Douce vie, Retraite tranquille.

La hache s'abattait, le bois se fendait, et l'enfant soufflait, avant de recommencer. La femme préparait quelques potions, l'homme assis sur une chaise à bascule aiguisait une lame calme depuis longtemps. Fumant sa pipe sur sa terrasse. Les cheveux grisonnant, Nârwel le temps avait embelli l'ancien combattant. Et depuis son retour à Minas Tirith, il y a de cela 6 ans, ses épaules étaient toujours ceux d'un jeune trentenaire.

Gilmilroth brillait sous le soleil de l'Ithilien, comme le chat s'étalant sur les pierres dorées par l'astre, l'épée tintait de plaisir sous les attention de son maître.

Nârwel leva la tête et aperçut son voisin Gorion dans sa demeure. Il le salua d'un sourire. Ce dernier avait cet étrange Edvin aux basques. Depuis qu'ils s'étaient installés ici avec Maïrwen et Bahrin, dans ce petit patelin d'Ithilien, ils s'étaient liés d'amitié avec le voisinage. Nârwel était heureux, simplement. Entouré de bonnes gens. Sa retraite était tranquille et paisible. Du moins, jusqu'à maintenant.

Maïrwen s'approcha et posa doucement ses mains sur les cheveux de son mari.

"C'est la troisième fois que tu soigne cette épée cette semaine. Qu'est ce qui se passe. Tes nuits sont agitées"

Nârwel ne répondit pas et inspira une longue bouffée de tabac. Fameux tabac. Un ami de La Comté, rencontré alors qu'il travaillait encore pour le Service, même s'il l'on ne quitte jamais le Service, lui faisait parvenir de longue feuille des Herbier de la Comté.

"Daren arrivera bientôt. Je vais préparer la table."

Il posa un long baiser sur les mains de sa femme. Gilmilroth glissa doucement dans son fourreau, avant de retrouver sa place au dessus dans l'entrée de la maison de pierre blanche. Vêtu d'une tunique de coton d'un blanc imacculé et d'un pantalon de toile fine, étrangement, il n'avait jamais quitté ses bottes de soldat depuis toutes ces années. Et seul arme à sa ceinture, héritée de son père comme Gilmilroth, le poignard d'argent affiné de mitrhil ajoutait une touche de noblesse au quarantenaire reposé que Nârwel était devenu.

"Bahrin! Rentre donc, ton parrain ne tardera pas. Va te laver."

Le garçon stoppa son geste et laissa la hache se planter dans le sol herbeux. Torse nu, musclé pour son âge. Bahrin entra dans la maison et savourra la fraicheur intérieure.

"Merci pour le bois. Alfril sera content." dit-il à son fils alors qu'il lui passait la main dans les cheveux.

Nârwel jeta un coup d'oeil vers la grand route qui passait à quelques kilomètre dans une vallée. Un petit nuage de pussière se rapprochait doucement. Nul doute que Daren ne viendrait pas seul. Son aide de camp l'accompagnait n'importe tout.

Nârwel tappa dans ses mains et étira une longue nappe bordeaux sur la table de marbre. Mais déjà les odeurs des cuisines lui chatouillait les narines. Alfril, le majordome de la maison, qui était vite devenu un ami fidèle arriva avec le couvert. Tandis que Lârwin, sa nièce de 15 ans finissait de cuisiner. Nârwel entra dans les cuisines les yeux fermés.

C'étaient une grande pièce, éclairée par deux larges fenêtre. Une grande cheminée accueillait les viandes alors que la jeune femme s'activait derrière deux chaudrons fumant.

"Lârwin Lârwin... ça sent terriblement bon! Tu fait de l'ombre à ton oncle."

Il s'arrêta devant le premier chaudron.

"Cela dit, rajoutons un peu de romarin." fit-il en jetant quelques feuilles dans la marmite.

La jeune fille jeta un regard curieux au romarin. Puis se tournant vers Nârwel elle lui jeta un morceaux fromage.

"Merci monsieur pour les lapins. Je n'aurais jamais su les préparer moi même."

"Remercie ton oncle petite, c'est lui qui m'a appris le sens du mot repas."

