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Sujet: [OUTRO IRL 18 ANS] Les racines profondes de l'Arbre Blanc
Forlong

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Bas de la Cité   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [OUTRO IRL 18 ANS] Les racines profondes de l'Arbre Blanc    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 30 Mar 2023 - 21:03
Les jeunes recrues ne tardèrent pas à trouver une approche peu orthodoxe, qui consistait à utiliser la charrette et l’âne pour monter jusqu’à l’étage. Syp et Hoshen réussirent à ouvrir les volets en bois et bientôt nous nous retrouvions tous à l’intérieur de la bâtisse. Personne n’avait pensé à emmener une torche, et les couloirs étaient plongés dans une obscurité quasi-totale. C’est à ce moment là qu’Edna se rendit utile:

-Je connais l’Université comme ma poche, je peux vous guider jusqu’à une salle de classe où nous trouverons des bougies et de quoi les allumer.

Elle n’avait pas exagéré, et nous guida sans aucun problème jusqu’à la salle. C’est à ce moment-là qu'on entendit quelque chose tomber de l’autre côté de la porte. Nous n’étions donc pas seuls. Timéon ouvrait la marche, et ouvrit la porte d’un geste décidé. Quelque chose bondit sur lui dans l’obscurité, mais il ne perdit pas son sang froid. Il l'attrapa en plein vol, dévoilant aux autres qu’il s’agissait d’un simple chat. Impressionnant.

Comme prévu, nous trouvâmes des bougies dans la salle, ce qui nous permit de reprendre notre chemin de manière plus sécurisée. Après avoir descendu l’escalier nous nous retrouvions dans le grand hall d’entrée. Derrière l’escalier se trouvait une porte menant aux sous-sols, notre destination finale.

Lorsque que Timéon l’ouvrit, je constatai qu’elle avait dû être huilée récemment car elle ne fit aucun bruit. J’ordonnai à Edna de rester à l’entrée, en guise de sentinelle. C’était en partie parce qu’elle était celle qui connaissait le mieux ce lieu et pourrait s’en sortir s’il s’agissait d’une embuscade. Et en partie parce que je ne lui faisais pas vraiment confiance.

Notre groupe commença la descente d’un étroit escalier en colimaçon, mais celle-ci fut interrompue de manière abrupte. Timéon, qui ouvrait toujours la marche, s’était retrouvé face à face avec un homme armé d’une arbalète qui nous ordonna de laisser nos armes et avancer un par un. Lorsqu’il nous demanda combien nous étions, Timéon lui dévoila qu’on était cinq, il avait donc habilement omis de mentionner la présence d’Edna à l’étage. Face à un arbalétrier dans un escalier étroit, nous étions dans une situation fort défavorable. Je me maudis dans mes pensées de ne pas avoir pensé à une meilleure tactique, avant de dire à mes recrues de lâcher leurs armes.

Nous étions à présent réunis dans une grande pièce souterraine. Un feu brûlait dans l’âtre, éclairant les visages de ceux qui nous avaient capturés. Elle était là. Fine, à la musculature subtile d’une acrobate, ses yeux brillaient sous sa frange blanche mais son regard ne trahissant comme d’habitude aucune émotion. Neige, Capitaine de l’Arbre Blanc. Mais elle n’était pas seule. Une elfe au teint pâle avait supervisé le désarmement des recrues, et la ressemblance avec l’avis de recherche était indéniable: c’était Lithildren.



Mais ce qui me surprit davantage encore, c’était de voir les hommes qui les accompagnaient. Ils ne portaient pas d’uniforme, mais leurs tenues montraient clairement leur appartenance à la noblesse. Il ne me fallut qu’un instant pour reconnaître un homme qui était devenu emblématique au Gondor: Eradan, le dirigeant des Chevaliers du Cor Brisé. Descendant illégitime de la lignée de Faramir, il avait joué un rôle clé pendant le siège d’Aldburg et porté le coup fatal à l’Ordre de la Couronne de Fer dans les catacombes de Vieille-Tombe en compagnie des Passeurs des Etoiles. C’était Eradan qui avait ramené le prince Chaytann à son père, et par conséquent c’était un des rares hommes à pouvoir demander à n’importe quel moment une audience avec le roi Méphisto.


En jetant un coup d’oeil rapide sur mes compagnons, je pouvais constater qu’ils avaient eux aussi reconnu Neige, Lithildren et Eradan, et que les voir réunis mettait en doute la version officielle des événements. Comment est-ce que l’homme qui avait sauvé l’héritier du Gondor pouvait être un traître?

-Petrus. Tu es venu. Mais pas seul je vois…suis-moi. Nous devons discuter de certaines choses en privé avec Eradan.

Les recrues, d’abord surprises de voir que c’était bien une femme recherchée pour trahison qui m’avait donné rendez-vous ici, s’échangaient à présent des petits sourires moqueurs insinuant que nous allions faire bien plus que discuter dans la pièce à côté. Je les foudroyai du regard.

Une fois la porte fermée, je m’adressai à Neige et Eradan:

-Qu’est-ce que tout cela veut dire?


-Si tu es venu, ce que tu pressentais déjà ce que je vais te dire. Je n’ai pas trahi le Gondor. Cela fait des mois que je mène une enquête dangereuse, qui m’a fait découvrir des secrets qui feront trembler les fondations du royaume. Lord Rhydon a ordonné l’assassinat d’un commandant de l’armée. Il a aussi fait fabriquer des faux documents incriminant plusieurs dignitaires du Gondor, et compte s’en servir pour leur faire du chantage et renforcer sa position et celle du général Cartogan. Il pensait avoir tué le faussaire qui les avait fabriqués pour effacer les traces, mais leur véritable auteur est toujours en vie. Mais c’est pas fini, Petrus. Le professeur Nallus a découvert que les actions de Rhydon étaient entièrement soutenues par le Général Cartogan en personne. Les meurtres, les emprisonnements, les corps des victimes de la peste brûlés en secret afin de les cacher du public.


J’étais sous le choc. J’avais mes soupçons concernant Rhydon, mais le général Cartogan? Cet homme était perçu par beaucoup comme le symbole de la renaissance du Gondor après l’échec d’Assabia et la crise de la Couronne de Fer. Le royaume pourrait-il se relever si cela devenait public? Les vautours circulaient déjà autour de la Couronne, n’attendant qu’un tel signe de faiblesse pour attaquer.

Sans rien dire, Neige me présenta le livre de notes de la faussaire Sonja Kol, ainsi qu’une lettre qu’avait reçu le professeur Nallus. Ce n’étaient pas des vraies preuves, mais plutôt des éléments d’un casse-tête qui se mettaient en place.

-Et le rôle d’Eradan dans toute cette histoire? Et le mien?

-Avec les hommes de Rhydon à nos trousses et la moitié des dignitaires du royaume à la solde du général ou victime de son chantage, je ne pouvais pas rendre cette affaire publique. Il nous fallait plus de preuves, et surtout nous devions pouvoir ramener les témoins jusqu’à la justice en vie. Et en dernier recours, arrêter Rhydon et le Général. C’est une tâche que je ne pouvais pas accomplir seule. Dans les moments difficiles, il n’y a parfois pas d’autre choix que de mettre son sort dans les mains d’un autre. Eradan et Félian, son second en commandement, sont des hommes nobles et des véritables défenseurs du royaume.
Le chevalier du Cor Brisé prit la parole à son tour:

-J’étais là, avant le mariage du roi Aldarion et de la princesse Dinaelin, lorsque le tribunal dirigé par le Général Cartogan en personne avait condamné Warin à mort. . Je me souviens encore aujourd’hui du regard froid que le général avait lancé à l’homme accusé d’être le dirigeant de la Couronne de Fer lorsqu’il donnait l’ordre de le pendre. Si tout ce que nous avons appris est vrai, il se peut que Catogan faisait lui-même partie de l’Ordre. Et qu’il mérite lui aussi de se retrouver devant ce même tribunal. Nous sommes là pour nous assurer que justice sera faite, même si les sbires de Rhydon essaieront de l’empêcher. Malheureusement, avec l’interdiction du port d’armes, la peste et maintenant les émeutes, nous nous retrouvons pratiquement sans armes. Nous avons besoin de renforts, et Capitaine Neige semble persuadée que vous êtes un homme honorable. Serez-vous des notres?

-Ce ne sera pas à moi ni à vous de juger Cartogan et Rhydon mais oui, la version des faits que vous m’avez présentée est convaincante et mérite d’être revue par un tribunal, de préférence impartial si on peut réellement parler d’impartialité en vue de l’identité des accusés…Je vous aiderai.

Le regard froid de Neige croisa le mien.

-Si nous ne sommes pas trahis par tes…camarades. Tu devais venir seul, Petrus. Et en plus tu as ramené qui, des recrues…?

-Dans les moments difficiles, il n’y a parfois pas d’autre choix que de mettre son sort dans les mains d’un autre. - Je souriais du coin des lèvres, prenant du plaisir à lui ressortir ses propres mots. - Je n’avais pas vraiment le choix, Neige. Je m’attendais à moitié à tomber dans un piège, et je n’ai pas eu entièrement tort. Mais je suis d’accord avec toi, je ne peux pas garantir votre sécurité maintenant que les recrues connaissent votre localisation. Je ne les connais pas assez pour ça. Ecoutez, je vais revenir ici d’ici ce soir, pour vous emmener dans un endroit plus sécurisé, dont personne hormis moi ne connaîtra la localisation. On pourra y réfléchir à notre prochain mouvement.

Lorsque j’étais revenu dans la pièce principale, je vis les recrues en train de discuter avec Félian, le second en commandement d’Eradan. Ce chevalier redoutable ne m’était pas inconnu - il s’était fait un nom en gagnant un tournoi organisé par le roi de Dale. Lithildren se tenait à côté de lui, et avait posé sa main sur son épaule, comme pour l’empêcher d’en dire trop. Mais la discussion semblait avoir marqué les jeunes agents de l’Arbre Blanc qui se regardaient, pensifs.


Bientôt, on nous rendit nos armes et nous retrouvions Edna Lestir à la sortie des souterrains. Le petit groupe m’entoura, et une vague de questions déferla. Capitaine, capitaine, qu’est ce que tout cela signifie? Je ne pouvais pas leur en vouloir, je les avais mis dans une position très difficile. Ils venaient d’intégrer les rangs de l’Arbre Blanc, et ils se retrouvaient déjà face à des gens désignés comme traîtres à la Couronne par les autorités. Je levai une main, puis dis:

-Je comprends votre confusion, je ne savais pas entièrement à quoi m’attendre en venant ici. Mais je pense que mon instinct ne m’a pas trahi, et que vous pressentez vous aussi que Capitaine Neige n’est pas réellement coupable de trahison, ni responsable des émeutes dans la cité. Je vous avais dit tout à l’heure du fait que nous ne servons pas les ambitions d’un seul homme. Je crains que celles du directeur Rhydon ne soient pas entièrement pures. C’est une chose sur laquelle je devrai enquêter. Quant à vous, continuez pour l’instant à servir la Couronne et le Peuple avec dignité et honneur. Retournez à l’Auberge du Chameau qui Tousse avant que votre absence ne devienne suspecte, et attendez la suite de votre formation. Je vous contacterai quand j’en saurai plus. Et surtout, ne dites rien sur cette rencontre à personne.
Sujet: À tout rompre
Forlong

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Rechercher dans: Les Ruelles du Premier Cercle   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: À tout rompre    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 8 Avr 2021 - 2:04

Felian était partagé. D'un côté l'excitation d'avoir réussi à franchir les portes de la Cité Blanche était palpable; il était encore incrédule face à la manière dont la fortune lui avait souri. Cette elfe, rencontrée par hasard à Osgiliath, s'était avérée être la clé de leur réussite en plus de lui avoir sauvé la vie. Dame Blanche quant à elle était une preuve vivante qu'il y avait du soutien pour leur cause au sein de l'armée du Gondor et de la noblesse du royaume. De l'autre côté...il se sentait écrasé par l'énormité de leur tâche. Six cercles de pierre antique les séparaient encore de Cartogan, et il ne savait même pas quoi faire si jamais ils parvenaient à lui faire face. Vivement qu'Eradan reprenne le commandement...

Il se surprit en train de regarder Namarien d'un air absent; la guérisseuse semblait vouloir parler, mais pour cela il leur fallait d'abord arriver jusqu'à un endroit sûr.

La cité avait changé pendant cette poignée de jours qu'il lui avait fallu pour faire l'aller-retour entre Minas Tirith et l'Emyn Arnen. Les rues étaient à moitié désertées à l'exception des nombreux soldats et une atmosphère lourde et tendue pesait sur la ville, comme si Minas Tirith était sur le pied de guerre. Profitant de l'indulgence étonnante du capitaine Erelas et du fait qu'ils pouvaient se déplacer dans les ruelles du Premier Cercle avait une liberté relative, Felian commença à formuler le début d'un plan d'action.

Ils finirent par arriver à l'auberge du Nez Creux; deux hommes et deux femmes à la place des huit chevaliers qui devaient venir épauler Eradan. L'homme à la tête du Cor Brisé allait être déçu. Lorsqu'ils se retrouvèrent dans la même chambre et après avoir soigneusement vérifié que personne n'écoutait à la porte, Felian répondit à Dame Blanche:

-Madame, vous avez joué votre rôle à merveille. Mais nos ennuis ne s'arrêtent pas là. Je savais que l'interdiction du port d'armes allait être un problème, mais la fermeture des cercles intérieurs de la Cité Blanche est un obstacle aussi grave qu'inattendu. Je ne sais même pas où trouver Eradan dans ces circonstances...


-Eradan a dit à mon époux qu'il comptait stationner avec ses hommes dans une aile temporairement abandonnée de l'Université de Minas Tirith. Le département d'alchimie est tombé dans la disgrâce et a perdu en grande partie les subventions du Palais depuis qu'ils ont accidentellement causé l'incendie du bâtiment. - répondit Blanche.

-L'Université...mais c'est au deuxième Cercle. Nous voilà séparés à nouveau d'Eradan par une muraille! Mais concentrons nous sur un problème à la fois. Il faut qu'on rentre en contact avec Capitaine Neige et ses compagnons, ils avaient promis qu'ils essayeraient d'organiser des armes. Je ramène déjà des renforts bien plus maigres que prévu, je n'irai pas voir Eradan les mains vides! Karl, j'ai une mission pour toi. Rends-toi discrètement à la taverne du Peregrin, pas très loin de la Grande Porte, et vérifies chez l'aubergiste s'il n'y a pas eu de message laissé pour moi ces derniers jours. Le tavernier me connaît...donnes-lui ces pièces d'or et dis-lui que tu viens de la part du seigneur Valdoré.

Le jeune chevalier se leva, toujours prêt à l'action, et impatient à l'idée de pouvoir faire ses preuves. Avant qu'il ne quitte la pièce, Felian rajouta d'une voix sérieuse:

-Et Karl...fais attention aux poignards cachés. Les paroles étaient sombres, mais le souvenir de la tentative d'assassinat à Osgiliath était encore très fraîche. Ils avaient des ennemis puissants qui savaient plus sur leur mission et sur leur localisation qu'il n'aurait pu espérer. Lorsque tu reviendras, frappe quatre fois à la porte. Un court, un long, un court un long.

La discussion reprit lorsque Karl referma la porte derrière lui.

-Eradan est un des rares hommes à pouvoir demander une audience auprès du roi Méphisto à n'importe quel moment. Il fait après tout partie du groupe des héros qui ont ramené le prince Chaytann à Minas Tirith, ainsi que le traître Warin en chaînes afin qu'il soit jugé. Mais avec la situation actuelle et en vue de la nature de notre mission je pense qu'il préfère rester discret et, si possible, incognito. Ce sera donc probablement à nous de le rejoindre. Peut-être que ce sera possible une fois que l'on obtiendra le laisser-passer...

-Je crains que dans les circonstances actuelles, nous risquons d'être escortés directement vers les Maisons de Guérison, qui se trouver dans un cercle plus haut que l'Université...Vous pourrez peut-être essayer de vous séparer de moi au deuxième cercle et partir vers l'université...mais ce n'est pas quelque chose que moi je puisse faire. Comme vous le savez, vous pouvez compter sur mon aide et celle de mon époux. Néanmoins, il y a des apparences que je dois maintenir à tout prix, afin de ne pas risquer ma réputation et la position de mon époux. Il y a plusieurs manières de servir le Gondor, et Nuril peut faire beaucoup de bonnes choses en tant que second du Commandant d'Osgiliath...Je devrai me diriger vers les Maisons de Guérison avec le blessé, et aider à contenir la maladie qui semble avoir atteint la Cité.

Dame Blanche semblait clairement gênée, mais Felian hocha de la tête, comme pour la rassurer. Il y avait des gens d'action, comme Namarien et lui, qui pouvaient se permettre de risquer leur vie pour le bien commun, ou d'agir dans l'obscurité. Mais il y avait aussi d'autres, qui agissaient dans la lumière et se devaient de respecter un code de conduite strict.

-Bien bien bien...beaucoup d'éléments à prendre en considération alors que j'ai l'impression que nous sommes forcés d'agir presque à l'aveugle, sans savoir exactement comment rejoindre Eradan et Neige. Dame Namarien, vos bonnes idées nous ont permis d'arriver jusqu'à là, alors permettez-moi de vous appeler une fois de plus à l'aide. Nous avons réussi à rentrer dans Minas Tirith, mais le reste de mes hommes est encore coincé à l'extérieur. Y a t'il un moyen pour qu'il nous rejoignent? Et que ça soit avec eux ou sans, la grande question reste comment passer inaperçus   d'un cercle à l'autre.

La discussion continua encore pendant un certain temps, car leur problème était complexe et Felian, bien qu'un peu gêné par la situation, avait déjà pu apprendre à respecter les opinions et idées des deux femmes.

Quelques instants passèrent, lorsque soudainement ils furent interrompus par un frappement à la porte. Crac...crac...deux battements. Ce n'était pas le code convenu, et il était d'ailleurs sans doute trop tôt pour que Karl ait le temps de revenir du Péregrin.

Ils étaient dans la chambre de Namarien, Felian ne dit donc rien mais il se releva, tendu, à la recherche d'une arme improvisée et finit par attraper le chandelier métallique posé sur la table...

#Felian #Blanche
Sujet: À tout rompre
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Ruelles du Premier Cercle   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: À tout rompre    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 8 Fév 2021 - 13:42
Minas Tirith…

Enfin.

