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 L'âme sûre ruse mal

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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L'âme sûre ruse mal EmptyVen 11 Jan 2013 - 2:24
Ah...Al'Tyr...Enfin nous y étions.

Il nous avait fallu traverser quelques turbulences, mais globalement nous avions réussi à éviter le plus gros du danger. Enfin...Il avait fallu faire usage d'un peu de persuasion auprès des émissaires de Radamanthe, qui s'étaient montrés peut-être un peu trop zélés. De pathétiques techniques d'assassinat fonctionnaient certes bien contre des mercenaires - et encore... - mais contre un espion entraîné, ils passaient carrément pour des amateurs. Enfin... Je m'étais réveillé avant Agathe, ce qui m'avait permis de nettoyer un peu la saleté. Lorsqu'elle avait émergé, elle n'avait proprement rien remarqué, sinon l'absence de notre ami...et la présence de son cheval. Je lui avais sorti une excuse pathétique en lui disant que Tolvir était parti à pied, et qu'il nous avait gracieusement laissé sa monture. Elle m'avait regardé comme si je lui sortais une mauvaise histoire, mais que pouvait-elle prouver ? Le corps dudit gars devait flotter dans la rivière dans laquelle je m'étais abreuvée, et vu la vitesse à laquelle il était parti, il devait être loin maintenant. Et nous, nous avions un cheval. Quelle aubaine ! Elle m'avait harcelé de questions, mais je lui avais resservi la même soupe encore et encore, à tel point qu'elle avait fini par se taire. Guère convaincue, mais dans l'impossibilité de se faire une idée.

Nous avions ensuite fait halte à Djahar'Mok, où nous avions vendu le cheval et acheté des provisions avec l'argent gagné. J'avais fait en sorte qu'Agathe portât en permanence un tissu cachant ses cheveux et son visage, et une fois en ville, je l'avais consignée à sa chambre d'auberge, de sorte à pouvoir traiter sans risque mes propres affaires. Officiellement, c'était pour des raisons de sécurité, car je ne voulais pas que nous empruntions la même identité pour traverser jusqu'à Al'Tyr. J'avais fait semblant d'aller acheter des vêtements pour nous déguiser, tandis qu'en réalité, je déposais un message à l'attention de mon contact :

Citation :
Flamme marche et déteste la tête. On veut éteindre le feu mais pas d'eau et la bourse est vide. Pas de grand soleil. Le vent souffle doucement en tête. Le voyageur sera le prochain brûlé.

J'avais très attentivement surveillé nos arrières, pour voir si je n'étais pas suivis, mais il ne semblait y avoir personne à mes trousses, fort heureusement. J'avais déposé mon courrier là où je savais que mon contact allait le retrouver, et entreprit de me changer à l'abri d'une ruelle, dans le renfoncement d'une porte. C'était un exercice toujours très périlleux, car il fallait que le costume fût crédible tout en n'attirant pas trop l'attention. J'avais acheté des vêtements de qualité, même si cela avait encore entamé mon budget, pour incarner un homme d'un certain rang. Non pas un marchand opulent, mais plutôt une sorte de noble en manque d'argent. Cela expliquerait mon air hautain, et justifierait ma piètre richesse. Fort bien. Je m'ajoutai des cheveux, ainsi qu'une barbe postiche, et une fois satisfait du rendu que le miroir miniature que j'emportais partout me donna, je me lançai dans les rues en quête d'Agathe.

Elle avait - pour une fois - écouté mes conseils, et était restée sagement assise à ne rien faire, ou plutôt à pester après moi, très probablement. Je ne vins pas frapper à sa porte, pour ne pas attirer l'attention de l'aubergiste qui m'aurait peut-être reconnu. Au lieu de quoi, j'allai délicatement frapper à sa fenêtre, à l'aide d'une pierre de belle taille. Elle rebondit sur la vitre sans la briser, fort heureusement, et quelques secondes plus tard, sa silhouette apparut. Elle ouvrit et se pencha sur le balcon. Sans savoir d'où me venaient ces mots, je lançai :

- Quelle lumièrre jaillit par cette fenêtrre ?

Elle haussa un sourcil interloqué :

- Pardon ?

- C'est du théâtrre...Enfin, je crrois...Descendez vite !

Cette fois, ce furent ses deux sourcils qui se haussèrent simultanément, comme sous le coup de la surprise et de la compréhension subite d'une chose qui jusqu'alors lui était demeurée cachée :

- Salem ?

- Descendez vous dis-je !

