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 Du sang sur les quais

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Evart Praven
Trésorier Royal du Gondor
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Evart Praven

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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 0:12
Alors qu'il s'acharnait sur la serrure, le vieux chevalier entendit un bruit soudain derrière lui. Se retournant, il vit une porte dissimulée s'ouvrir de laquelle sortirent trois jolies jeunes femmes. Ne leur voulant aucun mal, Felron s'approcha de quelques pas avec l'épée en garde -après tout, elles auraient pu être des agents de l'ordre impie-. D'une voix à la fois forte mais se voulant rassurante, le vieillard leur demanda :

- Mesdames, s'il vous plait. Retournez dans l'alcôve, il ne vous sera fait aucun mal. Je vous en fais …

Alors qu'il tâchait de les convaincre de s’éclipser, l'une d'entre elles lui lança un objet à la figure. Parant facilement ce jet de fortune, il fut rapidement submergé par les tirs répétés des trois prostituées qui lui envoyaient tout ce qu'elles trouvaient : livres, candélabres, statues... Alors qu'il s'affalait, sonné, le vieillard suivit du regard sans pouvoir faire quoique ce soit la plus vieille des filles qui lui prit son épée et le donna un violent coup à l'arrière de la tête. Ayant eu le temps de l'étudier, le vieil homme avait pu remarquer sa beauté. Alors que son esprit se brouillait, il songea au plaisir qu'on pouvait avoir à être tué par une jolie femme. C'était presque une caresse, à tout le moins, c'était plus doux. Puis il sombra dans l'inconscience.

Il commença à émerger quelques temps plus tard. Il était vidé de presque toutes ses forces, il perdait toujours du sang bien que le point de compression lui ait évité de mourir d’hémorragie, sa tête tournait et il se sentait faible. Cependant il avait toujours été mue par une profonde volonté et il ne voulait pas mourir ici -un vœux certainement pieux-. Tournant difficilement la tête, il constata que Felian était là, à quelques pas de lui. S'approchant difficilement de lui, Felron essaya de le secouer, puis il attrapa une cruche d'eau sur le meuble derrière lui et aspergea le chevalier avec en essayant de le ramener à la conscience :


- Felian ! Felian ! Levez-vous, on a encore besoin de vous ici !

Alors qu'il semblait ouvrir les yeux, Felron continua de le secouer pour conserver son attention :

- Sire Felian, votre travail n'est pas terminé. Il faut sortir vos hommes de ce guêpier et j'ai récupéré des plis qui peuvent aider l'Arbre et la Rose à démanteler. Vous ne pouvez pas abandonner vos hommes à une mort sans rien tenter. Levez-vous …

Les efforts du vieil homme pouvaient sembler vain mais il aimait le travail bien fait et, dans tous les cas, il fallait bien un chef pour cette malheureuse expédition. Alors qu'il perdait du sang, il s'efforça de renforcer son propre point de compression pour perdre moins de sang. Pour cela, il essaya de faire une sorte de bandage avec un lambeau de ce manteau qui pressurait le linge qui protégeait sa blessure. Cependant il fallait qu'il se repose. Son corps le tiraillait. Il s'affala contre le mur. Ses yeux commençaient à se fermer tout seul. Il devait se reposait, cinq minutes … Cinq minutes, pas plus …
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Learamn
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyLun 15 Juin 2015 - 11:08
La situation était critique , déjà essoufflé par le combat inégal , Learamn se retrouvait à présent sans armes . Sa manoeuvre improvisée avait certes surprise l’elfe mais ce dernier ne mettrait pas longtemps à se reprendre et le rohirrim était désarmée. Son épée avait échoué quelque mètres plus loin , aux pieds de l’elfe , il lui était impossible d’aller al récupérer sans courir d’énormes risques. Il avait bien sa dague accrochée à sa ceinture , il s’en était déjà servi lors d’une situation similaire à Aldburg mais cette fois c’était différent ; déjà avec une épée il avait été débordé par les assauts de son adversaire , avec une simple dague il ne ferait pas long feu . Le capitaine avait parfaitement conscience de la délicatesse de sa situation mais il ne comptait pas pour autant baisser les bras et crouber l’échine devant son ennemi . Non il était déterminé à gagner le plus de temps possible pour permettre à ses compagnons de tuer leur cible . Il était déterminé à combattre cet arrogant adversaire avec toute sa rage et la force de son désespoir . Il était déterminé à mourir en guerrier , pas comme un chien soumis. Il était dans une impasse , il ne pouvait plus reculer , plus fuir ; aucune sortie et aucun échappatoire. Il ne pouvait que faire face et c’est ce qu’il comptait faire .
Alors l’Elfe , avec un rictus qui semblait être tout sauf bienveillant , renvoya l’arme rohirrim à son propriétaire d’un coup de pied . Cela surprit légèrement Learamn dans un premeir temps ; l’elfe avait clairement l’avantage devant son adversaire désarmé , il aurait pu finir le combat en quelque seconde mais il en avait décidé autrement. Le jeune cavalier n’était pas dupe , il se doutait bien que son ennemi n’avait pas fait cela par bonté d’âme , générosité ou pité . Peut-être voulait-il simplement préserver un honneur malsain en ne tuant que des hommes armés , sûrement voulait-il aussi narguer le rohirrim , lui montrer que même à armes égales il était supérieur. Mais l’heure n’était pas aux réflexions , sans se faire prier il s’empara de son épée et se remit en garde . Fatigué mais encore vivant.

Toutefois Learamn n’était à présent plus le seul à jeter toutes ses forces dans la bataille , Lanwë qui s’était jusqu’ici contenté de jouer avec son adversaire semblé décidé à en finir. Avec une rapidité surhumaine l’elfe chargea un Learamn qui ne put que bloquer tant bien que mal le coup qui s’avérait être d’un exceptionnelle puissance ; le bras du rohirrim trembla sous le choc mais ne lâcha pas , pas encore. L’elfe avait élevé son niveau d’un cran et cette fois ci Learamn allait avoir bien du mal à le contenir. Les attaques se succedèrent sans possibilité de riposte , beaucoup plus lent et bien moins vif Learamn ne pouvait qu’encaisser , esquiver et reculer ; se fatiguant toujours pus. Le jeune homme , éreinté , s’affaiblissait tandis que Lanwë semblait impassible , infatigable .
Et l’inévitable ne put qu’arriver , d’un coup bien placé que Learamn en fut pas assez prompt à dévier totalement , la lame elfique entailla l’épaule droite du capitaine , les premières gouttes de sang furent versées. Si la blessure n’était que superficielle elle représentait beaucoup dans les esprits ; lors d’un duel , le combattant qui blessait l’autre en premier prenait inévitable l’ascendant psychologique et physique.
Cette entaille porta un sérieux coup au moral d’un Learamn déjà bien pessimiste quant à l’issue du duel. L’elfe semblait satisfait et conscient de sa situation avantageuse , il continua pourtant à attaquer sans relâche ; mêlant à présent coups d’épées et frappes corporels . Le rohirrim fut submergé en l’espace de quelques secondes , alors qu’il bloquait trop lentement une attaque il sentit la main de l’elfe se poser derrière sa nuque et l’attirer vers lui. Son visage heurta de plein fouet l’épaule de son ennemi , sa lèvre s’ouvrit . Le sang coula à nouveau. Sonné Learamn recula de plusieurs pas pour reprendre ses esprits , la plaie à la lèvre était plus impressionnante que dangereuse mais elle saignait abondamment et le goût du sang donnait déjà un semblant d’idée du goût de la mort qu’il connaîtrait sûrement dans quelques minutes. Il ne voyait plus que son adversaire , son air satisfait , son sourire carnassier , son visage parfait ; tout le reste était flou , il voyait ds ombres et entendait un lointain tumulte . Où était Nathanaël , Maraloch , les agents de la Rose Noir? Il l’ignorait tout simplement et n’y pensait presque plus maintenant que la mort lui faisait face sous son plus bel apparat.
D’un long revers , l’elfe surpris un Learamn trop faible et déconcentré pour réagir . L’abdomen fut touché et une vive douleur secoua le cavalier , le sang chaud coula le long de son ventre meurtri ; Learamn laissant échapper un cri rauque qui en disait long .

Il fixa son vis-à-vis d’un regard noir et rageux , la détermination était là mais elle ne suffisait plus aujourd’hui , Learamn s’était attaqué à trop fort , à beaucoup trop fort. Le courage et la valeur héroïque ne suffisait plus , l’elfe était au-dessus de cela , il semblait innateignable.
Lanwë héla à nouveau Learamn qui reculait encore. Ce dernier allait sûrement satisfaire l’elfe puisqu’il ne désirait nullement se rendre . Il répliqua d’une voix presque brisé

- Sois heureux ! Je ne me rendrais pas comme un chien , si ma mise à mort est inévitable faisons en sorte qu’elle soit le plus retardée possible.

Avec un courage désespéré à la limite de l’inutilité , Learamn chargea d’un large et puissant mais aussi téléphoné coup d’estoc , l’elfe para sans ciller. Il enchaîna avec un coup vertical , que Learamn bloqua sans pour autant détourner la lame adverse. Lanwë appuya de toutes ses forces sur l’arme , faisant ployer un Learamn trop faible physiquement et sûrement psychologiquement pour résister. La pointe de l’épée elfique ne se trouvait qu’à quelques centimètres de son nez . Tous les muscles de Learamn étaient contractés , mus par ce désir irrationnel et inexplicable de la vie , il devait tenir ne serait-ce que pour tenir quelque secondes de plus , cet instinct de survie était sûrement al dernière chose intacte qui animait le jeune homme , mais il risque de ne pas être suffisant.
N’arrivant pas à écraser le rohirrim sous son poids , l’elfe le projeta à plusieurs mètres d’un violent coup de pied . Learamn vola à plusieurs mètres , finissant sa course sur une table qui se brisa . Etendu sur le dos , les membres endoloris et le dos meurtri , le souffle coupé et le moral plombé , Learamn était pris par l’odeur âcre de l’encre qui se déversait sur lui . Le liquide bleu se mêlait au rouge de son sang. Quelle ironie ! Lui , un des seul lettré de son village , passionné des arts et des lettres . Ce Poète , écrivain et chroniqueur à se sheures perdues , allait mourir dans son sang et dans son encre.

L’elfe s’approchait , tout étai fini . Les cris alentours s’était mués en un brouhaha informe , les ombres étaient devenues des spectres . Alors qu’il essayait de se remettre difficilement sur pied , il sentit une douleur aigüe dans son pied , une douleur comme il n’en avait jamais ressentie. Une souffrance telle que dans un premier temps il ne put pas même crier ,se contentant d’écarquiller les yeux, le cri vint cependant une fraction de seconde plus tard. Un long cri de douleur , pathétique et désespérant . L’elfe venait de planter violemment son arme dans son pied , tranchant la chair , le smuscles et les tendons sur son passage. Traversant le membre de part en part . La lame elfique , au contact du dur sol fait de marbre se brisa sous le choc, des éclats se projetèrent et se fichèrent alors dans le pied blessé du capitaine. Une seconde douleur terrible vint s’ajouter à la première , le jeune homme était au bord de l’inconscience et il ne savait pas par quel miracle il demeurait éveillé malgré la souffrance.
L’elfe mêla son cri à celui du rohirrim , celui-ci ne comprit pas immédiatement pourquoi . Que s’était-il donc passé? Pourquoi l’elfe souffrait-il lui aussi et se retrouvait sans armes? L’esprit d’ordinaire si vifr du jeune homme était engourdi par la douleur et allait plus lentement mais Learamn comprit toutefois qu’il fallait faire quelque chose .
Envoyant au diable toutes considérations éthiques ou chevaleresques Learamn , animé par un instinct de survie et une rage soudainement revigorés bondit sur son adversaire . Son pied saignait abondamment et la douleur était proche de l’insoutenable mais il fallait la faire taire. Les deux hommes basculèrent à nouveau mais Learamn n’avait pas lâché sonarme cette fois ci. Leurs deux visages n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre , chacun pouvait ressentir le souffle saccadé de l’autre . Le geste ne Learamn n’avait rien d’honorable ou de chevaleresque mais l’heure n’était plus aux politesses hypocrites . L e capitaine n’avait pas été envoyé ici pour faire des fleurs , il avait une mission : éradiquer la poche de l’OCF et jusqu’au bout il devait l’accomplir . Il n’y avait plus de code d’honneur à prendre en compte , non il ferait ce qu’il devait faire et c’est tout. Un sourire étrange se dessina sur le visage presque méconnaissable du jeune guerrier taché de sang , de suie, de sueur et d’encre , un sourire inhabituel sur ce visage juvénile et plaisant , un sourire proche du sourire carnassier .

-L’heure de la misse à mort à sonnée . fit Learamn.

Avec un geste violent agrémenté d’un cri de rage , le capitaine planta son épée dans le coeur de son adversaire. Et ce à plusieurs reprises , il retirait son épée et la rabattait à nouveau inlassablement. Le sang gicla abondamment et Learamn continua à étaler cette violence proche de la gratuité . Il répété l’opération une dizaine de fois , avant de rouler sur le côté , trop affaibli pour continuer ou même se redresser. Il observa le plafond illuminé , sourd et aveugle à toute autre chose. Il avait tué Lanwë , il avait perdu de vue l’objectif du capitaine et sombrait peu à peu dans la sombre inconscience , antichambre de la mort .
Il se vidait de son sang , il fallait que ses compagnons reprennent les choses en mains en tuant le capitaine ennemi et en portant secours au leur.


The Young Cop


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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyMar 16 Juin 2015 - 13:49
« Incroyable crétin ». Cette réflexion lui traversa l’esprit alors qu’il vit le lieutenant parer son attaque et le repousser comme une vulgaire poupée de chiffon, un jouet abîmé rejeté par l’enfant gâté qui se trouvait en face de lui. Nathanael sentit la pression s’exercer sur ses côtes, dans son dos, et il maudit les artisans de construire des meubles aussi solides, aussi durs et résistants. Il entendit un bruit de craquement … mais le bureau ne céda pas. Un soupir violent lui fut arraché par une douleur supplémentaire. Ce n’était pas le bois qui se brisait, mais bien un de ses os. Une côte sans doute, car un mal aigu s’empara de son côté gauche, déjà blessé par la lame du garde. S’il continuait ainsi il parviendrait sans nul doute à conserver au moins la moitié droite de son corps, mais ses faibles connaissances en anatomie lui laissaient présager que les deux côtés étaient nécessaires aux hommes pour survivre, sans quoi il périrait dans une mare de sang. Il fit un nouvel effort pour rouler sur le côté et éviter de perdre la tête à cause d’un malentendu. Quelle idée de s’entretuer pour un désaccord ! Malgré l’impasse dans laquelle il se trouvait, une partie de lui-même ne pouvait s’empêcher de ressasser que la situation n’était que pure folie pour les deux partis, que personne n’y gagnerait rien. Car même si l’Ordre tombait, si les derniers sbires de la Couronne mourraient, n’y aurait-il pas inlassablement d’autres rats pour prendre place à la tête du navire ? La chute de Sauron et la débandade de son armée n’avait pas empêché d’autres guerres, et la chute de l’Ordre n’empêcherait pas d’autres fous furieux de galvaniser des hommes pour prendre les armes. L’Ordre était après tout un moindre mal, il aurait fallu leur laisser croire qu’ils avaient un peu de pouvoir, les surveiller de loin, et tout le monde aurait pu être heureux. Tout le monde aurait pu ….

Nouvelle interruption dans son flot de pensées. Il sentir la pierre froide dans son dos. Il s’était redressé, son coupe papier à la main, mais il n’avait cessé de reculer pour éviter de finir embroché au bout de l’épée du lieutenant. Celui-ci le regardait d’ailleurs avec une lueur mauvaise dans le regard, un sourire naissant à la commissure de ses lèvres, certain de mettre fin au combat en tuant l’espion. Mais une mort imminente ne faisait pas partie des projets à court terme de Nathanael, et ce fut plus par maladresse que par courage qu’il échappa au coup d’estoc mortel. Le chevalier du cor brisé qui gisait non loin de lui avait déversé assez de sang sur le sol pour le rendre poisseux et glissant et le lieutenant avait légèrement ripé, perdant ses appuis, et regardant une seconde de trop ses pieds le temps de retrouver son équilibre. Nathanael en profita pour se jeter sur le côté, récupérer l’épée de son compagnon déchu et rééquilibrer les forces. Il n’avait pas lâché son stylet, le gardant fermement dans sa main gauche, tenant l’épée de la droite, déterminé plus que jamais à survivre à cette triste journée. Survivre malgré l’adversité, survivre malgré la maladie et la mort des troupeaux, survivre malgré la douleur de perdre un être cher. Il n’avait que peu combattu dans sa vie, il n’avait que rarement porté les armes, mais il avait sans cesse continué d’avancer pour éviter d’être devancé par le mauvais sort et l’infortune. Et tandis qu’une rage non dissimulée passait sur ses traits, il fit un pas en avant, puis deux, sans se soucier des parades de son adversaire, sans se soucier ni des coups ni de la douleur insidieuse qui s’emparait de son flanc droit. Il parvint à mettre en difficulté quelques temps le lieutenant avant que la fatigue et la douleur n’aient raison de lui. Il vit la lame passer bien trop près de son visage à son goût, lui entailler l’oreille et prendre de nouveau le chemin de son crâne. Un réflexe vital lui évita la tombe, il croisa l’épée et le stylet au-dessus de sa tête dans une ultime défense, comme un enfant se protège d’une correction. La lame du lieutenant fut freinée et ne parvint jamais jusqu’à son front. Nathanael rugissait pour se donner du courage mais il sentait ses forces défaillir. Il se laissa choir sur le sol, soustrayant brutalement toute opposition au lieutenant, l’entraînant avec lui dans sa chute.

Le son métallique des lames sur le sol fit un écho fragile au milieu de la brutalité des combats. Seuls Learamn et Maraloch semblaient toujours se battre vaillamment, tous les autres étaient passé dans l’autre monde. Nathanael eut le souffle coupé quand le lieutenant s’effondra sur sa poitrine. Les marins devaient être mieux nourris que les gardes de la Cité Blanche car il avait le sentiment d’être écrasé par un âne mort plutôt que par un homme. Le lieutenant fut néanmoins plus vif que lui et se redressa avec rapidité, assis sur le buste de Nathanael, appuyant de tout son poids sur ses côtes douloureuses. Le premier coup fut cuisant, le second le piqua au vif, et tandis que le lieutenant abattait une troisième fois son poing sur le visage de l’espion, il eut un sursaut de colère et d’animosité qui surprirent son adversaire. Si Nathanael avait lâché lui aussi son épée, il avait toujours en main son stylet et il parvint à le ramener à hauteur de son visage, tournant la tête pour éviter le coup. La main du lieutenant s’enfonça comme un morceau de viande sur une pique, lui arrachant un cri d’étonnement puis de douleur. Malgré la situation des plus dramatiques, Nathanael eut un sourire satisfait. Il articulait mal, le sang lui remplissant la bouche, mais il était clairement audible.

- Cha fait mal hein ?

Un rire nerveux fit tressauter sa poitrine tandis qu’il parlait. La peur de la mort s’était muée en une folie démente, la seule qui puisse le sauver en tentant l’improbable. Nathanael profita de la douleur de son ennemi pour s’extraire de son emprise. Il roula sur le côté, reprit son souffle tandis que le lieutenant se tenait la main dont trois doigts avaient été sectionnés, reposant au sol comme dans un jeu d’osselets. Les murs semblaient tourner inlassablement autour d’eux, et l’espion n’était plus très sûr de ses gestes. La fatigue, la douleur, l’effort faisaient fondre ses perceptions en une fresque vague et informe où les sons et les couleurs n’étaient plus dissociés. Il mit trop de temps à reprendre ses esprits et le coup qui s’abattit sur son crâne lui fit perdre connaissance. Il sombra dans l’obscurité et perdit toute conscience. Le noir l’enveloppait comme un drap souple et frais, une alcôve confortable où il pourrait se reposer pleinement jusqu’à ce que la mort l’ensevelisse et qu’il rejoigne les terres de ses ancêtres. Délire sensoriel. Il se réveilla quelque secondes après, la lame de son propre stylet sous la gorge, le lieutenant lui faisant ses paroles d’adieu.

- Crève raclure de Gondorien, crève sale foutre-queue d’espion, crève … gnnnn !

Nathanael tenait entre ses mains les parties les plus sensibles d’un homme qu’aucune armure ne protège. Il serra si fort qu’il vit son adversaire tourner de l’œil. La pression qu’il exerçait sur la lame lui égratigna la peau mais le lieutenant dut lâcher prise pour se soustraire à la forte poigne de l’espion. Mais Nathanael ne lâcha pas. Le lieutenant essaya de déplier les doigts de l’espion de sa main encore valide, sans grand succès. Nathanael lui écrasait littéralement les testicules comme s’il voulait les faire éclater tels de vulgaires œufs de poule. Puis il lâcha prise, se mit à genoux, face à son adversaire et lui cracha le sang qu’il avait dans la bouche à la figure.

- Je ne suis pas Gondorien !

L'indéfectible orgueil rohirrim transparaissait dans la voix de Nathanael. Le lieutenant ouvrit des yeux de terreur mais comprit bien trop tard ce que le destin lui réservait. Nathanael le poussa au sol d’un violent coup de pied, et abattit sur sa figure ses lourdes chausses de cuir, aussi longtemps que nécessaire, jusqu’à ce que les traits du marin disparaissent sous l’indéfinissable confusion de chair, d’os et de cartilages qui sculptaient autrefois son visage.


Dernière édition par Nathanael le Lun 13 Juil 2015 - 9:40, édité 1 fois
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Elendüril
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyMar 16 Juin 2015 - 14:50
Le plan imaginé par Léaramm puis modifié par Nathanel fut relativement simple mais énormément risqué. Le contingent dut se séparer en deux groupes, l’un allant vers l’amirauté pour emmener Nathanael dans la geôle, avant de se préparer à faire tomber le capitaine ainsi que son lieutenant et de l’autre le groupe devant rencontrer le maire et ses conseillers afin de passer par l’épée les membres véritable de l’Ordre. Pour cela, nous dûmes nous faire passer pour des agents de l’Ordre, pour pouvoir les approcher et les passer par le fil de l’épée en gardant tout son sang-froid. Le pari fut risqué, même avec autant d’homme de valeur et d’armes. Car il fallait que la coordination entre les deux groupes soit totale afin de nous éviter de très gros ennuis.

Pour la réussite de l’infiltration dans le bastion, le jeune capitaine et le conteur montèrent à l’étage. Ils redescendirent quelques minutes plus tard, Nathanael eut le visage marbré par les hématomes. Ils sortirent tous, de l’auberge, aussi discrets qu’ils le purent. Ils partirent en direction de l’amirauté. La nuit fut sombre et la pluie tombé toujours à seau. Ils ne croisèrent que peu de passants mais tous remarquèrent le groupe.

