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 [Tales] - L'Echo des plaines

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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
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[Tales] - L'Echo des plaines EmptyMer 10 Fév 2016 - 8:23

Polias était inquiet. De sa longue vie auprès des rois du Rohan, il n’avait jamais vu pareille détresse dans le cœur de son peuple. Quelques jours plus tôt une délégation de bergers avait demandé une audience auprès du Haut Conseiller pour attirer son attention sur la question alimentaire. Les éleveurs nomades se regroupaient autour des grands points d’eau  pour abreuver leurs troupeaux, mais ils commençaient à manquer de nourriture pour leurs bêtes. Les plaines immenses du Riddermark s’étaient muées en un vaste désert de poussière où l’herbe avait été brouté jusqu’à la racine par des milliers de brebis affamées. Le Rude Hiver avait déjà fait grand mal. Les agneaux nés trop tôt au début de l’année étaient pour la plupart morts de froid ou de maladies pulmonaires. Les mères trop faibles après la mise-bas n’avaient pas survécu et plusieurs petits éleveurs avaient vu leur troupeau diminuer comme peau de chagrin avant d’être obligés de vendre leurs derniers moutons pour que leur famille survive. L’été précoce était alors arrivé comme une bénédiction avant de devenir un fléau supplémentaire. Les orages du mois de mars et d’avril avaient fait verdir les plaines et l’herbe avait été abondante et riche. Chacun avait oublié les malheurs et retrouvait espoir. Puis juin avait apporté avec lui les grands jours de ciel bleu et le vent du sud. La chaleur s’était alors installée à demeure et le soleil avait pris les brebis de cours en rongeant les hautes feuilles de ses rayons mortifères.

Le vieil homme ressassait les différentes propositions faites par les éleveurs, mais aucune ne semblait valables sur le long terme. Il n’en voulait pas au petit peuple de ne penser qu’au lendemain, mais s’il voulait éviter au royaume la promesse d’une famine de grande ampleur il devait réagir, vite et bien. Plus il retournait la question dans son esprit et plus elle semblait s’enrouler sur elle-même, cercle vicieux qui les mènerait à leur perte. Il avait eu une entrevue avec le Grand Argentier afin de savoir où en était le trésor du royaume, mais les solutions ne sortaient pas des coffres royaux comme les colombes des manches des saltimbanques. La guerre fratricide avait affaibli le Rohan dont plusieurs petits marchés commerciaux avec le Gondor avaient été rompus. Le grand royaume au Sud avait établi que la situation était « trop instable ». Le commerce des chevaux, notamment, avait pris une flèche dans l’aile. Les nobles Gondoriens importaient leur monture du Lebennin où quelques bonnes souches de chevaux de selle s’étaient développées à la faveur d’un climat doux et plus clément que dans la large vallée de l’Anduin. Beaucoup de carriers et de bûcherons refusaient de livrer leurs pierres et leur bois aux Rohirrims. Plusieurs d’entre eux parlaient encore du risque de parcourir les chemins dans les plaines du Riddemark : quand ce n’était pas les fidèles d’Hogorwen qui se vengeaient, demeurait le risque de croiser des bandes d’orcs dont les allées et venues s’étaient multipliées depuis plusieurs mois. Les rumeurs courraient plus vite que la vérité et les  commerçants ne parvenaient pas à conclure de nouveaux marchés avec les Gondoriens.

Ce fut sans doute à ce moment là que l’idée lui effleura pour la première fois l’esprit. Mais il l’avait alors rejetée d’un revers de main car le projet était insensé.  Pourtant plus les jours avançaient et plus cela semblait être la meilleure solution pour préserver le peuple et la paix sociale. Melkor savait ce qu’une famine pourrait déclencher parmi les petites gens. Il avait déjà eu des échos d’une tentative de vol dans l’Eastfold. Deux grands seigneurs qui ne s’étaient pas étouffés avec les bons sentiments en faisant tuer plusieurs bergers pour leur subtiliser leurs troupeaux. Ils espéraient les revendre quand les prix flamberaient. Une vulgaire tentative de spéculation digne d’un Oriental ou d’un vendeur d’esclaves. Il était inquiet que des Rohirrims se mettent à agir de cette façon. Les valeurs d’un royaume s’effondraient-elles toujours avant que ses hommes ne s’affrontent ?  

