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[OUTRO IRL 18 ANS] [DECLASSIFIE] La Conjonction des Sphères | |
| Aldarion Roi d'Arnor
Nombre de messages : 1998 Age : 34
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
| Lun 5 Avr 2021 - 22:21 | | Quatre équipes, seule la première connaissait le nom du prisonnier, seule la dernière sa destination finale et seul un homme connaissait l'ensemble du processus. À chaque changement d'équipe, le sergent confiait au capitaine le point de ralliement suivant juste avant de passer la main. Manœuvre standard de déplacement des prisonniers sensibles. Dix ans de travail pour l'armée du Gondor, une carrière ascendante… J'avais dû faire mes preuves à de nombreuses reprises avant de devenir un des rares capitaines à gérer ce type d'escorte. Le lourd battant de la grille claqua en se refermant derrière nous. Rares étaient les visites au plus profond de la prison de Minas Tirith. Je présentai mon ordre de mission à l'officier en charge. Un sourire mauvais illumina son visage. Il était rare que l'on quitte la prison pour une destination plus riante. "Allez me chercher le borgne", hurla-t'il à deux de ses sbires. On faisait rarement carrière à la prison par excès de bonté. Taorin apparu quelques minutes plus tard, solidement encadré par les gardes. Il avait mauvaise mine et avait perdu l'essentiel de sa masse musculaire. Je vérifiai rapidement les signes distinctifs pour m'assurer que le prisonnier était le bon. Je tendis alors la longue cape noire et la cagoule typique de ce genre de transfert. Taorin devenait "le prisonnier", personne hormis moi ne devait en savoir plus. Les gardes m'accompagnèrent jusqu'à l'entrée de la prison où la première équipe m'attendait. Taorin marchait lentement, sans doute peu habitué à se mouvoir et totalement aveuglé par la cagoule. Je connaissais le premier lieu de ralliement : la porte entre le troisième et le quatrième cercle. La dizaine de solides gaillards qui constituaient l'escorte s'étaient répartis autour de nous et scrutaient les environs l'air mauvais. Les quatrièmes et cinquièmes cercles étaient sans doute les plus faciles à traverser. Nous arrivâmes sans encombre à la porte. Quelques instants avant d'opérer la jonction, le sergent de la première équipe me glissa le lieu du second point de rencontre : boutique d'herbe à pipe "Au vieux Peregrin" dans le deuxième niveau. L'équipe qui nous attendait à la porte était presque deux fois plus nombreuse. Les choses risquaient de se corser. Cependant, la traversée du second niveau se passa à nouveau sans encombre. Cartogan avait pas mal calmé la cité et les restrictions liées à la maladie avaient clairement un impact également. Nous nous entrâmes dans la boutique d'herbe à pipe. Il ne risquait plus qu'une étape avant de rejoindre le groupe qui devait nous accompagner en dehors de la cité blanche. Le sergent me glissa le dernier lieu de rendez-vous juste avant de rejoindre l'autre escorte : impasse de Beregond. Nous quittâmes la boutique par l'arrière avec la nouvelle escorte. Le sergent s'approcha de moi pour voir par où nous devions aller. "Impasse du Vieux Chien", fis-je d'un air assuré. Le plan était parfait mais il avait une faille : moi. La traversée du premier cercle fut, sans surprise, bien plus tendue. L'importante escorte avait fort à faire pour repousser les badauds s'approchant du prisonnier. Comme souvent dans ces quartiers, a fortiori quand on s'éloignait de la rue principale, la soldatesque était mal accueillie. Bon gré, mal gré, nous rejoignîmes l'impasse du vieux chien où nous attendait une nouvelle équipe. "Auberge des Remparts", me glissa le sergent. Je repris ma route avec mon escorte. Nous fîmes quelques pas avant de bifurquer un peu à l'écart dans une autre impasse. "Tout s'est bien passé ?", m'interpella un des hommes. J'acquiesçai silencieusement. Trois hommes de main s'approchèrent de nous. Ils avaient l'allure typique des vétérans qui avaient mal tourné après leur service dans l'armée régulière. Ils encadraient un homme d'une taille fort similaire à celle de Taorin. On procéda à l'échange en quelques minutes. On retira sa robe et sa cagoule au seigneur pirate et on en revêtit l'autre prisonnier. Les hommes de mains passèrent un bandeau autour de l'œil valide du pirate. Je repris ma marche avec mon faux prisonnier et ma fausse escorte jusqu'à l'impasse de Beregond tandis que Taorin et ses ravisseurs se fondirent dans les ruelles du premier cercle. Nous suivîmes la procédure comme si de rien n'était. Changement à l'impasse de Beregond, chemin sans encombre jusqu'à l'Auberge des Remparts et mise à disposition du prisonnier anonyme à la dernière escorte. Mon rôle s'arrêtait là tandis que les hommes de l'auberge prenaient le relais jusqu'au Harondor. Il faudrait deux bonnes semaines pour que le prisonnier arrive à destination et que le subterfuge soit découvert. C'était un temps largement suffisant que pour me permettre de démissionner et de disparaître dans la nature, tenter ma chance sous des cieux plus cléments à l'aide d'une bourse plus que remplie. --- Taorin fut conduit sans ménagement au travers de différents embranchements. Il entendit des portes claquer et il ressentit que l'essentiel de son parcours se passait désormais à l'intérieur. Finalement, il fut installé brusquement sur une chaise. Il sentit le contact froid de fers que l'on fixait à ses chevilles tandis qu'il était maintenu fermement assis. Il sentit également qu'on le sanglait à la chaise à l'aide de cordes épaisses. On fit alors sauter les chaînes de ses poignets avant de lui débander les yeux. Il se trouvait au milieu d'une grande pièce, apparemment au sous-sol à en juger l'absence de fenêtre. Une dizaine de silhouettes masquées et encapuchonnées se tenaient autour de lui, à peine distinguables par de subtils détails tels un collier un peu remarquable ou un manteau d'un noir un peu plus profond. "Fâcheuse position que celle du Seigneur Taorin", commença une voix nasillarde dans son dos. Une autre voix plus grave à sa droite reprit en guise de réponse. "Elle pourrait néanmoins l'être encore davantage."
