Un raton dans la meute

SUITE DE CECI

Le petit groupe avait continué son chemin à un bon rythme. Le chariot suivait la route qui menait de Minas Tirith à Edoras. C'était une route globalement bien entretenue.

Ils croisaient de temps en temps d'autres voyageurs mais les rencontres se limitaient souvent à un salut de passage.

Vers le milieu d'après-midi un des trois compagnons de Talion prenait le cheval libre et partait en avant pour repérer la route et trouver du ravitaillement dans les villages. Ils dormaient le plus souvent à la belle étoile sauf quand la météo les forçait à s'entasser dans le chariot.


Les compagnons de Talion était plutôt de bonne compagnie. Gobelin, bien que taciturne, n'était pas avare de conseils acquis durant sa longue expérience. Un soir, alors qu'il était d'humeur plus bavarde que d'habitude, il raconta quelques anecdotes de sa vie de soldat et de ses aventures dans le Grand Nord. Il avait combattu avec le roi à Fornost et à la Grande Bataille du nord avant de ranger ses armes. Il ne s'était pas étendu sur ce qui l'avait amené à quitter l'armée puis à reprendre du service en tant que mercenaire mais, entre les lignes, on pouvait comprendre que cela avait un lien avec une femme et qu'il s'agissait d'un sujet très sensible.

Lieutenant était le deuxième compagnon du groupe. Il s'agissait d'un grand fort type à l'allure brutale. En réalité, il semblait avoir un bon fond mais une certaine tendance à perdre ses nerfs. Il avait été à deux doigts d'en venir aux mains avec Talion quand celui-ci avait osé un sarcasme sur la milice d'Osgiliath. Gobelin avait calmé le jeu et expliqué au rôdeur que Lieutenant devait son surnom à son ancien grade dans la milice. Ancien garde du roi du gondor, Lieutenant avait tout perdu à cause d'une mésaventure avec un certain chevalier. Quand, recasé à la milice, il l'avait croisé à Osgiliath il n'avait pas pu résister… une sombre affaire qui lui avait coûté son poste et 6000 pièces d'or qu'il continuait à rembourser grâce à sa solde pour le compte de la Meute. Ces expériences avaient bien servi à Lieutenant qui se trouvait au final plutôt pas mal sur les routes.

Enfin, Princesse, était une guerrière à l'allure féroce. Bien que Gobelin soit étrangement protecteur et attentionné envers elle, elle paraissait tout à fait capable de se défendre. Jolie fille bien qu'un peu marquée par la route, elle avait une allure athlétique et un regard plein de détermination. Elle parlait peu et Talion ne l'avait jamais entendu raconter son histoire Un jour qu'il était seul avec Lieutenant ce dernier lui avait glissé que c'était parce que c'était la princesse de Gobelin…mais que c'était aussi la princesse de beaucoup de monde mais qu'il ne le savait pas. Pour autant, le chef de meute lui avait confié une autre fois qu'elle était une vraie princesse chez les sauvages du pays de Dun.

On ne laissait pas Talion s'occuper des ravitaillements, ce qui traduisait la méfiance qui demeurait à son égard. Il n'avait encore rien prouvé.

Ils arrivèrent finalement à Edoras. Ils s’installèrent à l’extérieur de la ville et dressèrent un petit camp sommaire. Gobelin préférait dormir en dehors de la capitale du Rohan et évitait les cités trop peuplées de manière générale.

Le chef de bande expliqua à Talion qu’ils avaient un avant-poste à Edoras et qu’ils y stockaient des vivres et des armes en perspective de certaines expéditions. Ils allaient conduire le chariot à l’intérieur de la cité avec Lieutenant. Talion devait rester à l’extérieur avec Princesse car d’autres membres de la Meute devaient les rejoindre. Ils partiraient dans quelques jours selon le moment où le marchand qu’ils devaient escorter arriverait. Le rôdeur ne savait s’il s’agissait d’une technique pour qu’il ne voit pas leur planque ou s’il fallait réellement tenir le camp.

