4 résultats trouvés pour Valnahar

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Sujet: Un roi n'attend point [Maison du Gouverneur]
Learamn

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Rechercher dans: Tharbad   Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un roi n'attend point [Maison du Gouverneur]    Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 2 Déc 2020 - 12:24

“ La volonté de la Couronne de spolier ainsi les seigneurs qui font vivre ses sujets est scandaleuse! Je compte bien faire entendre ma voix au Sénat lors de prochaine séance pleinière!
-Je comprends vos inquiétudes Seigneur Fanrod mais soyez assuré que le sort de la noblesse qui fut loyale est au centre des préoccupations du Roi. Si malentendu il y a, nous tâcherons de le régler ensemble au niveau local.”

A la fois lassé et agacé par ces discussions sans fin, Elend de Valnahar se passa une main sur le visage pour masquer son exaspération. Il était un homme patient mais il avait lui aussi ses propres limites. Depuis des mois; toujours les mêmes discours, toujours les mêmes disputes. Le pouvoir central s’était montré ambitieux avec son large plan de réformes structurels du royaume et forcément un tel changement faisaient beaucoup de mécontents, en particulier parmi la noblesse du Cardolan, très attachée à ses privilèges et son indépendance relative. Enfant de la région, issu lui même de ce milieu; l’actuel gouverneur de la province comprenait la frustration de ses pairs et avait toujours oeuvré pour trouver des accords pouvant contenter tout le monde. Son devoir était toutefois de faire respecter la parole du Roi, et quand le compromis n’était pas possible, les désirs du monarque passaient avant tout.

Fanrod toujours furieux, reprit avec véhémence.



“Le régler? Au niveau local? Ah! Pourquoi te voiles-tu ainsi la face Elend? Le Roi s’asseoit sur les droits de la noblesse et personne ne réagit! Quel est son projet au juste ? Régner seul tel un tyran!?”

Cette-fois c’en était trop. Elend se leva brusquement et regarda sévèrement son interlocuteur. Il pouvait entendre des protestations mais les attaques envers le souverain n’étaient pas tolérables, ainsi était la Loi.

“Assez! Je vous demande de vous excuser et de retirer vos propos sur le champ Seigneur Fanrod! La félonie n’est pas tolérée sous mon toit!”


Conscient d’être allé trop loin, le noble marmonna quelques excuses et se rassit sur sa chaise, une expression honteuse sur le visage. Le gouverneur du Cardolan n’était pas forcément un homme très impressionant de par sa carrure mais il disposait d’un pouvoir certain renforcé par l’appui de la Couronne. Fanrod pouvait d’ailleurs s’estimer chanceux; avec un autre Gouverneur il aurait très bien pu se retrouver aux arrêts. L’amitié qui liait les deux familles ainsi que la magnanimité du maître des lieux lui permettaient d’avoir une seconde chance qu’il aurait eu bien tort de ne pas saisir.

“Sortez à présent. Vous savez déjà que j’oeuvre quotidiennement afin de trouver des accords efficaces et pouvant satisfaire tout le monde. Vos gémissements ne font que m’empêcher de travailler avec sérénité.”

Le seigneur éconduit sortit de la salle, d’un air déçu et Elend put se replonger, plume à la main, dans l’immense pile de documents qui trônaient sur son bureau.  Ces dernières semaines, sa charge de travail s’était accumulée. En plus des affaires royales, le gouverneur avait accepté de s’occuper temporairement, et à distance, du domaine du Valnahar en l’absence de son neveu, parti au Gondor dans l’espoir de  nouer des alliances par le mariage. Il songea un moment à ce jeune homme, Eneron. Il avait énormément d’affection pour lui, jeune garçon plongé si tôt dans le monde sans pitié de la politique suite à la mort subite de son père. Parfois, Elend s’en voulait de ne pas avoir été plus présent pour l’épauler mais ses obligations auprès du Roi l’avait éloigné du domaine familial pendant trop longtemps. Eneron s’était ainsi construit autour de valeurs différentes de celles de son oncle. Il était intelligent, comme lui, mais son ambition dévorante contrastait avec la figure placide du Gouveneur. Ce dernier parvenait encore à canaliser son jeune parent et quand ils oeuvraient ensemble, leurs qualités complémentaires leur permettaient même de former une équipe particulièrement efficace. Mais Elend redoutait grandement le jour où il échapperait à son contrôle; Eneron représentait un allié formidable mais pouvait également être un ennemi dangereux si les choses venaient à mal tourner.


On toqua à nouveau à la porte. Ne pouvait-on pas le laisser travailler tranquillement? Parfois il se disait qu’il aurait peut-être mieux fait de s’installer dans son paisible domaine du Valnahar plutôt que dans le palais du gouverneur à Tharbad. Il n’avait jamais une heure où il pouvait travailler sereinement sans être dérangé. Or, le travail bien fait nécessitait du temps et du calme.

“Quoi encore? Mandel! J’ai pourtant demandé à ce que l’on ne me dérange pas! “

Décidément ce jeune aide était dur d’oreille! Ce dernier répondit d’une voix hésitante:

“Oui je le sais bien messire! Mais c’est qu’il y a un messager et il a dit que c’était important et… et…
-Qu’il te  laisse la missive; je la lirai plus tard.
-Mais.. mais il a dit que c’était urgent; par ordre du Roi!
-Du Roi?”