Un homme à sa gauche se déplaça pour entrer dans son champ de vision. "Votre escorte, sans la trahison salutaire de son capitaine, avait pour mission de vous conduire jusqu'en Harondor."
La voix nasillarde reprit. "Nous ignorons comment, mais Radamanthe avait réussi à convaincre Cartogan de vous livrer à lui."
L'homme à droite continua. "Je doute que l'intention de l'ancien intendant fût de prendre le thé avec vous. Il a commencé sa carrière comme bourreau après tout."
Ils semblaient s'amuser de la situation et prendre plaisir à jouer avec Taorin. Pourtant, ils n'avaient probablement pas soudoyé un éminent capitaine de la garde pour taquiner un seigneur pirate déchu. C'est l'homme de gauche qui aborda les choses sérieuses. "Vous n'avez pas à savoir qui nous sommes. Sachez néanmoins que nous ne sommes pas des gens très fréquentables. Vous devez savoir que le Général Cartogan fait régner la terreur sur la ville et qu'il a fortement nuit à nos activités lucratives. Il nous a porté un coup rude et nous a presque chassés de la ville. Cependant, nous avons décidé de nous coaliser et de rassembler nos dernières forces pour tenter un dernier coup d'éclat. Soyons lucides, nous ne sommes plus en mesure de contrer ses plans et il nous faudra des années pour revenir au premier plan. Néanmoins, avant de quitter la scène, nous souhaitons à tout le moins nous venger."Le silence s'installa quelques secondes pour que toutes les informations s'inscrivent dans l'esprit de Taorin. Puis, l'homme à la voix nasillarde reprit. "Nous sommes tous des parias, nos noms et nos visages sont affichés partout dans la ville. Nous serions repérés avant d'avoir pu tenter quoi que ce soit. Nous avons besoin d'un fantôme et le seul connu n'est plus disponible sur le marché. C'est pourquoi vous êtes ici. Aux yeux de Cartogan, vous êtes en route pour le Harondor et la mort. Personne ne vous cherche."Le silence s'installa à nouveau. L'homme a la voix grave reprit enfin. "Nous vous offrons un choix. Soit vous acceptez la mission la plus difficile et la plus dangereuse de votre vie et vous avez une chance de sortir de Minas Tirith libre, soit vous tentez votre chance avec Radamanthe. Que dites-vous ?" Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
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| | | Taorin Emir du Harondor Libre
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~ GRIMOIRE ~ -: Humain (Haradrim) -: 36 ans -:
| Mar 6 Avr 2021 - 16:50 | | Le temps passait étrangement dans la cellule. La seule lumière provenait de la torche toujours allumée dans le couloir, qui, lorsqu’un courant d’air faisait trembloter sa flamme rouge, dessinait des ombres menaçantes dans la minuscule pièce occupée par un homme affaibli. Seuls les repas, bols de ragoût informe souvent accompagné d’une glaire du chef des gardes, parfois d’un fruit ou d’un morceau de pain noir, permettaient de garder une quelconque trace du passage du temps.
La cellule était relativement spacieuse, pour l’une de ces pièces des fonds des geôles de la Cité Blanche. Une paillasse infestée de vermine sur la droite, un trou permettant l’évacuation plus qu’approximative des déjections humaines dans le fond de la pièce. Et suffisamment de hauteur pour se tenir debout.
L’homme qui occupait cette cellule était décharné, affaibli par des mois ou des années de privations. Un bandeau sale lui cachait l’œil gauche, une tunique marronasse, trouée, couvrait le reste de son corps. Une barbe et des cheveux hirsutes, parsemés d’argent, achevaient de lui donner un air de bête sauvage. La crasse assombrissait la peau déjà hâlée de cet homme qui, autrefois, parcourait les déserts du Sud, cet homme qui, autrefois, avait fait régner la terreur et inspiré des milliers de soudards à travers tout le Harad. Cet homme qui, autrefois, faisait vaciller le monde. Cet homme qui, autrefois, se faisait appeler le Chien Borgne, Seigneur Pirate d’Umbar et Emir du Harondor. *** *** *** *** *** Des bruits au fond du couloir. Les mots indistincts s’arrêtent, et le claquement sourd des bottes sur la pierre du couloir retentit. La lumière se fit plus intense à mesure que la torche des gardes se rapprochait de l’ouverture dans la porte de la cellule. C’était inhabituel : jamais les gardes ne s’avançaient dans ce couloir si ce n’était pour apporter le traditionnel bol de soupe informe composant le repas du prisonnier. Taorin se redressa sur sa paillasse. Son heure était-elle enfin venue ?