“Il te faut du matériel spécifique ?”, lui demanda Gobelin juste avant de partir.

Ces arrangements pris, ils s’éloignèrent avec le chariot, leur laissant juste le cheval esseulé. Princesse termina d’installer le camp, rassemblant un peu de bois pour allumer un feu.

“Tu as déjà été en Arnor ? Ton pays natal ne te manque pas trop ?”, lui fit la jeune fille.

Elle était assise au coin du feu et les flammes éclairaient doucement son joli visage. C’était une des premières fois qu’elle parlait directement à Talion. C’était une jolie fille malgré ses atours de guerrière.

Princesse eut un petit rire nerveux qui fit se plisser ses yeux et remonter ses pommettes. Le rôdeur avait répondu de manière laconique à sa question. Il paraissait peu enclin à se livrer sur son passé et sur sa vie d’avant la Meute. C’était son droit… pourtant elle avait besoin de mieux le connaître pour savoir si elle pouvait lui faire confiance et s’il serait un bon compagnon dans les coups durs.

“D’accord, d’accord… t’es pas un bavard.”

Elle leva les mains en l’air en prenant la posture de quelqu’un de vaincu.

“Je commence alors si c’est plus simple pour toi…”

Elle se repositionna et s’éclaircit la voix avant de se lancer dans son récit.

“Mon père était un homme important dans un clan dunlending en Enedwaith. Il était un krall, c’est ce qu’on appelle un roi dans les royaumes libres. C’était un petit roi, chef d’un clan de quelques centaines d’âmes. Son père était roi avant lui et son grand-père aussi.
Un jour, alors qu’il menait une expédition de pillage pas loin de la trouée du Rohan, il est tombé sur une femme dont la beauté extraordinaire l’a fait tomber en amour.
Il l’a ramenée au village, comme c’était la tradition chez les gens de son peuple. Il était déjà marié à la fille d’un important héros du village… Il est toléré qu’un homme, surtout de son importance, puisse avoir plusieurs femmes ou des esclaves pour satisfaire ses désirs. Néanmoins, sa femme n’était pas ravie de voir débarquer cette étrangère au sein de son foyer.
Mon père était un homme bon et plutôt bien de sa personne. Rapidement, son étrangère, qui s'appelait Ludmilla, est également tombée amoureuse de lui. De cet amour est né un enfant : moi. Malheureusement, mon père n’avait jamais eu d’enfants auparavant car sa première épouse était stérile.
Ma mère a commencé à prendre de l’importance, au sein du foyer puis même du clan.Elle était respectée et aimée de la plupart des gens.
Cela n’a vraiment pas plu à son épouse… Elle a fini par monter une sorte de complot contre mon père. Elle a raconté qu’il était ensorcelé et que ma mère était une sorcière. Grâce à son père et à son frère, elle a rallié de nombreuses personnes à sa cause et réussit à convoquer un conseil. Mon père a eu le choix entre répudier ma mère et nous chasser du village ou perdre sa couronne.”

Princesse marqua une pause, elle parlait avec l’art des conteurs d’autrefois ce qui rendait son récit passionnant.

“Malgré son amour pour Ludmilla, mon père a fini par la répudier. Il tenait à sa place privilégiée avant tout. Il nous a raccompagnés au Rohan. Là, nous n’avons pas été accueillis de manière très chaleureuse. Ma mère a été obligée de s’installer dans une cabane en bordure de village. Nous étions à peine tolérés. Les mégères parlaient sur notre passage et nous ne vivions que notre maigre potager. “

Elle s’arrêta à nouveau, comme traversée par une réflexion.

“C’est incroyable, tu ne trouves pas ? Ma mère n’avait rien fait de mal… Elle avait juste commis le tort de se faire enlever par un homme. Elle avait le coeur brisé et celles qui s’acharnaient encore contre elle étaient des femmes. Alors que dans ce monde d’hommes on devrait être un peu solidaires…”

Elle balaya l’air d’un revers de la main.