Elend bondit alors de son fauteil et s’empressa d’ouvrir la lourde porte de son bureau. Sur le seuil se trouvait le petit Mandel qui aurait peut être dû commencer par mentionner la Couronne. Ah… les erreurs de jeunesse, il était bien chanceux de travailler pour un homme capable de les comprendre et des les excuser. A ses côtés se trouvait un coursier du Roi qui lui remit une missive marquée du sceau royal. Le gouverneur du Cardolan l’ouvrit sans attendre. Après une lecture rapide, il retourna promptement à son bureau et se mit à ranger tous ses documents, pourtant si capitaux, dans les tiroirs.

“Mandel! Prépare les chevaux! Nous partons pour Annunimas! Previens également Maître Frans de Bom, qu’il mette sur pied une escorte au plus vite.”


On ne faisait pas attendre Sa Majesté Aldarion trop longtemps.
Sujet: Le souffle des Damnés
Learamn

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Rechercher dans: Le Chemin des Morts   Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le souffle des Damnés    Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 5 Oct 2020 - 12:31
Suite de : L'appel des Morts


Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! Purif10





An 3430, Deuxième Âge



Le blizzard soufflait avec vigueur sur les sommets des Montagnes Blanches, glaçant les corps et les coeurs des hommes qui y étaient postés. Là-haut, les glaciers avaient pourtant reculés depuis plusieurs décennies et la roche nue, sombre comme la nuit, contrastait avec les reflets immaculés du manteau de neige qui recouvrait d’ordinaire la région entière en cette période de l’année.  

Un aigle au plumage noir comme l’ébène planait au milieu des nuages menaçants, naviguant tant bien que mal au milieu du brouillard. Il tournoyait ainsi au-dessus des cimes, inspectant de son regard acéré les escarpements rocheux en quête d’une proie trop imprudente qui aurait quitté sa tanière. Malgré l’environnement pour le moins hostile, il n’était pas rare de croiser des marmottes ou autres rongeurs qui profitaient de la fonte des glaces pour partir aventureusement en quête de nourriture après une longue période d’hibernation. Le rapace, alerté par des sons inhabituels, vira à droite et après avoir contourné la cime immense d’une des montagnes, il se retrouva au-dessus d’un plateau de terre nue et noire comme la nuit. Mais les proies qu’il espérait y trouver étaient bien plus grosses que prévues; il n’y avait là ni lièvres ni campagnols mais de hautes silhouettes se tenant sur deux pattes. Quelque peu contrarié par la présence humaine sur son territoire de chasse, l’aigle royal se posa sur un promontoire rocheux et continua d’observer cette scène bien intrigante.

Deux groupes se faisaient face. Ils étaient formés d’hommes des montagnes couverts de larges peaux et fourrures; ils étaient de ceux qui avaient colonisés la vallée des siècles plus tôt et qui avaient dû apprendre à vivre au coeur de cette inhospitalière nature. Entre eux, se tenait un homme à l’allure fier, à l’armure reluisante et au casque richement décoré. A en juger par son accoutrement et son allure distinguée, celui-ci n’était pas d’ici. L’un des montagnards semblait particulièrement irrité et l’atmosphère générale de la scène était particulièrement tendue. Sur son perchoir naturel, le rapace jugea bon de rester discret pour le moment, à l’affût. Il n’était pas judicieux de voler au-dessus de ces archers d’exception lorsque ceux ci étaient de mauvaise humeur.

“L’heure d’honorer ton serment est venue Thengald! Oseras-tu te défiler devant le Roi comme tu l’as fait devant mon père et le peuple de Morthond? ”
s’exclama l’un des montagnards qui semblait particulièrement contrarié.

Pour toute réponse, il obtint un crachat à ses pieds de la part du principal intéressé qui affichait un air méprisant.

“Fédon n’était qu’un petit despote sans honneur dont le seul tour de force fut d’avoir engendré un “héritier” encore plus pitoyable que lui. Le Roi de la Montagne n’a aucune leçon à recevoir de la maison des Fédoriens!
-Mais il doit pourtant répondre à la Couronne!”
l'interrompit l’homme en armure qui s’était fièrement avancé pour s’interposer entre les deux seigneurs locaux.

Thengald dévisagea cet étranger qui s’était présenté comme un émissaire du Haut-Roy Isildur ; il était venu jusque dans leurs montagnes avec ses manières de la capitale et son  petit ton autoritaire qu’il croyait légitimer par ses ordres de mission. Mais il en fallait bien plus pour intimider celui qui se faisait  appeler le “Roi de la Montagne”.

“Ceci n’est pas ma guerre! Si le Roi du Gondor désire voir ses enfants mourir devant les murs sombres du Mordor, alors grand bien lui fasse! Mais je n’enverrai point mes fils vers cette mort certaine!
-N’abusez pas du pouvoir qui est le vôtre! La Couronne a été assez clémente pour fermer les yeux sur votre petite sécession mais il est temps de prouver votre loyauté! Le seigneur Evanor, ici présent, n’a pas hésité une seule seconde à rallier les troupes de la vallée à l’effort de guerre. Si vous ne vous montrez pas coopératifs, le Roi se verra contraint de reconsidérer la question de l’autonomie de votre communauté.”