Arrivé à leur destination, deux soldats leur demandèrent qui venait à leur rencontre, sur un ton les sommant de répondre. Le jeune capitaine prit la parole :
« Je suis le lieutenant et nous sommes des agents de l’Ordre mon frère, il sortit son document attestant son serment à Hogorwen et le présenta aux garde, je suis un guerrier rohirrim ayant servi le roi Hogorwen. J’ai combattu aux côtés des pies à Aldburg mais nous avons été défaits alors j’ai pris avec moi quelques survivants et nous avons pris la direction de Fondcombe malheureusement la ville était tombée entre les mains des elfes avant notre arrivée et quelques rescapés de cette sanglante bataille nous ont rejoints. Puis avec l’annonce de la chute de la tête de l’Ordre nous sommes naturellement venus ici, dernier bastion de l’Ordre pour vous prêter main forte. D’ailleurs j’amène un cadeau qui pourrait plaire à vos supérieurs. D’un geste de la main, il désigna Nathanael. -Un dénommé Nathanael, ennemi reconnu de l’Ordre que nous avons intercepté après avoir fui cette ville. Le sang de ce chien bâtard a déjà coulé en chemin mais ce n’est encore rien. »

L’un des gardes rentra dans un poste de garde, au bout de quelques instants un troisième homme en sortit et scruta chacun des membres de cet étrange groupe. Juste après il ordonna l’ouverture des portes d’entrée, semblable aux mâchoires de Grond qui se refermeraient juste après leur entrée les piégeant ainsi dans l’enceinte du bastion. La hauteur des bâtiments à l’intérieur rendait encore l’atmosphère un peu plus lugubre. Le guide du groupe annonça à Léaramm que le lieutenant tenait à le voir. Il descendit de son destrier pour rentrer dans le bâtiment pour rencontrer ce fameux lieutenant.

Au bout d’un moment, le capitaine arriva ainsi qu’avec deux gardes qui affichèrent un faciès contrarié d’être sortis sous la pluie ainsi qu’un elfe. Léaramm, Maraloch, Lindal et les deux gardes de la Rose Noire entourèrent l’espion Nathanael comme s’il était le pire criminel d’Arda. Il examina chacun des membres du groupuscule, et ajouta :

_ Une belle prise !

Il ordonna à un de ses sbires de mener Nathanael accompagné des deux garde de la Rose jusqu’au cachot. Le restant du groupe emboîta le pas au capitaine. Ils entrèrent rapidement dans une grande salle dans laquelle se trouvèrent une bonne dizaine de marins attablés. Dans l’air, il y eut une odeur d’alcool, de fumée de tabac, et l’odeur d’hommes qui eurent travaillé fort durement, le tout dans une chaleur étouffante. Le capitaine, à la coupe de l’Ordre, commanda une tournée pour la petite troupe.

Le capitaine, rohirrim, but juste ce qu’il faut pour berner les yeux qui pourrait le regarder. Les deux capitaines échangèrent sur ce qui s’apparenta à une banale discussion pour savoir ce que l’ordre avait fait ici alors qu’en réalité cela leur permit d’aller à la pêche aux informations. Les compagnons du rohirrim laissèrent le soin de répondre à leur leader, ils restèrent prêts à se battre aux premiers signes d’agression des gardes ou à la première parole de leur capitaine. Chacun était tendu à cause de l’importance de la mission mais toute cette tension se libèrera lors de l’affrontement telle la corde de l’arc bandée quand l’archer décoche sa flèche. Il leur fallait juste rester concentrer sur leur objectif afin de ne pas faire échouer cette mission à quel point importante.

Au bout d’un moment, la lourde porte d’entrée s’ouvrit et le bruit de plusieurs hommes se fit entendre. Était-ce le signe d’un bon présage ou de mauvais augure ; personne n’aurait pu le dire. C’est à ce moment précis que le jeune homme lâcha :

Accepter votre offre et pourrit dans cette cité moisie ? Non merci. Voyez-vous je suis un voyageur, j’aime la liberté et je n’aimerais pas que l’on me coupe les ailes.
Vous êtes déjà allé en Rhûn? Magnifique pays quoiqu’un peu sombre, moi je suis allé du côté de Vieille Tombe et j’y ai rencontré l’Orchâl dans les catacombes ; étrange non? Ca n’a pas été facile d’en venir à bout mais on a fini par réussir à l’éliminer…. TOUT COMME VOUS!

En prononçant ces derniers mots, il sauta sur le capitaine mais l’elfe lui coupa la route. Le jeune homme observa son opposant, il avait certainement entendu parler de leur talent en maniement des lames. Son combat ne sera pas une partie de plaisir. Pendant ce temps-là, Maraloch, Lindal et Altirchonaveusteg se mirent en branlebas de combat pour affronter les gardes. A ce moment-là, Maraloch ne pensa aucunement à savoir s’il allait en sortir vivant ou non, il se concentra plus tôt sur son adversaire.

En parallèle, le jeune capitaine tenta de provoquer l’elfe par le verbe. Ceci sans doute dans le but de détourner son attention de ses camarades qui avaient fort affaire et qui n’avaient pas besoin qu’il ne leur soit ajouté un excellent épéiste en plus. Le jeune capitaine bien qu’habitué à un bon niveau de ses adversaires, n’eut jamais connu d’elfe comme adversaire. Rapidement il se retrouva au sol, sur le dos, rampant pour son salut. Alors que son opposant, lui prenait un malin plaisir à faire durer l’engagement entre les deux. Il laissa le jeune humain se relever afin de continuer l’amusement.

Maraloch engagea le combat avec un marin sorti de l’ombre à leur arrivée. L’homme avait une musculature impressionnante et avait l’air d’aimer le combat, surtout qu’ils avaient l’avantage numérique en leur faveur. L’homme malgré une certaine nonchalance étain un très bon épéiste. Maraloch s’en aperçut bien assez rapidement car l’homme contra chacune de ses passes. Tout comme Maraloch contra chaque contre-attaque. Le combat s’annonça rude, long, et surtout pas chevaleresque car l’un ou l’autre devra tenter un coup bas afin de prendre le dessus.

A ce moment-là, Nathanel ainsi que les deux garde de la Rose Noire entrèrent dans la salle. Le premier garde se fit tué au moment même où il entra dans la pièce. Il prit pour ennemi le lieutenant, il le surprit dans une charge héroïque qu’il esquiva pour mieux envoyer dans les airs l’espion qui retomba lourdement sur un bureau. Ce bruit distrayait le marin faisant face à Lindal,ce qui lui permit de lui enfoncer son épée de part en part , jusqu’à la garde à travers la cage thoracique. Il tomba, raid, mort.

Dans un autre coin de la pièce Altir ne s’en sortait pas trop mal malgré son âge avancé. Son expérience lui permit de blesser l’un des adversaires qui l’eurent pris en tenaille mais il s’effondra avec un trou sur le flanc qui ne tarda pas à se teinter avec le flot jaillissant de ce liquide rouge : le sang. Il ne poussa aucun cri, aucun râle. Il s’allongea sur le sol avec encore quelques instants encore à vivre avant que la lumière de ses yeux s’éteigne. Mandos est venu lui prendre son âme. Dans la fureur du combat personne ne s’en était rendu compte. Ces deux marin se mirent à vouloir se battre avec Lindal. Celui-ci se démena comme un beau diable, son expérience des champs de batailles l’avait habitué à faire face à plusieurs ennemis simultanément. Seulement, avec l’âge avançant, il sut que le combat risquerait de tourner court, en sa défaveur. Mais cela ne l’affectait pas car pour lui, il n’aurait de répit que dans la mort, chaque jour où il vit il doit traquer les ennemis de la liberté. Il avait bien remarqué que l’un de ses adversaires avait une blessure ce qui lui remonta un peu le moral, car leur nombre ne les rendait pas immortels, il leur donnait un avantage. Il se dit à ce moment précis qu’il devrait se concentrer sur le fait de tuer l’un des deux assez rapidement s’il voulait survivre encore un peu pour aider à la réussite du plan. Il se concentra sur l’homme blessé sans oublier nullement le complice. Il sorti sa dague de façon à avoir une arme dans chaque main afin de pouvoir parer les attaques simultanées. Personne ne prenait l’avantage, Lindal lui se fatiguait très vite. Ses mouvements étaient moins alertes, ses parades étaient moins solides. Rapidement le complice l’embrocha d’un estoc à la poitrine. Lindal fût surpris malgré la douleur, sa détermination était intacte. Il continua à s’empaler sur la lame jusqu’à la garde. Cela surprit son ennemi qui fut tétanisé par la peur. Lindal dans un dernier effort lui annonça qu’il ne tomberait pas seul, son bourreau allait subir le même destin. Il lui sectionna la gorge, il lui a fait un sourire kabyle. Un flot de sang jailli des carotides. Les deux hommes tombèrent au sol, la vie ne tarda pas à quitter leurs corps.

Maraloch et son adversaire se battait toujours comme des diables, la fatigue les guettait mais ils furent loin d’être épuisé. Maraloch commençait à perdre patience, la fureur et la colère commencèrent à monter, lui faisant perdre sa lucidité. Il attaqua de plus belle, ses coups se firent plus puissant, plus rapide. Le marin ne pouvait que parer et concéder du terrain. Encouragé par le résultat, le chevalier redoubla d’effort dans cette voie. Il ne tarda pas à faire verser les premières gouttes de sang, la joue droite a eu le privilège de rencontrer la pointe de son épée. Suite à cette blessure, un flottement entre les deux protagonistes eut lieux. Durant ce court laps de temps, il vit le courage et la détermination que faisait preuve Lindal. Il n’en revenait pas de son dernier acte de bravoure. Cette action remonta le moral du jeune homme. Il fut plus que jamais déterminé à réussir sa mission, cela avec l’adrénaline lui coupa la tristesse de la perte d’un compagnon d’arme. Oubliant sa fatigue, il chargea sur le marin. Mais sa charge fût un peu trop prévisible, ce dernier l’esquiva d’un pas sur le côté, lui fit un croche-pied le faisant tomber et lui donna un coup dans de pommeau dans le dos qui lui coupa la respiration. Le chevalier se retrouva à terre, face au sol. Il se retourna aussitôt.

Il vit son adversaire debout, avec un sourire narquois. Il pensa avoir pris un réel avantage. Mais c’était sans compter que pour Maraloch, le combat ne sera pas fini temps que les deux respireront. Le marin se jeta sur son l’homme étalé par terre, avec pour finalité lui planter son épée quelques part dans les côtes. Maraloch plia ses jambes afin de se protéger, tout en se tenant prêt à dévier la lame adverse. Il dévia la lame mais senti cette dernière lui lacérer l’avant-bras gauche. Une fois les deux au sol le combat se transforma en combat de rue où tous les coups étaient permis. Sur ce terrain-là, Mar’ est loin d’être mauvais. Le pugila entre les deux hommes fut sans conteste plus dur que le duel à l’épée. Ils finirent par se relever chacun ayant son arme et le corps endoloris par les coups. La manche gauche ne tarda pas à se teinter de rouge sang. Le combat entre les deux approchait à sa fin.

Les passes finirent par aboutir sur un coup de poing, de coude ou de genoux mais aucun des deux ne lâchait prise. Chacun se battrait jusqu’au bout pour ses convictions. Alors dans un dernier effort, inspiré par les légendes des héros antiques, il tenta d’effectuer une passe qu’il gardait secrète et pour laquelle il s’entraînait encore pour la maîtriser. Celle-ci porta ses fruits, il désarma son adversaire avant de lui planter les deux épées en croix dans la cage thoracique de son adversaire. Il poussa un soupir d’accomplissement.

Il réalisa à ce moment-là que Lindal était mort, allongé sur le sol d’un champ de bataille de guérilla urbaine. Il jeta un rapide coup d’œil pour voir où étaient ses amis. Il vit, le jeune rohirimm, allongé et inconscient, le guide plus âgé lui était incapable de se battre, l’un des garde de la rose reposait en paix maintenant, Altir lui aussi succomba. Il ne reste que Maraloch, le deuxième garde de la rose, Nathanael et Learamm. Alors qu’en face il reste le capitaine et trois marins. Malgré les nombreux mort, ils restent en infériorité numérique.




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Sighild Baldrick
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyMar 23 Juin 2015 - 20:02
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Alors que son adversaire s’élançait vers elle, la redoutable combattante resta de marbre. Son regard était des plus froids et des plus ravageurs. Lia se contenta d’esquiver son adversaire, une chose simple du fait du manque d’expérience de ce dernier. De plus, le poison commençait à faire son effet, et le jeune Elrik devenait de plus en plus pâle.

D’un geste ferme, elle réussit à le désarmer et à le garder près d’elle : les membres (muscles) d’Elrik étaient comme engourdis. Le jeune homme n’eut pas le temps de réagir : la belle lui affubla plusieurs coups de coude dans le visage. Avant qu’il ne chute, elle le rattrapa :
« Ca n’est pas ta place gamin, retourne auprès des tiens. » lui chuchota-t-elle.

Enfin, elle lui attribua un dernier coup, qui l’assomma net. Elle aurait pu le tuer, mais elle n’en avait pas envie…elle ne pouvait pas vraiment expliquer son geste.

Quoiqu’il en soit, Lia constata que leur combat était perdu. Il y eut beaucoup de pertes dans leur rang, plus que dans le camp ennemi. Pour autant, elle se dirigea d’un pas pressé vers le bureau du maire.

Son allure avait cependant changé : le coup porté par le gamin l’avait quelque peu touchée.
Elle regarda avec peine le corps sans vie de son rival : le chevalier laissait derrière lui une femme et un enfant.

Elle sentit alors une ombre derrière elle, d’un geste rapide, elle se mit sur le côté et fit tomber le soldat qui essaya de l’attaquer par surprise. L’homme était à terre, dos à elle, c’est sans regret qu’elle lui planta son sabre dans son dos.

Elle sortit d’un geste sec son sabre et continua son ascension vers le bureau du maire. Lia n’avait aucune compassion pour ce type d’individu.

Le guerrier qui avait tué Hanzel était à quelques pas d’elle. Lia voulait venger l’honneur de son ami.

Alors qu’elle pointa son sabre couvert de sang vers lui, elle fut immédiatement stoppé par un :
« Ne bouge plus femme ! »


Aussitôt, le guerrier s’était retourné pour voir la beauté ravageuse de Lia.
« Ton arme !»

D’un geste délicat elle rangea son arme dans son fourreau et se mit contre le mur du couloir. De là, les survivants ennemis l’entourèrent : il ne restait plus qu’elle. La règle exigeait qu’il ne resta aucun survivant…pourtant, ils restèrent là à la regarder.

Profitant de cet instant de doute, la belle agit rapidement : elle porta à sa bouche sa bague d’onyx et craqua la fausse pierre avec ses dents. Le poison qui en découla eut un effet immédiat : elle tomba au sol, le visage pâle.

Avant de mourir, la belle avait regardé Felian avec dégoût, puis, tout devint noir et son regard se ferma.
Ainsi périt la belle Lia.

[HRPG : pas terrible désolée…]



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Ryad Assad
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyJeu 25 Juin 2015 - 15:41

Felian s'était évanoui sans même s'en rendre compte. Sans même chuter en vérité. Il se tenait là, agenouillé, la tête penchée en avant comme lors de dévotions à quelque dieu étrange et exotique. Son esprit avait simplement déserté son corps quelques instants, et il s'était retrouvé plongé dans un rêve dont il ne gardait aucun souvenir précis. Seulement des images fugaces qui lui revenaient en mémoire par bribes. Un soleil éclatant sur une rivière qui courait joyeusement au milieu des champs. Les claquements sourds du métal sur le métal, d'une épée sur son épée. La voix insistante d'un vieil homme qui essayait de le ramener à la vie. Non, ça c'était bien réel. Il ouvrit les yeux timidement, et son regard se porta sur Felron, qui continuait à le haranguer, à le sortir de sa torpeur. Le vieil homme était blessé, aux portes de la mort, mais il continuait à l'exhorter à combattre. Comme si cela pouvait encore changer quelque chose. Le chevalier d'Anfalas essuya l'eau qui coulait de son visage - d'où pouvait-elle bien venir ? Il n'en avait aucune idée - et se redressa toutefois. Dans ses yeux, on lisait une profonde détresse. Il avait prêté serment de combattre jusqu'à la mort, mais maintenant qu'elle se présentait à lui, il trouvait cela injuste. Il n'avait pas accompli sa vengeance, pas trouvé l'homme qu'il recherchait activement... Il allait mourir comme un chien, sans avoir rien accompli de sa vie ? Mourir avant d'avoir retrouvé son Aliénor ? Un profond chagrin l'envahit, et il laissa échapper d'une voix morne :

- A quoi bon combattre ? Nous sommes perdus...

Son défaitisme le surprit lui-même, et sitôt es paroles prononcées il se rendit compte de ce qu'il venait de dire. Non, il ne pouvait pas abandonner maintenant. Il était un chevalier, un homme d'honneur et de vertu qui ne devait pas baisser les bras. Pas même quand tout semblait perdu. Pas même quand tout était perdu. Il se releva en chancelant, vacillant à cause de la douleur qu'irradiait sa vilaine blessure au côté. Elle saignait un peu moins, mais cela ne signifiait pas qu'il allait mieux, bien au contraire. Son corps était faible, fragile, mais le regain d'énergie qu'on lisait dans son regard, habité par une rage indicible, une juste fureur, était un moteur suffisant. Il avait puisé dans des réserves dont il ne soupçonnait même pas l'existence la force d'aller chercher la mort l'arme au poing, comme tout chevalier du Cor Brisé se devait de le faire. Son épée était perdue, tombée au milieu du chaos indescriptible qui s'était déroulé dans le couloir, mais il s'empara de celle du vétéran à ses côtés, qui n'en aurait plus l'utilité dans son état. Le vieil homme s'écroula en arrière, de plus en plus faible. Avant qu'il ne perdît totalement conscience, le guerrier s'approcha de lui, et lui posa une main couverte de sang sur l'épaule :

- Je vais aller chercher ceux qui restent, Felron. J'en ramènerai autant que possible...

Sur ces paroles, il se retourna, habité par une détermination nouvelle. Son pas était lent, précautionneux, mais pour autant il était régulier et constant. Il marchait sans crainte. Dans le couloir, les blessés étaient nombreux, les morts encore plus. Les corps étaient enchevêtrés les uns sur les autres, tombés pêle-mêle au cours d'un affrontement qui avait laissé des traces. Le mobilier autour était fracassé, les commodes en bois précieux ayant cédé sous les coups d'épée qui s'étaient écrasés dessus, ou sous le poids des chevaliers qui avaient freiné leur chute en s'y appuyant. Les murs portaient les stigmates de ce dernier épisode d'une guerre par trop longue et par trop violente. Les éraflures sur les tapisseries luxueuses étaient irréparables, et marqueraient le passage de ces valeureux guerriers qui avaient donné jusqu'à leur vie pour les Peuples Libres. Il en serait ainsi jusqu'à ce qu'on en changeât au gré des envies d'un nouveau Maire, et les derniers vestiges de ces hommes tombés anonymement disparaîtraient. Felian ne pleurait pas, conscient que tel était le sort des hommes qui combattaient comme lui. Vivre de rien, mourir d'un rien, sans laisser de souvenir à d'autres que ses compagnons d'armes. Il avait dédié sa vie à cela, et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait regretter son geste. Pas pour sa dernière journée...

Il restait encore un de ses compagnons chevaliers, en vie, qui se trouvait face à la dernière survivante de l'Ordre. La femme. Eirik n'avait pas réussi à en venir à bout, et il gisait désormais non loin. Pauvre enfant... Felian et l'autre guerrier entourèrent la jeune femme, pointant leurs armes dans sa direction. Elle était finie, et elle le savait. Toutefois, profitant de leur hésitation, elle préféra se donner la mort plutôt que de les laisser faire. Craquant une fausse bague dans sa bouche, elle avala un poison foudroyant et terrible qui déforma son visage de souffrance, un instant seulement avant qu'elle ne se détendît curieusement. Son corps bascula dans les bras de Felian, qui s'était jeté en hurlant pour l'en empêcher. Il interrompit sa chute, et la garda dans ses bras, incapable de retenir les larmes qui coulaient le long de ses joues. Pourquoi ? Tant de ses compagnons étaient morts au cours de cette affreuse nuit, et il avait su garder sa dignité... Mais alors pourquoi sa mort à elle lui paraissait-elle si insupportable ? Peut-être parce qu'elle n'était pas nécessaire... Au fond de lui, il savait que tous les guerriers tombés avaient perdu la vie vaillamment, en se battant pour ce en quoi ils croyaient. Elle n'avait plus aucun espoir, et elle avait décidé de mourir cependant. C'était la mort de trop, le sang versé inutilement qui donnait à tout ceci un goût amer dont il ne se débarrasserait jamais. Pleurant à chaudes larmes sur le corps sans vie de cette femme dont il ignorait même jusqu'au nom, il ne fut tiré de sa rêverie que par l'appel de son compagnon.

- Il est vivant ! Felian, il respire encore !

Le guerrier releva la tête, et sécha ses larmes, cherchant à comprendre. Il n'eût pas à se forcer. Sous ses yeux, Eirik continuait à bouger. Le gamin n'était pas encore condamné. Cette simple révélation lui procura un intense soulagement. Ses émotions basculaient d'un extrême à l'autre sans qu'il pût rien y faire, et il ne pouvait pas expliquer quelle était la bonne position à adopter. Il ne pouvait pas se décider entre la joie d'être en vie et d'avoir quelques compagnons toujours entiers, et la tristesse infinie de voir autant de morts, et d'avoir perdu autant de frères d'armes irremplaçables. En une journée, il avait vu assez de sang pour une vie, et pourtant il ne pouvait s'empêcher d'être heureux pour Eirik, d'être heureux pour ce gamin qui n'avait écouté que son courage pour les suivre dans cette aventure, dans cette folie... Précautionneusement, Felian ferma les yeux de la femme mystérieuse, et déposa un baiser sur son front comme pour lui prier de trouver la paix et le repos. Puis, allongeant son corps sur le sol dans une position qui rendait justice à son courage, il se déplaça maladroitement vers le survivant miraculé, qui peinait à reprendre conscience. Salement amoché, il saignait du crâne, et il devait avoir une migraine atroce. Mais surtout, son bras avait une couleur anormale. Les deux hommes comprirent rapidement qu'il avait été empoisonné, et que le venin se répandait dans son sang progressivement, remontant largement. Il avait déjà dépassé son coude, à en juger par l'aspect bleu sombre de ses chairs.

Alors qu'ils échangeaient sur la marche à suivre, sur le meilleur moyen de sauver leur compagnon d'une mort bien indigne pour un guerrier, ils des cris et des bruits de pas les alertèrent. La garde de Pelargir était là, venue pour les cueillir. Hélas, ils ne feraient aucun cadeau aux survivants, qu'ils s'empresseraient d'éliminer. Le temps qu'on comprît ce qu'il s'était passé, le temps qu'on acceptât que le Maire était bien un homme de l'Ordre, Felian et les siens seraient déjà passés de vie à trépas depuis bien longtemps :

- Emmène-le, et barricadez-vous dans le bureau Felian. Allez !

Le guerrier d'Anfalas haussa les sourcils :

- Adar, non !

- Je vais te donner du temps, répondit le guerrier qui, effectivement, était le plus en forme.

Sans attendre, et sans tenir compte des protestations de celui qui était normalement son supérieur, il se jeta en avant pile au moment où la garde arrivait à l'angle du couloir. Lancé comme un taureau, il percuta le premier soldat qu'il prit soin de ne pas tuer. Felian ne se fit pas prier, et davantage pour Eirik que pour sauver sa propre vie, il attrapa le col de ce dernier et le tira en arrière aussi rapidement que possible. Ce n'était pas chose aisée, mais il réussit à le ramener à l'abri, avant de refermer la porte. Au moment où il le faisait, il eut une pensée pour Adar, qui continuait le combat pour lui donner du temps. Résistant à la tentation de le rejoindre, il essaya de fermer à clé, pour constater que la serrure avait été défoncée. Alors, hurlant pour se donner la force et le courage de continuer malgré le sang qui s'écoulait de sa plaie, il traîna le lourd bureau qu'il cala contre la porte. Sans ménagement, il utilisa tout le mobiliser à sa disposition pour construire un rempart de fortune contre la furie des hommes qui allaient essayer de pénétrer là de force. Felian sut que la résistance de son compagnon avait pris fin lorsqu'il entendit une épaule frapper lourdement contre l'huis. Mais la porte était lourde, et il leur faudrait la découper à la hache pour passer. De toute évidence, ils savaient quoi faire, car rapidement les coups d'épée se mirent à pleuvoir sur le bois, résonnant dans la pièce.

