ressentait plus que le goût du sang et l’appel strident de la mort.  L’attaque de Nuall s’était passée si rapidement. Le capitaine n’avait la vie sauve que grâce à son instinct qui l’avait fait reculer de quelques centimètres au tout dernier moment avant l’impact. Puis il s’était retrouvé au sol. Il avait vu comme un éclair blanc qui l’éblouit pendant une fraction de seconde avant qu’un voile noire accompagnée d’une douleur insoutenable ne vint l’accabler.  Il aurait bien voulu crier pour extérioriser la souffrance qu’il endurait, mais cela lui aurait fait bien trop mal. Peu à peu, il se remit à distinguer le bleu profond du ciel au-dessus de-lui ainsi que les silhouettes floues des charognards ailées qui se préparaient au festin. Il entendit quelque chose sur sa gauche mais, inexplicablement, il ne parvint pas à tourner son regard vers cette direction. Impossible également de tourner la tête, chaque mouvement du visage ne faisait qu'accroître sa peine. Trop confus et perclus de douleur pour comprendre ce qu’il se passait autour de lui; le rohirrim referma son oeil valide, cherchant refuge dans l’obscurité.

Il entendit une voix familière au-dessus de lui:

“Capitaine! Tenez bon Ansgar!”


Il entrouvrit l’oeil pour ne voir qu’une longue chevelure blonde qui se penchait sur lui. Puis ce fut le noir à nouveau. La Lice avait sombré dans l’inconscience.


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Felarel qui s’était immédiatement précipité sur “le champ de bataille” une fois les Dunlendings neutralisés par les archers d’Isengard ordonna que l’on ramène une civière pour l’officier blessé au plus vite. Le Capitaine de la Maison du Roi n’avait que peu de compétence en matière de médecine mais il avait assez d’expérience de la guerre pour savoir que ce genre de plaies devait être traitée au plus vite. On s’occupa ensuite des quelques autres survivants de l’éored d’Irül. Malheureusement, dans leur chute, leurs ravisseurs avaient eu le temps d’en égorger la majorité. D’autres avaient été mortellement transpercés par les traits rohirrim qui n’avaient pas fait la différence entre frères et ennemis. Eotrain faisait partie des victimes, son corps reposait au loin; une flèche fixée dans le crâne.

De la fameuse patrouille à l’origine de tous ces troubles ne restait plus qu’Ameno, dans le couloir de la mort, et le sergent Eadric. Avec ces morts et la disparition de Dairine, la lumière serait-elle jamais faite sur les dessous de ce sombre épisode pour le Royaume de la Marche.  L’officier supérieur avisa la dépouille de Nuall et de ses sbires; ces hommes avaient eu bien du courage pour venir défier les forces du Roi devant leur bastion. Un acte qui semblait désintéressé et ne visait visiblement bien qu’à faire libérer la belle captive. Que représentait-on donc cette fragile créature pour que tout son peuple prenne de tels risques pour elle? Malheureusement, avec le concours du guérisseur, elle s’était volatilisée et les cavaliers de l’Isengard n’aurait probablement jamais la réponse.

Les rohirrims avaient temporairement éliminé la menace qui s’était présenté devant sa porte mais, avec cette désastreuse victoire, ils avaient peut-être perdu bien plus.
#Felarel



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On avait déposé  Ansgar Osgarsson sur l’une des couches de fortunes qui peuplaient l’infirmerie précaire du campement de l’Isengard. Sûrement aurait-il eu le droit d’être soigné par les guérisseurs de Sa Majesté au sein de la tour d’Orthanc s’il en avait fait la demande. Ce privilège était réservé aux hommes de la Garde de la Maison du Roi mais une exception aurait pu être faite pour le Capitaine de la Porte d’Isengard. Mais ce dernier avait, lors de l’un de ses rares moments de pleine conscience, catégoriquement refusé. Son histoire c’était celle de la troupe; il était homme du peuple qui avait mis un point d’honneur à ne jamais oublier ses origines au cours de sa brillante carrière. Il était né avec les gens d’en bas; il mourrait avec les gens d’en bas.

Dame Méronne avait pris en charge l’officier meurtri et distribuait ses instructions avec sa poigne légendaire. Elle n’était ni la plus talentueuse ou la plus délicate des guérisseuses, mais elle restait une femme extrêmement respectée en Isengard. Sa grande expérience et son fort caractère en avait fait une figure incontournable des infirmeries de la garnison; et en l’absence de Rihils, elle était certainement la plus qualifiée pour s’acquitter de cette tâche.

Celle que le troupe surnommait, avec plus ou moins d’affection, “ Mère Torture” s’appliquait à panser les plaies du grand blessé après les avoir nettoyées. Ce dernier, qu’elle croyait totalement inconscient, la surprit en saisissant fermement son avant-bras comme pour la stopper dans sa tâche. Cet homme était tout de même coriace. Ansgar implora dans un grognement :

“Non.. Rihils… Lui seul peut me sauver… Mon ami Rihils…”

Visiblement contrariée, Dame Méronne fronça des sourcils et se défit vigoureusement de la poigne du capitaine. Elle lui répondit sèchement:

“Eh bien votre cher Rihils nous a tous laissé en plan! Vous compris Capitaine! Pouf il s’est envolé. Disparu le vaurien! Alors si vous voulez passer la nuit il va falloir me laisser travailler.”

Trop faible pour contester ou continuer la conversation, la Lice laissa mollement retomber son bras sur sa couche avant de tomber à nouveau dans l’inconscience. Le vaillant cavalier pouvait-il survivre à l’absence de son ami de longue date qui avait trompé sa confiance avant de fuir avec l’ennemi? Au fond, la trahison de Rihils n’était-elle pas blessure plus profonde que celle qui marquait son visage mutilé ?
#Méronne


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Les jours passaient sans véritablement se ressembler pour la Lice. Certaines fois il les traversait comme un fantôme, inconscient sur son lit et inconscient du temps qui s’écoulait. Parfois il s’éveillait pendant de longues heures et se tordait de douleur. Dame Méronne s'évertuait alors à lui faire ingérer diverses sortes de calmants assez inefficaces.

La cinquième nuit après les tristes évènements qui s’étaient déroulés devant les murs d’Isengard. Ansgar, hanté par ses cauchemars, s’éveilla en sursaut. Son oeil valide, mit quelques secondes à s’habituer à l’obscurité ambiante de la petite pièce séparée du reste de l’infirmerie dans lequel on l’avait placé. Il mit donc un certain temps pour constater qu’il n’était pas seul. Et la silhouette imposante qui lui faisait face, adossée contre le mur, n’était définitivement pas celle de Mère Torture. Le visage de l’inconnu était plongé dans l’ombre.

“ Ah! Enfin le réveil du guerrier...”
commenta le visiteur inattendu avec une voix rocailleuse.

Ansgar se redressa autant qu’il le put à l’aide de ses coudes, en état d’alerte. Il tentait de rassembler les maigres force qu’il avait repris, mais savait pertinemment que si l’homme décidait de s’en prendre à lui, il ne pourrait rien faire pour se défendre.

“Qui êtes vous? Déclinez votre identité!
-Mon nom importe peu.

-C’est un ordre! tonna l’officier.
-Je crains n’avoir  aucun ordre à recevoir de vous”.


L’homme avança alors de quelque pas et la petite lampe à huile qui brûlait sur la table de chevet éclaira faiblement l’individu. Mais son visage était toujours invisible; il était caché sous un masque caractéristique de l’Ordre des Lames.

“Et que vient donc faire une Lame à mon chevet? Je doute que vous soyez là pour me souhaiter un prompt rétablissement....” Demanda Ansgar d’un ton méfiant.

“Votre ami Rihils  … Ne vous a-t-il pas fait part de ses envies d’ailleurs? Vers où aurait-il pu suivre la sorcière?”

Pour toute réponse l’inconnu n’obtint qu’un crachat au sol de la part de son interlocuteur qui n’avait rien perdu de son légendaire caractère.

“Allez au diable! Les Lames ne me feront subir aucun interrogatoire!”

Pas de réaction. Plusieurs secondes s’écoulèrent dans un silence pesant avant que l’homme masqué ne change de sujet.

“Je pourrai vous en obtenir un… Un masque, pour dissimuler vos blessures.”

Ansgar fut alors secoué par un petit rire moqueur qui n’eut pour effet que d’amplifier la douleur qui le martyrisait.

“Les stigmates de la guerre n’ont pas à être cachés par un Cavalier du Rohan. Au contraire, il doit les arborer avec fierté. Pourquoi cacherais-je mes blessures? Je n’ai aucune honte d’avoir souffert en défendant mon royaume.”

L’inconnu au masque trembla alors de manière presque impercetible; comme si lui aussi, derrière son voile de mystère, cachait de profondes meurtrissures sur son visage. Il reprit finalement ses esprit et rétorqua:

“Ce royaume vaut-il encore la peine d’être défendue? Ce pays n’est plus reconnaissable; avec un gamin manipulé sur le trône et un dirigeant parvenu qui ne fait que trahir sa parole…
-Le Rohan restera mon pays et je serais toujours prêt à mourir pour lui.
-Alors vous mourrez bien assez tôt Capitaine Osgarsson. Parfois il est préférable de tout détruire pour repartir de rien plutôt que de soutenir un édifice aux fondations branlantes.”


L’homme fit alors volte -face et se dirigea vers la sortie:

“Attendez! Où allez-vous? “
lui demanda la Lice.

L’homme masqué s’arrêta un moment, réfléchit quelques secondes et répondit sans prendre la peine de tourner la tête en direction du blessé.

“Répandre le chaos.”

#Masque


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Rihils était épuisé. Le rythme de la marche forcée - pour ne pas dire la course- imposée par les Dunlendings était de plus en plus compliqué  à suivre pour les fines jambes du guérisseur, peu habitué à se déplacer ainsi à pied sur des lieux et pendant des journées entières. Passé l’effroi évident qui avait suivi sa capture par les Dunlendings, ce fut ensuite la lassitude qui s’était emparé de son esprit. Ils ne faisaient que courir, des heures durant, à travers les plaines jaunies du Rohan et il lui était même impossible de communiquer avec ses “compagnons de voyage” en quête de distraction. Enfin, vers le milieu du deuxième jour, ce fut la fatigue qui se fit la plus prégnante en écrasant tout autre sentiment. En journée il s’efforça de ne pas être totalement à bout de souffle et allait puiser au bout de ses forces mentales pour faire une foulée de plus. Le soir venu, quand le temps d’un court repos était arrivé; il s’endormait quasiment immédiatement avant d’être réveillé bien trop tôt par Konhor. Les hommes du pays de Dûn ne le maltraitaient pas pour autant; ils suivaient le même rythme de marche ( bien qu’ils soient entraînés pour supporter ce genre d’effort) et se contentaient des mêmes conditions de voyages spartiates. Lorsqu’il partageait le pain, Rihils recevait une part égal à celle des autres; une faveur bien inhabituelle pour un captif. Finalement seule la surveillance constante dont il faisait l’objet témoignait de son statut de prisonnier.

Arrivé au pied des montagnes, le guérisseur du Rohan avisa les pentes escarpées et la hauteur du col et ne put réprimer un soupir. L’annonce de l'ascension de ces massifs était loin d’être une bonne nouvelle pour et il se demandait sérieusement si son corps pourrait tenir telle escalade. Il était un expert du corps humain et il avait bien conscience que le sien était déjà presque à bout. Pourtant la moindre chute liée à l’épuisement pouvait avoir des conséquences fatales en haut de ces imposants sommets.

Le repos annoncé et finalement bienvenu serait sans aucun doute de trop courte durée  pour récupérer suffisamment.

Pourtant il fallut d’un seul mot pour que la douleur qui accablait le rohirrim ne semble disparaître soudainement.

“Dairine?”
demanda-t-il avec une note d’espoir dans la voix.

La jeune femme ne l’avait pas complètement abandonnée. Si vraiment elle se trouvait là-haut, alors il n’y avait pas une seule seconde à perdre; il y avait tant de choses à apprendre.

Revigoré d’un coup; le guérisseur voulut prendre les devants et tenta de faire comprendre, à renforts de grands gestes, à son garde personnel qu’il désirait entamer l’ascension immédiatement.

Le corps humain était définitivement une formidable construction au fonctionnement parfois irrationnel.

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 12 Oct 2020 - 23:55

Les négociations menées devant les portes de l’Isengard n’était pas restée amicales bien longtemps. Et pour cause, le choix de l’état-major rohirrim de confier cette tâche à la Lice pouvait s’entendre mais restait risqué. Ce dernier était un officier émérite et reconnu pour ses talents de meneur d’hommes; mais son caractère bourru et parfois borné n’en faisait pas le meilleur des diplomates; or la situation était bien délicate et tout semblait pouvoir dégénérer au moindre mot de travers.

Selon ses ordres, Osgarsson devait avant tout gagner du temps mais il semblait bien préoccupé par d’autres considérations. Les révélations d’Irül sur la présence d’un contingent entier de Dunlendings prêts à traverser l’Isen étaient bien inquiétantes. En temps normal, l’officier supérieur aurait sûrement ressenti moins de peur et se serait contenté de renforcer les patrouilles près des passages à gué. Après tout Irül ne semblait pas être en pleine possession de ses moyens et son discours restait confus; de plus une attaque de front des Dunlendings au sein de la région qui abritait des places-fortes du roi du Rohan semblait stratégiquement incompréhensible de la part des assaillants. Mais ces derniers jours, bien trop de choses troublantes s’étaient déroulés pour qu’il puisse ignorer cet avertissement. Il se demanda si Irül avait eu la présence d’esprit de partager ces renseignements avec Felarel et les dignitaires d”Orthanc afin que ceux-ci puissent mettre en place un plan de défense. Mais même ceci n’était pas assuré, au vu de l’attitude paranoïaque de l’ancien captif qui n’avait voulu parler qu’à son ami.

La guerre était à leur porte, et il était le seul à pouvoir y faire quelque chose.

A l’arrivée d’Eotrain, qu’il prit de loin pour Dairine, Nuall perdit patience et fit preuve de son agacement tout en contenant tant bien que mal la rage qui montait en lui. Le petit stratagème de la Lice n’avait pas réellement fonctionné puisqu’il était toujours sans réponse concernant les détails de la mission menée par la fameuse patrouille qui avait capturée la sorcière; pourtant, tout ceci ne s’était pas révélé complètement inutile. La frustration grandissante de son interlocuteur représentait une opportunité pour en savoir plus. Tentant de garder son calme malgré les menaces du Dunlending, les sanglots d’Eotrain et l’anxiété qui commençait à gagner son coeur; la Lice se passa la main plusieurs fois dans sa barbe fournis, bouclant avec ses doigts ses longs poils roux.

“Où je veux en venir?”
fit-il en levant les yeux au ciel d’un air pensif.

Il s’agenouilla alors auprès de son subordonné qui était toujours aussi affolé, se désintéressant par la même occasion d’un Nual, ce qui ne fit qu’attiser la colère de ce dernier. Le capitaine posa sa large main sur l’épaule d’Eotrain et lui parle d’une voix assez forte pour que le Dunlending puisse l’entendre:

“Ne t’en fais pas, fils du Rohan. Je ne te livrerai pas à eux. Notre royaume dispose d’une justice et tu seras jugé en conséquence de tes actes s’ils sont avérés. Nous devons tous répondre de nos crimes, même ceux fait à l’encontre des Dunlendings. C’est bien ce qui nous sépare de ces sauvages …”

Il laissa ce dernier mot en suspens dans l’air comme une provocation directe avant de se redresser le plus calmement du monde. Le temps des politesses et des formules diplomatiques était désormais officiellement passé; il était fin temps de jouer cartes sur table. Cela faisait déjà plus d’une heure que la Lice avait commencé à parlementer avec Nuall et il doutait pouvoir tenir bien plus longtemps dans ce rôle qui ne lui seyait guère. Felarel avait bien eu assez de temps pour retrouver sa proie, s’il ne l’avait pas trouvé alors il valait mieux passer à autre chose car si leurs ennemis étaient réellement si proches alors ils devraient prendre des initiatives.

Le regard de l’officier se redirigea finalement vers le Dunlending, une lueur défiante brillant au fond de ses pupilles.

“Voici où je veux en venir: la parole d’un Dunlending ne représente nulle garantie à mes yeux. Quant à vos menaces, elles ne feraient pas trembler le plus fragile des nourrissons de la maison d’Eorl!”

Nuall avait cherché la confrontation verbale en proférant de telles paroles et il était tombé sur le parfait client pour lui répondre. La fierté de la Lice ne lui permettait pas de courber l’échine en essayant de tempérer les menaces de son opposant; non il fallait riposer, et plus fort.

“ Quant à votre précieuse Dairine pour laquelle vous avez pris tant de risques. Figurez-vous qu’elle a été condamnée à mort. La potence dont le sommet s’élève au dessus-du muraille lui est réservée; les sorcières n’ont pas leur place au Rohan.”

Il sentit Nuall tressaillir avant de retrouver rapidement sa contenance. Il fallait dire que le rôle de cette jeune femme, que les Rohirrim n’avait absolument pas condamné à mort, était toujours aussi mystérieux. Pour quelle raison les Dunlendings étaient-ils prêts à prendre tant de risques pour une ensorceleuse, aussi puissante fût-elle?

“ Repliez-vous! Vous et tous les vôtres, y compris ceux dont la présence nous est cachée. Retournez chez vous et alors la sorcière sera épargnée!”

Il s’approcha alors plus près de Nuall, le dominant de son immense silhouette. Le rohirrim avait une main sur le pommeau de sa lame et un rictus mauvais sur le visage.
Il gronda:

“Ou alors défiez nous et subissez le courroux des éoreds de l’Isengard! Ce serait là la dernière bêtise que vous ferez en tant que chef.”


L’affrontement n’avait jamais semblé aussi proche.





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En s’étirant sur sa couche de fortune, Rihils tentait de soulager ses genoux ankylosés par les longues heures de marches menées à un rythme effréné dans le but de mettre le plus de distance possible entre eux et les cavaliers du Rohan probablement lancés à leurs trousses. Durant le trajet, Dairine et le guérisseur n’avait quasiment pas échangé, il prenait bien soin de garder son souffle pour les efforts qu’il infligeait à son corps qui n’avait pas l’habitude d’être ainsi bousculé. De toute façon, elle aurait pu lui enseigner les plus grands mystères de ce monde qu’il serait probablement trop épuisé pour y comprendre grand chose. Au moins la fatigue lui permit de s’endormir rapidement, sans qu’il ne ressasse péniblement la portée de son acte de trahison, car c’en était bien un. Pourtant lui ne le voyait pas de cette manière, il aimait son peuple et son royaume et lui avait tant donné. Seulement, sa soif de savoir était plus forte que tout. La fascination qu’il portait pour Dairine et ses arts occultes était si forte pour qu’il puisse rejeter la moindre chance de pouvoir apprendre à ses côtés. Peut-être reviendrait-il de ce périple plus puissant que jamais et alors les gens de Meduseld lui accorderait leur pardon. Peut-être deviendrait-il même autre chose qu’un simple guérisseur, quelque chose de bien plus grand. Ce fut donc sur ces fantasmes qu’il plonge dans un sommeil agité et qui se révéla être de courte durée.

Réveillé par des bruits étranges, le rohirrim se leva brusquement, tous ses sens en alerte. Dans l’obscurité ambiante il identifia des ombres qui circulaient rapidement autour de lui, l’encerclant dans une prison invisible. Il chercha des yeux Dairine mais sa couche était vide. A pleins poumons, il cria son nom. Il n’obtint aucune réponse.

Seul face à l’inconnu, Rihils ressentit pour la première fois un sentiment auquel il était peu familier. La peur. Cette peur primaire, animale et instinctive qui se saisit des entrailles de ceux qui se retrouvaient devant la Mort. Il sentait son coeur battre la chamade, comme s’il voulait sortir de corps bien trop frêle pour opposer une quelconque résistance.

Les bras levés, il tomba à genoux ; offrant sa personne aux spectres qui l’observaient dans la nuit.

“Je ne suis pas de ceux qui prennent la vie. Je suis de ceux qui la préservent. Eru m’a octroyé ce don et je lui en serai éternellement reconnaissant. Quel plus beau cadeau que le pouvoir de sauver toutes formes de vies, quelles qu’elles soient?”
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 3 Sep 2020 - 18:35


“ Quoi? C’est impossible!”


Ce furent les seuls mots que la Lice parvint à prononcer en apprenant la terrible nouvelle. La prisonnière subitement disparue au moment où ils avaient crucialement besoin d’elle pour négocier? Et de surcroît Rihils, guérisseur de légende ainsi que son ami de toujours, serait impliqué dans cette affaire? Cele ne faisait aucun sens et si cette annonce grave n’était pas sorti de la bouche du vénérable Capitaine Felarel, il aurait forcément cru à une mauvaise blague qu’on lui faisait. Mais l’officier de la Maison du Roi n’était pas particulièrement réputé pour son sens de l’humour et tout cela semblait bien concret. Rien n’aurait pu aussi mal tourner qu’en l’état, du moins presque rien.  Ansgar avait la peau et la tête dures et il avait encaissé beaucoup de chocs au cours de son impressionnante carrière mais il prit tout de même quelques secondes pour accuser le coup. C’était tout leur plan d’action qui venait d’être remis en question maintenant que Dairine était en liberté, peut-être en compagnie de Rihils.  Ce dernier avait eu accès au cachot grâce à un ordre signé de la main du Capitaine de la Porte de l’Isengard ; et Felarel était logiquement en quête d’explications.

“Honnêtement je..je ne comprends pas.
Balbutia l’officier. Oui Rihils passait beaucoup de temps avec la captive, avec mon autorisation, mais cela était dans le seul but de lui soutirer des informations. Il semblait être le seul avec qui elle voulait discuter. C’est un homme réfléchi, pas un impulsif; je ne vois pas encore comment il aurait pu agir de la sorte. Cela ne fait aucun sens.”

Et pourtant, aussi obscure qu’elle pouvait l’être, c’était  bien certainement la vérité; en agissant de la sorte le loyal guérisseur venait de placer son royaume dans une situation hautement délicate. Felarel lui indiqua qu’il avait encore besoin de temps pour retrouver les fugitifs. Qu’allait-il faire une fois qu’il les auraient trouvés? L’homme n’était pas forcément réputé pour son indulgence et la potence encore installée au centre du campement en était la preuve. Aurait-il le courage d’y conduire un homme qui avait tant donné au Rohan? Dans un autre cas de haute trahison, cela n’aurait fait aucun doute mais là... Un ami des Rois et des puissants de ce royaume? Jusqu’où pouvait bien aller l’intransigeance et la droiture de l’officier royal?

“Felarel, Rihils est un homme bon. Et il a déjà maintes fois prouvé sa loyauté au Rohan. Il doit bien y avoir une explication.”

Il aurait bien évidemment souhaité que la recherche du guérisseur lui soit confié à lui tandis que Felarel s’occupait des négociations avec le Dunlending. C’était son ami, et il aurait pu lui parler, chercher à comprendre ce qui avait bu se passer dans un souci d’apaisement; il doutait fort que les cavaliers désormais à ses trousses fassent preuve d’autant de tact. Et voilà qu’il se retrouvait lui à devoir gagner du temps auprès de Nuall alors même que leur monnaies d’échange s’était volatilisée. Son seul avantage dans cette affaire était que son vis-à-vis n’était pas au courant de cette évasion fortuite et le rohirrim conservait un maigre avantage à cet égard. Mais combien de temps pouvait-il capitaliser sur du vide?

Il se tourna alors vers Filhelm, son plus fidèle soldat depuis la mort tragique de Dervenn, et lui murmura quelques ordres à l’oreille. Le cavalier acquiesça d’un signe de la tête et partit au galop vers la forteresse du Roi, en compagnie de la monture de son supérieur qui lui avait été soigneusement confiée.  Puis, la Lice s’approcha du capitaine Irül, visiblement encore troublé, et l’amena un peu à l’écart, là où personne ne pouvait les entendre.  Posant une main sur l’épaule de son frère d’armes, il demanda:

“Irül, mon ami. Je dois faire face seul à nouveau et j’ai besoin de toutes les informations disponibles pour avancer les intérêts de notre peuple. Que vouliez-vous me dire durant le trajet?”

De toute évidence, le guerrier était réticent à tout lui révéler ici, en terrain découvert. Ansgar insista:

“C’est maintenant ou jamais.”


Une fois sa conversation avec Irül achevée, la Lice reporta son attention sur Nuall. Le Chef Dunlending était demeuré parfaitement stoïque depuis leur arrivée aux abords des murs et l’intervention de la troupe de Felarel qui quittait désormais les lieux pour retourner dans leur fief.  Les deux hommes étaient désormais seuls sur ce grand terrain dégagé encadré par les lisières de la forêt de Fangorn.

“ Je crois que nous ne sommes pas présentés comme il se doit.”

Il tendit une main de la manière la plus chaleureuse possible. Cela n’était pas facile piur une homme qui était plus habitué à tuer des DUnlendings plutôt qu’à discuter avec eux.

“Je m'appelle Ansgar Osgarsson fils de Cynbel, Chevalier de la Maison du Roi, Capitaine de la Porte d’Isengard.”

Une fois les présentations faites, le rohirrim désigna du doigt un grand rocher qui se trouvait à quelques dizaines de mètres de là, sous l’ombre d’un large chêne de la forêt. La chaleur écrasante les faisait déjà transpirer à grosses gouttes, et un peu d’air frais ne leur ferait que le plus grand bien

“J’aurais bien aimé m’entretenir avec vous au sein de mes quartiers mais au vu de la situation, la Garde a choisi de boucler le secteur royal.  Allons plutôt nous asseoir là-bas nous y serons plus à l’aise.”.

Les deux hommes marchèrent ainsi jusqu’à l’endroit désigné.  Il déposa ses effets près de l’arbre et s’assit sur la large pierre avec un soupir de soulagement.

“Eh ben quelle journée…”


Bientôt Filhelm apparut à nouveau avec de l’eau et de la nourriture qu’il déposa aux pieds des deux chefs de guerre. Ansgar se saisit du panier en osier et en sortit une grande miche de pain de seigle qu’il coupa en deux à l’aide de ses grandes mains crasseuses. Il tendit une moitié à son vis-à-vis.

“Mangez. Vous êtes sûrement venu de loin.”

Ils restèrent ainsi silencieux pendant de longues minutes, à mâchonner leurs repas. On ne leur avait rien apporté de très luxueux; le panier contenant du pain, quelques lamelles de porc séché ainsi qu’un petit pot en terre cuite remplie de ragoût. En somme la nourriture de la troupe. Pas forcément savoureuse mais assez consistante pour calmer la faim.

Ce fut Ansgar qui finit par briser un silence qui devenait de plus en plus gênant. Malgré la maîtrise parfaite du Commun par Nuall, il avait toujours autant de mal à parler normalement avec un Dunlending, surtout quand ce dernier était venu ici pour les intimider.

