A l'Auberge

Un homme trainait dans un coin de l’établissement depuis un moment… Soudain, il se leva et tituba vers le comptoir et pris la parole pour que tous puissent l’entendre :

- Hey ! V’connaissez la dernière ??? Hier j’me trainait chez l’marchand et un gugus qui venait d’la côte a commencé a m’raconter s’qui s’passe vraiment… V’saviez tous qu’a Tolfalas y’avait des dandies… des pirates… depuis un moment non ? Bon… bein c’était qu’des bêtises… en fait s’sont pas des pirates… Mais une bande de monstres… Oui… des vrais monstres que je vous dit !!!! Ils ont pris l’île et font des expériences bizarres avec les gens qu’ils prennent… Ils essaient de réveiller les arbres en les arrosant avec leur sang… Et bientôt leur mage de maître vas attaquer la citée avant le retour de roi…

Un autre réagit au quart de tour :

- Non mais qu’es que tu nous raconte là ?? Tant que tu y est tu vas nous dire que Mithrandir est un ennemi de la citée et que l’intendant veut faire un coup d’état… Complètement baguenaud celui la…

- Tu ne sais pas tout !!! Les arbres ils bougent vraiment la bas ! Il les a vu !!

- Ton marchand il avait trop bu et toi aussi… Rentre chez toi sottard !

- Tu t’fout d’moi là ??? J’raconte pas des bobard…

Rapidement les membres de la sécurité intervinrent lançant les deux ivrognes dans la rue…

L'auberge était calme, même si Ambre dut enjamber un homme qui était étendu à l'entrée. Se posant à la même table que tout à l'heure, la jeune fille ne jeta qu'un rapide coup d'œil à la salle, les têtes des clients avaient vaguement changées mais cela restait à peu près la même chose. La naine commanda une bière avant de la regarder de son œil torve, ouvrir la bouche, la refermer, inspecter d'un regard d'expert(e) la boisson qu'on venait de lui servir, en boire un gorgée, puis encore une autre et enfin sembla vouloir lui parler.

_"je ne préfère même pas savoir ce que tu faisais toute seule mais maintenant ma petite tu peux être sûr que je vais pas te lâcher...

Ambre semblait plus intéressée par trois hommes en noir qui discutaient de façon assez intrigante.

...et non d'une bouse de troll vas-tu arrêter de faire ta fouine !

Elle rentra le cou et lui rendit son air le plus innocent, pendant que Blanche se chargeait d'observer pour elle.

Demain nous irons voir un vieil ami à moi qui devrait pouvoir me fournir certains ingrédients que je veux, en espérant qu'il lui en reste en stock. Mais j'aimerais que tu comprennes que je n'ai pas que des amis ici, certains ont une vieille rancune envers, sois disant je leur devrait de l'argent, comme si j'emprunterais de l'argent à des voleurs puant comme eux. Si il y a le moindre problème je veux que tu prennes tes jambes à ton cou quand je te le dirais, un peu comme avec les deux fils de gobelins de tout à l'heure. Compris ?

La jeune fille acquiesça, même si une question la titillait.

_Et où devrais-je me rendre ? Je ne pense pas que courir en rond va beaucoup m'aider.

_Comme quoi tu n'est pas totalement dénuée d'intelligence. D'abord jusqu'ici pour récupérer des affaires et après tu prendras un cheval pour filer le plus loin de Minas Tirith, de préférence vers chez toi. Mais je vais voir si un ami ne pourrait pas te protéger en cas de merdier.

Ses pensées filèrent elles droit vers l'homme qu'elle avait rencontré, si c'était une proposition et qu'il arrivait quoi que ce soit à Tatie Khazi... Mais elle ne voulait pas la voir morte pour autant.

Jusque là tu me suis partout où je vais."

Elle acquiesça une nouvelle fois.

La discutions des deux ivrognes avait entrainé pas mal de chaut… les conversations montaient autour de certaines tables… Les voix étaient de plus en plus cassantes… Cela faisait un moment que des rumeurs provenaient de l’embouchure du delta… Et chacun voulait faire entendre son point de vue… Chacun entendait bien raconter sa version des événements…

- J’ai entendu de source sure que les arbres s’étaient mis à bouger sur l’île… Ce sont des ents qui s’y sont installés… Autant dire que personne ne pourra retourner sur cette île car les bergers ne laisseront pas faire…

- N’importe quoi ! Ce sont des pirates… Ils tuent tous ceux qui s’approchent de l’île… et ils ont des copains qui font courir des rumeurs pour qu’on les laisse tranquilles…

- Ce sont des mages… Et ce sont eux qui ont lancé le fléau sur la ville… Ils ont empoisonné les puits avec l’aide de monstres marins… Nous sommes condamnés !!!!

- Pis quoi encore ?? y’a eu quelques morts mais…

- Alatar et Palando ! Voilà c’que j’ai entendu moi !!

- Des Ents-femmes…

- Des adorateurs de Melkor le noir…

- Ils veulent attaquer la citée pendant que les armées sont encore au Nord…

- Des pirates j’vous dit !

- Une bande d’orques…

- Des spectres qui ne trouvent pas de repos après un raid… Ils tueront tous ceux qui viendront en bateau car leurs meurtriers sont venus ainsi…

- Un guetteur comme celui qui gardait la Morïa dans les légendes…

- Ils ont libérer des rats dans la ville pour que le fléau nous tue jusqu'à dernier… Il faut fuir !

- Je prendrait la route demain…

- Mais nous sommes peut-être déjà condamnés…

Ambre avait suivit chaque échanges avec passion. Des pirates ? Des ents ? Des fantômes ? Ces types avaient certainement trop bu pour avoir de telles idées. Ce qui était sûr c'est qu'il y avait un réel problème là bas et que personne ne savait ce que c'était. Voila qui était étrange, après tout il devait bien y avoir des gens pour s'occuper de cela, non ? C'était quand même inquiétant.

_"En tout cas, vue le nombre de vermines dans cette ville, j'aimerais savoir qui serait assez idiot pour en rajouter.

La jeune fille ne put s'empêcher de rire à la remarque de la naine. Il est vrai qu'il y en avait assez comme ça.

_Mais à ton avis Tatie, qu'est ce qu'il se passe là bas ? Réellement.

_Va savoir ce que ces humains ont encore bien put inventer, ces créatures ont la fâcheuse tendance à s'attirer des ennuis.

Sentant le ton ironique qui lui était clairement destiné elle choisit de se taire et de continuer à écouter les histoires des autres.

