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Sujet: [OUTRO IRL 18 ANS] Les racines profondes de l'Arbre Blanc
Forlong

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Bas de la Cité   Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [OUTRO IRL 18 ANS] Les racines profondes de l'Arbre Blanc    Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 11 Avr 2023 - 0:36


J’avais laissé les recrues repartir dans la directe du Chameau qui Tousse. De mon côté, je finis par trouver une porte menant vers une petite ruelle à l’arrière de l’Université. J’avais hésité à me diriger vers mes quartiers personnels, mais il était possible que des hommes de Lord Rhydon y soient postés pour m’espionner. Je devenais sans doute paranoïaque, mais si tout ce que Neige et Eradan disaient était vrai, les enjeux étaient trop importants pour prendre ce genre de risques.
Les pensées bouillonnaient dans ma tête. Sur qui pouvions nous compter? Mon ami le capitaine Esmer de Vigo était un homme honorable et digne de confiance, j’en étais sûr. Si les preuves contre Cartogan et Rhydon s'avéraient suffisantes, il nous soutiendrait. Mais si nous essayions de prendre les choses entre nos propres mains et d’arrêter le général et le directeur de force, il se rangerait très probablement du côté de l’ordre.

Dans tous les cas, la première chose à faire était d’assurer la survie et la sécurité de Neige et de ses compagnons. Une fois sûr que je n’étais pas suivi, je me dirigeai vers une planque qui se trouvait dans le grenier d’une vieille maison du Deuxième Cercle, au-dessus d’un atelier de serrurier abandonné depuis longtemps. Je l’avais acquise il y a quelques années, et seuls les hommes sous mes ordres directs en connaissaient l’existence.

Sur la route, je m’étais arrêté chez un des rares marchands en fonctionnement pour y acheter des provisions: du pain, de la viande salée, quelques bouteilles de bière et des pommes, le tout dans un cageot.

Heureusement pour moi, le bâtiment où se trouvait la planque n’avait pas souffert lors des émeutes. J’étais monté jusqu’au grenier pour y déposer les maigres provisions, et vérifier qu’il y avait un bon stock d’huile pour les lampes. L’espace était plus petit que les sous-sols de l’Université de Minas Tirith, mais serait sans doute plus sécurisé. Qui plus est, une trappe dans la cave permettait de rejoindre une maison voisine, offrant une issue de secours supplémentaire.

A l’intérieur d’une armoire, soigneusement protégés par du tissu huilé, j’avais trouvé quelques épées et arbalètes. Ce ne serait pas de trop pour les Chevaliers du Cor Brisé armés surtout de quelques poignards. Bien sûr, je ne pouvais pas traverser les rues de la Cité Blanche avec un arsenal sur le dos. Je me contentai d’attacher une arbalète dans mon dos et une épée supplémentaire à ma ceinture.

J’étais obligé d’attendre le crépuscule pour revenir vers l’Université. Mener discrètement un groupe entier à travers les rues de la cité aurait été pratiquement impossible en pleine journée. Heureusement, en hiver la nuit tombait vite, et bientôt je me dirigeai vers la grande bâtisse.

Quelques gardes de la Cité avaient tenté de m’interpeller, mais lâchèrent l’affaire en voyant la broche de capitaine de l’Arbre Blanc. Alors que les derniers rayons de soleil disparaissaient derrière les murailles de Minas Tirith, je fus pris d’un mauvais pressentiment. J’accélérai le pas.

La sueur perla mon front lorsque l’Université apparut à mes yeux. Les barricades sur la porte de l’aile gauche avaient été arrachées. Vérifiant que mon épée sortait facilement du fourreau, j’entrai dans le hall sombre. Personne. Mais la porte menant aux sous-sols était elle aussi entrouverte. Merde! Des émeutiers ou des gardes étaient-ils arrivés jusqu’ici? Peu probable.
Alors que je commençais à descendre les marches, mon pied se posa sur un morceau de bois. Un arc brisé en deux. Ce qui semblait être des bruits de combat résonnait dans le couloir. J’avais pris l’arbalète en main, en l’armant d’un carreau avant de continuer la descente de l’escalier en colimaçon.



Une scène de chaos total s’offrit à mes yeux. Aux pieds de l’escalier se trouvait le corps d’un homme que je reconnus avec horreur comme étant le second en commandement de Neige: #Réland. Le malheureux avait les mains attachées, et avait été poignardé lâchement dans le dos. Une exécution au sang froid.

Un incendie s’était propagé dans un coin éloigné de la pièce, sans doute à cause d’ingrédients alchimiques. La salle voûtée était baignée dans une lueur rouge, et une fumée âcre montait au plafond. Un véritable enfer.

C’était bien et bel mes recrues qui étaient là. Ils avaient donc trahi? Non, la situation était bien plus complexe que ça. Au centre de la salle se tenait Lord Rhydon en personne. Rapière à la main, il était élégant et dangereux comme une incarnation de la Mort. Il était entouré de deux soldats en armure d’assaut ainsi que…Edna Lestir.


Et pourtant, ces braves Syp et Timéon avaient pris le côté des Chevaliers du Cor Brisé, et affrontaient les hommes du Directeur! Quant à Judia, elle essayait de tirer tant bien que mal Hoshen, lourdement blessé, vers la sortie. Dos à l’escalier, elle faillit se heurter contre moi avant de se retourner. Je pus lire la peur dans son regard lorsqu’elle vit l’arbalète armée. Je tirai.
Le carreau vint se planter dans le torse d’un des sbires de Rhydon, qui s’écroula sans vie.

