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Un retour à Annuminas | |
| Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3428 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
| Mer 21 Fév 2024 - 22:57 | | Forlong arrêta son cheval pendant un instant, profitant de la vue dégagée du haut de la colline afin d'admirer le gigantesque Lac Evendim qui s'étendait à ses pieds. En été, on pouvait s'amuser à compter les bateaux et barques de toute sorte sur ses eaux, aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. Mais alors que la 301ème année du Quatrième Age touchait à sa fin la glace s'était emparée d'Evendim, rendant la grande cité d'Annuminas accessible uniquement par voie terrestre. Le Tribun enfila la capuche de sa cape; le vent était glacial, même si c'était rien par rapport à ce qu'il avait vécu lors de ses vadrouilles à travers les montagnes d'Angmar. Il avait hâte de retrouver la chaleur d'un feu de cheminée. La route du Chemin des Trolls jusqu'à la capitale avait été longue, et il avait donné l'ordre à ses hommes de monter leur campement à environ une journée de la cité sous l'oeil attentif du sergent Ranan. Forlong n'avait pas envie que les soldats commencent à boire et parler dans les tavernes et maisons closes d'Annuminas avant qu'il n'ait l'opportunité d'annoncer son retour. Personne ne l'arrêta à l'entrée de la ville. Il n'était qu'un voyageur parmi les centaines qui passaient les portes de la capitale tous les jours et l'Arnor était un royaume en paix relative; contrairement à Minas Tirith, le port d'armes n'était pas interdit ici. L'homme aux cheveux blancs regarda autour de lui. Il n'avait jamais vraiment aimé les grandes villes, préférant les étendues sauvages ou les petites auberges de village. Pourtant, il sentit sa gorge se serrer à la vue de ses compatriotes qui marchandaient, discutaient et riaient dans les rues d'Annuminas. La vie ici semblait si paisible après son séjour à Gundabad et les longs mois de vadrouille en la compagnie de soldats et de brigands. Instinctivement, Forlong se dirigea vers une auberge près de la Porte Est de la ville. Il donna les rênes de son cheval au palefrenier, lui glissant une pièce dans la main, avant de mettre sa sacoche sur son épaule et son épée à la ceinture. Il était encore tôt, et l'établissement était à moitié vide. Mais pour Forlong, qui avait pris la route dès l'aube, il était plus que temps pour une bière froide et un repas chaud. Il commanda au comptoir, avant d'aller trouver une place pour s'asseoir. Son regard se posa sur une table dans un coin. C'était la même table, dans la même auberge où il avait rencontré pour la première fois les hommes qui allaient l'accompagner à la recherche du régiment perdu. Le serpent se mordait la queue. Des mois plus tard, il était de retour. Le régiment été retrouvé, mais parmi ceux qui étaient partis à sa recherche, aucun n'était là aujourd'hui pour trinquer avec le Tribun. Quant à lui...sans sa chevalière, sans Lunerill. Mais il était là. Perdu dans ses pensées, Forlong ne remarqua pas la silhouette qui s'était approchée de lui, pensant sans doute qu'il s'agissait du tavernier qui lui apportait son repas. #ForlongMembre des Orange Brothers aka The Good Cop |
| | | Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Nombre de messages : 1868 Age : 33 Localisation : Arnor
~ GRIMOIRE ~ -: Homme du Sud -: 35 ans -:
| Jeu 22 Fév 2024 - 16:31 | | D'aucuns prétendent que les plus fidèles clients d'un établissement sont ceux qui consomment jusqu'à sa fermeture, tard dans la nuit. S'ils sont de bons clients, cela n'en reste pas moins des pochtrons dont la bourse est toujours trop remplie à leur goût. Non, les véritables fidèles, ceux que les patrons appellent les « habitués », ceux-là n'écument pas les comptoirs aux heures ingrates de la nuit. Non. Ceux-là se retrouvent accoudés au zinc aux aurores, lorsque le bruit et l'agitation ont cédé la place au calme et à la tranquillité. Isan était de cette espèce. Tard la veille, il avait reçu un pigeon transportant un petit rouleau de parchemin. Son contenu bien que très concis était limpide. Au matin, il avait enfilé son manteau à capuchon, recouvrant ses vêtements de basse extraction et se mêla à la populace. Il marcha un long moment en direction de l'Est. Son allure et sa barbe taillée contribuaient à le rendre invisible aux yeux des gens. Isan n'était pas un homme de haute stature et sa tête avait tendance à se recroqueviller entre ses épaules tombantes. C'est alors qu'il le vit. Marchant aux côtés de sa monture, l'homme était reconnaissable entre mille malgré la capuche recouvrant ses cheveux caractéristiques. Isan l'observa, noyé dans la foule massée au carrefour de la porte orientale. L'homme sembla perdu, comme désorienté, avant de reprendre sa marche. Isan garda ses distances et se contenta de suivre sa cible durant de longues minutes. L'homme n'était pas n'importe qui et Isan ne devait surtout pas réveiller ses instincts. Bientôt, l'homme s'arrêta et entra dans une auberge. Isan la connaissait bien pour en être un vieil habitué. Si son allure de mendiant pouvait repousser plus d'un vendeur de boisson, le son de ses pièces sonnantes et trébuchantes avait tendance à les rassurer rapidement. Il attendait quelques minutes à l'extérieur avant de suivre le pas du voyageur. Isan marcha jusqu'au comptoir. - Ola, comment va camarade ? fit Hapkin. Hapkin voyait Isan dans son établissement depuis plusieurs années. S'il pouvait être taciturne avec les étrangers, Hapkin avait tendance à délier sa langue devant des clients fidèles. - La routine. Et ici ? Les affaires ? Des nouvelles têtes ? demanda Isan sur un ton innocent. - Bah ! Ca va, ça vient. Y s'dit que ça sent pas bon en Rohan ? T'es un voyageur, toi. T'en sais queq'chose ?
Isan répondit par la négative. - M'enfin, continua Hapkin. T ant qu'les clients s'en viennent boire par chez mi, ça me va bin. Oh, y'a un nouveau dans l'coin apparemment.Le tavernier pointa du menton la table de l'homme aux cheveux blancs. - M'en vais lui apporter son ragoût et sa bière.
D'une main, Isan l'arrêta. ~~ L'assiette brûlante glissa sous le regard de Forlong. Puis sa bière. Isan resta devant lui un instant. - Un repas chaud pour le retour glacial d'un aventurier...
Délicatement, il saisit la chaise face au Tribun et prit place. Les bras croisés sur la table, Isan fixa Forlong qui, lui, l'observait avec méfiance. - Votre mine fait peine à voir, messire, murmura-t-il. Mon nom est Isan. Vous ne me connaissez pas, même si la réciproque n'est pas vraie. Sachez simplement que lorsque la crainte me prend, je regarde une rose...Puis il se tut, estimant que le pauvre voyageur avait bien mérité sa portion. Il ne savait que trop bien ce que pouvait ressentir un homme affamé face à un plat chaud et un endroit réconfortant. Patientant encore avant de reprendre. - Les choses ont évolué depuis votre départ. Le roi a pris les choses en main pour redorer son image. À commencer par son entourage proche. Le seigneur Enon a été remercié pour ses services rendus. Le pauvre homme n'est plus en état de gouverner.Le bruit d'une nouvelle lampée venue réchauffer le gosier du Tribun coupa Isan dans son monologue. Absent depuis longtemps, Forlong n'allait pas pour autant se plaindre de recevoir un rapport sur l'état du royaume. - Il a été remplacé par le nouveau comte d'Amon Araf. Son nom devrait vous dire quelque chose... Ibn Lahad...Un silence s'installa soudain. - C'est lui qui m'envoie. Vous êtes invité à venir lui faire votre rapport sur... vos mésaventures dans les plus brefs délais.Isan en avait terminé. Il recula sur sa chaise, s'appuyant contre le dossier, libéré qu'il était de tout ce blabla nécessaire mais ennuyeux. Il scruta Forlong, prêt à écouter ses éventuelles questions et à lui apporter les réponses auxquelles il était en mesure de répondre. - Prenez le temps de terminer votre ragoût. Ah et, c'est pour moi, dit-il d'un air bienveillant. #Isan Envie de dessiner vos propres cartes fantasy ? Rendez-vous sur Cartogriffe.
