Le Voleur

Sirion arriva enfin à la bibliothèque Interdite, il en avait déjà entednu parler mais assez vaguement. Il fut d'abord étonné de la taille prodigieuse du batiment, il descendit de son cheval et s'approcha de l'entrée. Il y avait deux gardes dont l'un dormait paisiblement, Sirion s'avança jusqu'à l'autre et lui dit :

"Salut à toi, je souhaiterais pénétrer dans cette bibliothèque, laisse-moi passer veux-tu ?

Doucement, mon gars ! Tu me parles autrement d'abord et ensuite refile-moi tes deux joujous."

Le Fantôme s'exécuta avec un rictus assez réprobateur puis entra enfin à l'intérieur. D'immenses couloirs étaient là devant lui, il ne savait où aller en premier tellement le nombre de passages, étroits et larges était important. Il se décida enfin à passer par une allé qui lui semblait etre la principale, il arriva après plusieurs minutes de marche devant une sorte de bureau poussiéreux et recouvert de toiles d'araignées.

Il entendit alors un bruit de bois provenant de derrière le bureau, Siron y jeta un coup d'oeil et fut surpris de voir un vieil homme nez-à-nez avec lui. Il le regardait avec des yeux étranges et avec un air de gamin.

"Bonjour vieil homme serais-tu le responsable ici ?"

Himlad le Bibliothécaire était affairé à classer des manuscrits et à consulter les ouvrages dont les pages ne lui étaient jamais passé sous les yeux - ce qui était rare mais qui arrivait toujours au vu du nombre impressionnant de documents que comptaient les étagères de l'édifice.

Mais depuis quelques temps, il n'avait plus vraiment la tête à cela, et ce qu'il essayait de lire et de connaître lui ressortait par une oreille, tant son esprit était ailleurs, comme aspiré de son crâne. En fait, le centre de ses pensées était ce livre, le Livre, avec un grand L, et depuis cet évènement malheureux, il ne cessait de s'inquiéter, et ses rêves étaient sombres et agités.

Mais, malgré tout cela et malgré son âge avancé, Himlad n'en avait pas moins l'ouïe fine, et il avait bien entendu quelque discussion là-bas, à l'entrée. Les gardes faisaient bien leur travail... Déposer les armes avant d'entrer, tel était l'ordre principal qu'ils donnaient. Mais il est vrai que nul n'aurait voulu faire du mal au vieux bibliothéquaire en pareil lieu, comme si cet endroit était saint et sacré... nul ne semblait vouloir offenser ces vierux grimoires, comme si une malédiction planait dessus.

Pourtant un l'avait fait.

Hors donc Himlad savait que la porte s'était ouverte, à son grincement sinistre, et il avait déposer soigneusement ses livres anciens sur les rayons avant de venir voir ce qui se passait dans les allées principale. Hasard ou pas, il tomba nez à nez avec un homme à l'allure plutôt étrange...

"On me pose souvent cette question, et à chaque fois elle me fait rire... répondit-il. Je suis seul en ce lieu, et je ne vois pas qui d'autre pourrait être le responsable de cet établissement."

Pourtant, aujourd'hui, il ne riait point.

"Puis-je savoir ce qui amène vos pas ici, dans la Bibliothèque Interdite?"

#Himlad #Sirion

Sirion était quelque peu décontenancé par l'apparence du vieil érudit mais il gardait son calme légendaire tout en écoutant le petit monolgue du bibliothécaire. Cet homme était vraiment petit, se dit Sirion en l'écoutant attentivement, puis une fois que le vieil homme eut fini se poser sa question Sirion lui répondit promptement :

- Et bien j'ai entendu parler d'une histoire assez confuse. D'après ce que je sais, quelqu'un vous aurait dérober un manuscrit d'une très grande valeur mais je n'en sais pas plus. J'attends de vous que vous m'en disiez davantage sur cette affaire, si toutefois vous souhaitez que je le retrouve car JE le retrouverais, vous pouvez en être certain.

