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Sujet: Les femmes sont plus traîtresses que l'alcool
Nathanael

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Rechercher dans: Pelargir   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les femmes sont plus traîtresses que l'alcool    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 9 Sep 2015 - 19:46
Gueule de bois. Le réveil fut difficile et lui coûta un effort démesuré pour ne pas vomir aussitôt qu’il ouvrit les yeux. Le plafond dansait au-dessus de lui comme le ventre d’une femme du Harad. Il avait mal au crâne. Son esprit était une toile abstraite où ses pensées se délitaient sans cesse. Des images sautaient confusément devant ses yeux puis glissaient dans l’oubli avant de ressurgir, quelques secondes plus tard, alors qu’il pensait ne les avoir jamais vues. Quelques minutes passèrent ainsi, mais le temps lui-même n’avait plus de sens pour Nathanael. Il était perdu entre deux eaux, incapable de regagner la rive. Dehors le soleil peinait à se faire une place entre des nuages lourds et sombres. Un mince rayon de soleil caressait les rideaux entrouverts mais cette maigre clarté l’éblouissait.

Il chercha à retenir la couverture qui glissait de ses reins mais sa main ne découvrit pas ce qu’il attendait. Des courbes chaudes et fermes remplissaient l’espace à côté de lui. Il eut un brusque mouvement de recul, et sauta du lit aussi vite que son état le lui permettait. Le monde se bouscula en formes tourmentées devant lui,  il perdit l’équilibre, anéanti par ses frasques alcoolisées. Il chut lourdement sur le sol, et renversa la chaise sur laquelle reposaient pantalon masculin et robe féminine. Vacarme matinal. La jeune femme eut un petit sursaut, se tourna sur le côté, émit un petit gémissement d’énervement, puis se rendormit. Nathanael resta assis sur le sol, incapable de se relever et profita de ce calme imposé pour réorganiser ses pensées. Il ne savait plus guère où il se trouvait. Il n’en savait pas plus sur la personne à ses côtés, ni sur les raisons de son état maladif. Le soir précédent lui semblait être un souvenir lointain, comme s’il s’était passé plusieurs mois entre le coucher et le lever du soleil. Il attendit que la chambre cesse de tourner et chercha à se rappeler pourquoi il était arrivé là. Là ? Mais où ? Il se releva difficilement, les yeux fermés pour éviter de régurgiter, et se rapprocha à tâtons de la fenêtre. Un brouhaha s’élevait plus bas, dans la rue, et des effluves de poissons lui agressaient les narines. Pelargir. Au loin, un coude du fleuve serpentait au pied d’un vieux bâtiment militaire. Le bateau, Assabia, Forlong, l’Ordre de la Couronne de Fer, le sang, les combats, … un flot de pensées submergea son esprit. Il ouvrit précipitamment la fenêtre et vomit.

Tandis que des plaintes s’élevaient au pied de l’auberge, Nathanael revint s’asseoir sur le sol après avoir enfilé veste et pantalon. La femme continuait de dormir ; son souffle soulevait à peine la couverture qui dissimulait sa nudité. Il se remémora sa soirée agitée. Il avait tout le côté gauche meurtri  et son oreille le lançait. Les jours précédents s’étaient étirés inlassablement. Malgré les violentes déconvenues avec les derniers membres de la Couronne, il avait repris ses activités. L’Ordre avait été un grand ennemi, mais il restait bien des personnes louches et des intrigues de moindre envergure à résoudre. Quelques conflits sans grande importance mais qui pouvaient avoir des répercussions néfastes dans le royaume de Gondor. Des histoires de commerces de poissons faussés, de spéculation sur certains aliments, des dettes non réglées. Ainsi que quelques contrats pour des personnes privées qu’il avait réalisées pour remettre un peu de beurre dans les épinards. L’Arbre Blanc ne payait qu’à réception des informations, et il n’était pas sûr de rentrer dans l’immédiat à Minas Tirith. Surtout après la dernière missive. Une recrue devait le retrouver dans la cité portuaire pour le seconder, ou l’aider sur certains sujets. Il n’avait pas bien compris toutes les allusions de Gilgamesh. Le vieux fou était si méticuleux à enrober ses informations de palabres bizarres que même ses agents ne le comprenaient pas toujours.

Il fut sorti de ses pensées par la jeune femme éveillée. Elle le regardait sans discrétion aucune, les yeux rivés sur son visage. Il ne parvenait pas à déchiffrer son regard. Tout lui paraissait particulièrement étrange ce matin là et cette jeune femme semblait tout droit sortir d’un songe.  Ses cheveux coupés courts, plus courts qu’il n’était permis pour une femme, flamboyaient au-dessus de deux étincelles de lumière vert émeraude, plein de malice et de détermination. Elle avait des formes généreuses, et se trouvait là nue, offrande sublime aux yeux de Nathanael.

- Je vous … enfin, nous avons … vous êtes ?

Il bégayait comme un adolescent pris sur le fait. Un sourira illumina le visage de la jeune femme, puis se mua en un grand rire clair. Elle se redressa sur sa couche, nullement gênée par sa nudité, alors que Nathanael n’osait plus poser le regard sur elle.

- J’ai souvenir que, de coutume, les présentations se font avant de mettre une jeune femme dans son lit.

Il resta muet, ne sachant que répondre. Elle continuait de le dévisager et la situation devenait gênante. Comme si tout était normal, la jeune femme se leva, se rapprocha de Nathanel et pris sa robe posée sur la chaise. Elle se vêtit et enveloppa sa taille d’un ceinturon en cuir d’où pendaient deux longues épées savamment affutées. Nathanael déglutit tant bien que mal. Il n’avait pas pris la peine de fouiller dans les affaires de l’étrangère pour en savoir un peu plus à son sujet. Elle le devança.

- Enora, de Pelargir, sieur... ?
- Nathanael, … conteur de grands chemins. Gueux aux manières scandaleuses à ses heures, mes excuses madame.


Il se leva, maudit son mal de crâne qui lui tambourinait les tempes, et fit mine de la saluer, sans trop se pencher, de crainte de ne finir à nouveau sur le sol. Il était heureux tout de même d’avoir vomi avant qu’elle ne se lève. Ses lèvres tressaillirent alors qu’il se retenait de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Enora sembla comprendre ce qui le tracassait.

- Rassurez-vous, vous en étiez bien incapable. Et, outre vos ronflements, vous ne m’avez pas importuné. Disons qu’ainsi, nous avons chacun économisé la moitié des frais d’une chambre.

Drôle de point de vue. Il espérait par ailleurs avoir assez d’argent pour ne pas se faire arrêter par la milice locale. Il n’était pas bienvenu de faire rater une mission pour un écart alcoolisé. Par Eru, comment s’était-il laissé emporter de la sorte ? Les rouages de son esprit, quoi que ralentis par ses nausées et son état fiévreux, se remirent en marche. Qu’est-ce qu’une dame, une femme aussi jolie, à défaut d’avoir un quelconque titre, venait faire dans une taverne miteuse ? Il retourna la question plusieurs fois mais ne lui trouva aucune réponse convenable. La méfiance l’envahit peu à peu. Il avait su user de ses charmes à l’époque pour extorquer des informations à certaines nobles dont les maris étaient trop occupés par leurs affaires politiques. Cette femme avait elle réussi à obtenir de lui des informations quelconques ? Son mal de crâne était-il uniquement dû à l’alcool ?

- Vous semblez préoccupé ? Quelque chose ne va pas ?

Sa voix envoûtante mit fin à ses questionnements. Ses courbes étiraient l’étoffe de tissus, des promesses charnelles qui fascinaient l’esprit du conteur. Il se passa la main sur le visage. Il n’avait pas abusé de l’alcool de la sorte depuis belle lurette et il regrettait amèrement son geste. La jeune femme continuait de l’interroger du regard, presque amusée par la situation. Elle continuait de s’équiper comme si de rien n’était. S’équiper. C’était un bien grand mot. Sa robe diaphane dissimulait à peine les secrets de son anatomie et le court gilet en cuir qui couvrait son buste mettait en valeur le large décolleté de sa tunique. Sa poitrine semblait prête à s’échapper de sa prison de tissus pour s’offrir au premier venu. Malgré lui, Nathanael se rendit compte qu’il gardait les yeux rivés sur les seins d’Enora depuis quelques secondes. La jeune femme émit une nouvelle fois un rire cristallin, à la fois moqueur et enjôlé. Il se reprit, mais il comprit immédiatement qu’il n’était absolument pas maître de la situation. Il avait le sentiment d’être un jeune garçon à la découverte de sa virilité qui venait d’être pris sur le fait. Honteux.

- Sieur Nathanael ?

Il leva les yeux vers les lèvres rieuses de la jeune femme. Les Valars lui jouaient un mauvais tour, ou alors il se trouvait dans une bien mauvaise situation. Il n’osait poser la question fatidique au risque de passer pour le plus grand benêt du Gondor mais il était impérieux qu’il sache ce qu’il s’était passé la veille au soir et plus tard dans la nuit. Après une longue semaine sur les chemins champêtres du Lebennin il avait regagné la cité portuaire dans l’attente de la jeune recrue que Gilgamesh souhaitait lui coller dans les pattes. Il avait laissé son cheval et sa mule à l’aimable paysan qui avait pris l’habitude de l’alléger de quelques piécettes à chacune de ses visites, puis il avait gagné une taverne sans envergure pour y récupérer le dernier message de la Tête. Des broutilles administratives à régler, encore une fois, en faisant pression sur un commerçant un peu prétentieux pour qu’il cesse de mener son inflation continue sur le cours du poisson en détruisant les stocks des autres poissonniers.   L’homme avait été assez facile à convaincre, surtout lorsque Nathanael avait évoqué le nom de sa jeune maîtresse à vive voix, maladroitement, pendant que sa femme arrivait au comptoir. Son épouse dévouée savait évidemment que son mari avait depuis longtemps brisé les chaînes de leur mariage, mais il lui avait échappé que sa jeune sœur partageait avec une indéfectible affection la couche de son époux.  Le scandale familiale éclata jusqu’au milieu de la rue et mit fin à la réputation du brave homme. L’objectif atteint, Nathanael était allé fêter sa réussite en solitaire dans une auberge des plus banales en bordure de l’Anduin. Il se souvenait des premières bières, des premières paroles, de quelques histoires racontées ici et là, puis sa mémoire se perdait dans un immense trou noir.

- Il faut croire que vous n’avez pas supporté l’hydromel elfique que vous avez offert lors de votre dernière tournée générale !
- Pardon ?


Il était prêt à s’enfuir comme un voleur. Plus la peine de se demander qui était Enora et ce qu’il avait fait la veille. Il se savait trop pauvre pour payer une telle boisson à un ensemble de saoulards assoiffés et il savait également le sort qu’on réservait à ceux qui ne pouvaient pas payer leurs dettes. Mieux valait prendre la poudre d’escampette. La jeune femme sembla s’amuser de sa réaction.

- Je plaisante sieur Nathanael, mais vous êtes quelqu’un d’extrêmement drôle. Bien malgré vous cela dit. Vous n’avez rien à craindre, si ce n’est un mal de crâne récurrent les deux prochains jours. On m’a simplement demandé de vous annoncer l’arrivée de votre ami. Il semblerait que vous sachiez où le trouver. Sachez en tout cas que la soirée en votre compagnie fut des plus agréables. Une prochaine fois peut-être…

Et d’un dernier regard taquin, elle réduisit à néant le restant de virilité du conteur. La jeune femme récupéra une longue cape légère de voyage et sortit sans plus d’explications. Nathanael demeurait les bras ballant, atterré.  Bien qu’il fût seul dans la pièce, il ne savait plus où se mettre. Malgré les derniers évènements tragiques dont il avait été témoin, la vie lui réservait encore quelques surprises, et pas des moindres. Il hésitait entre l’embarras et l’humiliation, le trouble ou l’opprobre. Cette jeune femme, alliée de près ou de loin à l’organisation de l’Arbre Blanc, avait transformé la simple transmission d’un message en une farce ridicule dont il était le guignol. La gente féminine avait de bien drôles d’idées quelques fois, et il s’en voulait de s’être laissé avoir à ce jeu. Mais au-delà du caractère grotesque de la situation, il était maintenant clair qu’il devait reprendre du service. Et pas en baguenaudant dans les rues de Pelargir. Sauf qu’un élément essentiel du puzzle lui manquait … il était incapable de savoir « où le trouver » … pas plus qu’il ne savait « qui » trouver.  
#Nathanael #Ryad
Sujet: Du sang sur les quais
Learamn

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Rechercher dans: Pelargir   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Du sang sur les quais    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 25 Jan 2015 - 15:59
L'auberge n'était de toute évidence pas la plus agréable des Terres du Milieu mais malgré son odeur incommodante de poisson mêlée à celle de la transpiration des marin elle offrait un abri à l'averse qui se déversait dehors dans les ruelles sombres de Pelargir.  De toute les manières Learamn allait devoir se forcer à faire abstraction de l'odeur pestilentielle pour ce concentrer sur la conversation qu'il venait d'engager. Il était assis dans un coin sombre de l'auberge et en face de lui se trouvait l'un des derniers contacts que Nathanaël connaissait. Celui-ci était visiblement extrêmement nerveux et avait toutes les peines du monde à afficher un air détendu et serein comme n'importe quel autre client aurait pu avoir. Le capitaine avait troqué son imposante et reluisante armure de parade au profi d'une armure plus légère et discrète qu'il avait déjà porté lors de son voyage à Vieille-Tombe.

Le voyage jusqu'à la cité portuaire n'avait pas été particulièrement désagréable , il aurait même pu être plaisant si le rohirrim ne savait pas ce qu'il allait devoir affronter une fois sur place ; la température s'était réchauffée et un légère brise printanière avait rafraîchi les voyageurs durant leur trajet . Learamn avait d'abord fait la connaissance de ses compagnons de route : outre Nathanaël il était accompagné d'agents de la Rose Noire dont un homme vieillissant dont beaucoup auraient pu se demander ce qu'il faisait là , mais le jeune capitaine avait appris qu'il ne fallait pas toujours se fier aux apparences , des Chevaliers du Cor Brisé l'accompagnait également , Learamn avait toujours apprécié ce groupe mené par Eradan qui était venu au secours des troupes d'Orwen et de Mortensen à Aldburg et qui avait également participé à l'élimination  des têtes de l'Ordre sous Vieille Tombe , et même si les chevaliers qui l'accompagnaient n'étaient pas les mêmes que ceux avec qui le capitaine rohirrim avait déjà eu l'honneur de combattre il se doutait qu'ils seraient tout aussi habiles et intelligents . Quelques membres des services gondoriens l'accompagnaient également ainsi qu'un très jeune et intrépide voyageur qui semblait encore être un adolescent.
Le rohirrim eut aussi l'heureuse surprise de voir qu'Hector , un mercenaire qui avait fait partie du groupe ayant anéanti l'Ordre , les avaient rejoints.
Sans perdre de temps en discussions inutiles ils s'étaient immédiatement mis en route , Learamn n'avait encore donné ni plans ni instructions précises à ces hommes car il ignorait tout autant qu'eux quelle était la situation sur place. Il avait interrogé Nathanaêl à ce sujet mais celui-ci s'était contenté de lui répondre vaguement avant d'ajouter qu'il lui arrangerait une rencontre avec l'un de ses contacts pour y voir plus clair. Grâce à ses talents leur guides les fit entrer sans soucis dans la cité mais comme il l'avait dit à Learamn  à Minas Tirith le plus dur sera d'en sortir.

C'était donc ce fameux contact qui était installé en face de Learamn , ce dernier fut quelque peu surpris , bien qu'il comprenne que la situation actuelle puisse être la cause d'une certaine tension , de voir que l'homme semblait tétanisé et effrayé. Il s'attendait à ce qu'un espion fasse preuve d'un minimum de sang-froid si ce n'est de courage . Enfin il fallait bien faire avec. Le mot de passe - à la connotation lourde de sens - fut prononcé , c'était donc ben la bonne personne . Silencieusement le capitaine incita l'espion à parler . Ce dernier sortit fébrilement une carte de la cité sur laquelle il avait entouré plusieurs lieux et quartiers dans des couleurs différentes. La cité en forme de triangle composé de trois îles principales était moyennement étendu ce qui était un point positif . Elle n'était pas trop grande pour qu'on puisse s'y perdre mais pas trop petite pour qu'on ne puisse pas s'y cacher. Sur l'un des sommets du triangle se trouvait l'hôtel de ville entourée de rouge : leur cible principale où se trouvait le Maire et ses conseillers tous corrompus. Non loin se trouvaient les baraquements des gardes , le quartier général de l'armée et l'amirauté . Tous ces corps militaires étaient disposés en éventail autour de la mairie , tout avait été prévu pour pouvoir se porter au secours du dirigeant de la ville au plus vite ; il fallait se montrer prudent.
Plus loin se trouvait le quartier des nobles de la cité où se trouvait "l'Abad-En-Arahir" le conseil de la cité où apparemment tous les membres n'étaient pas corrompus , peut-être s'y trouvait l'un ou l'autre magistrat susceptible des les appuyer . L'homme lui énonça les principales cibles qu'il fallait éliminer : le Maire et autres officiers militaires .
Le fait qu'il n'y avait qu'un seul pont qui reliait la ville au continent était un facteur important dont il fallait tenir compte. L'homme , qui semblait moins anxieux et presque soulagé  , finit par les avertir qu'il fallait agir vite , peut-être même cette nuit. Le jeune capitaine étouffa un juron , il n'aimait pas agir ainsi dans la précipitation de plus il ne pouvait plus compter sur un quelconque appui ou révolte du peuple de la cité , ils étaient seuls.  Learamn roula la carte tout en réfléchissant à ce casse-tête stratégique  , avant de poser une main sur l'épaule de son interlocuteur

-Il n'est pas dans mes habitudes de faire des sbires de l'Ordre des prisonniers , ils mourront vous avez ma parole...