La porte s’ouvrit lentement, dévoilant trois geôliers gondoriens. L’un portait une torche qui crachotait une fumée épaisse ; les deux autres, la main sur le manche de leur gourdin attaché à leur ceinture, firent signe à l’ancien Seigneur Pirate de se lever et de venir à eux. Chancelant, il se leva, et à petit pas, sortit de sa cellule pour la première fois depuis un temps incalculable. Sans brutalité excessive, mais sans tendresse, les gardes attrapèrent leur prisonnier par les bras, et suivant celui portant la torche, le poussèrent vers le bout du couloir. Le chef des gardiens supervisait l’opération, en compagnie d’un homme, visiblement un soldat même s’il ne portait pas d’uniforme. Sans un mot, mais après plus qu’un rapide coup d’œil, on attacha les bras du Borgne derrière son dos et le recouvrit d’une lourde cape noire et d’une cagoule épaisse le plongeant dans les ténèbres. *** *** *** *** *** Le trajet fut long et pénible. Trébuchant à de nombreuses reprises sur les pavés inégaux, à moitié porté par des hommes dont il sentait la cotte de maille à travers les tissus, le Chien Borgne eut l’impression de marcher des heures. Et toujours en silence. Il sentait que, parfois, les bras le lâchaient mais qu’il était vite repris par d’autres individus. Pourquoi toutes ces précautions, toutes ces complications ? Nul doute qu’on ne l’envoyait pas à l’échafaud : le Roy et les autorités de la Cité Blanche auraient voulu en faire un exemple, en faire un évènement public pour montrer à leurs citoyens et au monde ce qu’il pouvait advenir de ceux qui s’opposaient à la puissance de l’Arbre Blanc et de ses vassaux. Non, toutes ces manœuvres devaient vouloir dire qu’on l’amenait à quelqu’un de haut rang, quelqu’un qui ne devait pas être vu en sa compagnie. Quelqu’un qui voudrait discuter, trahir, peut-être. Quelqu’un qui, peut-être, lui fournirait une opportunité de se tirer de cet enfer.
Tout à coup, on l’arrêta et lui retira sa cagoule. A moitié aveuglé par la faible lumière des torches dans la nuit, il put distinguer plusieurs hommes face à lui, dans une impasse. Mais, avant qu’il n’ait réellement eu le temps de comprendre où il se trouvait, on lui retira sa lourde cape, en revêtit l’un des hommes face à lui, puis on lui banda les yeux, le replongeant dans les ténèbres.
Le manège reprit, même s’il sentit qu’on l’emmenait en intérieur, cette fois-ci. Des portes claquèrent, on lui fit monter puis descendre des escaliers, pour finalement l’amener dans un espace qui devait être en sous-sol. On le fit s’asseoir, le sangla à une chaise, lui attacha les pieds. Puis, après toutes ces précautions sans doute peu utiles étant donnée sa forme physique, ou plutôt son manque de forme physique, on lui détacha les mains. Et, enfin, on lui retira son bandeau.
Il se trouvait dans une grande cave, ou du moins une grande pièce sans fenêtre visible. Il cligna quelque fois des yeux, la lumière des torches dans son dos pénétrant dans ses yeux comme des dagues brûlantes. Il lui fallut de longues secondes avant de pouvoir distinguer les formes encapuchonnées qui l’entourait, qui se déplaçaient autour de lui, échappant à son regard puis revenant dans son champ de vision.
Le narguant, lui tournant autour, ils finirent par expliquer, très partiellement, qui ils étaient et ce qu’ils souhaitaient obtenir de l’ancien Seigneur Pirate. Les hauts noms de la pègre locale, de toute évidence, perturbés par les actions un peu trop zélées de ce fameux général qui, une fois, était venu le narguer dans sa cellule, tentant de lui arracher quelques informations. Cartogan. L’un de ces traîtres, l’un des responsables de son calvaire, de son emprisonnement. L’un de ceux qui paieraient cher de l’avoir malmené s’il parvenait à quitter cette terre maudite. Et ces hommes, voleurs, escrocs, chefs de gangs ou autres malfrats qui prétendaient régner sur les bas-fonds de la Cité Blanche, voulaient utiliser Taorin pour mener à bien leur vengeance. Avaient besoin de lui pour mener à bien leur vengeance.
Le Chien Borgne resta silencieux, essayant de maîtriser ses sursauts, alors que les différents hommes parlaient. Puis il resta silencieux quelques instants après qu’ils lui eurent posé la question fatidique. Ces hommes possédaient sans nul doute un certain pouvoir pour avoir réussis à le soutirer de l’emprise du Gondor de cette manière. Il pouvait bien sûr s’agir d’un piège, mais pourquoi Cartogan, Mephisto, l’Intendant ou Radamanthe se serait fatigué à tant de stratagèmes ? Non, il s’agissait d’une réelle opportunité de s’échapper, de se venger. Dangereuse, certes, mais certainement moins que de rester dans son cachot ou de rejoindre Djafa et l’Usurpateur.