Felian recula de quelques pas, sachant qu'il avait fait de son mieux. Il s'approcha d'Eirik, qui gémissait dans sa demi-conscience, et l'observa. Il était seul à devoir prendre la décision maintenant, mais Adar et lui étaient tombés d'accord de toute façon. Arrachant la chemise du garçon, il la mit à l'écart, et dévoila ce bras empoisonné qui risquait de le conduire à la mort si rien n'était tenté. Felian n'avait jamais pratiqué d'amputation à visée médicale, mais sa lame trouva rapidement une solution qui réveilla le gamin. Le flot de sang était monstrueux, impossible à tarir, et les hurlements d'Eirik n'aidaient pas vraiment. Le chevalier d'Anfalas serrait les dents à s'en faire mal à la mâchoire, alors qu'il comprimait de toutes ses forces la plaie à l'aide des vêtements du garçon, déjà imbibés. C'était la chose la plus ignoble qu'il avait eu à faire de toute son existence, et si elle n'avait pas été motivée par une absolue nécessité, il aurait passé son tour. Mais le gosse avait besoin de vivre, même s'il devait poursuivre son existence avec un bras en moins. C'était un moindre mal. Enfin... encore fallait-il qu'il survécût à l'opération barbare qui venait d'être pratiquée sur lui. Il finit enfin par s'évanouir, terrassé par la douleur, alors que derrière Felian les trous dans la porte étaient de plus en plus nombreux. Les lames ne tarderaient pas à percer l'huis, et ensuite viendrait le tour du mobilier plus fragile, qui résisterait moins longtemps. Mais le guerrier n'était plus concentré sur eux. Il se focalisait sur ce moignon sanglant, sur ce sang qui ne voulait pas cesser de couler, et sur cette tâche abjecte qui était la sienne aujourd'hui. Rugissant, il lança :

- Allez, tiens bon Eirik ! Tiens bon !


- - - -


Le Capitaine avait espéré pouvoir profiter du spectacle tranquillement, regarder ces misérables être écrasés sous la botte de ses vaillants guerriers, avant de retourner vaquer à ses occupations, mais les choses ne se passèrent pas exactement comme prévu. Premièrement, parce qu'en dépit de leur entraînement et de leurs talents, ses hommes avaient été débordés par les mystérieux assaillants menés par ce jeune et fougueux Rohirrim, au point de subir des pertes absolument inacceptables. Comment une telle déconvenue était-elle possible ? Comment était-elle seulement envisageable ? Son garde du corps personnel, cet Elfe insupportable, bouffi d'orgueil, était mort ? Sauvagement assassiné sous les yeux de ses derniers soldats, qui, il fallait bien l'avouer, n'en menaient pas large. Face à la furie des combats, à la détermination de leurs agresseurs, les soldats paraissaient hésiter, ils se lançaient des regards, sans vouloir prendre l'initiative de plonger dans la bataille au risque de le faire seul. Il fallait dire que leurs adversaires étaient particulièrement impressionnants : couverts de sang, blessés mais fiers, ils avaient surtout réussi à triompher de l'adversité, à venir les chercher jusqu'au cœur de Pelargir, sans faillir. Fuir était sans doute la meilleure chose à faire, fuir tant qu'il était possible de s'échapper de ce guêpier. Mais le capitaine était un homme fier, un homme dur, qui n'était pas décidé à baisser la tête et à tourner le dos aux difficultés. Il était confiant, et il sentait qu'ils pouvaient encore l'emporter : il suffisait de se débarrasser de ces hommes blessés et presque vaincus, avant de rejoindre le Maire pour s'organiser. Ce ne serait qu'une formalité. Dégainant lui-même son épée, il encouragea ses soldats restants, les poussant en avant en criant :

- Allez, envoyez-moi ces chiens par le fond !

Sa harangue était pleine de rage, et ses hommes trouvèrent la foi de reprendre l'affrontement, et de se jeter férocement dans la bataille. Maraloch fut pris par deux adversaires qui semblaient l'avoir identifié comme l'homme le plus en forme et donc le plus dangereux. Ils se jetèrent sur lui simultanément, l'asticotant au départ, s'amusant à l'épuiser en de vaines parades. Le guerrier, toutefois, paraissait bien concentré, et ils se résolurent à asséner des frappes plus lourdes, plus brutales. Ils n'avaient pas envie de jouer trop longtemps, et ils entendaient bien lui faire payer la mort de leurs compagnons. Toutefois, il était malaisé de combattre à deux contre un quand l'environnement ne s'y prêtait pas. Des cadavres jonchaient le sol, certains n'étaient que grièvement blessés, et ils agonisaient lamentablement, au portes de la mort. Il fallait se déplacer au milieu d'eux, enjamber les corps étendus disgracieusement, ce qui ne facilitait pas le maintien d'une pression optimale. Maraloch se déplaçait bien, forcé de reculer certes, mais tout de même suffisamment lucide pour éviter de trébucher sur un quelconque obstacle au sol. Les soldats de l'Ordre, tendus à l'extrême, finirent par perdre patience. Ils ne pouvaient pas supporter que ce combat s'éternisât, pas alors qu'ils devaient théoriquement avoir l'avantage, pas alors qu'ils se trouvaient sur leur territoire, et que tant dépendait de leur victoire. Se séparant, ils prirent Maraloch en tenaille, s'écartant suffisamment pour que ce dernier fût réduit à un simple dilemme : reculer jusqu'au mur, ou bien accepter qu'un de ses adversaires allait se retrouver dans son dos. Sans lui laisser le temps de vraiment faire ce choix, ils se jetèrent sur lui depuis deux directions différentes, le forçant à esquiver plus qu'à parer, ce qui pour un chevalier était particulièrement difficile. Les épées sifflaient autour de lui, fendaient l'air, mais pas seulement.

Ce fut un coup chanceux, ce fut un coup à peine prémédité, mais l'épée du second combattant toucha Maraloch, qui commençait à sentir les effets de la fatigue. Son oreille gauche fut sectionnée net, tombant au sol dans un bruit flasque, laissant place à une coulée de sang et à une douleur fulgurante. L'équilibre du guerrier en fut affecté, quand une nouvelle frappe vint rebondir sur son épée, le jetant au sol. Etendu sur le flanc, grièvement blessé, il n'en demeurait pas moins à la merci de ses ennemis, qui marchaient sur lui. Il pouvait encore se défendre, cependant, et il lui restait probablement assez de vigueur pour leur donner du fil à retordre.  Tout ce qu'il devait faire, désormais, c'était survivre le plus longtemps possible, en espérant qu'un de ses compagnons viendrait lui prêter main-forte. Rapidement. Très rapidement.

Pendant ce temps-là, le dernier membre de la Rose Noire et Nathanael étaient tous deux aux prises avec des adversaires qui ne leur laissaient que peu de répit. Le premier, guerrier talentueux mais clairement dominé dans ce duel, était sous pression comme jamais. Il donnait tout pour protéger Learamn, le commandant de leur expédition, qui gisait sur le sol, aux portes de la mort. Le pauvre jeune homme avait subi une grave blessure qui l'empêchait de se déplacer, et livrer bataille pour le protéger n'était pas une mince affaire. Les coups échangés étaient rudes, âpres, et rien ne laissait présager d'une issue heureuse pour le défenseur des Peuples Libres, qui semblait de plus en plus dominé. L'explication était très simple : il était tout simplement un bretteur inférieur à son adversaire, et malgré sa vaillante résistance, il perdait du terrain, accusait le coup plus vite, et se fatiguait considérablement. En face, le guerrier de l'OCF paraissait gérer son combat habilement, respirant profondément pour ne pas perdre son souffle. Il se déplaçait fluidement, et ses coups – plus rares – étaient précis et décisifs. Il fut tout de même surpris lorsque le guerrier de la Rose Noire se jeta vers lui et le força à reculer sur de nombreux mètres grâce à une stratégie aussi audacieuse que dangereuse. Les deux hommes s'en sortirent avec des blessures légères, mais le séide de l'Ordre fut moins affecté. Il était en passe de l'emporter, et sitôt qu'il aurait réussi à se débarrasser de cette dernière résistance, il pourrait mettre à mort Learamn, lui trancher la gorge pour lui faire payer la mort de l'Elfe. A moins qu'on ne le gardât en vie pour le torturer des semaines durant, l'interroger sur ce qu'il savait, lui extraire le moindre renseignement, et enfin l'abandonner à son sort dans un caniveau. C'était tout ce qu'il méritait pour avoir osé essayer de les attaquer au cœur même de Pelargir.

Parallèlement à tout ceci, Nathanael combattait pour sa vie contre le Capitaine. Celui-ci était au sommet de sa forme, et il s'était déplacé vers le conteur en ordonnant à ses hommes de le lui laisser. Il voulait avoir le plaisir de le tuer de ses mains, seul, au cours d'un duel épique qui lui apporterait la gloire. Des mois durant ils avaient traqué cet homme, ce mystérieux espion insaisissable, qui finalement était venu se jeter dans la gueule du loup, tout chaud tout rôti. Il suffisait de déchirer ses chairs d'un coup de sabre, et le principal problème du Maire serait réglé en quelques secondes. C'était un honneur qui ne pouvait revenir qu'à un gradé, en l'occurrence lui. Jetant toutes ses forces dans la bataille sans ménagement, le guerrier fondit sur Nathanael avec une férocité de tous les instants. Il abattait sa lame sans laisser la moindre opportunité au conteur de riposter. Celui-ci, abrité du déluge d'acier par la lame qu'il tenait péniblement en main, accusait le coup de tout ce qu'il avait subi durant cette terrible soirée qui s'étirait en longueur. Son corps commençait à ressentir une fatigue que la volonté ne suffisait plus à contrebalancer, et ses réflexes étaient moins affûtés. Il faiblissait, et le Capitaine le sentait. Il appuyait ses attaques, frappait aléatoirement à la tête, au corps, aux jambes, essayant même de blesser son adversaire au bras.

Tout était bon pour le voir souffrir, le faire saigner, le tuer à petit feu à défaut de pouvoir le décapiter proprement, ce qui ne saurait tarder. Rassemblant son énergie avec un grand cri de bûcheron, le premier fidèle du Maire leva bien haut son épée, et l'abattit de toutes ses forces sur le crâne de Nathanael qui bloqua la lame, sans pouvoir la dévier. Le coup était si puissant que l'espion mit un genou à terre, submergé. Il était obligé de tenir sa lame de sa main gauche pour résister à la pression, quitte à se déchirer la paume sur le fil tranchant. Le Capitaine rugit, mugit et frappa de nouveau, encore et encore sur le pauvre espion qui ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre le coup fatal. Son épée, déjà bien abîmée par les combats, craqua avant lui. L'acier se brisa purement et simplement, la lame de son adversaire fracturant sa défense comme un bélier aurait éventré une porte d'acier. La pointe pénétra entre son cou et son épaule gauche, déchira son plastron de haut en bas, et ressortit au niveau de ses côtes, qui n'avaient fort heureusement pas été touchées. Le coup était d'une brutalité sans nom, mais la chair n'avait pas été ouverte trop profondément, et aucun organe majeur n'avait été touché. C'était une moindre satisfaction en la circonstance, car armé d'un moignon d'épée, grièvement blessé, le conteur ne pouvait plus rien. Il était arrivé au terme de son long chemin, qui l'avait mené par monts et par vaux, et il périrait bravement au milieu de Pelargir, échouant à tuer son adversaire… échouant à sa dernière mission…

Learamn, toujours étendu par terre, oscillait entre la conscience et le néant absolu. Son corps paraissait être sur un fil, se demandant de quel côté il valait mieux tomber. Peut-être savait-il instinctivement qu'il était préférable de ne pas se jeter dans les ténèbres absolues trop tôt, mais en même temps il n'était rien de plus douloureux qu'avoir la pleine possession de ses sens. Le chaos tout autour, les bruits, les cris, les couleurs trop vives, les odeurs trop fortes. Tout était une agression, et même le corps, dernier refuge et bouclier de l'esprit, était présentement une source de pure souffrance. Le guerrier pouvait voir par intermittence les combats qui continuaient autour de lui, et des hommes passer devant son regard qui se troublait parfois. La porte de la grande salle se trouvait toutefois dans son champ de vision, et il fut le premier de tous les présents à la voir s'ouvrir presque silencieusement au milieu de cette cohue. Des silhouettes entrèrent, portant haut des armes, des lances et des boucliers. Ils étaient innombrables, des dizaines, peut-être encore davantage. Et à leur tête, un homme, qui n'était pas militaire, et qui n'était pas vêtu d'autre chose que d'un pourpoint de cuir noir sur lequel des armes qui n'étaient pas celles de la famille apparaissaient. D'une voix forte, il cria :

- Gardes, encerclez ces hommes !

Tous les combats s'arrêtèrent immédiatement, comme par enchantement. Les protagonistes se figèrent en plein milieu de leur mouvement, tournant la tête vers ces nouveaux venus qui portaient l'espoir pour certains, et qui sonnaient le glas des autres. Cette fois, c'était vraiment la fin. La garde était arrivée, peut-être plus tôt que prévu, peut-être qu'au fond, les combats avaient duré trop longtemps… Comment pouvaient-ils encore avoir une quelconque notion du temps, après avoir bataillé pour leur vie aussi longtemps ? Les lances étaient pointées dans leur direction, et le cercle des militaires se gonflait chaque seconde de nouveaux entrants qui venaient renforcer leur rangée impeccable. Les pointes d'argent étaient une menace claire, et ils n'hésiteraient pas à mettre à mort ceux qui leur résisteraient. L'abattement passa parmi les assaillants, qui savaient leur dernière heure arrivée. La garde allait les arrêter, on les accuserait d'avoir attenté à la vie du Maire et de ses hommes. Ils trouveraient la lettre que portait toujours Learamn, qui le présentait comme un membre de la Couronne de Fer. Leur stratagème leur avait permis d'arriver aussi loin, de dévoiler le cœur de leur ennemi. Ils avaient simplement été trop faibles pour y planter une lame. Le monstre qu'ils affrontaient était blessé, et nombre de ses griffes avaient été sectionnées en cette soirée où le sang avait plu à l'intérieur autant que l'eau à l'extérieur. Mais ce n'était pas suffisant. Le Capitaine était toujours en vie, et qu'en était-il du Maire finalement ? Ils n'avaient aucun moyen de le savoir. L'officier supérieur, qui constituait leur dernière cible, se détourna un instant de Nathanael qui gisait à ses pieds, le corps agité de tremblements nerveux. Il tenait toujours en main son épée brisée, qu'il serrait fermement comme s'il était agi de Narsil elle-même.

- Vous tombez bien ! Gardes, faites votre travail, allez !

Son sourire était triomphant, malgré la sueur qui collait ses cheveux sur sa nuque et son front. Il avait l'air particulièrement heureux, comme euphorique après avoir survécu à cet affrontement terriblement violent. Il n'y avait pourtant pris part que très superficiellement, mais il avait la sensation d'avoir remporté la victoire à la pointe de son épée, de laquelle s'écoulait toujours le sang de l'espion, auquel il tournait le dos pour l'heure. Le chef des soldats nouvellement venus tendit son bras, et ordonna à ses hommes d'une voix ferme :

- Gardes, arrêtez ces hommes ! Qu'on les fasse pendre au plus vite !

Le sourire du Capitaine s'élargit, découvrant ses dents. Quel soulagement ! Un seul détail lui échappait cependant… Pourquoi est-ce que cet homme qui commandait aux gardes le désignait lui, et non les misérables qui ne portaient pas l'uniforme de Pelargir, et qui n'auraient donc jamais dû se trouver ici. Eclatant de rire, il lança :

- Ecoutez, je ne suis pas avec eux. Je suis Capitaine, regardez mon uniforme. Mais vous avez raison, pendons ces chiens… Ils ont osé nous…

- Taisez-vous ! Lui cria l'homme.

Son autorité naturelle était grande, et le sourire du Capitaine s'évanouit en un instant. Comment était-ce possible. Comment une telle chose était-elle envisageable ? Une vague d'incompréhension passa parmi les hommes de l'Ordre, qui se regardèrent, incapables de saisir la scène qui se jouait, et donc ils étaient désormais les principaux antagonistes, destinés à être embarqués par la garde. Certains jetèrent des regards aux hommes qui continuaient à affluer dans la pièce, réfléchissant à un moyen de sortir en force… Il n'y en avait pas, cependant. D'autres évaluèrent leurs chances de s'échapper par une porte dérobée, mais ils n'iraient pas loin, seuls, traqués par autant d'hommes. Tous regardèrent leur Capitaine, qui paraissait ne pas trouver de mots. La stupeur l'avait pétrifié. C'était la chance des assaillants. Le vétéran de la Rose Noire, saisissant sa chance, abattit son arme sans ménagement sur la gorge de son adversaire, envoyant sa tête valdinguer à l'autre bout de la pièce. Son geste, aussi inattendu que brutal, laissa les gardes sans réaction. Ils s'attendaient à tout sauf à ça. L'homme hurla alors à ses compagnons, pressant une vilaine blessure qu'il avait reçue pendant son duel :

- Pas de quartiers !

C'était leur mot d'ordre. C'était leur promesse, leur engagement, leur serment. Ils devaient aller jusqu'au bout. Ils n'avaient pas le choix… Ils devaient exterminer le mal jusqu'à ses racines les plus profondes, quitte à se salir les mains au passage…


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Mardil
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyVen 26 Juin 2015 - 23:03
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Malgré ses bonnes résolutions, Eirik devait s’avouer qu’il ne faisait tout simplement pas le poids face à son adversaire. De plus la démangeaison qu’il ressentait dans le bras gauche s’était transformée en une douleur sourde qui montait inexorablement dans son membre. Sa prise sur son épée diminuait d’instants en instants malgré le fait qu’il la tînt du bras droit. Quelque soit le poison utilisé par la femme qui lui faisait face, il ne tarderait pas à sombrer dans l’inconscience.

Ce fût chose faite avant qu’il ne s’en rende compte mais ce ne fût pas à cause de l’action du poison. Il n’avait rien pu faire pour éviter les coups de coudes de son adversaire et le coup final qu’elle lui portât à la tête lui fît perdre conscience pour de bon. Enfin presque pour de bon.

Il avait toujours conscience de qui il était et de l’endroit où il se trouvait mais c’était comme s’il n’avait plus accès à tous ses sens. Il savait qu’il reposait à même le sol mais il ne sentait pas la dureté de ce dernier. S’il entendait toujours les rumeurs des combats, elles lui apparaissaient comme si il avait la tête sous l’eau. Tous les sons étaient assourdis mais au moins entendait-il toujours. Il ne savait pas s’il avait les yeux ouverts ou fermés mais tout était noir autour de lui. Le poison l’avait-il rendu aveugle ou n’avait-il simplement plus la force d’ouvrir les yeux ?

Tous ces éléments auraient dus l’effrayer mais il ne ressentait aucune panique. Son corps, pourtant meurtri, lui paraissait aussi léger que l’air. Se pouvait-il qu’il soit en train de mourir ? Il s’était souvent demandé ce que l’on ressentait au moment de la mort (et encore plus depuis qu’il avait pris une vie) et il se disait que cette sensation de légèreté était peut-être le début du processus. Il quitterait bientôt son corps et rejoindrait le lieu de sa nouvelle existence quelle qu’elle soit.

A cette idée, son corps se rappela brusquement à lui. Il était bien trop jeune. L’idée de sa propre mort lui apparaissait comme la pire injustice qu’on puisse imaginer. Il avait encore en lui la volonté de vivre, de poursuivre cette âpre lutte, bien plus difficile encore que cette mission suicide à Pelargir. Les raisons de sa présence en ces lieux de désolation lui étaient de moins en moins claires. Cela ne ramènerait pas sa sœur à la vie ni ne lui apporterait le pardon de sa mère. Alors à quoi bon ?

Il sentit alors que quelqu’un était au dessus de lui et criait quelque chose à une autre personne qu’il ne pouvait voir. Il entendit distinctement le nom de Felian. A la pensée du chevalier si vertueux, il se rappela soudain ce qu’il faisait ici. Il faisait ce qui était juste. Il faisait ce que nuls autres qu’eux n’avaient eu le courage de faire : éliminer les restants de cet ordre maléfique qui avait causé la mort de tant d’honnêtes gens de par le monde.

Il reprît pleinement conscience de ce qui l’entourait lorsqu’il sentit qu’on le traînait sur le sol. Les différentes sensations l’envahirent de nouveau : les hurlements des blessés et agonisants, la faible luminosité qui éclairait une scène de carnage qui n’avait rien à envier à ce qu’il avait vu à Fondcombe, les frottements désagréables de son corps sur le sol. Et surtout la douleur innommable qui enflammait son bras gauche. Il ne s’agissait pas de picotements ou d’une douleur sourde mais bien d’un brasier qui lui dévorait le bras. Il aurait encore préféré se couper le bras que d’endurer ça.

Il ne tarda pas cependant à réviser ce jugement quelque peu hâtif. S’il était toujours incohérent, il était parfaitement conscient maintenant de ce qui l’entourait. Et l’expression de Felian qui regardait son bras envahi par le poison ainsi que la façon dont il tenait son arme ne laissait aucune place à l’imagination. Eirik voulut lui dire de ne rien faire d’inconsidéré mais les mots refusèrent de sortir de sa bouche. Il n’arrivait pas à articuler le moindre son.

Tout du moins jusqu’à ce que son bras se retrouve brusquement séparé du reste de son corps, un peu au-dessus du niveau du coude. Il retrouva soudain l’usage de la parole mais, s’il était bien capable d’émettre des sons, rien de vraiment cohérent ne sortit de sa gorge. Il hurlait à s’en déchirer les cordes vocales. Il avait cru la douleur insoutenable mais il découvrait désormais qu’il n’y avait quasiment aucune limite à la peine qu’un être humain pouvait endurer.

Une brume envahit rapidement son champ de vision et une partie de lui comprît qu’il allait bientôt s’évanouir, conséquence du sang qu’il perdait en abondance. Des larmes s’échappèrent de ses yeux exorbités. Felian se méprit probablement sur la cause de ces pleurs. Il ne s’agissait pas de douleur mais de soulagement. Le soulagement de savoir que tout serait bientôt terminé d’une façon ou d’une autre. Le monde extérieur disparut alors à ses yeux et Eirik sombra dans l’inconscience.
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Nathanael
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyLun 13 Juil 2015 - 11:31
Echos diaphanes. Nathanael eut le sentiment d’être englouti dans les profondeurs marines, échouant à traverser les mers de l’Ouest pour rejoindre Valinor. Il sombrait, inconscient, dans des eaux chaudes, bercé par les courants, percevant les voix des marins au-dessus des flots, lointaines et sourdes. Deux matelots semblaient mener une vive discussion, mais il n’en percevait pas le sens. Une ombre se découpait devant lui, tremblante, et des pas s’activaient à parcourir le pont du navire, nombreux et précipités, faisant trembler le pont de leur assaut inattendu.  Il tenait dans sa main un sceptre ou, peut-être, les restes d’un trident ancien et brisé, ayant appartenu aux anciens hommes venus par delà les océans, les ancêtres des rois de Gondor. Des images confuses estompaient sa vision marine. L’ombre devant lui s’agitait, il était en désaccord avec une nuée d’hommes innombrables, il se sentait menacé et les Numénoréens pointaient vers lui leurs lances acérées, semonce venue de temps immémoriaux venant sonner le glas des infidèles. Puis il y eut un cri, une voix familière. Mais Nathanael ne parvenait pas à se souvenir de l’homme à qui elle appartenait. Les lames d’acier s’agitèrent, les armures méticuleusement ordonnées s’entrechoquèrent dans un tintement étrange, les certitudes se délitèrent en pensées informes et incohérentes. Il avait l’impression que les émotions et les pensées des hommes qui se trouvaient à proximité étaient palpables et qu’en tendant la main, il aurait pu les modifier à sa guise et en faire ce qu’il voulait. Il bougea les doigts pour toucher la peur du marin qui se trouvait devant lui, pour la transformer en crainte inextinguible, en effroi dévastateur et mortel. Et tandis qu’il levait le bras pour parvenir à ses fins, pour exécuter ce geste ésotérique dont il était seul à comprendre le sens, il sentit une douleur lancinante dans tout son côté gauche, une brûlure insupportable. Sa main retomba mollement sur son torse, indépendamment de sa volonté et une profonde nausée envahit tout son corps. Le confort illusoire dans lequel il se trouvait disparut soudainement, les formes floues, les marins, les Numénoréens, les vagues et le navire sombrèrent et la réalité reprit pied, violente et douloureuse.

