De Mithlond en Comté

C’est avec des images de lointaines et vertes contrées plein la tête que je me rendis compte que la journée était déjà bien avancée. Nous avions marché longtemps, sans faire de halte, passionnés par nos échanges, et étions désormais assez éloignés des Havres Gris. Je proposais donc à Voronwë de
faire une pause pour nous restaurer.

« Je ne suis pas vraiment doué pour chasser, et j’ai malheureusement perdu mon arc. »

Contemplant ma lance, je me dis qu’il serait totalement impossible d’attraper ne serait-ce qu’un lapin avec ça.

« Peut-être pourriez vous vous occuper de cela, tandis que j’accumulerais du bois pour le feu. Cela vous convient-il ? »

Après avoir obtenu son accord, je me mis donc en quête de brindilles et de bois mort, ce qui se révéla une tâche plus ardue que prévu. Cette région de la Terre du Milieu était relativement humide, et tout était trop vert. C’est pourquoi je dus m’avancer un peu plus loin dans la forêt, et, comme on pouvait s’y attendre de la part d’un Nain au milieu d’arbres, je me perdis.

C’est en tournant en rond afin de retrouver mes propres traces que j’entendis un craquement et une sorte de grognement.

« Voronwë ? »

Je tendis l’oreille, mais les bruits curieux que j’avais entendu une seconde auparavant avaient cessés. On entendait simplement les bruissements des branches, et les murmures étouffés des petits animaux.

Un autre craquement. Cette fois-ci, j’en étais sur. Il y avait quelque chose ou quelqu’un très, très près de moi. Je fis quelque pas, et écartant doucement une branche, j’aperçus… une meute de Wargs !

Terrorisé, je ne sus que faire. Ils avaient l’air de renifler l’air à ma recherche, mais peut-être n’avaient-ils jamais sentis de Nain, et que mon odeur les déconcertait. Toujours est-il que je pus reprendre mes esprits avant qu’il ne me repère. Je fis quelques pas en arrière, et, quand je m’estimais assez loin pour qu’ils ne puissent pas m’entendre, je pris mes jambes à mon cou.

C’est en jetant un regard en arrière, afin de vérifier que les créatures ne me suivaient pas, que je me pris quelque chose de plein fouet. Tombant à la renverse, et le souffle coupé, je mis un certain temps à me rendre compte de ce que j’avais percuté.

« Voronwë ! »

C’était bien mon nouvel ami. Je lui racontais très rapidement ma découverte, et lui demandais conseil. Il saurait surement quoi faire.

Après plusieurs heures de marche, ils firent un petite pause.

« Je ne suis pas vraiment doué pour chasser, et j’ai malheureusement perdu mon arc. »

Un arc?! Pour un nain? Il avait déjà vu nombre de nains mais jamais avec un arc! Cet être n'était pas comme ceux de sa race.

-Cela me convient parfaitement, dit-il gaiment.

Quand il était en voyage ou en mission, c'était toujours lui le chasseur. Il tirait très bien à l'arc. Depuis tout petit il s'entrainait. Le capitaine partit plus loin afin de remplir sa mission. Il était vêtu très simplement pour être plus rapide, l'armure le ralentisse.

Il mémorisa les arbre pour ne pas se perdre et avança arc à la main, corde tendue. Aucun animal, rien, ce n'était pas normal. Subitement il se stoppa, ralentissant sa respiration. Qui était là? il écouta attentivement les bruits de la forêt pour le découvrir. Quand soudain, il entendit des grognements derrière lui. Sans hésiter il se retourna et tira. La flèche elfique transperça l'œil de son ennemi qui tomba lourdement sur le sol.

C'était un Warg! Un petit, il s'était surement perdu en suivant la meute. Mais si un petit était là, la mère n'était pas loin du tout. Voronwë observa attentivement les environs, personne, ni d'oiseaux, ni d'animaux.

-Rômrhun... souffla t-il dans un souffle.

Son ami était en danger, tous ces sens étaient en alertes. Même si il le connaissait depuis peu, le capitaine était près à mourir pour le nain. Et il se sacrifierait sans hésitation. Alors il courut, aussi vite qu'il put. Le soldat n'avait pas courut comme cela depuis des temps immémoriaux!

Après quelques minutes de recherches, il se cogna à quelque chose de petit, il l'avait trouver. Son compagnon lui raconta son aventure.

-Une meute? C'est pire que je le croyais... Il faut partir et vite!

Alors qu'il parlait un immense Warg sortit d'un buisson et fonça sur eux. A une vitesse incroyable Voronwë prit deux flèches dans son carquois et les tira en même temps. Les deux atteignirent la cible. C'était une femelle, sans aucun doute la mère. Comme son fils, elle tomba sur le sol. Avec du mal, elle commença à se relever.

-Cour! cria le soldat au nain.

Ils coururent avec un peu d'avance sur la bête, ils étaient mal partis!!

La peur est quelque chose de... déconcertant... En cet instant précis, alors que le Warg blessé se relançait à notre poursuite, c'était cette peur qui m'habitait. Je sentais mon cœur battre plus vite, mon souffle s'accélérer. Autour de moi, tout devenait flou, et pourtant, je pouvais voir plus loin et plus précisément. J'entendais parfaitement le souffle léger de Voronwë près de moi, et les aboiements de la créature à nos trousses. Mes jambes faisaient le maximum pour me porter le plus loin possible de cette menace, mais lorsqu'on est un Nain, ce maximum ne représentait pas grand chose.

D'autant plus que les aboiements qui nous poursuivaient furent bientôt rejoints par d'autres, mais cette fois ci devant nous! Nous étions encerclés, les Wargs allaient s'emparer de nous. Je me stoppais net, et la peur se changea en une immense volonté.

Je m'étais déjà battu auparavant. Mes amis avaient péri dans cette grotte de Gobelins, mais moi, j'avais pu en réchapper. Ce n'était pas quelques Warg qui allaient me faire peur, d'autant plus que j'étais accompagné d'un valeureux et grand guerrier Elfe.

Des souvenirs de cette grotte me revinrent à l'esprit...

Le gobelin devant moi, puis à mes pieds, et ma lance tachée de sang

J'avais pu, par un insoupçonné miracle, occire un Gobelin qui voulait ma tête. J'étais capable de telles choses! Les Wargs n'avaient qu'à bien se tenir!

Ils apparurent enfin, sortant des buissons et des branches basses qui nous entouraient. Leurs yeux brillaient d'un éclair malveillant, et leur bouche salivait déjà du festin qu'ils espéraient. Certaines de ces bêtes faisaient bien 2 ou 3 fois mon poids... Je les comptais rapidement. 6... Nous allions devoir affronter 6 Wargs à deux. La partie semblait à peu près équilibrée.

"Voronwë, je vous souhaites bonne chance, et vous dit à tout à l'heure."

Je saisis ma lance, si fort que mes jointures blanchirent. Puis, après une grande inspiration, je me préparai au choc, avec une volonté qui m'aurait fait pâlir moi même si je m'étais vu.