- Monseigneur ? Le soldat que vous avez fait mander est là.
- Très bien Halm, fais le entrer je te prie.


Un solide Rohirrim aux yeux clairs se présenta devant Polias.

- Ton cheval est-il toujours aussi rapide que tu le prétendais à l’époque ?
- Plus rapide encore monseigneur. Il a gagné en force et en endurance depuis. Et il connaît chaque pouce de notre royaume.
- C’est bien au-delà de nos frontières que je t’envoie mon cher Eorl.

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[Tales] - L'Echo des plaines EmptyVen 18 Mar 2016 - 13:18

- Parle Eorl, je t’écoute.

Mais les nouvelles n’étaient pas bonnes. La reconquête naine battait de l’aile et Orwen luttait toujours auprès du peuple de Thorik pour représenter le royaume du Riddermark. Les gobelins avaient mis à mal la fierté naine, mais ces nouvelles dataient de plus d’une semaine. Qu’en était-il à présent ? Sans personne sur place pour négocier un nouveau traité commercial, Eorl s’était fait le porte-parole de son peuple. Polias savait que le jeune homme avait fait de son mieux, mais il avait un mauvais pressentiment. Les nains n’étaient pas réputés pour leur générosité gratuite. Outre la baisse du prix de la viande qu’ils exigeaient, que demanderaient-ils ensuite ? Un soutien militaire plus conséquent ? Il leur serait impossible de le leur offrir et le royaume se mettrait alors en porte à faux avec de puissants alliés potentiels. Eorl continuait de rapporter les propos d’un dénommé Ólfr. Polias n’en avait jamais entendu parler mais la grande guerre naine imposait sans doute quelques remaniements de nécessité sous le Caradhras.

- Ils nous transmettront leur réponse définitive par une missive messire. Messire ?

Eorl le regardait avec sérieux et respect. Le vieil homme était perdu dans ses pensées. Il se passa une main sur le visage pour essayer d’en ôter toute la lassitude qui creusait ses traits de rides profondes.

- Et les nains, qu’en as-tu pensés ?
- Ils sont étranges mon seigneur, mais j’ai le sentiment que nous partageons quelques valeurs communes.


Le Haut Conseiller hocha la tête comme un signe d’assentiment puis il congédia le jeune cavalier. Deux bergers étaient encore venus se plaindre quelques jours plus tôt, mais il n’avait pas eu le cœur de leur donner de faux espoirs. Si les nains refusaient de leur octroyer les verts pâturages qui courraient sur les flancs de la Moria, le Rohan connaîtrait une des plus grandes famines de son histoire. Les mesures prises jusqu’à ce jour étaient insuffisantes, de misérables concessions au peuple pour calmer leur colère. Il soupira. Il lui faudrait rapidement discuter de la question avec le Vice-Roi Gallen Mortensen.  Bien qu’ils fussent opposés sur bien des points, ils tombaient en général d’accord sur les décisions concernant les besoins des Rohirrims. Et la question alimentaire était une urgente nécessité. Polias était trop vieux pour organiser la grande transhumance, il n’avait plus parcouru le pays depuis plusieurs années et il était incapable de planifier les étapes de ce voyage. Il n’était que le Haut Conseiller du royaume et l’exaltation que pouvait procurer la promesse d’une longue chevauchée n’était plus qu’un souvenir brumeux et lointain.

*

Il y eut un hululement. Puis un second. Un écho dans les sous-bois qui bordaient le versant méridional des Monts Brumeux. Le soleil et le vent battaient les plaines, les bergers et leurs brebis. Ils étaient loin de leurs pâturages ordinaires, loin des tentes et des premières maisons. Le jeune garçon avait trouvé une source fraîche et pérenne dans la sylve qui couvrait le piémont à l’ouest de la forteresse du Mage Blanc. Au-delà de l’Isen, rares étaient ceux qui parcouraient les prairies et l’herbe était encore belle et verte par endroit. Leur troupeau était assez conséquent, plusieurs centaines de têtes et des agneaux qui faisaient leur fierté au regard de ceux, rachitiques, qui souffraient de la soif et de la faim dans les autres Marches.

Il y eut un hululement. Puis un second. Les brebis levèrent la tête mais elles n’avaient plus de berger. La faim  n’était pas l’apanage des Rohirrims.
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[Tales] - L'Echo des plaines EmptySam 23 Avr 2016 - 15:34

- A droite ! A droite ! Ne les laissez pas s’affoler de la sorte. Poussez-les à droite !

