Marchons, camarades... marchons vers Angrenost !

Tous les membres de ce conseil mémorables étaient sortis, à présent, et la salle du feu redevenait paisible et reposante. Un nombre incalculable de chefs accompagnés de leurs armées se rendaient vers le Nord... mais il n'en était pas ainsi pour les quatre qui sortirent dans les derniers.

Milindë la Dame du Sud, Aiwendil et Tanarith, les deux mages bruns... Bargoduin du royaume du Nord... ceux-là marcheraient vers le Sud, dans le sens inverse du mouvement général, pour une mission des plus importantes, quoi qu'elle puisse paraître.

En vérité, la Dame et les trois Mages avaient pour tâche de convaincre Sylvebarbe et ses Ents, les bergers de la forêt de Fangorn, de leur délivrer les clefs de l'ancienne citadelle de Curunir, Orthanc la Noire, située dans l'antique anneau d'Angrenost.
Après cela, des garnisons seraient postées dans les murs circulaires d'Isengard, formant une arrière garde nécéssaire en ces temps sombre... mais les Ents sont des créatures pour le moins lentes; là résidait la difficulté de la tâche à accomplir.

Tanarith se retourna vers ses trois compagnons de voyages:

"Tout est-il prêt pour vous, ou bien désirez-vous vous préparer quelques temps à Fondcombe avant le grand voyages? Fangorn est éloignée dans le Sud, et nos pieds devront oublier les milles. Mais c'est la tâche qui nous est dévolues, nous devons le faire!"

Alors que le conseil était fini, Nârwel avait perdu dans la foule Earnur et Ambremage de vu. Cepandant, il remarqua la sortie tardive de la noble compagnie guidée par Ambremage. Alors qu'il s'apprêtait à suivre l'immense armée qui marchait vers le Nord. L'éclaireur détourna Ërol de sa trajectoire en tirant doucement les rênes à droite. Puis il ralentit le pas quand il passa devant Ambremage et ceux qui l'accompagnait. Posant la main sur son coeur et inclinant la tête, Nârwel Rusc-Îar salua la Dame Milindë et les sages Aiwendil et Bargoduin.

Se baissant vers Ambremage qui avait du l'entendre arrivé, il murmura quelques paroles à propos de la Comté et de l'herbe à pipe. Il espérait arraché un sourire à son ami. Mais se faisant plus sombre il parla de l'Isengard par lequel il avait fait une halte lors de son voyage vers Fondcombe. Puis il leur souhaita de tout coeur de mener à bien leur mission.

Mais déjà Ërol l'enmenait sur la route. Ecoutant doucement la réponse du mage, il lui sourit une dernière fois, bien que le mage ne puisse l'apercevoir.

Et il s'en fut rejoindre l'immense armée des Peuples Libres.

Les quatre marcheurs avançaient lentement, quittant la douce athmosphère de la demeure Elfique d'Imladris et de toute la vallée de la Combe Fendue, quand un ultime adieu leur vint d'un homme qui n'avait certes que peu d'importance sur le plan militaire, politique, et stratégique, mais une importance des plus grandes dans le coeur d'Ambremage. Car il s'agissait là de Narwêl Rusc-Iâr, le fier mais sympathique homme du Royaume du Sud, que Tanarith avait rencontré en arrivant à Fondcombe, il y a bien des jours de cela, alors que le monde paraissant encore calme et serein.

Le vieux mage avait bel et bien entendu arrivé et reconnu son ami, comme celui-ci s'en doutait. Leurs agréable et joyeuse discussion sur la Comté, les hobbits et le fumage de l'herbe à pipe resterait à jamais gravé dans l'esprit du Mage, bien que cela puisse paraître moins noble à première vue que les débats du Conseil.

"Nous nous retrouverons, Narwêl, nous nous retrouverons avant la fin... et nous iront où nous avons parlé de nous rendre, vous savez du lieu dont je vous parles."

Tanarith sourit, tandis que l'éclaireur faisait de même.

"Qu'une étoile vous accompagne sur les routes sombres que le monde présente à vos pieds en ces tristes jours, car il reste de l'espoir et un peu de lumière dans toute cette grisaille. Gardez donc l'espérance, Narwêl! Adieu."

Ambremage se détourna, non sans un regret, tandis qu'Eröl rejoingnait en hâte l'armée Unifiée. L'Isengard était au Sud... il fallait oublier pour un temps les joies qu'Imladris lui avait apporter, et s'occuper du futur plutôt que du passé.