Puis le capitaine se leva et sortit de la salle pour rejoindre une autre petite auberge un peu plus loin où ses hommes étaient réunis. Cette mission semblait presque impossible quand on y réfléchissait un peu ,: comment une poignée d'étrangers qui ignoraient tout de la situation de la ville et qui ne pouvait rien attendre des locaux étaient-ils censés combattre les puissants d'une ville qui disposaient d'une armée entière? Leurs chances de réussites étaient minces mais Learamn n'avait pas le droit d'échouer il ne pouvait pas. Il pénétra,  trempé,  dans la taverne , enleva son manteau et dévisagea ses hommes d'un air grave. Lentement un début de plan s'était forgé dans son esprit mais celui-ci se révélait osé et risqué. Il étala la carte sur la table en bois de chêne et présenta à ses hommes la configuration de la ville comme l'avait fait l'espion un peu plus tôt à Learamn.

-Nous devons éliminer toutes ces cibles , si nous ne le faisons pas le mal repoussera de la racine restante et gangrènera à nouveau le continent  . Seulement voilà , si nous tuons l'une de ses cibles les autres le sauront bien assez vite et prendrons donc des précautions ce qui risque de nous poser quelques soucis . Il faudra donc frapper tous ces hommes en l'espace de quelques minutes , dans le cas contraire nous ne pourrons les atteindre . De plus si nous tardons la sécurité au niveau du pont principal sera renforcée et toutes nos chances de quitter la ville s'envoleront en fumée. Toutefois sachez que quitter la ville ne sera peut-être pas le plus important , si nous réussissons à libérer la ville mais que nous pouvons en sortir alors je considérerai la mission comme réussie. De plus notre contact a ajouté que si nous tardons à agir les agents de l'Ordre en tarderaient pas à apprendre qu'un groupe d'étrangers venus les renverser se cache dans la cité. Nous devrons donc agir cette nuit , au plus tard demain.

Il marqua une pause

-Pour ce faire j'ai élaboré un plan mais ne vous leurrez pas celui-ci est hautement risqué et je ne vous cache que je trouve ses chances de réussites assez faibles toutefois c'est bien le seul où il y en ai je le crains. L'idée est de parvenir à s'infiltrer dans les lieux où les cibles seront à notre portée pour cela nous devrons nous faire passer ni plus ni moins  pour des agents de l'Ordre.


Learamn sortit de sa poche un petit papier assorti du sceau royal d'Hogorwen l'Usurpateur ; c'était le contrat qui avait autrefois  lié Learamn à la garnison d'Edoras quand celui-ci s'était engagé.

Nous aurions fui le Rohan suite à la mort d'Hogorwen avant d'apprendre que d'autres comme nous résident à Pelargir. Cette partie du plan comporte déjà énormément de risques je le reconnaîs mais le pire reste  à venir : une fois infiltré dans les hautes sphères de la cité il faudra se séparer et s'arranger pour que chacun des groupes puissent approcher les cibles dans un tempos relativement très proche puis les éliminer en priant que les autres groupes en fassent de même dans les minutes suivantes. Puis avant que toute la ville ne soit au courant de ces meurtres nous nous dirigerons vers le pont où nous forcerons le passage s'il le faut.

Learamn releva la tête et dévisagea ses hommes , attendant une quelconque réaction de leur part.

#Learamn #Nathanael
Sujet: Comme l'imagination a créé le monde, elle le gouverne
Nathanael

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Comme l'imagination a créé le monde, elle le gouverne    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 21 Jan 2015 - 15:24
Un nouveau soupir lui étreignit la poitrine tandis que Learamn tendait la main, mais il le réprima. Se morfondre sur son mauvais sort ne le mènerait nulle part, il le savait bien, le devoir passait avant toute chose. Il ne souhaitait nullement effriter la détermination du jeune homme, même s’il paraissait sûr de lui. Les Rohirrims avaient la tête dur et les idées qui allaient avec, il ne se leurrait plus lui-même en se regardant dans la glace ; il était aussi têtu qu’une mule, et peut-être pire encore. Learamn ne pouvait guère mentir sur ses origines. Il ne savait pourquoi, néanmoins, cela le rassurait de mener une compagnie où se trouvait un cavalier du Rohan … un peu comme un superstitieux emmène avec lui un peu de terre de son pays pour se protéger du mauvais sort. Il ne pouvait se départir de l’idée que la chance aurait grandement son mot à dire dans cette aventure.

- Ensemble.

Sa voix profonde et grave fut sans enthousiasme, et serrant la main de Learamn, il scella son destin à celui du jeune homme.

- Je vous laisserai me faire parvenir l’heure du départ. J’ai quelques affaires à régler avant de quitter la Cité. Neige saura toujours où me trouver.

Il mit fin à la conversation en congédiant Learamn et en lui montrant, dans une arrière salle, une porte discrète pour s’esquiver. Dans la pièce principale les conteurs se succédaient toujours, narrant ou chantant leurs histoires, tout à la fois poète puis barde, saltimbanque et ménestrel. L’auditoire devait avoir oublié le passage de l’homme en armure étincelante, perdus dans d’autres contrées évanescentes ; nul besoin de leur ramener à l’esprit qu’un homme de la garde royale du Rohan était descendu aussi bas dans les étages. Il emprunta lui-même la porte et quitta la Maison des Contes et des Légendes, une idée bien précise en tête. Aux grands moyens, les grands remèdes …
#Nathanael
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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Comme l'imagination a créé le monde, elle le gouverne    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 17 Jan 2015 - 22:08
Neige. Le nom tomba comme un avertissement. Il ne l’avait pas revu depuis son retour dans la Cité Blanche. « Occupée… absente » lui avait-on dit. La Tête avait été introuvable également. Il avait attendu en sachant qu’elle saurait où le trouver le moment venu. Et il ne s’était pas trompé. Il écouta le jeune rohirrim tout en réfléchissant rapidement. S’ils étaient déjà au courant des informations qu’il devait porter lui-même à la connaissance des agents de l’Arbre Blanc c’est que la situation était encore pire que ce qu’il pensait. Son cœur manqua un battement tandis que Learamn lui proposait de les mener au devant d’une mort certaine. Le jeune homme ne lui proposait rien de moins que d’être le fossoyeur de leur expédition hasardeuse.

- Avez-vous conscience que vous me demander de vous mener au devant de votre propre mort ?

Nathanael était pessimiste quand aux résultats de cette vaine tentative. Ce qui l’inquiétait le plus était d’en faire partie. Il avait passé plusieurs mois à se cacher dans la cité portuaire pour fuir une menace invisible dont la seule réalité semblait se résumer à la morsure de leur lame. Il n’avait pas vu le visage des hommes qui l’avaient attaqué sur les quais mais il avait nettement entendu leurs armes lui susurrer des promesses macabres à l’oreille. L’Ordre était une ombre mortelle. Il avait vu mourir un de ses informateurs sous ses yeux : un brave pêcheur qui cherchait à gagner un peu plus d’argent pour offrir une éducation à son fils. Mort pour le Royaume ! Un dommage collatéral … une famille sacrifiée pour sauver des intérêts dont ils ne comprenaient pas même le sens. Y en avait-il seulement ? Nathanael lut beaucoup de détermination dans les yeux de son interlocuteur. Il avait le même regard obstiné que son frère, on pouvait y lire un engagement à toute épreuve qui excluait les compromis.

- Ce n’est pas seulement le secret qui permet à l’Ordre de dominer la cité, mais la peur. Officiellement le petit peuple continue de penser que les organes au pouvoir sont inchangés. En vérité il y a eu suffisamment de morts ces derniers mois pour faire taire les curieux et étouffer les séditieux. Tous mes informateurs sont morts à ce jour, et je n’ai échappé à la mort que par chance. Entendez-bien, par chance …

Il était certain que la ruse et son aversion pour toute forme de conflit l’avaient profondément aidé à demeurer dans le monde des vivants. Il avait fréquenté les quartiers et les ruelles les plus fréquentées pour éviter d’être repéré et le soir venu il se gardait bien de se dégourdir les jambes sous la lune. L’argent avait vite été insuffisant pour corrompre de petits fonctionnaires : l’Ordre surpassait Minas Tirith pour sa générosité et ses largesses. Les esprits étaient de plus en plus évasifs quand il abordait la question des ressources de la Cité et, malgré les difficultés du Rude Hiver, beaucoup de ses premiers contacts semblaient soudainement emprunts d’un optimisme sans faille. Dans le paysage de la cité l’appartenance à la Couronne de Fer se lisait presque sur les visages : les traits étirés et émaciés s’arrondissaient au fil des semaines et les ventres vides se distendaient, soumis à une soudaine abondance. Certains soldats s’étaient subitement mis à consommer plus d’alcool que de coutume et à passer de plus en plus de temps dans les tavernes et les tripots. Le prix de l’information approchait celui du mithril à Pelargir et chaque mot devait être négocié avec finesse et tact pour ne pas perdre tout son pécule en une fois pour quelques boniments.

Les hommes honnêtes étaient tous morts ou s’enfermaient dans un silence insondable. Ni les menaces ni la mort ne les sortaient de leur profond mutisme. L’un d’eux avait préféré nourrir les poissons au fond de l’Anduin plutôt que de révéler son terrible secret. Nathanael avait compris alors que, seul, il ne pourrait plus rien tirer de ses sources et qu’il fallait en référer aux plus hautes instances de la Cité Blanche. Il avait encore quelques doutes sur la loyauté de certaines personnes haut placées et avant de partir il avait pris soin de laisser sur place deux ou trois des hommes les plus fidèles qu’il avait su convaincre par de suaves discours sur la liberté et les valeurs des peuples libres. De jeunes gens qui portaient autant de vertus que de naïveté sur leur visage, trop bas dans l’échelle sociale et pas suffisamment ingénieux ou perspicaces pour intéresser ou inquiéter la Couronne. Un atout imprévu, comme dans une partie de cartes, dont on ne pouvait se servir qu’une fois pour faire tomber la main d’un adversaire ; mais pas de quoi changer l’ordre du jeu.

- J’ai reçu ceci, ce matin.

Il tendit à Learamn le petit rouleau de parchemin dissimulé dans la poterie : « Le poisson pourrit toujours par la tête ».

- Les dernières personnes que je pensais un tant soit peu loyale au Gondor et aux royaume proches ne le sont plus. Nous n’aurons aucun soutien sur place, ni de la part de la population, ni de la part de l’armée en service. Je ne suis pas même sûr que mes contacts là-bas soient toujours de ce monde. Que les Valars veillent sur eux !

Il eut un profond soupir. Bien qu’inébranlable dans ses convictions, il n’aimait guère mener à leur perte des hommes qui souhaitaient ardemment l’aider. Après tant d’années, il ne se faisait toujours pas à la mort. S’y faisait-on jamais ? Il ne s’était pourtant jamais résolu à mettre un terme à ses pratiques les plus sinistres. Aussi compatissant était-il, le sens des réalités étaient plus importantes à ses yeux et la nécessité faisant loi, il fallait bien emprunter quelques funèbres détours pour parvenir à ses fins.

- J’accepte néanmoins de vous mener jusque là-bas. Seul l’argent nous fera entrer dans la Cité, mais nous s’en sortiront qu’avec beaucoup de chance … ou entre quatre planches.
#Nathanael
Sujet: Comme l'imagination a créé le monde, elle le gouverne
Nathanael

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Comme l'imagination a créé le monde, elle le gouverne    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 13 Jan 2015 - 12:51
Il conversait avec l’homme au profil de corbeau lorsqu’un étranger pénétra dans la salle. Nathanael refusait toute négociation à son ami qui le pressait de lui apprendre à disparaître comme il l’avait fait. La prestidigitation était un art difficile à manier et si n’importe qui s’en servait, n’importe comment, il craignait fortement que des « magiciens » de basse fosse n’apparaissent soudainement comme des herbes folles. Il savait que son petit tour avait eu le plus grand effet sur son auditoire et qu’une poignée de poussière, de cendre et d’une poudre un peu spéciale pouvait vous faire passer pour le détenteur de pouvoirs surnaturels. Et s’il éprouvait toujours un certain amusement à pratiquer ce tour, il craignait en contrepartie qu’on l’accuse de sorcellerie … comme un funambule, il marchait sur un fil fragile. L’imagination et la crédulité faisaient faire bien des choses, aussi bonnes que mauvaises, aux simples mortels. Il allait exprimer sa pensée aux autres conteurs au moment où son nom tinta à ses oreilles. Il se retourna et vit avec un certain étonnement que l’étranger en question était un rohirrim dans tous ses apparats.

Il eut l'impression étrange de voir son frère devant lui, prêt à partir en guerre, le regard dur et déterminé. Les flammes se reflétaient sur les pièces polies de l’armure et semblaient les transformer en or. L’homme qui se tenait ainsi devant lui paraissait venir d’un autre âge, perdu et lointain. Il fut sorti de ses pensées par son ami qui venait de lui marcher volontairement sur le pied pour le faire réagir. L’étranger devant eux se trouvait n’être qu’un jeune homme caparaçonné dans une cuirasse de métal où brillaient les insignes du Rohan. Nathanael se leva et se dressa face à lui. Il dominait de quelques centimètres le garçon, car il se trouvât que ses traits étaient jeunes, et cette simple différence le rassura quelque peu. Il n’était pas dans ses habitudes de se faire héler par des hommes en armes et l’issue de ses rencontres avec des membres de l’armée était rarement heureuse. C’est donc avec la plus grande méfiance, qu’il affichait clairement, et une pointe de curiosité qu’il répondit au Rohirrim.

- Il se trouve devant vous … capitaine … ?

Ayant servi lui-même dans l’armée rohirrime dans sa jeunesse il avait reconnu les insignes propres à ce grade, néanmoins il ne parvenait à mettre de nom sur ce visage pourtant familier. Il était certain de l’avoir vu durant le mariage de Tar Aldarion et de sa délicieuse femme mais aucun nom ne lui revint en mémoire. Quelle importance après tout ? Il saurait bien assez vite comment se nommait le jeune homme, plus important était de savoir ce qu’il lui voulait.

- Que me vaut l’honneur de votre visite ? Il n’est guère familier ici bas de voir circuler les hauts représentants de l’armée du Rohan.
#Nathanael
Sujet: Comme l'imagination a créé le monde, elle le gouverne
Nathanael

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Comme l'imagination a créé le monde, elle le gouverne    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 10 Jan 2015 - 18:50
Afin de se délasser l’esprit et d’oublier un moment les mauvais présages qui pesaient sur lui Nathanael quitta sa mansarde pour gagner la Maison des Contes et des Légendes. Les derniers évènements avaient été riches en rebondissements et, depuis la débâcle d’Assabia, son inventaire d’histoires et de fables s’était considérablement étendu. Face à l’horreur et à l’angoisse des derniers mois il avait surtout narré le souvenir de temps plus heureux où le petit peuple prospérait sous un climat doux et des cieux plus cléments. Le Rude Hiver avait détruit de nombreuses récoltes et beaucoup craignaient la famine. L’arrivée brusque d’un été chaud et sec était perçue comme une menace de plus. Les plus érudits craignaient le courroux des Valars, d’autres parlaient de mauvais esprits et quelques uns avaient évoqué le retour du roi Noir à l’Est … Malgré tous ces siècles Sauron avait laissé une trace indélébile, quoi que déformée, dans la mémoire populaire.

Le soleil drapait entièrement la Cité d’un voile lumineux lorsqu’il entra dans la grande bâtisse où se réfugiait la fraîcheur matinale. La différence de température lui arracha un petit frisson. Quelques enfants écoutaient un homme qui imitait à la perfection le cri d’un Mûmakil et qui semblait reconstituer une scène de combat opposant Gondoriens et Haradrims. Les enfants ouvraient des yeux ébahis, hésitant entre l’admiration et la crainte. Plus loin une file d’hommes et de femmes serpentait jusqu’à une unique table où un scripte griffonnait sur du parchemin ce qu’on lui commandait d’écrire : lettres de doléances, missives,  ...

Nathanael s’avança au devant du cortège d’illettrés et entra dans une seconde pièce où un feu luttait vaillamment contre l’obscurité. Une silhouette avachie somnolait à côté de l’âtre. Nathanael s’avança  et secoua avec rudesse l’épaule d’un de ses pairs. L’homme sursauta et failli choir de son siège avant de reconnaître le curieux intrus qui venait de le réveiller sans ménagement.

- Natha … nel !?
- En personne ! Réveille-toi vieux corbeau, j’ai besoin de travail pour ce soir.


L’homme avait effectivement des traits sensiblement similaires à ceux de l’animal au plumage noir. Ses cheveux d’ébène étaient en bataille et surplombaient des yeux sombres où brillait une lueur qui semblait provenir d’un autre âge. Son long nez proéminent était un véritable promontoire et Nathanael se fit la réflexion qu’en cas de pluie il devait avoir la bouche au sec.