Sur ce, il monta à l'étage. Un simple escalier de pierre. Une beauté pure. Il entra dans sa chambre et passa un gilet de cuir. Maïrwen finissait de s'habiller à côté de lui. Et dans le grand miroir, il l'admirait toujours.

Des chevaux entrèrent dans la cour de la maison, et une minute plus tard, Nârwel serrait dans ses bras ce gosse qui devint adulte à la guerre. Mais le sourire du Lieutenant Daren était d'or pour lui et sa famille. Car il en était. Et il rentrait chez lui.

Alors que les retrouvailles explosaient gaïement, Nârwel aperçu une fois de plus Gorion, la plume à la main, sans doute cherchant les mots. Il ne l'avait pas fait pour ce vieil historien à Minas Tirith, peut être voudrait t-il parler avec cet homme. En mémoire de Valdel. Peut être.

- Bon sang mais c'est l'trou du cul de la terre du milieu par ici Daren !! Mais qu'est ce qu'il est venu faire dans un coin aussi paumé ?

Le jeune lieutenant haussa les épaules et écarta les bras, faisant signe qu'il n'en avait pas la moindre idée …

Le capitaine Riven était d'humeur bougonne depuis le matin. Daren et lui étaient parti depuis quelques jours de Minas Tirith pour rejoindre Osgiliath afin d'accomplir une petite mission de reconnaissance et remettre quelques messages à qui de droits. Les deux hommes, sur le chemin du retour devaient également passer en Ithilien pour rendre visite à une vieille connaissance ...

- Vous nous avez perdu hein Lieutenant, avouez ? Y'a rien par ici que des sapins, je vois mal le grand Narwel Rusk-Iâr forestier … Ou peut être sa dernière mission a mal tournée, surement qu'il à du prendre un sacré coup sur la tête !

Daren éclata de rire ...

- Mais non ! Mais p'tet bien qu'oui !

- Je vous serais reconnaissant de vous montrer un tantinet plus clair Lieutenant !

- Hé bien, je ne nous ais point perdu, mon Capitaine … Regardez !!

Daren, tout sourire, tendais son bras en direction d'une volute de fumée avant d'enchainer :

- Et p't'et bien que Narwel à réellement pris un mauvais coup sur la tête lors de sa dernière mission !

Cette fois, c'est Riven qui éclata de rire avant de lancer son cheval au galop …

Effectivement, les sapins se firent plus clairsemés et les deux soldats du Gondor ne tardèrent pas à voir poindre les toits des premières habitations … Et des dernières. Le village n'était guère composé que de quelques masures délabrées. Daren et Riven eurent tôt fait d'en terminer de leur traversée mais le jeune Lieutenant s'arrêta soudain, tendant son bras vers ce qui semblait être une grande et magnifique ferme, un peu à l'écart, protégée par une haute haie …

- C'est là bas Capitaine, youhoooou, j'suis trop heureux de revoir Nârwel et Dame Maïrwen et aussi le jeune Bahrin, mon p'tit filleul ...

Les deux hommes longèrent la haie sur un cinquantaine de mètres avant de déboucher sur un portail en bois fraichement repeint … Daren se montra impressionné :

- Pffffiooooouu ! Il a bien bosser Nârwel ! La dernière fois que je suis passé, tout cet ensemble n'était encore qu'une infâme ruine !

Riven ouvrit grand les yeux avant de répliquer :

- Ben j'en veux bien d'une ruine comme celle là pour terminer mes vieux jours moi !!

Daren sauta de son cheval et ouvrit le portail. Il invita le lieutenant Riven à pénétrer dans la propriété. Ensemble, ils remontèrent à pied, tenant leurs chevaux par la bride, un large chemin de dalle de pierre. Le jeune Lieutenant fût le premier à apercevoir Nârwel, tranquillement installé dans un fauteuil, prenant le soleil sur la terrasse qui encadrait la maison …
Daren s'approcha doucement du fauteuil avant de s'écrier :

- Quelles nouvelles en Ithilien, agent spécial pour l'Arbre Blanc ?