Le regard du Directeur croisa le mien pendant un instant. Il n’avait pas perdu son sang froid et un sourire moqueur déforma ses lèvres, mais ses yeux brûlaient de colère face à cette trahison.

Bien qu’en infériorité numérique, les hommes de Rhydon étaient très lourdement armés, tandis que les Chevaliers du Cor Brisé manquaient terriblement d’équipement. Avant que je ne puisse atteindre Rhydon, le brave chevalier Félian engagea le combat, armé seulement d’une longue dague. Le gagnant du tournoi du Pavot d’Or aurait sans doute remporté un duel contre le dirigeant de l’Arbre Blanc dans d’autres circonstances, mais le combat à la loyale ne s’appliquait pas ici. Rhydon n’avait pas hésité une seule seconde à profiter de sa portée supérieure et de la qualité de son acier. La rapière perça le coeur du chevalier, le tuant instantanément.

Le combat était brutal et fratricide. Alors que Judia essayait d’attaquer Edna en lui lançant une poudre noire à la figure, avec l’aide de Lithildren, Timéon et Syp nous avions réussi à abattre un des gardes du corps du directeur. Alors que j’affrontais le deuxième, les recrues avaient réussi à blesser Rhydon au bras.

L’affrontement se termina aussi brusquement qu’il avait commencé. D’un puissant coup de sabre oriental, Syp de Sora avait décapité Lord Rhydon. Le corps sans vie de leur employeur s’écroula sur le sol, sa main gantelée de noir tenant toujours sa rapière.

Les corps des hommes de Rhydon gisaient sur le sol. Tout comme Réland, Félian et d’autres chevaliers, ils avaient péri à cause des ambitions malsaines du Directeur et du Général. Je m’agenouillai à côté du corps à présent presque inerte d’Edna, notant une coupure noircie sur sa main. Elle était morte par le poison, peut-être même celui de sa propre lame.

Pris d’une colère soudaine, je donnai un coup de pied à la tête de Rhydon, l’envoyant dans les flammes qui continuaient d’envahir la pièce. Même si j’avais immédiatement regretté ce geste irrespectueux, mon amertume était terrible. La vanité de cet homme avait causé tant de destruction…

Avec l’aide des recrues, on ramena les corps du Directeur, de ses hommes et d’Edna dans les flammes.
Il fallait partir d’ici avant que la fumée n’attire la garde…Je m’adressai à mes recrues une dernière fois:

-Vous avez fait acte de courage et de loyauté à la Couronne aujourd’hui, en vous retrouvant face à un choix impossible et une décision lourde en conséquences. Nous devrons nous assurer que le sacrifice de Réland, Félian et des autres n’était pas en vain. La mort de Rhydon ne pourra pas rester secrète longtemps, mais j’espère que votre rôle oui. Retournez dans la Cité et occupez vous des blessures d’Hoshen. Aux yeux du reste de l’Arbre Blanc, vous avez été pris en embuscade par des émeutiers. De mon côté, je vais emmener Neige, Lithildren et les chevaliers dans un endroit sûr…Et si les choses tournent mal, je prendrai l’entière responsabilité pour la mort de Rhydon. N’oubliez pas. Si nous sortons vivants de cette histoire, ce sera un honneur pour moi de vous accueillir dans mon unité.

Il n’y avait pas de temps à perdre. Alors que je guidais Neige, Eradan, Lithildren et les autres vers ma planque, je jetai un dernier regard derrière moi, espérant qu’il ne s’agissait pas d’un adieu.

Une fois arrivé à la planque, un début de plan commençait à se former dans ma tête. Il y avait quelqu’un dans la Cité dont le sens de justice et de devoir ne céderait pas à la furie du Général Cartogan. Le Juge Marius Van Diesl était cet homme.



*** FIN ***

Sujet: Sur les pavés de la rébellion
Forlong

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les pavés de la rébellion    Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 20 Sep 2020 - 0:01
-Exact, il ne faut surtout par rester piqués là, sinon on va se faire découvrir. – Une note d’irritation se laissait entendre dans la voix de Neige. C’était inhabituel pour la Capitaine de l’Arbre Blanc, généralement si froide et dépourvue de toute émotion. Etait-ce parce qu’elle n’avait pas l’habitude de devoir partir en mission avec un groupe aussi hétérogène et composé à moitié de civils ? Ou peut-être que sa blessure encore très récente se faisait ressentir. – Chaque changement de tenue et chaque pause représente un risque d’attirer l’attention des soldats qui sont nombreux ici, nous sommes après tout près de la muraille extérieure de la Cité. Nous allons tenter d’entrer dans l’auberge dans nos déguisements, et comme Lithildren le dit, prétendre qu’un compagnon du chevalier est malade. Espérons juste qu’il jouera le jeu...


C’était sans doute une sage décision, car peu de temps après, ils virent une patrouille avancer dans leur direction. Alors que Nallus commençait à paniquer, Réland leur indiqua une grande bâtisse sur leur gauche. Le Pérégrin ! Le petit groupe traversa le seuil de l’établissement, disparaissant ainsi de la vue des soldats. Ils mirent un moment avant de s’habituer à la pénombre et pouvoir discerner les détails de la pièce. Le Pérégrin était rempli et bruyant, mais il ne s’agissait pas d’un ce ces établissements lugubres et dangereux que l’on pouvait trouver dans les ruelles de Minas Tirith. Une auberge qui portait le nom d’un hobbit devait après tout se caractériser par son aspect accueillant et chaleureux. Le Pérégrin était souvent le premier arrêt pour les voyageurs arrivant dans la Cité Blanche.

