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Sujet: La reconquête ?
Calion Palantir

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag corbeau sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La reconquête ?    Tag corbeau sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 5 Jan 2015 - 12:28
La concentration était totale du côté elfique. Sighild Baldrick n’avait pas attendu pour répondre à Calion. La question qu’elle soulevait était juste : combien étaient-ils ? L’Elnaith de la Maison du Roi se rappelait de la première bataille d’Imladris. Le souvenir était fort et la plaie encore ouverte. Lors de cette cuisante défaite, les soldats de l’Ordre de la Couronne de Fer s’étaient amenés en nombre. Des centaines de et des centaines de guerriers de toute race avaient foulé le sol de la Dernière Maison Simple à l’Ouest. Calion fronçait les sourcils, sa main droite devant sa bouche, l’index et le pouce relevés. Ses cheveux raides étaient encore un peu ébouriffés par les combats. Sa tête était encore baissée. Autour de lui régnait un lourd silence. Les deux capitaines continuaient  de fixer leur ami mais ils se lançaient discrètement quelques regards, tous les deux étant dans l’interrogation. Calion connaissait son ami Voronwë. En effet celui-ci pensait qu’Imladris devait être reprise au plus tôt, tout en minimisant les pertes. La cité-refuge était comme un Silmaril pour le capitaine de cavalerie qui restait bien loin de son cheval, un joyau, la prunelle de ses yeux à n’en pas douter, son seul amour. Du moins c’est toujours en ces termes que Voronwë Amnel décrivait la cité d’Elrond, sa cité, à l’Elnaith. Celui-ci serra ses poings et dit.

« Nous n’attendrons pas les renforts. Je sais que le risque est grand mais nous avons les meilleurs guerriers de Gar Thulion. Nos ennemis ont subi d’intenses pertes grâce à notre assaut. Encore une fois, bravo à vous et merci mage. Calion inclina sa tête. Cependant permettez-moi de suivre mon instinct, la dernière fois je n’en ai pas vraiment eu l’occasion. Il marqua une pause. Voronwë, l’Elnaith le fixa, je connais votre soif de vengeance et de votre désir d’annihiler de nos ennemis, tout comme moi je vous l’avoue, mais nous devons reprendre notre cité, c’est notre unique objectif, notre mission. La vengeance quant à elle doit être mise de côté. Je vous fais confiance Voronwë … Entièrement. Calion parlait sans discontinuer. Sighild je voulais vous dire de ne pas trop aller au contact. Nous avons besoin de votre magie. Vous regrettez la perte d’Imladris et vous y avez perdu des gens aussi, mais comme pour Voronwë, ne vous cachez pas derrière la vengeance, allez à la bataille le cœur léger et rempli d’espoir ainsi que le corps solide. Souhaitons-nous bonne chance. »

Les trois officiers qui s’étaient écartés du reste de la troupe qui elle-même montait la garde dans tout Valdol revenaient vers le centre du village. Les feux avaient été éteints entre temps.

Au même moment, Imladris était devenue une fourmilière. L’Ordre de la Couronne de Fer, qui venait de subir une défaite importante puisqu’il n’avait plus les villages alentours sous son contrôle, s’activait. Au retour de Validna et des hommes qui ont échappé à la mort, Lammâth venait d’être prévenu. Elle se présenta à son supérieur qui depuis le haut des marches de la maison d’Elrond la toisa du regard. Il était très calme à cet instant mais cela ne dura pas.

« Vous êtes décevante Validna. Je pensais que vous étiez différente des autres. J’aurais préféré vous voir une flèche dans la gorge mais victorieuse plutôt que de vous voir vivante et sans une égratignure qui plus est mais vaincue. »

Les mots étaient durs mais Validna ne s’en soucia pas. Elle avait plutôt peur qu’il ne l’agresse physiquement. Elle restait tout de même impassible mais presque honteuse et quant à ses hommes, ils redoutaient le Neleg. Ils avaient beau être de redoutables combattants, ils étaient terrifiés par l’Elfe qui, il est vrai, en imposait. C’était un personnage charismatique aussi sombre que sa chevelure obscure. L’Elfe descendit une à une les marches de la maison d’Elrond. Il s’arrêta à côté de Validna.

« Vous êtes encore en vie. Profitez-en car vous ne le méritez pas. Lammâth fixa la jeune femme qui ne put soutenir son regard plus de deux secondes. Ses yeux d’un noir profond reflétaient son esprit sombre. Vous allez mourir Validna. Vous verrez. »

Imladris, le refuge bafoué, se fortifiait. Les brèches se comblaient, des pieux étaient insérés dans le sol et sur ces pieux étaient plantés les corps des anciens défenseurs, en lambeaux.

Lammâth était revenu dans la maison d’Elrond, dans sa propre chambre. Il tournait en rond et son esprit le tourmentait. Ariel. Encore et toujours. Jour et nuit, à seconde de chaque minute de chaque heure il pensait à elle. Sa défunte femme l’obnubilait. L’Elfe en était devenu fou, on l’aurait dit dans un autre monde, inapte à commander ses hommes. Il restait seul. Mais Lammâth imagina Ariel et tout alla mieux, il s’apaisa. Cependant une veine se forma sur son front. Il rageait de ne plus pouvoir prendre dans ses bras son bien, son amour. Le destin voulait qu’on le l’ait lui est enlevé. Avec son souvenir, Lammâth s’endormit alors qu’on pouvait entendre dans la vallée les coups de marteaux et de scies sur le bois.

Dans le village, les défenseurs des Peuples Libres se regroupaient. Les Elfes de Gar Thulion étaient rejoints par une dizaine de villageois en armes. Calion Palantir les prévint que lui et ses hommes n’allaient pas pouvoir leur assurer la protection de leurs vies sur le champ de bataille. L’Elfe remercia les hommes qui venaient de les rejoindre. Une sentinelle vint lui rapporter qu’une troupe de l’Ordre quittait Imladris. Le temps était compté dorénavant. L’Elnaith n’avait pas hésité à demander où allait cette troupe et de combien de soldats elle était composée. La sentinelle quelque peu essoufflée par son sprint affirma que les soldats étaient au nombre de cinquante. Les Valar étaient avec les Noldor, c’était la première fois depuis un Âge. Il fallait se dépêcher, le départ de cette cinquantaine de soldats n’était pas le signe d’une attaque mais d’un départ.