“Bref, quand j’ai eu l’âge de voyager, nous avons repris la route pour tenter de trouver un endroit plus accueillant. Un sacré défi pour une femme seule avec un enfant. Finalement, nous sommes arrivés à Tharbad. Il est plus facile de se cacher dans les grandes villes. Ma mère a été embauchée dans une auberge où elle travaillait comme serveuse. Travis, le patron était un sale type mais au moins il payait bien… elle était parfois obligée de coucher avec lui mais elle s’en accommodait.
C’est là que j’ai rencontré Gobelin. Il était soldat.C’était un brave type qui s’était pris d’amitié pour nous, je pense qu’il y avait quelque chose entre lui et ma mère.
Quand j’avais douze ans, ma mère a attrapé une mauvaise fièvre et est morte. Travis m’a gardé à l’auberge pour peu que je travaille comme serveuse aussi.Gobelin passait souvent et lui donnait un peu d’or… ce n’est que plus tard que j’ai compris qu’il payait Travis pour qu’il me laisse en paix.
Gobelin n’est plus venu pendant un petit moment. C’était l’époque de la bataille dans le nord. Je pense que Travis a pensé qu’il était mort là-bas. Le jour de mes treize ans, il a exigé que je couche avec lui pour payer mes dettes. J’ai réussi à m’enfuir.
Je me suis caché à travers la ville pendant des semaines… jusqu’au jour où Gobelin m’a retrouvé. Il était revenu à l’auberge et ne m’avait pas trouvé. Travis lui avait raconté que je m’étais enfui sans dire pourquoi. Il m’a pris sous son aile.Gobelin était revenu du nord complètement changé. Son visage était marqué par des plaques, un rebouteux a dit que c’était dû à la peur qu’il avait eu au nord. Ses oreilles, abîmées par les combats de lutte qu’il faisait pour nous nourrir, ont terminé de lui donner son allure monstrueuse. Il a fini par fonder la Meute et je l’ai suivi. Dans un premier temps je me cachais dans les chariots.. aujourd’hui je porte l’épée et je suis un de ses plus fidèles lieutenant.”

Elle marqua à nouveau une pause.

“Maintenant tu sais… c’est important. Dans les prochaines semaines nous allons affronter les pires dangers ensemble. Tu as besoin de savoir de quel bois je me chauffe pour que ça soit efficace.”

Elle le regarda profondément dans les yeux.

“A toi de parler… et je te prie de ne pas rester vague. J’ai besoin de te connaître. Je t’ai donné une belle histoire, je veux la même chose.”

Raton n'était pas un conteur né, il avait tendance à peu s'attarder sur les détails et à son récit était lacunaire. C'était davantage un homme d'action qu'un homme de mots.

Princesse commençait à comprendre comment il fonctionnait. Il était habitué à se battre et à vivre seul et avait toujours été éduqué par des solitaires. Cela expliquait son petit côté anarchique et tête brûlée qui lui rappelait un homme avec lequel elle avait beaucoup traîné à une époque.

Ses qualités de traqueur et de combattant leur seraient certainement utiles… mais il allait falloir qu'il se discipline un peu.

La jeune femme s'approcha de la nouvelle recrue, doucement elle avança son visage souriant du sien. D'un geste vif elle lui embrassa la joue.

"Merci…"

Elle sentait qu'il n'aimait pas parler de lui et souhaitait sincèrement le remercier de son effort.



Gobelin revint avant qu'il n'ait le temps de demander plus d'explications. Il était suivi par Lieutenant et cinq autres hommes. Tous montaient de puissants chevaux et deux montures sans cavaliers suivaient le groupe. Ils portaient de longues capes noires.

Ils descendirent tous de cheval. Gobelin s'approcha de Raton et lui tendit une cape. Sur le cœur était brodé une tête de loup en fil doré. Au dos, un cercle de cinq silhouettes de loups, également brodé en fil doré, complétait le vêtement.