Neige pointa discrètement du doigt une table à laquelle se trouvait un homme solitaire aux cheveux longs. Il portait un tabard jaune orné d’un dragon rouge, et sirotait une coupe de vin, pensif.


Ils s’approchèrent de lui jusqu’à ce qu’il lève les yeux, surpris de voir quatre guérisseuses devant lui.

-Sir, nous avons reçu votre message sur votre compagnon malade. Nous sommes venues aussi vite que possible. Où se trouve le malade ?


-Mon compagnon.. ? Je..

Le regard perplexe du chevalier se tourna vers le petit objet que Neige avait dissimulé dans la paume de sa main, afin que seul lui puisse l’apercevoir. Il s’agissait d’une broche en forme de l’Arbre Blanc. Il leva à nouveau les yeux, toujours autant surpris, avant de reconnaitre le visage de Neige sous la coiffe.

-Euh oui, vous pouvez me suivre dans ma chambre...le blessé...le malade s’y trouve.


Le chevalier se leva et invita les quatre aventuriers à le suivre d’un geste de la main. La scène ne passa pas inaperçue, et quelqu’un fit une remarque salace sur ce que l’homme allait faire avec quatre guérisseuses dans sa chambre, ce qui suscita une vague de rires. Félian, rouge écarlate, ne répondit pas à la provocation et disparut dans l’escalier menant à l’étage du Pérégrin.
Lorsqu’ils se retrouvèrent dans sa chambre, il se tourna vers Neige, visiblement énervé :

-Capitaine Neige, qu’est ce que vous faites-là ? C’est quoi ces tenues, et cette histoire de compagnon malade ?! Mais qu’est-ce que...

Le chevalier resta bouche bée lorsqu’il vit Nallus et Réland enlever leurs coiffes.

-Félian...excusez-nous pour cette ruse étrange mais l’heure est grave et nous sommes en danger. Le temps presse alors je vais être très directe. Une fois de plus, une menace invisible met le Gondor en péril. Malheureusement, détruire la Couronne de Fer n’a pas suffit pour débarasser le royaume de la corruption. Plusieurs sources sûres, dont le professeur Nallus ici-présent ont confirmé une vérité terrible. Le Général Cartogan n’est pas l’homme qu’il prétend être, et compte utiliser son influence ainsi que la présence de ses soldats dans la Cité Blanche à ses propres fins et pour prendre contrôle du royaume. Qui plus est, il est soutenu par le Directeur de l’Arbre Blanc Lord Rhydon, qui mène une purge dans les services et les soumet entièrement à l’autorité de l’armée, et donc du Général. Le Professeur Nallus a été emprisonné à cause de cette découverte; la même raison pour laquelle l’ancienne Tête de l’Arbre Blanc a choisi de s’exiler. Les limiers de Rhydon sont à nos trousses, il souhaite nous éliminer avant que le secret ne soit dévoilé. Nous ne savons pas à qui faire confiance, hormis quelques fidèles et...et vous. Félian, le Cor Brisé a combattu vaillament contre la Couronne de Fer dans les plaines du Rohan, dans le port de Pélargir et sur les terres lointaines de Rhûn. Si Cartogan et Rhydon ne sont pas arrêtés, cela aura été en vain. Dans le meilleur des cas, le Gondor deviendra un royaume sous dictature militaire, sans aucun contrepoids à la toute-puissance du Général. Dans le pire...chaque opposant de Cartogan sera éliminé, et qui sait dans quelle guerre inutile le Royaume sera attiré. Nous avons besoin d’alliés pour arrêter Rhydon et Cartogan. Je ne sais pas encore si nous pouvons trouver un tribunal honnête qui les jugera de manière juste, même si je pense que l’Intendant Alcide d’Illicis est un homme de confiance. Ce que je sais c’est que Rhydon et Cartogan ne se soumettront pas volontairement à un jugement. Nous sommes venus demander l’aide du Cor Brisé.


Félian faisait partie des Chevaliers du Cor Brisé les plus raisonnables ce qui, en plus de ses talents de bretteur, lui avait valu une place dans l’entourage proche d’Eradan ainsi que le commandement du groupe des chevaliers envoyé pour éliminer les restants de la Couronne de Fer à Pelargir.

-Par la barbe d’Elessar ! Je n’ai jamais aimé la décision de Cartogan d’interdire le port d’armes à Minas Tirith et d’y installer une garnison permanente aussi importante, mais de là à dire qu’il s’agit d’un traître...Si c’est vrai, le Gondor est réellement en danger. Mais sans vouloir remettre en cause la véracité de vos paroles, Capitaine Neige, est-ce que vous avez des preuves... ? Qu’est-ce que vous avez découvert sur Lord Rhydon et sur le Général qui les qualifierait des traîtres ?
Neige se tourna vers Lithildren. La Capitaine de l’Arbre Blanc ainsi que Réland ne seraient pas les mieux placés pour rassurer le chevalier, il y avait un rapport beaucoup trop direct entre eux et Lord Rhydon. Les elfes après tout étaient reconnus pour leur sagesse et honnêteté.


Les paroles de Lithildren furent apparemment suffisantes pour convaincre Félian. Il se redressa, une étincelle dans les yeux.