Une voix s’éleva de derrière Ambre… Elle provenait d’un homme qui, s’il n’avait parlé en premier l’aurait laissé totalement indifférente… Quelques têtes se tournèrent… Mais les regards glissèrent sur lui comme s’il n’avait pas la moindre importance… Il semblait si… insignifiant, ainsi enroulé dans sa cape qui ne laissait rien voir de lui… Un bâton ferré reposait non loin de sa chaise… Mais vu l’allure du personnage, il devait uniquement l’utiliser comme bâton de marche.

- Une partie au moins de ce qu’ils racontent n’est pas un simple tissu de mensonges… Les arbres bougent réellement sur l’île… Et il y a eu des disparitions… Les humains s’excitent souvent pour rien… Ils croient ce qu’ils ont envie de croire… Ou ce qui leur fait peur. Même en leur exposant la vérité ils préféreront suivre ce qu’ils croient être vrais… Car donner un corps à leurs peur et leurs espoirs leur est vital.

La silhouette s’était levée pour se rapprocher des deux dames… Le bâton était atterri dans sa main à un moment indéterminé…

Un homme étrange s'était approché de leur table, mais Ambre remarqua que c'était plus exactement un elfe, ce qui l'intrigua. La mine de Tatie Khazi se renfrogna, ce qui amusa la jeune fille, mal grès tout ce furent surtout les paroles de ce nouvel inconnu qui l'intéressèrent.

_"Des ents aussi loin de Fangorn ? Ridicule.

La naine ne changerait jamais.

_Que font-ils sur cette île, et qu'est ce qui a pu les attirer là bas ?"

Des disparitions en plus, voila qui était passionnant. Elle se mordit la lèvre, de nombreuses questions la taraudaient mais la politesse l'en empêchait et surtout le regard que lui lançait Khazi. Mais elle ne pouvait pas cacher sa curiosité et c'était apparemment contagieux vue la façon dont Blanche se penchait au dessus de son épaule.Ses yeux doré pétillaient en fixant l'elfe.

//Je sais c'est court//

Natsai écouta avec amusement les raiponces des deux personnes assise à cette table… Pourquoi leur avait-il parlé ? Mystère… Peut-être qu’entendre des personnes garder la tête froide lui avait fait plaisir ? A moins que ce ne soit un moyen pour évacuer son anxiété… Mîwelleth aurait dû le rejoindre depuis trois jours… Enfin… Il répondit à la naine sur un ton amusé :

- Qui a dit qu’il s’agissait d’ents ? Les arbres bougent… Mais les Huorns vivent bien dans la vieille forêt non loin de Bree… Et je doit avouer que j’imagine assez mal un ent traverser un bras de mer à la nage… Et encore moins sur un bateau…

Les deux personnes qu’il avait en face de lui étaient étranges… Mais bon… au point ou il en était… Autant se présenter…

- Je me nome…

Natsai ne finit pas sa phrase : il s’était retourné brusquement en entendant un mot… "Embouchure"

- Qu’es que tu vient de dire sur Embouchure ?

- Calme mon gars… Il paraît que le village à subit un raid la semaine dernière… personne n’en à réchapé…

- Et vous me demandez d’être calme ????

L’autre haussa les épaules… Natsai s’effondra sur une chaise libre… Si elle n’était pas là… Il ne pouvait qu’envisager le pire…

La jeune fille rigola pendant que Tatie Khazi marmonnait des termes incompréhensibles, et qui ne devait surement pas être très charmants, dans sa bière. Ambre n'avait jamais vue d'ents mais sa mère lui avait souvent raconté des histoires d'eux, d'immenses arbres qui pouvaient parler et bouger. Mais elle se doutait que la nage ne devait pas être leur passe-temps favoris.

Elles regardèrent l'elfe s'énerver contre deux hommes qui discutaient d'une attaque à Emouchure, puis il s'effondra sur la chaise qui était à la même table qu'elles.

La naine poussa un grognement pendant qu'elle lui tendait sa bière.

_"Petite nature."

Ambre était plus inquiète. Une attaque dans le delta ? La maison de ses parents n'était pas très loin de ce village... sa maison, sa famille. Non, c'était le village lui même qui avait été attaqué. Il ne fallait pas s'inquiéter. L'hermine toujours intriguée sauta sur la table et s'approcha légèrement de l'elfe pour le sentir, ses petits yeux noirs brillant de curiosité.

Natsai se reprit rapidement en entendant le commentaire hargneux de la naine… Il accepta la bière qu’on lui tendait puis, plus par politesse que par réelle envie, en but une longue gorgée avant de la rendre à sa propriétaire…

- Merci… Vous m’excuserez mais une amie à moi se trouvait à Embouchure… Elle devait me rejoindre ici sous peu… Mais si ce que dit cet homme est vrais…

Pendant qu’il parlait, l’elfe baissa les yeux sur la petite bête qui venait renifler la main qu’il avait posé sur la table… Avec un sourire à son endroit, il sortit d’un repli de sa cape un morceau de viande séchée et le lui présenta. Dans le même temps il abaissa sa capuche et reprit la parole :

- Mais excusez moi… je manque à toute politesse… je ne me suis même pas présenté et je vous importune déjà avec des histoires dont vous n’avez rien à faire. Je me nome Natsai.

L'hermine renifla la viande et en à peine deux seconde elle l'avait pris et s'était réfugié sur l'épaule de sa maîtresse pour le manger.

_"Blanche c'est quoi ces manières ?

Ambre était gênée, quand à Tatie Khazi elle semblait hésiter à reboire dans sa chope et la jeune fille se demanda qui de son hermine ou de la naine étaient la plus incorrecte.

_Je m'appelle Ambre Eon'mor et voici Khazi et, elle montra la petite créature qui lorgnait de nouveau sur l'elfe, Blanche. Pardonnez ma curiosité mais...

_Au point où tu en es niveau curiosité...

Touchée. Elle trouva cette remarque très mesquine mais préféra ne rien ajouté et continua sur sa lancée.

_...,mais peut-être ne pouvez pas me répondre, s'il est possible d'en savoir plus sur cette attaque, ma famille ne vit pas très loin de ce village, sur la côte, je dois avouer que je suis un peu inquiète.

_ Ne dis pas d'idioties, pourquoi auraient-on attaqué tes parents, deux pauvres pêcheurs, ils ne possèdent pas assez pour attirer qui que ce soit.