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| | | Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3428 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
| Ven 15 Mar 2024 - 5:23 | | Forlong observait l'homme avec méfiance. Voilà pourquoi il ne raffolait pas des grandes villes. Ici, rien n'était simple, même commander un repas dans une auberge. Dès qu'il avait passé le seuil des portes d'Annuminas, il s'était retrouvé emmêlé dans la toile des intrigues. « Lorsque la crainte me prend, je regarde une rose » - la devise de la Garde de la Rose ne lui était pas inconnue. Au moins, il avait affaire à un serviteur du royaume. L'homme aux cheveux blancs avait décidé de garder le silence et de commencer son repas comme si de rien n'était, mais en réalité il écoutait attentivement les paroles d'Isan. La lampée de bière dissimula son étonnement lorsqu'il apprit qu'Aleth Enon n'était plus Intendant. Il eut plus de mal à cacher sa surprise lorsque le nom de son remplaçant fut prononcé. Sirion Ibn Lahad...Il n'avait jamais eu affaire à cet homme, mais sa réputation le précédait. Le capitaine de la Rose Noire. Le Fantôme. Le limier d'Aldarion. Ce n'était pas les liens entre le nouvel Intendant et le monde de l'ombre qui l'inquiétaient – après tout, Forlong avait lui-même travaillé avec l'Arbre Blanc lors de la campagne d'Assabia. Mais d'après les rumeurs, les méthodes employées par Ibn Lahad étaient peu orthodoxes, tandis que l'enthousiasme avec lequel il traquait les survivants de l'Ordre de la Couronne de Fer montrait son caractère cruel et obsessif. C'était surprenant de voir le roi Aldarion choisir un homme pareil, un Khandéen qui plus est, pour un poste aussi représentatif. Décidemment, entre Forlong Tribun et Sirion Intendant, le roi aimait bien s'entourer de parias. Ca ne devait sans doute pas plaire aux anciennes familles de la noblesse arnorienne. Les derniers mots d'Isan le sortirent de ses pensées. « c'est pour moi ». Des paroles prononcées sur un ton bienveillant, mais un agent de la Rose Noire saurait très bien camoufler ses vraies intentions. Un humble espion qui offrait un repas à un des hommes les plus haut gradés du royaume...de l'insolence ou une pitié mal placée ? Les deux options étaient complètement inappropriées. le dunadan regarda son interlocuteur droit dans les yeux pendant un long moment, ne laissant dévoiler aucune émotion. Les secondes s'écoulaient lentement comme des gouttes de sève épaisse coulant le long d'un tronc d'arbre. Finalement, Forlong leva sa chope et répondit, avec son demi-sourire si caractéristique : -Je vous remercie, Isan. Ou cette dépense fait-elle partie du budget de la Rose Noire? En tout cas vous avez raison, j'ai plusieurs soldes de retard que je n'ai pas encore eu le temps de récupérer : j'ai été...pas mal absent. Et il serait impoli de faire attendre l'Intendant en allant d'abord les chercher à la caserne, n'est-ce pas?D'une voix plus forte, il appela l'aubergiste. -Tavernier, préparez-moi une bassine d'eau chaude, un miroir et un rasoir affûté. Laissant Isan payer pour le repas, le Tribun fouilla un moment dans sa sacoche avant d'en sortir une chemise noire simple mais de bonne facture. Une fois la bassine mise en place, il enleva sa tunique de voyage, dévoilant un torse musclé mais amaigri et recouvert de cicatrices. Après s'être passé de l'eau sur le visage, Forlong commença le rasage. - Le seigneur Aleth Enon...qu'est-ce qui lui est arrivé exactement ? - La dernière fois que Forlong l'avait vu, l'Intendant était en pleine possession de ses facultés mentales. Il termina son rasage en écoutant la réponse d'Isan, avant d'attacher ses longs cheveux blancs en queue de cheval. Forlong enfila sa chemise noire et attacha l'épée du Commandant Sodden à la ceinture. Enfin, il épingla une broche en forme d'étoile au-dessus de son cœur. -Allons-y, Isan. J'espère que l'Intendant se trouve bien à Annuminas et que mon rasage n'a pas été précoce ?
L'homme aux cheveux blancs enfila sa cape de voyage avant de sortir de l'auberge. L'air glacé piquait ses joues irritées par la lame du rasoir. Il inspira, puis expira longuement, constatant avec surprise qu'il était anxieux. Comment est-ce que ce nouvel Intendant allait accueillir le Tribun après des mois de vadrouille et de captivité ? Il avait payé un lourd prix pour retrouver le régiment perdu, et rentrait à Annuminas sans ses compagnons et sans sa chevalière de Tribun. Allez, vieux loup. - se moqua-t-il à voix basse – t' as passé l'âge d'avoir peur des fantômes. #ForlongMembre des Orange Brothers aka The Good Cop |
| | | Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Nombre de messages : 1868 Age : 33 Localisation : Arnor
~ GRIMOIRE ~ -: Homme du Sud -: 35 ans -:
| Ven 15 Mar 2024 - 15:23 | | L'homme de la Rose Noire esquissa un sourire à la remarque du Tribun sur le paiement de son repas. - Il est vrai que ma solde provient du royaume... Donc vous n'avez pas vraiment tort.Isan laissa la question de Forlong au sujet de ses soldes de retard sans réponse et le laissa terminer sa chope. L'aubergiste lui amena le nécessaire que pour se raser et entama dans le vif. Le nouvel arrivant en profita pour assouvir sa curiosité et combler les vides de ces derniers mois. Isan ne s'attendait pas vraiment à devoir jouer au conteur, mais il se laissa persuader sans véritablement opposer de résistance. - Le seigneur Enon est tombé gravement malade. Si son physique est défaillant, il semble que son esprit lui joue parfois des tours. Ici, il a toute sa raison puis là, il ne se rappelle plus qui se trouve face à lui. Un mal bien malheureux.L'homme leva les yeux vers Forlong. Le Loup Blanc -comme on l'appelait ici et là- regagnait à chaque passage du coupe-chou une année de jeunesse et retrouvait peu à peu un semblant de noblesse. Ses mois de captivité et d'errance avaient fait du guerrier un être malnutri. Le visage plus émacié, les bras flottants davantage dans ses vêtements. Pourtant, Forlong gardait ce je-ne-sais-quoi qui lui donnait une aura singulière. Isan l'imaginait sans mal porter haut les couleurs du royaume sur un champ de bataille et raviver la flamme dans le coeur des soldats. Forlong était de ceux qui ne reculaient jamais face à l'adversité. - L'Intendant est bien ici à la capitale, n'ayez crainte. Je vous en prie.Isan laissa le revenant prendre les devants avant de quitter l'établissement. Ensemble, ils rejoignirent l'écurie où se trouvait la monture du tribun. Ils marchèrent ensuite jusqu'à atteindre le palais. Si Forlong n'était pas le moins du monde à l'aise au milieu de la cité, perdu qu'il était dans ce capharnaüm, Isan y était comme un poisson dans l'eau. La rue des épices, la descente du coton, les artères menant à la grand place, il connaissait chaque recoin de la cité comme sa poche. À plusieurs reprises, il se retourna comme pour s'assurer que Forlong le suive à la trace. Au pied des grandes marches du palais, Isan accéléra la cadence avalant l'escalier tel un jeun homme. Il échangea deux mots avec l'un des gardes qui les laissa entrer, non sans un regard pour l'homme aux cheveux blancs qu'Isan amenait dans son sillage. Le temps avait passé depuis la dernière visite du Loup Blanc entre ces murs, leur souvenir était peut-être frais et pourtant cette sensation de grandeur avait de quoi en déstabiliser plus d'un. Les couloirs, les corridors, les terrasses, le duo arpenta un long moment le dédale du palais avant d'arriver enfin devant un grand bureau, sorte de secrétaire où un petit homme les accueillit. - Isan. - Je viens avec le tribun. - Oui, très bien. L'intendant va vous recevoir.L'homme se leva et invita Isan et Forlong à patienter. Il disparut derrière une porte avant de revenir quelques minutes plus tard, accompagné d'un autre homme bien plus grand et aussi large qu'une armoire. - Merci d'avoir patienté, l'intendant est encore en rendez-vous mais vous pouvez vous installer dans le petit salon. Caron va vous conduire.Forlong croisa le regard du dénommé Caron. Le visage dur et le dos bien droit, il ne faisait aucun doute sur les capacités martiales du chevalier. Sa cape blanche ne laissait pas non plus de place au doute. Caron appartenait à la Rose Blanche. L'homme se tourna de côté comme pour inviter Forlong à le devancer. Isan, lui, demeura en retrait. - C'est ici que nos chemins se séparent, mon seigneur. Ce fut un plaisir que de vous rencontrer et d'échanger. Peut-être aurons-nous d'autres occasions et qui sait, vous aurez peut-être le sou que pour m'offrir une chope.Ce fut sur ces paroles pleines d'humour et un sourire en coin qu'Isan s'inclina avant de s'éclipser. Forlong put donc se diriger vers le petit salon, accompagné par Caron. Si Isan s'était révélé être un compagnon de voyage des plus distrayants, Caron était son exact opposé. Pas un mot ne s'échappa de sa bouche et sa mine n'incita pas non plus au dialogue. Fort heureusement, ils arrivèrent très vite dans l'antichambre des bureaux de l'intendant. La pièce était plus longue que large et à l'autre bout, une modeste fenêtre venait offrir le peu de lumière qu'il lui était possible de donner donnant une ambiance très feutrée à l'endroit. Caron montra du doigt une chaise au tribun puis alla se placer devant la seule autre porte du salon. Sans aucun doute la porte menant aux bureaux du maître des lieux. C'est dans ce silence que Forlong remarqua bientôt qu'ils n'étaient pas deux, mais bien trois à patienter. Assis du même côté de la pièce que Forlong, un autre homme semblait patienter. Vêtu d'un simple gambison de couleur sombre et d'un plastron de cuir, il ne ressemblait pas au premier paysan venu mais n'avait rien d'un grand noble non plus. Le simple fait qu'il doive patienter ici démontrait qu'il n'avait rien d'un puissant. Et pourtant, Forlong Neldoreth, Tribun militaire de l'Arnor était là, lui aussi. L'homme se risqua à croiser le regard du Loup Blanc. Il sembla hésiter avant de se risquer à ouvrir la bouche, sous l'œil aiguisé de Caron muet comme une carpe. - Salutations à vous. J'espère que vous êtes patient car cela fait déjà un bon moment que j'attends. Notre bon intendant semble bien occupé, fit-il un sourire en coin tout en jetant un regard méfiant à Caron. Pour quoi êtes-vous là ? 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| | | Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3428 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
| Dim 24 Mar 2024 - 19:46 | | Le Palais d'Annuminas...un monument vivant de la renaissance des Dunedain du Nord. Ses piliers, cours intérieures et riches décorations montraient l'ambition et l'énergie effervescente de l'époque d'Elessar et de la reconstitution du Royaume Réunifié. Comme toujours, des nombreux membres de la noblesse et de l'administration s'y affairaient, mais Forlong n'avait rien à craindre. Il avait passé très peu de temps à la capitale, et encore moins dans ce genre de milieu. Il y avait peu de chances que quelqu'un le reconnaisse ici.
