Un sombre endroit pour des sombres nouvelles...

Pendant une brève seconde, un souffle, un clin d'oeil, le Démon Noir fut déstabilisé...pour la première fois depuis le début de ce combat. Si cependant on admet qu'il y avait quelque chose de stable dans cette créature des enfers.

Balthazar s'élança. Rapide comme une vipère. Comme une flamme. Trop lent. Deux lames mordirent sa chair...Kaya et Nerthag goutèrent enfin au sang du diable. L'épée du maréchal laissa une blessure profonde dans l'épaule droite de Balthazar. Nerthag s'enfonça profondément dans le bas de sa poitrine.

Il réagit. Immédiatement. Un puissant coup du pommeau de son glaive noir atteignit la mâchoire du maréchal. Le Rohirrim affaibli vacilla en arrière, trébuchant sur le corps inerte d'un Enfant de Balthazar; un dernier service de l'ordure à son maitre. Gallen s'écroula lourdement, le goût métallique de sang dans la bouche.

Nerthag était planté profondément dans la chair du Démon, et ce dernier n'allait pas laisser à Puma le temps de l'arracher. La chaine brûlante s'enroula autour des jambes du Passeur tel un serpent, le faisant tomber par terre, dépourvu à présent de sa lame, toujours plantée dans le corps de Balthazar.

Le sang sombre coulait de l'épaule du Démon, de sa poitrine, de sa bouche...Ses yeux noirs et terribles, remplis de démence, se portèrent sur les deux hommes à ses pieds...


Il aurait pu les achever à ce moment là...mais il ne le fit pas. Non, ce n'était pas la façon d'agir du monstre.

La Mort...haha...comment oses tu prononcer le nom de la plus puissante des déesses?! Tu ne sais pas à qui tu parles, misérable mortel, ahah...j'ai été jeté dans le gouffre...par l'héritier d'Isildur...je revins...la douleur...elle perdit tout son sens sous les outils du bourreau Radamanthe...ahah...oui...car c'est ce qui se cache sous la toge du plus fidèle conseiller du Haut Roy..un bourreau. Lui et Méphisto..ahah...oui..ce sont eux qui me créèrent tel que je suis...Vous ne savez rien sur la douleur. Rien sur la mort. Rien...vous verrez. Vous...verrez.


Le sang coulait de plus en plus abondamment des blessures de Balthazar le Noir. Oui...même ce monstre ne pouvait résister sa déesse. Pas éternellement. Puis...

Le Démon Noir commença à murmurer, puis prononcer de plus en plus fort, des paroles dans une langue sombre et horrible. L'air semblait devenir de plus en plus chaud autour de lui, et un aura d'obscurité pure l'entoura...et puis...soudainement...les flammes s'emparèrent de lui. Le dévorant de l'intérieur, l'entourant, le transformant en un éfrit terrifiant. Sa peau brûlait, et ses paroles se transformèrent en un rire...un rire si terrible...si inhumain..






Il attrapa Puma, qui tentait à présent de se relever, et le plaqua violemment contre le mur. La main enflammée de Balthazar brûla l'avant de la tunique de passeur, pressant à présent contre sa poitrine, lui causant une douleur terrible.

Et il riait, encore et toujours...oui. L'adepte de la Mort et du Feu avait rendu un dernier hommage à ses maitresses. Ne pouvant survivre ses blessures, il se livra entièrement aux flammes, les laissant dévorer son corps. Chaque homme se serait écroulé à terre, essayant d'éteindre le feu, perdu dans la douleur inimaginable. Mais il n'y avait plus rien d'humain dans Balthazar le Noir. Plus de pitié. Plus de douleur. Plus de faiblesse. Juste une volonté incroyable. Une volonté à semer le mal. A tuer.