La place principale du Premier Cercle s’ouvrait devant les yeux de Namarien, qui ne put que constater à quel point le Gondor était prêt à la guerre. D’ordinaire, ces lieux étaient traversés par des voyageurs venus de tous les royaumes libres de la Terre du Milieu. Il y régnait une atmosphère joyeuse, alors qu’on s’échangeait des nouvelles, qu’on se souhaitait la bienvenue ou au contraire bon voyage. Les gens se prenaient dans les bras, se tapaient dans le dos, se saluaient chaleureusement, et se bousculaient pour se frayer un chemin vers les quartiers où ils résidaient. Les nobles, vers le haut de la ville, et les plus pauvres dans les ruelles innombrables des niveaux inférieurs. Mais aujourd’hui, il n’y avait nulle trace de cette effervescence populaire.

Deux douzaines d’hommes patrouillaient à travers la place, qui avait été renforcée de barricades pour l’occasion. Des soldats en armes et en armure, le visage fermé et sévère, marqué par un pli soucieux. Même les superbes statues équestres semblaient tristes, et leur mutisme ne faisait qu’accroître le sentiment oppressant, alors que les lieux étaient paradoxalement déserts.

Quelques soldats s’approchèrent des nouveaux venus pour contrôler qu’ils n’avaient pas d’armes sur eux, ce qui était la procédure habituelle quand on pénétrait à Minas Tirith ces jours-ci. Namarien et Blanche furent contraintes de descendre de cheval, et leur statut de femme ne leur épargna pas le déplaisir d’avoir à sentir des mains étrangères parcourir leur corps à la recherche de lames cachées. Toutefois, le professionnalisme de ces hommes était appréciable, et ils n’eurent pas le moindre geste déplacé, se montrant respectueux de leurs visiteurs tout autant que de Felian, Thédeor et Karl.


Diligemment, Erelas les conduisit vers ce qui ressemblait à un petit dispensaire de fortune, où quelques blessés étaient étendus.

- Vos blessés peuvent se reposer ici, le temps que l’autorisation de pénétrer vers les niveaux supérieurs ne vous parvienne. Il y a fort à parier que cela prenne un peu de temps, mais des guérisseurs passent fréquemment ici, et ils vous apporteront le matériel nécessaire. D’ici là, n’hésitez pas à vous reposer… Je ne peux que vous recommander l’auberge du Nez Creux. Vous continuez tout droit dans cette direction, et vous tournez à gauche à la huitième rue. La plupart des habitants se sont réfugiés un peu plus haut dans la ville, mais il reste encore quelques crasseux des bas-fonds, alors soyez prudentes.

A la manière d’un guide leur présentant les différentes facettes de la ville, le capitaine leur désigna les différentes sections de ce niveau :

- La place centrale est réservée aux militaires, et vous aurez besoin d’un motif valable pour vous déplacer de l’autre côté du Premier Cercle, ou pour monter au deuxième niveau. Des contrôles stricts ont été mis en place à chaque échelon, et vous devrez vous justifier à chaque fois que vous voudrez grimper.

Il aurait pu se dispenser de ce dernier conseil, mais ce fut plus fort que lui :

- Essayez de ne pas trop attirer l’attention sur vous, dans la mesure du possible. La situation est tendue, à Minas Tirith, et personne ne souhaite qu’elle s’envenime encore.

C’était un avertissement à peine voilé, qui pourtant ne prenait pas la forme d’une menace. C’était comme si le capitaine devinait la raison véritable de leur présence ici, ou en tout cas qu’il percevait quelles pouvaient être les conséquences d’une mission menée à l’insu des autorités. Elles avaient cherché à mentir pour entrer à Minas Tirith, ce qui signifiait qu’elles ne faisaient pas confiance à la hiérarchie militaire… un mal bien commun ces derniers temps. Il en ignorait peut-être la raison profonde, mais il savait que les troupes royales ne prendraient pas à la légère ce qu’elles verraient comme des actions séditieuses.

- Mesdames, avez-vous d’autres questions, avant que je m’en retourne à mes obligations ?






#Felian #Blanche
Sujet: Irremplaçables
Ryad Assad

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Irremplaçables    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 8 Fév 2021 - 13:41

Minas Tirith n’avait sans jamais paru aussi menaçante à une fille du Gondor, et pour la première fois de son existence, Blanche éprouvait une crainte sincère à se trouver ainsi devant cet immense édifice de pierre. Elle se sentit écrasée par le gigantisme des lieux, et ne put s’empêcher d’imaginer ce qu’avaient dû penser les ennemis du Gondor qui, à travers les âges, avaient systématiquement échoué à enlever la plus belle cité des Hommes. Elle se représentait très bien leur terreur profonde, alors même que flèches et rochers ne volaient pas dans sa direction avec l’intention de lui ôter la vie.

- Rester calme… répéta-t-elle en écho aux paroles de l’Elfe. Rester calme…

Elle savait que beaucoup dépendait d’elle, et elle ne voulait pas être la responsable de l’échec de leur mission. Tout à coup, elle avait l’impression que le sort de tout le royaume pesait sur ses épaules, et la perspective de devoir porter le poids de cette culpabilité pour le restant de ses jours ne lui donnait que plus de courage pour affronter l’avenir.

- Rester calme…

Inspirant profondément, elle fit le vide dans son esprit, comme elle avait appris à le faire avant d’accomplir quelque tâche difficile qui requérait la plus parfaite concentration. Jusqu’à présent, il ne s’était agi que de guérir quelques blessures, recoudre quelques plaies, et veiller sur des hommes qui se montraient toujours d’une extrême courtoisie avec elle. Aujourd’hui, elle entrait dans une toute autre dimension. Ses pensées allèrent à son royaume, à sa famille… aux enfants qu’elle n’avait pas encore… C’était pour eux qu’elle était là. C’était en leur nom qu’elle transgressait les lois du Gondor, et qu’elle acceptait de mettre en péril sa propre existence.

Elle espérait seulement que Nuril ne s’en ferait pas trop pour elle.

Tandis que Blanche s’avançait pour aller à la rencontre de leur interlocuteur, le capitaine Erelas, Felian s’efforça de jeter un coup d’œil discret pour voir comment évoluait la situation. Homme d’action, habitué à manier l’épée plutôt qu’à rester – littéralement – allongé en retrait, il avait beaucoup de mal à accepter de ne pas savoir, ne pas contrôler, ne pas être en mesure d’intervenir si nécessaire. Il devait se reposer sur deux femmes dont il ignorait à peu près tout, sinon qu’elles avaient en elle autant de courage que les plus vaillants des chevaliers. Mais cela suffirait-il ? Sauraient-elles trouver les mots pour convaincre l’officier venu à leur rencontre de les laisser pénétrer dans Minas Tirith ?


Il vit Namarien s’approcher, juchée sur sa monture.

Pendant un instant, il se demanda si elle venait pour lui parler, pour lui adresser quelques mots après leur drôle de rencontre quelques heures plus tôt, quand il l’avait surprise à danser au milieu des hommes du régiment de Pelargir. Elle lui avait jeté un regard tellement…

Froid ?

Il n’avait pas pu s’empêcher de se sentir mis à l’écart, pour ne pas dire rejeté. Ce n’était pas exactement le genre de sentiments qu’il aurait voulu emporter avec lui à la veille d’un épisode aussi crucial que celui qu’ils allaient vivre, mais il fallait croire que les Elfes et les Hommes étaient trop différents pour se comprendre. Il réalisait douloureusement à quel point l’immortalité la coupait de ce qui faisait battre son cœur à lui. La peur de mourir, la peur de voir ses compagnons mourir et disparaître dans l’inconnu… là où il ne pourrait peut-être jamais les rejoindre. Namarien, quant à elle, sembler flotter au-dessus de tout ça, sans doute rassérénée par la certitude de rejoindre les plaines de Valinor quand viendrait l’heure pour elle de quitter la Terre du Milieu. Quel besoin y avait-il de paroles d’adieu ou de réconfort quand l’idée même de « fin » n’avait pas de sens à ses yeux ?

La froideur de leur dernier échange silencieux lui pesait, et il s’en voulait maintenant de ne pas lui avoir dit ce qu’il avait eu envie de lui exprimer à ce moment-là… Lui dire qu’il avait adoré la voir danser ainsi, et que même si c’était la solitude qu’elle recherchait, il n’y avait rien de plus beau que d’avoir des compagnons fidèles, des amis, des alliés, et gens sur qui compter, a fortiori avant de plonger dans la bataille. Il aurait voulu lui dire que tous ces hommes du régiment de Pelargir auraient volontiers donné leur vie pour défendre leur royaume, et qu’avant l’heure fatidique, leur compagnie était parmi les plus nobles qui fût. Et peut-être aurait-il voulu lui dire aussi qu’il était heureux, à quelques heures d’une mort quasi-certaine, d’avoir pu la voir enfin telle qu’elle était vraiment…

Mais cela, elle ne le saurait probablement jamais.

Il détourna le regard, de honte ou de crainte, et s’efforça de ne pas croiser son regard alors qu’elle se penchait vers Karl pour essayer de le rassurer quelque peu. Le jeune chevalier, démuni sans ses armes et son savoir-faire martial, redevenait l’enfant qu’il n’avait jamais cessé d’être. Son regard naïf, qui constituait l’une de leurs meilleures armes pour tromper les gardes, révélait la profondeur de son désarroi, alors qu’il s’apprêtait à partir sauver le Gondor sans arme et sans armure.

S’ils survivaient à cela, on écrirait sans doute des ballades à leur sujet.

La complainte de Karl, le chevalier sans armure.

Namarien se retourna bientôt pour faire face à l’officier, dont la voix porta finalement jusqu’aux oreilles de Felian. Celui-ci se figea instantanément sur place en l’entendant, et son cœur manqua un battement quand il l’entendit se présenter. « Capitaine Erelas ». Il étouffa un juron qui sinon aurait probablement condamné leur petite expédition, et se tourna vers Thédeor, qui adressa le même regard à son chef. Erelas ? Le capitaine de la Grande Porte en personne ?

Il se tendit, écoutant la réponse de l’officier :

- Dame Namarien Lasgalen de Vertbois, vous avez fait un long voyage jusqu’au Gondor, et je vous remercie d’accorder vos bons soins à ceux de mon peuple qui sont dans le besoin. Si plus d’âmes charitables comme la vôtre et celle de Dame Osenhorn foulaient la Terre du Milieu, les militaires comme moi auraient la vie beaucoup plus douce.

Erelas était attentionné, pour ne pas dire charmant, mais il ne fallait pas oublier qu’il était à même de décider ou non si les portes de la cité s’ouvriraient sur leur passage. Sa décision en la matière était presque incontournable, à moins d’en appeler directement au général Cartogan – ce qui était naturellement hors de question – ou bien de faire un recours devant le Haut-Roy Mephisto lui-même. Or, le souverain de ces terres s’était notoirement retiré de la vie publique depuis quelques temps, et il n’aurait certainement pas quitté sa retraite pour une affaire aussi triviale. Il fut un temps, cependant, où les souffrances de son peuple ne lui étaient pas totalement indifférentes, mais la perte d’un enfant pouvait changer l’homme le plus honorable.

Le capitaine, quant à lui, semblait partagé. Il appartenait à cette catégorie d’hommes droits et justes pour qui la vie d’un individu, qu’il fût prince ou roturier, méritait qu’on tentât de la sauver. S’il avait été seul à décider, les portes de Minas Tirith auraient été ouvertes à tous les fils du Gondor qui demandaient asile derrière les remparts de la forteresse… Cependant, il avait reçu des directives très précises de la part du général Cartogan, et à plusieurs reprises il avait dû éconduire des infirmes, des blessés et des indigents qui venaient avec des requêtes similaires. Aucun, cependant, ne s’était présenté accompagné d’une guérisseuse elfe qui offrait ses services aux Maisons de Guérison. Cela méritait d’être pris en considération.

Il s’approcha du chariot, pour jeter un œil sur la blessure de Thédeor, simplement pour la forme, mais la première chose qu’il vit fut le regard de l’autre blessé. Un regard qui ne ressemblait aucunement à celui d’un paysan ou d’un ouvrier d’Osgiliath… Felian était sans doute un grand chevalier, un guerrier d’exception, mais c’était un bien piètre acteur, et un très mauvais menteur. En voyant apparaître le visage du capitaine Erelas, il n’eut pas le réflexe de baisser la tête ou de faire même semblant de dormir… Au lieu de quoi, il le fixa dans les yeux, le défiant involontairement du regard, et attirant immédiatement l’attention sur lui.

Le silence se fit.

Un silence glaçant.

Blanche ne tarda pas à comprendre de quoi il retournait… De toute évidence, Erelas et Felian se connaissaient, ou du moins s’étaient déjà vus par le passé. Peut-être à l’occasion d’un contrôle de routine, peut-être au cours d’un des dîners mondains auxquels les Chevaliers du Cor Brisé assistaient parfois… Quoi qu’il en fût, ils n’étaient pas des inconnus l’un pour l’autre.

- Capitaine Erelas, je…

Il leva la main, coupant la jeune aristocrate dans son élan, sans quitter Felian du regard. A cet instant précis, le chevalier regretta de ne pas avoir pris son épée avec lui. Il ignorait ce qu’il aurait bien pu en faire, car il ne se voyait pas tuer Erelas sur-le-champ, et ensuite forcer le passage jusqu’au Septième Niveau de Minas Tirith à la seule force de son bras, mais au moins il aurait été rassuré de pouvoir tenir de quoi se défendre si on venait l’arrêter.

- Capitaine… insista Blanche.

- Vous voulez entrer dans la Cité Blanche, c’est bien ça ? Accompagnées de votre assistant et de ces deux blessés ?

Les deux femmes échangèrent un regard, sans trop comprendre. Erelas lui-même ne savait pas exactement ce qui se jouait ici. Il savait parfaitement les risques qu’il prenait… qu’il prenait encore… Mais l’intime conviction l’emportait sur toute forme de prudence, et il souffla :

- Je crois que votre requête est fondée… Minas Tirith ne saurait tourner le dos à deux guérisseuses, et j’ai le sentiment que ces blessés ne seront pas une charge trop importante pour les Maisons de Guérison.

Sans rien ajouter, il fit volte-face, et cria à l’attention de ses hommes derrière les créneaux :

- Ouvrez la porte !




__________


A suivre par ici !


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#Erelas
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Ryad Assad

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Irremplaçables    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 6 Fév 2021 - 12:57

La nuit qu’ils passèrent ne fut pas des plus reposantes. Felian connaissait la guerre depuis longtemps, il avait affronté des dangers qui auraient fait vaciller le plus vaillant des combattants, et pourtant il appréhendait toujours le début des hostilités. Peut-être encore davantage depuis le sinistre épisode de Pelargir, qui l’avait marqué à vie… Sans doute car, justement, il s’en était sorti alors que tant d’autres étaient restés étendus dans les rues de la cité portuaire, le visage figé dans une expression de surprise incrédule, alors qu’une lame en acier venait mettre un terme à leur existence.

Il se retourna sur sa couchette.

Les images de cette soirée défilaient dans son esprit, comme s’il essayait de faire l’inventaire de ses souvenirs heureux avant la fin. Le visage apaisé de Blanche, qui écoutait tranquillement Dame Namarien alors qu’elle donnait une brève leçon à Karl. L’air concentré de ce dernier, qui s’efforçait de retenir le nom des simples ainsi que leur usage… Il avait apprécié ce moment de convivialité, leur dernier repas partagé ensemble, dans une quiétude toute relative, malgré l’ombre effrayante de la Cité Blanche qui, une fois le jour tombé, avait surtout l’air sinistre et inexpugnable. En jetant un regard vers le dernier niveau, il se demandait comment ils parviendraient à rejoindre Eradan, et à déloger le général Cartogan…

Entre eux et lui, se dressaient des centaines de soldats de l’armée régulière, qui leur opposeraient une farouche résistance à chaque étage de la cité. Par la ruse ou la force, leurs chances d’accéder à leur cible étaient bien minces, et impliqueraient de créer une diversion à la hauteur de la tâche titanesque qu’ils entendaient entreprendre. Et même si tout se passait comme prévu, même s’ils parvenaient à rallier le dernier niveau, ils devraient encore faire face aux Gardes de la Citadelle… les meilleurs combattants du Gondor, dévoués corps et âme à la protection des hauts dignitaires de Minas Tirith… Felian était un bon chevalier, un épéiste talentueux, mais il savait ne pas pouvoir rivaliser bien longtemps avec ces hommes aux compétences prodigieuses. Il avait déjà eu l’occasion de s’entraîner avec un vétéran de la Garde, et avait eu l’impression d’être un enfant dans l’arène, face à un adulte accompli.

Un soupir s’échappa de ses lèvres, alors qu’il continuait à chercher une position confortable.

Le visage de Namarien lui revint en mémoire, alors qu’il la croisait avant de regagner sa tente. Il se souvenait parfaitement de ses traits, figés dans une expression à la fois grave et relâchée, comme si elle avait parfaitement conscience de ce qui se jouerait dès le lendemain, mais qu’elle préférait ne pas y prêter attention, et se laisser happer par la beauté du moment.

Les Elfes et leur mélancolie…

Il aurait bien voulu, lui aussi, pouvoir observer la nuit mouchetée d’étoiles scintillantes, et y trouver le réconfort qu’il cherchait désespérément à cette heure tardive. Même s’il avait ouvert les yeux, il n’aurait vu qu’une toile de tente, banale, sans charme et sans forme, exactement l’image qu’il se faisait de sa propre existence et de la mort qu’il rencontrerait peut-être demain, en essayant de changer quelque chose au cours des choses… Les étoiles avaient disparu de son horizon. Faute de pouvoir les contempler, il se concentra sur le visage de l’Elfe, et essaya de puiser dans le souvenir qu’il avait d’elle un peu de sérénité… un peu de force…

Juste assez pour passer la nuit.


~ ~ ~ ~


Privé de son armure, Felian se sentait comme nu. Le vent qui glissait sur ses bras, et s’engouffrait dans sa tunique de chanvre, lui donnait l’impression d’être retourné en enfance, avant que le poids des responsabilités ne vînt s’abattre sur ses épaules. Il ne s’était jamais rendu compte à quel point cette cotte de mailles le rassurait, auparavant… Et c’était bien peu de choses à côté de son épée, qui lui manquait comme s’il avait perdu un membre. Il ne cessait, par réflexe, de la chercher à son côté.

- Si vous voulez être crédible, maître Felian, lui glissa Blanche, efforcez-vous de ne pas chercher votre arme quand nous arriverons devant les gardes. Une telle attitude leur mettrait à n’en pas douter la puce à l’oreille.