Enfin, ils arrivèrent devant les bureaux de l'Intendant. Il hocha de la tête en entendant les paroles d'Isan. Il avait peut-être été trop méfiant envers cet agent de la Rose Noire.
-Oui, j'offre la prochaine tournée. Parole de Tribun.
Il s'avança, en sentant dans son dos la présence de l'imposant chevalier Caron. C'était mieux ainsi: Forlong avait maigri, mais avec la carrure du guerrier de la Rose Blanche ils auraient eu du mal à avancer côte à côte dans le couloir étroit.
Une fois dans l'antichambre, Forlong put découvrir qu'il n'était pas le seul à attendre un rendez-vous avec Sirion Ibn-Lahad. Il s'installa sur la chaise relativement confortable. Le Dunadan s'efforça de ne pas prendre cette attente comme un affront. Il espérait juste qu'il s'agissait d'une preuve de l'assiduité avec laquelle l'Intendant exerçait ses fonctions, plutôt que d'une tentative de rabaisser le Tribun.
Forlong se demandait si Isan n'aurait pas pu le laisser tranquille quelques heures de plus, le temps d'un bain et d'une visite à la caserne. Mais le Loup Blanc ne manquait pas de patience...le silence de Caron ne le dérangeait absolument pas. Il appréciait les hommes qui ne parlaient pas quand il n'y avait rien à dire. Le Dunadan étira ses longues jambes devant lui et ferma ses yeux à moitié.
Quelques minutes passèrent, et Forlong eut le malheur de croiser le regard de l'autre homme qui patientait dans l'antichambre. Merde, un bavard...Jusqu'à présent, le Tribun s'était efforcé de limiter au maximum le nombre de personnes mises au courant de son retour, et il ne comptait pas en parler à un parfait inconnu. Il n'avait pas sa chevalière de Tribun, mais la noblesse de sa lame montrait son appartenance à la classe guerrière. Impossible de se faire passer pour un marchand ou un artisan.
-Salutations. La chaise est confortable et mon ventre est plein, je peux donc patienter. L'Intendant doit sans doute se dire qu'avec notre longévité dunadane légendaire, le temps s'écoule différemment pour nous. Quant à la raison de ma présence ici...on m'avait ordonné de retrouver une chose qui s'était égarée, et je suis ici pour la ramener à l'Intendant. Et vous, monsieur?
Forlong n'était pas particulièrement intéressé par la réponse, mais avait préféré tourner la conversation vers l'inconnu plutôt que de devoir répondre à d'autres questions. Membre des Orange Brothers aka The Good Cop |
| | | Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
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~ GRIMOIRE ~ -: Homme du Sud -: 35 ans -:
| Jeu 28 Mar 2024 - 16:59 | | L'humour du Loup Blanc était une belle surprise. Cela lui changeait de ses compagnons habituels. À la question du Tribun, l'homme haussa les épaules. - Je m'occupe de tout un tas de choses. Plus ou moins importantes. Plus ou moins intéressantes.
Il passe une main dans sa barbe bien taillée. - Je suis nouveau à mon poste et j'aimerais pouvoir trouver des personnes sur qui m'appuyer. D'où ma présence ici.
Si cet homme pensait trouver un allié de poids, l'Intendant était un choix de prestige. Pour autant, il ne semblait pas vraiment inquiet ou stressé en vue de sa future entrevue avec le maître des lieux. Dans son coin, Caron avait les yeux fixés sur le mur devant lui, imperturbable, les mains jointes devant sa ceinture. L'homme lui jeta un nouveau regard avant de revenir vers Forlong. - Pardonnez ma curiosité. J'essaie de m'occuper l'esprit. Si votre chevelure n'a rien à voir avec celle de notre ami, je dois reconnaître une certaine ressemblance pour ce qui est de votre aisance et de votre carrure. Vous m'avez tout l'air de vous y connaître en matière de 'négociations musclées'. Je me trompe ?Les questions, Forlong s'était préparé à y répondre. Mais seulement une fois de l'autre côté de la porte et en présence uniquement de l'Intendant. Forlong croisa le regard de son interrogateur curieux. Ses yeux étaient gris et son visage émacié. Il put aussi remarquer une chevalière à sa main, mais trop éloigné le dunadan fut incapable de distinguer ses détails. Le silence établi fut soudainement brisé par le curieux. - Si mes questions vous dérangent, je m'en excuse. Mais nous voilà coincés ici tous les deux. Et cela pourrait bien durer un moment. Vous m'avez l'air d'être un homme juste et honnête. Une petite conversation ne peut pas nous faire de mal. Et si j'ai bien saisi, vous appartenez aux dunedains ? Riche héritage. Illustre histoire. Vous devez bien connaître ceux que l'on nomme les Hiboux.Si Forlong s'était absenté un long moment, l'arnorien qu'il était se devait de connaître les grandes familles du royaume dont les plus anciennes et honorables appartenaient à ceux de son peuple. Fort présents dans l'hémicycle du Sénat, on les surnommait parfois les Hiboux. Vieux rapaces avec des yeux derrière la tête. - J'en ai oublié les bonnes manières, l'on me nomme parfois Kasperr.Passant le bras par dessus la chaise qui séparait les deux leurs, l'homme tendit sa main à Forlong. Rien ne valait mieux qu'une bonne poignée de mains pour connaître quelqu'un. #Kasperr Envie de dessiner vos propres cartes fantasy ? Rendez-vous sur Cartogriffe.
Dernière édition par Sirion Ibn Lahad le Lun 17 Juin 2024 - 11:33, édité 1 fois |
| | | Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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| Mer 22 Mai 2024 - 23:25 | | Forlong fut surpris en entendant la réponse de l'homme barbu à la question sur les raisons de sa présence: elle était aussi vague que la sienne. Des choses plus ou moins importantes et plus ou moins intéressantes...ce genre de description lui faisait davantage penser aux occupations des habitants des quartiers malfamés de la cité que ceux qui demandaient une audience auprès de l'Intendant.
-Négociations musclées? - un terme qui ne faisait que renforcer l'association avec le monde du crime organisé - Je n'appellerais pas ça comme ça, mais oui l'épée a pendant longtemps été mon principal outil de travail. C'est un marché où il y aura toujours de la demande je pense...
Oui, les questions de l'homme le dérangeaient, et Forlong espérait sincèrement que l'attente ne durerait pas trop longtemps. Et pourtant il constata avec surprise que ce barbu avait réussi à éveiller une note de curiosité chez lui. Quel était le nouveau poste qu'il avait pris, et quelle était la véritable raison de sa venue?