Thengald ne supportait visiblement pas le fait de recevoir des ordres de la part d’une entité supérieure par le biais d’un émissaire de rang inférieur. De plus, il n’avait nullement l’intention de faire partir ses meilleurs guerriers dans une guerre perdue d’avance au moment même où il en avait le plus besoin pour consolider son pouvoir face aux frères rivaux de la vallée de Morthond. D’un autre côté, il avait bien prêté serment devant le Roi et ce dernier n’était pas homme à contrarier. Le montagnard reste donc un long moment silencieux, pesant le pour et le contre, hésitant quant à la marche à suivre. Agacé, l’émissaire de Minas Tirith tenta de le presser par la menace.

“Le Roi a été assez clair sur ce sujet; je suis autorisé à faire usage de la force si nécessaire pour vous faire respecter votre parole!”


Thengald ricana mais il fulminait intérieurement d’entendre ce messager malingre le provoquer de la sorte. Il se retourna lentement, tournant  désormais le dos à ses interlocuteurs pour faire face à ses hommes et il sentit son poing tremblant se refermer sur lui-même; derrière-lui ses fidèles de la première heure savait que quand il entrait dans cet état là, alors il devenait incontrôlable.

“Bien...bien…”
fit-il d’une voix qu’il s’efforçait de rendre la plus douce possible.

L’émissaire esquissa un sourire et s’avança un peu plus alors qu’il triomphait intérieurement. Ainsi, la puissance de la Couronne faisait trembler jusqu’aux sauvages des Montagnes Blanches.

“Alors voici  ma réponse au Roi…”


Sans crier gare, Thengald dégaina sa lame et dans son mouvement puissant décapita la tête casquée du héraut qui s’en alla rouler en contrebas. Son corps s'affaissa sur la roche sombre avec un tintement  sous les yeux choqués du Seigneur Evanor et de sa suite. Mais ces derniers étaient bien moins nombreux que leurs rivaux qui avaient déjà dégainés leurs épées. Les hommes de la vallée se replièrent donc alors que le Roi de la Montagne reprit la route vers les sommets d’un air perplexe.


Le courroux d’Isildur serait terrible.





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Les derniers rayons de soleil brillaient encore entre les pics glacés, illuminant les bordures de la vallée du Racine Noire d’une faible lueure orangée qui annonçait la pénombre. Un vent venu du Nord se frayait un chemin à travers les escarpements et venait embrasser, de son étreinte glaciale, la foule qui s’était massée au pieds des montagnes. Après une longue nuit de veillée passée auprès des tombeaux des anciens suivie d’une journée de festivités qui avait vu locaux et visiteurs s’adonner à des compétitions de tirs à l’arc ou des concours de chasse, le peuple de Morthond s’était rassemblé à la lisière nord de son territoire pour ce qui représentait l’apothéose de cette période de fête: la Purification. Des immenses tambours battaient à un rythme soutenu faisaient entendre leur grondement dont l’écho faisaient trembler la vallée toute entière et faisait entrer les habitants dans un état de transe presque spirituelle. Plus haut dans le ciel, le son des percussions se mêlaient aux cris stridents des buses qui virevoltaient au-dessus des têtes.

Cette cérémonie, à la fois fierté de la région et symbole des hommes qui la peuplaient, était attendue avec impatience depuis de longues semaines et les préparatifs avaient été soigneusement orchestrés par le Conseil lui-même. Et l’édition de cette année s’annonçait particulière excitante; jamais autant de champions n’y avaient participé et le nombre exceptionnellement élevé de seigneurs venu d’ailleurs renforçait cette envie de prouver aux étrangers la bravoure et le mérite des gens de la vallée. Quelques rumeurs inquiétantes portant sur la découverte d’anciennes malédictions enfouies dans les glaciers près de la Pierre d’Erech s’étaient propagés dans les rangs et faisaient frémir de peur les plus courageux mais toute cette affaire avait été tant bien que mal été étouffée par les autorités.

Une autorité d’ailleurs parfaitement incarnée par l’imposante silhouette du Seigneur Eon Ludgar qui, juché sur une sorte de promontoire rocheux, observait avec gravité l’agitation qui se déroulait sous ses yeux. Ce soir, il n’avait pas le coeur à rire. A ses côtés se trouvait le taiseux Capitaine Formric, maître archer, ainsi que le vieux Navon, doyen du Conseil des Rescapés. Derrière eux, différentes bannières flottaient au gré du vent; celle des Rescapés représentés par un cygne noir était au centre, dominant toutes les autres. Cette édition de la Purification était déjà une grande fête et s’annonçait comme un véritable succès historique; jamais les participants n’avaient été aussi nombreux. Même la vieille Dame Eliabel avait daigné quitter son cottage reculé sur les contreforts de la montagne pour se présenter avec un champion bien mystérieux.

