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 Tractations à l'ombre du Carrock

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Hadhod Croix-de-Fer
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Hadhod Croix-de-Fer

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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyLun 12 Oct 2015 - 19:58
Il y a bien des façons de gagner une guerre.
Quand les forces sont insuffisantes sur le champ de bataille,
il faut aller les chercher ailleurs,
les mettre en mouvement, les rallier à sa cause.
Le dialogue et la persuasion deviennent aussi importants
que la force et l'habileté au combat.


♦ ♦ ♦


Quelques jours plus tôt, un grand corbeau était venu à la rencontre des gardes postés sur le Ravenhill. Leurs cœurs s'étaient mis à battre plus vite et plus fort, car, habitués à ces oiseaux, ils avaient aussitôt reconnu le volatile choisi par le Roi deux lunes plus tôt. Ils découvrirent un minuscule parchemin enroulé et attaché à sa patte, et le transmirent à l'Intendant d'Erebor.


« Kalil Abad, nous sommes encerclés. Besoin de renforts le plus rapidement possible. Débutez les négociations avec les Béornides, chaque allié compte. Envoyez Harok avec la délégation, le sang de Durin coule dans ses veines. »

Ledit Harok avait donc été prévenu, bien que tous aient été surpris que ce forgeron taciturne puisse avoir une place dans l'arbre généalogique de Thorik. Mais tel était pourtant le cas, la signature sous le message ne mentait pas. Et qui de mieux qu'un membre de la famille royale pour remplir cette tâche cruciale, en l'absence du Roi, de Hadhod et de Grimbëard ? Harok était tout indiqué.

Mais les descendants de Beorn ne portent pas les Nains en leur cœur, à cause de leur esprit industrieux et de leur soif de richesses peu compatibles avec leurs propres valeurs : simplicité, respect des êtres vivants, symbiose avec la nature. Envoyer uniquement un khuzd1, aussi noble et prestigieux qu'il puisse être, cela revenait à jouer à pile ou face. Il fallait que des représentants de peuples appréciés par les Béornides accompagnent Harok, pour faire office de médiateurs si besoin. Il se trouve que les hommes de Varbeorn estiment tout particulièrement ceux d'Esgaroth et de Dale, du fait de leur ascendance commune et des nombreux accords qui jalonnent leur Histoire.

L'Intendant du Mont Solitaire avait donc demandé une audience auprès de la délégation de Dale, et après quelques discussions menées à la hâte, il fut décidé d'envoyer Delilah Dubhghoill, dame dont la subtilité d'esprit et l'expérience convenaient parfaitement à cette mission. Et, puisque le Roi Gudmund lui-même participait à cette campagne, la vieille aristocrate ne pouvait guère refuser, l'eut-elle voulu.

Enfin, on jugea bon d'envoyer un Elfe de Vertbois-le-Grand pour compléter le trio de diplomates : la proximité des sujets d'Angrod avec les Béornides ne pourrait que favoriser les négociations. Lómion Eruinlend avait intégré les rangs de l'armée de réserve de Thorvald lorsqu'un messager était venu le quérir. Contrairement à Delilah, nul devoir ne l'obligeait à accepter cette mission, aussi l'Intendant offrit-il une remise à plat des liens commerciaux entre Erebor et Eryn Lasgalen, avec les prix de certains métaux revus à la baisse jusqu'à la fin de l'année en cours, ce qui serait assez avantageux pour Angrod.

Ainsi donc par un matin brumeux, les trois émissaires quittèrent la Montagne Solitaire avec quelques compagnons de confiance et descendirent direction le Val d'Anduin. Harok, tel un Gimli du Quatrième Âge, était en croupe de Lómion sur un robuste cheval de Dale. Ils empruntèrent la même route que l'armée de Gudmund (quoique avec bien des jours de retard) et arrivèrent aussi prestement qu'ils le purent au pays des changeurs-de-peau. Là, ils furent arrêtés par les gardiens de péages et passeurs du Carrock...



♦ ♦ ♦


Tractations à l'ombre du Carrock Varbeo10

Varbeorn était assis à mi-chemin des extrémités d'une longue table de bois clair. Il fixait la porte d'entrée de sa demeure, les coudes posés, l'esprit songeur. De part et d'autre de lui, cinq grands hommes étaient également attablés, trois à sa droite et deux à sa gauche, dont l'un semblait plus jeune que les autres et avait un insoupçonnable air de famille. De l'autre côté de la table, trois billots de bois ornés de figures d'animaux sculptées faisaient office de siège, bien qu'ils fussent vides pour l'instant. Derrière les six Béornides, un feu brûlait bien que le temps fut doux, et sa fumée s'élevait dans la pièce avant de s'échapper par un orifice aménagé au faîte du toit.

Soudain, la porte s'ouvrit, et un vieux mais solide gaillard fit son entrée, saluant respectueusement l'assemblée et s'attablant à son tour à côté de ses compatriotes. Derrière lui venaient Lómion, Delilah et Harok.

– Merci Bsam, dit Varbeorn. Et quant à vous, étrangers qui venez dans notre pays, veuillez prendre place. D'étranges évènements surviennent sur ces terres, de drôles de compagnies vagabondent sur l'herbe verte. Humains, nain, elfe... quelle association incongrue ! En d'autres temps, je vous aurais pris pour des voyageurs refusant de s'acquitter du droit de passage. Mais selon Bsam, vous êtes bien plus que ça. Et il est clair que de grands évènements se préparent, l'air est lourd et oppressant. C'est pourquoi j'ai décidé de vous accorder l'audience que vous avez réclamé. Je suis Varbeorn, et d'aucuns me considèrent comme le meneur de mon peuple dans les temps de trouble, bien que je ne revendique aucun titre ni aucun pouvoir sur les êtres vivants de ce pays, humains ou non. Voici mon fils Waldemar, et voici six habitants du Val d'Anduin parmi les plus avisés, qui m'offrent leurs conseils dans les moments difficiles. J'espère que je ne les ai pas réunis pour rien.



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Sighild Baldrick
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyDim 22 Nov 2015 - 19:19
Tractations à l'ombre du Carrock Resize10

Harok n’avait guère été bavard pendant le voyage, il s’était contenté de se montrer courtois et respectueux à l’égard de ses compagnons.

Il demeura calme et réservé.

Car la mission ne serait pas de tout repos et qu’il y aurait beaucoup de répercussions en cas d’échec. Harok l’avait cependant accepté, en mémoire de son défunt et aimé oncle. Il avait également fait serment d’allégeance à son nouveau roi, à ce cousin qu’il ne connaissait pas. La tâche n’était-elle pas trop rude pour un maître forgeron ? Son oncle disait souvent que sa maîtrise des flammes valait la maîtrise des conflits. Bien que sa réputation fût celle d’un nain isolé par sa rigueur au travail, Harok était aussi un nain pragmatique et posé. Il ignorait cependant pourquoi son cousin lui avait donné cette mission, que connaissait-il de lui finalement ? Etait-ce là une solution de facilité ? Une manière de se désolidariser des répercussions ?

Le maître forgeron revêtit des vêtements chauds et corrects, mettre des vêtements trop habillés n’étaient pour lui pas judicieux au vu de la route qu’ils avaient à faire. Il portait à son dos sa fidèle hache, confectionnée par ses soins. L’arme lui avait été donnée par son défunt maître, il l’avait ensuite retravaillé grâce aux savoirs qu’il avait acquis.

Ils furent arrêtés par les gardiens de péages et passeurs de Carrock. Ce fut Harok qui prit la parole, il demandait audience auprès du seigneur des Béornides. Ils furent alors amené jusqu’au Gué de Carrock, vers le dénommé Varbeon. Il écouta attentivement les dires du seigneur et s’inclina respectueusement vers l’assistance.

Varbeon les convia à s’assoir. En tant que représentant de son peuple, Harock s’installa, avec confiance, en face de Varbeorn. Il prit à son tour la parole :
« Seigneur Varbeon, je me nomme Harok, Feu-Ardent. Je suis maître forgeron d’Erebor et cousin du nouveau Roi des Nains, Thorik. Voici à ma gauche Dame Delilah Dubhghoill, noble personne de Dale et à ma droite Lormien Eruinled, noble elfe de Vert-Bois. Nous vous avons demandé audience à la demande de mon Roi, qui mène actuellement combat contre les gobelins dans les Monts Brumeux. »


[justify]Harok   était resté on ne peut plus respectueux dans sa manière de s’exprimer. Il se devait d’être confiant, il était de sang royal.

L’on pouvait lire une certaine honnêteté dans son regard, ce qui pouvait jouer en sa faveur. Mais les interprétations des uns ne sont pas forcément les mêmes que les autres…[/justify
]

#Harok
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Sigvald Lingwë
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyLun 30 Nov 2015 - 17:33
Tractations à l'ombre du Carrock Fdf69010


Après avoir envoyé un message à Vertbois, les troupes du Roi Thorik et ses alliés leur furent accordés un droit de passage sur la vieille route. Un défilé de nains et d'hommes sous l'étroite surveillance des elfes sentinelles. Angrod avait tout de même ordonné à quelques troupes de son armée régulière de se tenir prêt, juste au cas où. Lómion qui devait partir au front et combattre, fut alors invité à une autre mission, toute aussi importante pour les Nains et la protection de son propre peuple.

Ils partirent donc, direction le Gué de Carrock et les Béornides. Lómion, conscient de l'importance de la mission aurait un rôle important à jouer. Les Béornides et son peuple ayant de nombreux points communs et de bonnes relations, tant que chacun savait rester à sa place. Notre ambassadeur avait toujours eu une bonne impression des Béornides, même s'ils les trouvaient "sauvages" et un peu rustres par certains côtés.

Alors qu'ils voyageaient, il imaginait toutes les possibilités envisageables à la réussite ou à l'échec de la reconquête des nains. Une conclusion couronnée de succès était la meilleure des fins bien sûr, cela n'apporterait que du bien pour les elfes de Las Galen, de nouvelles ouvertures commerciales, de nouvelles alliances et de potentiels alliés si des jours sombres s'annonçaient. Mais en cas d'échec du nouveau roi des nains, les répercussions deviendraient terribles pour les nains, les Béornides, les hommes et les elfes. Si Thorik venait à mourir, les nains perdraient l'unique chef qui aurait pu leur assurer la victoire, leurs armées se disperseraient et seraient massacrées par des hordes de gobelins animés par la haine et la vengeance. Les peuples nains seront assailli et nombreuses seront les cités à tomber. Sans véritables ennemis, les gobelins descendront de leurs montagnes, s'en prendront aux Béornides et aux hommes. Puis après viendrait le tour de Vertbois-Le-Grand et Las Galen toute entière... En regardant dans son dos, Lómion jeta un coup d’œil à Harok fermement accroché à lui, visiblement stressé par ce moment à cheval. Ni ce nain, cet héritier plus ou moins légitime ne pourrait redresser la situation.

Horik le sortit des songes par un simple "Nous sommes arrivés." Sous sa barbe abondante, l'elfe sentait que le nain était un peu dépassé par la situation, mais qu'il ferait de son mieux. Un forgeron sortit de la chaleur de ses fours parce que son sang était royal. Il débarquait dans un monde qui lui était inconnu, sa vie changeait. Maniant le marteau à la perfection il devait maintenant agir pour la survie de son cousin et celle de son peuple. Notre ambassadeur appréciait les quelques paroles qu'il échangea avec le nain, son franc-parler et sa curiosité.

Quant à Dame Dubhghoill, Lómion ne savait sur quel pied danser. Sa sincérité, sa gentillesse apparente, sans oublier ces sourires pleins de bonnes intentions ne pouvait distraire notre elfe de la froideur que dégageait cette vieille humaine. Leurs échanges furent brefs, quelques mots ici et là, mais rien de plus.