Ils avaient une mission à mener à bien, une tâche à accomplir. Il fallait se battre pour conserver la lumière en ce monde.

L'itinéraire du groupe n'avait pas été défini à l'avance, cependant Ambremage avait sa petite idée, quoique il n'y uet pas un grand nombre de chemins pour se rendre le plus vite possible en Isengard, ou à Fangorn...

"Sans doute nous dirigerons-nous droit vers le Sud, en longeant les Monts Brumeux pendant des jours et des jours, traversant Eregion, que les Elfes-forgerons nommaient jadis Houssaye, puis viendra, plus au Sud, la rivière qui descend des Montagnes de la Moria, qu'il faudra traverser, et une fois cela fait, le territoire de Dun s'ouvrira à nous, ou se refermera-t-il sur nous... j'ignore à présent ce qu'il en est des hommes sauvages qui peuplaient ces régions autrefois hostiles..."

Il se rendit alors compte qu'il exprimait sa pensée à voix haute, quoique pas très fort, et que les trois autres compagnons avaient fait silence autour de lui. Alors il continua ouvertement son discours:

"...mais le fait de contourner ce pays nous écartera de plusieurs lieues, et il faudra ensuite nous rediriger vers l'Est, vers les gués de l'Isen. Mais nous n'en sommes pas encore là, et nous analyserons mieux la situation en temps utile."

En effet, les trois mages et la Dame venaient juste de quitter la vallée de la Combe Fendue: le but du voyage paraissait encore lointain. Ils traversèrent l'un des torrents ronronnant continuellement dans les régions méridionales d'Imladris, et à cet endroit Ambremage dut se faire aider quelque peu par Aiwendil. Maintenant, le groupe attaquait la partie la plus morne du trajet: des étendues sauvages plates et froides à perte de vue...

Le spectacle n'était guerre réjouissant... En effet après les Salles pleines de chansons de Fondcombe s'étendait devant les voyageurs des étendus d'une tristesse inimaginable... Ce n'était pas dévasté...Non c'était juste monotone et d'un ennui enormissime...

La Guerre était toujours plus proche et la tristesse des lieu ne faisait que renforcer l'inconfort mental des voyageurs...

Milindë avançait lentement sur le dos de sa monture sans mot dire... Rustor lui avait confié un livre avant son départ, ce livre traitait semble-t-il de l'histoire de la famille de Mithrandir...Mais Milindë avait la tête ailleurs, non loin du marais des morts pour tout dire...

Ambremage avait quant à lui l'esprit perdu au beau milieu de la Comté, et sa cécité ne l'aidait que mieux à se dépayser de la sorte.

Alors que ses pensées couraient à Longoulet, remontait dans le Nord jusqu'à Lézeau, et, prenant le chemin de Hobbitebourg, finissait par arriver de l'autre côté de l'Eau, le cheval de Tanarith, Longperiple, allait au pas, menant à chaque foulée un peu plus son maître vers le Sud.

Le groupe de compagnons parcourut ainsi de nombreuses lieues, toutes plus déprimantes les unes que les autres, tantôt parcourant de grandes plaines au trot, tantôt menant leurs montures par la bride dans les relief et les endroits peu commodes à traverser; ce fut le cas dans le pays montagneux de Dun, et ce fut en ce lieu que le mage aveugle eut le plus souvent recours à la Dame du Sud et aux deux mages, Aiwendil et Bargoduin, pour ne pas trébucher. Il s'en sortit bien, tout de même.

Une fois passé cette région, ils obliquèrent légèrement leur course vers le Sud-Est afin de gagner le plus rapidement possible les limites occidentales et septentrionnales du Pays des Chevaux...

"L'Isen... fit Ambremage d'une voix rêveuse, comme s'il se remémorait des souvenirs sortant des profondeurs de son âme. J'entends le cours impétueux de la rivière qui descend des Monts Brumeux à leur extrémité Sud, passant tout près d'Isengard et parcourant la grande plaine pour se jeter dans les eaux du Belegaer... La trouée du Rohan s'ouvre devant nous... Le but du voyage n'est plus très éloigné."

Tous s'accordèrent sur le fait que le Mage disait vrai, mais aucun ne put discerner le murmure lointain du cours d'eau. La perte de la vue avait plus d'avantages qu'il n'y paraissait.