Une heure passa. Lammâth se réveilla et revêtit son armure. Il respira profondément. Il devait commander ses hommes. On frappa à la porte de la chambre. Il s’agissait des jumeaux Daugion et Thorontur qui s’inquiétaient de ne toujours pas voir le Neleg. Entrèrent mais ne parlèrent pas. Lammâth passa à côté d’eux sans dire un mot.
De l’autre côté de la vallée, les Peuples Libres étaient près et en rang. Les villageois n’avaient pas été mis à l’écart. L’Elnaith ne souhaitait pas faire de long discours mais il souhaitait tout de même parler à ses hommes.

« Soldats des Peuples Libres ! Il est temps. Il marqua une pause. Temps de reprendre notre bien. Rendre aux Eldar leur refuge. C’est une obligation, ce pourquoi je suis devant vous. Il y a des guerriers redoutables de l’autre côté de la vallée, mais j’ai foi en vous tous. Le monde a ses yeux braqués sur nous. Montrons lui que les Elfes de Gar Thulion sont toujours là pour la Terre du Milieu ! »

L’ex-ambassadeur des rois Noldor se voulait rationnel. Il voulait à la fois en découdre avec l’Ordre et montrer que les Elfes n’avaient pas abandonné la Terre du Milieu.

À Imladris, se tenait sur les marches de la maison d’Elrond Lammâth, les yeux injectés de sang. Trois mots suffirent pour que ses hommes s’enragent.

« Pas de quartier. »

La folie s’empara des guerriers noirs et blancs qui hurlèrent. La volonté de tout annihiler sur leur passage et celle de venger leurs frères d’arme tombés précédemment les envahi. Le descriptif de la défense était simple : les quelques archers étaient placés sur les remparts de la cité tandis que le gros des forces, à la demande de Lammâth, s’était positionné sur le pont, devant la porte principale. Les lances, les épées, les piques et les haches étaient toutes pointées vers l’avant. Tout devant était Ald’ar Omenuir. Une lame aiguisée remplaçait son avant-bras précédemment arraché qui était devenu une véritable arme. C’était un Homme fort qui a vu son autorité croitre depuis la prise de Fondcombe et les sacs des villages alentours. Ses cheveux courts et sa barbe grisonnante rendait son visage plus sévère.

« Le premier que je vois reculer je lui arrache la gorge. »

Les défenseurs d’Imladris comptaient dans leurs rangs des Hommes, des Elfes, des Nains, mâles et femelles ainsi qu’une toute petite poignée d’Orques. Ces derniers revêtaient comme les autres soldats de l’Ordre de la Couronne de Fer une armure aux couleurs noire et blanche. Les Orques avaient une grande soif de sang mais ils étaient assez loyaux pour ne pas se nourrir des combattants qui guerroyaient à leurs côtés. Mais avec eux, les bagarres étaient presque monnaie courante. Comme l’on pouvait le penser,  les Orques étaient en première ligne, lances pointées en avant, dans l’attente de l’ennemi qui arrivait bientôt.

À Valdol, l’heure était venue de se mettre en marche. Calion Palantir leva son bras droit et l’abaissa aussitôt. La marche commença. Les archers de la Maison de l’Arbre guettaient la colonne étincelante depuis les flancs. Devant, des éclaireurs se relayaient et scrutaient chaque recoin du sentier que l’armée elfique devait emprunter. Ces éclaireurs, dans la discrétion la plus absolue, éliminèrent quelques sentinelles de l’Ordre. À la tête de la colonne marchait l’Elnaith de la Maison du Roi, le pas léger mais déterminé. Il pensait. « Si la victoire n’est pas notre, que je meurs. » Juste derrière lui avançaient la magicienne et le capitaine de cavalerie et tous les trois avaient un lien fort avec la cité-refuge. Tout d’abord la mage y était née. Sa famille y vivait encore alors peu. Et la chute de la cité avait choqué la jeune elfe qui, dévastée, se réveilla intérieurement et se révéla entre les murs de Gar Thulion. Ensuite venait le capitaine Voronwë Amnel, un cavalier émérite au passé douloureux. Il a perdu de nombreux soldats jadis, au temps de la Dernière Alliance des Elfes et des Hommes, au temps de la première chute de Gorthaur. Et ces pertes l’avaient changé psychologiquement, il était devenu sombre, se réfugiant dans son amitié avec Calion. Ces deux-là voyaient en Imladris l’espoir des temps anciens. Gar Thulion n’avait pas l’aura de la cité d’Elrond certes mais elle était devenue la nouvelle garante de la sauvegarde des Elfes. Quelques mètres derrière eux marchaient les soldats elfes. Leurs armures d’argent rutilaient et leurs lances brillaient à la lumière du soleil. Et malgré le bruit de la colonne, un silence d’or s’était installé dans les rangs. Pas un oiseau ne chantait pour accompagner les Elfes, ils avaient senti la mort s’approcher. L’on pouvait tout de même entendre le bruit lourd de la Bruinen au travers des cliquetis des armures. La Bruinen avait quelques semaines auparavant porté sur ces flots les corps des vaillants défenseurs d’Imladris, Hommes ou Elfes mais rejeta les cadavres des soldats de l’Ordre.

Les défenseurs des Peuples Libres arrivèrent à quelques centaines de mètres de Fondcombe. Calion eut alors le rapport d’une sentinelle qui lui affirma que la majorité des forces de l’Ordre étaient sur le pont.