De grands gaillards blonds menaient avec force cris un grand troupeau de brebis en dehors des enclos qui jouxtaient Edoras. Les bêtes avaient été marquées les jours précédents pour que chaque propriétaire puisse retrouver son cheptel à la fin de l’été. Une partie de l’armée avait été réquisitionnée pour accompagner une première vague de migration estivale. La réponse naine était arrivée quelques jours plus tôt. Positive. Polias regardait toute cette agitation depuis les escaliers de pierre qui menaient à la cité d’or. Il était soulagé pour un temps, mais non rassuré. Un groupe de soldats avait été envoyé la veille accompagné d’un berger dont la réputation n’était plus à faire. Ils devaient s’assurer que la voie était libre pour le déplacement des troupeaux et préparer chaque lieu de campement. Les exigences étaient simples : sécurité et nourriture. Les bêtes seraient amenées à parcourir de grandes distances entre deux points d’eau et il fallait assurer l’alimentation des hommes qui menaient cet immense troupeau. Plus de dix milles tête de bétail allaient être menées vers le nord. Plus tard, dix mille autres suivraient. La décision avait été prise de scinder la Grande Estive en deux flots successifs. Polias demeurait prudent et méfiant. Mieux valait perdre la moitié du cheptel que sa totalité.

La première vague de brebis parviendrait dans la vallée d’Azanulbizar trois semaines plus tard. Beaucoup de Rohirrims s’étaient montrés réticents à confier leurs bêtes aux nains. Comment ces tailleurs de pierre pouvaient-ils être capables de s’occuper convenablement des brebis et de leurs agneaux ? Pourquoi partir si loin ? Le Gondor ne pouvait-il pas offrir ses flancs montagneux à ses frères d’armes ? Polias s’était évertué à démêler le vrai du faux avant de leur faire comprendre que les bergers partiraient avec leurs troupeaux. La Grande Estive serait également une Grande Migration le temps d’un été pour de nombreuses familles nomades. Un long silence avait suivi cette déclaration. Le prétendu nomadisme de certains Rohirrimis en avait prit un coup. Ils migraient toujours sur les mêmes parcours, connaissaient les points d’eau et les combes où l’herbe était toujours abondante. Ils étaient des nomades, pas des explorateurs ! Mais deux ou trois veillées avaient suffit à ranimer les cœurs et à enflammer l’âme conquérante de ces descendants d’Eothéod. Ne venaient-ils pas du nord et n’avaient-ils pas droit de parcourir les terres de leurs ancêtres ? Les espoirs de Polias avaient été dépassés par l’imagination des Rohirrims. Et à la peur de quitter des terres connues avait succédé l’exaltation d'un retour aux sources.

Les consignes avaient été passées avant le départ des brebis et des hommes. Le territoire de pâturage demeurait sous la gouvernance des nains et il s’agissait d’un échange de bons procédés. Des terres contre de la viande. En quelque sorte. Mais Polias restait inquiet. Il connaissait le tempérament des hommes de son peuple et celui des nains et il faudrait un peu plus que de la diplomatie pour qu’ils s’entendent. C’est pourquoi il leur avait fait jurer de ne point entacher la bonne entente qui pouvait exister entre le Rohan et la Moria et de ne point offenser leurs hôtes. Il espérait secrètement que les nains se tiendraient suffisamment profondément dans leurs cavernes et que les bergers aient trop de travail pour s’occuper de quelques curiosités à l’égard des nains. Son âme oscillait donc entre le soulagement et la peur tandis que la grande cohorte de cavaliers et de bergers se mettait en marche.

Il était temps qu’ils partent. La faim et le doute rongeaient les cœurs et avaient fait resurgir de vieilles rancœurs. Loin de son peuple, Fendor perdait de son influence. Ceux qui le soutenaient s’en prenaient vertement aux anciens partisans d’Hogorwen ou d’Orwen. Seule la présence de Gallen Mortensen entre les murs de la cité ramenait l’ordre et la discipline. Il était aussi craint que respecté et nul n’osait s’opposer à lui. Mais Polias voyait en lui un soutien fragile. Le peuple le voyait plus souvent que son jeune roi. Et le cœur d’un Rohirrim se porte plus aisément vers l’homme pragmatique et protecteur que vers le visage souriant d’un enfant aux bonnes mœurs.  Gallen était un atout autant qu’une menace. Mais à tout problème, il existe une solution.
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[Tales] - L'Echo des plaines EmptySam 21 Mai 2016 - 22:49