Il se trouvait allongé dans son propre sang, encore chaud, ses vêtements imbibés de carmin et d’ébène, tenant dans sa main la lame brisée d’une épée qui n’était même pas la sienne. La lumière de l’aurore perçait une étroite fenêtre, faisant miroiter les rayons du soleil en un vitrail de pourpre et d’or. « Toute la violence des hommes ne pourrait ternir la beauté du monde ». Nathanael reprit pleinement conscience alors que la tête de l’adversaire du vétéran de la Rose Noire achevait sa courbe en retombant sur le sol, rompant résolument les visions du conteur. Le Capitaine se dressait toujours devant lui, tournant le dos à une menace qu’il croyait anéantie, un corps meurtri et mutilé, une conscience délitée sur les berges du royaume de Mandos. La scène reprit des contours nets, les soldats, les lances, les combats, les morts … et leur devoir. Qu’ils ne soient pas venus jusqu’ici en vain, que leur sacrifice ne soit pas stérile ! Nathanael se contorsionna dans la douleur pour se trouver au plus près des jambes du capitaine, qui, malgré son incompréhension, et face au geste désespéré de leurs ennemis, s’apprêtait à en découdre jusqu’au bout, coûte que coûte. Malgré les lances pointées contre lui, malgré la menace de cette marée humaine qui le pressait de se soumettre, il leva son épée pour achever l’espion, pour mettre fin à l’humiliation qui pesait lourdement sur son âme. Nathanael regarda la lame s’élever au-dessus de son visage, le capitaine levant les bras le plus haut possible comme pour donner à sa charge finale les allures d’une exécution officielle. Mais le conteur fut plus rapide, plus mesquin, et, tenant comme il pouvait de sa main encore valide l’épée brisée, il sectionna les tendons d’Achille de son adversaire, lui arrachant un cri de douleur et de stupeur. L’homme s’effondra au sol, lâchant son arme, ployant le genou devant les nombreuses lances d’hommes indécis qui ne comprenaient pas la scène qui se jouait devant eux, hésitant quant à la marche à suivre, ne sachant s’il fallait soutenir et aider le conteur, séparer les protagonistes ou mettre à mort le capitaine.

Nathanael coupa court à leur questionnement. Il prit appui sur le capitaine agenouillé à côte de lui, plein de rage, mais incapable de se remettre debout à cause de ses blessures. Et, tenant fermement la garde de l’épée contre son torse, l’espion se laissa tomber sur son adversaire avec le peu de force qui lui restait. Les deux hommes s’effondrèrent sur le sol, mollement. Le capitaine tomba face contre terre dans un soubresaut nerveux, ses membres s’agitant fébrilement ; Nathanael se tenait allongé par-dessus le corps du marin, respirant avec peine, éreinté, harassé, mutilé. Il se laissa rouler sur le côté afin de se mettre sur le dos, parvenant à grand peine à garder ses esprits. Il se contentait de fixer le plafond pour ne pas perdre conscience, des myriades d’étoiles noires et blanches couvrant la voûte au-dessus de lui, étoiles éphémères. Les hommes autour d’eux purent voir alors l’épée enfoncée jusqu’à la garde dans le flanc droit du capitaine, traversant les chairs molles et les organes vitaux qui laissaient déjà échapper sur la dalle de pierre un flot sombre de sang.  Le marin mourrait devant eux, la vie quittant progressivement ses membres jusqu’à ce que le voile de la mort ne couvre ses yeux et que la lueur de son regard ne disparaisse dans l’oubli. Nathanael murmurait à part lui le souvenir de paroles lointaines, les yeux perdus dans le vague, luttant pour ne pas sombrer dans la nuit.

« Aure entuluva, Aure entuluva … »
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Learamn
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyMer 15 Juil 2015 - 13:39
Plus rien ne comptait à présent. Etendu sur le dos le fier capitaine Learamn peinait à effectuer le moindre geste  . Ses différentes blessures le faisaient atrocement souffrir , et son sang écarlate ne cessait de s’écouler depuis sa plaie béante au pied . Recouvert de sang et d’encre , le jeune cavalier semblait avoir perdu tout ses sens. Il ne sentait plus que l’odeur ôcre du sang mêlé à l’encre , il n’entendait plus qu’un brouhaha fracassant qui résonnait au loin , les épées qui s’entrechoquent et les cris de rage et de douleur étaient bien perçus par son esprit mais ils semblaient si éloignés , presque hallucinés , irréels . Dans sa bouche il ne sentait que le goût de son sang qui tombait de sa lèvre et il ne pouvait presque plus bouger ses mains qui semblaient désormais agir en totale anarchie devant les ordres du cerveau .

Et sa vue n’était pas non plus épargnée , elle se brouillait de plus en plus ; Learamn percevait des formes ou des ombres qui se battaient entre elles qui lui paraissaient des fantômes surgis d’un lointain passé oublié. Beaucoup de ses silhouettes se trouvaient au sol , mortes . Amis ou ennemis? Alliés ou adversaires? Il n’aurait su le dire , d’ailleurs il avait presque perdu ces notions là .  Autour de lui , il voyait vaguement , de manière très floue , ce qui s”apparentait au chaos total ; une table renversée , des guerriers gisant , un parquet ensanglanté. A quelque centimètres de lui se trouvait le cadavre de l’elfe qu’il avait sauvagement abattu quelque minutes auparavant , le même elfe qui lui avait infligé de si terribles blessures.  Tout respirait la violence , ce qu’il voyait n’était autre qu’une vision apocalyptique ; c’était la fin , le monde s’écroulait et tout le monde mourrait . Et la seule chose , la seule personne qu’il voyait nettement dans ce grand désordre chaotique c’était une silhouette encapuchonnée munie d’une longue et inquiétante faux , elle était vêtue d’une longue tunique noire qui cachait son visage et de sa main squelettique elle invitait Learamn à la rejoindre lui promettant la paix et le repos : c’était la Mort . Elle répétait inlassablement son geste morbide et morne ; mais ne sachant plus vraiment pourquoi , sûrement simplement animé par son extraordinaire instinct de survie , le capitaine se refusait à la rejoindre malgré la perspective de repos éternel. Il luttait pour rester conscient car si il fermait les yeux et se laisser prendre dans les brumes il ne se réveillerait plus jamais ; il le savait , il en avait le pressentiment .

Etendu, blessé et inapte au combat , et toujours immobile , le jeune homme fournissant pourtant autant d’efforts pour s’accrocher à la vie que lors d’un duel . Autour de lui beaucoup de choses se passaient , des gardes de la cité débarquaient , un conteur amoché tuait le capitaine mais Learamn ne pouvait pas  prêter attention . Il devait rester concentré dans son duel à mort à lui , s’il cédait du terrain et que la Faucheuse gagnait tout serait fini , à jamais.
Quand d’autre continuaient à croiser le fer , à se battre , lui menait aussi une guerre , sa guerre intérieure , une lutte dans laquelle il ne pourrait conter que sur lui-même.

Il n’avait même plus la force de crier de douleur ou désespoir ni même d’appeler à l’aide. Dans un ultime effort le rohirrim leva son bras , toutes ses forces physiques étaient complètement épuisés mais il cherchait à présent au plus profond de son être là ou des choses surréalistes se passent quand l’homme sait que sa mort est imminente. Cette force cachée qui lui permettrait de faire des choses impensables pour lui en temps normal. Pour Learamn ce geste fou était simplement de lever son bras pour le faire retomber plus loin , il ne savait pas exactement pourquoi il faisait cela , c’était plutôt ridicule , peut-être voulait il simplement se prouver à lui même qu’il était encore en vie et maître de son corps , de son esprit et de ses actions  . Toujours est il que quand il laissa mollement retomber son bras , celui-ci atterrit sur quelque chose de mou , lentement Learamn tourna la tête dans sa direction et plissa les yeux.  Il distingua un petit coffre renversé , son contenu se trouvait à présent au sol , il y avait une grosse pierre précieuse qui valait son pesant d’or mais qui serait bien inutile à Learamn dans cette situation . Il y avait aussi une sorte de grosse outre remplie de liquide sur laquelle le capitaine avait sans le vouloir posé son bras. Quelque peu interdit , il observa la gourde sans se poser la question du pourquoi de la présence d’une simple outre d’eau dans un coffre gardé. Il n’avait plus l’esprit à réfléchir à de telles interrogations. Lentement il ramena sa découverte jusqu’à lui et ouvrit difficilement le bouchon . Le liquide présent dans la gourde était de l’eau , mais pas de l’eau ordinaire , une eau claire , limpide et pure comme nulle autre eau et elle dégageait une odeur sylvestre absolument exquise qui ravivait les sens , à cette odeur Learamn se sentit revigoré ; la Mort venait de reculer. Sans plus hésiter il porta l’outre à sa bouche et en but en gorgée , cette eau si étrange avait également un goût unique dans lequel se mêlait de multiples saveurs qui faisait ressurgir au jeune homme des souvenirs d’un autre temps.

Il se revoyait dans les grands champs et prairies des plaines entourant son village jouant avec une petite fille , courant avec elle et se roulant dans l’herbe  , en humer l’odeur. Le tout sous un soleil éclatant et jusqu’à que ce que leur père respectif ne viennent les chercher pour le souper , une outre d’eau à la main .

Il se revoyait au camp d’entraînement d’Edoras , tout fraîchement rentré dans les rangs de l’armée d’Hogorwen . S’entraînant encore et encore , animé par une détermination sans borne , rêvant de gloire et de mérite.

Il se revoyait déserteur , dressant seul un étalon perdu et prenant le commandement d”un convoi de réfugiés perdu dans le Riddermark jusqu’à l’arrivée  dans un bastion protégé.


Il se revoyait mené une enquête tendue accompagné d’un homme mystérieux qui aboutit sur la mort d’une belle jeune femme de la main d’un officier qu’il considère comme un modèle .Il se revoit enterrant de façon anonyme la jeune femme.

Il se revoyait prêtant serment devant les chefs de la résistance rohirrim et se battant à leurs côtés contre la tyrannie et la peur.

Il se revoyait s’engageant dans un long et éprouvant voyage avec une petite expédition pour couper la tête de leurs ennemis , il se revoyait récoltant coups et douleurs , il se revoyait subissant la colère d’une monstrueuse et obscure créature ou la langue empoisonnée d’un noble corrompu .

Il se revoyait fier et imposant , fort de son nouveau grade dans Minas Tirith . Paradant sur son destrier , savourant enfin la gloire et la reconnaissance dont il avait si longtemps rêvé .

Il se revoyait dans les catacombes , à débattre du futurs des Terres du Milieu dans leur ensemble avec de biens étranges interlocuteurs .

Il se revoyait aussi menant des hommes vers une mort quasiment certain en terre hostile , il revoyait ces hommes, ses amis qu’il emmenait à la mort. Il se revoyait se salir les mains en frappant Nathanaël pour les besoins du plan , il se revoyait aussi cédant à la rage , à la colère et à la cruauté en massacrant outre mesure un elfe hostile , continuant à le frapper rageusement bien après sa mort.

Il se revoyait au bord du précipice.

Cette eau qui semblait presque magique s’écoula le long de sa gorge , revivifiant progressivement le corps du jeune homme. Ce dernier prit une grande inspiration et sentit de maigres forces lui revenir ; certes les blessures étaient toujours bel et bien là et l’hémorragie de son pied toujours aussi menaçante mais la douleur le paralysait moins et il reprenait la maîtrise de ses sens , de son corps.

Il se redressa en position assise et observa la scène qui se déroulait sous ses yeux  , les gardes de la cité encerclaient les survivants de chaque côté. De nombreux compagnons de Learamn étaient tombés , sont un agent de la Rose Noire , Maraloch était encore debout et Nathanaël toujours en vie mais mal en point. Les gardes nouvellement arrivés donnèrent à la surprise général l’ordre d’arrêter le capitaine. Profitant de ce moment de flottement l’autre agent de la Rose Noire abattit son adversaire et Nathanaël bondit sur le capitaine pour l’abattre.

En était-ce vraiment fini , les dernières racines du Mal avaient elles complètement disparu. L’autre groupe avait il réussi à se débarrasser du Maire? Il fallait l’espérer , Learamn savait que son plan ne tenait qu’à un fil mais il était trop tard pour reculer.

Le capitaine se saisit de sa dague qui pendait à sa ceinture et la lança sur le sbire de l’Ordre le plus proche qui lui tournait le dos . L’arme se ficha dans son flanc et Learamn attendait qu’un de ses hommes valides ne finissent le travail.

En cri de ralliement , le capitaine Learamn cria

-Jusqu’au bout mes frères ! Jusqu’au bout !


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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyDim 2 Aoû 2015 - 19:39
Tant de morts… Tant de vies fauchées en une seule nuit… Et pour quoi au final ? Pour la liberté ? Pour faire triompher le « Bien » contre le « Mal » ? Où était la frontière désormais ? Où était la limite entre les héros et les monstres ? N'étaient-ils pas tous couverts du même sang, qui dégoulinait, poisseux, le long de leurs mains tremblantes ? N'avaient-ils pas tous la même lueur malsaine dans le regard, celle de bêtes traquées prêtes à défendre chèrement leur vie ? Ils n'étaient plus que des animaux, des fauves dans la cage, attendant de mordre et d'être mordus, de griffer et d'être griffés. Leurs cicatrices étaient les symboles de leurs victoires passées, leur souffrance la preuve qu'ils étaient encore en vie, et leurs larmes la marque qu'ils comprenaient. Ils comprenaient ce qu'ils avaient dû perdre pour en arriver là. Des amis, des frères d'armes. Jetés dans les flammes de la guerre. Leur droiture et leur noblesse d'âme. Dévorées par les flammèches paresseuses. Leur honneur et leur conviction d'avoir agi pour une juste cause. Calcinés avec le reste de leur idéaux. Chiens de guerre ils étaient, chiens de guerre abandonnés sous la pluie battante de Pelargir. Ce n'était pas dans l'eau qu'ils se noieraient, mais dans le sang qui servait de lit à leurs corps agités de spasmes nerveux, ou au contraire bien trop immobiles.

Les gardes de Pelargir observaient la situation sans comprendre, écœurés, dégoûtés par la violence inhumaine qui s'était déchaînée ici. Ils attendaient simplement un ordre de leur chef, qui lui-même paraissait atterré par ce qu'il venait de voir. Au mépris de leur propre existence, ces guerriers avaient choisi de tuer leurs ennemis. Un tel geste aurait pu être réprimé brutalement, et ils le savaient. Ils en étaient parfaitement conscients. Ils avaient fait leur choix en étant parfaitement au fait des conséquences. Ils avaient préféré tuer plutôt que vivre, achever leurs ennemis plutôt que de les laisser être jugés pour leurs crimes. Ils s'étaient estimés au-dessus des lois, et beaucoup d'autres auraient ordonné à ce qu'ils fussent immédiatement exécutés à leur tour. On aurait aligné les malheureux à genoux, et on les aurait proprement décapités pour leur faire payer leurs crimes. D'autres nobles auraient hurlé, auraient annoncé qu'il fallait les interroger, récolter des preuves. Mais à quoi bon crier quand les coupables étaient passés de vie à trépas ? Les colères s'apaisaient, et les réponses ne venaient jamais. La vie reprenait son cours, comme si la mort n'était qu'une étape douloureuse mais au final inévitable.

Cependant, le bras du noble qui commandait les soldats était toujours levé, retenant leurs lames et leur fureur. Ils étaient tous suspendus à sa décision, mais il paraissait réfléchir intensément à la situation. Ses yeux sombres se posèrent sur les guerriers, qui le dévisageaient avec une lueur déterminée dans le regard. Ils étaient arrivés au bout de leur mission, et tous les hommes qui arboraient l'uniforme ou le symbole de la marine de Pelargir étaient morts. Mais il fallait prendre une décision, et vite. Le noble prit la parole avec fermeté :

- Gardes !

Les hommes du rang se tournèrent vers lui, prêts à plonger leurs lames dans les cœurs de ces inconnus venus porter la mort au sein même du Triangle de Pelargir. Il ajouta calmement :

- Prenez soin de ces hommes, traitez leurs blessures et maintenez-les en vie. Faites quérir nos meilleurs guérisseurs, et qu'on installe ces braves dans nos maisons de repos. Pas de discussions !

Cette dernière injonction s'adressait à un sous-officier, qui paraissait outré de voir le sort qu'on réservait à des individus qui paraissaient pourtant clairement ennemis de la royauté et de Pelargir. Ils s'étaient introduits clandestinement dans la cité, et ils avaient enfreint ses lois. Comment pouvait-on décemment parler d'eux en termes de « braves » et leur prodiguer les soins qu'on réservait habituellement aux plus valeureux soldats du Gondor ? Mais le noble savait ce qu'il faisait, et il n'était pas décidé à donner des explications partielles et tronquées alors qu'il restait encore tant à faire, et tant de mystères à éclaircir :

- J'ignore qui vous êtes, reprit-il à l'attention de Léaramn et de ses hommes, mais consentez à déposer les armes. Aucun mal ne vous sera fait, je m'y engage sur mon honneur, mais vous devez en retour me faire confiance.

Quel choix avaient-ils de toute façon ? Une mort certaine aux mains des soldats, ou bien l'espoir que ce noble dît la vérité. L'agent de la Rose Noire fut le premier à se débarrasser de son épée, qui alla rejoindre le sol avec fracas. Deux hommes vinrent immédiatement l'encadrer, à la fois pour s'occuper de lui, mais également pour s'assurer qu'il ne s'enfuirait pas. La suite était floue, mais il était évident que ces assaillants mystérieux qui avaient mis fin à la vie du Capitaine et de ses hommes allaient passer quelques temps à Pelargir. Comme invités, ou comme prisonniers, c'était la question qui demeurait. Alors que, peu à peu, la situation paraissait revenir sous le contrôle de la garde de la cité, on se dépêcha d'allonger les blessés et de les aider à rester en vie en bandant grossièrement leurs plaies. Le jeune Learamn était parmi les plus touchés, et il aurait besoin d'une lourde opération pour extraire les bris de métal qui étaient fichés dans son pied. Une opération qui serait douloureuse, longue et qui risquait bien de l'achever. Mais si on ne voulait pas la plaie s'infectât, il fallait agir vite. Il fut l'un des premiers à être évacués, et on le chargea sur un brancard de fortune, quatre hommes acceptant de le conduire de toute urgence dans les maisons de repos. Là, deux guérisseurs se penchèrent sur son cas, et décidèrent de procéder à une extraction minutieuse. Le jeune capitaine souffrait le martyr, et pour l'endormir un peu, on lui administra plusieurs grandes rasades d'une eau de vie locale, si forte qu'elle allait le laisser complètement insensible pendant plusieurs heures. Au réveil, il aurait une sacrée gueule de bois… s'il se réveillait un jour :

- Assez, assez ! Il a son compte. Maintenant, poussez-vous, faites-moi de la place. Et apportez des linges propres, ça risque d'être moche…

Les hommes reculèrent, certains s'empressèrent d'aller chercher les fournitures nécessaires à l'opération. Quatre femmes, de jeunes novices réveillées en pleine nuit pour s'occuper de blessés dont personne ne connaissait l'identité, plaquèrent fermement le jeune guerrier sur la table d'opération. Même assommé, son corps pouvait encore réagir de manière imprévue, et il fallait absolument le maintenir aussi immobile que possible, sans quoi il risquait d'aggraver son cas.

On s'occupa également de Maraloch, qui avait eu le malheur de perdre une oreille dans l'histoire. La lame avait tranché cette excroissance facilement, et pourtant il avait réussi à tenir le coup et à continuer le combat, preuve de son extraordinaire résistance. Néanmoins, sa main ne suffisait plus à contenir le flot de sang qui s'échappait de la plaie, et il faudrait le recoudre le plus rapidement possible. Il marchait encore à peu près convenablement, et grâce à l'appui de d'un vigoureux marin qui accepta de le soutenir en le laissant s'appuyer sur ses épaules, il put trouver à pied et conscient le chemin des guérisseurs, qui s'empressèrent de l'examiner. Assurément, il avait eu de la chance, car à quelques centimètres près, son crâne aurait été fendu en deux. Toutefois, il n'était pas possible de lui recoller son oreille, et il devrait vivre le restant de ses jours avec la marque de ce combat prodigieusement sanglant.

Nathanael le conteur n'était pas dans un meilleur état, et son transport fut particulièrement difficile. Sa blessure à l'épaule était sévère, et dès qu'il était arrivé dans un endroit convenable pour être opéré, la guérisseuse qui avait été désignée pour se charger de lui s'empressa de découper sa cuirasse pour se frayer un chemin jusqu'à son torse. Tant pis pour son plastron, déjà sévèrement entamé par la lame ennemie. Elle fit la grimace en constatant que la chair, ouverte de l'épaule à la dernière côte, continuait de vomir du sang par à-coups, régulièrement, comme un fruit que l'on aurait pressé jusqu'à la dernière goutte. Déjà, le bras de l'homme barbu se décolorait, et il fallait agir vite si on voulait le sauver. Vérifiant qu'il respirait toujours en posant ses doigts sur sa carotide, elle entreprit d'abord de nettoyer la plaie pour y voir plus clair. Le pauvre allait sentir rudement le contact de son linge humide et de l'alcool, mais il avait l'air d'un dur à cuire, et elle était persuadée que le soldat qui s'agrippait à son bras valide parviendrait à contenir ses ruades. Elle n'était pas sûre qu'il pouvait encore l'entendre, dans l'état où il se trouvait, mais elle souffla :

- Je suis désolée…

Le garde la regarda en coin. Oui, ça allait être une sale nuit pour eux tous, et avant le soleil ne fût haut dans le ciel, de nombreux hurlements allaient se faire entendre dans les maisons de repos. D'autres, en revanche, garderaient le silence pour de bon. Lindal et Altir', deux des chevaliers du Cor Brisé, gisaient sur le sol, ainsi qu'un soldat de la Rose Noire. Ils ne verraient pas le soleil d'or qui se levait sur la cité portuaire, et qui paraissait chasser la pluie et les sombres nuages. Leurs âmes avaient déjà déserté leurs corps, et ne restait plus d'eux qu'une dépouille inerte. Les soldats déposèrent délicatement un linceul qui fit disparaître leur silhouette aux yeux de tous. C'était une précaution qui aurait pu paraître bien inutile, pour des combattants qui avaient pataugé dans le sang et la mort, mais chacun éprouva une forme de soulagement en voyant ces corps s'évanouir sous un drap blanc. Cela leur permettait de sauvegarder les souvenirs de ces valeureux compagnons, de leurs rires et de leur courage extraordinaire. Personne ne voulait conserver d'eux l'image d'un cadavre désarticulé, le visage figé dans une expression de pure souffrance. Personne.