- Où étais-tu passé ? Encore à la poursuite de nouvelles histoires pour agrandir ton prestige et nous faire de l’ombre ?
- En quelque sorte …
 Et Nathanael le gratifia d’un rictus indescriptible. Si tu me laisses une place pour ce soir je t’accorderai peut-être quelques confidences. Sinon tu sais où tu pourras te mettre mon amitié.
- Toujours aussi aimable…


Et l’autre prit un air grincheux. Les deux hommes discutèrent pourtant tambour battant durant toute l’après-midi. Aucune nouvelle en Terres du Milieu ne fut laissée pour compte, et Nathanael se mit rapidement au courant des dernières rumeurs ainsi que des derniers arrangements politiques que l’on pressentait ici et là. La situation au Rohan s’était améliorée, les combats fratricides se faisaient de plus en plus en rares et les dernières escarmouches étaient issues du fruit de la vengeance et non de l’esprit tordu de certains pouvoirs seigneuriaux. Nathanael eut une pensée pour son frère et espéra sincèrement qu’il ne se mêlerait pas à des affaires trop grandes pou lui. Ils évoquèrent rapidement le mariage de Tar Aldarion et de sa nouvelle femme, de toute beauté, ainsi que des nouvelles possibilités qu’entraînerait la noce. Chacun essaierait de prendre une part de gâteau, cela allait de soi.

Après la tombée de la nuit l’agitation se fit plus grande dans la vaste salle de la Maison des Contes. La journée de labeur finie, les gens venaient se délasser l’esprit en espérant entendre parler de jours meilleurs et d’un passé épique. Les petites gens arrivaient pas petits groupes, des enfants courraient ici et là en attendant que l’on demande le calme avant l’arrivée du premier conteur. Nathanael avait savamment négocié la seconde place et se présenterait une fois que tout le monde serait arrivé. Il n’aimait guère parler au milieu du vacarme populaire. Son ami se leva et se présenta à la petite foule pour calmer les bavardages et introduire la veillée. Nathanael demeura seul un moment avant que son tour ne vienne, contemplant la danse des flammes dans la haute cheminée.

Il fut sorti de ses songes par des applaudissements et quelques sifflements qui récompensaient, ou moquaient pour certains, la prestation du jeune conteur qui venait de passer. C’était à son tour à présent. Avec tout l’art dont il savait faire preuve, il rentra sous le couvert de sa cape, le capuchon rabattu sur son visage, frappant d’un rythme régulier le sol de son long bâton de marche. Un silence tendu fit place au bourdonnement des voix. Un silence pesant emplit la salle alors qu’il maintenait son silence. Il fit atteindre son paroxysme au trouble qui saisissait son auditoire avant de se mettre à entonner d’une voix grave les premières paroles d’un chant gondorien. Suivirent ensuite plusieurs contes sur la splendeur de la Cité Blanche aux temps anciens ainsi que l’inévitable légende à propos du seigneur Aragorn qui mit fin au mal à l’Est et assura paix et prospérité dans l’ensemble des Royaumes Réunifiés.

Nathanael parla jusqu’à ce que la lune naisse et baigne les Montagnes Blanches de sa lueur blafarde. Il laissa place au conteur suivant en disparaissant dans un nuage de poudre et de fumée qui fit le plus grand effet sur les esprits crédules. Il rejoignit la salle où brûlait toujours le petit feu tout en époussetant ses vêtements ainsi que sa barbe. Il réprimait une quinte de toux ainsi qu’un petit rire … il en fallait peu pour impressionner les hommes.
#Nathanael
Sujet: Un messager
Nathanael

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Rechercher dans: Les Ruelles du Premier Cercle   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un messager    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 10 Déc 2014 - 14:16
Douce atmosphère. Le vent du Sud transportait avec lui le souvenir de la chaleur des dunes. L’air tiède berçait ses pensées et Nathanael les laissait vagabonder avec plaisir. Devant lui s’étendaient les champs et les cultures où ondulaient des dos courbés dans la lumière grise de l’aube. Paysans de la Cité Blanche, fourmis besogneuses. Lointaines réminiscences enfantines où de rares Rohirrims autour des cités s’échinaient à labourer le sol pour ensemencer la terre. Il se demanda où pouvait se trouver Harding, et s’il s’était remis de ses blessures. La lutte contre ce mystérieux Ordre n’avait épargné personne.

Il rêvassa encore quelques temps tandis que l’aurore prenait possession de la plaine ; l’or du soleil et l’ocre de la terre repoussaient avec langueur les derniers reflets argentés de la nuit. Plus haut dans le ciel les vents tourmentés déchiraient les nuages en de curieux dessins. Il soupira. Son retour à Minas Tirith s’était passé sans encombre mais la route avait été longue. Son aversion pour les eaux mouvementées du fleuve lui avait imposé de prendre la voie terrestre pour revenir et les détours s’étaient multipliés. Il avait emprunté en partie la route du Sud, vaste voie de commerces s’il en est. A Pelargir il avait acheté un cheval et une mule pour transporter quelques marchandises et passer ainsi inaperçu. Un petit marchand ambulant attirait moins l’attention qu’un voyageur au grand galop. Et pour tenir son rôle, il avait du s’arrêter dans de multiples petites bourgades, tripots, tavernes et petits camps de marchands nomades ce qui l’avait considérablement retardé. Ces déambulations marchandes l’avaient néanmoins quelque peu enrichi et il n’en était pas peu fier.

Il avait laissé ses compagnons de route aux mains d’un paysan à la bonhomie singulière qui lui avait promis d’en prendre soin jusqu’à ce qu’il revienne les chercher. Les écuries de la Cité étaient, de toute façon, trop chères pour un petit marchand de son acabit et sa mule aurait outrageusement entachée le somptueux tableau des fiers étalons et des juments au noble regard qui piaffaient dans leur prison dorée.  

Il avait repris possession des ruelles sinueuses et des petites allées sombre du bas de la Cité depuis deux jours. Il était temps à présent de remonter les étages pour transmettre ses salutations à un vieux barbu, si jamais il parvenait à le trouver. Sans tête pour porter la couronne, l’Ordre s’était effondré mais n’avait pas disparu pour autant. Dehors les badauds vaquaient à leurs occupations, la vie suivait un cours à peu près paisible, et nulle menace ne pesait sur l’esprit du petit peuple. Il n’était pas certain pourtant de retrouver le vieux fou farfelu. Son extravagance le rendait  insaisissable, et des faits inconnus de lui pouvaient l’avoir poussé à quitter la Cité, ou, du moins, ses anciennes fonctions. Il refoula ses interrogations ; le moment venu, il improviserait, comme de coutume.

Adossé contre les hautes parois de Minas Tirirth, il attendait. Ses yeux balayaient la piste qui menait aux portes. Sa commande de marchandise du Sud devait arriver dans la matinée. Il profitait largement de cette attente imposée pour se délasser. Quelques bières avaient délié les langues la veille au soir et des nouvelles qu’il trouvait un tantinet originales lui étaient parvenues aux oreilles. Les entrailles de la Cité Blanche étaient agitées par un vers étranger… Un nuage de poussière brouilla la netteté de l’horizon. Une petite caravane cahotante constituée de carrioles branlantes et de chevaux toussoteux avançait péniblement vers les portes. Un homme râblais aux muscles noueux menait la troupe. Le soleil caressait encore à peine les pieds de la Cité lorsque l’étranger arriva devant les gardes en faction. Ces derniers procédèrent à de vagues vérifications, demandèrent à l’étranger de décliner son identité, puis retournèrent à leur poste, apparemment un peu grincheux d’avoir été dérangés pour si peu. L’homme croisa le regard de Nathanel, s’approcha de lui et lui tendit une main chaleureuse. Quelques pièces changèrent discrètement de propriétaire à ce moment là. Nathanael lui offrit un franc sourire en retour accompagné d’une claque amicale sur l’épaule.

- Quelles nouvelles du Sud vieux chacal ?  Je pensais que tu arriverais plus tôt, je t’ai attendu tout le jour hier, et celui d’avant aussi. Tu as pris du retard !

L’homme répondit vaguement par un grognement étouffé tandis qu’il prenait ses chevaux par la bride pour les mener dans la Cité. Une accumulation d’objets divers et dépareillés, rendus poussiéreux par la route, croulait sous une bâche de toile dans la carriole.

- Un ou deux soucis en cours de route…

Tandis qu’ils prenaient une ruelle montante pour rejoindre la place du Marché, l’homme lui tendit un petit paquet roulé dans un tissu grossier. Nathanael n’y prêta presque pas attention et le rangea distraitement dans une poche intérieure.

- Et la chose ?

L’homme secoua la tête mollement.

- Rien… t’es bien le seul à avoir vu ce machin là. L’alcool n’a pas que du bon tu sais.
- Je n’étais pas seul, je te l’ai déjà dis.
- Et ben plus on est de fou, plus on rit hein ! Ton camarade devait être aussi rond que toi. Dans le Sud ils ont des breuvages qui valent bien les nôtres hein !


Nathanel ne dit rien mais n’en pensa pas moins. Il chassa le souvenir d’une créature effroyable de son esprit. Il ralentissait le pas alors que l’homme continuait d’avancer paisiblement avec ses chevaux. Ils échangèrent un rapide regard puis Nathanael prit une petite rue adjacente pour se soustraire aux regards indiscrets et rejoindre les passages secrets qui menaient au sommet de la Cité. Il sortit l’objet de sa poche, défit le tissu et contempla un petit poisson en terre cuite qui le regardait d’un œil vide. Il le brisa négligemment contre un mur et récupéra un pli, dissimulé à l’intérieur, où étaient griffonnés quelques mots succincts. Tout en marchant il l’étudia rapidement, le lu, puis accéléra le pas.

H. a écrit:
Le poisson pourrit toujours par la tête.


Les nouvelles n’étaient pas bonnes.

#Nathanael
Sujet: Pêche en eaux troubles
Nathanael

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Rechercher dans: Pelargir   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Pêche en eaux troubles    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 12 Avr 2012 - 20:54
La soirée n’avait pas été des plus agréables. Une pluie glaciale s’était abattue sur la ville portuaire et érodait le pavé sous ses coups répétés. Il avait glissé par deux fois sur des dalles lisses, polies par des milliers de pas quotidiens. Elles saillaient sous la boue et la crasse. Il ne les avait pas vues et il gisait à présent sur le sol au pied d’un haut mur, couché dans une gangue de bourbe visqueuse et collante. L’eau lui ruisselait le long du visage et de la barbe et quelques gouttes insidieuses parvenaient à rouler le long de son dos. Ses cheveux mouillés collaient à sa nuque roide et ses bottes n’étaient plus étanches depuis longtemps. Il maudissait le ciel de cracher autant sur les hommes. Il se redressa tant bien que mal en s’aidant de son bâton et en s’appuyant contre le mur. Il s’était fait mal au dos et le temps n’arrangeait rien. Il avait perdu la trace du crétin qu’il suivait depuis les prémices de la nuit …

Forlong et Calimehtar devaient être bien loin. Au chaud et à l’abri. Il s’interdit de penser à eux car toute idée qui pouvait le mener vers des lieux plus confortables lui minait le moral. Après leur départ il s’était inquiété des bruits et des rumeurs qui circulaient sur la place du marché. Haut lieu d’informations s’il en est. Des hommes vêtus de peu et de rien étaient venus s’acheter quelques pièces de tissus et des armes qui devaient être bien au dessus de leurs moyens. Le fait l’avait intrigué mais il ne parvint à aucune conclusion digne d’intérêt. Il s’était rapproché ensuite d’un groupe de soldats inquiets du soulèvement de jeunes insolents quelques jours plus tôt. Les gaillards s’étaient vantés d’appartenir à un Ordre secret dont la force était bien supérieure à celle du royaume du Gondor. Se réclamer de cet Ordre devait leur assurer sécurité et protection. Du moins le pensaient-ils. Ils avaient été mis aux fers moins d’une heure après leur échauffourée pour « outrages à la milice sur la voie publique ». La plupart des belligérants n’avait pas plus d’une vingtaine d’années et l’un d’entre eux finit par avouer que leur longue nuit de beuverie s’était achevée par cette mascarade à l’encontre des miliciens.

Mauvaise blague de jeunes écervelés… mais leur initiative n’était pas le fruit du hasard. Il délaissa le bibelot de bois représentant le corps svelte d’une femme nue dans une position douteuse tandis que le groupe de soldats quittaient la place. Le vieil homme qui tenait l’étale soutint son regard avec un sourire narquois au coin des lèvres. Nathanael se détourna de tout marchandage et s’enquit de trouver la source d’inspiration des révoltés.

Il parcourut plusieurs tavernes au cours de la journée, inhabituellement bondées par les ivrognes qui n’avaient pas le courage de rester dehors. La bruine s’était mue en une neige fine et pénétrante qui rendait les rues impraticables mais faisait le bonheur des tenanciers de boutique et des aubergistes. Les tavernes les plus réputées refoulaient les pauvres et les impotents au-delà de leurs murs mais les petits comptoirs devenaient de véritables carrefours d’affluence. Il se fit inviter à plusieurs tables en échange de quelques contes et historiettes, l’oreille toujours tendue. Mais il n’avait souvent pour réponse que des rires tonitruants ou des sottises de mauvais goûts. Pas un murmure sur l’Ordre.

La clientèle changea avec la tombée de la nuit. La taverne dans laquelle il se trouvait alors finit elle aussi par réguler sa clientèle. Ceux qui n’avaient vraiment pas de quoi payer étaient poliment invités à passer la porte, le pied de l’aubergiste au cul. Commerçants, soldats, marins et moult étrangers investirent les lieux. Plusieurs langues étaient parlées et Nathanael dut faire des efforts supplémentaires pour démêler le sens de certaines conversations. C’est pourtant un homme muet comme une tombe qui attira son attention. Sa lourde cape dissimulait mal une tenue sombre. Il était le seul de la taverne à posséder ostentatoirement une courte épée. Ses longs doigts nerveux étaient croisés sur une de ses jambes mais son indexe droit s’agitait frénétiquement. Son visage était sévère et couturé de fines cicatrices. Ses yeux allaient d’un individu à un autre, comme un rapace cherche sa proie. Qu’attendait-il ? Nathanael croisa son regard et il eut un sentiment étrange qui lui rappela avec effroi l’ombre mortelle qui l’avait attaqué dans le désert d’Assabia.

Il passa plusieurs heures à épier discrètement sa cible. Personne ne vint. Personne ne lui adressa la parole et il ne consomma qu’une pinte d’un liquide chaud et fumant que Nathanael devina être un mélange de tisanes lorsque le tavernier passa devant lui. Tard dans la soirée un groupe de jeunes hommes pénétra dans la taverne. Dans leurs yeux brillaient une lueur d’excitation. Celui qui entra le premier semblait chercher quelqu’un. Il jeta un coup d’œil à plusieurs tables avant d’interpeller ses compagnons et de rejoindre l’homme lugubre. Ce dernier leur jeta un regard noir tandis qu’ils s’installaient à leur place, l’un après l’autre. Nathanael n’était pas dans la position la plus adéquate pour espionner cet échange. Le tavernier le montra du doigt et un groupe d’hommes le pria de raconter la traîtrise des chiens du Sud contre le royaume de Gondor à Assabia. Après un haussement de sourcils, il se leva contre son gré et entama son récit devant une salle attentive à chacun des détails qu’il pouvait évoquer. Il fit dos à l’homme durant tout son récit et n’entendit pas un mot de leur conversation.

Il acheva son histoire devant des hommes dont le regard était plein d’orgueil et de préjugés. Mais il n’en fit pas cas. Le petit groupe qu’il surveillait quitta la taverne dans le brouhaha des discussions qui suivent tout récit de guerre. Le recruteur, il était certain à présent qu’il s’agissait de quelque chose dans ce goût là, partit en dernier. Il passa devant le comptoir et sortit une pièce d’or pour régler les consommations de ses comparses. Un signe étrange était tatoué à la base de son pouce : une couronne noire ceignait le sommet d’un M méticuleusement dessiné.

Nathanael ne fut pas long à réagir. Il n’attendit que très peu de temps avant de se lancer sur les pas du membre de l’Ordre. Il attrapa son bâton de marche sur le pas de la porte et regagna l’atmosphère glacée de la nuit. L’ombre noire du recruteur se faufilait dans une allée teintée par la faible lueur des lanternes. Il glissa pour la première fois en prenant un virage un peu trop serré, un peu trop rapidement, de crainte de perdre de vue sa cible. Il s’étala de tout son long dans une fine couche de neige. Son bâton lui échappa des mains et sa chute lui parut être aussi bruyante que le chant des chutes du Rauros. Il resta allongé dans la neige mais personne ne se retourna.

La course-poursuite s’acheva sur les quais du port de Pelargir. La lune baignait l’Ithilien d’une teinte nacrée. Et l’homme continuait de marcher. Nathanel rencontra le sol pour la seconde fois tandis que le recruteur tournait à l’angle d’une vielle baraque de dépôt et que la pluie reprenait ses droits sur le monde nocturne. Son dos douloureux l’empêcha de se relever avec toute la rapidité souhaitée et lorsqu’il parvint à la ruelle donnant sur les quais, l’homme avait disparu. Plus loin une porte claqua … Il n’était pas loin.

#Nathanael
Sujet: Un retour sans bouclier...
Forlong

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Rechercher dans: Khand   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour sans bouclier...    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 26 Déc 2010 - 16:02
La nuit s'achevait. Le dunadan et le vagabond n'avaient pas fermé l'oeil...trop de questions sans réponses tournoyaient dans leurs têtes et chaque ombre projetée par les flammes leur rappelait cette créature terrifiante qui était apparu dans la nuit, laissant en souvenir des longues traces rouges sur le cou de Nathanael.