Sirion regardait alors l'érudit avec un regard motivé et emplit d'une flamme ardente, dévoilant ainsi sa soif de combat et d'aventures dangereuses...

Le vieil Himlad avait tout d'abord éprouvé beaucoup de perpléxité en écoutant le discours de Sirion, mais il ne put être insensible à la détermination qui s'entendait dans sa voix et à la flamme vive qui se voyait dans ses yeux. Qui pouvait-il bien être pour vouloir d'une telle tâche? Nul doute que la témérité était en lui, et un petit brin de folie également.

Le bibliothécaire s'assura de la présence des gardes à l'entrée, et lorsque ce fut fait, il entraîna le visiteur dans les dédales de l'édifices. Ils arrivèrent bientôt au bout d'une allée, dans un coin sombre de la pièce. Alors le vieillard parla d'une voix faible et chevrotante, comme si les murs pouvaient avoir des oreilles:

"Le Livre des Noires Incantations... Oui, oui... il a été dérobé il y a de cela deux nuits. Les deux gardes dormaient dans une pièce annexe de la bibliothèques, tandis que moi-même someillait à l'étage, dans ma haute chambre. Les portes étaient fermées à clefs, vérouillées, impénétrables. Fenêtres et volets demeuraient clos. Pas même un seprent aurait put pénétrer à l'intérieur. Et pourtant au matin, le Livre n'était plus là. Nulle éfraction n'était visible: les vitres étaient intactes, les volets, en place; la serrure n'était pas forcée."

Himlad regarda de droite et de gauche, comme s'il craignait de voir apparaître de fantômatiques êtres les épiant dans leurs discours. Sa voix devint un murmure à peine persceptible:

"Et j'ai cherché longtemps, mais le manuscrit avait bel et bien quitté la bibliothèque. Dans ses pages étaient conservé le souvenir d'ancienne formule en langue noire, presque oubliée de nos jours. Nul ne sait qui a écrit cet ouvrage, mais il est en tout cas très dangereux de le feuilleter, et encore plus de se l'approprier. Je ne l'ai moi-même ouvert qu'une fois, et je ne le referais point. Il n'aurait jamais dû être trouvé. Où est le voleur, je l'ignore, mais sachez que le lieu de vie le plus proche d'ici est le Palais de Khand, là-bas dans le désert, au Nord-Est."

Sirion avait suivi le vieil homme jusque dans un couloir sombre où la lumière ne pouvait que difficilement passer. Lorsque l'érudit commença son récit, Sirion devint très attentif puis ua fur et à mesure qu'il en savait davantage il devenait de plus en plus avide connaitre la fin.

Enfin quand il eut achevé son histoire, le vieil homme regarda Sirion dans les yeux pour savoir s'il allait réussir à accomplir cette mission plus que périlleuse. Sirion avait baissé la tête et avait fermé ses yeux, puis Himlad put entrevoir un sourire se dessinait sur le visage du guerrier. Cela surprit le vieil érudit qui fut presque apeuré par une telle réaction. C'est alors que Sirion ouvrit la bouche pour parler enfin :

"Et bien depuis le temps que j'attendais une vraie mission !Là je suis servi : une enquête, un objectif et peut-etre même un mort par la même occasion. J'accepte cette mission, je vais le retrouver votre bouquin, dit Sirion."

Il avait remarqué que Himlad n'avait pas trop apprécié le ton sur lequel il avait dit "bouquin" mais peu lui importer, c'était l'occasion pour lui de se dégourdir les jambes, la tête et ses deux lames...

"J'ai une requête à vous faire avant, je veux pouvoir me déplacer librement dans la bibliothèque et aller dans n'importe quelle pièce du batiment sans être retenu...et je veux aussi avoir le droit de porter mes armes, vous ne voudriez pas que je sois attaqué en pleine recherche par un quelconque intrus sans que je puisse me défendre ?"