-Il n’y a pas de temps à perdre. Je pars avant la fin de la matinée en direction des collines d’Emyn Arnen pour prévenir Eradan de la situation. La décision lui appartient mais le connaissant il ne refusera pas son aide au Gondor. Néanmoins, je ne suis pas certain qu’il approuvera de vos méthodes, cela reste à voir. Si tout se passe comme prévu, nous serons de retour à Minas Tirith dans quelques jours. Tâchez de rester à l’abri du danger jusqu’à là. Bien qu’il y ait une chose que vous pourriez faire pendant ce temps-là. Avec mes compagnons nous pourrons rentrer dans la Cité Blanche, mais nous serons obligés de laisser nos armes à la Grande Porte. Sans armes, nous ne pourrons pas arrêter Lord Rhydon ni le Général, alors que la ville grouille de soldats. Allez à la Maison des Compagnons et trouvez un des forgerons ; il s’appelle Cadrach. Dites lui que le Cor Brisé sonne à l’aide et qu’il faut des lames pour défendre le royaume. Il vous donnera les armes dont nous aurons besoin. Dites-moi juste le point de rendez-vous pour quand je serai de retour.

Une fois le point de rendez-vous convenu, Félian se mit à préparer ses affaires pour le voyage qui l’attendait. A peine une demi-heure s’écoula avant qu’il ne soit prêt pour le départ. Le charismatique chevalier leur souhaita bonne chance et partit dans la direction des écuries.

-Vous aviez raison, Neige, ces hommes du Cor Brisé sont assez incroyables – Nallus se gratta le menton, pensif - Tout abandonner d’un instant à l’autre pour partir en mission périlleuse. Si les chevaliers que Félian nous ramènera seront pareils que lui, nous aurons peut-être une chance face au général ! Mais en attendant, nous avons quelques jours pour nous préparer, et surtout rester à l’abri des hommes de Lord Rhydon. Quelle est la prochaine étape ?

Ce fut Réland qui prit la parole, tout en regardant par la fenêtre de la chambre de Félian.

-Professeur Nallus, vous aviez parlé d’un faussaire incarcéré et retrouvé mort pendant votre séjour en prison...Kaj Olson. Ce nom est connu de l’Arbre Blanc, nous avions un dossier sur lui suite à l’histoire de la tentative de cambriolage au trésor royal. Son atelier se trouve dans le Premier Cercle de la Cité, pas loin d’ici. Si vous pensez qu’il peut y avoir un lien entre le faussaire et Cartogan alors nous devrions enquêter. D’après ce que Félian nous a dit, Eradan tiendra peut-être à ramener le général devant un tribunal ; si c’est le cas, nous allons avoir besoin de quelque chose de concret contre lui.


Neige acquiesça, et regarda autour d’elle pour vérifier si Nallus ou Lithildren avaient quelque chose à rajouter.

-Il ne reste plus qu’à sortir du Pérégrin...Eviter la porte principale serait la meilleure option, mais je ne sais pas si c’est possible.

Le sens de l’observation de la Capitaine était clairement affaibli par sa blessure ; elle avait besoin de toute son énergie pour jouer son rôle et rester debout.

Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, Réland les mena à travers les rues de plus en plus remplies de la Cité. Bientôt, ils s’enfonçèrent dans le réseau des galeries abritées creusées à l’intérieur du Mindolluin. Il faisait plus frais ici, et seules les quelques ouvertures taillées dans la roche lassaient passer la lumière du jour.

-C’est ici je crois...

Réland s’arrêta devant une porte qui ne payait pas de mine. Il n’y avait pas d’enseigne ni de vitrine, juste un symbole gravé dans le mur, représentant deux plumes identiques côte-à-côte. Vérifiant qu’il n’y avait personne dans les alentours, le second de Neige crocheta discrètement la porte. Ils pénètrerent dans l’habitation, et Nallus referma la porte derrière eux. Ils se retrouvèrent soudainement plongé dans l’obscurité totale. La sueur perla le front du professeur, qui ne se sentait clairement pas à l’aise dans ces conditions qui lui rappelaient un peu trop la prison de Minas Tirith. Neige chuchota :

-Lithildren, vous pouvez voir dans le noir, non ? Trouvez-nous une lampe à huile ou une torche...

Alors que le petit groupe restait près de la porte, l’elfe fut obligée de s’enfoncer plus profondément dans l’atelier étrange creusé dans la montagne. Etonnement, elle ne trouva aucune torche ni lampe près de l’entrée, et dut traverser une deuxième porte avant de se retrouver dans une autre pièce. Elle y vit une bougie éteinte dans un bougeoir en métal. Un autre objet attira son attention, il s’agissait d’un livre ouvert, ou plutôt un cahier des notes rempli d’écriture chaotique et de croquis étranges.

Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! Livren10

Avant qu’elle ne puisse se pencher dessus, Lithildren entendit un bruit, comme le grincement du parquet sous une paire de bottes. Le bruit venait du fond de la pièce, donc de la direction opposée par rapport à celle de ses compagnons. Un choix s’offrait à l’elfe mais elle n’avait qu’un instant pour se décider. Se cacher ? Appeler ses compagnons à l’aide ? S’attaquer au personnage mystérieux dans le noir ? Signaler sa présence.. ?