Il hocha la tête, et se morigéna intérieurement, en essayant de faire attention. Thédeor lui adressa une petite tape amicale sur l’épaule, comme pour lui dire que ce n’était rien, et ils échangèrent un regard en biais. Felian ne put s’empêcher de voir qu’il avait changé depuis la veille. Dans son regard, le désespoir avait cédé la place à une résolution nouvelle, sans doute liée à Namarien, qui paraissait avoir le don de trouver les mots justes pour mobiliser les hommes et leur inspirer des actes de bravoure. Le chevalier se permit un petit sourire, qui se transforma bien vite en une grimace de douleur.

Ils étaient allongés tête-bêche, dans un chariot exigu qui les chahutait violemment, malgré le rembourrage de linges qu’on avait installé pour essayer de rendre leur voyage un peu plus confortable. Felian y avait pris place à peu près en forme, mais il ne doutait pas qu’en débarquant il serait à peine capable de marcher, son dos ayant été pilonné par le bois qui semblait décidé à lui briser les reins.

- Nous sommes bientôt arrivés, fit Blanche, comme si elle lisait dans ses pensées.


L’aristocrate, qui chevauchait en tête en compagnie de Namarien, s’efforçait de rester calme, mais à mesure que leur petite troupe approchait des murs de la Cité Blanche, elle sentait son excitation monter. Elle se tourna vers l’Elfe, et lâcha sur un ton mi-amusé mi sérieux :

- Si vous connaissez une prière elfique qui nous aiderait à franchir les grandes portes de mithril, c’est le moment.

L’ombre des tours de garde se pencha bientôt sur les deux femmes, et quelques visages au sommet des remparts se tournèrent dans leur direction, de toute évidence interloqués. Une voix glaciale descendit des murailles :

- Halte là ! Les Grandes Portes de Minas Tirith sont closes, par ordre du Général Cartogan. Retournez d’où vous venez.

Non sans jeter un dernier regard à Namarien, Blanche répondit :

- Je suis Blanche Osenhorn d’Imloth, mon mari est capitaine dans l’armée du Haut-Roy, en poste à Osgiliath. Je suis accompagnée par une guérisseuse elfe, et son apprenti… Nous venons répondre à l’appel de Dame Dalia de Ronce, et offrir nos services aux Maisons de Guérison. Nous amenons également deux blessés, qui ont besoin de soins urgemment…

Il y eut un long silence, puis la voix leur répondit finalement :

- Attendez ici…

Blanche s’efforça de contenir son anxiété :

- Nous y sommes… C’est le moment de vérité. Si nous faisons le moindre faux-pas, nous n’aurons pas d’autre chance. Nous devons simplement jouer notre jeu sans crainte, et ne rien faire de suspect.

Elle se tourna vers Karl, qui conduisait l’attelage contenant Felian et Thédeor, et se rendit compte qu’il marmonnait tout seul, en essayant de se remémorer les noms des plantes qu’il avait pu apprendre la veille auprès de Namarien. De toute évidence, il était très angoissé, ce qui ne manquerait pas d’attirer l’attention des gardes. Blanche chargea l’Elfe de le rassurer quelque peu, tandis qu’elle se rendait disponible pour le cavalier solitaire qui venait à leur rencontre afin de les inspecter. Elle fit aller sa monture sans sa direction, et inclina légèrement la tête.

- Dame Osenhorn, enchanté, je suis le capitaine Erelas, de la Grande Porte. On m’a fait savoir que vous veniez pour assister aux Maisons de Guérison… C’est fort généreux de votre part. Cependant, dans la période actuelle, nous avons ordre de ne laisser entrer personne sauf nécessité absolue.

- Capitaine, je vous assure qu’il s’agit d’une nécessité absolue. Deux hommes vaillants qui ont besoin qu’on s’occupe d’eux dans les plus brefs délais, et nous n’avons pas le nécessaire pour les soigner à Osgiliath. En échange de ce service, nous proposons de mettre nos compétences à profit à Minas Tirith, où il se dit que les besoins sont grands.

Il fronça les sourcils légèrement, mais ne répondit pas directement à sa question voilée :

- Votre réputation vous précède, ma Dame. On raconte que vous avez obstinément refusé de quitter Osgiliath, et que vous avez aidé de votre mieux la cité à préparer ses défenses, veillant sur les hommes du rang comme les officiers avec la même bienveillance. Votre contribution serait plus que bienvenue à Minas Tirith… Mais votre amie… une elfe vous dites ? Permettez-vous que je l’interroge ?

Blanche ne pouvait décemment répondre par la négative, et le capitaine Erelas s’approcha de Namarien, la saluant d’un geste élégant de la tête :

- Ma Dame, je suis le capitaine Erelas, ravi de vous rencontrer. Dame Osenhorn me fait savoir que vous souhaitez également entrer à Minas Tirith pour vous rendre utile aux Maisons de Guérison… Pardonnez mon manque de tact, mais je serais curieux de savoir ce qui pousse une Elfe à se préoccuper soudainement du sort des simples mortels que nous sommes… Les vôtres se font très rares de nos jours. On dit que le sort des Hommes les indiffère, et qu’ils se soucient essentiellement de leurs affaires, abandonnant les anciennes alliances. Vous comprenez sans doute que votre présence m’interpelle.

Il croisa les mains sur le pommeau de sa selle, et attendit patiemment la réponse.
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Rechercher dans: Osgiliath   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Irremplaçables    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 12 Nov 2020 - 16:32

Namarien avait pris soin de se présenter comme étant une guérisseuse, un élément qui pourrait se révéler particulièrement utile pour la suite s’ils souhaitaient convaincre le commandant Mevan de les assister. Felian appréciait grandement l’inventivité de l’Elda, sa capacité à s’adapter aux situations de manière fluide, sans mettre en péril la mission d’importance qu’il devait accomplir. Il lui jeta un bref regard, comme pour lui faire comprendre que c’était là une excellente initiative. Il fallait dire que la renommée des guérisseurs elfiques n’était plus à faire, et qu’elle pouvait sans le moindre doute tromper des gardes qui n’y connaissaient rien, et qui seraient étonnés par ses qualités médicales. Tromper la redoutable Dalia de Ronce, qui dirigeait les Maisons de Guérison, serait une autre histoire, mais n’y étaient pas encore. S’ils avaient la chance d’en arriver là, parfaire leur couverture serait le dernier de leurs soucis.

Cependant, malgré l’habileté du chevalier et de l’Elfe, malgré leur détermination sans faille, malgré l’appui du capitaine Osenhorn, ils durent se rendre à l’évidence : entrer à Minas Tirith ne serait pas une mince affaire…

La sécurité dans la capitale du Gondor était une affaire de la plus haute importance, bien avant les tristes événements de la prise de Cair Andros, et les récents développements avaient poussé les autorités à accroître encore leur vigilance et leur surveillance. Il était difficile de savoir s’il s’agissait là d’une réaction à la menace orientale qui était arrivée d’Outre-Anduin, ou s’ils entrevoyaient déjà les ramifications d’un traître positionné au sommet de la hiérarchie militaire du Gondor, prêt à utiliser toutes les ressources à sa disposition pour se maintenir au pouvoir.

Dans un cas comme dans l’autre, ils devaient garder à l’esprit que Minas Tirith n’était plus telle qu’ils avaient pu la connaître. Ce lieu de paix et de détente, où se côtoyaient artistes, intellectuels, nobles et gens du commun, militaires et civils, avait retrouvé sa fonction première de forteresse, dernier bastion d’un royaume menacé sur ses frontières. La peur habitait les murs, se répandait dans les ruelles, se cachait sous chaque pavé, apparaissait furtivement dans le regard des sages comme des plus jeunes. Il y avait encore du bon dans le cœur des Hommes, à condition de faire abstraction de leurs sentiments les moins honorables, mais les plus compréhensibles.

Felian savait ce qui l’attendait.

Il l’avait déjà vu à Pelargir. Il avait conscience qu’avant la fin de cette affaire, l’épée risquait d’être tirée, et le sang risquait de couler. On ne tranchait pas la tête du serpent sans prendre le risque de s’exposer à ses crochets. Ce fut avec cette idée bien sombre en tête que Felian quitta la tente du commandant, lui adressant une nouvelle fois ses remerciements chaleureux pour son aide. La politesse de cet homme était même à l’épreuve de sa déception la plus terrible.


Le commandant Mevan avait néanmoins choisi de retenir Namarien pour l’interroger plus avant, à propos de sujets qui semblaient s’éloigner des préoccupations de la petite compagnie de chevaliers, mais qui en réalité y étaient liés étroitement. La réponse négative de l’Elfe parut peser sur les épaules de l’officier, qui s’affaissèrent légèrement, tandis que son regard se troublait, voilé par le doute et l’inquiétude.

- Ce n’est rien, fit-il sombrement, avant de revenir sur ses paroles. Enfin, si… Mais…

Il n’hésita pas longtemps. Namarien était une Elfe elle aussi, et il trouvait curieusement réconfortant de se confier à une immortelle, en particulier à propos de ce sujet qui lui tenait beaucoup à cœur.

- Vous êtes la deuxième représentante des Premiers Nés que je rencontre, Dame Namarien. La deuxième en très peu de temps, à vrai dire… exactement là où vous vous trouvez vous-même. Dame Lithildren…

Une pause. Comment le formuler ?

- … est une personne qui m’est chère. J’ai eu l’occasion de la rencontrer il y a peu, et elle aussi souhaitait entrer à Minas Tirith. Je n’ose pas supposer des motifs qui ont pu l’amener à vouloir pénétrer dans la plus grande cité des Hommes, mais je soupçonne que vous poursuivez une quête parallèle, sinon similaire. Elle avait dans le regard la même flamme qui brûle dans le vôtre.

Il s’appuya sur le bureau qui était le sien, rompant involontairement avec l’image très disciplinée et rigoureuse qu’il s’était efforcé d’afficher devant le capitaine Osenhorn et Felian. Il présentait un visage de lui beaucoup plus humain, plus jeune, et résolument moins « noble » que celui des aristocrates qui s’exerçaient dès leur plus jeune âge à maintenir l’illusion du contrôle en permanence.

- Elle est entrée à Minas Tirith, et malgré toutes mes sollicitations – discrètes, cela va de soi – je n’ai pas eu la moindre information à son sujet. J’ignore si elle va bien, j’ignore si elle est encore en vie, et si elle a réussi à retrouver l’homme qu’elle cherchait. Un certain Nallus, membre de la Société des Chercheurs, de l’Université de Minas Tirith…

Tous ces indices qu’il lui confiait pourraient peut-être l’aider à trouver des réponses plus tard, et à localiser Lithildren.

- Je suis préoccupé à son sujet… Si vous parvenez à trouver un moyen d’entrer à Minas Tirith, si vous parvenez à la trouver… faites en sorte qu’elle s’en sorte… Dites-lui que je ne lui en veux pas, et que je comprends…

Ces paroles étaient sibyllines, mais de toute évidence elles devaient avoir du sens pour l’intéressée. Le commandant remercia Namarien en lui serrant les deux mains, dans un geste assez familier, avant de l’enjoindre à retrouver ses compagnons pour monter le camp et passer la nuit.


~ ~ ~ ~


L’Elfe finit par localiser ses compagnons, après avoir erré quelque peu dans le camp des troupes de Pelargir. Il fallait dire que des hommes en armes, ce n’était pas ce qui manquait ici. Ils étaient des centaines, tous uniques, et pourtant si uniformes. Des hommes à peu près du même âge, souvent haut de taille, le bras fort, les cheveux longs et bruns, comme ceux de Felian. Rares, cependant, étaient ceux qui dégageaient la même noblesse, la même force, et la même gentillesse. Pour beaucoup, leurs regards dévoilaient une profonde lassitude, une sorte d’incompréhension permanente, et un désir bien naturel que quelque chose advînt. N’importe quoi, pourvu que cela leur permît de rompre la monotonie d’un quotidien par trop rébarbatif.

Elle trouva ses chevaliers légèrement à l’écart du gros de la troupe, rassemblés autour d’un feu de bois crépitant autour duquel ils tendaient leurs mains pour profiter de la chaleur réconfortante des flammes. Il faisait encore assez doux à cette heure, la chaleur diurne peinant à se dissiper, mais quand viendraient la nuit et le vent, le froid risquait de s’installer rapidement. Ils Karl et Hallbrecht étaient affairés à monter une seconde tente, plus petite que la première, et le premier ne put s’empêcher de sourire fièrement à Namarien en la voyant arriver :

- Nous vous avons installée confortablement, noble dame. Votre tente ne partira pas avec le vent, je vous le garantis.

Hallbrecht eut un sourire amusé, et ajouta :

- Heureusement que j’étais là pour vérifier tes nœuds.

Ils se taquinèrent ainsi sans malice, davantage pour dissiper la tension qui régnait dans leur groupe à la suite de l’annonce de la terrible nouvelle selon laquelle l’entrée dans la forteresse leur était interdite. C’était un moyen comme un autre de parler d’un sujet plus léger, de rire un peu à la veille de ce qui pouvait peut-être devenir leur dernier jour. Cependant, leurs rires forcés ne cachaient pas aussi bien qu’ils l’auraient voulu leurs mines attristées et peinées.

Felian était pour le moment introuvable sur le camp, et on signala à Namarien qu’il était parti avec le capitaine Osenhorn pour régler une affaire urgente dont ils n’avaient rien dit. Personne ne savait exactement quand ils allaient revenir, ce qui laissait un peu de temps à l’Elfe pour veiller sur Thédeor. Le vétéran serrait les dents, mais la souffrance qu’il ressentait était bien réelle, à mesure que les effets des produits administrés à l’Elfe se dissipaient. Fort heureusement, l’aide-de-camp du commandant Mevan avait pris soin de leur faire amener de quoi s’occuper du blessé : bandages, plantes et simples en tout genre, décoctions destinées à calmer la douleur, de même que de l’eau claire pour nettoyer le tout.

- Je vous donne beaucoup de souci, Dame Namarien, fit Thédeor en essayant de faire abstraction de ce que l’Elfe faisait à sa jambe. J’aurais voulu que vous puissiez me voir debout… vous auriez eu une bien meilleure image de moi.

Ses ongles étaient enfoncés dans ses paumes à s’en faire saigner, mais il s’efforçait de présenter un visage aussi neutre que possible, même s’il était pâle comme un linge. Sa voix, entrecoupée de hoquets de douleur mal contenue, se voulait aussi claire que possible :

- Vous savez… Je comprendrais que Felian me laisse en arrière…

Faisait-il référence à la conversation entre Namarien et Felian à Osgiliath, quand elle l’avait sévèrement rabroué à propos de son plan ? Ou était-il seulement en train de dire ce qui lui passait par la tête pour combattre la douleur ?

- Je ne pourrais pas lui en vouloir, vous savez… Nous sommes des Chevaliers du Cor Brisé… Nous avons… aïe ! Nous avons voué nos vies à défendre celles des autres et… et… Blessé, je ne suis qu’un fardeau… Je le sais… Tout le monde le pense…

Il respirait de plus en plus vite, regardant l’Elfe droit dans les yeux pour ne pas voir l’état déplorable de sa jambe.

- Peu importe qu’il m’abandonne ici… ou à Osgiliath… Je m’en sortirai… Vous savez, j’en ai vu d’autres, hein ? Il eut un rire sec : Et Felian aussi. Il sait ce que c’est que d’emmener des hommes dans une mission périlleuse, et de les voir mourir les uns après les autres, sans rien pouvoir faire… Beaucoup des nôtres sont tombés à Pelargir… Felian s’en est sorti, de peu. Je crois qu’il préférerait me laisser derrière avec une chance de survivre, plutôt qu… que… Plutôt que de conduire un homme blessé à une mort certaine…

Il rejeta la tête en arrière, essayant de contenir les ondes de souffrance qui irradiaient dans sa jambe alors que Namarien arrivait au terme de l’opération. Rien de ce qu’elle lui donnait contre la douleur ne semblait avoir d’effet, mais il se refusait à se laisser endormir : c’était comme si, dans un accès de lucidité, il voulait lui confier des paroles d’une extrême importance. Il lui saisit le poignet par réflexe, le serrant de toutes ses forces, sans s’en rendre compte :

- C’est un homme bien… Et je suis sûr qu’il n’est pas responsable, pour Pelargir… Même si lui croit le contraire… Et vous aussi vous êtes quelqu’un de bien… Vous aussi…

Il y eut soudain un profond relâchement dans le corps de Thédeor, qui s’affaissa en arrière. La douleur avait eu raison de lui, et sa conscience s’était repliée au plus profond de son esprit pour y échapper un temps. Il retomba mollement sur le sol, mais sa respiration d’abord saccadée devint progressivement plus profonde et plus régulière. Il était épuisé, à en juger par la sueur qui coulait sur son front… comme s’il avait couru toute la distance entre Osgiliath et Minas Tirith. Et dans un ultime effort, il avait tenu à lui dire qu’elle était une bonne personne.

Namarien eut le temps de terminer de s’occuper de son patient dans le calme, car chaque membre de la compagnie souhaitait se reposer après une journée aussi éreintante. Ils avaient pris la route très tôt, et il leur semblait avoir commencé leur voyage depuis une semaine, tant leur traversée de l’Anorien avait été mouvementée. Une tentative d’assassinat qui avait pris l’un d’entre eux, une course poursuite dans les rues d’Osgiliath, puis une longue traversée jusqu’au Rammas Echor, et désormais la nouvelle que leur entrée dans la Cité Blanche était compromise… C’était beaucoup, émotionnellement, et tous piquaient du nez, soucieux de récupérer après tout ça. L’Elfe avait tout le loisir de vaquer à ses différentes occupations sur le camp, profitant des rations généreusement distribuées par la garnison de Pelargir, et du confort de la tente qui avait été montée pour elle, dans laquelle elle pouvait s’isoler si elle le souhaitait. Il restait encore le feu, fascinant et apaisant, autour duquel les hommes se rassemblaient pour bavarder quelque peu.

Il fallut encore un moment avant qu’ils vissent enfin revenir Felian et Nuril. Le premier allait également à cheval, probablement un qu’il avait emprunté, car il était harnaché comme ceux des soldats, et ressemblait à s’y méprendre à un destrier taillé pour la guerre. La nuit était tombée, mais ils pouvaient les voir serpenter entre les feux allumés sur la plaine. Felian, noble et fier comme un véritable Chevalier du Cor Brisé, avait de l’allure sur ce beau cheval qui le supportait. Ces deux hommes, la fine fleur du Gondor, portaient avec eux l’espoir. Ce fut Namarien la première qui devina, dans la pénombre qui ne semblait pas la gêner autant que ses compagnons, que le capitaine du Gondor n’était pas seul sur sa monture. Quelqu’un se tenait en croupe, une femme dont la beauté le disputait à la grâce.

