[OUTRO IRL 18 ANS] Qu'importe le flacon...

Le bouchon en liège glissa à côté du goulot, ratant sa cible et succombant aux lois de la gravité jusqu’à atterrir au pied de la table. La bouteille, quasiment vide, reflétait le visage de l’instructeur. Ses joues rouges et son air fatigué trahissaient la teneur en alcool dans ses veines. Il lâcha sans le vouloir véritablement sa plume et se leva, titubant vers la fenêtre, qu’il ouvrit.

Sined s’agrippa à la balustrade, manquant de peu de passer par-dessus et de s’écraser dans la rue, vingt bons pieds plus bas. À la place, le gondorien observa la rue. Toujours sombre, toujours calme mais cette fois-ci, tournant autour de lui sans vraiment savoir pourquoi. Un haut-le-coeur le saisit. Il se libéra par-dessus le parapet, tapissant le trottoir d’un liquide peu raffiné.

Il s’écroula au sol avant d’essuyer sa précieuse moustache. Extérioriser son mal l’avait soulagé. Mais il entendait toujours ces voix, ces cris, cette odeur de soufre. Le goût du sang. Mais pas le sien. Sined rampa jusqu’à l’intérieur avec peine. Il prit à nouveau place sur son siège inconfortable. Chaque geste, chaque pensée, chaque seconde était une torture. Mais il devait continuer, ne pas s’arrêter. Exorciser ce mal qui le rongeait.

Meynard trempa sa plume dans l’encrier. Une fois encore. Et reprit l’écriture. Mais tandis que son regard devenait brumeux, il se rappella le jeune expatrié du Khand du coin de la rue. Une odeur de plante étrange émanait toujours de sa longue toge. Peut-être était-il encore tout près ?

Et sur le carnet, les mots défilaient.

Les recrues de l’Arbre Blanc avaient dû être séparés en différents groupes…