#Neige #Réland #Nallus
Sujet: Sous l'œil d'Oromë
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Sanctuaire   Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sous l'œil d'Oromë    Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 27 Mar 2020 - 19:29
Lithildren s'était enfermée dans sa chambre, incapable de prononcer plus de quelques phrases. La guerrière immortelle paraissait abattue, épuisée, pour ne pas dire désespérée. La situation était critique, et elle se trouvait enfermée dans la noble cité de Minas Tirith alors qu'elle aurait très certainement préféré parcourir le monde et goûter à la liberté que son peuple méritait plus que tout autre. Ses compagnons n'avaient pas dit mot en la voyant faire, conscients que chacun devait affronter cette épreuve à son rythme, et que le silence et le calme étaient parfois des remèdes plus efficaces que tout ce que la médecine du monde avait à offrir.

Alors, l'Elfe s'endormit d'un sommeil agité mais néanmoins réparateur. Ses compagnons, quant à eux, restèrent parler jusqu'au petit matin. Le gardien du Sanctuaire, notamment, voulait entendre toute l'histoire, et Nallus lui en fit un résumé tout à fait exhaustif à partir de ce qu'il savait. Reinil intervint par touches pour apporter des éléments de réflexion supplémentaires, afin de mettre au courant leur nouvel allié.

- La situation est plus grave que nous le pensions, fit-il en guise de conclusion. Le monde court un grand danger, nous le pressentions, mais nous n'avions pas identifié la menace. Si le général est un traître, alors le Gondor est en péril, et plus largement l'ensemble des Peuples Libres. Nous devons agir.

- Oui, répondit Réland, mais comment ? Nous n'avons pas les ressources pour inquiéter Cartogan, ni d'ailleurs les hommes nécessaires. Aucun de nos anciens alliés n'est sûr, et quand les troupes du général comprendront que nous sommes retranchés ici, elles n'hésiteront pas à venir nous en déloger.

Le vieil homme leva la main pour rassurer son interlocuteur :

- Pour l'instant, le Sanctuaire est sûr. Le général réfléchira à deux fois avant de forcer l'entrée de la demeure des Valar, et cela nous offre la ressource la plus précieuse qui soit : le temps. Le temps pour vous de vous reposer, et pour nous de trouver quoi faire. Laissez-moi vous aider.


~ ~ ~ ~


Reinil n'avait pas voulu réveiller Lithildren, mais il avait bien involontairement fait un peu trop de bruit en circulant dans la pièce, et l'Elfe était sortie de son sommeil pour son plus grand malheur. Confus, il s'approcha d'elle en s'excusant platement :

- Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous déranger… J'apportais seulement un peu de bois pour entretenir le feu dans votre chambre. Il me semblait bien qu'il en manquait hier, et je ne voulais pas que vous preniez froid.

Il dévisagea celle qu'il pouvait désormais appeler son amie, et lui trouva meilleure mine que la veille. Elle s'était débarrassée du sang et de la crasse, qu'elle avait remplacée par un air fatigué qui semblait ne pas vouloir la quitter. Reinil, comprenant qu'elle avait besoin qu'on prît soin d'elle, lui fit signe de rester allongée :

- Je m'occupe de tout.

Il lui adressa un sourire plus brillant que le soleil qui pointait derrière les rideaux, et s'éclipsa avec la diligence du plus zélé des servants, laissant Lithildren seule avec ses pensées pendant quelques temps. Par la fenêtre, elle voyait le jour se lever tranquillement sur la Cité Blanche, elle entendait les oiseaux qui chantaient, et tout cela semblait particulièrement idyllique si l'on faisait abstraction des événements de la veille. La chasse, la course effrénée, le combat, le sang versé… Tant de violence qui semblait disparaître sitôt que le jour revenait, comme si la lumière nettoyait leurs crimes pendant quelques heures, leur offrant un répit qu'ils n'osaient même pas demander.

Reinil refit son apparition, portant un repas simple mais chaud. Du pain moelleux, un potage, un morceau de fromage et quelques fruits. De quoi requinquer l'Elfe, à défaut de transcender ses papilles qui s'étaient depuis longtemps habituées à la frugalité. Le Sanctuaire n'était de toute façon pas un lieu dans lequel on trouvait le luxe et le faste des grandes demeures seigneuriales. Il s'agissait d'une maison simple, ouverte et accueillante où chacun pouvait trouver refuge s'il le souhaitait.

- Allez-y, mangez. Mais ne vous brûlez pas.

Le petit ange qui virevoltait autour de Lithildren en veillant à ce qu'elle ne manquât de rien était adorable, et désormais qu'il avait quitté son rôle d'élève modèle, il se révélait tel qu'il était vraiment : un trop jeune garçon qui s'efforçait de faire plaisir à ses modèles. Au professeur Nallus, tout d'abord, qui incarnait la toute-puissance de la connaissance. A Lithildren, ensuite, qui représentait les valeurs de courage et de loyauté desquelles il se sentait proche. Elle l'inspirait plus qu'elle ne pouvait le concevoir, et il voyait dans sa fragilité une preuve supplémentaire de sa force. Après tout, n'était-ce pas en affrontant l'adversité même alors que la vie vous mettait un genou au sol que l'on trouvait en soi-même une résilience insoupçonnée ?

Même à terre, il savait que Lithildren n'abandonnerait jamais.

Il laissa patiemment l'Elfe se sustenter, et en profita pour aérer la chambre, laissant pénétrer la lumière à l'intérieur de celle-ci. Le garçon s'affairait efficacement, et en silence, donnant tout l'espace nécessaire à son héroïne pour se préparer.

Quand elle fut prête, il la conduisit auprès de leur hôte.