Elle mit pied à terre avec élégance, lissant les plis de sa robe, avant de prendre place aux côtés de Nuril. Ce dernier, qui semblait particulièrement rasséréné en sa présence, la présenta aux hommes de Felian et à Namarien :

- Chevaliers, noble dame, laissez-moi vous présenter mon épouse, Blanche Humblétoile… Je vous avais promis une personne de confiance, la voici.

Elle s’inclina légèrement, et les chevaliers lui rendirent un salut plein de déférence.

- Je suis honorée de vous rencontrer, fit-elle d’une voix douce, tous et chacun d’entre vous. J’aurais aimé faire votre connaissance dans d’autres circonstances, mais enfants du Gondor nous sommes, et nous répondons tous à l’appel du devoir quand il nous convoque.

Les chevaliers hochèrent la tête avec vigueur, inspirés par ces paroles pleines de courage et de force. Blanche n’avait pas pour elle le bras capable de manier une épée, mais son âme semblait forgée dans le même acier que celui des héros. Nuril l’observait avec une admiration sans limite, soudainement très effacé derrière cette femme qui pourtant paraissait discrète. Elle s’approcha de Namarien, et s’inclina devant elle plus bas qu’elle ne s’était inclinée devant les autres.

- Enchantée, Dame Namarien. J’ai eu le loisir d’entendre le récit de vos exploits, dans la bouche de Maître Felian qui vous tient en très haute estime.

Elle eut un petit sourire énigmatique, et Felian parut tout à coup très mal à l’aise.

- Il a aussi dit que sans vous, ses hommes ne seraient peut-être pas parvenus jusqu’ici. Peut-être trouverez-vous également une idée nous permettant d’entrer à Minas Tirith.

- Je n’en doute pas le moins du monde, ajouta Felian plein de confiance. Dame Namarien a pour elle l’expérience des Eldar, et cela nous confère un grand avantage.

Le soutien du chevalier était précieux dans ces circonstances, mais aussi une grande responsabilité. Felian était un homme de guerre, un soldat, qui pouvait faire face au danger, mais il ne sentait plus à la hauteur de la mission de commandement qui lui avait été confiée. Il ne souhaitait rien d’autre que de pouvoir transmettre le flambeau à Eradan, pour mettre son épée et son destin à son service. La perspective de pouvoir se reposer sur Namarien l’apaisait inconsciemment, mais était-ce la bonne décision ? Une Elfe, parce qu’elle était une immortelle, pouvait-elle résoudre tous les problèmes qu’ils allaient rencontrer ? Ne valait-il mieux pas l’expérience et les connaissances d’un homme du Gondor, qui comprenait les hommes et femmes qui allaient se dresser sur leur chemin ?

Seul l’avenir le leur dirait.

#Blanche
Sujet: Irremplaçables
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Rechercher dans: Osgiliath   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Irremplaçables    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 2 Nov 2020 - 14:43

Felian était heureux de voir que le capitaine Nuril semblait être un homme digne de confiance. Il avait foi dans le courage des gens de Gondor, mais il devait admettre que récemment, de nombreux doutes avaient été jetés sur la probité des hommes de son peuple qui semblaient particulièrement enclins à sombrer dans la corruption et à se laisser tenter par les propositions séditieuses. Il y avait d’abord eu la sinistre affaire de Pelargir, et désormais voilà qu’on faisait appel à lui pour lutter contre un mal insidieux qui se serait emparé de Minas Tirith elle-même. Rencontrer des âmes honorables dans ces circonstances était un réconfort : il restait encore quelque chose à sauver de leur royaume.

Le chevalier ne pouvait s’empêcher, cependant, de ruminer de sombres idées. Il ne se souvenait que trop bien comment s’était terminée sa dernière mission, et à en juger par la tournure que prenait celle-ci, il envisageait le pire. Combien de braves devraient mourir pour qu’enfin la paix revînt sur le vieux royaume ? Beaucoup trop, sans doute. Cependant, si la vie d’un chevalier pouvait sauver celle d’un innocent, alors il se ferait une joie d’offrir son existence en sacrifice, et de prouver à tous ceux qui en doutaient que la bravoure et la noblesse d’âme du Gondor ne s’était pas éteinte aux temps d’Elessar. D’aucuns vivaient encore en suivant son exemple, et en honorant son courage légendaire.

Il était difficile de juger Nuril après si peu de temps, mais il semblait être de ceux-là. Un serviteur de la cause, qui aurait pu de mille manières les conduire à la mort, mais qui pourtant semblait déterminé à les assister. Cependant, pour lui faire confiance totalement, Felian avait besoin de le connaître davantage, de lui parler pour éprouver sa personnalité, et ne pas se laisser abuser. Il laissa Namarien poser la première question, et guetta soigneusement la réponse du capitaine, qui se fendit d’un sourire amusé :

- Il est certain que la famille Osenhorn d’Imloth a fourni de braves lames dans les guerres des temps passés, mais ce n’est pas par ce biais que je connais vos méthodes, Dame Elfe. J’ai eu la chance de voyager dans les royaumes elfiques, et de m’entretenir avec certains représentants éminents de votre race.

- Vous avez voyagé jusqu’à Vertbois ? Demanda Felian, partagé entre une curiosité sincère et son désir d’enquêter.

- Jusqu’en Lórien, répondit l’intéressé, auprès de maître Hyaril. Peut-être le connaissez-vous, noble dame, ou peut-être vous Sire Felian ?

Ce dernier fit « non » de la tête. Hyaril n’était effectivement pas un nom particulièrement connu en-dehors de la Lórien, sauf de quelques initiés avec qui il entretenait une correspondance régulière et particulièrement riche. Des Hommes, des Elfes, tous nobles de sang et de cœur, qui partageaient ses idéaux et sa vision du monde. Nuril ne jugea pas utile de révéler toutes ces informations à ses interlocuteurs, préférant revenir au sujet qui les intéressait présentement, la question de leur mission périlleuse au sein de Minas Tirith. Cependant qu’il négociait le passage du Rammas Echor, Felian et Namarien prirent le parti de discuter du paiement de celle-ci, au cours d’une conversation qui ne tourna pas exactement comme l’avait pensé le jeune chevalier.

Pris de court par la personnalité impétueuse de l’Elfe, et son tempérament prompt à l’action plutôt qu’à la discussion, il ne put s’empêcher de lâcher un sourire sitôt qu’elle eût le dos tourné et qu’elle prit la direction de Minas Tirith. Même au regard des standards de son peuple, elle n’était pas banale, et sa détermination à les aider était aussi louable que l’était sa volonté de protéger la santé de Thédeor. Une telle alliée était une bénédiction dans ces circonstances, et il ne cacha pas le sourire de satisfaction qui vint égayer son visage jusqu’alors soucieux. Cette guerrière lui plaisait.

Ils franchirent donc sans difficulté le Rammas Echor, pénétrant dans le Pelennor, un des endroits les plus sacrés du Gondor, où régnait toujours une agitation fébrile entre sérénité et inquiétude, selon les périodes. D’ordinaire, les fermes et les hameaux étaient peuplés de travailleurs acharnés qui donnaient leur temps et leur sueur à la terre en échange de ses fruits, indispensables à la survie de Minas Tirith et d’Osgiliath. Les fermiers saluaient volontiers les passants, négociaient quelques bibelots contre des produits de l’artisanat local, et offraient le gîte et le couvert à ceux qui n’avaient pas les moyens de résider dans la capitale. Aujourd’hui, tout était différent. Les fermes étaient désertes, pour la plupart abandonnées depuis les premiers jours de l’offensive orientale. Le peuple d’Anorien avait trouvé refuge dans les grandes forteresses de pierre blanche, et n’était plus ressorti depuis. Il faudrait du temps pour désherber les champs livrés à la nature, et en faire de nouveau des terres cultivables dont le Gondor pouvait être fier.

- C’est désormais la garnison de Pelargir qui occupe le Pelennor, expliqua Nuril. Je vais vous conduire auprès du commandant Mevan, qui dirige ces hommes. Grâce à lui, je ne doute pas que vous parviendrez à entrer sans mal dans la cité.

Ils prirent la direction d’une tente un peu à l’écart du reste, gardée par deux soldats en faction. Nuril salua, expliqua leur situation brièvement, et finalement la petite compagnie fut autorisée à déranger l’officier supérieur qui dirigeait les opérations ici. Felian connaissait Mevan de réputation, mais il s’était attendu à rencontrer un homme plus âgé et plus mûr. Le commandant des troupes de Pelargir semblait encore jeune, même si l’expérience se lisait sur ses traits.


- Bonjour Capitaine Osenhorn, bonjour à tous. Que puis-je faire pour vous ? Fit-il en se levant de son siège.

Il était installé de manière assez rudimentaire, ce qui convenait de toute évidence à son caractère. Il avait l’air simple et franc, et bien qu’il eût pris sur lui pour acquérir les codes et les us que son rang exigeait, il était évident à un œil avisé qu’il n’était pas noble. Felian et Nuril, tout deux de haute extraction, ne s’y trompaient guère. Cependant, cela rehaussait quelque part le prestige de cet homme issu du commun, qui avait su s’élever à la force de son bras et par sa valeur morale. Choisi personnellement par le Premier Conseiller de Pelargir pour occuper cette fonction cruciale, il semblait avoir encore un peu de mal à endosser les responsabilités qui étaient les siennes.

- Bonjour, mon commandant, répondit Nuril poliment. Je vous présente le chevalier Felian Valdoré d’Anfalas, ainsi que ses compagnons et Dame…

Il ne connaissait pas le prénom de l’Elfe, et il choisit de la laisser se présenter elle-même. Il était préférable dans ce cas de laisser les gens révéler ce qu’ils souhaitaient révéler d’eux-mêmes, et de leurs motivations. Ayant achevé de donner la parole à l’Elfe, il reprit :

- Ces braves hommes cherchent à entrer à Minas Tirith, pour une affaire de la plus haute importance. De sinistres rumeurs circulent, et l’armée est impuissante à enquêter au sein de la capitale. Ni vous ni moi ne savons rien de ce qui se trame derrière les remparts de Minas Tirith. Maître Felian et sa compagnie se proposent de tirer les choses au clair.

Nuril avait choisi de ne point trop en dire au sujet des véritables intentions des chevaliers, ce qui n’échappa aucunement à Felian. Ce dernier choisit de ne rien ajouter pour appuyer le propos du capitaine, laissant le commandant leur répondre sur un ton désolé :

- J’ai bien peur de ne pouvoir accéder à votre requête, capitaine. Il est certain que vous n’entrerez jamais ainsi armés à Minas Tirith : les directives du Général Cartogan étaient strictes avant la crise, elles sont draconiennes désormais. Tous ceux qui entrent à Minas Tirith doivent le faire sans armes.

Felian ne cilla pas le moins du monde. Il était parfaitement au courant de la situation, et il n’avait pas prévu de pouvoir emporter son épée et sa dague à Minas Tirith. Toutefois, ce n’était pas la seule nouvelle désagréable que le commandant leur réservait, et il reprit :

- En outre, j’ai reçu de nouvelles directives ce matin-même. En raison de troubles dans la cité, les entrées – qui étaient déjà strictement contrôlées auparavant – sont désormais interdites à l’exception des fonctions essentielles. Maître Felian, pardonnez-moi de vous le dire, mais vous et vos compagnons ne ressemblez guère à des guérisseurs… Je peux bien formuler une requête spéciale auprès du Général pour vous donner accès à la Cité Blanche, mais vous connaissez la lenteur proverbiale des autorités militaires de Minas Tirith…

Un brin de découragement passa chez les Chevaliers du Cor Brisé. Ils avaient pensé affronter des difficultés, naturellement, mais les perspectives que leur offrait le commandant Mevan n’étaient pas réjouissantes. Ils n’avaient aucun moyen crédible de faire croire qu’ils étaient des guérisseurs, une des rares professions que l’on acceptait encore en grand nombre à Minas Tirith, ce qui alimentait les rumeurs les plus folles. Une compagnie entière de guerriers, bien bâtis et athlétiques, ne tromperait certainement pas la vigilance des gardes de la Grande Porte, qui se montraient particulièrement zélés ces derniers temps. Même Nuril paraissait ne pas savoir comment réagir à une telle nouvelle. Devant le silence général, il finit par couper court à cette entrevue :

- C’est une triste nouvelle, mon commandant, mais nous allons réfléchir à une solution pour ces hommes. La sécurité du Gondor en dépend. Nous ne souhaitons pas vous retenir plus longtemps, vous devez être très occupé.

- En effet, capitaine. Je suis à votre disposition, et si vous trouvez une idée pour faire entrer ces hommes à Minas Tirith, n’hésitez pas à revenir me voir. Je suis au moins aussi inquiet que vous. En attendant, vous pouvez profiter de l’hospitalité des Otharrimion de Pelargir. Mon aide-de-camp vous fera distribuer tentes et rations pour la nuit.

Felian s’inclina bien bas. C’était bien tout ce que pouvait leur offrir le commandant Mevan pour l’heure, et ils se devaient de l’accepter gracieusement, car chaque bouchée de pain qu’il prendraient serait directement prélevée sur les quantités prévues pour ses propres hommes. La générosité de l’officier paraissait limitée, mais c’était en réalité un véritable geste d’amitié. Alors qu’ils s’apprêtaient à s’éclipser, cependant, Mevan lança :

- Ma Dame, puis-je avoir un mot en privé, s’il-vous-plaît ?

Les Chevaliers se regardèrent, interloqués, mais ils n’avaient pas le pouvoir de s’opposer à un commandant de l’armée du Gondor, et bien malgré eux ils furent contraints de laisser Namarien derrière. Felian lui lança un regard de soutien, celui d’un homme qui serait prêt à se jeter face au danger pour la protéger si nécessaire. Il savait qu’elle ne courait aucun danger ici, en présence de cet homme que Nuril lui avait présenté comme un ami, mais l’idée de la savoir seule le mettait tout à coup mal à l’aise. Mevan ne sembla pas remarquer cet échange silencieux, et remercia d’un signe de tête l’Elfe d’avoir accepté :

- Pardonnez mes manières, mais je souhaitais vous poser une question personnelle avant que vous partiez, et je n’ai pas trouvé d’autre moyen.

Il haussa les épaules. Il avait l’air las, soucieux, préoccupé par la pile de documents qui s’amoncelait sur son bureau de fortune et qu’il devait traiter. Des ordres, des contre-ordres, des plaintes, des rapports, des doléances, les siennes, celles de ses hommes qui voulaient savoir combien de temps ils resteraient ainsi loin de chez eux, et pourquoi on ne les autorisait pas à prendre leurs quartiers dans Minas Tirith… Tant de choses qui pesaient sur ses épaules, et pourtant il ne savait rien de tout ça, et des décisions qui étaient prises au sommet de la hiérarchie.

Sa question, toutefois, n’avait aucun rapport avec ces préoccupations bien légitimes.

- Le nom de « Lithildren » vous dit-il quelque chose ?

Il n’ajouta rien, se contentant de guetter les réactions de l’Elfe avec attention.
Sujet: Irremplaçables
Ryad Assad

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Irremplaçables    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 28 Oct 2020 - 13:40


Felian inspira profondément pour se calmer.

La situation ne lui plaisait guère, et son regard alla se perdre négligemment sur les remparts d’Osgiliath. De là où il se trouvait, il ne pouvait pas voir les gardes qui patrouillaient sur les coursives, et qui ne manqueraient pas de les éliminer s’ils tentaient de passer en force. Entre deux eaux, ni tout à fait sortis d’affaire, ni tout à fait prisonniers de la cité fluviale, il avait l’impression d’évoluer sur un fil. En équilibre précaire, la moindre décision pouvait l’entraîner vers une chute aux conséquences désastreuses.

Et voilà qu’un homme de l’armée régulière semblait déterminé à leur faire perdre un temps précieux, sans que ses intentions parussent très claires. La main du chevalier s’était rapprochée de son fourreau, plutôt par réflexe qu’autre chose. Il savait pertinemment qu’il ne pouvait pas s’en sortir simplement à la force de son bras. Cette fois, il devrait se montrer convaincant, et espérer une issue favorable.

- Thédeor !

C’était Karl. Le blessé venait de basculer, et il fallut la réactivité toute elfique de Namarien pour lui permettre de rester en selle et d’éviter de se retrouver au sol, ce qui aurait probablement eu un effet délétère sur ses blessures à peine refermées. Il n’était pas vraiment en état de chevaucher, cela se voyait, et l’officier gondorien s’engouffra dans cette brèche sans attendre :

- Je crains que dans ces conditions, votre homme ne puisse aller très loin. Il tient à peine en selle : est-ce bien prudent ?

Felian fronça les sourcils, et répondit froidement :

- Notre guérisseuse experte nous a assuré qu’il n’y avait aucun danger. Je crains que plus de problèmes ne finissent par émerger si nous restions entre ces murs.

- Comment donc ?

Ce fut Namarien qui répondit. L’Elfe avait un tempérament qui détonait parmi les gens de sa race, et son caractère indépendant couplé à son panache lui donnaient l’aura d’une cheffe respectable que Felian et ses chevaliers ne pouvaient que suivre, sans pour autant l’approuver totalement. Les hommes de la compagnie auraient sans doute préféré ne pas avoir à révéler la nature véritable du danger qui pesait sur eux à Osgiliath. Ils auraient peut-être préféré ne pas proférer d’accusations à l’encontre de la Milice de la Compagnie du Sud, et éviter ainsi de s’attirer le courroux d’un représentant de l’ordre qui pouvait à tout moment décider que cette conversation était terminée et les emprisonner de manière préventive. Felian jeta un regard éloquent à l’Elfe, cherchant à lui faire comprendre que leur mission exigeait de la discrétion et du tact : ils n’étaient pas encore arrivés au cœur du problème qu’ils devaient affronter, et ils ne pouvaient décemment par se tromper de cible.

L’homme regarda longuement Namarien, avant de se mettre à rire discrètement :

- Noble dame, vous avez le mérite de parler franchement, et de ne pas avoir peur de heurter quiconque, je vous reconnais bien ça. Cela pourrait vous jouer des tours, si vous n’y prenez pas garde.

Il mit pied à terre, en signe d’apaisement, une grimace fugace apparaissant sur son visage alors qu’il démontait. Un signe discret d’une blessure pas si ancienne qui le lançait encore. Il résista à la tentation de masser son épaule, et s’approcha de Felian pour lui serrer la main :

- Capitaine Nuril Osenhorn d’Imloth, je seconde le commandant d’Osgiliath.


Le chevalier lui rendit sa poignée de main, méfiant :

- Felian Valdoré d’Anfalas. Vous ne travaillez pas avec la Milice ?

