Nombre de messages : 3427 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Dim 3 Mar 2024 - 21:32
Les Collines Brunes se dressaient tel un petit archipel d’îles parmi l’océan des prairies. Elles palissaient en comparaison aux rochers des Hautes Terres et aux pics vertigineux des Contreforts, mais se démarquaient comme un point topographique important dans l’étendue des plaines qui séparaient la Vieille Route du Sud et les Terres des Pêcheurs.
Ce n’était pas la topographie de l’endroit qui le rendait unique et connu de tous, mais plutôt le fait qu’Aiden, le plus grand des Kralls du Pays de Dun, en avait fait son siège.
Malgré l’infertilité impitoyable des Basses Terres, le Roi des Collines Brunes avait réussi à faire prospérer son bastion. C’est ici qu’avaient lieu les échanges avec les marchands de Lond Daer et des Terres des Pêcheurs, qui venaient vendre leurs biens contre des oeuvres d’artisanant dunlending, ou contre des marchandises pillées lors des raids audacieux sur la Vieille Route du Sud. Hormis la démeure d’Aiden, entourée d’une solide pallisade et le village qui l’entourait, l’on parlait aussi des tunnels et cavernes sous les collines qui pouvaient servir de refuge ou de passage secret. Enfin, il ne fallait pas oublier les sources chaudes qui rendaient les Collines Brunes si exceptionnelles – les Druwidan disaient que les sources étaient sacrées, un endroit où la frontière entre le monde des humains et celui des esprits était particulièrement fine.
Aujourd’hui, les Collines bouillionnaient d’activité. Cela faisait des années que l’endroit n’avait pas accueilli autant de visiteurs. Les tentes des couleurs différentes et les feux de camp se démarquaient sur le fond des herbes brunes qui avaient donné leur nom aux collines. A l’entrée du village, une deuxième agglomération itinérante avait été dressée, accueillant des dizaines de marchands, artisans et artistes.
Mais l’endroit qui attirait tous les regards était l’énorme cercle en haut d’une des collines, démarqué de manière presque parfaite à l’aide des torches et des pierres recouvertes de symboles représentant les dix animaux sacrés. C’est ici que se déroulerait l’Assemblée des Rois.
Des puissants Héros et des sages Druwidan gardaient le chemin menant en haut de la colline du cercle. Chacun qui souhaitait s’y rendre devait dévoiler son identité et la raison de sa présence ici.
C’était la veille du début de l’Assemblée, qui durerait au minimum trois jours. Le premier serait consacré à l'accueil des souverains, qui s'installent à même le sol pour délibérer. Le deuxième jour serait consacré aux rites menés par les Druwidan et aux démonstrations des talents de guerrier. Le troisième serait consacré aux noces et aux alliances formées lors de l’Assemblée.
Aiden se tenait en posture de guerrier en haut d’un rocher. Il observait le spectacle qui se déroulait à ses pieds ; les centaines des petites silhouettes qui s’agitaient dans tous les sens, et d’autres encore qui affluaient vers les collines. Il se tourna vers quelques–uns de ses compagnons, avec un sourire aussi carnassier que celui du loup qui lui servait de couvre-chef.
-Ils sont venus nombreux !
-Oui, Krall Aiden. Cela montre votre influence, et pourtant...convoquer une Assemblée des Rois dans un autre endroit que le Tertre ? Cela risque d’attirer la colère des esprits de la Forêt.
L’homme qui avait répondu à Aiden était un Druwidan, et n’hésitait clairement pas à parler avec franchise, même face au plus grand des rois dunlendings.
-Ne vous inquiétez pas, Druwidan Abbán. Ces collines, et les sources chaudes qui bouillonnent sous nos pieds, ne sont-elles pas sacrées également ?
Le Krall prit un ton sérieux :
-Ce n’est pas par orgueil que j’ai convoqué l’Assemblée ici. Les espions du Peuple des Chevaux ne dorment pas, et surveillent sans doute le Tertre. Mes émissaires ont parcouru le Pays de Dun en invitant seulement les Kralls et Héros dignes de ce nom à se rendre ici. Cette Assemblée peut s’avérer décisive pour le futur de notre peuple. Les esprits guident les pas de ceux qui savent forger leur propre destin.
L'Assemblée des Rois un événement majeur dans le pays de Dun dont l’issue promettait d'être intéressante, du moins du point de vue de Wulfhide. Elle ne manquerait pas cet évènement déjà par respect pour Aiden Roi des Collines Brunes que peu de monde parmi les krall avait envie de se mettre à dos, mais aussi pour les potentielles opportunités qui pourraient s’offrir à elle. Dès le départ du Druidwen Guinnein et de son champion Teàrlaidh la jeune béornide n’avait pas chômé pour préparer ce voyage de plusieurs jours vers les collines brunes. D'ailleurs, elle avait envoyé des messagers aux différents hameaux et villages proches afin de convier les artisans et marchands à la rejoindre à Tunum pour qu'ensemble, ils puissent former une caravane afin de se rendre à l’assemblée des rois. Ensemble, il serait plus facile de se défendre et d'éviter les quelques groupes de bandits et bandes de pillards qui auraient décidé de profiter de l'occasion pour arpenter les routes et les sentiers menant aux collines brunes pour détrousser les voyageurs imprudents. Car évidemment, un tel évènement serait source de profil évident pour les marchands et tous ceux qui voudraient faire prospérer leurs affaires commerciales. Il y aurait donc au sein de la caravane des marchands de Tunum et surtout des environs du bourg. La concernant, la Krall Wulfhilde voyageait avec une escorte raisonnablement composée en grande partie de guerriers et de guerrières faisant partie de sa garde personnelle.
Finalement, la caravane faisait plus penser à une caravane marchande, au vu de ce qui la composait. Cela lui prit quelques jours de voyage pour arriver en vue des collines brunes. Une fois dans la sécurité relative de l’amas de tente, les membres faisant partie de la caravane se dispersèrent par petits groupes, ne laissant finalement que les habitants de Tunum entre eux. Wulfhilde laissa son groupe s’installer pour se rendre en direction de la colline sur laquelle aurait lieu l'assemblée des rois. Elle fut accompagnée simplement d’un guerrier et d'une guerrière en armure qui composaient sa garde rapprochée et qui restèrent juste derrière elle et de son fidèle loup Svarnak qui se tenait à ses côtés. Pour ceux qui ne la connaissaient pas, c'était une façon de montrer son statut de Krall, car on escortait généralement plutôt des personnes avec une certaine richesse et une certaine influence et non le premier venu. Elle se présenta donc simplement devant les deux guerriers Dunlendings qui montaient la garde à l'entrée du sentier qui menait au sommet de la colline où se déroulerait l'assemblée des Krall.
Je suis Wulfhilde de la maison de Beorn, Krall de Tunum faites savoir à Aiden, roi des Collines Brunes de la lignée de Ciaran ainsi qu'aux anciens, notamment les Druwidan et les Héros que je serais présente pour l'assemblée des rois dit-elle avec une voix calme mais fière
Elle ne comptait rien dire de plus aux guerriers dunlendings qui montaient la garde aux pieds de la colline sur laquelle se trouvait sûrement Aiden et d’autres personnes importantes et influentes des terres du pays de Dun. Maintenant qu’elle venait de faire savoir qu’elle était là, elle s’inclina légèrement devant les guerriers pour les saluer avant de repartir. Wulfhilde espérant croiser parmi la foule la Druwidan Uli, qui servait à la fois de guide et de général à Dech une brute épaisse qui a le statut de Krall. Même si des rumeurs prétendent que ce serait en réalité Uli qui se sert de son statut et du fait que Dech soit un idiot pour commander à sa place. Par le passé, elle a déjà pu rencontrer Uli et participer à certains raids qu’elle a organisés sur le Rohan. Les deux femmes se sont tout de suite bien entendues avec cette volonté de faire oublier à cette culture plutôt patriarcale leur statut de femme, c’est du moins ce qu’elle a ressenti en la côtoyant.
Codage par Libella sur Graphiorum
Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
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Le vieux roi n'avait pas tardé à répondre à l'appel de cette assemblée. Arrivés de manière discrète au beau milieu de la nuit, lui et sa colonne s'étaient installés en bordure du grand camp formé par les tentes de leurs compatriotes. Accompagné de sa suite restreinte, Neven s'annonça et s'en alla échanger longuement avec Aiden avant de voir d'autres des grands rois du pays les rejoindre, eux et leurs compagnies d'escorte. Les vieux os de Neven lui avaient souvent permis de discerner les opportunités et les moments cruciaux au cours de son existence.
Cette époque était, à n'en pas douter, l'un de ces moments.
Aiden était un homme malin. La délocalisation de l'Assemblée du Tertre à ses collines avait beau être un coup de maître en matière de feinte à l'égard du voisin rohirrim, cela n'en restait pas moins une manipulation des traditions en sa faveur. Comme pour montrer à tous les Dunlendings que le véritable maître de Dun était Aiden, le Roi des Collines Brunes. Neven lui reconnaissait volontiers nombre de qualités.
Il se demanda par ailleurs si Arzhel répondrait à l'appel. Lui, le roi du Tertre et grand serviteur des esprits, n'avait sans doute pas apprécié cette convocation en dehors du lieu sacré. Sa présence -ou son absence- amènerait forcément de longs débats sous cape.
À l'approche de la nuit précédant le Premier Jour, Neven comme à son habitude s'en retourna parmi ses gens, préférant le calme relatif de sa tente personnelle aux feux de camps et aux ripailles habituelles. Il savait que les prochaines nuits risquaient d'être mouvementées et opta pour une préservation de son corps en vue des débats à venir.
Le bruit des sabots martelant la terre battue fit bientôt trembler toutes les âmes alentours. Mais alors que le hennissement des bêtes rappelait aux Dunlendings déjà installés l'existence de leurs ennemis ancestraux, tous comprirent bientôt qui venait d'entrer en jeu. Le roi Wulf, troisième du nom, était là. Sans la moindre hésitation, Wulf installa son campement en plein coeur de la marée de tentes. Avec lui, une grande compagnie d'hommes en armes mais aussi et surtout une dizaine de cavaliers d'élite, formant la garde rapprochée du descendant de Wulf l'ancien.
Une fois installé, Wulf se risqua à aller à la rencontre d'Aiden, en plein échange avec son Drughe. Fort de leur lien de parenté encore récent, le père de Nivyss donna l'accolade à son gendre. Nul doute que derrière ces gestes amicaux, Wulf y voyait là une opportunité. Une nouvelle.
Comme le voulait la coutume, nulle parole ne fut tenue qui ne soit en lien avec les futurs sujets abordés lors de l'Assemblée du lendemain. Les Dunlendings disaient les choses dans les règles de l'art et aborder l'un ou l'autre sujet en petit comité n'était pas là une chose commune ni appréciée. Les Duns disent les choses en face, devant tous ceux possédant des oreilles et des yeux afin que les Esprits soient témoins de leurs faits et gestes.
De nombreuses délégations continuèrent d'affluer durant la fin d'après-midi jusqu'à tard. La lune, farouche gardienne de la nuit tombée, scruta ces hordes d'hommes et de femmes dont le destin s'apprêtait peut-être à prendre un nouveau tournant dans les heures et les jours à venir.
Car le Pays de Dun souvent dort mais jamais ne s'éteint.
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Wulfhilde bien que respectant les lois et coutumes dunlendings n’avait pas la même vision que beaucoup ici concernant la délocalisation de l'assemblée au niveau des Collines Brunes. Certains Krall et personnes influentes du pays de Dun plus traditionaliste voyaient surement cela comme un affront alors que d'autres considéraient cela comme un signe évident de l’envie du Krall Aiden de s’afficher comme celui qui voulait unir les autres rois sous sa bannière. C’était plutôt habile politiquement parlant, même si elle y fait attention, Wulfhilde ne se mêle pas trop de politique enfin disons pas plus que ce qu’on statut ne l’y contraint. Elle préfère consacrer ses efforts à sa formation martiale et à faire prospérer le bourg de Tunum dont elle assure la gestion. Elle trouve cependant plutôt astucieux d’avoir organisé cette réunion dans un lieu comme celui-ci afin de tromper la vigilance du Rohan ce qui montre qu’Aiden et quelqu’un d’ingénieux ce qu’elle respecte.
Du coup ne trouvant pas la Drughu Uli elle continua son chemin en se disant qu’au final cette dernière devait avoir beaucoup à faire surtout que ce n’est pas le krall qu’elle servait à savoir Dech qui serait capable de faire de la politique au vu de sa capacité intellectuelle réduite. Enfin, servait le mot et peut être un peu fort, car au final, c’est elle qui a vraiment le contrôle sur les terres dirigées par Dech.
Wulfhilde va donc se mêler à la foule discutant afin de savoir qui est présent ou non et afin de mieux comprendre la politique en place mais aussi pour se mettre à jour sur les différentes relations entre les krall et ceux qui ont de l’influence dans le pays de Dun. Elle préfère avoir le plus d'informations possible avant le début de la réunion de krall. Pour le reste, elle se prépara au mieux avant le début de l’assemblée des krall.
Codage par Libella sur Graphiorum
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3427 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Ven 22 Mar 2024 - 7:12
La lune avait pris la place du soleil dans le ciel depuis plusieurs heures, mais le campement aux pieds des collines continuait à bouillonner d’activité. L’excitation était palpable, tout le monde attendait avec impatience le début d’une assemblée qui s’annonçait mémorable. Les marchands de Tunum et des hameaux environnants étaient déjà occupés à négocier avec leurs collègues venus des quatre coins du pays de Dun.
En se mêlant à la foule, Wulfhilde put apprendre beaucoup de choses, certaines vraisemblables, d’autres moins. Apparemment, au moins une cinquantaine de Kralls étaient présents, bien que certains qu’elle rencontra étaient rois de rien de plus qu’un simple hameau. Parmi les rois connus présents on citait bien évidemment Aiden qui avait convoqué l’assemblée, mais aussi Neven, roi des Champs dorés, ou encore l’impitoyable Dech, roi des Routes du Sud. Mais le nom qui suscitait le plus d’intérêt était celui de Wulf III, arrivé à la tête de ses cavaliers. Certains disaient qu’il était venu pour affronter Aiden en duel, d’autres qu’il n’avait aucune raison de se battre contre l’homme qui avait épousé sa fille. Au fur et à mesure que le vin, la bière et l’hydromel coulaient, les rumeurs et suppositions devenaient de plus en plus incroyables.
Wulfhilde était en train d’écouter une discussion animée entre deux Héros lorsqu’elle sentit une main délicate sur son épaule. En se retournant, elle plut reconnaître la silhouette caractéristique de la femme qu’elle avait cherché plus tôt dans la journée: Uli.
Bien plus petite et féminine que la béornide, Uli dégageait pourtant un aura d’autorité et de charisme qui ne pouvait être égalé que par les plus célèbres Kralls et Héros. En plus d’être la Druwidan du roi Dech, elle était sa conseillère et d’après certains la réelle dirigeante de son petit royaume.
-Wulfhilde. J’ai entendu ton nom parmi la liste des participants de l’Assemblée retenue par mes frères Druwidan. Je voulais échanger quelques mots avec toi, maintenant que Dech est parti festoyer avec ses Héros. Viens, suis-moi.
Uli guida Wulfhilde jusqu’à une grande tente et lui indiqua qu’elle pouvait s’asseoir. Elle servit un liquide pourpre dans deux belles coupes dorées.
-Voici un vin excellent qui nous a été généreusement offert par des marchands sur la route du Sud, une fois que les garçons de Dech les ont…convaincus. Il parait que ce vin en provenance du Gondor était destiné à être vendu à la cour du roi Aldarion d’Arnor. Le pauvre, il devra se contenter de la piquette locale!