* ~ ~ *~* ~ ~ *

La petite troupe fut bien reçue par les Béornides, notre ambassadeur s'attendait toutefois à un refus catégorique de leur part afin de porter secours à un Roi nain,  Lómion se demandait quel était la meilleure manière d'aborder le problème. Après quelques échanges courtois comme la situation l'exige lors de telle rencontre diplomatique entre représentant de royaume et de race, l'envoyé de Vertbois décida de prendre la parole et d'exposer le problème telle qui le voyait. Notre émissaire avait toujours eu la sensation de se rabaisser et de parler trop franchement dans le langage commun des hommes.

"Seigneur Varbeon, je ne vais pas vous parler en tant que diplomate avec des mots bien choisis et de belles phrases. Je vais vous parler en tant qu'ancien Capitaine et elfe ayant vécu des millénaires de combat. Maintenant que vous connaissez la situation, je vais vous exposer comment je vois la suite des évènements. Vous vous doutez bien que si Vertbois à décider d'agir ce n'est pas que pour renouer avec les Nains, la protection et les intérêts de mon peuple restent ma priorité. Après avoir déglutit et jeter un coup d’œil discret à Horik et Deliah, Lómion dit alors le fond de sa pensé. Le Roi Thorik est en mauvaise posture. Et nul doute que si nous n'agissions pas ici, il meurt. Si cela venait à venir, leur guerre finirait prématurément et leur armée bien que puissante sera réduite de manière conséquente ainsi que les troupes de Dale. Les gobelins mettront alors tout en œuvre pour anéantir les nains restants et les attaqués directement dans leur foyer. Nous autres, votre peuple et le mien seront alors sur leur chemin sans le vouloir. Nul doute que nous ferons les frais d'un tel échec. Avec son lot de morts."

Après ses paroles un peu franches, l'émissaire elfe se rassit au fond de sa chaise sculptée. Un peu tendu et toujours plus ou moins incertain quant à l'impact de ses mots, ne sachant absolument pas comment les Béornides allaient réagir.



Hors Rp : Écrire ça de bon matin, un lendemain de soirée, j'espère que ça le fait !

#Lómion
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Evart Praven
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyMar 8 Déc 2015 - 21:31
~ Delilah Dubhghoill ~

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#Delilah

Depuis le couronnement du Roi Thorik, la vieille dame Dubhghoill vivait entre Erebor et Dale. Alors que le Roi et une partie de la Cour, principalement la partie masculine au demeurant, était parti guerroyé contre les orques à l'ouest, Delilah s'occupait à négocier avec ce qui restait de nains dans la Montagne Solitaire. Totalement opposée à l'intervention de Dale, mais également des nains, Delilah y voyait une lubbie d'un jeune monarque impétueux, déconnecté des réalités politiques du moment qu'un vieux Roi suivait pour resserrer les liens d'amitié entre les deux peuples. En plus, c'était pour lui l'occasion de combattre sans prendre le risque de s'impliquer dans les relations diplomatiques tumultueuses de la région. Et, pendant qu'ils s'amusaient à combattre dans les Montagnes, le Royaume du Rhûn prenait de plus en plus de puissance et menaçait Dale ainsi que son commerce, c'est à dire sa survie. Pendant ce temps, les Monts-de-Fer se vendaient au plus offrant et cela ne semblait déranger qu'elle. Des troupes et généraux partis, une menace de plus en plus pressante et tout le monde agissait comme si on pouvait se permettre de faire une chasse aux gobelins...

Lorsqu'elle était à Dale, Delilah enrageait. Elle avait déjà cassé plus de cinq vases qui coûtaient, chacun, une petite fortune. En plus la Cour tournait au ralenti en l'absence du Roi. Il y avait bien eu quelques dames qui l'avaient invitée mais la vieille dame n'aimait pas se retrouver au milieu de jeunes oies blanches qui ne pensaient qu'à leur prochaine parure, leur future toilette ou leur animal exotique préféré. Ses sujets insupportaient Delilah qui conservait le plaisir de la grandeur noble au lieu de cette vision de petite bourgeoise ébahie par l'argent. Fort heureusement, elle avait eu de nombreuses occasions de s'investir dans la vie politique. Maintenant que beaucoup étaient partis, elle avait plus de place. Ainsi elle avait mangé à de nombreuses reprises avec le régent en l'absence du Roi. En sous-main, elle essayait bien entendu de tracter en faveur du retour du Roi et de son armée ici, là où elle était nécessaire mais, pour le moment, c'était infructueux.

En parallèle, Delilah faisait beaucoup d'allers et retours chez les nains. Le couronnement et l'expédition avait lancé d'intenses discussions entre les deux peuples et Dame Dubhghoill y prenait part. D'un coté, elle avait beaucoup travaillé à convaincre le Grand Marchand Garin de mieux orienter ses choix. Déjà il semblait curieusement imperméable à la grande menace que représentait le comptoir rhûnien. Au mépris de toute logique, il voulait temporiser et avait tendance à s'en remettre aux dirigeants des divers peuples. Plus encore, Delilah faisait de son mieux pour augmenter l'influence de Dale dans la politique régionale de la Compagnie du Sud. Elle fournissait les plus puissantes compagnies mais avait peu de postes importants et d'influence. Elle avait d'ailleurs eu plusieurs entrevues houleuses avec Garin qui appréciait peu la vérité qu'elle faisait éclater à ses yeux. C'était à croire qu'il faudrait le faire empoisonner pour que les choses deviennent plus « logiques ».

En plus de cela, Delilah avait rencontré un certain nombre de dirigeants et chefs nains qui, fort heureusement, semblaient assez sensés pour critiquer, parfois à mots couverts, parfois ouvertement, la stratégie insensée de Thorik. Pour beaucoup d'entre eux, Belegil et Gundabad étaient perdus, définitivement aux mains des gobelins et les Naugrim n'avaient aucun intérêt à vouloir reprendre ses places-fortes. En fait Delilah se demandait si quelques milliers de nains seraient suffisant face à la trop nombreuse engeance gobeline.

Dans tous les cas, la situation éprouvait durement la vieille femme. Sur le plan physique, les voyages incessants l'épuisaient. Elle n'était plus la fringante jeune fille d'autrefois et il lui aurait fallu du repos voire prendre les eaux. Elle avait de plus en plus de mal à se déplacer et se traînait difficilement de la montagne à la ville. Alors qu'elle recevait quelques unes de ses amies pendant son bain, Delilah reçut une lettre qui n'allait certainement pas la mettre en joie. Elle était assez petite, pliée en quatre et cachetée du sceau du chef de la diplomatie dalite. Congédiant ses amies, elle ouvrit la missive qui lui demandait de partir au loin négocier avec le peuple du Gué de Carrock pour aider les peuples alliés dans leur guerre contre les gobelins. Froissant cette lettre porteuse de malheurs, la dame eut un léger évanouissement face à l'effort qu'on lui demandait encore de consentir. Se remettant de ses émotions, elle alla voir son expéditeur comme une furie déchaînée mais celui-ci fut inflexible et la demande émanait de plus haut encore. Ainsi il lui faudrait donc plier.

A dire vrai, la vieille femme n'avait pas connu de voyage aussi pénible depuis fort longtemps. Ayant prévu son affaire, elle s'était renseignée pour savoir si la route traversant la forêt était praticable et elle l'était. De son coté, elle arma donc une petite expédition avec un char de route, son âme damnée, son intendante et sa dame de chambre, des gardes et les domestiques nécessaires. Pendant ce voyage, Delilah avait eu quelque occasion de jauger ses compagnons de route. Le cousin du Roi Thorik ne semblait pas vraiment savoir ce qu'il faisait là tant sa réserve confinait à la gaucherie, il n'avait rien d'un diplomate. D'un autre côté, leurs interlocuteurs n'étaient pas non plus des gens appréciant les luttes feutrées des petits boudoirs élégants. Au final, cela pouvait être un avantage. L'elfe de Vertbois qui les accompagnait était lui dès plus mystérieux, il parlait peu mais portait beau et il paraissait intelligent. A mesure que les jours passaient, ce triumvirat de diplomates semblait de plus en plus étrange aux yeux de la vieille dame.

Après cette éprouvante aventure, qui ne semblait que commencer, la petite troupe fut arrêtée par les gardiens des lieux. De manière étonnante, Delilah éprouvait un certain respect pour ce peuple, peut-être pas de l'admiration, mais du respect. Voulant protéger ses traditions et ses membres, ils ne se préoccupaient que peu des choses du monde et réussissaient remarquablement la quête qu'ils s'étaient fixer : protéger leur peuple. Parvenant sans peine à convaincre les sentinelles, la délégation fut amené dans une belle demeure qui était à l'image de ce peuple : d'une élégante simplicité, solide tel un roc et mystérieuse. Les trois diplomates purent rentrer et s'installer à la table des béornides. Ils étaient six dont leur chef : Varbeorn qui n'était pas un vrai chef, en tout cas pas un Roi au sens dalite du terme. Même si sa mémoire n'était plus ce qu'elle était autrefois, il lui semblait bien reconnaître l'homme qu'elle avait vu vingt ans plus tôt, à moins que ce ne fut un peu plus. Ils avaient à peu près le même âge à l'époque. En hôte poli, il se présenta ainsi que ses compagnons, tout comme le fit Harok qui, après tout, était sensé mener cette délégation. Puis ils échangèrent quelques politesses :


- Il me semble que nous nous ne sommes pas vu depuis près de vingt ans, Seigneur Varbeon. Ce devait être peu de temps avant la mort de votre père. C'était un homme que je respectais infiniment, sa mort m'a beaucoup attristé.

Malheureusement pour eux, Delilah fut prise de court par le représentant elfe. Elle avait toujours cru qu'il était intelligent, on avait toujours tendance à mettre les elfes sur un piédestal, mais le capitaine elfe faisait preuve d'un amateurisme assez impressionnant. Si c'était pour mettre les alliés en situation de faiblesse dès la première discussion sérieuse, il aurait mieux fait de rester chez lui à manger des fruits et de la salade. Se maîtrisant parfaitement, Delilah continua d’une voix calme et posée :

- Comme vous l’a dit Messire Lomion, la situation au Nord est plus que délicate. Les gobelins ont multiplié leurs agressions et raids ses derniers temps. Les nains ont courageusement repris la lutte contre eux mais, présentement, la situation militaire des alliés est … délicate. Comme par le passé, nous en appelons à vous et à votre aide. Il fut une lointaine époque où vous et votre peuple nous avait grandement aidés et nous pensons que vous le pouvez à nouveau dans l’intérêt de tous les peuples de ce versant des Monts Brumeux.

Après cette tirade, pourtant assez courte, Delilah eut un petit mouvement en arrière sur son siège. Elle était une vieille femme fatiguée par un si long voyage et, dans un esprit assez manipulateur, elle n’hésitait pas à montrer toute la violence qu’elle se faisait en menant ses négociations. Elle était tout à fait épuisée par le voyage mais elle parvenait, au prix de toute son énergie, à mener cette négociation. Cette réalité, elle la laissait entrevoir pour s’en servir comme d’un avantage dans cette négociation qui n’avait rien d’évidente …
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Nathanael
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyMer 9 Déc 2015 - 17:53

La matinée s’était étirée, longue et éreintante. Il avait été relevé de sa corvée de bois pour répondre à l’appel de son père. Ce n’était guère normal. Le fait l’avait suffisamment intrigué pour le rendre inquiet, soupçonneux. Il n’avait aucune obligation d’aucune sorte envers son peuple, pas plus que les Beornides n’avaient de devoirs à respecter envers sa famille. Les conseils familiaux s’étaient achevés au début du printemps, l’inventaire des ressources avait été réalisé et les corvées annuelles avaient été attribuées. Ils devaient se réunir à nouveau peu avant l’hiver pour organiser la mauvaise saison et s’assurer que toutes les familles avaient suffisamment de quoi se sustenter jusqu’au retour des bourgeons. C’est pourquoi il ne comprenait pas l’urgence de cette réunion. Et le fait de voir s’avancer aux portes de sa demeure le responsable de la famille voisine ne le rassura pas.  Ils échangèrent un signe de tête et rejoignirent les Béornides déjà présents dans la salle. L’atmosphère était pesante. Les hommes ne parlaient pas. Aucun mot sur le ciel clair et la menace de la chaleur, aucune parole sur la prochaine chasse. Pas une seule banalité. Ils n’essayaient pas même de dissimuler l’importance du conseil qui allait se tenir. La nervosité se lisait sur leur visage basané, Varbeorn lui-même avait perdu ses traits affables et amicaux. Soit un drame s’était produit, soit il allait se produire.