Le dernier agent de la Rose Noire, quoique terriblement blessé, trouva tout de même la force d'expliquer la situation à leur interlocuteur, ce noble qui paraissait répugner à faire s'abattre sur une sentence qu'ils auraient pourtant pu mériter. D'une voix rendue ténue à cause de la souffrance, il souffla :

- Nos compagnons… Ils sont auprès du Maire. Si vous nous avez sauvé, sauvez-les également…

L'homme hocha la tête, même si un pli soucieux venait de se former sur son front. Il se redressa et fit signe à un groupe d'hommes de lui emboîter le pas. De toute évidence, il n'était pas temps de traîner, et il fallait aller secourir ces guerriers. Une question demeurait… Qui était cet homme apparemment décidé à les aider ? Cette interrogation taraudait l'espion plus que tout, alors même que son le noble disparaissait à l'extérieur, une douzaine de gardes sur les talons. Il s'allongea sur le brancard qu'on venait de lui présenter, et ferma les yeux pour se détendre. Ses doutes intérieurs le hantèrent jusqu'à ce qu'il trouvât le sommeil qu'il essayait pourtant de fuir de toutes ses maigres forces…


~ ~ ~ ~


Une semaine avait passé. Sept jours irréels, depuis la fin de la mission. Sept jours pendant lesquels le membres de la compagnie avaient été coupés du monde. Les maisons de repos où ils se trouvaient, sorte de grand établissement où on traitait les blessés militaires, avait été mis pratiquement en quarantaine. Officiellement, on cherchait à assurer la sécurité des individus qui avaient pénétré dans Pelargir, mais officieusement, tout le monde – à commencer par les rares survivants – savait bien qu'il s'agissait d'un moyen de s'assurer qu'ils ne s'échapperaient pas. C'était une mesure bien inutile, cependant, car au vu de leur état, il n'était pas possible d'imaginer qu'ils pussent même quitter le bâtiment où ils se trouvaient. Alors rejoindre une autre cité à plusieurs heures de cheval ? Non, c'était bien impensable. Il leur faudrait encore un peu de repos, des traitements attentifs, et surtout du temps. Ils avaient été pris en charge de la meilleure des façons, mais seul le temps pouvait dire s'ils se remettraient totalement de leurs blessures, où s'ils en garderaient une cicatrice, d'une manière ou d'une autre. Les guérisseurs savaient traiter le corps, mais l'esprit n'était pas leur domaine. Les guerriers s'étaient pour la plupart murés dans un silence qui n'était pas de l'obstination, mais simplement l'incapacité à parler. Ils ne se confiaient qu'aux femmes qui venaient les toiletter, changer leurs bandages ou les nourrir. Elles passaient plusieurs fois par jours, et leur présence réconfortante était une thérapie sur laquelle certains se reposaient, d'autres non. Chacun réagissait comme il le pouvait.

Au bout du septième jour, cependant, les choses changèrent quelque peu. Sans qu'on les eût prévenu au préalable, des militaires firent irruption dans leur chambre, et les chargèrent aussi précautionneusement que possible sur des civières qu'on fit amener dans la grande salle d'accueil. C'était une vaste pièce aux hautes fenêtres, qui à cette heure de la journée était baignée de soleil. C'était là qu'on accueillait les blessés urgents, pour pratiquer des soins immédiats, et en cas de pénurie de lits, on installait le surplus de population ici. Aucun lit n'était occupé, cependant, et on s'arrangea pour allonger les survivants côte à côte. C'était la première fois qu'ils se revoyaient tous ensemble. Les deux groupes, réunis. Ils étaient si peu nombreux. Outre Nathanael et Learamn, seuls avaient survécu Maraloch et l'espion de la Rose Noire, qui répondait au nom de Ionas. De l'autre côté, seuls Felian et Eirik s'en étaient tirés. Naturellement, les questions fusèrent, notamment auprès de Felian dont le groupe avait été décimé. Celui-ci répondit d'une voix neutre :

- Le Maire est mort, tout comme ses alliés. Mais beaucoup ont donné leur vie pour y arriver. Aucun de mes chevaliers ne s'en est tiré… Felron a mis fin aux jours du Maire, en acceptant de se jeter seul dans le piège. Il l'a payé de sa vie. D'après ce qu'on m'a dit, Olrik a réussi à gagner du temps, et il est tombé pour nous donner la possibilité de terminer notre mission… Eirik…

Les regards se tournèrent vers le jeune homme. De tous, il était le plus jeune et le plus innocent. Il avait encore beaucoup de choses à faire de sa vie, et pourtant cet affrontement avec l'Ordre lui avait pris son bras. Une perte terrible, qui faisait de ce gosse un vétéran. Déjà. Comment allait-il continuer à vivre avec ça ? Avec le poids de tout ce qu'il avait fait, de tout ce qu'il avait souffert, de tout ce qu'il avait pu voir… Il était difficile de trouver les mots pour en parler. Ils prirent des nouvelles les uns des autres, s'inquiétant de leurs blessures respectives, et au fond heureux de voir que certains s'en sortaient. Mais leurs pensées allaient vers leurs compagnons tombés, vers tous ceux qui ne rentreraient pas au pays. Il y avait de quoi vouloir s'enterrer, et ne plus jamais porter une épée. Qui n'y songeait pas, parmi eux ? Qui ne songeait pas à tout arrêter, et à repartir de zéro, vivre une vie paisible dans un endroit idéal, avec une femme aimante et des enfants émerveillés par la vie ? Ils l'avaient mérité, en quelque sorte. Ils pouvaient estimer avoir fait leur part du travail. Alors qu'ils discutaient, la porte s'ouvrit brusquement, et un garde fit son apparition. Il les toisa du regard, avant de s'écarter, pour laisser entrer leur sauveur. Le noble.



Celui-ci ne paraissait pas avoir changé en sept jours, sinon qu'il avait l'air épuisé. Epuisé mais pas abattu : on lisait quelques marques de fatigue sur son visage, mais ses yeux étaient vifs, et son pas dynamique. Il prit place face aux lits des survivants, et s'éclaircit la gorge, comme s'il s'apprêtait à commencer un discours. Mais les mots ne vinrent pas, et il glissa :

- J'avais prévu de vous dire quelque chose, mais par où commencer ?

Il passa une main sur son visage, et reprit :

- J'ai pris de vos nouvelles régulièrement, et on m'a dit que vos blessures se remettaient. Je suis heureux d'apprendre que vous jours ne sont plus en danger. C'est la première fois que vous vous retrouvez après… après ce qu'il s'est passé, et j'en suis désolé. Votre venue a changé plusieurs choses à Pelargir, notamment…

Il parut se rappeler de quelque chose :

- Oh, je ne me suis pas présenté, toutes mes excuses. Ravaran Leontochir. Depuis hier, je dirige le Conseil de Pelargir. On peut dire que c'est un peu grâce à vous… Je suppose que vous ignorez tout de ce qu'il s'est passé, aussi laissez-moi vous expliquer. Vous êtes venus de très loin, pour éliminer les tyrans de l'Ordre de la Couronne de Fer, c'est bien ça ?

La simple mention de cet ordre fit serrer les poings à Felian, qui se retint de dire quoi que ce fût. Il voulait en savoir davantage, notamment comprendre comment cet homme avait pu avoir vent de leur situation, et apparaître pour les sortir d'une très mauvaise passe. Leontochir poursuivit :

- Cela fait plusieurs mois maintenant que ces hommes sont en place, et j'ai rapidement eu des soupçons à leur sujet. Mais il m'était impossible de renverser le Maire sans l'appui du Conseil, et impossible de recueillir l'aval de celui-ci sans prendre le risque d'être moi-même évincé et éliminé. D'autres ont essayé de protester, mais ils ont rapidement changé d'opinion. Je suis pour ainsi dire le seul à avoir continuer à agir. Dans l'ombre. J'ai cherché à recueillir des renseignements, à monter un réseau. Beaucoup des hommes que j'ai pu financer et aider ont été tués, hélas. Pelargir était totalement sous leur emprise. Et puis vous êtes arrivés. J'ignore encore comment vous avez procédé, mais vous avez réussi à porter un coup fatal à nos ennemis. Il se trouve que j'ai été mis au courant de tout ceci par un homme… Celui qui vous a donné cette carte…

Le Premier Conseiller de Pelargir tira une carte d'une poche de sa tunique, et la présenta aux compagnons. Elle était froissée, un peu humide, mais parfaitement reconnaissable. L'homme de l'auberge, qui leur avait donné ces précieux conseils, avait réussi à prévenir le seul allié sur lequel ils pouvaient compter :

- Sitôt après votre départ, il a essayé de me contacter. Il se trouve qu'il a été intercepté par les gardes, et qu'il m'a d'abord fallu le libérer. Il m'a expliqué la situation, et il paraissait croire en vous. Alors j'ai rassemblé tous les hommes en armes que j'ai pu trouver, et je les ai menés là où il m'avait dit pouvoir vous trouver. Je suis arrivé à temps, je suppose.

Son sourire élégant ne dissimulait pas totalement son esprit de politicien et sa tendance à souligner ses mérites, mais on ne pouvait nier qu'il était arrivé à point nommé pour les sortir de cette mauvaise passe. Se tournant vers Felian et Eirik, il leur expliqua plus particulièrement :

- Vos compagnons étaient aux prises avec le Capitaine et ses hommes. Je pense que notre intervention leur a donné le temps de s'occuper de ces traîtres.

Revenant aux autres – Maraloch, Ionas, Nathanael et Learamn –, il ajouta :

- J'ai ensuite mené mes hommes jusqu'au bureau du Maire, où j'ai découvert qu'une compagnie de gardes du palais était en train d'en défoncer la porte. Vos compagnons s'y étaient retranchés, bien que beaucoup eussent perdu la vie avant de pouvoir se mettre à l'abri. J'ai réussi à les convaincre de me laisser gérer la situation, et nous avons pu sauver vos deux amis. Les autres, malheureusement, n'ont pas survécu…

Il marqua une pause, conscient que ce n'était peut-être pas un sujet que ses interlocuteurs avaient envie de voir revenir sur la table. Sept jours s'étaient écoulés, mais c'était peu en définitive. Peu pour des hommes qui avaient plongé dans les flammes de la bataille, et qui en étaient ressortis en laissant derrière eux de valeureux compagnons. Il reprit :

- Comme je vous le disais, votre action a quelque peu chamboulé les choses à Pelargir. La cité est toujours en émoi, et le Conseil était très partagé concernant votre sort. Je représente la frange majoritaire, et je suis d'avis que vous méritez d'être récompensés pour vos efforts, plutôt que blâmés pour vos crimes. Vous avez mis fin à un régime de tyrans et de traîtres, vous avez libéré Pelargir d'usurpateurs, et vous avez fait tout cela alors que vous n'êtes même pas d'ici. A ce titre, je tiens à vous remettre à tous ceci.

Comme si la cérémonie avait été parfaitement répétée, un homme franchit la porte en tenant un coffret. Il l'ouvrit, et dans l'écrin se trouvaient des broches stylisés, représentant un lion rugissant. C'étaient des pièces magnifiques, en argent, finement ciselées et incroyablement légères. Le Premier Conseiller s'expliqua :

- Ces broches sont aux armes de ma famille, la famille Leontochir. Elles font de vous des amis de Pelargir, et vous marquent comme des hommes de confiance. Si vous avez un jour besoin de l'aide d'un fidèle de notre belle cité, montrez-lui ceci, et il vous aidera. Grâce à cela, vous serez toujours les bienvenus ici.

L'homme qui venait d'entrer s'approcha de chaque lit, et déposa soigneusement la broche sur la petite table de chevet. C'était un cadeau précieux, et une preuve de confiance. Un tel présent ne pouvait être refusé, assurément. Alors que les survivants pouvaient déjà s'estimer heureux d'échapper à une condamnation à mort, ou à une explusion de la ville, ils n'étaient pas encore au bout de leurs surprises. Ils avaient gagné bien davantage que leur liberté et une amitié. En effet, un second individu entra dans la pièce, portant lui aussi un coffre. Ravaran sourit, et lança :

- Vous avez beaucoup perdu, en venant ici vous battre pour notre sort. Vous êtes venus sans rien demander en retour, et pour votre abnégation, le Conseil de Pelargir a décidé de vous offrir une récompense spéciale.

Alors que l'homme au coffre s'approchait pour déposer à chacun une compensation pour les souffrances endurées, Leontochir s'avança vers le conteur, qui reposait dans son lit. Il paraissait toujours faible, mais son bras était toujours attaché à son corps, et s'il prenait soin de lui, il pourrait se débarrasser de cette atèle plus rapidement. Le Premier Conseiller fit signe à un troisième et dernier homme d'entrer. Celui-ci ne portait qu'un grand morceau de tissu, qui refermait une récompense un peu particulière :

- Nous n'avons jamais été présentés, mais je vous connais de réputation. Vous êtes celui que les traîtres cherchaient activement. Quelque part, vous m'avez sauvé la vie, car à un moment donné ils ont été persuadé que vous étiez moi. Votre combat pour Pelargir ne date pas d'hier, et je suis certain que la richesse ne vous intéresse pas. Je voudrais donc vous offrir un symbole de votre victoire ici. L'épée du Capitaine que vous avez vaincu, en remplacement de la vôtre…

Leontochir tint le fourreau pendant que Nathanael dégainait l'arme. On sentait que c'était une arme prestigieuse et superbe, qui avait été forgée pour un officier d'exception. C'était un présent bien particulier, que beaucoup d'hommes auraient pu refuser. Mais le Premier Conseiller insista :

- L'Amiral a offert cette lame à cet homme. Une lame particulière, une de celles appelées à se forger un nom. Elle est d'un acier si solide qu'elle ne se brisera pas au combat. Vous avez pu le constater. L'Amiral ne souhaitait pas la reprendre… il ne pouvait pas. Il préfère que quelqu'un corriger l'histoire de cette lame, et fasse de grandes choses avec. Vous en sentez-vous capable ?

Il n'attendit pas la réponse du conteur. Il n'en avait pas besoin. Refermant le fourreau sur la lame argentée, il laissa l'arme à Nathanael, et recula de quelques pas pour mieux embrasser du regard tous les blessés. Il s'inclina légèrement du buste, et souffla :

- En définitive, merci à tous. Merci au nom de toute la cité de Pelargir. Vous pouvez demeurer ici autant que nécessaire, et lorsque vous l'aurez décidé, vous serez libre de partir où bon vous semble. Si nous ne nous revoyons pas d'ici là, je vous souhaite bon vent pour la suite. N'oubliez pas que désormais, vous avez un port d'attache. Un port sûr.

______

HRP : Voici que s'achève cette quête, qui vous aura mis aux prises avec le dernier bastion de l'OCF, et certains de ses derniers sbires. Merci à tous d'y avoir participé ! Je vous invite à décrire ci-après la dernière semaine de votre personnage, ainsi que, éventuellement, son départ. En ce qui concerne les récompenses, merci de lire ce qui suit pour plus de détails :

Elenduril : Une pierre précieuse t'es offerte, à dépenser dans les commerces appropriés au moment de ton choix. En outre, tu reçois une broche d'argent, symbole de l'amitié de Pelargir. Elle fait de toi le bienvenu dans la cité, et te permet de faire appel à l'aide de ses habitants en cas de besoin. C'est un cadeau dont il faut se montrer digne.

Evart : Une pierre précieuse pour toi également. Puisque ton personnage n'a pas survécu à la campagne, c'est ton PJ qui sera récompensé. Tu gagnes donc en prime un sauf-conduit pour traverser la région du Lebennin en toute sécurité, sans risquer d'être arrêté par une patrouille.

Learamn : Une pierre précieuse, et une broche d'amitié de Pelargir. La blessure au pied, c'est gratuit Smile.

Mardil : Une pierre précieuse, et une broche d'amitié de Pelargir. Avec un bras en moins, ça va être pratique ^^.

Nathanael : Une broche d'amitié de Pelargir, et l'épée du Capitaine. Pas de pierre précieuse pour toi, na langue

Sighild : Puisque ton personnage était du côté de l'OCF, ta récompense est un peu différente. Tu gagnes une pierre précieuse également, mais aussi une fiole d'un puissant anti-poison retrouvé dans les affaires d'une certaine Lia. Ça peut toujours servir Smile.


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Mardil
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Manchot. Le terme (que personne n’avait encore osé prononcer devant lui par ailleurs) ne laissait que peu de place à l’imagination. Pourtant c’était un mot qui tournait en boucle dans son esprit. Il n’arrivait pas à penser à quoi que ce soit d’autre. Et qui aurait pu l’en blâmer ? Qui aurait eu l’audace de lui dire quoi que ce soit à ce sujet ? Il n’avait pas encore 18 ans et sa vie était déjà gâchée. Par sa faute. Parce qu’il n’avait écouté que sa soif de vengeance.

Que les autres se racontent des mensonges s’ils le souhaitaient. Il avait fini de se voiler la face pour sa part. Il n’avait eu de cesse de vouloir rejoindre cette mission suicide contre l’OCF. Et, contrairement à ce qu’il pensait, contrairement à ce qu’il aurait préféré même, il n’était pas mort. Et pourquoi ? Pour quel résultat ? Qui se souciait de son sacrifice ? Et quand bien même, il aurait trouvé quelqu’un qui s’en souciât réellement, quelle différence cela aurait fait pour lui ? Il ne voulait pas de la pitié des autres. La moindre trace de compassion dans le regard des gens qui l’entourait le plongeait dans une rage folle.

Une rage toute intérieure cela dit. Il ne dérogeait en rien à son habitude de tout garder en lui. A vrai dire, personne ne lui avait tiré un seul mot depuis qu’il s’était réveillé. Un réveil des plus brutal d’ailleurs. Il ne souvenait de rien après son amputation. Il ne se souvenait pas d’avoir perdu connaissance. Il ne se souvenait que d’être revenu à lui pendant que les médecins qui l’entouraient cautérisaient la blessure de son bras. Ou plutôt de son moignon si on voulait être honnête.

Il se souvenait d’avoir crié. Il se souvenait de la douleur atroce qui l’avait envahie. Il se souvenait avoir pensé que c’était la seule constante de sa vie. Puis il avait de nouveau perdu connaissance. Il ne savait pas exactement combien de temps il était resté inconscient. Un jour ? Deux ? Peut-être plus.

La douleur atroce s’était muée en une douleur sourde, permanente. Un constant rappel de la partie de lui qu’il avait irrémédiablement perdue. De temps en temps, la blessure de son moignon le démangeait tellement qu’il croyait devenir fou. Il savait pourtant qu’il ne servait à rien de se gratter. N’y tenant plus, il l’avait fait une fois. Il avait cru qu’on lui enfonçait un tisonnier chauffé à blanc dans le bras. Il n’avait pas recommencé.

Et puis, il y avait ces moments où la douleur devenait intolérable. Pas au niveau de sa blessure, non, au niveau de son membre manquant. Une douleur intolérable qu’il ne pouvait apaiser par aucun moyen car la partie de lui que le tourmentait si implacablement n’était plus là. Le médecin avait parlé de douleurs fantômes. Le pauvre imbécile. La douleur ne lui avait jamais parue aussi réelle, bien au contraire.

On lui disait de prendre du repos, que la douleur finirait par se calmer, qu’il serait alors temps pour lui d’avancer. Vers où ? Sa vie se terminait avant même d’avoir commencé. Pourquoi la vie ne lui avait jamais apporté que douleurs et chagrin ? Pourquoi les Valar prenaient tant de plaisir à le tourmenter ? S’agissait-il d’un jeu cruel, un jeu que de simples mortels ne pourraient jamais comprendre ?

Personne n’était venu le voir. Du reste, il ne le souhaitait pas. Il ne voulait plus que s’avancer dans l’obscurité, être englouti purement et simplement. Il en voulait en monde entier. Il blâmait son père pour tout ce qui lui était arrivé, il aurait voulu se trouver en face de sa mère et la frapper jusqu’à ce qu’elle demande grâce. Il aurait souhaité voir les membres de l’OCF se tordre de douleurs dans un brasier d’enfer qui aurait réduit leurs corps tremblants en cendres. Il aurait même voulu voir ses compagnons d’armes souffrir mille morts sous les coups d’un bourreau dont le visage juvénile et innocent démentirait la violence des actes. Un visage pareil au sien.

Il était irrationnel, il le savait et c’est pour cela qu’il ne partageait ses pensées avec personne. Beaucoup des leurs étaient morts, il aurait dû s’estimer heureux. Le devrait-il ? Ne préférerait-il pas être étendu à même le sol froid de la cité portuaire comme ce pauvre Felron ? N’aurait-il pas mieux valu qu’on contât sa mort héroïque plutôt que de devoir endurer cette non-mort qui était mille fois pire ?

Il en voulait mortellement à Felian. Il ne supportait même pas l’idée d’avoir à lui faire face un jour prochain. Il n’était pas sûr d’être capable de se retenir de lui sauter à la gorge. Il voulait le faire souffrir autant que lui souffrait. Il se cachait derrière sa colère et sa haine. C’était tout ce qui réussissait à le maintenir dans la réalité. Tout ce qui l’empêchait de sombrer dans la folie.

Il était injuste. Ça aussi, il le savait. Il n’en avait cure. Il préférait encore endurer la colère, la haine et l’incompréhension de ses camarades que de devoir supporter leurs regards fuyants,  que de lire la culpabilité et la pitié dans leurs yeux. Il devait rester furieux. Il devait continuer à en vouloir au monde entier. Si sa fureur retombait ne serait-ce que pour un moment, alors il se briserait en deux. Irrémédiablement. Et il savait qu’il ne se relèverait pas.

Alors il continuait ses récriminations silencieuses. Il était plus facile d’en vouloir aux autres que d’affronter le fait qu’il était le seul artisan de son malheur. Il n’était pas venu à Pelargir pour la justice. Pas même pour assouvir une soif de vengeance aveugle et inconsistante. C’était son orgueil et sa vanité qui l’avaient conduit dans cette cité maudite. Il s’était crû invincible. Il se voyait déjà triomphant des sbires de l’OCF à lui tout seul, admiré de tous. La réalité n’aurait pu être moins proche de ce fantasme.

Son état d’esprit n’avait pas changé lorsqu’on vînt le chercher. Il ne savait pas où on l’emmenait. Si les brancardiers l’avaient jeté dans le fleuve, il les aurait probablement remercié. On le conduisit vers une haute salle où les rares survivants de leur petit groupe étaient réunis. Eirik ne regarda personne dans les yeux, prenant bien soin d’éviter le regard inquisiteur de Felian. Il les écouta raconter ce qui s’était passé, laissant Felian être le porte-parole de leur épopée pathétique.

Il ne supportait pas leur présence. Son visage était froid et impassible. On aurait presque dit une caricature glacée et sans vie du jeune homme qu’ils avaient rencontré si peu de temps auparavant. Il garda les yeux baissés. Il les haïssait presque autant qu’il se méprisait lui-même. Mais il ne craignait pas de se montrer violent envers eux. Il avait seulement peur, si jamais il croisait leur regard, de ne pouvoir contenir ses larmes. Et rien n’aurait pu être pire que de leur laisser comprendre l’étendue de sa détresse.

Il n’écouta le discours du noble, à qui ils devaient manifestement la vie, que d’une oreille distraite. Il ne jeta pas même un coup d’œil à la broche qu’il posa sur la table de chevet attenante à son lit. Vous serez toujours les bienvenus ici, avait-il dit. Eirik ne voulait plus jamais revoir cette cité de malheur de son existence. Il n’avait qu’une envie : jeter cette broche et tout ce qu’elle représentait dans le fleuve.