Elle referma le battant, et s'empressa de ramasser nos maigres possessions. Deux minutes plus tard, elle se tenait en bas à mes côtés, les bras écartés et la mine à la fois surprise et ravie. Un grand sourire étirait ses lèvres, mi-moqueur mi-admiratif. Je ne savais quelle moitié m'effrayait ou me dérangeait le plus.

- Salem ! Cela vous va si bien ! Pourquoi ne pas vous habiller comme ça plus souvent ?

Je l'invitai au silence d'un geste du doigt, et l'entraînai avec moi en direction des quais. Nous devions prendre la mer rapidement, pour gagner Al'Tyr tout aussi rapidement. Le delta de l'Harnen ne poserait pas de problèmes, mais je préférais éviter de traîner dans une ville où pouvaient traîner des hommes de Radamanthe. Se battre dans cette tenue serait inconvenant. Décidément, je collais bien à mon personnage. Je marchai d'un bon pas pour simuler un empressement qui n'était pas aussi feint que je voulais bien le croire, car j'avais un mauvais pressentiment quant à cette ville. S'attarder par trop longtemps ne nous apporterait rien de bon. Nous filâmes prestement, et arrivâmes bientôt à proximité de l'eau. Peu de navires, contrairement à Umbar, mais beaucoup de petites barges qui effectuaient la traversée en quelques heures à peine. Formidable, il n'était pas encore midi. Déjeuner à bord, débarquement en début d'après-midi, puis nous aurions tout le temps de poser nos valises et d'organiser la suite du périple, après avoir profité d'un repos bien mérité. J'expliquai rapidement ce plan à Agathe, qui sembla ravie de la tournure que prenaient les évènements. Surtout la petite escapade sur l'eau, qui semblait l'enchanter. Avait-elle guéri son mal de mer, depuis la dernière fois ? J'allais bientôt le savoir.

Nous arrivâmes devant les docks, et j'étais sur le point d'expliquer à Agathe que j'allais devoir simuler un mutisme pour ne pas me trahir à cause de mon accent, quand un homme trop joyeux et trop dynamique pour être honnête nous accosta, avec un enthousiasme exubérant qui avait le don de m'irriter. Mais je n'avais pas eu le temps de mettre au point un code avec Agathe, aussi espérai-je qu'elle allait débloquer la situation à ma place :

- Mademoiselle pleine de charme, et monseigneur plein d'élégance, laissez-moi me présenter je suis Mosi, batelier de son état, et je suis prêt à vous emmener jusqu'à Al'Tyr si vous le souhaitez pour la modique somme de cinquante pièces, rien que cela. Je vous garantis confort et intimité sur ma barge, certes petite, mais adaptée pour ceux qui ne désirent pas être dérangés. Mes seigneurs, si la traversée vous intéresse, acceptez sans hésiter, vous ne trouverez pas une meilleure opportunité dans tout Djahar'Mok, je vous le garantis !

Il parlait beaucoup, il parlait fort, et il avait un sourire absolument insupportable sur le visage. Enfin, je ne pouvais pas dire grand-chose, car j'avais affiché le même sur mon visage, en relevant même les sourcils, feignant un air intéressé. J'étais tellement sceptique par rapport à son manège que j'étais surpris qu'il ne vît pas que je n'en pouvais plus. Cependant, cantonné que j'étais à mon rôle de muet, je me tournai vers Agathe avec un regard qui signifiait "passons notre chemin, ce type me paraît louche". Mais le batelier devait l'interpréter comme : "qu'en penses-tu, il me semble bien ce garçon ?". J'eus la désagréable surprise de constater qu'Agathe semblait comprendre "prenons-le, il a l'air parfait !". Elle afficha une moue interloquée en voyant que je ne répondais pas, mais parut croire que je lui laissais pour cette fois l'occasion de décider. Avec un sourire de gamine satisfaite, elle déclara :

- Mosi, nous acceptons votre offre ! Nous souhaiterions partir au plus tôt.

J'ignore comment ils firent pour ne pas voir mon exaspération. J'avais l'impression de vivre dans un cauchemar où personne ne peut vous voir, où vous êtes seul. Quelle plaie !

- Nous pouvons partir dans la seconde, gente dame. Puis-je prendre vos bagages ?

Je lui tendis sans grande conviction nos sacs, et adressai un regard contrarié mais résigné à Agathe. Elle me regarda avec une pointe interrogation, comme si elle voulait dire "quoi ? J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?". Bien entendu qu'elle avait fait quelque chose qui n'allait pas ! Outre le fait de dépenser allègrement mon argent, alors que nous aurions pu voyager sur une barge deux fois moins chère, elle avait confié notre sort au plus loquace et au plus insupportable des commerçants. Comment faisais-je pour ne pas exploser ?