Malgré tous ces signaux positifs,   Navon échangea un regard inquiet avec son suzerain; ils savaient tous les deux ce que l’architecte avait découvert et avaient fait le choix délibéré  de ne rien en dire pour éviter la panique. Pourtant, au fond d’eux, les prenant par les tripes, résidait encore une peur irrationnelle.  Et si…


#Ludgar #Navon #Formric

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Dans l’ombre de Tryon, Elisha avançait lentement tout en scrutant les alentours de son regards aussi intelligent que calculateur. Sur leur passage, plusieurs personnes intriguées  s’étaient retournés en désignant du doigt le Baron de Roncefort, ils parlaient entre eux d’une voix basse mais dans laquelle on percevait la curiosité. Eon Ludgar avait pris bien soin de propager l’information que cette année, il y aurait bien un Seigneur en personne qui prendrait part à la Purification; chose qui n’était pas arrivée depuis la participation du maître de Morthond lui-même. La population se demandait ainsi qui était cet homme assez fou pour risquer ainsi tout ce qu’il avait mais d’un autre côté les gens de Morthond savaient apprécier la bravoure du guerrier, quand bien même elle confinait à l’inconscience, et Tryon pouvait ainsi voir l’admiration au fond des pupilles des observateurs.

Derrière eux se tenait Wilfried qui portait fièrement les effets de son suzerain. Si le colosse se sentait lésé d’avoir ainsi été placé sur la touche, il n’en montrait absolument rien. C’était un grand professionnel et avant tout un soldat loyal. La Baronnie de Roncefort savait décidément bien s’entourer.

L’attention du Baron fut alors attirée par une voix bien familière qui s’adressa à lui:

“Le Baron de Roncefort! Mon cher ami Tryon!”


Le seigneur Vögel s’avançait vers lui les bras écartés avec un large sourire révélant sa dentition bien trop parfaite pour être honnête. ll était lui aussi accompagné de son champion, vêtu du même équipement élégant, mais bien peu fonctionnel, que le gardes qui avaient été massacrés dans le bastion des Roncefort. Derrière son ton amical, on percevait d’ailleur très bien la rancoeur provoqué par ce souvenir amer chez le Seigneur du Hautval.

“Quel plaisir de vous voir ici!
Continua-t-il sur cet air des plus hypocrites. Je me vois rassuré de vous voir présent avec votre champion; figurez vous que le bruit court que vous auriez décidé de participer vous-même à cette cérémonie barbare. Quell folie serait-ce! En tout cas votre colosse aura en Wulm, mon plus fidèle soldat, un allié de choix au sein du Chemin des Morts.”

Le garde, affublé d’un casque à plume, opina du chef ne sachant pas réellement qui de Tryon ou Wilfried il préférait avoir à se méfier une fois au coeur de l’action.

#Elishan
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Eneron avait pris du retard et quand il arriva sur place, le lieu était déjà noir de monde. L’Arnorien avait passé l’après-midi auprès de l’ambassadeur de Dol Amroth, le sulfureux Mafielas qui résidait dans un domaine située en périphérie de la vallée, aussi loin que possible des “bouseux” de Morthond. L’homme, autrefois grande figure politique de la cité princière, noyait sa frustration dans l’eau-de-vie qu’il produisait dans sa cave. On l’avait écarté et envoyé ici suite à une basse manoeuvre politique et il menait depuis une vie bien amère. Toutefois, le vieil homme n’avait pas complètement baissé les bras et manigançait dans l’ombre pour préparer son retour; malgré ses échecs son sens politique était toujours affûté et il avait encore des cartes à jouer. Eneron avait ainsi beaucoup appris durant ces heures passées dans son salon; il n’avait même pas vu le temps passé et avait dû quitter son hôte  à la hâte au moment où  il avait constaté que le soleil commençait à décliner à l’horizon. Mafielas avait refusé de l’accompagner, ne désirant pas prendre part à ces “traditions de primitifs”.

Le Seigneur du Valnahar déambula pendant de longues minutes au milieu de la foule, quelque peu agacé du champ de vision réduit qui l’empêchait de trouver la personne qu’il cherchait. Heureusement, la silhouette filiforme et l’allure distinguée de cet individu tranchait avec le reste et, pour peu que l’on croisait, l’individu était reconnaissable entre milles malgré le capuchon qui recouvrait ses traits et ses oreilles en pointes.

“Maître Aurhen! Je crois bien qu’il est temps de me faire part de votre choix concernant mon offre…”

Il avisa alors l’épée de haute facture que le Premier Né portait à sa ceinture.

“En tout cas vous me semblez fin prêt pour ce soir!”



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Elsner venait de quitter la compagnie de Dame Aofel et celle des rohirrims postés près d’une tente installée un peu plus loin pour l’occasion au dessus de laquelle flottait la bannière emblématique frappé du méaras. Il alla tranquillement se poster près de l’entrée du Chemin des Morts, là où tous les champions commençaient lentement à se regrouper. Il avait déjà identifié les menaces principales, à commencer par Kaldor. Les Rescapés choisissait toujours des guerriers de talents pour les représenter lors de la Purification, une cérémonie avant tout significative pour les gens de leur caste. Les deux hommes échangèrent un regard glacial. Il  jeta un coup d’oeil au Seigneur Ludgar, toujours posté sur son “estrade” et qui s’apprêtait à faire son discours pour lancer les hostilités. Le mercenaire fit machinalement rouler ses muscles alors que son regard déviait lentement vers la cavité obscure qui servait d’entrée au royaume des damnés. Les ténèbres y étaient absolus, presques palpables, et ils happèrent la conscience du rohirrim pendant de longues minutes. Il crut même entendre une voix diffuse dans l’air froid qui l’invitait à pénétrer dans l’ombre.
Elsner fut finalement tiré de sa torpeur par les cors qui se mirent à résonner au sein de la vallée. L’heure était proche.