Tandis que le rôdeur enfilait le vêtement, Gobelin et ses compagnons formèrent un cercle autour de lui.

"Cette cape est le signe d'appartenance à la Meute. C'est parce que nous faisons partie de la Meute que nos ennemis nous craignent. C'est parce que nous sommes digne de la confiance de nos frères que nous faisons partie de la Meute."

Gobelin parlait d'un ton très cérémonieux.

"A tout moment, souviens-toi de ces mots. A tout instant, souviens-toi de ce moment."

D'un geste vif, il lui assena une gifle bruyante. Avant qu'il ne puisse réagir ou protester, son voisin de droite l'imita, suivi par tout le groupe et enfin par Princesse. Celle-ci se jeta ensuite dans ses bras.

"Bienvenue !"

Chacun des compagnons se succéda alors pour une franche accolade.

Gobelin tendit un arc à Raton et lui indiqua un cheval.

"Tempête et Neuf, ramenez le chariot à la base. Les autres, suivez-moi."

Le petit groupe se mit en route. Ils se mirent d'abord en direction d'Edoras avant de changer de direction pour contourner la ville. Ils chevauchèrent une bonne demi heure. Finalement ils arrivèrent au sommet d'un petit relief. De l'autre côté, dans la plaine, s'étendait un campement comprenant une petite dizaine de chariots. Des hommes en armes s'affairaient autour. Une partie d'entre eux, peut être une dizaine, portaient la cape de la Meute tandis que les autres paraissaient appartenir à d'autres compagnies. Il devait y avoir une cinquantaine d'hommes en tout.

"Nous avons dû engager du renfort, trois petites compagnies de mercenaires se sont joints à nous,mais c'est la Meute qui commande.", expliqua Gobelin à sa nouvelle recrue.

Ils s'avancèrent au centre du village de chariot. Gobelin haussa la voix pour s'adresser à l'ensemble des hommes.

"Il y a du grabuge au sud et je crains que le Roi ne cherche à nous réquisitionner. Nous partirons deux heures avant l'aube, tenez vous prêts."

Des murmures se répandirent dans le groupe mais chacun retourna rapidement à ses occupations.
Gobelin s'approcha de Raton.

"J'aurais besoin de toi pour jouer aux éclaireurs, est ce que tu te sens d'attaque ?"

Une fois les hommes revenus, Talion regarda les grands chevaux arrivés avec les hommes, des grands chevaux, puissant et majestueux. Il prit alors la cape que lui tendit Gobelin, une grande cape noire de très bonne qualité, trop bonne qualité pour des mercenaires … Ces capes étaient brodées de files d’or. Puis, il l’enfila pendant que le reste des hommes se mettaient en cercles pour pratiquer ce qui ressemblait à des pratiques sectaires. Ensuite suivit un discours des plus cérémonieux de Gobelin. Avant que tous les membres s’assènent des gifles les uns après les autres suivirent de grandes accolades.

Les actions de la meute étaient des plus étrange, voir même inquiétante, était-ce en fait une secte ou quelque chose y rassemblant ? Mais il n’y prêtait pas grande attention, après tout Talion n’était pas là pour poser de questions, mais seulement là pour son épée. Elle était bien plus pour lui qu'un morceau de métal martelé, elle incarnait l'honneur de sa famille et de ses ancêtres. Il était alors plus que normal de la récupérer afin de les honorer, eux qui ont donné leur vie pour ...

Talion prit l’arc que gobelin lui tendait, il s’agissait d’un arc en noyer de bonne fabrication, taillé dans un bois très dur, mais extrêmement flexible, apportant à cet arc une très bonne puissance, assez puissant pour traverser l'armure d'un ennemi. Une arme parfaite pour abattre un ennemi tout en restant à bonne distance de son épée !