« Notre faiblesse sera la leur. »

Cependant, alors qu’il parlait, les troupes de l’Ordre bougeaient. Lammâth avait donné le commandement de ne pas rester sur le pont et ainsi risquer une défaite. Il redevenait lucide. Les Elfes qui s’étaient rapprochés de leurs ennemis n’allaient pas pouvoir battre aussi facilement qu’ils ne l’espéraient auparavant les guerriers de l’Ordre. L’Elnaith donna alors le commandement aux archers de tirer une première volée de flèche. Celle-ci allait être déterminante. Les soldats de l’Ordre avançaient doucement contrairement aux flèches. Ald’ar les vit arriver.

« Boucliers ! »

Il était trop tard. Les flèches elfiques dévastèrent la première et la deuxième ligne. Tous les Orques y passèrent. Seul Ald’ar qui s’agenouilla put éviter la mort. Les autres plongèrent dans le sommeil éternel. Le Lefnui se releva et dégaina son épée. Les lignes de l’Ordre se resserrèrent autour du guerrier expérimenté. Une deuxième salve vint interrompre le flux d’arrivants. Cependant cette seconde volée fit moins de victimes. Un mur de bouclier se leva et les Elfes stoppèrent tout tir en direction de l’infanterie et se concentra sur les quelques archers qui tentaient de répliquer.
Voici que sortit du chemin l’armée elfique, éclatante et résolue. À sa tête, toujours Calion Palantir suivi de Sighild Baldrick et de Voronwë Amnel. Les regards des trois pointèrent vers la cité dévastée et croisèrent celui d’Ald’ar Omenuir. Leurs yeux s’assombrirent. Sighild empoigna son bâton, Voronwë dégaina Eldagor. Calion fit de même avec Anglïr. L’épée rougeoyait déjà tandis que celle de Voronwë étincelait. Des flèches furent tirées depuis la cité sur les trois officiers mais la rapidité des Elfes fit que ces pointes se logèrent dans les boucliers d’argent. Une nouvelle salve elfique s’envola et emporta quelques soldats noirs et blancs.

Ald’ar fut rejoint à temps par les jumeaux Daugion et Thorontur. Lammâth restait encore dans la cité, il se préparait mentalement, quelque chose n’allait pas. Les jumeaux sommèrent au vieux guerrier d’attaquer mais celui-ci fut devancé par les Elfes de Gar Thulion. Tous entendirent alors l’ordre lourdement prononcé par Calion Palantir qui tenait sa lame à deux mains.

« Herio ! (Chargez !) »

L’Elfe millénaire rugit tout comme ses congénères. L’armée elfique fonça sur les soldats de l’Ordre de la Couronne de Fer sous couverts de deux volées de flèches.

« Herio ! » Les Elfes répétaient, criants.

Narmacil couru son épée dans ses mains vers les rangs de l’Ordre. Il dévia la lance de son ennemi et le mis par terre d’un coup d’épaule puis il l’acheva de sa lame dans la gorge. Le temps qu’il finisse son action, Calion fut rejoint par ses camarades qui hurlèrent une dernière fois avant le choc.

« HERIO ! »

Sur le coup, des soldats elfes moururent transpercés par les lances ennemies. D’autres tuèrent en un coup des guerriers noirs et blancs. Les villageois s’en étaient bien sortis jusque-là puisqu’aucun n’était mort. Cependant cela allait changer. Daugion et Thorontur étaient entrés dans la mêlée. Ils combattaient à deux et avaient déjà tué certains Elfes. Un villageois périt de la main de Thorontur et un autre de celle de son frère. Il était clair que l’Ordre n’allait pas se laisser faire. Les archers elfes avaient cessé de tirer afin de ne pas toucher les leurs. C’est alors que les tireurs de l’Ordre lâchèrent une volée de flèche. À ce moment, Sighild Baldrick créa une bulle de protection qui arrêta une partie des flèches qui se brisèrent tandis que l’autre partie se logea plus loin sur le champ de bataille. Quant à Voronwë Amnel, il exécuta sans remords ses ennemis un à un. Il s’avéra que Calion et lui se rapprochaient de Daugion et Thorontur. Ald’ar était pour sa part aux prises avec de nombreux soldats qui le mettaient en difficulté mais il finit par s’extirper de cette situation grâce à l’appui de ses guerriers qui vinrent à son secours.

Les deux officiers elfes s étaient frayés un chemin vers la porte. Soudain apparurent en face d’eux les jumeaux armés tous deux de sabres elfiques été de dagues. Les quatre se fixèrent le temps d’un battement d’aile de papillon. Les jumeaux se jetèrent sur leurs ennemis mais ceux-ci parèrent sans difficulté puis ripostèrent mais Daugion et son frère n’eurent aucun souci à esquiver. Thorontur dit.

« Vous êtes trop lents. Vous l’étiez déjà la première f… »


Voronwë n’attendit pas la fin de la phrase. Il feinta un coup d’estoc pour en faire un de diagonale. Thorontur évita au dernier moment l’attaque mais ne put esquiver le coup de poing ravageur du capitaine qui l’envoya au tapis. Il tenta de se relever. Son frère vint à sa rescousse mais fut stopper par l’Elnaith qui lui bloqua la route. Autour d’eux régnait le fracas des armes et les hurlements de mort. Amnel fixa son ennemi à terre.

« Tu vas mourir ici traitre. »

Calion le regarda. Amnel avait déjà oublié ce qu’il lui avait dit.
Les yeux des deux frères quand  l’épée du capitaine se planter dans la gorge de Thorontur. Dans un dernier espoir, celui-ci avait empoignait sa dague pour la planter dans la jambe de Voronwë mais il était trop tard.

Daugion s’enragea et se battit avec beaucoup plus de férocité contre Calion mais celui-ci, beaucoup plus expérimenté n’avait aucun mal à parer. Daugion s’énerva. De temps à autre il jetait un regard au cadavre de son frère. Il était déconcentré, l’Elnaith en profita pour abattre son adversaire d’un coup d’épée dans le ventre. Daugion et Thorontur étaient morts et leurs âmes expédiés dans les Cavernes de Mandos comme tous les Elfes.

Les combats autour eurent l’air de s’arrêter un instant. Ald’ar vit alors l’épée de Narmacil se déloger du corps de Daugion. Le Lefnui se contenta d’un dommage.