“Vous avez du cran, je dois l’admettre. Venir à nos frontières avec une poignée d’hommes, mettre en déroute une éored avant de défier les troupes du Roi en personne; un plan aussi fou que admirable. “

L’officier devait bien avouer que leurs ennemis s’étaient montré très ambitieux dans leur manoeuvre et qu’en plus, tout semblait fonctionner pour eux. Le risque avait payé. Il reconnaissait leur courage sur ce plan et ne mentait pas sur son admiration. Tout stratège  ne pouvait qu’être bluffé par tant de culot.

“Cependant des ombres subsistent  vous concernant mon cher Nuall… Voyez-vous nous sommes disposés à discuter avec vous et même considérer vos demandes.  Et nous le ferons, je suis un homme de parole. Seulement, comment pouvons nous savoir ce que ces négociations,e t donc un potentiel accord, représentent réellement. Votre peuple est divisé, éparpillé à travers le territoire, gouverné par de multiples monarques aux intérêts divergents. Que représentez vous personnellement? Votre famille ? Votre tribu? Etes-vous légitimes pour parler au nom de tous les gens du Pays de Dûn? ”

Ansgar se servit un peu d’eau. De toute évidence, il cherchait avant tout à gagner du temps avec ces questions mais celles-ci n’en devenaient pas moins pertinentes. La question de la légitimité de Nuall était centrale pour ces négociations car si ce dernier ne commandait rien de plus que la poignée d’hommes qui l’accompagnait, alors tout compromis obtenu serait certainement vain.

“Car avant toute concessions de notre part nous avons besoin de garanties à votre sujet.”

Il engloutit alors le reste de son morceau de pain et adressa un sourire satisfait au  Dunlending.

“Je crois que le dessert est en route.”


A ce moment Filhelm revint, mais il n’était pas seul. Il chevauchait avec une silhouette encapuchonnée et aux poings liés. Arrivés à la hauteur de son supérieur il fit descendre le prisonnier sans ménagement et repartir dans l’autre sens sans prononcer un mot.

Avec un grognement, la Lice se redressa et s’approcha lentement de l’inconnu tout en reprenant la parole.

“Voyez-vous mon cher Nuall. Nous avons nos différences et nos peuples respectifs se haïssent mutuellement. Mais la dernière chose dont nous avons besoin maintenant c’est d’une guerre. J’ai toute confiance en mes hommes mais j’ai le sentiment que cela ne nous apporterait rien, ni à vous ni au Rohan. Je ne nie pas que certains rohirrim ont pu se rendre, occasionnellement responsable de provocations et agressions sur vos terres; des idiots que nous sommes disposés à punir comme il se doit. Mais votre manière d’insinuer que la Couronne du Rohan est derrière totu ça n’est certainement pas digne. Comme si certains des vôtres ne se rendaient pas coupables des mêmes exactions sur d’innocents rohirrim. Je pourrai tout aussi bien vous blâmer comme vous le faîtes à mon égard. Cependant…”

Laissant sa dernière phrase en suspens, il se plaça juste derrière le captif agenouillé =; le dominant de toute son imposante stature.

“Cependant je suis disposé à faire preuve de  bonne foi.”

Le capitaine dévoila alors les traits de l’homme. Il s’agissait d’Eotrain, une lueur d’inquiétude accompagnée d’un sentiment d’incompréhension dans son regard.

“Cet homme faisait partie de la patrouille qui a capturé Dairine. Le connaissez-vous? Avez-vous déjà croisé sa route?”

Avec la présence de l’un des hommes qui avait contribué à démarrer tout le trouble qui régnait dans la région, Ansgar prenait le risque d’envenimer une conversation qu’il était pourtant parvenu à apaiser. Mais il n’avait qu’un seul ordre: gagner du temps. Et la Lice suivait les ordres.



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Sous un soleil de plomb, Rihils suivait silencieusement Dairine. De temps à autres, il jetait des regards inquiets derrière son épaule, pour s’assurer qu’aucun cavalier n’était directement à leurs trousses. Ainsi tous ces hommes pour lesquels il s’était démené pour leur sauver la vie, étaient désormais devenu ses poursuivants. Mais le guérisseur ne pouvait pas se lamenter sur son sort, il avait fait un choix et en connaissait les implications, désormais il était temps de l’assumer pleinement. Peut-être penserait-on qu’il avait trahi son peuple pour rallier l’ennemi, ou alors qu’il s’était romantiquement épris de cette belle captiv d’autres qui voulaient croire en son innocence avançaient sans doute la thèse de l’ensorcellement. Lui savait que tout cela était faux; il avait pris la décision de la libérer dans un but précis, et cela n’incluait nullement une quelconque trahison au Rohan ou un sort qu’elle lui aurait jeté.  Certes, la jeune femme le fascinait comme peu d’être l’avaient fait; mais cela n’avait rien à voir avec un amour d’adolescent; il avait depuis bien longtemps arrêté d’écouter son coeur. En réalité c’était son oeil de professionnel qui était en jeu ici. Il avait développé la capacité de comprendre le psyché et les intentions des gens qu’il croisait mais là il ne parvenait à cerner ni sa personnalité ni ses pratiques occultes et cela l’intriguait. Il voulait en savoir plus. Apprendre qui elle était, apprendre ce qu’elle faisait.

Dairine avançait gracieusement sans se préoccuper aucunement du danger qu’ils couraient en avançant librement ainsi, en terrain découvert. Avait-elle un plan ou était-elle seulement inconsciente?

Dans le flou total et son destin entre les mains d’une autre pour la première fois depuis bien longtemps; il demanda.

“Dairine… Où allons nous? “
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 31 Juil 2020 - 1:26


“Par les Valars Irül! Mais que s’est-il donc passé ?”

La Lice dévisageait le capitaine Irül d’un air inquiet, cherchant  dans son regard embarrassé toutes les réponses à ses questions silencieuses. Mais il n’y voyait que la honte. La honte d’un officier devant faire le rapport d’un échec impensable à un supérieur qui lui avait accordé son entière confiance. Ils avaient lutté avec courage et abnégation, c’était indéniable; les nombreuses blessures et marques de combat sur leur armures poussiéreuses étaient présentes pour le prouver. Pourtant, et de manière inexplicable, ils avaient dû rendre les armes face à des adversaires à priori moins nombreux et bien moins équipés, et ce au sein même de leur territoire. Un scénario inimaginable pour un guerrier de la trempe d’Irül et qui expliquait sa grande déception. Les explications de celui-ci semblait d’ailleur assez confuse et lui rappelait d’une certaine manière le mutisme d’Ameno.

Comme pour le rassurer, Ansgar posa une main sur son épaule :

“C’est fini mon ami. Vous vous êtes bien battus… C’est juste qu’il y a des choses à l’oeuvre ici qui nous dépassent tous, moi compris…”

Cette fois ce-fut une pointe d’inquiétude qui se refléta dans les pupilles sombres de l’officier. La Lice venait-elle de confirmer les rumeurs qui couraient sur la présence d’une sorcière et d'événements surnaturels au sein du campement de l’Isengard? Ou alors était-ce simplement un moyen de réconforter son frère d’armes en lui expliquant que sa défaite était inévitable?

“Le Roi a donné ses ordres; vous rentrez au bercail.”

En effet, juste avant que le capitaine de la porte d’Isengard ne décide d’accepter l’offre du chef des Dunlendings, Filhelm était revenu de la forteresse au triple galop avec les ordres de Felarel. L’échange de prisonniers aurait bien lieu. Il avait choisi de ne pas divulguer cette information pour le moment et l’avait gardé pour lui, décidé à s’enquérir d’abord de l’état des rohirrim avant de faire une quelconque promesse. Mais au moins, Osgarsson était parti le coeur un petit plus léger, au moins n’était il plus dans le flou quant à la marche à suivre. Il avait sélectionné trois de ses hommes de confiance dont son fidèle porte-étendard et avait suivi leur “ennemi”. Ce dernier n’avait ni menti sur la longueur du trajet qui n’avait pas duré plus d’une heure, ni sur  le lieu où se trouvaient  les prisonniers, tous sains et saufs. Le sang de l’officier n’avait fait qu’un tour quand il avait cru être tombé dans un piège au coeur d’un défilé rocheux mais les sauvages du pays de Dun avaient retenu leurs traits.  

Une fois sa conversation avec le prisonnier terminée,  la Lice se redressa et s’approcha de Nuall. Il lui parla sur un ton toujours aussi implacable mais d’où avait disparu toute trace d'agressivité ou de menace et quand on connaissait l’animal on savait que cela représentait déjà beaucoup.

“Je ne vous fais pas confiance mais vous avez honoré votre parole Dunlending. Et c’est quelque chose que je respecte.   Le Rohan est disposé à négocier et discuter de l’échange de prisonniers.  Les autorités  désirent vous rencontrer devant les murs du domaine royal afin de trouver un accord.”


Sur ce plan-là la mission d’Ansgar était terminée. Bien sûr, il espérait encore jouer un rôle durant les négociations mais il n’avait plus les clefs d’une situation qui dépassait désormais le cadre militaire pour entrer dans celui de la politique. Un art auquel il n’avait pas été formé. Il monta prestement en selle en lançant à Nuall:

“Hâtons-nous! Que l’on finisse tout ceci avant le crépuscule!”


Ils reprirent donc la direction d’Orthanc, la mâchoire de l’Isen dans leur dos,  mais ne se doutaient pas que la monnaie d’échange du Rohan venait de se volatiliser.


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Rihils observait Dairine avec tendresse. La femme ne l’attirait pas particulièrement de manière charnelle mais il y avait quelque chose en elle qui parlait à son âme. Une force insoupçonnée et surnaturelle enveloppée de mystère et surtout d’une vulnérabilité qui le poussait à vouloir protéger cet être étrange  pourtant bien plus puissant que lui. L’étrangère étancher sa soif au bord du ruisseau où le guérisseur l’avait conduit; il la savait assoiffée mais pourtant elle ne s’était pas jeté près de l’eau pour y boire sauvagement comme d’autres l’auraient fait. Non, elle buvait de manière toujours aussi gracieuse et délicate; sans rien perdre de l’aura qui la caractérisait. Le charisme de certains s'évaporait dès qu’ils passaient à table; mais le sien demeurait plus que jamais intact.  

L’homme serrait fermement dans son poing l’ordre de mission, signé de la main de la Lice,  qui lui avait permis de libérer l’enchanteresse des cachots d’Orthanc. Rihils avait expliqué la veille au capitaine qu’il s’agissait d’une simple missive concernant l’envoi de renforts pour la Grande Estive qui avait besoin de la signature de l’officier. Celui-ci, ne sachant lire, l’avait griffonnée sans la moindre hésitation.  Il se sentait légèrement coupable d’avoir ainsi abusé de la confiance de son ami mais il ne regrettait point son geste. Loin de là. Elle l’avait pourtant congédiée quelques heures plus tôt quand il était allé la voir après que l’alarme ne soit donné, lui déclarant même qu’il ne parlerait pas avant le lendemain mais le parfum de la liberté avait été plus fort. Quoique techniquement il ne s’était pas vraiment parlé depuis lors, la jeune femme se contentant de suivre son libérateur sans prononcer le moindre mot. “L’évasion” s’était déroulé sans accrocs et de manière rapide, son plan ayant fonctionné à merveille. Il en était satisfait mais se désolait d’un côté du manque de prudence de son propre peuple, en particulier quand cela concernait leurs ennemis du pays voisins qu’ils considéraient comme de simples sauvages désorganisés. Ils avaient alors quitté le campement par la porte Sud, quand toute l’attention des défenseurs du Rohan étaient focalisés sur le côté Ouest, là où les intrus s’étaient manifestés. Il l’avait ensuite conduit ici, dans un lieu considéré comme sûr par les Rohirrim et qu’il pensait donc caché aux yeux des guetteurs et peu empruntés par les patrouilles.

Le médecin avait, pour son âge, énormément voyagé ce qui lui avait permis de découvrir des peuples et philosophies dont nul ne soupçonnait l’existence dans le Riddermark. Mais il avait jusqu’ici raté ce qui se passait juste de l’autre côté de la frontière, au coeur des terres sauvages de l’Enedwaith, là  où se trouvait Dairine et les siens. Celle-ci lui avait entrouvert la porte à un tout nouveau monde, à une toute nouvelle approche du monde, et cela l’avait immédiatement fasciné, lui qui se voyait comme si pragmatique et raisonné s’était laissé emporté par la magie qu’elle lui avait offerte.

Après un long moment passé en retrait, Rihils s’approcha de la fugitive et s’agenouilla à ses côtés. Il plongea ensuite délicatement  ses doigts filiformes dans l’eau claire du ruisseau et parla d’un ton bien songeur.

“Ainsi le cours de la vie serait comme celui d’un ruisseau. Et pour en connaître les secrets, il faudrait donc épouser son courant…”


Pour appuyer ses dires, il écarta légèrement ses doigts, laissant ainsi le liquide transparent filer entre ses mains et poursuivre sa route. Rihils sortir alors de son état méditatif et reporta son attention sur son interlocutrice.  Il désigna du doigt un promontoire rocheux qui se détachait au loin: la mâchoire de l’Isen.

“Vos amis, votre peuple sont venus pour vous… Et ils sont tous proches. Je vous ai redonné la liberté et je peux vous conduire à eux. Vous pouvez me faire confiance Dairine… Mais avant…”


Il extirpa sa main du cours d’eau et la posa sur le bras de la Dunlending.

“Mais avant vous devez me promettre une chose. Engagez vous à m’apprendre les secrets de votre art. Alors moi, Rihils guérisseur et notable du Rohan, serai éternellement redevable à vous et votre peuple.”

Le guérisseur avait pris des risques, beaucoup de risques, au cours de la journée mais il était intimement convaincu que le jeu en valait la chandelle. Pour lui mais aussi pour son royaume.
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 13 Juil 2020 - 14:47



Face à l’aplomb du chef des Dunlendings, Ansgar fronça les sourcils d’un air circonspect. Son interlocuteur avait un sacré culot pour venir ici, aux portes du domaine du Roi de la Marche, avec une poignée d’hommes pour défier l’armée du Rohan toute entière. Certes il ne manquait pas d’atouts, en particulier les otages que sa horde tenait en respect, mais son plan d’action demeurait incroyablement risqué, voire téméraire. Les allures hirsutes et féroces des hommes du Pays de Dun n’impressionnèrent nullement le capitaine qui en avait vi bien d’autres en trente ans de carrière, et des belles. L’image du dragon de la bataille du Nord et des hordes de pies fondant sur Aldburg lui revinrent furtivement en mémoire. Pourtant il y avait bien une chose qui troublait l’officier: l’assurance de ces hommes qui étaient inexplicablement parvenus à faire prisonnier des cavaliers d’élite du royaume. De plus, les Dunlendings s’était révélés bien plus malins que beaucoup de Rohirrim pouvaient l’admettre; en gardant ainsi cachés leurs meilleurs prises, ils assuraient leurs arrières et une porte de sortie au cas où la situation venait à dégénérer; et surtout ils forçaient les Rohirrims à négocier avec eux.  Pendant si longtemps, les hommes du Rohan méprisaient leurs voisins de l’Enedwaith, considérés comme de vils barbares sanguinaires ne connaissant que le pillage et la violence. Désorganisés comme ils l’étaient, ils ne représentaient pas vraiment une menace pour la survie du Rohan mais terrorisaient régulièrement les habitants des villages frontaliers, victimes de raids aussi violents que fréquents. Pour ces raisons, la région avait petit à petit était désertée par ses civils alors que la protection au niveau de la Trouée se retrouvait renforcée par les souverains successifs. Même Hogorwen l’Usurpateur avait compris l’importance stratégique de la présence d’une garnison forte et nombreuse en ces terres.  Mais, depuis de bien nombreuses années, la Lice craignait qu’un jour les peuples de l’Enedwaith ne s’unissent derrière un chef charismatique et ne déferlent en nombre sur le Rohan, en quête de vengeance pour les persécutions subies. Si de simples petites hordes mettaient déjà à l’épreuve les éoreds du Rohan, il était évident qu’une armée unifiée de Dunlendings représenterait une menace majeure pour sa patrie. Des siècles plus tôt, Saroumane le Blanc y était parvenu et il n’était pas à exclure qu’une figure aussi charismatique n’apparaisse un jour pour rallier leurs tribus. Alors, la vague qui déferlerait par la Trouée serait inarrêtable.

La Lice fit avancer sa monture de plusieurs mètres, il se trouvait à présent très proche du leader Dunlending, le dominant du haut de sa selle. Le noble cavalier face au sauvage. Comme dans les récits contés au sein des chaumières du Riddermark. Il foudroya son vis-à-vis du regard mais ne fit pas le moindre geste et attendit plusieurs secondes pour lui répondre. Pris par surprise, la Lice semblait vouloir analyser cette  situation inédite, il était connu comme un homme prévoyant et voulait à tout prix éviter de tomber dans le piège tendu par ses ennemis. Les menaces du Dunlending le fit bouillir intérieurement. Comment osait-il ainsi se présenter sur leurs terres, avec des otages, pour leur proférer de telles paroles alors même que d’un simple mouvement de la main la Lice pouvait ordonner leur destruction? L’homme ne manquait pas de panache, il devait le reconnaître, ou alors de stupidité. Parfois ces deux notions étaient bien difficiles à discerner l’une de l’autre.

Cependant, ils n’étaient pas venus pour guerroyer. Une déclaration qui provoqua un discret soupir de soulagement au sein des rangs rohirrim. Ces derniers ne doutaient pas de leur capacité à venir à bout de leurs adversaires, mais avec les troubles récents et les rumeurs de sorcellerie, peu d’entre eux ne désiraient réellement un affrontement ouvert; y compris les plus belliqueux d’entre eux qui craignaient au fond d’avoir été victimes d’une quelconque malédiction pouvant être fatale en cas de bataille.

Le chef des Dunlendings n’avait pas menti sur une chose: leur exigences étaient simples. Le respect de leurs frontières et la libération de la captive. L’intuition de la Lice avait donc été la bonne, Dairine était bien la clef de toute cette histoire. La prétendue sorcière devait bien être une personnalité très importante au sein de son peuple pour que ceux-ci prennent autant de risques pour la récupérer. Les hommes du Roi bénéficiaient peut-être d’un atout dont ils avaient totalement sous-estimés la valeur jusque là. Et la Lice comptait bien en jouer. Toutefois, il devait bien admettre que certains aspects de cette négociation dépassait le cadre de la protection de l’Isengard, et donc ses fonctions. Les conditions formulées par les étrangers portaient avec elles de grandes implications politiques, bien au-delà des compétences du guerrier illettré. Il fit donc signe à Filhelm de s’approcher et lui murmura quelque chose à l’oreille. Ce dernier opina du chef, tendit la bannière dont il avait charge à un de ses frères d’armes avant de faire volte-face et de galoper à toute vitesse en direction d’Orthanc. Ansgar avait l’humilité de reconnaître les situations qu’il ne pouvait résoudre seul mais cela ne voulait pas dire qu’il n’avait aucun rôle à jouer.

“Ainsi vous venez sur nos terres, prenez les nôtres comme otages et décidez de nous faire chanter. Pensez vous réellement que le Rohan se pliera aux exigences des premiers barbares venus à leur porte? Vous vous trompez lourdement et vous pouvez vous estimer heureux d’être toujours en vie…”

Il laissa sa dernière phrase en suspens, décidé à répondre à la menace par la menace. La Lice n’était pas réputé pour ses qualités de diplomate pacifiste, mais bien plus pour son goût de la négociation musclée. Cependant, il n’était pas complètement inconscient et décida d’adresser les demandes formulées sur un ton un peu plus amène.

“Vous me parlez de respect des frontières mais ne venez-vous pas violer les nôtres? Le Royaume du Rohan n’effectue aucune opération au-delà de la Trouée, à moins qu’une menace imminente ne soit repérée. Pillages et massacres ne font pas partie de nos valeurs et toutes pratiques de ce genre sont implacablement punis. Il y a sûrement eu des cas isolés par le passé mais ne faîtes pas d’exceptions un motif d’accusation viable pour vos conditions. Toutefois, sachez que si c’est un accord sur le respect des frontières que vous désirez contracter, alors le Rohan est ouvert à la négociation. Mais avant toute discussion, nous exigeons la preuve que le capitaine Irül et le reste des prisonniers sont en vie. Amenez les ici, tous sans exception, et nul mal ne vous sera fait par mes hommes. Je vous en donne ma parole. Faites venir le capitaine et les négociations pourront débuter.”

Irül était l’un des meilleurs officier de la garnison et avant tout un ami; il avait craint le pire en constatant son absence parmi les prisonniers. Le mystère de sa capture par une poignée d’adversaires restait tout entier mais la Lice devait avant tout s’assurer que Nuall ne le faisait pas chanter sur du vent et que le reste de l’éored était bien en vie.

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Filhelm traversa les murailles de bois à toute vitesse et ne fit pas ralentir son destrier jusqu’à qu’il ne se trouve devant un barrage de gardes royaux qui lui barraient la route d’Orthanc. Quelques mètres plus loin, se tenait le capitaine Felarel, les bras croisés et le regard dirigé vers l’horizon. L’officier était très certainement en train de ronger son frein alors que son confrère se trouvait au feu de l’action; ainsi cantonné à la protection du souverain, il ne pouvait quitter la forteresse et demeurait dans le flou complet concernant les sonneries d’alarmes qui avaient secoué tous les soldats de la garnison.  Agacé par les soldats qui refusaient de lui accorder le passage, l’émissaire d’Osgarsson cria à l’adresse du Capitaine de la Maison du Roi.

“Capitaine Felarel! Mon Capitaine! Les Dunlendings sont à nos portes ! Irül et ses hommes sont leurs otages. Ils exigent la libération immédiate de la prisonnière et le respect de leur frontière. La Lice considère ceci comme une crise politique et demande que l’affaire soit remise à l’entourage de Sa Majesté. Qu’un émissaire soit envoyé ou qu’une audience soit accordée à leur chef ou je ne sais quoi mais il faut faire quelque chose avant que la situation ne dégénère.”

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 26 Juin 2020 - 12:26

Les rayons étouffants du  soleil frappaient de plein fouet la foule amassée au centre du camp. Il était à son zénith et accablait la troupe d’Isengard, cuvette suffocante de chaleur qui consumait lentement le courage et la bravoure qui habitaient le coeur des hommes. Trois jours avaient passés depuis les récents événements qui avaient secoué le fief du Roi Fendor: de l’arrivée de la captive jusqu’aux émeutes au sein de la forteresse d’Orthanc. Trois jour qui s’étaient révélés bien plus calmes, bien trop calmes. Le temps et la chaleur se chargeant de tuer à petit feu la volonté des soldats alors qu’une mystérieuse menace planait toujours au dessus du sommet de leurs casques de bronze.

La Lice, juché sur l’estrade en bois installée pour l’occasion, déroula le parchemin qu’il avait en main d’une main bien tremblante. Un geste bien inutile vu qu’il était incapable de déchiffrer les lettres et inscriptions inscrites par la main savante et délicate du capitaine Felarel à l’issue du procès. Il avait passé des heures avec Rihils à mémoriser par coeur les chefs d’accusations contre Ameno; ne lui restait plus qu’à réciter sa poésie devant son audience en espérant que sa langue ne fourcherait pas. Un exercice que le Capitaine n’appréciait guère; il était un orateur respecté et charismatique au sein de la troupe mais ses mots ne portaient quand quand il s’exprimait avec son coeur pour motiver les siens en déclarant son amour à la patrie. Dans ce contexte, il était talentueux. Mais déclamer, tout en feignant de lire,  les raisons d’une exécution  à laquelle il s’était personnellement opposée était une tout autre chose et là il était beaucoup moins à l’aise. Mais en l’absence de Felarel, restée auprès du Roi pour assurer sa protection, la charge revenait au Capitaine de la Porte d’Isengard et ce dernier ne comptait la déléguer à aucun autre. Il était le lien. Le lien entre cette troupe valeureuse mais se sentant parfois abusée, et les élites qui siégeaient au sein de la tour d’Orthanc. Il était cet officier venu du monde d’en bas et qui s’était hissé, par la force de ses bras et la résilience de son âme, dans les hautes sphères de la hiérarchie. Osgarsson était sûrement le seul ici qui bénéficiait de l’oreille des hommes de la troupe et qui pouvait les convaincre du bien-fondé de cette pendaison publique. Certes les officiers de noble lignée , ou même les Lames, n’avaient pas moins de pouvoir que lui mais cette relation particulière avec la garnison leur faisait défaut.

On avait placé ce pauvre Ameno, une cagoule sur la tête, au centre de l’échafaud, face à la corde, face à son funeste destin. La Lice avait ordonné que l’on retire son masque, nul cavalier de Rohan ne méritait de mourir sans visage. Le pauvre hère avait le regard toujours aussi vide, son esprit déjà dans un autre monde. En quelque sorte, il était déjà mort quelques jours plus tôt, ne pouvant supporter ce qu’il avait vu là-bas, son âme valeureuse laissant derrière elle son enveloppe charnelle et animale revenue hanter le campement. Au fond, le commandement lui accordait une faveur avec cette pendaison.

La Lice prit une profonde inspiration et gonfla le torse, prêt à parler de sa voix puissante. Le coeur lourd et anxieux.

Mais il fut sauvé par le gong. Du moins c’est qu’il aurait pu penser si lesdits gongs n’avaient pas le même son que les cors d’alarmes d’Isengard.

La confusion gagna alors instantanément la troupe, à mesure que ce chant menaçant qu’ils connaissaient tous sans pourtant  l’avoir jamais entendu résonnait entre les murs de bois du domaine.

Le Rohan était menacé.

Sous le choc, Osgarsson laissa tomber le parchemin mais il reprit vite ses esprits; il était préparé à ce genre de scénario, tel était son rôle.

“Aux armes! Que chacun prenne poste sur les murs, que les cavaliers sellent leurs chevaux! Que nul trait ne soit tiré, nulle épée dégainée sans mon ordre direct! Pour le Rohan! Pour Eorlingas! “

Un des gardes ayant donné l’alerte, un jeune recrue du nom d’Hulfgarssen, ne tarda pas à faire son rapport à ses supérieurs  et celui-ci était particulièrement inquiétant. Un groupe, à priori limité et désorganisé de Dunlendings, venait de pénétrer dans les frontières du Rohan, tenant prisonnier une éored entière commandée par l’un de officiers les plus capables de l’armée. Cela ne rimait à rien. Les escarmouches et provocations aux frontières étaient monnaie courante avec ces peuplades sauvages mais jamais il n’aurait cru qu’ils oserait s’aventurer aussi loin. Quelles chances avaient-ils face aux cavaliers du Roi?

Il eut alors une intuition. Dairine. Il ne savait pas pourquoi mais elle était la clef de tout cela. Et un simple regard échangé avec Rihils suffit.