Le cheval quant à lui était un grand cheval comme ceux tant apprécier par les rohirrim, monté d’une scelle en cuir fauve sur laquelle était attaché un carquois attaché par une boucle d’acier noir, de l’autre côté y était accroché une sacoche, elle aussi, en cuir fauve. Il monta cheval et suivi la troupe jusqu’à ce qui semblait être le campement des hommes. Ce campement contenait de nombreux feux qui éclairait tant bien que mal l’amas d’homme et de matériel.

Le camp contenait de nombreuses tentes et Talion se demandait peu à peu quelle était réellement le nombre de la meute et sa puissance. Lui qui pensait être partie travailler pour une petite troupe de seulement quelques hommes, voyait les troupes s'amasser, alors qu’il en soit ainsi, les futurs combats allaient promettre !

Bien, quelle sera donc ma mission ?

Gobelin frappa vigoureusement l'épaule de Raton quand celui-ci lui annonça qu'il acceptait son rôle. Il avait besoin d'hommes enthousiaste et prêt à cravacher pour que la mission réussisse. Celle-ci n'était qu'un avant goût des festivités qui les attendaient mais elle permettrait d'y voir plus clair sur sa fiabilité. Il évitait également de mettre inutilement en danger un de ses hommes plus expérimenté.

"Nous envoyons toujours un ou plusieurs éclaireurs lors de missions telles que celles-ci. Cela nous permet d'anticiper les difficultés sur la route. Cela nous permet également d'avertir les éventuels brigands que le convoi est protégé par la Meute. Cela dissuade souvent ceux qui prévoyaient une attaque."

Gobelin invita Raton à le suivre en direction de la grand route il pointa une direction vers l'Ouest.

"Les chariots et le gros de la troupe partiront deux heures avant l'aube. Nous devrions arriver un peu à l'ouest du Gouffre de Helm demain soir. J'ai envoyé un éclaireur devant qui est déjà parti. Il aura deux heures d'avance sur toi. C'est un homme expérimenté et habitué de ce type de mission."

Gobelin se remit en marche vers le campement.

"Tu dois le suivre en maintenant une distance égale. Tu dois avancer de manière constante sans jamais accélérer au ralentir. S'il constate un problème, il marquera le sol d'une croix de bois. Tu devras alors faire demi-tour et venir à notre rencontre. Il doit repérer un endroit pour dresser le camp demain soir. Continue ton avance encore deux heures après l'avoir repéré et puis arrête toi pour la nuit. Je te donnerai des provisions pour la nuit. En cas de problème, reviens sur tes pas et rejoint nous. Ensuite, à l'aube, redémarre ta route et traverse les Gués de l'Isen. Tu avanceras encore pendant toute la journée jusqu'à arriver à un relais. Il s'agit du relais de Dun Caradach. Il s'agit d'une petite auberge fortifiée. Elle y reste des réserves de bois. Tu y rejoindras notre éclaireur... personne ne passe la nuit seul au Pays de Dun. Nous vous rejoindrons le soir et pourrons te donner la suite des instructions."

Gobelin s'approcha d'un chariot et en sortit un sac de toile légère.

"Voici tes provisions, tu as de quoi tenir trois jours... si tu n'as pas de questions, va te reposer un peu, tu démarres dans deux heures."

Talion récupéra le sac que lui tendait Gobelin, jetant un coup d’œil à son contenu, rien de spécial, seulement du pain et de la viande séchée.

Bien, je n’ai pas de question, j’ai compris le plan.

Puis il partit se reposer un peu avant le chemin. Il entra dans une petite tente ou il dormait et commença à préparer son matériel. Il n’était pas du genre à dormir avant une mission, il préférait au contraire s’y préparer. Ainsi, il saisit son épée et commença à l’affuter avec une pierre à aiguiser qu’il avait sur lui, il poursuivit la tâche jusqu’à temps que le tranchant de l’arme soit irréprochable. Puis fit de même avec la dague qu’il portait. Après avoir fini, il enfila sa tenue et son brêlage, ainsi, il serra toutes les lanières de cuire et les boucles afin que rien ne bouge. Cela devait faire plus d’une heure qu’il était là alors, il décida de démonter la tente et de passer au brêlage du cheval, il accrocha la tente sur le flanc gauche du cheval. Il prit ensuite son arc et retendit la corde puis aiguisa chaque flèche. Talion était prêt à partir ainsi, il prit route.