La situation leur fut rapidement expliquée. Une délégation étrangère avait franchi leurs frontières. Leur mission serait sans doute de leur faire croire qu’ils partageaient un destin commun et que la nécessité et le sens moral leur imposaient de les soutenir, d’une façon ou d’une autre. Mais il n’avait pas eu plus de précisions. Seul son instinct lui intimait fermement de rester sur ses gardes. Il leur faudrait faire passer l’intérêt de leur peuple avant toute chose. Seul cela comptait. Aussi, quand Bsam fit son entrée, suivit de trois personnages étonnants, Waldemar demeura telle une statue de pierre, muet et immobile. Les mains croisées et posées sur la table, il laissa parler son père puis les ambassadeurs. Quel grand titre pour peu de choses ! Ils étaient tout au plus des messagers de la dernière heure, des pigeons voyageurs abandonnés au gré du vent en espérant qu’ils trouvent un destinataire dans la tempête.

Le nom de Thorik fut jeté comme une pierre sur la surface lisse d’un lac … et il comprit aussitôt que les remous agités viendraient mordre leur berge et les mettraient en danger. L’elfe confirma son point de vue. Stratégie abjecte pour les confondre et les obliger à agir. Leur faire croire que, quelle que soit leur décision, ils seraient forcément confrontés à des conséquences néfastes. Choisir le moindre mal. Il connaissait la rengaine. Les elfes et leur fourberie déguisée sous la couronne de leur sagesse millénaire. Leur intelligence était une arme à double tranchant : agréable en temps de paix et de prospérité ; dangereuse en temps de guerre. Intérieurement, il fulminait. Les nains et leur envie de conquête, leur avidité et leur décadence. Thorik cherchait à reprendre d’anciennes positions fortes, symboles de leur grandeur passée. Quel intérêt, sinon, que d’aller s’empêtrer dans les grottes des Monts Brumeux au Nord alors que la Moria connaissait une situation plus stable ces dernières années ? Le jeune roi avait mis un coup de pied dans une fourmilière qui menaçait aujourd’hui  sa survie et celle de son royaume, pire encore, qui menaçait l’équilibre fragile de ses plus proches voisins. Les rumeurs disaient donc vrai, les nains étaient partis en guerre.

Il eut un regard en coin envers son père mais il ne put résister à la tentation d’exprimer son point de vue. Son caractère immodéré était connu de tous. Il n’était jamais méchant, mais il lui était impossible de mentir. Il parla sans détour, de sa voix caverneuse où grondait une colère contenue.

- Quel … intérêt pour Notre peuple, de venir au secours d’une cause perdue ? Comment une poignée de Béornides pourrait changer une situation aussi … délicate ? Et il reprit délibérément le terme de la vieille Dalite. Comment espérer l’impossible ? Et je m’abstiendrai de poser les questions qui fâchent sur l’intérêt d’une reconquête déguisée sous le voile d’une guerre ouverte contre les gobelins.

Il laissa ses mots s’abattre comme un couperet dans une atmosphère presque palpable, pesant sur eux comme une chape de plomb. Que venaient-ils chercher exactement ? Telle était la question. Les nains n’avaient-ils pas tendance à les convoquer uniquement pendant les heures sombres, pour leur tourner ensuite le dos une fois la splendeur de leurs cités retrouvées ? Leur avaient-ils seulement offert du mithril quand ils en avaient trouvé en Moria ? Hadhod Croix de Fer leur avait-il seulement proposé quoi que ce soit de juste et d’équitable ? Ce brave seigneur, qui avait, par avidité et égoïsme, fermé les grandes portes de Khazad Dûm à son propre peuple ! Thorik serait-il venu les quérir s’il avait réussi son entreprise et s’il avait eut la victoire ? Leur aurait-il proposé des traités commerciaux avantageux en temps de paix afin de partager avec tous sa prospérité ? Waldemar en doutait fortement. Erebor avait maintenu ses portes fermées, quand, plus jeune, il avait demandé à y pénétrer pour en découvrir les richesses. Les nains n’étaient pas les seuls maîtres de la rancune tenace. Et il leur faudrait des arguments autrement plus convainquant pour obtenir une aide de sa part. Son père était une figure d’influence, plus posé et à peine plus sage. Mais Waldemar savait aussi que bon nombre d’hommes ne partiraient pas en guerre s’il refusait ouvertement de s’engager aux portes de la mort.  
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Evart Praven
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyJeu 24 Déc 2015 - 0:17
~ Delilah Dubhghoill ~

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Comme on pouvait s’y attendre, la réponse des Béornides, au moins Waldémar, fut cinglante. Qu’il fut sincère ou simplement cynique, il frappait là où ça faisait mal et faisait sentir sa force. N’importe quel politique avec deux sous d’intelligence aurait fait exactement pareil, ils pouvaient maintenant demander tout ce qu’ils voudraient. Décidemment cet imbécile d’elfe les aura mis jusqu’au coup. Ne se laissant pas décontenancer, Delilah prit la voix calme d’une vieille dame donnant une leçon à un homme plus jeune et moins éduqué :

- Allons messire Waldémar, délicate ne veut pas dire perdue et dangereuse ne veut pas dire désespérée. Par contre, je vous supplie de ne pas oublier votre histoire, maintes fois votre peuple nous a sauvés face aux gobelins. Cette aide que vous nous avez maintes fois apportée, nous vous la redemandons encore une fois.

Reprenant un ton plus offensif, elle s’adressa plus largement à l’assemblée. Pleine de verve, elle était sûre de ce qu’elle disait, en tout cas, c’est ce qu’elle laissait paraître à tout instant. Depuis sa plus tendre enfance, elle était habituée à mentir et déclarer tout avec aplomb alors ce n’était pas devant des béornides qu’elle allait se laisser décontenancer par une question délicate. Elle justifia alors des décisions qu’elle abhorrait secrètement :

- Quant à la question que vous ne souhaitez pas poser, elle ne fâche en rien. La guerre contre les gobelins est inévitable tant les dangers qu’ils font peser sur nous tous sont nombreux. N’avez-vous pas entendu ces histoires en Rhudaur de fermes brulées, de patrouilles pendues et de villages massacrés ? La guerre contre les gobelins est une nécessité pour assurer la paix dans tous les peuples des deux côtés des Montagnes Grises. Quant aux objectifs de cette expédition, ne vous vous faites pas plus naïf que ce que vous êtes réellement. Parfois les peuples ont besoin de symboles. Les ambitions affichées de reconquérir Gundabad et Belegil ne servent qu’à démultiplier la motivation des nains et leur ardeur au combat. Désormais ils ne se battent pas que pour tuer, ils se battent pour un idéal.

Ayant fini un exposé quelque peu fallacieux, elle ne laissa pas le temps de répondre à son interlocuteur pour continuer sa démonstration. Il s’agissait maintenant de leur faire faire un premier pas vers eux en leur forçant à reconnaitre qu’ils étaient, de fait, impliqués. Une fois que ce serait fait, il fallait leur faire comprendre qu’ils avaient une place à prendre dans cette guerre. Après cela, on se dirigerait probablement plus vers les modalités de la négociation que vers le fond. Ce serait alors un grand pas pour tous et ce serait alors à l’émissaire nain de faire les concessions nécessaires. Reprenant le ton chaleureux et didactique d’une vieille gouvernante, elle orienta alors le débat :

- Désormais la seule question que vous devriez vous poser est la suivante. Dans l’éventualité où les nains ne seraient pas partis en guerre contre les gobelins, auriez-vous été en sécurité ? Pensez-vous que les gobelins vous auraient laissés vivre en paix ?
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Hadhod Croix-de-Fer
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyMer 20 Jan 2016 - 22:06
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Ce n'étaient donc pas des voyageurs refusant de s'acquitter du droit de passage, mais des émissaires envoyés dans le but de quérir son aide, l'aide de son peuple, pour les aider dans leur guerre. La guerre, encore et toujours. Le monde ne pouvait donc pas tout simplement vivre, s’occuper de ses activités quotidiennes, profiter paisiblement du temps qui lui était imparti. Non, il fallait toujours qu'untel aille chercher querelle à untel. Ça ne l'étonnait pas trop de ces Nains, dont l'esprit avait toujours été tourné vers quelque lingot d'or ou vers quelque glorieuse idée de vengeance. Les Humains aussi étaient très portés sur ces idées-là, quoique pour d'autres raisons... certes le peuple béornide appartenait aussi à cette race, mais ils étaient un peu marginaux dans leur manière d'être, et cela leur avait toujours convenu : ils disposaient d'un petit pays et en étaient satisfaits, ni plus ni moins. Mais qu'un Elfe aille soutenir l'idée d'une guerre naine, cela l'intriguait au plus haut point.

V
arbeorn apprécia l'entrée et la présentation respectueuse que firent les trois émissaires. C'était déjà un bon point, bien que toute cette belle politesse dût sans doute être guidée par le but qu'ils comptaient atteindre. D'autres, par le passé, avaient été moins courtois, et en avaient fait les frais. C'était la condition pour que lui, Varbeorn, les laisse s'exprimer devant ce conseil improvisé, et cette condition était remplie. Le reste, maintenant, était une tout autre paire de manches.

A
près que le dénommé Harok eut présenté de manière claire et concise la situation et la requête, ce furent principalement le sieur Eruinlend et la dame Dubhghoill qui tentèrent de le convaincre, de les convaincre, par des arguments mettant en avant les conséquences à plus ou moins long terme que pourrait avoir une défaite naine, sur les Béornides. Tandis qu'il méditait sur ce qui avait été dit avant de prendre la parole pour leur répondre, Varbeorn entendit la voix grave et grondante de son fils retentir à sa droite. Il n'y avait que peu de protocole chez le peuple du Carrock, et lui-même n'était pas du genre à se vexer parce qu'on avait parlé avant lui. Ce fut plutôt le ton qu’employait Waldemar qui le chagrina, ainsi que l'emportement dont il ne savait se prémunir. Quand apprendrait-il à se contrôler ? Il s'abstint néanmoins de toute remontrance sur le moment, car il souhaitait voir les réactions des négociateurs à cette soudaine montée en tension.

Il ne s'exprima que lorsque Delilah eut fini de parler.

– Mon fils, dit-il fermement mais avec calme à l'attention de Waldemar, quoique je partage certaines de tes convictions je te prie de mesurer tes propos. Nous avons donné à ces gens le droit de s'exprimer devant notre assemblée, et ils l'ont fait. Nous pouvons leur répondre oui, comme nous pouvons leur répondre non, mais ne nous montrons pas désagréables avec eux.