Puis, le jeune gradé se mit au garde à vous indiquant d'une voix toujours aussi forte :

- Lieutenant Daren, à vos ordres !!

Citation :

Des chevaux entrèrent dans la cour de la maison, et une minute plus tard, Nârwel serrait dans ses bras ce gosse qui devint adulte à la guerre. Mais le sourire du Lieutenant Daren était d'or pour lui et sa famille. Car il en était. Et il rentrait chez lui.

- Je suis heureux de te revoir Nârwel ! Tu as vu, je suis Lieutenant à présent ! Riven, heu ... Le Capitaine Riven a été comme un père pour moi, je lui doit tout et a toi aussi ...
Venez Capitaine !!

Riven s'approcha et jaugea du regard l'ex agent de l'arbre blanc puis tendit sa main en disant :

- Nârwel, mon ami, je te ramène Daren. Comme tu me l'avais demandé, j'en ai fait un soldat. Il lui manque encore beaucoup pour prétendre être ton digne successeur mais je dois reconnaitre qu'il y travail courageusement ...

Nârwel oublia Gorion alors que Daren apparaissait devant lui se fendant d'un salut comique faussement protocolaire. Rigolant, Nârwel s'approcha pour le serrer dans ses bras.

"Je suis heureux de te revoir Nârwel !" parvint t-il à articuler sous l'étreinte de son ami.

"Tu as vu, je suis Lieutenant à présent ! Riven, heu ... Le Capitaine Riven a été comme un père pour moi, je lui doit tout et a toi aussi ... Venez Capitaine !!"

Tout sourire, Nârwel serra la main du Capitaine.

"Ravi de vous revoir Capitaine."

Il se recula pour les admirer un peu plus. Deux officiers de Gondor, de belles capes pourpres, des cuirasses d'argent et de bronze. Nârwel n'en avait encore jamais vu de pareil.

"Ce sont de nouvelles cuirasses?"

Des pas précipité résonnèrent dans l'escalier. Jetant un coup d'oeil à Maïrwen qui descendait à la suite de son fils, bien plus calmement.

"Daren ta cuirasse va t'être uti..."

Mais déjà le jeune garçon s'était jeter sur son parrain, les deux bougres éclatèrent d'un même rire sonore.

"Daren!! Haha! Tu as voyager? Tu as des nouvelles de Marach? Tu reste longtemps hein?! Et tu sais quoi, c'est moi tout seul qui est débité le bois du pommier. Et puis..."

Riven s'approcha de Nârwel alors que Bahrin noyait Daren sous un flot de questions.

"Je sais Riven, il a beaucoup grandit depuis la dernière fois." anticipa Nârwel, content d'ôter les mots à un vieil ami.

Les deux hommes rigolèrent de bon coeur. Fairplay, Riven hocha la tête avec ce regard malin qui laissait présager une terrible vengeance. Mais Maïrwen arriva, et le Capitaine la salua. Souriante elle lui rendit la révérence.

Et quand Daren et Bahrin se furent calmé, elle serra doucement Daren dans ses bras, l'embrassant sur les deux joues. Nârwel ramena son fils près de lui.

"Bahrin, tu te souviens du Lieutenant Riven? Le voici Capitaine."

Calmé par la voix de son père, Bahrin serra la main de Riven.

Tous discutèrent encore un peu dans l'entrée alors que Alfril vint récupérer les affaires des deux soldats, qui purent se débarrasser de leur cape et cuirasse. Mais aucun ne laissa son épée au majordome. D'un geste Nârwel les invita à entrer dans un salon confortable meublé avec trois grandes banquettes et deux fauteuils. La grande cheminée était silencieuses, et de fines arches donnaient sur l'extérieur. Dans un coin, au pied d'une petite bibliothèque, se tenait un petit bureau contenant 5 carnet de voyages et un écritoire de bois de chêne. Une plume d'oie restait figée dans le porte-plume qui l'accueillait.

Alors qu'ils furent tous rentré, Nârwel se précipita pour aider Alfril qui peinait sous le poids des cuirasses. Quelques minutes plus tard, le maître de maison et le majordome revinrent, portant tout deux un plateau contenant quelques encas et des rafraîchissements.

