[Resynchronisation - année 299] Les Griffes d'Ammoth

L’Innocent avait l’air soucieux. Et l’absence d’acheteurs à sa boutique n’en était pas la cause. La ligue des Griffes d'Ammoth étant sous contrat avec le Gondor, leur promettant une rentrée régulière d’argent, luxe que peu de mercenaires avaient. Néanmoins, telle une fleure, la ligue se fanait lentement dans l’ombre de la cité… Les anciens étaient frustrés de ne pas réussir à trouver leurs officiers qui avaient désertés voilà bien des années et les nouveaux rêvaient de voyages et d’aventure.

Observant parfois du coin de l’œil la Veille Bâtisse, l’Innocent se demandait s’ils étaient voués à finir leurs jours tel ce misérable édifice, oublié et laissé sans entretient… L’absence de leur chef également Stratège au sein de l'armée Gondorienne avait sévèrement réduit leur marge de manœuvres et n’ayant aucun remplaçant dans les hautes sphères de l’armée, leur voix ne pouvait plus être entendue… Profitant de leur important réseau de contact, Douleur –leur chef de substitution- a fait en sorte de préserver leur place sur les différents trafiques de contrebande tout en cherchant activement des pistes pouvant les aider à retrouvés leurs officiers disparus…

Douleur passait beaucoup de temps dans sa chambre, les yeux rivés sur l’orbe d’Omniscience. Surement espérait elle retrouver Silence et les autres dans le flot de voyageur incessant qui visitait la Cîté Blanche. Elle était assez maligne –et surtout experimentée- pour bien jouer ses cartes. Ils avaient des informateurs aux quatre coins des Terres du Milieu et si quelqu’un osait prononcer le nom de Silence, elle en était informée dans le mois suivant. Cette obsession n’était bien sur qu’une manière de se protéger du chagrin. Peu de mercenaires espéraient encore revoir leur officiers un jour, bien que leur professionnalisme et la tradition les empêchaient d’abandonner leurs recherches.

L’Innocent quand à lui était resté émotionnellement très détaché de toute cette histoire au début, confiant de revoir Silence et les autres toquer à la porte de la Bâtisse comme s’ils revenaient tout juste du marché. Au fil des années, le regret le rogna et il avait décidé de mener sa propre enquête. Sous l’excuse de visites officielles auprès de leurs divers contactes contrebandiers, il passa ses dernières cinq années sur la route, marchandant pour survivre. Seul le Mordor avait il refusé d’explorer, n’ayant pas trouvé d’alliés dans cette sinistre région pour l’escorter. Mais que pouvait faire un seul homme, ralentit par une caravane, dans la recherche d’un petit groupes de mercenaires vétérans spécialisés en discrétion ? Ayant accepté l’échec de sa mission, il pouvait au moins se consoler d’avoir essayé…