« Dommage. »


C’est alors qu’il engagea le combat avec la belle magicienne. Il lui sauta dessus mais elle le repoussa d’un coup de bâton en plein visage. Le guerrier grogna mais il remonta à l’assaut. Cette fois la mage dut bloquer son ennemi avec son épée. Avec son avant-bras, le Lefnui attaqua une deuxième fois mais l’Elfe ne put fuir le coup que grâce à l’intervention de Voronwë Amnel. Le regard du capitaine était noir et son visage blanc et sévère. Ald’ar avait été surpris, il recula et replaça sa garde. Le vétéran elfe le fixa et dit.

« Entrez dans la cité Sighild, il ne vous ralentira pas. »

Elle le regarda alors qu’il lui tournait le dos et elle le remercia intérieurement. L’apprentie de Mithrandir se mit à courir, elle traversa le pont envahi par les Elfes et la bataille. La magicienne dut cependant s’arrêter afin de supprimer quelques adversaires. Elle fut rejoint par Narmacil et ils passèrent la porte d’Imladris ensemble. La belle lui expliqua que le capitaine avait entamé un duel contre un des gradés de l’Ordre et qu’il n’allait pas les rejoindre. Derrière eux la bataille se déroulait et les Elfes avaient pris l’avantage et avançaient sur le pont. Les cadavres jonchaient le chemin et les divers courants rougissaient au contact du sang. La Bruinen emportait les corps qui tombaient dans ses bras et ils furent nombreux.

À l’annonce de la mort des jumeaux, Lammâth se leva. Il sortir sa lame de son fourreau et rejoignit la porte de la cité. Il avait senti que l’entrée avait été percée. Il ne fut pas surpris de que c’était la magicienne et l’Elnaith qui avaient enfoncé les lignes de l’Ordre.

« Vous revoilà pions de Rustor. Vous avez mis plus de temps que je ne l’espérais. Dit Lammâth, en âge. Vous n’êtes que deux ? Il rit. Il vous faudra une armée entière pour espérer me vaincre. »

Calion et Sighild fixaient l’Elfe. Il n’était qu’à une dizaine de mètres d’eux mais ils constataient qu’il était tout transpirant et blanc et ses yeux avaient l’air vide. L’Elfe murmurait.

« A … Ar … Ariel. »


Il toisa du regard Narmacil et lui hurla.

« Écarte-toi d’elle ! Je vais te TUER ! »

Lammâth se jeta sur Calion qui serra ses mains contre la poigne de son épée. Anglïr résista bien au choc du premier assaut. L’Elnaith ne put riposter puisqu’une deuxième et une troisième attaque suivirent. Calion fit un bond en arrière, la magicienne s’était retrouvée sans bouger derrière Lammâth qui, au moment de relancer une attaque fut interrompu par Narmacil.

« Vous pouvez tout arrêter Lammâth ! Rendez-vous ! Votre âme sera sauve ! Vous avez causé la ruine du peuple elfique ! Rendez-vous ! »

Son interlocuteur avait ses yeux injectés de sang. Il répliqua.

« Tu ne me fais pas peur Narmacil. Tu n’impressionnes personne avec ton épée qui rougeoie. Tu es devenu banal, un pion. Ta vie n’importe plus. »
« Rendez-vous ! »
« Non. »

Ce fut au tour de Narmacil de sauter sur son ennemi. Celui-ci avait déjà préparé sa garde. Il repoussa sans mal l’attaque de l’Elnaith. La colère de Calion grandissait. Certes il n’était plus le fringant Elfe de jadis mais il a toujours été au service de ses seigneurs et n’a jamais démérité. Mais aujourd’hui, Calion était membre du Conseil Elfique, c’était sa récompense pour service rendu et ça, Lammâth ne le savait pas. Le Neleg surprit l’Elnaith d’un coup de taille bloqué qui le fit tomber.

« Je vais devoir vous achever Calion Palantir. »

Il se rapprocha de lui. Il posa son pied sur le tibia de Narmacil.

« Non ! »

Sighild sauta sur Lammâth qui jeta au sol la magicienne. Calion se releva et reprit Anglïr en main. Il était énervé. Les effets du poison qu’il avait dans le sang se faisaient ressentir de nouveau. Il s’approcha du Neleg qui ne vit pas le coup de pied arriver. Lammâth se retrouva à suffoquer et s’éloigna. La magicienne put ainsi être relevée par Calion. Lammâth se réveilla.

« Ne la touche pas ! ARIEL ! »

Les deux officiers comprirent alors que Lammâth était fou. Son visage avait la couleur de la mort et des gouttes de sueur ruisselaient de son front. Son regard était noir et ensanglanté. Il avait l’air déterminé et perdu à la fois. Calion et Sighild ne prirent pas en pitié le Neleg qui fonça sur le Noldo. Sighild s’interposa et envoya son bâton dans le ventre de l’ennemi.

Sur le pont, la bataille faisait toujours rage et le duel entre Ald’ar Omenuir et Voronwë Amnel n’en terminait pas. L’Homme était un guerrier robuste mais moins vif que son adversaire. Aucun des deux soldats ne prenait l’avantage mais tous deux étaient blessés à la jambe droite. Autour d’eux les morts s’accumulaient et surtout du côté de l’Ordre qui faiblissait. En effet le désir de vengeance des Elfes avait réveillé une flamme éteinte depuis bien trop longtemps. Les guerriers noirs et blancs résistaient tant bien que mal aux assauts des Eldar. Leur défense était vaine. Certains soldats préféraient sauter dans les gorges de la Bruinen plutôt que de tomber sous les coups ravageurs des Elfes. Validna avait commencé le combat en dernière ligne avec son arc. Mais lorsque les Elfes ruinèrent les lignes de défense d’Imladris, elle ut se résigné à combattre au corps à corps. Elle se rendit compte que l’Elnaith était passé à côté d’elle sans qu’il ne l’ait attaqué alors qu’il l’avait reconnue. De nombreux corps couvraient le pont et ses alentours. La porte allait être passée par les soldats de Gar Thulion. Les archers de la Maison de l’Arbre avaient cessé de tirer leurs flèches depuis la forêt avoisinante et s’étaient postés à découvert derrière les lignes. Ils devaient parfois se battre au corps à corps lorsqu’un soldat de l’Ordre passait au travers des mailles du filet d’argent que formait l’infanterie elfe. Malgré tout,  les pertes du côté elfique étaient importantes mais inférieures à celle de l’Ordre. Les combats s’étaient alors rapprochés de la joute entre le Neleg, l’Elnaith et la magicienne. Celle-ci se battait avec courage contre Lammâth qui bloquait ses attaques mais ne répliquait jamais mais qui ne s’arrêtait de dire.