« De l’eau… » croassa Taorin. Il n’avait pas bu depuis des heures, et la marche à travers la Cité Blanche l’avait épuisé. Il avait tant perdu pendant ces mois en prison, sans suffisamment de place pour maintenir une quelconque activité physique, laissé seul avec ses pensées, refaisant en boucle la scène de sa capture, revivant ces derniers instants de liberté, cherchant, sans réponses claires, qui pouvait l’avoir trahi. Nombreux étaient les noms sur sa liste, nombreux étaient ceux qui paieraient dans le sang et la douleur l’affront qui lui avait été fait, l’enfer qu’il subissait depuis le mariage royal.
Il attendit, en silence, que quelqu’un apporte une cruche d’eau. Ne pouvant bouger ses bras, l’homme au visage dissimulé fût obligé de lui verser délicatement l’eau dans la bouche. Le prisonnier laissa couler le liquide frais dans sa gorge. Rarement il n’avait autant apprécié telle boisson. Il prit son temps pour siroter le liquide, laissant couler quelques gouttes dans sa barbe. Puis, lorsque sa gorge ne fut plus totalement desséchée, il ricana : « Je suis flatté par ces précautions, mais est-ce vraiment nécessaire ? Je ne suis pas au plus haut de ma forme, en ce moment… » en jetant un regard aux lourdes cordes qui l’empêchaient totalement de bouger. Sans attendre de réponse, il poursuivit :
« Vous ne me laissez guère de choix. Je peux vous aider, mais pas sans conditions. Une fois cette mission remplie, je veux que vous assuriez mon retour à Umbar, libre. Je veux également des réponses à toutes mes questions. Comme vous pouvez vous en douter, je n’ai pas été au plus près des évènements depuis quelques temps, et je ne connais pas bien cette cité. Si vous ne pouvez pas accepter cela, autant me renvoyer directement à l’Usurpateur : au moins, lui, il me tuera sans me prendre par derrière avant. Et si vous êtes d’accords, vous pouvez commencer par m’expliquer ce qui se passe dans cette ville et ce que vous aviez en tête pour vous débarrasser de ce général un peu trop encombrant. » |
| | | Aldarion Roi d'Arnor
Nombre de messages : 1998 Age : 34
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
| Dim 11 Avr 2021 - 22:46 | | Le Seigneur Pirate avait l’esprit vif et ce malgré les longs mois passés seul au fond d’un cachot. Il avait de suite compris quel coup ils comptaient porter à Cartogan. Il s’agissait d’un coup “définitif”. Il était devenu tellement puissant en quelques mois que face à lui c’était vaincre ou mourir.
Les conjurés échangèrent quelques regards avant que l’un d’eux prenne la parole. C’était un homme qui n’avait pas encore parlé. Il fit un pas en avant, indiquant par là que c’était avec lui que la suite de la conversation aurait lieu.
“Vous devez vous doutez, Seigneur Taorin, que nos maigres ressources n’ont pas été suffisantes pour permettre votre sortie de prison.”
Sa voix dégageait une forme d’assurance plus calme que celle de ses précédents interlocuteurs. Sans que cela soit explicable, il paraissait évident qu’il était d’une stature bien plus importante.
“Nous avons bénéficié de certaines complicités qui impliquent des contreparties. Il nous a, par exemple, été expressément demandé de ne rien faire pour favoriser votre retour aux affaires au Harondor. Nous ne voulons prendre aucun risque à ce niveau, c’est pourquoi, une fois votre mission terminée, nous nous contenterons de vous montrer la porte de sortie de la Cité.”
D’un geste de la main, il fît comprendre à Taorin qu’il n’avait pas fini et qu’il ne souhaitait pas être interrompu. Pourtant, ce qu’il venait d’expliquer était assez peu vendeur pour le seigneur déchu.
“Soyons lucides… si Cartogan a accepté de vous livrer à Radamanthe c’est pour une bonne raison : vous n’êtes plus rien en Harondor. Ceux qui vous ont mis en prison ont réussi leur coup. Les alliances que vous aviez patiemment construites se sont délitées, des nouveaux meneurs sont apparus et ont disparu depuis. Personne ne se souvient de votre nom et plus personne ne se soulèvera derrière vous avant plusieurs années.”
L’homme indiqua à nouveau d’un mouvement de la main qu’il n’avait pas fini. Ses mots étaient durs et Taorin ne pouvait pas savoir quelle part de vérité ils recelaient. Il pouvait s’agir de la stricte vérité comme d’une technique pour le pousser à accepter le marché.
“Néanmoins, il s’agit là de vos affaires… et dans notre milieu, il est de tradition ne de pas se mêler de celles des autres. Le marché est clair pour nous. Vous êtes notre bras, nous vous offrons une porte de sortie et un endroit où vous cacher le temps que les choses se calment. Dans cette planque deux choses qui vous seront utiles : la liste de ceux qui vous ont contribué à votre chute et de quoi vous payer un voyage là où vous le souhaitez.”
La proposition serait sans doute alléchante pour l’ancien émir. L’homme avait laissé le silence s’installer pour que Taorin puisse peser le pour et le contre. Cependant, sans même lui laisser le temps de répondre, l’homme à la voix nasillarde reprit la parole totalement ignorant du momentum.