Il se rendit alors compte que la silhouette qui se trouvait à sa droite était bien différente de celle de tous les autres colosses qui les entouraient. Un corps certes athlétique et élégant mais qui semblait bien frêle et mince en comparaison de leurs rivaux. Son visage était entièrement recouvert par un masque de métal, accoutrement curieux pour cet évènement où les participants étaient avant tout en quête de reconnaissance.
Mais le rohirrim comprit rapidement que cette femme n’était pas à sous-estimer; tout dans ses gestes et son attitude respiraient le confiance ainsi que l’expérience. Il ne savait pas encore comment elle comptait rivaliser au sein du Chemin des Morts mais il se doutait bien qu’elle ne s’était pas retrouvée ici par hasard.

Il tenta de briser la glace qui les séparait en lui parlant sur un ton qui se voulait assez banal.

“Il y a bien plus de rivaux que ce que j’imaginais; cela s’annonce encore plus compliqué pour trouver les rares biens qui doivent rester dans ces souterrains. Mais au fond, nous ne sommes pas venu seulement pour les trésor des macchabées, n’est-ce-pas?”


Elsner savait pertinemment dans quel but il avait été envoyé ici par le Bras de Fer; l’or était un facteur certes mais l’idée était surtout de faire connaître le nom de leur organisation. Sur un plan personnel, cela était également l’occasion parfaite pour renouer des liens avec des gens de son peuple -fussent-ils des réfugiés. Mais le mercenaire, d’un naturel curieux, se demandait bien pour quelle raison une femme, aussi talentueuse fut-elle, risquerait ainsi sa peau là-dedans car il devait bien avouer que maintenant qu’il faisait face au Chemin des Morts, il n’avait plus vraiment envie de s’y aventurer.
Sujet: L'appel des Morts
Learamn

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Rechercher dans: Vallée de Morthond   Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'appel des Morts    Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 2 Oct 2020 - 1:29

Le Seigneur Ludgar posa un  regard sévère sur son champion. Le maître des lieux était un homme juste et apprécié par ses pairs mais il n’en demeurait pas moins intimidant, voire même parfois inquiétant. En dévisageant Kaldor il crut voir l’homme qu’il avait été bien des années plus tôt, cet intrépide guerrier qui s’était jeté tête baissé dans les entrailles des Montagnes Blanches pour y narguer les damnés dans leur propre territoires. Il en était ressorti adulé de son peuple et couvert de gloire mais ne connaissait que trop bien les erreurs qu’il avait commises et dans lesquelles son protégé pouvait tout aussi bien tomber. A l’époque , lui avait eu la chance de s’en relever mais tous n’avaient pas cette fortune là, il ne le savait que trop bien et comptait bien mettre en garde son subordonné à ce sujet.

“Rival ou allié je l’ignore. Mais ce dont je suis certain c’est que ce  Baron de Roncefort fait partie de ces hommes qu’il faut garder à ses côtés.”


Il avait côtoyé bien des hommes de cette trempe, à commencer par son père. Les guerriers fiers, imprévisibles et parfois violents n’étaient pas rare aux pied des Montagnes Blanches et Ludgar avait construit sa carrière en apprenant à les canaliser et les garder en respect quand cela se révélait nécessaire. Mais Kaldor n’avait pas tort quand il soulignait l’étrange lueur qui régnait au fond du regard de leur invité; ce détail qui en disait long sur ce que Tryon était prêt à accomplir ne lui avait pas non plus échappée. Il connaissait bien ce genre de regard, il en avait plusieurs fois croisé au cours de ses campagnes; ces yeux sombres animés par une détermination surhumaine, qui confinait à la folie. La dernière fois qu’il avait croisé ce regard, il y avait laissé un oeil.

Las, Eon Ludgar congédia Kaldor d’un geste.

“Va à présent te reposer champion! Tu auras besoin de toutes tes forces quand la cérémonie débutera!”

Malgré le fonctionnement  politique très partiellement démocratique de la vallée de Morthond, on ne discutait pas un ordre direct du seigneur en place. Le soldat prit donc ses effets avant de quitter la vaste et austère “salle du trône”.

Le seigneur se rassit alors avec un grognement qui fut suivi d’un long soupir qui trahissait sa fatigue. Il étendit sa jambe dans l’espoir de soulager son genou douloureux. Le poids des années se faisait de plus en plus sentir sur les épaules de ce vétéran qui veillait pourtant à ne jamais montrer le moindre signe de faiblesse en public. La mort de son épouse quelques mois plus tôt l’avait encore plus poussé à se retrancher sur lui même et il refusait de partager avec quiconque, y compris ses plus fidèles amis,  le récit de ses douleurs, tant physiques que psychologiques. Le peuple de Morthond avait une vie assez rude, ils n’avaient pas besoin d’un chef qui pleurnichait. Toutefois, il y avait une personne qui avait réussi à briser cette armure savamment érigé. Une seule personne qui avait brusquement déboulé dans son intimité et qui avait remise en question l’image qu’il s’était construite de lui-même.