« Ariel … Arrête ! C’est moi ! »

Sighild fut déstabilisé. Une nouvelle fois l’Elfe millénaire la confondait. Il ferma les yeux. Sighild s’arrêta, relâcha sa garde. Calion profita de ce moment de répit pour lancer un nouvel assaut toujours emplit de colère. Lammâth se réveilla une nouvelle fois et esquiva au dernier moment mais il était perdu et ses gestes désynchronisés. Le Noldo réussit alors par miracle à lui entaille la main gauche. Celui-ci ne hurla pas de douleur mais resserra sa mâchoire mais Calion finit par trébucher lorsque son pied gauche rencontra un pavé sorti du sol. Lammâth se ressaisit et profita de cette occasion afin de neutraliser une fois pour toute le Noldo en lui envoyant des dizaines de coups de poing.

Sighild regardait la scène, sonnée. Elle reprit ses esprits à son tour et poussa violemment Lammâth qui s’acharnait sur Calion.

« Arrêtez lâchez-le ! »

Elle lui donna un coup d’épée qu’il esquiva. Il hurla.

« ARIEL ! »

Il cligna des yeux qui devinrent rouge. Lammâth empoigna son épée.

« Tu n’es pas Ariel ! Tu es une usurpatrice ! Tu n’es personne ! »

Sighild parait avec difficulté la lame du Neleg et elle ne pouvait jamais contrer. Soudain il l’attrapa par la gorge et la souleva.

« Meurs … »

Elle commença à étouffer mais elle réunit sa magie. Lammâth la senti. Il entrevoyait un éclat d’espoir dans les yeux de la belle.

« Que fais-tu ?! »
« J’utilise la lumière des Eldar qui m’entoure … »

Un rayonnement de lumière sépara les deux Elfes et projeta le Neleg plusieurs mètres plus loin.

« JE VAIS TE TUER ! »

Sighild ne répondit pas. Au fond, si jamais elle mourrait, elle préfèrerait que ce soit rapide. Lammâth s’avança lentement,  son épée pointée vers la magicienne. Celle-ci se releva, s’appuyant sur son bâton. Sighild fit vaciller son épée vers Lammâth qui bloqua l’épée de la magicienne. Le Neleg contre-attaqua et toucha le visage de la mage. Sa peau s’ouvrit et laissa s’échapper un fin fil de liquide rouge.

« Pardon mon amour ! Pardonne-moi ! »

Lammâth revoyait sa femme dans les traits de la magicienne. Peut-être était-ce là un sortilège de l’apprentie de Mithrandir. Elle était à terre et regardait Lammâth. Elle le voyait implorer son pardon. Lammâth était devenu une bête : ses cheveux noirs étaient tout ébouriffés, ses traits tirés et yeux ensanglantés.

La bataille était toute proche d’eux maintenant, l’Ordre faiblissait et le nombre de ses soldats diminuait. De l’Est arriva des lanciers de Mithlond. Ils étaient passés par les Hauts-Cols et venaient du camp des Monts du Fer. Ils prirent à revers les soldats noirs et blancs qui, assailli de toute part, mourraient les uns après les autres. Sighild se releva une énième fois comme son camarade Noldo. Lammâth avait l’air parti, absent. Les deux Elfes exploitèrent l’opportunité. Lammâth se réveilla et stoppa net l’assaut des deux. Ils se regardèrent et synchronisèrent leurs attaques. Lammâth contraient à chaque fois. Calion fut touché au bras gauche, l’épée du Neleg s’était plantée dedans. Sighild fut tout de suite entaillé à la jambe gauche. Lammâth restait puissant, sûrement le plus puissant des guerriers sur la Terre du Milieu à l’heure actuelle. Les deux Elfes rassemblèrent leur courage mais ils fatiguaient. Le Neleg ne plia pas, sa simple entaille à sa main gauche ne le gênait pas.
Mais tout s’arrêta. Corbeau, Neleg de l’Ordre de la Couronne de Fer lui aussi, qui était resté dans la Maison d’Elrond et qui cherchait un moyen de fuir avec Aliénor, apparut. Sa seule présence stoppa le combat.

« Qu’est-ce que tu fais là Corbeau ? » dit Lammâth, énervé.
« Je m’en vais, c’est allé trop loin. »
« Comment ? Tu oses ?! »
« Il faut en terminer Lammâth. »

Corbeau dévoila derrière lui Aliénor. Lammâth fut secoué. À nouveau il eut une hallucination. Les traits d’Aliénor étaient remplacés par ceux d’Ariel. Corbeau savait que le Neleg était fou. Sa pathologie s’était aggravée au fil des jours. Ile leva son bras gauche vers elle.

« Ariel … »

Corbeau regarda Sighild et Narmacil, il sourit et leur dit.

« Qu’attendez-vous ? »

Lammâth n’avait pas entendu, il était obnubilé par Aliénor qui ne réagissait pas, qui restait de marbre. Les deux Elfes comprirent que c’était là leur dernière occasion mais ils étaient surpris de la tournure des événements. Cet homme et cette femme avaient déboussolé le Neleg. Il revint à lui. Mais il était trop tard, la magicienne et l’Elnaith enfoncèrent leurs épées dans ses épaules. Il se retourna et envoya valser la jeune Elfe. Anglïr sortie du corps de Lammâth, Calion put alors se remettre face à lui. Il était exténué. Corbeau profita de cette situation pour s’enfuir avec Aliénor.