Nârwel se laissa tomber sur la banquette aux côté de Maïrwen qui sirotait déjà une infusion glacée.

"Alors Messieurs, quels sont les nouvelles? L'Arbre Blanc est il aussi brillant que vos armures?"

Confortablement installé, Riven se lança dans le récit de ses dernières péripéties, ne manquant jamais de mettre en avant le Lieutenant Daren, narrant avec enthousiasmes les exploits de son jeune protégé.
Imperceptiblement cependant, la voix du capitaine Riven se fit moins forte lorsqu'il en arriva à la conclusion de son long monologue. Profitant que Maïrwen se soit absenté dans la pièce voisine, il souleva quelques points plus délicats …

- Des bruits insistant indiquent une recrudescence de troubles en divers endroits … On ne voit plus les agents de l'arbre blanc en ville ou très rarement… Ils sont mobilisés ailleurs. Ils vont et viennent comme des fantômes, accaparés par des missions toujours plus nombreuses, plus secrètes. Nous en avons parlé avec Daren et la conclusion que nous en tirons est que cela n'augure rien de bon … Il se raconte que …

- Ha merci Maïrwen, oui un peu de sucre merci …

Le Capitaine Riven changea de sujet :

- Depuis la terrible épidémie, tu sais … Malgré les années qui passent, la ville ne s'en est pas encore totalement remise. Il faudra encore du temps pour effacer ce souvenir pénible … Qui n'a point perdu un proche, un ami ?

Daren enchaina :

- Isengard est toujours vide, aucune garnison de Gondor n'y est retourné depuis l'horreur que nous y avions découvert en rentrant du Nord. Ce qui nous inquiète le plus, ce sont ces histoires de …

Le Capitaine fit signe au jeune Daren et lui coupa la parole en s'écriant :

- En tout cas, pour en revenir à ta question, il est indéniable que l'arbre blanc à quelque peu pâlit depuis que le grand Nârwel n'en fais plus partie ...

Nârwel retint un éclat de rire, il n'avait pas vraiment l'habitude des flatteries, mais il leva son verre.

"Au Roi, au Gondor."

Il attendit que les autre lèvent leur verres avant de porter le siens à ses lèvres. Tous, du coin de l'oeil aperçurent Bahrin, qui s'était joint au toast avec son jus de raisins. Le garçon finit cul sec son verre, et prit une grande et bruyante respiration quand il eu terminé alors que tout le monde le regardait avec le sourire.

"Quoi? Qu'est ce qu'il y a papa?"

Maïrwen se pencha vers son fils et déposa un baiser sur sa tignasse.

"Ne t'inquiète pas ce sont de vilains adultes qui se moque de toi." dit elle affectueusement sur le ton de la plaisanterie.

Bahrin retrouva le sourire.

Ils passèrent bientôt à table, Daren était obligatoirement assis à côté de Bahrin. Alfril et Lârwin apportèrent un plats de viande, un morceau du cerf que Nârwel, Alfril et Bahrin avait chassé la journée passé, et un plat de légumes d'Ithilien aromatisé à l'Athelas, Maïrwen trouvait que cela donnait un arrière goût appréciable, alors que Alfril pensait que c'était le meilleur moyen pour que Bahrin en consomme sans grogner.

Le repas se passa bien, ils parlèrent de tout et de rien, ils rigolèrent, et profitèrent de cet instant de paix. Et pour le dessert, alors que le vin était déjà bien entamé. Nârwel invita Alfril et Lârwin à ses joindre à eux. Le vieux majordome le regarda avec des yeux ronds. Nârwel lui avait promis de respecter un semblant d'étiquette pour ce repas. Mais il retrouva bientôt le sourire dès que Daren eut fait une bonne blague. Ils se mirent de nouveau à parler, à rire, et don du ciel, comme Alfril était assis à bavarder avec eux. Personne ne leur apportait de nouvelles bouteilles quand les précédentes se vidaient. Lârwin voulu y remédier, mais Maïrwen, la dernière sobre hormis Bahrin et jeune femme, la fit rasseoir, jugeant que ses messieurs avaient assez but. Même Alfril avait déjà vider quelques verres.