Le soleil se levait à présent, les premiers rayons aveuglant tous ceux qui n'avaient pas trouvé le sommeil cette nuit. Ils accueillirent la chaleur avec plaisir, voulant réchauffer leurs os gelés.
Mais aujourd'hui le soleil levant n'apportait pas d'espoir, mais une nouvelle journée remplie de déshonneur, disputes et des cris des blessés.

***

Des centaines des soldats s'étaient assemblés au centre du campement, écoutant le héraut royal décréter les ordres de la journée.

-Oyez, Oyez! Notre Roy Méphisto, la Flamme de l'Ouest, héritier d'Elendil et d'Elessar, Haut Roi et Souverain du Gondor a décidé de mettre fin à cette guerre, ayant reçu des nouvelles informations essentielles! Nous levons le campement dès aujourd'hui, tout retard sera sévèrement puni! Ce matin trois hommes ont été pendus pour leur tentative de mettre feu aux tentes des guerriers de l'Emir de Harondor! Ce sera le sort de tous ceux qui trahissent leurs alliés! Gloire au Gondor!

Personne ne s'opposa, aucune pierre ne vola dans la direction du héraut. Mais dans la pénombre des tentes des conversations prenaient place. Abandonner le siège? Etait ce une défaite? Le célèbre Méphisto avait il perdu une guerre contre des chiens de l'Est, des simples barbares? Impossible...où était l'or promis à ceux qui avaient participé? Où étaient les coffres de bijoux et les femmes exotiques? Pourquoi étaient ils venus ici...

***

Forlong avait rapidement rassemblé ses affaires, attachant la tente légère à la selle de son étalon du Rohan, et marchant à côté. Son armure resplendissante était huilée et dissimulée dans un grand sac. Il entendait les rumeurs et les remarques des soldats. Il était inquiet. Si une rébellion avait lieu, le dunadan aurait beaucoup du mal à protéger son Roy. Il avait déjà vu quelques fois dans sa vie ce dont est capable une foule enragée. Une foule qui était à la fois plus et moins que l'ensemble des individus qui la formaient. Une foule qui avait ses propres lois, sa propre dynamique. Sa propre soif de sang...

Il dit doucement à Nathanael:

-Je pense que vous ne trouverez pas vos gamins ici...ils doivent être morts. Ou ils ont déjà déserté. Si vous désirez continuer votre mission, essayez, mais je pense que ce sera mieux de joindre nos forces dans un but plus important; la sécurité du Roy. Si Méphisto meurt...avec le prince Aleth dans le coma et son autre fils disparu...ce sera la fin du Gondor comme nous le connaissons. Assemblez des informations, infiltrez vous parmi les conspirateurs éventuels. Tenez moi au courant, car vos yeux et vos oreilles peuvent être plus utiles au roi qu'une vingtaine d'épées tenues par des mains sûres.

Sur ces mots Forlong mit une main sur l'épaule du vagabond, un rare geste d'affection ou peut être de fraternité. L'Arbre Blanc semblait bien distant dans ce lieu cruel. Et pourtant ils étaient tous les deux venus ici pour le servir.

***

Le campement fut levé avec discipline, sous l'oeil attentif des officiers armés. Eux aussi sentaient bien la tension qui régnait dans le camp.
Bientôt, ils partirent dans la direction du lointain royaume du Gondor. Beaucoup restèrent à jamais, leurs os blanchis par le vent et le sable. Morts dans le désert pour une cause perdue.

A la sortie du camp, trois gibets attiraient les regards des soldats. Trois hommes pendus, leurs visages à présent pâles et leurs yeux morts grand ouverts. Deux soldats du Gondor, et un troisième, tellement jeune encore. Ayant voulu suivre ses compagnons et se debarasser des chiens de l'Est qui les avaient apparemment trahi. Des hommes de l'Emir Radamanthe. A présent ils étaient eux mêmes pendus pour trahison...ironie du sort.

Le vieux vétéran qui la nuit passée était assis avec les trois pendus cracha par terre avec dégoût. Salope de guerre. Encore un piaf pendu pour sa connerie. Recruté trop tôt pour comprendre la vie. Assez tard pour connaitre la mort.

***

Au loin, du côté de la ville, des cris et des feux d'artifices se faisaient entendre. L'ennemi avait été repoussé.

#Forlong #Nathanael
Sujet: Devant les murailles d'Assabia...
Nathanael

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Rechercher dans: Khand   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Devant les murailles d'Assabia...    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 29 Oct 2010 - 10:38
Il était bercé par les cahots de la carriole de bois. Il n’était ni suspicieux ni confiant envers l’enfant qui le menait à travers le désert du Khand – il s’abstint donc de s’assoupir. Des nausées le prenaient encore de temps à autre mais son mal de mer s’en allait progressivement. Le soleil et la chaleur avaient remplacé l’air salé et la moiteur des cales. Il ne savait plus bien ce qu’il préférait. Ce voyage était un calvaire. Le gamin sifflait de temps à autre des chansons de sa région, il n’en connaissait aucune. Les deux mules qui tiraient le chariot avançaient lentement dans le sable mou et traître. Le garçon et lui-même étaient déjà descendus à plusieurs reprises pour pousser la cargaison lorsque le sable se faisait trop meuble.

Sa gourde se vidait lentement. Il buvait le moins possible pour économiser cette ressource précieuse, mais il n’avait pas l’habitude de faire front contre une chaleur si étouffante et un soleil si mordant. Il avait imité le jeune garçon en s’enroulant la tête d’un turban qui traînait parmi les sacs de grain. Le tissu lui démangeait le visage et lui embrumait l’esprit. Il sentait les gouttes de sueur perler sur son front et à la base de ses tempes, puis rouler lentement sur ses joues, dans son cou, pour venir se perdre sur sa poitrine. Il avait le dos humide. Son esprit se perdait en des pensées mélancoliques et saugrenues. Il se prenait souvent à insulter Gilgamesh du trajet que sa mission lui imposait. Il réfléchissait aux différentes façons de pendre un homme par les pieds quand la carriole s’arrêta au pied d’une dune plus grande que celles qu’ils avaient rencontré jusque là. De part et d’autre de petits cols pourraient faciliter le passage du charriot. Imrân le regarda.

- C’est là que tu descends Gondorien.
- Il n’y a rien ici.
- Je n’irai pas plus prêt d’Assabia. Trop de risques.
- Dans quelle direction dois-je aller ?
- Monte sur la montagne mouvante, tu verras quel chemin emprunter.


Nathanael se saisit de son sac et de sa canne de marche puis descendit de ce modeste transport. Il s’apprêtait à enlever le turban en toile de juste qui lui protégeait le visage pour le rendre à son propriétaire.

- Garde le turban Nathanael, tu marches déjà assez vite vers la mort.

Paroles rassurantes des adolescents. Il remercia le garçon et prit la décision de faire l’ascension de la dune. Il prit son temps pour ne pas perdre trop d’énergie dans des efforts inutiles. Le soleil brûlait la plaine sableuse quand bien même il commençait à se coucher. La lune serait-elle une brûlure lancinante elle aussi ?
Il aperçut la ville au loin. Il ne devait pas être à plus de deux lieues du camp armé. Imrân ne lui avait pas menti. Il prit quelques repères pour ne pas se perdre une fois redescendu et commença sa marche solitaire vers le lieu de sanglants combats.

********

Il atteignit les bordures du camp avant que la nuit ne tombe complètement. Le soleil diffusait encore ses chauds rayons sur le sable doré. Le rougeoiement de l’ouest ne lui évoquait rien de bon – le ciel se faisait sombre et les âmes ne semblaient pas très joyeuses. Son arrivée engendra quelques murmures. Deux mercenaires l’arrêtèrent avant qu’il ne pénètre dans l’aire de leur camp de fortune.

- Arrête-toi homme du désert, et décline tes intentions ainsi que ton identité.
- Je me nomme Sangar. Je viens du Gondor, je souhaite servir le roi Méphisto.
- Sans arme et sans armée ?
- Il faut plus qu’une épée et des hommes pour gagner une guerre. Je viens soutenir les hommes de mes mots et de mes prières.


Ses paroles conduisirent les soldats au silence et ils le laissèrent passer, considérant qu’un étranger aux allures de berger et se prétendant prêtre ne devait pas être très dangereux pour une armée de guerriers.

Il traversa les différentes parties de cet immense camp militaire. Il constata rapidement les différences entre l’organisation rigoureuse de l’armée régulière, installée au centre, et l’agglomérat de tentes et de charriots des mercenaires et des armées connexes. Quelques feux commençaient déjà de brûler, réchauffant plus sûrement les cœurs que la viande. Il savait qu’à la brûlure du soleil succéderait le froid désertique. Les livres lui avaient au moins enseigné cela : régions désertiques – forts écarts thermiques. Les hommes en souffriraient cette nuit.

Des hommes il y en avait partout. La tristesse qui émanait de leur visage, la fatigue qui imprégnait leurs membres marquèrent son esprit et lui firent oublier quelques temps sa mission. Il oublia Marach et Hirlon et leur quête d’aventures. Il ne savait pas ce qui s’était passé au cours de la journée, mais les nouvelles ne seraient pas bonnes. Ainsi, pour ne raviver aucun souffle de défaite, il ne s’arrêta pas immédiatement pour poser des questions. Il essaya plutôt de reconstituer le déroulement de la journée au travers de ce que la vue lui présentait.

Un son triste de flûte parvint à son oreille. Mélancolie. Il y avait des hommes blessé partout. D’autres sans doute n’étaient pas revenus. Les deux armées se laisseraient-elles le temps de récupérer leurs morts respectifs ? La nuit enveloppait progressivement soldats, mercenaires, pages et écuyers, seigneurs et filles de joie. Un tumulte d’où n’émanait aucune joie. Les femmes présentes auprès des guerriers ne jouaient plus de leurs reins et de leurs hanches. Leurs attraits calmaient les âmes en peine sans exciter les cœurs. De la boisson commençait à circuler ici et là. Quelques fois l’on entendait un râle rauque, des gémissements de douleur en passant derrière une tente, ailleurs des cris, des pleurs. Les soins prodigués seraient nécessairement sommaires, rapides et sans grands résultats. Le sang coulerait encore cette nuit sans qu’on ait à se battre. Il verrait encore son lot de jeunes hommes amputés, boiteux ou aveugles, d’hommes braves à l’avenir incertain – fini.

Il se rapprocha d’un groupe de jeunes soldats non loin des tentes des grands seigneurs. Une place quelque peu stratégique s’il en est. Il pouvait distinguer dans l’ombre l’agitation des camps connexes tout en gardant un œil sur la place centrale où logeaient les hauts dignitaires. Où était Méphisto ? Son roi était-il toujours en vie ? Il avait entendu quelques discussions : un front non préparé, une bataille qui avait fini en déroute, des soldats mal dirigés, paniqués, une organisation défaillante suite à une erreur de jugement de la part de mercenaires. La cohésion était défaillante – les soldats de Minas Tirith s’en prenaient indirectement aux chiens assoiffés de richesse qui avaient failli entraîner leur perte. Il n’en apprit pas d’avantage sur le déroulement de cette journée. En échange de ces informations, il accepta de raconter quelques histoires d’autres guerres et combats mieux engagés où l’honneur du Gondor brillait sur le heaume des soldats. L’enthousiasme ne se ralluma pas instantanément dans l’œil des jeunes hommes, mais leur haine, leur peur et leur tristesse se calmèrent.

Il quitta ce petit groupe plus tard dans la soirée pour entamer ses recherches tout en continuant de circuler ici et là pour retrouver ces deux rejetons gondoriens, perdus dans l’immensité d’une campagne qui les dépassait.

#Nathanael
Sujet: Un départ précipité
Nathanael

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Rechercher dans: Le Port de Harlond   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un départ précipité    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 27 Oct 2010 - 16:44
Il vomissait ses tripes. Trois fois déjà il avait couru à l’extrémité du pont pour cracher de la bile. Les voyages en bateau ne lui convenaient pas le moins du monde et il ne se sentait absolument pas le pied marin.

Il avait avalé le plus rapidement possible la distance qui le séparait de sa chambre sous les toits pour organiser ce départ soudain et imprévu. L’organisation fut précaire. Il prit avec lui des affaires de grande nécessité ainsi que son bâton de marche. Il avait toujours à sa ceinture le stylet en argent acheté quelques temps avant. Une arme de peu d’utilité jusqu’à présent mais il sentait qu’en allant vers Assabia il aurait à s’en servir. Le Khand était un nom qui n’invoquait rien de bon. Au Sud-Est du Mordor ces terres avaient du absorber beaucoup des maléfices de l’ennemi pendant très longtemps et les années n’avaient pas du y changer grand chose. Une peuplade d’orientaux à la peau brûlée par le soleil. Des gens de bien quand il s’agissait de commercer et d’échanger avec les intellectuels. Mais de véritables bêtes sanguines quand il fallait combattre, coriaces, et surtout, plus habitués aux conditions arides de leurs contrées. Il n’aimait pas les déserts et la morsure du soleil sur le sable brûlant. Il n’avait jamais été jusqu’à Assabia, et il aurait souhaité ne pas y aller dans de telles circonstances. Marach et Hirlon paieraient chers leur impétuosité et leur envie de gambader au côté du roi.

L’ivrogne lui avait parlé de quelques jours, « une semaine tout au plus » pensait-il. Il lui faudrait tout autant de temps pour rejoindre le Khand. Les gamins auraient donc eu de multiples occasions de se faire tuer au combat si jamais les hostilités avaient été lancées. Il ne savait rien de la situation actuelle et des agissements de l’armée gondorienne. « Une guerre de plus, une guerre de trop ». Les mômes avaient-ils seulement réussi à rejoindre les terres désertes de l’Est ? Les marins ou les pirates, selon la considération qu’on leur portait, ne laissaient pas passer tout un chacun sans une large compensation. Les jeunes gens n’avaient pas les poches pleines d’or à ce qu’il savait.

Il vomit une nouvelle fois sous le regard moqueur d’un vieux marin. La pipe au bec, il crachait des cramiots gros comme des billes dans l’Anduin. Le roulis de la vieille coque sur laquelle se trouvait Nathanael lui faisait perdre tous ses repères. Le vent salé de l’océan ne le réconfortait pas le moins du monde. Il n’avait jamais emprunté les rives de Belegaer et regrettait amèrement d’avoir quitté le plancher des vaches.

Une fois l’estomac vide de toute substance, il regagna en titubant le ventre du navire. Il ne serait pas mieux au cœur du tumulte, mais il avait une terrible envie de se coucher et de ne plus bouger jusqu’à l’arrivée du vaisseau au port du Khand. Il descendit l’échelle de bois qui menait jusqu’aux paillasses et hamacs installés ça et là de façon anarchique. Il trébucha sur une caisse et finit allongé de tout son long sur le sol. Nouveaux ricanements de marins aguéris. Enervement qu’il ne pouvait manifester sans risquer de vider ses tripes. Il se redressa sans entrain et se contenta de rester assis afin de reprendre ses esprits. Il se prit la tête entre les mains et scruta la moindre anfractuosité du sol comme si elles avaient une importance capitale.

Il resta ainsi plusieurs longues minutes avant que son regard ne soit attiré par un objet un peu plus brillant que le reste des outils, caisses et tonneaux entreposés là. Le roulis du bateau avait fait bouger l’objet et il tanguait à présent entre deux boîtes de semences de blé. Il se pencha en avant pour se saisir de cette forme longue et cylindrique. Une longue-vue… Il haussa les sourcils d’étonnement. L’objet était finement taillé et portaient des inscriptions dans une langue qu’il supposât être originaire du Harad. Il ne sut pas en traduire la signification. La lentille de verre était intacte et propre. La longue-vue se dépliait très bien et pouvait tenir dans la poche intérieure de sa veste. Comment était-elle arrivée jusque là, il n’en avait aucune idée. Enfin, jusqu’à ce qu’un homme se mette à hurler sur ses camarades de quart.

Le marin était petit mais solidement bâti. Il avait la mâchoire carrée et son nez avait un angle particulier, manifestation d’un ancien coup de poing bien placé. Il crachait des insultes sur ses comparses.

- Bande de pochtrons, vous m’avez encore chopé des affaires ! Si j’trouve ma long’vue dans vos tites mains les gas, y’en a qui vont m’entendre.
- On t’entends déjà assez, ferme là Odoacre.
- Qu’est stu dis toi ? Que je la ferme ? Cette fois c’est pas la barbe que je va te raser mon gars, mais bien aut’chose ! Je va te couper les couilles le barbu, et te les faire bouffer jusqu’à ce que tu t’étouffes avec !
- Et ben, tu les vois si grosses que ça mes coui…


Le barbu n’eut pas le temps de finir sa phrase. Odoacre lui avait sauté dessus, les mains serrées autour de la gorge. Ils se battaient comme des chiffonniers sur le parquet tandis que les autres commençaient à parier sur celui qui s’en sortirait avec le moins de dents cassées. Nathanael oublia toute morale et s’empara discrètement de la longue-vue, la glissant sous son gilet tandis que personne ne faisait attention à lui. Le bougre avait du obtenir cet outil d’un commerce illicite mais peu importe. La longue-vue était en sa possession à présent, et il n’était pas question de jouer les gentilshommes en la rendant à son propriétaire. Chacun ses ennuis.