- Certainement pas. Je réponds devant mon officier supérieur, le Général de Minas Tirith, et le Haut-Roy Mephisto lui-même. Se tournant vers Namarien, il ajouta : Croyez-moi, j’ai plus de raisons que vous tous de détester la Milice, mais je sais aussi reconnaître qu’il existe des hommes vaillants partout. Tous ne sont pas aussi corrompus que vous pouvez le penser.

Les chevaliers n’étaient pas encore rassurés. Cet homme mystérieux les connaissait trop bien, et appuyé ainsi par la présence des archers, il les tenait dans la paume de sa main de manière bien désagréable. Felian ne voulait pas se laisser retarder ainsi, et il rétorqua :

- Que voulez-vous, Capitaine Osenhorn ?

- La même chose que vous, chevalier. Permettez que je fasse quelque pas en votre compagnie ?


~ ~ ~ ~


Ils avaient mis une bonne distance entre eux et Osgiliath, désormais. Personne ne les poursuivait, aucune troupe de miliciens ne s’était jetée à leur poursuite, et si d’aventure un tueur avait voulu s’en prendre à eux, il aurait réfléchi à deux fois. La présence d’un homme portant fièrement les couleurs du Gondor n’était pas à prendre à la légère, alors qu’ils se trouvaient entre les deux cités les plus importantes du royaume. Au cœur de l’Anorien, l’Arbre Blanc avait encore une signification. Nuril allait comme ses compagnons, à pied, tenant son superbe cheval par la bride. Ils s’étaient tous enfermés dans un silence pesant, les uns pensant à Minas Tirith qui se rapprochait, les autres pensant à Osgiliath qui s’éloignait, tous songeant à la présence étonnante de ce capitaine qui les renvoyait à ce qu’ils envisageaient de faire… Défier l’autorité du Haut-Roy Mephisto, pour un objectif noble certes, mais tout de même…

- Nous sommes assez loin, Capitaine, finit par lâcher Felian. Point d’oreilles indiscrètes à l’horizon, personne pour vous empêcher de révéler les véritables raisons de votre présence ici. Bien que vous ne nous ayez pas empêché de nous éloigner d’Osgiliath, vous demeurez encore bien mystérieux. Expliquez-vous.

- Vous avez raison, fit l’officier. Je vous dois des explications.

Il s’éclaircit la gorge.

- Le Rammas Echor que vous voyez là-bas est gardé par des hommes de la garnison de Pelargir. La fine fleur de l’armée du Sud, venue en toute hâte prêter main-forte à Minas Tirith dès que la nouvelle que la chute de Cair Andros leur est parvenue. L’officier qui les dirige, le Commandant Chance Mevan, est un homme de bien. Le dernier visage amical que vous rencontrerez avant de pénétrer à Minas Tirith.

- Que savez-vous de notre mission, au juste ?

La question avait du sens, mais peut-être plus encore pour Namarien. La guerrière s’était embarquée dans cette aventure sans trop savoir de quoi il retournait, suivant seulement son instinct et décidant de faire confiance à des hommes qu’elle estimait valeureux et nobles. Cependant, elle aurait pu se tromper sur leurs intentions, et découvrir qu’ils étaient des traîtres à la couronne décidés à commettre un acte irréparable. La présence de ce capitaine était rassurante de ce point de vue : il n’aurait certainement prêté son concours à une telle entreprise.

Sa réponse, toutefois, était particulièrement éclairante :

- J’ai rencontré votre chef… Eradan, fils de Garion, de la lignée de Faramir, l’homme qui détient le Cor Brisé duquel vous vous réclamez. Je l’ai même arrêté, comme je vous ai arrêtés, avant qu’il ne me révèle en désespoir de cause ses réelles motivations. Une corruption qui gangrène le cœur même du Gondor, des ennemis enracinés dans les profondeurs de notre royaume… Le général Cartogan… Il m’a tout appris.

Cartogan était le chef suprême des forces du Gondor, l’un des deux hommes les plus puissants du royaume derrière les membres de la famille de Mephisto. Il avait la charge de commander à toutes les troupes de l’Anorien, et en cas de menace imminente comme c’était le cas à l’heure actuelle, il pouvait placer sous son commandement toutes les forces du Gondor au nom du Haut-Roy. Cependant, ni Felian ni Nuril ne prirent la peine de préciser leur pensée, comme si les choses étaient entendues entre eux, comme s’ils se refusaient à aborder à haute voix un secret si sombre et si terrible qu’il pouvait faire vaciller l’équilibre de leur monde. Laissant involontairement Namarien dans le flou, il reprit :

- Eradan m’a confié qu’une compagnie de ses plus fidèles combattants devaient le rejoindre, commandée par vous-même, seigneur Valdoré. Il m’a demandé de vous assister dans votre tâche, de m’assurer que vous ne rencontreriez aucune difficulté avec la Milice. J’ai pris soin de placer des hommes de confiance à des postes stratégiques, pour m’assurer qu’ils vous faciliteraient le passage. Je ne pensais pas qu’on attenterait à votre vie ici, cependant, ni que vous choisiriez de me compliquer la tâche en assommant les mêmes hommes que j’avais positionnés pour vous assister.

Il partit d’un petit rire léger et se tourna vers Namarien :

- Ils vous en voudront un peu à leur réveil, mais je connais les effets de tels produits, et je sais qu’ils s’en remettront vite. Je vous remercie d’avoir épargné leurs vies. Ce sont des hommes dignes de confiance, ceux dont le Gondor aurait besoin en plus grand nombre.

Felian écoutait avec attention les paroles de Nuril, comprenant que des forces étaient à l’œuvre, certaines pour les ralentir et leur barrer la route, d’autres au contraire pour les aider à accomplir leur tâche. Ce capitaine du Gondor faisait-il partie des alliés de leur cause, comme il le prétendait ? Comment aurait-il pu en savoir autant à leur sujet, sinon ?

- Vous allez nous aider à pénétrer à Minas Tirith, Capitaine ? Demanda Felian.

- J’ai bien peur qu’il soit impossible pour moi de pénétrer dans la cité. En tant que membre de la garnison d’Osgiliath, je ne suis pas habilité à entrer dans Minas Tirith. Pas davantage que les troupes de Pelargir, qui stationnent dans des conditions difficiles derrière le Rammas Echor, sans que je sache très bien comment une telle aberration a été rendue possible. J’étais…

Il hésita :

- J’étais… absent… ces derniers temps… Je n’ai pas vu le Gondor basculer dans la guerre et la souffrance. Je n’ai pas vu Cair Andros tomber, ni l’Anorien devenir un enfant tremblant au moindre frémissement. Quand je suis revenu de… de mon voyage… j’ai compris que quelque chose avait changé au Gondor. Les sujets du roi, inconscients de ce qui se trame, croient encore que ce sont des Orientaux du Rhûn qui se sont emparés de Cair Andros. Ils croient encore que c’est à cause d’eux que Minas Tirith est condamnée… Ces deux affirmations, croyez-le, ne recèlent pas un brin de vérité. J’ignore ce qui se trame derrière les murs de la Cité Blanche, mais pour l’avenir du Gondor, ce royaume que nous aimons tous, vous devez le découvrir.

Chacun laissa ces paroles retomber, comme une menace invisible sur leur futur. Mensonges et pouvoir ne faisaient jamais bon ménage, au point que dans le ton de Nuril on décelait une crainte sincère et inquiétante. Cet homme, qui avait juré de servir le Gondor, était si préoccupé par la situation de son royaume qu’il était prêt à s’associer avec des individus qu’il aurait dû appréhender, simplement pour découvrir la vérité. Que savait-il qu’il ne voulait pas révéler ? Que décelait-il qu’il n’osait formuler ? Son silence était plus effrayant encore que s’il leur avait dit clairement quelles étaient ses craintes.

- Quelle assistance pouvez-vous nous offrir, Capitaine ? Nous ne savons pas ce que nous allons rencontrer en entrant à Minas Tirith. Toute aide sera la bienvenue.

- Je vais vous confier à la personne en qui je place toute ma confiance. Je ne peux hélas rien faire de plus dans ma position, et croyez bien que j’aurais préféré n’importe quelle autre solution, si cela avait été possible.


~ ~ ~ ~


Le Rammas Echor se dressait devant eux, immense et imposant, et pourtant bien moins impressionnant que les histoires et les légendes le décrivaient. Le mur d’enceinte d’Anorien, dernier rempart avant Minas Tirith, était une construction humaine tout à fait incroyable qui, à son heure de gloire, faisait la fierté des Gondoriens. Avec le temps, cependant, les fissures étaient devenues de brèches quand plusieurs sections du mur s’étaient effondrées. On en avait réparé certaines, mais pour la plupart elles avaient été simplement barricadées avec des planches et des pieux que des hommes de la garnison de Pelargir surveillaient diligemment. Ils étaient jeunes et las, terrassés par la chaleur écrasante qui s’abattait sur leurs lourdes armures, fatigués d’être ainsi loin de chez eux, et d’attendre un ennemi qui n’avait pas montré le bout de son nez depuis la prise spectaculaire de Cair Andros en une seule nuit d’intenses combats.

Tout était calme, sur l’Anduin, à présent, et leur vigilance s’émoussait.

Ils firent toutefois un accueil digne de ce nom à la compagnie, entourant le Capitaine Nuril qui s’était proposé d’entamer les discussions pour leur faciliter l’accès à la cité. Felian, qui était demeuré un peu en arrière, s’était rapproché de Namarien. C’était la première fois depuis qu’ils avaient croisé le Capitaine qu’il pouvait avoir un mot en privé avec elle, et il lança à voix basse :

- Dame Namarien, comme vous le constatez, la situation est devenue passablement complexe. Je vous avais promis un paiement dès que nous aurions quitté les murs d’Osgiliath, et je tiendrai parole. Vous avez honoré votre peuple, et la vie de Thédeor est désormais sauve grâce à vos bons soins.

Il marqua une pause, observant la discussion entre Nuril et un homme de la garnison de Pelargir. De toute évidence il y avait négociation.

- Aujourd’hui, vous en savez beaucoup sur notre mission, et quoique cela m’inquiète, je considère que vous êtes une alliée de la cause, une amie du Cor Brisé, et que vous ne nous trahirez pas. Lorsque nous aurons franchi le Rammas Echor, il n’y aura plus de retour en arrière possible, et je ne tiens pas à vous impliquer outre mesure dans une entreprise qui s’annonce dangereuse et indigne de vous. Vous avez déjà pu constater la résolution de nos ennemis, et vous devinez celle qui nous anime. Je peux imaginer que vous avez une piètre image de notre combat, et de moi-même, sachez seulement que nous valons mieux que ce que nous avons pu vous montrer aujourd’hui.

Il s’inclina brièvement, plein de gratitude :

- Merci de nous avoir préservés jusqu’ici, et merci d’avoir su faire preuve d’indulgence face à mon inexpérience. Voici la récompense qui vous était promise, qu’elle vous permette de vous rendre là où votre noble cœur vous conduira.

Il tendit une bourse bien pleine, remplie de pièces sonnantes et trébuchantes : une somme rondelette pour tout au plus quelques heures de travail. Comme Namarien semblait hésiter, il lui prit délicatement la main, et déposa le petit sac d’or au creux de sa paume.

- Vous l’avez bien méritée.

Il lui adressa un sourire encourageant, comme un fils essayant de convaincre sa mère que tout irait bien, et qu’il reviendrait sain et sauf de la guerre. Une guerre inégale, entre une poignée de jeunes fous idéalistes, et des adversaires déterminés, puissants et de toute évidence assez influents pour faire s’abattre sur leur crâne toute la furie de l’armée du Gondor. Ils avaient toutes les chances de mourir, de cette mort humaine que les Elfes ne connaissaient pas, et pourtant ils semblaient animés par une foi ineffable dans leur cause.

- Chevaliers, fit soudainement Nuril. La voie est libre, venez donc.

Felian hocha la tête, et serra les deux mains de Namarien dans les siennes :

- J’ai eu plaisir à vous rencontrer, ma Dame. Si un jour vous deviez croiser ma sœur, Aliénor… dites-lui… dites-lui de rentrer à la maison…

Cela ressemblait étrangement à des adieux.
Sujet: Irremplaçables
Ryad Assad

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Rechercher dans: Osgiliath   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Irremplaçables    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 5 Oct 2020 - 14:48

- Par la barbe d’Elessar !

Ce fut tout ce que Felian eut le temps de crier, avant la catastrophe.

Il y eut des cris, un fracas épouvantable, et bientôt une odeur de sang vint se mêler à celle, entêtante, d’un vin fin de qualité répandu sur le sol. Les hommes se déployèrent rapidement, conscients qu’ils avaient déjà perdu deux des leurs. Le premier, la jambe écrasée sous le poids du charriot qui s’était renversé sur le côté, gémissait en se tenant la cuisse. Le reste de son membre devait être en miettes, et c’était un miracle qu’il ne fût pas encore évanoui. Son entraînement de chevalier avait fait de lui une force de la nature, mais en cet instant il était desservi par son propre corps, qui refusait de se laisser aller à une inconscience qui aurait été plus que bienvenue. Le second, en revanche, était mort. Le choc ne l’avait pas épargné, et son cou était désormais tordu selon un angle inquiétant. Ses yeux vides, qui semblaient déjà se décolorer, demeuraient ouverts dans une expression de stupeur absolue.

C’était une fin indigne d’un preux combattant.

Felian se redressa, quelque peu sonné. La cargaison de vin avait été éventrée par la chute d’un échafaudage qui avait manqué de tous les emporter. S’ils n’avaient pas eu la présence d’esprit de bondir du charriot en toute hâte, ils auraient probablement eu à compter bien plus de pertes. Mais pouvait-on vraiment se réjouir d’être encore en vie quand d’irremplaçables compagnons venaient, eux, d’être ainsi meurtris ? La question s’évanouit aussi vite qu’elle était arrivée.

Il y avait plus pressant.

Les autres chevaliers s’empressèrent d’aller aider le blessé, essayant de dégager sa jambe, et de le faire ramper en sécurité, tout en vérifiant que rien d’autre n’allait leur tomber sur la tête. Felian mit la main à la pâte, poussant les décombres pour faire de la place, et essayer de porter assistance à son compagnon d’armes qui paraissait horrifié à la vue de sa jambe. Il ne réalisa que bien tard que d’autres mains que celles de ses chevaliers étaient venues leur prêter main-forte. Des locaux sans doute attirés par le bruit de tonnerre, qui avaient eu la bonté de leur tendre une main secourable en temps de crise. Il y avait du bon chez les Hommes. Chez les Elfes également, car à sa droite une femme Elfe était apparue comme par enchantement, s’empressant d’apporter son expertise plus que bienvenue là où elle pouvait être utile.

Felian eut un regard vers le défunt, que deux chevaliers étaient en train d’étendre prudemment sur le sol, pour le recouvrir d’un linceul. Cette vue lui retourna l’estomac, et il se leva brusquement pour respirer, refusant de perdre la face devant les habitants de cette noble cité, et de se laisser aller aux larmes, à la tristesse, et aux réactions les plus viles… Il était un Chevalier du Cor Brisé, un des fidèles d’Eradan d’Emyn Arnen, et il avait vu la mort en face plus d’une fois. Son épée avait combattu du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest pour défendre la liberté et la justice… Il ne pleurerait pas comme le vulgaire gamin qu’il avait été par le passé.

Emprisonnant sa douleur dans l’arrière-cour trop familière de son esprit, il occupa ses pensées en observant autour de lui avec méthode, comme le lui avait appris son entraînement militaire. Le carnage autour de lui le saisit par sa violence. Partout on voyait poutres et planches, les tonneaux éparpillés d’où s’écoulait un liquide vermillon que quelques mendiants venaient récolter discrètement. La poussière retombait à peine sur les innombrables cordes entortillées qui reposaient paisiblement sur le pavé de la rue. Ce furent d’ailleurs ces cordes qui attirèrent particulièrement son attention.

Ces cordes qui tenaient la structure de l’échafaudage en place, et attachée au bâtiment.

Celles que quelqu’un avait minutieusement sectionné.

- On nous a tendu un piège…

Les mots s’échappèrent de sa bouche sans qu’il s’en rendît compte, alors qu’il observait les marques caractéristiques d’un sectionnement réalisé à l’aide d’un poignard ou d’une épée. Avait-on cherché à les tuer ? Avait-on voulu les empêcher d’arriver à destination ? Ou bien était-ce simplement une coïncidence, un vulgaire hasard qui ne devait rien à la malveillance des Hommes, et tout à la volonté insondable des Valar ? Guère familier de ces choses, il n’aurait su le dire. Tout ce qui importait pour l’heure, c’était ce qu’il pouvait faire, lui, en tant que chef de cette expédition. Ses options étaient simples : trouver une solution pour mettre ses hommes à l’abri, veiller à ce qu’on prît bien soin de son compagnon blessé, puis continuer vers Minas Tirith comme prévu.

Rien de plus simple.

- Chevaliers, lâcha-t-il sans détour, nous devons évacuer les lieux rapidement. Nous ne devons pas donner un triste spectacle aux gens d’Osgiliath.

Ses directives étaient claires, et les chevaliers les comprenaient parfaitement. Leur mission impliquait un certain degré de discrétion, et ils ne tenaient pas à attirer particulièrement l’attention des autorités locales.

- Ma Dame, fit-il finalement à l’attention de la femme Elfe en s’inclinant légèrement, je vous suis très reconnaissant de l’aide que vous avez bien voulu apporter à notre compagnon. Thédeor est un brave homme, et votre sollicitude à son égard ne sera pas oubliée. Cependant, nous devons partir : nous sommes pressés par des affaires de la plus haute importance.

Il souhaitait prendre congé de l’Elfe le plus rapidement possible, de toute évidence, pour des raisons qui n’étaient pas très claires, et qui n’appartenaient qu’à lui. Cependant, il fut rappelé à l’ordre par un de ses propres chevaliers, soucieux de l’état de santé de Thédeor.

- Felian, cette noble dame a été plus compétente que nous tous réunis. Elle peut peut-être éviter que Thédeor perde sa jambe tout à fait : je pense que nous devrions lui donner le temps d’appliquer sa science elfique.

Des paroles sages et raisonnables.

- C’est très juste. Je crois que dans mon empressement, j’ai négligé mes priorités et mes devoirs. La politesse également, puisque je ne me suis pas présenté. Je suis Felian Valdoré d’Anfalas, à votre service. À qui ai-je l’honneur ?