Varbeorn n'aimait guère reprendre son propre fils en public. Ce dernier avait un caractère affirmé, et ce n'était qu'un euphémisme. Bientôt viendrait le temps où même les conseils du père peineraient à avoir prise sur l'esprit du fils, il le pressentait. Mais l'agressivité ne pouvait que créer des dissensions, voire de futurs conflits, et cela il fallait à tout prix l'éviter.

– Cela fait en effet plus de vingt ans, Dame Dubhghoill, depuis que mon père a guidé notre peuple à la bataille pour soutenir le vôtre. La situation peut paraître assez similaire, pourtant elle est aussi très différente. Soutenir un peuple qui nous est apparenté, le peuple des dalites, est une chose. Soutenir un peuple avec lequel nous n'avons que peu de relation, comme celui des Gens de Durin, en est une autre. Et je ne dis nullement ceci par manque de respect avec vous ni envers votre roi, Harok. Simplement, je ne crois pas me souvenir que les gens de Cavenain, du Mont Solitaire, ou des Monts du Fer, nous aient apporté leur aide en une quelconque occasion. Mais je n'ai rien contre vous Harok, et si quelques griefs ont pû agiter nos deux peuples par le passé, ils sont enterrés et oubliés.

Il marqua une pose et regarda de droite et de gauche pour essayer de lire sur les visages de ses compatriotes, avant de poursuivre.

– Vous dites que le mal que combat le roi Thorik nous atteindra s'il venait à mourir. C'est sans doute vrai. Et il est aussi vrai qu'une poignée de guerriers peut faire pencher la balance, dans le cas où celle-ci est presque à l'équilibre. Néanmoins, une chose me retient. J'ai ouï dire que le Conseil de Cavenain discutait depuis quelques temps la possibilité d'ouvrir les mines aux voyageurs moyennant un droit de passage, rendant par là même inutile notre long travail de maintien du Haut Col. Ce serait un rude coup porté à nos revenus si cette décision venait à être prise. Et il me serait bien douloureux d'envoyer mes gens au secours de ceux qui, pour accroître encore leurs richesses, seraient prêts à faire vaciller notre modeste économie. N'avez-vous pas assez du mithril ?

Pour le coup, Varbeorn se moquait bien qu'Harok soit originaire d'Erebor. Il parlait à l'envoyé du Roi des Nains, et donc à tous les Nains mis dans le même panier.


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Sighild Baldrick
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyMar 2 Fév 2016 - 20:10
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Harok se contenta d’écouter chacun des interlocuteurs présents, plus la conversation avancée et plus il se demandait quelle était sa place au sein de cette assemblée.

Il n’avait rien d’un diplomate, il était certes de sang royal mais la tâche qu’on lui confiait ressemblait plutôt à un fardeau. Le maître forgeron sentait un poids assez conséquent sur ses épaules : il ne cessait de penser aux conséquences de son échec.

Harok ne laissa cependant rien transparaître mais se permit seulement de fixer le fils de Varbeorn suite aux propos qu’il tint. Y-avait-il la moindre rancœur à l’égard de son peuple ? Le nain avait eu un faible instant cette impression.

Ce fut ensuite au tour la noble humaine qui parla, insistant sur la nécessité de leur venir en aide, chose que le nommé Varbeorn comprit.

Harok eut un instant de la fascination pour lui, il avait l’air d’être une sage créature, plus sage en tout cas que sa progéniture.

C’est sans plus attendre que le maître forgeron parla avec le plus grand calme :
« Tout comme vous, je conçois que mon peuple ait commis des erreurs par le passé mais comme vous l’avez si bien dit, elles sont oubliées. En partant de ce principe, et au vu des événements actuels, je pense que nos peuples peuvent repartir sur des bases saines. Effaçons la rancœur encore trop présente dans les cœurs de certains et forgeons une alliance pour préserver la paix. »



Il marqua une pause et reprit :

« Cependant, je suis conscient que cette alliance ait un coup et je ne suis pas un adepte des sous entendus. Quelles sont exactement vos conditions ? »




Harok arrêta de parler, il venait lui-même de s’étonner quant à ses propres dires. Cette alliance était fondamentale pour leur peuple, il devait réussir, pour son Roi, pour son défunt oncle et aussi pour lui. Pour autant, il n'était pas homme d'Etat et préférez que les choses soient posées clairement.

Le maître forgeron était capable de réunir ces peuples et de forger une alliance comme il forgerait une arme.



[HRPG : c’est court désolée]
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Nathanael
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyDim 7 Fév 2016 - 12:31
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Les poings serrés sur la table, contenant difficilement la colère qui l’agitait, il fixait ses mains pour reprendre son calme. La nervosité faisait trembler ses doigts. Ceux qui le connaissaient bien pouvaient deviner, au frétillement de sa barbe, qu’il n’allait pas tarder à exploser.  La diplomatie n’avait jamais été son fort, il le savait lui-même. Les longues entrevues alambiquées où chacun donnait un point de vue modéré pour tempérer les rancœurs et faire oublier les vieilles dettes n’étaient pas sa tasse de thé. La vieille dalite semblait la plus douée à ce petit jeu, usant des mots comme d’une épée au fil acéré. Elle avait du trancher bien des têtes et faire tomber bien des réputations avec sa langue de bois. Mais Waldemar n’était pas dupe. Que les nains décapitent donc des peaux vertes, qu’ils fassent brûler leurs trous puants et qu’ils les chassent comme des rats pour soulager leurs ambitions conquérantes. Mais investir des Béornides dans la bataille, cela revenait à planter un drapeau rouge sur le Val pour indiquer aux gobelins la prochaine cible de leurs représailles. Combien de nains se battaient actuellement, contre combien de gobelins enragés ? Il répondit à Delilah sur un ton incisif et mordant.

- Un idéal n’a aucune valeur si vous êtes incapable de le mettre en pratique. Si les nains n’étaient pas venus chatouiller les gobelins de ce côté-là de la montagne, sans doute serions-nous restés à l’abri de toutes représailles. Nous n’avons jamais eu besoin de l’aide des nains pour tenir les peaux vertes à l’écart de nos villages et de notre route commerciale.

Son père chercha vainement à calmer son tempérament, mais Waldemar ne pouvait laisser quiconque proférer de tels mensonges en sa présence. Faire croire que les Béornides étaient menacés, c’était se faire une piètre image du courage des hommes du Val d’Anduin et de leur capacité à se défendre et à résister. Depuis des longues décennies, ils supportaient seuls les invasions des gobelins et savaient les repousser avec énergie pour protéger leur peuple. La route du gué au Haut Col n’en était-elle pas la preuve ? La seule voie de passage à des lieues à la ronde qui permettait d’assurer un commerce pérenne et prospère entre deux contrées éloignées qui n’avaient pas daigné une seule fois les soutenir dans leur effort. Ils devaient exiger des droits de passage, sans quoi, il le savait, personne ne le leur aurait donné la moindre aumône.

Varbeorn était plus subtil et modéré. Mais sa proposition manquait de vigueur. Il n’était plus temps de quémander mais d’exiger. Il trouvait inacceptable de sacrifier le sang de ses hommes pour quelques intérêts économiques et mercantiles. La vie d’un Béornide n’avait pas de prix, et il était inadmissible de justifier des morts par des contreparties financières. Même si son père abattait un atout sur la table des négociations, il lui était impossible de soutenir une partie auxquels ils n’avaient pas été conviés mais qui leur avait été imposée. Que les nains s’étouffent avec leur barbe et leur orgueil, il était hors de question qu’il mène ses hommes au sacrifice pour le plaisir des Naugrims et de leur symbolique guerrière !  

- Vous me verrez dans l’incapacité de jeter mes hommes en pâture aux gobelins pour satisfaire l’arrogance naine et l’esprit dominateur qui les gouverne. Que mon père mène cette guerre s’il le souhaite, mais qu’il pense à la valeur des hommes perdus contre lesquels il souhaite échanger notre sécurité économique, si jamais vous revenez victorieux. Car c’est une probabilité que vous ne semblez pas vouloir admettre. Quelques Béornides n’y changeront peut-être rien. Et, si, alors, nos peuples échouent à repousser les gobelins, nous serons les premiers à en payer le prix. Vous nous faites de bien grandes promesses pour de si faibles chances de réussite. Il ne suffit plus de douceurs et de sucreries comme à un enfant pour soumettre ma volonté à vos ambitions. Les promesses sont comme les idéaux, elles n’ont aucune valeur tant qu’elles ne sont pas mises en œuvre. Et je me méfie de la parole d’un nain comme du sifflement du serpent.

Et sans plus laisser planer de doute sur ses intentions, il lia le geste à la parole et se leva. Comme la coutume l’imposait, il répéta les bénédictions qui s’imposaient pour accompagner son père et ses proches au combat, puis il quitta l’assemblée. La colère le faisait tressaillir et il aurait été impossible de le raisonner pour qu’il revienne s’asseoir aux côtés de ces étrangers venus réclamer leur soutien.Il n’était jamais bon de s’allier à qui que ce soit, on en restait toujours redevable de quelque chose. Et Waldemar avait une trop haute estime de sa personne pour serrer la main qui l’avait un jour chassé et humilié.
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Hadhod Croix-de-Fer
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyDim 7 Fév 2016 - 18:50
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Des cinq chefs de clan assis de part et d'autre de lui, la majorité avait été présente, il y a plus de dix ans, quand il avait présenté son fils unique comme son successeur, celui qui serait amené à guider le peuple des Béornides à sa mort. Cette cérémonie – si on pouvait appeler cela ainsi – s'était déroulée ici même, dans la maison héritée de ses ancêtres, maintes fois rénovée mais qui n'avait rien perdu de son âme d'antan. Aujourd'hui, Varbeorn n'osait même plus tourner la tête et affronter le regard de ses propres hommes. Où était à présent le petit garçon qui s'amusait à passer en riant entre les pattes des chevaux pour échapper à son père ? Où était le garçon qui aimait à le suivre jusqu'à l'orée de la forêt pour récolter le miel et en déguster une lampée au passage, ou qui regardait les brioches gonfler sous le regard bienveillant de sa mère ? Ce n'était plus en passant sous le ventre des chevaux qu'il échappait à l'autorité de son père, mais en claquant la porte à cette entrevue. Et cette fois-ci, il ne le poursuivrait pas : cela ne servirait à rien, de toute façon.

Le bruit sec de la porte fut suivi d'un moment de silence, qui lui sembla durer une éternité. Varbeorn songeait à la réaction des autres Béornides, se demandant ce qui pouvait bien se passer dans leurs têtes. La position inflexible et les envolées verbales de son fils pouvaient faire des adeptes, il en était conscient. Les Béornides et le reste du monde était une vision séduisante qui allait et venait depuis que ce peuple s'était établi à l'ombre du Carrock, autant dire depuis des temps immémoriaux, et Waldemar semblait la remettre au goût du jour. Varbeorn pouvait comprendre la réaction de son fils : le monde extérieur l'avaient déçu par le passé, et les Nains tout particulièrement, il le savait.

Il y avait néanmoins des négociations à poursuivre. Car, toute bruyante qu'ait été la réaction de son fils, ce n'était pas à lui – pas encore – que revenait la décision d'accéder ou non à la requête des ambassadeurs. Ceux-ci, après avoir suivi du regard le départ du colérique héritier, s'étaient à présent retournés vers lui, attendant de voir quelle allait être la suite des événements...

