Loa Ilfirin Voyageur
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~ GRIMOIRE ~ -: Homme -: 34 -:
| Jeu 4 Juil 2013 - 21:02 | | Ilfirin se sentait apaisé, alors qu’il traversait les Landes du Nord, longeant, à quelques kilomètres sur sa gauche les Collines de l’Evendim. Il marchait depuis près d’une semaine dans ces plaines désertiques et froides, et pourtant, l’air de la mer ne semblait pas le quitter. Les Havres Gris, qu’il avait laissés derrière lui dix jours plus tôt, l’avaient considérablement marqué. Ses hautes tours, perchées au sommet de rochers plongeant dans l’eau opalescente du port, s’élançaient vers le ciel avec fierté. Elles avaient été conçues bien des années plus tôt, comme l’ensemble du port, par Cirdan. Après la catastrophe qui avait précipité le Bélériand dans les abysses du passé, l’elfe marin avait bâti ce port en Lindon et l’avait baptisé Mithlond. C’est par là qu’une grande partie des elfes quittèrent la Terre du Milieu pour ne plus y revenir. C’est là aussi que le dernier porteur de l’anneau, Frodon Saquet, partit à son tour pour les terres immortelles. Ilfirin avait ressentie toute la force, toute la magie de l’histoire que cet endroit incarnait. Et en voyant la mer, aux teintes gris-bleu nuancées d’argent, il n’avait pu retenir, pris par l’émotion, ses larmes.
Ilfirin savait qu’il n’oublierait jamais ce lieu, comment aurait-il pu ! Cependant, Il avait aussi compris, au fond de lui, qu’il n’y retournerait pas avant longtemps. Heureusement, cela ne le troublait guère ; le monde étant suffisamment vaste pour le faire patienter jusque-là.
C’est donc avec le souvenir des mouettes et de leur cri cristallin qu’Ilfirin avançait dans les Landes du Nord, d’un pas calme, mais rapide. Non pas qu’il n’aimait pas cette région de l’Arnor, au contraire ! Ses plaines, vides d’hommes à des kilomètres à la ronde, offrait au voyageur un sentiment de liberté qu’il chérissait. En revanche, elle ne procurait que peu de nourriture, à peine quelques lapins de temps à autres. Ilfirin n’était pas mauvais chasseur, aussi parvenait-il à se procurer de quoi subsister en ces lieux. Il lui fallait cependant un temps non négligeable pour cela, et les quelques lièvres qu’il parvenait à trouver restaient maigres et chétifs. Ce jour-ci, fort heureusement, il avait mis la main sur un lièvre. La question du menu du diner n’était plus à poser. En revanche, celle de la cuisson restait un mystère pour le moment. Peut-être trouverait-il comme la veille un petit arbuste, ou peut-être, comme l’avant-veille, devrait-il se contenter des gargouillements de son ventre.
Une autre raison faisait qu’Ilfirin ne désirait pas trainer dans ces plaines : il savait que le danger n’était pas loin. En effet, les Landes étaient parfois fréquentées par des loups ou des orcs, et plus rarement des trolls, qui descendaient de temps en temps des collines de l’Evendim en quête de nourriture. Toute personne qui s’y aventurait, à l’instar des voyageurs téméraires comme Ilfirin ou des rôdeurs du Nord, se devaient de rester sur ses gardes… Le voyageur jeta un regard sombre aux collines. Il ne lui restait tout au plus une semaine avant d’arriver à Grand Cave et de là, quatre jours pour atteindre Bree. Il déciderait du « après » une fois arriver.
Un coup de tonnerre gronda soudain à l’Est, où des nuages sinistres s’amoncelaient. Ils étaient encore loin, mais l’orage ne tarderait pas à arriver, et avec lui, la pluie. Ilfirin jura à voix haute. La nuit allait bientôt tombée, et les plaines n’offraient aucune protection contre la pluie. Le seul moyen, et encore incertain, de trouver de quoi s’abriter était les collines, où il pourrait éventuellement trouver une grotte dans laquelle il dormirait au sec. Mais le danger s’y trouvait également. Que choisir ? Alors qu’il débâtait intérieurement sur ce qu’il convenait de faire, un vent froid et violent vint frapper Ilfirin au visage, le faisant grimacer. Grognant, le voyageur remonta sa capuche sur son visage d’un geste brusque, enfonça ses mains dans les poches de sa cape, et, tête baissée, se dirigea vers les collines…
***
La nuit était pratiquement tombée quand Ilfirin arriva enfin au pied des collines, sombres et inquiétantes. Elles ne s’élevaient pas très hautes, à peine une centaine de mettre pour les plus élevées. Les premières gouttes de pluie commençaient à tomber lorsqu’il entama l’ascension de la colline la plus proche. Le sol herbeux montait en pente raide et finissait par buter sur une corniche en à-pic. C’est là qu’Ilfirin espérait trouver de quoi s’abriter mais il devait faire vite avant de ne plus y voir que le bout de ses pieds. Pour ne rien arranger, la température s’était mise à chuter et le vent à souffler de plus en plus fort. Ilfirin enfonça le plus possible sa tête dans son col et baissa un maximum au-dessus de son front sa capuche, qu’il devait tenir à cause des bourrasques violentes. En s’approchant de la falaise, il constata avec satisfaction que des petits arbustes poussaient à même la roche. Il aurait de quoi faire un feu. Le voyageur entendit son ventre gargouiller et sourit ! Il pourrait cuire son lèvre ce soir.