#Balthazar

Gallen avait été surpris, sa feinte avait fonctionné. incroyable, Kaya avait goûté le sang du monstre. Hélas ses appuis trop faibles ne furent pas assez solides et le rohirrim reçut le pommeau du glaive sombre. A nouveau un filet de sang rubicond suivit la chute du maréchal.
La chute du rohirrim fut accélérée par le corps d'un des agents sombres. Gallen tomba de tout son long. Le cavalier du Rohan avait la main serrée sur son arme de prédilection tel un naufragé accrochée sur un épave.

Avec difficulté, Gallen se redressa sur son coude gauche et il ne put croire ce qu'il vit. Avec rapidité le champion du Rohan essuya ses yeux brûlants. Devant lui le monstre se transforma en torche vivante. Incroyable, une magie funeste était en marche devant lui. Jamais Gallen n'avait vu de la véritable magie sauf lors de l'enterrement de feu le souverain Thénéor lors de l'épisode Chrystamas.

Mais cette fois, un mortel ou du moins le rohirrim le supposait, utilisait un sort maléfique. Gallen aperçut son compagnon d'arme Puma enchassé dans les bras enflammé du monstre.

Dans un ultime effeort, Gallen prit Kaya par le pommeau. Il visa un mon instant et son bras se déplia avec force et Kaya avide de sang, vola dans un trajectoire droite et tendue ver le dos de Balthazar.

Le maréchal retomba sur le sol, les bras ballants. Le rohirrim toussa, emprisonné par la fumée acre et noire. Il n'avait plus de force, il ne saura pas si sa fidèle compagne fauchera le monstre de la Cité Blanche.

Gallen sentit l'ombre tomber sur lui, sa pensée alla vers son épouse Farma. Il n'avait pas peur, il se doutait qu'il mourrait au combat.Sa déceptio était de ne pas sentir une dernière fois le vent froid du Riddermark.

C'est donc ici qu'il mourrait ????

Leur stratagème avait fonctionné, leurs armes avaient bu du sang du Démon. Mais malgré cela, la victoire n'était pas encore là, le coeur de cet homme ne s'arrêterait donc jamais ? Fallait-il lui couper la tête ? Et bien soit...
Le maréchal fut jeté face contre terre puis se fut autour du Fantôme qui, lui n'ayant pas été blessé outre mesure jusqu'ici, se releva promptement. Mais entre l'instant de sa chute et celui où il se relevait, Balthazar s'était mué en un démon de flammes, ne ressentant plus rien du tout.

L'arbalète était proche... son bras se tendit vers elle, l'arme de mort de prédilection du Khandéen. La chaleur s'intensifia soudain pour Sirion, ses yeux furent alors noyés dans les flammes rougeoyantes du Démon. L'arbalète resta seule sur le sol, son maître agrippé par une main de feu. Le choc contre la paroi rocheuse fut terrible, les reliefs acérés arrachèrent des lambeaux de chair au Fantôme mais ce qui atteint vraiment l'Agent d'Arnor se fut l'intense douleur que provoqua la main incandescente de Balthazar, riant aux éclats. Sa main aplatie sur le torse de Sirion brûla instantanément le devant de sa tunique, laissant apparaître sa poitrine. Une odeur de chair brûlée envahie les narines de l'aîné des Ibn-Lahad et enfin un cri de souffrance que peu avaient pu entendre dans leur vie s'échappa de sa gorge asséchée. Sirion était entre le marteau et l'enclume, la roche et le feu, le Démon avait vu sa force décupler, un dernier baroud'honneur dans lequel il essaierait d'emmener d'autres âmes dans le Néant...

Il essaierait.

Les pieds du Fantôme touchaient à peine le sol, il ne pouvait pas retenir le bras de Balthazar avec ses mains sous peine de brûler ses paumes à jamais. Sa cage thoracique lui faisait de plus en plus mal et bientôt des cotes se fracturaient s'il ne faisait rien. Ses genoux heurtèrent alors quelque chose... le pommeau de Nerthag, la lame était toujours enfoncée dans le ventre de Balthazar qui ne s'en souciait même pas ! Quelle chance ! Il fallait attirer son attention sur autre chose.