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#Rihils
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Le guérisseur courait à en perdre haleine; le souffle coupé par l’effort et la peur qui régnait dans ses entrailles. Sa dernière rencontre avec Dairine, quelques heures plus tôt, l’avait profondément troublé. Et pour cause, la belle captive ne lui avait annoncé rien de moins que sa mort imminente. Il n’en avait rien montré sur le moment mais cette révélation avait réveillé en lui une émotion aussi pure que cruellement humaine: la peur. L’ironie de la situation était palpable: lui le légendaire guérisseur qui avait dédié sa vie à éloigner la Mort des victimes qu’elle avait choisie, se retrouvait à présent en plein dans sa ligne de mire. Juste punition pour lui dans une certaine mesure.  Un homme comme la Lice aurait sûrement réagi différemment à de telles révélations, en particulier au vu de la manière dont Dairine avait tiré ces conclusions. Le Capitaine aurait sûrement lâché un commentaire sur l’inanité de telles pratiques avant de passer à autre chose. Mais Rihils savait qu’il y avait quelque chose de bien réel derrière tout cela. Il le sentait. Et les cors d’alarmes en avaient été l’ultime rappel.  Au cours sa carrière et voyages, Rihils avait appris à sonder les coeurs des gens et ils voyaient bien que les larmes de la captive était bien réel, sa tristesse sincère. Elle ne cherchait pas à l’intimider mais lui traduisait simplement ce qu’elle avait vu.
Il pénétra en trombe au sein de la tour d’Orthanc sans prendre le temps de saluer les gardes en poste comme à son habitude. L’heure n’était plus aux politesses. L’homme se rua littéralement dans les escaliers qui descendaient jusque dans les cachots. En quête de réponses. En besoin de réponses.

Dairine était toujours là, couverte de sang face aux entrailles éparpillés de manière étrange sur le sol humide. Elle avait à peine bougé depuis leur dernière rencontre. Comme à chaque fois, Rihils annonça sa présence en se raclant légèrement la gorge avant de s’approcher lentement. Elle leva les yeux, d’abord apeurée puis rassurée de voir la silhouette du médecin et non d’un des gardes. Mais il y avait aussi de la tristesse dans son regard, ainsi qu’une pointe d’espoir. Avait-elle entendu le souffle de l’alarme? Savait-elle que son peuple était désormais aux portes de l’Isengard? Avait-elle quelque chose à voir avec cela?

Rihils tendit une main tremblante à travers les barreaux de la cellule, invitant son interlocutrice à la saisir.

“Dairine...votre peuple est là aux portes du Rohan. Ils sont venus pour vous, n’est-ce pas? Vous êtes vraiment un être si précieux.”


Rihils frémit au contact de la jeune femme. Sa voix était anormalement fébrile.

“Mais ils font face aux unités les mieux entraînées du royaume. Ce sera un carnage mais nous pouvons encore hésiter ce bain de sang. Dairine… Je peux vous faire sortir d’ici, bientôt vous pourrez regagner les vôtres.”

L’offre était alléchante bien qu’en réalité le guérisseur ignorait totalement quelles ficelles il pourrait tirer pour arriver à ses fins auprès des autorités. Il avait certes beaucoup d’influence ici mais les gardes ne désobéiraient certainement pas aux ordres sur sa simple demande. Il désirait sincèrement aider la jeune femme, mais il avait aussi besoin de réponses.

“Sont-ce là les adieux dont vous me parliez? Est-ce ainsi que je vais mourir? Où est cet homme masqué? Je vous en prie Dairine, il n’est pas encore trop tard. Apprenez-moi!”

Les questions s’étaient mués en supplications, le Rohirrim semblant complètement désespéré.

“Apprenez moi votre magie! Que je puisse empêcher tout cela! Apprenez moi et vous serez libre…”

L’homme qui avait toujours sacrifié son confort pour le salut de son peuple était curieusement devenu beaucoup plus égocentrique; les troubles pesant sur l’Isengard l’effrayant moins que l’annonce imminente de sa mort.

Il était Rihils, guérisseur légendaire du Rohan et praticien reconnu dans toutes les terres de l’Ouest. I ne voulait pas mourir. Il ne pouvait pas mourir.  Le destin avait besoin de son Hubris.


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La Lice chevauchait en tête du petit groupe qu’il avait rapidement dépêché. Derrière lui, le suivaient une trentaine de cavaliers d’élite, des soldats d’élites en qui la Lice vouait une confiance aveugle.  Juste à sa droite, le fidèle Filhelm portait haut la bannière du Rohan.
Plus loin se dressait les remparts de l’Isengard sur lesquels se massaient les troupes sur le pied de guerre.

Au moment où l’alarme avait retenti, Osgarsson avait immédiatement pris la décision de suspendre l’exécution, laissant ainsi Ameno et son bourreau en plan. L’officier avait rapidement distribué des ordres, s’affirmant comme le véritable homme en charge de la défense de la première ligne du Royaume. Des hommes comme Felarel ou les deux Lames le dépassaient sûrement dans la hiérarchie mais leur missions étaient limitées à la protection du Roi ou le recueil d’informations. Mais lui portait le titre de Capitaine de la Porte d’Isengard, et en l’absence d’un maréchal désigné pour cette région, la responsabilité des éoreds voués à la défense du domaine royal lui revenait. Et cela tombait bien, car il était un homme d’action.

Sans qu’il ne veuille l’admettre, cette intrusion inattendue représentait une véritable bouffée d’air frais  pour l’officier. Cela faisait des semaines qu’il était plongé dans du travail administratif aussi harassant que inintéressant, et plusieurs jours qu’il était mêlé à une enquête secrète  dans laquelle les luttes d’influence et de pouvoir s’exprimaient. La politique, tout ce qu’il détestait. Au moins avec un ennemi clairement identifié face à eux, Ansgar était à même de remplir son devoir de militaire. Il avait donc écouté son courage en choisissant de partir à la rencontre des Dunlendings, à la fois pour parlementer et pour avoir une meilleure idée des forces en présence ainsi que du nombre de prisonniers.

Fougueux mais pas imprudent , la Lice s’était entouré d’une trentaine d’hommes talentueux. Trop peu pour représenter une menace face au groupe ennemi et engager la bataille, mais bien assez pour pouvoir le protéger en cas de retraite précipitée si la situation venait à dégénérer.

A mesure qu’ils s’approchaient, les cavaliers du Rohan constatèrent que les intrus étaient en réalité relativement peu nombreux. Et que le gros du groupe était composé des prisonniers de l’éored de Irül.  Mais là était bien ce qui inquiétait le Capitaine. Comment une poignée de Dunlendings pouvaient maîtriser ainsi les troupes de l’un des meilleurs officiers de l’Ehoerë?

La Lice arrêta sa monture à plusieurs mètres de l’avant-garde du groupe de Dunlendings, gardant ainsi une distance de sécurité loin d’être futile.

“Hola gens du Pays de Dûn! Vous venez de pénétrer sur les terres du roi Fendor du Rohan en tenant des Cavaliers de la Marche captifs. Nous exigeons des explications sur cet affront! Expliquez vous et libérez nos hommes sans conditions ou alors vous serez piétinés sous les sabots des Méaras! “


Malgré l’anxiété croissant qui gagnait progressivement son coeur depuis l’arrivée de Dairine, l’officier était confiant. Les troupes de l’Isengard ne feraient qu’une bouchée de cette poignée de sauvages.
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 4 Mai 2020 - 16:25

“Bon sang! Reprenez-vous Soldat de la Marche!” vociféra le Capitaine Osgarsson face au triste spectacle qui se déroulait sous ses yeux.

Pétrifié par la “malédiction” dont il pensait être victime, le Sergent Eadric bascula en avant, se recroquevillant sur lui-même dans un état de transe proche de l’inconscience. La Lice eut un léger pincement au coeur en le voyant ainsi; le sous-officier était l’un de ses hommes les plus braves et farouches, il n’était certes pas le plus discipliné, mais son dévouement pour son royaume avait toujours été irréprochable. Le voir dans cet état était un sacré choc et correspondait bien peu à l’image que  le capitaine avait de son subordonné. Il jeta un regard un biais à Forma, le nom que lui avait donné celui qui semblait être le chef des Lames. Eadric avait décrit l’instigateur des troubles comme un “homme masqué” tout en jetant un regard méfiant en direction des deux espions; mais malgré le peu d’estime que la Lice avait pour eux, il savait bien qu’il était tout bonnement impossible que l’un deux soit à l’origine de l’émeute ayant investi Orthanc. Son grade lui avait permis de connaître les grandes lignes du recrutement et de la formation des Lames et il y avait bien peu de chances qu’un traître ayant un quelconque intérêt à mettre en danger le Roi se trouve parmi eux. Cependant, il avait été assez malin de la part du coupable de dissimuler ses traits ainsi devant la troupe qui exécrait déjà les mystérieux membres de cette unité spéciale. Les hommes auraient ainsi bien peu de scrupules à diriger les accusations envers ces espions.

Osgarsson tenta de ramener Eadric à la raison par le biais de quelques petites claques sur le visage qui se voulaient plutôt douce mais qui devaient en réalité être bien plus douloureuse que voulu. Bien qu’il parvenait à le dissimuler efficacement, la nervosité commençait également à gagner l’officier de la Porte d’Isengard, qui nageaient dans l’inconnu et la frustration depuis le début de cette histoire. Dans ces conditions, il était parfois compliqué de maîtriser totalement sa force. Ils furent alors interrompu par l’arrivée de quelques grades porteurs de mauvaises nouvelles.

“Mon Capitaine!”
fit l’un d’eux.

Agacé, Osgarsson se redressa et fit volte-face.

“Qu’y a-t-il ? Pourquoi cette interruption?
-Nous nous devons de vous informer que lors de notre patrouille près du Mur Est, nous avons retrouvé la dépouille d’un soldat. Nous l’avons identifié comme un certain Holmo. Il aurait été étranglé.”

Holmo… Un des compagnons d’Eadric .

Face à cette annonce, le capitaine ferma les yeux pendant de longues secondes. Il nageait en plein cauchemar. Il se tourna vers le sergent, curieux de voir sa réaction à l’écoute de la mort de son ami mais celui-ci ne semblait avoir rien entendu, toujours pris dans son état d’inconscience active.  La Lice n’avait toujours pas la moindre idée de ce à quoi tout cela pouvait bien rimer. Bien évidemment, le lien entre l’arrivée de la prisonnière et le début des troubles était évident à faire mais la nature de sa causalité demeurait bien mystérieuse. Dairine était restée pour le moins passive depuis son arrivée, enchaînée et sous surveillance; et ce n’était assurément depuis sa geôle dans la forteresse qu’elle pouvait directement causé quelque tort. Mais, de toute évidence elle avait , de façon intentionnelle ou non, déclenchée quelque chose au sein des résidents de l’Isengard. Une peur irrationnelle, une folie collective qui semait sûrement le chaos au sein de la garnison. Et s’il y avait bien une chose qu’il détestait, c’était bien le chaos.

“Bien. Informez le capitaine Felarel qu’un danger encore non identifié sème la mort et qu’il pourrait déjà se trouver au sein du camp. Les hommes de la Maison du Roi se chargeront de la protection de sa Majesté. Trouvez aussi Rihils, placez le sous protection constante au sein d’Orthanc. Renforcez le nombre de gardes autour de la cellule d’Ameno et trouvez moi où se terre le dernier larron, Eotrain, placez le sous protection et surveillance constante au sein de sa tente.”

Ils n’avaient déjà pas beaucoup d’éléments mais si en plus les seuls témoins qui pouvaient faire un peu de lumière sur la situation commençaient à disparaître alors il serait impossible d’obtenir des réponses.
Il continua à donner ses ordres.

“Resserrez le périmètre de sécurité autour de l’Isengard. Ne rappelez pas l’’Eored envoyé pour épauler le capitaine Irül dans la Trouée mais que toutes les unités se consacrent à présent à la sécurité du territoire proche. Que nul ne sorte et ne rentre de l’enceinte des murs sans mon autorisation. Ah et amenez moi un seau d’eau.”

Ces mesures avaient le mérite de renforcer la sécurité du camp face à des menaces extérieures mais si un meurtrier sévissait déjà en son sein, c’était un autre problème. Orthanc était désormais lourdement protégé mais l’inquiétude était toujours de mise.

Les gardes acquiescèrent et se mirent en branle. La Lice s’adressa alors aux Lames:

“Vous avez peut-être raison. La prisonnière est arrivée cet après-midi et depuis le chaos règne. Il n’y a aucun moyen pour qu’elle ait provoquée cela directement mais quelque chose s’est réveillé au sein de la troupe suite à son entrée dans le camp. Vous savez ce que je pense de ces histoires de sorcellerie. Le souci c’est que nombres des hommes de la troupe y croient dur comme fer.”


Il s’empara du seau d’eau qu’un des gardes venait de lui apporter et sans crier gare, aspergea violemment le visage d’Eadric dans une énième tentative pour lui faire reprendre ses esprits.

L’officier sortit ensuite de la tente, tenant sans ménagement par la nuque Eadric qui marchait devant lui. Les deux Lames, le suivant comme son ombre.

“Rassemblez la troupe au centre du camp. Que tout le monde y soit dans une demi-heure, je leur parlerai!”

Suite à cet ordre pour le moins inattendu, la Lice répondit aux interrogations silencieuses des deux Lames.

“Je ne crois pas en ces histoires de sorcellerie. Le souci c’est que la troupe y croit bien; et il va falloir en tenir fonction pour stopper le chaos qui nous guette.”




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#Rihils
L’annonce du décès d’un soldat supplémentaire surprit également Rihils, d’autant plus qu’il se trouvait à présent enfermé au sein de la Tour d’Orthanc. Par souci de sécurité, lui avait-on dit. Un second meurtre au sein de la troupe en l’espace de quelques heures, le phénomène commençait à devenir inquiétant. La mention de l’étranglement était aussi intrigante, là n’était pas vraiment la manière d’agir des gens du Rohan. Le Mal était bien à l’oeuvre. Restait encore à en déterminer sa nature.

De plus, il ne pouvait à présent plus se trouver à l’intérieur de la cellule de Dairine. Là encore, pour des raisons de sécurité évoqués par les gardes du Rohan.

La belle captive était hors de danger et grâce aux  soins prodigués par le légendaire guérisseur, la plupart des blessures ne la faisaient plus grandement souffrir et resteraient superficielles. Cependant, avec les barreaux qui les séparaient, il serait beaucoup plus complexe d’établir cette proximité qu’ils avaient eu quelques minutes plus tôt et qu’il avait tenté d’exploiter pour obtenir des réponses. L’espace d’une fraction de seconde elle avait baissé sa garde, il avait pu le sentir, mais avait fini par se reprendre et lui sa version des faits qu’elle répétait depuis son arrivée en Isengard.

Il s’approcha de la porte du cachot où elle était assise dans un coin, les jambes ramenées vers son buste. Rihils observa pendant de longues minutes les entrelacs fins et envoûtants de tatouages qui parcouraient sa frêle silhouette; ce genre de pratiques était souvent considérés comme barbares par les Rohirrim mais il devait bien reconnaître la beauté du travail réalisé sur Dairine. C’était de l’art. Un art qui s'apparentait sur certains points à la symbolique mystique que l’on pouvait trouver en Orient. Le médecin n’était pas un expert sur le sujet mais il avait beaucoup lu et voyagé et son instinct le trompait rarement sur ce genre de considérations. Il était toutefois très étonnant de voir ce genre de choses sur la prisonnière, les Dunlendings étaient peut-être moins sauvages qu’on le disait par ici mais ce genre d’ouvrage raffiné ne faisait pas , à sa connaissance, partie de leur culture.

“Vous savez... je pourrai m’arranger pour que vous puissiez retourner chez vous…”

Il avait lâché cette phrase d’un ton qui se voulait détaché, la laissant ainsi en suspens dans les airs pendant plusieurs secondes. Aucune réponse n'était attendu, le but étant simplement que l’affirmation rentre dans son esprit et y fasse son chemin.

“Dites moi Dairine… Connaissez-vous la magie?”


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Les hommes de la Garde Verte avaient été efficace. En l’espace de quelques dizaines de minutes et alors que l’aube n’avait pas encore commencée , ils étaient parvenus à rassembler le gros de la troupe. Les soldats étaient disposés en rectangle, sur plusieurs lignes; le capitaine Osgarsson se dressait au centre.

D’un pas assuré et rapide, il faisait des va-et-vients constants afin d’investir tout l’espace qui lui était alloué.

Il parlait d’une voix claire et décidée. De cette voix de capitaine. De cette voix qui parlait au coeur des guerriers avant la bataille.

“Soldats de la Marche! Hommes du Rohan! Mes frères!”


Il avait commencé avec force avant d’adoucir son intonation sur les derniers mots, cassant momentanément la barrière hiérarchique qui le séparait du reste des hommes.

“ Depuis combien de temps sacrifions nous notre vie pour celle du Rohan? Depuis combien de temps avons nous tous prêté serment pour protéger notre royaume des dangers qui le guette? Depuis combien de temps avons nous juré de charger au son du cor de la Marche sans peur ni hésitation pour notre Roi?

Je vous observe et je vois parmi vous des hommes braves. Des soldats héroïques qui ont déjà tant donné pour leur pays. Ce pays qui a tant souffert à travers son histoire, qui aura maintes fois été menacé par des ennemis plus nombreux et plus puissants. Nous avons plié parfois mais jamais nous n’avons flanché. Au cours des années le sang de nos ennemis s’est mêlé au nôtre sur les plaines du Riddermark afin que nos chaumières soient préservés. Ensemble, nous avons repoussé les terribles  invasions Orcs. Ensemble nous nous sommes portés au secours de nos alliés. Ensemble nous avons fait face au Dragon lors de la Bataille du Nord. Nous en avons parfois payé le prix fort. Que d’épreuves avons-nous traversé ensemble! Qui ne se souvient pas de la guerre civile et du déchirement de notre coeur lorsque nous avons dû prendre la vie d’un frère pour le salut de notre nation. Le chagrin et les regrets pèsent justement sur vos coeurs. Mais jamais la peur n’aura aveuglé votre devoir.

Cependant voilà qu’aujourd’hui, quand je passe dans les rangs et que je plonge mon regard dans le vôtre; que vois-je? De la terreur? Vraiment? Après tout ce que nous avons vécu ensemble, il suffit de l’arrivée d’un oiseau de mauvaise augure pour étouffer vos âmes? Il suffit de rumeurs sur une sorcière pour faire taire votre force et vous pousser à la mutinerie?

Non! Je dis non!

Je ne vous mentirai pas! Comme je l’ai toujours fait avec mes hommes, je ne dissimulerai rien de ce qui vous concerne. Et ce car je vous fais confiance, car je sais quelle genre d’hommes chacun d’entre vous est. L’incertitude et le danger guettent nos rangs et menacent notre souverain. On vous a parlé d’une sorcière? Et alors? Suffit-il donc d’une pauvre malédiction pour faire des valeureux cavaliers de la Marche des pleutres sans honneur?

Non! Je dis non!

Quelque soit le danger, quelque soit l’épreuve auquelle nous devons faire face; jamais notre coeur ne doit faillir. “


Il marqua une pause pour reprendre sa respiration après ce discours enflammé ponctué par de larges gestes et une attitude très expressive dont la Lice avait le secret. Ses paroles étaient celles d’un réel meneur d’homme. Le genre d’officier qu’il était, qui l’avait amené aussi haut dans la hiérarchie, qui lui avait fait gagné la confiance de ses hommes, qui avait fait de lui la Lice.
Il dégaina alors théâtralement son épée et la brandit au-dessus de sa tête.  Sur sa dernière phrase, il s’époumonna:

“Quelque soit la menace, nous irons au front pour la détruire. POUR LE ROHAN! POUR EORLINGAS!”


De l’obscurité du camp s’éleva une formidable clameur. La bête rugissait encore. Restait à savoir s’il s’agissait là de son dernier feulement ou de son réveil
Sujet: Redditions
Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 25 Mar 2020 - 22:33

L’autorité de Felarel ne souffrait d’aucune contestation possible, y compris de la part des Lames qui restèrent parfaitement silencieuses malgré les sévères réprimandes de l’Officier. La Lice sourit intérieurement, la situation n’était clairement prétexte à rire mais il éprouvait une satisfaction certaine de voir ces espions être remis en place par un officier de l’armée du Rohan. Finalement, la vieille école n’avait peut-être pas encore dit son dernier mot. Avec assurance, le capitaine de la Maison du Roi distribua ses ordres pour rétablir la sécurité du domaine et poursuivre l’enquête. La protection du Roi et de ses proches était de son ressort, le reste était le souci de la Garde Verte et de l’Ordre des Lames. La perspective de devoir coopérer avec ces derniers m'enchantait guère Ansgar mais il comprenait ce choix et même s’ils méprisait leurs méthodes il les savait terriblement efficace dans leurs missions. Le cas de Dairine fut confié à Rihils, une bonne nouvelle pour l’officier qui craignait de la voir finir aux mains des Lames; il avait toute confiance en son ami pour gérer la captive. Une fois ces directives données, Felarel et ses hommes tournèrent les talons pour remonter aux niveaux supérieurs de la forteresse, laissant les autres en plans et avec du pain sur la planche.

Un silence pesant suivit alors et se prolongea pendant plusieurs secondes. La Lice était bien trop fière pour faire le premier pas en s’adressant à ses nouveaux collaborateurs, le Gris finit d’ailleurs bien par le comprendre et tenta prudemment d’entamer le mur de glace qui les séparait.  Le capitaine écouta ce qu’il avait à dire sans réagir aucunement. Il dut pourtant admettre que l’espion avait bien raison: ils ne s'apprécient guère mais servaient la même cause; et plus vite ils remplissaient leur devoir pour le Rohan, plus vite ils pourraient se séparer.

“Je suis d’accord. La prisonnière restera enfermée ici, à Orthanc. C’est le seul endroit où elle à l’écart des yeux de tous et que nous pouvons protéger efficacement. La garde sera renforcée et un périmètre de sécurité sera mis en place tout autour de la forteresse, sur un rayon de plusieurs centaines de mètres. Nul ne sera autorisé à y pénétrer sans autorisation ou affectation spéciale et aucun attroupement à proximité ne sera tolérée.”


La flamme du commandement commençait à brûler de nouveau dans le coeur de La Lice. Il avait connu de grandes difficultés depuis la veille et l’arrivée de l’intrigante prisonnière mais il avait assez d’expérience et de ressources pour savoir prendre les décisions qui s'imposaient pour assurer la pérennité de sa patrie.

Alors que l’on bouclait Ameno dans une cellule bien éloignée de celle occupée par la femme du pays de Dûn, la Lice se mit à remonter les marches qui le reconduisaient à la surface, les deux Lames sur ses talons, comme des ombres  diffuses. Un vent nocturne bienvenu vint rafraîchir leurs visages à leur sortie de la forteresse. Là encore il donna ses consignes aux hommes en poste et fit quérir plusieurs officiers de la Garde Verte se trouvant dans le campement, des hommes compétents à même d’appliquer et transmettre les ordres donnés par leur supérieur hiérarchique. Alors qu’ils attendaient leur arrivée devant l’entrée de la tour de l’Esprit Rusé, la Lice se tourna vers les deux Lames qui l’épaulaient.

“Vous avez des noms par lesquels je peux vous appeler? Un pseudonyme ou autre sobriquet d’espion? Déjà que je ne vois pas vos visages, j’aimerais bien pouvoir me rattacher à quelque chose des hommes avec qui je travaille.”


Quelques minutes plus tard, une dizaine d’officiers et sous-officiers de prestige étaient rassemblés en arc-de-cercle autour du capitaine de la porte d’Isengard. Les temps étaient troubles. La menace, si elle existait, n’était pas précisément identifiée mais la prudence devait rester de mise. Il était prêt à prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter que le Rohan ne tremble ne serait-ce qu’une seule seconde. Cela pouvait apparaître exagéré ou comme un excès de zèle mais lui savait qu’il ne pourrait jamais se pardonner si la vie  d’un de ses soldats étaient perdu à cause de sa négligence.

“ Une éored partira sur le champ pour épauler le capitaine Irül à nos frontières. Je veux que la trouée du Rohan soit entièrement bouclée à tout passage. Je veux que chaque voyageur, chaque cavalier, chaque chariot soit contrôlé avant d’être autorisé à traverser la frontière.
Des rumeurs sont également nées au sein de la troupe à propos de sorcellerie et autres malédictions; j’entends la peur des hommes mais nous ne tolérerons aucun écart comme celui de ce soir. Rassemblez les hommes de la garnison, je leur parlerai et rassurerai leurs coeurs.
- A vos ordres mon capitaine!”
scandèrent en choeur les subordonnés.

Alors que ces derniers commencèrent à se disperser. Le colosse se tourna alors vers l’un de ses hommes de confiance, en charge des communications avec le reste du royaume.

“Filhelm! Des nouvelles d’Edoras?
-Oui mon capitaine. On rapporte que des incendies d’origine criminelle auraient détruit un village aux abords de la capitale, les hommes du Vice-Roi ont déclaré que la situation était parfaitement sous contrôle et n’ont pas voulu communiquer sur les détails. On raconte aussi que Dame Aelyn a subi une nouvelle tentative d’enlèvement qui aurait réussie cette fois-ci avant qu’on ne la retrouve vivante, mais là encore les détails sont flous.
- Ah les sbires de Mortensen.”
Pesta la Lice en crachant au sol.

Il n’avait que bien peu de respect pour le parjure qu’il était et il se méfiait des ambitions de cet homme qui siégeait sur le trône de Meduseld. Il avait reconnu Fendor comme souverain légitime au lendemain de la guerre civile; mais c’était le même homme qui avait autrefois juré allégeance à Hogorwen l’Usurpateur. Combien de temps cette alliance fragile allait-elle bien pouvoir tenir.

“Il y a aussi eu un changement dans la Garde Royale; le capitaine Learamn ayant été banni pour haute insubordination, le capitaine Wald le remplace désormais.
-Quelle mascarade, jusqu’à quand allons-nous nous ridiculiser aux yeux du monde…”

La décision était somme toute logique pour la Lice. Wald était un homme de renom et d’expérience et l’un des seuls avec encore un peu d’honneur au sein de cette clique mais la Garde Royale avait depuis bien longtemps perdu de sa superbe. La nomination d’un jeune bleu, marionnette de Mortensen, à sa tête en avait été le coup de grâce. Que les jours glorieux du capitaine Foldar étaient loin.

“Bien, si Edoras vous demande des informations sur la situation ici; alors dites leurs que tout est aussi calme et ennuyeux que d’ordinaire. Et que nous en sommes heureux.”


Filhelm acquiesca et prit à son tour congé, laissant à nouveau son supérieur en compagnie des espions.

“Suivez-moi.”