Elle but une gorgée en fermant les yeux de plaisir avant de continuer:
-Ce sera ta première Assemblée des Rois? Tu verras, c’est comme un petit lac rempli de poissons de toute taille, dont des prédateurs prêts à te croquer toute entière. Cette assemblée sera importante…discuter de ces choses là avant le début du rassemblement est mal perçu, alors je dirai seulement que je prévois que deux camps vont émerger au cours des prochains jours. Tâches de choisir le bon.
Le regard jusque là bienveillant de la Druwidan se durcit:
-Et surtout, souviens toi qu’en tant que femme et étrangère, ta présence risque de déplaire à certains. Ne t’attire pas des ennuis, car si les membres de l’Assemblée jugent que laisser du pouvoir entre tes mains est une mauvaise chose, ils pourront vite conclure qu’aucune femme n’est digne d’en avoir. Et ça, ça nuirait à mes intérêts. Et tu ne veux pas nuire à mes intérêts, n’est-ce pas Wulfhilde?
Au bout d’une courte discussion, Uli indiqua à son invitée qu’il était temps de finir leur rencontre, avant que le roi de la route du sud ne revienne.
L’Assemblée commença dès le lendemain matin, sans aucune pitié pour ceux qui auraient abusé des festivités de la veille. Les Druwidan, Héros et Kralls se rendirent dans l’énorme cercle en haut de la colline. Cette première journée de l’Assemblée était principalement dédiée aux délibérations des rois, mais les deux autres groupes avaient également le droit d’y assister.
Les torches entourant le cercle furent allumées, et une mélodie étrange et sauvage se fit entendre, jouée par les musiciens restés en dehors. Des Druwidan portant les masques des dix animaux commencèrent une danse rituelle hypnotique, afin d’assurer la bienveillance des esprits.
Lorsque le silence s’installa, le roi Aiden des Collines Brunes monta sur une grande pierre et regarda les quelques dizaines des fiers représentants de Dunland assis à même le sol autour de lui.
-Kralls! Druwidan! Héros! Bienvenue, bienvenue aux Collines Brunes, et merci d’avoir été nombreux à répondre à l’appel. Avec la bénédiction des Druwidan Abbán et Guinnein, je déclare cette Assemblée des Rois ouverte! Demain, les rituels de la deuxième journée seront dirigés par le vénérable Keiran le Parleur.
Des murmures d’étonnement se firent entendre parmi le public. Keiran était le Drughu le plus influent du pays de Dun, et beaucoup avaient parié qu’il ne gracierait pas une assemblée se déroulant ailleurs qu’au Tertre de sa présence. Sa venue donnait beaucoup de légitimité à Aiden, même si les présages des Druwidan pourraient encore s’avérer défavorables.
-Mais aujourd’hui, nous sommes là pour délibérer. Les crébain nous rapportent des nouvelles des contrées lointaines et du pays des chevaux. Une grande tempête arrive, prête à balayer nos ennemis. Serons nous prêts à nous adapter, comme les arbustes qui se plient avec le vent? Ou allons nous finir brisés comme du vieux bois sec? Vous comprendrez bientôt la situation à laquelle nous faisons face, mais avant cela, honorons la tradition, et honorons les invités venus de loin. Kralls du pays de Dun, souhaitez-vous prendre la parole et vous adresser à l’Assemblée?
Telle était la tradition - en tant qu’hôte, Aiden devait d’abord donner l’opportunité aux autres Kralls de soulever les sujets les plus pressants face à l’Assemblée, même si cela donnait un avantage rhétorique potentiel à ses adversaires.
Membre des Orange Brothers aka The Good Cop
Ryad Assad Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Nombre de messages : 2509 Age : 32 Localisation : Pelargir Rôle : Humaniste
Mouvements sous la voûte céleste perlée d’étoiles circonspectes, qui observaient depuis les cieux l’étrange ballet des Hommes. Curieuses créatures qui, alors que leurs jours étaient comptés, savouraient le temps d’une fraîche soirée, le plaisir de se retrouver ensemble. On riait à gorgée déployée, on s’embrassait entre proches qu’on n’avait pas revus depuis fort longtemps. On se donnait des nouvelles d’ici, d’ailleurs… Surtout d’ailleurs.
Le ciel était parfois troublé.
Les présages, sibyllins, avaient rendu les Drughu perplexes.
On s’interrogeait, à voix basse, dans les chaumières et les masures… Certains disaient que le Rude Hiver et le fol été annonçaient la chute, la mort prochaine des Dunlendings. D’autres au contraire y voyaient un signe favorable de la part des ancêtres. Le signe que l’heure était enfin venue de réaliser ce que certains appelaient une prophétie, et que d’autres appelaient une lubie. Le Retour, tant fantasmé, tant espéré.
L’Assemblée convoquée par Aiden était exceptionnelle à bien des égards, et l’homme avait réussi le tour de force de réunir bien plus de Kralls qu’on aurait pu l’imaginer… Tous étaient venus avec leur suite, avec leurs guerriers, leurs courtisans, leurs familles, leurs serviteurs. On voyait de tout ici, têtes blondes réduites en esclavage, têtes brunes hautes et fières… Les barbes hirsutes des vigoureux pillards de la Route du Sud, qui cultivaient l’esthétique de la guerre et de la violence. La grande beauté de certaines filles qu’on attendait de marier, et qui s’affichaient publiquement en espérant capter l’attention d’un époux à la hauteur.
Politique et festivités se mélangeaient, sous le regard des esprits.
Les rires étaient parfois forcés. Les embrassades fugaces. Les nouvelles, rarement heureuses.
On parlait aussi de ceux qui étaient tombés, de ceux qui étaient partis, rappelés par les esprits, dévorés par le mal, ou enlevés par le temps. On pleurait ici ou là. On méditait sur le sens des choses, sur le prix d’une vie dans les collines ou les contreforts des montagnes…
Quelques enfants allaient de ci de là, tirant quelques sourires amusés aux anciens qui connaissaient la valeur de la vie, et aux matriarches qui savaient mieux que personne les douleurs de l’accouchement, et le privilège de voir la vie fleurir dans des corps aussi chétifs.
Bientôt toutefois, l’agitation se déporta vers une zone précise vers où se mirent à marcher de nombreuses silhouettes. Les Kralls étaient appelés à remplir leur rôle. Les Druwidan les encadraient, bien plus nombreux, aussi différents les uns des autres qu’il était possible de l’imaginer. Certains semblaient avoir connu tous les âges de ce monde, et ils allaient aidés par des plus jeunes, des apprentis qui les soutenaient gracieusement. D’autres semblaient dans la force de l’âge, gambadant avec légèreté. On y voyait des hommes et des femmes, quelques adolescents qui avaient déjà ce regard profond et triste. Ils représentaient la mémoire et le patrimoine des Dunlendings. Les voir rassemblés ainsi avait quelque chose d’émouvant.
Ils prirent tous place autour d’Aiden, qui seul resta debout pour leur parler.
La noblesse de ses traits et la force de son discours soulevèrent les cœurs les plus enthousiastes. Il y avait chez cet homme une aura que nul ne pouvait ignorer, et que nul n’osait défier… pour le moment. Quelques regards glissèrent vers Wulf, qui était assis dans l’assistance, et qui observait avec attention. Tous comprenaient le jeu qui se mettait en place. Tous ressentaient la tension entre les deux hommes, entre leurs ambitions redoutables, et leurs destins pourtant opposés.
Qui souhaiterait se découvrir en premier ?
Aiden invita ses comparses à prendre la parole, en s’efforçant de respecter scrupuleusement la tradition, seule garante de sa légitimité et de son autorité ici. Beaucoup se regardèrent avec prudence. Il n’était pas toujours évident de prendre la parole en premier, et de faire avancer ses pions. Les Dunlendings étaient fiers et n’oubliaient pas facilement les affronts. Se tromper, ici, pouvait signifier ouvrir un conflit appelé à durer des décennies. Cependant, certains étaient venus à l’Assemblée spécifiquement pour prendre la parole, et porter un message.
- Moi ! Fit-il d’une voix tonitruante, en levant la main.
Il se leva.
- Moi, Faolan Muirchertach Ua Clairingnech, roi des Landes Tourmentées, je souhaite m’adresser à l’Assemblée.
Il y eut quelques murmures. On ne pouvait pas dire que Faolan était particulièrement connu, mais son nom de famille, lui, l’était. Les exploits guerriers d’un certain Nuall, qui n’était pas un héros mais qui en avait sans doute le charisme, avaient traversé les frontières. Après y avoir été invité, il se plaça au centre de l’assistance, et reprit :
- Mes amis, je viens vous porter une sombre nouvelle. Mon frère Nuall, que vous connaissez peut-être, a trouvé la mort il y a de ça plusieurs mois. Il est tombé, frappé par les Forgoil…
Le mot, craché avec dégoût, provoqua la réaction attendue dans l’assistance. Les « têtes de paille », ou plus simplement les Rohirrim, étaient les ennemis ancestraux des Dunlendings qui leur vouaient dans l’ensemble une haine féroce. Apprendre qu’un de leurs meilleurs guerriers était mort aux mains de leurs voisins honnis eut le don de suspendre toute l’assistance aux lèvres de Faolan.
- Il est mort l’arme à la main, accompagné d’une vingtaine de braves compagnons… On raconte qu’ils auraient résisté vaillamment, et tué plusieurs centaines de Rohirrim ! Ha ! Que devrions-nous ressentir alors ? Tristesse ? Fierté ? Colère ? Hm ?
Il ménagea une pause théâtrale, avant de reprendre.
- C’est la colère qui m’anime, et qui doit vous animer aussi, car vous devez connaître la vérité. Nuall est tombé devant les remparts de la grande forteresse de l’Isen, où se dresse la Tùr Dorcha, la Tour Sombre. Tombé non pour l’or, ou les femmes, non pour faire couler le sang de nos ennemis sans raison, non ! Il est tombé pour sauver une des nôtres…
Avec prestance, il tendit la main vers sa droite et dans un bel ensemble, fendant l’assistance, deux femmes s’avancèrent. La première semblait être une aristocrate dunlending, une femme aux traits sombres mais beaux, dont les épaules étaient drapées du voile du deuil. La veuve de Nuall. Elle tenait la main d’une femme à la silhouette frêle, que beaucoup dans l’assistance reconnurent sans mal. Son nom fut murmuré à plusieurs reprises, avant que Faolan ne confirmât ce que tout le monde soupçonnait :
- La Drughu Dairine, enlevée par les Forgoil, et sauvée par mon propre frère qui a donné sa vie et celle de ses compagnons pour l’arracher aux griffes de ses ravisseurs…
Il s’inclina respectueusement devant cette représentante d’un pouvoir sacré qu’il ne comprenait pas. L’Assemblée du jour était consacrée aux seuls rois, et les deux femmes respectèrent cette tradition en conservant le silence. Faolan souhaitait désormais conclure, sa démonstration de force étant désormais faite.
- Krall Aiden, je place Dairine sous votre noble protection. Qui serait meilleur que vous pour protéger notre Druwidan, à l’heure où nos ennemis cherchent à lui faire du mal ? Qui d’autre que vous pour incarner la juste colère que nous devrions tous ressentir ? Mes amis, saluons le retour de Dairine parmi les siens, et prenons quelques instants pour demander aux ancêtres de bénir le passage de ceux qui l’ont sauvée vers l’Après-Vie.
Faolan retourna s’asseoir à sa place, laissant un silence pesant s’abattre sur l’assistance. Son ralliement à Aiden n’échappa à personne, de même que la première ligne de fracture qui allait diviser les Dunlendings et nourrir d’intenses discussions. Les hommes des collines continuaient à s’observer… Qui oserait prendre la parole ?
Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop
"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
Les choses sont parfois assez étranges et, dans une moindre mesure, amusantes. Alors qu’elle avait cherché la Drughu Uli un peu plus tôt dans la journée, c'est finalement cette dernière qui vint trouver Wulfhilde. Quand elle se retourna la krall de Tunum ne put s'empêcher d’avoir un léger sourire amusé, heureux, voire un peu charmeur vis-à-vis d'Uli.
Très bien, je te suis dit-elle simplement
Wulfhilde suivit Uli dans la grande tête de cette dernière et accepta le vin qu’on lui proposa avant d'écouter attentivement les paroles de la Drughu des terres du sud du pays de Dun.
Convaincu ? Je vois le genre dit-elle avec un petit sourire amusant en levant sa coupe en signe de respect, comme pour trinquer avec Uli avant de la porter à ses lèvres pour boire une petite partie du contenu En effet, c'est ma première assemblée des rois Uli dit-elle simplement pour répondre
Le vin était effectivement de qualité, même si la louve du pays de Dun préférait davantage la bière et surtout l’hydromiel produit par son peuple. Quand le ton de la conversation se fit moins amical, Wulfhilde sembla un peu plus sur le qui vive. De plus, si Uli avait pris la peine de lui donner cette information, ce n’était pas pour rien au-delà de ce qui pourrait arriver à Wulfhilde la charismatique Drughu y voyait avant tout son intérêt. Même si elle ne dit rien, la krall de Tunum trouva que son hôte y allait un peu fort quand elle affirma que les actions de la jeune louve pourraient avoir des répercussions sur le statut de la redoutée Drughu. Cette dernière inspirait crainte et respect et elle doutait qu’on s’amuse à venir lui chercher querelle, à moins que son influence ne soit pas aussi importante que ce qu’Wulfhilde pensait ?
En effet, cela serait stupide de chercher à nuire à tes intérêts Uli dit-elle de façon sérieuse en hochant légèrement la tête en signe de respect pour faire comprendre a Uli qu’elle avait compris
Évidemment, Wulfhide ne comptait pas nuire aux intérêts de Uli, mais la krall de Tunum avait sa fierté qui pourrait peut-être la mettre dans des situations dangereuses durant l'assemblée qui réunit de nombreux Krall venus d’un peu partout dans le pays de Dun.
Merci pour ce bon vin Uli dit-elle en finissant sa coupe et en la reposant sur la table bon après, je t’avoue que je préfère la bière qu’on brasse par chez moi a Tunum dit-elle avec un de façon amusée avec un léger sourire
Après quelques minutes, quand Uli fit comprendre à Wulfhilde qu’elle devait maintenant repartir, elle se leva de son siège pour revenir à sa tente. Wulfhilde se servit d'une chope d’hydromiel avant de regarder le ciel nocturne pensif et de façon contemplative, réfléchissant à ce qui allait se jouer demain. Elle avait donné ordre aux guerriers et guerrières qu’elle avait amenés avec elle de suivre son exemple et de rester sobre afin d'être plus vigilant et prêt à se battre au cas où les choses tourneraient mal. Pour ce qui est des marchands et des autres personnes qui accompagnaient la caravane venue de Tunum chacun était libre de faire comme il l’entendait. Elle était leur Krall et non leur mère, c'étaient des adultes responsables et ceux qui iraient un peu trop loin dans l’ivresse devraient en assumer les conséquences, principalement le matin avec une bonne gueule de bois. Pour sa part, Wulfhilde ne pouvait pas se permettre ce type de conduite. La journée avait été longue et elle ne tarda pas à aller dormir afin d'être en forme pour l'assemblée des rois qui aurait lieu le lendemain.
De bon matin, à peine le soleil s'était-il levé qu’elle prit le temps pour quelques entrainements martiaux, s'échauffant ainsi les muscles. Cela lui permit de se défouler et de faire un peu retomber la pression qu’elle sentait déjà venir sur ses épaules.