Ils continuèrent leur route avec espoir.

Milindë se mit à fredonner, les paroles de Tanarith lui avait mi du beaume au coeur...Aussi se prit-elle a vagabonder dans une plaine verdoyante pour un repos spirituel bien mérité...Mithrandir était là aussi mais il avait l'air exténué et était en piteux état...
Le chemin se continua pendant un certains temps puis Milindë prit la parole...

"L'Isengard...Ce territoire n'est même plus controlé... Les Ents se sont endormis... Qui sait ce qui rode dans leur sommeil ? Il nous faudra être persuasif pour les reveiller une bonne fois pour toute... La tâche s'annonce ardue..."

Elle marqua une courte pause...

"Ne longeons pas de trop pret l'Isengard, je pense que c'est plus sage...Qu'en dites vous Ambremage ?"

De son côté Aiwendil resta silencieux...

Tout en marchant, le vieux sage réfléchit aux paroles de Milindë pendant un long moment, si bien que les deux autres mages crurent que Tanarith avait tout simplement manqué d'ouïe, après son "exploit" de tout à l'heure. Mais il n'en était rien, et il reprit d'une voix lente, mais sûre:

"Nous connaissons le sort de l'Istar maléfique qui résidait jadis dans le clos d'Orthanc... Depuis lors, il est vrai que la léthargie regrettable des Ents a pu ouvrir l'entrée d'Angrenost à d'autres que des créatures arbresques. Cependant, il n'y a pas plus de chance que ces visiteurs soient mauvais qu'ils ne soient, mettons, des Rohirrims. Et il se peut aussi que la terreur des bergers de la forêt ait tenu quiconque à bonne distance de la citadelle, même sans leur activité. Vos paroles n'en sont pas moins sages... nous devrions contourner Nan Curunir en laissant une distance suffisante. Allons à l'Est, par les plaines du Riddermark, et nous remonttrons au nord en temps voulu - vers la Forêt. Après cela, que nous trouvions les Entes ou non, nous devrons nous risquer à pénétrer dans l'antique anneau dans lequel culmine la Tour..."

Le groupe en mission trouva sans grande difficulté les gués de l'Isen, et pour cause: il suffisait de suivre l'Ancienne route du Sud jusqu'à se qu'elle soit coupée par l'Isen, pour la reprendre un peu plus loin et pénétrer en Rohan. Un air s'éleva dans le vent chaud d'un soir d'été...




C'était bel et bien la voix d'Ambremage qui s'était fait entendre. Le retour en vue des forêts provoquait chez lui quelque nostalgie.

Aiwendil resta silencieux, il souriait, longtemps n'avait-il pas eu de compagnie humaine... Mais son regard se rembrunit à la vue d'Orthanc...

"Quelle tristesse que Saroumane autrefois si sage soit tombé dans le mépris et la folie... cette endroit fut luxuriant... Et même si les Ents ont fait du très bon travail on ressent encore la malice de ces lieux... Maintenant je doute du fait que nous devrions y établir une arrière garde des peuples libres..."
"Aiwendil, je pense que c'est le meilleur remède pour cet endroit, la présence humaine de personne qui ne lui feront pas de mal..."
"Cependant les humains sont négligeants envers la nature...Mais vous avez raison un peu de vie à cet endroit pourrait l'aider et faire disparaître ce malheureux souvenir..."

La progression devenait de plus en plus aisée à mesure qu'Ambremage et ses acolytes pénétraient dans les plaines de la Marche. L'herbe douce et verte valait mille fois mieux pour les sabots de leurs montures que les espaces rocailleux qu'ils avaient dû traverser à certains endroits, venant du Nord.

"Je crois, comme la Dame Milindë, qu'une présence d'hommes loyaux et bons serait de loin préférable à l'abscence de tout être vivant. Ainsi les Hommes pourraient achever le travail des Ents; et les exactions de Saroumane, à défaut d'être oubliées, pourraient disparaître en partie. C'est ce que je pense..."

Le rugissement de l'eau derrière eux ne tarda pas à diminuer, puis à disparaître totalement. Ils continuèrent à chevaucher ainsi pendant de longues heures, gagnant en célérité à mesure que le relief se faisait plus favorable, qu'ils approchaient de leur but et qu'un sentiment de tension se faisait sentir, comme si le destin du Nord, d'où ils venaient, dépendait en partie de leur mission et que le temps pressait.