Des présentations en bonne et due forme qui réchauffèrent un peu l’atmosphère. D’autres passants arrivaient, observant la situation avec curiosité. Felian fit signe à deux de ses chevaliers de rester avec le défunt, leur laissant toute latitude pour gérer l’affaire avec les autorités. Ayant terminé, il s’adressa à l’Elfe, et lui demanda :

- Nous ne pouvons pas rester ici, pour des raisons fort complexes et qu’il me serait trop long de vous expliquer ici. Connaissez-vous un endroit où nous pourrions être à l’abri des regards indiscrets ?
Sujet: Sur les pavés de la rébellion
Forlong

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les pavés de la rébellion    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 20 Sep 2020 - 0:01
-Exact, il ne faut surtout par rester piqués là, sinon on va se faire découvrir. – Une note d’irritation se laissait entendre dans la voix de Neige. C’était inhabituel pour la Capitaine de l’Arbre Blanc, généralement si froide et dépourvue de toute émotion. Etait-ce parce qu’elle n’avait pas l’habitude de devoir partir en mission avec un groupe aussi hétérogène et composé à moitié de civils ? Ou peut-être que sa blessure encore très récente se faisait ressentir. – Chaque changement de tenue et chaque pause représente un risque d’attirer l’attention des soldats qui sont nombreux ici, nous sommes après tout près de la muraille extérieure de la Cité. Nous allons tenter d’entrer dans l’auberge dans nos déguisements, et comme Lithildren le dit, prétendre qu’un compagnon du chevalier est malade. Espérons juste qu’il jouera le jeu...


C’était sans doute une sage décision, car peu de temps après, ils virent une patrouille avancer dans leur direction. Alors que Nallus commençait à paniquer, Réland leur indiqua une grande bâtisse sur leur gauche. Le Pérégrin ! Le petit groupe traversa le seuil de l’établissement, disparaissant ainsi de la vue des soldats. Ils mirent un moment avant de s’habituer à la pénombre et pouvoir discerner les détails de la pièce. Le Pérégrin était rempli et bruyant, mais il ne s’agissait pas d’un ce ces établissements lugubres et dangereux que l’on pouvait trouver dans les ruelles de Minas Tirith. Une auberge qui portait le nom d’un hobbit devait après tout se caractériser par son aspect accueillant et chaleureux. Le Pérégrin était souvent le premier arrêt pour les voyageurs arrivant dans la Cité Blanche.

Neige pointa discrètement du doigt une table à laquelle se trouvait un homme solitaire aux cheveux longs. Il portait un tabard jaune orné d’un dragon rouge, et sirotait une coupe de vin, pensif.


Ils s’approchèrent de lui jusqu’à ce qu’il lève les yeux, surpris de voir quatre guérisseuses devant lui.

-Sir, nous avons reçu votre message sur votre compagnon malade. Nous sommes venues aussi vite que possible. Où se trouve le malade ?


-Mon compagnon.. ? Je..

Le regard perplexe du chevalier se tourna vers le petit objet que Neige avait dissimulé dans la paume de sa main, afin que seul lui puisse l’apercevoir. Il s’agissait d’une broche en forme de l’Arbre Blanc. Il leva à nouveau les yeux, toujours autant surpris, avant de reconnaitre le visage de Neige sous la coiffe.

-Euh oui, vous pouvez me suivre dans ma chambre...le blessé...le malade s’y trouve.


Le chevalier se leva et invita les quatre aventuriers à le suivre d’un geste de la main. La scène ne passa pas inaperçue, et quelqu’un fit une remarque salace sur ce que l’homme allait faire avec quatre guérisseuses dans sa chambre, ce qui suscita une vague de rires. Félian, rouge écarlate, ne répondit pas à la provocation et disparut dans l’escalier menant à l’étage du Pérégrin.
Lorsqu’ils se retrouvèrent dans sa chambre, il se tourna vers Neige, visiblement énervé :

-Capitaine Neige, qu’est ce que vous faites-là ? C’est quoi ces tenues, et cette histoire de compagnon malade ?! Mais qu’est-ce que...

Le chevalier resta bouche bée lorsqu’il vit Nallus et Réland enlever leurs coiffes.

-Félian...excusez-nous pour cette ruse étrange mais l’heure est grave et nous sommes en danger. Le temps presse alors je vais être très directe. Une fois de plus, une menace invisible met le Gondor en péril. Malheureusement, détruire la Couronne de Fer n’a pas suffit pour débarasser le royaume de la corruption. Plusieurs sources sûres, dont le professeur Nallus ici-présent ont confirmé une vérité terrible. Le Général Cartogan n’est pas l’homme qu’il prétend être, et compte utiliser son influence ainsi que la présence de ses soldats dans la Cité Blanche à ses propres fins et pour prendre contrôle du royaume. Qui plus est, il est soutenu par le Directeur de l’Arbre Blanc Lord Rhydon, qui mène une purge dans les services et les soumet entièrement à l’autorité de l’armée, et donc du Général. Le Professeur Nallus a été emprisonné à cause de cette découverte; la même raison pour laquelle l’ancienne Tête de l’Arbre Blanc a choisi de s’exiler. Les limiers de Rhydon sont à nos trousses, il souhaite nous éliminer avant que le secret ne soit dévoilé. Nous ne savons pas à qui faire confiance, hormis quelques fidèles et...et vous. Félian, le Cor Brisé a combattu vaillament contre la Couronne de Fer dans les plaines du Rohan, dans le port de Pélargir et sur les terres lointaines de Rhûn. Si Cartogan et Rhydon ne sont pas arrêtés, cela aura été en vain. Dans le meilleur des cas, le Gondor deviendra un royaume sous dictature militaire, sans aucun contrepoids à la toute-puissance du Général. Dans le pire...chaque opposant de Cartogan sera éliminé, et qui sait dans quelle guerre inutile le Royaume sera attiré. Nous avons besoin d’alliés pour arrêter Rhydon et Cartogan. Je ne sais pas encore si nous pouvons trouver un tribunal honnête qui les jugera de manière juste, même si je pense que l’Intendant Alcide d’Illicis est un homme de confiance. Ce que je sais c’est que Rhydon et Cartogan ne se soumettront pas volontairement à un jugement. Nous sommes venus demander l’aide du Cor Brisé.


Félian faisait partie des Chevaliers du Cor Brisé les plus raisonnables ce qui, en plus de ses talents de bretteur, lui avait valu une place dans l’entourage proche d’Eradan ainsi que le commandement du groupe des chevaliers envoyé pour éliminer les restants de la Couronne de Fer à Pelargir.

-Par la barbe d’Elessar ! Je n’ai jamais aimé la décision de Cartogan d’interdire le port d’armes à Minas Tirith et d’y installer une garnison permanente aussi importante, mais de là à dire qu’il s’agit d’un traître...Si c’est vrai, le Gondor est réellement en danger. Mais sans vouloir remettre en cause la véracité de vos paroles, Capitaine Neige, est-ce que vous avez des preuves... ? Qu’est-ce que vous avez découvert sur Lord Rhydon et sur le Général qui les qualifierait des traîtres ?
Neige se tourna vers Lithildren. La Capitaine de l’Arbre Blanc ainsi que Réland ne seraient pas les mieux placés pour rassurer le chevalier, il y avait un rapport beaucoup trop direct entre eux et Lord Rhydon. Les elfes après tout étaient reconnus pour leur sagesse et honnêteté.


Les paroles de Lithildren furent apparemment suffisantes pour convaincre Félian. Il se redressa, une étincelle dans les yeux.

-Il n’y a pas de temps à perdre. Je pars avant la fin de la matinée en direction des collines d’Emyn Arnen pour prévenir Eradan de la situation. La décision lui appartient mais le connaissant il ne refusera pas son aide au Gondor. Néanmoins, je ne suis pas certain qu’il approuvera de vos méthodes, cela reste à voir. Si tout se passe comme prévu, nous serons de retour à Minas Tirith dans quelques jours. Tâchez de rester à l’abri du danger jusqu’à là. Bien qu’il y ait une chose que vous pourriez faire pendant ce temps-là. Avec mes compagnons nous pourrons rentrer dans la Cité Blanche, mais nous serons obligés de laisser nos armes à la Grande Porte. Sans armes, nous ne pourrons pas arrêter Lord Rhydon ni le Général, alors que la ville grouille de soldats. Allez à la Maison des Compagnons et trouvez un des forgerons ; il s’appelle Cadrach. Dites lui que le Cor Brisé sonne à l’aide et qu’il faut des lames pour défendre le royaume. Il vous donnera les armes dont nous aurons besoin. Dites-moi juste le point de rendez-vous pour quand je serai de retour.

Une fois le point de rendez-vous convenu, Félian se mit à préparer ses affaires pour le voyage qui l’attendait. A peine une demi-heure s’écoula avant qu’il ne soit prêt pour le départ. Le charismatique chevalier leur souhaita bonne chance et partit dans la direction des écuries.

-Vous aviez raison, Neige, ces hommes du Cor Brisé sont assez incroyables – Nallus se gratta le menton, pensif - Tout abandonner d’un instant à l’autre pour partir en mission périlleuse. Si les chevaliers que Félian nous ramènera seront pareils que lui, nous aurons peut-être une chance face au général ! Mais en attendant, nous avons quelques jours pour nous préparer, et surtout rester à l’abri des hommes de Lord Rhydon. Quelle est la prochaine étape ?

Ce fut Réland qui prit la parole, tout en regardant par la fenêtre de la chambre de Félian.

-Professeur Nallus, vous aviez parlé d’un faussaire incarcéré et retrouvé mort pendant votre séjour en prison...Kaj Olson. Ce nom est connu de l’Arbre Blanc, nous avions un dossier sur lui suite à l’histoire de la tentative de cambriolage au trésor royal. Son atelier se trouve dans le Premier Cercle de la Cité, pas loin d’ici. Si vous pensez qu’il peut y avoir un lien entre le faussaire et Cartogan alors nous devrions enquêter. D’après ce que Félian nous a dit, Eradan tiendra peut-être à ramener le général devant un tribunal ; si c’est le cas, nous allons avoir besoin de quelque chose de concret contre lui.


Neige acquiesça, et regarda autour d’elle pour vérifier si Nallus ou Lithildren avaient quelque chose à rajouter.

-Il ne reste plus qu’à sortir du Pérégrin...Eviter la porte principale serait la meilleure option, mais je ne sais pas si c’est possible.

Le sens de l’observation de la Capitaine était clairement affaibli par sa blessure ; elle avait besoin de toute son énergie pour jouer son rôle et rester debout.

Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, Réland les mena à travers les rues de plus en plus remplies de la Cité. Bientôt, ils s’enfonçèrent dans le réseau des galeries abritées creusées à l’intérieur du Mindolluin. Il faisait plus frais ici, et seules les quelques ouvertures taillées dans la roche lassaient passer la lumière du jour.

-C’est ici je crois...

Réland s’arrêta devant une porte qui ne payait pas de mine. Il n’y avait pas d’enseigne ni de vitrine, juste un symbole gravé dans le mur, représentant deux plumes identiques côte-à-côte. Vérifiant qu’il n’y avait personne dans les alentours, le second de Neige crocheta discrètement la porte. Ils pénètrerent dans l’habitation, et Nallus referma la porte derrière eux. Ils se retrouvèrent soudainement plongé dans l’obscurité totale. La sueur perla le front du professeur, qui ne se sentait clairement pas à l’aise dans ces conditions qui lui rappelaient un peu trop la prison de Minas Tirith. Neige chuchota :

-Lithildren, vous pouvez voir dans le noir, non ? Trouvez-nous une lampe à huile ou une torche...

Alors que le petit groupe restait près de la porte, l’elfe fut obligée de s’enfoncer plus profondément dans l’atelier étrange creusé dans la montagne. Etonnement, elle ne trouva aucune torche ni lampe près de l’entrée, et dut traverser une deuxième porte avant de se retrouver dans une autre pièce. Elle y vit une bougie éteinte dans un bougeoir en métal. Un autre objet attira son attention, il s’agissait d’un livre ouvert, ou plutôt un cahier des notes rempli d’écriture chaotique et de croquis étranges.

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Avant qu’elle ne puisse se pencher dessus, Lithildren entendit un bruit, comme le grincement du parquet sous une paire de bottes. Le bruit venait du fond de la pièce, donc de la direction opposée par rapport à celle de ses compagnons. Un choix s’offrait à l’elfe mais elle n’avait qu’un instant pour se décider. Se cacher ? Appeler ses compagnons à l’aide ? S’attaquer au personnage mystérieux dans le noir ? Signaler sa présence.. ?

#Neige #Réland #Nallus
Sujet: Du sang sur les quais
Ryad Assad

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Rechercher dans: Pelargir   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Du sang sur les quais    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 25 Juin 2015 - 15:41

Felian s'était évanoui sans même s'en rendre compte. Sans même chuter en vérité. Il se tenait là, agenouillé, la tête penchée en avant comme lors de dévotions à quelque dieu étrange et exotique. Son esprit avait simplement déserté son corps quelques instants, et il s'était retrouvé plongé dans un rêve dont il ne gardait aucun souvenir précis. Seulement des images fugaces qui lui revenaient en mémoire par bribes. Un soleil éclatant sur une rivière qui courait joyeusement au milieu des champs. Les claquements sourds du métal sur le métal, d'une épée sur son épée. La voix insistante d'un vieil homme qui essayait de le ramener à la vie. Non, ça c'était bien réel. Il ouvrit les yeux timidement, et son regard se porta sur Felron, qui continuait à le haranguer, à le sortir de sa torpeur. Le vieil homme était blessé, aux portes de la mort, mais il continuait à l'exhorter à combattre. Comme si cela pouvait encore changer quelque chose. Le chevalier d'Anfalas essuya l'eau qui coulait de son visage - d'où pouvait-elle bien venir ? Il n'en avait aucune idée - et se redressa toutefois. Dans ses yeux, on lisait une profonde détresse. Il avait prêté serment de combattre jusqu'à la mort, mais maintenant qu'elle se présentait à lui, il trouvait cela injuste. Il n'avait pas accompli sa vengeance, pas trouvé l'homme qu'il recherchait activement... Il allait mourir comme un chien, sans avoir rien accompli de sa vie ? Mourir avant d'avoir retrouvé son Aliénor ? Un profond chagrin l'envahit, et il laissa échapper d'une voix morne :

- A quoi bon combattre ? Nous sommes perdus...

Son défaitisme le surprit lui-même, et sitôt es paroles prononcées il se rendit compte de ce qu'il venait de dire. Non, il ne pouvait pas abandonner maintenant. Il était un chevalier, un homme d'honneur et de vertu qui ne devait pas baisser les bras. Pas même quand tout semblait perdu. Pas même quand tout était perdu. Il se releva en chancelant, vacillant à cause de la douleur qu'irradiait sa vilaine blessure au côté. Elle saignait un peu moins, mais cela ne signifiait pas qu'il allait mieux, bien au contraire. Son corps était faible, fragile, mais le regain d'énergie qu'on lisait dans son regard, habité par une rage indicible, une juste fureur, était un moteur suffisant. Il avait puisé dans des réserves dont il ne soupçonnait même pas l'existence la force d'aller chercher la mort l'arme au poing, comme tout chevalier du Cor Brisé se devait de le faire. Son épée était perdue, tombée au milieu du chaos indescriptible qui s'était déroulé dans le couloir, mais il s'empara de celle du vétéran à ses côtés, qui n'en aurait plus l'utilité dans son état. Le vieil homme s'écroula en arrière, de plus en plus faible. Avant qu'il ne perdît totalement conscience, le guerrier s'approcha de lui, et lui posa une main couverte de sang sur l'épaule :

- Je vais aller chercher ceux qui restent, Felron. J'en ramènerai autant que possible...

Sur ces paroles, il se retourna, habité par une détermination nouvelle. Son pas était lent, précautionneux, mais pour autant il était régulier et constant. Il marchait sans crainte. Dans le couloir, les blessés étaient nombreux, les morts encore plus. Les corps étaient enchevêtrés les uns sur les autres, tombés pêle-mêle au cours d'un affrontement qui avait laissé des traces. Le mobilier autour était fracassé, les commodes en bois précieux ayant cédé sous les coups d'épée qui s'étaient écrasés dessus, ou sous le poids des chevaliers qui avaient freiné leur chute en s'y appuyant. Les murs portaient les stigmates de ce dernier épisode d'une guerre par trop longue et par trop violente. Les éraflures sur les tapisseries luxueuses étaient irréparables, et marqueraient le passage de ces valeureux guerriers qui avaient donné jusqu'à leur vie pour les Peuples Libres. Il en serait ainsi jusqu'à ce qu'on en changeât au gré des envies d'un nouveau Maire, et les derniers vestiges de ces hommes tombés anonymement disparaîtraient. Felian ne pleurait pas, conscient que tel était le sort des hommes qui combattaient comme lui. Vivre de rien, mourir d'un rien, sans laisser de souvenir à d'autres que ses compagnons d'armes. Il avait dédié sa vie à cela, et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait regretter son geste. Pas pour sa dernière journée...

Il restait encore un de ses compagnons chevaliers, en vie, qui se trouvait face à la dernière survivante de l'Ordre. La femme. Eirik n'avait pas réussi à en venir à bout, et il gisait désormais non loin. Pauvre enfant... Felian et l'autre guerrier entourèrent la jeune femme, pointant leurs armes dans sa direction. Elle était finie, et elle le savait. Toutefois, profitant de leur hésitation, elle préféra se donner la mort plutôt que de les laisser faire. Craquant une fausse bague dans sa bouche, elle avala un poison foudroyant et terrible qui déforma son visage de souffrance, un instant seulement avant qu'elle ne se détendît curieusement. Son corps bascula dans les bras de Felian, qui s'était jeté en hurlant pour l'en empêcher. Il interrompit sa chute, et la garda dans ses bras, incapable de retenir les larmes qui coulaient le long de ses joues. Pourquoi ? Tant de ses compagnons étaient morts au cours de cette affreuse nuit, et il avait su garder sa dignité... Mais alors pourquoi sa mort à elle lui paraissait-elle si insupportable ? Peut-être parce qu'elle n'était pas nécessaire... Au fond de lui, il savait que tous les guerriers tombés avaient perdu la vie vaillamment, en se battant pour ce en quoi ils croyaient. Elle n'avait plus aucun espoir, et elle avait décidé de mourir cependant. C'était la mort de trop, le sang versé inutilement qui donnait à tout ceci un goût amer dont il ne se débarrasserait jamais. Pleurant à chaudes larmes sur le corps sans vie de cette femme dont il ignorait même jusqu'au nom, il ne fut tiré de sa rêverie que par l'appel de son compagnon.

- Il est vivant ! Felian, il respire encore !