Il élança son cheval en direction de la route de l’ouest. Là, il suivit la route, une route dans un état relativement bon, un chemin de terre battu assez large, mais toute fois agressé par les sabots de chevaux qui y passait. Il continua son chemin à une vitesse régulière des heures durant, sans accros. Puis il croisa une caravane, au loin, composé d’un chariot sur lequel deux hommes y étaient assis. En s’approchant de la caravane, il garda une main fermement sur l’arc. Les deux hommes ne ressemblaient pas à des brigands, mais qui sait c'en était peut-être ? ou peut-être juste des marchands ?

Il continue sa route jusqu’à arriver peu à peu à hauteurs des deux hommes, il n’avait pas l’air bien armé et transportait de la nourriture. Talion les salua d’un signe de tête et les deux hommes lui en firent un en retour. Ainsi le rôdeur continua sa route … Plus qu’une route marchande, il s’agissait pour lui d’une route spirituelle, une recherche de son être intérieur, c’était peut-être une chance pour lui, du moins s’il y survivait … Mais que pourrait tuer un rôdeur ! Ces êtres qui naissent comme des guerriers. Dans l’inconscient de Talion les rôdeurs ne pouvaient pas mourir …

Il continua jusqu’à voir un emplacement ou plusieurs morceaux de bois était planté et un feu brulait, ça devait être l’emplacement pour la meute. Il ne s’arrêta pas et continua pendant encore deux heures jusqu'à trouver une petite plaine ou il arrêta son cheval. Les rayons du soleil commençaient à faiblir, ils étayent temps de s’arrêter.

Il commença à désatteler son cheval. Ensuite, il monta sa petite tente avec quelques morceaux de bois et enfin alluma un feu. Le camp était terminé. Il mangea devant le feu un morceau de pain et un peu de viande séchée, les flammes éclairaient à quelques pieds autours de lui et se reflétaient sur le visage du rôdeur. Ainsi, il attendait pour la suite.

#Veneur

Le vieil homme n’avait plus sa fougue et sa force d’antan, mais sa force et son art du pistage quant à eux ne s’étaient pas estompés avec le temps. Il arpentait la terre du milieu depuis une bonne quarantaine d’année, malgré le temps qui semblait long, lui ne le voyait pas filer. Toujours accompagné de son fidèle compagnon qu’il avait surnommé « Ada ». Un chien de chasse qui n’était plus tout jeune, il avait un pelage blanc et roux légèrement jauni par la boue et les longues marches dans les forêts et les champs. Le canidé n’était plus vraiment fringuant, mais faisait largement l’affaire et rendait fier son propriétaire !

Quant à l’homme, il était d’une taille moyenne, légèrement bossu, assez trapu. Son visage était marqué par la vieillesse avec plusieurs rides et de maintes cicatrices. Il était habillé de manière banale pour passer partout. Une cape noire avec un capuchon assez usée, une cotte de maille, un pantalon brun et des bottes noires de fortunes. Il était équipé d’un bouclier sans aucunes marques d’appartenance à une quelconque armée, une épée rudimentaire assez qu’une longue dague qui elle par contre était en parfait état. Et pour finir une longue lance pointue avec un côté acéré pour le combat à distance.