“Quant à la situation actuelle… vous devez juste savoir que le Général Cartogan tyrannise la cité. La maladie touche les bas quartiers et il en profite pour imposer la loi martiale. Il a récemment chassé sans ménagement tous les membres de notre honorable corporation. Autocratie, arbitraire et violence sont les mots qui qualifient le mieux son régime de terreur. Quant à notre plan, si vous acceptez notre marché, nous commencerons par vous remettre d’aplomb et par vous préparer à l’affronter et à le vaincre.”
Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes. |
| | | Taorin Emir du Harondor Libre
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~ GRIMOIRE ~ -: Humain (Haradrim) -: 36 ans -:
| Lun 12 Avr 2021 - 14:35 | | Un nouvel homme pris la parole, beaucoup plus assertif que les précédents. Celui là semblait être le vrai meneur de ces encapuchonnés, celui dont chaque parole était pesée, celui qu’il fallait écouter. Toujours enchaîné à cette inconfortable chaise, Taorin écouta, le visage fermé, les yeux scrutant cette silhouette recouverte d’une longue et lourde cape noire à capuchon. Ce que disait cet homme n’était guère agréable à entendre : ainsi, ils voulaient l’envoyer dans une mission quasi-suicidaire, sans même lui permettre de retrouver son pouvoir d’antan ? Et disait-il vrai ? Son nom, le nom des Chiens, son rang, tout cela ne valait plus rien dans le Sud ? Mais comment croire ces hommes qui, bien que cherchant son aide, restaient le visage caché, dissimulant leur identité ? Pouvait-on vraiment faire confiance à ces hommes-là ?
Et l’homme lui annonça leur offre : la liste des traîtres, la liste de ces hommes dont, chaque nuit, Taorin imaginait la mise à mort lente et douloureuse, dont, sans cesse, il s’était repassé les noms pendant cette attente interminable au fond des cachots. Nombreux étaient ceux qui étaient venus avec lui à Minas Tirith, et nombreux ceux qui auraient pu retirer quelque chose de sa chute. Tant de noms qui s’ajoutaient à la liste déjà longue de ses ennemis, de ceux qui voulaient le faire disparaître. Et, enfin, on lui promettait de trier parmi ces gens, de savoir qui l’avait réellement trahi, qui mériterait l’essentiel de son courroux. Et qui aurait l’espoir de vivre encore un peu.
Tant de pensées traversaient son esprit, occupant ces quelques instants après le discours de leur chef, qu’il sursauta presque lorsque la voix nasillarde reprit, totalement déphasée par rapport à ce qui venait d’être dit. Ainsi, ils ne voulaient guère s’étendre sur les conditions de vie dans la Cité Blanche, sur les tenants et aboutissants de sa mission. Mission dont le plan semblait bien dérisoire par rapport à l’ampleur de la tâche.
Regardant celui qui semblait être le chef de cette mystérieuse troupe, et ignorant à moitié l’homme à voix nasillarde, le Seigneur Pirate répondit :
« Bien. Cette liste, un cheval et suffisamment d’or pour pouvoir quitter ces terres. Mais » et Taorin tourna la tête vers l’homme à la voix nasillarde, « je ne compte pas me suicider pour vos beaux yeux. Et, pour accomplir ce que vous me demandez, j’aurais besoin de réponses et d’informations. Sans cela, cette mission sera vouée à l’échec, et vous comme moi avons énormément à perdre. Et énormément à gagner. Je vous demanderai votre coopération à ce sujet. » Le Chien Borgne se retourna vers l’homme plus assuré : « Vous pouvez me détacher, et apporter à boire et à manger. Je suis sûr que nous aurons l’occasion de nous reparler, mon cher associé. » Taorin sourit, exhibant ses dents sales au milieu d’une barbe hirsute et d’un visage noir de crasse, dans la plus belle imitation des monstres que décrivent les parents pour effrayer leurs jeunes enfants… |
| | | Aldarion Roi d'Arnor
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
| Mer 14 Avr 2021 - 9:15 | | Taorin ne fut pas déçu. Il fût détaché prestement et conduit hors de la pièce. Comme il l’avait deviné, il se trouvait dans la cave d’une maison. L’homme masqué qui se chargeait de lui le conduisit à travers un étroit couloir jusqu’à un escalier étroit. Ils arrivèrent dans un vaste séjour. Chose étonnante, sur deux murs opposés se trouvaient deux portes qui donnaient visiblement sur l’extérieur. De lourdes tentures obstruaient la vue vers l’extérieur. Des bruits parvenaient néanmoins de la rue qui paraissait particulièrement agitée malgré l’heure avancée. On aurait dit que la maison était coincée entre deux ruelles avec un passage important. L’homme guida Taorin vers l’étage par un autre escalier. Ils traversèrent un couloir et montèrent encore un étage.Ils arrivèrent devant une lourde porte de bois. L’homme sortit une clef de sous son manteau et s’en servit pour ouvrir la porte. Ils pénétrèrent dans une pièce de laquelle émanait une douce chaleur. Un feu brûlait dans l'âtre. Une lourde marmite reposait dessus. L’homme indiqua à Taorin une petite table sur laquelle se trouvait un repas fumant. Un ragoût de gibier avec des légumes racines et une généreuse tranche de