Le guerrier releva la tête, et sécha ses larmes, cherchant à comprendre. Il n'eût pas à se forcer. Sous ses yeux, Eirik continuait à bouger. Le gamin n'était pas encore condamné. Cette simple révélation lui procura un intense soulagement. Ses émotions basculaient d'un extrême à l'autre sans qu'il pût rien y faire, et il ne pouvait pas expliquer quelle était la bonne position à adopter. Il ne pouvait pas se décider entre la joie d'être en vie et d'avoir quelques compagnons toujours entiers, et la tristesse infinie de voir autant de morts, et d'avoir perdu autant de frères d'armes irremplaçables. En une journée, il avait vu assez de sang pour une vie, et pourtant il ne pouvait s'empêcher d'être heureux pour Eirik, d'être heureux pour ce gamin qui n'avait écouté que son courage pour les suivre dans cette aventure, dans cette folie... Précautionneusement, Felian ferma les yeux de la femme mystérieuse, et déposa un baiser sur son front comme pour lui prier de trouver la paix et le repos. Puis, allongeant son corps sur le sol dans une position qui rendait justice à son courage, il se déplaça maladroitement vers le survivant miraculé, qui peinait à reprendre conscience. Salement amoché, il saignait du crâne, et il devait avoir une migraine atroce. Mais surtout, son bras avait une couleur anormale. Les deux hommes comprirent rapidement qu'il avait été empoisonné, et que le venin se répandait dans son sang progressivement, remontant largement. Il avait déjà dépassé son coude, à en juger par l'aspect bleu sombre de ses chairs.

Alors qu'ils échangeaient sur la marche à suivre, sur le meilleur moyen de sauver leur compagnon d'une mort bien indigne pour un guerrier, ils des cris et des bruits de pas les alertèrent. La garde de Pelargir était là, venue pour les cueillir. Hélas, ils ne feraient aucun cadeau aux survivants, qu'ils s'empresseraient d'éliminer. Le temps qu'on comprît ce qu'il s'était passé, le temps qu'on acceptât que le Maire était bien un homme de l'Ordre, Felian et les siens seraient déjà passés de vie à trépas depuis bien longtemps :

- Emmène-le, et barricadez-vous dans le bureau Felian. Allez !

Le guerrier d'Anfalas haussa les sourcils :

- Adar, non !

- Je vais te donner du temps, répondit le guerrier qui, effectivement, était le plus en forme.

Sans attendre, et sans tenir compte des protestations de celui qui était normalement son supérieur, il se jeta en avant pile au moment où la garde arrivait à l'angle du couloir. Lancé comme un taureau, il percuta le premier soldat qu'il prit soin de ne pas tuer. Felian ne se fit pas prier, et davantage pour Eirik que pour sauver sa propre vie, il attrapa le col de ce dernier et le tira en arrière aussi rapidement que possible. Ce n'était pas chose aisée, mais il réussit à le ramener à l'abri, avant de refermer la porte. Au moment où il le faisait, il eut une pensée pour Adar, qui continuait le combat pour lui donner du temps. Résistant à la tentation de le rejoindre, il essaya de fermer à clé, pour constater que la serrure avait été défoncée. Alors, hurlant pour se donner la force et le courage de continuer malgré le sang qui s'écoulait de sa plaie, il traîna le lourd bureau qu'il cala contre la porte. Sans ménagement, il utilisa tout le mobiliser à sa disposition pour construire un rempart de fortune contre la furie des hommes qui allaient essayer de pénétrer là de force. Felian sut que la résistance de son compagnon avait pris fin lorsqu'il entendit une épaule frapper lourdement contre l'huis. Mais la porte était lourde, et il leur faudrait la découper à la hache pour passer. De toute évidence, ils savaient quoi faire, car rapidement les coups d'épée se mirent à pleuvoir sur le bois, résonnant dans la pièce.

Felian recula de quelques pas, sachant qu'il avait fait de son mieux. Il s'approcha d'Eirik, qui gémissait dans sa demi-conscience, et l'observa. Il était seul à devoir prendre la décision maintenant, mais Adar et lui étaient tombés d'accord de toute façon. Arrachant la chemise du garçon, il la mit à l'écart, et dévoila ce bras empoisonné qui risquait de le conduire à la mort si rien n'était tenté. Felian n'avait jamais pratiqué d'amputation à visée médicale, mais sa lame trouva rapidement une solution qui réveilla le gamin. Le flot de sang était monstrueux, impossible à tarir, et les hurlements d'Eirik n'aidaient pas vraiment. Le chevalier d'Anfalas serrait les dents à s'en faire mal à la mâchoire, alors qu'il comprimait de toutes ses forces la plaie à l'aide des vêtements du garçon, déjà imbibés. C'était la chose la plus ignoble qu'il avait eu à faire de toute son existence, et si elle n'avait pas été motivée par une absolue nécessité, il aurait passé son tour. Mais le gosse avait besoin de vivre, même s'il devait poursuivre son existence avec un bras en moins. C'était un moindre mal. Enfin... encore fallait-il qu'il survécût à l'opération barbare qui venait d'être pratiquée sur lui. Il finit enfin par s'évanouir, terrassé par la douleur, alors que derrière Felian les trous dans la porte étaient de plus en plus nombreux. Les lames ne tarderaient pas à percer l'huis, et ensuite viendrait le tour du mobilier plus fragile, qui résisterait moins longtemps. Mais le guerrier n'était plus concentré sur eux. Il se focalisait sur ce moignon sanglant, sur ce sang qui ne voulait pas cesser de couler, et sur cette tâche abjecte qui était la sienne aujourd'hui. Rugissant, il lança :

- Allez, tiens bon Eirik ! Tiens bon !


- - - -


Le Capitaine avait espéré pouvoir profiter du spectacle tranquillement, regarder ces misérables être écrasés sous la botte de ses vaillants guerriers, avant de retourner vaquer à ses occupations, mais les choses ne se passèrent pas exactement comme prévu. Premièrement, parce qu'en dépit de leur entraînement et de leurs talents, ses hommes avaient été débordés par les mystérieux assaillants menés par ce jeune et fougueux Rohirrim, au point de subir des pertes absolument inacceptables. Comment une telle déconvenue était-elle possible ? Comment était-elle seulement envisageable ? Son garde du corps personnel, cet Elfe insupportable, bouffi d'orgueil, était mort ? Sauvagement assassiné sous les yeux de ses derniers soldats, qui, il fallait bien l'avouer, n'en menaient pas large. Face à la furie des combats, à la détermination de leurs agresseurs, les soldats paraissaient hésiter, ils se lançaient des regards, sans vouloir prendre l'initiative de plonger dans la bataille au risque de le faire seul. Il fallait dire que leurs adversaires étaient particulièrement impressionnants : couverts de sang, blessés mais fiers, ils avaient surtout réussi à triompher de l'adversité, à venir les chercher jusqu'au cœur de Pelargir, sans faillir. Fuir était sans doute la meilleure chose à faire, fuir tant qu'il était possible de s'échapper de ce guêpier. Mais le capitaine était un homme fier, un homme dur, qui n'était pas décidé à baisser la tête et à tourner le dos aux difficultés. Il était confiant, et il sentait qu'ils pouvaient encore l'emporter : il suffisait de se débarrasser de ces hommes blessés et presque vaincus, avant de rejoindre le Maire pour s'organiser. Ce ne serait qu'une formalité. Dégainant lui-même son épée, il encouragea ses soldats restants, les poussant en avant en criant :

- Allez, envoyez-moi ces chiens par le fond !

Sa harangue était pleine de rage, et ses hommes trouvèrent la foi de reprendre l'affrontement, et de se jeter férocement dans la bataille. Maraloch fut pris par deux adversaires qui semblaient l'avoir identifié comme l'homme le plus en forme et donc le plus dangereux. Ils se jetèrent sur lui simultanément, l'asticotant au départ, s'amusant à l'épuiser en de vaines parades. Le guerrier, toutefois, paraissait bien concentré, et ils se résolurent à asséner des frappes plus lourdes, plus brutales. Ils n'avaient pas envie de jouer trop longtemps, et ils entendaient bien lui faire payer la mort de leurs compagnons. Toutefois, il était malaisé de combattre à deux contre un quand l'environnement ne s'y prêtait pas. Des cadavres jonchaient le sol, certains n'étaient que grièvement blessés, et ils agonisaient lamentablement, au portes de la mort. Il fallait se déplacer au milieu d'eux, enjamber les corps étendus disgracieusement, ce qui ne facilitait pas le maintien d'une pression optimale. Maraloch se déplaçait bien, forcé de reculer certes, mais tout de même suffisamment lucide pour éviter de trébucher sur un quelconque obstacle au sol. Les soldats de l'Ordre, tendus à l'extrême, finirent par perdre patience. Ils ne pouvaient pas supporter que ce combat s'éternisât, pas alors qu'ils devaient théoriquement avoir l'avantage, pas alors qu'ils se trouvaient sur leur territoire, et que tant dépendait de leur victoire. Se séparant, ils prirent Maraloch en tenaille, s'écartant suffisamment pour que ce dernier fût réduit à un simple dilemme : reculer jusqu'au mur, ou bien accepter qu'un de ses adversaires allait se retrouver dans son dos. Sans lui laisser le temps de vraiment faire ce choix, ils se jetèrent sur lui depuis deux directions différentes, le forçant à esquiver plus qu'à parer, ce qui pour un chevalier était particulièrement difficile. Les épées sifflaient autour de lui, fendaient l'air, mais pas seulement.

Ce fut un coup chanceux, ce fut un coup à peine prémédité, mais l'épée du second combattant toucha Maraloch, qui commençait à sentir les effets de la fatigue. Son oreille gauche fut sectionnée net, tombant au sol dans un bruit flasque, laissant place à une coulée de sang et à une douleur fulgurante. L'équilibre du guerrier en fut affecté, quand une nouvelle frappe vint rebondir sur son épée, le jetant au sol. Etendu sur le flanc, grièvement blessé, il n'en demeurait pas moins à la merci de ses ennemis, qui marchaient sur lui. Il pouvait encore se défendre, cependant, et il lui restait probablement assez de vigueur pour leur donner du fil à retordre.  Tout ce qu'il devait faire, désormais, c'était survivre le plus longtemps possible, en espérant qu'un de ses compagnons viendrait lui prêter main-forte. Rapidement. Très rapidement.

Pendant ce temps-là, le dernier membre de la Rose Noire et Nathanael étaient tous deux aux prises avec des adversaires qui ne leur laissaient que peu de répit. Le premier, guerrier talentueux mais clairement dominé dans ce duel, était sous pression comme jamais. Il donnait tout pour protéger Learamn, le commandant de leur expédition, qui gisait sur le sol, aux portes de la mort. Le pauvre jeune homme avait subi une grave blessure qui l'empêchait de se déplacer, et livrer bataille pour le protéger n'était pas une mince affaire. Les coups échangés étaient rudes, âpres, et rien ne laissait présager d'une issue heureuse pour le défenseur des Peuples Libres, qui semblait de plus en plus dominé. L'explication était très simple : il était tout simplement un bretteur inférieur à son adversaire, et malgré sa vaillante résistance, il perdait du terrain, accusait le coup plus vite, et se fatiguait considérablement. En face, le guerrier de l'OCF paraissait gérer son combat habilement, respirant profondément pour ne pas perdre son souffle. Il se déplaçait fluidement, et ses coups – plus rares – étaient précis et décisifs. Il fut tout de même surpris lorsque le guerrier de la Rose Noire se jeta vers lui et le força à reculer sur de nombreux mètres grâce à une stratégie aussi audacieuse que dangereuse. Les deux hommes s'en sortirent avec des blessures légères, mais le séide de l'Ordre fut moins affecté. Il était en passe de l'emporter, et sitôt qu'il aurait réussi à se débarrasser de cette dernière résistance, il pourrait mettre à mort Learamn, lui trancher la gorge pour lui faire payer la mort de l'Elfe. A moins qu'on ne le gardât en vie pour le torturer des semaines durant, l'interroger sur ce qu'il savait, lui extraire le moindre renseignement, et enfin l'abandonner à son sort dans un caniveau. C'était tout ce qu'il méritait pour avoir osé essayer de les attaquer au cœur même de Pelargir.

Parallèlement à tout ceci, Nathanael combattait pour sa vie contre le Capitaine. Celui-ci était au sommet de sa forme, et il s'était déplacé vers le conteur en ordonnant à ses hommes de le lui laisser. Il voulait avoir le plaisir de le tuer de ses mains, seul, au cours d'un duel épique qui lui apporterait la gloire. Des mois durant ils avaient traqué cet homme, ce mystérieux espion insaisissable, qui finalement était venu se jeter dans la gueule du loup, tout chaud tout rôti. Il suffisait de déchirer ses chairs d'un coup de sabre, et le principal problème du Maire serait réglé en quelques secondes. C'était un honneur qui ne pouvait revenir qu'à un gradé, en l'occurrence lui. Jetant toutes ses forces dans la bataille sans ménagement, le guerrier fondit sur Nathanael avec une férocité de tous les instants. Il abattait sa lame sans laisser la moindre opportunité au conteur de riposter. Celui-ci, abrité du déluge d'acier par la lame qu'il tenait péniblement en main, accusait le coup de tout ce qu'il avait subi durant cette terrible soirée qui s'étirait en longueur. Son corps commençait à ressentir une fatigue que la volonté ne suffisait plus à contrebalancer, et ses réflexes étaient moins affûtés. Il faiblissait, et le Capitaine le sentait. Il appuyait ses attaques, frappait aléatoirement à la tête, au corps, aux jambes, essayant même de blesser son adversaire au bras.

Tout était bon pour le voir souffrir, le faire saigner, le tuer à petit feu à défaut de pouvoir le décapiter proprement, ce qui ne saurait tarder. Rassemblant son énergie avec un grand cri de bûcheron, le premier fidèle du Maire leva bien haut son épée, et l'abattit de toutes ses forces sur le crâne de Nathanael qui bloqua la lame, sans pouvoir la dévier. Le coup était si puissant que l'espion mit un genou à terre, submergé. Il était obligé de tenir sa lame de sa main gauche pour résister à la pression, quitte à se déchirer la paume sur le fil tranchant. Le Capitaine rugit, mugit et frappa de nouveau, encore et encore sur le pauvre espion qui ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre le coup fatal. Son épée, déjà bien abîmée par les combats, craqua avant lui. L'acier se brisa purement et simplement, la lame de son adversaire fracturant sa défense comme un bélier aurait éventré une porte d'acier. La pointe pénétra entre son cou et son épaule gauche, déchira son plastron de haut en bas, et ressortit au niveau de ses côtes, qui n'avaient fort heureusement pas été touchées. Le coup était d'une brutalité sans nom, mais la chair n'avait pas été ouverte trop profondément, et aucun organe majeur n'avait été touché. C'était une moindre satisfaction en la circonstance, car armé d'un moignon d'épée, grièvement blessé, le conteur ne pouvait plus rien. Il était arrivé au terme de son long chemin, qui l'avait mené par monts et par vaux, et il périrait bravement au milieu de Pelargir, échouant à tuer son adversaire… échouant à sa dernière mission…

Learamn, toujours étendu par terre, oscillait entre la conscience et le néant absolu. Son corps paraissait être sur un fil, se demandant de quel côté il valait mieux tomber. Peut-être savait-il instinctivement qu'il était préférable de ne pas se jeter dans les ténèbres absolues trop tôt, mais en même temps il n'était rien de plus douloureux qu'avoir la pleine possession de ses sens. Le chaos tout autour, les bruits, les cris, les couleurs trop vives, les odeurs trop fortes. Tout était une agression, et même le corps, dernier refuge et bouclier de l'esprit, était présentement une source de pure souffrance. Le guerrier pouvait voir par intermittence les combats qui continuaient autour de lui, et des hommes passer devant son regard qui se troublait parfois. La porte de la grande salle se trouvait toutefois dans son champ de vision, et il fut le premier de tous les présents à la voir s'ouvrir presque silencieusement au milieu de cette cohue. Des silhouettes entrèrent, portant haut des armes, des lances et des boucliers. Ils étaient innombrables, des dizaines, peut-être encore davantage. Et à leur tête, un homme, qui n'était pas militaire, et qui n'était pas vêtu d'autre chose que d'un pourpoint de cuir noir sur lequel des armes qui n'étaient pas celles de la famille apparaissaient. D'une voix forte, il cria :

- Gardes, encerclez ces hommes !

Tous les combats s'arrêtèrent immédiatement, comme par enchantement. Les protagonistes se figèrent en plein milieu de leur mouvement, tournant la tête vers ces nouveaux venus qui portaient l'espoir pour certains, et qui sonnaient le glas des autres. Cette fois, c'était vraiment la fin. La garde était arrivée, peut-être plus tôt que prévu, peut-être qu'au fond, les combats avaient duré trop longtemps… Comment pouvaient-ils encore avoir une quelconque notion du temps, après avoir bataillé pour leur vie aussi longtemps ? Les lances étaient pointées dans leur direction, et le cercle des militaires se gonflait chaque seconde de nouveaux entrants qui venaient renforcer leur rangée impeccable. Les pointes d'argent étaient une menace claire, et ils n'hésiteraient pas à mettre à mort ceux qui leur résisteraient. L'abattement passa parmi les assaillants, qui savaient leur dernière heure arrivée. La garde allait les arrêter, on les accuserait d'avoir attenté à la vie du Maire et de ses hommes. Ils trouveraient la lettre que portait toujours Learamn, qui le présentait comme un membre de la Couronne de Fer. Leur stratagème leur avait permis d'arriver aussi loin, de dévoiler le cœur de leur ennemi. Ils avaient simplement été trop faibles pour y planter une lame. Le monstre qu'ils affrontaient était blessé, et nombre de ses griffes avaient été sectionnées en cette soirée où le sang avait plu à l'intérieur autant que l'eau à l'extérieur. Mais ce n'était pas suffisant. Le Capitaine était toujours en vie, et qu'en était-il du Maire finalement ? Ils n'avaient aucun moyen de le savoir. L'officier supérieur, qui constituait leur dernière cible, se détourna un instant de Nathanael qui gisait à ses pieds, le corps agité de tremblements nerveux. Il tenait toujours en main son épée brisée, qu'il serrait fermement comme s'il était agi de Narsil elle-même.

- Vous tombez bien ! Gardes, faites votre travail, allez !

Son sourire était triomphant, malgré la sueur qui collait ses cheveux sur sa nuque et son front. Il avait l'air particulièrement heureux, comme euphorique après avoir survécu à cet affrontement terriblement violent. Il n'y avait pourtant pris part que très superficiellement, mais il avait la sensation d'avoir remporté la victoire à la pointe de son épée, de laquelle s'écoulait toujours le sang de l'espion, auquel il tournait le dos pour l'heure. Le chef des soldats nouvellement venus tendit son bras, et ordonna à ses hommes d'une voix ferme :

- Gardes, arrêtez ces hommes ! Qu'on les fasse pendre au plus vite !