Il ignora les flatteries au sujet de son caractère et de son héritage, mais les paroles suivantes de l'homme l'interpellèrent. Les Hiboux...Un politicien donc, issu d'une famille qui avait su construire son influence non seulement grâce à leur sang noble, mais aussi leur capacité à tisser des intrigues au sein de la capitale. Intéressant. Un membre d'une telle famille d'aristocrates devait lui aussi être frustré par l'attente que lui infligeait un intendant étranger, catapulté au deuxième poste le plus influent du royaume après un passage obscur dans la Rose Noire.
Forlong se pencha à son tour pour serrer la main de son interlocuteur. Le Tribun avait une poignée sûre, habitué à tenir le manche de son épée ou les rênes de son cheval, mais il n'essayait pas de broyer la main de l'autre homme dans une démonstration de force. Il savait très bien que dans ce genre de jeu, le chevalier Caron serait le champion incontesté de l'antichambre. Ce qui pouvait surprendre le Hibou c'était l'état de la main de Forlong. Des cicatrices recouvraient l'intérieur de ses paumes, un souvenir de sa captivité à Gundabad où il s'était emparé d'une tige de fer chauffée à blanc dans un geste de lutte désespérée contre son tortionnaire. Et ses mains étaient maigres comme le reste de son corps, ses longs doits secs étant dépourvus de toute trace de graisse.
-Salutations Kasperr. L'on me nomme parfois Neldor - eth, rajouta-il dans ses pensées, mais ça l'hibou n'avait pas besoin de le savoir pour l'instant - Mon héritage n'est pas aussi riche que celui des Hiboux, et l'histoire de mes ancêtres n'est probablement pas aussi illustre que la votre, mais oui je viens de la lignée des Dunedain. Après tout, il y a encore quelques générations, tout ce qui restait de notre peuple c'était une poignée de rôdeurs éparpillées aux quatre coins de nos terres ancestrales.
Il regarda discrètement la porte des bureaux de l'Intendant. Toujours rien...
-Et quel est ce nouveau poste que vous avez pris, Kasperr? C'est à mon tour de vous demander d'excuser ma curiosité.
Forlong espérait qu'il allait pouvoir rester anonyme pour l'instant. Il n'avait aucune envie de devenir un pion dans les intrigues de la cour, et espérait sincèrement qu'un vieux loup serait une proie trop grosse pour un hibou... Membre des Orange Brothers aka The Good Cop |
| | | Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Nombre de messages : 1868 Age : 33 Localisation : Arnor
~ GRIMOIRE ~ -: Homme du Sud -: 35 ans -:
| Ven 24 Mai 2024 - 16:10 | | - Illustre ? Non.Kasperr garda un instant la main du dunadan dans la sienne, comme pour sonder son âme. Leurs regards se toisaient. Tentant l'un comme l'autre de dénouer les fils des secrets et des non-dits. - Ma famille n'a rien d'illustre. Et croyez-moi, cela me sied. J'ai toujours considéré que la valeur d'un homme ne se mesurait pas aux exploits de ses aïeux mais bien à ses propres actes.L'homme relâcha son emprise et reprit place dans son siège. - Je ne voudrais pas paraître inconvenant mais au vu de vos traits tirés, vous avez l'air de vous être sorti d'une situation délicate. Peut-être est-ce là même un exploit comme ceux que j'évoquais à l'instant.Puis il resta silencieux, ses yeux gris plongés dans ceux de son voisin d'attente. Des secondes qui semblèrent des heures pour Forlong. Puis le dénommé Kasperr se décida à agir. Il se leva soudainement, marchant d'un pas mesuré dans la pièce. Il passa devant Caron, impassible, avant de revenir dans la direction du tribun. - Le poste que j'occupe n'a rien de conventionnel, je dois dire. Du moins, pour quelqu'un comme moi. Mais ce fut là la volonté-même de notre roi. Un homme que je respecte. Je pourrais me définir comme un ornithologue*. Toujours en quête d'oiseaux rares...Kasperr fit volte-face et s'arrêta devant Caron. Le chevalier le dépassait d'une bonne tête. Pourtant, sans un geste, le membre de la Rose s'écarta de la porte tout en se tournant sur le côté. Kasperr posa une main sur la poignée avant de tourner la tête en direction du dénommé Neldor. - Tribun Forlong Neldoreth, bon retour à la capitale. Suivez-moi.Le dunadan eut un moment de flottement. Cet homme avait subitement changé de ton, de phrasé et de regard. Avant de passer la porte du bureau de l'Intendant. Mais qui était-il au juste pour jouer à ce jeu là ? Forlong passa le garde, après quoi Caron referma la porte derrière lui. La pièce était assez grande. Une haute fenêtre offrait une belle lumière à l'endroit. Devant celle-ci un bureau trônait dos à la vitre. Plus loin, une petite bibliothèque longeait l'un des murs. De l'autre côté, à l'opposé de l'entrée, une cheminée -éteinte- au-dessus de laquelle reposait une épée à la lame noire. Forlong se recentra sur l'instant présent et put constater que Kasperr se tenait appuyé contre le bureau. Les bras croisés, observant le dunadan d'un oeil curieux. - Pardonnez ces faux-semblants et cet échange informel. C'est là quelque chose que j'ai du mal à abandonner.L'homme désigna la chaise devant lui, invitant Forlong à s'asseoir. - Le protocole, les courbettes sont quelque chose que je n'ai jamais vraiment comprises. Mais qu'aujourd'hui, je me dois d'accepter. En tant qu'Intendant du Royaume, cela ne peut en être autrement.Il laissa son hôte s'asseoir tout en faisant lui-même le tour de son bureau et de prendre place à son tour. Si dans l'antichambre, les deux hommes semblaient être d'égal à égal. Les positions venaient soudainement de s'éclaircir. - Or donc, bienvenue Tribun Neldoreth. Je suis Sirion Ibn Lahad, comte d'Amon Araf et Intendant d'Arnor, ancien capitaine de la Garde de la Rose et Pair du Royaume d'Arnor. Mais je ne doute pas du fait que vous ayez compris qui j'étais en entrant ici.Sirion s'enfonça dans son fauteuil. Les mains réunies devant sa bouche, il laissa Forlong le temps de s'imprégner de cette nouvelle réalité. Le dunadan avait quelque chose de fascinant. Sirion avait plus d'une fois entendu parler de lui durant son capitanat au sein de la Rose, mais jamais il n'avait eu l'occasion de discuter ni même de le croiser, autrement que d'un bout à l'autre couloir au détour d'une mission. - Vous semblez être un homme honorable, seigneur Forlong. Vos faits d'armes parlent pour vous. Mais si je vous ai fait venir, c'est afin d'éclaircir des zones d'ombres dans le tableau des derniers mois. Vous avez disparu sans laisser de traces près des Monts Brumeux.Soudain l'Intendant se redressa. L'heure n'était plus aux discussions de façade. Les masques étaient tombés. - Racontez-moi tout.L'heure de vérité était arrivée. Les dessous du retour du Loup Blanc allaient enfin être révélés. * référence à ce RP#Sirion Envie de dessiner vos propres cartes fantasy ? Rendez-vous sur Cartogriffe.