Le silence imprégnait les plaines. Les cloches et les bêlements s’étaient tus. Rares étaient encore les sursauts blancs au milieu des pâtures désertées. La première vague de la Grande Estive était arrivée sur les versants des Monts Brumeux. Le second flot de bêtes et d’hommes était parti la veille. Il flottait un sentiment étrange parmi les hommes. Le pays était vide. Il restait bien des cavaliers dans le Riddermark, seules quelques eoreds avaient accompagné et sécurisé la longue caravane. Mais la plupart des bergers et leurs familles étaient partis. Il semblait à Polias que la quintessence même du royaume s’était évaporé. Depuis la guerre des Trois Rois le Rohan s’était considérablement affaibli. Ils n’avaient jamais eu la prétention de gouverner les autres peuples, ce rôle était d’avantage dévolu aux descendants des Numénoréens, mais l’âme même de son peuple s’était étirée comme une brume aux quatre vents. Hogorwen et ses réformes chaotiques avaient fait plus de mal que jamais. Des frères et des amis s’étaient affrontés brutalement. Et si les plaies cicatrisent avec le temps, il n’en est pas toujours de même pour la confiance lorsqu’elle est profondément meurtrie. Le jeune Fendor manquait encore du charme nécessaire pour enthousiasmer son peuple. Gallen Mortensen avait bonne réputation mais aucune légitimité. Orwen avait été poliment banni. Le royaume avait rarement été dans une situation aussi fragile.

La question de la nourriture et des bêtes étant résolue, pesait encore sur son esprit la mystérieuse missive qu’ils avaient reçu avec l’arrivée du printemps. Le Vice-Roi s’était emporté comme un enfant à qui l’on promet un magnifique jouet. Il était sincère, Gallen l’était toujours, mais Polias était d’avantage réputé pour ses longues réflexions et son excessive prudence. Mais à trop attendre, risquaient-ils d’être dépassés par les événements ? Le roi avait été informé et il avait affecté la même prudence que sont Haut Conseiller. Pourtant Polias n’était pas à son aise. Les rumeurs avaient effectivement rapporté le vol des Caves d’Or. Il n’en avait guère entendu parler jusqu’à présent, le nom d’Astrabhal était tout au plus associé à une affaire de commerce d’armes et rien de plus. Il ne s’était jamais douté que quelqu’un pût posséder des artefacts de guerre aussi puissants dont la valeur commerciale était inférieure à leur valeur symbolique.  Sa longue vie d’homme politique et la nécessité de s’occuper d’affaires purement diplomatique, économique ou sociale l’avaient doucement mais sûrement éloignés du mysticisme populaire. Les contes et les légendes des temps anciens n’étaient pour lui que de bonnes histoires pour distraire les esprits à la tombée de la nuit ou raviver la vigueur des hommes avant les combats. Juste un outil supplémentaire pour gouverner.

Les dernières grandes secousses qu’avait affrontées le Rohan le poussaient également à espérer une nouvelle stabilité. Accepter qu’une menace informe pèse encore sur leur royaume était inconcevable, le royaume d’Eorl ne s’en relèverait peut-être pas.

***

Eorl, lui, se posait moins de questions. Il n’en avait pas le temps. Du moins n’avait-il pas les mêmes préoccupations. Les nuits avaient été agitées auprès des brebis. Les quarts de surveillance étaient longs et fastidieux car il leur fallait tourner en permanence autour de cette immense marée laineuse comme des pêcheurs au milieu des plaines. Les bêtes arrivaient fatiguées et affamées et il avait fallu encore beaucoup d’énergie pour les disperser entre les différentes vallées herbues. Mille ici, à peine cinq cents là, deux milles un peu plus loin, pas ici, là non plus et ainsi pendant deux jours. Ils n’avaient rencontré personne. Pas encore. Après avoir franchi la lisière de Fangorn et de la Lorien, qu’ils avaient largement contourné, ils s’étaient enfoncés dans les vallées de la Nimrodel et du Celebrant puis avaient passé la porte est des cavernes sombres. Ils devaient avancer plus au nord pour laisser des pâturages disponibles pour la seconde vague de la Grande Migration et rester le plus bas possible pour préserver les prairies hautes pour le mois d’août. Eorl avait indiqué où faire chaumer les bêtes et où les faire coucher la nuit jusqu’à ce que chacun prenne ses marques et reconnaissent les pentes verdoyantes.