Il marchait depuis bien longtemps, avant l’aube et la route était sans embûche mais éreintante pour le vieil homme . Son pas était lourd et nonchalant, par contre Ada se déplaçait de manière délicate et vigilante, faisant attention au moindre signe suspect ou bruit étrange. La nuit commençait à tomber doucement et les deux compères s’étaient arrêtés à l’orée d’un bois non loin d’une plaine. Ils étaient passés ensemble devant un campement plusieurs heures avant le coucher du soleil. Après quelque temps à attendre un signe de vie, l’homme vit au loin une lueur dans la plaine, il décida donc de s’avancer avec son chien, toujours sur leurs gardes.

Une fois arrivée à quelques mètres du campement, il put distinguer un homme au coin du feu, qui regardait les flammes. L’homme s’avança et posa la main sur l’épaule de la personne en face du feu et lui dit :

-Alors jeune homme, que fais-tu seul ici ? On me surnomme Veneur, quant à elle s’est Ada ma chienne. Et toi qui es-tu ?
Le vieil homme attendit une réponse du rôdeur.

Veneur fût assez surpris de la réponse rapide et indiscrète de l’homme au coin du feu.

L’homme n’avait pas l’habitude de croiser des rôdeurs, cela faisait des années qu’il n’en avait plus vu d’ailleurs, surtout dans les plaines du Rohan.

- Excusez-moi, jeune homme, mais avant tout, permets-moi de m’asseoir, la journée a été longue !

Sans attendre la réponse du jeune homme, Veneur prit place non loin du feu en caressant Ada doucement. Cette dernière s’assît calmement à ses pieds.

- Enchanté Talion, rôdeur du sud ! Tu es bien loin de chez toi mon jeune ami. Qu’est-ce qui t’a fait venir jusqu’ici ? Et pour répondre à ta question, je suis un paysan de Edoras, je chasse régulièrement avec ma chienne dans les alentours pour subvenir à nos besoins et notamment me maintenir en forme !

Le vieil homme esquissa un sourire et tapa sur l’épaule de Talion en rigolant. Ensuite son regard se perdit durant quelques secondes dans le feu et il reprit

- Tu me parles d’un voyage vers l’Arnor et d’une meute ? Je n’ai pas attendu parler de meute ni de si long voyage et pourtant je parle à de nombreuses personnes pendant mes petites escapades ! Dans mon jeune temps, je me promenais au-delà des frontières du Rohan tout cela me manque énormément ! Alors parle-moi de tes aventures rôdeur, si cela ne te dérange pas évidemment ? Cela égayera un peu notre journée fatigante et cela nous permettra aussi de faire plus ample connaissance !

Veneur regarda Talion d’un air bien veillant et lui sourit à nouveau en espérant une réponse de sa part.

Le vieil homme remarqua l'étonnement du rôdeur lorsqu'il apprit qu'il n'était qu'un simple chasseur du coin. Ceci dit,  cela avait flatté l'homme. C'est qu'il n'avait pas l'air si âgé ou encore qu'il pouvait encore combattre aux yeux de quelqu'un et pour une personne de son âge ce genre de suppositions ne pouvaient être que flatteuse et plaisante.

- Ne t'en fais pas, mais je te remercie de m'avoir pris pour un de ces mercenaires!

L'homme accepta le morceau de pain de Talion avec plaisir, car sa journée de chasse n'avait pas été très concluante. Juste quelques lapins.
Veneur en sorti un de sa sacoche et regarda le rôdeur

- Voici pour toi Talion rôdeur du sud, garde le pour plus tard ou mange le maintenant. Ça me fait plaisir d'aider un mercenaire protégeant les terres du Rohan.

Par la suite, il ecouta le discours du jeune homme avec attention et un tas de questions lui vint alors à l'esprit.
Le rôdeur prit une gorgée d'eau et regarda dans le vide. Un silence s'installa alors entre eux. Seul le bruit du feu se faisant entendre à quelques mètres à la ronde. La nuit commençait doucement à tomber et le vieil homme était bien loin de chez lui. Les plaines du Rohan n'étaient plus aussi sûres que jadis. De toute manière Veneur se baladait toujours avec un sac de couchage et une petite tente de fortune.