Dernière édition par Sirion Ibn Lahad le Lun 17 Juin 2024 - 11:39, édité 1 fois |
| | | Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3428 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
| Ven 14 Juin 2024 - 0:30 | | Bas les masques. La masquerade était terminée, et Forlong réalisa aussitôt qu’il avait été victime d’une ruse. Un ornithologue? Plutôt un puma qui joue avec sa proie. Pendant un instant, il avait encore eu un moment d’hésitation, pensant que son interlocuteur était un autre agent de la Rose Noire, mais ses doutes se dissipèrent lorsqu’il entra dans le bureau. Il s’agissait bien et bel de Sirion Ibn Lahad, comte d'Amon Araf et Intendant d'Arnor en personne. Le Tribun sentit une colère froide l’envahir; depuis son arrivée à Annuminas ce matin, l’Intendant jouait avec lui comme avec une marionnette. Et Forlong n’aimait pas ce genre de jeux. Ses mains étaient serrées sur les accoudoirs de la chaise, et lorsque l’Intendant se posa à son tour dans son fauteuil, le Tribun le regarda tout droit dans les yeux…et il vacilla. C’était comme regarder dans un puits profond, et trouver son propre reflet dans l’eau sombre. Il avait reconnu au fond des yeux de Sirion une douleur que seuls ceux qui avaient subi l’emprisonnement, la torture et l’impuissance pouvaient ressentir. La même douleur qu’il voyait dans ses propres yeux lorsqu’il se regardait dans la glace. Oui, le passé douloureux du khandéen était cicatrisé et profondément enfoui, mais certaines blessures ne guérissent jamais complètement. Forlong sentit sa colère le quitter, et il se laissa tomber en arrière sur le dossier de sa chaise, en regardant l’homme avec qui il partageait cette forme de fraternité unique, dont ils ne parleraient jamais ouvertement. Ce dernier l’attendait, les mains réunies devant sa bouche, avant de prendre la parole. Racontez-moi tout. Le Tribun prit une longue inspiration. Il savait que le moment viendrait pour lui de faire son rapport. Il ne restait plus qu’à espérer que le Comte d’Amon Araf avait libéré son après-midi. -Crowken le chasseur d’esprits. Taness Oeil-Vif. Adaes Thiemond. Njall Nanuq. Elendüril. Davron Silverhill. Sharpe. Nroc. Voici les noms des hommes courageux qui avaient quitté Annuminas à mes côtés le 11 mai de l’an 301. - Cela allait bientôt faire un an…. - L’intendant Aleth Enon, votre prédecesseur, m’avait confié la mission de retrouver le régiment disparu dans les plaines glacées du Rhûdaur - Forlong rappela discrètement à son interlocuteur qu’il ne s’était pas embarqué dans cette mission folle par soif d’aventure ou pour fuir ses responsabilités. Il s’agissait d’un ordre direct de la Couronne. - Le chasseur d’esprits avait déjà commencé son enquête, et nous avait guidé vers l’endroit où il avait trouvé les dernières traces du régiment. Au bout de quelques jours de voyage seulement, nous fûmes obligés d’affronter des gobelins lors d’une escarmouche avant d’arriver dans un village fortifié. L’accueil était…froid. Leur chef se plaignait de devoir payer des taxes à la Couronne, sans jamais avoir pu bénéficier de la protection du roi. Ils avaient accueilli le régiment disparu, mais les soldats avaient refusé de les aider en échange.Forlong leva les yeux vers l’intendant. -J’avais fait serment à cet homme de faire un rapport à la Couronne sur les plaintes de son peuple si je revenais vivant à Annuminas un jour. Ce moment est venu. Mais nous y reviendrons. Dans ce village nous avons rencontré un survivant du régiment disparu, mais l’homme était fou, ou d’après Crowken, possédé par un esprit des galgals. Il s’est suicidé devant nos yeux avant de pouvoir nous en dire plus sur le sort de ses compagnons… - Le regard du Tribun s’assombrit - Lors de la prochaine étape de notre périple, une horde de gobelins nous tomba dessus. Il n’y avait aucun moyen de les semer sur les chemins étroits de montagne et un de mes hommes, le rôdeur Elendüril, chuta de son cheval. Je pris la décision de couvrir la retraite du reste du groupe avec Elendüril. Je pense…j’espère que le sacrifice n’a pas été en vain. Après un combat acharné mais impossible à remporter, les gobelins avaient réussi à nous assommer et nous emprisonner. Je n’ai pas revu ma lame, Lunerill, depuis. - Forlong se tut pendant un moment, pensif. Son regard se posa sur l’épée noire pendue au-dessus de la cheminée éteinte. Une belle lame, mais qui avait clairement servi. Ce n’était pas le genre d’arme qu’il s’attendait à voir dans le bureau d’un espion devenu dignitaire. -Les gobelins avaient choisi Elendüril, moi et quelques autres prisonniers comme tribut pour le roi Baltog de Gundabad. Avant d’être embarqué vers la capitale gobeline, je me suis débarrassé de ma chevalière de Tribun. Une décision difficile, mais je ne pouvais pas risquer que mon identité soit dévoilée. La marche jusqu’à Gundabad a failli me tuer. Quant à Elendüril, je ne sais pas ce qu’il est devenu. Le malheureux a disparu pendant une tempête de neige. Il a peut-être réussi à s’enfuir mais j’en doute. Je vous passerai les détails de ma captivité...je ne peux qu’estimer en rétrospective combien de temps elle a pu durer. J’étais prisonnier d’un uruk aussi étrange que cruel. Je vous dirai ceci, Comte Sirion. Nous sous-estimons la complexité du peuple gobelin. J’ai rencontré un marchand humain qui commerçait avec Gundabad. Un uruk qui savait lire. Des orques ambitieux, presque honorables par moment. La cruauté et l’art de la guerre sont les valeurs principales de cette société, mais penser qu’il s’agit de monstres idiots est une grave erreur. L’homme aux cheveux blancs se racla la gorge. -Cet uruk, mon tortionnaire, semblait faire partie d’une espèce de compagnie étrangère qui servait Baltog. A ma grande surprise, cette compagnie était composée non seulement de gobelins, d’uruks et de wargs, mais même d’hommes et d’un nain. J’avais assisté à une réunion secrète de ce groupe hétéroclite. C’est là où j’appris que les armées du roi Thorik avaient remporté plusieurs batailles et s’approchaient de Gundabad. La décision fut prise de déserter, et ce choix fut scellé lorsqu’on a dû se débarrasser d’une patrouille gobeline qui nous était tombée dessus. Grâce à la menace de l’armée naine et la loyauté défaillante de la compagnie envers Baltog, j’avais pu quitter Gundabad, toujours en la compagnie de mon tortionnaire. Quelques jours plus tard, une opportunité se présenta de se séparer d’une partie du groupe. Nous étions trois: un homme du Val appelé Simo et un étrange archer au nom de Narion qui prétendait être un homme d’Arnor. A mon désarroi, l’homme semblait connaître ma véritable identité, même s’il n’était pas au courant de mon rang de tribun.Forlong leva son regard. Il entrait enfin dans le vif du sujet. -Lors de notre fuite, j’appris que Narion faisait partie de ce même régiment disparu que je recherchais avec mes compagnons. Il était parti de Fornost sous les ordres du commandant Sodden, le Vieil Aigle et de ses quatre capitaines. Le régiment, un solide millier d’hommes, était en train de patrouiller entre l’Arthedain et le Rhûdaur, lorsqu’ils sont tombés sur la piste d’une horde de gobelins. Ils avaient réussi à rattraper les peaux-vertes et à les mettre en déroute, mais le commandant Sodden avait donné l’ordre de poursuivre les survivants. C’est lors de cette poursuite que le régiment a fait la halte dans le village où mon enquête m’avait mené. Malheureusement, dans les mêmes montagnes où j’ai été capturé, le régiment tomba dans un piège tendu par des renforts de Gundabad. Les hommes de Sodden subirent de lourdes pertes, dont deux des capitaines. Ils durent se replier, pour se retrouver enfin dans les terres maudits d’Angmar. C’est là qu’ils trouvèrent un vieux château délabré entouré d’un village, qu’ils avaient appelé ‘le repère’. Ils y furent très bien reçus par les habitants, contents d’avoir la protection d’une telle force armée. Cependant, le commandant Sodden refusait d’y passer l’hiver, souhaitant libérer ses hommes emprisonnés à Gundabad, et de revenir vers l’Arnor.L’homme aux cheveux blancs tapota nerveusement sur l’accoudoir de sa chaise. -C’est là que l’histoire prend une tournure sombre. Lors de notre périple vers ce fameux repère, nous sommes tombés sur une maison abandonnée. En vue du comportement étrange de mes compagnons, j’avais décidé d’enquêter sur cet endroit. Derrière la maison, j’ai trouvé les corps de cinq hommes pendus. Sur un des corps, il y avait une épée de noble facture. C’est la même que je porte aujourd’hui à ma ceinture. L’épée du commandant Sodden. A ce moment-là, je savais déjà que les deux hommes me mentaient, au moins en partie. Lors de notre arrivée au repère, j’ai vite découvert qu’il ne s’agissait pas de l’endroit idyllique que Narion avait décrit, ni même d’un camp militaire de soldats d’Arnor. L’accueil ne fut pas chaleureux. C’est là que je fis connaissance du capitaine Malor, le dernier officier survivant du régiment. D’après lui, le deuxième capitaine, Flent, avait été tué par des gobelins. Malor m’expliqua un plan capillotracté, dans le cadre duquel il souhaitait m’envoyer comme messager vers l’Arnor pour aller chercher des renforts. Heureusement, la chance me sourit enfin. L’homme qui était assigné pour me guider à travers le camp était le sergent Ranan, un ancien frère d’armes de l’époque de la Grande Bataille du Nord. C’est lui qui m'expliqua ce qui était vraiment arrivé ici. Flent et Malor s’étaient rebellés contre Sodden qui semblait obsédé par l’idée de s’infiltrer à Gundabad pour libérer ses hommes. Sodden avait fini par partir avec quelques compagnons, dont Narion, mais ce dernier fut le seul à revenir, racontant qu’ils avaient été attaqué par des gobelins et que Sodden avait été tué. A ce moment-là, Malor prit la fille du chef du village comme épouse et une dizaine de ses hommes firent de même avec d’autres femmes. Le capitaine Flent, qui souhaitait garder la discipline et rentrer en Arnor avec le régiment, provoqua Malor en duel mais perdit le combat ainsi que sa vie. J’appris avec horreur que Malor envoyait ceux qui le défiaient en esclavage à Gundabad, et que Narion lui servait d’émissaire. Il y avait encore des hommes fidèles à l’Arnor au sein du régiment, mais ils étaient réduits à l'obéissance.