– Les lourdes décisions ont le don d'exacerber les sentiments, déclara-t-il enfin. Tel semble donc être l'enjeu : le sang de mon peuple, contre des revendications bien moins sacrées, des revendications aussi terre-à-terre que la sauvegarde des revenus d'un droit de passage. Pourtant, ne nous battons-nous pas pour nettoyer le passage du Haut Col, et ne l'avons-nous pas payé parfois de notre sang ? Combien des nôtres sont morts, depuis le temps que nous maintenons cet accès ouvert, pour assurer la subsistance de nos femmes et de nos enfants ? Combien des nôtres sont tombés lors des sorties des créatures de Gobelinville, de leurs maudites portes dérobées ? Peu en comparaison des peaux-vertes écharpés, mais beaucoup si l'on en fait le compte au fil des siècles. Si les Nains nous volent notre activité, si nous désertons le Col et le laissons à nos ennemis, le long labeur de nos ancêtres aura été vain.

Il disait cela davantage à l'attention de ses compatriotes que des trois étrangers, mais son regard s'attarda longuement sur cet Harok, seul représentant de la race du Roi qui quémandait leur aide, et son cousin qui plus est. Sur lui reposait une grande partie des négociations, à ce qu'il semblait. Mais, que les grands débats ne fussent pas son fort ou qu'il eût une manière toute particulière de négocier, son attitude était pour le moins étrange. Certes Varbeorn n'avait pas littéralement exposé ses conditions en tant que telles, mais le sous-entendu n'était pourtant pas bien difficile à saisir. Mais les Nains étaient un peuple étrange, bien que Varbeorn ne l'avouât pas de manière aussi virulente que son fils...

– Maître Harok, cette alliance a bien plus qu'un coût, car ce ne sont pas de vulgaires lingots de mithril que je demande. L'argent pour l'argent ne nous intéresse pas. Nous donneriez-vous de quoi subsister pendant un siècle que cela ne nous ferait pas bouger d'un pouce. Nous voulons juste préserver notre mode de vie, et perpétuer les traditions héritées de nos ancêtres, et pouvoir vivre de cela. Ma condition est la suivante : nous enverrons des guerriers si vous pouvez vous porter garant, sur votre vie même et sur celle de vos deux camarades, que la Moria n'ouvrira pas une voie d'accès pour les voyageurs souhaitant franchir les Monts Brumeux. Si vous pouvez faire cela, je procéderai à une consultation des chefs présents à cette table avant de prendre ma décision finale. Vous avez dors-et-déjà une voix contre vous, celle de mon fils.


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Evart Praven
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyLun 15 Fév 2016 - 0:36
~ Delilah Dubhghoill ~

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Alors qu’on remontait péniblement la pente des négociations, le fils du seigneur béornide semblait bien décidé à s’opposer aux choix de son père. Même si elle pouvait comprendre que l’homme ait eu des principes, qu’elle ne partageait pas, il posait réellement problème. Par ailleurs, il était particulièrement stupide de laisser quelque principe que ce soit intervenir dans une négociation. Evidemment cela ne facilitait pas la position de Varbeorn, mais celui restait en position de force. Cela d’autant plus que le nain ne semblait pas des plus à l’aise. Il commençait à devenir pesant à accumuler les bourdes. Envoyer un membre de la famille royale était peut-être une bonne chose pour négocier entre gens civilisés où des petites mains s’occupaient de l’essentiel mais, ici, chez les Béornides, cela semblait être un choix hasardeux. Lorsque la demande fut enfin faite en bonne et due forme, comprise par tous, Delilah proposa :

- Je pense qu’il serait bon de laisser à Maître Harok tout le loisir de réfléchir à votre proposition. C’est un choix important et je ne pense pas qu’il puisse se faire à la légère. Peut-être pourriez-vous nous accorder une à deux heures ?

En homme sage, mesuré et diplomate, Varbeorn accepta la demande de la dalite. A dire vrai, celle-ci était particulièrement fatiguée et espérait mettre ce temps à profit pour se reposer, entre autres choses. C’est ainsi que, petit à petit, l’assemblée se débanda. Alors que l’ambiance s’apaisait et qu’ils s’apprêtaient à se lever, Delilah se pencha vers le nain :

- Maître Harok, pourriez-vous me rejoindre dans ma tente d’ici trois quart d’heures ? J’aimerai discuter avec vous de ce qui nous occupe.

Opinant du sous-chef, le nain ne semblait pas trop savoir quoi faire. L’elfe s’éclipsait rapidement pendant que la majorité des chefs béornides discutaient entre eux, probablement commentaient ils la négociation et ce qui c’était dit. Avec une certaine sagesse, Varbeorn ne s’était pas mêlé à leurs discussions. Il valait probablement mieux une expression maîtrisée et bornée que les forcer à parler discrètement, en sous mains. Tandis qu’il s’approchait d’elle pour sortir, Delilah lui effleura légèrement le bras. D’une voix douce, presque imperceptible, elle demanda :

- Messire Varbeorn, auriez-vous l’extrême gentillesse de bien vouloir me raccompagner jusqu’à ma tente ?

Dans un élan de courtoisie tout à fait opportun, Varbeorn accepta sa requête. Passant devant tout le monde au bras de son sauveur, Delilah et le beornide sortirent de la tente parmi les premiers. Tandis qu’ils marchaient doucement, la vieille dame confia :

- Je vous prie de m’excuser. Je me sens si faible que je ne pensais pas pouvoir regagner ma tente sans l’aide de quiconque. Marquant une pause pour reprendre son souffle, elle glissa : Je vous remercie d’avoir eu la courtoisie de me ramener.

Tandis qu’ils marchaient, Delilah pouvait apprécier la fine brise qui apportait un air pur et rafraichissant. Le pas lent de la vieille dame leur laissait tout le temps de discuter. Voulant dissiper un malentendu, la dalite lui demanda :

- J’espère que cette négociation n’aura pas détérioré en quoique ce soit vos relations avec votre fils ? Il me serait si difficile de savoir que j’ai aidé à monter un fils contre son père.

Tandis qu’ils continuaient à marcher, la vieille dame était prise dans de vieux souvenirs de Dale. De la première venue des béornides dans sa cité et de leur aide pendant la guerre contre les gobelins. C’était l’époque où elle était jeune, belle, où la vie était simple, insouciante, heureuse. Elle se souvenait des crinolines qui virevoltaient sous les plafonds lambrissés des palais dalites. D’une voix presque mélancolique, elle lui demanda :

- Vous souvenez vous de cette époque où vous étiez venu à Dale ? C'était la grande époque des fêtes et bals à Dale. On dit que si vous n'avez pas connu la Cour de Dale à cette époque, vous ne pouvez savoir ce qu'est la joie de vivre. Ah les grandes mascarades, les bals en grandes tenues de Cour, les festins aux milles plats, les gigantesques feux d'artifice, les fontaines d'or desquelles jaillissent feu et hypocras, les labyrinthes de verdure dans lesquels se tenaient milles rendez-vous galants. Quel passé glorieux pour notre royaume. Je ne vous ai jamais demandé si vous aviez apprécié votre séjour ? Nous avons un mode de vie si différent du vôtre. Vous savez, à l’époque, vous étiez une vraie attraction pour toutes les jeunes filles de la Cour. Un jeune homme fort, exotique et séduisant faisait tourner plus d’un cœur. Je dois avouer qu’à l’époque, comme toutes les autres, j’éprouvais un certain attrait pour vous. Maintenant vous avez gagné en âge et en sagesse, j’imagine que je peux maintenant vous considérer comme un ami. A tout le moins, comme une personne en qui je peux avoir confiance, n’est-ce pas ?

Comme ils approchaient de sa tente, Delilah pouvait voir ses gens s’affairer à préparer son repos. Sa tente était splendide avec des pans extérieurs en velours bleu nuit aux étoiles d’argent. Composée de deux pièces, elle était relativement grande avec une vingtaine de pieds de largeur et près du double en longueur. Alors qu’ils s’approchaient de l’entrée de la tente, la vieille dame fit montre de sa reconnaissance :

- Je vous remercie pour votre aide, il m’a été si agréable de me souvenir du passé avec vous. Se souvenant brusquement d’une petite affaire dont elle voulait parler avec le seigneur béornides. Au fait, pourriez-vous m’accorder un entretien au particulier, une fois ces négociations achevées ? J’aimerais vous parler d’une petite affaire dans laquelle j’aurais quelque intérêt. Merci encore pour votre aide. Tandis qu’elle s’apprêtait à rentrer dans sa tente, elle se retourna vivement. Ce voyage avait eu un effet étrange sur elle, comme s’il lui faisait réaliser son grand âge. Vous savez messire Varbeorn, ce voyage est peut-être, probablement même, le dernier que je ferai avant celui, contraint et forcé, soyez en certain, vers le monde des morts. Je suis heureuse d’avoir pu le faire chez vous, dans un pays ami.

S’éclipsant derrière les lourds pans de tissus gardant l’entrée, Delilah constatait que tout était prêt dans sa demeure de campagne. L’intérieur était garni de tentures cramoisies aux garnitures en fils d’or, il y avait aussi une petite table de voyage en noyer aux incrustations d’or et de marqueterie, il y avait aussi quelques petits fauteuils pliants décorés à la feuille d’or ainsi qu’une splendide secrétaire. Le sol était couvert d’épais tapis et tandis qu’elle se dirigeait vers son lit à baldaquin qui se trouvait séparé du reste par une grande tenture, elle croisa sa dame de compagnie :

- Il faut que je me repose pendant quelques temps. Il faudra donc envoyer un pli au nain pour le convier à venir et, une fois parti, un autre au seigneur Waldemar, le fils du seigneur Varbeorn, je voudrais lui parler avant que la négociation ne recommance.

- Oui, madame.


Ne prenant même pas le temps de lui répondre, Delilah la congédia pour aller se reposer. Elle était épuisée par le voyage et devait absolument prendre un peu de repos en attendant la venue du cousin du Roi des Nains.
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Hadhod Croix-de-Fer
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyJeu 25 Fév 2016 - 16:59
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Diable, qu'elle pouvait être agaçante. Un peu comme ces vieilles grands-mères à qui il faut toujours sourire et accéder aux demandes alors même qu'on en a point le temps ni l'envie. Si elle n'était pas chez elle, il semblait que ce fût tout comme : elle avait réclamé sa petite pause, réclamé son bras pour l'aider à marcher, planté sa tente luxueuse à quelques encablures – ou tout du moins l'avait faite installée par ses valets, car ce n'était pas le genre de personne qui avait l'habitude de faire les choses par elle-même, semblait-il. Lui eût-elle demandé quelques gâteaux au miel pour son en-cas qu'il n'aurait pas trouvé la chose étonnante.

Pourtant, force était de constater qu'une levée momentanée de la séance n'était pas du luxe. L'enjeu était grand d'un côté comme de l'autre, les demandes étaient élevées et les réponses ne devaient pas se faire à la légère. Que la dalite cherchât, pendant l'intermède, à convaincre le nain d'accepter l'offre ou au contraire à exiger une modification des termes en sa faveur, il était évident que sa manœuvre n'était pas anodine et qu'elle ne souhaitait pas simplement prendre un peu de repos. Mais le temps de réflexion servirait aux deux parties, et peut-être encore davantage aux béornides qui n'avaient eu le temps de peaufiner aucune stratégie, contrairement au trio d'émissaires qui avait disposé de longs jours et sans doute même de longues semaines pour se concerter. C'est pourquoi Varbeorn avait accepté.

Les diverses tentatives de Delilah d'engager la conversation sur des sujets parfois très privés le mirent presque mal à l'aise. Il craignait d'y voir là de simples paroles de façade, proférées avec affabilité certes, mais qui n'avaient peut-être d'autre but que de gagner son estime. Il ne pouvait toutefois en être absolument certain, et lui accorda le bénéfice du doute.

– Qu'y voulez-vous, les relations entre un père et son fils sont parfois loin d'être un long fleuve tranquille. Il a toujours eu un caractère bien à lui, et si cette discussion a été l'élément déclencheur de sa colère, rassurez-vous en vous disant que, tôt ou tard, une autre cause aurait pu occasionner les mêmes conséquences. C'était inévitable.