La Lice les mena au sein du campement très peu animé en cette heure tardive. Alors qu’ils marchaient d’un pas soutenu, il leur expliqua:

“Nous devons encore identifier la source des émeutes qui ont brièvement éclatées. La foule est un brasier mais il faut toujours quelqu’un pour y mettre le feu. Quelqu’un d’assez intelligent pour utiliser ces rumeurs et faire monter la colère. Pensez-vous que vos hommes peuvent s’infiltrer dans la troupe et tenter d’identifier les responsables en écoutant les conversations?”

Il détestait procéder de la sorte, c’était d’ailleurs une première pour lui. Il avait le sentiment de trahir la confiance de ses propres hommes en agissant ainsi. Ce pacte officieux et indispensable qui liait tout soldat avec son officier. Cependant, il n’avait pas vraiment d’autres choix, la situation était trop préoccupante pour laisser passer cela. Felarel et les Lames avaient raison de s’inquiéter de voir la demeure du Roi être ainsi envahie et il fallait donc mener l’enquête même au prix de moyens qui ne lui plaisaient pas.

Au bout de quelques dizaines de minutes de marches, Ansgar s’arrêta devant l’entrée du tente. Il la regarda quelques secondes, s’assurant qu’il s’agissait bien de la bonne et y entra sans prévenir. A l’intérieur Eadric, surpris de voir entrer le capitaine, était assis sur son lit.
L’endroit était petit mais en tant que sous-officier le sergent avait la chance de pouvoir y vivre seul. Ses affaires étaient en désordre mais il avait eu l’occasion de voir pire au cours de sa longue carrière.

“Nous devons parler Sergent.”


Les deux Lames entrèrent à leur tour, derrière le Capitaine, silencieuses mais prête à frapper si la situation l’exigeait. Un éclair d’inquiétude passa dans les yeux d’Eadric. La Lice s’accroupit légèrement pour être à sa hauteur.

“Les émeutes qui ont secoué la troupe ne peuvent rester sans conséquences. Les autorités vous ont à l’oeil depuis la capture de la femme et il va falloir me donner de solides raisons pour que je vous défendes. Dites moi la vérité, toute la vérité…”

Il repensa alors à la scène à laquelle il avait assister impuissant dans les cachots quand Ameno avait tenté de violer l’étrangère sous ses yeux, une offense qu’il avait lui-même provoqué sans le vouloir.

“Cette femme… Cette belle captive… Que lui avez-vous fait? Pour la maîtriser, pour l’amener jusqu’ici. Les Hommes et les Femmes de ce pays ne se laissent pas faire aisément. Combien de fois l’avez vous agressé?”


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#Rihils

L’hospitalité d’Orthanc était bien relative, en particulier en comparaison avec le reste du royaume. Si l’entourage de sa Majesté Fendor profitait du confort qu’il désirait en Isengard, celui-ci n’avait rien à voir avec l’atmosphère feutré, chaleureuse et rassurante du Château d’Or. Ici tout était froid, austère, comme hanté par une magie sombre et millénaire. Il est donc inutile de préciser ici que les cachots de cette même tour étaient très certainement ce qui se faisait de pire dans tout le Rohan. L’atmosphère y était pesante, la chaleur estivale ne gagnait jamais les tréfonds glaciales de la bâtisse, et l’humidité crasse portait en son sein bactéries et maladies prête à terrasser les malheureux qui y croupissaient.
C’était donc dans l’une de ces cellules sombres que l’on avait à nouveau placé Dairine. De l’eau suintait  du plafond à rythme lent et régulier, chaque goutte s’éclatant au sol avec bruit qui résonnait contre les parois de pierre grises. Le genre de mélodie qui avaient dû en rendre plus d’un fou à lier après de longues années passées ici.

Maître Rihils pourtant ne semblait pas le moins du monde dérangé par ses conditions précaires. Il était occupé à appliquer un onguent de sa fabrication sur la nuque de la jeune femme, meurtrie par la corde que les Lames avaient passé autour de son cou. L’étrangère se laissait faire, sans bouger. Le guérisseur avait également fait venir un matelas plutôt confortable et une couverture pour qu’elle puisse se reposer dignement ainsi qu’une longue tunique en laine pour la garder au chaud.  Une fois qu’il eut terminé de masser sa plaie, il s’assit en face d’elle et la dévisagea un long moment. Quels secrets refermaient donc cette femme? Quels étaient les mystères derrière ces tatouages, derrière cette coiffe si étrange et derrière les réactions épidermiques qu’elle provoquait au sein de la troupe.

“Dairine c’est cela?”
demanda-t-il avec tendresse.

Il devait à tout prix éviter d’effrayer cette âme qui lui apparaissait bien fragile s’il voulait en tenir quelque chose. Rihils, fort de sa longue expérience à soigner et rassurer des blessés aux portes de la mort, avait développé une abilité rare à manier le verbe, voire à manipuler les blessés. Pour leur propre bien se disait-il.

“Vous savez...Dairine,
-utiliser son nom autant que possible était très important pour établir un lien avec la patiente-j’ai beaucoup voyagé. J’ai vu les merveilles et les horreurs de ce monde; j’ai côtoyé des races et des monstres dont on peine à imaginer l’existence. Mais rarement, très rarement, ai-je vu une personne, en apparence aussi simple, provoquer tant de réaction, tant de désirs.”

Le guérisseur posa alors délicatement sa main sur la joue de sa prisonnière. Le contact de sa main chaude et douce contrastant avec la rigueur et la violence des éléments qui l’entouraient depuis son arrivée en Isengard. Il reprit d'une voix langoureuse:

“Dites moi Dairine...Pourquoi cela? Qui êtes vous Dairine?”
Sujet: Redditions
Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 22 Mar 2020 - 1:51

Ils avaient officiellement le même grade. Mais c’était bien Felarel qui tenait le haut du pavé face au Capitaine de la Porte d’Isengard.  Il commandait la Maison du Roi, l’unité la plus prestigieuse du royaume formée de combattants d’exception. Même la Garde Royale d’Edoras, qui avait perdu de sa superbe depuis la mort de feu Capitaine Foldar lors de la Grande Bataille du Nord et la décimation de ses effectifs.  On disait de Felarel qu’il était le meilleur duelliste au sein de l’armée, le seul qui aurait été en mesure de tenir la dragée haute à Mortensen, champion du Rohan. La Lice était sensiblement plus âgé que son frère d’armes mais il éprouvant pourtant un grand respect envers cet officier charismatique et souffrait même parfois d’un léger complexe d’infériorité. Les deux hommes partageaient les mêmes nobles valeurs et loyauté indéfectible envers leur souverain; ils ne connaissaient pas forcément personnellement très bien mais leurs campagnes communes durant la guerre civile au sein des fidèles de Fendor leur avaient permis de tisser ce lien de confiance. Cependant Felarel représentait tout ce que Ansgar ne serait jamais : un homme issu de l’élite, éduqué par les meilleurs maîtres et dont les relations avec le pouvoir faisait toute la différence avec un autre capitaine de la troupe.  

Le protecteur du Roi réclama logiquement des explications à son pair, encore sérieusement secoué par les évènements qui l’avait pris par surprise. A ses côtés, Rihils fit un rapide examen pour vérifier l’état de santé de son ami; à part quelques hématomes superficiels il n’y avait rien à déplorer. Ansgar prit quelques secondes pour reprendre ses esprits et répondre à la question.

“Une incursion inopportune alors que j’interrogeais des prisonniers Capitaine.  J’ignore encore tout des motivations qui ont poussé les émeutiers à agir de la sorte et entrer par infraction dans la forteresse.  Mais cela semble bien être liée à la nature des prisonniers.”

Felarel fronça les sourcils, les explications de la Lice était pour le moins confuse. Rihils prit alors le relais pour préciser les choses.

“Le Capitaine Osgarsson a reçu la charge d’une captive venant du Pays de Dûn, capturée par une patrouille suite à une escarmouche. Peu après des rumeurs portant sur le fait qu’elle serait une sorcière pratiquant toutes sortes de sortilèges maléfiques se sont répandus au sein de la troupe. Vous savez sûrement comment ce genre de choses peuvent aller vite.
-Oui, j’ai donc pris la décision de l’enfermer ici, loin des regards, en attendant qu’une enquête clarifie les choses. “
v

Reprit Osgarsson qui décida également de jouer la carte de la transparence. Felarel n’était pas son ennemi, il avait simplement comme mission de protéger son suzerain, une mission que la Lice avait également à coeur.  La Lice pointa alors du doigt Ameno, qui avait été sérieusement rossé.

“En parallèle, cet homme qui faisait partie de la patrouille s’est rendu coupable d’un meurtre. Par prudence, nous avons également décidé de le mettre aux arrêts et c’est là que les choses ont dégénéré. Soyez certain que nous mettrons tout en oeuvre pour trouver les instigateurs et les punir comme il se doit.”


Alors des bruits de pas dans le couloir sombre attirèrent leur attention. Deux hommes masqués, les mêmes qui avaient déjà croisé la route de la Lice un peu plus tôt, avançaient dans leur direction. Ils traînaient également Dairine derrière eux. Les Lames lui avait passé une corde autour de cou et paraissaient bien insensibles aux sanglots et suppliques de la pauvre femme.  

Frustré, Ansgar serra les poings. Ces satanés espions se sentaient décidément obligés de mettre leur nez partout. Evidemment qu’ils s’étaient probablement délectés du chaos qui venaient de faire trembler les murs d’Orthanc; chaos qu’ils pourraient mettre sur le dos de l’incompétence de l’officier.  Felarel ne semblait pas particulièrement enchantée de cette arrivée impromptue mais il resta de marbre, ne laissant rien transparaître de son mécontentement.

Le plus petit des deux hommes, reconnaissable à ses vêtements grisâtres, prit la parole, avec ce ton flegmatique et faussement détaché qui irritait Ansgar au plus haut point. L’espion ne tarda d’ailleurs pas à incriminer le capitaine qui aurait mis la vie du Roi en danger en amenant la prisonnière ici. Depuis leur premier échange tendu, la Lice savait que les Lames profiteraient du premier accroc pour l’attaquer sur ce point; il ne s’attendait pas à ce que cela se produise aussi vite mais il s’était préparé à cette éventualité et ne comptait pas se laisser faire par ces lâches n’osant montrer leurs visages.

Le capitaine, qui fulminait intérieurement, s’approcha lourdement du Gris; le dominant de son imposante stature. L’informateur avait beau avoir plus d’influence et de pouvoir que son vis-à-vis, sur le moment il ne devait pas se sentir très à l’aise, dans l’ombre du géant.

“Vous ne réglerez rien du tout. Cette prisonnière a été capturée par mes hommes, durant une des missions de patrouille répondant à mon commandement. Tant qu’un supérieur hiérarchique établi ne donnera pas de directives contraires, alors elle restera sous ma responsabilité.”

La Lice lança un regard à Felarel, cherchant du soutien. Mais ce dernier ne semblait pas décidé à se mêler au débat et se contentait d’observer silencieusement la scène, curieux de qui allait se passer. Un peu plus loin Rihils faisait profil bas, ce genre de dispute militaire ne faisait clairement pas partie de ses compétences et il était bien inutile de chercher à canaliser son ami lorsqu’il se sentait offensé de la sorte.

“Vous mentez comme vous respirez. Et les menaces ne me font pas frémir quand elles sont prononcés par des hommes de votre sorte. Comment osez vous remettre en question mon engagement? Cela fait des décennies que je sers ce royaume; depuis le début j’ai défendu la cause de sa Majesté alors que le Rohan étaient en proie à la division. J’ai servi vaillament et fidèlement et ai gagné chacun de ses galons au prix du sang et du sacrifice. Mais vous? Mais vous qui êtes vous? Ôtez ce masque derrière lequel vous vous sentez en sécurité; il vous donne de l’importance, mais qu’êtes vous sans lui? Où étiez vos espions lorsque nous devions abattre nos frères rohirrim dans les plaines du Riddermark? Je n’ai aucun ordre à recevoir de poltrons de votre espèce.”

Le capitaine y était allé un peu fort mais il ne s’en souciait guère. Rihils se décida alors à intervenir pour justifier les choix stratégiques de son ami de longue date; des précisions que le commandant de la Porte d’Isengard n’avait pas pris la peine de donner dans sa colère.

“La captive n’était pas en sécurité au sein du camp. Il fallait la tenir à l’écart des yeux et des esprits de la troupe car déjà des rumeurs fantasmagoriques se répandait à son sujet. Il n’y a pas d’autre prison en Isengard que les cachots de la tour. J’ai également jugé que la jeune femme ne représentait aucun danger pour les résidents de la forteresse et les faits me donnent raison jusqu’ici. Elle n’a pas cherché à s’évader et n’a agressé personne depuis son arrivée. Regardez-là donc; vous semble-t-elle une menace immédiate? Ce sont les hommes de la troupe qui sont à l’origine des troubles, pas elle.”

Rihils n’avait pas vraiment dit la vérité; la décision avait été celle de la Lice seule et jamais il n’avait été consulté pour évaluer le risque de menaces. Mais le guérisseur qui jouissait d’un statut particulier externe à la structure militaire avait pris la décision de prendre une part de responsabilité au côté d’Ansgar. Ce dernier ne put d’ailleurs se retenir de faire une dernière remarque acerbe:

“Et vous ? Où étaient donc vos espions quand la folie a gagné la foule? Auraient-il échoué à empêcher cela en amont et à protéger Sa Majesté? A quoi servez vous donc?”
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 21 Fév 2020 - 16:18

Ce fut le chaos.

Rihils s’était bien douté que d’enfermer Ameno dans la même cellule que la captive soupçonnée de sorcellerie n’était pas la meilleure des  idées  mais jamais il n’avait imaginé que la situation pouvait prendre une tournure aussi catastrophique. Ils avaient perdu tout contrôle et chaque élément qui aurait pu dégénérer l’avait fait de la pire des manières.

Tout d’abord, le soldat qu’ils avaient amené jusqu’ici avait bien eu une réaction à la vue de la jeune femme. C’était l’idée de la Lice qui n’avait trouvé que cette solution pour sortir le bougre de son état de mutisme et de léthargie profonde.  Cela avait d’ailleurs certes marché mais pas vraiment de la manière qu’il avait imaginé.  Sans qu’ils ne sachent trop comment - les deux hommes distinguaient peu de choses au milieu de l’obscurité ambiante - Dairine se retrouva bientôt allongée  au sol, sur le dos et toalement nue; tandis que Ameno se ruait sur elle, un sourire avide et glaçant animant son visage jusque là si inexpressif.  Un meurtrier et un violeur de surcroît, qu’était-il donc arrivé à ce brave cavalier du Rohan?  Les deux témoins mirent quelques secondes à réaliser l’horreur de la scène qui se déroulait sous leurs yeux, une horreur qu’ils avaient eux-même provoquée. Ces quelques instants d’hésitation leur furent hautement préjudiciables puisque pendant ce laps de temps, le bruit diffus qui se faisait entendre au-dessus de leurs têtes depuis plusieurs minutes  sans qu'ils n'y prêtent attention se faisait de plus en plus intense et surtout se rapprochait. Le temps qu’ils comprennent de quoi il en retournait qu’il était trop tard.  Bientôt ce fut des dizaines de soldats en furie qui déférlèrent à leur rencontre. Ces hommes avaient bravé le couvre-feu ainsi que l’interdiction formelle d’entrer au sein de la tour d’Orthanc sans autorisation spéciale, mais la puissance du nombre avait prévalu sur la crainte de la punition.  Pris de court, Osgarsson fut partagé entre le désir d’intervenir à l’intérieur du cachot  pour protéger les prisonnières des vils desseins du soldat fou et rattrapper son erreur de jugement, et la necessité de calmer les ardeurs des protestataires en allant à leur rencontre tout en les empêchant d’atteindre la cellule et de découvrir ce qui s’y jouait. Une nouvelle hésitation qui lui coûta très cher,  il n’eut le temps de faire ni l’un ni l’autre  et se retrouva submergé sans qu’il n’ait préalablement bougé du moindre mètre. Depuis le début de cette affaire, il n’avait jamais vraiment eu le contrôle de la situation ce qui l’avait hautement frustré, mais il avait toujours su garder une façade sereine de maîtrise devant la troupe. Là il se trouvait complètement dépassé; pour la première fois depuis bien des années.  

Plusieurs hommes le prirent à parti, réclamant des explications et des clarifications sur le “sortilège qui pesait sur eux” ou sur l’opacité de l’enquête qu’il menait. Le tout était très confus et ne faisait pas vraiment de sens; même la voix tonitruante de la Lice ordonnant à tout le monde de retourner dans ses quartiers  ne parvenait à couvrir le vacarme ambiant. De plus, ils ne tardèrent pas à comprendre ce qu’Ameno tentait de faire à la femme du pays de Dûn.  Un cria l’alerte, tous accoururent pour stopper le malfaiteur. Un geste noble, qui en d’autres cironstances aurraient réchauffé le coeur du Capitaine de la Porte d’Isengard, mais là c’en était trop pour lui, d’autant plus que sa présence sur les lieux étaient pour le moins suspecte aux yeux de la troupe. Sa réputation d’officier modèle, droit et exemplaire,  issu du peuple risquait d’en prendre un sacré coup.  Il allait devoir fournir des explications.

De son côté, Rihils était parvenu tant bien que mal à s’extirper du coeur de l’émeute. Le guérisseur avait encore du mal à comprendre comment tout cela avait pu dégénerer en si peu de temps. La réaction innatendue et choquante d’Ameno à la vue de la jeune femme ainsi que la phrase qu’il avait prononcé en se ruant sur elle. Il n’avait visiblement pas tous les éléments concernant cette famouse patrouille et capture.  Et puis ce déférlement incompréhensible de soldats en colère; il avait déjà vu du mécontentement dans une armée mais une telle opération bravant les condamnations de morts qui menaçaient ses acteurs était une première pour lui.  Il devait y avoir  quelqu’un, ou quelque chose qui avait provoqué tout cela et allumé le feu qui brûlait dans le coeur des cavaliers du Rohan.  Mais dans une telle confusion il était impossible d’identifier un hypothétique meneur.

Pour le moment il devait trouver le moyen de rétablir l’ordre et aider son ami en bien mauvaise posture. Il craignait le pire pour la Lice et courut donc à toute haleine dans le dédale de couloirs pour trouver de l’aide. Une aide qui était déjà en route.  La Maison du Roi, corps d’élite dédié à la protection du Roi, avait été rapidement alerté -probablement par les lame. Le Capitaine  Felarel avait regroupé ses hommes en un temps record et se dirigeait au pas de course en direction  des géôles d’Isengard.  Ces hommes qui ne se mélangeaient jamais à la troupe au contraire de la Garde Verte avait pour seule mission de protéger la vie du jeune souverain et de ses proches; une telle incursion au sein de la demeure où ils résidaient était un affront qu’ils prenaient très au sérieux.  Les Gardes Royaux croisèrent la route d’un Rihils essouflé, inquiet et affolé mas visiblement soulagé de les voir. Le maître guérisseur leur expliqua rapidement la situation et la direction à suivre et suivit l’arrière du petit groupe lourdement armé qui accéléra le pas.  

L’arrivée de la Maison du Roi, tous vêtus d’armures reluisantes et de capes royales, calma quelque peu les ardeurs des protestataires mais le calme ne revint pas instantanément. Quelques coups furent distribués pour calmer les plus réfractaires.  Felarel et ses hommes - considérés par beacoup comme les meilleurs guerriers du royaume ( bien que la Garde Royale d’Edoras puisse être en désaccord sur ce point) , ne fonctionnaient pas au sentiment et si un des fauteurs de troubles se montrait trop stupide pour les défier, ils l’abattraient sans ambages.  Ils identifièrent également la Lice au milieu de la cohue et se chargèrent de le protéger; ils eurent également la présence d’esprit de verrouiller la cellule après en avoir évacué tout le monde sauf Dairine, Ameno ayant été assommé au passage.

La mission de la Maison du Roi était de protéger Fendor et se résumait donc à faire sortir tout ce beau monde d’Orthanc. Elle s’arrêtait là ; le pourquoi de l’émeute, l’enquête sur Ameno ou les spéculations sur Dairine ne les intéressaient absolument pas. Ils étaient venus ici  pour remettre un peu d’ordre dans la maison. Le reste des questions retombaient sur Ansgar Osgarsson… ou l’ordre des Lames...
Sujet: Redditions
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 5 Fév 2020 - 19:20


Le capitaine Osgarsson connaissait le sergent Eadric depuis bien longtemps, ce dernier servant sous ses ordres depuis de longues années. Il n’était pas le subordonné le plus discipliné mais un guerrier hors pair et meneur d’homme précieux. Son côté un peu maraudeur de lui et ses hommes, qui contrastait avec la rigide organisation du reste du contingent d’Isengard sous les ordres de la Lice, en faisait un atout précieux surtout en patrouille, ou phase de repérage en qualité d’éclaireur. Mais cette fois-ci était-il allé trop loin en allant provoquer les Dunlendings au cœur de leurs terres?  L’officier en doutait grandement, ce genre de patrouille préventive en terres hostiles était effectivement monnaie courante et il ne croyait pas son subordonné assez stupide pour attaquer frontalement. De plus, le sergent avait l’air sincèrement retourné par la nouvelle de la mort de Dervenn et semblait réellement vouloir aider l’enquête de son supérieur. Eadric était doué dans de nombreux domaines mais c’était un piètre menteur, en occurrence la Lice savait qu’il était bien sincère. Sa longue expérience au sein de la troupe avait permis au capitaine de savoir comment ses hommes fonctionnaient; contrairement à de nombreux autres officiers supérieurs issus de la noblesse et  n’ayant jamais fréquenté la troupe, lui savait comment elle fonctionnait de l’intérieur et connaissait toutes les combines habituels et mensonges que certains pouvaient pondre à leur hiérarchie. Lui aussi était passé par là.

Le témoignage était intéressant et permettre de combler certains trous dans le récit mais de nombreuses questions restaient sans réponses et pas des moindres. Qu’est ce qui avait pu donc provoquer l’état léthargique d’Ameno depuis son retour de mission? Un bénin choc sur la tête ne pouvait l’expliquer. Pourquoi les Dunlendings avaient agi de la sorte? Qui était ces maraudeurs? Et que diable faisait Dairine au milieu de tout cela à ce moment là? Autant d’interrogations dont le sergent n’avait vraisemblablement pas les réponses.  La justification de la prise de la jeune captive n’était pas des plus convaincante mais était sans doute vraie, il n’était pas rare que des soldats décident de garder des prisonniers pour les  amener auprès de leur supérieur face à une situation incertaine. Il n’avait d’ailleurs pas attendu pour la livrer au capitaine de la Porte d’Isengard dès son retour.  

Eadric revint alors sur la malédiction prétendument jetée sur lui par la prisonnière et, après s’être excusé de son comportement violent, demanda à la voir pour qu’elle révoque le sortilège. Face à cette audacieuse requête, la Lice haussa un sourcil. Ces histoires de malédiction et de magie le laissait toujours de marbre; il y avait certes des phénomènes troublants à commencer par le comportement d’Ameno mais rien qui ne soit pas naturellement explicable. La situation était déjà assez compliquée comme cela, nul besoin de rajouter des calembredaines de sorciers dans l’équation. Mais de toute évidence, nombre de soldats ici n’étaient pas aussi pragmatiques et croyaient bien en ces menaces surnaturelles.

“La captive a été placée en quarantaine jusqu’à nouvel ordre, nul n’est autorisé à rentrer en contact avec elle. Je ne peux pas faire d’exception sergent. De toute façon si mauvais sort il y a, et vous savez bien ce que je pense de ces foutaises, je ne vois pas pour quelle raison elle retirerait celui qui plane au-dessus de votre tête.”

Il prit une gorgée de vin, boisson qui l’aiderait sûrement à gérer cette journée bien délicate.

“ Vous pouvez disposer Sergent, allez vous reposer et reprendre des forces. Quelque chose me dit que nous aurons bientôt besoin de vous en pleine forme. Très bientôt même.”

Il n’y avait peut-être pas de malédiction, mais il avait le pressentiment qu’il  y avait  bien quelque chose de menaçant à l’oeuvre ici.


De son côté Rihils menait lui aussi son interrogatoire mais d’une différente manière, l’idée n’étant pas de brusquer son interlocuteur afin que celui-ci se montre le plus coopératif possible. Le guérisseur savait la confiance qu’il inspirait chez les autres et comptait bien en profiter; il avait de nombreuses qualités mais l’humilité  n’en faisait pas partie. Il écouta attentivement le récit de Holmo sans l’interrompre, se contentant de prendre des notes sur son carnet tout en hochant la tête de temps à autre. Quand le soldat l’interrogea sur la responsabilité de la captive, Rihils lui réserva la plus diplomatique des réponses.

“ L’enquête est en cours mais pour l’instant absolument rien ne nous permet d’établir un lien  direct entre la prisonnière et la situation présente.  Nous cherchons des réponses et des causes et croyez-en mon expérience, elles ne seront sans doute pas aussi simple que cela. Rien n’est jamais blanc ou noir en ce monde.”

L’interrogé s’enquit alors du sort de son ami Ameno, visiblement inquiet par ce que l’éta-major comptait lui réserver. Mais cette décision n’était pas du ressort du guérisseur qui malgré son prestige et sa place de choix dans l’organigramme depuis son arrivée n’aurait pas voix au chapitre dans ce procès purement militaire. Seuls les officiers et l’entourage du Roi pouvaient décider de ce qu’il adviendrait de lui. Mais en général le sort des meurtriers au sein de la troupe était quasiment scellé d’avance: l’échafaud. Justice serait rendue, mais Rihils comptait néanmoins peser de tout son poids pour repousser la sentence jusqu’à la fin de l’enquête  Il avait besoin d’examiner le coupable pour lever le voile sur ce soudain accès de violence.

“La décision finale concernant votre ami ne me revient pas. Pourtant je vous assure que nul mal ne sera fait tant que sa totale responsabilité ne sera pas prouvée.”


Rien n’était moins sûr, en particulier au vu de la justice sévère et  parfois expéditive en vigueur au sein de l’armée du Rohan.

“Je vous remercie Holmo, votre aide nous sera très précieuse et considérée comme il se doit.”

Le guérisseur libéra alors Holmo et appela Eotrain au rapport. Celui-ci lui donna peu ou prou la même version de l’histoire et ne lui apprit rien de neuf; Rihils décida donc de ne point éterniser l’échange et rejoignit la Lice dans ses quartiers pour planifier la suite des événements.

L’officier était assez devant son large bureau, l’air circonspect.  Pour la première fois depuis de longues années,  il voyait son vieil ami en grande difficulté et être quelque peu dépassé sans vouloir l’admettre. Depuis l’arrivée de la captive et l’enchaînement de mauvaises nouvelles, le capitaine de la Porte d’Isengard subissait le cours des choses, étant dans la réaction plutôt que de la prévention. Il était un homme d’action, officier hors pair sur un champ de bataille, combattant exemplaire à la tête d’une charge de cavalerie. Depuis son arrivée ici, il rongeait son frein face à l’inaction auquel il faisait face et ce genre de soucis n’étaient pas de ceux avec lesquels il aimait avoir affaire.  