Le vieil homme les attendait dans sa tenue habituelle, assis dans un épais fauteuil, son bâton de marche posé nonchalamment en travers de ses jambes. En voyant arriver Lithildren, il se leva péniblement, et lui tendit la main pour la saluer :

- Bon jour, très chère. J'espère que vous avez pu apprécier votre nuit au sein du Sanctuaire. Vous êtes sous la protection des Valar, et ici nul mal ne peut vous atteindre. Vous êtes Lithildren, c'est cela ? Je suis ravi de vous rencontrer.

Sa voix était étonnamment claire pour un homme de son âge, dont le corps semblait désormais fatigué. Il était affecté par ce mal très humain que l'on appelait la vieillesse, mais son esprit demeurait vif et il avait un certain charisme qui ne laissait pas indifférent.

- Vos amis m'ont raconté beaucoup de choses hier soir. Des choses tout à fait étonnantes. D'autres, je dois l'admettre, beaucoup plus inquiétantes. Vous avez traversé les flammes de la guerre, et vous en êtes revenue pour nous apporter votre aide précieuse. Ceci, en revanche, me semble être un motif d'espoir. Qui peut dire où nous serions sans votre arrivée ?

Il marquait un point. Si Lithildren était encore largement affectée par les combats, les fuites et les morts qu'elle avait dû abandonner tout au long du chemin, il était difficile de ne pas voir sa venue comme une bénédiction. C'était elle qui avait survécu à Ost-in-Edhil, c'était elle encore qui avait retrouvé Gilgamesh, qui s'était rendue à Minas Tirith et qui avait délivré Nallus d'un sort incertain, pour lui permettre de lutter aux côtés de toutes les âmes de bonne volonté contre l'influence du général Cartogan.

Pour terrible que fussent ses expériences les plus récentes, que se serait-il passé si elle était morte dans les souterrains de la cité elfique ? Le monde aurait-il été meilleur pour autant ? Le gardien du Sanctuaire semblait avoir sa réponse, et il voulait la communiquer à Lithidren : grâce à sa présence, ils avaient une chance de changer les choses.

- Je devine que vous vous blâmez, fit-il en repensant à sa réaction auprès de Neige, toujours convalescente. Ne soyez pas trop dure avec vous-même, souvenez-vous que même les princes, les rois et les immortels peuvent être dans l'erreur. Même les Valar, dans leur grande sagesse, sont imparfaits.

Il eut un sourire songeur, indéchiffrable, et revint à des choses plus pressantes.

- Il ne m'appartient pas de me mêler des affaires des hommes au pouvoir, Lithildren, mais ce Cartogan est une menace bien trop grande pour être ignorée. Vous même, Elfe de votre état, avez choisi de vous engager pour défendre la cause des Hommes. Vous savez donc de quoi je parle. Nous avons tous une responsabilité individuelle de nous dresser face à l'adversité, si nous voulons chasser le mal qui nous corrompt.

Il emmena Lithildren marcher quelques pas, et fit signe discrètement à Reinil de ne pas les suivre. Jusqu'à présent, le garçon avait écouté en silence, légèrement en retrait, attentif aux paroles échangées comme s'il écoutait une leçon. Il hocha la tête avec obéissance, mais un brin de déception le saisit alors qu'il jetait un regard désespéré à l'Elfe. Il aurait voulu être à ses côtés. Le gardien du Sanctuaire l'emmena plus loin, sous la voûte impressionnante du Sanctuaire. Les lieux étaient raffinés, d'une beauté simple et pure qui semblait traverser les âges. Le vieil homme allait lentement, prenant appui sur son bâton pour économiser ses forces, sans pour autant renvoyer une impression de faiblesse. Ce paradoxe était curieux. Il observait les fresques sur les murs, qui renvoyaient à des épisodes de l'histoire depuis longtemps oubliés.

- Je vous devine égarée, Lithildren. Il en est ainsi quand on passe trop de temps à arpenter cette terre, sans savoir où est notre destin. Parfois, ce sont les petits riens qui nous maintiennent en vie, qui nous donnent de l'espoir. L'amour, notamment, est une force contre laquelle on ne peut rien. Je l'ai appris d'un vieil ami…

Une pensée fugace passa dans son esprit, lui tirant un petit sourire amusé.

- Souffrir d'amour est incroyablement douloureux, mais l'amour a plusieurs formes. Il s'incarne dans des êtres que nous n'aurions pas cru rêver d'aimer un jour, et parfois nous surprend. Reinil, par exemple…

Il marqua une pause, laissant le temps à l'Elfe de comprendre où il voulait en venir.

- Ce garçon vous aime, c'est évident. Pas de cet amour adulte, qu'il ne connaîtra que plus tard, quand il aura tiré le nez de ses livres et de ses plumes. Mais il vous aime, comme un fils aimerait sa mère. Par amour, il se trouve ici, risquant sa vie pour défendre le Gondor… Il ne connaît ni l'épée ni la lance, et pourtant il tiendrait tête à dix chevaliers pour défendre votre vie. Voyez Réland, il faudrait être aveugle pour dire qu'il n'aime pas Neige. Avec un bras valide, il est prêt à défier Cartogan en personne et à mourir pour cette noble cause.