Ne souhaitant pas s'étendre davantage sur la question, il fut heureux d'entendre Delilah enchaîner sur un sujet plus léger, et évoquer le souvenir des jours d'antan, lorsqu'un quart de siècle plus tôt, lui et son vieux père Bjorn étaient montés au Nord et avaient contribué, braves et intrépides, aux victoires sur les ressortissants maléfiques des Hithaeglir. Aujourd'hui, l'Histoire était sur le point de se répéter, semblait-il. C'était tout du moins ce que voulaient ces gens. Les choses se répètent sans cesse, mais jamais deux fois exactement de la même façon, c'est bien connu.

– Je me souviens de cette époque, Dame Delilah. J'étais alors monté pour guerroyer, et n'avais probablement pas la tête aux choses légères que vous me contez. J'imagine de là les réactions des pères en apprenant que leur fille a le béguin pour un grand béornide du Val d'Anduin d'une cinquantaine d'années. Je ne crois pas qu'ils auraient approuvé. Et puis notre façon de vivre est bien différente de la vôtre, comme vous l'avez dit. Nous n'aimons guère le faste ni le grandiose, et préférons de loin l'herbe verte d'une prairie au planché ciré d'une salle de bal. Mais Béornides et Dalites ont ceci en commun : ils recherchent la contemplation de la beauté, les uns dans les choses simples et authentiques, dans ce que le monde vivant a à leur offrir, les autres dans le raffinement de l'art et dans les créations de l'esprit humain, à ce qu'on dit.

La vraie différence, c'est que la beauté que chérissaient les Béornides durerait sans doute bien plus longtemps que celle, artificielle, si chère aux Dalites. Mais cela, il se garda bien de le lui dire.

– Quoi qu'il en soit, sachez que vous pouvez avoir confiance en moi. Car si j'ai une seule qualité, c'est la droiture ; et la trahison, à n'importe quelle hauteur que ce soit, ne fait pas partie de mes armes, jamais. À quelle fin aboutiront ces pourparlers, je ne saurais le dire. Mais si c'est le choix de l'action qui l'emporte en fin de compte, les choses pourraient s'accélérer brutalement et laisser peu de place à la parole. J'essaierai toutefois de vous accorder cet entretien, si je le peux.


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Sighild Baldrick
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyLun 30 Mai 2016 - 19:17
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Le maître forgeron avait écouté, observé et quitté la salle d’audience comme ses compagnons de route.
A l’air libre, il prit une pleine bouffée d’air et sentit la nausée monter dans sa gorge. Cela faisait
longtemps qu’il n’avait pas ressenti cela : la peur d’échouer. Harok ne cessait de se rappeler son rang et ses fonctions : il n’était pas un grand orateur, encore moins un grand diplomate et cela se voyait.

Dame Delilah lui avait sans doute sauvé la mise en demandant la suspension d’audience, pour autant, le nain ne lui faisait pas confiance : la vieille Dame servait sans aucun doute ses propos intérêts.
Que pouvait-il faire ? Que devait-il faire ? Quelle conséquence pour son peuple ?

S’il refusait l’offre ou si tout simplement il venait à échouer : son peuple subirait sans doute la puissance de l’ennemi et les pertes seraient immenses. Il pourrait être banni de son peuple pour son incompétence…mais sa place ne devait pas être là. C’était à son cousin d’être en ces lieux, pas lui.
Mais il avait passé l’âge de rejeter la faute sur les autres…il devait réfléchir, vite et bien.
La vieille dame voulait le voir…mais avant cela, il devait se décider.

La demande du Seigneur Varbeorn était pour lui convenable mais un fin analyseur ou haut comptable de l’économie Naine s’y opposerait à coût sûr…pour autant, cela semblait être la solution la plus abordable et la plus acceptable pour les beornides.

Dans quel pétrin l’avait-il mit ? Lui, simple forgeron. Harok avait l’impression de n’être qu’un simple pantin. Et si son cousin l’avait jeté dans la gueule du loup pour n’avoir aucune responsabilité dans cette affaire ? Etait-il un obstacle, lui, un bâtard ?

Le point du nain se serra, la simple idée de s’être fait dupé par son cousin lui était insupportable. Si son hypothèse venait à être vraie…il ne répondrait de rien, même s’il avait fait une promesse à SON Roi.

Le larbin de la vieille dame vint le chercher pour l’entrevue convenue. Il le suivit sans un mot et arriva dans la luxueuse tente de Delilah. Le maître forgeron scruta un faible instant le petit coin douillé de l’humaine.

Delilah était en train de se redresser de sa couchette, tandis que le nain l’observait, encore une fois silencieux.

Il se doutait bien de ce qui allait lui arriver : des reproches, des critiques mais il n’en avait que faire. Il était maître forgeron, pas diplomate…
[HRPG : Petit et pas terrible, désolée pour le retard Wink]
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Evart Praven
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptySam 4 Juin 2016 - 18:24
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La vieille dame était épuisée par un tel voyage et la courte sieste qui suivit lui fit grand bien. Elle avait besoin d’un peu de repos. Il y eut malgré tout un petit cafouillage puisque le nain fut introduit alors qu’elle était seulement en train de se lever. C’était une grave erreur et une faute de protocole qu’elle ne manquerait de faire remarquer à ses serviteurs. Si le monde dans lequel elle vivait avait des règles, ce n’était pas pour rien. Heureusement le nain ne comprenait vraisemblablement pas grand-chose aux coutumes de la haute société dalite, chose parfaitement partagée par Delilah au sujet des nains au demeurant. Elle l’invita donc à s’asseoir et lui proposa une bière qu’elle importait d’Erebor. Elle-même se contentait d’un simple verre d’hypocras de ses vignes. D’une voix calme, elle demanda au maitre nain :

- Je souhaitais savoir si vous aviez réfléchi à la proposition du Seigneur Varbeorn et ce que vous en pensiez ?

Elle laissa le maitre de forge s’exprimer. A dire vrai, elle ne comprenait pas bien pourquoi le Roi avait envoyé un forgeron négocier un traité d’alliance. Bien qu’il fut de sang royal, il était né du mauvais côté du lit et n’avait rien d’un haut placé. Certes les nains vouaient un véritable culte aux métaux et il avait donc un poste prestigieux mais cela ne faisait pas de lui un diplomate. Malgré tout, il s’en était sorti honorablement et elle voulait être bien sûr qu’il comprenait les tenants et aboutissants de cette affaire.

- Est-ce que vous rendez bien compte des conséquences que cela va avoir pour les nains de la Moria ? Delilah évitait d’utiliser le nom que les nains donnaient à leur cité car elle le prononçait très mal et préférait largement utiliser les termes westrons. Ce sera probablement un gros manque à gagner pour les finances des vôtres. Êtes-vous prêt à parler de la sorte pour tous les nains ? Et surtout à parler au nom de ceux de Cavenain ? Je ne suis pas une très grande connaisseuse de la politique intérieure naine mais j’espère que cela ne causera pas de tensions entre vos cités.  Se rendant compte qu’il avait compris la lourdeur de sa tâche, elle continua. Même si j’imagine déjà qu’elle est la réponse que vous allez apporter, puis-je vous la demander ? Ainsi donc sa décision semblait prise bien qu’il ne sembla pas tout à fait convaincu, elle se permit donc de rajouter. Je pense que la décision la plus sage est bien d’accepter leur proposition. En temps habituel, j’aurais été tentée de négocier un peu plus avant mais je dois avouer que, cette fois-ci, cela s’est plutôt mal passé… Voulant rassurer le nain, elle lui dit d’une voix douce. Ne vous inquiétez pas, vous avez joué votre rôle tout à fait convenablement. Par contre, je suis très étonné de l’attitude du capitaine elfe. Il aurait voulu mettre cette mission en péril qu’il ne s’en serait pas débrouillé mieux. Avec leur âge vénérable et leur sang, ils ne sont pourtant pas personnes à faire ce genre de bêtises. Je ne sais pas qu’elles étaient ses réelles intentions dans cette affaire, pensez-vous qu’il ait pu vouloir la faire échouer délibérément ? Elle insista bien sur ce dernier terme. Je n’aurais probablement pas pu l’imaginer il y a de cela quelques jours mais je m’interroge maintenant sur les réelles intentions des elfes de la Forêt Noire. Se pourrait-il qu’ils aient eu dans l’intention de faire échouer ses négociations voire pire ? Imaginez les conséquences s’il avait réussi et imaginez ce qu’ils peuvent toujours faire, le danger qu’ils peuvent représenter pour nous tous. Je ne peux que vous conseiller d’en parler à votre Roi comme je vais le faire au mien. C’est un risque bien trop grand pour le dissimuler. Ainsi ils purent discuter et échanger leurs points de vue sur Lomion puis ils en revinrent au sujet des négociations. Fort heureusement, la suite des négociations s’est mieux déroulée qu’on aurait pu le craindre. Messire Varbeorn est un homme relativement raisonnable. Il aura fallu faire assez d’efforts mais finalement il devrait nous aider. D’ailleurs, j’espère que votre Roi sait récompenser ceux qui ne ménagent pas leur peine pour vous apporter aides et alliances. L’allusion était claire et elle attendait une réponse ferme. Il faut comprendre que notre Roi et moi-même avons mis tout notre poids pour que les Béornides acceptent de se lancer dans une expédition aussi dangereuse pour sauver votre Roi et vos armées. Je ne voudrais pas que nous passions pour des menteurs et des gens de mauvaise foi auprès du peuple béornide si, par exemple, le seigneur Hadhod ou le Conseil de Cavenain ne respectait pas ce traité. Vous devez comprendre que Dale a des inquiétudes bien légitimes.

En cette fin de conversation, le ton s’était un peu assombri mais il fallait parfois parler de sujets qui fâchent alors autant les évacuer au plus tôt…
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Nathanael
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyMar 21 Juin 2016 - 7:59
L’agitation matinale qu’avaient entraînées l’arrivée des émissaires étrangers et leurs négociations sordides était des plus déplaisantes. Waldemar ne parvenait pas à retrouver la paix et le bourdonnement de ses abeilles et l’aboiement de ses chiens l’agaçaient au lieu de le distraire. Que le malheur emporte le monde et ses soucis ! Pourquoi fallait-il toujours que les grands royaumes se tournent vers eux uniquement quand ils étaient en peine ? Ha, Dale et sa belle cité, Esgaroth et ses richesses lacustres, la Moria et ses pierres précieuses. En entendait-on parler dans le Val d’Anduin quand les grands de ce monde prospéraient ? Qu’ils étaient forts et doués ces étrangers pour se plaindre des taxes et des droits de passage, qu’ils étaient habiles et plein de verve pour charrier avec eux des histoires rocambolesques à propos d’ours agressifs et de monstres aux facies de plantigrade. Ha, les Béornides, ce petit peuple de gueux, d’apiculteurs naïfs et d’agriculteurs d’un autre temps ! Le folklore allait bon train à leur encontre, les ragots et les médisances également. Le Carrock ne reprenait de son importance qu’aux moments les plus délicats, quand on ne savait plus où se tourner alors on pensait à ces bons alliés Béornides. Mais où étaient les Dalites prétentieux et les nains avares quand il fallait pourchasser les gobelins au milieu des pierriers dangereux pour défendre le passage du Haut col et le Gué de Carrock ? Bien au chaud, chez eux, à préparer la guerre et à semer le trouble dans le cœur de leurs plus proches voisins. Et toute cette agitation pour quoi ? Pour le souvenir nostalgique de vieilles ruines oubliées dans des tunnels humides et la mémoire de sombres ancêtres qui avaient les yeux plus grands que le ventre.