Les esprits étaient partagés. Quitter le Rohan avait été une épreuve difficile pour beaucoup d’entre eux. Mais certains voyaient ce retour aux sources comme légitime. Les nains vivaient dans les cavernes après tout, pourquoi se soucieraient-ils de l’herbe et des brebis ? Ils auraient en contrepartie de la viande, du lait et du fromage. Que pouvaient-ils demander de plus ?
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[Tales] - L'Echo des plaines EmptyVen 27 Avr 2018 - 21:43

Un vent doux et frais s’était levé au petit matin et l’avait réveillé. L’été s’étirait sans fin sur les plaines, mais il arrivait quelques fois que la nuit soit plus miséricordieuse. Polias dormait mal depuis quelques jours. Auprès des nains, tout semblait bien se passer. Eorl lui avait fait envoyer des hommes et des messages pour lui assurer de la bonne entente entre les bergers Rohirrims et les occupants de la Moria. Le jeune garçon avait laissé entendre que le tribut à payer pour de l’herbe était un peu cher, mais Polias ne s’en était pas offensé. Beaucoup de gens du petit peuple trouvaient que les nains en demandaient trop. Mais à vrai dire, Polias espérait acheter un peu plus que de verts pâturages contre de la viande d’agneau. L’espoir. C’était à peu près tout ce qui lui restait depuis qu’il avait appris les dernières nouvelles. Elles n’étaient pas bonnes.

Le vieux conseiller se massa les tempes tandis qu’un garçon venait ouvrir les volets de sa chambre.

— Mon seigneur souhaite prendre son infusion tout de suite ?
— Oui, je te prie Théo. Rajoute un peu plus de thym que d’habitude, j’ai besoin d’avoir l’esprit clair.


Il n’avait pas encore abordé le sujet avec le Vice-Roi. Gallen Mortensen n’en parlait plus, il semblait obsédé par la Missive des Edurits et ce qu’elle contenait. Et l’obsession ne donnait jamais rien de bon chez ceux qui détenaient le pouvoir. L’ancien Maréchal de la Marche Est était, contre toute attente, plein de retenu à propos de sujets épineux, mais il manquait encore souvent de discernement. En politique il s’attachait trop à défendre le Rohan et les Rohirrims, en omettant toujours qu’ils n’étaient pas les seuls à occuper les terres de l’ouest. Il était bouffi de valeurs et de courage, mais ce n’était guère suffisant pour en faire un bon gouvernant. Leur jeune roi quant à lui portait déjà tous les défauts de la jeunesse. Aussitôt installé en Isengard, il avait formé deux nouveaux corps de garde après avoir supprimé définitivement la Milice d’Eomer. Ses proches approuvaient sans doute, mais il en irait autrement de son peuple. Polias demeurait sur la réserve à ce sujet. D’autres préoccupations lui embrumaient davantage l’esprit.

— Voici mon seigneur, votre tisane matinale.

Le garçon sortit après avoir porté des vêtements propres à Polias. Le vieux conseiller sentit les ans lui tirailler les vertèbres quand il se leva pour s’habiller. Enfilant sa robe par-dessus sa tête, il pensait déjà aux décisions qu’il devrait prendre dans la journée. La plus importante, semblait-il, jouerait un peu plus que l’avenir du Rohan. Il ne trouvait pourtant personne avec qui discuter, tous s’obstinaient à camper sur leur position et lui répondait : « Ils sont partis, cela fait longtemps, elles sont à nous maintenant. Pourquoi les leur rendrions-nous ? » Aucun des seigneurs présents à Edoras ne changeait de point de vue à ce sujet. Aucun d’entre eux ne souhaitait voir la situation sous un autre angle. Ils étaient tous par trop Rohirrims quelquefois… Et c’était précisément cette obstination qui avait causé la guerre civile, qui avait aveuglé ceux qui pourchassaient l’Ordre de la Couronne de Fer et qui tourmentait encore Gallen Mortensen.