Il reprit confiance en ses appuis que représentaient ses pieds et, se tenant aux parois, parvint à s’extraire de la sulfureuse ambiance. A peine arrivé sur le pont il se dirigea immédiatement vers l’arrière du navire où il contenta une nouvelle fois les poissons des mets délicats qui tapissaient son estomac. Le vieux marin l’attendait.

- C’est que vous aimez l’air frais faut croire…

Peu importait à présent, cette peine était compensée par l’acquisition qu’il venait de faire.

#Nathanael
Sujet: De mémoire de soldat...
Nathanael

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Rechercher dans: La Caserne   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De mémoire de soldat...    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 4 Juil 2010 - 14:21
Il fronça les sourcils en sortant de l’Auberge. Malgré les ouvertures dans les murs la lumière du jour ne passait qu’avec difficulté les vitres crasseuses. Il était à présent ébloui par la clarté du soleil. Les odeurs de nourriture, fortement marquées dans l’établissement, se faisaient de plus en plus évanescentes tandis qu’il avançait. Il ne parvenait pas à chasser l’image répugnant de la sorcière aux breloques de son esprit. Il se passa la main sur les yeux comme si ce geste pourrait l’aider à repousser l’hideuse créature dans les tréfonds de son subconscient. « Tous les orcs ne furent pas chasser de Minas Tirith par Elessar … »

Il continua son chemin sans but précis. Il laissait ses pieds le mener de ci de là en espérant, à tout hasard, tomber sur quelques nouvelles pistes. Il passait mentalement en revue les informations que Gilgamesh lui avait fournies. Deux mioches proches de leur majorité. Maigre indice. Il lui semblait pourtant que le maître du Service lui avait donné un détail plus intéressant. Il se creusa les ménages quelques secondes avant de se taper le front du plat de la main. « Bien sûr bougre d’idiot… ».

Une seule direction lui convenait à présent : La Caserne. « Au moins l’un d’entre eux à tenter de rentrer dans l’armée »… La bière continuait de lui embuer l’esprit. Il n’était plus rompu à l’exercice difficile de la cuvée d’alcool. Il avait perdu les habitudes et l’endurance des guerriers en campagne – « des ivrognes en livrée et armure ».
Il gravit le plus rapidement possible les petits escaliers, rues et ruelles qui menaient aux étages supérieurs. Il avait passé sa journée à monter et descendre les étages de la cité.

Il parvint auprès de la Caserne relativement essoufflé. Il avait aussi apparemment perdu l’endurance acquise au cours de ses longues marches à travers les terres du Rohan. Il prit un instant pour reprendre consistance et entra par une porte gardée par deux soldats à la mine roublarde. Etait-ce une impression personnelle ou une réalité concrète ? Tous les soldats qui étaient restés à Minas Tirith semblaient se prélasser dans une douce léthargie morale. Le bas de la Cité était continuellement rongé par la vermine humaine et les soldats les plus zélés faisaient du chantage aux honnêtes citoyens.
Il réprima un sourire moqueur devant le strabisme divergent du plus jeune des deux gardes. Sans nul doute que sa promotion au rang de soldat de la Cité Blanche avait été le résultat de négociations dont il n’était pas même l’acteur. « Un fils de… ».

Il pénétra en les lieux et s’adressa au bureau des renseignements. Un homme courtaud portant de petites lunettes sales s’attachait à remplir des dizaines de documents. Sa malice lui fit imaginer une bourrasque de vent déferlant dans le bâtiment. Il dut délaisser ses images fictives face à la voix bien réelle de l’homme en activité.

- Vous désirez ?

Une voix humaine, ni agressive ni moqueuse. Une voix administrative.

- Je cherche un jeune homme qui a cherché à s’engager dans l’armée régulière il y a de cela quelques jours.

Le courte-pattes souleva un sourcil. Etonnement faussement dissimulé. Il le regarda comme s’il venait tout droit d’une région reculée où la civilisation n’avait pas de prise.

- Je n’ai que le registre des personnes qui se sont engagées, monsieur … ?
- Oui, je m’en doute. Sangar, … je me nomme Sangar.
- Mhhh … pourquoi une telle requête ?
- Le fils d’un ami. Le gamin a fugué depuis et nous pensions qu’il était revenu à sa première idée fixe : partir en guerre. Comme le roi est en campagne…
- Oui, je vois, je vois…


Une réponse toute faite. Le facies formaliste de l’homme ne montrait aucune émotion. Le soldat à la plume l’avait coupé pour lui épargner la peine de s’expliquer plus longuement.

- Nous n’engageons pas les mineurs quand le besoin ne s’en ressent pas maître Sangar. Plusieurs jeunes sots sont venus quémander ma pitié pour obtenir un poste. Ils sont tous repartis bredouille.

Nathanael soupira. Un énième soupir au long d’une journée qui semblait sans fin.

- Aucun de vos gars n’aurait vu un gamin ; ils étaient peut-être deux pour se présenter. Ils ne sont pas loin de leur majorité. Deux mioches à baluchon, prêts à tout pour quitter la Cité. Ils ont du se montrer convainquant. Ils…

Le soldat le gratifia d’un nouveau regard empreint tout à la fois de pitié et d’agacement. D’autres soldats étaient présents dans la pièce et sortaient doucement de leur torpeur pour écouter la conversation. Nathanael sentit l’atmosphère se faire lourde. L’attention des soldats allait croissante. Le petit soldat à la plume avait-il une manière particulière de faire fuir les personnes un peu trop insistantes ?

- Je n’ai pas de registre concernant les échecs à l’engagement monsieur.

Ce fut tout. L’homme baissa la tête et se remit à gratter des lignes minuscules sur un monticule de parchemins. Des sourires naissaient sur les lèvres de soldats assis alentours. Se manifester en rugissant comme un Huruk en colère ? Agir comme un troll des montagnes et renverser la table sur cet imbécile ? Il se retint de faire tout cela à la fois bien que l’envie ne lui manquât pas. Ses épaules s’affaissèrent sous le coup du désespoir. La cité blanche dressait ses grands murs infranchissables devant lui. La piste de Gilgamesh ne menait nulle part. Nouveau soupir.

Il quittait la Caserne pour redescendre à l’Auberge avec la conviction profonde qu’une bonne cuite lui serrait le plus heureux des secours. Une main sur son épaule le sortit pourtant de ses pensées alcoolisées. Une grande main trapue et ferme à vous décrocher l’omoplate. Il ne put s’empêcher de se retourner pour répondre avec une certaine désinvolture :

- Plaît-il ?

Sa fausse assurance était renforcée par un geste discret à sa ceinture. Un faux mouvement et il sortait sans avertissement son stylet de sous son lourd manteau.

- Sangar, n’est-ce pas ? Je vous ai entendu. Je connais les gamins. Enfin des gamins.

Un regain d’intérêt le saisit soudainement et il se retint cette fois de sauter dans les bras du garde qui l’avait rattrapé. Des embrassades publiques n’auraient certes pas plu à ce grand gaillard.

- Un jeune garçon nous a abordé y a d’ça quelques jours maintenant. Pas sûr d’lui mais ‘vec l’envie de quitter la ville voyez ? Baluchon su’le dos comme vous disiez. Y nous a conduit à la taverne en bas. Le chef pour qui je me battais voulait entendre ses … enfin, voulait voir c’qu’il avait dans le vent’. Pis le môme nous a lâché parc’qu’un copain à lui s’est ramené.

Tout ceci devenait très intéressant. En espérant que les deux jeunes étaient bien ceux qu’il recherchait. Sa question faisait suite logique à la narration du soldat.

- Vous souvenez-vous de leur nom ? Marach et Hirlon, ça vous dit quelque chose ?
- Ben ça, je m’en souviens pas. Peut-être bien le premier nom là. Marach j’crois bien, mais je suis pas sûr.
- A quoi ressemblaient les enfants ?


Question à laquelle il n’avait pas la réponse mais prêcher le faux pour obtenir le vrai faisait partie de sa stratégie. Il s’attacherait à la description obtenue pour avoir une première piste, il aviserait ensuite.

- Sui qui nous a parlé était brun. Ch’veux en bataille. L’môme en déroute, voyez le genre. Yeux clairs si j’me souviens bien, mais pas sûr non plus. Baluchon sul’dos. Tâches de rousseur ou quec’chose dans le genre sur la frimousse. L’aut avait le poil blond. Vêt’ments de route aussi. Pas de très grandes tailles. J’crois qu’ils parlaient de se faire la mâle sans le sou. Des rêves plein la caboche quoi.
- Oui ça doit être eux. Je vous remercie soldat. Votre aide m’est précieuse. Vous ne les auriez pas revu récemment ?
- Oula non … pas que je me souvienne. Y a tel’ment de mômes dans les rues faut dire… m’enfin. Z’ont pas du aller bien loin, y z’avaient pas des têtes d’aventuriers.


Nathanael fit un signe de la tête en signe de remerciement et frappa vigoureusement l’épaule de son interlocuteur pour lui souhaiter bonne continuation. Il sentit le regard du soldat dans sa nuque jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vue. Nouvelle indication, nouveaux allez-retours en perspective. Dernière visite : la Taverne. Il avait été tellement prêt du but précédemment. Son inconscient pessimiste l’avait mené sur la bonne route : où pouvait-on mieux se prendre une murge qu’à l’Auberge ?

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Sujet: Enquête
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Rechercher dans: Le Quartier Marchand   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Enquête    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 30 Jan 2010 - 11:08
Il s’était esquivé discrètement de la Vieille Bâtisse. Ces deux nouvelles missions l’emplissaient de doutes et les questions se multipliaient en son esprit sans qu’il puisse rien y faire. Il déambulait à présent depuis plusieurs heures dans les rues de la Cité Blanche. Il n’avait fait que réfléchir jusqu’à présent, mais il lui faudrait agir rapidement avant que toute possibilité de retrouver une des jeunes personnes ne disparaisse. Il avait pour coutume de retrouver des documents, d’usurper des parchemins secrets et d’importance variable. Retrouver des garçons en pleine possession de leurs moyens, discrets ou non, mais vagabondant sans arrêt était une autre paire de manches.

Son professionnalisme lui faisait quelque peu défaut depuis le début de la matinée. Cependant il se consolait en pensant qu’agir immédiatement lui aurait porté préjudice. « Ne peuvent-ils pas les attacher ou les enfermer ces jeunes gens aux mœurs trop dissolues ? »
Il soupira longuement, exaspéré par la teneur de ses recherches qu’il n’avait pas encore réellement entreprises.

Il s’était dirigé machinalement vers le haut de la Cité. Gilgamesh avait parlé de Marach et Hirlon puis ajouté que l’un deux avait essayé d’entrer dans la milice. Quant au blondinet présomptueux des Griffes il s’était volatilisé sur la Place du Marché. Il pourrait faire d’une pierre deux coups en errant quelques temps dans les étages supérieurs. Toujours est-il qu’il scrutait le visage des gens avec beaucoup d’attention. Mais ces observations n’avaient rien donné. Il ne connaissait pas de traits distinctifs qui eussent pu l’aider à identifier sans doute aucun les jeunes hommes. Seules de maigres affirmations et une description rapide étaient à sa disposition.

Les allées et venues croissaient à mesure qu’il se rapprochait des étales et des petits magasins. L’œil étranger aurait toujours l’impression que la disposition des marchands et de leurs comptoirs éphémères était aléatoire et le fruit du hasard. Cependant une personne coutumière du marché savait qu’un ordre intrinsèque régnait et que chaque chose avait une place bien particulière. D’ailleurs il était courant qu’un vendeur de bibelots soit chassé par ses proches voisins parce qu’il empiétait sur le territoire d’une guilde ou d’une autre organisation. Quant aux marchands de passages, voyageur ou charlatan de premier renom, ils avaient eux aussi un espace réservé qu’ils découvraient souvent après s’être fait bouté à plusieurs reprises hors des territoires déjà acquis.

Il commença par sillonner les allées formées par les étales adjacents. Il avait pris soin de se vêtir le plus communément possible pour ne pas attirer l’attention. Il avait même délaissé son bâton de berger, appui favoris et arme de secours dans les situations les plus contraignantes.
Il circula d’abord entre les étales de fruits et de légumes vendus quotidiennement. Certains devaient avoir plus de mal que d’autres à se fournir en produits frais car bien des végétaux avaient déjà tout du repas déjà digéré. L’odeur de certains fruits lui fit détourner la tête. Les approvisionnements s’étaient faits plus rares et plus coûteux à cause de la terreur engrangée par les actes de Balthazar le Noir. Des récoltes avaient été détruites par ses troupes de guerriers sanguinaires. Même la viande et les poissons avaient disparu de certaines tables et les poissonniers se disputaient la prééminence de leur produit : « Comment ça, il est pas frais mon poisson ? … »

Il s’éloigna des aliments pourrissant pour retrouver les vendeurs de bibelots et de petites armes. Il avait lu, puis noté par lui-même, que les Griffes portaient un brassard gris au bras. Il chercha des yeux quelque personne qui put l’avoir, mais rien. Il avait omis de demander à quel endroit du marché se situait la boutique du jeune homme. Mais le disparu avait du être rapidement remplacé. Il voyait mal les Griffes délaisser quelque chose qui leur appartint au premier venu.

Il continua une bonne vingtaine de minutes à errer sur le marché en quête d’indices quelconques. Il avait repéré deux personnes portant l’insigne des Griffes. Ils occupaient le poste apparent de vendeur mais il les soupçonna d’être ici pour une toute autre affaire. Rien de suspect n’attira son attention dans l’immédiat.

#Nathanael
Sujet: Requête et Enquête
Nathanael

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Rechercher dans: La Bâtisse Close   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Requête et Enquête    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 25 Jan 2010 - 14:40
Ce fut comme si le pic du Caradhras s’était soudain dressé devant lui. Il avait déjà vu d’autres types de montagnes se présenter devant lui, mais en l’instant il ne s’était pas attendu à voir apparaître une telle carrure dans une si petite pièce. L’espace libre diminuait considérablement. Par réflexe il jeta un œil discret vers l’embrasure de la porte mais rien ne le surprit. Des sons lui parvinrent qui lui rappelaient ceux des camps militaires durant la guerre au Rohan ; lorsque la nuit avait recouvert de son voile le souvenir des assauts sanglants de la journée, les guerriers les plus zélés continuaient de s’entraîner entre eux ou affutaient leur arme en attendant que de nouveau elle passe le corps de l’ennemi.

L’homme avait tout du mercenaire tel que l’homme à l’esprit le plus simple pouvait se le représenter. Grand, musclé, et à l’hygiène quelque peu douteuse à en juger par le manque de soin qu’il apportait à son cuir chevelu (à défaut de pouvoir parler de cheveux). Cependant il ne manifesta aucun geste brusque ou agressif et son ton, ses paroles, mi figue mi raison, lui laissèrent penser qu’il y avait plus en cet esprit que le corps ne voulait bien le montrer.

« Vagabond » … Il eut un sourire discret et ironique, comme pour manifester au géant qu’il acceptait ce surnom passager. Il n’avait réalisé aucun effort pour s’habiller plus convenablement. Mais en soi, l’idée de mettre les pieds dans un nid de mercenaires ne l’avait pas motivée pour sortir ses plus beaux atours. Il n’avait pas même eu l’idée de se créer une nouvelle identité pour pénétrer ici-bas.

- Nullement perdu comme je suppose que vous le devinez.

Il ne continua pas tout de suite et prit le temps d’observer une fois encore l’homme massif devant lui. Il s’était attendu pendant une fraction de seconde à voir débarquer là quelque autre personne. Il avait essayé d’identifier la montagne à un des profils qu’il avait pu étudier la veille au soir sur les longs parchemins que lui avait confié Gilgamesh, mais sans grand succès. Les informations n’étaient plus toutes fraîches et ne déclinaient pas exhaustivement l’identité de tous les membres des Griffes d’Ammoth. Il saurait plus tard à qui il avait vraiment à faire, ce n’était pas urgent.

- Cependant je vous retourne la question : en quoi pourrais-je vous aider ? Car je ne suis point ici de par ma propre volonté. Mais peut-être ne pouvez-vous me répondre. Je souhaiterai discuter plus amplement avec votre supérieur, s’il en est.


Il n’osa s’aventurer plus loin et prononcer un nom qui n’avait peut-être déjà plus cours en ces murs. Il lui avait semblé que les Griffes d’Ammoth connaissaient quelques variations régulières de hiérarchie depuis la disparition de leur ancien meneur, Silence.

#Nathanael
Sujet: Requête et Enquête
Nathanael

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Rechercher dans: La Bâtisse Close   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Requête et Enquête    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 23 Jan 2010 - 8:35
La Vieille Bâtisse n’était que peu éloignée de son logis. Il avait fait quelques détours afin de s’assurer de n’être point suivi. Son poursuivant de la veille n’avait pas reparu à son grand soulagement. A son souvenir il n’avait jamais mis les pieds à l’intérieur de ce bâtiment. Il était passé plusieurs fois à proximité sans jamais s’y attarder n’ayant jamais eu à faire appel à des mercenaires. Il se trouvait plus à l’aise dans une auberge auprès de voyageurs impénitents qu’auprès de brutes épaisses et sans cœur. Du moins c’est l’idée qu’il se faisait de ce type de personnes selon lui peu fréquentables, quoi que fort utiles en temps voulu. Il les avait suffisamment fréquenté durant les des différentes guères auxquelles il avait participé marginalement. Leurs récits étaient encore plus épiques que ceux des soldats des armées royales. Et toujours fort de leur vaillance chevaleresque ils n’hésitaient pas à intervenir dans les récits de leur compagnon pour ajouter moult détails sanglants.