Pour l'assemblée des rois, elle laissa son armure et préféra une tenue traditionnelle dunlending. Elle ajoute des ornements propres à son statut de shaman au sein de son peuple, les Beornides. Une fois sur place, elle s’installa comme de nombreux krall pour attendre le début de la réunion. Après le petit discours d'introduction, Wulfhilde devait bien admettre qu’Aiden avait un certain charisme et qu’il savait capter l’attention. Le duel qui l'opposerait sûrement à Wulf III durant ses trois jours serait des plus intéressants et passionnants, elle avait hâte d’en découvrir la conclusion, comme sûrement beaucoup de personnes réunies ici sur les collines brunes. Bien qu’elle avait envie de prendre la parole, Wulfhilde s'est retenue, préférant pour le moment écouter les autres Krall avant de choisir un moment qu’elle jugerait plus opportun pour prendre la parole. Ce fut alors au Krall Faolan de prendre la parole et son récit ne manque pas d’embrasser les âmes de nombreux krall ici présents au vu de ce qu’il venait de décrire. Cela révolta Wulfhilde qui atteint un peu avant de lever la main.
Moi, je désire prendre la parole dit-elle fermement
La louve du pays de Dun se leva pour se présenter
Je suis Wulfhilde de la maison de Beorn Krall de Tunum dit-elle avec fierté et d’une voix déterminée
Elle attendit qu’on l’autorise à prendre la parole avant de se lever pour avancer vers le centre du cercle de pierre avant de s’approcher de quelques pas du krall Faolan.
Mes condoléances pour votre frère krall Faolan dit-elle avec sincérité en inclinant légèrement la tête avec une pointe de tristesse et de colère dans la voix
Puis Wulfhide se retourna vers l'assemblée.
Je vais parler sans détour, certains ici contestent mon statut de krall dit-elle directement en cherchant du regard ceux qui pourraient contester son autorité il y a de cela bien des années, le vénérable Druwidan Keiran qui m’a placé sous le patronage du loup, quelqu’un conteste t-il cela ? dit-elle en relevant la manche du bras droit de sa chemise pour bien montrer les marques faites par le druwidan sur le haut de son bras droit demanda t-elle plus pour inciter à la réflexion que pour qu’on lui réponde de plus il y a quelques semaines, l'honorable druwidan Guinnein m’a fait l’honneur de me placer à son tour sous le patronage du loup dit-elle en montrant de nouveau les marques sur une autre partie de son corps, mais sans trop en dévoiler, gardant ainsi une certaine pudeur avant de tourner son regarde Guinnein
En adressant un regard au Druiwdan Guinnein, la louve du pays de Dun chercha son soutien. Que celui-ci soit plus discret par un simple geste comme un hochement de tête ou plus direct en prenant la parole pour confirmer les dires de la jeune krall. D’une manière ou d’une autre, elle comptait sur lui.
Maintenant si certain d’entre vous veulent encore me contester mon droit d’exercer l'autorité sur les terres de Tunum je vous invite à vous manifester dit-elle avec un regard puissant et déterminé à l'assemblée je vous affronterai alors en duel dit-elle toujours avec regard déterminé et maintenant sévère enfant mon père me disait que celui qui tire l'épée doit d’attendre a périr par l'épée ainsi ne vous attendez pas à ce que je supplie pour qu’on épargne pas vie de mon côté je n’accepterai aucune reddition dit-elle en continuer de regarder l'ensemble des krall pour ceux qui veulent me défier seul l’un de nous se relevera l’autre rejoindre ses ancêtres dit-elle toujours avec cette air sérieux
Elle fit comprendre à ceux qui auraient envie de la défier que le combat serait mortel pour l’un des deux adversaires[/i]. D'ailleurs, cela montre également qu’elle ne craignait pas la mort, du moins pas de mourir l’arme à la main, et pour le coup, ce n'était pas des paroles dans le vent.Wulfhide préférait être directe et ne pas tourner en rond. Elle espérait aussi que le patronage du loup donné par deux druwidan soit diffusant pour faire taire ceux qui voyaient d’un mauvais œil qu’une femme et une étrangère aient le statut de krall. Comme pour laisser le temps de la réflexion, elle continue à parler. Elle prit alors le bracelet d’or qu’elle portait autour de son bras gauche.
Ceci m'a été confié par le krall Jorgensen ancien krall de Tunum symbole de sa confiance dit-elle en guise d’explication avant de remettre son bracelet depuis comme une louve qui prend soin de ses petits j’ai fait prospérer le bourg de Tunum veillant sur chacun de ses habitants comme s’il faisait partie de ma propre famille dit-elle simplement nous tous ici nous faisons aussi partie de la même famille, et forcément dans une famille il y a parfois des tensions mais quand on touche à un membre de celle-ci nous devons nous montrer solidaire dit-elle en regardant dans la direction du krall Faolan en hochant légèrement la tête avant de tourner son regard vers l’assemblé des roisLe héros Nuall Muirchertach Ua Clairingnech a bravement combattu et donné sa vie pour sauver La Drughu Dairine dit-elle d’une voix calme, mais avec un regard qui laisser transparaître une rage sourde
Cela lui rappelait de lointains souvenirs quand elle avait trouvé le corps de son amie Helga une jeune soigneuse du pays de Dun qui avait subi un destin tragique en compagnie de jeunes Dunlending un peu trop fougueux. Une patrouille de rohirrim avait croisé leur chemin avant de les éliminer sans pitié.
Les Forgoil sont aller trop loin en s’en prenant directement à une de nos Druiwdan dit-elle en s’abaissant pour passer sa main sur le sol récupérant un peu de celle-ci sous forme sableuse avant de se relever que ce soit pour défendre cette terre dit-elle en tendant sa main ou se trouver de la terre qu’elle laissa s'échapper doucement en ouvrant sa paume ou pour porter le conflit jusque dans les terres des forgoil vous pouvez compter sur moi dit-elle en regardant Aiden et en s’inclinant par respect j’en ai terminé merci de m’avoir écoutée dit-elle pour finir en relevant la tête pour revenir à sa place
Quand elle avait croisé le regard d'Aiden, elle eut un petit sourire et ses yeux déterminés ne laissant pas de place qu'à son envie de suivre le krall des collines brunes s’il désirait attaquer les rohirrim. C'était discret et subtil, car techniquement, elle ne venait pas d'afficher publiquement son soutien à Aiden. Elle ne venait que de dire qu’elle était prête à se battre. Tout en s’inclinant devant lui plus pour remercier celui qui préside l'assemblée que pour faire preuve d’une forme de loyauté envers lui comme quelqu’un qui ploierait le genou. C'était du moins l’effet qu’elle désirait produire, maintenant elle ignorait si Aiden avait compris son petit numéro, de même que pour les autres krall. Quoi qu’il en soit, elle fut bien heureuse de reprendre sa place, une goutte de sueur coula le long de son front, alors que de façon discrète, elle inspirait et expirant lentement pour retrouver un rythme normal. Elle espérait ne pas avoir a livrer de duel non pas qu'elle avait peur de perdre mais plus pour éviter de crée de nouvelle rivalité. Elle espérait ne pas avoir à livrer de duel, non pas qu'elle avait peur de perdre, mais plus pour éviter de créer de nouvelles rivalités.
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Dernière édition par Wulfhilde le Jeu 23 Mai 2024 - 20:27, édité 3 fois
Aldarion Roi d'Arnor
Nombre de messages : 1996 Age : 34
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan -: L'age ou l'on est fougeux mais déjà sage -:
Un silence suivit directement les paroles de Wulfhide. Les uns et les autres se regardaient en silence. Il n'était pas d'usage de se montrer aussi direct dans une telle assemblée.
“Bravo, Krall Wulfhide, pour tes patronales et ton beau bracelet.”
La voix avait fusé à l'autre bout de l'assemblée. Elle émanait d'un homme au visage marqué par l'âge et au regard perçant. Il n'avait pas parlé fort et n'avait même pas pris la peine de se lever.
“Talam, Krall des Terres d'Orage.”
Les Terres d’Orage étaient un petit territoire des Basse Terres, peuplé de quelques centaines d’âmes. Cependant, malgré la taille de son royaume, le Krall Talam avait une réputation qui le précédait à travers presque l’ensemble des territoires dunlendings. Connu comme étant un modéré, plutôt ouvert d’esprit, il avait eu fort à faire pour défendre son titre dans des territoires habituellement dirigés par des chefs plutôt agressifs. Sa sagesse et son sens politique en faisait un conseiller très apprécié de la plupart des kralls les plus puissants. Exploit particulièrement marquant, il avait toujours réussi à ne pas choisir de camp.
“Cependant, ne pense pas qu’ils suffisent à eux seuls à te garantir ton titre.”
Il marqua à nouveau un temps d’arrêt.
“Ta légitimité et ton titre de Krall, ce sont tes actes qui doivent te permettre de le conserver. Il est illusoire de penser que tu pourras régler tous les problèmes et toutes les contestations au fil de ton épée. Chaque jour, tu devras convaincre tes détracteurs et tes fidèles que tu es la bonne personne pour les guider. Jusqu’au jour où quelqu’un de plus fort, de plus malin ou de plus jeune finira par trouver que tu es trop vieille, trop femme ou trop étrangère. Alors, ce jour-là, comme nous tous, tu affronteras ton destin.”
Il laissa planer un silence.
“Mais je pense que cette assemblée a des sujets bien plus importants à régler que les inquiétudes d'un krall qui oublie où est sa place. Alors, rassied-toi, écoute et apprends.”
Immédiatement, plusieurs dizaines de kralls, de héros et de druwidan approuvèrent les paroles du vieux sage en tapant trois coups secs sur leur poitrine. Ulli était du nombre.
Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
Nombre de messages : 3427 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
A peine l'Assemblée ouverte, l'ambition, l'orgueil et l'émotion commençaient déjà à en prendre les rênes. La diversité de ce peuple avec ses dizaines d'hommes et des femmes s'octroyant le titre de roi, était sa plus grande force, lui permettant de s'adapter à l'environnement inhospitalier dans lequel il vivait, mais aussi sa plus grande faiblesse.
Le roi Aiden écouta l'histoire de Faolan avec un air sombre, la ride du lion se dessinant sur son front, mais en réalité ce récit n'était pas pour lui déplaire. Il invita Dairine à s'approcher d'un geste de la main, et lui mit un bracelet sur l'avant-bras, en signe de la protection qu'il lui accordait. Le Druwidan Guinnein quant à lui mena le court rituel visant à guider les guerriers morts vers l'au-delà.
L'intervention de Wulfhilde suscita un certain intérêt. Ce genre de monologue n'était pas rare aux Assemblées, où chacun des rois et roitelets voulait se montrer et augmenter son prestige. Ce n'était pas pour rien que ces réunions duraient plusieurs jours...ce qui surprenait davantage, c'était l'aspect belliqueux du discours de la béornide, qui prenait des risques non-négligeables. Les réactions furent mitigées. Certains étaient impressionnés par la vision d'une Krall, femme qui plus est, sous le patronage du loup. Guinnein avait hoché très légèrement de la tête lorsqu'elle dévoila sa marque, mais ne semblait pas approuver son défi. Un beau guerrier blond au regard perçant, assis les jambes croisées à quelques mètres d'Aiden, regardait Wulfhilde avec curiosité, un sourire bienveillant dessiné sur ses lèvres. D'autres semblaient agacés par ses paroles ou prêts à se lever pour accepter le défi, ne fut ce que pour prouver leur valeur. Heureusement pour tout le monde, le vieux Talam avait calmé les ardeurs comme un orage s'abattant sur une forêt en feu. L'Assemblée avait des sujets importants à régler; ça, personne ne pouvait le nier.
Le silence s'était installé pendant un instant, et Aiden en profita pour reprendre l'initiative.
-La tempête qui va s'abattre sur les Forgoil vient du Sud lointain, au-delà des montagnes noires où vivent les orques. On dit qu'il s'agit d'un peuple, les Nurnhu, qui tout comme nous ont été trahis et exploités par les Têtes-de-Paille et leurs alliés. On dit qu'ils se déversent sur les plaines comme un déluge, balayant tout sur sur leur passage, à la recherche des terres fertiles où s'installer. Si nous restons endormis, peut-être que les Forgoil les chasseront, et que les Nurnhu viendront ensuite essayer de s'emparer de notre Vallée. Alors réveillons-nous, mes frères! Réveillons-nous au premier coup de tonnerre, alors que la tempête est encore loin de nos terres. Profitons que le regard des hommes-chevaux est tourné vers le Sud, pour passer à l'attaque. N'est-il pas plus facile de porter le coup fatal à l'animal sauvage lorsqu'il est concentré sur la meute de chiens qui le harasse? L'heure est venue de reprendre nos terres ancestrales!
Plusieurs Kralls et Héros s'étaient levés en réaction aux paroles d'Aiden, mais celui qui prit la parole resta assis sur ses talons. Beaucoup ne le connaissaient pas, et étaient surpris qu'un roi mineur ose répondre de cette manière à l'homme qui avaient convoqué l'assemblée. Mais le voisin de Wulfhilde lui murmura, excité:
-C'est Duvassa! Le roi de la Cascade Obscure! Cela faisait des années qu'on ne l'avait pas vu, il a du arriver dans la nuit...
-Ce sont des nouvelles importantes, et des belles paroles, Krall Aiden. Peut-être que les chanteurs devraient vous appeler Aiden Langue d'Argent, vous qui savez si habilement nous convaincre qu'il faut faire la guerre, pour éviter la guerre. Je n'étais pas surpris de ne pas recevoir d'invitation à cette assemblée, car je ne suis pas facile à trouver. Mais je constate que ceux qui seraient les plus enclins à vous contredire sont absents. Vos messagers ont sans doute dû perdre leur chemin...où est Seorsa des Terres Enneigées, qui sait endurer chaque menace du haut de sa montagne? Où est Arzhel de la lignée de Nemed, qui a dirigé plus d'assemblées qu'il n'y a des personnes réunies ici? Je comprends votre ardeur, mais ceux qui sèment le vent récoltent la tempête. Vous voulez miser le sort de notre peuple sur une alliance incertaine avec un peuple dont on ne sait rien? Laissons ces étrangers s'entretuer s'ils le souhaitent, loin de nos forêts sacrées, de nos vallées et de nos montagnes. Vous parlez de bois sec qui se brise, mais les Contreforts résistent et résisteront à n'importe quelle tempête.
La prédiction qu'Uli avait fait la veille lors de sa discussion avec Wulfhilde devenait réalité. Deux camps commençaient déjà à émerger, et tous ceux qui étaient assemblés dans le Cercle se retrouveraient bientôt face à un choix difficile...
Membre des Orange Brothers aka The Good Cop
Ryad Assad Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Nombre de messages : 2509 Age : 32 Localisation : Pelargir Rôle : Humaniste
Quelques Crébain s’étaient nichés nonchalamment sur les branches des arbres, observant à bonne distance le spectacle sous leurs yeux, pour le conter sans doute à des maîtres venus de loin… Sous les yeux des esprits, nul ne pouvait mentir ou tromper son prochain.
Ainsi allait la vie dans le Dunland.
La vérité et la sincérité étaient des notions chères aux habitants de ces terres hostiles, qui n’en demeuraient pas moins secrets et jaloux. S’afficher trop ouvertement au mauvais moment pouvait paraître déplacé, quand la réserve l’emportait fréquemment sur la furie. Pourtant, le sang des rudes habitants des contreforts et des collines bouillonnait d’une énergie implacable, d’un désir ardent de s’enflammer pour une noble cause.
Trouver l’équilibre, au milieu d’une assemblée aussi prestigieuse, n’était pas aisé.
Garder le silence, à ce stade, était la stratégie préférée par la plupart des rois, qui attendaient de voir de quel côté tournait le vent, et de gonfler les voiles de leurs ambitions de la brise ou de la tempête qui soufflerait vers le port le plus hospitalier. Faolan avait ouvert les hostilités, parlant fort, et tranchant de sa langue acérée le cérémonial et les politesses… Ils n’étaient pas là pour rien. Aiden n’avait pas convoqué cette assemblée, exceptionnelle à plus d’un titre, pour régler les menus désaccords entre les chefs dunlendings…
Non.