pain. Un petit verre de vin était également disposé sur la table ainsi qu’un cruchon d’eau. “Je vous laisse le temps de manger et je reviens.”, fit l’homme d’une voix aimable. Il salua Taorin avant de sortir de la pièce. Celle-ci disposait également d’un lit étroit et d’une fenêtre qui donnait sur le toit du bâtiment voisin. Un quart d’heure plus tard, la porte s’ouvrit à nouveau laissant entrer deux hommes qui portaient un lourd baquet. Ils le posèrent en face du feu tandis que l’homme qui avait guidé Taorin entrait à son tour. Il disposa dans le fond de la baignoire un tissu molletonné. Les trois hommes saisirent la marmite et versèrent l’eau bouillante qu’elle contenait. Ils sortirent à nouveau avant de revenir quelques minutes plus tard les bras chargés. Les deux serviteurs versèrent chacun un seau d’eau froide dans le baquet. Le guide de Taorin quant à lui, disposa un petit morceau de savon,une brosse et un drap de bain sur un petit tabouret. “Des vêtements propres sont à votre disposition dans l’armoire. Quand vous aurez fini votre toilette, toquez à la porte. Mon ami viendra s’occuper de votre chevelure et de votre barbe. Je vous souhaite déjà une bonne nuit.” Il salua et s’éclipsa par la porte en même temps que les serviteurs. Taorin pouvait constater que les portes restaient ouvertes et que ses partenaires, en plus de lui offrir un traitement de faveur, lui laissaient une certaine liberté. Celle-ci n’était sans doute qu’illusoire, la maison devant être étroitement surveillée par ailleurs. *** Quand Taorin se réveilla le lendemain, il eut la désagréable surprise de constater que quelqu’un se trouvait assis à la table de sa chambre. L’homme souriait, visiblement heureux d’avoir réussi à tromper sa vigilance. Taorin n’aurait pas pu dire s’il l’avait déjà croisé tellement son physique était banal. Des cheveux mi-longs, des traits communs, une corpulence moyenne… Il portait une tunique sombre et un pantalon étroit. Une veste courte en cuir venait compléter sa tenue. Celle-ci aurait autant pu être celle d’un voyageur que d’un mercenaire ou encore d’un artisan. “Je vous ai apporté votre petit déjeuner.”, fit-il d’une voix neutre. Le pirate reconnut immédiatement la voix de l’homme masqué qui, la veille, avait parlé en dernier. Compte-tenu de l’assertivité dont il avait fait preuve devant ses pairs, son physique était presque décevant. “Comme vous pouvez le constater, j’ai laissé tomber le masque. Nous allons passer beaucoup de temps ensemble et je préfère jouer franc-jeu. On m’appelle l’Innocent. Je suis un des rares à avoir survécu à la quasi-destruction de ma guilde. Bien que très modeste dans mon pouvoir réel, j’ai réussi à convaincre ces joyeux imbéciles de me confier la responsabilité de l’exécution de leur plan.”Il se redressa, laissant la place à Taorin. “Les détails de ce plan sont encore à définir mais sachez à tout le moins que l’idée est de vous faire affronter en direct ce brave général Cartogan. Encore une fois, pas de faux-semblant : dans l’état actuel vous n’avez aucune chance.”Taorin avait intérêt à rapidement s’habituer à la franchise de son interlocuteur. “Vous êtes faibles, vous êtes borgne et Cartogan est un merveilleux bretteur.”Il marqua un temps d’arrêt avant de reprendre. “Néanmoins nous disposons de certains avantages. Tout d’abord, nous allons choisir un terrain qui handicapera le général. L’intérieur d’un bâtiment, là où sa grande taille sera un inconvénient… là où son épée longue ne lui servira à rien. Ensuite, nous allons créer la surprise. L’attaque le surprendra, l’assassin aussi. Vous aurez une chance de le déstabiliser. Et puis… il y’a ma petite botte secrète.”L’Innocent marqua un temps d’arrêt, prenant un air mystérieux. “Mangez donc ce que je vous ai amené… Quand vous aurez fini, choisissez des habits dans lesquels vous serez à l’aise pour vous entraîner et rejoignez moi au rez-de-chaussé.” Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
Dernière édition par Aldarion le Lun 17 Avr 2023 - 14:07, édité 1 fois |
| | | Taorin Emir du Harondor Libre
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| Dim 18 Avr 2021 - 16:16 | | L’acier claqua contre l’acier.
L’épée courte que tenait, pantelant, l’ancien Seigneur Pirate venait de heurter violemment celle de son adversaire d’entraînement, le mystérieux personnage se faisant appeler l’Innocent. La tunique ample au niveau du torse commençait à coller à cause de la sueur. Cela ne faisait pas si longtemps qu’ils avaient commencé l’entraînement, mais la mauvaise forme du Chien Borgne se faisait déjà sentir. Il peinait à porter haut sa lame, lui qui naguère arpentait les champs de bataille et s’y frayait des chemins sanglants. Les séquelles de son emprisonnement étaient plus lourdes que ce qu’avaient sans doute espérés ses mystérieux bienfaiteurs. Néanmoins, malgré la douleur, malgré son manque de forces, Taorin restait concentré. Et essayait de compenser ses réflexes émoussés et son bras défaillant par son expérience de la guerre.