« La cité est perdue. »


Sighild était à terre, elle saignait du nez et de son visage. Sa plaie à celui-ci s'était accentuée. Corbeau passa à côté d’elle avec la femme qui l’accompagnait puis ils coururent aux écuries.

Calion Palantir faisait face à Lammâth. Celui-ci ne le surplombait plus, son dos saignait abondamment et il était recourbé.

« C’est la fin pour vous Lammâth. Il est encore temps de vous repentir. »

Le poison que le Noldo avait dans le sang limitait la douleur des blessures qu’il ressentait mais le duel l’avait exténué.

« Tu n’y arriveras pas. Il rit. Imladris ne tombera pas. »
« Non en effet … Elle va renaître. »

C’était les derniers mots de l’Elnaith. Sighild se remit sur ses jambes avec difficulté pour voir le dernier pugilat. Calion était autant blessé que Lammâth mais celui-ci n’avait plus sa tête. Ses cheveux tombaient et cachaient son visage.

Le Noldo à l’armure d’argent chargea le Neleg. Il lui tournait autour tout en l’attaquant, sans s’arrêter. Sous ses assauts répétés, Lammâth flancha. Il posa un genou à terre. Son épée s’envola avec sa main droite tranchée. Il gémit de douleur. La magicienne regardait la scène, décontenancée. Elle avait compris qu’elle avait été au premier plan de cette bataille et qu’elle avait participé à cette victoire qui s’annonçait. Lammâth avait sa tête baissée.

« Tue-moi Calion Palantir. »

Sighild s’approcha des deux Elfes.

« Ariel ? dit-il dévoilant son visage fatigué de la guerre. C’est bien toi ? »

Narmacil empoigna Anglïr, sa lame écarlate et l’enfonça d’un seul coup dans le cœur de Lammâth. Le Neleg s’écroula sur le côté. Sighild le rattrapa avant qu’il ne percute le sol. Il la regarda.

« Pardon pour tout Ariel … Je t’aime. Ariel … » soupira-t-il.

S’en était fini de Lammâth, l’Elfe millénaire et Neleg de l’Ordre de la Couronne de Fer. Il en était de même pour l’Ordre en lui-même à Imladris, cité-refuge d’Elrond Peredhel. En effet, les Elfes de Gar Thulion devaient de vaincre. Ald’ar Omenuir avait mis un terme à son duel avec Voronwë Amnel en lui envoyant son poing dans la figure et en fuyant le pont. Il disparut emportant avec lui un morceau de l’étendard d’Imladris. D’autres soldats avaient choisi la même option, Validna notamment. Tous avaient vu la fin de Lammâth. Les pertes du côté elfique étaient importantes mais les renforts venus de l’Est achevèrent les guerriers de l’Ordre.

C’était fini, l’étendard d’Imladris flottait à nouveau sur la porte principale et sur la Maison d’Elrond ainsi que dans toute la vallée.

Les villages aux alentours allaient pouvoir vivre en paix et ses habitants qui se sont battus allaient en partie revenir.

C’était la fin, Lammâth s’envolait pour les Cavernes de Mandos. C’était la fin.
#Lammath #Lammâth #Aliénor #Corbeau  #Daugion #Thorontur #Aldar
Sujet: [Villages environnants] Le sac de Fondcombe.
Ryad Assad

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Rechercher dans: Fondcombe   Tag corbeau sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Villages environnants] Le sac de Fondcombe.    Tag corbeau sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 25 Juil 2013 - 16:48
Tag corbeau sur Bienvenue à Minas Tirith ! Edonia10

Aliénor se tenait dans les rangs des soldats de l'Ordre, écoutant les directives énoncées par Ald'ar Omenuir, le chef de l'expédition. Il s'était placé face à ses hommes, et leur parlait comme un général à ses troupes. Une troupe qui n'avait cependant pas la cohésion d'une armée, loin de là. Parmi les guerriers rassemblés là, se trouvait Corbeau, notamment. L'elfe semblait hors de tout contrôle, et s'il se pliait au jeu, cela semblait être simplement parce que cela l'amusait. Il semblait trouver un plaisir inexplicable à se trouver là, aux côtés de son esclave, obéissant aux ordres. Mais ce n'était pas parce qu'il s'était positionné du côté des simples soldats qu'il avait perdu son autorité, son charisme, et sa capacité à rallier les gens à lui. Aliénor, bon gré mal gré, lui était totalement soumise, et elle n'avait d'autre choix que de le suivre où qu'il se décidât à aller. Mais elle n'était pas la seule dans cette situation. Le boucher, bien qu'il fût terriblement difficile de lire quelque chose sur ses traits inquiétants, paraissait ne pas éprouver envers lui le mépris habituel qu'il éprouvait pour les autres êtres vivants...ou  morts. Mais ils se gardaient bien tous deux de s'afficher ouvertement l'un à côté de l'autre, et ils gardaient soigneusement leurs distances lorsqu'ils étaient en public. Cet état de fait ne s'appliquait néanmoins pas à tout le monde, et plus particulièrement à Validna. La guerrière elfe semblait demeurer dans l'ombre de Corbeau, et elle se comportait avec lui comme si attirer son attention, recueillir de sa part des félicitations, était la chose la plus importante de tout l'univers. Autant d'électrons libérés par la présence de Corbeau, qui pouvaient dès lors agir à leur guise, et qui menaçaient de plus en plus sérieusement l'équilibre fragile de la compagnie.