Il n’en fît rien. Bien après qu’on l’ait reconduit dans sa chambre, il la regarda longuement. Il ne la jetterait pas. Il ne savait pas pourquoi au juste mais il ne voulait pas s’en débarrasser. On lui avait dit que, dès qu’il se sentirait mieux, on le conduirait où bon le semblerait. Il n’attendrait pas aussi longtemps. Plus vite il pourrait quitter la cité portuaire et mieux il se sentirait. S’il restait ne serait-ce qu’un jour de plus dans cette chambre, il allait étouffer. Il voulait rentrer chez lui. Pas dans son village natal, non. Ce n’était plus chez lui depuis que sa mère l’avait chassé. Il voulait revoir Sighild. Elle était la seule à pouvoir lui venir en aide.
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Learamn
Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Learamn

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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyLun 10 Aoû 2015 - 18:19
Tout était flou ; la douleur aveuglait les sens d’un Learamn qui ne distinguait que des formes indéfinies et n’entendait que des bruits lointains et chaotiques. Seule l’odeur âcre du sang et de l’encre montait avec insistance jusque son esprit et l’envahissait  , le paralysait progressivement comme un poison de vipère.  Il entendait bien de l’agitation à quelques mètres de lui, de toute évidence les gardes de la cité qui avaient déboulés un peu plus tôt s’était décidés  faire quelque chose ; la question était de savoir quelle serait la nature de leurs intentions : hostiles ou pacifiques , car amicales ne semblaient plus avoir le moindre sens pour le groupe d’aventuriers qui avaient tant perdus. A vrai dire Learamn n’en avait cure , peu lui importait à présent . Il était étendu sur le sol , baignant dans son sang bleui par l’encre et dans celui de son ennemi qu’il avait sauvagement abattu comme un animal oui c’était le mot , le jeune homme avait fait taire son honneur et avait agi avec toute l’animalité sauvage qui l’habitait ; quelle était la différence après tout entre lui et ses ennemis? Ils étaient tout deux des tueurs sanglants qui étaient prêt à sacrifier leur propre vie pour prendre celle de leur prochain.  Ce genre de réflexion était au moins aussi douloureuse pour le jeune rohirrim que les blessures physiques ; il émit un bruit à mi chemin entre le grognement et le gémissement qui en disait long.  Il fallait en finir . Ainsi touché et étendu , le jeune homme se sentait d’une inutilité totale ; un faible voilà ce qu’il était ; un faible , un jeune arrogant qui avait failli . Piètre capitaine , il avait consciemment amené ses hommes dans la gueule du loup et bien peu d’entre eux s’en étaient sortis . Gallen Mortensen lui avait fait confiance pour cette mission , le Rohan lui avait fait confiance , tous les Peuples Libres lui avaient fait confiance ; et lui du haut de sa jeune  arrogance , parcequ’il pensait déjà avoir tout vécu en tant que soldat , il avait échoué et de quelle manière . La plupart de ses hommes s’étouffaient dans leur sang , la gorge déchiqueté et les viscères arrachées . Le capitaine royal avait survécu mais dans quel état il se trouvait donc , le pied gravement touché et tout le corps blessé et endolori . Ah qu’il était bien loin le fier et resplendissant jeune officier , héros d’Aldburg ; à présent toute trace de gloire , d’innocence et d’intégrité avait disparu .  

Des personnes s’approchèrent de lui , Learamn ne fit pas le moindre geste pour se défendre ou s’exprimer ; il se laissa tout simplement faire , las . Il sentit qu’on le soulevait alors que son pied le faisait de plus en plus souffrir ; il ne s’exprimait désormais plus que par des hurlements de douleurs qui déchiraient le ciel pluvieux de la cité portuaire.  On l’amena dans un bâtiment après un court trajet qui n’avait pas duré plus de quelques minutes , mais , face à la douleur , le rohirrim avait perdu toute notion de temps et le trajet sembla lui durer des heures entières. Les hommes qui l’avaient transportés finirent pas le poser sur une table de bois dure , deux visages se penchèrent sur les plaies du jeune homme et identifièrent celle du pied comme la plus importante. Des commis leur apportèrent toute une panoplie d’instruments divers , Learamn redressant la tête les regarda avec horreur ; il ne fallait pas un diplôme de médecin pour comprendre leur utilité . Le jeune rohirrim parvint à gémir d’une voix trop basse

“-Non non , s’il vous plaît non !”


Mais rien ne servait de protester et déjà les guérisseurs entamaient leur besognes . On le força à boire le contenu d’une petite cruche , Learamn ne se fit pas prier pour avaler son contenu à grande gorgées ; il était assoiffé . Le récipient contenait en réalité une dose non négligeable d’alcool fort qui étourdit presque instantanément un jeune guerrier presque anesthésié .  Des hommes bloquèrent avec force ses bras et jambes pour éviter qu’il ne bouge pendant l’opération . L’un des chirurgiens plongea alors  un instrument pointu dans la plaie béante du capitaine pour en extraire les éclats de la lame elfique  ; l’esprit de Learamn était certes embrumé par les vapeurs de l’alcool mais son corps réagissait tout de même naturellement à la douleur sans que son cerveau ne le commandât réellement . Ses bras remuèrent et les commis durent redoubler d’effort pour tenir leur patient en place .  Quand l’instrument de “torture” entrait trop profondément dans la plaie et que la douleur était trop importante , Learamn s’éveillait en sursaut et on s’empressait de l’endormir à nouveau sans qu’il n’ait eu le temps de lâcher un cri de sa bouche grande ouverte .  L’enfer dura de longues heures , c’était une opération délicate et rien n’assurait la survie du jeune homme ; on le rendormit une dernière fois après l’opération pour s’assurer qu’il ne se réveillerait pas avant un petit moment du moins jusqu’à que la douleur soit moins aiguë . Alors ce fut le noir ….

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Learamn se redressa brusquement sur son lit en prenant une grande inspiration comme l’aurait fait un homme sortant de l’eau après plusieurs minutes d’apnée . Sa respiration était haletante et son corps , qui avait été lavé , était tout courbaturé . Pour ne rien arranger sa tête lui faisait horriblement mal , il avait du mal à se remettre les idées en places et à se rappeler de ce qu’il s’était passé après qu’il eut tué l’elfe .  Le jeune homme sentit alors comme un poids sur son pied , il retira sa couverture et découvrit la raison de ce malaise . Il observa avec horreur son pied enflé qui avait presque doublé de volume et qui était à présent enroulé dans un énorme bandage ; aussitôt qu’il vit ce sinistre spectacle la douleur revint . Moins vive certes mais plus sournoise , c’était ce genre de douleur qui était faite pour s’installer durablement et pourrir une existence , Learamn le sentait . Il examina avec désolation son membre meurtri ; il ne pourrait pas marcher normalement avant un moment et que dire de courir ou de galoper . De rage , il frappa de son poing sur l’armature métallique de son lit , un geste compulsif et qui n’eut pas d’autre effet que de rajouter une douleur à son poignet en plus de ces autres meurtrissures . Le rohirrim poussa une série de jurons avant de se laissait retomber en position assise  , il était encore épuisé et avait besoin de repos .


Quelques heures plus tard il se réveillait à nouveau , ses idées étaient légèrement plus clair mais sa mémoire restait encore un peu floue et ce mal de tête ne voulait décidément pas partir . Après tout il avait sûrement eu droit à sa dose d’alcool pour les dix années à venir . Il se redressa et examina la pièce dans laquelle il se trouvait ; une petite chambre faiblement éclairée par quelques chandelles en fin de vie. Il y avait une petite fenêtre par laquelle s’engouffrait de trop rares rayons de soleil . Le jeune homme se trouvait sur un lit simple  à l’armature faite de fer , un tabouret était disposé à proximité . Juste à côté de lit , au niveau de la tête de Learamn se trouvait une petite table de nuit où on avait posé les quelques effets du jeune homme ; ses armes , ses protections et autres objets dont la fameuse gourde d’eau qui semblait magique qui lui avait sans doute permit de survivre durant l’affrontement , la pierre précieuse qu’il avait trouvé y était aussi  ; au moins ses bienfaiteurs n’étaient pas des voleurs. Ses bienfaiteurs d’ailleurs qui étaient ils? Ces gens qui l’avait soignés ; les gardes qui étaient intervenus les avaient ils conduit dans un hôpital de la ville . Etrange traitement pour des hommes qui se sont introduits en cachette et qui ont massacré une bonne partie de la haute hiérarchie de la ville. Les soignaient ils pour les jeter en prison par la suite ou pour les relâcher? Alliés ou ennemis? La question restait entière mais pour l’instant le jeune homme bénéficiait de repos et de soins bien nécessaires et il ne demandait rien de plus dans l’immédiat. Alors que la douleur de son pied  se faisait à nouveau sentir , il se laissa mollement retomber sur son oreiller et alla chercher un peu de réconfort dans un sommeil que sa grand-mère qualifiait jadis de réparateur.

La troisième fois qu’il s’éveilla il eut la surprise de découvrir qu’il n’était pas seul . Une jeune dame était assise sur le tabouret et , penchée sur son pied , elle changeait son pansement avec minutie . Learamn eut un réflexe instinctif de recul et observa silencieusement sa soigneuse , visiblement elle avait presque fini de poser le nouveau bandage . Celle ci regarda l’homme avec un peu de surprise , elle s’était occupée de lui depuis son opération mais il dormait  à chaque fois qu’elle venait ; le voir enfin éveillé la rassurait , au moins il ne dormirait pas jusqu’à sa mort , et l’impressionnait un peu aussi.  Elle sourit au Rohirrim , un geste amical qui semblait si étrange au jeune homme ; il ne semblait que se souvenir des menaces de mort  et du bruit des armes  . Ce simple geste mit du baume dans son coeur .
L’infirmière enchaîna

- Bonjour messire ! Ne vous inquiétez pas .

“Messire” , Learamn ne put s’empêcher de sourire légèrement  ;il était tout sauf un noble seigneur . Lui fils de paysan ayant fait carrière dans l’armée n’avait rien d’un “messire” . Mais il chassa rapidement ces pensées , il y avait bien d’autres interrogations plus importantes .

-Où suis- je ? Et qui êtes vous? Que me voulez vous?

Se redressant , la jeune femme sembla réfléchir un moment avant de parler . Parler avec ce genre de patient éprouvé était toujours une tâche délicate et il fallait bien choisir ses mots pour les rassurer

-Vous êtes dans une maison de repos de Pelargir , je suis infirmière et je dois m’occuper de vous.  N’ayez crainte , nous ne vous voulons que du bien .

Learamn se détendit un peu , peut être qu’elle mentait mais lui était tenté de la croire . Elle était plutôt rassurante et la perspective de profiter d’un peu de repos paisible après tant d’épreuves était plutôt heureuse. Malgré les traitements la douleur de son pied se faisait toujours affreusement sentir et il devait bien souvent serrer les dents pour s’empêcher de crier .  L’infirmière lui tendit un gobelet rempli d’une infusion chaude , Learamn observa la boisson avec méfiance , il n’avait pas particulièrement envie qu’on le l’enivre à nouveau .
La jeune femme lui sourit à nouveau

-Rassurez vous , ce n’est pas de l’alcool ; simplement une infusion aux herbes médicinales pour soulager la douleur . L’eau de vie c’était pour vous anesthésier pendant l’opération.

Le rohirrim se saisit du verre et commença à boire , le breuvage le soulagerait certainement un peu mais ne ferait assurément pas disparaître entièrement sa douleur . Son regard se porta alors sur l’outre d’eau magique ; une simple gorgée l’avait profondément aidé par le passé et il avait bien envie d’en boire à nouveau . Mais il se fit violence pour ne pas en prendre , cette eau était précieuse et il avait besoin d’en limiter sa consommation  , tant qu’il était pris en charge par des médecins compétents il devait s’astreindre et en garder pour le voyage qui serait sans nul doute très éprouvant.

-Je vais vous chercher un repas , vous devez être affamé . Après tout vous n’avez rien mangé depuis deux jours.

Learamn fut quelque peu surpris par cette révélation ; pourquoi ne le lui avait elle pas dit plus tôt?

-Deux jours? J’ai dormi pendant deux jours ? Et ...et … les autres où sont ils?

Le capitaine , semblait affolé, les Valars savaient ce qu’il pouvait se passer en l’espace de deux jours . Il se devait savoir où se trouvaient les autres membres de son groupe .

-Ne vous inquiétez pas , les survivants ont été pris en charge au même titre que vous . Vous les reverrez bientôt je vous le promets.

“Les survivants “ le terme utilisé de manière spontanée par la jeune femme en disait long sur les effectifs restants . Ceux qui avaient survécus étaient considérés comme des réscapés miraculeux.  Plongé dans ses sombres pensées et luttant mentalement contre la douleur , Learamn ne se rendit pas immédiatement compte que l’infirmière s’était discrètement éclipsé de la pièce. Elle reparut une dizaine de minutes plus tard avec un repas. Il y avait un bol de soupe chaude , de l’eau et une grande miche de pain . Le jeune homme n’avait pas particulièrement faim : son estomac était comme noué mais il savait qu’il se devait de se nourrir . Il se sentait faible et le  repas lui redonnerait un peu de force : il grignota donc lentement le pain avant de boire l’eau et la soupe . Puis il  se rendormit .

La guérison était longue , trop longue est éprouvante ; les rencontres avec les infirmières le réconfortaient et le détendaient , elle discutaient avec lui et lui apportaient un peu de réconfort humain . Certaines lui apportaient même des livres pour distraire ses mornes des livres ; l’une d’elles , celle qu’il avait vue lors de son réveil , se proposa même pour écrire dans le journal du jeune homme sous la dictée de ce dernier qui accepta évidemment   . Ce dernier était encore trop faible pour se redresser , s’asseoir et prendre la plume et l’encrier d’autant que la dernière fois qu’il avait eu affaire avec de l’encre l’issue avait été violente et sanglante ; ses souvenirs encore trop proche le refroidissaient un peu .  Le capitaine dicta donc à sa bienfaitrice toute leur aventure à Pelargir , il n’était peut être pas très prudent de confier autant d’informations confidentielles à la jeune femme mais le jeune homme avait besoin de se confier , de parler à une personne de confiance et en quelques heures l’infirmière avait su gagner sa confiance.

Les jours passaient ainsi et se ressemblaient tous . Las , Learamn se morfondait dans de sombres pensées et se languissait de sa patrie qu’il désirait ardemment revoir au plus vite : le Rohan . Ses pensées allaient à sa famille qui devaient se faire un sang d’encre face à l’absence de nouvelles ; maintenant qu’il était passé si près de la mort il se promit de passer plus de temps à leur côté. Allongé dans ce lit avec ce pied blessé et enflé qui le faisait encore terriblement souffrir , Learamn se sentait inutile et il était horrifié à l’idée de ne plus pouvoir assurer son poste dans le futur ; se remettrait il un jour complètement . Ce genre de blessures étaient de celles qu’on gardait une trace indélébile pour son existence entière  , il fallait à présent espérer que cette trace soit la moins handicapante possible. Si par malheur sa blessure l’empêcherait de continuer sa carrière , que ferait il? Sera-t-il condamner à rester dans un fauteuil pour le restant de ses jours ? Le supporterait il?  Non assurément non ! Il devait être en mesure de se relever , de marcher , de courir , de cavaler , de se battre .
Il devait marcher , un beau jour , déterminé à se prouver à lui-même que sa blessure n’était finalement pas si grave et donc pour se rassurer , il se redressa , non sans peine , et se mit en position assise sur le bord de son lit. Il prit alors une grande inspiration , marcher c’était pourtant simple ; il fallait poser un pied devant l’autre c’est tout , c’était enfantin . Etait il retombé au stade de nourrisson pour devoir à nouveau apprendre à marcher ? Il se lança alors en posant d’abord son pied valide , puis prudemment il posa l’autre , toujours enveloppé dans cet immense bandage. Au moment où il toucha le parquet de la pièce , la douleur jusque là localisée , devint beaucoup plus intense et se fit ressentir tout le long de la jambe . Learamn poussa un cri de douleur avant de retomber dans ses draps ; il tomba alors en sanglots . Ce qu’il était devenu , ce n’était pas un nourrisson ; c’était bien plus grave. Il était un infirme et il ne pouvait pas le supporter.

Le septième jour , alors qu’il attendait la visite de l’infirmière , des gardes de la cité entrèrent dans la pièce . Se sentant en danger Learamn se recroquevilla , n’ayant pas d’autres moyens de défense que ce réflexe naturel .  

-Ne vous inquiétez pas , nous voulons juste vous transportez .
-Où ça ?
demanda-t-il méfiant et craignant de se retrouvez en prison
- Vous allez revoir vos compagnons , le noble qui vous a sauvé veut vous parler .

Le jeune homme se laissa donc transporter , de toute façon avait-il réellement le choix? Lui seul et blessé contre plusieurs hommes armés , se débattre et refuser ne rimait à rien . On le mit donc sur une civière et on le descendit dans un grand hall qui semblait être la salle principale du bâtiment. De grandes vitres laissaient passer la lumière du soleil qui illuminait la salle de milles feux.  Là étaient les survivants qui ne se trouvaient pas dans un état plus enviable que celui de Learamn ; finalement “survivants” étaient le bon terme . Il en restait si peu .... Durant la mission , le capitaine avait déjà pu mesurer les lourdes pertes qu’avaient subi son groupe chargé de tuer le capitaine ; le valeureux Maraloch s’en était sorti au prix d’une oreille . Il avait été un guerrier loyal qui s’était battu avec courage et qui n’avait pas hésité à se porter au secours de son supérieur quand ce dernier était en difficulté . Ionas , l’agent de la Rose Noire , s’en était aussi sorti ; si le réseau auquel il appartenait apparaissait encore comme mystérieux ; le rohirrim avait apprécié l’homme qui devait sûrement pleurer la mort de son frère d’armes.  Nathanaël s’en était également sorti , dans le cas contraire Learamn s’en serait voulu , c’était lui qui l’avait impliqué dans toute cette histoire . Si l’on pouvait parler de pertes considérables dans son groupe , pour l’autre on pouvait aisément dire que cela avait été un carnage . Quelle ne fut pas la surprise du rohirrim en ne voyant que deux rescapés : Eirik et Felian , et dans un état critique. Le jeune Eirik avait perdu un bras et un grand  bandage cachait son mignon . Visiblement l’attaque de l’hôtel de ville avait tourné à l’hécatombe : Felron , Olrik et les chevaliers du Cor Brisé étaient tombés.  D’abord Learamn eut du mal à y croire et il s’attendait d’un instant à l’autre à voir les gardes de Pelargir amener un chevalier ou encore d’apercevoir Felron en train de descendre tranquillement les escaliers tout en proposant un plan pour la suite. Mais rien de tout cela ne se produisit et on lui confirma rapidement que tous les rescapés se trouvaient dans cette pièce et qu’il ne fallait pas en attendre d’autres ; ainsi était la guerre. Une destructrice de l’espoir.  Felian expliqua avec une simplicité et une crudité nécessaire ce qui leur était arrivé ; nul besoin de long discours pathétique pour saisir l’horreur de la situation qu’ils avaient dû affronter . Learamn serra les dents ; de toute évidence il n’avait pas été  à la hauteur . Quel genre d’officier perdait plus de la moitié de ses hommes dans une opération?  Quel genre d’officier élaborait il des plans aussi risqués ? Quel genre d’officier mésestimait il autant la vie de ses hommes? A présent la plupart étaient morts et ceux qui restés étaient marqués à vie . Son regard se posa sur le jeune Eirik , si jeune , et pourtant il portait déjà les marques de l’horreur ; un bras lui avait été déjà retiré qui sait ce que la vie ou plutôt la mort lui prendrait encore. Le rohirrim aurait voulu s’excuser  , implorer le pardon de ces êtres sacrifiés mais finalement les excuses auraient été dérisoires . Comment justifier l’injustifiable? Learamn se mura donc dans un silence coupable qui en disait long .

La porte s’ouvrit alors et un homme noblement vêtu fit son entrée. Le capitaine du groupe examina le nouveau venu qui s’avançait vers eux . Grand , avec une longue chevelure sombre nouée en catogan , un bouc soigneusement taillé et une belle cape bleue. De toute évidence il s’agissait d’un homme appartenait à la haute société de la ville . Il commença à parler , visiblement un peu confus . Il se prénommait Ravaran Leontochir et se trouvait être le nouveau dirigeant du Conseil de la cité , il évoqua alors  , à la surprise de Learamn , l’Ordre de la Couronne de Fer qu’il qu’il qualifia de tyrannique.  Il affirmait être un opposant à l’Ordre mais qu’il n’avait jamais pu réellement  agir jusqu’au jour où , averti par le même homme qui avait donné la carte à Learamn , il s’était empressé de porter secours aux libérateurs de Pelargir.  Il résuma brièvement les événements de cette sombre nuit avant de les informer sur la situation actuel de la cité. Visiblement leur acte meurtrier avait eu l’effet escompté et la cité semblait à présent décidé de faire oublier la tyrannie de l’Ordre. La mission avait peut-être réussie mais le prix à payer avait été lourd.

 Ravaran désirait les récompenser pour leurs actions.  Il fit apporter à chacun des broches marquées du blason de sa noble famille et affirma que grâce à cet objet chacun des membres de la compagnie sera considéré comme un ami et comme un allié de la ville et qu’il pourra compter sur le soutien et  l’aide de cette dernière. C’était une belle récompense assurément qui pourrait se révéler utile au moment adéquat mais à cause de la douleur et des souffrances de tout genres le cadeau avait un goût amer , Learamn ne saurait l’apprécier pleinement qu’après s’être remis , qu’une fois que les souffrances de Pelargir ne seront plus qu’un lointain souvenir car pour l’instant le seul désir su jeune homme était de rejoindre au plus vite son royaume .  En plus de la broche on leur offrit une belle et sûrement onéreuse pierre précieuse , était-ce une tentative de compensation pour les efforts endurés ? Learamn l’ignorait mais là encore il saurait apprécier le présent à sa juste valeur en temps voulu . Cette pierre se rajouterait à la première qu’il avait trouvé dans la demeure du capitaine en même temps que l’outre d’eau magique . D’ailleurs cette eau , elle appartenait sûrement à la cité.  Ce devait être un breuvage si précieux . Learamn ouvrit la bouche pour signaler ce qu’il avait trouvé et pour leur demander de récupérer leur bien puis il se ravisa . Cette eau était précieuse mais aussi nécessaire pour lui , avec il pourrait surmonter la douleur pendant le voyage et puis n’avait il pas fait assez pour mériter cette outre?  Après les avoir salué le noble s’éclipsa et les gardes s’activèrent pour remonter leurs “invités” dans leur chambres respectives. Son regard croisa alors celui de Nathanaël , le jeune homme put lire une profonde mélancolie dans les yeux du conteur . Learamn était certain que leurs chemins étaient destinés à se croiser à nouveau . Des hommes le soulevèrent , le remirent sur la civière et le ramenèrent jusqu’à son lit où il passerait encore quelques temps…


Douze jours , ce fut le temps durant lequel il dut attendre de se remettre de ces blessures dans cette petite pièce. Certains de ses compagnons étaient déjà partis , d’autres étaient encore en convalescence comme lui. Les infirmières, toujours aussi chaleureuses continuaient à lui rendre visite , mais le jeune cavalier s’impatientait ; qu’aurait il donné pour pouvoir sortir de cette chambre , enfourcher son cheval et galoper jusqu’à Edoras. Pour tuer le temps , quand il ne dormait pas , il songeait au Rohan , à sa famille , à sa garnison , à Ouragan , et ce durant des heures entières . Sa pensée errait , parfois il s’interrogeait sur le destin de ce pauvre Eirik ou sur la situation actuelle au Rohan . Il pouvait passer de la joie , quand il repensait à sa patrie , à la tristesse ; il riait de ses souvenirs heureux et pleurait sur son bonheur et son innocence passée . Un heureux dépressif , voilà à peu près ce qu’il pouvait être pendant ces douze jours , certaines infirmière s’inquiétaient pour lui , d’autres disaient à leurs amis qu’il devenait fou , que son jeune esprit n’avait pas supporté . Foutaises ! Il le savait , il pouvait tout supporter , il en était persuadé du moins . Il était fort , inébranlable , il le devait , il devait se forcer à l’être ; la faiblesse n’était pas à envisager pourtant elle était là et assombrissait son quotidien de son ombre lugubre et quand Learamn se forçait à l’oublier , une vive douleur venant de son pied le rappelait douloureusement  à la réalité . Les plaies les plus superficielles sur son torse et ses bras avaient cicatrisés et les hématomes disparaissaient progressivement tout comme les courbatures . Le douzième jour un guérisseur alla lui rendre visite et lui demanda s’il était en mesure de faire quelques mètres avec des béquilles ; Learamn ne se fit pas prier et saisissant les béquilles de bois il se leva et malgré la douleur il fit le tour de la chambre . Le médecin , satisfait , lui préconisa de rester encore quelque jours mais le jeune capitaine voulait partir sur le champ .  Il demanda à ce qu’on aille chercher son cheval que l’on avait placé dans les écuries de la ville et descendit , non sans peine , au rez-de chaussé . Nathanaël s’y trouvait , assis sur une chaise et penché sur un livre . IIl semblait en meilleur état bien que quelques blessures restaient particulièrement visible . A l’aide de ses fidèles aides à la marche Learamn s’approcha et s’éclaircit la gorge , le conteur leva les yeux . L’officier rohirrim lui parla alors , le tutoyant pour la première fois .