Ambre se renfrogna légèrement mais son inquiétude ne baissa par pour autant, elle fixa Natsai de ses grands yeux jaunes, espérant une réponse plus rassurante que celle de Tatie Khazi. Blanche quant à elle fixait de ses grands yeux noirs l'elfe en espérant un autre morceau de viande.

La réaction de l’hermine fit sourire l’elfe qui la regarda quelques instant dans les yeux avant de pencher la tête :

- Mae Goaeven Blanche…

Il se tourna ensuite vers la naine avec un sourire triste sur les lèvres… Encore une fois il inclina la tête puis héla une serveuse :

- Une bière ! La meilleur possible…

Natsai laissa la serveuse s’éloigner prestement pour répondre à sa commande avant de retourner vers la naine :

- Et pourquoi auraient-ils attaqué un village comme Embouchure ? Il n’y avait rien pour eux là bas… de toute manière j’en sait autant que vous… Et je vais aller sur place au plus vite pour en savoir plus… Si tu le désire tu peut me suivre… nous irrons voir si tes parents vont bien… A moins que vous n’y voyez un inconvénient madame…

La serveuse apporta la bière qu’il avait commandé et reçut l’argent voulu.

- Pour m’excuser d’avoir emprunté la votre.

Le fait que la choppe soit deux fois plus grande que la précédente ne rentrait pas en ligne de compte. Sans un mot, Natsai avait sortit d’un repli de sa cape une fine feuille de papier, un bloc d’encre, une petite bouteille d’eau et une plume incroyablement fine. En quelques instants il écrit quelques mots en elfiques sur le papier :



Ceci fait il le scella avec un peu de cire sortie de nul part, la bougie posée sur leur table et en usant de sa bague comme seau. Après avoir scellé deux fois la lettre, il releva ses yeux vers ses compagnons de tablés. Ce petit manège avait été vite… très vite… et n’aurais pas semblé réellement important car Natsai écoutait en même temps ce qui l’entourait… comme si ses mains agissaient d’elles mêmes…

HRP//c’est du français dans ma lettre… donc vous pouvez déchiffrer ^¨^//HRP

Tatie Khazi accepta la bière sans un mot mais regarda l'elfe de son œil torve.

_"Vous croyez que je vais laisser la petite seule avec vous, excusez moi mais elle fait des bêtises à une vitesse folle. Elle bue une grande gorgée de sa bière sous l'œil vexé d'Ambre. Je vous accompagnerais, je veux également savoir ce qu'il en est, si il est mal grès tout arrivé quelque chose je veux être là.

La jeune fille pensa tout de suite à ses petits frères, si il leurs étaient arrivé quoi que ce soit elle ne se le pardonnerait jamais. Blanche laissa Natsai pour se blottir contre le cou de sa maîtresse.

_Cela ne vous dérange vraiment pas que l'on vous accompagne ? Je n'aimerais pas être une gêne pour vous."

Elle devait avouer qu'elle était intimidé par l'elfe, elle en avait déjà vue mais n'en avait jamais côtoyé et l'idée de faire un voyage avec lui l'excitait, même si elle aurait préféré que ce soit pour une aventure plus joyeuse.

Natsai adressa un rictus amusé à la Naine toujours aussi délicate…

- Rien ne vous empêche de venir que je sache… Mais pour ce qui est des bêtises… j’ai toujours aimé les enfants et voyager avec eux ne me gène pas…

Il se détourna ensuite vers la petite et lui lança un regard sévère :

- Si ça me dérange beaucoup que tu m’accompagne… Si tu continue à me vouvoyer comme ça…

La phrase avait finit avec un grand sourire mais il enchaina plus sérieusement :

- Tu vas peut-être un peu me ralentir mais avoir de la compagnie sur la route ne me fera pas de mal. En plus autre chose vas beaucoup me ralentir… Et ainsi ça ne posera pas de problème… Par contre le jour n’est pas encore très avancé… Nous pourrions partir dés maintenant… Je doit simplement donner ce message à un ami et lui emprunter un pigeon… Vous m’accompagnez ? Je ne repasserait pas par ici.

Natsai se leva, se saisit de son bâton et rabaissa son capuchon… Il se montrerait plus volubile en dehors des murs de la citée car pour l’heur il sentait une certaine atmosphère oppressante… L’elfe sortit de la taverne sans chercher a savoir si les deux autres avaient pris sa suite.

HRP//j’ouvre le sujet suivant… là//HRP

Le chemin a travers les rues de la Cite Blanche remplit le coeur du Dunadan avec une tristesse encore plus profonde.
Ne cherchant pas encore la mort, il avait mis un foulard noir autour de sa bouche et de son nez, evitant ainsi de respirer l'air contamine de la Cite. De plus, sous sa chemise sale, etait pendu un objet antique et puissant; la lampe de Feanor. Il esperait que cet artefact, rempli d'une magie ancienne, le protegerait contre l'epidemie.
Il caressa le cou de son etalon du Rohan avec tendresse; cet animal lui avait servi pendant tellement de voyages et des batailles...il esperait qu'il ne serait pas tue par la peste...

***

Les rues de la Cite se trouvaient dans un etat desastreux. Des dizaines de maisons etaient abandonnees, les vitres et les portes brisees par des pilleurs profitant de l'absence de leurs locataires.
Les rues etaient pratiquement desertes, seuls quelques hommes armes regardaient le cheval du Dunadan avec envie, mais ne firent rien, intimides par la posture dangereuse de Forlong et l'epee batarde dans son dos.

De temps a autre on pouvait voir un cadavre, tue par la peste ou par des bandits.
Un ou deux chariots de marchand, entoures d'une escorte nombreuse et armee, parcouraient encore le bas de la Cite.

***

Forlong s'arreta devant la taverne; c'etait la plus connue de la Cite Blanche, et l'endroit prefere des voyageurs et soldats. Elle avait change de proprietaire plusieurs fois...mais la biere restait la meme.

En ce moment, les fenetres de la taverne etaient recouvertes de planches en bois. Deux hommes particulierement grands et muscles gardaient l'entree, chacun une courte epee en main. Apparemment le tavernier avait decide de rester dans la Cite...tant mieux.

Deux feux brulaient devant l'entree; les flammes purifiaient l'air contamine... Lorsque Forlong descendit de son cheval et se dirigea vers la porte, il fut arrete par les deux brutes. Un des hommes dit:

-Bouges pas, l'ami...

Il l'examina en recherchant un quelconque signe de la contamination. Mais le corps de Forlong etait depourvu de toute trace de la maladie, et sa respiration etait reguliere, sans aucun toussement.