Il ne connaissait aucun membre de près ou de loin de la Guilde des Griffes d’Ammoth. Ce qu’il avait lu de l’organisation avait fait sauter quelques uns de ses préjugés la veille au soir. Tout semblait soigneusement structuré au sein des Griffes. Cependant il ignorait totalement quel était l’étendue de leur réseau et qui étaient les personnes avec qui ils commerçaient ou à qui ils proposaient leur service. Ils étaient liés d’une quelconque façon au pouvoir officiel, mais il ne connaissait pas très bien non plus les termes du contrat. L’avait-il toujours respecté d’ailleurs ? Il n’en était pas certain.

D’autres questions lui vinrent à l’esprit tandis qu’il s’approchait du large et haut bâtiment. Ils ne devaient pas être très dépensiers : la bâtisse était mal entretenue et extérieurement elle donnait peu envie à l’étranger d’y entrer. Une demeure sommaire pour des rustres ? Ou un moyen de limiter les attentions curieuses ? Un peu des deux sans aucun doute.

Il s’avança vers ce qui lui semblait être la porte principale. Quelques personnes rôdaient aux alentours mais il ne sut déterminer s’ils agissaient pour le compte des Griffes ou non. Ils le regardaient avec quelque hostilité une antipathie manifeste. Peu encourageant. Cependant ce n’était pas quelques rougeauds braillards qui l’impressionneraient de si tôt. Il en avait connu d’autres avec des mercenaires Rohirrims.

Il pénétra en les lieux et se trouva au sein d’une petite pièce vide et froide, aussi mal entretenue que le reste de la construction. A architecture pauvre, mobilier pauvre : une simple table dans un coin avec une chaise en bois. Il n’y avait personne. Il prit son mal en patience et attendit que quelqu’un se présente à lui. Sans quoi il continuerait plus avant et franchirait la porte qui se trouvait de l’autre côté de la pièce pour découvrir ce que pouvait receler un tel bâtiment.

#Nathanael
Sujet: Des nouvelles du Rohan
Radamanthe

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Rechercher dans: Le Palais   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Des nouvelles du Rohan    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 23 Jan 2010 - 0:30
Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! Gilgamesh

Le souhait fut évidemment bien vite exaucé. Comment savoir qui exactement avait prévenu le vieil homme qu'un de ses agents était rentré au chateau, mais toujours est-il qu'au détour d'un couloir vit le pan de mur exactement en face de lui pivoter, comme un invitation formelle à entrer.
Le vieux Gilgamesh l'attendait dans l'ombre, derrière cette porte improvisée, prêt à entendre les nouvelles qu'il avait à lui apporter.

Le vieillard fut quelque peu déçu qu'il ne rapport pas les informations qu'il lui avait expréssément demandé de rechercher, mais d'un autre côté, les nouvelles du Rohan qu'il lui faisait parvenir avaient un intérêt plus que certain vu ses moyens de communication limités.

"Je vous remercie maître Nathanael. Ces informations m'aident grandement dans mes calculs. Votre réseau personnel m'impressionne. Je dois cependant insister sur votre tâche de retrouver ces jeunes garçons pour recueillir leur témoignage. En parlant de réseau, une autre mission vous attend déjà. Les Griffes d'Ammoth ont fait la demande d'une collaboration avec les services de la Cité, et je dois avouer voir quelque intérêt dans la chose. Y voir un peu plus clair dans leurs affaires tout en les aider me paraît un bon compromis. Pensez à aller voir leur chef à l'occasion. D'ailleurs leur connaissance des bas quartiers est grande et nos deux sujets de recherche ont disparu depuis plusieurs jours. Peut-être savent-ils des choses que nous ignorons..."

Gilgamesh remis alors une série de parchemins avec davantage de détails sur la matière de la collaboration avec les Griffes, tout en lui recommandant de s'en débarasser lorsqu'il en connaitrait le contenu.

#Nathanael #Radamanthe
Sujet: Une chambre sous les toits
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Bas de la Cité   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une chambre sous les toits    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 7 Jan 2010 - 13:37
Il parcourut encore quelques temps le Bas de la cité avant que de rejoindre son habitation. La viande de mouton qu’il venait de manger lui rendait la digestion difficile et il avait ressentit le besoin de marcher un peu. Il regardait toujours attentivement les visages des jeunes hommes et des garçons sortis tout juste de l’adolescence. Marach et Hirlon … deux noms sans visage, peut-être aussi des visages sans nom déjà croisés. Le fait qu’il puisse avoir déjà rencontré dans les rues de Minas Tirith ces deux enfants sans pouvoir se les rappeler l’énervait au plus au point. Perdu dans ses pensées, il ne fit pas attention et bouscula une dame d’un âge déjà fort avancé. La pauvre vieille fut renversée sur le sol, hurlant à l’assassin. Il s’avança pour s’excuser et aider la femme à se relever, mais il fut arrêté par un flot d’injures et un coup de pied dans la cheville, décoché par la vieille furie.

- Ordure, mécréant, raclure de bas étage… qu’Eru vous emporte ! Satané petit bougre, saltimbanque, déjection d’oliphant purulente, déchet de Haradrim, avorton d’Orc…


Il cessa d’écouter le reste des insultes proférées envers lui. Il haussa les sourcils, surpris par tant de hargne dissimulée dans une si vieille femme.

- Je vous prie de m’excuser madame. Je ne faisais pas attention …
- Attention, attention ! Burne trop cuite, chiffe molle, asticot crasseux …


Il évita de justesse un autre coup de pied à destination d’une partie bien plus haut située et plus précieuse à ses yeux que ses chevilles. Il recula d’un pas et hésita un moment à assener à la vieille harpie un coup de son bâton de marche pour la faire taire. Mais déjà un groupe de badauds se rassemblait autour d’eux et il prit une mine résignée. Un petit garçon s’avança péniblement en jouant des coudes et passa devant lui l’air un tantinet effrayé. Il posa sa main sur l’avant-bras de la femme, à présent relevée.

- Mamé, arrête ! Tout le monde te regarde. Le monsieur a dit qu’il était désolé. Fait pas des z’histoires, st’eplait !

Il regarda, peiné, le jeune enfant écarter sa grand-mère de la petite foule de curieux. Lui-même profita de l’attention détournée pour s’extraire de cette situation délicate en empruntant une petite rue adjacente. Derrière lui il entendait quelques personnes ahuries qui cherchaient encore à énumérer toutes les insultes jaillies de la bouche de la vieille. « Sacrée bonne femme, pensa-t-il. Fallait que ça me tombe dessus. Vieille garce, que Morgoth te suce la moelle, fieffée furie. »

Envers et contre tout il parvint devant la porte qui menait à sa chambre sous les toits. Il gravit une volée de marche, franchit deux étages et passa une trappe pour pénétrer dans son habitation. Après deux jours de recherche, bien que fructueuses, il fut dépité en voyant les livres plus ou moins étalés sur le sol, à peine refoulés dans un coin de la pièce. L’étagère ne s’était pas réparée d’elle-même, évidemment. Il posa contre une paroie son bâton. Il s’avança vers le baquet contenant de l’eau et se rafraichit le visage et la nuque. Il ôta ensuite cape, manteau et chemise et s’assit sur sa paillasse pour enlever ses bottines. Sa cheville gauche portait les marques de la naissance d’un bleu. « La garce n’y est pas allée de main morte, vieille peau, elle m’a abimé la cheville avec la même force qu’un coup de sabot. » Il se massa la cheville quelques temps pour faire disparaître une douleur venant par flots successifs. Il défit ensuite sa ceinture et posa le stylet qui avait reposé toute la journée contre sa cuisse. Le poids du métal en moins soulagea aussi le poids de sa conscience. Il s’allongea et ferma les yeux un moment afin de se délasser.

* * *

Il se réveilla dans la soirée, surpris de s’être endormi. Il se sentait reposé mais il lui restait de nombreuses choses à faire. Les livres attendraient encore un peu, ils ne pourraient tomber plus bas de toute façon. Il se rhabilla, ceignit de nouveau l’arme à sa ceinture, prit son bâton et sortit afin de gagner la Maison des Contes et Légendes. Sa couverture ne devait être percée à jour et quelques pièces de plus pour un ou deux contes ne feraient aucun mal à sa bourse…

#Nathanael
Sujet: Un loup au palais
Forlong

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Rechercher dans: Le Palais   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: suite    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 8 Déc 2009 - 19:48
Forlong avait toujours prefere le confort de sa vieille veste en cuir aux ouvrages magnifiques des armuriers gondoriens. Au combat, du moins a pied, il preferait la rapidite a la protection souvent douteuse d'une armure complete.
Cependant il ne pouvait s'empecher d'apprecier la beaute des  plastrons des gardes, et de leurs armes.

Ses levres se deformerent en une grimace ironique sous sa capuche; ils etaient tombe sur un lieutenant particulierement ennuyeux...naturellement, ce dernier remplissait a merveille les criteres d'un garde parfait; son but apres tout etait d'assurer que personne d'inadequat ne penetre dans le palais.

La surprise fut facile a voir sur le visage du capitaine en exil lorsque l'espion utilisa le nom de "Gauvin". Une autre ombre venant l'hanter du passe...son vieil ami, le jeune lieutenant de l'Arnor. Ce marchand connaissait t'il aussi cet aspect de son passe? Ou etait ce un simple hasard? Apres tout il s'agissait d'un nom populaire au Gondor...
L'homme barbu etait rempli de surprises.

Le dunadan fut surpris en entendant les dires de Nathanael. Ce marchand de bovin avait un talent particulier pour le mensonge, a un tel point que celui semblait bien plus probable que la verite....curieux. Forlong decida de ne croire a aucune chose que Nathanael lui dit depuis leur rencontre. Son identite, son metier, ses intentions...il fallait se mefier.
La ruse le decrivant comme une victime de la peste etait un chef d'oeuvre...chaque habitant du Gondor, et surtout un haut grade de la garde de la Porte, qui devait servir  l'Arbre Blanc depuis des annees, avait dans sa memoire les souvenirs terribles de l'epidemie cruelle qui ravagea les rues de la Cite Blanche cinq annees auparavant...

Cette fois, lorsque Nathanael lui adressa la parole, il ne repondit pas d'une voix severe et mefiante, mais chuchota avec ironie:

-Si jamais je sortais d'ici en tant que cadavre sur une planche, notre cher lieutenant serait encore capable de refuser de me laisser sortir avant que je ne lui montre mes papiers.


Derriere ces paroles remplies de sarcasme, et derriere le tissu epais de sa capuche, Forlong etait nerveux...au bout de ce couloir du palais, un tournant l'attendait...un tournant dans sa vie. Allait il y trouver la mort? La prison? Une disgrace? Ou bien allait il y trouver un chemin vers son honneur perdue...

#Forlong #Nathanael
Sujet: Négociations vagabondes
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Négociations vagabondes    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 1 Déc 2009 - 4:06
- Les fleurs de l’arbre blanc dégagent un parfum de puissance et de grandeur qui ne se refuse point Lost Ore…si ce n’est lorsque l’on cesse de respirer.

Il avait parlé avec une voix grave, presque gutturale, un peu comme un philosophe, mais sans pédanterie cependant. Il le pensait vraiment. Il avait toujours voué un certain culte envers la Cité Blanche bien qu’il connût à présent autant les bons que les mauvais côtés de la politique gondorienne. Sa mission avait quelque côté politique. Lost Ore avait un intérêt capital pour le bon fonctionnement de la cité et ses choix influenceraient largement ceux que prendraient Gilgamesh par la suite. Il avait confiance en le vieil homme, il saurait s’y prendre avec Lost Ore. Du moins il l’espérait. Le Loup Blanc ne semblait pas commode. Chaque concession qu’il faisait était accompagnée d’une menace de refus.

Il trouvait pourtant Forlong un tantinet lent d’esprit, ou bien était-ce la manifestation d’une méfiance fort soutenue qui dépassait la simple vigilance. Il opta pour sa seconde pensée. L’homme aux cheveux blancs était sur le qui-vive. Sa volonté de se dissimuler aux yeux des occupants des étages supérieurs de la Cité en était la preuve. Nul ne devait le reconnaître en ces hauts lieux. Avait-il déjà connu quelques altercations avec la milice, ou bien avec les gens d’armes d’un noble orgeuilleux et furibond ? Sans nul doute. Les regards ne se posaient sur eux que le temps de la curiosité première, personne ne les fixait avec insistance.  

Il parcourait des yeux les ruelles peuplées de badauds dont les habits se faisaient toujours plus riches et plus beaux à mesure qu’ils gravissaient les pavés. Ici et là quelques nobles dames s’exhibaient volontiers sous leurs plus beaux atours, n’hésitant pas à faire du charme au plus laid des passants. Infâmes monstres sanguinaires, puissance corrompue jusqu’à la mœlle … mais tellement bons clients, et bons payeurs ! Chacune de ses missions auprès de riches bourgeois et nobliaux quelconques lui avait rapporté de quoi vivre durant les périodes difficiles. Paradoxal métier, conscience faite d’oxymores et de chimères morales.

- Cessez de penser à quelques diversions subtiles et trompeuses. Si ces personnes avaient réellement voulu se débarrasser de votre présence vous auriez rejoint les hautes branches de votre arbres généalogique depuis quelques mois. Je n’ai guère de temps à perdre avec des subterfuges.

Sans se soucier des mots de Lost Ore il avait cependant constaté cet incessant air inquiet et interrogateur, presque inquisiteur, suspicieux. Il ne doutait pas un instant du comportement qu’il eût lui-même adopté s’il s’était trouvé dans une telle situation. Prudence, méfiance, vigilance et crainte. Un seul sentiment n’aurait sut dominer tous les autres. Il eut un sourire moqueur en pensant à Lost Ore, une nouvelle fois acculé par des agresseurs multiples et dirigés de main de maître par les agents de l’Arbre Blanc. Mais ce sourire disparut très rapidement. Un bref moment il eut honte d’y avoir songé, bien qu’inconnu de lui, il respectait Forlong Neldoreth, le capitaine d’Arnor en exil. Il lui semblait mieux connaître cette partie là du personnage que Lost Ore tentait de dissimuler. Finalement Lost Ore ne lui paraissait être qu’une partie résiduelle de Forlong Neldoreth et non pas un nouveau personnage. Une facette possible et disponible mais non pas un être à part entière.

- C’est à Lost Ore que ces hommes s’adresseront, et non pas à votre ancienne personnalité.


Il avait omis de façon volontaire le nom de « Forlong » pour respecter la demande du Loup Blanc. Il ne prononcerait pas ce patronyme devant lui.

- Ne surestimez pas vos capacités de bretteur, et ne sous-estimez pas leur capacité à convaincre. Le marché ne sera pas unilatéral. L’homme que nous allons rencontrer est lié d’une façon ou d’une autre au roi du Gondor. Votre bras servira les causes de ce pays, ou du moins de ses dirigeants. Car chacun sait ce qu’il en est de la politique en Terre du Milieu.


Il posa un regard appuyé sur Lost Ore. Ancien capitaine, peut-être ancien proche et intime du roi d’Arnor, il avait du être impliqué dans des affaires politiques de la plus haute importance et devait connaître, du moins deviner, toutes les implications d’un sourire, d’un mot ou d’une boutade entre les hauts seigneurs de ces terres.

- Vos choix influenceront ceux des hauts dirigeants de cette cité. Mais il est doux de bénéficier de l’ombre de l’Arbre Blanc … tant que cette ombre ne se fait pas ombrage, n’est ce pas ? Vous aurez à tirer votre épingle du jeu. Cependant cette partie là de l’histoire ne me concerne plus directement.

Ils approchaient à présent du dernier niveau de la Cité. La milice circulait plus régulièrement entre les passants et quelques uns des soldats leur jetèrent des regards pleins de méfiance et de questions insidieuses. Il ne pourrait pas assumer la responsabilité d’un esclandre avec des hommes en armes. Il n’avait aucune réputation en ces hauts lieux si ce n’était comme espion habile, quelques fois conteurs de hauts faits ou précepteur temporaire. Personne ne savait qu’il travaillait au service de l’Arbre Blanc, et personne ne devrait jamais le savoir, du moins explicitement.

- L’homme que nous allons rencontrer se nomme Gilgamesh, si jamais nous le trouvons. Ce vieux barbu n’est pas identifiable pour qui veut. Mais il saura nous trouver…

Il prit le temps de la réflexion et s’arrêta quelques secondes avant de quitter une des dernières allées étroites qui s’apparentait le plus à la définition d’une ruelle. Il leur faudrait passer les gardes sans provoquer de joutes verbales ni de joutes tout court. Lost Ore était recherché par la milice et l’épée bâtarde dans son dos n’arrangeait pas les choses. Ils ne pourraient entrer armés dans l’enceinte du Palais. Les voies les moins officielles étaient surveillées, il avait déjà fait un état des lieux. Il ne connaissait pas les passages plus secrets empruntés par les agents les plus aguerris. Il lui faudrait encore faire ses preuves.

- Je m’engage à vous faire pénétrer en ces lieux sans y être arrêté. Ôtez l’épée de votre dos et gardez-là à l’épaule. Votre lame semble être en assez bon état pour que nous puissions la faire passer pour une commande d’un haut dignitaire royal. A moins que vous ne concédiez à la laisser à la merci des premiers gardes et que vous osiez entrer les mains nues en ces lieux hostiles …

« Hostiles » … bien que lui-même agent de l’Arbre Blanc, il avait toujours trouvé le Palais imposant et les rondes incessantes des gardes lui paraissaient être la manifestation d’une agressivité dissimulée.