-Nathanaël , tu es un homme de valeur . Je ne m’étendrai pas ici sur tes nombreuses qualités mais sache qu’à mes yeux tu as été le véritable moteur de la mission , peut-être le véritable chef de la mission quand ce dernier n’a pas pu assumer son rôle…


Learamn marqua une pause avant de pauser une main amicale sur son épaule

-Si un jour tu as besoin de mon aider mon ami , tu sais où me trouver.

Il fit alors volte-face et claudiqua jusqu’à la sortie où un page l’attendait avec Ouragan . Heureux de retrouver sa fidèle monture qu’il avait quitté trop longtemps , il commença par la caresser longuement avant de lui parler à l’oreille .

-Je suis de retour , ça y est je suis de retour , un peu amoché mais t’en fais pas ça va s’arranger.

Il monta,  alors avec l’aide du page , sur selle  . Au moment où son pied meurtri toucha l’étrier il ressentir une énorme douleur mais se retint d’en montrer un signe pour ne pas alarmer les médecins qui officiaient dans l’hôpital . Il se contenta de boire une bonne gorgée de cette fameuse eau qui fit taire sa douleur , pour un temps au moins , et se dirigea vers la sortie de la ville .

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-Rien à signaler?

-Toujours rien à part une querelle entre deux paysans à propos d’un taureau qui en aurait encorné un autre.

-Bien , pas nos affaires. Allez on rentre à Edoras!


Eofend commandait une petite patrouille chargée d’inspecter les alentours d’Edoras pour prévenir un danger quelconque . Sa mission était simple : il devait signaler tout ce qui pouvait représenter un danger pour les citoyens de la capitale et pour le Roi et cela allait d’une hypothétique immense armée étrangère au simple animal sauvage. C’était un sous officier au cheveux bruns et à la barbe fournie , un vétéran qui avait plusieurs fois sorti l’épée de son fourreau pour le compte du Rohan . Il avait d’ailleurs eu le priviliège d’être choisi comme l’un des gardes présents durant la prestation du Serment d’Aldburg qui avait réuni les troupes de l’ex-maréchal Mortensen, de l’actuel roi Fendor , d’Orwen et du Seigneur Nain Hadhod Croix-de-Fer. Les deux autres gardes présents étaient morts durant la bataille qui avaient suivi et le quatrième , alors jeune cavalier nouvellement arrivé , avait été promu et était dorénavant un des supérieurs d’Eofend :le capitaine Learamn . Ce dernier était parti en mission secrète pour le compte du royaume , on ne lui avait pas donné plus de détails mais en bon soldat qu’il était Eofend n’avait pas cherché à en savoir plus  ; si les autorités cachaient certaines choses aux citoyens et à la troupe c’étaient pour leur bien .
Un des cavaliers de la patrouille s’égosilla alors

-Sergent Eofend ! Cavalier en vue !


Le sous-officier rohirrim fit alors volte-face , effectivement un cheval avançait au trot vers leur direction .

-Soldats ! Derrière moi , soyez prêt au combat et attendez mes ordres.


Les hommes obéirent sans paraître vraiment alertés par les ordres du sergent   , il faut dire que ce dernier avait l’habitude d’adopter ce genre de discours pour alerter ses hommes ; il était du genre prudent et très suspicieux . Ils galopèrent donc en direction du cavalier .
Alors qu’ils furent à une dizaine de mètres de ce dernier Eofend s’apprêta à héler ce qu’il pensait être un étranger mais aucun son ne sortit de sa bouche quand il reconnut le cavalier : le capitaine Learamn. Celui ci paraissait mal en point , amaigri , épuisé ; une barbe sombre mangeait son visage ; le vieillissant de plusieurs années. Le sergent examina l’homme et sembla hésiter un moment , il semblait s’assurer que c’était la bonne personne . Mais le doute n’était pas permis il s’agissait bien du jeune officier , son étalon blanc était d’ailleurs reconnaissable entre tous .  Learamn semblait épuisé , au bord de l’inconscience et les soldats se demandaient comment il pouvait encore tenir sur sa selle . Eofend remarqua alors l’énorme bandage que portait son supérieur au pied , de toute évidence cette fameuse “ mission secrète “ avait été particulièrement éprouvante.

-Capitaine ! Capitaine ! Quelle surprise de vous trouver ici ! Vous avez besoin de soin , montez sur la selle avec moi , votre cheval suivra ; vous ne semblez pas être en état de galoper seul . Vous avez besoin de soin !


Learamn , d'une pâleur extrême , murmura quelque chose d'à peine audible . Il était si faible et si fou d'avoir fait ce long voyage dans son état .
Le sergent fit alors signe à deux de ses hommes de soulever Learamn , les deux homme s’exécutèrent et le placèrent devant Eofend qui attacha Ouragan par un fil à la selle de sa monture et ils partirent au galop en direction d’Edoras. Bien que considérablement affaibli , Learamn trouva la force de sourire


-Capitaine ! Vous êtes de retour chez vous!


Oui il était chez lui , de retour dans sa noble demeure : le Rohan . Le seul fait de respirer cet air qui lui semblai subitement plus pur l’emplissait de joie. Au bout d’une dizaine d’une minute il put même apercevoir Edoras surmonté par la colline où trônait le château d’or de Meduseld qui illuminait la plaine de son éclat éternel . Oui il était à la maison et il comptait y rester pour un moment.

#Eofend


The Young Cop


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Dernière édition par Learamn le Mer 13 Jan 2021 - 12:25, édité 2 fois
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Nathanael
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyJeu 13 Aoû 2015 - 8:22
- Gardes …  traitez leurs blessures … Pas de discussions ! … consentez à déposer les armes … vous devez en retour me faire confiance.

Ses sens menaient une danse chaotique pour parvenir à discerner la réalité. Tantôt il voyait, tantôt il entendait, tantôt il inspirait difficilement des goulées d’air vitales dont chacune le gratifiait d’une expérience douloureuse. Plus rien ne semblait être coordonné autour de lui. Il parvenait à saisir un détail, une gravure sur le manche de la garde d’une épée, mais il était incapable de se souvenir de l’homme qui détenait l’arme. Il saisissait le sens des paroles qui étaient échangées, mais il ne savait pas à qui elles appartenaient. Il faisait un effort inconsidéré pour garder les yeux grands ouverts, pour rester éveillé … pour rester vivant. Mais il perdit la lutte et son esprit fut envahit par une grande vague sombre.

Il rouvrit les yeux alors que l’on couturait finement les ourlets de peau sur sa poitrine. Son côté gauche était à ce point endoloris qu’il ne sentait même pas les aiguilles piquer sa chair. Des picotements intermittents agitaient ses doigts. Il sentait son pouls battre dans tout son bras gauche, comme si son cœur s’était déplacé de plusieurs centimètres. Son épaule était insensible tant elle était douloureuse, et il était incapable de bouger pas plus que de parler. Il tenta de dire quelque chose, mais ses paroles moururent dans un  borborygme inaudible et visqueux ; de la bave coulait en effet de ses lèvres et se répandait sur sa barbe encore pleine du sang de ses ennemis. Il ne fit même pas l’effort de relever la tête pour voir ce qui se passait, il ne disposait plus d’une seule once d’énergie disponible pour se mouvoir. Nathanael ne pouvait que se réfugier dans son esprit où une succession d’images insolites voltigeait dans le néant.

*****************************************************

Les quelques jours qui suivirent ne furent que la répétition d’une seul et même acte. Nathanael s’était réveillé assez rapidement après les soins intensifs dont il avait fait l’objet. Plus précisément, des nausées importunes le maintenaient éveillé à chaque heure du jour et de la nuit. Il avait d’abord failli s’étouffer dans sa propre vomissure avant qu’une infirmière ne vienne l’aider en le couchant sur le côté pour l’aider à régurgiter. Chaque mouvement était intolérable, mais il ne pouvait pas même crier, trop concentré à ne pas se salir continuellement, attentif à se tourner du bon côté pour ne pas déchirer les sutures et pour ne pas augmenter l’insoutenable douleur qui l’étreignait. Plusieurs journées s’écoulèrent ainsi, à dormir quelques minutes, à manger un peu, à recracher ensuite ce qu’il venait juste d’ingurgiter, à boire des tisanes pour calmer la douleur et les nausées, à vomir encore, et à subir des changements de pansement et de couche d’où une odeur fétide et acide se dégageait perpétuellement. Contrairement à ses comparses, Nathanael n’eut guère le loisir de repenser aux épreuves qu’il venait de traverser, trop occupé à conserver son énergie pour les choses les plus essentielles au corps humains : la nourriture et le repos.

La tempête nauséeuse se calma dans la nuit du cinquième au sixième jour passé dans le bâtiment réservé aux blessés. Les cahots de son estomac s’étaient espacés de plusieurs heures et il avait pu dormir sans encombre entre deux repas sans revoir immédiatement ce qu’il venait juste de manger. Ce répits fut accueilli avec un tel enthousiasme par le conteur qu’il réclama un repas supplémentaire ainsi qu’une bougie afin qu’il puisse observer ce qui se trouvait dans la pièce. La jeune femme qui se trouvait à son chevet eut un sourire franc tandis qu’il mangeait de bon appétit, gardant sur lui un œil protecteur et plein de tendresse. Ses yeux brillaient néanmoins d’une curiosité enfantine que ses lèvres ne surent pas dissimuler bien longtemps.

- Avez-vous vu les grands esprits de l’autre monde ?

Sa question surprit Nathanael au point qu’il eut un hoquet qui lui arracha une terrible douleur dans tout le côté gauche. La jeune femme s’excusa rapidement, peinée d’avoir causé des souffrances inutiles à son malade à cause d’une question idiote. Mais le conteur prit le temps de répondre face au questionnement de cette jeune ingénue. Quoi de plus normal après tout ? Il circulait tant d’histoires farfelues et de contes étranges à propos de l’au-delà.

- Non, j’en suis bien désolé, ma route n’est pas allée aussi loin. Je n’ai pas contemplé les Cavernes de Mandos, pas plus que les figures de nos ancêtres. Je ne saurai vous dire quels sont les flots qui m’ont emportés loin de ce monde, mais je n’ai jamais atteint d’autres rives que celles sur lesquelles nous nous trouvons.

Ces quelques phrases furent la plus grande des guérisons pour Nathanael. Face à lui se trouvait, bien vivante, une ravissante demoiselle aux yeux plein d’une lumière généreuse et tendre qui lui rappelait avec vivacité qu’il faisait toujours parti du monde des hommes et non de celui des spectres. Chaque mot le fatiguait un peu plus, il sentait sa langue devenir pâteuse, ses mâchoires étaient crispées, son front perlait de petites gouttes de sueur, mais il ne pouvait s’empêcher de continuer de parler avec cette demoiselle des légendes d’antan et des mythes à propos de la mort, de Valinor et des Hauts elfes et des Valari, ces êtres étranges à qui l’on prêtait la création de toute chose. Il lui sembla que leur discussion avait duré des heures, mais il faisait encore nuit noir quand il se rendormit profondément à la lueur de la courte bougie qui vacillait sous la brise nocturne. Les longues journées de souffrance s’estompèrent dans les volutes brumeuses de souvenirs confus.  

*****************************************************

Le bruit de semelles lourdes le tira de son sommeil. Sa longue nuit avait été sans rêve, et il n’avait pas réussi à tenir le compte des jours et des nuits qu’il avait passé, allongé entre ces quatre murs. Il ouvrit un œil, à la fois curieux et inquiet, se souvenant brutalement ce qu’ils étaient venus faire dans la cité portuaire, et le sort qu’on réservait aux mutins. Il tenta tant bien que mal de se redresser sur sa couche, faisant taire les protestations de son corps dont le côté gauche demeurait endolori et meurtri. Ses plus lointains instincts de survie l’étreignirent d’une angoisse sans nom : il lui était inconcevable de perdre la tête ou de mourir au bout d’une corde alors qu’il venait de passer d’interminables jours à échapper à la camarde. Mais la politique n’avait de pitié pour personne, et ils serviraient sans doute d’exemple en place publique pour tous ceux qui avaient des idées insurrectionnelles. Il s’étonna donc de la prudence avec laquelle les soldats le posèrent dans la civière qu’ils portaient avec eux. Leur lente déambulation dans le vaste bâtiment où ils se trouvaient ne fit qu’augmenter le rythme cardiaque de Nathanael dont le cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine et s’enfuir aussi loin que possible de cet endroit.

Ils pénétrèrent enfin dans une vaste salle lumineuse où de nombreux lits se succédaient, occupés en un endroit seulement par d’autres blessés. Il mit un moment à comprendre qu’il s’agissait de ses compagnons d’infortune. Tous avaient le visage amaigri et exsangue comme si la vie les avait quitté. Leurs yeux ternes en disaient long sur la morosité qui les rongeait bien plus que l’inquiétude ou la peur. Outre les blessures cruelles que chacun portait comme une marque indélébile de leur acte de bravoure, c’était leur regard qui faisait le plus de peine au conteur. Les plus jeunes, surtout, semblaient s’être murés dans une prostration inviolable et le conteur eut un profond soupir en les revoyant ainsi. Leur âme de guerrier avait cédé la place au visage des perdants et des infirmes. Et pour avoir côtoyé longtemps de jeunes soldats aux illusions détruites par la guerre lors de ses pérégrinations au Rohan, il comprit soudainement l’épreuve que traversaient à présent ces jeunes hommes. Et le fait qu’il les eut connus auparavant, vaillant et plein de fougue, finit de lui briser le moral. Sans pouvoir se sentir responsable de quoi que ce soit, il connaissait trop bien les rouages politiques qui les avaient poussé jusque là, un immense tourment l’envahit. Quelles idées farfelues avaient poussé ces jeunes gens à s’engager dans ce combat perdu d’avance ? La gloire sans doute, la revanche, la liberté. Autant de concepts variables selon l’individu qui les manipulait. Alors qu’en tant qu’espion, membre de l’Arbre Blanc, il avait su dès le départ que leur œuvre n’avait rien de symbolique. Il y avait un ennemi, il fallait le détruire, car il ne menaçait pas tant la liberté des peuples que l’équilibre des forces et des royaumes en place. Il regrettait amèrement que ses compagnons aient pu penser autrement. Leur déception et la désillusion qui affligeait leurs traits étaient un coup bien plus douloureux que celui qui laissait une profonde cicatrice sur son torse.

Ses réflexions se perdirent dans son esprit quand un homme entra dans la pièce et prit la parole. Ses traits semblaient lui rappeler vaguement quelque chose. Mais Nathanael ne parvenait pas à ramener à sa mémoire le passé, même le plus proche. Une impression de familiarité ou de déjà vu, mais il n’arrivait pas à remettre un nom sur ce visage. Ravaran Leontochir. Ses pensées ne s’illuminèrent pas plus, mais il sut que, d’une façon ou d’une autre, il l’avait vu ou entendu parler alors qu’il fouinait lui-même dans les profondeurs puantes de l’organisation de l’Ordre à Pelargir. Il fut soulagé de voir que le noble ne s’adressait pas particulièrement à lui ni ne le reconnaissait. Pas un de ses compagnons ne savait réellement le poste qu’il occupait dans la Cité Blanche. Il avait été un allié de poids en apportant ses informations au bon moment pour les aider à pénétrer dans la cité portuaire, mais, hormis peut-être les agents de la Rose Noire, aucun ne savait qu’il était espion. Nathanael fut donc satisfait que sa couverture n’ait pas été mise à jour, officiellement en tout cas, pas même par un membre qui s’était activé également à faire déchoir la Couronne.

Le discours fut simple mais franc. Nathanael étouffa néanmoins un soupir en voyant le cadeau qui leur était donné contre leurs services. Pelargir, la cité qu’il cherchait à fuir depuis de longs mois pour regagner le piémont des Montagnes Blanches afin d’oublier l’odeur des entrailles de poissons pourris et le parfum salé de la mer. Il garda un visage impassible et remercia d’un signe de tête. Tout sentiment personnel mis de côté, il savait que cette broche était importante. Il n’aurait à présent plus à se cacher dans la cité, et, sans avoir à montrer patte blanche, il pourrait circuler librement. Sur les quais il n’aurait plus à baisser la tête pour se faire oublier, il n’aurait plus besoin de fréquenter les tripots débauchés des quartiers pauvres, il n’aurait plus à dormir sur des paillasses pouilleuses où toute une faune d’invertébrés partageait ses nuits. Il aurait à présent officiellement le droit de poser des questions sans ne plus être pourchassé.

Le second cadeau que lui accorda plus personnellement le Premier Conseiller eut un impact différent sur le conteur. Il resta muet, d’abord, des remerciements du noble. Leontochir affirmait, enfin, le connaître, mais il lui fut reconnaissant de rester vague sur les conditions qui entouraient sa longue présence à Pelargir. Nathanael ne put bouger pour prendre la lame et se contenta de la regarder. Elle avait été soigneusement nettoyée, polie, affûtée et légèrement huilée pour en augmenter l’éclat. Toutes les formes avaient été mises pour la rendre resplendissante. Il eut un nœud au ventre. Cette lame était un souvenir matériel d’une expérience éprouvante qu’il ne souhaitait pas renouveler de sitôt. Il n’osa pas la toucher, pas même de sa main valide. Ses yeux restèrent un moment absorbés par son reflet déformé sur les reliefs de la garde. Une épée de capitaine … le symbole était fort pour le conteur dont le grade n’avait jamais dépassé celui de simple soldat dans l’armée régulière rohirrime. Et, parmi les espions royaux, le rang se résumait à une distinction nette et précise entre les « vivants » et les « dégâts collatéraux ». Toute échelle de valeur était inutile dans l’ombre des hauts dignitaires, un pion restait un pion. Nathanael se contenta de lever les yeux pour les planter dans ceux du Premier Conseiller quelques secondes, mais il resta muet.

*****************************************************

Les jours suivants furent moins pénibles et moins agités. Les nausées disparurent d’elles-mêmes avec la diminution de la douleur et Nathanael sentit son bras devenir moins lourd, moins inutile, bien qu’il ne pût toujours pas s’en servir. Il portait encore d’importantes ecchymoses sur le torse et à l’endroit où une côte s’était fêlée et chaque fois qu’il essayait de se lever pour marcher un peu et se dégourdir les jambes il avait le sentiment qu’on lui perforait les poumons avec la pointe d’une broche. Il était sauvé mais non guéri, loin de là. Il lui faudrait prendre son mal en patience plusieurs semaines encore avant qu’il ne trouve la pleine possession de ses forces et qu’il puisse déambuler de nouveau dans les rues de la cité sans souffrir le martyr ou craindre de perdre connaissance. Et après tout, pourquoi ne pas profiter de la présence charmante de jeunes femmes affables et bienveillantes après ces temps si difficiles ? Il savait qu’une fois remis sur pieds il lui faudrait de nouveau parcourir des milles et des milles à la poursuite de documents, d’hommes peur recommandables ou de rumeurs, et il ne se sentait pas le courage ni l’envie de reprendre la route pour le moment. C’est donc avec détermination qu’il se laissa faire par les guérisseuses et qu’il choisit l’oisiveté plutôt que l’acharnement à retrouver la pleine santé. Il pouvait, pour une fois, profiter d’excuses valables et il souhaitait en abuser le plus longtemps possible.

Il occupait ses journées en lectures diverses, la cité de Pelargir regorgeant d’œuvres que le Gondor ne possédait pas en second exemplaire et qu’il se faisait livrer avec moult mises en scène par une escouade de jeunes pages au souffle court et au teint pâle. Après leur entrevue avec Leontochir l’autorisation lui avait été vite accordée de pouvoir faire sortir un ou deux livres reliés des grandes bibliothèques de la cité. Et il ne s’en lassait pas. La lecture lui occupait l’esprit et divertissait son imagination, lui faisant oublier tout le reste pour quelques temps. Il était occupé à déchiffrer les pattes de mouches d’un copiste peu méticuleux dont l’ouvrage parlait des grandes batailles navales que Pelargir avait du affronter. La voie maritime lui était totalement étrangère et c’était donc avec un regard neuf qu’il parcourait les pages manuscrites lorsque Learamn se présenta à lui. Il semblait manquer une partie de lui-même au jeune capitaine, il n’avait pas perdu que l’usage de son pied lors des combats ; l’espoir, la joie de vivre, et la foi en l’avenir avaient été sévèrement écorchés. Et ses paroles en disaient long sur le poids qui lui écrasait les épaules. Mais l’espion savait, malheureusement, par expérience, que seul le temps guérirait ses plus lourdes blessures. Nathanael soutint le regard du jeune capitaine et prit soin d’apaiser ses tourments par de simples paroles amicales.

- Je me souviendrai de ton dévouement et de ton amitié Learamn. C’est à peu près tout ce qu’il nous reste après ces temps difficiles. Le Rohan peut être fier de porter parmi ses hommes un cavalier aussi valeureux que toi.  

Le conteur aurait souhaité, sans doute, en dire d’avantage. Mais sa gorge se serra, et, plutôt que de dévoiler le fond de sa pensée et le trouble qui l’agitait, il se mura dans le silence en regardant partir son jeune compagnon estropié. L’âge, ou la désillusion, peut-être, n’excitait plus la révolte de son esprit face à une pareille situation. Les guerres faisaient des morts et des blessés, et le plus dur était réservé à ceux qui demeuraient vivant.

*****************************************************

Nathanael occupa la chambre de soins encore une quinzaine de jours après le départ de la plupart de ses compagnons. Ils avaient eu l’occasion d’échanger quelques mots mais aucun d’entre eux n’avait éprouvé l’envie de mener de longs discours. Il s’était déplacé plusieurs fois sur le lieu où avaient été réunis les corps de ses compagnons afin de commémorer leur souvenir et de les remercier de leur sacrifice. Il avait adressé de secrètes prières aux Valars pour qu’ils bénissent les survivants d’un avenir plus paisible et qu’ils veillent à leur protection. Ses lectures s’étaient entrecoupées de promenades dans le triangle militaire et politique de la cité. La large cicatrice qui parcourait son torse le dérangeait encore,  mais sa côte s’était remise et il n’avait plus aucun mal à respirer à l’effort. Sa main s’était entièrement rétablie et il pouvait de nouveau faire usage librement de son bras gauche tant qu’il ne forçait pas trop. Il avait rapidement renoué des contacts avec les rares survivants qui l’avaient aidé à accumuler des informations sur l’Ordre afin de se tenir au courant des nouvelles au Nord et de l’agitation ambiante qui animait la cité. Il semblait que les pirates continuaient de menacer les côtes et que leurs expéditions étaient de plus en plus audacieuses. Mais il avait confiance en la marine gondorienne pour faire passer par le fond les navires du Sud.