Ils se levèrent donc de table, et même tout sourire et quelque peu joyeux, Alfril les empêcha de toucher le moindre couvert. Prenant en charge avec Lârwin de débarasser la table. Il admis l'aide de Bahrin.

Nârwel, Riven, Daren et Maïrwen s'avancèrent dans le verger qui s'étendait derrière la demeure. Maïrwen bavardait avec le Capitaine devant, laissant Nârwel seul avec Daren. Et reprenant son sérieux, Nârwel lança la conversation.

"Donc, qu'est ce qui vous inquiète le plus Lieutenant Daren?"

Le lieutenant Daren s'approcha d'un arbre dont les branches ployaient sous le poids de ses innombrables fruits. Il se saisit de quelques cerises et se laissa aller à quelques confidences :

- Hum, en fait, je ne suis pas sur que mon Capitaine soit d'accord pour que je te dise cela mais je crois que c'est tout de même important que tu sois au courant ...
Il se trouve que l'on entend de plus en plus souvent parler de troubles … Ce sont des actions ponctuelles, plus ou moins importante qui nous sont rapportées la plupart du temps.

Daren cracha un noyau de cerise avant de reprendre :

- Délicieuses !…

- Soit, lorsque je te disais que Minas Tirith ne s'était jamais vraiment remise de l'étrange épidémie qui l'a frappée il y a cinq ans, c'est précisément parce que c'est depuis cette époque que les troubles perdurent … Le problème est que, bien que ces troubles soient disparates, qu'ils ne se situent jamais au même endroit, que le mode opératoire est à chaque fois différent, nous avons de plus en plus la conviction qu'elles sont liées entre elle … Pour être précis, nous avons des soupçons que tout ceci soit orchestré. Nous avons peut être a faire avec un groupement, une organisation que sais je …

Le lieutenant attendit que Maïrwen et Riven se soient éloignés pour continuer :

On patauge ! Le service de l'arbre blanc ne parvient pas à récolter d'information intéressante … On ne sait pas où chercher, qui chercher … Rien ne filtre, rien de rien ! Pas le moindre début de piste pour nous permettre de savoir si nos soupçons sont fondés ou non.

Il montra son Capitaine du doigt et indiqua :

- Riven ne décolère pas !! Il dit que le service est inefficace et traite tout le monde d'incapable. Il cherche de son coté et je crois savoir qu'il est sur quelque chose mais il n'a pas voulu m'en dire plus …

Le lieutenant s'interrompit pendant un long instant, il semblait chercher ses mots avant de dire ce qui lui tenait vraiment à coeur. Puis, il se lança en insistant bien sur chaque mot :

- Nârwel, je voudrais que tu réfléchisses à l'éventualité de reprendre tes fonctions ! Toi seul peut remettre le service à flot … Je sais que le Capitaine n'est pas venu ici seulement pour me faire plaisir bien qu'il semble m'apprécier … Il a le secret espoir que tu viennent remettre de l'ordre dans tout ça et que tu partes toi même quérir des informations sur ces évènements bizarres …

Daren plongea ses yeux dans ceux de Nârwel avant d'ajouter :

- Il y pense depuis un moment déjà … Ce qui l'a décidé, c'est que les choses semblent s'accélérer, les troubles se font plus rapprochées dans le temps et plus violentes … Comprend moi bien … Je suis si heureux de te voir ici avec Maïrwen et le petit, rien ne me ferait plus plaisir que tu continues à vivre des jours heureux dans ta magnifique ferme mais …

Le lieutenant s'interrompit à nouveau :

- Ha Capitaine vous revoilà ! De quoi parlions nous ? Heu … Je disais juste à Nârwel que Bahrin avait bien grandit ! C'est un solide gaillard comme son père ! D'ailleurs, où est-il ? Ha le voilà la bas …

- Bahrin ?? Attend, tu n'a pas fini ton histoire tout à l'heure ! J'arrive …

Le lieutenant Daren se retourna pour indiquer :

- Je vous laisse tout les deux, veuillez m'excuser mais j'ai mon filleul à divertir ...