#Nathanael
Sujet: Négociations vagabondes
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Négociations vagabondes    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 25 Nov 2009 - 6:39
Il observait avait attention chacune des maisons auprès desquelles il passait. Les visages qu’il voyait parfois derrière les fenêtres lui paraissaient tous suspicieux. Si Lost Ore se méfiait de lui, il se méfiait tout autant de Lost Ore, mais plus encore des nombreux hommes qui pouvaient leur tomber dessus à tout moment. Il connaissait mieux à présent la réputation de cet homme et les nombreuses mésaventures qu’il semblait attirer à lui. L’escarmouche matinale à laquelle il avait participé en tant que spectateur lui restait vivement en mémoire et il ne voulait pas voir de si tôt du sang couler. D’un point de vue plus égocentré, il ne souhaitait absolument pas voir son propre sang quitter ses veines.

Toute l’attention qu’il portait à son environnement ne le rendait pas pour autant craintif et il gardait toute la prestance qu’il avait joué dans le magasin du maître assassin. Il avait rabattu sa capuche dès qu’il avait posé le pied hors de la bâtisse. Il ne souhaitait pas qu’on l’identifie auprès de Lost Ore. Les regards des badauds ne devaient pas pouvoir le reconnaître plus tard. Il eut préféré que Forlong en fasse autant. Comme il le lui avait clairement fait comprendre, il n’était en effet pas difficile de le repérer parmi la foule. Il se demanda un moment si ce n’était pas un moyen pour Lost Ore de provoquer les combats sans avoir à s’impliquer personnellement dans une rixe. Quiconque connaissait sa réputation et voulait se venger pouvait le trouver aisément, il ne lui restait plus qu’à jouer la carte de la défense et de l’homme offensé. Fine stratégie en réalité…

Attirance et répulsion… Voilà tout ce que lui inspirait le Loup Blanc revendiquant une morale intouchable tout en brandissant une épée couverte de sang humain. Fallait-il faire comme lui et nettoyer radicalement les bas étages des soudards, des violeurs et des voleurs ou agir plus en aval sur les causes de la pauvreté du peuple ? Personnellement il optait pour la seconde solution bien qu’elle paraissait plus utopique, il était naturellement disposé à l’optimisme.

- Les personnes qui m’envoient souhaitent que votre bras serve des causes plus nobles que le « travail », si je puis dire, que vous réalisez depuis des années. Il ne s’agit pas des nobliaux dont je vous ai parlé, mais d’hommes plus hautement placés encore. Vous estimerez seul de la « noblesse » des actes qu’ils vous demanderont d’accomplir, je ne suis pas ici pour juger à votre place de l’opportunité qui vous est proposée.


Il reprit légèrement sa respiration. La pente douce de la ruelle s’était accentuée en une pente plus marquée et l’absence de toute nourriture et de boisson depuis le début de la matinée se faisait sentir en son estomac. Il soupira en pensant à ces deux repas ratés en partie à cause de Lost Ore, du moins de la mission qui était rattachée à cet homme. Il resserra ses doigts sur son bâton de marche qu’il n’utilisait que de façon sporadique. Une troisième cause le poussait à présent à retrouver au plus vite Gilgamesh ou l’un de ses proches collaborateurs, s’il en existait vraiment. Il avait faim.

Aussi complexe une mission fut-elle, il ne pouvait s’empêcher de penser à de petits détails futiles qui constituaient son quotidien. Il espérait que Lost Ore ne changerait pas brutalement d’avis. Toutes négociations supplémentaires retarderaient l’heure de son prochain repas.

- Vous devriez pouvoir deviner à présent les intérêts qui se portent sur vous … ainsi que l’identité approximative des personnes qui sont prêtes à vous ouvrir leur porte, et celle de l’honneur et de la gloire je suppose…


#Nathanael
Sujet: Ardentes recherches
Nathanael

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Rechercher dans: L'Antique Bibliothèque   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Ardentes recherches    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 28 Sep 2009 - 11:07
Il soupira profondément et se frotta les yeux presque machinalement. Un coup d’œil par la fenêtre lui apprit qu’il avait passé déjà plus de deux heures dans l’antique bibliothèque. Le soleil était passé au dessus du toit de la bâtisse adjacente aux archives ; il était presque midi. Il n’avait toujours rien trouvé. Il ne s’était pas douté un instant que l’armée Arnorienne avait pu être aussi importante au temps de la Grande Bataille. Il avait rapidement délaissé le registre de l’armée pour se concentrer sur le déroulement de ce grand évènement historique. Si jamais Lost Ore avait été grand capitaine, son nom serait cité. Cependant il avait prit la lecture depuis les premières querelles politiques, les invasions ennemies et il n’était parvenu jusqu’à présent qu’au départ des différentes armées pour la bataille finale. Il espérait en apprendre plus sur le personnage en en apprenant plus sur le contexte social et géopolitique de l’époque ; l’un n’irait pas sans l’autre. Bien que la mission de Gilgamesh avait seulement pour but de ramener Lost Ore dans les bras du pouvoir officiel, il souhaitait à titre personnel en apprendre plus.

« … [les armées] prirent la suite de leur roi respectif dans les différents pays concernés. Les troupes avaient le moral. Partout il est rapporté que les soldats quittèrent leur logis en chantant la victoire future. Femmes et enfants, contre toutes craintes, suivaient leur mari et père en leur lançant des gerbes de fleurs, symboles de chance. Les cors du Gondor se répondaient, semblant entamer de longs discours encourageants… »

Il ne se souvenait pas de telles manifestations de joie lors du départ des soldats pour la guerre. Si effectivement les guerriers avaient pu se montrer hardis et volontaires, il n’en demeurait pas moins que tout un chacun savait ce qui les attendait : une longue marche fatigante et lassante et pourtant, une forme de répit, avant la réalité des combats. Il vilipenda intérieurement la propagande supportée par les historiens officiels des différents royaumes.

Il délaisse ce parchemin et prit le suivant qui traitait plus en détails le déroulement des premiers combats et les premiers changements manifestes du moral des soldats. Au registre élégiaque succédait une forme épique de narration qui le rebuta quelque peu. Il mit ce parchemin-ci de côté également.

Hasard ou destin, sur l’instant il ne s’en préoccupa aucunement, ses yeux tombèrent sur ce nom qu’il avait entendu de la bouche d’un soldat démobilisé : Forlong. Son attention en fut émoustillée et il s’attacha plus calmement à lire l’ensemble du document. Suivant le nom du roi, Aldarion, une liste des différentes sections de l’armée et le nom des capitaines qui les dirigeaient. Parmi ceux-ci : Forlong Neldoreth.
Le jeune soldat ne lui avait pas menti. Cet homme avait réellement existé. Il devait exister encore, s’il portait aujourd’hui le nom de Lost Ore.

Il reprit fébrilement le registre de l’armée de l’Arnor et parcourut rapidement les différentes pages qui regroupaient les noms des officiers gradés. Il en lut deux ou trois avant de tomber une fois encore sur le nom de Forlong Neldoreth. En dessous de ce patronyme était indiqué : Seigneur de Dol Amroth, capitaine de l’Arnor. Il retint les indications complémentaires, d’aucune utilité réelle en cet instant.
Pris d’un doute, il se leva et chercha le registre de l’armée arnorienne de l’année succédant à la Grande Bataille. Le livre était moins épais, sans doute les morts et les démobilisations avaient-elles affectées les effectifs. Il sauta les premières pages, et de nouveau chercha uniquement le nom des capitaines et autres gradés. La liste était presque la même, l’ordre des noms avait été préservé, marque d’une forme de continuité dans l’administration anorienne. Cependant Forlong Neldoreth n’apparaissait plus. Mort, disparition, démission ? Rien n’était indiqué. Il maudit une fois de plus le manque d’esprit des copieurs et la mainmise du pouvoir officiel sur les registres administratifs.
Une confirmation cependant, Forlong disparaissait des registres courants après la guerre. Ceci aussi correspondait aux dires du soldat qu’il avait rencontré. Forlong devenait en cet instant un personnage mystérieux, délaissant ces titres officiels pour agir officieusement. Parallèlement, les parchemins narrant l’histoire de la Grande Bataille n’en disaient pas plus. Le brouillard s’installait à partir de cette date : mois d’avril de l’an 294 du Quatrième Âge ; l’homme disparaissait de la circulation.

Nathanael prit une profonde inspiration, signe que débutait une intense réflexion. Son regard se perdit dans le vague, le menton appuyé sur la paume de sa main. Il manquait encore trop d’informations à son goût. Il avançait pas à pas dans un vide informatif, presque palpable.
Le vrombissement d’une abeille et le cliquetis qu’elle réalisait en tapant contre la vitre le fit sortir de ses brèves pensées. Il lui fallait encore découvrir ce que signifiait Lost Ore.  Sans s’y connaître parfaitement en langues étrangères, le nom avait quelques consonances elfiques certaines. Il embrassa du regard les parchemins étalés sur la table et les trois ou quatre livres reliés. Il n’avancerait pas plus loin aujourd’hui de ce côté-là. Il s’empara des manuscrits et se leva pour aller les poser sur une étagère : il laissait le soin au bibliothécaire de les ranger plus tard. Celui-ci n’était d’ailleurs toujours pas réapparu.

Il se dirigea vers la pièce jouxtant celle dans laquelle il travaillait. Là, les étagères portaient tout autant d’ouvrages, mais d’une autre sorte. Ce bureau devait être réservé aux ressources linguistiques de toute la cité. Il n’avait que rarement mis les pieds en cet endroit. Une inscription lui indiqua que les dictionnaires et les publications en langues étrangères se trouvaient au troisième couloir. Dix étagères étaient seules concernées par les différentes langues elfiques. Il soupira, une fois encore – les investigations dans les bibliothèques étaient toujours fastidieuses.
Il parvint après un bon quart d’heure de recherches à trouver les trois dictionnaires qui lui fallaient : Sindarin, Eldarin commun et Quenya. Il retourna s’asseoir à sa table de travail.

Il ne savait pas s’il devait prendre en compte le fait que Lost Ore soit un surnom d’origine elfique. Forlong avait-il un lien avec les elfes ? Après l’avoir vu combattre en présence de nains, fait totalement inattendu en la Cité Blanche, il ne s’étonnerait plus de rien. On aurait pu lui dire l’instant d’après que le roi Méphisto était un proche membre de sa famille, il n’en aurait même pas été surpris. Il sourit bêtement, en pensant aux inepties que ses réflexions pouvaient parfois lui apporter.

Une nouvelle fois assis devant différents livres, il se saisit du dictionnaire Quenya. La recherche des noms fut plus simple cette fois. L’organisation alphabétique des ouvrages lui simplifia grandement la tâche. Cependant il ne fut qu’à moitié satisfait.
Point de « Lost » en quenya, mais simplement « losta » dont la signification lui parut incongrue en rapport avec le personnage étudié : « fleurir » en langage commun … Il se retint de rire entre les murs silencieux de la bibliothèque. Si jamais il apprenait que ce surnom avait un rapport avec la floraison il ne pourrait plus jamais s’empêcher de rigoler à chaque évocation du nom ou à chaque fois qu’il rencontrerait Forlong.

Il mit un certain temps à se ressaisir. La fatigue des recherches pesait un peu sur lui et ses nerfs se détendaient à travers ces petites crises d’hilarité. La quête fut plus fructueuse avec le terme « Orë », signifiant « coeur » en Quenya. Il retint mentalement sa petite découverte avant de poursuivre ses recherches dans le dictionnaire de Sindarin.
« Lost » trouvait son équivalent en langage commun : « vide », tandis que rien ne correspondait en Sindarin à « Ore ». Décidemment, cet homme avait quelque peu l’esprit torturé. Non seulement il n’utilisait pas le langage commun, mais en plus il était allé chercher son surnom dans deux branches différentes de la langue elfique.

Il se massa les tempes un bref instant. Le surnom « Lost  Ore » ne figurait pas dans les registres officiels. Et le soldat avec lequel il avait conversé lui avait indiqué que ce surnom était plus connu aujourd’hui que le véritable nom de l’ancien capitaine. Il se l’était donc donné, ou bien le lui avait-on attribué, après la Grande Bataille. Indications complémentaires : un évènement important, inconnu, avait du se produire et faire en sorte que l’homme choisisse l’ombre à la lumière. Mais lequel ? Il n’en savait rien.
«  Et franchement, je n’ai pas envie de le savoir aujourd’hui … »

Il regarda une dernière fois les dictionnaires avant de se lever. Le soleil avait encore prit de la hauteur et dépassait son zénith. Son ventre gargouillait et les fourmis dans les jambes lui indiquaient qu’il n’était plus temps de se préoccuper de détails historiques et patronymiques. Il ne prit pas même la peine cette fois de ranger les ouvrages linguistiques et quitta la pièce dans laquelle il se trouvait pour regagner l’extérieur.

Une fois sous les rayons du bénéfique astre solaire, il s’étira nonchalamment, sans prendre la peine de remettre son capuchon. Il n’en aurait pas besoin. Il reprit conscience de l’arme à son côté et de la mission qui l’attendait à présent. Ces quelques heures écoulées, Lost Ore et ses compagnons avaient du prendre la fuite, ou plus sûrement, chercher un endroit dans lequel il pourrait trouvé sécurité et soins. Il lui faudrait repérer et indiquer un tel endroit à Gilgamesh.

En attendant il irait prendre de quoi se restaurer puis se dégourdirait les jambes entre les différents niveaux. Lost Ore n’irait pas bien loin avec des blessures sur tout le corps…

#Nathanael #Forlong
Sujet: Investigations
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Bas de la Cité   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Investigations    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 8 Sep 2009 - 11:04
Les rayons du jour parvenaient maintenant à éclairer l’ensemble du bas de la Cité. Les ruelles ne fourmillaient pas encore de petites gens et le brouhaha quotidien ne s’était pas installé. Les rues n’étaient cependant pas vides. Loin de là. Nathanael savait où trouver les informations qu’il souhaitait acquérir. Le banditisme s’était grandement affaibli depuis le retour du roi Méphisto et l’emprisonnement de Warin mais il n’avait pas pour autant disparu. Les rebuts de la société peuplaient belle et bien la cité, au même titre que les gens simples et que les honnêtes citoyens. Le mystérieux justicier devait donc réaliser sa besogne en ces bas lieux, et non pas dans les hauteurs de la Cité Blanche, où l’éradication de la raclure, des parasites et scélérat avait été réalisée depuis longtemps par la milice, voire par la garde personnelle royale. Il n’excluait pas le fait que la scélératesse pouvait être aussi une caractéristique de la noblesse, mais ces grandes gens étaient toujours parvenues à leurs fins en gagnant d’une manière ou d’une autre la mansuétude du pouvoir royal.

Il parcourut pendant une demi-heure les diverses rues, ruelles, allées sombres ou artères principales en quête d’un informateur quelconque. Il ne souhaitait pas interrompre l’activité du premier badaud rencontré, sans quoi il eut paru suspect. Il se faufila dans une ruelle transversale, reconnue par la population comme étant de mauvaise réputation. Prostituées et filles de joie en tout genre s’étiraient encore langoureusement devant lui en ce début de matinée. Peu prompt à engager une relation avec ces créatures vénales et baignant dans la luxure, il s’abstint d’engager la conversation avec l’une d’entre elles, du moins, dans l’immédiat. Il croisa le regard d’une jeune fille, sans doute encore peu expérimentée, nonchalamment adossée au mur d’une bâtisse. A  côté d’elle était assise une vieille femme au maquillage décrépi, fatiguée…par trop d’expériences pensa-t-il. Il s’avança jusqu’à elles. Les deux comparses discutaient discrètement. Il saisit quelques injonctions suivies de termes vulgaires envers sa personne tandis qu’il traversait la peuplade de nymphes démoniaques. Le couple hétérogène formé par la jeune femme et la vieille fut un bref instant le centre d’attention, mais tout aussi rapidement qu’il avait attiré les regards, Nathanael fut intégré au décors, comme un potentiel client sans doute. Il assumerait ainsi ce rôle, dans une certaine mesure.

Il constata cependant un détail. Les filles ne se déplaçaient pas individuellement. Celles qui disparaissaient encore avec des hommes se faisaient accompagner par une autre catin jusqu’à un point où cette dernière faisait la garde …ou quelque chose dans ce goût là. De même la jeune et la vieille ne semblait pas réellement proches. Elles étaient ensemble, certes, mais ne présentaient pas de réels signes d’intimité. Toutes fonctionnaient pas couple ou par groupe. Ses réflexions furent cependant interrompues.

- Hey grand brun … tu cherches un peu de compagnie ?

Il posa calmement son regard sur la jeune fille, sans moins en penser : quelle turpitude ! Son regard lascif lui répugnait. Il acquiesça pourtant. Sans rien dire, il suivit la demoiselle, accompagnée de la vieille en retrait, jusqu’à une petite porte mal agencée sur ses gonds au fond de la ruelle. La catin l’invita à monter. Nathanael lui emboîta le pas. La vieille demeura au bas du petit escalier.

Ils se retrouvèrent dans un dédale de couloirs sales et sombres donnant en de multiples endroits sur de vieilles pièces sommairement aménagées, quand elles n’étaient pas aménagées du tout. Un dépotoir humain ! La catin commença de lui susurrer à l’oreille des mots qu’elle devait vouloir plaisant mais il ne manifesta aucun signe de réaction. Il vérifia en une seconde qu’ils n’étaient pas suivis ou surveillés, puis saisit brusquement la fille par le bras et l’entraîna dans une petit pièce d’allure lugubre.