Sur l’invitation du maître des lieux, Rihils s’installa sur le fauteuil réservé aux visiteurs de marque et les deux hommes échangèrent les informations qu’ils venaient de récolter.

“Et donc les différentes versions du témoignage correspondent plus ou moins.
constata la Lice.
- Presque totalement à vrai dire. Toujours cette histoire de patrouille et d’incursion dans les terres des Dunlendings, une brève séparation du groupe durant laquelle Ameno a subi un choc puis leur réunion suivi de l’affrontement avec des maraudeurs et la capture de la jeune femme. Ils ne nous ont pas mentis mais plusieurs zones d’ombres subsistent à commencer par le rôle de cette jeune femme et l’état psychologique d’Ameno. Il me faudrait pouvoir l’examiner plus longuement.
- Il est à l’infirmerie, en isolement et sous haute garde. Je t’y accompagnerai dans quelques minutes; je dois d’abord distribuer quelques ordres. Attends-moi ici.”


Le Capitaine sortit en vitesse de sa tente, son aide de camp le suivant comme son ombre, et commença à distribuer des ordres d’un ton autoritaire en parcourant le campement. Le prestigieux commandant en chef de la Porte d’Isengard, malmené depuis le début, était bien de retour. Se montrant à nouveau dans l’action plutôt que dans la réaction. Était-ce là une manière artificielle de restaurer sa prestance? Peut-être bien mais ce fut efficace, tant les soldats étaient rassurés de voir ainsi leur chef si sûr de lui. Il donna des directives concernant les funérailles de Dervenn, renforça la présence aux entrées du domaine et envoya sur le champ de nombreuses patrouilles pour sécuriser les alentours les plus proches et guetter tout activité inhabituelle près des frontières. Quelque chose de mauvais planait au dessus d’Orthanc et le capitaine ne comptait pas attendre d’en savoir plus pour prendre ses précautions, jamais son instinct ne l’avait pas trompé et s’il était inquiet c’était pour une raison.

Sa tournée achevée, il retrouva le guérisseur et ensemble ils prirent la route de l’infirmerie. Ils y furent accueillis par Dame Méronne, maîtresse des lieux qui les conduisit jusqu’au coin isolé où l’on avait amené Ameno. Quatre hommes lourdement armés l’encadrait pour éloigner les regards de tous les curieux.

“Le voici mon Capitaine. Il a l’air complètement dans un autre monde celui là, les concombres servis ce midi semblaient encore plus réactifs et je peux vous dire qu’ils étaient pas bien frais.
-Je vous remerci Ma Dame, vous pouvez disposer.
-Oh oui dernière chose, le Capitaine au masque a disparu du bâtiment il y a quelques heures. Je voulais vous l’annoncer plus tôt mais vous étiez introuvable.”


La Lice retint de justesse un profond soupir d’exaspération, il ne manquait plus que lui…

“Son état s’était grandement amélioré ces dernière semaines mais de là à quitter seul cet endroit, je dois admettre que je suis surpris.
commenta Rihils.
-Ah! Peu importe! Chaque chose en son temps.”

Retrouver ce capitaine n’était pas vraiment la priorité, d’autant plus que vu son état il ne risquait pas d’aller bien loin et d’être signalé par des hommes du campement. Pour l’instant, ils se devaient de concentrer leur attention sur l’enquête principale.

“Laissez-nous!
ordonna-t-il aux gardes
-Mais mon capitaine votre sécu…
-S’il bouge d’un pouce je lui briserai la nuque d’une main. Laissez nous à présent!”


Les soldats partirent sans poursuivre leurs protestations.

Rihils ouvrit sa sacoche à ustensiles et remèdes et s’agenouilla auprès d’Ameno, auquel on avait lié les mains aux barreaux du lit. Pas de réaction, il était toujours aussi apathique. Le médecin l’examina consciencieusement en silence pendant de longue minutes.

“J’ai déjà vu certains hommes dans un état similaire au lendemain de batailles particulièrement violentes. Instables et comme hors de ce monde. Mais au vu de nos informations je vois mal ce qui a pu provoquer un tel changement. Et puis…”


Il s’arrêta un moment, comme s’il hésitait  à alarmer son impulsif ami avec quelque chose dont il n’était pas certain. Mais ce dernier insista.

“Et puis?
-Et puis il y a quelque chose dans son regard que je ne saisis pas.  Il est complètement vide, je n’ai presque jamais vu ça.
-Comment ça presque?”

Rihils hésita à nouveau un court instant, il appréhendait la réaction de la Lice à une opinion qui ne risquait pas de lui plaire.

“Eh bien lors de mes voyages en Terres Elfiques, j’avais croisé un homme au comportement semblable à l’hôpital de Fondcombe. Les Eldars m’ont expliqué qu’ils le traitaient pour le conjurer du malheur qui sommeillait en lui.”

Comme prévu, l’officier n’apprécia pas la remarque et vociféra:

”Ah ces maudits elfes et leurs balivernes! Moi je vais le réveiller cet abruti !”

A mains nues, le colosse défit les liens du meurtrier et le força à se lever puis à avancer devant lui.

“Ansgar! Ce n’est pas la solution!
-Oh que si! J’en ai assez qu’il se moque de nous. Choc psychologique! C’’est bien la meilleure celle-là.”

Comme il l’avait fait avec Dairine quelques heures plus tôt, la Lice conduisit son “prisonnier” à travers le campement en le maintenant fermement par le coup. Celui-ci ne se débattait pas. Ils marchèrent ainsi quelques minutes,suscitant la curiosité de la troupe sans que cela n’affecte le capitaine, jusqu’à faire à nouveau face au grand escalier et aux portes colossales de la tour d’Orthanc. Les trois hommes pénétrérent dans le gigantesque édifice et prirent le chemin des sous-sols. Leur destination était évidente.

Ils furent bientôt devant la cellule où se trouvait Dairine,  assoupie dans un coin sombre et humide. Sans aucune forme de ménagement, Osgarsson poussa violemment Ameno à l’intérieur avant de refermer la porte derrière lui.

“Peut-être qu’elle lui rappelera des souvenirs agréables et qu’on aura enfin une réaction.
-Ansgar…. ce n’est pas une bonne idée…”

Mais l’officier supérieur était sourd aux conseils avisés de son ami et n’attendait plus que de voir ce qui se passerait dans les minutes suivantes.


---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

“Moi je vous dis,  quelque chose de bizarre se passe ici. D’abord cette prisonnière étrange, puis ce meurtre incompréhensible. Je suis pas très rassuré les gars.”


Les quatre gardes qui partageaient ensemble une tente venaient de revenir de la corvée de bois à laquelle ils avaient été assignés suite au meurtre de Dervenn. Ils en étaient revenus éreintés alors que le soleil commençait à décliner à l’horizon et que l’air se rafraîchissait. Leur travail fini, ils avaient à présent tout loisir d’échanger sur les rumeurs qui courraient.

“Allez tais-toi! Les histoires de sorciers c’est pour faire peur aux gosses!
-Pourtant il se passe vraiment des choses; comment tu expliques le comportement de Ameno? Tu le connaissais, c’est un type bien d’ordinaire, le moins violent de son groupe même. Et puis trop jovial pour avoir des envies suicidaires en s’exposant à la cour martiale.
-Sorcière ou pas, ça m’est égal. Moi tout ce que je sais c’est que j’ai juste besoin d’un bon dîner et d’un peu de sommeil.”


La discussion durait depuis de longues minutes et commençait sérieusement à tourner rond, au fond peut-être valait-il mieux laisser ces problèmes au commandement et ne pas se mêler de tout cela.

“Tu veux dormir ? Avec ce grabuge dehors? “


Des cris de foule et autres exclamations montaient en effet depuis l’extérieur et gagnaient en intensité minutes après minutes. Intrigué, les quatre hommes sortirent de leurs quartiers pour voir ce qui pouvait bien se passer. Dehors la nuit était tombé rapidement et avec elle était venu un vent frais qui rafraîchissait les cœurs et les esprits. Des dizaines d’hommes s’étaient regroupés au loin, écoutant un homme en train de les haranguer. Ils s’approchèrent pour voir de qui il s’agissait.

L’homme était de grande taille, revêtant fièrement une armure reluisante d’officier de la Marche ainsi qu’une longue cape richement décorée. Il parlait d’une voix rauque et profonde qui semblait venir d’un autre monde. Mais le plus intrigant était le masque immaculé qui dissimulait son visage et lui donnait une allure mystérieux et menaçant. L’homme leva une main qui aurait pu appartenir à un mort, pour demander le silence à son audience.

“Mes frères, voilà des mois voire des années pour certains que vous acceptez de servir votre royaume dans des conditions exécrables. Vous dormez encore dans des tentes ouvertes aux éléments quand on vous avait promit la construction de baraques il y a bien longtemps déjà, vous vous faîtes soigner dans un hôpital à court de guérisseurs et d’équipement, vous subissaient la canicule sans avoir d’ombre pour vous protéger.. Vous acceptez toutes les souffrances que vous endurez quand ceux qui se terrent dans cette tour ne daignent même pas se soucier de votre existence. Mais vous n’avez rien dit. Vous avez acceptez tout ceci au nom de vos valeurs, de votre pays, de votre peuple. Mais voilà aujourd’hui, alors que notre vie à tous est en danger, nous nous devons de demander des comptes.”


L’homme haranguait une foule grandissante et qui se ralliait lentement à sa cause et qui acclamait bruyamment chacune de ses phrases.

“Une sorcière amenée au cœur de notre campement et voilà que déjà ses mauvais sortilèges accablent les nôtres. Et quelle réponse avons-nous lorsque nous faisons part de nos inquiétudes au commandement? Aucune! Le silence total! N’avons nous pas le droit de savoir? De connaitre la malédiction qui pèse sur nous? S’ils ne veulent pas nous donner les réponses alors nous les obtiendrons nous mêmes! Marchons vers Orthanc car c’est là qu’ils doivent la tenir enfermer! Car quels autres murs que celle de la Tour Malicieuse pourraient bien la retenir! Allons réclamer ce qui nous est dû et briser le sortilège!”


Ce fut alors bientôt près d’une centaine de cavaliers qui suivirent leur mystérieux et charismatique nouveau leader sorti de l’inconnu. Une procession armée de torches enflammées déchirant l’atmosphère nocturne de l’Isengard, avançait bientôt en direction de la place-forte du domaine, gagnant sans cesse de nouveaux éléments en route.

La troupe et l’homme au masque réclamaient des réponses à un gouvernement bien ombrageux jusque là.
Sujet: Pnjs de Learamn
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Rechercher dans: Les fiches des PNJs   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Pnjs de Learamn    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 4 Fév 2020 - 21:38

Nom :
Ansgar Osgarsson, dit “La Lice”

Âge:
47 ans

Sexe:
Mâle

Race:
Humain
Alignement:Neutre Loyal
Statut:Vivant

Poste:
Capitaine de la Porte d’Isengard, Garde Verte du Rohan

Description physique:

Ansgar est un véritable colosse qui en impose avec sa carrure impressionnante. Son visage est encadré par une barbe rousse touffue et de longs cheveux bouclés qui descendent en cascade jusqu’au bas de ses larges épaules. Sa constitution, renforcée par des décennies d’exercice acharnée, dégage un sentiment de force et de puissance brute que peu de guerriers peuvent prétendre avoir.  Sa voix grave et profonde complète le tableau pour cet homme au physique hors du commun.

Description psychologique:


La Lice fait partie de ces officiers de la vieille école, portant fièrement les traditions du Rohan. Homme d’honneur et de parole, il se distingue par un mode de commandement très vertical et autoritaire mais toujours juste et droit.  Pour lui, la bravoure et le courage sont les valeurs essentiels de tout cavalier du Rohan, ce qui explique le regard méfiant qu’il porte sur les nouveaux modes d’opérations se développant au sein du royaume, en particulier celui de l’Ordre des Lames basés sur la dissimulation, l’espionnage et la discrétion.
Capitaine extrêmement charismatique et hautement respecté par la troupe et ses pairs, il lui arrive parfois de dégoupiller dans certaines situation et de sombrer dans une colère noire emportant tout sur son passage. Bien heureusement, ou malheureusement pour ses ennemis, cette rage se manifeste le plus souvent sur les champs de bataille.
Pourtant il est aussi un meneur d’homme prudent quand il s’agit de risquer la vie de ses soldats. Il ne lancera une opération ou une charge qu’après avoir eu la certitude que le sacrifice de valeureux cavaliers du Rohan ne soit pas vain.
Sa ténacité, son abnégation, son implacabilité et son dévouement total à la défense de son pays et de ses valeurs ancestrales lui ont valu le surnom de “La Lice” au sein de l’armée.

Histoire:


Fils d’un cavalier de la troupe, rien ne prédispose d’abord Ansgar à une carrière prestigieuse d’officier. Il grandit dans un village de l’Eastfolde, une enfance simple et sans prétention rythmées par les récits de son grand-père et du barde local sur les grandes fresques épiques de l’armée du Rohan. Une armée qu’il intégrera comme simple fantassin au lendemain de ses vingt ans. Il se fit rapidement remarquer pour ses aptitudes physiques remarquable et ses qualités de leadership qui lui permirent de gravir les échelons hiérarchiques un à un au fil des années, jusqu’à rejoindre le cercle fermé des officiers les plus prestigieux du royaume. Au sein de ce groupe de choix, la Lice contraste quelque peu par ses manières parfois un peu rustres et son regard différent sur le rôle de l’armée, plus passionné et idéaliste et moins pragmatique ou calculateur. Il fut un fidèle à la maison de Firion et Thénéor et n’hésita pas une seule seconde à suivre le jeune Fendor dans sa lutte contre l’Usurpateur. Jusqu’à ce jour, il se méfie grandement de Mortensen et de sa suite qu’il considère comme des collaborateurs et qui n’ont rien fait pour empêcher la montée au pouvoir de Hogorwen.  Pour lui l’actuel Vice-Roi a oublié son honneur en essayant de sauver ses privilèges avant de finalement rejoindre la lutte contre le Félon juste au moment où il sentit le vent tourner. La Lice aura plus de respect pour un ennemi loyal et fidèle à ses valeurs que pour un allié parjure et coupable de traîtrise.  Au lendemain de la guerre civile, il est nommé Capitaine de la Porte d’Isengard, nouveau fief de sa Majesté; l’un des postes les plus prestigieux au sein de l’armée pour lui qui n’était parti de rien.

Apparitions:
Sujet: Redditions
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 23 Jan 2020 - 20:43


Ce fut bientôt une vraie petite foule qui s’était amassée autour de la tente où le sergent Dervenn gisait mort. Chaque nouvel arrivant, intrigué par une telle activité et horrifié en voyant la scène, posait des questions pour en savoir un peu plus sur ce qu’il s’était réellement passé. De leur côté, Holmo et Eotrain continuaient de couvrir leur frère d’arme en prônant la légitime défense; les hommes du sergent Eadric étaient plutôt populaires au sein de la troupe et n’eurent finalement que peu de mal à convaincre les autres guerriers de leur version des faits. Toutefois, il y avait une personne qui n’était pas prête à accepter ceci.

“Laissez passer ! Laissez passer par les Valars!”
Vociférait la Lice.

Le Capitaine Osgarsson jouait des coudes pour se frayer un chemin jusqu’à l’intérieur, Rihils sur ses talons. Ils étaient remontés des cachots d’Orthanc quelques minutes plus tôt afin d’arriver à temps pour le rapport détaillé du sergent Eadric, jugeant inutile de poursuivre l’interrogatoire de la captive dans l’immédiat. Sur le chemin il avait repéré l’agitation inhabituelle et avait fait un détour pour voir de lui-même ce qu’il se passait.

La scène qui se présenta à ses yeux le laissa interdit pendant une fraction de seconde. Dervenn, l’un de ses soldats en lequel il faisait le plus confiance, gisait sous ses yeux, égorgé par un de ses frère d’armes. Il échangea un regard avec le guérisseur, ce dernier n’avait même pas besoin de se pencher sur le corps pour comprendre qu’il n’y avait plus aucun espoir pour sauver le pauvre hère. La tristesse accabla le cœur du capitaine pendant un court moment; ce bon Dervenn ne méritait définitivement pas de mourir ainsi. Mais l’heure n’était pas au chagrin et il se devait de prendre les décisions qui s’imposait.

Osgarsson demanda des explications au trois hommes occupant la tante et Holmo se contenta de répéter la version qu’il avait donné à tous les témoins de la scène de crime.
Mais il ne pouvait s’enlever cette idée que quelque chose ne tournait pas rond. Dervenn était un sous-officier calme et réfléchi d’ordinaire, s’emporter de la sorte ne lui ressemblait absolument pas. Quoiqu’il en était, le meurtre d’un supérieur hiérarchique, peu importe la raison,  représentait un grave crime qui risquait d’avoir de sérieuses conséquences pour l’agresseur.

La situation devenait de plus en plus hors de contrôle depuis l’arrivée de la prisonnière quelques heures plus tôt. Eadric avec pété les plombs, la rumeur qu’une sorcière avait infiltré le camp se propageait, l’Ordre des Lames s’en était mêlé, et Dervenn venait de se faire assassiner par un frère d’armes. Quelque chose ne tournait pas rond et La Lice frissonna un instant à l’idée que la prisonnière avait bien appelé à quelque force surnaturelle pour les maudire. Mais il balaya vite ces pensées néfastes de son esprit. Non! Ce genre de choses n’existaient plus, tout du moins pas ici.  Il aboya des ordres, comme pour l’aider à reprendre ses esprits

“Alors qu’est ce que vous attendez comme des légumes de la sorte? Recueillez son corps et amenez le à la morgue et que ça saute!. Quant à lui…”


Le capitaine de la Porte d’Isengard fixa alors celui qu’il n’avait eu aucun mal à identifier comme le meurtrier. Ce dernier avait toujours le regard étrangement vide et le visage sans expression; il ne semblait ni particulièrement horrifié par son acte ni effrayé des conséquence, juste un peu choqué. Osgarsson s’approcha, intrigué par son comportement inhabituel. Pourquoi n’avait-il pas même cherché à fuir au vu de la gravité de son geste? Comptait-il vraiment sur les justifications bancales de ses amis pour lui sauver la mise? Mais l’officier connaissait Dervenn, c’était un homme droit qui n’aurait su se rendre responsable d’un tel crime, c’était aussi un ami. Ce qui expliqua la prodigieuse torgnole qu’il asséna à Ameno; sous la violence de l’impact ce dernier tituba et tomba sur sa couche. Mais il n’eut aucune réaction.

“Tu vas parler vermine!
Gronda la Lice. Par la barbe du Vieux de la Montagne tu vas répondre de tes actes!”

C’est ce moment que Rihils choisi pour intervenir, craignant sûrement que son ami subisse le même sort que le sergent.

“Sois prudent Ansgar, il ne semble pas très stable. Regarde son attitude. Et je ne pense pas que cela soit judicieux de faire avancer l’enquête avec ce public.”


L’officier desserra les poings et observa un instant l’accusé, son air hagard et hébété était en effet bien curieux pour un soldat qui cavalait encore dans le Riddermark quelques heures plus tôt.


“Mettez le aux arrêts! Fouillez le et attacher ses mains! Puis amenez le moi dans mes quartiers!”

Les soldats les plus réactifs s’empressèrent d’obéir à leur supérieur et Ameno fut rapidement maîtrisé, sans autre incident majeur.

“Quant à vous!
fit-il en désignant Holmo et Eotrain. Suivez moi sans un mot!”

Il traversa à nouveau le camp d’un pas leste et furieux pour retourner vers son lieu de travail; le sergent Eadric qu’il avait convoqué un peu plus temps pour faire son rapport complet et visiblement remis de ses émotions l’y attendait.

“Ah vous voilà ! Très bien, vous pouvez tous faire votre rapport et m’expliquer tout ce qu’il cloche chez vous. Un homme qui égorge froidement son supérieur, voilà quelque chose que je n’avais pas encore vu dans l’armée du Rohan. Sergent vous entrerez le premier sous ma tente pour me faire le récit détaillé de votre patrouille et de vos activités depuis votre retour; quand à vous deux, Rihils recueillera vos témoignages individuellement sur votre mission et sur l’incident qui vient de se produire. Si vos versions venaient à différer, alors j’agirai en conséquences. Quant au quatrième larron, il ne devrait pas tarder.”


Effectivement, les soldats qui s’étaient chargé de mettre Ameno aux arrêts firent bientôt leur apparition, le coupable  avec eux.  Il affichait toujours cet air interdit, comme s’il n’était pas dans leur monde.  La Lice s’enquit alors de l’avis expert de Rihils sur son état. Le guérisseur s’approcha et examina le jeune soldat mais ne put arriver à une conclusion très clair.

“Il semble complètement ailleurs. Je dirai qu’il a subi un traumatisme d’une nature encore à déterminer, ou alors qu’il est sous l’influence d’une quelconque drogue. J’aurais besoin d’un examen plus poussé mais pour le moment il serait mieux de le tenir à l’écart des regards de la troupe.”

Ansgar avait sa petite idée du lieu où il voulait l’enfermer pour le sortir de sa torpeur , mais cela devrait attendre la fin du rapport des hommes d’Eadric. Les autres hommes se contentèrent d’amener le pauvre bougre un peu plus loin, en attendant qu’on l’envoie en cellule. Le capitaine entra alors dans sa tente, accompagné de son aide de camp et de deux gardes personnels en qui il faisait toute confiance. Au vu de la situation, mieux valait-il prendre ses précautions et la Lice était un homme prudent. Les mêmes mesures furent prisent pour Rihils, flanqué de deux soldats protecteurs et à qui on avait amené un siège en dehors de la tente. Le guérisseur sortit sa plume et une feuille de papier. On fouilla les deux hommes et retira leurs armes, puis Eotrain fut amené plus loin.

Rihils commença alors à poser ses questions d’une voix calme et posée.

“Holmo c’est cela? Je vous en prie, faites moi le récit de ce que vous avez fait et vu en patrouille. Qui est cette prisonnière? Pourquoi avez vous croisé des hommes du Pays de Dun? Et surtout que diable s’est-il passé dans votre tente?”

A l’intérieur de la tente, le ton du capitaine de la Porte d’Isengard envers son subordonné était moins diplomatique.

“Eadric! Vous savez que je vous ai toujours considéré comme un de mes hommes les plus valeureux et précieux. Il serait dommage que toute cette histoire remette  en question ce statut. Alors par les Valars, dites moi tout ce qui s’est passé là-bas, je veux tout savoir!”.

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“Bon on ne peut plus rien faire pour lui. Débarrassez moi ce corps à la morgue avant que l’odeur ne contamine la pièce.”

Dame Méronne, affectueusement surnommée Mère Torture, était l’infirmière en chef du domaine royal de l’Isengard.  Une femme d’une soixantaine d’année, robuste et expérimentée; elle ne se distinguait pas vraiment par sa tendresse et faisait finalement assez peu dans le sentiment. Elle avait depuis longtemps appris à approcher sa profession de manière la plus détachée possible sur le plan émotionnel, en particulier depuis qu’elle officiait ici où le manque criant de moyens et de médecins compétents impliquait un taux important de décès. L’arrivée du Roi et de son entourage avait un peu amélioré la situation mais ils étaient encore loin d’atteindre le niveau de l’hôpital de Meduseld par exemple.
La matronne s’épongea son front ruisselant de sueur, malgré l’antipathie qu’elle suscitait auprès des soldats, il fallait avouer qu’elle ne comptait pas ses heures et donner toute sa personne pour sauver ceux qu’il pouvait l’être. La manière avec laquelle elle faisait cela n’était peut être pas des plus agréables pour les guerriers qui espéraient généralement être pris en charge par une jeune et attirante infirmière sans expérience. Mais Méronne était là pour sauver leurs vie, non satisfaire leur ego et leurs ardeurs masculines. D'aucuns pourraient dire qu’elle n’était pas une brave dame.

Elle se dirigea d’une allure très masculine  vers le fond de l’infirmerie où des rideaux dissimulaient le patient qui s’y trouvait. De telles mesures était parfois prises quand un homme de stature importante était blessé et devait être séparé du reste. Dans ce cas précis, quand celui-ci était arrivé elle n’avait pas donné cher de ses chances de survie. Mais le guérisseur Rihils qui avait été pendant un moment le seul autorisé à l’approcher, dépêché depuis Edoras avait fait de vrais miracles pour le sauver malgré de grave séquelle que le pauvre hère garderait à vie.

“Très bien mon Capitaine! Il est l’heure de changer vos pansements.”
fit elle d’un ton monotone en traversant les rideaux.

Mais elle s’arrêta dans son élan, surprise.  Le lit était vide. Le masque immaculé qui reposait sur le chevet du lit avait lui aussi disparu.
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 29 Oct 2019 - 14:40


Il y avait bien peu de choses que la Lice répugnait plus en ce monde que les esprits retors et insidieux. Le capitaine s’était toujours méfié de ces hommes trop courtois pour être honnête qui dissimulaient leurs pensées et leurs projets sous des phrases bien faites visant à embrouiller leur interlocuteur. Au sein de la garnison d’Isengard, Osgarsson avait veillé à ce que droiture et honnêteté règnent en maître. Il aurait assurément fait un piètre politicien mais ces valeurs faisaient de lui l’un des officiers les plus respectables et respectés du royaume.

Les deux hommes masqués qui lui faisaient face représentaient en quelque sorte son antithèse; les Lames n’étaient que secret et ruse, la Lice était honneur et franchise. Le ton, jugé condescendant, employé par les Lames ne lui plaisait guère et il était décidé à ne pas se laisser marcher dessus par des espions trop frileux pour dévoiler leur visage.

“Je vois que les rumeurs se répandent vite par ici.”
répondit Osgarsson qui avait bien du mal à dissimuler son animosité.

Pourtant il devait bien avouer que ces agents étaient d’une efficacité diabolique. Leur nombre était très restreint et pourtant ils semblaient avoir des yeux et des oreilles partout; moins d’une heure avait dû s’écouler depuis le retour de patrouille d’Eadric amenant la captive avec lui et déjà l’information était arrivée jusqu’à leurs chefs. La Lice était d’ailleurs quasiment certaine que la Lame qu’il avait croisé dans les couloirs du donjon quelques minutes auparavant était déjà bien au courant de qui se cachait sous la cape.

“Sa Majesté est en parfaite sécurité auprès de la Maison du Roi  et la prisonnière ne représente aucun danger tant qu’elle sera gardée entre ces murs.”


Rihils savait surtout que ce cachot servait avant tout à la protéger aux réactions épidermiques que pourraient avoir les  hommes de la troupe en entendant la rumeur sur la présence d’une sorcière dans le périmètre.
Osgarsson, poursuivant sa démonstration de force, se plaça entre la jeune femme et les deux Lames; faisant bloc avec son corps massif. Les espions étaient sûrement plus intelligents que la Lice mais il n’y avait aucun chance qu’ils puissent physiquement l’écarter pour accéder à leur but.