Il sentit sa mâchoire se serrer au souvenir de cet acte impardonnable. -Le lendemain, on m'obligea à quitter le repère en direction de l’Arnor. Je comptais revenir incognito si j’en avais l’opportunité, mais en réalité Malor ne comptait pas me laisser partir. L’archer Narion m’avait tendu une embuscade, mais le sergent Ranan m’a sauvé la vie. Nous avons pendu Narion. - La voix de Forlong était froide comme la glace - L’homme était responsable de la mort du commandant Sodden, et de la vente de ses propres compagnons d’armes en esclavage. -Je suis revenu discrètement au repère, pour découvrir un banquet enivré et le capitaine Malor assis sur un trône, tel un roitelet païen. Ranan avait réussi à faire passer le mot parmi les soldats encore fidèles à la Couronne et ils étaient là, mêlés à la foule. A mon signal, Ranan avait dévoilé l’étendard de l’Arnor pendant que j'annonçais ma présence et mon rang de tribun aux soldats assemblés, en retirant le commandement au capitaine Malor. Il s’est attaqué à moi, et a perdu le duel, trop ivre pour représenter une menace réelle. J’ai donné le choix aux hommes de rentrer avec moi et de réintégrer les rangs de l’armée, ou de rendre leurs armes et rester ici, à jamais bannis du royaume d’Arnor. La plupart, quatre cent hommes environ, avaient décidé de me suivre. Une centaine demeura au repère. Le chemin jusqu’à l’Arnor serait difficile et dangereux, et je ne pouvais pas me permettre de m’entourer de déserteurs ou traîtres potentiels. Notre retour au pays coïncida avec la bataille du Chemin des Anes contre l’armée du Mont Gram envoyée pour lever le siège de Gundabad. C’est là, sur le champ de bataille, que les hommes du régiment perdu sont redevenus des soldats d’Arnor. Certains y ont payé le prix ultime. Le capitaine Malor…a eu l’opportunité de combattre une dernière fois pour une noble cause, et a perdu la vie tout en abattant un troll. Il a choisi de mourir l’épée à la main plutôt qu’avec une corde autour du cou. Il ne méritait peut-être pas une fin honorable, mais il n’est jamais trop tard pour accomplir un dernier acte de noblesse. Le sergent Ranan, toujours redoutable à l’arc, a lui-même abattu Grak l’Epouvanteur, le redoutable commandant du Mont Gram. Après la bataille, j’ai pris la route vers Annuminas pour faire mon rapport. Le reste, vous le connaissez…
Forlong soupira. Sa gorge était sèche, il n’avait pas l’habitude de faire de tels monologues. Une ride apparut sur son front: -Je n’ai pas eu de nouvelles sur le sort des hommes qui ont quitté Annuminas avec moi il y a bientôt un an…Savez-vous ce qu’ils sont devenus? Certains sont-ils revenus à la capitale? #Malor #Sodden #Ranan #FlentMembre des Orange Brothers aka The Good Cop |
| | | Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Nombre de messages : 1868 Age : 33 Localisation : Arnor
~ GRIMOIRE ~ -: Homme du Sud -: 35 ans -:
| Lun 17 Juin 2024 - 15:15 | | Durant tout le temps où le tribun narra ses aventures, Sirion ne bougea pas d'un iota. Il se contenta d'écouter avec attention les paroles de Forlong, analysant, apprenant et mémorisant tous les éléments que lui donnait le dunadan. Lorsque ce dernier eut enfin terminé, l'Intendant acquiesça comme pour remercier silencieusement son invité pour cette histoire des plus exhaustives. Les deux hommes échangèrent un nouveau regard. La frustration de Neldoreth à l'idée d'avoir été berné à peine rentré d'un tel bourbier se lisait sur son visage émacié, creusé par le temps et sa période d'errance.
Le khandéen se redressa dans son siège.
- Malheureusement non. Aucun de vos compagnons n'a franchi les portes de la capitale depuis votre départ. On m'a toutefois rapporté que des rôdeurs se seraient ralliés aux nains à Gundabad. Cet Elendüril s'en est peut-être tiré.
Devant le peu de réconfort que pouvaient lui apporter ses paroles, Ibn Lahad enchaîna.
- Le sort de ce régiment est une bien triste histoire et la perte de Sodden et des autres hommes fidèles à leur commandant est une tragédie. Il est heureux que Malor ait péri. Le destin a parlé.
Le ton était dur. La sentence était irrévocable. Pourtant il demeurait des questions en suspens.
- L'on m'a effectivement informé de l'arrivée imminente du régiment entre nos murs. Votre témoignage éclaircit de grandes zones d'ombre. Et si vous me certifiez qu'il ne demeure aucun traître parmi ceux de retour avec vous, alors Annùminas leur sera ouverte et amicale. Vous comprenez qu'après les événements de la Couronne de Fer, la tolérance en la matière soit nulle. Aucun caillou dans nos bottes.
Attendant la réponse du Tribun, Sirion se frotta la barbe avant de se lever.
- Vous m'avez dit qu'une centaine d'hommes demeurait dans ce fameux repère. Je comprends que vous ayez dû faire des choix en cet instant et mener le plus grand nombre vers leur patrie. Mais à présent...
Le Comte s'appuya contre son bureau.
- Que feriez-vous d'eux à présent ? Représentent-ils une menace ? Devrait-on y renvoyer des lames pour nettoyer cet endroit ? Que feriez-vous, Tribun Forlong ?
Si la question pouvait s'avérer simple, la réponse n'en était pas moins une façon pour l'Intendant d'y voir plus clair sur la personnalité du Tribun. Même s'il avait déjà une idée de sa réponse...
Beaucoup de choses allaient se jouer dans les semaines à venir à Annùminas. Et Sirion avait déjà commencé à renforcer ses positions dans les hautes sphères. Petit à petit, il apprenait à jouer avec les armes politiciennes au détriment des armes d'acier qu'il pratiquait depuis toujours. Il avait vite compris que les premières pouvaient tout autant tuer que les secondes. En ce sens, trouver des alliés était une ressource ô combien précieuse.
- L'épée de feu le commandant Sodden ne pouvait trouver meilleur bras pour la porter. Je vous souhaite d'honorer sa mémoire en portant fièrement l'arme du Vieil Aigle. Perdre son épée n'est jamais une chose agréable. Elle vous accompagne dans la vie. Dans les bons moments comme dans les pires. Ou bien même dans vos derniers soupirs.
Le regard du khandéen se tourna vers le mur surplombant la cheminée. Nerthag, sa lame noire, continuait de l'accompagner dans ses aventures. L'espace d'une seconde, Ibn Lahad repensa à cette mine, au feu et à ses frères d'armes. La sœur jumelle de Nerthag, Kaya, pendait à la ceinture de Gallen.
- Quand nous en aurons terminé, Caron pourra vous accompagner et vous fournir de nouveaux équipements et tout ce qui vous paraîtra nécessaire. Nous avons besoin d'un Tribun militaire en pleine possession de ses moyens et en parfait état de forme. Envie de dessiner vos propres cartes fantasy ? Rendez-vous sur Cartogriffe.
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| | | Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3428 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
| Lun 17 Juin 2024 - 22:59 | | Les paroles de Sirion ne firent rien pour diminuer l'inquiétude que Forlong ressentait par rapport au sort de ses anciens compagnons d'armes. Il ne valait mieux pas se faire de faux espoirs...
Il se concentra sur les mots suivants de l'Intendant et expira discrètement, soulagé. Le comte d'Amon Araf n'avait pas pour l'intention de remettre en question sa décision de pardonner les offenses des soldats du régiment. Certes, le dunadan aurait pu rappeler au khandéen que dans les affaires militaires, la voix d'un tribun comptait plus que celle de l'Intendant, sauf en l'absence du roi...mais ça n'aurait pas été une bonne manière de commencer leur collaboration.
-Je comprends, et je certifie que ces hommes sont fidèles à la Couronne. Cependant, je pense que le régiment du commandant Sodden ne devrait pas être reformé sous le même étendard. Je ne suis pas un homme particulièrement superstitieux, mais trop de sang a coulé lors des affrontements fratricides au sein de cette compagnie. Ils auront du mal à sortir de l'ombre de leur passé. Je ferai donc d'eux mon unité personnelle, et ils suivront un régime d'entrainement strict, jusqu'à ce qu'ils deviennent un exemple de discipline. En revanche, si l'un d'entre eux perd à nouveau le droit chemin, il n'y aura pas de troisième chance; aucune tolérance, comme vous dites.
Sirion Ibn-Lahad s'était relevé, et le regardait de haut en s'appuyant sur son bureau. La question suivante s'avéra plus difficile. Il n'était pas encore sorti de l'auberge...