« Lettre adressée à Hadhod Croix-de-Fer, Seigneur de la Moria… »

Polias laissa l’encre sécher tandis qu’il réfléchissait. Il était étrange de se dire que la personne qui le comprendrait le mieux serait peut-être un nain. Il était le représentant de son peuple le plus proche géographiquement du Rohan et c’était d’abord pour cette raison qu’il souhaitait le contacter en premier. Si jamais le nain était toujours vivant. Le jeune Orwen Hogorwenson l’avait accompagné pour reconquérir des territoires ancestraux. Ils sont allés si loin, pensa Polias. S’ils avaient su. Qu’étaient-ils aller chercher véritablement ? Un héritage, une légitimité, une vengeance, de l’or ? Peut-être tout cela à la fois. Les nains étaient si compliqués. En attendant, ce serait Olfr, ou peut être Bahin, Polias ne savait pas très bien, qui lirait la lettre le premier. Qui choisirait ensuite ? Qui prendrait la décision et entamerait les négociations ? Il n’en savait rien. Mais ils devaient être mis au courant. C’est ce que les autres avaient demandé.

Le premier que l’on avait retrouvé était un dénommé Garlm, Rohirrim de son état. Puis deux Arnoriens. Et celui que l’on connaissait parfois sous le nom de l’Extracteur. Ce dernier avait fait des demandes régulières à Edoras pour obtenir le droit de franchir les murs de la cité pour effectuer ses recherches. Infructueuses. Jusqu’à ce jour. Polias revoyait le visage blanchâtre et bouffi de Thorek, les contusions et les plaies des hommes du nord. Garlm n’était plus capable de marcher seul et ils s’étaient présentés sous bonne escorte dans la salle du trône. Gallen Mortensen avait d’abord cru à une vaste fumisterie. Polias lui-même l’avait espéré de toutes ses forces. Mais il avait fallu se rendre à l’évidence.

Les Cavernes Etincelantes n’étaient pas vides. Elles ne l’avaient jamais été.
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[Tales] - L'Echo des plaines EmptyLun 8 Fév 2021 - 9:33
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Se frottant les yeux, Polias relut le dernier compte rendu des réserves et des armes stockées dans les différents bastions du Rohan. Le roi lui-même avait ratifié l’état des lieux réalisé en Isengard. Le jeune homme prenait ses responsabilités très au sérieux. Le Haut Précepteur soupira. Il y avait néanmoins un problème de taille qui l’empêchait d’être tout à fait serein. Barom, le capitaine de la Garde Verte, lui avait fait un tout autre rapport. Les Dunlendings étaient descendus des Monts Brumeux et avaient causé des dommages importants. Le déploiement d’ingéniosité et la mascarade qu’ils avaient orchestrée, selon Barom, ne ressemblaient en rien à leur façon habituelle de procéder. Quelque chose se tramait, qui n’était pas pour plaire à Polias.

Il était fatigué. Fatigué de veiller sur royaume si grand et si impétueux, à l’image de leur Vice-Roi. Il avait le sentiment d’avoir passé sa vie à calmer ses compatriotes pour leur faire percevoir que la force, la rudesse et la franchise n’étaient pas, pour tous les peuples, des qualités universelles. La diplomatie exigeait parfois d’avaler sa fierté et son orgueil afin d’obtenir de plus grands intérêts dans le cadre d’un échange économique. Et la loyauté imposait également de ne point juger les choix des siens à propos de l’éducation de son roi. Polias avait été heureux de retrouver Fendor et d’entendre dire que le fils cadet de Firion était vivant. Il s’était opposé, dix ans plus tôt, au fait d’envoyer si loin un membre de la famille royale. Firion avait peut-être eu raison, au final. Sa lignée était toujours là. Fendor occupait le trône, d’une certaine manière. Le vieux conseiller regrettait simplement de ne pas pouvoir discuter avec son roi, d’échanger avec lui à propos de son royaume et de son peuple. Il ne pouvait rien lui transmettre, rien lui apprendre, et il craignait qu’un trop grand éloignement du jeune souverain et de son peuple ne finisse pas créer un gouffre entre eux qu’il serait bien difficile par la suite de combler. Gallen Mortensen n’était pas fait pour gouverner.