Une porte dérobée s’ouvrit à la volée.

Dame Aofel fit son entrée avec un sourire adressé à son amant éprouvé. Ce dernier lui répondit d’un regard d’une douceur qu’il laissait rarement transparaître.

“Ce Roncefort me semble être un homme à la tête dure.
-Tant que vous ne faîtes attention qu’à sa tête…”

La belle rohirrim eut un petit rire gênée,  pas vraiment amusée par  la plaisanterie graveleuse de Ludgar. Elle continua pourtant de s’approcher et posa délicatement une main sur la large épaule de l’homme.


“Vous savez Dame Aofel, j’ai longuement réfléchi et je ne pense pas que ce soit une très bonne idée d’envoyer un représentant des réfugiés à la Purification. C’est une tradition locale et…
-Et donc?
rétorqua-t-elle d’un air surpris et pas le moins du monde intimidée par le seigneur. Ne désirez vous donc pas voir les réfugiés du Rohan s’intégrer du mieux possible en adoptant vos traditions?
-Si si, bien sûr que si. fit Ludgar visiblement agacé. C’est juste que..”

Cette femme avait décidément le don de le déstabiliser plus que tout autre animal politique ou colossal guerrier qu’il avait pu croiser. Elle avait ce don pour toujours identifier la faille dans le discours de son interlocuteur et pointer là où ça faisait mal. Il prit quelques secondes pour réfléchir à une réponse et poursuivit.

“ C’est juste que pour  la Purification c’est un peu particulier. Les tensions sont exacerbées entre Rescapés et Petits ainsi que tous les seigneurs étrangers; si en plus je dois rajouter les rohirrim  l’équation ça va…
-Assez!
le coupa-t-elle avec un aplomb qui le laissa sans voix. Ma décision est prise et de toute façon cela n’est pas de votre ressort, vous ne pouvez nullement empêcher des résidents de la vallée d’envoyer leur champion dans le Chemin des Morts…
-Certes, mais ce mercenaire là… franchement…
-Il est un homme de confiance. Je lui confierai jusqu’à ma vie.”


Eon se renfrogna légèrement mais ne tomba pas dans le piège qu’elle venait de lui tendre. Elle voulait le rendre jaloux ainsi? Ah! Il n’en montrerait rien, même si au fond  de son esprit une légère pointe de doute se faisait désagréablement ressentir.  Cependant il finit par abdiquer face à elle, encore une fois.

“Soit, alors ainsi soit-il….”

Epuisé par les évènements récents, il ne voulait à présent que se détendre, la prendre dans ses bras puissants et passer une douce nuit d’amour avant les événements mouvementés du lendemain. Mais visiblement, Aofel ne l’entendait pas de cette oreille.

“Et concernant la découverte de l’architecte ?
-Une coïncidence et beaucoup de foutaises… des histoires de conteurs fous pour terroriser des gamins.
-Pourtant je vous sens inquiet Monseigneur.”

Ludgar ne répondit rien mais elle avait, encore une fois visé juste. En effet, l’inquiétude le gagnait petit à peu; d’ordinaire à l’approche de la Purification il ne ressentait que de l’excitation mais cette année là elle était inexplicablement mêlée d’une part d’appréhension.
La rohirrim s’assit alors à ses côtés et descendit ses doigts le long de son buste.

“Peut-être qu’en révélant notre relation à tous, vous vous enlèverez un poids. Nul homme vivant caché ne peut vivre en harmonie.
-Arrêtez vous savez bien que cela est encore trop tôt. Nermana est morte il y a moins d’un an et la période deuil n’est pas encore terminée; et puis avec une étrangère… cela serait si mal perçue…”

Prenant un air offusqué, qu’Eon se doutait d’être feint, Aofel se redressa d’un coup.

“Je ne veux donc pas plus à vos yeux que le conservatisme réducteur des grabataires du Conseil?
-Enfin vou savez bien que je vous aime!
-Je commence à en douter fortement. Au fond peut-être devrais-je aller vérifier si ce Roncefort a autre chose qui soit dur!”

Sur cette dernière remarque pour le moins cavalière, elle tourna fièrement les talons et claque la porte derrière elle; laissant le seigneur de Morthond plus seul que jamais. Mais de quelle femme était-il donc tombé amoureux?

Exténué, le vétéran se redressa et pris la direction de sa couche. C’en était assez pour aujourd’hui.

#Aofel



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Eneron eut un sourire amusé. Le Premier Né qui l’avait hélé avait longuement parlé sans pour autant réellement répondre à la question - pourtant plutôt simple - de l’Arnorien. Mais ce dernier n’était guère surpris, cela correspondait bien à la description qu’on lui avait faire des Elfes. Néanmoins, il dut bien reconnaître être flatté quand Aurhen s’enquit de l’emplacement de son domaine; ce n’était pas tous les jours qu’un être de cette espèce s’intéressait aux frontières d’un domaine provincial plutôt secondaire.