Son ambition était toute autre, et le vent qu’il cherchait était, à n’en pas douter, un ouragan.
Alors il avait fallu discipliner les Kralls les plus jeunes, et les plus hardis. La rebuffade de Talam avait été sèche, et n’avait pas manqué de tirer un sourire aux autres rois rassemblés là, qui se délectaient toujours de ce petit jeu. Certains osaient parfois prendre la parole, essayant de se tailler une place au soleil… mais tous marchaient dans les ténèbres, à la lueur des flammes vacillantes. Gare à qui, se croyant au zénith, verrait dans son ombre immense le reflet de sa propre puissance. Les apparences pouvaient jouer des tours, ici. Les apparences, et les paroles en l’air. Faolan fronça les sourcils en regardant Wulfhilde retrouver sa place… Il se refusait catégoriquement à l’appeler « krall », un titre qui ne convenait ni à une femme, ni à une étrangère… Qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête des gens de Tunum d’accepter une telle domination étrangère, et de remettre en cause les siècles de tradition… Ce n’était pas la place du sexe faible que de commander aux hommes et de faire la guerre, car quoique le désir des femelles de gouverner fût grand – et il en savait quelque chose, dans sa propre maison –, il devait échoir à un mâle de diriger et de tempérer les ardeurs et les humeurs féminines. Wulfhilde, toute sa colère, venait d’ajouter de l’eau au moulin de ses détracteurs, dont Faolan faisait partie.
- Nos ancêtres avaient du bon sens… Certaines traditions sont faites pour être respectées, lâcha-t-il en jetant un regard appuyé non pas à la roitelette, mais bien à la veuve de son propre frère.
Celle-ci soutint son regard avec une fermeté tout à fait exceptionnelle, et ceux qui captèrent cet échange ne purent manquer de constater la tension palpable qui existait entre les deux. De toute évidence, la mort du grand guerrier Nuall avait provoqué une fracture importante au sein des Landes Tourmentées qui n’avaient jamais aussi bien porté leur nom. Si la position de Faolan était claire, celle de sa belle-sœur, Niamh, demeurait encore un mystère pour tous dans l’assistance… Il aurait été fort inconvenant de faire la part belle aux dissensions internes à un royaume devant une telle assistance, et la veuve de Nuall choisit la seule option viable qui s’offrait à elle. Respectant les coutumes et tenant son rang, elle serra les mâchoires, garda le silence, et se contenta d’accompagner la druwidan Dairine vers le cercle extérieur où se réunissaient les Druwidan et les observateurs. Son déplaisir resterait silencieux, pour l’heure.
- Installez-vous avec moi, souffla Dairine sans élever la voix, pour ne pas déranger les hommes qui parlementaient.
- Vous êtes sûre… ?
Pour toute réponse, la druwidan tapota le sol à ses côtés, gardant les yeux rivés vers l’assistance. Niamh et elle avaient noué une certaine amitié depuis qu’elles avaient passé quelques temps ensemble, sous la protection de Faolan. Une amitié dans le sens le plus étrange et le plus mystique qui fût, car nul ne pouvait se targuer d’être véritable ami avec un drughu… Leur connexion aux esprits, à l’Après-Vie et aux forces invisibles les éloignait immanquablement des mortels, et rendait leur approche très difficile. Pourtant, dans le deuil partagé de Nuall, elles avaient appris à se comprendre, et à s’apprécier. Niamh avait choisi de poursuivre le travail de son défunt époux, et de protéger de son mieux cette drughu pour laquelle il avait donné sa vie.
- Le discours de Faolan… Commença Dairine. Vous vous y attendiez ?
Elle parlait à voix très basse, et Niamh était obligée de se pencher vers elle pour l’entendre distinctement. Elle répondit sur le même ton :
- Non. Depuis que Nuall est… Les mots restèrent coincés dans sa gorge. Il est devenu différent. Plus sombre. Plus belliqueux. Quitte à se rallier sans vergogne à Aiden… Et cette roitelette de Tunum qui lui apporte son soutien dans la foulée… Ils veulent conduire les Dunlendings à la ruine.
Les propos de Niamh dénotaient une très bonne connaissance des affaires politiques, qu’elle tenait en grande partie de son mari. Nuall était assez singulier parmi les siens, et il avait vécu toute sa vie hors des convenances, loin des cadres et des traditions, se plaisant uniquement à guerroyer et à contester l’autorité des puissants : à commencer par son propre frère. Là où Nuall était aventureux et zélé, Faolan avait toujours été plus mesuré et plus calculateur, ce qui expliquait pourquoi l’un était devenu roi et l’autre avait passé sa vie entière sur les routes. Cela expliquait aussi pourquoi, quand l’heure était venue de prendre épouse, Nuall et Faolan s’étaient disputés la même femme…
La veuve jeta un regard en coin à Faolan, qui écoutait avec attention les propos d’Aiden.
Cette dispute avait marqué une rupture nette dans les relations entre les deux frères, sans toutefois faire disparaître l’amour profond qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Aujourd’hui, le chagrin du survivant semblait avoir fait perdre la tête à Faolan, qui ne parlait plus que de vengeance et de faire payer dans le sang au roi Fendor la mort de celui qu’il appelait encore affectueusement « le meilleur des deux ». Le parti de la guerre semblait l’emporter progressivement, en s’appuyant sur l’indignation et l’émoi des Dunlendings face au sort de Nuall, mais bientôt une voix nouvelle se fit entendre parmi l’assistance.
- De qui s’agit-il ? Demanda Niamh.
- Le Krall Duvassa. Il y a fort longtemps qu’il n’a pas pris la parole lors d’une telle assemblée. Sa présence n’est pas un hasard.
Comme souvent, Dairine parlait de manière sibylline, supposant peut-être que tout le monde lisait dans les secrets du monde. La veuve, qui n’avait pas tout compris, hocha la tête néanmoins et prêta une grande attention au discours de cet homme énigmatique. Les autres Kralls et les observateurs de l’Assemblée murmuraient entre eux, surpris de constater que Duvassa – et non Wulf, comme beaucoup l’auraient soupçonné – semblait tenir tête frontalement à Aiden. Les lignes étaient peut-être claires, mais quant à savoir qui dansait de quel côté…
L’intervention de Duvassa s’acheva brusquement, et laissa une partie des Dunlendings plongés dans une profonde réflexion. Ceux qui ne s’étaient pas encore positionnés, comme le Krall Talam, semblaient peser le pour et le contre parmi les arguments de chaque partie. Ceux qui avaient déjà marqué leur allégeance à un camp, comme Faolan et Wulfhilde, se devaient de répondre. Niamh capta le très léger signe de tête qu’Aiden adressa au premier, et leva les yeux au ciel… Par tous les Crébain du pays de Dun, Faolan n’avait jamais été le laquais de quiconque… Pourquoi s’abaissait-il aujourd’hui à faire les basses besognes d’un Aiden qui n’avait jamais rien fait pour les Landes Tourmentées ?
- Krall Duvassa… Votre présence parmi nous est un honneur. Je suis heureux que le sort de tout le peuple dunlending, la guerre à nos portes et la mort de mon frère aient trouvé suffisamment grâce à vos yeux, pour que vous daigniez nous gratifier de votre venue.
L’ironie était glaciale, mais Faolan savait ne prendre aucun risque ce faisant. L’appui d’Aiden le protégeait, et une grande partie des rois ne manquerait pas d’abonder dans son sens. Duvassa avait pris pour habitude de se faire rare, et de ne pas se laisser voir facilement : quelle légitimité avait-il aujourd’hui à vouloir s’opposer à ceux qui s’étaient fait un nom parmi les Dunlendings, au cours de ces assemblées rituelles ? Toutefois, la morsure de Faolan pouvait se faire venimeuse, mêlant la raison et la passion dans un discours qui montrait toute la complexité des relations entre les habitants de ces terres si diverses :
- « Les Contreforts résistent et résisteront », ai-je entendu. Et je n’ai aucune raison de croire que cela ne serait pas le cas. Qui sait combien d’hommes de guerre défendent jalousement les montagnes et les passages obscurs qui constituent les remparts naturels à la mort à cheval qui sévit à nos frontières ? Qui sait quelles richesses et quelles merveilles renferment les monts coiffés de brumes et de nuages ? De l’or ? Des diamants ? Des pierres précieuses ? Ou je-ne-sais-quel mystère que porte la terre et que les Hommes-qui-vivent-longtemps achèteraient à n’importe quel prix ? Alors oui, vous résisterez, et c’est tout à votre honneur, à celui de vos braves gens, nobles de cœurs… mais qu’en est-il de nous ? Qu’en est-il des Basses-Terres ? De la Vallée ?
Faolan embrassa l’assistance du regard. Duvassa avait raison sur un point. L’absence de Seorsa et d’Arzhel était notable, à la fois en raison de leur grande influence, mais également parce que, parmi les rois présents et susceptibles d’avoir une voix audible durant l’Assemblée, le déséquilibre penchait nettement en faveur des représentants des Basses-Terres. Ceux qui, par leur proximité avec le Rohan, subissaient continuellement les affronts des Têtes-de-Paille, leurs patrouilles incessantes, leurs humiliations quotidiennes, leurs pillages éhontés. Les détracteurs d’Aiden y verraient un choix délibéré, pour éliminer en partie l’opposition et s’imposer plus facilement… Ses partisans, dont Faolan faisait clairement partie, avaient une autre lecture de la situation.
- J’ai parfois entendu dire que les habitants des Contreforts, trop occupés à penser à leur propre sécurité, en oubliaient parfois la souffrance de ceux d’en-bas. Faudrait-il y voir là, plutôt, la raison de l’absence du Krall Seorsa et du Krall Arzhel ? Vous-mêmes, Krall Duvassa, avez su trouver le chemin de l’Assemblée… alors même que vos terres sont pour l’heure à l’abri… Mais quand viendra le danger, que ferez-vous ? Accueillerez-vous les miens, quand les Forgoil, pressés à l’Est, chercheront refuge sur les terres infertiles qu’ils nous ont laissé ? Prêterez-vous assistance à tout un peuple agonisant lorsque la guerre cessera de s’arrêter sur les rives orientales de l’Isen, et qu’elle déferlera sur nos villages isolés, sur des innocents ? Votre présence parmi nous est un honneur, je l’ai dit… mais serez-vous là, lors de la prochaine Assemblée, lorsque nous parlerons non pas d’un seul frère tombé au combat pour sauver notre précieuse druwidan, mais bien de centaines de frères et de fils massacrés, et autant de nos sages capturés ?
Sa voix se fit sombre et basse, comme une supplique :
- Ne nous oubliez pas, Krall Duvassa. N’oubliez pas vos frères des collines. Ces étrangers se feront la guerre, mais elle viendra bientôt à nos portes également. Elle s’y trouve déjà. Les incursions des Forgoil sont de plus en plus profondes et meurtrières. Leur audace renouvelée par notre inaction. N’oubliez pas vos frères des collines, car avant la montagne, nous sommes le rempart face à la furie de nos voisins… C’est notre sang qui assouvit la soif de conquête de Fendor le Pleutre. C’est la chair de nos femmes dont se repaissent les vils cavaliers de la Marche des Violeurs. Regardez-moi dans les yeux, et dites-moi que mon frère a eu tort de donner sa vie pour sauver celle de Dairine… Regardez-moi dans les yeux, et dites-moi qu’il a eu tort de se dresser face à notre ennemi commun, non pas au nom de tel ou tel Krall, mais au nom de tous les Dunlendings…
Un silence pesant s’installa, personne n’osant vraiment répondre. Même si l’on différait sur la solution à apporter, tout le monde s’accordait sur le fait que la mort d’un vaillant guerrier aux mains des Rohirrim était une tragédie.
- Contreforts, Basses-Terres… Cela importe-t-il ? C’est en tant que Dunlendings que nous devons penser aujourd’hui, à l’heure où notre silence est complaisance, et notre noblesse est faiblesse. Face à une telle menace, et devant une telle opportunité, quelle valeur aura la parole d’un Krall qui ne pense qu’à son propre peuple ? Même une étrangère, femme de surcroît, comprend la nécessité de nous rallier sous une seule bannière… Si même une femme est capable d’aboutir seule à cette conclusion évidente, pourquoi ne le pouvez-vous pas ?
Dans la nuit qui enveloppait les Krall, une silhouette se leva brusquement, quitta le cercle avec fureur, et s’éloigna à grandes enjambées sans que quiconque n’osât la retenir. Dairine avait senti Niamh se tendre perceptiblement tout au long du discours de son beau-frère, mais ses dernières paroles avaient été de trop, et elle s’était éclipsée avec fracas, refusant de déshonorer sa famille en prenant la parole à ce moment précis pour lui dire ses quatre vérités. La druwidan n’avait pas cherché à la retenir. Elle ne lui avait même pas adressé un regard, toute entière focalisée sur la joute qui se déroulait devant ses yeux.
- La guerre, murmura-t-elle pour elle seule. La guerre approche… Qui a trahi trahira.
Elle leva les yeux un bref instant vers le ciel étoilé.
Fronça les sourcils.
Quelque chose lui échappait.
Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop
"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
Spoiler:
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Sirion Ibn Lahad Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Nombre de messages : 1865 Age : 33 Localisation : Arnor
Les paroles volaient tels des crébains sillonnant les airs.
Un homme parmi les hommes, pourtant, demeurait étonnamment silencieux. Un homme parmi les kralls, parmi les rois. Celui dont tous ici connaissaient sans le moindre doute le nom. Un nom qui résonnait dans tout le Dunland comme un nom fédérateur. Synonyme de nostalgie, de légende. Et de rêve.
Un rêve dont beaucoup étaient épris. Que beaucoup savouraient en songe. Mais nul autre que lui n'en rêvait éveillé. Nul autre ne visualisait aussi distinctement cette possibilité. Cet espoir. Cette chance.
Cette opportunité. Une opportunité comme il n'y en a qu'une dans une existence. Dans un siècle. Dans l'éternité du monde.
Lorsque le frère de Nuall se rassit enfin, le bourdonnement des messes basses s'empara une fois encore de l'Assemblée. Wulf, lui, demeurait stoïque, tel un géant de pierre, le dos droit, le menton fier et le regard perçant. Sa longue chevelure aux couleurs du soleil le rendait atypique. Non, pas atypique. Unique. Car c'est ce qu'il était. Le seul et l'unique. Celui pour qui ce rêve était bâti. Celui pour qui cette chance était arrivée.
La patience, c'était la vertu qu'il s'était jurée de ne jamais abandonner. Était-ce enfin le moment ? Il observa l'Assemblée et ses compatriotes. Nul ne sembla vouloir prendre la suite. Il allait devoir agir avec prudence.
- Une autre voie.
Wulf, sur le point de se lever, arrêta net son envie sans que personne ne réalise ce qu'il s'apprêtait à faire. La voix reconnaissable de leur aîné résonna dans la foule réunie.
Le vieux Neven avait pris les devants. Wulf le toisa, sans un mot, gardant sa place discrète jusqu'ici, attendant d'entendre ce que le vieux renard avait à dire.
- Une autre voie, mes chers amis, reprit Neven, est peut-être possible.
De la nouveauté et une relative surprise happèrent l'attention de tous. Neven leva son bras gauche.
- L'attentisme. La rassurante précaution de ne pas agir dans une main.
Puis se tournant vers l'autre côté de l'Assemblée et levant le bras droit.