L'espion avait révélé toute sa fragilité la veille au soir devant le corps inanimé de Neige, et il avait fendu le cœur de ses compagnons, qui l'avaient entendu sangloter doucement la nuit dernière. Personne n'en dirait mot, respectant pudiquement son chagrin, mais une telle dévotion était admirable. Le gardien revint à Lithildren :

- Ce Reinil, je crois que vous l'aimez aussi, au fond. Un jour, nous pourrons parler de stratégie, nous pourrons parler de comment défaire Cartogan, comment échapper à ses sbires et protéger le Gondor. Aujourd'hui, cependant, nous parlerons du pourquoi. Du sens à donner à tout ceci. Si vous aimez ce garçon, dites-le lui, et servez-vous de cet amour pour chasser les nuages qui pèsent sur votre vie. Vous aurez besoin d'avoir l'esprit clair pour affronter les dangers qui se dressent devant nous.

Il leva la tête vers le plafond, et resta un moment à le contempler. Ce qu'il n'osait pas dire à Lithildren, c'était qu'il ignorait de quoi l'avenir serait fait. La mort pouvait les frapper à tout moment, et même s'il était convaincu de l'inviolabilité du Sanctuaire, il ne pouvait pas imaginer que Cartogan resterait passif. Les Eldar étaient destinés à voir leurs esprits perdurer dans les Terres Immortelles, mais s'il advenait quelque chose à Reinil… Si par malheur la mort venait le cueillir, alors Lithildren le perdrait à jamais.

#Nallus #Reinil #Réland #Neige
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag réland sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Juil 2019 - 1:49
Une simple poupée de chiffon, un pion.

C'était tout ce qu'était Lithildren dans cette histoire plus grande qu'elle.

La Cité Blanche était un labyrinthe dans lequel se mêlaient amis et ennemis, et elle y serpentait sans trouver la sortie, incapable d'échapper à l'étroitesse des lieux, à cet inconfort permanent, à la sensation d'être suivie quoi qu'il advînt. Des hommes qu'elles ne connaissait pas cherchaient à l'aider ou à la tuer, à la guider ou à la perdre. Seule sa raison et son intuition pouvaient l'aiguiller sur ce chemin imprévisible, alors que ses objectifs initiaux se faisaient toujours plus lointains.

Sauver Nallus. Sauver Chance. Sauver la Terre du Milieu.

Chaque pas en avant la rapprochait-elle d'un de ces buts ? C'était ce qu'elle devait continuer à croire, malgré tout. L'homme blessé, appuyé lourdement sur elle, eut un sourire amusé en entendant les menaces de la guerrière. De toute évidence, ce n'était pas la première fois qu'on lui promettait de telles choses, et il ne se souciait plus guère d'être effrayé ou inquiet de son sort. Il avait survécu jusqu'ici, et rien ne lui indiquait qu'il n'en serait pas de même cette fois. Il répondit péniblement :

- Je m'en doutais. Mais ne vous inquiétez pas, je n'ai pas prévu de vous doubler.

Et il ne mentait pas.

Lithildren avait fait le bon choix en faisant confiance à cet homme, qui la conduisit à travers les ruelles du premier cercle. La plupart des soldats se concentraient sur les remparts, et tournaient leur attention vers l'extérieur, si bien qu'ils n'eurent pas vraiment à faire d'effort insurmontable pour échapper à leur surveillance. Les gardes en armure étaient repérables à des dizaines de mètres grâce au bruit de leur lourd équipement qui claquait sur le sol comme s'ils étaient venus en frappant des casseroles les unes contre les autres. Il suffit au trio de s'abriter intelligemment pour laisser passer les patrouilles, avant de reprendre la route. L'homme finit par s'arrêter devant ce qui semblait être l'entrée d'une cave, à l'arrière d'une maison que rien ne semblait distinguer des autres. Il fit signe à l'Elfe et au jeune garçon d'attendre en retrait, et s'avança en titubant pour toquer à la porte selon un code pré-établi.

Tant de mystère, tant de détours pour en arriver là.

Telle était la vie de Lithildren, désormais, condamnée à ramper dans les ombres.

Trois secondes plus tard, la trappe s'ouvrit, et on les invita à entrer. Reinil eut un moment d'hésitation, perplexe à l'idée de suivre un inconnu dans ce qui s'apparentait à un tunnel obscur. Cela ressemblait grandement à un piège, mais ils n'eurent d'autre choix que de suivre leur guide dans les ombres, en priant pour ne pas tomber nez à nez avec un bataillon de soldats de Cereis prêt à les arrêter… ou pire. En réalité, ils descendirent le long d'un petit escalier vers ce qui semblait être une salle aménagée, où se trouvait une demi-douzaine de silhouettes. Des combattants, à n'en pas douter, éclairés par la lueur fade de quelques bougies distribuées ici ou là. Ils faisaient cercle autour d'un chef que Lithildren et Reinil n'eurent aucun mal à reconnaître :

- Neige… souffla le garçon sans cacher son soulagement.


La femme aux cheveux blancs se permit un sourire, mais son regard était fatigué, comme si elle avait passé les deux derniers jours à se cacher, à lutter, à combattre pour sa vie. Elle semblait indemne, même si son visage se crispait quand elle bougeait un peu trop rapidement. Tout du moins elle était en vie.

- Vous avez réussi à venir jusqu'ici. Merci d'avoir ramené Réland en vie également, nous n'aurions pas supporté de le perdre.

L'intéressé répondit par un signe de gratitude de la main, mais il s'assit et laissa deux des hommes dans la pièce se pencher sur son cas, et essayer de réparer son bras. Pendant ce temps, Neige prit le contrôle de la conversation, parlant lentement pour essayer de véhiculer toutes les informations qu'elle avait à transmettre sans rendre son propos confus :

- Lithildren, je vous présente les seules personnes en lesquelles vous pouvez avoir une confiance absolue dans cette cité… Les seules personnes qui seront prêtes à aller jusqu'au bout pour vous aider à accomplir votre mission. Ces hommes sont fidèles au Gondor, et à notre cause.