Si les émissaires envoyés par les nains, les elfes et les hommes de Dale réussissaient à gagner l’appui de son père, ils n’avaient réussit qu’à implanter la rancœur dans l’esprit de Waldemar. Et la rancœur d’un Béornide est tenace. « Au moins autant que celle d’un nain ». Mais il chassa rapidement cette pensée, en cet instant il ne voulait se trouver aucun trait commun avec cette race de demi-hommes assoiffés par le pouvoir et la richesse. A quoi bon maîtriser les runes et l’écriture s’ils étaient incapables d’apprendre des erreurs commises par le passé ? Tout ce qu’ils savaient faire de leurs connaissances était de longues listes pour répertorier leurs biens et leur or. Rien de plus !

La bile qui envenimait son âme était intarissable. Il ne trouverait pas le calme avant de longs jours, il le savait. Un hululement tirailla son attention. Encore cette maudite chouette, et en plein jour ! L’agacement lui fit prendre une pierre qu’il jeta avec hargne sur le pauvre animal. Il tira trop fort et rata l’oiseau. Un évènement de plus pour l’agacer. Seul le calme des bois et le couvert des arbres réussiraient à l’apaiser, s’il ne rencontrait pas un de ces satanés elfes au détour d’une broussaille. Advienne que pourra ! Sans prévenir quiconque, il n’avait de compte à rendre à personne après tout, il prit l’étroite sente qui partait de sa chaumière et disparut dans les taillis et les fourrés. La chouette s’envola et plongea sous les branches et le faîte des arbres.

***

Si la Dalite cherchait à gagner du temps, il en était autrement pour les représentants des clans Béornides. Ils s’impatientaient pour diverses raisons. Les grandes réunions et les palabres diplomatiques n’étaient pas leur tasse de thé et les nouvelles qu’on venait de leur apporter n’étaient pas pour les rassurer. Tous avaient des affaires à mener, des ruches à entretenir et des proches à prévenir. Ils estimaient profondément Varbeorn pour sa sagesse et ses paroles mesurées, mais tous ne partageaient pas sa patience pas plus que sa tolérance pour les émissaires. Tandis que Varbeorn était mis à l’écart par la Dalite, ils s’étaient réunis dans la grande pièce où avaient eu lieu les échanges pour s’entretenir entre eux. La décision qui dépendait d’eux n’était pas à prendre à la légère. Chacun savait clairement les responsabilités qui leur incombaient, mais, à les entendre discuter, ils ne semblaient pas pouvoir tomber d’accord. S’ils s’étaient tus pendant l’échange entre leur représentant et ceux des étrangers, on entendait quelques fois des éclats de voix plus marqués s’échapper de la grand salle. L’un des Béornides sortis, rougis par on ne savait quelle émotion. Il se passa la main sur le visage et partit à la recherche de Varbeorn. Une décision, au moins, avait été prise en commun et il était tenu de transmettre le message. Il trouva Varbeorn en pleine réflexion.

- Varbeorn, nous demandons la reprise des négociations, qu’elle qu’en soit les tenants et les aboutissants. Chacun de nous a pris sa décision et nous tenons à la présenter aux émissaires qui sont venus d’au-delà du col.  

Les nains, les Dalites et le elfes avaient-il tenus compte du fait que les Béornides n'étaient pas un royaume gouvernés par un roi mais une somme d'identités différentes réunies par une histoire commune ?
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptySam 23 Juil 2016 - 10:31
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Chez les Béornides, la vie était si simple habituellement. On tirait parti de ce que la nature avait à offrir, animaux comme plantes, et en retour on la respectait, on la ménageait pour que la symbiose puisse se perpétuer. On tenait ouvert le Haut Col, ce qui se révélait parfois ardu mais en aucun cas compliqué : les ennemis étaient clairement identifiés, souvent les gobelins retors de Gobelinville, ou parfois même les grands loups qui leur tenaient lieu d'alliés, mais aucun calcul, aucune stratégie plus complexe que celle, simple et efficace, de la mise en place d'embuscade ou d'une prise en tenaille ne venait agiter l'esprit des hommes du Val d'Anduin. Même les marchandages avec les voyageurs lors des péages étaient d'une simplicité abyssale. Vous payez, vous passez ; vous n'avez pas la somme, vous rebroussez chemin. Et la politique elle aussi n'échappait pas à la règle... Certes il y avait des désaccords, des débats parfois passionnés entre les différents chefs de clans, mais il n'y avait ni secrets ni cachoteries, tous les problèmes étaient mis sur la table en présence de l'ensemble des décideurs, et la formations de groupuscules n'était pas dans les mœurs. Pourtant, il semblait que l'arrivée de ce trio incongru de négociateurs chamboulait tout ce à quoi ce peuple était habitué.

Varbeorn était perplexe.

Les allées et venues vers la grande tente de l'émissaire dalite le poussèrent à deviner qu'il y avait là une habile stratège, et que les intérêts des uns et des autres dans cette affaire n'étaient peut-être pas exactement les mêmes. Il en vint à se demander dans quelle mesure une victoire ou un massacre de l'armée naine pouvait affecter la vieille dame, et si les manigances de celle-ci pouvaient se révéler de bon ou de mauvais augure pour lui, Varbeorn, et pour son peuple dans le grand jeu des négociations. Il avait toujours entendu dire qu'un adversaire divisé devenait tout de suite moins fort – bien qu'il ne s'agît pas là d'adversaires à proprement parler, évidemment. Mais ce qui troubla le plus le meneur des Béornides, ce n'était pas tant les manœuvres du camp étranger, mais bien celles qui semblaient se dérouler dans son propre camp, dans sa propre demeure. Il n'était pas sot, loin de là, ni atteint d'une quelconque surdité, et savait pertinemment que les grands chefs parlaient, débattaient en son absence... ou dans son dos. Les éclats de voix qui parvenaient de temps à autres jusqu'à ces oreilles ne trompaient pas, il ne s'agissaient pas là de discutions au sujet du temps ou de la bonne santé des abeilles, ou de la qualité du lait. Ils n'avaient pas discuté sa décision en sa présence mais le faisaient maintenant qu'il était sorti de la maison. Cela était de bien mauvais augure, par contre. Le pays du Carrock devenait-il finalement comme les autres, petit à petit, où les intérêts et les alliances prenaient le pas sur le bien commun et la solidarité ? Non, pas encore, mais il se devrait d'être vigilent à l'avenir. Pour dire vrai, il préférait de loin la réaction violente mais franche et spontanée de son fils au revirement tardif de ses comparses.

Car un revirement avait bien dû survenir, cela ne faisait presque aucun doute à l'écoute des propos de Hjord. Varbeorn regarda longuement celui qui était venu le chercher et lui faire part de leur hâte de reprendre les négociations, s'attardant sur sa figure rouge.

- J'ai moi aussi grande hâte à voir ces tractations se terminer, Hjord, dit-il simplement. Car elles semblent peser lourdement sur nos esprits. Quelle que soit la décision qui sera prise en fin de compte, reprendre notre vie comme avant ou partir vers le nord et vers la guerre, elle sera toujours meilleure pour nous que cette tension et cette incertitude.

Il ne souhaitait pas tarabuster son compatriote au sujet de son mécontentement. Après tout, même s'il aurait préféré que les autres béornides se soient exprimés à cœur ouvert pendant qu'ils étaient tous rassemblés tout à l'heure, il ne pouvait leur en vouloir d'avoir un avis différent du sien : c'étaient des hommes libres, en actes comme en paroles, et par conséquent ils étaient libres de prendre leur propre décision les concernant. Telle était la philosophie de ce peuple et de ce pays, que ce fût une bonne chose ou un inconvénient, le destin de toute une communauté ne pouvait en aucun cas être suspendu aux décisions d'un seul homme, fut-il le descendant du plus illustre changeur-de-peau de leur histoire.

- C'est le Nain... la dalite a demandé à avoir une entrevue seule à seule avec lui. Je me demande ce qu'ils peuvent bien se raconter.

Cela devait bien faire une heure depuis la suspension des discussions. Il était temps qu'elles reprennent.


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Sighild Baldrick
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyLun 5 Sep 2016 - 20:05
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Cela n’était pas bien difficile de comprendre la position du maître forgeron et il semblerait que la plupart des protagonistes l’aient compris.

On l’avait fait asseoir sur un siège des plus confortables et il était attentivement la vieille dame. Il prenait effectivement un court de négociations politique, le premier de son existence.
Il n’avait qu’une hâte, que tout se termine mais pour autant, il devait agir avec sagesse car il ne parlait pas uniquement pour son nom mais pour son peuple. La pression était assez lourde, il aurait préféré retourner dans sa forge pour continuer son ouvrage : il l’avait pensé tant et tant de fois depuis qu’il était parti.

Il était d’accord avec elle quant à l’attitude étrange de l’elfe, il acquiesça à l’idée d’en parler à son cousin cependant il répondit qu’il ne fallait pas se montrer alarmiste.
Puis, il sourit intérieurement lorsque la vieille dame valorisant son action auprès de lui : bien entendu, il ne l’oubliera pas mais il se méfiait tout de même de la signification de ses propos. Chaque être avait un intérêt à aider un autre…ceux qui le faisait sans rien demander était bien rare.

C’est alors qu’il parla :


« Nous n’avons malheureusement pas le choix et je crois que mon inexpérience n’aide en rien. Ma Dame, si cette négociation va dans le bon sens, vous pouvez avoir la certitude que mon cousin le Roi sera informé de votre rôle et de celui de votre Roi. Je saurai à mon tour me montrer généreux pour vos précieux conseils. »

Et Harok n’avait qu’une parole et il la tiendrait. Au vu de l’âge de son interlocutrice, il lui forgera sans doute une dague sertie d’une belle topaze, ou d’un grenat…il verrait.

Un homme vint alors les chercher, le seigneur des lieux les demander. Regardant la dame il hocha la tête et passa en premier : il était le représentant des nains et devait s’affirmer. Ils firent tous deux suivi par leur compagnon elfe.

S’installant tous trois à nouveau devant le seigneur Varbeon, le nain fixa son interlocuteur et reprit :
« Nous avons délibéré sur l’accord unissant nos deux peuples : votre aide militaire contre la non ouverture de la Moria aux voyageurs. J'accepte votre condition et me porte garant, que mon cousin le Roi acceptera cet accord. »


Harok avait dit cela avec un ton solennel, tel l’aurait fait son défunt oncle tant aimé. Un frisson s’en prit soudain de lui, il pensait à ses paroles et aux potentiels conséquences…pourtant, il n’avait pas d’autres choix, ses frères étaient en train de se battre et sans doute de mourir à l’heure où il avait pris son temps pour choisir.