Voyant son partenaire sur le point de défaillir, l’Innocent fit signe d’arrêter le combat, et indiqua une carafe d’eau posée sur une table contre un mur de la pièce. Pesamment, Taorin alla se servir dans un gobelet de terre cuite, et but lentement l’eau fraiche. Son bras d’épée tremblait légèrement. Son souffle était encore court. Se tenant à la table pour ne pas tomber, le borgne regarda l’homme au physique si banal qui lui servait de maître d’arme, des gouttes de sueur tombant au sol… *** *** *** *** *** Ploc.
Une goutte d’eau tomba et s’écrasa sur le sol de pierre nue. L’humidité des murs se condensait au plafond et gouttait avec régularité, formant une petite flaque d’eau au milieu de la cellule. Les ombres projetées contre le mur du fond dessinaient des formes dansantes. Dans le long couloir, derrière la lourde porte aux minces ouvertures fermée par des barreaux d’acier solidement fixés, un courant d’air agitait la flamme de la torche lointaine.
Ploc.
Recroquevillé sur sa paillasse, l’homme barbu, hirsute, couvert de crasse, essayait tant bien que mal de se réchauffer sous sa couverture rongée par les mites. La vermine grouillait tout autour de lui, il la sentait lui parcourir le corps, l’empêchant de dormir.
Ploc.
Il songeait, alors, ressassant ces derniers moments en liberté, ces derniers instants où il pouvait sentir le soleil sur sa peau, où il pouvait commander et être obéi, où son pouvoir était à son paroxysme. A ces derniers instants où il avait été trahi par ceux qui lui étaient proches, et où il avait tout perdu. Mais qui l’avait trahi ? Tous ? Peu probable. Mais nombreux étaient ceux pouvant avoir des raisons de vouloir sa chute. S’agissait-il de Seigneurs Pirates jaloux de ses succès et craignant son influence grandissante dans le Sud ? S’agissait-il de son homme à tout faire, cet Oriental mystérieux qui avait pourtant rendu de grands services au capitaine des Chiens du Désert ? Ou à l’un de ces nombreux agents qu’il avait voulu recruter, comme ce marchand gondorien vénal, qui avait peut-être trouvé une infime trace de patriotisme sous sa cupidité ? Il n’y avait guère que les Chiens du Désert et leurs officiers qui restaient hors de tout soupçons : ces hommes l’avaient servi depuis des années, et il leur avait montré sa reconnaissance de nombreuses fois. Ils étaient frères d’arme.
Ploc.
Revivant ces moments sans arrêt, revoyant les visages de ces traîtres potentiels (mais ne l’étaient-ils pas tous, finalement ?), Taorin finit par s’endormir, à moitié fiévreux… *** *** *** *** *** Le Chien Borgne se réveilla en sursaut, trempé de sueur, dans des draps de lin propres. Un homme était assis à son chevet : l’œil unique du Seigneur Pirate se fixa sur lui, le dévisageant, surpris de trouver quelqu’un si proche sans qu’il ne l’ait entendu arriver. Mais la fatigue accumulée dans les geôles de Cité Blanche avait eu raison de ses réflexes qui, autrefois, lui faisaient ouvrir l’œil au moindre bruissement. Il se redressa dans son lit, pendant que le mystérieux inconnu lui parlait. Tel était donc le visage de cet homme de la veille, celui qui semblait diriger les truands de Minas Tirith. L’Innocent : drôle de nom pour un coupe-jarret, pour un voleur, mais Taorin connaissait bien cet humour particulier de ces mondes parallèles, où des hommes et des femmes portaient comme des farces à la face de l’univers des patronymes des plus évocateurs : le Juste, l’Affable, le Mélancolique, ou bien d’autres encore. Alors, un Innocent préparant le meurtre du général le plus haut gradé du royaume le plus puissant des Terres du Milieu, c’était bien quelque chose qui pouvait arriver dans ce monde absurde du crime organisé.
L’homme parlait sans faux-semblants. Taorin accepta sans commentaires ses remarques crues sur son état : l’homme disait vrai. Bien qu’ayant vécu son lot de combat et de guerres, Taorin n’était pas un bretteur particulièrement exceptionnel. Et, même avant son emprisonnement, la perte de son œil gauche avait diminué ses talents avec un sabre, lui faisant préférer la position de général derrière ses troupes, coordonnant les actions de centaines ou de milliers d’hommes. Mais le Chien Borgne restait courageux : il n’était pas dans son caractère de fuir le danger, de refuser ses responsabilités. Son opiniâtreté lui avait causé quelques problèmes dans le passé, mais lui avait aussi permis de triompher d’adversaires redoutables.
Sa tirade terminée, l’Innocent se leva, et, laissant le plateau avec le petit-déjeuner, demanda à Taorin de descendre commencer l’entraînement une fois qu’il se serait restauré. Après avoir dévoré tout ce qui se trouvait sur le plateau, le Borgne se leva et fouilla dans le coffre pour trouver des vêtements adaptés. Il choisit des chausses larges, mais serrées à la taille et aux chevilles. Il prit également une chemise blanche légère et ample, également serrée aux poignets. Il lui faudrait faire des mouvements amples, mais précis. Et enfin, il chaussa les mocassins de cuir souple qui l’attendaient.