-J'ai demandé au chef local s'il préférait qu'on laisse ces hommes avec lui ou qu'on les emmène. Il a voulu qu'ils restent. Constituent-ils une menace? Une centaine d'hommes sur les terres désolées de l'Angmar, coincés entre le mont Gram et les gobelins rescapés de Gundabad...ils vont devoir bien s'accrocher pour survivre, surtout maintenant qu'ils n'ont plus aucun officier à leur tête. Il faudra effectivement envoyer des lames au nord, Intendant, mais le repère ne devrait pas être leur destination.
Forlong se tut pendant un instant, pensif.
-Deux villages du Rhûdaur et de l'Angmar qui se mettent à pactiser avec les gobelins, ça fait beaucoup. Plusieurs nobles dunedain diraient les habitants de ces terres sont des hommes faibles et corrompus. Mais je pense que vous serez d'accord avec moi, Comte Ibn-Lahad, qu'il s'agit d'une simplification grossière. Il y a quelque chose dans le froid mordant du grand nord qui affaiblit même le plus noble des esprits, on a pu le voir avec les hommes du régiment. Les habitants du nord ont besoin de voir que la Couronne ne les a pas abandonnés. Que les patrouilles de l'Arnor protègent les voyageurs, chassent les brigands et les gobelins, aident à reconstruire les granges ou apporter des provisions s'il le faut. Et si parmi ces brigands on trouve des hommes du repère, alors ils finiront pendus à une branche. Mais envoyer des hommes juste pour nettoyer le repère et repartir, cela ne résoudra rien sur le long terme.
Ce n'était pas la pitié qui guidait le raisonnement du Tribun - parmi les hommes au repère il y avait encore des associés de Malor, qui avaient sans doute commis l'acte impardonnable de vendre leurs compagnons en esclavage - Forlong croyait à ses propres arguments. L'absence du royaume d'Arnor se faisait ressentir dans les territoires septentrionaux.
Forlong hocha de la tête avec reconnaissance face à l'offre généreuse de l'Intendant par rapport à l'épée et à l'équipement. Sirion Ibn-Lahad parlait comme un guerrier, même si sa lame était à présent pendue au mur.
-Je tâcherai de faire honneur à cette lame et à mon rang. Il y a du pain sur la planche, Intendant. Les événements liés au régiment perdu m'ont prouvé que l'armée a besoin de reformes profondes. Premièrement, les soldats et les officiers doivent être mieux préparés aux situations auxquelles ils peuvent être confrontés sur nos frontières. Deuxièmement, je souhaite rencontrer tous les capitaines des régiments frontaliers pour vérifier s'ils sont prêts à mener leurs hommes. Et troisièmement...ce qui est arrivé au commandant Sodden est tragique, mais il a également eu sa part de responsabilité en s'obstinant d'abord à poursuivre les gobelins du mont Gram, puis à infiltrer le Mont Gundabad. Il nous faut introduire des mécanismes via lesquels les officiers peuvent s'opposer de manière unanime, légale et formelle aux actions de leur commandant si celles-ci mettent en danger le régiment et le royaume.
Forlong se releva à son tour.
-Si le roi Aldarion n'a pas d'ordres contraires pour moi, je souhaiterais d'abord me rendre à Fornost. Ce sera un bon endroit pour commencer mon inspection, et pour décider si un nouveau régiment devrait être levé pour remplacer celui de Sodden. Les familles des soldats seront rassurées en les revoyant après plus d'un an. A ce sujet, je vous serais reconnaissant, comte Ibn-Lahad, si vous pouviez envoyer une missive aux royaumes nains pour vérifier si des prisonniers arnoriens ont été libérés à Gundabad. Peut-être que certains des compagnons emprisonnés de Sodden ont survécu...
Il se racla la gorge, desséché. Malheureusement, l'Intendant ne lui avait proposé aucune boisson. L'homme de Khand était sans doute habitué à survivre dans les steppes arides.
-Le royaume a besoin d'un Tribun en parfait état de forme, alors dites moi, Intendant, car je reviens de loin. La victoire de Thorik à Gundabad et la notre au Chemin des Anes ont sans doute laissé les gobelins très affaiblis. Quelles autres menaces, internes ou externes, planent sur l'Arnor? Membre des Orange Brothers aka The Good Cop |
| | | Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
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| Mar 18 Juin 2024 - 11:20 | | La suggestion du Loup Blanc quant à l'avenir du régiment perdu sembla satisfaire l'Intendant. Forlong avait l'âme d'un meneur et s'était visiblement attaché au sort de ces hommes au coeur perdu dans les landes septentrionales. Il acquiesça silencieusement. Des soldats en quête de rédemption au service d'un Tribun qui avait tout à prouver. Cela promettait de belles choses. Sirion suivrait cette association avec le plus grand intérêt.
Ses remarques au sujet du repère et des frontières l'intriguèrent également. À peine rentré, Forlong comptait bien faire du ménage et se lancer dans une grande réforme concernant les troupes frontalières du nord. Un homme prêt à brasser le mout de la bureaucratie militaire.
- Je n'y vois là qu'une bonne manière de faire avancer les choses. Sa Majesté a fort à faire ces derniers temps. Mais si vous n'avez pas de mes nouvelles d'ici à votre départ, considérez votre mission à Fornost comme officielle. Votre absence a beaucoup fait parler dans les couloirs. Certains évoquaient même votre remplacement, il vous faut marquer votre territoire et votre position. Sa Majesté a besoin d'hommes de confiance autour de lui pour resserrer les vis du royaume.
Sirion marcha dans le bureau. Il s'arrêta devant un petit secrétaire. Aleth avait laissé du mobilier. Cela avait bien arrangé Sirion, n'étant arrivé qu'avec armes et secrets à ce poste. Il l'ouvrit. Il revînt vers Forlong, un verre de vin en main. S'il n'avait pas pour habitude de boire, encore moins lors d'une entrevue officielle, celui que l'on surnomma Fantôme dans une autre vie avait ses renseignements. Et Neldoreth était un soldat. Il connaissait les plaisirs coupables des hommes de guerre mieux que quiconque.
Il lui tendit le calice rempli d'un liquide rouge grenat.
- Et le temps venu, le roi espère pouvoir compter sur ces hommes.
Sans attendre et pendant que Forlong s'apprêtait à tremper ses lèvres, l'Intendant retourna derrière son bureau. Son regard perçant transperça celui de son invité.
- Je me renseignerai auprès de nos amis nains.
Cela ne lui coûtait pas grand chose et si cela pouvait apporter de l'eau au moulin de leur confiance mutuelle, Ibn Lahad n'allait pas se priver.
- Les menaces du royaume ? Votre intervention récente face aux gobelins a porté un joli coup à ces créatures. Il ne devrait pas y avoir de danger trop important de ce côté là. Pour un temps, au moins. Pour le reste...
Sirion laissa son regard être bercé par les remous du vin sombre dans le verre du Loup Blanc l'espace d'une seconde. Il était des choses que le Tribun n'avait pas besoin de savoir. Du moins, pas tant que le secret prévalait sur les actes et ce, afin de prévenir toute fuite d'informations.
- Pour le reste, il n'y a rien de très important. Nulle affaire qui ne requiert l'intervention d'un Tribun. Avec tout le respect que je vous dois.
Ibn Lahad savait que ses paroles risquaient de ne pas être accueillies de la meilleure des manières. Pour autant, il ne pouvait pas se permettre d'être perçu comme un ennemi ou un rival aux yeux du dunadan. Ou pire comme un vulgaire noble condescendant.
- Entendons-nous bien. Vous êtes un homme bien, Forlong, et d'après mes sources, votre honneur et votre loyauté ne sont plus à prouver. Notre entrevue et vos dires tendent à le confirmer. Le royaume sait pouvoir compter sur vous. Tout comme moi. En tant qu'Intendant, mes responsabilités vont bien au-delà de tout ce qu'un homme comme moi pouvait espérer. Je ne suis qu'un homme simple essayant de se frayer un chemin dans cet univers politique étrange. Je ne compte pas le nombre de paires d'yeux fixées sur moi et sur mes décisions, prêtes à me sauter à la gorge au moindre faux pas sous le seul prétexte que je ne suis pas né dans ce pays. Je suis conscient de ma position. Mais je ne suis pas un vulgaire lapereau qu'on peut dépecer sans crainte de représailles. Le sénat, notamment, et certaines castes en particulier ne voient pas d'un bon oeil ma nomination. D'aucuns diraient qu'ils hululent dans les dédales du sénat pour nicher le plus haut possible.
Sirion s'arrêta dans son monologue. Il n'y avait pas que des sénateurs parmi ceux qui s'opposaient à lui.