D'un aller-retour rapide de la jambe droite, Sirion frappa de toutes ses forces dans le genou du Démon, dans l'espoir de le briser ou du moins de l'occuper. Aussitôt, il s'empara des deux mains de Nerthag, tentant par tous les moyens de la retirer du corps en feu. Mais la douleur causée à son genou accentua l'étreinte de Balthazar sur le torse de Sirion : faire encore plus mal à autrui pour ne plus avoir mal, lui. Nerthag fut alors libérée du corps sanguinolent de leur ennemi. Un cri indiscernable jaillit de la bouche du Démon, mêlé de rire et de douleur, rendant le bruit terrifiant. Peut-être que ce cri était lié à la seconde lame qui venait de transpercer le corps du monstre : Kaya, la lame du Rohan dont l'extrémité apparaissait désormais aux yeux de Sirion.

Il fallait agir rapidement s'ils voulaient en finir avec ce reste d'homme, le bras armée du Fantôme se leva à l'horizontale sur sa droite, à la hauteur du cou de Balthazar... La chair brûlée sur son torse le tirait horriblement. Puis il frappa, espérant trancher la tête du Némésis du Gondor.

Les yeux de Balthazar étaient tels deux gouffres noirs dans un visage en flammes. Par magie ou volonté d'esprit, le feu consommait son corps avec une lenteur terrible, bien que ses vêtements avaient déjà presque entièrement disparus, et sa peau était devenue toute noire à certains endroits.

Une course désespérée contre le temps avait commencé. Qui allait céder le premier? Sirion Ibn Lahad ou Balthazar le Noir? Il n'y avait pas de doute dans la tête du démon. Il poussa. Encore. Plus fort.

-Inclinez vous devant la puissance des déesses du feu et de la mort, ahah!

Mais la volonté des passeurs était de fer. Ils avaient une cause, contraire à celle du Démon Noir. Et leur courage résistait aux flammes. Les deux hommes, si différents mais alliés dans leur désir de protéger la Terre du Milieu, firent un dernier effort. Balthazar devait mourir.

***

Balthazar ne ressentit même pas le coup de pied qui faucha son genou. Comparé à la douleur des flammes mordant chaque centimètre de sa peau, ce n'était rien. Mais cela suffit pour le déstabiliser pendant un court instant, faiblissant sa prise sur la poitrine du Passeur.

Un jet de sang bouillant sortit de sa bouche lorsque Kaya mordit sa chair encore une fois, s'enfonçant profondément dans son corps brûlant. Une brume rouge apparut devant ses yeux, et il sentit Sirion arracher Nerthag de sa chair, ouvrant une plaie immédiatement cautérisée par les flammes qui le dévoraient. Il s'apprêta à pousser. Plus rien ne pouvait l'arrêter...la Mort? Il rejoindrait volontiers sa maitresse. Mais il comptait prendre Sirion avec lui.

***

Les flammes se réfléchissant dans la lame noircie de Nerthag furent la dernière chose que le Démon Noir vit. La lame traversa son cou, la tête de Balthazar tomba, émettant un dernier rire horrible.


***

C'était fini. Le corps puissant du Démon, à présent démuni de la volonté d'esprit incroyable, fut dévoré par les flammes avec une rapidité terrible, ne laissant que des cendres. La tête de Balthazar, quant à elle, était noircie mais toujours entière...les Passeurs la regardèrent avec une fascination étrange, cherchant peut être une trace d'humanité, une grimace de peur, de doute ou de douleur sur le visage du défunt. Mais non. Un rictus cruel et moqueur et des yeux noirs. Vaincu, mais fidèle à sa folie. Fidèle au Mal.

***

Les flammes tout autour des Passeurs commençaient à s'éteindre, dépourvues du pouvoir surnaturel de l'Adepte de la Mort et du Feu qui les alimentait pendant si longtemps...La fumée se dissipait, mais l'air était toujours brûlant.

Kaya et Nerthag étaient noircies par les flammes, leurs lames endommagées par la chaleur. En souvenir de leur proie la plus puissante.


#Balthazar