L'homme arreta sa monture parmis les sapins, a quelques dizaines de metres du village. Il attacha le cheval a un arbre, et continua a pied, murmurant quelque chose sous son nez crochu. Il portait des vetements de cuir noir, un arc et un carquois pendaient dans son dos.

Il s'arreta devant un sapin de taille imposante, et le regarda longuement. Puis, en montrant ses dents jaunes dans un petit sourire.

L'homme atrappa deux branches avec ses mains recouvertes de gants en cuir, et commenca une escalade agile dans l'arbre. Apres quelques courtes minutes, il se retrouva a une vingtaine de metres du sol, dissimule de tout regard, mais ayant lui meme un panorama clair sur le petit village perdu dans les forets d'Ithilien.

En marmonnant des paroles repetitives, peut etre une sorte d'incantations ou de prieres, il sortit d'une poche un foulard noir, qu'il mit sur son visage, dissimulant ainsi ses traits.

L'homme etait assis sur une branche epaisse, et etudiait attentivement le village de son regard. Son gilet sans manches en cuir devoilait ses bras extremement muscles, malgre sa posture peu impressionnante.
Ses yeux finirent par s'arreter sur un point du village; la cour d'une grande ferme, ou on pouvait voir les silhouettes de quelques hommes.
Il sourit a nouveau, et marmonna:

-Encore plus simple que je ne le pensais...ces infideles sont tellement naifs.

Il sortit son arc avec la delicatesse d'une mere qui porte son enfant, et le caressa avec amour. C'etait une arme magnifique, faite d'un bois noir, solide, et elastique. Il sortit la corde, auparavant dissimulee dans un petit sachet de soie, et l'attacha a l'arc. Il le banda, puis, satisfait du resultat, le relacha et le posa sur ses genoux.
Il prit ensuite deux fleches de son carquois, et les posa sur la branche a cote de lui.

L'homme se mit alors a regarder les silhouettes dans la cour de la ferme, en restant entierement immobile, telle une statue de pierre ou une sorte de gargouille.
Seules ses levres bougaient encore et toujours en marmonnant ses incantations mysterieuses...

Nârwel regarda Daren s'écarter avec Bahrin alors qu'il ramenait ses deux invités vers la cour principale. Il souhaitait montré Ërol à Risen, qui dit on, était fils de palefrenier.

"Il se fait vieux, je ne le monte plus, mais je marche encore de temps en temps à ses côté. J'aimerai qu'il puisse galoper une dernière fois." dit-il en amenant le Lieutenant sous les arcades des écuries. Et donc, quittant la cour un instant.

Les deux hommes y revinrent après un cour instant. Nârwel guidait celui qui fut son fidèle compagnon durant ses sept dernières années. Content de sortir de son enclave, le vieux cheval s'avança trotta doucement sur les pavés de la cour. Au centre du cercle formé par Ërol, Risen et Nârwel souriaient en admirant la robe noire encore brillante sous le soleil de l'Ithilien.

"Risen, repris t-il d'un air plus sérieux. Si vous avez une question à me poser. Faites-le. Nous nous connaissons depuis... depuis 24 ans maintenant."

Nârwel se remémora sa première unité. Le Caporal Risen, Boradir, Hyghir, Earnur,Karlëth, et lui même. Mais il se rappela aussi que le Lieutenant Risen, son ami, avait une question à lui poser. Et déjà, il connaissait sa réponse. Il avait déjà donné pour le Gondor et la Terre du Millieu.

Le soleil déclinait lentement en cette fin d'après midi. L'après midi avait été des plus agréable. Riven regardait la magnifique propriété de Nârwel avec envie ... Et sa femme, si charmante et Bahrin leur enfant, si éveillé ...

Véritablement tout pour être heureux. Le Capitaine Riven hésitait encore. Pourquoi chercher à détruire cette belle harmonie que l'ex agent de l'arbre blanc avait réussi à instaurer. De plus, cette retraite dorée était plus que méritée, eut égard à ses états des services.

Pourtant, quelque chose poussait Riven à parler à son ancien collègue. De plus, l'heure de leur départ avec Daren ne tarderait plus et il était seul avec Nârwel. C'était le moment ou jamais ...