Il se leva alors doucement et installa sa tente ainsi que son sac de couchage. Ensuite il retourna s'asseoir près du rôdeur.

- J'ai bien écouté ton histoire Talion et cela me peine pour toi. Je suppose que tu n'es donc pas ici de ton plein gré? J'ai un tas de questions à te poser sur ton histoire et si cela ne te dérange pas, j'aimerai passer la nuit ici?

Avant même d'attendre le réponse du jeune homme, Veneur commença à lui poser toutes les questions qui lui avaient traversées l'esprit lorsque le rôdeur lui avait conté son histoire.

- Je voudrai savoir pourquoi as tu été exilé de chez toi Talion? Et que vas tu donc faire en Arnor? Ce n'est pas la porte à côté ! Et de plus je suppose que tu sais bien mieux que moi que l'on accompagne jamais une troupe de mercenaire sans un but un peu plus précis ?

Le vieil regarda le rôdeur en caressant Ada, qui était en train de s'endormir au coin du feu.

Veneur éclata d'un petit rire discret puis cracha au sol.

"Rares sont ceux qui deviennent mercenaires par choix. Le déshonneur, le manque d'argent, les erreurs du passés... bien souvent c'est le monde qui choisit pour eux. N'oublie pas une chose, Talion, ce sont tes actes qui définissent qui tu es, pas la cape que revêt."

L'homme plongea à nouveau son regard dans le feu. Il croqua sa miche de pain avec ses vieille dent tout en caressant son chien. Un peu de temps passa en silence, les deux hommes étaient des solitaires. Finalement, Veneur reprit la parole.

"Je ne sais pas si c'est par ignorance, par honneur ou par discrétion... mais dans tous les cas tu as passé l'épreuve. Un membre de la Meute ne révèle jamais rien sur les convois qu'il accompagne ni sur les missions qu'il accomplit. Raton, je suis le premier éclaireur du convoi et Gobelin m'a demandé de te tester."

Il savoura l'air surpris de Talion. Même si le rôdeur aurait encore pu être plus discret, il n'avait rien révélé de compromettant sur ses compagnons, sur la taille de l'escorte ou sur l'importance du convoi.

"Demain, nous rejoindrons un autre groupe aux Gués de l'Isen. Je pense que tu connais celle qui les mène. Notre véritable mission pourra débuter. Tout te sera expliqué demain."

Sans un mot de plus, le vieil homme s'allongea à côté de son chien, son épée le long de son corps.

"Tu prends le premier tour de garde..."


La nuit s'était déroulée sans encombre, Veneur s'était éveillé pour prendre son tour de garde. Dès les premières lueurs de l'aube il avait secoué Talion pour l'inciter à se remettre en marche. Veneur s'éloigna pour aller chercher sa monture qu'il avait attaché un peu plus loin pour mieux préparer son épreuve.

Les deux hommes et le chien se remirent en route à bonne allure. Ils rejoignirent rapidement les Gués de l'Isen où se trouvait un petit groupe d'une dizaine de mercenaires de la Meute. A leur tête, Princesse en personne. Ils mirent pied à terre et se rapprochèrent du groupe déjà en place. Princesse s'approcha de Talion et le saisit dans ses bras. Elle se colla à lui et l'embrassa sur la joue. Elle lui murmura à l'oreille "J'étais certaine que tu réussirais le test, j'étais sûre que Veneur ne devrait pas te tuer."


Elle s'écarta vivement et se plaça au centre du rassemblement.

"Bien, Gobelin nous a confié une mission délicate. Nous n'avons plus de nouvelles du relais de Dun Caradach depuis des semaines. Ce n'est peut être rien où c'est un très mauvais signe. Dans tous les cas, nous ne pouvons pas arriver avec notre convoi sans avoir de garanties à ce sujet. La mission est simple, avancer, observer et faire du ménage si nécessaire. Est-ce que c'est claire pour tout le monde ?"