- L'action et la guerre ouverte dans l'autre. Deux voies bien différentes et dont chacune a des vertus. À n'en pas douter. Vous me connaissez tous ici... J'ai entendu les paroles du jeune Faolan.
Il se tourna vers le concerné.
- Ta fougue et ton désir de vengeance sont tes compagnons de vie et le Dunland a grand besoin d'âmes vaillantes telles que la tienne. Pour autant, camarades, vous tous ici savez ce qu'il nous en a coûté de partir en guerre contre les Forgoil... Encore. Et encore.
Neven marchait avec lenteur au milieu de ses compatriotes. Son regard se porta vers chacun des rois présents et nombre de kralls. Il s'arrêta furtivement sur Wulf.
- Et encore, insista-t-il. Cela nous a-t-il rendu plus forts ? Cela va sans dire. Cela nous a-t-il apporté la victoire ? Bien peu, je le crains.
Le roi des Champs Dorés garda un moment le silence avant de porter le coup de grâce à son oratoire.
- Mais aujourd'hui, nous avons peut-être une autre voie. Car il y a une chose qui, jusqu'ici, nous a fait défaut. Un allié.
Wulf esquissa un sourire. Ce vieux renard était très surprenant.
- Nous savons nous battre. Le Dunland est né de la guerre ! Avec ces Nurnhu, le destin nous offre l'opportunité de prendre les terres du Rohan en tenaille dans nos serres de corbeaux ! Il nous est donné la chance de surpasser et de surprendre notre ennemi ancestral.
La chance. Wulf sentit une vague de chaleur intense le parcourir. C'en était trop. Le troisième du nom se hissa sur ses jambes et se dressa de toute sa hauteur. Les regards encore stupéfaits de l'Assemblée se tournèrent vers le roi blond. Wulf avait le regard confiant et une détermination au zénith.
- Sages sont les paroles de Neven. Vaincre ne doit pas signifier une vulgaire charge et une défaite éclair. Survivre ne signifie pas non plus se terrer dans ses contreforts comme nous l'a aimablement expliqué notre ami Duvassa, le Fantôme parmi les Rois. Non...
Wulf se tourna directement vers Aiden, qui écoutait avec attention. Le gendre croisa le regard de son beau-père en train de saisir le corbeau au vol.
- Comme Aiden l'a dit, l'heure est venue de reprendre nos terres ancestrales. Mais cette fois, nous devons nous appuyer sur ce peuple Nurnhu et non simplement attaquer de front comme par le passé.
Un rêve dont beaucoup étaient épris. Que beaucoup savouraient en songe. Mais nul autre que lui n'en rêvait éveillé. Nul autre ne visualisait aussi distinctement cette possibilité. Cet espoir. Cette chance.
Ce rêve, qui sait, allait peut-être... enfin... devenir réalité.
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Wulfhilde n’appréciait pas trop le don un peu condescendant avec lequel le vieil homme du nom de Tala Krall des Terres d'Orage. Surtout qu'elle le trouvait bien trop moqueur vis-à-vis de son patronage et donc, par extension, des druwidans qui l'avaient à deux reprises placée la jeune guerrière sous le patronage du loup, l’un des deux gardiens des bois. Même si son regard se fit perçant à son égard, elle ne rajouta rien et hocha simplement la tête pour lui faire comprendre qu’elle avait compris. S’il ne semblait pas le plus puissant des krall, visiblement au vu de la réaction de certains autres krall, héros et de druwidan dont Ulli, il devait avoir une certaine influence.
La suite fut des plus intéressantes, car comme Ulli en avait parlé à Wulfhilde la veille, de l'assemblée des rois de camp allait se former. Si Wulfhilde comptait bien prendre le parti d'Aiden, elle écouta attentivement les paroles de chaque des krall qui prenait tour à tour la parole. D'ailleurs, Wulfhilde tendit légèrement l’oreille en se penchant sur le côté quand son voisin l’informa de l’identité du krall qui allait prendre la parole. Si c'était un krall mineur, la jeune louve reconnaît que ce dernier ne manquait pas de crainte, même si pour elle, les paroles du vieil homme étaient un peu vides de sens, car la guerre était déjà là. Elle avait l’impression que les plus anciens refusaient de voir la réalité, préférant rester confortablement chez eux, attendant que l’orage passe, en espérant que ce dernier emporterait leur ennemi de toujours, les rohirrim.
Wulfhilde attendit un bon moment que ceux qui avaient un statut supérieur aux siennes se soient exprimés, tout en réfléchissant à ce qu’elle allait dire pas la suite. D'ailleurs, nombre des krall de héros et de druwidan discutent maintenant plus entre eux qu'avec leurs voisins, quand aucun intervenant ne venait se placer au centre du cercle de pierre pour s’adresser à l’auditoire. C'est sa première assemblée et maintenant elle attendait de voir comment allait tourner l’équilibre des forces. Même si elle avait envie de s’exprimer après que Neven Krall roi des Champs dorés, de la lignée de Jova se soit exprimé, elle attendit que d’autres ai pris la parole à leur tour par respect. Puis quand il eut un silence et vu que personne ne semblait vouloir s'exprimer, elle se leva.
La question n’est pas de savoir si nous devons faire la guerre ou non comme le Krall Faolan la dit la guerre et déjà la inutile de faire comme si de rien était, cette guerre débuta quand les Forgoil se sont installés dans les vertes prairies du rohan après nous y avoir chassé depuis il ne cesse de s’en prendre à nous et de façon plus farouche ces derniers temps, et pour couronner le tout il s’en prenne à nos druiwdan dit-elle d’une voix posée mais déterminée et assurer hors comme l’ont justement souligné le krall Aiden, le krall Wulf et le Krall Neven c’est une occasion de pouvoir rendre justice à toutes les offenses que les Forgoil nous ont faites depuis des générations et surtout dit mettre un terme dit-elle avec conviction les Forgoil sont affaiblies en raison de leur conflit avec le peuple de Nurnhu à nous d’en profiter une telle chance ne se représentera pas deux fois dit-elle tout en faisant quelque pas au milieu de l’assemblée des krall même si les serres du corbeau sont aiguisées et les crocs du loup accélérer il nous faudra agir comme le renard des bois avec ruse et sagesse dit-elle en regardant avec approbation le krall Neven avant de marquer une pause et comme la justement dit le krall Neven un alliée serait pour nous intéressant si nous arrivions à bien nous entendre avec le peuple de Nurnhu nous pourrions mieux coordonner nos efforts et nos forces alors assurément le Rohan ne se relèvera pas et nous pourrons ainsi éviter des pertes inutiles dit-elle en marquant une pause tout en revenant en direction de sa place cela pourrait être pour nous l’occasion d’établir de bonnes relations diplomatie avec ce peuple et pourquoi pas dans le futur de faire du commerce avec eux dit-elle de façon plus posé en reprenant sa place
Si le Krall Aiden et le Krall Wulf ainsi que d’autres kralls influents étaient d’accord pour aller faire la guerre au Forgoil il est fort probable que peu décident de rester ici. La question serait plutôt de savoir comment organiser l’ensemble des Kralls pour aller faire la guerre. Wulfhilde se dit que l’organisation d’une telle entreprise allait demander bien plus de temps et d’effort que ce qui avait été déployé à cette réunion pour savoir quelle attitude avoir vis-à-vis de la situation au Rohan. Pour la jeune krall du Tunum la question était déjà tranchée, même si ce n’était pas encore le cas de manière officielle, du coup, sur d’elle Wulfhilde commença à réfléchir à la suite et à comment elle allait s’organiser. Rejoindrais t-elle Uli pour aller piller le Rohan ? en partant du principe que cette dernière y participerait. Ou bien rejoindrais- t-elle plutôt les forces d’Aiden ou de Wulf ? voir d’un autre Krall pour être dans l’action et le feu des combats ? elle hésita et ne savait pas encore trop où s’orienter. Ce dont elle était à peu près sûre, c’est qu’elle laisserait une grande partie des forces militaires de Tunum dans le bourg. Elle n’avait pas envie qu’un Krall profite de son absence pour s’emparer de ce lieu qu’elle appréciait beaucoup. Que ce soit ses habitants ou son mode de vie en tant que Krall.
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Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Lun 3 Juin 2024 - 23:41
Les paroles de Faolan étaient mordantes, et le Krall Duvassa dut se contenter de serrer les dents. Les habitants de la Vallée avaient choisi le confort, le commerce et l'agriculture alors que pour les gens des Contreforts, chaque jour était une lutte pour survivre à un environnement hostile. Qu'ils paient le prix de la voie de la facilité. Ceux qui viendront demander son aide seront accueillis et auront leur place dans les montagnes. Les autres pourront mourir ou se soumettre aux envahisseurs, si seulement l'invasion aura réellement lieu eu un jour.
Mais tout ça, il n'allait évidemment pas le dire. Pourquoi se mettre à dos les gens de la Vallée et des Basses Terres, alors qu'ils représentaient la majorité de cette Assemblée? Duvassa resta silencieux.
D'autres kralls prirent alors la parole: le vieux Neven, le charismatique Wulf et même Wulfhilde, la krall de Tunum. Cette fois, on la laissa parler car ses mots étaient en accord avec les arguments de ses prédécesseurs.
Le débat dura encore un moment, mais ce fut Aiden en personne qui conclut cette première journée de l'Assemblée des Rois.
-Kralls! Druwidan! Héros! Vous avez été invités à délibérer au milieu de ce cercle sacré, et vous l'avez fait. Je ne m'attendais pas à ce que vous soyez tous d'accord les uns avec les autres, après tout nous ne sommes pas un peuple de moutons! Le créban, le serpent, le cerf et le sanglier vivent tous dans la forêt, mais chacun réagira différemment face au danger - Il se tut pendant un instant - sauf quand un feu de forêt éclate.
Il leva les bras vers le ciel:
-Beaucoup d'entre vous rentreront chez eux après cette Assemblée, et c'est très bien. Que nos ennemis s'endorment. Mais affûtez vos lames et préparez vos hommes, car le vent de guerre viendra bientôt nous porter sur ses ailes, tout droit vers la victoire contre les Forgoil!
Aiden balança l'Assemblée du regard:
-Et ceux qui ne souhaitent pas attendre peuvent rester avec moi. Nous serons le galet qui déclenche l'avalanche.
***
Les débats de la première journée furent suivis par un banquet bien arrosé et, comme souvent, quelques duels ritualisés. La plupart se termina par des blessures plus ou moins graves, mais un conflit plus sévère avait également éclaté au sein de l'assemblée. Un krall des Contreforts avait décidé de rompre les fiançailles de sa fille avec un roitelet de la Vallée. Les lames avaient jailli, et le frère du fiancé était tombé sous un coup de couteau, la première victime de ce qui s'apprêtait à devenir une vendetta sanguinaire entre deux familles.
La deuxième journée de l'Assemblée était dédiée aux rites. Comme promis la veille par Aiden, c'était le vénérable Keiran, le drughu le plus influent de toutes les terres Dunlendings, qui allait mener le rituel.
Contrairement aux délibérations, tous les Dunlendings avaient le droit d'assister aux rites. Des feux brûlaient sur le sommet de chacune des Collines Brunes, et les druwidan avaient déjà commencer à réaliser les sacrifices.
Des bols d'une boisson étrange, à base d'herbes et de champignons, furent distribués à tous. Une mélodie folle s'élevait dans les airs, un chant enivrant des flûtes et le rythme effréné des tambours. Malgré son âge avancé, Keiran se déplaçait avec agilité, en bénissant les enfants, et les faisant rire avec des grimaces ou des blagues.
Mais alors qu'il s'approchait du centre de la plus grande colline, le visage de Keiran devint plus solennel. Il s'adressa aux personnes assemblées:
-Notre peuple est à la croisée des chemins. A partir de maintenant, il vous faudra choisir un esprit pour guider vos pas.
Aiden s'avança en premier. Il était torse nu.
-Ceux qui me suivent le feront sous la protection du serpent. Que nos intentions restent insondables aux yeux de nos ennemis. Que nos actes de bravoure soient immortalisés dans les chants de nos chanteurs. Et que l'épreuve qui nous attend soit le rite du passage de notre peuple dans sa transformation vers un futur glorieux!
Keiran hocha de la tête. Un de ses assistants s'approcha avec un bol de pierre rempli de peinture verte. Le vénérable vieillard en mit sur ses doigts et se mit à dessiner la forme d'un serpent gigantesque sur le torse dénudé d'Aiden.
Ce fut ensuite au tour de l'autre groupe de Kralls et des Héros de s'approcher. Duvassa était le premier:
-Nous implorons l'esprit du sanglier de nous prendre sous sa protection. Si la guerre vient à nos portes, que nos lames soient terribles comme ses défenses. Mais que notre colère n'éclate que si cela est juste et nécessaire.
Une impressionnante tête de sanglier fut peinte sur le dos du roi de la Cascade Obscure alors que les tambours battaient en crescendo. Les rituels dunlendings étaient complexes. Les animaux choisis n'étaient pas spécialement les esprits protecteurs individuels des kralls, mais plutôt ceux dont la nature correspondait le mieux à leur cause.
Soudainement, Keiran pointa vers le ciel avec son doigt, et la musique s'arrêta. Une murmuration de crébain formait un nuage opaque dans le ciel, des milliers d'oiseaux plongés dans une danse tout aussi complexe et rituelle que celles des drughu. Les yeux du vieillard se couvrirent d'un voile pendant un instant, et il croassa:
-Je vois un changement sur le trône d'or des Forgoil...
Les prédictions de Keiran étaient rares mais réputées pour être justes. Un peu plus loin, Wulf affichait un sourire carnassier. Ce futur ne pouvait être que le sien.
Le moment étrange était passé. Keiran balaya les personnes assemblées du regard:
-Pour sceller le patronage du serpent et du sanglier, j'invite à présent des champions pour représenter les esprits lors d'une lutte!
Les combats du deuxième jour étaient amicaux et ritualisés; il s'agissait davantage d'une pièce de théâtre que d'un duel réel. Cependant, les armes utilisées étaient vraies, et les risques étaient réels. Keiran attendait que deux champions se présentent.
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Ryad Assad Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Dairine fendait la foule rassemblée autour d’elle d’un pas lent et mesuré, sans paraître voir les hommes et les femmes réunis de part et d’autre de son chemin, qui s’écartaient prudemment sur son passage en murmurant des paroles rituelles. Leurs voix s’unissaient en un bel ensemble grave et solennel, qui conférait à la scène un caractère surréaliste. Ses pieds nus effleuraient l’herbe rase des collines, la portant vers l’immense bûcher qui crépitait au loin et dont la lumière aveuglante ne se laissait pas aisément regarder. Les flammes projetaient à intervalle régulier de puissantes ondes de chaleur, qui faisaient voleter ses cheveux, et donnaient un air éthéré à sa silhouette gracile, si fluette et si fragile qu’elle semblait faite de porcelaine. Elle s’arrêta aussi près qu’elle le pût du brasier dévorant, communiant un instant avec le feu qui dansait joyeusement devant ses yeux, et qui tendait ses langues orangées vers le ciel. Puis, après avoir remercié les esprits de lui avoir confié la responsabilité de cette communauté, elle se retourna vers ses frères et sœurs Dunlendings, qui l’observaient avec attention. Leurs yeux grands ouverts attendaient ses paroles, tandis qu’ils s’étaient murés dans un silence révérencieux.
Elle tourna la tête un instant vers les autres collines, et les innombrables flammes similaires à la sienne. De toutes parts, les Druwidan entamaient eux aussi les sacrifices rituels qui ouvraient la journée de célébrations, fourniraient le repas partagé aux membres de l’Assemblée, et permettraient ensuite à Keiran de convoquer les esprits pour accorder leur protection à tous ceux qui avaient fait le choix de venir à ce rassemblement exceptionnel.