- Tu as raison Nârwel, inutile de tourner autour du pot, nous nous connaissons depuis si longtemps ... Très bien ...

Le Capitaine Riven caressa l'encolure du vieux cheval de son ami, se racla la gorge et se lança :

- Je suppose que Daren t'a touché deux mots de nos ennuis actuels ? Non, ne dit pas non, j'en suis sûr ! Je le connais, il ne sait rien te cacher ...

Riven n'attendit pas la réponse et enchaina de suite pour ne pas mettre Nârwel dans l'embarras :

- Notre jeune Daren ne sait pas tout. D'ailleurs, très peu de gens savent de quoi il retourne à l'heure actuelle. Ces troubles dont il t'a parlé, il se manifeste un peu partout, dans les différents royaume ... Le Rohan rapporte lui aussi des évènements étranges. Le royaume d'Aldarion est lui aussi soumis à des faits bizarres ... Soit, j'ai l'intime conviction qu'il se trame quelque chose de pas clair ...

Les deux hommes s'arrêtèrent de marcher, Nârwel semblait intrigué.

- Le service est en plein brouillard. Il ne réussit pas à récolter la moindre information. Jusqu'à ce que ... J'ai une piste Nârwel, une piste sérieuse, solide ! Il me manque encore certain éléments pour étayer mes convictions et réunir quelques preuves, mais je sais ... C'est pour cette raison que je me demandais si ... Enfin ... Si tu serais disposé à m'aider dans mes recherches ... A reprendre du service, à rejoindre à nouveau l'arbre blanc ...

Nârwel semblait de pas vouloir se départir de son regard interrogateur qui se faisait même plus insistant. Riven savait qu'il n'obtiendrait rien de son ex collègue sans lui en dire un peu plus. Un silence s'installa entre les deux hommes. Riven hésitait à en dire plus avant de finalement opiné de la tête et de reprendre :

- D'accord, d'accord Nârwel ... Je me doutais bien que tu désirerais en savoir plus avant de prendre une décision ... Oui c'est bien normal après tout ...

Riven se mit à parler très vite, relatant les dernières investigations qu'il avait mené cette dernière année. L'emmenant loin de Minas Tirith avant d'en arrivé enfin au point le plus intéressant de la discussion :

- C'est là que j'ai trouvé la clef me permettant enfin avancer. Il n'a pas été assez prudent, assez discret ... Je l'ai suivi un temps avant qu'il ne me repère. Là, je n'avais plus le choix, j'ai tenté de l'arrêter ... Il y a eu lutte et j'ai eu le dessus ... Il portait un étrange tatouage sur l'épaule droite ... Je ... J'ai essayé de le faire parler mais à un moment, alors que nous étions sur un chemin dominant un ravin, il s'est soudain jeté dans le vide et s'est brisé les os vingt mètres plus bas.

- En le fouillant, j'ai trouvé cette lettre dans une de ses poches ... Regarde ce terme étrange ... Canthui ... As tu jamais entendu parlé de cela Nârwel ? J'ai fait d'autre recherche et grâce à elles je peux à présent te révéler certaine chose par rapport à ce mot. Il s'agit de ............'

Riven ne termina jamais sa phrase ...

L'homme au gilet de cuir noir regardait toujours droit devant lui, ses yeux ne quittant a aucun moment les silhouettes des hommes se deplacant dans la cour de la ferme. Il s'adaptait a chaque changement de lumiere, il calculait la force et la direction du vent, la distance... tout cela en marmonnant ses incantations etranges.
Finalement, il prit en main son arc, et une des deux fleches.
L'homme sourit, montrant ses dents jaunatres, et banda son arc.
Ses mains ne tremblaient pas, ses muscles etaient tendus, ses yeux regardaient droit devant lui, sans cligner.
C'etait un proffesionnel, un archer assassin, maitre dans son metier.
Mais, contrairement a la plupart des assassins proffesionnels, celui ci pensait a bien plus qu'a l'argent...