- Hoo, un brutal … tu veux t’amuser mon chou ?
- Ferme la femme.


Il bouscula la prostituée au fond de la pièce et ferma du mieux qu’il put la porte branlante en coinçant derrière celle-ci un sommier sur lequel il n’aurait même pas voulu s’asseoir. La jeune fille dut prendre peur … elle faillit se mettre à crier. Nathanael se jeta sur elle d’un geste vif et lui plaqua la main sur la bouche. De tout son poids il s’appuya sur elle afin qu’elle ne puisse s’échapper. De sa main libre, il sortir une petite pièce qu’il disposa à son regard.

- Ferme la. Je ne suis pas là pour m’amuser. Une pièce contre une information et ensuite, tu m’oublies ! On est d’accord ?

La prostituée acquiesça difficilement. Il relâcha sa prise, prêt à tout instant à lui remettre la main sur les lèvres.

- Je cherche un homme…

Il laissa ses mots en suspension. Il souhaitait juste faire comprendre à la catin le motif de son intervention. Celle-ci, consciente de l’enjeu, et plus consciente encore de l’intérêt économique qu’elle pouvait en tirer, se remit à jouer la langoureuse.

- Tu sais des hommes chéri …j’en ai connu plein.
- Je n’en cherche qu’un, particulièrement énigmatique à ce qu’il paraît. Son nom est Lost Ore. Il est connu par ici pour mener la justice que la milice royale ne veut pas assurer.
- Un justicier mon chou ?


Ces qualificatifs commençaient à l’énerver. Il n’en fit rien. Il fallait qu’il obtienne ces informations.

- Oui, en quelque sorte. Les braillards alcooliques disent qu’il a les cheveux blancs. C’est un solitaire. Je pensais qu’il aurait aimé avoir un peu de compagnie avec des femmes.

Ne sachant rien de Lost Ore d’un point de vue personnel, il était presque certain qu’en tant que justicier respectant une éthique bien particulière, il ne se serait jamais aventuré en pareil endroit de débauche. Cependant il avait parié que le fait que Lost Ore était aussi un homme aux besoins multiples qu’il fallait parfois comblés.

- Je ne connais pas ton homme chéri …

La catin lorgna sa bourse. La garce … elle jouait avec lui. Il sortit une nouvelle pièce et la lui tendit. Elle la prit avec une rapidité qui le surprit.

- Mhh … pourtant il me dit bien quelque chose ce grand solitaire.


Une nouvelle fois elle regarda intensément le contenant de ses pièces de monnaie. Elle allait le ruiner. Il faudrait qu’il contacte Gilgamesh pour savoir si toutes ses dépenses étaient prises en compte par la Section dirigeant les agents de Minas Tirith. Il fourra deux pièces dans la main de la fille et lui mit la main autour de cou. L’alternance entre la gentillesse et la violence était une alliance fort judicieuse pour mettre à mal l’assurance de quelqu’un. La prostituée fut surprise et cessa immédiatement sa petite scène. Elle parla précipitamment, craignant un danger imminent.

- Ton homme…Lost Ore. Les femmes en parlent beaucoup par ici. Il ne vient pas dans nos bras, mais les hommes qu’on croise nous en parlent aussi. C’est pas des bons gars, alors forcément, ils le craignent. Il tue les assassins et fait suffisamment peur aux autres pour qu’ils recommencent pas. Les survivants qui l’ont rencontré se pissent encore dessus quand ils en parlent.

Enfin … il avait confirmation des rumeurs. Certes par une autre rumeur, mais celle-ci était plus fraîche.

- Est-il toujours dans la Cité ?

La catin fit oui de la tête et ferma les yeux. Elle devait craindre sans doute une réaction de violence, mais elle ne vint pas. Elle ouvrit doucement les paupières, comme pour s’assurer que c’était bien toujours le même homme qui la tenait à la gorge.

- Où puis-je le trouver ?
- J’en sais rien. Il vient pas nous voir je te dis. Mais va parler à la vieille en bas. Elle en sait plus que moi à ce sujet.


Nathanael lâcha sa prise et ouvrit la porte. Il se retrouva nez à nez avec la vieille femme, qui, sans s’attendre à ce qu’il sorte aussi vite, tentait de prendre ses jambes à son cou.

- Vieille garce, reste ici !
- Je sais rien…je sais rien … je sais rien.


Elle couinait comme une truie. Une nouvelle fois il dut faire des efforts pour la maintenir auprès de lui sans qu’elle ne se mette systématiquement à hurler.

- Où est Lost Ore catin ? Je sais que tu sais. Mens moi et je t’enlève les dents pourries qui te restent !
- C’est un homme sombre, mauvais … il ne fait pas la justice pour nous autres mais pour lui … Il est toujours à Minas Tirith ? Il a agit encore cette nuit. Il a tué une femme de chez nous. C’est un sale type. Qu’il s’étouffe avec ses cheveux de vieillard ! Qu’il se…
- Où est-il, femme ?
- Y a bien Marceau qui l’a croisé hier en passant devant l’auberge. C’est tout ce que je sais …


Nathanael desserra son étreinte et laissa la vieille sur place, sans plus se soucier de son cas. La jeune fille avait sorti la tête de l’encadrement de la porte, mais d’elle non plus il ne fit pas cas. Il quitta ces lieux maudits, impies et immoraux pour rejoindre la rue principale et se diriger vers l’auberge.

Il ne savait quoi penser de la dernière information que lui avait donné la vieille : "Il a tué une femme de chez nous. C’est un sale type". Il avait cru que Lost Ore tuait uniquement les mauvaises gens, les brutaux et non pas les simples immoraux. S'agissait-il du même meurtrier ? Rien de moins sûr. Il comprenait du moins pourquoi les prostituées agissaient en groupe. Elles devaient craindre qu'un nouveau bourreau se manifeste.

#Nathanael
Sujet: Une chambre sous les toits
Nathanael

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Bas de la Cité   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une chambre sous les toits    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 8 Sep 2009 - 9:14
Un grand bruit le réveilla. Un grondement soudain, un tremblement sourd, et un nuage de poussière apparurent tour à tour dans la petite pièce où il se trouvait. Nathanael se réveilla en sursaut, posant d’un geste confus sa main sur son arme nouvellement acquise. Il n’eut pas à se débattre cependant pour tirer le stylet de son petit fourreau. Les yeux encore engourdis par le sommeil, il constata, à la fois soulagé et énervé, la chute d’une étagère de sa bibliothèque personnelle.

- Bordel de…

Il se redressa sur sa paillasse. En se redressant si vivement, il s’était entortillé dans ses draps et couvertures. Il s’agita quelques secondes pour s’extirper de l’entrelacs de tissus et de laine. Assis plus convenablement, il regarda en soupirant les livres jonchant le sol et les parchemins éparpillés sur l’ensemble du plancher. L’étagère s’était littéralement rompue en deux, sans doute sous le poids du papier, cuir, bois et autres supports d’écriture. Dans sa chute elle avait, évidemment, emportée quelques livres situés sur l’étagère inférieure.

Il se frotta les yeux devant l’étendue du désastre. Car s’en était un. Il lui faudrait tout ranger de nouveau, trier les parchemins, s’assurer qu’aucun d’entre eux ne s’était abîmé, tout en espérant que les pages des livres ne s’étaient pas arrachés de leur reliure. Ce n’était pas la première fois que ce genre d’évènement de produisait depuis son retour à Minas Tirith. Durant ces quelques mois, voire années d’absence, le bois avait souffert d’un manque d’entretien. Il avait déjà réparé deux petites commodes qu’il utilisait pour ranger ses vêtements et différents bibelots, et un pied de table qui s’était brisé, rongé par une sorte de petites termites, qui, fort heureusement, n’avait pas proliféré dans son habitation.

Il se leva et enfila avec raideur une longue chemise en lin. Il n’était pas d’humeur à faire du rangement. Il prit cependant le temps de pousser ces livres et archives dans un coin de la pièce. Il se dirigea ensuite vers une des petites commodes sur laquelle reposait une cruche d’eau en terre cuite et un petit baquet. Il y versa l’eau et se mouilla le visage. La fraîcheur du liquide le fit frissonner mais eut aussi l’avantage de lui remettre les idées en place. Il jeta un regard circulaire sur sa vaste chambre située sous les toits. Elle avait quelque chose de rustique mais elle était spacieuse et il s’y sentait bien.

Il jeta un œil par l’ouverture réalisée dans le toit. Le soleil ne devait pas s’être levé depuis très longtemps. Les premières lueurs pouvaient être observées, les ombres se différenciaient progressivement de la noirceur nocturne. Dehors, malgré l’heure matinale, l’agitation était déjà perceptible. Les bruits de sabots sur les dalles – un cavalier peut-être, ou simplement un homme guidant une bête de somme – les conversations basses de femmes, il reconnut leurs voix aiguës, et les pas rythmés d’un groupe milicien revenant d’un tour de garde matinal sans doute… Il s’étonna un moment de les entendre passer. Il n’était pas si courant de voir passer des hommes armés dans le bas de la Cité.

Il se souvint alors avec plus de distinction la conversation qu’il avait entretenu la veille avec ce vieil homme gardien des secrets de la Cité. Du moins, de quelques secrets – les informations relatives à la défense des intérêts de Minas Tirith. D’une pensée à l’autre, il vient à s’imaginer sa rencontre avec Lost Ore … cette première mission n’aurait rien de facile. Il se prit un moment à envier le métier d’assassin : tuer avait quelque chose de plus simple, on ne discutait pas avec les morts. Il se ressaisit et réfléchit à la manière dont il pourrait s’y prendre. Il fallait déjà qu’il déniche de nouvelles informations. Il savait que l’homme était un ancien soldat mais sa source n’avait rien de sûre. Le nom qu’il avait fourni à Gilgamesh n’était peut-être pas le bon. Il n’avait pas le droit de se méprendre. Quel allure aurait-il s’il s’avisait de ramener la mauvaise personne ? Sa crédibilité en prendrait un coup, c’était certain. La faute professionnelle lui était interdite.

Il jeta de nouveau un coup d’œil aux livres tombés. Il ne possédait pas de documents traitant particulièrement du royaume d’Arnor. Il ne trouverait aucune informations spécifiques concernant Lost Ore et moins encore d’indications sur son identité antérieure. Le seul endroit où il pouvait espérer trouver de telles indications semblait être la grande bibliothèque de Minas Tirith. Il n’était pas certains que les scribes, historiens ou archivistes du Gondor se soient intéressés aux histoires internes du royaume d’Arnor, mais pour l’instant il n’avait pas d’autres alternatives.

Mentalement il refit la liste des détails qu’il détenait sur le dénommé Lost Ore.
Homme d’Arnor, ancien militaire, capitaine selon sa source (peu fiable, les militaires de retour du combat avait une fâcheuse tendance à exagérer leurs propos), proche du roi sans doute, peut-être en lien avec le décès de la reine d’Arnor, peut-être présent actuellement dans la Cité Blanche. Justicier individuel, pourfendeur de voleurs, bandits, assassins et autres vermines. Une légende populaire. Beaucoup d’hypothèses pour un personnage bien étrange. Qui plus est, peu apte à parler plusieurs langues, il devrait se renseigner sur l’origine et la signification du nom de Lost Ore. Car sans pouvoir comprendre ces deux mots, il était certain qu’associés, ils signifiaient quelque chose.

En effet, la bibliothèque de la Cité représentait le lieu le plus pertinent où il pouvait se rendre dès à présent. Cependant, avant toute recherche littéraire il souhaitait se rendre dans les ruelles afin de se renseigner de façon plus concrète. L’homme était-il encore dans la cité ? Y avait-il jamais été d’ailleurs ? Gilgamesh semblait en être convaincu, mais Nathanael ne l’ayant jamais rencontré, il se méfiait des rumeurs.

Il rentra rapidement sa chemise de lin dans son pantalon de cuir souple. Il enfila sa paire de bottines, un manteau léger aux nombreuses poches dissimulées et une cape à capuche qui lui permettrait de se faire passer pour un citoyen quelconque. Rien de marginal, si ce n’était toujours cette mèche blanche sur sa tempe gauche. Devant son vieux miroir il passa la mèche prématurément blanchie entre ses deux doigts. Il ne s’embêterait pas aujourd’hui à la dissimuler. Il ne devrait effectuer qu’un travail de recherche ponctuel, personne ne le remarquerait.

Il regarda avec un certain dégoût l'arme posée sur le sol. Il ne l'avait encore jamais sortie de son fourreau. Il la prit et l'attacha à sa ceinture. Il se saisit de son bâton de marche posé à proximité de sa paillasse et sortit par la trappe donnant sur l’étage inférieur.

#Nathanael
Sujet: Au service du roi
Nathanael

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Rechercher dans: Le Palais   Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Au service du roi    Tag nathanael sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 30 Aoû 2009 - 12:07
Les rues de Minas Tirith semblaient vides. Nulle âme qui vive. Les lueurs orangées de l’astre du jour enlaçaient avec douceur les façades blanches de la cité. Le moindre son de pas, claquement furtif sur les dalles de pierre, le faisait se retourner. Il avait remonté les différents niveaux de la grande ville à la fin du jour, sûr que les ombres grandissantes lui assureraient la plus grande discrétion. Sillonnant les petites ruelles, il avait fini par atteindre le Haut de la Cité après moult détours. Il était arrivé quelques jours auparavant. Il se souvenait les rues froides au temps où Warin commandait Minas Tirith. Il espérait que l'homme était mort, mais les rumeurs affirmaient que l'homme était en fuite.

Il n’avait guère eu les moyens de se présenter auprès du pouvoir royal depuis son arrivée. La remise en l'état de son habitation l'avait occupé quelques temps. Sans compter les récits qu'il avait pris plaisir à narrer dans les auberges prêtes à l'accueillir contre un repas et une bonne choppe de bière.
C’est avec une grande confiance qu’il s’avançait le long de la grande voie menant aux portes du Palais. Les gardes circulaient alternativement,se déplaçant vivement ou plus lentement, l'oeil scrutateur. Leur déplacement lui rappelait une danse traditionnelle rohirrim qu'il avait eu l'occasion de voir dans le château d'Edoras deux ans auparavant.
Il avait déjà dépassé la place du marché et l’ambassade du Gondor lorsque deux gardes l’interpellèrent.

Hé là. Qui es-tu et où vas-tu ? Nul ne peut entrer sans raison valable ni permission royale.

Nathanael ne réagit pas immédiatement. Il s’arrêta avec un petit sourire aux coins des lèvres.  Au-delà des rumeurs qu’il avait entendu dans les rues du Gondor, il avait poussé plus loin ses recherches. Il était presque certain à présent, sans cependant en avoir de preuves concrètes, qu’il existait un réseau plus vaste de personnes dévouées au Roi et au Gondor. Il voulait en faire partie.
Il répondit aux gardes avec grande prudence. Il avait appris au cours du temps que les meilleurs mensonges sont encore ceux qui se rapprochent le plus de la vérité.

Je me nomme Sengar. Je viens proposer mes services au maître de ces lieux en l’absence du roi Méphisto.

Les gardes échangèrent un regard. Il ne devait pas être le premier à chercher à se faire connaître de cette façon. Ses différentes promenades en solitaire dans les rues de la Cité Blanche lui avaient appris que certaines personnes proféraient nombre d’inepties au nom du Gondor et du roi. Il vit cependant le plus grand des deux hommes passer rapidement les hautes portes et revenir quelques minutes plus tard.

Un homme est prêt à te recevoir. Tu devras cependant ôter tes armes devant ces portes. Je t’accompagnerai jusqu’à lui. A la moindre entourloupe je me chargerai personnellement de ton cas.

Il eut un autre sourire qu’il dissimula rapidement. Les gardes étaient bien formés, mais ceux-là ne devaient pas faire partie depuis longtemps du corps de garde. Ils manquaient de finesse envers les étrangers. Il comprit pourtant que son accoutrement ne lui permettait pas de se faire passer pour une quelconque personne importante. Le tutoiement largement employé envers lui ne s’inscrivait pas dans le code de conduite auquel il était habitué.

Je ne porte d’arme sur moi. Je viens en tant qu’allié du Gondor, non en tant qu’ennemi.

Il écarta les bras et révéla l’absence de toute épée, dague ou poignard à sa ceinture. Il pu conserver son bâton de marche malgré les regards réprobateurs des deux militaires.
Le garde le plus hardi lui fit signe de le suivre. Il passa les hautes portes et pénétra dans les grande cour où se trouvait l’arbre blanc. La banalité et la pauvreté du Bas de la Cité n’avait pas atteint la beauté des hauteurs de la ville. La blancheur de l’arbre, à la tombée du soir, apaisa son âme.
Il parcourut toute la longueur de l’esplanade depuis laquelle la vue portait jusqu’aux limites occidentales du Mordor, puis s’engagea entre les premiers murs du Palais. De multiples dédales de couloirs étaient perceptibles dans l’obscurité mais il ne put s’engager plus loin. L’homme auquel on le mena était déjà là, grande forme sombre. Nathanael s’arrêta et ne dit mot, laissant l’inconnu se présenter ou du moins entamer la conversation le premier. Il ne fit qu’un signe bref de la tête pour indiquer qu’il l’avait vu.

#Nathanael
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