Mais d'un autre côté, Ald'ar disposait toujours de l'avantage numérique, et sur les quinze membres de la compagnie, seuls quatre - en comptant Corbeau - menaçaient de lui tourner le dos à un moment donné. Et même s'ils comptaient dans leurs rangs la redoutable Validna, l'énigmatique boucher du Khand, et le mystérieux Corbeau, il n'en demeurait pas moins qu'il était possible de les neutraliser. Les autres combattants n'avaient peut-être pas encore perçu à quel point le groupe risquait de se scinder, mais ils étaient suffisamment entraînés, disciplinés, pour ne pas dire conditionnés, qu'ils répondraient dans la seconde à l'ordre émanant de Ald'ar ou de Nunne. Cela donnait au chef de l'expédition un avantage considérable, mais qu'il était difficile de préserver. En effet, peu à peu, le nombre de ses fidèles s'amenuisait, et il n'avait toujours aucune preuve tangible que quelqu'un cherchait à le trahir, ou à l'évincer. Il ne pouvait pas agir impunément contre un Neleg, mais dans le même temps, il ne pouvait pas rester inactif. Pour le moment, toutefois, il avait misé sur le mauvais cheval en la personne du boucher. Il avait cru que ce dernier, vraisemblablement incapable de s'attacher, pourrait servir d'arme parfaite contre l'elfe. Il n'aurait jamais pu prévoir que le boucher, pour la première fois de sa vie, se sentît proche de la cible qu'on lui avait assignée. Une coïncidence terrible qui avait fragilisé la position de Ald'ar, et qui l'obligeait à agir différemment pour reprendre le contrôle de son groupe.

Ainsi, ce fut d'une voix forte qu'il déclara à ses hommes qu'ils passeraient la nuit en dehors des limites de la ville. A priori, les habitants d'Echtebourg n'étaient pas des guerriers, et ils avaient une philosophie de vie plutôt pacifique. Mais il fallait savoir se méfier de ceux qui apparaissaient les moins dangereux. Nul ne pouvait rester insensible à voir son village envahi par des troupes étrangères, et lorsque l'on voyait sa terre foulée par des gens considérés comme des ennemis, on avait tendance à se rebeller, même lorsqu'on était un pacifiste convaincu. Il n'était pas question pour les guerriers de l'Ordre de fournir une opportunité en or à un révolté zélé, même si les risques étaient faibles. Après avoir terminé de donner ses consignes, Ald'ar ordonna à tous qu'il était l'heure de partir, et les combattants se hissèrent en selle, avant de reformer la colonne qui mit le cap vers la sortie du village. Ils marchèrent pendant une bonne vingtaine de minutes, jusqu'à se trouver suffisamment éloignés d'Echtebourg pour voir venir tout individu suspect, mais en même temps ils demeuraient suffisamment proches pour rallier le village rapidement en cas de nécessité. Nul ne savait quelle impérieuse nécessité pouvait les pousser à se rendre là-bas, mais il valait mieux se tenir prêt à tout. Le campement sortit de terre en quelques minutes, monté par les mains habiles des membres de l'expédition. Les chevaux furent placés à l'écart du centre, où serait allumé un feu, mais ils demeuraient toutefois dans la lumière, et à quelques mètres seulement des tentes, de sorte qu'il demeurât très difficile de s'en approcher sans éveiller l'attention des sentinelles. Les tentes furent disposées en cercle, et chacun s'occupa d'animer les lieux. Certains allèrent chercher du bois sec, pour faire partir le feu qui servirait au repas commun, tandis que d'autres quadrillaient le périmètre, pour étudier au grand jour la configuration des lieux, afin de ne pas se retrouver surpris à la nuit tombée par les ombres, les creux et les bosses du relief qui les entourait. Parmi les guerriers, certains semblaient heureux d'avoir passé une journée sans perdre de membre de leur compagnie, tandis que d'autres, absorbés dans leurs pensées, paraissaient regretter qu'aucun villageois n'eut eu le cran de sortir une arme.

Dans cet univers guerrier, Aliénor se sentait toujours aussi peu à sa place. Elle avait l'impression que les soldats l'avaient finalement acceptée. Peut-être parce qu'elle était avec Corbeau, et que nul ne voulait le contrarier lui. Elle se plaisait à croire que c'était plutôt parce qu'elle avait fait ses preuves en tant que négociatrice, et que même si elle ne combattait pas, son expertise était capitale pour le succès de la mission. Elle ne se faisait cependant pas d'illusions, et elle était pleinement consciente du fait que personne ne la respectait vraiment dans cette compagnie. A l'exception de Nunne, peut-être. Elle le chercha des yeux, et le trouva affairé avec les autres soldats, occupé à vérifier que le camp était parfaitement sécurisé. C'était peut-être une habitude de militaire, ou un réflexe conditionné, car aux yeux de la jeune femme, il n'y avait pas de danger particulier. Les alentours semblaient calmes, Echtebourg semblait être un village tout à fait accueillant, et il ne paraissait y avoir aux alentours d'Imladris que la paix et la tranquillité. Ils n'avaient croisé aucun animal dangereux depuis leur départ, et les seules présences que la jeune femme avait notées étaient celles de mulots qui s'enfuyaient dès qu'ils sentaient approcher les lourds chevaux qui martelaient le sol de leurs sabots. Cela dit, elle n'avait pas l'entraînement militaire qui permettait de déceler des dangers là où un civil ne voyait rien d'anormal, ni la vue prodigieuse des elfes qui leur permettait de repérer les menaces bien avant les Hommes. La jeune femme avait décidé de profiter un peu de l'air frais du soir, tout en sachant bien que la nuit allait une nouvelle fois être difficile. Elle appréciait de voir le ciel étoilé apparaître peu à peu, et elle se régalait du crépitement du feu qui dansait au milieu du camp, projetant des ombres à la fois inquiétantes et attirantes. Cela lui permettait d'oublier pour un temps la situation dans laquelle elle se trouvait, et de plonger dans ses pensées, le seul refuge qu'il lui restait.