L'érudit avait certes réprimé un rictus lorsque Sirion avait parlé avec si peu de respect et de craintes de ce livre antique et dangereux, mais il n'en tint pas cas... car il s'avérait que, quelquefois, les humains les plus polis se révélaient les pires.

Quant à la requête...

"Très bien, puisque vous semblez persister dans votre idée de retrouver le manuscrit, l'ensemble des pièces de la bibliothèque vous seront accessibles, à condition que vous taisiez ce que vous y avez vu une fois que vous serez sortis. Je n'ai guère envie que chaque étranger connaisse tout de ce lieu."

Un petit sourire gêné naquit sur les lèvres d'Himlad lorsqu'il articula la phrase suivante:

"Pour ce qui est de vos armes, nous ne dérogerons pas à la règle. Les gardes veillent, vous ne risquez rien, et ils veillent également sur vos armes: vous les retrouverez quand vous passerez de nouveau le seuil de ce bâtiment. Je vais faire savoir aux sentinelles de ne laisser entrer quiconque tant que vos recherches ne seront pas terminées. Croyez-moi, il n'y aura pas d'intrus, vous avez ma parole."

Il fit un pas mais se retourna...

"Ah oui, j'ai trouvé une étrange pièce en recherchant le vieux grimoire... Tenez."

Sirion fit un léger signe de tête pour remercier le vieil homme d'accepter de le laisser aller où il le souhaitait dans la bibliothèque. Ce fut alors à Sirion de faire un rictus quand il entendit l'érudit lui répondre qu'il ne pourrait pas récupérer ses armes à l'intérieur.

"Je comprends vos obligations et votre peur également et je n'irais pas contre vos paroles. Cependant..."

Sirion prit le bras du vieil homme doucement mais fermement et l'entraina dans une allée encore plus sombre que la précédente et à l'abri des regards indiscrets.

"...cependant, j'ai des soupçons sur l'apparente innocence de vos gardes. Ils me paraissent louches et quelque peu stressés. Sauf excuse valable, je vais aller les interroger le plus tôt possible. Puisqu'il n'y a eu aucune trace d'effraction, le voleur est soit l'un des deux gardes, soit il a trouvé un passage inconnu de votre personne."

Il avait fini sa phrase si faiblement que l'érudit eut du mal à entendre ses derniers mots..Tout au long de son explication, Sirion surveillait partout pour vérifier que personne n'écoutait car si cela avait été le cas, il n'aurait pas hésité à contre-attaquer. Sirion regardait à un angle d'étagère en direction de l'entrée tout en attendant patiemment la réponse de Himlad...

"Il y a une troisième possibilité que vous n'avez pas prise en compte, qui ne concerne ni les gardes ni l'éventuel passage secret: la clef de la bibliothèque. Et maintenant que nous en parlons, je prends conscience d'une chose: cette solution n'est pas incohérente. Car voyez-vous, fort malheureusement... je ne suis pas seul à détenir la clef de ces lieux."

Ca, c'était certes une sacrée nouvelle. Il était étrange que le vieil homme n'y ait pas pensée plus tôt, tant cela était évident. Pour prévenir toute réaction de la part de Sirion, Himlad enchaîna derechef sur une explication plus précise:

"Voilà bien longtemps que je n'ai plus vu cette personne, et je croyais qu'elle n'avait jamais conservé le double de la clef, car l'époque où je l'ai vu pour la dernière fois est celle de ma jeunesse. C'est un homme dangereux, à mon avis, machiavélique et à l'esprit tortueux, il ne m'étonnerait en rien que les pouvoirs du Livre aient attisé son envie. Pourtant, il était détenu jour et nuit dans les geôles du palais de Khand, au Nord Est d'ici, voilà qui est étrange. Mais je n'est point de doute à présent, la pièce que je vous ai remise lui correspond. C'était mon frère."