Au plus profond de lui, Harok était à la fois fier et déçu de lui. Fier d’avoir pu parler avec certitude comme s’il aurait parlé de la création d’une arme, déçu quant à son manque d’expérience.
Qu’allez dire son cousin, allait-il être satisfait de cet accord ? Au plus profond de lui, il en doutait fortement…mais ils n’avaient pas le choix…
[HRPG : encore court désolée]
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyDim 11 Sep 2016 - 20:27
Hjord se trémoussait sur sa chaise comme un enfant trépignant pour sortir de table. Et c’était à peu près le sentiment qui l’animait : l’impression qu’on le forçait à participer à des négociations auxquelles il ne souhaitait absolument pas prendre part. Il jetait ici et là des coups d’oeil à ses compagnons dont l’attitude était à peine plus sereine. L’un d’eux se rongeait un ongle, l’autre se grattait un peu trop souvent la tête et le dernier s’était enfermé dans un mutisme à toute épreuve. Ce qui n’était pas bon signe quand on connaissait sa bonhomie coutumière et son incapacité à se retenir de parler de tout et de rien. Seul Varbeorn manifestait un calme inébranlable. Mais Hjord le connaissait assez pour savoir que ce n’était qu’une façade paisible sous laquelle s’écoulait un courant de colère et d’impatience. Si Waldemar était un torrent de montagne, impétueux et imprévisible, son père était un grand fleuve dont les eaux calmes en surface dissimulaient les tourbillons furieux des profondeurs. Il respectait cette force de caractère, mais, en ce jour, il fallait l’avouer, on ne leur laissait guère de choix. Les propos de Waldemar avaient fait mouche chez lui avant que la raison ne reprenne le dessus. Il savait ce qu’ils devaient sacrifier. Des hommes de valeur. Mais Hjord estimait qu’ils étaient suffisamment valeureux et braves pour revenir vivants chez eux après une dure campagne. Les combats pouvaient s’annoncer difficiles et rudes, impitoyables, ses frères l’étaient plus encore. Ne repoussaient-ils pas des gobelins depuis des générations ? Qu’était une bataille de plus dans la vie d’un Béornide ? Il avait confiance en ses hommes et c’est sans douter qu’il parla à son tour.

- Je suis Hjord, et au nom de mon clan, je parle aujourd’hui. Je suivrai Varbeorn et les siens s’il souhaite s’engager auprès des nains.

Une belle victoire leur assurerait de belles dividendes. Il en était sûr. Les nains étaient un peuple âpre et revêche mais ils savaient honorer leurs promesses. Hjorn voyait d’un bon oeil le fait de conserver le Haut Col comme unique voie de passage dans les Monts Brumeux.

- Je parle également au nom des miens. Je me nomme Grim et je suivrai Varbeorn et les siens pour aider le peuple des nains.

Les propos étaient solennels même si la voix vacillait un peu. Grim était un grand gaillard souvent silencieux et timide. Il était réputé parmi le peuple de Beorn pour son excellent miel et sa grande douceur envers les bêtes.

Un troisième Béornide s’apprêtait à parler. Il se grattait encore la tête, soucieux. Bsam était plus âgé que ses confrères. Il avait vécu bien des conflits avec les peaux vertes et les monstres des montagnes. Il avait vu bien des siens mourir pour protéger son peuple. Il était vieux et fatigué. La guerre ne l’effrayait point. Il portait de nombreuses cicatrices sur ses larges épaules et la balafre qui lui striait la joue était le fait d’un gobelin particulièrement teigneux. Mais cette guerre n’était pas la leur. Varbeorn était sage mais Bsam partageait d’avantage les idées de Waldemar. C’était trop demander aux siens que de risquer leur vie pour quelques pièces d’or. Les nains ne leur avaient jamais porté secours pour défendre leurs terres. Bien au contraire, ils étaient les premiers à se plaindre des taxes exorbitantes que les Beornides imposaient aux voyageurs et aux commerçants.

- L’on m’appelle Bsam et je parle au nom des miens. Que Varbeorn parte au combat avec ma bénédiction, mais je ne jetterai pas mon clan en pâture aux gobelins pour me soumettre à la bonne volonté des nains. Je ne participerai pas à cette guerre stérile.

Varbeorn,  comme ses compagnons sans doute, accusait le coup tout en faisant un rapide calcul pour déterminer le nombre d’hommes qui leur échappait. Une bonne vingtaine si ce n’était plus. Quel âge avaient les fils des fils de Bsam ? L’âge de combattre ou presque. Ils étaient prompts à défendre leurs terres et participaient toujours aux purges pour nettoyer les versants des gobelins.

- Je suis Kiell et je parle au nom de mon clan. Nous partirons aux côtés de Varbeorn pour secourir les nains. Qu’il en soit ainsi.

Tandis qu’il parlait il jeta un coup d’oeil sombre à son proche voisin. Où était passé la fougue de Bsam ? Les Béornides se desséchaient-ils avec le temps ? Kiell regardait la Dalite et le nain avec franchise. Et c’est sur ses mots que se conclurent les négociations pour les Béornides de la vallée de l’Anduin. Varbeorn devait encore parler et sceller le sort de son peuple.
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyMar 13 Sep 2016 - 20:10
Tractations à l'ombre du Carrock Varbeo10


Ainsi il avait la promesse que le Roi des Nains en personne veillerait à ce que la Moria ne soit pas ouverte aux voyageurs. Le fait de ne plus avoir à s'inquiéter de ce souci était une très bonne chose pour son peuple : les béornides évitaient ainsi le péril qu'aurait occasionné pareille décision. Non, ce ne serait pas de son vivant que leurs activités de sécurisation du Haut Col péricliteraient, et pour Varbeorn c'était un grand soulagement. Savoir comment les hauts dignitaires nains accueilleraient la nouvelle et de quelle manière leur Roi ferait appliquer cette directive l'intéressait fort peu. Ces gens-là avait une toute autre façon de faire que celle des hommes du Carrock... Apparemment il était dans leurs usages que celui qui portait le titre de Haut Roi possédait le droit légitime de régir des cités qu'il n'avait peut-être même jamais vues. Varbeorn ne put retenir un léger sourire en pensant à ce que dirait n'importe lequel des solides gaillards ici présents s'il lui prenait l'idée de légiférer sur les règles de vie dans leurs propres maisons. Bsam, il faudrait entretenir votre charpente... Hjord, vous ne laisserez pas vos fils sortir après le coucher du soleil... Ah, sacrés systèmes centralisés tiens !

Restait à voir la contrepartie qu'obtiendraient les trois négociateurs dans cette affaire. Car « envoyer des guerriers » était une promesse fort imprécise. Varbeorn s'imagina les entourloupes qu'auraient pu subir les trois étrangers s'ils avaient eu en face d'eux des individus retors et opportunistes, qui se seraient amusés à armer d'une hache deux de leurs ressortissants pour les envoyer honorer le traité. Heureusement, ils avaient face à eux quelqu'un de droit et de juste. Pourtant, même l'honnête Varbeorn ne pouvait décider du nombre de guerriers qui allaient partir pour les terres septentrionales ; car les chefs de clan devaient parler et dire si oui ou non leurs hommes se joindraient au périple. Et à la guerre.

Le meneur béornide écouta tour à tour ses compatriotes s'exprimer. À chaque fois que l'un d'eux se prononçait pour une entrée en guerre, il le gratifiait d'un léger signe de tête tout en le regardant droit dans les yeux. Un léger signe de tête oui, mais dans lequel il insufflait toute sa reconnaissance et son estime. Hjord et une trentaine d'hommes de son clan répondraient présents. Grim et ses vingt fidèles camarades également. Et Kiell, avec ses deux douzaines de suivants qui partageaient tous son panache et sa témérité. Il y aurait aussi, bien sûr, les gens de Varbeorn, dont une soixantaine au moins prendraient le départ. Un bon nombre resterait toutefois dans ce pays pour le défendre en cas de besoin et lui permettre de continuer à exister : ce seraient pour la plupart les forces du vieux Bsam, qui avait refusé l'appel, ainsi que ceux parmi le clan des descendants de Beorn qui étaient de la même disposition d'esprit que Waldemar. Une once de colère s’immisça un instant dans les veines de Varbeorn, mais il l'apaisa bien vite en se rappelant qu'ici chaque chef, chaque homme, est libre de faire ses propres choix. Il se rappela aussi que le courage n'était pas toujours de prendre des risques mais parfois d'oser dire non pour marquer son désaccord. Ce dont il était sûr, c'est que ce n'était pas la couardise qui avait faire prendre à son fils, et à Bsam, leur décision. Il ferait avec.

Le grand meneur des Béorndides se tourna une fois de plus vers les émissaires assis de l'autre côté de la grande table. Elfe, humaine et nain attendaient chacun à leur manière, qui patiemment, qui avec appréhension, le mot de Barbeorn qui devait aussi être le fin mot de ces tractations...

- Il n'y aura pas de contrat écrit ni de signatures à n'en plus finir, ce n'est pas dans nos habitudes. Il n'y aura pas non plus de grands serments solennels, dans lesquels chaque partie appellerait sur elle mille maux si elle venait à briser cet accord. Toute parole vaut un serment. Toute phrase vaut un serment. Je dis : je vais monter dans le Nord aider le peuple des Nains dans son besoin, et avec moi cent-quarante hommes. Cela peut vous sembler peu au vu de la taille habituelle de vos armées... si cette pensée vous taraude, dites-vous que ces cent-quarante braves sont des Béornides ! De votre côté, vous avez accepté la non-ouverture des mines de la Moria aux voyageurs étrangers qui désireraient traverser. Ne l'oubliez pas ! Et sachez que vous êtes responsables, tous trois, de l'engagement que vous avez pris. En particulier vous, maître Harok. Il n'y a pas de trace écrite je le répète, mais vous ne voudriez pas manquer à la promesse que vous avez faite à un Béornide de la lignée de Beorn, croyez-moi.

C'était dit sans agressivité ni provocation, juste pour que les choses soient bien claires. Varbeorn posa les phalanges de ses énormes poings sur la table et s'y appuya pour se redresser. Puis se retournant vers Kiell, Grim et Hjord :

- Allons mes amis, ne traînons pas davantage ici. La route sera longue, et nous n'avons pas quatre jambes !

Dehors l'ombre du Carrock s'allongeait, comme déclinait le jour.


The Half Cop
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Evart Praven
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Tractations à l'ombre du Carrock EmptyMer 26 Oct 2016 - 21:15
~ Delilah Dubhghoill ~

Tractations à l'ombre du Carrock Delila10

La vieille femme était relativement rassurée par la situation, le nain avait accepté les conditions de béornides et cela lui convenait parfaitement. Pire encore, cela l’arrangeait bien. Il n’y aurait pas de négociations interminables où on échangerait un peu de quelque chose en échange d’un peu d’autre chose… Ce qui l’intéressait plus était la fermeture du passage sous la montagne. Pour le moment, beaucoup de caravanes dalites passaient au-dessus des montagnes pour rejoindre l’Arnor mais les Nains n’auraient probablement jamais accepté qu’ils passent par la Moria et il aurait fallu en passer par des intermédiaires nains, grassement payés comme à leurs habitudes. Jusqu’à nouvel ordre, les dalites pourraient toujours aller commercer au loin.

La réponse de Varbeorn fut nette et sans fioriture, comme à son habitude. Les béornides n’étaient pas adeptes de l’écriture ou de rhétorique, cela se voyait mais cela convenait aussi bien à Delilah. Il ne restait plus qu’aux nains à respecter la parole donnée. Même si elle était prête à laisser le cousin du Roi en otage pour s’assurer du respect du traité, la vieille dame ne soumit même pas l’idée. Après tout les nains n’étaient-ils pas connus pour leur honneur pointilleux et leur respect pour la parole donnée ? Quoiqu’il en soit, cela acheva la négociation qui se terminait sur un succès alors qu’on était passé si proche du désastre. Il ne lui restait qu’une petite affaire à régler avec Varbeorn et ce fut chose faite alors qu’ils partaient pour le Nord.

Ayant convaincu Harok de différer leur propre départ, les trois ambassadeurs purent partir seulement au petit matin. Toute cette mission s’était passée comme il le fallait, Delilah avait eu la chance d’obtenir une victoire diplomatique et tout reproche sur ce qui avait dû être cédés serait immanquablement mis sur les frêles épaules du capitaine elfe. Tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. A terme, cela renforçait aussi sa position dans la bonne société dalite. Après ses derniers revers, elle tenait enfin une victoire et probablement beaucoup d’argent.


* Tout va pour le mieux *

A mesure que sa litière traversait les sombres taillis de la plus grande forêt de la Terre du Milieu. Elle se permit d’ajouter :

* Pour l’instant *  
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