Nous embarquâmes rapidement, sur un rafiot qui à défaut d'être grand semblait propre et en bon état. C'était au moins ça. Le capitaine - et le simple fait de l'appeler ainsi après avoir côtoyé les Seigneurs Pirates d'Umbar était une preuve des efforts que je devais fournir pour être sympathique - nous fit faire le tour du propriétaire, ce qui ne nous prit guère de temps. Nous avions à notre disposition une cabine confortable, dans laquelle nous avions le droit de nous reposer à notre guise, à moins que nous préférions circuler sur le pont pour profiter de l'air frais. J'avais levé le nez et regardé les nuages noirs qui s'amoncelaient dans le ciel avec un scepticisme à peine dissimulé. Agathe m'avait pris par le bras, et m'avait enjoint à ne pas faire d'histoires. Elle avait un don pour voir les choses du bon côté, elle. Toujours sans un mot, je pénétrai dans la petite cabine, alors qu'une fine pluie commençait à tomber. Le batelier nous salua de la main en nous souhaitant de profiter du voyage. J'étais heureux qu'il ne traînât pas dans nos pattes, et qu'il fût trop occupé à piloter son engin pour venir nous déranger.

Agathe était comme une princesse ravie, s'attardant sur les moindre détails, savourant même le confort que procurait l'unique lit qui se trouvait dans la cabine. L'unique lit ? Je soupirai perceptiblement, et l'ancienne esclave se tourna vers moi, comme peinée par mon manque d'enthousiasme.

- Qu'y a-t-il Salem ? Vous semblez irrité depuis tout à l'heure. Et même cette barbe et cette perruque ne cachent pas votre air de cochon grognon.

- Je prréférrais encorre quand vous m'appeliez maîtrre.

Elle haussa les épaules, éludant de ce simple geste tout ce que j'avais pu mettre comme méchanceté dans ma remarque, faisant par là même retomber ma colère. Elle avait le don de me rendre ridicule quand elle le voulait, et de désarmer chacune de mes estocades, pour peu qu'elles fussent peu sérieuses. Revenant à des considérations moins conflictuelles, elle désigna le lit du menton :

- Il n'y a qu'un seul lit, vous aviez remarqué ? Quel côté voulez-vous prendre ?

Ce fut à mon tour de hausser les épaules, ce que je fis sans me faire prier. Et ce n'était pas pour lui signifier que j'étais indifférent à sa question, mais bien pour lui démontrer qu'elle n'avait pas lieu d'être :

- Le voyage n'est pas long. Je dorrmirrai parr terre.

- Allons, Salem, ne soyez pas aussi grincheux. Il y a assez de place pour deux, et je ne mords pas.

Je fronçai les sourcils. Pourquoi insistait-elle autant ?

- Je serrai très bien surr le sol, Agathe.

Elle éclata d'un rire bref, et revint à notre conversation :

- Allons bon, on dirait que je vous dégoûte au point que vous ne puissiez supporter une telle proximité. Ne me trouvez-vous pas attirante ?

Je faillis répondre, mais je ne sus quelle posture adopter. Lui dire qu'elle n'était pas attirante était un mensonge éhonté, qui aurait eu le don de la blesser et de la fâcher contre moi. Son comportement aurait pu en être bouleversé, et pour le bien de ma mission, il fallait que nous restassions en bons termes. Mais d'un autre côté, lui dire qu'elle était attirante, ou plutôt que je la trouvais attirante pouvait avoir des conséquences encore plus dramatiques sur la suite des évènements. Je choisis de ne rien dire, ce qui était peut-être pire pour elle sur le moment, car son imagination allait tourner à plein régime, mais au moins elle resterait dans le flou. C'était l'essentiel. Devant mon absence de réponse, elles 'empourpra. Je discernai dans ses yeux une confusion plus grande encore que je l'avais escompté, ce qui eut pour effet de me perturber.

- Pardonnez-moi, Salem. Je n'aurais pas dû vous demander ça. C'était déplacé.

Je levai la main pour l'apaiser, et répondit :

- Ne vous en voulez pas. Et puisqu'il faut que je prrenne un morrceau de ce lit pourr vous prrouver que vous ne me dégoûtez pas, je choisis la drroite.