De nouvelles pistes s'ouvraient donc à Sirion, et Himlad ne semblait pas, en outre, vouloir qu'on touche à ses deux gardes.

La révélation plutôt tardive du vieil érudit interloqua pendant un moment Sirion qui ne s'attendait pas à ce que Himlad ait pu oublier un détail d'une telle importance. Il se ressaisit promptement lorsque celui-ci lui donna à nouveau le nom du palais à l'est. Sirion prit alors la parole :

- Dans ce cas, je vais m'y rendre le plus rapidement possible. Cependant, il n'est pas sûr que votre "frère" soit coopératif quand je le retrouverais, vous allez devoir me dire si vous tenez plus à votre précieux manuscrit ou à votre frère qui d'ailleurs ne doit plus être très jeune non plus ?

Tout en discutant, les deux hommes se dirigeaient vers la sortie car Sirion voulait garder son surnom l'Intenable. Himlad resta pensif quelques instants après cettte déclaration qui verrait un choix non moins difficile. Sirion était arrivé à la porte d'où il était venu il y a quelques minutes, il regarda fixement le garde ayant pris ses armes jumelles jusqu'à ce qu'il les lui remette en main propre.

Cela lui permettait d'attendre la réponse finale du vieil érudit qui avait l'air songeur depuis maintenant un bon moment.

"Croyez-moi, mon frère n'est pas, de par les actes qu'il a commis, le genre d'homme auquel on tient vraiment. Je vous ai dit ce que je pensais du vol de ce manuscrit, et sachez qu'il vos mieux que l'objet me soit rapporté ou que son porteur soit tué, sans quoi Dieu sait à quoi on en arrivera. J'espère au moins qu'il ne l'ai pas caché en un lieu tout à fait éloigné ou livré à une organisation..."

Le garde s'était avancé durant la réponse d'Himlad, et, les armes jumelles dans un main et sa propre lame dans l'autre, il tendit le bras gauche et rendit les sabres à leur propre porteur.

Pendant ce temps, le vieux bibliothéquaire venait de nouveau de passer le seuil de la porte et, refermant quasiment le battant, il fit sortir quelques dernières paroles de l'entrebaillement:

"Je sais que votre soif d'aventures est grande, monsieur, je l'ai senti lors de notre discussion. Mais sachez que si votre tâche est menée à bien, votre goût du risque ne sera pas votre seul récompense, vous pouvez m'en croire. Hum... avant que vous tourniez les talons, puis-je connaître votre nom?"

Sirion était particulièrement heureux d'avoir à nouveau entre ses mains ses deux fidèles lames. Il fit quelques jongleries avec, tandis que Himlad achevait sa phrase.

Il eut juste le temps de voir l'érudit repasser l'entrebaillement de la porte pour ne laisser entrevoir que son visage tout ridé. Le vieil homme lui posa alors sa question à laquelle il répondit par :

- En ce qui concerne cette récompense, gardez la bien au chaud mon ami car à présent je pars pour vous ramener votre fameux livre. Mon nom ? Eh bien, il change suivant les personnes que je croise certains m'appellent le Sans-Coeur, d'autres le Fantôme ou encore l'Intenable....

Il eut un moment de nostalgie puis reprit

...mais pour vous ce sera simplement Sirion.

Alors le Fantôme remonta d'un trait sur sa belle monture couleur nuit. Il salua d'un signe de main le vieux Himlad puis d'un hochement de tête les deux gardes et s'en retourna vers l'Est et son objectif. Son but l'amènerait surement à faire siffler Lorhiss et Echliss, mais cela ne l'inquiétait certes pas. Il partit donc vers le palais de Khand en quête du précieux manuscrit de sortilèges maléfiques et quelque chose lui disait que ce livre avait plus d'intérés pour lui que ce qu'il pouvait imaginer...


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