Au rez-de-chaussée, l’Innocent l’attendait dans une vaste pièce, haute de plafond, dont les meubles avaient été déplacés contre les murs pour dégager un grand espace central. Les volets étaient fermés, et la pièce était éclairée par des lanternes suspendues, quelques bougies, et par la faible lueur des braises dans le foyer. Des dagues et épées courtes étaient posées sur une table, dans leurs fourreaux, à côté de deux ou trois cruches sans doute pleines d’eau ou de vin, de quelques gobelets, et de quelques fruits.
L’Innocent fit signe à Taorin de prendre une arme, et fit de même. Soupesant l’épée courte qu’il avait choisi, le Chien Borgne murmura pour lui-même : « Voilà bien longtemps que je n’avais eu d’arme en main… » *** *** *** *** *** Taorin se redressa, le souffle calmé après les efforts.
« Je ne suis plus au meilleur de ma forme, mais, avec votre aide et vos entraînements, j’espère récupérer au plus vite. Je suppose que vous avez déjà réfléchi à comment éliminer Cartogan, mais pouvez-vous m’en dire plus ? Dans combien de temps voulez-vous frapper ? Il faudra quelques semaines pour que la nouvelle de mon évasion lui soit connue : à partir de ce moment, il se mettra sans doute à ma recherche et l’effet de surprise risque d’être compromis. Mais aurais-je le temps de récupérer d’ici là ? Ou pensez-vous pouvoir intercepter le messager de Radamanthe revenant du Sud pour prévenir le général qu’il n’a pas envoyé le bon prisonnier ? »
Le Chien Borgne avait son œil fixé sur l’Innocent, et continua :
« Comment avez-vous prévu de me faire approcher du général ? Descend-il souvent dans le bas de la Cité ? Ou faudra-t-il monter jusqu’à lui, là où il est le plus puissant ? »
Beaucoup de questions étaient en suspens. Bien qu’encore très faible, Taorin savait qu’il jouait sa vie avec cette mission, et qu’il lui fallait s’y consacrer corps et âme s’il voulait revoir un jour les déserts de son enfance et retrouver sa puissance d’antan… |
| | | Aldarion Roi d'Arnor
Nombre de messages : 1998 Age : 34
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
| Lun 17 Avr 2023 - 14:27 | | Taorin n'avait jamais vraiment eu le fin mot du plan concocté par les conjurés. Il ne savait pas s'il était trop sensible que pour être divulgué à celui qui n'était qu'un exécutant ou s'il n'était juste pas assez au point que pour être communiqué. Il avait été entraîné sans relâche par l'Innocent. Il alternait les moments de combat, les exercices d'agilité et de copieux repas visant à le remplumer. Son long séjour en prison avait laissé des traces qu’il garderait sans doute en tête pendant de longs mois. La nourriture prenait une valeur incroyable à ses yeux tandis que son sommeil n’était pas encore tout à fait appaisé. "Il faut agir vite", répétait son maître d'arme. "Vous n'avez aucune chance si le combat s'éternise."Il ne savait pas s'il devait se réjouir ou s'inquiéter de ces propos. Ils ouvraient la perspective d'un combat déloyal, ce qui le réjouissait, mais ravivaient aussi la crainte d'un combat face à un adversaire bien plus puissant. Le pirate reprenait peu à peu confiance dans cette routine rassurante. Repas, entraînement, repas, entrainement, repas… sommeil. On ne lui laissait pas beaucoup de temps pour penser hormis les soirées qu’il passait enfermé dans sa chambre. S’il était bien traité, il avait quitté une prison pour une autre. L’Innocent se montrait assez ouvert mais ils s’entrainaient avec des épées émoussées et il ne se retrouvait jamais seul. De temps en temps, alors qu'ils s'entraînaient dans une petite cour extérieure, le pirate devinait dans les étages que des gens les observaient. Ils évaluaient sans doute les chances de succès de leur plan. Le pirate avait deviné qu’il était retenu dans un quartier assez animé, sans doute un quartier commerçant. Quand ils étaient dehors, il entendait le bruit de la foule. Il pouvait deviner le toît de hautes bâtisses à proximité immédiate. Les derniers jours, l'Innocent l'avait exclusivement formé à un enchaînement simple. Il partait d'une position de dos, devait se retourner avec vivacité, faire jaillir sa lame et frapper. S'ensuivaient un sprint et un saut long. Le pirate avait considérablement amélioré son temps et enchaînait les actions de plus en plus vite. L'Innocent avait alors corsé l'exercice en lui faisant porter un lourd manteau par dessus sa tenue d'entraînement. Un jour, l’atmosphère à l’extérieur avait changé. Les cris et les hurlements avaient remplacé les conversations des marchands. Une odeur de brûlé régnait dans l’air et Taorin devinait des volutes de fumée qui s’élevait d’un peu partout. Il se passait quelque chose mais le pirate ne parvenait pas à deviner de quoi il s’agissait. Enfin, on était venu le chercher. Un homme cagoulé lui avait remis une clef. "Dans la rue, première à droite, troisième à gauche. Un petit soupirail dans la maison qui fait le coin. Dans la cave, un coffre avec de l'or… vous avez de quoi voir venir. La suite vous appartient mais je vous conseille de ne pas trop vous faire voir."L'Innocent lui avait passé un long manteau qui ressemblait à celui d'une vielle femme. Deux autres sbires les avaient rejoints, histoire de bien s'assurer qu'il n'aurait pas la tentation de fuir. Ils se mirent en route…toute cette affaire allait prendre fin. Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes. |
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