“Le Valnahar se trouve au nord de Tharbad, dans le Cardolan. Non loin du delta du Gwathlo, là où le fleuve se sépare pour devenir le Bruinen et le Mitheithel; des terres fertiles qui permettent à mon domain de se développer de manière rapide et de prospérer.”

Il avait bien pris soin de nommer les rivières par leur dénomination elfique. Le jeune gentilhomme analysa alors longuement la silhouette élancée de son interlocuteur.

“Maître  Aurhen, vous avez voulu m’embrouiller l’esprit avec vos longues tirades et je m’y suis laissé prendre. Mais vous n’avez toujours pas vraiment répondu à ma question sur la raison de votre présence. Mais au fond cela est sans importance; toute personne se rendant dans cette région reculée en cette période de l’année ne le fait que pour une bonne raison: La Purification. J’ignorais que cette pratique intéresserait même les Eldars, mais après tout si je suis venu d’Arnor…”

Eneron fit lentement approcher sa monture de celle de Aurhen; il y avait là une opportunité en or qu’il comptait bien saisir.

“ J’ignore pourquoi vous voulez y participer, ni même ce que vous être venus rechercher dans les entrailles hantées des Montagnes.Quoiqu’il en soit si vous voulez pénétrez dans le Chemin des Morts, il vous faudra représenter un groupe ou une délégation. Mais je vois que vous êtes venus seul… Un mercenaire en quête de richesse et de gloire? Au fond peu importe, car je peux vous offrir les deux.”


Eneron fixait intensément son interlocuteur, plus âgé, et donc plus expérimenté de plusieurs millénaires. Mais malgré sa jeunesse, l’Arnorien faisait preuve d’une assurance à toute épreuve. Une fois qu’il avait un objectif en tête, il n’en détournait plus le regard et était prêt à tout pour y parvenir.

“Soyez mon champion Maître Aurhen fils de Celemegil! Représentez moi! Vous aurez ainsi le droit de rentrer dans les souterrains pour y faire ce que vous y avez prévu en arrivant ici. En échange je ne vous demande que loyauté et le partage d’une part de votre immense prestige. C’est votre chance de décrocher un ticket pour la Purification.”

Visiblement l’elfe hésitait; Eneron fit alors étonnamment demi-tour, laissant Aurhen seul. Il lâcha tout en s’éloignant vers sa chaumière.

“Je vous donne le temps pour y réfléchir. Nous nous retrouverons demain au pied des Montagnes, là vous donnerez votre réponse.


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Sous l’oeil sage et presque admiratif d’Elishan; Tryon et Wilfried croisait le fer avec force et ténacité, tant et si bien que le vieux conseiller crut plus d’une fois que l’un avait grièvement blessé l’autre. Mais il n’en était rien; les deux guerriers savaient ce qu’ils faisaient et savait retenir leurs coups si nécessaire.

Il y avait pourtant une certitude; à en juger par la violence de ses coups, son abnégation à toute épreuve et sa rage incontrôlée, Tryon était prêt à croiser le fer dans l’obscurité du Chemin des Morts.

Arme à la main, le baron de Roncefort était une véritable bête.

Le soleilavait désormais totalement disparue et au sein de la bourgade de Casthond très faiblement éclairée; la nuit était presque totalement noire. On ne distinguait plus que les lueurs tremblotantes des lanternes portés par les gens de Morthond qui se rendaient sur les tombes de leurs ancêtres pour une longue nuit de veillée. Cette tradition ancestrale et éminemment importante visaient à rendre annuelement un échange à leurs morts. Ceux qui ne s'étaient pas parjurés. Ceux qui étaient restés sur terre.

D'abord une nuit de veillée pour honorer les morts qui étaient restés silencieux.

Puis une nuit de Purification pour s'assurer que  ceux qui ne l'étaient pas le deviennent.


HRP: Je clos ce topic introductif! Merci beaucoup d'y avoir participé et ça annonce du lourd. Je post au plus vite en ouvrant un nouveau sujet au sein du Chemin des Morts qui traitera directement de la Purification! Vous pourrez poster dans le nouveau sujet ; si vous tenez vraiment à poster un dernier rp ici vous pouvez pour conclure mais c'est pas obligé et l'idée et de basculer sur le nouveau suejt que je vais ouvrir ce week end.

Sujet: L'appel des Morts
Learamn

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Rechercher dans: Vallée de Morthond   Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'appel des Morts    Tag valnahar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 17 Juin 2020 - 18:03

“Quel endroit tout de même…”


A peine quelques minutes s’étaient écoulées depuis leur arrivée dans la cité principale de la vallée de Morthond, mais il était encore trop tôt pour détacher son regard du panorama aussi surprenant que imposant. La bourgade en elle-même n’avait rien d’exceptionnel ni de grandiose, surtout pour une capitale; elle s'apparentait d’ailleurs plus à un petit village sans importance qu’à autre chose. Les habitations précaires étaient situés au pied des pics massifs et enneigés des Montagnes Blanches qui étendaient leur ombre inquiétante sur des kilomètres. Les gens de Morthond vivaient ainsi à la fois sous la menace et la protection de la Montagne. Ces derniers étaient d’ailleurs réputés pour leur courage et leur compétences militaires, un peuple humble mais sûr de ses forces. Toutefois depuis leur arrivée, les étrangers rassemblés pour la Purification pouvaient percevoir une agitation inhabituelle au sein des locaux. Pour d’obscures raisons tout le monde semblait très nerveux. Les gardes s’étaient montré assez peu courtois à son égard et apparaissaient prêt à décocher une flèche face à la moindre menace perçue.