Il demeura en tout et pour tout un mois et trois jours dans le bâtiment destiné aux grand blessés avant de faire ses adieux aux femmes qui l’avaient accompagné tout au long de sa guérison. Elles lui octroyèrent de larges sourires tristes car il avait animé beaucoup de leurs soirées en leur racontant tout un tas d’histoires et de contes. Il avait en retour appris quelques unes des fables que l’on racontait sur les côtes gondoriennes. Mais il était temps pour lui de reprendre les affaires, et la dernière missive reçue le matin même lui posait question. On lui collait dans les pattes un trublion étranger pour le « former aux traditions de notre beau royaume et lui faire découvrir toutes les subtilités de notre culture ». Il ne savait pas vraiment ce que sous-entendait la Tête avec une tournure pareille, mais connaissant le vieux fou il devait s’attendre au pire. Enfin ! Il lui restait encore un peu de temps avant de se coltiner une jeune recrue et il souhaitait le mettre à profit pour modifier quelques petite choses. Une fois les adieux faits, il rejoignit sa chambre, récupéra ses affaires personnelles et prit le temps d’un petit rafraichissement. Il avait fait mander un ciseau et un court miroir ainsi qu’un rasoir. Il entreprit de couper ses longs cheveux ainsi que sa barbe qui avaient eu tout le loisir de pousser pendant sa période de convalescence. Il mena une large coupe à blanc dans le dédale de nœuds qui lui couvrait le crâne puis se regarda dans le miroir. Sa mèche blanche lui ornait toujours la tempe droite. Il prit soin de dissimuler ce détail avant d’observer le reflet qui le contemplait dans le miroir. Le résultat n’était pas si mal après tout, et s’il avait lui-même du mal à se reconnaître dans ce nouveau portrait, sans doute que beaucoup d’autres auraient également des difficultés à l’identifier. Il abandonna son habituel bâton de marche dans un coin de la pièce, se vêtit des nouveaux vêtements généreusement offerts par ses hôtes, et ceignit l’épée du capitaine. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit aussi lourde et il dut faire quelques pas pour s’habituer à son contact. Mais l’effet était des plus gratifiants. Il ressemblait à présent à un gentilhomme et non plus à un soudard de basse fosse. Il assembla son paquetage et sortit du triangle citadin pour retrouver la partie continentale de la ville ainsi que son cheval et la mule qui l’avaient accompagné jusque là. Il se hissa sur la selle et n’eut pas même un regard en arrière. La promesse de quelques jours sur le plancher des vaches était des plus réjouissantes et c’est avec un sourire illuminant son visage qu’il quitta les habitations pour se retrouver dans la campagne environnante ou le parfum des fleurs et le ciel l’accompagneraient quelques temps.
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Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 EmptyMar 25 Aoû 2015 - 12:59
Eofend - Du sang sur les quais - Page 2 Maralo10

La paix appelle la guerre. La guerre appelle la paix. Ce cycle est infini. La cause est relativement simple : le pouvoir. Heureux est celui qui occupe un poste dit à pouvoir nan pas pour asservir sa cause mais celles inhérentes à son poste. Celui qui pense aux autres avant de penser à lui-même devrait diriger les peuples. Hélas ce n’est pas comme ceci et cela ne le sera jamais. Car il est de tradition que ce soit les descendants des dirigeants qui prennent la place de leur défunt parent. Certains veulent prendre ce pouvoir et asservir les peuples pour montrer qu’ils existent. Effrayé. Ils le sont tous, si jamais tu t’opposes à ces personnes-là, tu prends de grands risques pour ta vie et celles de tes proches. L’Ordre de la Couronne de Fer est de cette trempe-là, malheureusement pour les peuples libres. Et pour libérer les peuples des organisations comme celle-là, il n’y a pas trente-six solutions : il faut faire chanter les épées et faire danser les épéistes. Laisser le côté sombre de l’homme sortir toute la barbarie qu’il est capable, un tant soit peu, afin de ramener quelqu’un qui occupera cette place avec le vif désir de subvenir au besoin de son peuple.

Pour libérer la cité portuaire du joug de cet ennemi de la liberté. Nathnael Learamm accompagné des hommes de la Rose Noir et des chevaliers du Cor Brisé étaient tous venus conscients, de la barbarie et de la fureur des combats qui se déroulerait non pas au milieu du champ de bataille mais au cœur de la cité, devant les yeux de tous les citoyens. Ils devaient tous espérer que les combats se dérouleraient dans un coin en retrait des habitations. Car les guerres sont le théâtre de la cruauté, du barbarisme, de la fureur du combat qui font que les soldats ne sont plus des Hommes mais deviennes des abominations qui se battent pour leur survie plus que pour leurs idéaux. Car les idéaux leurs sont utiles car ils leur donnent une motivation de ne pas faiblir mais ne le protègera pas face à aux armes ennemies. Cela leur permet d’éviter de tomber de l’autre côté du miroir et de sombrer dans la folie où les images des horreurs vécues avec l’écho lointain du bruit des champs de bataille comme musiques qui resteront à jamais gravé dans l’esprit jusqu’à ce que l’âme quitte le corps et aille rejoindre Mandos. Avec cela la peine pour la famille sera moins amère sachant que leur parent ne souffre plus de ces images.

Dès qu’ils eurent engagé le combat sur les mots du capitaine rohirimm. Telle une machine qui se met en marche, le groupe laissa échapper son flot rage de haine de volonté e tuer quiconque qui s’opposerait à leur fait. De ce fait ils illustrent le proverbe qui dit : « Il faut combattre le mal par le mal ». Toute cette violence pris fin d’une étrange manière. Alors que la fureur déversée par le petit contingent fit beaucoup victime certains y survécurent d’autre allèrent rejoindre leurs ancêtres.

La fureur, la froide détermination et une rage impétueuse prit possession de Maraloch. Il s’était transformé en une machine de guerre organique. La chance lui sourit pendant un long moment, en effet il ne fût pas blessé tant qu’il combattait en duel. D’un coup deux marins l’attaquèrent, le combat prit une tournure différente. Car même pour un épéiste confirmé, le challenge est difficile d’autant plus que ce n’est où seul l’honneur est en jeu, la mise a été rehaussée en y a ajoutant la vie. Il se débrouilla tant bien que mal car le sol était recouverts de corps mais aussi de ce précieux liquide rouge tantôt il était collant tantôt il était glissant alors garder l’équilibre sur ce terrain n’était point à l’avantage du jeune chevalier. Sous le nombre de coup à éviter et la fatigue qui commençait à se faire ressentir un puissant coup sur le crâne fut évité mais l’oreille gauche eut moins de chance. Détachée nette de son support qu’elle quitta telle la feuille de l’arbre tombe à l’automne. La douleur, que cette chute provoqua, fût vive et le flot de sang s’engouffra dans le conduit auditif lui faisant perdre l’ouïe et lui affecta son équilibre. Aussitôt le coup lui fit tomber son appendice, le second soldat lui donna un coup violent coup d’épée qui fût contré mais qui le fit chuter à terre. Il lui restait encore suffisamment de force pour survivre encore un peu dans l’espoir que l’un de ses compagnons d’arme vienne à son secours. Il se débattait encore quand la garde arriva avec un noble à leur commandement.

Pendant plusieurs instants il y eut un flottement où chaque camp était prêt à en découdre avec l’autre même si le combat tournerait à l’avantage des gardes. Mais quelle ne fût pas la surprise quand ordonna de prendre soin de ces hommes. En échange il demanda à ce que nous déposions les armes. Quels choix leur restait-il ? Surtout que le capitaine avait donné l’ordre précis d’envoyer ces chiens en enfer si tant est qu’il existe quelques parts dans les cavernes de l’autre rive et que le nouvel arrivant ordonna son exact opposé. Ils durent lui faire confiance dans sa promesse où aucun mal ne leur sera fait par la suite. Les chutes de ces pièces de métal sonnèrent comme une défaite pour le commando venu trancher la tête de l’Hydre de l’OCF en cette partie du monde.

Rapidement les marins vinrent en aide à ces étrangers en commençant par Nathanael et Learamm qui étaient salement amochés puis les autres encore suivirent. Maraloch ne pouvait plus marché sans soutien à cause de la fatigue due à la perte de son sang et à l’équilibre incertain qu’il avait depuis le divorce de sa tête et de son oreille. Arrivé à la maison des guérisons, on le présenta devant une table de soin où avant de s’allonger il bût quelques gorgées de cette eau de vie locale afin de s’anesthésier un peu que le guérisseur commence à désinfectait la plaie avec le même liquide et ligaturait la plaie. A peine il s’allongea que son esprit quitta celui des hommes afin de rejoindre le monde des esprits endormis, refuge de l’esprit contre la douleur. Une fois les sutures faites il nettoya la blessure afin d’enlever le sang séchant sur la peau afin d’éviter la moindre infection. Il lui mit un cataplasme de la feuille des rois afin d’accélérer la cicatrisation. Puis il lui fit bandage pour maintenir le tout. Puis vint le moment de soigner sa blessure à l’épaule gauche car la lame ne s’arrêta uniquement contre sa clavicule découpant dans son passage le trapèze. Cette blessure est bien plus importante que celle de son oreille mais elle avait fini par ne plus faire couler le sang qui s’était coagulait. Le docteur ne put que recoudre le muscle et il devrait attendre de longues semaines la guérison de ce dernier tout en prenant soin de ne pas utiliser son bras, son épaule et de ne pas trop agité sa tête. Même si la douleur devrait le rappeler à l’ordre si jamais il ne le faisait pas.

On l’emmena dans une chambre dans laquelle il passe les deux jours qui suivirent principalement à dormir et prendre quelques bouchées de nourritures accompagnées de gorgée d’eau qui au fur et à mesure qu’elle coulait dans son cou s’imprégnait dans les tissus de ce tube. Le troisième, la douleur était toujours présente ce qui l’empêchait de trop bouger, alors il resta allongé à repenser aux événements dernier. Il savait qu’au fond de lui ces images mettraient du temps avant d’arrêter ses rêves, son esprit. Si jamais elles le quitteront un jour. Il le tenait des anciens de la compagnie dont il faisait partie. Cela faisait partie intégrante de la vie de mercenaire, de militaire. Le soir une jeune infirmière vint pour remplacer les pansements du jeune homme. La routine. Mais cela ne se passa pas du tout bien. Le pansement à la tête, collé par les suintements de la blessure. La jeune soignante tira, le jeune homme étouffa un cri de couleur et la scène où le coup d’épée fatale pour son pavillon lui revinrent en mémoire, il senti sa plaie se rouvrir et le sang commença à s’écouler. Il appuya sur sa blessure pour limiter la perte de son sang. La jeune femme tétanisée par la peur ne savait plus quoi faire alors  Maraloch sortit de sa chambre et appela de sa voix puissante un médecin, sa voix résonna dans le hall d’entrée de la maison de soin.

Un médecin vint voir la cause de vacarme dans ce lieu de convalescence où le respect des patients est primordial. Quand il vit le chevalier de tenir la tête qui dégoulinait de sang. Il lui demanda de le suivre afin qu’il puisse faire le nécessaire. À la vue du débit important du sang, le médecin ne pouvait pas attendre que l’alcool l’anesthésie. Il décida de le recoudre tel quel. Il donna une pièce de cuir à mettre en ces dents afin de ne pas se les abîmer quand il serrera ses dents sous l’effet de la douleur. Souffrance. La douleur lui fit bander tous ses muscles. Sa mâchoire se serra ainsi que ses poings. Maraloch faisait tout son possible pour focaliser son esprit sur autre chose que la douleur que lui procurait le fil et l’aiguille parcourant ses chairs sans le moindre sentiment de culpabilité, elle faisait son travail implacablement. Cela ne prit que quelques minutes mais qui sembla bien plus longues pour le jeune homme. Il lui fit un bandage, et lui prépara une infusion de plante aux vertus antalgiques afin qu’il puisse se détendre un peu avant de manger. Il le raccompagna jusqu’à sa chambre où se trouvait toujours la jeune infirmière prostrée par la souffrance qu’elle venait d’infliger à son patient.
Il s’efforça de montrer sa gentillesse et prit la parole :

«  La douleur que je viens de subir n’est pas de votre fait mademoiselle, il vient du soldat qui me l’a tranché car son capitaine lui avait ordonné de nous tuer. Ne vous lamentez pas sur cette petite erreur de la douleur j’en ai subi un grand nombre et je continuerai à la subir. Car un homme qui cherche du sang finira par trouver le sang.»

Il lui prit la main lui adressa un sourire et lui essuya les larmes qui avait coulé le long de son joli visage. Il plongea son regard dans le sien. Elle finit par lui sourire qui lui fut rendu. Elle sorti de la pièce sans avoir dit aucun mot pour s’excuser ou se retirer.

Les autres jours se passèrent et Maraloch était relativement en bon état se mit rapidement à déambuler  dans les couloirs, car ses blessures malgré leur côté handicapant s’en était relativement sorti à bon compte de cet affrontement. Il avait juste perdu son oreille et une entaille peu profonde sur le haut de son épaule gauche. Chaque jour, il voyait la jeune infirmière pour lui changer ses bandages mais elle venait aussi passer son temps libre car le bâtiment était sous le coup d’une quarantaine afin d’assurer leur sécurité suite au désordre qu’ils venaient de créer. Donc il n’y avait qu’eux dans tout le bâtiment. Maraloch appréciait la compagnie de la jeune femme. Car à la compagnie il n’y en avait pas, et la douceur et le réconfort que peut apporter une femme n’a pas d’égale dans le monde même si ce des frères d’armes arrivent à se soutenir mais n’y arrive pas aussi bien.  Très rapidement ils se rapprochèrent, cela a commencé par se prendre par un baiser puis un câlin dans les bras, même s’il souffrait cela lui faisait du bien.

Puis un jour, pendant un câlin, ils se laissèrent aller à leurs envies. Ils se déshabillèrent mutuellement leurs corps s’entrelaçant. Leur désir l’en envers l’autre monta au à mesure des caresses. Les deux corps ne firent plus qu’un chacun prenant plaisir à se laisser diriger par leurs émotions abandonnant la rationalité pour profiter de ce moment de douceur, tendresse, de plaisir. Ils restèrent un long moment dans les bras l’un de l’autre. Profitant de l’occasion de tromper l’ennui. Mais l’infirmière devait se rhabiller pour aller préparer le repas de son cher patient. Elle quitta la chambre et juste avant de passer le seuil elle se retourna afin de le regarder encore un instant de plus tout en lui souriant.  Pendant qu’il fut seul il se rhabilla avec une boule au ventre. Il savait qu’il ne devait rien attendre de cette relation car cela fait partie de la voie qu’il a prise d’être seul sans cet amour qui le fait sentir aussi vivant que la décharge d’adrénaline qu’il reçoit sur le champs de bataille à cause de l’excitation mélangé à la peur. Il sentait tellement bien quand elle était vers elle qu’il souffrira quand arrivera l’heure du départ. Car la voie qu’il avait choisie faisait qu’il ne pouvait s’établir dans une bourgade ou une cité et fondé un foyer. C’était un sacrifice nécessaire pour garantir la paix à travers. Il ne pouvait pas décemment lui demander de le suivre car leur vie est  encore moins facile que les villages du royaume du Nord.

Quelques jours plus tard des militaires entrèrent dans le bâtiment afin de pouvoir amener les hôtes dans le grand hall afin qu’ils puissent voir le noble qui a sauvé leur peau. Le groupe avait fondu comme neige au soleil. Seuls Félian et Eirik s’en sont tiré tout en ayant atteint leur objectif. Du groupe de Nathanael et Learamm les deux chefs s’en sortirent ainsi que Maraloch ainsi que Ionas, l’agent de la Rose Noire. Ceci porta un coup au moral de chacun des survivants, qui commençaient à aller mieux, du moins physiquement. Félian prit la parole pour répondre aux questions qui fusèrent sur sa personne pour tenter de comprendre pourquoi ils étaient que deux. Il dit :

« Le Maire est mort, tout comme ses alliés. Mais beaucoup ont donné leur vie pour y arriver. Aucun de mes chevaliers ne s'en est tiré… Felron a mis fin aux jours du Maire, en acceptant de se jeter seul dans le piège. Il l'a payé de sa vie. D'après ce qu'on m'a dit, Olrik a réussi à gagner du temps, et il est tombé pour nous donner la possibilité de terminer notre mission… Eirik…»

Alors que tous regardèrent le jeune homme, Maraloch ne chercha pas à savoir ce qu’il avait. Après tout, aucun d’eux ne savait qu’il s’agirait d’une promenade familiale du dimanche après-midi. Ce n’était que pure folie d’accepter un si jeune homme dans cette quête de liberté. Maintenant, il a perdu un bras, il restera à jamais un témoin, une preuve que la liberté ne s’acquiert pas sans sacrifice. Certes cela est tragique mais il est sorti vivant de cette épreuve. Maintenant libre à lui de surmonter cette dernière étape et d’en sortir plus fort et de sombrer dans les méandres de son esprit et de la désolation.

Aussitôt rentra leur sauveur, ce noble qui avait pris partis pour ces étrangers accompagnés par la violence, le chaos et la mort. Alors que d’après leurs renseignements personne ne les aiderait dans cette quête salvatrice pour la liberté de la cité, du Gondor et enfin de la terre du milieu. Ce dernier sembla fatigué par la cascade d’événements qui ont découlé de tout ce sang versé sur le sol.  Il s’éclaircit la gorge avant de prendre la parole en hésitant par où commencer :

«  J'ai pris de vos nouvelles régulièrement, et on m'a dit que vos blessures se remettaient. Je suis heureux d'apprendre que vous jours ne sont plus en danger. C'est la première fois que vous vous retrouvez après… après ce qu'il s'est passé, et j'en suis désolé. Votre venue a changé plusieurs choses à Pelargir, notamment… Oh, je ne me suis pas présenté, toutes mes excuses. Ravaran Leontochir. Depuis hier, je dirige le Conseil de Pelargir. On peut dire que c'est un peu grâce à vous… Je suppose que vous ignoriez tout de ce qu'il s'est passé, aussi laissez-moi vous expliquer. Vous êtes venus de très loin, pour éliminer les tyrans de l'Ordre de la Couronne de Fer, c'est bien ça ? »

A la mention du nom de cet ordre plusieurs d’entre eux prirent sur eux de ne pas éclater, certains serrèrent les poings, d’autre la mâchoire. Car ses représentants avaient fait tant de mal, de victimes. Et ce même après la défaite de leur leader à Vieille-Tombe. La preuve en était en cette cité il y a quelques jours encor.

« Cela fait plusieurs mois maintenant que ces hommes sont en place, et j'ai rapidement eu des soupçons à leur sujet. Mais il m'était impossible de renverser le Maire sans l'appui du Conseil, et impossible de recueillir l'aval de celui-ci sans prendre le risque d'être moi-même évincé et éliminé. D'autres ont essayé de protester, mais ils ont rapidement changé d'opinion. Je suis pour ainsi dire le seul à avoir continuer à agir. Dans l'ombre. J'ai cherché à recueillir des renseignements, à monter un réseau. Beaucoup des hommes que j'ai pu financer et aider ont été tués, hélas. Pelargir était totalement sous leur emprise. Et puis vous êtes arrivés. J'ignore encore comment vous avez procédé, mais vous avez réussi à porter un coup fatal à nos ennemis. Il se trouve que j'ai été mis au courant de tout ceci par un homme… Celui qui vous a donné cette carte… Il sorti la carte reconnaissable malgré l’humidité et le fait qu’elle soit froissée. Sitôt après votre départ, il a essayé de me contacter. Il se trouve qu'il a été intercepté par les gardes, et qu'il m'a d'abord fallu le libérer. Il m'a expliqué la situation, et il paraissait croire en vous. Alors j'ai rassemblé tous les hommes en armes que j'ai pu trouver, et je les ai menés là où il m'avait dit pouvoir vous trouver. Je suis arrivé à temps, je suppose. Vos compagnons étaient aux prises avec le Capitaine et ses hommes. Je pense que notre intervention leur a donné le temps de s'occuper de ces traîtres.  Il souriait fier de son action. J'ai ensuite mené mes hommes jusqu'au bureau du Maire, où j'ai découvert qu'une compagnie de gardes du palais était en train d'en défoncer la porte. Vos compagnons s'y étaient retranchés, bien que beaucoup eussent perdu la vie avant de pouvoir se mettre à l'abri. J'ai réussi à les convaincre de me laisser gérer la situation, et nous avons pu sauver vos deux amis. Les autres, malheureusement, n'ont pas survécu…  Il marqua une pause car il ne souhaitait pas retourner le couteau dans la plaie. Comme je vous le disais, votre action a quelque peu chamboulé les choses à Pelargir. La cité est toujours en émoi, et le Conseil était très partagé concernant votre sort. Je représente la frange majoritaire, et je suis d'avis que vous méritez d'être récompensés pour vos efforts, plutôt que blâmés pour vos crimes. Vous avez mis fin à un régime de tyrans et de traîtres, vous avez libéré Pelargir d'usurpateurs, et vous avez fait tout cela alors que vous n'êtes même pas d'ici. A ce titre, je tiens à vous remettre à tous ceci. » Il leur remit une broche d’argent représentant un lion rugissant en gage d’amitié entre la ville et eux, elle leur permettra de requérir l’aide de ses habitants sans devoir négocier pendant de longues discussions. Nathanel reçut un cadeau quelques peu spécial : l’épée du capitaine avec en bonus corriger le mauvais départ de cette lame de grande qualité  appeler à avoir un nom telle Orchrist  ou Andùril, la flamme de l’ouest.»

Maraloch allait sensiblement mieux qu’il y a une semaine décida de partir sur le champ, il alla chercher ses affaire. Pendant qu’il faisait son paquetage, il repensa à la jeune infirmière se demandant s’il fallait mieux qu’il parte sans la revoir ou la revoir un peu afin de lui faire ses adieux. Finalement, elle entra dans sa chambre juste avant qu’il ne parte. Ils se regardèrent le regard lourd de regrets, humides par les larmes qui montaient. Silence. Au bout de quelques minutes, Maraloch brisa ce silence :

« Je veux que tu saches que resteras à jamais gravé dans mon cœur et mon esprit. Tu es Lumière dans les ténèbres dans lesquelles j’avance sans peur car je sais que tu es là. Je ne peux décemment te demander de ma suivre car ma voie est rude et je ne veux pas t’infliger peur, angoisse et inquiétude, sans parler des conditions de vies qui sont loin d’être aisées chaque jours. Je veux aussi te remercier de m’avoir épaulé pendant que mon fort se réparer. Je désire te dire que dans dix ans je reviendrais te voir mais ne m’attends pas pour vivre ta vie car il se pourrait très bien que je ne revienne jamais. Là j’ai échappé à la visite des Caverne de Mandos mais la providence ne sera pas toujours avec moi et un jour j’irais le voir. Je viendrai ici même. Au revoir, belle Litisse ! »

Il le regarda une dernière fois puis se tourna vers la porte et disparut. Il alla rejoindre ses compagnons mais avant il irait voir ses parents à Minas Thirith, la cité blanche, phare des rescapés des grandes batailles. Il lui fallait survivre encore dix longues et interminables années pour venir revoir son infirmière.
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