-Tu peux passer...mais n'essayes pas de sortir cette epee dans l'auberge, ou tu te ramasseras un carreau d'arbalette entre les omoplattes. Compris?

Forlong confirma avec un hochement de la tete calme, et donna deux cent pieces d'or a chacun des hommes, puis dit:

-Amenez mon cheval aux ecuries de la taverne, et veillez a ce qu'il soit traite avec un soin particulier. Il vaut beaucoup pour moi, et je ne souhaite pas qu'il tombe malade.

Il entra dans la taverne, se retrouvant dans cette grande piece chalereuse qu'il connaissait si bien. Le bruit des conversations etait fort, un barde jouait meme d'un instrument a cordes. Les gens venaient ici pour oublier l'horreur de la realite...

Tous les clients semblaient en bonne sante et vetus de facon correcte; les vigils ne laissaient pas entrer les pauvres, malades, ou les pilleurs.
Avec un soupir, Forlong commanda une cruche de vin rouge du Gondor et un plat.
Sa tete etait lourde de fatigue et de desespoir...

Lorsque l'aubergiste apporta sa commande, il lui paya, et commenca a boire...esperant noyer son desespoir dans le vin et oublier...oublier tout.

Forlong se reveilla en sueur. Il avait mal a la tete, et n'arrivait presque pas a respirer. Il regarda autour de lui; la lune brillait par la fenetre, plongeant la piece dans une lueur argentee.

A cote de son lit, a portee de main, etait posee son epee antique, Lunerill. A cote, a terre, se trouvait la cruche de vin vide.
Il avait choisi de prendre le vin dans sa chambre, et n'avait pas oublie de fermer la porte a clef. Il voulait boire et oublier; mais il savait que etre ivre dans une piece remplie de gens armes etait une mauvaise idee. Il preferait s'isoler...

Il se releva lentement, et plongea sa tete dans le recipient d'eau pose sur la table. Elle etait glaciale. Il sortit sa tete apres une trentaine de secondes, avec une inspiration profonde. Ses longs cheveux blancs, a present trempes, tombaient sur ses epaules.

Il ouvrit la fenetre, inspirant l'air froid. Il semblait tellement pur...comme si il n'y avait jamais eu de plague.
Il frissonna dans la fraicheur de la nuit, perdu dans la simplicite des sensations. Le froid. L'eau sur sa peau. La lumiere. Le noir.
Tout ca donnait une clarte a ses pensees qu'il n'avait pas eu depuis des semaines...

Mais c'etait juste un moment de repit, une inspiration profonde avant de plonger a nouveau dans le desespoir...
Il ferma la fenetre, et regarda son epee.
Combien de fois il avait songe a percer son coeur avec cette lame froide, finir sa vie ruinee...seules les paroles du spectre dans la crypte en Arnor lui donnaient encore de l'espoir...il devait regagner sa gloire.

Il se coucha sur son lit, regardant la cruche vide avec degout. L'alcool n'etait pas une solution. Si il devait mourir, qu'il trouve sa fin au combat. S'achever avec du vin n'etait pas digne de lui...de ce qu'il fut.

Des l'aube il ira se renseigner plus sur la situation dans la Cite...il y avait surement des gens qui avaient besoin de lui.

Avec cette derniere pensee, il sombra dans un sommeil profond, depourvu de tout reve. La fatigue avait vaincu son desespoir.

Forlong se reveilla dans sa chambre a l'auberge, sa main sur le pommeau de son poignard, comme tous les matins.
Il ouvrit les yeux, et regarda autour de lui. Peu avait change ici depuis cinq ans, la chambre ne portait presque aucune trace de la personnalite de son habitant.
Une lame en acier et argent etait pendue au dessus de la table; un souvenir de la Grande Bataille au Nord. A cote se trouvait la medaille qui le marquait en tant que veteran de ce combat. Il preferait ne pas la porter en ville; il ne voulait pas etre reconnu par un autre veteran ele can tant que capitaine Forlong de l'Arnor.

Il voyait de temps en temps des soldats portant ces medailles dans le bas de la cite; souvent il leur manquait une jambe ou un bras. Cependant ils ne le reconnaissaient jamais; il avait quelque peu change pendant ces cinq annees, et apres tout il n'etait qu'un seul parmis les milliers de combattants a la bataille contre les forces du mal.

Il se leva, et se lava dans l'eau froide, une routine qu'il repetait tous les matins. Il enfila ensuite une chemise noire un pantalon et sa vieille veste de cuir, et mit son epee antique, Lunerill, dans le dos.
Il se dirigea vers la sortie et ferma la porte de sa chambre a clef.
Apres etre descendu dans la grande piece de l'auberge et avoir consomme un dejeuner simple, il sortit dans les rues de la ville.

***

Il se rappellait du jour, il y a plus de cinq ans, lorsqu'il tua un violeur en sauvant la vie d'une femme. Depuis cet evenement il devint une sorte de justicier anonyme, un personnage redoutable, que toutes les ordures de la ville craignaient. Certains l'appellaient le Loup Blanc, pour la couleur de ses cheveux, d'autres Lost Ore, le nom qu'il s'etait donne lui meme.

Il avait elimine des dizaines de bandits au cours de ces annees, meme les bandes les plus puissantes de la cite le redoutaient. Sa reputation avait parvenu aux oreilles des dignitaires de la Cite, meme si son vrai nom restait inconnu.
Cependant il considerait encore et toujours qu'il n'avait pas regagne son honneur...
Forlong savait qu'il ne retournerait pas en Arnor, pas encore du moins. Le visage mort de la reine le hantait encore de temps en temps dans ses cauchemards. Que pouvait il faire? Tuer des ordures dans les rues de la Cite Blanche n'etait pas quelque chose qui lui rendrait sa gloire perdue il y a tant d'annees...

***

Les sabots de son etalon noir du Rohan, toujours aussi vif qu'il y a cinq ans, resonnaient sur les pierres qui recouvraient les rues de la Cite. Forlong faisait une de ses patrouilles quotidiennes a travers les endroits les plus sombres et dangereux de Minas Tirith.
Cependant cette fois il ne vit aucun meurtrier, violeur ou voleur dans les rues, et, satisfait, retourna dans l'auberge.

Il commanda une choppe de biere avec son repas, et se mit a manger sans appetit, abbatu par la perspective d'une vie solitaire et anonyme.

Il avait a present presque quarante ans; il etait toujours aussi souple et muscle qu'auparavant, et sa vieille blessure a la jambe gauche avait plus ou moins gueri. Cependant d'autres cicatrices apparurent sur son corps en souvenir de combats avec les bandits, et il ressentait plus facilement la fatigue apres un long combat. Ca faisait cinq ans qu'il n'avait pas passe une nuit sous les etoiles, ni fait un long voyage a cheval.