“Une enquête est en cours et la prisonnière sera gardée ici jusqu’à ce que nous obtenions des réponses claires. Sauf ordre contraire du Roi ou du Maréchal, elle est placée sous la charge de la garnison de la Porte d’Isengard et nul ne pourra l’approcher sans mon accord.”

L’Ordre des Lames étaient les hommes de confiance de la famille royale et leur influence au sein de celle-ci était très grande. Néanmoins leur statut officiel au sein de la hiérarchie militaire était ambigüe et les espions ne disposaient, à priori pas d’un grade supérieur à celui du Capitaine de la Porte d’Isengard. Evoluer dans l’ombre avait aussi sa part d’inconvénient.   Les hommes d’Osgarsson avaient trouvé la prisonnière et c’étaient, selon les règles, à eux de s’occuper de cette affaire.

“Est-ce bien clair Messieurs?”
interrogea le colosse d’une voix cinglante.

Désireux de désamorcer une situation quelque peu tendue, Rihils se décida d’intervenir pour calmer les esprits.

“Après examen, je peux vous assurer Messieurs qu’elle ne représente pas une menace en l’état pour Sa Majesté.”

Mais Osgarsson, toujours dans cette optique de confrontation, se sentit obligé de rajouter.

“Vous êtes des hommes éduqués, vous n’allez tout de même pas croire ces fables sur la sorcellerie!”

Le guérisseur tenta alors de croiser le regard de son ami mais ce dernier était tout concentré sur les deux silhouettes masquées qui le défiaient en face de lui. Rihils jugea alors plus sage de reculer dans l’ombre de quelques pas et de garder pour lui ce qu’il avait pu voir concernant la sorcellerie durant ses nombreux voyages.


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Dervenn fronça les sourcils en écoutant le récit de Holmo; le sous-officier était venu dans cette tente pour collecter des réponses mais pour l’instant il risquait d’en sortir avec encore plus de questions. Ainsi le groupe s’était séparé et les deux hommes qui avaient les détails de la rencontre avec la prisonnière ne semblait pas en mesure de parler. Le sergent Eadric qui ne cessait de répéter avoir été victime d’une attaque et de quelque sort magique et ce pauvre Ameno qui semblait avoir tout bonnement oublié l’usage de la parole. Il n’était même pas certain qu’il ait entendu le moindre mot de leur conversation tant son esprit semblait absent.  Mais il y avait quelque chose d’autre qui inquiétait le sergent:

“Ces maraudeurs. Jusque où vous-ont ils suivi? Combien étaient-ils? Avez vous une quelconque interaction avec eux? “

Prudent de nature, le sous-officier se demandait comment ces hommes avait pu écarter dans leur rapport un “tel détail”. Des ennemis potentiels rôdaient  peut-être dans les environs et eux s’en lavaient impunément les mains. Il se  tourna alors vers Ameno et le secoua par les épaules en prenant soin de ne pas le brusquer de trop:

“Bon sang Soldat reprenez-vous! Qu’avez vous donc vu ? Qui est cette femme et de quelle crime s’est elle rendue coupable? Répondez! C’est un ordre!”

Il espérait pouvoir réveiller ainsi l’esprit de ce pauvre bougre. Son intention n’était nullement de le heurter ou de le traumatiser mais la Lice avait urgemment besoin de réponse et Dervenn avait le sentiment que le temps ne jouait pas en leur faveur. Si Ameno demeurait silencieux, il n’aurait alors d’autre choix que de trouver Eadric, son égal hiérarchique, pour le confronter et avoir enfin les détails de cette histoire.
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 5 Sep 2019 - 15:47


La captive mystérieuse avait peur, sur cela il n’y avait aucun doute. Il n’y avait même pas besoin de mesurer son pouls au rythme accéléré, les tremblements de sa main et l’angoisse qui transparaissait dans sa voix cristalline  étaient bien suffisant.  Accroupi devant elle, Rihils tentait vainement de percer les secrets de cette jeune femme; la signification de ses tatouages ou encore de la coiffe en bois de cerf qu’elle arborait lui échappait. Malgré ses nombreux voyages, le guérisseur était loin d’être un expert de la culture des gens du Pays de Dûn, une terre qui ne l’avait jamais vraiment attiré de par sa nature barbare aux yeux des rohirrims; mais de ce qu’il en savait ce genre de mode n’était pas vraiment répandu chez leurs voisins. Il avait le pressentiment qu’il y avait quelque chose qui leur échappait, que cette histoire n’était peut-être pas un simple incident frontalier.

Le récit de la prisonnière n’était pas très clair: outre son Commun plutôt approximatif, l’angoisse qui l’habitait l’empêchait d’exposer clairement les événements de manière chronologique. Dairine, car c’était ainsi qu’elle s’était présenté à un Rihils qui semblait être le seul à qui elle désirait parler, parla d’attaques nocturnes , de pillages ou encore de viol collectif perpétrés par les cavaliers du Rohan sur les terres de son peuple. Le guérisseur fronça les sourcils; ce genre de pratiques n’étaient pas tolérés au sein de l’armée et les rares individus ayant commis de telles exactions avaient été sévèrement punis. Pourtant si c’était vrai, cela était très grave et Eadric et ses hommes devraient être châtiés. Un peu plus loin, La Lice semblait s’impatienter; le capitaine connaissaient ses hommes et ne les imaginaient pas commettre de pareilles crimes. D’autant plus que le sergent était tout sauf un idiot et que si vraiment il était coupable de tels actes dont il connaissait la gravité, il n’aurait certainement pas ramené un témoin vivant ici, dans la tente de son supérieur hiérarchique. Pour l’officier, il y avait quelque chose qui ne tenait pas dans la version de Dairine.  Il y avait de l’agitation à l’extérieur de la tente où l’aide de camp tentait d’empêcher quelqu’un d’entrer.  La captive, qui s’était quelque peu apaisée face à Rihils, fut alors à nouveau saisi d’effroi; et, posant une main sur la joue de son interlocuteur, le força à plonger son regard dans le sien. Cela ne dura pas plus de quelques secondes mais ce court moment sembla suspendu dans le temps. Ses yeux  se perdirent littéralement dans ceux de Dairine; il fut alors pris dans un véritable tourbillon qui animait les pupilles sombres de la captive. Pour un court instant les rôles furent inversés et ce fut Rihils qui se retrouva prisonnier de l’envoûtant regard de la femme de Dun.

L’interrogatoire fut alors interrompu par l’irruption d’un Eadric furieux qui avait à priori entendu les mots de la prisonnière; chez lui aussi la peur , fondue dans la rage, se lisait dans ses yeux.  Il implora Osgarsson de ne pas croire un mot prononcé par la jeune femme avant que celle-ci n’envenime la situation en l’accusant de meurtre et en lui lançant une malédiction. Une malédiction que le sous-officier prit très au sérieux. Il écarta un Rihils encore tout engourdi d’un geste violent et frappa violemment Dairine avant de se saisir de sa gorge. L’homme était terrifié de la menace surnaturelle qui pesait désormais sur lui et ses proches. Et il semblait prêt à tout pour conjurer le sort.

Le sergent Eadric, totalement focalisé sur sa victime qu’il voyait comme un bourreau, sentit alors des bras puissants le prendre à la taille. Il fut alors tiré vers l’arrière et forcé de relâcher son emprise sous la pression physique de son supérieur qui l’éloigna de plusieurs mètres.  La Lice était une force de la nature et même un guerrier robuste comme Eadric ne pouvait faire le poids sur le plan physique.


“-Bon sang Sergent! Contrôlez-vous par les Valars!”

Osgarsson prit un court moment pour reprendre son souffle, puis dévisagea son subordonné dont la terreur était parfaitement visible. Celui-ci tremblait de rage et d’effroi. Le capitaine posa alors une main sur son épaule pour le rassurer.

“Eadric, vous savez quelle valeur je donne à la parole de mes cavaliers les plus loyaux, et croyez moi sur parole je ne place pas celle de cette étrangère au-dessus de la vôtre, loin de là. Nul besoin de mettre en jeu la tête de votre fils, elle lui sied bien mieux sur ses épaules. Et ne laissez pas cette captive vous perturber, vous me semblez autant maudit que moi bourgeois.”  

Il ouvrit le pan de la tente pour faire signe à Eadric de quitter la pièce; malgré les paroles réconfortantes , cette invitation à sortir était bien un ordre formel.

“Une enquête est en cours  et justice sera faite Sergent. Si vous n’avez rien à vous reprocher alors n’ayez aucune crainte. Je vous demande simplement d’avoir foi en votre royaume.”


Ansgar se retourna alors pour observer la jeune femme, toujours au sol et en état de choc. Rihils s’était lui relevé mais n’avait pas  prononcé un mot depuis l’intervention du sergent. Il  y avait bien une chose de certaine: tant que Dairine se trouverait dans sa tente sa sécurité et celles des autres était nullement assurée.

“Relève-toi!”
Aboya la Lice à l’encontre de l’étrangère.

Il se chargea ensuite de l’envelopper à nouveau de la cape en tissu qui dissimulait ses traits lors de son arrivée. L’officier ne faisait pas dans la douceur, contrairement à son ami, et il se disait qu’elle pouvait bien le maudire autant qu’elle le voulait si cela lui faisait plaisir.

Il la força à avancer en lui tenant la nuque, serrant juste assez fort pour l’empêcher de fuir tout en faisant attention de ne pas lui faire trop mal. Ils sortirent tous de la tente du capitaine.

Dehors, la journée semblait bien normale; chacun vaquait à ses occupations sous un soleil de plomb sans se douter de tout ce qui avait bien pu se passer dans les quartiers de la Lice. Osgarsson ordonna à Lofren, son aide de camp, de l’accompagner et ils prirent la direction d’Orthanc, loin des regards et des inquiétudes de la troupe. Ils progressèrent ainsi à pied, à travers la garnison. De nombreuses personnes se retournaient sur leur passage, intrigués par ce prisonnier masqué, mais aucun ne se risqua  à les interpeller ou les arrêter. Quand la Lice affichait une mine aussi préoccupée, tous avaient qu’ils valaient mieux ne pas le déranger.

Bientôt ils atteignirent l’entrée colossale et quelque peu lugubre de la forteresse de la tour de l’Esprit Rusé. Ils s’arrêtèrent un instant durant lequel l’officier prit une longue inspiration, puis ils gravirent les vingt-sept marches de  pierre noire. Il n’aimait pas vraiment cet endroit et ne s’y rendait que lorsqu’il n’avait pas d’autres choix. Son architecture austère et ses couloirs sinistres ne lui avaient jamais inspiré confiance. Et bien que d’ordinaire il rejetait toute croyance supersitieuse, dans ce cas là l’histoire sulfureuse de cet endroit qui avait abrité autrefois l’Istar Saroumane lui conférait une dimension menaçante. Comme si quelque sortilège avait pu rester entre ces murs, prêt à frapper ses résidents à tout moment.

La Lice se demandait encore ce qui avait bien pu pousser le Roi et son entourage à quitter le confort du Château d’Or de Meduseld pour ce lieu peu avenant. Il devait sûrement y avoir une quelconque raison politique à cela mais ce genre de considérations n’était pas le fort d’Osgarsson, homme d’action par excellence. En haut de l’escalier, les Gardes de la Maison du Roi s’écartèrent pour laisser passer le Capitaine de la Porte d’Isengard et Rihils, invité d’honneur de sa Majesté.  Ainsi ils pénétrèrent dans la pénombre de la tour des maléfices.

L’idée était de placer Dairine dans une des cellules du domaines royales, qui étaient probablement  presques toutes vides. Le confort n’y était pas vraiment présent mais au moins elle n’y risquait pas de se faire étrangler par un homme de la troupe et garderait ses malédictions pour elle. Les seules personnes autorisées à entrer dans les cachots d’Orthanc étaient les soldats de la Maison du Roi, les officiers ainsi que l’entourage de Sa Majesté Fendor.

Le bruit de leurs pas résonnaient à travers les galeries vides et peu décorée de la tour d’Orthanc. Il aperçut alors au loin une silhouette qu’il ne parvint pas à reconnaître à la lumière des torches installées à la va-vite dans cette aile délaissée. L’homme, ou la femme, passa à côté d’eux sans faire le moindre bruit et ne leur jetant qu’un regard furtif. Son visage était masqué et son allégeance ne faisait aucun doute aux yeux de la Lice: un membre de l’Ordre des Lames. Une organisation secrète créé par le Roi et ne recevant ses ordres que de sa Maison, seuls les plus hauts dignitaires d’Isengard et la Garde Verte connaissaient leur existence sans toutefois avoir aucun détail sur leur mode de fonctionnement, ordres de missions ou système interne. Osgarsson, pourtant Capitaine de la Porte d’Isengard, en savait très peu à leur sujet au-delà de leur existence, de leur juridiction et de leur zone d’opération. Il avait même entendu dire que même le Vice-Roi et le gouvernment d’Edoras ignorait quasiment tout de cette ordre bien opaque. Ces Lames étaient des espions et grand combattant chargé de repérer et détruire les menaces naissantes au sein du royaume avant qu’elle ne déstabilise l’ordre en place. Des gens qui agissaient dans l’ombre et le secret, tout ce que la Lice refusait de faire. Il conservait cette vision traditionnelle du guerrier du Rohan comme celle d’un cavalier en armure chargeant l’ennemi au son des cors et à la gloire d’Eorlingas. Ce genre d’agence de surveillance n’était pas en accord avec sa vision du Rohan; mais s’il n’y avait que cela pour arrêter les dangers qui progressent dans l’ombre..
Il y avait donc fort à parier que l’Ordre des Lames et ses chefs seraient bientôt au courant de leur présence.

Ils descendirent dans les cachots qui réalisaient l’exploit d’être encore plus macabre que le reste du bâtiment. Il y faisait aussi étrangement froid et humide malgré la chaleur extérieur comme si Orthanc était son propre monde détaché du reste. La Lice fit entrer sa prisonnière dans la première cellule qu’il trouva et la libéra de la cape qui la dissimulait.

“Ansgar,
murmura alors Rihils qui était resté silencieux depuis son altercation avec Eadric, je sais que tu as tes raisons de penser qu’elle ment.
-Une enquête sera menée, mais oui son récit fait bien peu de sens. Pourquoi mes hommes seraient allés piller ces endroits désolés? Et si on imagine que cela est vrai, pourquoi diable l’auraient-ils ramené elle qui risque de tout dévoiler? Croyez-moi, mes hommes ne sont peut-être pas des enfants de chœur mais ce ne sont pas des idiots.
-Je l’entends mon ami. Pourtant, je pense qu’elle nous a dit la vérité.
-Qu…”

La surprise qui apparut sur le visage de la Lice fut de courte durée; car un bruit de portes et bottes se fit entendre un peu plus haut; à l’entrée des cachots.

“Dame! Ils ont fait vite!”


L’Ordre des Lames était déjà là.


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Dervenn avait finalement réussi  à identifier et trouver trois des hommes de la patrouille commandée par Eadric. A leur retour, tous les cavaliers s’étaient dispersés à travers la garnison pour se reposer, se laver ou manger quelque chose et retrouver leurs traces avaient été moins aisé que prévu. Il avait cependant fini par localiser la tente où dormaient trois d’entre eux. Un des cavaliers étaient d’ailleurs assis à l’entrée, tirant nonchalamment sur sa pipe.

“Je peux vous aider Sergent?
-Est-ce bien la tente d’Holmo, Eotrain et Ameno?
-Ouais, vous cherchez lequel d’entre nous?
-Les trois.
-Holà, vous en demandez beaucoup Sergent, vous êtes sûr que ça peut pas attendre un peu. C’est pas contre vous mais on vient de rentrer de mission et les gars sont juste exténués.”

Dervenn fronça les sourcils; visiblement le manque de respect hiérarchique de Eadric dépeignait dangereusement sur ses hommes.

“Je ne serai pas long. Et inutile de préciser que c’est un ordre.
-Bon, bon entrons alors.”


L’intérieur était exigüe et il y régnait une odeur désagréable de sueur. Le fumeur, qui indiqua être Holmo, secoua l’un de ses frères d’armes allongé sur sa couche.

“Allez Eotrain réveille toi, un sous-officier vert veut nous causer apparement.”

Il eut pour toute réponse un grognement et insista donc jusqu’à ce que son ami daigne enfin se redresser d’un air mécontent. Le troisième larron était assis sur son lit, le regard perdu dans le vide. Il était certes présent physiquement mais son esprit semblait complètement absent. Intrigué, Dervenn demanda :

“C’est quoi son souci à lui?”


Holmo se gratta la barbe d’un air à la fois soucieux et embarrassé.

“Eh bien pour être franc on sait pas trop. Il est comme ça depuis qu’on est revenu de patrouille. D’habitude il parle tellement qu’on est forcé de le frapper pour le faire taire mais là depuis qu’on est rentrée il a pas dit un mot.
-Et vous ne l’avez pas amené à l’infirmerie?
-Bah il est pas blessé, juste un peu bizarre mais ça lui passer je pense. Il a sûrement juste besoin d’une bonne nuit de sommeil.”


Pas vraiment convaincu par les arguments de Holmo, le sergent décida ne pas s’attarder sur le sujet et reprit.

“A propos de votre mission d’ailleurs, j’aimerais que vous me donniez quelques informations. On a perdu quelques dossiers et rapports  sur les récentes patrouilles à l’administration  et on essaie juste de réorganiser ce qui peut l’être. Dîtes moi simplement où vous êtes allé, pour quel motif et sur l’ordre de qui?”
Sujet: Redditions
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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 14 Aoû 2019 - 17:37


Etonné par la réaction de la jeune femme, La Lice haussa un sourcil. Il s’était mentalement préparé à mener un interrogatoire musclé face une femme dangereuse, taiseuse et farouche; l’officier avait déjà même réfléchi à divers moyens qu’il pouvoir utiliser pour faire pression afin de lui arracher de précieuses informations. Et voici qu’elle le suppliait, visiblement prête à dire tout ce qu’elle savait. Mais justement, c’était là qu’il y avait un souci. Son récit ne tenait tout simplement pas la route. Cela faisait des années qu’aucun ordre de mission n’avait été donné au-delà de la frontière occidentale du Rohan, dans le Dunland et il n’y avait absolument aucune raison logique pour qu’un chef de patrouille décide de s’aventurer en ces terres hostiles et dignes de peu d’intérêt.  Malgré son Westron approximatif, elle semblait certaine de ce qu’elle avançait et le ton de sa voix tremblante apparaissait si sincère.  Pourtant tout cela ne faisait pas le moindre sens.

Osgarsson, après un court moment d’hésitation, se mit alors à gronder :

“Menteuse! Nul n’attaque vos terres et aucun de mes hommes n’a franchi la frontière pour vous piller ou je ne sais quoi? Que faisiez vous donc dans le Riddermark?”

La patience n’était pas la principale qualité de l’officier et la présence de cette intrigante captive qui le rendait quelque peu inconfortable n’arrangeait pas les choses. Sa frustration était bien perceptible dans sa colère.

“Tu penses pouvoir me berner comme ça ? Crois-moi j’en ai vu passer bien d’autres avant toi! Alors que font les vôtres sur nos terres? Répondez ! “


Cette fois l’officier supérieur ne garda aucune distance de sécurité entre lui et la jeune femme. Il dominait à présent la frêle prisonnière de son imposante carrure, l’intimidation avait changé de camp.

“Vous perdez votre langue lorsqu’on aborde la vérité ? Ah! Vous êtes bien une des Dunlendings! Par les Valars Répon…
-Il suffit Ansgar!”


L’officier supérieur, peu habitué d’être interrompu de la sorte, fit volte face en direction de l’homme qui avait osé lui couper la parole. Rihils, qui était resté silencieux jusque là, s’était levé de son siège et s’approcha à son tour.

“Nous n’obtiendrons rien en la brutalisant de la sorte. C’est inutile.
-Dame Rihils! Tu es le meilleur guérisseur du continent mais laisse moi faire mon travail!

Resté sourd aux reproches de son ami de longue date, le médecin s’accroupit afin de se mettre au même niveau que la captive. Il lui montra d’abord qu’il avait les mains vides pour indiquer qu’il n’était pas armé et ne chercherait pas à lui faire du mal. Rihils la dévisagea alors longuement, tentant de percer les secrets de cette femme bien particulière. S’il était aussi reconnu parmi ses pairs, ce n’était pas seulement par sa capacité à guérir les blessures corporels. Non, Rihils était aussi passé maître dans l’art de traiter les maux de l’esprit; c’était une science opaque que beaucoup qualifiaient d’inexact mais que le prodige du Rohan avait perfectionné lors de son temps passé à vivre  auprès des Elfes. S’il était loin de toucher juste à chaque fois, il avait développé une habileté certaine pour sonder l’esprit de ses patients dont l’humeur s’exprimait par plusieurs réactions physiques, souvent jugées insignifiantes, mais qui en disaient parfois énormément.

Le guérisseur scrutait les pupilles de son interlocutrice, ses gouttes de sueur, les tremblements qui la secouaient. S’il y avait une chose qui semblaient pour le moment certaine c’était qu’elle était effrayée.  De sa voix douce, il tenta de l’apaiser.

“Ne vous en faîtes pas. Rien ne vous arrivera ici. Nous désirons simplement comprendre la situation pour pouvoir vous aider. Je suis Rihils, guérisseur de la Maison d’Eorl et lui c’est mon ami  le Capitaine Osgarsson. Nul mal ne vous sera fait lorsque l’on sera à vos côtés.”

Visiblement agacé par le sentimentalisme de son ami, La Lice saisit rudement l’épaule du guérriseur; lui intimant de se redresser.

“Mais qu’est ce qui te prends donc? Tu crois que c’est le moment de lui faire des gentillesses?
-Je te l’ai dis,  elle est tétanisée. Tu l’as figé et rendu presque incapable de parler avec ta grosse colère.
-Et alors ? De toute façon elle ment, comme elle respire. Nul Rohir ne s’est aventuré en Pays de Dun depuis des décennies.
-C’est possible mais que se passerait-il si elle disait la vérité. Ne serait-ce la pas une information pour le moins inquiétante? Cela ne vaut-il pas la peine d’au moins vérifier?”


Les deux hommes restèrent silencieux un moment, puis le capitaine marmonna quelque chose dans sa barbe qui se rapprochait d’un “Bien, bien”. Il appela son aide de camp de sa voix forte. Le jeune garçon entra alors dans la tente; il eut un regard quelque peu intrigué en direction de la prisonnière mais ne fit aucun commentaire. Le tempérament bouillant de son supérieur lui était connu et depuis sa dernière colère, l’écuyer faisait tout pour éviter d’en provoquer une nouvelle.

“Mon Capitaine.
- Trouve-moi le sergent Dervenn  de la Garde Verte.”


Quelques minutes plus tard, le sous-officier entrait dans la tente. Ses joues étaient rouges et il était visiblement essoufflé, Dervenn savait que la Lice n’aimait pas attendre longtemps. Le sergent de la Garde Verte était un soldat fiable et droit qui ne posaient pas trop de questions à défaut d’être un guerrier ou un leader hors du commun. D’un naturel discret, il n’avait jamais fait de remous  dans la troupe et il était apprécié de tous.

‘Ah Sergent vous voilà. Renseignez vous auprès de la troupe et identifiez tous les hommes revenus de patrouille avec le sergent Eadric  il y a quelques minutes. Demandez leur d’où ils reviennent exactement et ce qu’il s’est passé durant leur mission.
-Dois-je d’abord informer le sergent Eadric?
-Pour le moment non, pas un mot sur ce sujet. Mais tâchez de le trouver et dites lui que je l’attends dans ma tente. Qu’il vienne au plus vite. Après cela informez le Capitaine Barom que nos hommes ont capturé une prisonnière hostile venant du Pays de Dun. Il tâchera sûrement de faire en sorte que les Lames ne nous enlèvent pas cette affaire avant qu’on aie eu le temps de creuser.
-A vos ordres mon capitaine!”


Dervenn claqua des talons et disparut  derrière le pan de la tente qui se refermait.  La Lice était décidément bien plus à l’aise lorsqu’il s’agissait de distribuer des ordres. Il échangea silencieusement un regard avec Rihils, comme pour lui dire qu’il était prêt à faire à sa manière.   Le guérisseur approuva d’un signe de tête.

Il examina, intrigué, les poignets de la jeune femme aux marques violacées. Faisant mine d’étudier les plaies, il posa délicatement son pouce de manière à sentir son pouls. Il sentait à présent son rythme cardiaque de manière très claire, et il était étonnamment très calme. La captive s’était certes un petit peu apaisée mais voir ainsi un tel ralentissement de son battement en un temps si court était remarquable.

“Avez vous un nom? D’où venez vous?”


Généralement les menteurs étaient trahis par leur corps: le coeur qui s’accélérait, un peu de transpiration, les yeux dirigés vers la droite etc. Autant d’indices permettant d’identifier un mensonge. Bien entendu ces méthodes étaient loin d’être parfaites et bon nombre de menteurs les connaissaient bien et avaient travaillé leur parade. Mais sur cette femme, certes mystérieuse, mais à priori inoffensive, cette technique devrait suffire.

Osgarsson intima à Eadric, qui venait d’arriver, de rester en dehors pour le moment. La présence du Sergent qui l’avait arrêté pouvait perturber la prisonnière et brouiller ainsi les signaux que Rihils cherchait.

“On va retenter encore une fois. D’accord? Que vous est-il arrivé?”


Il marqua une pause, s’assurant qu’elle prenne bien le temps d’assimiler la question.

“Où étiez vous?”


Nouvelle pause.

“Pourquoi, selon vous, les Forgoil vous ont-ils fait prisonnière et ramené ici?”
Sujet: Redditions
Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 7 Aoû 2019 - 21:17

C’était une autre de ces interminables journées chaudes qui s’écoulaient en Isengard. Contrairement aux habitants d’Edoras qui profitaient d’un vent d’altitude rafraîchissant, ceux du domaine royal souffraient aussi longtemps que les rayons du soleil frappaient avec force la vallée de Nan Curunir. Seule la nuit offrait un peu de répit et de fraîcheur après que l’astre solaire ne disparaissait derrière la cime des Monts Brumeux.

