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Sujet: Les plaies de l'Arnor
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: L'Arnor   Tag antos sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les plaies de l'Arnor    Tag antos sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 10 Sep 2018 - 19:09
La main d'Antos effleura la pierre. Elle était froide et rugueuse, à l'instar de ce château. Le soldat s'appuya un peu plus contre le rempart. De son point d'observation, le soldat avait une vue imparable sur les territoires du nord. Nul voyageur ne pouvait espérer atteindre les portes du castel sans être repéré par une sentinelle. C'était là le rôle d'Antos, veiller la porte nord et avertir du moindre mouvement suspect. Il avait déjà fait plusieurs tours de ronde sur cette section de rempart, l'endroit lui était familier. Accoudé au rebord, il balaya du regard les environs. Les plaines d'Arnor étaient calmes en cette fin de journée.

Il s'empara d'une miche de pain qui traînait près du braseros et commença à remplir son estomac. Cela faisait maintenant plusieurs mois que Madhel les avait conduit ici, au château du sénateur Péocle. Le politicien avait une grosse dette envers leur chef et l'ex-tribun n'était pas facile à duper. Le Comte l'avait vite compris. Madhel avait donc décidé de se servir lui-même, choisissant d'installer ses quartiers dans la demeure de Péocle.

La guerre contre les peuples libres avait coûté chère à l'Ordre, à Péocle encore davantage. Ses ressources s'étaient réduites comme neige au soleil et les denrées alimentaires diminuaient un peu plus chaque jour. Madhel avait fini par envoyer des chasseurs dans les bois environnants pour subvenir à leurs besoins. On ne nourrit pas une troupe de cinquante hommes avec des céréales bien longtemps.

Le ventre d'Antos était désespérément vide. Les quelques bouchées de pain ne firent qu'accroître sa faim. Le soldat se retourna vers l'enceinte du château, observant ses compagnons. Le silence régnait dans la cour. D'aucuns parlaient entre eux, d'autres dormaient pour oublier la faim. D'autres encore puisaient de l'eau dans le puits. Antos remercia le ciel qu'une source d'eau soit à leur portée. Car il devait bien l'admettre, le moral de leur troupe était en berne. L'inaction et la monotonie avaient gagné le cœur des soldats. Les femmes du château les avaient occupés un bon moment mais ils avaient perdu le goût pour tout ça.

Antos jeta un œil à l'ouest, le soleil s'enfoncerait bientôt dans la baie de Belfalas. Son tour de garde, lui, ne faisait que commencer.

Soudain une voix retentit à l'autre bout du château, puis une autre. Plusieurs hommes dans la cour se mirent à courir dans la direction du bruit. Antos s'avança du haut du rempart comme pour en voir plus, en vain. Il était cantonné à son bout de mur. Son cœur s'accéléra. Que se passait-il ? C'était la première agitation depuis des semaines.

"Des cavaliers !"

Ces deux mots retentirent comme des tambours dans le crâne d'Antos. D'après l'origine des voix, ces visiteurs arrivaient de l'est et les Monts Brumeux. De qui pouvait-il s'agir ? Des rohirrims ? Des hommes du pays de Dun ? Des arnoriens ?

Au même moment, la silhouette de Madhel apparut en contrebas. Entouré d'une poignée d'hommes, il semblait inquiet. Plus loin, Péocle et son seul garde observaient la scène avec méfiance. Leur sort était entre les mains de l'ancien tribun, ils n'étaient que des pions désormais, et une monnaie d'échange.

D'autres cris jaillirent du château, de la porte Est et de la cour. Tout le monde s'agitait. Le cliquetis des armes résonna à nouveau dans l'enceinte. Un bruit familier et pourtant, comme oublié. Antos ne savait plus où donner de la tête, ses compagnons remuaient tels des fourmis perturbées dans leur routine. Mais la routine de ces hommes n'était pas la plus formatrice.

Un bruit de métal siffla aux oreilles d'Antos. Encore. Si près de lui ? Il se retourna vers le mur extérieur. Un grappin s'était agrippé à la pierre comme les serres d'un rapace autour de sa proie.

Le cœur d'Antos s'arrêta lorsqu'il découvrit qu'un homme se tenait devant lui, camouflé qu'il était dans sa tenue de rôdeur.

"... la rose blanche ! C'est la rose blanche !..." hurla une voix de l'autre côté du château.

Antos posa sa main sur le pommeau de son épée. L'homme face à lui leva son bras dans sa direction mais Antos ne le laisserait pas dégainer sa lame. Le soldat se jeta vers son ennemi, son épée au-dessus de sa tête. Il voulut hurler sa rage avant de porter le premier coup.

Mais rien ne vînt.

Aucun son ne sortit de sa bouche. L'air lui manquait. Il insista mais tout ce qu'il obtînt fut une douleur atroce et un goût de métal sur la langue. Il s'arrêta en pleine course et posa une main sur sa gorge. Ses doigts effleurèrent des plumes, douces comme la peau d'une femme puis une tige de bois. Le carreau l'avait perforé à la base du cou, lui coupant littéralement le souffle.

Antos comprit aussitôt. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Le regard embué, il devina l'arbalète dans la main de l'ennemi. Tout était allé très vite, il n'avait rien vu, rien senti. Ses genoux heurtèrent le sol, tandis que le bruit de son épée contre la pierre résonnait encore.

Il voulut dire un dernier mot mais le carreau fiché dans ses cordes vocales l'en empêchèrent. Sa vision se troubla jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un voile noir. Et Antos s'effondra.

***

Les cadavres parsemaient le sol boueux de la cour intérieure. À plusieurs reprises, Sirion dut enjamber des corps sur son passage. Déjà, des corbeaux tournoyaient au-dessus du champ de bataille.

Le Fantôme jeta un œil vers ces oiseaux de malheur, symboles parfaits de l'Ordre contre lequel ils s'étaient battus.

*En voilà qui auront de quoi ripailler cette nuit.* pensa-t-il.

Un guerrier en armure et vêtu d'une cape blanche s'approcha du maître de la rose. Il tenait son casque sous le bras, du sang coulait le long de sa visière. Mais ce n'était pas le sien.

"Laerte ?" demanda Ibn-Lahad.
"Madhel et sa garde se sont retranchés dans la grande salle. Ils ont barricadé la porte. Nos hommes s'emploient à percer une brèche."

Le front du Khandéen se rida. Jamais cet ordre ne s'avouerait vaincu ? Jamais ils n'abdiqueraient ? Jamais, en effet. Soit.
Bientôt la silhouette de Maegon apparut au milieu des morts. Il avait l'air satisfait, non loin derrière Azami semblait attendre la suite.

"Nous avons trouvé le passage indiqué par Péocle. Il mène à l'arrière de la grande salle. Mais le passage est étroit, il faut oublier les armures." Le regard de Maegon se tourna alors vers Laerte.

Sirion sourit intérieurement. Les informations contenues dans la lettre de Péocle étaient exactes. Ils allaient pouvoir mater cette poche de résistance. Une de plus.

"Je vais conduire l'assaut. Capitaine Laerte, vous dirigerez les opérations ici. Défoncez-moi cette porte au bélier, par les flammes ou avec l'aide d'un troll, ça m'est égal. Hors de question que la situation s'enlise."

Laerte inclina la tête et remit son heaume avant de repartir vers les couloirs du château. Ne restaient plus que six ombres dans la cour : le Fantôme et cinq de ses roses noires, parmi lesquelles Maegon et Azami, ses lieutenants.

"Allons tuer les ennemis de l'Arnor."

#Sirion #Maegon #Antos #Péocle #Madhel #Laerte
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