Elle me lança un petit sourire presque d'excuse, mais n'ajouta mot. C'était probablement mieux ainsi. Je fis une sieste qui me parut fort agréable, car le lit était somme toute assez confortable. Cela changeait de la route que nous avions arpentée des jours durant, et les choses risquaient de se compliquer encore par la suite. Le capitaine vint toquer à notre porte, nous réveillant en douceur, pour nous annoncer à travers l'huis que nous étions à proximité des côtes, et qu'il fallait nous préparer pour le débarquement. Je me levai rapidement, et vérifiai mon maquillage dans un miroir proche. Après quelques menus ajustements plus esthétiques qu'autre chose, je m'estimai prêt à sortir. Agathe avait remis de l'ordre dans sa chevelure, et s'était étirée longuement, avant de hisser le sac sur ses épaules, et de grimper sur le pont. Je la suivais de prêt, désireux d'analyser notre arrivée à Al'Tyr. La ville grossissait à vue d'œil, et le fourmillement des navires offrait un spectacle assez intriguant. Il faisait étrangement sombre, probablement à cause des nuages, et cela rendait l'agitation encore plus mystérieuse.

Ah...Al'Tyr...La ville des Ombres, et c'étaient précisément les Ombres qui nous accueillaient. Je fis un effort pour y voir là un signe encourageant.

#Ryad #Agathe


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L'âme sûre ruse mal EmptySam 12 Jan 2013 - 17:19
Le feu crépitait doucement dans l'âtre qui se situait non loin, et qui réchauffait agréablement l'atmosphère de l'auberge dans laquelle nous avions décidé de nous arrêter. L'endroit était bondé, mais c'était peut-être mieux ainsi. Nous passerions très probablement inaperçu, car tout le monde semblait absorbé par ses petites affaires, et si quelqu'un avait voulu nous espionner, il aurait fallu qu'il se tînt tout près...trop près pour que je ne remarquasse pas sa présence. J'avais commandé un repas frugal, que j'avais avalé rapidement mais sans grande conviction. Agathe avait davantage d'appétit, après notre petite escapade en mer, et elle semblait apprécier ce qu'on lui avait servi. C'était déjà une bonne chose. J'avais mis de côté mon propre plat, nettoyé quelque peu la table, et sorti un nécessaire d'écriture, pour rédiger une lettre. Ma compagne de table m'avait regardé avec un air surpris, et s'était même permis de me demander à qui je l'adressais. Je levai les yeux dans sa direction, puis regardai brièvement la salle :

- Ah...dit-elle. Vous ne pouvez pas me le dire.

Un léger hochement de tête fut tout ce qu'elle obtînt comme réponse. Il fallait éviter d'attirer l'attention sur nous, et plus nous allions progresser, plus les risques allaient être grands de se faire repérer. Celui qui s'écartait ne serait-ce qu'un instant de la voie à suivre, dans ce métier, mettait sa vie en danger. Il fallait faire preuve de professionnalisme, et de concentration si l'on ne désirait pas finir torturé et tué après avoir souffert le martyr. Agathe continua donc à manger, et je continuai pour ma part la rédaction de ma lettre. Il n'était guère aisé de choisir mes mots dans une telle situation, d'autant que je ne connaissais pas mon interlocuteur, et que je ne pouvais pas être certain de sa réaction. Il fallait que je sois à la fois poli et ferme, courtois mais clair, de sorte que rien ne vînt contrarier les plans de Taorin. Guère aisé. Je m'étais arrêté à l'en-tête : "A l'attention de Anwar Abu Taymour Al-Kâtib, de la part de l'envoyé de son Seigneur". Si c'était bien un Chien, il reconnaîtrait immédiatement Taorin à la mention du Seigneur, et si j'étais envoyé par lui, alors il pouvait me faire confiance. Je trempai ma plume dans l'encre, et commençai à gratter, m'arrêtant de temps en temps pour réfléchir. Cela me prit une petite dizaine de minutes, avant d'être pleinement satisfait de ma production. Je la relus pour être certain de n'avoir rien omis :

Citation :
A l'attention de Anwar Abu Taymour Al-Kâtib, de la part de l'envoyé de son Seigneur,

C'est avec grand regret que je dois vous annoncer que des contraintes extérieures m'interdisent de vous rencontrer en personne pour traiter des détails de notre affaire. Je vous fais cependant parvenir cette lettre de Djahar'Mok, en espérant qu'elle vous parvienne dans les plus brefs délais.