En entreprenant le voyage vers la vallée, le Seigneur Eneron se doutait bien qu’il n’y trouverait ni le confort ni la courtoisie de son domaine du Valnahar, au sud du Royaume Arnor; mais il devait bien admettre qu’il ne s’attendait pas à trouver une contrée aussi sauvage où les hommes semblaient plus s’adapter aux lois dictées par la nature que contrôler l’espace dans lequel ils résidaient. Finalement le Gondor, royaume de bâtisseurs, avaient aussi ses laissés-pour-compte, ses pouilleux mal dégrossis que l’élite de la Cité Blanche cachait commodément sous les contreforts des montagnes.

Eneron était arrivé au Gondor quelques semaines plus tôt afin de rencontrer un riche seigneur d’Anfalas dans l’espoir que ce dernier lui accorde la main de sa fille, scellant ainsi une alliance entre les deux familles, au-delà des frontières des deux Royaumes Frères. La rencontre s’était plutôt bien passée et malgré la dimension purement politique de cette union, la perspective de pouvoir épouser la  demoiselle, qui s’était révélée ravissante, n’était pas sans lui déplaire. Pourtant il y avait un dernier obstacle à son plan; pour des raisons culturelles qui lui échappait les gens de l’Anfalas semblaient accorder une grande importance à la force physique et aux capacités martiales pour juger de la valeur d’un homme. Ainsi, il avait exigé qu’Eneron se montre digne de sa fille en accomplissant un acte de bravoure qui démontrerait son courage et la volonté d’obtenir la couche de la belle. Selon son potentiel beau-père, la Purification était l’événement idéal pour qu’il puisse prouver sa valeur. Seulement lui n’était pas un guerrier, ni même un homme rompu aux épreuves physiques, et s’était rendu dans ses terres reculées à contrecœur. Il n’était pas question qu’il ne mette un pied dans le Chemin des Morts, il tenait trop à sa vie pour cela. Il n’était vraiment pas un guerrier, ni même un homme très brave. Mais il n’était pas dénué de qualités pour autant. Véritable animal politique, le jeune seigneur avait réussi à prendre le contrôle de son fief grâce à son sens stratégique et absence complète de moralité. Son ambition dévorante l’animait quotidiennement et il œuvrait depuis longtemps déjà pour gravir les échelons du pouvoir Arnorien, un à un. Le Sénat était bien évidemment son prochain objectif; il était encore bien jeune mais déjà son nom commençait à être un petit peu connue dans la cour d'Annuminas. On louait son charme, son éloquence et son intelligence. Les plus clairvoyants soulignaient cependant son arrogance, son impatience et la dangerosité de ses ambitions incontrôlées. Lui n’y prêtait pas attention, retranché dans son domaine, il avait réussi à écarter ses rivaux les plus directs, lorgnait sur les terres de ses voisins et se rêvait déjà Tribun. Quel pied-de-nez ce serait qu’un provincial comme lui hérite d’un tel titre. Mais il en était encore loin, très loin. Mais après tout si un guerrier Khandéen sans titre politique était devenu tribun, pourquoi pas lui?

Il fut tiré de ses pensées par la voix cristalline d’un nouveau venu qui s’était mis à le héler. Eneron fit faire demi-tour à sa monture, faisant au passage tournoyer sa longue et luxueuse cape d’hermine qu’aucuns habitant de Morthond n’aurait jamais pu se payer, y compris Ludgar. A leur décharge, les habitants de la vallées n’accordait que bien peu d’intérêt à ce genre d’apparats considérés comme superflus. L’Arnorien fronça les sourcils en découvrant l’allure de l’étranger qui s’était adressé à lui. Il fit avancer sa monture de quelques mètres pour se rapprocher de l’Elfe. Intrigué par la présence inattendue d’un tel être, mais nullement intimidé, Eneron s’adressa d’un ton sûr et très légèrement hautain.

“Je ne suis pas simplement un des “gens” mon cher. Et je ne réponds ni au seigneur Ludgar ni à personne d’autre que le roi Aldarion.”


Il avait consciemment omis de mentionner le Haut-Roi Mephisto, Eneron faisait partie de ceux défendant la supériorité de l’Arnor et la nomination de son souverain comme nouveau Haut-Roi.

“ Je suis le seigneur Eneron du Valnahar,
ajouta-t-il plus amicalement, quant à l’hospitalité nous pouvons toujours voir ce que nous pourrons nous offrir mutuellement.”

Il dirigea furtivement  son regard  vers le Nord, là où l’entrée du Chemin des Morts se trouvait. Peut-être n’aurait-il pas à y envoyer l’un des siens au fond…

“Mais dites moi...Maître Aurhen fils de Celemegil; que fait donc un Premier Né dans ces terres reculées aux pratiques barbares?”
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