Alors qu’il s’imaginait déjà près de son feu, le ventre plein, il entendit soudainement un hurlement. Se redressant brusquement, tous les sens aux aguets et la main portée à la poignée de son sabre, il tendit l’oreille et écouta. A une quarantaine de mètre au-dessus de lui, un peu plus à droite, il entendit clairement, malgré le bruit du vent, le son du métal qu’on entrechoquait. Ilfirin comprit qu’on se battait non loin lui. Un second hurlement couvrit l’espace d’un instant la tempête, avant de cesser brutalement. Des orcs ! Des orcs étaient en train d’attaquer quelqu’un ! Il n’en fallait pas plus à Ilfirin pour dégainer son sabre, et courir vers l’endroit d’où, selon les bruits, se trouvait le combat. Rapidement, il atteignit la corniche, qu’il longea sur sa droite. Les sons de la bataille qui faisait rage s’amplifiait à mesure qu’il approchait. Alors qu’il avançait, le voyageur vit une faible lueur briller à quelques mètres de lui. La victime avait dû allumer un feu dans une grotte, et cela avait averti les orcs de sa présence. Ilfirin s’y précipita, sabre à la main et il aurait manqué l’entrée de la caverne sans la lumière du feu. Elle était très étroite et basse, mais assez grande pour qu’on puisse y entrer. Notre homme s’y engouffra prudemment, qui sait, un des assaillants était peut-être placé en embuscade. Ce ne fut pas le cas et Ilfirin pénétra dans une plus vaste cavité que ne laissait supposer l’accès.
A trois mètres à peine devant lui, cinq orcs acculaient un guerrier à la paroi du fond. L’homme, puissamment bâti, tenait à deux mains une grande épée à lame courbe qu’il maniait avec habileté. Deux orcs gisaient au sol, tout près d’Ilfirin. Il sut ce moment qui avait poussé les hurlements qui l’avaient alerté. La qualité d’épéiste du rôdeur (cela ne faisait plus de doute), était remarquable et lui avait permis de survivre jusque-là. Lutté contre sept orcs, en tuer deux, et maintenir en respect les cinq autres tenait du prodige. Mais cela ne pouvait durer éternellement ! L’homme parait les attaques de ses adversaires avec la force du désespoir, mais une blessure au bras gauche marqua soudainement dans le sang sa fatigue et la victoire proche des assaillants. C’était sans compter Ilfirin, lequel surgit dans le dos de l’orc le plus proche, qu’il transperça de part en part de son sabre au niveau de la taille. Ce-dernier regarda stupidement la mort de fer qui dépassait de son ventre. Tous, orcs et rôdeur, firent de même, cessant momentanément le combat, trop abasourdit par ce qu’il venait de se passer. D’un geste rapide, Ilirin retira sa lame du corps sans vie de l’immonde créature, qui s’écroula lourdement sur le sol. Tous le regardèrent. Forçant son avantage, Ilfirin s’avança d’un mouvement fluide des pieds sur un deuxième orc, et d’un moulinet vertical d’une rapidité déconcertante, il lui fendit le crâne en deux, maculant la paroi derrière lui d’une giclée de sang chaud.
Alors qu’ils s’apprêtaient à gagner le combat, supérieur en nombre, les orcs venaient en quelques secondes de perde deux de leurs combattants. En même temps, le rôdeur avait profité de l’effet de surprise pour en éliminer un troisième. A leur tour bloquée entre les deux hommes, la paire de survivants orcs se jetèrent en avant dans un dernier assaut désespérer, l’un sur Ilfirin, l’autre sur le rôdeur. Le voyageur, pour sa part, para aisément la lame de son adversaire, qui visait son cœur, en tournoyant sur lui-même. Dans un même mouvement, il lui saisit le poignet pour le remettre dans l’axe, lui faisant perdre l’équilibre, et le ramena violement sur la pointe de ce sabre, qui s’enfonça dans son ventre et ressorti de l’autre côté. L’orc regarda Ilfirin avec haine, et ce dernier, lassé de ce combat, fit ressortir sa lame, poussa son adversaire pestilentiel devant lui et, avant qu’il ne tombe, lui trancha la tête. Celle-ci toucha le sol dans un bruit sourd, et roula de quelques centimètres, avant que le reste du corps, dans un geyser de sang, s’effondre à son tour. Se retournant vers le rôdeur, il constata sans surprise qu’il avait atteint un résulta similaire. S’avançant vers lui, il dit, le sourire aux lèvres :
«Belle soirée pour faire un feu, n’est-ce pas ! J’ai un lièvre, nous pourrions le partager ! Dommage que tous ces orcs aient si mauvais caractère ! Ils auraient pu nous tenir compagnie ! Au fait, j’en oublie presque les bonnes manières : je me nomme Ilfirin ! Pour vous servir ! »
Dernière édition par Loa Ilfirin le Mar 16 Juil 2013 - 1:43, édité 2 fois (Raison : Flash-Back "En route pour le Nord...") |
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