- Mais tout cela n'est pas un problème. Tant que nul ne veut porter atteinte au royaume et au roi en tout cas. Je pense pouvoir parler à un homme qui comprend ce que je dis. Vous êtes un combattant. Vous savez que rien n'est plus définitif qu'une lame ou une flèche. Pour autant, tous deux savons qu'il n'est rien d'éternel et que le meilleur moyen de pérenniser sa volonté est de la marquer au fer rouge à travers les capricieux rouages de la politique des hautes sphères. En ce sens, j'espère que nous nous comprenons. Et que je pourrai compter sur votre soutien. Tout comme je saurais vous épauler dans vos projets militaires et vous appuyer en cas de besoin.
Le voile était levé. Sirion et Forlong s'observèrent longuement. La politique était l'affaire de la noblesse et des lignées légendaires depuis des lustres. Mais dans l'ombre, les bras armés, assis sur des sièges révocables, étaient souvent une nécessité implacable pour les hommes de pouvoir. Le Fantôme et le Loup Blanc avaient eu des parcours bien différents, dans l'ombre et la lumière selon le moment, et pourtant aujourd'hui, il leur appartenait de travailler ensemble pour lutter contre les ennemis du royaume.
À l'extérieur, comme en son sein. Envie de dessiner vos propres cartes fantasy ? Rendez-vous sur Cartogriffe.
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| | | Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3428 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
| Mar 18 Juin 2024 - 20:04 | | Forlong hocha de la tête avec reconnaissance lorsque l'intendant confirma qu'un messager serait envoyé aux nains. A vrai dire, tout se passait mieux que prévu. Le comte d'Amon Araf avait accepté ses propositions, et confirmé qu'il pouvait se rendre à Fornost sauf ordre de dernière minute de la part du roi Aldarion.
Votre absence a beaucoup fait parler dans les couloirs. Certains évoquaient même votre remplacement, il vous faut marquer votre territoire et votre position. Oui, ce n'était pas surprenant. Au contraire, à son retour en Arnor Forlong s'attendait à moitié à trouver son poste donné à un autre et un cénotaphe portant son nom au cimetière d'Annuminas.
Le tribun accepta volontiers le verre, même s'il fronça les sourcils lorsque Sirion se retourna. S'il avait l'habitude de boire seul, c'était plutôt lors des repas solitaires ou pendant ses heures de repos. Consommer du vin en la présence de l'intendant sans que ce dernier en prenne était étrange. Mais le dunadan était assoiffé après son long monologue, et il n'avait pas souvent eu l'opportunité de boire du vin de qualité pendant les onze derniers mois.
Il ne s'offusqua pas lorsque l'Intendant mentionna que ses affaires ne requéraient pas l'intervention d'un tribun militaire.
-Nous agissons dans des milieux et des domaines d'expertise différents, Sirion. Je n'y vois aucun mal. Je ne vous envie pas la position dans laquelle vous vous trouvez, même si je suis sûr que le roi Aldarion a pris vos talents uniques en considération en vous choisissant pour ce poste.
Il but une gorgée de vin, pensif. Ils étaient tous ls deux étrangers à cette cour, des officiers habitués à agir sur le terrain qui s'étaient retrouvés catapultés aux plus hauts rangs du royaume par la volonté d'Aldarion. Sirion se faisait remarquer par ses origines étrangères et son passé d'espion, Forlong par son passé humble de mercenaire et son absence prolongée.
-Le roi Aldarion vous a fait confiance, et je suis certain que ce n'est pas une décision qu'il a pris à la légère. Et notre entrevue tend à le confirmer. Même si je ne vous appellerais pas un homme simple. - dit-il avec un demi-sourire.
Il choisit prudemment ses mots suivants. L'intendant proposait-il une alliance ou un quid-pro-quo? Les faveurs mutuelles étaient une pente glissante. Le tribun retraça silencieusement leur conversation; pour l'instant aucune faveur n'avait été faite, hormis le messager auprès des nains et l'épée de Sodden.
-Si la couronne a besoin de moi, elle aura mon bras et ma voix au sénat. Et tant qu'on oeuvre tous les deux pour le bien du roi et de son peuple et non pour assouvir nos ambitions individuelles ou celles d'un autre, je suis certain que nous saurons nous épauler. Pour l'instant, je pense que la meilleure chose que je puisse faire pour servir le royaume c'est de préparer ses armées aux futures menaces extérieures.
Forlong regarda Sirion, pensif. Il avait entendu parler des purges et de la traque impitoyable des survivants de la Couronne de Fer. Et il savait que le roi Aldarion n'était plus le même depuis la mort de ses enfants, et qu'il régnait d'une poignée de fer. C'était peut-être nécessaire, mais le tribun espérait sincèrement que les emprisonnements et assassinats politiques ne deviendraient pas monnaie courante dans ce nouveau rapport de force.
L'entrevue s'approchait doucement de sa fin. Le Loup Blanc posa discrètement son verre sur la table, et il demanda:
-Est-ce que vous savez où se trouve actuellement le tribun Vilyan? Même si nos responsabilités sont différentes, je souhaiterais m'entretenir avec lui après ma longue absence. Il dirige l'école royale militaire, qui sera un élément important à prendre en considération pour que les reformes que je souhaite introduire perdurent dans le temps. Membre des Orange Brothers aka The Good Cop |
| | | Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Nombre de messages : 1868 Age : 33 Localisation : Arnor
~ GRIMOIRE ~ -: Homme du Sud -: 35 ans -:
| Mar 25 Juin 2024 - 17:11 | | - Nous sommes donc sur la même longueur d'onde.Sirion s'approcha du Tribun. Lui tendant sa main, il se leva au-dessus du bureau. Les défis qui s'annonçaient pour l'un comme pour l'autre promettaient de l'agitation et du remue-ménage en Arnor. Et le retour du Loup Blanc sonnait comme un nouvel allié pour l'Intendant. S'il ne lui avait pas dit, Forlong ôtait du pied du khandéen une belle épine. À savoir la recherche d'un nouveau Tribun militaire. Quelques semaines plus tôt, le roi avait mandé Sirion pour lui proposer des noms de potentiels successeurs à Neldoreth. Quelques noms avaient surgi. Et le retour inespéré de Forlong résolvait la question. Et donnait une petite idée au Fantôme. - Vilyan s'apprêtait à quitter la capitale. Sa route devrait le mener à croiser Fornost. Son départ est imminent. Une aubaine pour vos projets...L'Intendant contourna le bureau, invitant Forlong à le suivre en direction de la porte. - Caron.Aussitôt, le bois se mit en mouvement révélant l'imposante carrure du garde de la Rose Blanche. - J'espère que nous aurons le plaisir de nous croiser à nouveau. Ce fut un plaisir et un honneur que d'échanger avec le Loup Blanc. Caron, conduis le Tribun à l'armurerie du palais.Le chevalier inclina respectueusement la tête. Les deux hommes se saluèrent avant de laisser Sirion seul dans ses bureaux. Les yeux du khandéen se posèrent bientôt sur le calice vide offert à son invité. Il s'en saisit et l'observa, pensif. Le félin qu'il était continuait de prendre ses marques dans son nouveau logis. Ces verreries étincelantes, ces grands couloirs aux moulures magnifiques, les ornements et protocoles officiels... Que de poudre aux yeux. On toqua à une porte. Mais pas celle derrière laquelle Forlong avait disparu quelques minutes plus tôt, une seconde plus discrète, à moitié dissimulée derrière une grande courtine vert émeraude. Une silhouette s'en extirpa. Le regard de Sirion se posa sur celui qu'il considérait comme son plus proche conseiller et ami. - Un entretien prometteur ? - L'avenir le dira. C'est un idéaliste et un homme d'honneur. - C'est souvent à double tranchant.Sirion laissa échapper un gloussement. Il avait deux compagnons rohirrim qui correspondaient à cette définition. Avec une grande gueule en prime pour l'un, des envies suicidaires pour l'autre. Le khandéen était donc condamné à n'être entouré que de cette caste de guerriers ? Si cela pouvait le déprimer, ces hommes n'en demeuraient pas moins de fidèles frères d'armes dans le feu de l'action, il espérait que le Loup Blanc en fasse partie. - Que voulais-tu, Mægon ? - J'ai des nouvelles de Nivraya. - Comment se remet-elle ?Il avait suivi la grossesse et l'accouchement de son assistante avec intérêt. Les nouvelles suite à l'accouchement s'étaient avérées ... mitigées. - Elle est déjà de retour au travail. - Dis-lui de ne pas trop en faire. Je la veux en forme et sur pied sur le long terme. Hors de question qu'elle me lâche de fatigue.Maegon acquiesça. Le royaume -et son Intendant- ne pouvait se priver d'un tel esprit. Envie de dessiner vos propres cartes fantasy ? Rendez-vous sur Cartogriffe.
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