Ses cheveux etaient encore plus blancs qu'avant, et son teint etait pale; il passait moins de temps dehors qu'autrefois. Il se tenait toujours droit, et ses yeux etaient froids et percants, mais avaient perdu la flamme qui y brulait autrefois. Il se rasait plus rarement que lorsqu'il servait dans l'armee, laissant souvent un debut de barbe blanche se former sur ses joues et son menton.
Son teint pale et ses yeux fatigues montraient cinq annees de cauchemards et nuits sans sommeil...

Flosi était fatigué, il avait fait un long voyage depuis Khazad-Dûm et tout ça pour consulter des documents sur la forge et il ne l'avait pas fait seul car le lieutenant Hûrl s'était proposé pour le protéger durant son voyage. Les nains s'assirent à une table vide puis le forgeron, affamé apostropha le serveur :

-Salutations garçon ! Alors je voudrais : Une bière des rois nains, du melon avec jambon du Rohan, du porc braisé avec des frites, un gâteau TRÈS alcoolisée, un fromage de chèvre et du pain blanc. J'aimerais également pouvoir loger ici durant mon séjour dans une chambre confortable avec un lit dur. Tu prendras quoi Hûrl ?

Flosi attendit son repas quelques minutes, il entama une discussion avec le lieutenant des gardes du Khazad et fit part de ses impressions sur la cité blanche et les gens qui l'habitent.

-"Des gens à l'air bien noble, comme cette cité, mais j'ai peur que certains de ces habitants ne soient que de vulgaires bandits, nous devrions nous méfier, j'aimerais également m'acheter un poney ici pour pouvoir me déplacer rapidement.

Le forgeron aperçut un homme aux cheveux blancs, il avait vraiment une sale tête mais Flosi aperçut qu'il portait une épée dont la garde était belle et finement ouvragée et qu'il aurait bien aimé inspecté de ses yeux, le forgeron l'apostropha :

-Eph ! Oui, vous, venez vous joindre à nous et nous raconter votre histoire."

Pfouh... A peine rentré des Monts du Fer j'ai croisé le forgeron qui partait pour la Cité Blanche. Juste le temps de prévenir mon commandant et me voilà partis!! Cette fois ce n'est pas avec un marchand que je voyage...

Le voyage s'est déroulé presque sans encombres mis à part quelques gredins qui ont fini sur le bord de la route... Enfin nous sommes arrivés à bon port sans aucune perte dans la charrette de Flosi, et c'est bien l'important.
Nous nous arrêtons dans une auberge pour nous reposer de notre long voyage... Ca me fait penser que je n'ai pas fait de bon repas depuis assez longtemps... L'auberge est bondée de monde en cette heure. Nous devrons faire attention à nos bourses... Je n'ai pas fait attention au serveur qui s'est approché.

"Alors pour moi ce sera la même chose mais avec du boeuf à la place du porc. Ah et une chambre aussi!"

Pas long à servir ici... Tant mieux je commencais a mourir de faim! J'apprécie que le forgeron ait de la conversation pendant le repas.

"Ouais... j'ai surtout remarqué des gens louche pas tant de nobles que ça... Mais je dois avouer que l'architecture du lieu a un côté grandiose. Fais attention avec ton poney, tu peux tomber sur un animal qui ne sera pas assez solide pour te porter longtemps."

Je parle entre deux bouchées. Pas sûr qu'il m'ait bien compris... C'est qui cet homme qu'il appelle? Il ne le connaît pas apparemment... Je ne comprends pas pourquoi il l'appelle. Il a un constitution robuste. Ce doit être un bon guerrier. Mais son visage ne m'inspire pas confiance... Je devrais garder un oeil sur lui.

Forlong etait justement en train de finir sa choppe, toujours perdu dans ses pensees noires, lorsqu'il entendit la voix du nain. Quelque peu surpris, il regarda les deux voyageurs, et lanca un juron dans ses pensees. Il devrait rester plus attentif; il n'avait meme pas remarque la venue des deux nains a l'auberge.

Le capitaine en exil etait assez amical envers le peuple nain; il avait garde des bons souvenirs de ses voyages aux Monts de Fer et a la Montagne Grise. Les nains etaient des excellents freres d'armes, et avaient un gout pour la biere et les histoires des anciens temps.

Il y a six ans, Forlong se serait assis avec les nains, aurait paye une tournee generale, et leur aurait raconte l'histoire de sa vie.

Mais il n'etait plus la meme personne...il etait Lost Ore, Coeur Vide, le justicier anonyme du Bas de la Cite, l'Exilie...

Il se leva tout de meme, devoilant sa taille quelque peu impressionnante, et se posa sur une chaise a la table occupee par les deux nains.
Il regarda d'abord les quantites phenomenales de nourriture deposees sur la table, et un soupcon d'un sourire apparut dans le coin de ses levres. C'etait deja beaucoup, Forlong n'avait pas ri depuis cinq ans...

Il se tourna ensuite vers les deux nains, et dit, d'une voix neutre:

-Mon histoire n'est pas un recit qui accomperait bien un repas, maitre nain...a moins que vous desirez vous etouffer avec votre dessert, mais il me semble que cela n'est point votre but. Dites moi plutot ce que deux nains font a l'auberge de Minas Tirith.

Forlong s'etait assis plus confortablement dans sa chaise, et se relaxa, restant cependant attentif a son entourage, et gardant une main en dessous de la table sur le pommeau de sa dague. Apres tout beaucoup de personnes avaient tentes de le tuer pendant ces cinq dernieres annees...

Flosi n'avait pas quitté l'homme du regard, et plus particulièrement son épée dont il avait, bien entendu, nullement l'intention de la voler mais elle l'intriguait vraiment. Les mots de capitaine avait avivé la la curiosité du forgeron qui aimait qui se plaisait à connaître l'histoire de chacun, il lui semblait que l'homme avait été autrefois un homme noble et respecté et que sa forte carrure en avait fait un guerrier redoutable. Le serveur amena le repas de Flosi qui but une gorgée de sa chope :

-"Je viens consulter des archives sur les forgerons et les anciennes techniques oubliées du domaine de la forge car je suis forgeron, mais surtout, je viens voir la légendaire cité aux murs blancs bien que je sois étonnée que le premier rempart soit en pierre sombre.