Assis à l’ombre de sa tente, Osgarsson se remémorait ses jeunes années de service, quand sa Majesté Firion régnait sur un Rohan encore au fait de sa gloire.  S’il y avait bien une chose qui ne lui manquait pas de cette période, c’étaient ces longues patrouilles menées sous un soleil de plomb qui pouvaient parfois s’étendre sur plus d’une semaine. Son poste actuel de capitaine de la Porte d’Isengard lui épargnait dorénavant ce genre de tâches même si d’autres, pas moins complexes à ces yeux, étaient apparu à mesure qu’il avait gravi les échelons de la hiérarchie.  Tout ce qui touchait à la paperasse administrative venaient en premier lieu et il ne savait dire ce qu’il haïssait le plus entre recevoir une pile de documents ou partir pour une longue et harassante patrouille routinière.  Il fallait dire que pour l’officier supérieur, ce travail était rendu particulièrement délicat par le simple fait qu’il ne savait tout simplement pas lire. La grande majorité des hauts gradés de l’armée Rohirrim étaient issus de la noblesse du royaume et avait donc reçu une éducation en bonne et dûe forme leur permettant d’accomplir aisément leurs obligations. Mais celui que l’on surnommait la Lice avait un parcours bien différent. Son histoire était celle d’un homme issu de la troupe, parti d’en bas et qui par son courage, son charisme et sa loyauté inébranlable envers la famille royale  avait réussi à intégrer le cercle fermé des hauts-officiers du royaume.
Pendant de longues années il avait donc dû s’en remettre à son aide de camp qu’il lui lisait patiemment tous les rapports reçus avant que le capitaine n’y appose sa signature. Mais ce pauvre Fandar avait été emporté par une bête infection il y avait de cela près de deux semaines et l’écuyer qu’on lui avait temporairement assigné en remplacement n’était d’aucune aide pour cela, malgré toute sa bonne volonté.

En attendant de pouvoir trouver un remplaçant digne de son nom, la Lice n’avait d’autre choix que de faire semblant de lire les rapports qui s’accumulaient sur son bureau , demandant discrètement de l’aide à droite et à gauche. Mais il avait bien trop de fierté pour avouer publiquement son incapacité à lire et il s’efforçait de tout coeur à ce que cette information reste des plus confidentielles. Ce jour là, il pouvait compter sur l’aide sur son ami de longue date venu passer quelques heures à ces côtés. Rihils travaillait sans relâche à l’infirmerie, parfois même au milieu de la nuit selon certains témoins, et il consacrait l’un de ces rares temps de repos à assister le capitaine dans sa tâche administrative. Cela faisait déjà plusieurs semaines que la mission du guérisseur  en Isengard était officiellement terminée; il avait été dépêché par le Vice-Roi pour remettre sur pied les Gardes Royaux blessés lors de l’affrontement contre les voleurs d’artefacts. Mais ceux-ci étaient rapidement parti rejoindre la capitale sans prendre la peine d’en informer leurs hôtes. Rihils était resté pour continuer à épauler les infirmières locales qui manquaient souvent de matériel ou même de connaissances. Sur un plan personnel, il s’était également fait un point d’honneur à ne pas pas partir avant d’avoir remis sur pied l’officier au visage brûlé qu’il avait découvert en arrivant ici.  Leur “ fuite” avait plongé Osgarsson dans une colère noire. Il ne portait déjà pas en son coeur  les sbires de Mortensen mais cet affront avait renforcé son animosité à leur égard. Les hommes du domaine royal avaient offerts à Eofend et ses hommes le toit, le couvert et les soins et ceux-ci étaient parti comme des voleurs à la faveur de la nuit. D’autant plus que la Lice n’avait pas eu le temps de les cuisiner assez pour tirer quelque chose sur les mystérieux artefacts que le Vice-Roi tentait de récupérer et qui semblaient au centre des considérations politiques du moment. Pas que la politique intéressait vraiment Osgarsson, lui homme d’action, mais il n’appréciait pas cette manie qu’avait les dignitaires du Meduseld à vouloir passer outre le pouvoir du Roi.

Plongé dans ses pensées, la Lice n’écoutait que d’une oreille ce que Rihils lui lisait.

“...la sécheresse se plongeant au-delà des prédictions, les pâturages de l’Ouestfolde pourraient être encore plus gravement atteint. En prévision de cette éventualité, beaucoup de bergers de la région songent déjà à rejoindre leurs pairs partis faire paître leur bétail en territoires nains. Toutefois, et malgré nos relations amicales avec ces derniers, une protection militaire serait toujours requise. Les émissaires de l’ambassadeur Orwen réclame une augmentation significative du nombres de chevaliers de la garnison d’Edoras pour protéger les troupeaux durant ce périple. Par conséquent….
-En termes plus simples qu’est ce que ça veut dire?”


Le guérisseur esquissa un sourire. Il ne savait qui avait écrit ce rapport mais il y avait bien trop de fioritures et de termes compliqués pour que cela capte l’attention de la Lice.

“Orwen vous demande d’envoyer une éored pour protéger les troupeaux partis vers les territoires étrangers.”

Osgarsson passa une main dans sa barbe fournie et prit le temps de réfléchir quelques secondes. La principale qualité de sa méthode de leadership résidait dans sa capacité à prendre des décisions rapidement et s’assurer de leur implémentation dans les plus brefs délais. La rapidité d’exécution de ses ordres était à ses yeux une obligation dans l’optique d’une armée à la fois dynamique et efficace et  lui avait permis de gagner le respect des hautes sphères de l’armée malgré son manque d’éducation supérieur.

“Nous enverrons un contingent d’une cinquantaine d’hommes mais pas un de plus. Nos effectifs sont déjà limités ici et nous avons un Roi à protéger. Les bergers ne se rendent pas en terres hostiles et les seuls dangers qu’ils auront à affronter seront les loups et les ours. Nul besoin d’une éored pour cela.  D’autant plus que j’ai le pressentiment que nous aurons bientôt besoin d’hommes par ici.
-En Isengard? Il ne s’y est rien passé depuis l’arrivée de sa Majesté.
-Justement. Le pays entier est en proie aux troubles,  je n’ai aucun doute que cela finira bien par arriver chez nous aussi.”

La précaution extrême du capitaine, qui se préparait toujours aux pires éventualités était une autre de ses caractéristiques. Certaines mauvaises langues considéraient qu’il n’était qu’un alarmiste voire même un paranoïaque mais lui savait que c’était ce mode de pensée qui lui avait évité toute désillusion majeure au cours de sa carrière. La Lice n’était pas un prudent de nature sur le champ de bataille et il avait maintes fois fait prendre des risques à ses hommes pour accomplir leur mission. Mais chacune de ces manoeuvres étaient calculés et jamais il n’aurait accepté de perdre des hommes à cause de sa négligence.

Rihils se mit alors à rédiger la missive d’Osgarsson de la manière la plus concise et claire possible, là encore dans un souci d’efficacité. Mais les deux hommes furent bientôt interrompu dans leur travail par le jeune aide du camp qui annonça l’arrivée du sergent Eadric revenu de patrouille.

“Bien, bien. Faites le entrer.”


Le sous-officier était un homme de confiance et un très bon élément de la troupe bien que parfois un peu trop lésé avec une tendance à vouloir dépasser ses responsabilités. A la surprise de la Lice, il n’entra pas seul dans la tente. Une silhouette masqué par une longue cape le précéda avant d’être mise  à genoux avec force par Eadric.  Osgarsson, intrigué, se leva de son siège. Il ne s’attendait pas à voir son subordonné revenir avec un prisonnier, que s’était-il donc passé là-bas? Eadric lui parla d’un accrochage avec des maraudeurs venus du pays de Dun avant d’agrémenter son récit de toutes sortes d’interprétations personnelles. S’il y avait bien une chose de certaine pour le moment aux yeux de l’officier supérieur, c’était bien que tout cela n’avait aucun sens. Les relations entre le Rohan et les tribus qui peuplaient la région adjacente avaient souvent été très tendues et les différends qui les opposaient ne se comptaient plus. Pourtant ces “barbares” , comme on les considérait au Rohan, s’étaient tenus plutôt calme depuis longtemps et leur présence au coeur des terres royales de la vallée était plutôt surprenante. Que faisaient-ils donc là?

Quand à la partie sur la sorcellerie, la Lice ne jugea même pas nécessaire d’y réfléchir. Il était intrigué mais pour le moins du monde effrayé et tout ces fables de magie et de sorcières le laissait de marbre. Nul phénomène surnaturel n’avait été observé de mémoire d’homme dans cette région et bien souvent ce genre de légendes étaient utilisées pour masquer des horreurs bien réelles et rationnelles, ce qui le rendait en quelque sorte encore plus insoutenable que si c’était l’oeuvre de quelque magicien. Osgarsson était prévoyant mais il  s’appuyait avant tout sur des faits.

“Une ensorceleuse dîtes-vous Sergent? Rien de moins. Je comprends maintenant, elle vous a donc lancé un sort pour que vous en veniez à des conclusions aussi stupides.”

Pourtant la révélation du visage de la femme captive provoqua un léger moment de malaise. Il fallait dire que le capitaine s’était attendu à tout sauf à cela. La prisonnière, de petite taille, dégageait une aura mystique qui donnait l’impression qu’elle appartenait à une autre monde, à un autre temps. Ses tatouages qui recouvraient presque toutes les parties de son corps qui étaient visibles, des bois de cerfs en guise de coiffe et un regard si profond qu’il semblait millénaire. Osgarsson ne s’était pas soudainement mis à croire en ces histoires de sorcières mais il comprenait à présent les raisons de l’inquiétude d’Eadric.   Même pour un homme aussi terre-à-terre que lui, il y avait quelque chose de perturbant qu’il n’arrivait pas à pointer de manière précise. Il échangea un regard incrédule avec Rihils en quête de soutien; le guérisseur avait longuement voyagé et son domaine de connaissance dépassait largement le sien. Peut-être comprenait-il des choses qui échappait au militaire? Le guérisseur resta pourtant muet: soit car il n’en savait pas plus, soit car il ne désirait pas en parler maintenant.

“Non sergent,
ordonna la Lice, allez vous sustenter et prendre un peu de repos. Soyez de retour dans une heure exactement pour faire votre rapport détaillé. Je vous informerai alors de ce que vous avez besoin de savoir, entre temps pas un mot sure votre prise. Bon travail, vous pouvez disposer sergent.”

Les mots du capitaine n’étaient pas particulièrement durs mais son ton sévère et le contexte particulier indiquait bien qu’il ne désirait nullement voir son subordonné à l’intérieur de la tente. Eadric, visiblement déçu quitta la tente alors que l’aide du camp dépêcha deux hommes pour se tenir à l’entrée de la tente afin d’empêcher tout tiers d’entrer ou d’intervenir dans le cas où la captive représentait une réelle menace. On n’était jamais trop prudent.

Il passa un long moment à dévisager la jeune femme cherchant en vain à percer les secret qu’elle cachait. Contrairement à la plupart des captifs, elle ne semblait nullement inquiète ou effrayée. A vrai dire aucune émotion ne se dégageait de son visage et elle ne daigna même pas regarder à qui elle avait affaire; son regard si particulier était toujours tourné droti devant elle, vers un pan de la tente. Osgarsson, s’approcha un peu tout en gardant une distance raisonnable; de toute évidence il n’était pas tout à fait à l’aise.

“Parlez vous le Commun?”


Aucun réaction.

“Que fait donc une femme de Dun dans le Riddermark ? Répondez.”


Cette fois l’étrange captive tourna son regard en direction de l’officier qui tressailit légèrement avant de se reprendre rapidement. Il y avait dans ses yeux quelque chose de très malaisant, à la fois farouche et menaçant. La Lice avait souvent eu affaire à des prisonniers agités et tenaces qui cachaient leur frustration ou inquiétude en insultant ses interrogateurs d’un air défiant. Mais il y avait quelque chose différent chez elle. Son calme parfait renforçait cette désagréable impression que la menace qui s’échappait de ses yeux était bien réelle.

La Lice vociféra alors:

“Baissez les yeux et répondez!”
Sujet: "La Garde meurt mais ne se rend pas! Me*de!"
Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: "La Garde meurt mais ne se rend pas! Me*de!"    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:40

“Rihils? Le guérisseur, où est-il?
-Par là-bas mon capitaine, auprès du grand brûlé.”


La Lice traversa l’infirmerie d’un pas leste jusqu’au rideaux placés dans un coin de la pièce. Derrière se trouvait le capitaine grièvement blessé qui avait été ramené mourant plus de quinze jours plus tôt. Rihils  était à son chevet, redoublant d’effort pour une cause qui semblait perdue. Osgarsson décida de ne pas déranger son ami de longue date au milieu de son travail mais signala sa présence en donnant des ordres d’une voix forte aux hommes qui passaient par là. Près de dix minutes plus tard, le guérisseur envoyé par Edoras entrouvrit les rideaux et sortit à la rencontre de l’officier. Son état de  fatigue était parfaitement lisible sur ses yeux profondément cernés et ses traits tirés, depuis son arrivée il n’avait pas dû faire une nuit complète.

“Par les Valars Rihils! Quelle mauvaise mine! Tu devrais prendre du repos.
-Oh! Crois-moi Ansgar, ce n’est pas l’envie qui me manque mais ici je ne compte plus mes heures. En plus de ma mission auprès des Gardes Royaux, je suis constamment interpellé par les guérisseurs locaux en quête de conseil ou d’aide pour les malades.
-Et tu ne peux refuser.
-J’y ai pensé plus d’une fois mais j’ai prêté serment donc....
-Je vois.”

Rihils se dirigea vers une table posée à quelques mètres de là où il avait déposé ses effets personnels. Il remplit un gobelet de terre cuite d’un breuvage sombre dont s’échappait des volutes de vapeur. Pendant un instant, la Lice crut qu’il s’agissait de vin chaud mais il se rappela que le guérisseur ne buvait presque jamais d’alcool, encore moins lorsqu’il travaillait. Devant l’interrogation silencieuse, l'intéressé s’expliqua :

“C’est du café. C’est fait à partir de grains qui poussent dans le Sud et que l’on fait importer à prix d’or, la rareté du produit en fait une denrée de luxe pour la noblesse gondorienne . Cette boisson a de nombreuses propriétés dont un regain d’énergie considérable dont je ne peux me passer. Tiens essaie.”


Le capitaine se saisit du verre qui lui était tendu et ingurgita une grosse gorgée. Il se mit à tousser bruyamment et ses yeux austères s’humidifièrent sous la douleur.

“Mais c’est bouillant! Pourquoi diable boire aussi chaud alors que l’on transpire déjà assez sous le soleil? Et puis cette amertume…
-C’est comme ça que cela se boit. Certains adoucissent le goût puissant en y ajoutant du lait mais à vrai dire on s’y habitue et on peut même finir par apprécier ça.
-Ouais, enfin c’est pas près de supplanter la bière dans notre région, ça crois moi.
-Je te rejoins sur ce fait.”


Les deux hommes discutèrent encore quelques minutes de sujets plutôt légers. L’arrivée de la Lice était plutôt bienvenue pour Rihils qui ne s’étaient plus accordé de pause ou d’un petit peu de bon temps depuis des jours. Mais il ne pouvait trop tarder.

“Je vais devoir te laisser mon ami. Je crains que le devoir ne m’appelle à nouveau.
-Où en est-il ? Il va s’en sortir?”

Rihils fit une grimace et reprit un peu de café, comme pour se donner un peu de courage.

“Disons que son état s’est amélioré, après au  vu de l’état où il est arrivé ce n’est pas vraiment une garantie. J’ai réussi à le stabiliser et réduire la douleur mais plusieurs tissus calcinés ou atteints se sont infectés et je ne vais pas avoir d’autre choix que de l’opérer et de les sectionner. Par chance l’infection n’a atteint aucun de ses organes vitaux mais il va falloir que je le charcute un peu pour le garder avec nous.”


La Lice n’était pas un grand sensible et il avait vu bien du sang et horreurs sur les champs de bataille.  Le spectacle de la mort ne lui faisait plus grand effet mais la perspective qu’un homme se fasse sectionner au scalpel une partie de son visage infectée lui fit tout de même furtivement passer un frisson.

“Bonne chance mon ami. Que les Valars guident tes gestes.
-Mon cerveau suffira amplement.”

Sur ces mots, le guérisseur disparut à nouveau derrière les rideaux, bistouri à la main.

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Les semaines s’écoulaient avec une certaine monotonie pour les membres de la Garde Royale. Eofend passait ses journées à sillonner le domaine royale d’Isengard, sans relever grand chose d’intéressant. Les soldats du Rois effectuaient occasionnellement des manoeuvres routinières dans les alentours; Eofend rejoignait parfois les missions de patrouille auprès du Sergent Dervenn de la Garde Verte pour fuir l’ennui de son quotidien. La région était calme et hormis quelques incidents mineurs, les cavaliers n’avaient pas eu grand chose à faire. Le Rohan était en paix pour la première fois depuis des années et la stabilité apparente du nouveau régime entretenait un fort sentiment de sécurité parmi les citoyens. Pourtant, le danger était toujours là, peut-être même plus menaçant que jamais car caché aux yeux de tous et frappant là où on l’attendait le moins. Eofend en avait fait l’expérience et cela avait coûté la vie de la plupart des hommes placés sous son commandement.  La nervosité apparente des officiers supérieurs que le sous-officier avait remarqué indiquait que certaines informations gardées secrètes inquiétaient les hauts gradés. Il n’avait que très peu croisé la Lice depuis la cérémonie mais les allers-retour qu’il faisait constamment entre les couloirs d’Orthanc et les postes de garde extérieurs ainsi que son air encore plus préoccupé qu’à l’accoutumée n’indiquaient certainement rien de bon.

Halgor et Méared avaient quant à eux  lentement remis sur pied grâce aux soins prodigieux administrés par Rihils. Les deux Gardes Royaux pouvaient à présent se déplacer et rejoignaient régulièrement leur supérieur et Bodvar lors des repas malgré les protestations de Mère Torture.

Ce soir là ils s’étaient à nouveau regroupés dans un coin de la salle, un peu à l’écart du reste de la troupe qui ne savait trop comment appréhender la présence de Gardes Royaux à leurs côtés.

“Terre du Roi ou pas, niveau nourriture on est quand bien même loti à Meduseld.”
Remarqua Méared en laissant mollement sa cuillère retomber dans sa soupe de légumes. Les éclaboussures provoquées lui valurent un coup de coude dans les côtes de la part de Halgor.

“Rappelle toi que nous sommes privilégiés par rapport à la troupe à Edoras où l’on profite des cuisines de palais. Ne t’inquiète pas, Sa Majesté et ses proches ont sûrement droit  à autre chose dans leur assiette.” répondit Bodvar avec un sourire en coin.

Ce dernier était sincèrement soulagé de revoir ses frère d’armes ainsi. Il avait craint le pire à leur sujet quand le capitaine Learamn l’avait informé de la situation avant de l’affecter à l’escorte de Rihils. Leurs états à son arrivée étaient encore critique et leur convalescence progressive avait été une réelle source de joie pour lui. Bodvar faisait partie de ces hommes apprécié de tous; il n’avait rien de particulier qui le distinguait des autres mais sa capacité à comprendre les autres et à se lier à eux en avaient fait un élément essentiel lorsque des tensions internes naissaient au sein de la garde: le rôle de médiateur lui seyait à merveille.

“Sergent, une idée de quand on pourra mettre les voiles? Je commence à en avoir ma claque de cet endroit.”

Eofend se doutait qu’en réalité la séparation prolongée avec sa famille qui affectait un Halgor bien trop fier pour l’admettre. Maintes fois durant la guerre civile, la vie de ses proches avaient été menacées ou utilisées comme source de chantage, et il ne pouvait se résoudre à les laisser plus longtemps dans le flou à son sujet.

“Eh bien justement, je voulais je vous en parler. Mère Torture s’est opposée à tout départ avant au moins plusieurs semaines et à priori c’est elle qui est en charge de l’infirmerie ici.
-Foutaises!
s’écria Halgor. Elle n’est jamais plus qu’une vulgaire infirmière et de toute façon on fait ce que l’on veut, on ne répond de personne ici.
-A l’exception du Roi
. Rectifia Bodvar.
- Et encore, notre mission principale étant la protection du Vice-Roi Mortensen; notre devoir est avant tout de rallier Edoras au plus vite. Surtout que Bodvar m’a rapporté qu’il y avait des troubles dans la capitale. J’ai demandé l’avis de Rihils et il m’a dit que nous étions hors de danger et que le voyage ne nous tuerait sûrement pas mais il m’a aussi averti que vous n’êtes pas encore complètement remis et que le trajet pourrait potentiellement aggraver vos blessures.
-Boah, quelques points de sutures supplémentaires contre un vrai repas. Moi je dis que ça vaut le coup.
jugea Méared en machouillant un bout de pain suspectement dur.
-Je suis d’accord avec l’escroc aux dés . Plus tôt nous nous partirons mieux nous nous porterons. J’ai  la vague impression que l’on ne nous considère pas d’un très bon oeil par ici. accusa Halgor.
-Dervenn m’a également assuré qu’il ne tentera pas de nous stopper au poste d’entrée où il est assigné à moins d’en avoir reçu l’ordre direct de la Lice. Ajouta Eofend.
-Et qu’en dit la Lice ? s’enquit Bodvar.
- Rien tant qu’il ignore nos velléités de départ. En partant nous accomplirons ainsi notre devoir de rallier le Vice-Roi sans désobéir à aucun ordre direct. Messieurs, faites vos bagages, nous partons dans la nuit. Rihils et les guérisseurs nous suivront plus tard, lorsqu’ils auront fini leur tâche. Annonça le sous-officier avant de lever son verre.
-Eofend, es-tu certain que tout cela est bien raisonnable?
-Je l’ignore mais ce que je sais c’est que moi aussi je n’en peux plus de cet endroit.”


Les quatres compères se mirent alors à rire et entrechoquèrent leurs chopes de bières avec entrain, égayés par la perspective de rentrer chez soi après les horreurs vécues.


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Rihils était éreinté. Il avait une nouvelle fois passé de longues heures à opérer son patient sans n’avoir aucune idée de la nature du résultat. Les tissus externes de l’officier étaient si atteints que les signaux traditionnels mesurés par les médecins comme la fièvre ou la transpiration étaient quasiment indétectables. La chair brûlée avait été retirée en certain endroits pour cause de nécrose et la cicatrisation était tout sauf évidente. L’homme était la plupart du temps plongé dans le coma et nourri par injection, une méthode expérimentale pratiquée par le guérisseur depuis quelques temps et qui avait fait ses preuves.
Il jeta machinalement un coup d’oeil en direction de la fenêtre pour constater que déjà le soleil déclinait. Combien de temps avait-il encore passé seul avec ce presque mort? Sa vie de solitaire se résumait-elle à ne côtoyer que ceux qui étaient condamnés?
Rihils chassa rapidement ces sombres pensées et désinfecta soigneusement ses instruments à l’aide d’une solution alcoolique. Alors, le blessé émit un râle profond qui semblait venir d’un autre monde; le guérisseur n’y prêta d’abord pas vraiment attention.Mais l’homme émit un second son rauque, mais celui-ci était différent, on aurait presque dit qu’il essayait de parler. Intrigué, le médecin s’approcha et se pencha doucement.
Les mots prononcés étaient à peine audible mais étrangement parfaitement clairs à la fois.

“Mon visage...visage...Miroir.
-Calmez vous mon cher, tout va bien. Je ne pense pas que le miroir soit nécessaire pour le moment.”

Le pauvre bougre avait perdu ce qu’il faisait de lui un être humain à part entière: son visage; et malgré les efforts déployés, le guérisseur était incapable de le lui rendre. Sa face émaciée et calcinée n’était pas belle à voir et pouvait provoquer un réel choc à son patient. Mais ce dernier se fit insistant.

“Un miroir!..Mi...roir. C’est...un ordre.”
se força-t-il à dire au prix d’immenses efforts avant d’être pris d’une toux qui lui fit cracher son sang.

“-Bon, comme vous le voudrez. Je vous aurais prévenu.”


Le guérisseur s’empara de la petite glace reposant sur la table de chevet et le plaça devant le visage du capitaine qui ne dit plus rien. Rihils ne savait dire quel était sa réaction tant tout émotion était difficile à identifier  sur ses traits. Il y eut un long moment de silence, finalement brisé par le blessé. Cette fois là il s’exprima de manière parfaitement claire.

“Un masque. Je vais avoir besoin d’un masque.”

Comme un signe du destin, le guérisseur avait exactement ce que son patient réclamait dans sa sacoche. Après quelques minutes de réflexion, il haussa des épaules avant d’aller le chercher. Ce pauvre bougre en avait indubitablement plus besoin que lui.

Rihils revint au chevet du lit, avec en main un masque vernis et  immaculé. Un souvenir qu’il avait emporté de son séjour chez les elfes de Fondcombe il y avait des années de cela.

Sans que le guérisseur ne sache où il trouva la force pour lever ses bras, le capitaine s’empara de l’objet, laissant les traces rouge-sang de ses doigts. Il le contempla pendant de longues secondes. Alors une émotion bien évidente se manifesta sur  ce qui restait de son visage qui se fendit d’un large sourire.



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#GardeRoyale #Méared #Halgor #Bodvar

“Edoras en vue!”


Méared pointait du doigt en direction du sud où se reflétait  un point brillant sur la cime d’une colline: le Château d’Or de Meduseld. Ses compagnons poussèrent des cris de joie et éperonnèrent leurs montures, partant au galop vers la capitale qui ne leur avait jamais autant manquée.  

Un garde posté sur les remparts remarqua l’arrivée des cavaliers ainsi que la bannière de la Garde Royale fièrement brandie par Bodvar. Le soldat alerta alors ses supérieurs et l’annonce du retour des Gardes Royaux se répandit rapidement. Plusieurs autres gardes accoururent même à l’entrée de la cité pour accueillir leur frères d’armes qu’il ne croyaient plus revoir.

La clameur qui accompagna leur entrée dans la cité ne fut la source d’aucune fierté pour Eofend, qui se savait revenir en ayant échoué dans sa mission. Ses hommes étaient pour la plupart morts et le chef des brigands s’était non seulement volatilisé avec les artefacts mais s’était également révélé bien plus dangereux qu’il ne le pensait.

Une fois arrivés , Méared et Bodvar s’empressèrent de rejoindre leurs compagnons pour leur raconter leurs mésaventures tandis que Halgor s’éclipsa promptement pour retrouver sa famille. Eofend mit pied à terre et confia sa monture à un écuyer avant que la carrure imposante de Théféor ne se place sur son chemin. Le colosse affichait un grand sourire et administra une tape, plus violente que prévue, sur l’épaule du sous-officier.

“Content de vous revoir parmi nous Sergent. Le Capitaine vous attend dans ses quartiers pour que vous puissiez le faire votre rapport.”


Eofend fronça des sourcils. Ce genre de requêtes n’étaient pas du genre de Learamn qui préférait rassembler tous les acteurs d’une mission pour analyser son déroulé et ses conséquences. L’officier venait d’ailleurs le plus souvent à leur rencontre où les réunissait dans la salle commune. Une convocation dans ses quartiers n’avaient rien d’habituel; peut-être son état de santé ne s’était toujours pas amélioré.  Mais un ordre était un ordre et Eofend n’était pas du genre à les discuter. Il retira son casque et s’engouffra d’un pas leste dans les couloirs de Meduseld.