Pendant qu'Aliénor se livrait à une séance d'introspection, Corbeau déambulait dans le campement. Il souriait à tous les gens qui croisaient sa route, et s'il dérangeait par son l'aura de mystère qui l'entourait, nul ne pouvait se plaindre de son comportement. Tous le trouvaient sympathique, et il savait entretenir ce sentiment, en échangeant quelques mots avec chacun, trouvant toujours les paroles les plus justes pour plaire. Il était avec des guerriers, aussi il était facile de trouver des sujets de conversation à entretenir. Il leur posait quelques questions sur la prise d'Imladris, compatissait à leur peine lorsqu'ils évoquaient des compagnons tombés au combat. Avec d'autres, il parlait de la famille, de la vie en général, de leurs rêves et de leurs espoirs. Il n'en disait jamais long sur lui, en apprenait toujours beaucoup sur les autres, sans jamais donner l'impression de forcer la personne à parler. Ce faisant, il s'installait dans le groupe, et sans se créer des alliés solides, il se mettait dans une situation où personne n'avait particulièrement envie de l'éliminer. Au bout d'un moment, son chemin croisa presque par hasard celui du boucher. L'homme vaquait à ses occupations, et Corbeau toussa discrètement pour s'annoncer, et ne pas surprendre celui-ci. Le Khandien se retourna, et l'elfe lui demanda d'une voix innocente - suffisamment fort - comment il allait. Les hommes du camp levèrent la tête, surpris de voir quelqu'un oser venir discuter avec le boucher, mais ils n'entendirent pas Corbeau ajouter, plus discrètement :

- Allons parler.

Ils s'éloignèrent sans trop se faire remarquer, mais sans se cacher non plus, si bien que tout le monde savait que Corbeau était avec le boucher. Cela ne dérangerait personne, mis à part Ald'ar s'il venait à l'apprendre. Une fois que les deux hommes furent certains que personne ne pouvait les entendre, l'elfe sourit de toutes ses dents, et souffla :

- Que ne faut-il pas faire pour un peu d'intimité, n'est-ce pas ? Mais je ne dois pas m'égarer, nous n'avons guère le temps de divaguer si nous ne voulons pas attirer l'attention.

Il se retourna brièvement, et observa le campement. Ald'ar se tenait dans sa tente, probablement occupé à penser au lendemain. Nunne demeurait dans le campement, mais avait-il remarqué que le boucher et Corbeau s'entretenaient ? Difficile à affirmer avec certitude. L'elfe reprit :

- Je voudrais en apprendre plus sur vous, boucher. Mais ne vous détrompez pas. Votre passé vous appartient, et je n'ai nul besoin de savoir quelles ont été les embûches que vous avez rencontrées sur votre chemin. Même nos noms n'ont plus d'importance, désormais. Ce qui compte, c'est que vous êtes sur la voie, et je suis curieux de savoir pourquoi, dans quel but. Lorsque j'étais jeune, j'avais l'impression que la seule chose qui comptait était le présent, le petit plaisir même éphémère. Mais je me trompais, et j'ai compris qu'il fallait garder le regard tourné vers l'avenir.

Il leva les yeux, et regarda dans le lointain, comme si à l'horizon, au-delà du village qui semblait baigné dans les ombres, il pouvait discerner quelque chose que lui seul était en mesure de percevoir. Et sur son visage d'albâtre, un petit sourire se mit à flotter, comme celui du marin qui, perché sur le gaillard d'avant, profite des embruns qui lui caressent le visage en songeant à tous ceux qui n'ont jamais pris la mer. Se tournant vers le boucher, il conclut :

- Quel est l'avenir que vous vous voulez construire, mon ami ? Racontez-moi...

#Corbeau #Validna #Oropher
Sujet: Voyage d'Erebor à Khazad-Dûm
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Khazad-Dûm   Tag corbeau sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Voyage d'Erebor à Khazad-Dûm    Tag corbeau sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 17 Oct 2009 - 15:48
Ermador ne le savait sans doute pas, mais il se trouvait non loin de la Grande Salle, celle où siégeait d'habitude Hadhod Croix-de-Fer sur son trône. La cour pavée - si ce terme convenait à un lieu aussi... souterrain - faisait face à la porte de ladite pièce, mais le nouveau venu ne risquait pas de s'en être rendu compte. Il devait avoir l'air drôle, seul et perdu au milieu des colonnes, des clefs de voûtes, et de tous les dédales de la cité, à regarder partout avec des yeux mi-admiratifs mi-effarés.

S
oudain, un grand rire retentit un peu plus loin, dans le dos d'Ermador. La porte de pierre venait de s'ouvrir silencieusement, et dans son encadrure apparaissait une silhouette qui se détachait dans la lumière jaune.

- Eh bien, dit le Nain à barbe blanche lorsqu'il eut calmé son rire. Voilà certes une chose inouïe! Un ressortissant d'Erebor autorisé à franchir le seuil de mes portes. Content de te revoir, vieux fou!

Le souverain - car c'était lui - s'avança alors à la rencontre de son ancien ami, lui serrant longuement et chaleureusement la main. "Vieux fou" n'était qu'un terme d'affection utilisé par le fils de Trehod lors de retrouvailles avec des amis d'antan, Ermador n'avait pas à s'en vexer. Hadhod savait très bien que son vis-à-vis n'était pas fou. Et question vieillesse, il n'était pas très bien placé pour émettre une raillerie.

Lorsque les retrouvailles furent faites, le sourire s'effaça un peu du visage du seigneur de la Moria, et il parla plus sérieusement:

- Tu sais, je n'ai pas eu le choix pour ce qui concerne les émigrants d'Erebor. Toi, je te connais, mais tous les autres... je ne peux pas les laisser rentrer comme ça ici. Nous sommes déjà en bon nombre dans ces mines, et à ce rythme le Mont Solitaire se serait vidé. De plus, ces vagues d'immigrations ont été provoquées par la découverte du... enfin, tu vois ce que je veux dire: beaucoup sont venus par cupidité, non par amitié.

Le mot "mithril" semblait être devenu tabou à la cour. Il faut dire que depuis la découverte des gisements de vrai-argent, tout n'avait pas tourné au mieux. La richesse avait entraîné bien des problèmes.

- Au fait, continua Hadhod en jetant à Ermador un regard où pointait un soupçon de méfiance. Pourquoi as-tu quitté les tiens pour venir nous rejoindre, toi? En souvenir de notre vieille amitié, ou parce que les rumeurs de gloire avaient atteint tes oreilles? Que compte-tu faire une fois installé dans mon royaume?


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#Corbeau => Pas loin, Ami.
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