Isengard se dressait à leur gauche, droite et majestueuse, comme une aiguille d'un noir de jai tombée du ciel, qui se serait plantée à l'extrémité méridionale des Monts Brumeux. Elle se trouvait tout de même à une distance respectable. Derrière la tour et un peu à l'Est, la vue se perdait dans une mer verte composée d'arbres aux couleurs hétéroclites mais qui semblaient s'accorder ensemble pour n'en faire qu'une, changeant au fil du vent ou des nuages.

Lorsque les compagnons décrivirent leur situation à Tanarith, ce dernier déclara:

"Continuons un peu à l'Est... Nous ne tarderons pas à obliquer vers le Nord."

C'est ce qu'ils firent.

La route se poursuivit une fois de plus et la compagnie obliqua vers le Nord. Fangorn se trouvait devant eux, sombre masse verte à l'horizon...
Ils y entreraient par la lisière sud...

Aiwendil sifflota et un aigle dessendit se poser sur son bras...

"Adlanno iar mellon nin"

Le rapace s'envola pour reperer les lieux et surveiller les alentours.

Chevauchant rapidement sur le territoire d'Ouest-Emnet, du côté occidentale du cours de l'Entalluve, Ambremage et les autres ne tardèrent pas à aller plein Nord, ne se souciant guère à présent de l'Isengard, lointaine, sur leur gauche.

La lisière méridionale de Fangorn leur tendait les bras, et Ambremage fut agité d'un curieux sentiment à son approche: il avait l'impression de rajeunir, de retourner au passé, aux sources, après une longue abscence.

Ils continuèrent leur course dans une progression monotone mais aisée. Nul son ne venait de la forêt que le léger bruissement des feuilles de la canoppée dans une légère brise. Orthanc, elle, semblait silencieuse, et son clos, déserté. Il devraient se méfier des apparences, toutefois, mais on n'en était pas encore là.

"Tenir la Trouée du Rohan contre d'éventuelles armées venant du Sud serait un avantage certain, ou plutôt un moyen de contrer le désavantage d'être pris à revers. Je parle bien sûr de l'armée que nous avons quitté, de nos frères et de nos amis, au Nord, pour qui un seul combat suffirait amplement. Aussi, étant donné l'importance de notre mission, il serait bon de ne pas éveiller la colère des Ents à notre égard. Soyez prudents, ne pronocez jamais de mots courroucés contre les arbres, bien que, pour certains d'entre nous, ils puissent paraître opressants dans une telle forêt. Ne touchez pas au bois vif et aux barbes pendantes, et tâchons de rester silencieux. Nous arrivons..."

Les arbres se tenaient maintenant tout proches, et l'obscurité semblait rester continuellement sous la voûte du bois. Fangorn n'avait pas d'âge...

"N'ayez crainte Ambremage...je connais bien la nature est loin de moi l'idée de courroucer les Ents...Nous ne sommes pas des Nains, je ne dit aps cela contre eux bien entendu, mais ils sont de ceux à être le plus oppréssés par cette forêt...Quand à Milindë c'est une Elfe, cette forêt la passionnera...Ne vous inquitetez pas, nous ne prononcera pas un mot plus haut que l'autre...Vous serez notre guide en ce lieu car c'est là que vous avez passeé votre enfance..."

Les compagnons continuèrent leur avancée jusqu'a à arrivé à la lisière de la forêt...

"Oui, répondit le mage. Je ne saurais oublier, fut-ce après une abscence de mille ans, les sentiers que je parcourais dans ma jeunesse. Cependant, je n'ai pas parcouru tout Fangorn. Aucun humain, aucun mage ne l'a visité de fond en comble."

Les arbres de l'orée Sud s'élevaient devant eux, grands et imperturbables, renfermant une sorte de pouvoir caché.

Les trois voyageurs levèrent la tête en observant l'entrecroisement des branches, tandis que Tanarith inspirait profondément...

"L'odeur de la forêt et de la verdure vaut plus pour moi qu'une grande nuit de sommeil ou que l'herbe à fumler des semi-Hommes. Les souvenirs émergent en moi, c'était un temps plus heureux, hélas..."

Ils entrèrent, Ambremage en tête, sous la voute inquiétante de la forêt, alors que le soleil déclinait à l'Ouest.

[HRP: Suite à Fangorn]