La situation évolue vite, et nous sommes dans l'obligation de nous presser. J'ai eu vent de ce que vous aviez su obtenir la coopération de qui de droit, et je vous adresse mes plus sincères félicitations pour ce brillant succès. Néanmoins, désormais que nous sommes d'accord, il nous faut agir. Les objectifs sont ceux que vous devinez, et je suppose que vous comprenez que le concours de nos partenaires est absolument indispensable pour le bien de tous. Dites-leur que nous rentrerons en contact là où nos chemins se croiseront, et que nous avons grand besoin de leur soutien.

Puissions-nous aboutir à une issue heureuse.

Mes plus sincères salutations,

Un digne serviteur de votre Seigneur.

Cela me semblait assez sibyllin pour qui n'était pas au vent de ce qui se tramait au Harondor, tout en demeurant assez clair pour mon interlocuteur. Et si la lettre venait à être interceptée, j'avais fait bien en sorte de demeurer impossible à identifier. J'avais volontairement modifié ma manière d'écrire, de sorte à ne pas être trahi par ma graphie, et j'avais tout rédigé de la main gauche, pour encore plus brouiller les pistes. Pour ce qui était du contenu, un espion de base comprendrait où je voulais en venir s'il venait à poser les yeux sur ce courrier, mais il aurait de fait tendance à imaginer que j'étais un amateur, et à me sous-estimer. Cela me fournirait un avantage non-négligeable pour la suite. Je pliai soigneusement la missive, et la donnai à Agathe, qui la regarda interloquée :

- Tout ça pour moi, c'est trop.

Je l'invitai d'un geste à l'ouvrir, ce qu'elle fit sans se faire prier. En lisant simplement la première ligne, elle comprit, et referma le billet. Je fis un petit mouvement de tête, l'invitant à filer sans tarder donner la lettre à l'intéressé. A vrai dire, nous avions déjà eu l'occasion de discuter de manière discrète à un des hommes de Taorin stationné dans la ville. Il nous avait déclaré pouvoir transmettre des informations à l'émissaire du Seigneur Pirate, et nous avions même convenu d'un rendez-vous. Mander Agathe à ma place n'avait pas fait partie du plan initial, mais j'avais mes raisons, et j'espérais qu'elle allait comprendre. Elle glissa la missive dans une de ses poches, et se leva sans un mot. Elle avait compris qu'elle irait seule, et c'est avec un détachement assez surprenant pour qui n'a pas une formation d'espion qu'elle partit.

A ce moment-là, je demeurai particulièrement aux aguets. Les gens continuaient à bavarder sans se faire prier, et il régnait une cacophonie assez déplaisante. Désormais seul, j'en profitai pour tous les regarder avec une grande attention. L'un d'eux attira mon regard. Il avait suivi anormalement des yeux le trajet d'Agathe, tandis qu'il était occupé à boire une bière, seul. Au moment où il tourna la tête dans ma direction, je fis mine de ne pas l'avoir vu, et d'attendre qu'elle revînt. Je laissai passer quelques minutes, pour faire bonne mesure, puis me levai pour quitter l'établissement, non sans avoir soigneusement rangé mes affaires dans mon sac. Je passai à côté de l'homme mystérieux qui se tenait près de la porte, et constatai qu'il n'avait pas terminé sa bière. Au moment où cette vision s'imposa à moi, je desserrai doucement mon poing gauche, qui laissa tomber une pièce. Celle-ci, brillante, attira le regard de l'inconnu, et le son qu'elle produisit ne put que l'intriguer. Le temps qu'il comprît de quoi il s'agissait, j'avais déjà eu l'occasion de commettre mon forfait. Je me penchai pour ramasser la pièce, et sortit.

Derrière moi, j'entendis la porte claquer. Il faisait froid dehors, mais les températures continueraient à chuter tant que la nuit n'aurait pas pris sa place totalement. Je fis quelques pas, l'air détaché, avant d'entendre la porte claquer à nouveau. Ainsi donc, il me suivait. Guère discret, pour un espion. Je n'eus même pas besoin de me retourner pour percevoir avec distinction le bruit d'un corps qui chute sur le sol. C'était un bruit assez identifiable, comme si on avait laissé un poids mort s'étaler de tout son long. Je ne fis même pas demi-tour pour vérifier qu'il était bel et bien mort, ajustant simplement mon sac-à-dos à l'intérieur duquel manquait une bille de poison. Malheureuse habitude qu'avaient là les hommes de finir leur bière d'une traite avant de quitter un établissement.

Il aurait fallu être diablement insensible pour ne pas sourire de satisfaction à cet instant.


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