Il se tut soudainement, arretant ses incantations pour la premiere fois depuis une bonne demi heure. Il retint son souffle et...

La fleche vola dans l'air, un messager de la mort rapide comme un eclair.
L'archer savait qu'il avait atteint sa cible meme avant que le projectile arrive a la destination.

La fleche vint se planter dans le coeur du capitaine Riven le tuant sur place, l'empechant de prononcer ses dernieres paroles. Le corps n'avait pas encore eu le temps de s'ecrouler, et l'assassin etait deja en train de descendre de l'arbre, son arc dans le dos, et sa deuxieme fleche cachee dans le carquois.

L'homme s'approcha de son cheval d'un pas rapide mais calme, il ne fuyait pas, il s'eloignait tranquillement apres un travail accompli...

Une minute plus tard seules les traces de sabots par terre et une branche cassee dans le sapin ou s'etait dissimule le tueur prouvaient qu'un humain etait venu ici recemment...

Le sifflement avait duré un quart de seconde. Un quart de seconde avant que la flèche n’atteigne son but et ne prenne la vie de Riven. Un masque d’incompréhension s’afficha sur le visage du Capitaine tandis que ses yeux plongeait une dernière fois dans ceux de Nârwel .

Touché en plein cœur, il vacilla un court instant alors qu’un filet de sang jaillissait de ses lèvres, éclaboussant l’impeccable tunique de Nârwel. Enfin, il expira une dernière fois avant de s’écrouler dans les bras de l’agent de l’arbre blanc …

Le Capitaine Riven emportait avec lui les informations qu’il s’apprêtait à révéler à celui qu’il considérait comme le meilleur agent de l’arbre blanc. Celui qu’il pensait être le plus à même pour recueillir de plus amples informations sur les étranges évènements qui se multipliait, non seulement en Gondor et à Minas Tirtih, mais aussi partout où il s’était rendu cette dernière année.

Qu’allait faire l’ancien agent ? Allait-il chercher à connaitre la signification du dernier mot prononcé par le Capitaine Riven ? Ce mot étrange ‘’Canthui’’ ?

Un vent frais se leva soudainement, au dessus de la ferme de Nârwel, des nuages noirs et menaçants s’amoncelaient rapidement. Un roulement de tonnerre retentit soudain tendit qu’un éclair illumina le visage du Capitaine Riven …

Le hennissement d'Ërol avait couvert le sifflement du trait mortel. Et Nârwel ne comprit que lorsqu'il vit la flèche, figée dans la poitrine de son ami. Dès lors il sut qu'il n'y avait rien a faire, et que Riven était déjà mort. L'ancien soldat pesta contre ses réflexes endormis.

Ërol s'écarta doucement des deux hommes, alors que Daren arrivait en courant. Il poussa Nârwel sur le côté, sans aucune douceur. Le Lieutenant se figea à son tour lorsqu'il comprit que la mort avait déjà prit Riven.

Les premières gouttes tombèrent. Alors que Nârwel projecta son regard vers le Nord-Est, c'est de là que venait la flèche. Il s'était retiré, mais l'assassin venait de le ramener dans le service actif.

"Maïrwen, rentre à l'intérieur avec Bahrin."

Nârwel posa une main sur l'épaule de Daren. Il croisa son regard, un regard qui lui rappela celui qui avait suivit cette gigantesque bataille au Nord des Terres du Millieu. Une lueur enfantine s'éteignit à jamais dans les yeux du jeune Lieutenant.

"Daren, portons le à l'intérieur."

Doucement, et déjà trempés, il portèrent la dépouille de leur ami à l'abri. Et l'étendirent sur une longue table de bois qui siégait au milieu d'un salon rustique accoudé aux écuries. Nârwel alluma une bougie. Et d'un geste douloureux, il ferma plongea ses yeux dans ceux de son vieil ami une dernière fois, avant de les refermer à jamais.

Déjà, Daren réclamait ses armes et une scelle. D'un regard triste, Nârwel le fit asseoir. Une battue ne servirait à rien qu'a effrayer trois biches et un hiboux.

"Nous partons demain. Il faudra que je revoit certaines personnes. Nous irons directement à Minas Tirith."