Le sourire du Capitaine s'élargit, découvrant ses dents. Quel soulagement ! Un seul détail lui échappait cependant… Pourquoi est-ce que cet homme qui commandait aux gardes le désignait lui, et non les misérables qui ne portaient pas l'uniforme de Pelargir, et qui n'auraient donc jamais dû se trouver ici. Eclatant de rire, il lança :

- Ecoutez, je ne suis pas avec eux. Je suis Capitaine, regardez mon uniforme. Mais vous avez raison, pendons ces chiens… Ils ont osé nous…

- Taisez-vous ! Lui cria l'homme.

Son autorité naturelle était grande, et le sourire du Capitaine s'évanouit en un instant. Comment était-ce possible. Comment une telle chose était-elle envisageable ? Une vague d'incompréhension passa parmi les hommes de l'Ordre, qui se regardèrent, incapables de saisir la scène qui se jouait, et donc ils étaient désormais les principaux antagonistes, destinés à être embarqués par la garde. Certains jetèrent des regards aux hommes qui continuaient à affluer dans la pièce, réfléchissant à un moyen de sortir en force… Il n'y en avait pas, cependant. D'autres évaluèrent leurs chances de s'échapper par une porte dérobée, mais ils n'iraient pas loin, seuls, traqués par autant d'hommes. Tous regardèrent leur Capitaine, qui paraissait ne pas trouver de mots. La stupeur l'avait pétrifié. C'était la chance des assaillants. Le vétéran de la Rose Noire, saisissant sa chance, abattit son arme sans ménagement sur la gorge de son adversaire, envoyant sa tête valdinguer à l'autre bout de la pièce. Son geste, aussi inattendu que brutal, laissa les gardes sans réaction. Ils s'attendaient à tout sauf à ça. L'homme hurla alors à ses compagnons, pressant une vilaine blessure qu'il avait reçue pendant son duel :

- Pas de quartiers !

C'était leur mot d'ordre. C'était leur promesse, leur engagement, leur serment. Ils devaient aller jusqu'au bout. Ils n'avaient pas le choix… Ils devaient exterminer le mal jusqu'à ses racines les plus profondes, quitte à se salir les mains au passage…
Sujet: Du sang sur les quais
Ryad Assad

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Rechercher dans: Pelargir   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Du sang sur les quais    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 9 Fév 2015 - 2:06

Felian était entré au cours de la conversation, les cheveux trempés, tout comme les combattants qui le suivaient, jetant des regards suspicieux autour d'eux, gardant sans cesse la main près de leur épée. Trois de ses hommes, tous des fidèles d'Eradan que leur jeune capitaine avait envoyé en mission, et deux agents de Sirion Ibn-Lahad. Ces redoutables combattants étaient patibulaires et taciturnes, mais de toute évidence ils étaient capables de faire le travail que l'on attendait d'eux : tuer, tuer, et tuer encore. Felian et les siens, pour leur part, étaient chevaliers, des hommes d'honneur pour qui ce genre de missions, ces complots et ces meurtres planifiés n'étaient pas monnaie courante. Ils étaient plus habitués aux joutes honorables, aux combats où la vaillance et la bravoure offraient la victoire à celui qui savait garder la tête haute en toute situation. Ici, même le combattant le plus courageux et le plus téméraire pouvait terminer avec une lame plantée entre les épaules.

Il y avait beaucoup de choses que Felian n'aimait pas dans ce monde, mais la perspective de devoir livrer un combat aussi peu chevaleresque arrivait sans doute en tête de ses préoccupations du moment. Le jeune soldat passa une main dans les longues boucles humides qui encadraient un beau visage, et essuya sa paume moite sur son pourpoint. Il n'avait pu se vêtir que d'une légère cuirasse, comme la plupart des hommes ici, et il ne pourrait pas compter sur sa précieuse armure par trop encombrante. Le malaise était perceptible parmi les hommes du Cor Brisé, qui se sentaient comme nus sans leur équipement complet.

Afin de chasser la froide peur qui se saisissait de son cœur peu à peu, Felian se concentra sur l'échange qui avait lieu. Il en avait manqué le début, occupé à monter la garde au dehors en attendant le retour de Léaramn, pour s'assurer qu'il n'avait pas été suivi. Il était revenu alors qu'on commençait à parler du plan d'action, et que les premières questions étaient soulevées. Comment ne pas comprendre ces hommes qui réalisaient qu'ils risquaient tout bonnement de perdre la vie pour une entreprise qui les dépassait de très loin ? Tous les doutes étaient permis désormais, et ils étaient alimentés par les idées de chacun.

On lisait de l'inquiétude dans les regards fuyants, qui se penchaient vers la carte qu'avait sortie le jeune capitaine du Rohan. On sentait de l'hésitation, alors qu'il faudrait faire preuve d'une froide détermination le moment venu. Y arriveraient-ils ? Felian n'en doutait pas. Mais s'en sortiraient-ils tous ? Les chances étaient minimes… Les membres du groupe qui s'étaient rassemblés dans cette petite auberge savaient tous qu'ils vivaient peut-être leurs derniers instants, mais chacun l'exprimait à sa façon. Certains parlaient, évacuaient le stress par le verbe, en essayant de trouver une solution à un problème insoluble. D'autres, notamment les hommes de la Rose Noire, conservaient le silence, se contentant d'attendre qu'une décision fût prise pour s'y rattacher. Ils n'étaient pas là pour réfléchir, simplement pour exécuter tous ceux qu'on leur désignerait comme des ennemis. Felian se situait juste entre les deux. Il n'était pas un couard désireux de fuir, encore moins un bavard, mais il était loin d'être stupide et il jugeait qu'en tant que membre de cette compagnie, et représentant des Chevaliers du Cor Brisé, il pouvait tout à fait intervenir quand bon lui semblait.

Il ne prit pas la parole immédiatement, préférant d'abord écouter les suggestions de ceux qui connaissaient mieux les lieux que lui. Ils n'étaient pas nombreux, en vérité, et on pouvait considérer qu'il n'y avait qu'un seul homme qui en savait véritablement assez pour les renseigner : le conteur. Durant leur trajet jusqu'à Pelargir, il s'était montré assez discret, bien qu'il eût animé quelques soirées par certaines de ses histoires. Il ne racontait rien ou presque à son sujet, et se contentait de parler des vies des autres, de narrer les batailles auxquelles il avait participé comme de loin. La curiosité des hommes était grande, mais sa disposition naturelle à détourner les questions encore davantage, si bien qu'après une heure passée à discuter avec lui, on ne savait que son nom, et encore. Nathanael. Nathanael le conteur.

Il était de toute évidence plus ce qu'il voulait paraître, et son rôle dans cette affaire promettait d'être grand. Il avait l'oreille de Léaramn, leur chef désigné pour cette opération, et s'il n'abusait jamais de son statut, il demeurait un individu précieux pour la réussite de leur infiltration. Il était évident à tous ici que sans le conteur, ils n'avaient aucune chance de parvenir à accomplir ce pour quoi on les avait envoyés.

Les paroles de ce dernier étaient pleines de bon sens, et s'appuyaient sur de solides connaissances de la cité. Il semblait être le seul à en connaître un tant soit peu les rouages, et à pouvoir discerner le visage de leurs véritables ennemis, si bien qu'il apportait à chaque phrase un surplus d'informations que Felian s'efforçait de retenir… Tout comme les autres, d'ailleurs. Son plan était à la fois simple et complexe. S'infiltrer dans le triangle de Pelargir en se faisant passer pour des hommes de l'Ordre de la Couronne de Fer ne représenterait pas un problème majeur, assurément. Grâce aux faux documents que le capitaine du Rohan avait avec lui, ils auraient facilement accès à l'hôtel de ville, en évitant le gros des gardes, ce qui n'était pas du luxe. Toutefois, comment s'en sortiraient-ils après ? Comment parviendraient-ils à neutraliser autant d'adversaires qui seraient sous bonne garde, alors qu'ils n'étaient qu'une poignée ? Tant de questions, et si peu d'éléments de réponse. Et, quand bien même trouveraient-ils un moyen de parvenir au terme de leur mission, leur resterait-il à sauver leurs vies insignifiantes, si c'était possible.

Résister au cœur de l'hôtel de ville, contre l'armée de Pelargir au grand complet ne leur offrirait qu'une mort digne d'être chantée dans les banquets, comme une anecdote amusante dont on se gausserait. Fuir et essayer de se cacher dans la cité pouvait se tenir, mais comment feraient-ils pour passer inaperçu ? Du groupe, Felian était le seul originaire du Gondor avec Maraloch, les autres étant pour la plupart Arnoriens ou Rohirrim. Il ressemblait certes plus aux gens d'ici, physiquement tout du moins, mais Pelargir lui était tout à fait inconnue, lui qui venait de l'autre côté du pays. Il ne se souvenait pas avoir jamais mis les pieds dans cette grande et belle cité, qu'il découvrait pour la première fois. Il n'irait pas beaucoup plus loin que ses compagnons, finalement…

Toutefois, il n'était pas l'heure de penser à sa propre survie, alors qu'un combat d'une importance capitale se dessinait. Felian en était conscient, et les derniers mots du conteur trouvèrent en lui un écho particulièrement fort. L'Ordre lui avait pris tellement… Il avait perdu sa mère et sa jeune sœur, ainsi que ses grands-parents, enlevés subitement, disparus sans laisser de traces. Après cela, son père n'avait plus jamais été le même, et il avait continué à diriger leur domaine sans énergie, soumis et résigné. Felian, lui, n'avait jamais accepté. Il avait recherché jour et nuit les traces des ravisseurs jusqu'à se retrouver dans une véritable impasse. Alors, il avait chevauché à bride abattue jusqu'à Minas Tirith, pour y quérir l'aide du Roi, ou de quiconque voudrait bien l'aider. Nul n'avait voulu lui prêter main-forte, toutes les portes étaient demeurées closes alors qu'il s'époumonait au dehors, criant et implorant qu'on lui fournît de l'aide, n'importe laquelle. C'était là qu'il avait rencontré Eradan, alors qu'il se trouvait esseulé, et presque sans le sou à la capitale. Le jeune homme l'avait soudainement ébloui par sa prestance et son charisme. Il l'avait relevé, et avait juré de l'aider de toutes ses forces à retrouver le ravisseur de sa famille, si Felian acceptait en retour de se consacrer corps et âme à la défense de la Terre du Milieu. Ce dernier avait pris le temps de la réflexion, avant de prêter le serment le plus important de sa vie :

- Moi, Felian Valdoré d'Anfalas, jure de toujours servir les Chevaliers du Cor Brisé, et de n'avoir de cesse que le dernier de nos ennemis se trouve gisant à mes pieds.

Au fond de lui-même, il savait que ce serment l'engageait pour toujours, et le contraindrait à une vie d'errance et de privations. Toutefois, si c'était la condition nécessaire pour poursuivre sa quête personnelle, il l'acceptait de bon gré. Il endurerait le froid, la faim, les souffrances, si cela pouvait le mettre sur la piste de celui qui avait enlevé sa sœur. Il donnerait tout pour avoir l'occasion d'affronter celui qui s'était emparé de sa chère Aliénor. Felian revint soudainement à la réalité, comme arraché de ses pensées, alors que les hommes méditaient les paroles de Nathanael. Conscient que sa voix pesait d'une certaine manière, il lança :

- Je vous suis, conteur. Nous avons peu de temps, et je ne pense pas que nous puissions nous permettre de nous disperser. Concentrons nos forces sur nos cibles, et advienne que pourra. Nous devrions nous mettre en route sans tarder. Notre petite réunion ne passera pas inaperçu indéfiniment, et je préférerais être loin quand les gardes viendront interroger les gens d'ici.

Ses paroles n'étaient pas dénuées de bon sens, et tous les hommes s'agitèrent, conscients qu'être rassemblés dans un seul et même endroit les exposait à bien des dangers. Dehors, Felian qui montait la garde n'avait repéré personne de suspect, mais il se pouvait fort bien que des espions de l'OCF se trouvassent dans la pièce, et qu'ils eussent repéré un attroupement inhabituel d'étrangers qui paraissaient par trop comploteurs pour être honnêtes. Il valait mieux décamper rapidement, se mettre à l'abri, se protéger et surtout passer à l'action le plus rapidement possible pour ne pas laisser le temps à leurs ennemis de réagir. La vitesse était le maître mot, et celui qui détiendrait l'initiative aurait le plus de chances de s'en sortir en vie.

Les autres prirent la parole pour apporter leurs commentaires, avant que la réunion se terminât rapidement. Les consignes de Nathanael avaient été claires et précises, si bien que chacun savait ce qu'il avait à faire. Ils rejoindraient ensemble le triangle, en se faisant passer pour un groupe de soldats de l'Ordre, avant de se séparer pour partir à la chasse. Certains en salivaient d'avance. Felian se dirigea vers Maraloch et Lindal, qui étaient affectés au second groupe, quand tous leurs frères d'armes se trouvaient avec le premier. Il connaissait bien Lindal, qui était un homme d'honneur et un guerrier talentueux. Il n'avait pas de famille, et sa mort ne manquerait à personne. Intérieurement, le chevalier d'Anfalas se demanda si c'était pour cette raison qu'Eradan lui avait demandé de participer à cette mission. Il fronça les sourcils, et chassa ces pensées de son esprit. La mission devait passer avant tout. Maraloch, quant à lui, était un jeune chevalier, même s'il avait eu l'occasion de faire ses preuves avant d'être intronisé. Il avait participé à de petites missions, avait appris à se faire à la vie de groupe, aux difficultés d'une vie nomade, et à la hiérarchie spécifique des hommes d'Eradan. Finalement, après quelques mois, il avait été élevé chevalier au même titre que les autres, et participait à sa première véritable mission depuis.

Felian se pencha vers eux, et posa sa main sur leurs épaules, pour les rassurer :

- Mes frères, nous serons séparés aujourd'hui, mais que rien ne vous arrête. C'est Eradan en personne qui nous a envoyé ici, et il nous a fait un grand honneur en nous choisissant pour accomplir cette mission de premier ordre. Je sais que vous ne serez pas sous mes ordres, et que nous ne sommes pas supposés obéir à ceux qui représentent un royaume ou des intérêts particuliers. Toutefois, pour cette fois, oubliez cette règle. Obéissez au capitaine Léaramn comme si c'était Eradan lui-même qui vous parlait, et ce jusqu'à ce que toute cette affaire soit terminée.

Il marqua une pause, les regardant droit dans les yeux, surtout Maraloch. Le guerrier paraissait contrôler ses émotions, mais il était évident qu'il comprenait les enjeux, et surtout les risques d'une telle mission. Felian raffermit sa prise, afin qu'ils sentissent physiquement le lien qui les unissait, entre Chevaliers :

- Soyez braves, mes frères. Rappelez-vous combien d'hommes sont morts pour que nous ayons cette opportunité unique de nous débarrasser de cette vermine. Gardez bien à l'esprit que vous êtes privilégiés, que de votre réussite dépend le sort de la Terre du Milieu. Vous avez le devoir de réussir. Allez, et soyez bénis par les Valar.

Sur ces mots, il les relâcha, et leur serra chaleureusement la main. Ce n'étaient pas des adieux, mais cela y ressemblait beaucoup. Felian se tourna vers les autres hommes, et essaya de faire connaissance avec ceux de son groupe, pour savoir sur qui s'appuyer quand il serait dans le feu de l'action. Ultime précaution bien inutile, contre les dangers innombrables qui se dresseraient devant eux avant le point du jour.
Sujet: Un Tournoi chez les Bardides
Forlong

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Rechercher dans: Dale   Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un Tournoi chez les Bardides    Tag felian sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 30 Avr 2013 - 0:34
Suite d'En Route vers Dale


Spoiler:


Le nain dévisagea le chevalier pendant un long moment, ses sourcils imposants froncés, puis finit par répondre:

-Je te reconnais, Erelion. Ou plutôt le souvenir des bleus laissés par nos entraînements est encore vif... Si vous avez un blessé, qu'il rentre dans la cité. Je l’emmènerai chez le guérisseur de la caserne, il a l'habitude de soigner des blessures. Tu peux nous accompagner, Erelion, je te connais, mais tes compagnons devront rester ici et se présenter à la garde.


Le capitaine fit signe à deux hallebardiers d'aider le blessé, et il se dirigea dans la direction de la caserne, se trouvant à quelques centaines de mètres plus loin, à l'intérieur de la cité. Il s'adressa à Erelion, qui le suivait de près:

-Qu'est ce qui est arrivé à votre compagnon?

Après un moment de silence, il ajouta, sur un ton grave.

-Tu es chevalier d'Esgaroth, n'est ce pas? Un des compagnons du Comte Skaline...Où est-il? Je dois te prévenir, que le roi n'est pas satisfait. En tant que vassal, c'est le rôle du comte d'assurer la sécurité dans la cité d'Esgaroth, et veiller à sa prospérité. Pendant son absence, les taux de crime ont augmenté, et le roi de Dale a été obligé d'y envoyer des miliciens. Erco Skaline et ses chevaliers ne sont pas très populaires dans le coin, en ce moment. Ce ne sont pas mes affaires, mais je préviens un vieux compagnon d'armes.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à la caserne. Le blessé fut posé sur un lit, et un verre de vin ainsi qu'une bassine d'eau fut apporté à Erelion. Le guérisseur ne tarda pas à faire son apparition, un homme plus grand que la moyenne, sec et fin comme une branche. Le capitaine nain les laissa seuls.

***

Pendant ce temps, un sergent hallebardier s'occupait des autres voyageurs. Il dit:

-Citez votre nom et titre, et les disciplines dans lesquelles vous souhaitez participer. Nous avons la joute équestre et les duels à pied, uniquement ouverts aux chevaliers et invités d'honneur. La mêlée, la lutte, ainsi que le concours de tir à l'arc sont ouverts à tous les participants.

Felian se présenta en premier:

-Sir Felian d'Anfalas, chevalier du Cor Brisé. Je tenterai ma chance dans la joute équestre et le duel à l'épée...



Les autres chevaliers du Cor Brisé suivirent son exemple, s'inscrivant aux différentes disciplines, et quelques écuyers décidèrent aussi de prendre part aux concours qui leur étaient disponibles.

Le sergent nota tout dans un grimoire, et s'adressa aux voyageurs:

-Vous arrivez bien tard, le tournoi commence demain, et les tavernes sont bien remplies. Mais il y a encore une auberge, Au Dragon à la Broche qui devrait avoir assez de places pour vous tous. Les lits y sont propres, mais je vous déconseille la bière brassée par le tavernier.

#Felian #Erelion
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