Il entama son repas, il avait englouti son entrée et venait de finir son repas lorsque malgré lui il lâcha un rôt. Le serveur arriva, Flosi sorti sa bourse en peau de lézard et l'exposa bien devant les yeux de l'homme pour voir sa réaction, il avait l'air de s'en ficher.

-Tenez voici vos 300£, je monterais dans ma chambre plus tard. Désirez vous une bière Mr ??

-Veuillez m'excuser mais quand la nourriture est bonne et copieuse, il est d'usage chez nous les nains de roter. Au fait, je crois que j'ai oublié de vous présenter mon ami et lieutenant des gardes du Khazad, Hûrl.

Flosi se tut un instant et fini son repas puis il regarda autour d'eux, il avait l'intention d'abord des sujets périlleux et pensait qu'il pouvait avoir confiance en l'humain. Le serveur arriva, Flosi sorti sa bourse en peau de lézard pour payer et l'exposa volontairement quelques secondes aux yeux de l'humain pour voir si il était intéressé mais apparemment il était honnête :

-Tenez voilà 300£, ma chambre est elle prête ainsi que celle de mon ami ? Fort bien. Désirez vous une bière Mr ? Maintenant que notre repas est terminé je pense que vous pouvez nous faire part du récit de votre vie, j'aime les histoires et la vôtre me semble, à premier abord, intéressante. J'aimerais aussi, si vous me le permettez, étudiez votre épée et je jure par tous mes ancêtres de ne pas la voler mais, comprenez bien que je suis forgeron et étudier votre épée perfectionnera sûrement mon art et si vous le désirez, je pourrais vous rendre un service quelconque."

Ouais j'avais pas fait d'erreur... Il ne s'exprime pas comme un civil. De plus sa voix a l'air habituée au commandement... Et sa posture reflète bien son rang. Ce n'ai pas un simple soldat. Ou du moins c'en était un. Quelque chose semble dire en lui qu'il a été déchu de ses droits... Ou alors il est en mission depuis bien longtemps... On verra tout ça par la suite...

Ah le repas enfin!! Eh bien je peux dire que je ne suis pas déçu! Et notre "invité" semble surpris de tout ça. J'ai cru voir l'ombre d'un sourire sur ces lèvres. Je laisse Flosi me présenter, il a l'air à l'aise avec ça. Lorsqu'il me nomme je lève les yeux vers cet homme et crois un instant son regard. Je ne m'étais pas trompé. Ce n'est pas un simple soldat, son regard reflète une intelligence que n'ont pas les soldats. Il a l'air fatigué ou alors ma propre fatigue trouble ma vue. Et pensif aussi. J'ai l'impression que nous l'avons tiré d'une rêverie étrange.

Revoici le serveur. Le moment de payer... Ce que je déteste le plus... Bon tant pis allons y pour 300£... Ah voilà pourquoi le forgeron l'a invité à notre table son arme l'intrigue! Bien que je doute qu'il lui permette de la regarder... Je dois admettre que je n'y avait pas prêté attention mais maintenant que je la voie, je peux affirmer, même sans trop m'y connaître, que c'est du bel ouvrage! Tiens, il garde une main sous la table... Il est prudent... Tant mieux moi aussi... Du bout des doigts je cherche ma dague accrochée a ma ceinture. Elle est là tout va bien. Je l'incline légèrement en arrière, au cas où... Je reporte lentement ma main sur la table.
Il ne faudrait pas que je reste en marge de cette conversation.

"Laisse Flosi, c'est moi qui paye un coup à boire à notre invité! Vous voulez peut-être manger quelque chose aussi? Prenez vous pouvez vous servir! D'ailleurs, il ne me semble pas avoir entendu votre nom. Et je peux vous assurer que mon ami ici présent est bel et bien forgeron à Khazad-Dûm, royaume de Hadhod Croix-de-Fer! Je lui ai moi même récemment commandé une armure que je n'ai pas encore pu aller chercher! Et puis mon camarade a raison parlez nous un peu de votre histoire!"

Ah qu'est ce qui m'a pris de vouloir lui payer à boire? Enfin c'est pas grave au point ou on en est... J'aimerais pas avoir à faire à lui... Sa taille serait un avantage indéniable. Et vu son épée il doit avoir une certaine force. Des ennuis potentiels tout ça...

Lorsque Hurl commanda la biere, et elle fut apportee par une jolie jeune servante, Forlong leva sa choppe avec un visage serieux, et dit:

-Bah, vous etes la preuve vivante que l'avarice naine est un mythe, messieurs. Je bois a votre sante, la mienne ne vaut plus grand chose!

Il but un long trait de sa choppe, puis la posa sur la table. Il fronca les sourcils en entendant que les nains insistaient pour connaitre son histoire. Il ne connaissait pas les raisons de leur curiosite, mais restait mefiant. Cependant ils venaient de lui payer une biere, et il serait impoli de leur refuser. Il dit alors, d'une voix calme:

-On me surnomme Lost Ore...mon vrai nom est perdu dans les ombres du passe. Voici quelques annees deja que je vis dans la Cite Blanche, en servant moi meme et nul autre. Je parcours les rues de Minas Tirith jour et nuit, recherchant les bandits, assassins et violeurs. Mon epee est la seule justice qu'ils connaissent.

Il prononca ces paroles, et s'arreta la, ne faisant aucune allusion a ce qu'il faisait avant d'etre venu a Minas Tirith.
Il regarda ensuite Flosi longuement, et se leva de sa chaise. Il sortit son epee, un geste qui fit sursauter plusieurs clients nerveux de l'auberge.

Forlong avait etudie l'attitude de Hurl et Flosi attentivement, et ils lui semblaient sinceres. C'etait la curiosite et rien d'autre qui brillait dans les yeux du forgeron. Naturellement, donner son epee a un etranger etait quelque peu risque. Cependant Forlong savait qu'un nain aurait du mal a manier une epee batarde de cette longueur, de plus le plafond de l'auberge etait assez bas, ce qui aurait encombre le maniement d'une telle lame.
Finalement, Forlong ne tenait plus tellement a sa vie qu'il y a cinq ans...il etait pret a prendre de risques.

Il posa l'epee sur la table en face de deux nains, et se posa a nouveau sur sa chaise, reprennant sa choppe en main.

L'epee batarde, portant le nom de Lunerill, la flamme bleue, etait une magnifique arme. Elle fut forge pour un roi antique de l'Arnor, et les runes etranges incrustees dans la lame lui donnaient un pouvoir magique. L'epee brillait d'une flamme bleue lorsque la magie noire ou les creatures du mal etaient presentes. Elle accompagna le capitaine Forlong tout au long de sa carriere, et lui permit d'accomplir de faits glorieux...ce fut il y a longtemps.