Sur chaque colline, un brasier. A chaque brasier, un ou plusieurs Druwidan. Et chaque fois, une foule compacte qui se massait pour entendre les mots secrets, et recevoir la bénédiction des Gardiens. On y trouvait des hommes et des femmes de tous âges. Des enfants aussi, émerveillés par l’atmosphère si singulière que l’on retrouvait ici. Dairine ferma les yeux, faisant abstraction de ce qui se trouvait autour d’elle. Elle n’entendait plus que le crépitement des flammes, qui l’enveloppait complètement. Des tambours se firent bientôt entendre, repris en écho par les différentes collines qui se répondaient. Dairine perçut la présence rassurante de deux Drughu qui approchaient, et qui dégrafèrent la broche qui retenait sa tunique. Les yeux fermés, elle ressentit leurs mains délicates la libérer de ses entraves. Un frisson la saisit légèrement alors qu’elle sentait le vêtement glisser contre sa peau, tandis que l’air frais et la chaleur du bûcher se disputaient le droit d’embrasser sa chair exposée. Les yeux de l’assistance se posèrent sur son torse nu, et sur les tatouages bleutés qui couraient sur sa peau, soulignant le galbe de son sein, avant de descendre le long de son ventre, pour mieux échapper aux regards en glissant sous le tissu de ses longues jupes. Il n’y eut ni hoquet de surprise, ni réaction outrée. Elle n’était plus une femme, et son corps n’était plus un objet de désir et de passions. Elle était une Drughu. Elle était le réceptacle des esprits, l’intermédiaire entre l’ici et l’au-delà. Sa chair sacrée, odieusement tourmentée par les Rohirrim, portait en elle la sagesse et la puissance de tout le peuple dunlending. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il fut évident qu’elle n’était plus de ce monde. Son regard traversait les âmes et les âges, voyant à travers les voiles de ténèbres. Jaillie des tréfonds de sa poitrine, sa voix s’échappa en un chant beau et triste, hors du temps, subjuguant son auditoire qui communiait avec elle. Ses mots, d’abord prononcés à voix basse, prirent plus de force à mesure qu’ils s’écoulaient de ses lèvres délicates :
- Sé do bheatha, a bhean ba léanmhar do bé ár gcreach tú bheith i ngéibhinn do dhúiche bhreá i seilbh meirleach 's tú díolta leis na Gallaibh.1
La foule lui répondit puissamment :
- Óró, sé do bheatha 'bhaile !2
Dairine fut transpercée par ces paroles, qui scellèrent son union avec le reste de l’assistance, et qui lui donnèrent l’impression d’avoir été irriguée par un sang bouillonnant et palpitant. Les Dunlendings avaient commencé à marquer le rythme, en frappant du poing sur leur torse, ou de leur épée sur leur bouclier. Tous suivaient le rythme des tambours qui martelaient toujours la cadence avec énergie, et répondaient à ses incantations de leurs voix graves et puissantes. La Drughu reprit de plus belle :
- Tá an más ag teacht thar sáile óglaigh armtha léi mar gharda, Na Seanóirí iad féin is ní Isenigh ná Daerigh 's cuirfidh siad ruaig ar Ghallaibh.3
- Óró, sé do bheatha 'bhaile ! Óró, sé do bheatha 'bhaile !
Dairine écarta les bras, et beaucoup de Dunlendings tombèrent à genoux, certains s’agitant comme s’ils étaient possédés par une entité essayant de prendre le contrôle de leur corps. Insensible à ces manifestations de la puissance des esprits, la femme continuait de chanter :
- A bhuí le Rí go bhfeiceam muna mbeam beo ina dhiaidh ach seachtain An más agus míle gaiscíoch ag fógairt fáin ar Ghallaibh.4
Les cris de joie et les acclamations fusèrent de toutes parts, tandis que plusieurs guerriers se mettaient à hurler au ciel tels des loups ou des ours déchaînés. La soif de sang les animait, et les paroles de Dairine ne faisaient qu’attiser les flammèches de la guerre et de la violence. Soudain, la Drughu sortit un poignard à la lame argentée, et s’approcha des flammes dont la chaleur ne semblait plus l’atteindre. Elle tendit la main, et on fit venir à elle un cheval, sans doute capturé aux Forgoil. L’animal était terrorisé, par les cris, les chants, le brasier, et les armes qu’il percevait. Dans son œil, on décelait une peur primale : celle que tous les gens du Rohan ressentiraient bientôt.
- Is sinn na Seanóirí !5 Cria-t-elle.
Seanóirí.
Les Anciens.
Les premiers habitants du Rohan. Les propriétaires légitimes de ces terres, dont ils avaient été chassés injustement. Les Dunlendings hochèrent la tête, tandis qu’elle approchait le couteau de la gorge du cheval. Le sang se mit à couler à flots, tandis que l’animal passait de vie à trépas avant même d’avoir compris ce qui lui arrivait. La main experte de la Druwidan avait tranché l’artère principale, lui évitant des souffrances inutiles. Son corps bascula brusquement sur le côté, et Dairine l’accompagna d’un geste, tandis qu’elle essuyait la lame maculée contre son ventre.
- Is sinn na Seanóirí !
Les Dunlendings reprirent son cri de ralliement, certains levant les bras au ciel, d’autres frappant fièrement sur leur poitrine. La Drughu se remit à chanter de plus belle, s’interrompant uniquement alors qu’elle pratiquait le sacrifice d’une vie pour reprendre ce cri : « nous sommes les Anciens ». Et il y en eut beaucoup. Au bout d’une heure, Dairine se retrouva couverte de sang, et les bras des hommes chargés de transporter les cadavres pour les partager collectivement commençaient à souffrir sous le poids des corps qu’ils amenaient au bas de la colline d’un pas pressé. Le dernier sacrifice accompli, les tambours se turent, et Dairine confia son poignard à un autre Drughu, avant de marcher droit vers l’assistance.
Nul n’osa la toucher, et tous s’écartèrent prudemment de son passage, encore plus révérencieux que lors de son arrivée.
Les pas de la femme la conduisirent vers la colline principale, où Keiran avait sans doute déjà entamé le rituel. Tous les autres Druwidan, montrant ainsi leur respect à celui qu’on considérait comme le plus important d’entre eux, convergeaient dans la même direction, emmenant derrière eux les cortèges de Dunlendings qui les suivaient religieusement. Ils étaient innombrables, et cette démonstration de force ne pouvait que renforcer la confiance des plus belliqueux. Une confiance qu’ils devraient mettre à l’épreuve bientôt, lorsque la guerre arriverait à leurs portes. Lorsque Dairine parvint auprès de Keiran, elle prit place légèrement à l’écart, parmi ses pairs qui semblaient tous eux aussi transis par le rituel et le sacrifice. Certains arboraient des peintures de guerre, d’autres s’étaient visiblement immergés dans le sang d’un animal à en juger par le sang poisseux qui collait à leurs cheveux. Il n’y avait pas de véritable norme quant à la manière de pratiquer un sacrifice, et certains communiaient avec les esprits de la forêt d’une manière étonnante.
La conclusion du rituel fut marquée par une nouvelle prophétie de Keiran, et Dairine se mit brusquement à pleurer.
Elle avait toujours eu une relation particulière à son maître, et le voir ainsi transcendé l’émouvait au-delà de ce qu’il était possible de supporter. Elle sentit d’abord les larmes couler le long de ses yeux, sans rien pouvoir faire, avant qu’une émotion indescriptible ne s’emparât d’elle, la privant de toutes ses forces. Elle tomba à genoux, secouée de sanglots silencieux. Un immense sourire ingénu fendait son visage d’ordinaire si triste et si austère.
Niamh serra un peu plus fort le châle qui enveloppait ses épaules, en entendant Keiran appeler à lui les champions. Son défunt mari, Nuall, aurait sans doute adoré pouvoir participer à de tels combats rituels. Il aurait montré à tous ses qualités martiales, sa capacité à manier l’épée et la lance, mais également sa grande noblesse d’âme. La tristesse de la veuve était incommensurable.
Tous les mariages n’étaient pas heureux, au Dunland.
Le sien, quoique bref, l’avait été au-delà de ses espérances.
Elle était tombée sous le charme de cet homme extraordinaire, et aurait tout donné pour enlacer la vieillesse à ses côtés. Elle avait rêvé une vie différente, un quotidien paisible, loin de la guerre, loin de la mort omniprésente. La même mort que certains appelaient de leurs vœux, et que les esprits semblaient encourager de toutes leurs forces. Certes, ils gagneraient peut-être la guerre, et comme tous les Dunlendings, Niamh espérait sincèrement qu’ils pourraient un jour retrouver leurs terres ancestrales… Mais cela aurait-il encore un sens s’ils devaient pour cela sacrifier le sang de toutes les braves âmes que comptait leur peuple ? Iraient-ils repeupler les plaines de la Marche avec les pleutres et les opportunistes qui se terraient en attendant de savoir de quel côté la pièce allait tomber ?
La jeune femme regarda les premiers combattants se préparer aux combats rituels.
L’un d’entre eux, voyant qu’elle le regardait, s’approcha d’elle avec un demi-sourire aux lèvres. C’était un de ces jeunes guerriers, sûr de sa force et débordant d’arrogance. Il était grand et svelte, et ses traits juvéniles lui conféraient une certaine beauté dont il devait jouer allègrement avec les jeunes femmes du peuple :
- Vous étiez à la cérémonie, fit-il sans ambages. Vous êtes la veuve de Nuall. Si je gagne le combat, accepterez-vous de m’épouser ?
Niamh haussa les sourcils un instant, avant de répondre sèchement :
- Non.
- Pourtant, je suis un bon parti pour une veuve qui n’est plus de première jeunesse… Je suis Rori « Bouclier Écarlate ».
Elle n’en avait jamais entendu parler. Sans doute un homme sans famille, qui aspirait à se hisser dans la hiérarchie sociale en s’appuyant sur ses qualités martiales plutôt que sur son lignage. Niamh le toisa du regard :
- Je n’ai jamais entendu parler de vous, Rori Sans Nom, mais je pourrais vous renommer Rori le Parleur, tant vous savez vous adresser aux femmes…
Il sourit.
- Je ne crois pas que les femmes soient plus compliquées que les chevaux. Un peu de dressage, un peu de monte, un enclos de belle taille, et le tour est joué.
Comparer une femme Dunlending à un cheval était une véritable insulte, tant les gens de ce peuple méprisaient les cavaliers. Niamh aurait sans doute pu – et dû – couper court à la conversation en le renvoyant dans ses quartiers. Toutefois, elle trouva plus judicieux de lui jouer un mauvais tour, et elle répliqua :
- Pourquoi n’allez-vous pas le lui dire à elle ?
Elle pointa du doigt la Krall – elle avait encore du mal à la considérer comme telle – de Tunum. Cette femme étrangère si prompte à tirer l’épée et à régler les choses au fil d’une lame. Une femme qui dirigeait les hommes : une hérésie à n’en pas douter, mais qui pouvait se révéler bien utile en la circonstance. Rori se retourna vers Wulfhilde, et non sans avoir lancé un sourire à Niamh, il s’approcha d’elle en criant :
- Hey, l’amie ! Tu n’es pas d’accord que les femmes ne sont pas plus compliquées que les chevaux ? Un peu de dressage – beaucoup dans ton cas –, un peu de monte, et…
Il s’interrompit en voyant quelques regards désapprobateurs se tourner vers lui, notamment quelques hommes qui semblaient accompagner l’intéressée porter la main à leurs armes et le regarder avec sévérité. Rori était jeune et zélé. Irréfléchi. Il tourna la tête vers Niamh, qui lui fit une moue qui signifiait en substance « et qu’allez-vous faire, maintenant ? ». Idiot qu’il était, il ne comprit pas le danger que représentaient ses paroles, et poursuivit :
- Que se passe-t-il messieurs ? C’est votre mère, pour que vous la défendiez ainsi ? Si l’un d’entre vous veut que je lui botte les fesses, ce sera avec grand plaisir ! Allez, à qui le tour ? Qui veut se frotter à Rori, le Bouclier Écarlate ?
Le regard de Niamh glissa vers Wulfhilde.
Comment allait réagir l’étrangère face à cette provocation ? Quelques observateurs attentifs la scrutaient également, jaugeant ses réactions, prêts à se faire une idée de qui elle était et de ce qu’elle pouvait ou non apporter aux Dunlendings qu’elle disait représenter.
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1 : Te voilà, femme qui était malheureuse / Tes chaînes étaient notre destruction / Notre belle terre, prise par des voleurs / Et tu étais vendue aux étrangers.
2 : Hey, te voilà revenue !
3 : La mort arrive sur la mer / Des volontaires armés avec elle comme gardes / Eux-mêmes des Anciens, ni de l’Isen, ni de Lond Daer / Et ils chasseront les étrangers.
4 : Qu’il plaise au Roi que nous voyions / Même si nous ne survivons qu’une semaine / La mort et un millier de ses héros / Repousser les étrangers !
5 : Nous sommes les Anciens !
Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop
"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
Quand l’assemblée des rois se termina Wulfhilde fut satisfaite de cette première journée. Comme l’avait dit le Krall Aiden c’était déjà dans un sens un exploit qu’une grande partie des personnes importantes et influentes du pays de Dun ici présent se sont mit d’accord sur la démarche à suivre. Cependant, la guerrière originaire des terres sauvages resta prudente et vigilante. Entre ceux qui disaient vouloir faire la guerre au forgoil et ceux qui, effectivement, se joindraient à l’ost du pays de Dun, il y allait sûrement avoir une petite différence. La Krall de Tunum profita du banquet pour se relaxer un peu et discuter avec les autres krall, ainsi que certains héros, histoire de voir avec qui elle avait des affinités et ceux qui pourraient peut-être dans le futur être des alliés. Avant de profiter du repas et des boissons alcoolisées, elle se livra à certains duels afin de montrer ses compétences maritales.
Le deuxième jour, Wulfhilde qui avait reçu le patronage du loup à deux reprises se rendit auprès du drughu Keiran afin de le saluer avec respect en échangeant quelques mots avec l’homme à l’âge avancé. Puis elle se retira et assista en silence aux rites menés par le vénérable et sage Drughu, l’une des personnes les plus respectées parmi les Dunlendings. L’ambiance était bien plus détendue enfin pour Wulfhilde, car elle imaginait sans mal la tension que pouvaient ressentir ceux qui attendaient de recevoir le patronage du serpent ou du sanglier. Elle même avait ressenti ce type de sentiment lorsqu’elle avait reçu le patronage du loup de la main de Keiran puis dans une moindre mesure, celui de Guinnein il y a quelques jours. Étant sous le patronage du loup, elle ne se sentait pas concernée elle ne se proposa pas pour faire partie des champions demandés par Keiran.
Quand cela fut terminé, elle se retira pour continuer à discuter avec de nombreuses personnes présentes à ce rassemblement. Elle participa même à quelques combats, que ce soit en arme ou à main nue, démontrant ainsi sa maîtrise dans la lutte béornide. C'est une tradition de son peuple et les combats se déroulent lors de festivités ou d'autres évènements. À ce moment, il est commun que des lutteurs s'affrontent. Cela est même devenu une pratique courante et nombre de béornide s'y entraînent de temps à autre. Contrairement à ce qu'on peut penser, la lutte béornide et des règles et des codes bien précis, même si elle reste au final assez basique. Sauf qu'ici, il suffit simplement de dominer son adversaire ou que celui-ci décide de se rendre pour gagner le duel.
Dans l'après-midi, alors qu'elle discutait avec plusieurs guerriers et guerrières dont certains faisaient partie de sa garde personnelle, elle fut dérangée par un jeune dunlending.