Il chassa ses mauvaises pensées en buvant une longue goulée de tisane brûlante. S’il pensait autant au jeune roi, c’est qu’il était la source des sueurs froides du vieux Polias depuis plusieurs nuits. Le vieux conseiller, ayant reçu les divers rapports des cités, des forts et des garnisons du Rohan, s’était soudain aperçu que quelque chose n’allait pas. « Vous êtes trop inquiet, avait dit le Vice-Roi. Qui donc irait nous envahir ? » Il était de son devoir d’être inquiet, comme un père ou une mère peut l’être pour son enfant, même quand tout va bien. Il veillait sur le royaume depuis trop longtemps pour ignorer que tout était possible. Qui avait prédit la Guerre des Trois Rois ? Qui avait anticipé l’enracinement de l’Ordre et de ses ramifications si funestes pour le royaume ? Gallen Mortensen avait-il seulement anticipé l’enlèvement de sa bien-aimée ?

Dans un élan de soudaine colère, Polias frappa sur la table. Il en voulait, du haut de ses soixante-dix-sept années, aux jeunes hommes et aux jeunes guerriers, de mener la politique de leur royaume comme on mène une femme à la danse, avec légèreté et frivolité. Edoras et ses territoires proches étaient dégarnis d’hommes. Et pas simplement de ses bergers et de ses éleveurs. Les troupeaux partis chez les nains provenaient majoritairement des grandes plaines du Plateau, de l’Eastfolde et de l’Eastemnet. Non, ce qu’il manquait au cœur du royaume, c’était des cavaliers ! Deux éoreds avaient accompagné les brebis jusque sur les versants orientaux des Monts Brumeux. Une dizaine était en Isengard, auprès de Fendor et de ses proches. Dix demeuraient également à Aldburg et dix autres encore au Gouffre de Helm. Une vingtaine d’entre elles se trouvait au-delà de l’Entalluve, à l’est du royaume. Deux veillaient de façon permanente à la frontière nord du Rohan, à proximité des Gués de l’Isen. Quelques-unes se trouvaient entre la rivière qui descendait de l’Isengard et l’Adorn, une quinzaine à peine occupaient l’Ouestemnet, quatre dans la vallée de Harrowdale… Polias continua de faire ses comptes. Il les avait refaits plus de dix fois déjà et à chaque fois, il tombait sur le même résultat. Il manquait de cavaliers à proximité de la capitale. Six éoreds seulement demeuraient de façon permanente aux abords de Meduseld, trois étaient sous l’égide des proches de la famille royale dans le Folde. À peine plus d’un millier de guerriers à cheval pour soutenir la capitale du royaume en cas de soucis. « Hogorwen est mort, avait craché le Vie-Roi, encore affecté par l’enlèvement d’Aelyn. Orwen a été banni, sous couvert de diplomatie. Le jeune roi est sur le trône. Le Gondor veille au sud, l’Arnor au nord. L’Anduin nous protège à l’est. Quels soucis voulez-vous que le Rohan affronte ? Si une armée devait envahir le Rohan elle ne pourrait venir que du ciel et ainsi nous tomber sur la tête ! » Polias l’avait envoyé paître d’un revers de main, peiné et lassé des sautes d’humeur du représentant du roi.

Mille hommes à peine, mobilisables en une journée. Polias reprit d’autres calculs et feuilleta les vieux ouvrages remisés dans la bibliothèque destinés aux conseillers du roi. Les copies des livres rapportés à l’époque par les semi-hommes étaient, étrangement, les plus complets à propos des vieilles guerres et des vieilles batailles menées par les Rohirrims. Le cœur de Polias se serra soudainement. Trois à quatre jours ! Il avait fallu plus de trois à quatre jours pour soulever une grande partie des Eoreds du royaume et les mener au combat aux portes de Minas Tirith contre les forces du Seigneur des Ténèbres. Il essaya de calmer les sursauts de terreur qui cognaient dans sa poitrine. Pourquoi, lui, le vieil homme fatigué à l’ombre du trône, voyait-il que quelque chose n’allait pas dans la gestion militaire du Rohan alors que les guerriers chassaient ses préoccupations d’un revers de chope pleine ? Fallait-il qu’ils croient tous qu’une crise ne pût succéder à une autre ? Fallait-il qu’ils croient tous qu’une guerre ne pût en suivre une autre ?

Il sursauta quand son jeune écuyer frappa à sa porte un peu fort.

— Mon seigneur…

Et Polias sut, dans l’intonation de la voix du petit Théo, que quelque chose n’allait pas.
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