-Faites gaffe, maitres nains, elle a une vilaine tendance a mordre les etrangers. La lame est tres coupante.

Il prononca ses paroles, un soupcon d'un sourire apparaissant encore une fois au coin de ses levres.
Il tenait toujours la main sur son poignard en dessous de la table. Il n'avait pas de mauvais pressentiment concernant les nains, mais la prudence lui avait souvent sauve la vie...

Flosi souleva sa chope et en but une autre gorgée, elle était particulièrement à sa goût c'est à dire bien alcoolisée.

-"Le jour où les gens cesseront d'établir des préjugés sur les différentes race de ce monde, eh bien, le monde sera meilleur mais j'apprécie votre compliment.

La remarque de l'homme avait un peu énervé Flosi, il l'avait d'ailleurs dite avec un brin de colère. Lost Ore... Flosi ignorait la signification de ces mots, sûrement de l'elfique. La réponse de l'homme cachait des éléments de sa vie et Flosi l'avait senti, aucun homme ne pourrait vivre toute sa vie ainsi à moins d'avoir subi un gros traumatisme qui la conduit à adopter ce mode vie.

-C'est fort louable de votre part Lost Ore, débarrasser cette ville des brigands est une tâche titanesque mais, pourquoi n'êtes vous pas au service du Gondor en ce cas ? Pardonnez moi mais, vous nous cachez des éléments de votre histoire Lost Ore mais je ne vous ennuierais pas avec ceci, vous devez avoir raisons pour nous les cacher et je comprends.

Il regarda un instant l'homme et le considéra, un beau gâchis pensait le nain car l'homme avait dû être un grand guerrier et un malheur lui était arrivé, son épée en apportait la preuve. le forgeron ne ressentit aucune peur lorsque l'homme enleva l'épée de son fourreau et la lui donna, il esquissa un large sourire lorsque l'homme lui dit de faire attention :

-Je sais tenir une épée Lost Ore, je peux vous appeler ainsi ? Je doutes néanmoins que cette épée me fasse du mal et en effet, la lame me paraît coupante.

Flosi se leva et tourna l'épée dans divers sens puis la fit un geste d'attaque et défensif.

-C'est une magnifique épée bâtarde que vous avez là, je reconnais le style des Dùnedains mais elle est légèrement différente que celle forgée à Numénor et je la trouves plutôt légère, ne soyez pas étonné, les bras des nains sont musclés et nous pouvons aisément manier une épée humaine. Le pommeau est parfait et qui plus est très esthétique, il équilibre parfaitement l'arme . La fusée et la garde sont aussi magnifiques, cet épée à été sûrement été forgé pour un roi mais je doutes que vous soyez le roi en question. Une puissance étrange émane de la lame, il y à sûrement des runes incrustées à l'intérieur. Soyons clair, je ne vous prends pas pour un voleur Lust Ore et je souhaites éviter tout malentendu, vous me semblez même quelqu'un d'honnête et généreux mais... où vous êtes vous procurer ce magnifique objet ?

Flosi reposa l'épée sur la table et attendit que Lost Ore la reprenne, il rebut une gorgée de sa bière des nains puis il caressa sa barbe et réfléchit à la réaction que pourrait avoir l'homme et surtout à ce qu'il allait faire si il se sentait indigné de la question du nain.

Hum... j'ai vraiment fais une bonne impression dis moi! Au point qu'il pense que j'ai dépenser mon argent... Ne cassons pas son rêve, Flosi a déjà l'air assez amer après ce compliment.

Ah, nous avons à faire à un justicier solitaire! Je n'en avais jamais vu avant, les seuls dont j'ai entendu parlé sont des légende minière... Je n'aurais jamais cru que de telle personne existaient vraiment et certainement pas dans la grande cité de Minas Tirith ou nous n'avons cessé de croiser la garde dans les rues. Mais j'imagine que la nuit doit être une autre histoire surtout dans les bas quartier qui fourmillent de ruelles sombres, étroites et sinueuses... De vrai coupe-gorge!!! J'attends que Flosi termine avant de prendre à mon tour la parole.

Eh bien, Lost Ore, je dois vous avouer que cette révélation me surprend! Je n'aurais jamais cru rencontrer un tel individus avant que ma barbe ne soit blanche! Je rejoins l'avis de mon ami sur un point: pourquoi ne rentreriez vous pas dans la garde de la Cité? Vous m'avez l'air parfaitement capable de vous battre à en juger par votre arme dans votre dos... J'aimerais connaître l'origine de votre nom si vous le permettez bien sur.

Son nom est étrange. Il n'est pas d'origine naine c'est sur, humaine j'en doute... Je ne connais les langues elfiques. Peut être en est-il un... Mais j'en doute fortement.

Ca pour une surprise! Je n'aurais jamais crus qu'il accepte de montrer son arme a des étrangers! Même pas de la même race en plus! Il a dut subir un choc pour faire une telle chose... Ou alors c'est il ne nous trouve pas dangereux. Il garde tout de même sa main sous la table...

Je laisse Flosi inspecter soigneusement l'arme pendant que je vide un peu plus ma chope. J'en profite pour observer l'homme plus attentivement. Bien qu'il ne semble pas si méfiant il ne quitte pas Flosi du regard. Un autre sourire en coin... Apparemment il a l'air confiant en son arme. Je dois admettre que même pour un lieutenant comme moi, cette arme serait inaccessible. Même mon commandant ne pourrait pas l'avoir. Je n'avais jamais vu de lame travaillée avec tant de précision.
J'écoute Flosi en train de nous faire une analyse complète de l'arme, mouvements a l'appuis sous les yeux médusés de certains clients, visiblement abasourdis de voir un nain manier une telle arme avec aisance. Je pourrais leur en apprendre sur la force naine tiens! Certains ont même commencé à quitter l'auberge, visiblement nerveux a la vue d'une arme. Du travail pour Lost Ore sûrement.

Le dernier commentaire de Flosi me semble osé, jamais je n'aurais dis cela. Pendant que Flosi dépose l'arme sur la table et se rassoit, je pose ma chope sur la table, entre deux assiettes parfaitement récurées et me redresse sur ma chaise (un peu grande pour un nain cela dit). D'un roulement d'épaule, je me rends compte que j'avais posé ma hache au sol, contre un pied de table plus précisément. J'y jette un rapide coup d'oeil. Dans le bon sens le manche vers le haut. Si notre invité réagit mal à la remarque du forgeron, Garakor devrait arriver à temps pour empêcher toute blessure... Je n'espère pas avoir à me battre, surtout contre ce Lost Ore et après avoir un fini mon repas...