Qu'est ce qu'il veut, lui, wulfi tu veux que je lui fasse sauter la tête ? demanda agacer un des guerriers de Tunum
Les autres personnes autour de la redoutable guerrière béornide le regardèrent très mal, surement a cause de son insolence et de son manque de respect vis à vis de la krall. Wulfhilde perçut le regard de Niamh sans trop se douter de ce qui s'était passé avant entre elle et le guerrier qui se faisait appeler Rori bouclier écarlate. Elle adressa un regard amusé avec ceux qui discutaient avec elle avant et fit signe au guerrier béornide d'un geste de la main de rester calme.
Ça ira, je m'en occupe dit-elle sans trop hausser la voix pour ne pas être entendue de Rori et pour rassurer le guerrier de Tunum qui semblait vouloir tirer son épée contre le jeune guerrier Dunlending
Le guerrier de Tunum de sa garde rapprochée se calma, puis elle se retourna vers Rori pour avancer calmement avec assurance vers lui.
Salut l'ami dit-elle avec un sourire faussement amical tu as raison, les femmes ne sont pas plus compliquées que les cheveux dit-elle afin de tromper la vigilance du jeune dunlending
Tel le loup qui avance vers sa proie, elle avança et pose de façon amicale sa main, du moins en apparence, sur l’épaule de Rori alors qu’elle le toise et le regarde de haut.
Seulement as-tu déjà essayé de dresser un cheval ? demanda t-elle sérieusement toujours pour tromper la vigilance du jeune guerrier ce n’est pas simple, il faut surtout déjà apprendre à bien tenir sur ses jambesdit-elle un léger sourire amusé
Puis, comme le loup, elle frappa rapidement et avec assurance. Sa main légère devient maintenant comme un poids sur l'épaule de celui qui porte le surnom du bouclier écarlate. Elle agrippe fermement le haut de sa tenue et dans le même temps, son pied vient frapper lourdement Rori au niveau du genou, plus précisément sur le côté avant qu'il se courbe sous la douleur. Il y a de nombreuses parties sensibles sur le corps, celle-ci en fait partie. Comme lui a appris son oncle Varbeorn passé maître dans l'art de la lutte béornide, c'est une partie du corps qui, même frappée par quelqu'un de faible, peut faire se courber les plus massifs des guerriers. Hors Wulhilde avec sa puissante musculature, aurait pu lui briser le genou avec un lourd coup de pied. Sauf qu'ici, ce n'est pas l'objectif. Elle profite de cela pour passer son pied derrière celui qu'elle vient de frapper pour le faire se relever alors que son bras qui agrippe fermement l'épaule de Rori va pousser vers l'arrière. Une action qui fait tomber le jeune homme plein de fougue au sol. Wulfhilde va alors placer l'un de ses pieds au niveau du poignet gauche de Rori afin qu'il ne puisse pas tirer son épée. Elle avait observé rapidement ce guerrier et remarqué que ce dernier avait placé le fourreau de son épée sur le flanc droit, elle en avait conclu qu'il était gaucher. C'est une question de bon sens, car il est bien plus facile et pratique pour les guerriers de tirer leurs épées du côté opposé au bras directeur qui dirige leur lame. Dans le même temps, son autre pied se pose lourdement sur le torse du guerrier alors que son regard ambré qui dégage une froide colère se plonge dans celui du jeune guerrier dunlending alors qu'elle se penche légèrement vers lui.
Son pied appuie encore un peu plus sur le poignet, presque au point de lui briser les os. Elle a un rire amusé alors que le pied sur le torse accentuant d'un coup la pression avant qu'elle ne se retire rapidement pour rejoindre le groupe avec qui elle discutait.
Tu as de la chance Rori, bouclier écarlate, je suis de bonne humeur aujourd'hui dit-elle amusée tout en restant vigilante à une potentielle attaque dans le dos
Elle va alors retirer le bouclier qu'elle porte à sa main gauche et le confier à l'un des guerriers qui fait partie de ses gardes du corps avant de retirer le fourreau où se trouve son épée pour le poser sur le bouclier. Elle défait ensuite l'attache métallique qui ressemble à une corde d'argent qui maintient son manteau à capuche pour le confier à une guerrière de Tunum qui l'accompagnait jusqu'ici dans les basses terres du pays de Dun. Puis elle se tourna vers Rori avançant de quelques pas. Wulfhilde pencha légèrement sa tête sur le côté gauche, posant sa main sur son cou au niveau opposé ou elle tourna la tête comme pour s'étirer avant de faire pareil, mais dans l'autre sens.
Elle jeta un regard de défi à Rori et se mit en position pour se battre, se tournant légèrement sur le côté pour se mettre de profil afin de lui rendre la tâche moins aisée en exposant moins facilement son corps.. Reste à savoir si le jeune guerrier dunlendings allait l'attaquer avec ses armes, ce qui ne serait pas très bien vu. Sans prendre à une femme désarmée qui a en plus le statut de krall risquerait de lui valoir la désapprobation des personnes autour, en plus de celle qui approchait, un peu curieux de voir ce qui allait se passer. Wulfhilde n’aurait jamais fait cela face à un vrai guerrier, déjà par respect, mais aussi pour éviter de mettre sa vie en danger de façon inutile. Son action n’était ici cependant pas faite de façon irréfléchi, car elle portait une armure et ses brassards de cuir entourés de fourrure étaient doublés à l’intérieur du plaque métal, ce qui était plus pratique pour dévier les lames. Au besoin, elle avait également deux dagues cachées sur elle. De plus, si elle avait écrasé assez durement le poignet de la main directrice de Rori, c’était pour que ce dernier soit moins efficace avec son épée s’il désirait attaquer Wulfhilde avec.
Mais dans le cas où ce dernier ne l’attaquerait pas directement armée, guidé par l'impulsivité de la jeunesse, il lui faudrait alors se battre à main nue avec la krall de Tunum. Bien que cette dernière soit très confiante quant à ses capacités à triompher, elle reste néanmoins prudente. Wulfhuilde est une femme fière mais pas suffisamment orgueilleuse pour pécher par excès de confiance. Par le passé, cela a déjà faillit lui être fatal, notamment dans sa jeunesse ou la fougueuse guerrière faisait partie d’un groupe de béornides chargé de protéger le haut col des incursions des orques et des gobelins. Trop sûre d’elle, la guerrière s’était un peu trop avancée et finit par se retrouver coincée entre plusieurs assaillants et elle manqua de se faire tailler en pièce si les membres de son groupe ne lui avaient pas porté assistance. D’ailleurs, l’un d’eux avait pris une vilaine blessure dans le dos pour la protéger, qui manque de peu de l’envoyer rejoindre ses ancêtres. Fort heureusement, ce jour-là, le groupe s’en était sorti, même si nombre d’entre eux étaient grièvement blessés et avaient dû se retirer et prendre congé le reste de l’année afin de guérir dans un endroit sécurisé. Autant dire qu’à cette époque et pendant plusieurs mois, Wulfhilde s’en était voulu avant d’être consolée par sa mère et réconfortée par les paroles bienveillantes et pleines de sagesse de son oncle Varbeorn. Celui-ci lui rappela que dans la vie, chaque individu tel qu’il soit est amené à faire des erreurs, mais celui qui apprend et celle-ci s’en trouve grandis.
« La lame du guerrier à force de combat peut s’émousser, mais le guerrier qui entretient régulièrement sa lame ne sera jamais facilement vaincu et, quand bien même la lame se brisera, elle peut être renforcée, plus forte et plus tranchante qu’auparavant. “
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Ryad Assad Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Avant d’avoir compris comment une telle chose était possible, Rori se retrouva dans une position fort inconfortable. Ses compagnons lui disaient toujours qu’il risquait de s’attirer des ennuis avec sa langue bien pendue, et avec son air perpétuellement goguenard. Il avait déjà pris son lot de coups de poing dans la figure, mais en l’occurrence il ne s’attendait pas à subir un tel revers… De la part d’une femme, qui plus est. Son genou tordu selon un angle aussi douloureux qu’incapacitant ne lui avait pas permis de garder l’équilibre, alors que Wulfhilde pressait son avantage pour le plaquer au sol, et menacer de lui briser le poignet.
La garce avait visé juste en ciblant sa main gauche, et il serra les dents pour ne pas gémir de douleur.
Elle pesait son poids.
Rori sentit qu’elle dominait totalement la situation, et qu’elle se délectait de cette leçon qu’elle venait de lui donner… Quelques rires fusèrent dans l’assistance, provenant notamment des gens de Tunum, mais également d’autres Dunlendings qui avaient assisté à la scène, et qui se gaussaient de voir un jeune et fringant combattant se retrouver en si mauvaise posture face à une étrangère. Certains commençaient peut-être à comprendre pourquoi Wulfhilde occupait présentement le rôle qui était le sien, même si cela ne l’aiderait certainement pas à faire disparaître le mépris des plus conservateurs, et le soupçon des plus xénophobes. Les Dunlendings n’étaient pas particulièrement accueillants avec les étrangers, en particulier dans les Basses-Terres. Qu’ils vinssent du Val ou d’ailleurs, leur importait peu.
Bientôt cependant, la reine de Tunum relâcha sa prise.
Peut-être avait senti que cette prise déloyale, quoique de nature à amuser les spectateurs, ne convaincrait pas pleinement ses détracteurs, et qu’elle devait faire mieux. Remporter un combat dans les règles de l’art, face à face, les yeux dans les yeux. Elle prit de la distance, déposa ses armes, et se prépara à une seconde reprise qu’elle avait déjà soigneusement préparée en frappant Rori si durement qu’elle avait pris un ascendant certain sur la suite du combat. Ce dernier, qui décidément n’apprendrait jamais à se taire, lâcha sur un ton toujours aussi enjoué :
- Un vrai ours cette donzelle !
Mais dans son regard, quelque chose avait changé. Son sourire s’était durci. Ses yeux aussi. Il n’aborderait pas cette deuxième manche avec autant de légèreté. D’un geste sec, il défit le ceinturon qui retenait sa lame, et l’envoya vers le public qui s’en empara avec soin. Elle voulait se battre sans arme ? Soit. Elle avait le droit de choisir son destin. Les mains du guerrier, appuyées sur le sol, se refermèrent en deux poings serrés, tandis qu’il se redressait péniblement, indifférent à la poussière sur ses vêtements, qui collait à ses cheveux et à sa nuque. Il boitillait lourdement, conséquence de l’assaut de Wulfhilde, mais il choisit de ne pas en faire cas, et de lever les mains au niveau de son visage.
En garde.
Blessé.
Il avança vers son elle, parfaitement conscient qu’elle serait un adversaire bien plus coriace qu’il l’avait imaginé. Mais Rori avait de la suite dans les idées. Œil pour œil, et tant pis pour les règles, tant pis pour l’honneur. Seule la victoire comptait à ce stade.
Il feinta sur la droite. Puis sur la gauche.
Il attendit que Wulfhilde ouvrit sa garde légèrement, et lorsqu’elle le fit, il n’hésita pas à lui lancer en plein visage toute la poussière que son poing fermé contenait encore. Elle en reçut une bonne dose dans les yeux et dans le nez, ce qui la rendit instantanément aveugle et particulièrement vulnérable. Le jeune dunlending en gardait une seconde à son intention, et sitôt qu’il eût échappé à ses bras qui, impuissants, battaient à la recherche d’une cible qu’ils ne toucheraient jamais, il s’empressa de fondre sur sa proie et de lui faire avaler toute la poussière qu’avait emportée sa main droite.
Aveugle.
A moitié asphyxiée.
Wulfhilde recula. Rori marcha vers elle, boitant bas, mais certain désormais de l’emporter. Il lui décocha un violent coup de poing dans le foie, qui la plia de douleur, avant de terminer par un redoutable crochet du gauche en pleine figure. Elle réussit à éviter en partie le premier. Pas le second. Le coup, dévastateur, l’envoya au tapis en lui ouvrant violemment l’arcade. Son œil droit, qu’elle peinait déjà à ouvrir, se recouvrit d’un flot de sang poisseux et chaud qui coulait à profusion. La plaie n’était pas très grande, mais elle arborerait pour le reste de l’Assemblée un bel œil au beurre noir, et une cicatrice. Rori n’était pas satisfait toutefois.
Il voulait davantage.
Elle avait cherché à l’humilier ?
Elle avait cherché à lui donner une bonne leçon ?
A son tour maintenant. Il allait lui faire payer. Lui faire payer tout ce qu’elle avait, et qu’il n’avait pas. Le prestige. La gloire. Un titre. Une reconnaissance. Et lui, qui n’était rien, et qui s’était toujours battu pour être traité comme les autres, allait enfin briller devant ses pairs et leur montrer qu’il n’était pas n’importe qui. Qu’il avait un avenir. Qu’il avait un destin à tracer.
Il cligna des yeux, et se rendit alors compte qu’une main le tenait par le bras, et qu’une autre était posée sur son torse. En tournant la tête, il vit le regard de la veuve de Nuall. Il crut y lire une pointe d’inquiétude, qui céda rapidement la place à une colère glaciale.
- Est-ce ainsi que se comporte un guerrier ? Tonna Niamh avec une autorité rare, en prenant toute l’assistance à témoin. Avec déshonneur ? Avec de telles bassesses ? Il n’en est pas un pour rattraper l’autre ! Reste-t-il un peu de dignité parmi les gens du Dunland, ou sommes-nous vraiment les brutes sans foi ni loi que les Forgoil décrivent ? Le jour où vous serez capable de faire autre chose que d’utiliser vos poings pour résoudre un différend, peut-être serez vous digne d’être célébré. Et c’est valable pour tous les deux !
Niamh tourna les talons, et quitta les lieux sur-le-champ, sans attendre les excuses de Rori qui essaya bien de la retenir, mais qui n’en eut ni la force ni le courage. La dernière fois qu’on lui avait remonté les bretelles ainsi, il était encore un enfant, et il se surprit à ressentir la même honte coupable de celui qui n’a pas réfléchi aux conséquences de ses actes.
- Mais c’est elle qui a commencé… Fit-il aux spectateurs qui le regardaient, et qui retournaient déjà vaquer à leurs occupations.
Les mêmes qui lui jetaient un regard désapprobateur étaient ceux qui avaient tapé des mains et qui avaient encouragé ce duel. Il leur montrerait, un jour, ce qu’il en coûtait de se moquer du Bouclier Écarlate. Encore aveuglé par la colère, Rori n’avait cependant pas mesuré pleinement l’importance de l’intervention de Niamh, et s’il en gardait un sentiment négatif, c’était parce qu’il n’avait pas vu que les hommes de Wulfhilde avaient commencé à s’agiter nerveusement dans l’assistance. Ils comprenaient l’importance d’un duel, mais dès que le jeune guerrier avait usé de ruse plutôt que de courage, les gardes de la roitelette de Tunum avaient sérieusement envisagé d’intervenir.
En quelque sorte, Niamh lui avait sauvé la vie.
Inconscient de cela, il se retourna vers Wulfhilde, et s’approcha d’elle. Elle était assise, occupée à nettoyer ses yeux, et à recracher la poussière qu’elle avait encore entre les dents. Rori, beau joueur, lui tendit la main pour l’aider à se relever :
- Une saloperie partout. On est quittes ?
Il aida la guerrière à se remettre sur pieds, et lui donna une tape amicale sur l’épaule :
- Vous cognez fort, pour une étrangère. Heureusement que vous étiez de bonne humeur, hein ?
Il eut un petit rire sec, puis reprit sur un ton badin, ayant brusquement retrouvé ses esprits et remis ses frustrations et ses colères dans la cage de son esprit, où il les conservait enfermées :
- Je m’appelle Rori. Rori « Bouclier Écarlate ». Vous avez peut-être entendu parler de moi ? Je suis un guerrier sans attaches, et je ne me reconnais pas de maître en ces terres. Quel est votre nom à vous, l’étrangère ?