La porte était légèrement entrouverte et Eofend la poussa après avoir frappé. Visiblement il y avait eu un changement de décoration depuis la dernière fois qu’il était venu. La chambre était autrefois richement décoré selon les goûts luxueux du jeune capitaine, mais à présent les murs étaient totalement nus, le mobilier réduit au strict nécessaire et la pièce était à peine éclairée.

Learamn l’attendait, debout et droit derrière son bureau. Il portait son armure intégrale de Capitaine ainsi que sa longue cape verte  aux dorures rouges .  En le voyant se tenir ainsi Eofend fut soulagé de constater qu’il ne semblait plus souffrir de sa blessure au pied.

“Mon Capitaine, vous m’avez fait demander pour mon rapport.”

L’officier supérieur lui répondit alors d’une voix anormalement rauque.

“Je vous écoute Sergent.”


Le Capitaine de la Garde se retourna alors pour faire face à son subordonné.  A cette vision, Eofend resta médusé jusqu’à ce qu’il ne comprenne.  Ce n’était pas Learamn.

Stupéfait, il souffla:

“Wald…”



FIN

#Wald #Bodvar #Théféor
Sujet: "La Garde meurt mais ne se rend pas! Me*de!"
Learamn

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Rechercher dans: Isengard   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: "La Garde meurt mais ne se rend pas! Me*de!"    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 21 Nov 2018 - 18:03


Un mort-vivant.  C’était sûrement le mot qui définissait le mieux la silhouette alitée qui faisait face à Rihils. Mort car sur son visage calciné, tous les traits caractéristiques qui faisaient d’un homme une créature unique étaient partis en fumée. Vivant car sa poitrine se gonflait avant de retomber à un rythme régulier et que l’on percevait le sifflement de son souffle saccadé. Le guérisseur s’approcha précautionneusement de l’officier blessé pour constater l’ampleur des dégâts. Au cours de sa carrière il avait vu passé toutes formes de blessures dont certains cas désespérés ; il avait parfois réalisé de véritables miracles, d’autre fois il avait été impuissant. Ils ne comptaient plus ceux qui étaient mort sous sa responsabilité; il ne s’en souciait plus vraiment d’ailleurs. Cela faisait partie du métier. L’attachement sentimental aux patient rendrait son rôle insoutenable. Il n’était pas infirmier, mais médecin; ce qu’on lui demandait c’était de prodiguer des soins et dans ce domaine il était l’un des meilleurs, tout ce qu’il y avait autour ne le concernait pas.

Mais des cas comme celui-ci, il n’en avait que très rarement vu. Généralement lorsqu’un corps dans un tel état lui était amené il n’y avait plus rien à faire, le blessé était déjà mort. Sauf que ce capitaine était par il ne savait quel sortilège bel et bien en vie.  
Une odeur de putréfaction s’échappait de la peau brûlée de l’homme. Les infirmiers d’Isengard avaient fait ce qu’ils avaient pu avec leur connaissance et le matériel à disposition mais Rihils était sans nul doute arrivé à temps. Quelques jours en plus de cet état et l’officier aurait certainement succombé à une infection dûe à un traitement insuffisant des zones touchées. Il n’y avait plus une minute à perdre.

Le médecin posa sa sacoche sur la table la plus proche et commença à sortir ses instruments ainsi que différentes lotions dont les infirmiers locaux ignoraient jusqu’à même l’existence. Rihils ne s’était jamais défilé auparavant et il comptait bien tenter quelque chose pour sauver ce capitaine même s’il la tâche s’annonçait comme hautement ardue. A vrai dire, avant même d’avoir commencer  les doutes étaient déjà nombreux dans son esprit. Si même le meilleur guérisseur du royaume était assailli par le doute, quel espoir restait il ?
Il remplit une seringue d’un produit à effet sédatif pour endormir le patient mais alors qu’il s’approcha du lit pour injecter la lotion, le capitaine saisit fortement le bras de Rihils. Ce dernier, surpris, eut un mouvement de recul en cherchant à se dégager mais l’officier ne lâcha pas sa prise. Seul son bras avait bougé, le reste de son corps était toujours étendu sur le lit dans cet état intermédiaire entre vie et mort .

Un râle rauque s’échappa alors de ce qui restait de la bouche du capitaine, suivi de quelques mots à peine audible.

“Laissez-moi. Laissez-moi mourir en paix. Mourir...Laissez-moi.”

A bout de forces après avoir prononcé ces brèves paroles, le capitaine lâcha le bras de son médecin et laissa le sien retomber sur ses draps avec un bruit mou. Rihils en profita alors pour injecter le sédatif dans le bras de son patient qui se détendit instantanément.
Alors à l’aide d’un tissu imbibé d’autres lotions diverses, il entreprit de nettoyer les blessures de l’officier. Comme toujours il faisait ce qu’il avait à faire mais il ne semblait pas aussi serein qu’il en avait l’habitude. Les mots désespérés du capitaine hantaient encore son esprit.

----------------------------------------------

La nuit était tombée et une brise fraîche fut accueillie avec bonheur par les résidents d’Isengard qui avaient passé leur journée sous un soleil de plomb. Adossé contre un arbe, Eofend observait les alentours en silence. Le Garde Royal repensait évidemment aux évènements des derniers jours qui l’empêchaient encore de dormir sereinement. L’homme avait été traumatisé par l’horreur de ce qu’il a vécu. L'orgueil du soldat avait été blessé par la cuisante défaite infligée par de simples voleurs. Ils avaient échoué; ils avaient foncé tête baissée dans le piège qu’il n’avait pas été capable d’anticiper.  Le guerrier rohir ne savait pas exactement pourquoi ces artefacts volés chez le Bourgeois avaient une telle importance mais au vu des moyens déployés pour les retrouver ou les protéger, cela avait l’air de relever de l’affaire d’Etat. Une silhouette s’approcha dans la pénombre, instinctivement Eofend plaça la main sur la garde de son épée. Il avait toujours été d’un naturel extrêmement prudent et il avait conscience qu’il n’avait pas que des amis ici.

“Halte! Qui va là?
-Du calme Sergent ce n’est que moi. Et croyez moi, une fois n’est pas coutume, je ne suis pas en état de vous nuire.”

Méared fit encore quelques pas de plus pour que son supérieur puisse distinguer ses traits juvéniles à la lumière sélène.

“Bon sang Méared! Que fais-tu là ? Tu dois prendre du repos!
-J’ai dormi pendant trois jours; je pense que rester une minute de plus sur ce lit m’aurait tué. Mais content de vous voir aussi Sergent.”


Eofend ne put s’empêcher de sourire, finalement il n’était pas malheureux de voir le jeune Garde  Royale dont le dévouement et le sourire étaient constant. Le jeune homme, de toute évidence encore faible, s’assit sur le sol, le dos contre un immense tronc millénaire. Il avait un large bandage sur le crâne qui couvrait sa blessure et sa main droite était elle aussi entièrement bandée.

“J’imagine que vous ne les avez pas vu quand vous y êtes retourné?
-Qui donc?”


Méared leva alors sa main blessé.

“Mes trois doigts.
- Ah oui. Non je les ai pas vraiment cherché pour être honnête.
- Qu’importe, de toute façon qu’aurais-je pu en faire. Les encadrer? Vous savez sergent, c’est dans ces moments que je me dis qu’être gaucher a ses avantages.”

Méared laissa échapper un rire étrange,  à mi-chemin entre le cynisme et un réel amusement. Eofend s’assit alors à ses côtés et lui tendit un des quignons de pain qu’il était allé chercher un peu plus tôt aux cuisines pour son dîner. Les deux hommes se mirent alors à mâchonner leur repas en silence , trouvant dans cette maigre pitance un réconfort d’ordre bien primaire.

“Des nouvelles de Halgor?
-Oui. Maître Rihils s’est occupé de lui et il a dit qu’il pourrait le remettre sur pied. Il s’est même réveillé et a accepté un bol de soupe. Par contre le bougre est toujours aussi grognon.
-En même temps la situation n’aide  pas.
-Vous marquez un point.”


Cette fois le rire qu’échangèrent les deux hommes étaient dénués de tout cynisme et pour la première fois depuis l’horreur qu’il avait vécu Eofend ressentit un peu de plaisir  à partager ce repas et ces mots avec un frère d’armes.
---------------------------------------

A plusieurs centaines de mètres de là, Rihils, posté juste à l’entrée de l’infirmerie  observait la lune d’un air mélancolique. Le guérisseur était épuisé, depuis qu’il avait été dépêché d’Edoras sur ordre du Vice-Roi tout s’était enchaîné à une vitesse folle sans qu’il ne puisse avoir le temps de respirer. Depuis la chevauchée rapide jusqu’aux traitement des graves blessures des blessés en passant par une arrivée houleuse en Isengard; Rihils n’avait pas eu beaucoup de répit. Il profitait donc enfin de quelques minutes de calme et de la fraîcheur nocturne même si son visage fermé trahissait ses tourments.

La Lice, qui venait de finir son service pour la journée, rejoignit alors le guérisseur à son point d’observation.  Les deux hommes saluèrent silencieusement d’un mouvement de tête.

“Rihils. Maître guérisseur du Rohan. Votre réputation vous précède.
-Ansgar Osgarsson, Capitaine de la Porte d’Isengard, Chevalier de la Maison du Roi. Vos titres vous précèdent. Et puis la  Lice… franchement, qui donc t’as affublé de ce sobriquet ridicule?”


Les deux hommes se mirent alors en rire ensemble. Le militaire posa une main amicale sur l’épaule du médecin.

“C’est bon de te revoir après tout ce temps.”

En réalité, les deux hommes se connaissaient bien, très bien même. Originaire de la même bourgade située dans l’Eastfolde, ils avaient grandi ensemble avant que ne leur chemin se séparent. Ansgar embrassant une carrière militaire sur les traces de son père et Rihils partant en direction d’Edoras pour y apprendre l’art de la médecine. Leurs trajectoires s’étaient depuis retrouvées à plusieurs reprises notamment lorsque le guérisseur, encore  presque novice dans le métier, avait vu arriver son ami d’enfance sur un brancard à la suite d’un affrontement. Ce jour là il avait sûrement sauvé la vie de l’actuel officier qui lui devait dorénavant une inestimable dette: le prix de la vie.

“J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi  Mortensen s’est empressé d’envoyer une délégation si impressionnante pour quelques blessés. Je veux bien qu’il tienne à ses Gardes Royaus mais tout de même , nos guérisseurs ne sont pas non plus des amateurs.
-J’ai reçu mon ordre de mission Ansgar et je suis allé là où le devoir m'appelait sans trop poser de questions.

-D’ailleurs le fait même que ces  Gardes se trouvaient si loin de la capitale est plutôt inhabituel. Leur mission devait être à la fois importante et secrète pour que le  Vice-Roi se décide à envoyer sa Garde rapprochée. Le sergent Eofend m’a parlé d’une histoire d’artefacts mais il est resté très vague et je ne pense qu’il n’en sache d’ailleurs beaucoup.
Peut-être est ce aussi une démonstration de force de notre cher Vice-Roi? Qui sait?

-Ansgar
. Le coupa Rihils. Je t’en prie évitons les débats et querelles politiques de bas étage, tu sais très bien à quel point cela m’ennuie. Tout ce qui m’intéresse c’est que j’ai des soldats du Rohan blessés à soigner, voilà tout. Parfois il ne faut pas chercher trop loin, la vie n’en devient que plus savoureuse.

-Ah… tu as raison. D’ailleurs comment se portent les blessés? “


Rihils poussa alors un profond soupir; l’homme n’était pourtant pas du genre à dramatiser les choses ou à se laisser abattre mais cette réaction n’indiquait rien de bon aux yeux de l’officier.

“Que se passe-t-il?
s’enquit la Lice.
-Les Gardes devraient s’en sortir plus ou moins bien mais ce capitaine qu’ils nous ont ramené...Par les Valars! Je ne sais quelle cruauté céleste est à l’oeuvre mais je me demande ce qu’il fait encore en vie. Lorsque je me suis approché de lui il m’a supplié de le laisser mourir et au fond je me demande si ça n’est pas la chose à faire.
-Non mon ami. “


Le guérisseur leva un regard interrogateur en direction de son ami. Ansgar poursuivit d’un ton fier et galvanisant.

“Ecoute moi bien Rihils. Cet homme c’est un officier de l’armée du Rohan; pour en arriver là il a sûrement dû batailler de nombreuses fois et côtoyer la mort à de nombreuses reprises. Ceci n’est qu’un combat supplémentaire pour lui et on ne peut le laisser jeter les armes de cette manière. Tudieu! C’est un cavalier du Rohan, je refuse qu’il ne se batte pas jusqu’à son dernier souffle et toi Rihils, guérisseur de Meduseld, je te donne l’ordre de le ramener sur pied. Pour l’honneur du Rohan et de l’Ehoerë.”


Il y eut quelques secondes de silence durant lesquelles seul le vent léger qui faisaient bruisser les feuilles des arbres de Fangorn se fit entendre. Puis Rihils releva la tête, animé d’une détermination retrouvée.

“A vos ordres Capitaine.”
Sujet: Cache-Cache
Learamn

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Rechercher dans: Les Prairies   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Cache-Cache    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 24 Oct 2017 - 16:48
L’audace de Learamn avait fait son effet, en tenant tête au capitaine de l’éroed le jeune officier avait sûrement fait le bon choix même s’il n’était pas encore tiré d’affaire, loin de là.  Visiblement l’admiration que son interlocuteur vouait au Vice-Roi se voulait plutôt limité et la violence de ses propos envers Mortensen frappèrent Learamn de plein fouet. L’ancien maréchal avait toujours été un héros aux yeux du jeune homme, une figure emblématique et inébranlable qui rappelait les plus belles heures du royaume, et s’il savait bien qu’il avait parfois un peu tendance à idéaliser son supérieur qui cachait aussi des parts d’ombres, il n’aurait jamais pu se douter que des officiers de l’armée rohirrim le considèrent de la sorte après la chute d’Hogorwen et la Bataille des Trois Armées. Les mots étaient forts; accuser de traîtrise l’actuel Vice-Roi du Rohan pouvait porter à de lourdes conséquences. Learamn ignorait d’ailleurs à quoi il faisait allusion en parlant de parjure, jamais il n’avait eu vent de cela et il s’agissait sans doute d’un mensonge mais l’information avait tout de même réussi à se frayer un chemin jusqu’à son esprit et à s’y établir de manière assez durable pour pouvoir troubler le jeune capitaine de la Garde Royale. Quand bien même ces propos étaient véridiques, Gallen Mortensen n’en avait il pas fait assez pour justifier son rang. C’était lui qui avait par deux fois défendu Aldburg face aux armées de l’Ordre de la Couronne de Fer. C’était lui qui avait accueilli Fendor dans son fief quand Hogorwen voulait sa tête. C’était lui qui avait scellé le Serment d’Aldburg et précipité la chute du félon. Le capitaine qui lui faisait face avait-il oublié tout cela ou faisait-il simplement mine de ne pas s’en souvenir?


Cette discussion reflétait parfaitement le climat actuel qui régnait encore au sein du royaume suite à la fin de la guerre civile et la disparition du Rude Hiver. Le Rohan était toujours plongé dans le doute, pansant  ses blessures et tâtonnant vainement pour retrouver ses certitudes; le Roi était parti se terrer en Isengard, son Vice-Roi ne semblait pas bénéficier d’un soutien unanime de l’armée et  le prince Orwen était pourchassé comme du vulgaire gibier. Les alliés d’hier étaient devenus des concurrents. On ne faisait plus confiance à personne, et la méfiance était devenu désormais banale voire obligatoire.

Le capitaine répondit donc sans ambages à Learamn, le nommant cette fois par son grade égal au sien non sans une certaine ironie tout à fait explicite. C’était prévisible, un officier aussi expérimenté n’allait tout de même pas perdre la face devant tous ses cavaliers face à un bleu.

Si Learamn n’avait peut-être pas eu l’idée du siècle en parlant de Gallen Mortensen -quoiqu’en fin de compte et malgré ses propos insultants il n’avait  pas osé agir de manière rédhibitoire face à un envoyé du Vice-Roi- il avait toutefois réussit son pari, à savoir instiller le doute dans l’esprit de son interlocuteur qui, d’un coup, ne semblait plus aussi déterminé à poursuivre le petit groupe qui prenait la route d’Edoras.  Il ôta son casque et se présenta avant de demander au jeune homme d’en faire de même.Soudain la tension descendit d’un cran comme si le simple fait de voir le visage et de connaître le nom de celui à qui on faisait face apaisait magiquement les esprits. Les lances s’étaient légèrement baissés et Learamn entendit Eobal pousser un soupir de soulagement derrière son épaule.

Le jeune homme fit à nouveau faire demi-tour à son cheval pour faire face à son pair hiérarchique. L’autre capitaine était un homme bien plus âgé au visage profondément marqué par sa carrière militaire mais d’où se dégageait une certaine noblesse et droiture d’esprit; la confiance sans failles que ses cavaliers semblaient lui accorder était un autre d’indice de la valeur de cet homme. En quelques secondes “ La Lice” lui était devenu bien plus fiable et sympathique.  Ils ne partageaient sûrement pas les mêmes idées, en particulier concernant Orwen et Mortensen, mais quelque chose dans son attitude et le choix de ses mots témoignait d’une sincère fidélité au Rohan et en son Roi.  Il apparaissait comme un homme d’honneur, digne de revêtir cette armure et de ceindre cette épée et il demandait à Learamn de montrer qu’il en était aussi un. Il lui demanda de jurer par les noms, les noms de ceux qui étaient avant lui et de ceux qui seraient après lui. Il devait prometrre de ne pas savoir ce qu’il savait. Il devait mentir sur son honneur.

L’espace d’une fraction de seconde Learamn tressaillit intérieurement et faillit défaillir. La parole d’un homme était sûrement ce qu’il y avait de plus précieux chez son peuple où quasiment nul ne savait lire ou écrire et où tout passait à l’oral.  Son père lui avait toujours répété que donner sa parole c’était donner son âme, ne pas la respecter c’était damner son âme.

Mais ici c’était aussi l’avenir incertain du royaume qui se jouait.

“Je suis Learamn, fils d’Eolkar, Cavalier du Rohan et Capitaine de la Garde Royale. Sur mon nom, celui de mes ancêtres et ceux de mes descendants,  je jure aujourd’hui que je ne vous mens pas capitaine Osgar Angarsson. J’ignore à présent où se trouve Orwen Hogorwenson et je n’agis que pour l’intérêt du Rohan et de mon Roi.”


Des années auparavant Gallen Mortensen s'était parjuré pour l'intérêt collectif , à présent celui qui avait tant appris de lui agissait aussi de la sorte.

Il venait de condamner son âme pour sauver celle de son peuple.

#Lice #Osgarsson


+++FIN+++
Sujet: Cache-Cache
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Prairies   Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Cache-Cache    Tag osgarsson sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 8 Oct 2017 - 22:11
Il y eut un léger frémissement chez les hommes d'armes quand Learamn s'approcha de son interlocuteur, acceptant sciemment de rentrer dans son jeu et de répondre au défi qui lui était imposé. C'était une manœuvre audacieuse, à laquelle le capitaine inconnu ne s'attendait pas véritablement. Un éclair d'étonnement passa dans son regard, rapidement remplacé par la lueur sombre d'un homme qui n'avait pas l'habitude qu'on lui tînt tête. Il fronça les sourcils, et son casque cacha bien mal sa mâchoire qui venait de se serrer perceptiblement. Le crissement du cuir de ses gants refermés comme un poing redoutable sur les rênes trahit involontairement sa fureur intérieure, superbement contenue à l'extérieur. Il était resté parfaitement droit, parfaitement calme, et son souffle ne s'était pas emballé un seul instant. C'était paradoxalement beaucoup plus inquiétant…

La réponse cinglante de Learamn griffa l'égo du capitaine, et ses hommes parurent accuser le coup de voir un soldat si jeune parler ainsi à leur officier supérieur. Ils semblaient hésiter sur la marche à suivre. Devaient-ils intervenir pour punir l'inconscient de son audace, ou bien garder le silence et laisser leur capitaine répondre ? Que se passerait-il s'il perdait ainsi la face devant un blanc-bec qui venait à peine de cesser de téter les seins de sa mère ? Ils resserrèrent les rangs autour de leur meneur, jugeant plus prudent de ne rien dire, mais de manifester leur soutien en raffermissant leur emprise sur la hampe de leurs lances. Si mise à mort il devait y avoir, l'impudent et ses hommes n'auraient pas le temps de sortir leurs armes.

L'officier fit claquer sa langue d'agacement, avant de répondre :

- Je vois que nous avons affaire à un capitaine, fit-il avec une ironie si prononcée que Learamn devait la sentir lui chatouiller le nez. Un capitaine au service du Vice-Roi Mortensen, le grand héros… Le grand traître, oui ! Double traître même !

Il y eut une vague d'assentiment parmi les hommes qui composaient la troupe du cavalier. Appartenaient-ils au fidèle d'Hogorwen, ceux qui détestaient l'ancien Maréchal pour avoir réussi à détruire le pouvoir de l'Usurpateur ? Si tel était le cas, Learamn était dans une situation fâcheuse, et il risquait bien de payer de sa vie son désir de protéger l'avenir du Rohan. Un malaise s'installa parmi les hommes qui suivaient le jeune officier, tandis que le plus âgé reprenait d'une voix de stentor :

- Qu'on ne me parle plus de Mortensen ! L'homme qui s'est parjuré pour devenir Maréchal, et qui s'est de nouveau parjuré pour devenir Vice-Roi… Traître deux fois à son honneur, je ne le laisserai pas trahir à nouveau et s'opposer ouvertement à notre suzerain légitime, le roi Fendor…

Learamn ne voyait sans doute pas à quoi le capitaine faisait référence. En réalité, peu de gens savaient exactement ce qui s'était déroulé ce triste jour où tout avait basculé pour le Rohan. Un enterrement royal, qui avait scellé le destin de tout un royaume, en le plongeant dans les flammes. Gallen Mortensen avait été l'artisan de cette tragédie… Il s'était agenouillé devant Hogorwen, soi-disant pour préserver la concorde et éviter que le royaume ne fût divisé. En échange de sa soumission, il était devenu Maréchal de la Marche Est, et s'était imposé aux yeux de tous comme un grand homme, comme un sauveur et un guerrier de valeur. Mais ceux qui se trouvaient là ce jour maudit, ceux qui comme le capitaine au visage enfermé dans son casque avaient assisté à toute la scène, qu'avaient-ils reçu en échange d'une soumission contrainte ? Qu'avaient-ils conservé lorsque, triomphant, le nouveau Maréchal s'en était allé prendre son siège à Aldburg, en les laissant à la merci d'un roi tyrannique ?

La rage menaça de s'emparer du capitaine inconnu, alors qu'il se remémorait avec précision tout ce qu'on lui avait arraché après cet épisode malheureux. Idiot qu'il était, il avait encore trouvé le moyen de se convaincre que tout cela avait été fait dans l'intérêt du Rohan. Il ne pouvait pas voir Mortensen comme le héros qu'il était, car il connaissait la vérité, il savait dans quelles circonstances le champion du Rohan avait acquis sa gloire et son prestige. Les idéalistes à peine pubères comme Learamn n'avaient aucun droit à la parole. Aucun ! Encore un chien de compagnie que le désormais Vice-Roi utiliserait jusqu'à le briser, avant de l'abandonner purement et simplement. C'était ainsi qu'il fonctionnait. Mais toujours « pour le Rohan ». Quelle vaste fumisterie…

La réponse agressive du capitaine semblait avoir jeté un trouble certain sur Learamn et ses hommes, qui manquaient sans doute d'éléments pour tout saisir. A leurs yeux innocents, Mortensen n'était rien d'autre qu'un héros, bien entendu. La tension s'étant canalisée sur un élément sur lequel aucune des parties n'avait prise, le jeune officier en profita pour revenir à la question qui les occupait, à savoir Orwen. Il se devait de formuler une réponse, mais il ne pouvait pas réellement dire la vérité, et l'arrivée inopinée de nouvelles concernant le groupe qui allait à vive allure vers Edoras n'était pas bon signe. Mentir n'était pas quelque chose que l'on apprenait chez les Gardes Royaux, ni même au Rohan en général, mais il fallait bien s'y résoudre, et Learamn s'en sortit avec un certain brio. Il mentit avec tant d'aplomb qu'il instilla un doute chez le capitaine inconnu, lequel ne put s'empêcher de considérer la question avec attention.

Poursuivre le mauvais lièvre pouvait l'amener à se couvrir de ridicule, et pourtant il ne pouvait pas simplement abandonner la piste sur laquelle lui et ses hommes étaient depuis si longtemps. Pourtant, si Learamn disait vrai, alors il ferait mieux de ne pas diviser ses hommes de crainte que Orwen ne fît preuve d'entêtement si jamais ils le rencontraient. On racontait qu'il allait entouré de quelques fidèles, et il était difficile d'estimer leur nombre. Une éored pouvait sans doute les convaincre de se plier aux directives royales, mais qu'en serait-il s'ils divisaient leurs forces en deux ? Toutes ces questions passaient dans l'esprit du militaire, qui devait prendre une décision. Ses hommes l'attendaient.

- Pas si vite, capitaine !

Il avait arrêté le mouvement de Learamn alors que celui-ci faisait mine de partir, et il y avait dans son ton quelque chose qui ne trompait pas. La conversation n'était pas terminée, et elle ne s'achèverait que lorsqu'il l'aurait décidé. Le jeune homme se retourna pour voir le vétéran retirer son casque à cimier panaché, lequel dévoila un visage à la fois noble et austère. Des traits marqués par la guerre, par la souffrance… Quelqu'un qui avait vécu au plus près les combats atroces qui s'étaient produits au Rohan, et qui en était ressorti marqué à jamais. Toute une génération de Rohirrim devrait vivre avec les cicatrices, visibles ou invisibles, de cette guerre civile. Le guerrier coinça son casque contre sa hanche, et observa son cadet droit dans les yeux :

- L'unité est une gageure quand des hommes qui se prétendent de bien n'échangent pas leurs noms. Seuls les menteurs, les fourbes ou les conjurés refusent de dévoiler leur identité face à face…

Une pause.

- Je m'appelle Ansgar Osgarsson, fils de Cynbel, Chevalier de la Maison du Roi, Capitaine de la Porte d'Isengard.

- La Lice ! Lança brusquement un soldat, bientôt imité par tous ses compagnons.

Le Capitaine eut un sourire indéchiffrable :

- Tout le monde me connaît sous le nom de « La Lice ». Le Rempart du Rohan. Et maintenant, capitaine, votre nom, car au nom d'un homme sont adossés son honneur et sa vertu. Alors jurez par ces deux valeurs, sur le nom de vos aïeux et de vos descendants, que vous n'avez pas menti. Jurez-moi que vous ignorez où se trouve Orwen Hogorwenson.

#Osgarsson #Lice
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