Forlong regarda avec un certain degre de curiosite la facon dont le nain etudiait l'epee. Il sourit legerement a la remarque que Lunerill etait une arme assez legere; les muscles impressionnants du nain lui donnaient effectivement l'apparence d'un forgeron. Il n'avait pas tord...L'epee batarde fut cree avec des methodes antiques depuis longtemps oubliees, et elle etait bien plus legere que la plupart d'armes du meme type forgees de nos jours.

Le sourire qui apparut sur ses levres pouvait etre vu clairement a present, mais n'etait point une marque de joie, plutot une grimace remplie d'ironie et d'autocritique.

-Tache louable dites vous...Je ne dirais pas ca...Peu de bandits dans cette cite sont des adversaires de taille. Meme cinq hommes armes de couteaux et batons de bois renforces en metal ne sont pas vraiment dangereux pour un guerrier arme d'une epee batarde...surtout si ce dernier sait l'utiliser. La plupart de criminels de la Cite s'attaquent a des citoyens sans defense. Naturellement je ne tue pas les simples voleurs, je ne suis pas un monstre...encore que, beaucoup me considerent comme tel. Imaginez vous vous meme, maitres nains, ce que les citoyens de Minas Tirith doivent se dire en me voyant traverser la cite en pleine nuit, avec mon visage pale et mes cheveux blancs, sur mon etalon noir comme les profondeurs de Khazad Dum...Croyez moi ou pas, mais il ne manque pas de personnes dans cette ville qui auraient prefere se debarasser du mysterieux "Loup Blanc", comme on me surnomme parfois, que de la vermine qui viole et tue dans les ruelles obscures de la cite.

Sa voix etait calme, mais un interlocuteur attentif pourrait y entendre une note amere. Forlong but un long trait de sa choppe, cachant une grimace qui venait d'apparaitre sur ses levres. Il continua ensuite:

-Me mettre au service du Gondor dites vous...et comment imaginez vous cela? Je ne veux pas briser vos mythes sur Minas Tirith, maitres nains, mais la Cite Blanche n'est pas si blanche que ca...la milice qui patrouille le Bas de la Cite est une formation feignante et corrompue. Oui, ils arretent des hommes, mais seulement des voleurs et des putes...Ils vont pas se fatiguer a rechercher les hommes vraiment dangereux, et les organisations criminelles versent une jolie somme dans les poches des miliciens pour qu'ils ne fassent pas trop d'efforts, et ferment l'oeil sur l'activite criminelle de la ville. Quant a la garde de la Cite, oui certes, il s'agit la d'un beau corps, des armures brillantes, des muscles impressionnants et une fidelite au royaume et au Roy Mephisto. Certes...mais ces gardes s'aventurent dans le Bas de la Cite seulement pour boire une biere a la taverne ou visiter un des bordels dans les ruelles. Ils s'occupent de defendre la Cite d'eventuels envahisseurs, et de s'occuper de criminels dans les niveaux plus hauts de Minas Tirith.
Hors c'est bien ces ruelles qui ont besoin de justice le plus, et c'est la qu'il faut combattre les criminels et defendre la population.

Il se tut pendant un moment. Il n'avait pas parle autant depuis cinq ans...ca faisait du bien. Le silence etait une maladie qui le rongeait depuis tant d'annees deja...seules ses pensees noires l'accompagnaient jour et nuit.

-Que me proposez vous, maitres nains? Joindre la milice ou la garde? Il y a assez de jeunes hommes ennuyes par les temps de paix qui sont prets a rechercher l'aventure dans ces formations.

Il sourit ironiquement:

-Et puis est ce que je donne vraiment l'impression de quelqu'un habitue a ecouter les ordres d'un sergeant? Et de participer a des entrainements ou les blancs becs apprennent a tenir une epee du bon cote? Je ne pense pas...Et puis qui voudrait d'un vieillard comme moi dans la garde ou la milice?

Il prononca ses derniers mots avec une grimace amere, meme si il avait moins de quarante ans, et son sang de Numenor le rendait tres resistant aux charmes douteux de la vieillesse. Ses cheveux blancs et ses traits severes et couverts de cicatrices pourraient tromper beaucoup de gens.

Il acquiesca d'un hochement de la tete lorsque Flosi demanda si il pouvait l'appeller Lost Ore, et fronca ses sourcils lorsque Hurl posa sa question, puis dit poliment mais sechement:

-Lost Ore signifie Coeur Vide en elfique, si vous devez absolument le savoir, maitre nain. Cependant je ne vous devoilerai pas pourquoi j'ai choisi de prendre ce nom.

Les dernieres paroles de Flosi furent loin d'etre agreables. Forlong serra ses poings sous la table pendant un court moment, mais se relaxa vite. Meme si il avait passe les cinq dernieres annees dans la compagnie des ordures de la Cite Blanche, il avait demeure un homme calme au sang froid, pour lequel il etait autrefois autant repute.
A la surprise des deux nains, il sourit, en devoilant ses dents blanches, et dit:

-Bah, je ne pourrais pas vraiment vous en vouloir si vous me traitiez de voleur, maitre Flosi. Regardez moi, avec mes bottes sales, mon visage couvert de cicatrices, et ma veste dont l'odeur choquerait une dame de la cour du Gondor. Une ruine d'homme comme moi portant sur son dos une epee dont la valeur depasse celle de plusieurs villages? Peu credible, je vous l'acorde. Et pourtant je n'ai pas vole cette lame...je l'ai trouve dans un tombeau abandonne, a quelques centaines de lieues au nord d'ici...vous pouvez me traiter de pilleur de tombe, je ne pourrais pas vous en vouloir, mais j'ai eu des raisons particulieres pour prendre cette epee en possession, des raisons que je ne vous devoilerai pas...

Il prononca ces derniers mots poliment, mais froidement. Il voulait montrait aux nains une limite a leur curiosite, meme si celle ci n'etait pas malsaine.
Il dit:

-Mais je vous ai assez ennuye avec mes histoires...pour ma defense je peux seulement dire que vous l'avez demande vous memes. Je suis cependant sur que vous avez des recits bien plus joyeux et interessants a me conter, maitres nains.
Il se relaxa dans sa chaise, regardant ses interlocuteurs avec un visage de pierre.