Elle marqua une pause. Ils n'étaient qu'une poignée, mais dans leur regard on lisait une détermination à toute épreuve. Nul doute que ces combattants donneraient leur vie s'il le fallait, et il y avait fort à parier qu'ils ne survivraient pas tous à ce qui allait suivre. Déjà deux d'entre eux – Neige et Réland – étaient blessés, et avaient dû affronter des ennemis cachés dans la Cité Blanche. Les autres seraient probablement pris pour cible dès qu'ils se révéleraient au grand jour. Les armes, théoriquement interdites dans les rues par l'ordre du général Cartogan, étaient pourtant sorties et prêtes à tuer. Le sang avait coulé, et désormais il n'était plus possible de faire machine arrière.

- Vous avez été honnête avec moi jusqu'à présent, et c'est à mon tour désormais de vous confier la vérité. Tout ceci est parfaitement secret, mais vous devez le savoir pour comprendre à qui vous avez affaire. Nous appartenons tous à la branche spéciale de l'armée du Gondor : nous sommes en charge de toutes les missions délicates d'espionnage, d'infiltration, d'assassinat… Toutes les choses que l'armée régulière ne peut accomplir, nous le faisons, et bien plus encore.

Reinil ouvrit des yeux ronds. Il avait bel et bien entendu parler d'hommes au service du Haut-Roy, qui travaillaient incognito à des missions spéciales, mais jamais il n'aurait pensé en rencontrer un. Encore moins tout un groupe, et être lié à eux d'une manière qui rehaussait tout à coup l'intérêt de sa présence ici. Il avait l'impression de vivre un rêve de gosse, sans très bien mesurer le danger qu'une telle révélation représentait. En effet, si Neige s'ouvrait ainsi à Lithildren, elle prenait le risque de voir la jeune femme les trahir involontairement, sous la torture par exemple. Cela signifiait qu'elle attendait de l'Elfe le même degré d'engagement que le reste des espions. Ou plutôt, elle l'exigeait.

La situation était trop grave pour laisser le choix à quiconque.

La neutralité n'était plus une option.

- Nous sommes de ceux qui pensent que notre mission est de protéger le royaume, même contre lui-même. Cependant, certains parmi nous ne partagent pas cette vision, et considèrent que le professeur Nallus, que vous-mêmes et ce que vous savez, constituent une menace pour la sécurité du Gondor. A leurs yeux, vous êtes des traîtres, des fauteurs de troubles. Et nous, qui croyons dans votre bonne foi, ne valons pas mieux.

Elle marqua une pause, en plongeant son regard glacé dans celui de Lithildren. Il y avait chez Neige une forme d'amertume teintée de rage. Traquée, considérée comme une renégate dans son propre royaume, elle était piégée au sein de la ville qu'elle considérait comme son foyer aujourd'hui. Elle observait l'Elfe comme si cette dernière était la seule à pouvoir comprendre ce qu'elle ressentait. Ce sentiment indescriptible quand un prédateur se changeait en proie, et devenait l'ennemi de son propre peuple. L'espionne poursuivit :

- Alors ils nous ont déclaré la guerre, et ils ont décidé de nous éliminer de la partie, purement et simplement. Vous, moi, nous tous qui sommes ici nous trouvons sur la liste des assassins les plus entraînés et les plus redoutables de la Cité Blanche. Les plus redoutables à part nous, bien entendu.

Les hommes partagèrent un rire cynique inquiétant. Lithildren était entourée de lions, de forces de la nature qui ne se laisseraient pas arrêter si facilement. L'Elfe comprit peut-être à ce moment que le discours de Neige ne lui était pas seulement adressé. Elle essayait également de remonter le moral de ses troupes, comme si elle se préparait à un grand combat.

- Nous ne nous laisserons pas prendre si facilement, et nous ne resterons pas passifs pendant qu'ils essaient de nous faire taire. Nous avons des armes, nous avons du talent, et surtout nous avons du cœur. La seule chose qu'il nous manque, Lithildren, c'est une cible. Une cible à frapper, à détruire. Ce que vous avez appris pourra nous aider à comprendre qui nous affrontons, à comprendre qui sont nos ennemis.

Elle s'approcha de l'Elfe et du garçon, posant une main sur l'épaule de chacun d'entre eux, comme pour les intégrer à leur conspiration. Sa détermination était totale, absolue, et particulièrement communicative. Elle porta son attention sur le jeune Reinil, et lui souffla :

- Je n'oublie pas le sens premier de ta quête jeune homme. Le professeur Nallus ne mérite pas de finir ses jours dans une prison sordide. S'il sait quoi que ce soit, nous l'apprendrons, même si nous devons prendre d'assaut les geôles de Minas Tirith pour cela.

Ces paroles résonnèrent longtemps dans l'air. Neige avait parlé d'une guerre, et le mot n'était pas usurpé… Elle était prête à défier ouvertement l'armée, les troupes royales, ses alliés d'hier, si l'Elfe le lui demandait. Quelque chose avait changé. Une rupture dont les conséquences n'étaient pas encore mesurables, mais qui frapperait avec la violence d'un tremblement de terre. Des institutions s'effondreraient dans un fracas terrible, le sang coulerait à flots avant la fin de cette tragédie.

Et au milieu de tout ceci, une Elfe et un jeune garçon.

#Réland
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