Le bureau des assignations

Cully arriva d'un pas sûr aux abords de la caserne, qu'il connaissait évidemment comme sa poche, y passant le plus clair de son temps. Néanmoins, on lui avait parlé du bureau des assignations. Ce bureau, était en fait un bâtiment bien à lui. Un bâtiment d'une taille très petite, mais que l'on remarquait au premier coup d'oeil, tant il faisait tâche dans le décor.
Il s'approcha donc de la petite porte qui protégeait l'intimité de la petite masure, et toqua. Une voix dure lui répondit :

" -Entre donc ! Tu ne vas pas passer ta journée devant cette satanée porte !"

Cullyn ouvrit donc, et tomba nez à nez avec un visage, bouffi et empli de cicatrices innombrables. Le jeune soldat recula, surpris et découvrit ainsi un homme de forte carrure, qui le regardait avec dureté. Le soldat ne savait pas trop quelle attitude adoptée face à cet homme de guerre, qui semblait revenir à l'instant des plus durs champs de batailles que la Terre n'est jamais portée. Dans le doute, Cullyn rompit le silence :

" -Hum, bonjour Monseigneur. Je me nomme Cullyn de Sermor, soldat au service de l'Arbre Blanc. Auriez vous une tâche à m'assigner ? Je me ferais une joie de l'éxecuter au mieux... "

Il fit place à nouveau à ce silence, qui devenait plus pesant à chaque instant, attendant une réponse du vétéran...

Le lieutenant n'était pas de bonne humeur. Il y avait des officiers qui aimaient bien travailler au bureau des assignations; il faisait chaud, sec, le travail était peu fatiguant, les heures régulières. L'on pouvait toujours demander à un blanc-bec d'apporter une tasse de thé ou de café...et au fond du troisième tiroir à gauche, il y avait toujours une petite bouteille remplie d'un breuvage ambré aux propriétés...désinfectantes. Un travail facile bien rémunéré.

Le lieutenant Grohnar avait horreur de ca. Il était un homme du champ de bataille, un vétéran. Le combat était dans son sang, depuis des générations. Il n'était pas d'origine noble, mais dans sa famille, l'on servait dans l'infanterie du Gondor de père en fils.

Il y a trois semaines, il avait commandé un détachement de soldats envoyé dans les montagnes blanches pour s'occuper d'un groupement de bandits important. L'escarmouche, bien que victorieuse, lui avait couté un coup de massue dans les côtés, qui lui brisa plusieurs os, et faisait que son crachat était pourpre jusqu'à ce jour là. Une égratignure. Mais ce n'était pas l'avis de ses supérieurs, qui avaient décidé de lui donner le commandement du bureau des assignations jusqu'à son rétablissement. Rah...

Il fut tiré de ses pensées par un frappement à la porte, auquel il répondit de façon assez colérique. Il se calma cependant un peu en voyant le soldat nerveux en face de lui. Il répondit, sèchement mais sans méchanceté:

-Monseigneur? Hah! Ne m'insultes pas! J'ai pas de sang noble dans les veines, et j'en suis fier. Mon lieutenant suffira amplement. Quant à l'assignation...oui..j'ai quelque chose que l'on ne peut confier à la milice...bande d'incapables qu'ils sont. Toi et un autre soldat irez dans le Bas de la Cité, à l'adresse suivante. L'homme qui y habite est un criminel assez dangereux, se spécialisant dans plusieurs domaines assez désagréables, comme l'intimidation, la récupération de dettes, et parfois même l'assassinat. Comme toute personne de ce genre, cet individu sudiste, nommé Malatesta, a des ennemis. Nous avons reçu une lettre anonyme qui dénonce la localisation de ce criminel, ainsi que le fait que dans la cave de sa demeure nous trouverons un cadavre...celui d'une de ses victimes, probablement un autre criminel du bas de la cité. Tu seras accompagné d'un autre soldat, qui attend déjà un compagnon devant l'entrée de la caserne. Ah, et emmenez avec vous le fossoyeur...il s'appelle Deck, ou Duck je crois...quelqu'un doit s'occuper de la dépouille. Voilà un petit bonus pour lui.

Sur ces mots, le lieutenant donna à Cullyn une petite bourse pour le fossoyeur, ainsi qu'un document avec l'adresse du criminel Malatesta.
***

Lorsque Cullyn ressortit du bureau de l'assignation et se retrouva à nouveau dans les rues de Minas Tirith, il fut rejoint par un autre soldat, d'un peu moins de trente ans. Il avait les cheveux blonds très courts, et un sourire charmeur sur les lèvres. Il serra la main de son nouveau partenaire, et dit:

-Je m'appelle Boris, et toi l'ami? Apparemment nous devons attraper un criminel...excitant, n'est ce pas? Mais d'abord il nous faut aller chercher le fossoyeur au cimetière de Rath-Dinên!!

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Voilà un an déjà que l’homme s’était infiltré dans la cîté, remplaçant l’identité d’un infortuné Gondorien. Il était resté discret tout le long, s’épargnant même les considérations de ses supérieurs et évitant ainsi toute promotion. Néanmoins, il avait fait quelques efforts récemment, juste par ce qu’il avait une raison : Il lui faudrait bientôt un alibi pour voyager…

Si seulement il pouvait rejoindre une patrouille. C’était ça ou déserter, quitter son nid qu’il avait peaufiner depuis si longtemps… Cette option n’était pas écartée, il avait la liberté de ne pas exister, s’il disparaissait personne ne pourrait le traquer, les seules personnes connaissant son visage étaient ses ‘collègues’ gardes des murailles (loin d’avoir les pré-requis d’un aventurier).

Quelque part au fond de lui, il avait envie de quitter cette cité qu’il détestait tant… Voilà bien longtemps qu’il n’avait plus d’attaches avec cet endroit et sa haine contenue, qu’on lui interdisait de déferler; lui semblait gâchée dans l'attente d'un ordre… Oui, l’idée de partir à nouveau était tentante.

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