C’était la première fois qu’il la vouvoyait. De toute évidence, il avait gagné un peu de respect pour elle dans cette échauffourée.
- Que diriez-vous d’aller boire un verre, pour célébrer ce joli combat ? Hein ? C’est pas une idée qu’elle est bonne, ça ? J’ai un ami brasseur qui nous fera un bon prix, il n’est pas loin d’ici. Comme ça vous pourrez me raconter tout ce qui s’est dit à la réunion des rois, hein ? Vous y étiez, non ? Comme j’aurais aimé en être ! Alors c’était comment ? Dites-moi tout.
Il avait l’énergie d’un chiot, plein d’entrain et d’innocence.
Un masque pudique qui cachait les failles béantes de son âme et de son caractère. Mais Rori n’était ni un monstre, ni un manipulateur. Seulement un jeune orphelin qui essayait de s’en sortir dans un monde impitoyable, et qui ne connaissait qu’une seule manière d’y parvenir.
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On lui avait conseillé d’attendre, et d’écouter. D’apprendre. Conchobar, des Cornes Ecarlates de la Vallée de Glanduin, avait suivi ce conseil lors de la première journée de l’Assemblée des Rois et n’avait pris parole une seule fois. Déjà, déjà les propos étaient lourds de sens et deux clans se divisaient sur un propos qui poussait néanmoins à leur peuple à s’unir. Il était encore jeune, pour un Krall, et avait été honoré de recevoir une invitation du Roi Aiden des Collines Brunes. Il s’était présenté à lui à leur arrivée avec les formules d’usage, et lui avait apporté quelques richesses de son clan qui semblaient bien dérisoires pour un tel Krall, mais qui dénotait d’une qualité indéniable. Ainsi ses efforts, sa réputation commençait à arpenter ces terres et il en fut reconnaissant. Cependant il ne pouvait encore que se plier à la volonté de ses aieux, de ces Kralls plus expérimentés. Il était encore jeune… il devait apprendre. Une chose était sûre, il n’appréciait pas la teneure des échanges qui annonçait un avenir bien néfaste pour les siens si la guerre arrivait jusqu’à lui. Si les Dunlendings décidaient de s’unir comme un seul peuple, comme ils devraient l’être, alors il n’hésiterait pas à se joindre à l’effort. Mais.
Mais ces terres étaient sacrées également, étaient celle de ses ancêtres. N’y avaient-ils pas sous leurs pieds les Sources Chaudes, lien entre leur monde et celui des Esprits ? Et bien que les Forgoil aient volé leurs terres les plus fertiles… Conchobar n’avait connu que les plaines de la Vallée de Glanduin, les troupeaux nomades de ses bêtes, les éléments insaisissables. Ce qui faisait un homme. Ce qui faisait un homme. Il reconnut sans mal la dénommée Krall de Tunum, auprès de laquelle il avait envoyé sa messagère Aoife. Elle répondait au mot près à ce que la femme à la chevelure flamboyante lui eut décris au retour de son voyage. Il l’observa en silence, les sourcils légèrement froncés devant une telle bravade. Une jeune louve qui aboyait trop fort, et mettait ainsi en danger sa meute. Cela valait mieux, s’assura-t-il, que la mission d’Aoife se soit soldé par un échec. Conchobar ne put cependant s’empêcher de se tourner vers ses conseillers en un reproche silencieux. Car il avait suivi leurs conseils et avait échappé au désastre par le destin. Conchobar n’était pas de ceux qui parlaient pour ne rien dire, qui évoquait par des mots une pensée encore bancale et incertaine. Il préférait écouter avant de trancher. Et alors, alors sa voix était de la tonalité des avalanches, des éclats du tonnerre. Décisif.
Au deuxième jour, alors qu’il concluait son petit-déjeuner, il avait été interrompu par la délégation de Faolan et par une proposition des plus… étonnantes. Qui retarda donc son arrivée au rituel. Il observait une fois de plus les Dunlendings se briser en deux parties, celui du serpent, celui du sanglier. Lui, Conchobar, savait vers quel côté penchait son cœur. Mais dans l’attente de l’accord le liant potentiellement au Krall Faolan, il n’aurait pu s’avancer sans risquer de mettre à néant les efforts de négociations de ses conseillers. Ses pensées étaient ailleurs, distrait. Qu’il était étrange, que l’avenir même de leur peuple repose actuellement sur un seul être. La main de Niamh. Il la détaillait désormais, au loin, cette chevelure de sang et ce regard qui pouvait transpercer l’âme aussi sûrement qu’une lance de Forgoil. Et une partie de lui se révolta à l’idée que sa vie même puisse être influencée par celle d’une femme. Mais elle représentait bien plus, bien plus qu’une épouse potentielle. Et cela… Conchobar ne pouvait l’oublier.
Il contempla le sacrifice rituel de la monture, égorgée vif devant leur regard sous le tranchant implacable de la Drughu aux ramures impressionnantes. Funeste présage, pensa-t-il, tandis que le flot semblait perpétuel et coulait sur la terre battue. Il suivit ensuite le cortège des siens sur la Colline, emmenés, guidés par cette femme ensanglantée qui désormais semblait les mener vers leur perte. Sombre prophétie. Sombre présage.
Les Druwidan avaient prononcé les paroles rituelles.
Les Esprits semblaient apaisés. Les colères d’hier se muaient en hontes aujourd’hui. Keiran le Parleur, sage parmi les sages, avait insisté pour que la cérémonie ne fût pas un procès. Le cercle de pierre avait parlé. Ainsi, les Hurleurs des Frimas se tenaient là, debout devant ceux à qui ils avaient arraché un proche, sans crainte de devoir faire face à la vengeance. Les lois avaient été respectées, et sitôt qu’Eoin avait posé le pied dans l’espace consacré, il avait cédé son destin aux ancêtres qui l’avaient rappelé à eux.
Niamh ne pouvait s’empêcher de fusiller du regard Hurnax, qui semblait avoir perdu de sa superbe depuis la veille. Son erreur, son entêtement et son aveuglement, avaient coûté la vie à quelqu’un de bien.
- Est-ce que quelqu’un veut dire quelque chose ? Demanda Keiran en balayant l’assistance du regard.
Nul n’osa s’avancer.
Qui aurait pris la parole en cet instant pour rappeler l’évidence ? Rappeler que la mort d’un homme innocent était une aberration, une profonde insulte à tout ce qui faisait des Dunlendings des frères et des êtres dignes… A l’heure où certains parlaient de s’unir, de faire front commun contre l’ennemi, voilà le peuple des collines qui se déchirait intérieurement, et désormais devait rendre les derniers hommages à l’un de ses fils les plus nobles et les plus droits. Niamh s’efforçait de contenir sa colère, qui n’était qu’une manifestation de sa peine la plus profonde. Elle aurait souhaité pouvoir dire quelque chose, mais elle n’en eut pas le courage. Même s’ils avaient été proches, même s’ils avaient traversé ensemble des aventures qui auraient mérité d’être contées, elle ne pouvait s’arroger le droit de poser des mots sur ce qui venait de se produire.
Il n’y avait qu’une seule personne qui aurait légitimement pu le faire, et mais à l’heure qu’il était, elle avait tout bonne disparu. Aoife des Cornes Écarlates, messagère du Krall Conchobar, était introuvable, et nul n’aurait songé à le lui reprocher. Par son courage et sa dévotion, elle avait mérité de se dresser devant cette assemblée et de parler d’égal à égal avec tous ceux qui se trouvaient ici présents. Elle pouvait regarder dans les yeux le Krall Faolan, l’ambassadeur Morgan, Hurnax et ses guerriers…
Pourtant, elle s’était tout bonnement évanouie.
Niamh avait entendu des rumeurs sur son départ quelques heures seulement après l’avoir vue quitter la tente où elle avait passé la nuit. Ceux qui l’avaient aperçue quittant le campement des Dunlendings avaient parlé d’une femme brisée, d’une ombre déambulant parmi les vivants sans l’être tout à fait…
- Personne ? Insista Keiran. Soit. C’est dans le silence que nous rendons notre frère Eoin aux glorieux ancêtres. Qu’ils lui ouvrent les portes de leurs demeures éternelles, et lui accordent une place à leur table.
- Moi, intervint Faolan. Je veux dire quelque chose… Je ne peux pas laisser Eoin quitter ce monde dans l’indifférence générale, alors que son assassin se trouve là, juste en face de moi…
Son regard glissa vers Hurnax, qui ne cilla même pas devant cette accusation. Le Krall des Landes Tourmentées aurait sans doute voulu obtenir une réaction différente, un brin de contrition, voire même des excuses publiques… Mais il avait juré au Drughu qu’il ne ferait rien de déplacé lors de ces funérailles, et il n’irait pas arracher au Hurleur ce qu’il n’avait pas envie de confesser.
- Lorsque nous avons répondu à l’appel des clans, nous n’imaginions pas devoir enterrer l’un des nôtres… Encore moins un homme qui aura incarné mieux que beaucoup les valeurs de l’honneur, du devoir et du sacrifice. Nos ancêtres lui feront bon accueil, je n’en doute pas ; mais vivants, vous qui restez parmi les mortels jusqu’à l’heure de votre ultime soupir, souvenez-vous de cet homme qui a fait preuve d’un courage exceptionnel face à la mort. Honorez sa mémoire en gardant à l’esprit la bravoure qu’il a fallu à un messager pour entrer dans l’arène face à un Krall, pour défendre son innocence devant les Esprits eux-mêmes. Eoin… tu étais un fervent défenseur de l’unité des clans, tu croyais dans la liberté du Dunland, dans son indépendance et dans le retour vers nos terres ancestrales. Puissions-nous suivre ton exemple, et triompher de l’adversité en accomplissant ce qui est juste… Dussions-nous en mourir.
Niamh avait gardé le poing serré durant tout le discours de Faolan, consciente que son interprétation de la position du messager était pour le moins réductrice et simpliste. Eoin n’avait jamais été un belliciste, et l’idée de partir dans une guerre folle contre le Rohan n’aurait pas été celle qu’il aurait défendu. Il était un messager, un homme de paix, épris de justice et de tolérance. Mais le Krall avait parlé, et nul ne pouvait s’opposer à sa lecture des faits aujourd’hui, même si chacun se ferait son avis en son for intérieur.
- Drughu Keiran, s’il m’est permis… Cette journée commence sous le plus funeste des auspices, la mort d’un des nôtres, et nous souhaiterions que sa dépouille soit enterrée sur nos terres. Nous ramènerons le corps d’Eoin jusque dans les Landes Tourmentées, et nous l’inhumerons selon nos rites, en présence des Druwidan qui voudront bien se joindre à nous.
- Bien, bien… Approuva Keiran, presque surpris qu’on lui demandât son avis.
Mais Faolan n’avait pas terminé.
- Autre chose, vénérable Keiran… Nous souhaitons que cette journée qui commence par la mort s’achève par la promesse de la vie. La mort rencontrée par Eoin l’a été alors qu’il était en ambassade pour ouvrir la voie à un mariage. Krall Conchobar, nos négociations ont été hélas grandement parasitées par… hm… disons l’intervention malheureuse des Hurleurs. La parole du Drughu m’empêche d’en dire davantage à leur sujet, mais puisque je crois fondamentalement en l’union des Dunlendings, c’est une union que je vous propose de nouveau et devant des témoins prestigieux. Je vous propose solennellement de prendre la main de Niamh, ici présente, et de sceller une alliance entre nos deux clans.
La jeune femme aux cheveux roux plongea son regard dans celui de Conchobar, et elle se sentit observée en retour. Étudiée. Elle ignorait quel genre d’homme il était, mais son sens du devoir lui commandait de ne pas se soucier de ces questions. Une femme de son rang ne pouvait pas espérer obtenir un mariage heureux, un mariage d’amour… Elle avait déjà eu le luxe de connaître une telle situation une fois dans son existence, il était sans doute illusoire de rêver d’une seconde chance.
Une seconde chance.
Cela existait-il seulement, dans le Dunland ?
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De biens sombres présages, en effet… pensa Conchobar en contemplant la dépouille du messager à l’apparence austère, sur laquelle reposait une tresse unique flamboyante. Des cheveux, qui représentaient tant pour son clan… et qui passeraient inaperçus pour la plupart des autres Dunlendings. Comme la messagère à qui cette mèche appartenait. Cette touche d’éclat sur le manteau noir du sacrifié qui ignorerait tout de ce qu’Aoife aurait pu lui apporter. Des bras, dans lesquels se reposer. Sa détermination sans faille qui avait tourné les cœurs et esprits de biens des hommes la veille. Elle n’était pas une femme comme les autres, mais si elle l’avait été alors il n’aurait pas connu la ferveur dont elle avait fait preuve pour le sauver. Mais cela n’avait pas été suffisant. Sacrifié il était. Et le resterait, pour les sombres dessins de son Krall.
Le regard d’orage du Krall resta un instant figé sur cette touche de couleur, la mâchoire crispée. Depuis la veille autour du cercle de pierres qui avait vu s’affronter le Krall Hurnax contre Eoin… les échanges s’étaient quelque peu refroidis avec Faolan. Oh, Conchobar n’avait qu’une parole, il ne se jouait pas des mots comme le Krall des Landes Tourmentées, cherchant à tirer profit de chaque opportunité pour faire passer son message de guerre et de mort. Conchobar avait bien spécifié que l’offre n’incluait pas sa voix à l’Assemblée, mais il avait bien vu avec quelle adresse il s’était joué de cela, le poussant à agir contre sa volonté afin d’atteindre ses propres objectifs. Et pour cela, il le méprisait. Pour cela, il avait perdu sa messagère.
Son regard était froid et dur lorsqu’il se posa sur Faolan qui aimait semble-t-il se mettre en avant, daignant enfin lui exposer sa proposition de manière officielle après l’envoi d’un messager solitaires puis de toute une délégation qui avait insulté son honneur en accusant à tort l’un des leurs. Il gardait les bras croisés en le toisant, lui faisant bien comprendre qu’il ne s’en tirerait pas aussi facilement au niveau des négociations… Mais comment pouvait-il aller à l’encontre de son conseil, et du bien de son clan entier ? Malgré les évènements tragiques ayant survenu… l’alliance était toujours suffisamment favorable envers les Cornes Ecarlates. Revenir sur son accord offert à sa délégation la veille viendrait à déclencher un conflit contre un des Kralls les plus puissants de ces terres. Et cela, Conchobar ne pouvait se le permettre… De biens sombres présages… et la chevelure de sa promise avait la couleur du sang de la monture versé, coulant à leurs pieds et se mêlant à la terre de leur sol sacré. Béni par les esprits, n’est-ce pas ?
Il la contemplait à nouveau, cette femme au teint pâle et au regard perçant qui semblait avoir du répondant, c’était du moins ce qu’Aoife avait laissé sous-entendre lorsqu’elle lui avait conté leur brève rencontre… mais désormais la veuve gardait le silence et se contentait de le dévisager. Il sentait sur lui les regards de ses conseillers, quelque peu nerveux depuis les remontrances qu’ils avaient reçues dernièrement. Mais Conchobar n’avait qu’une parole…
- Le Clan des Cornes Ecarlates accepte Niamh et l’accueille comme étant l’une des nôtres…
Sa voix était rocailleuse mais ne dénotait d’aucune once d’incertitude. Il tendit une main vers la jeune femme, la paume vers le haut. Il était de coutume de symboliser ainsi le passage d’une femme d’un clan à un autre, mais il se refusait de prendre de force une main offerte. Libre à elle de la prendre… et de faire ce pas.
- Les détails seront à déterminer au coucher du soleil. L’heure est maintenant au recueillement et non aux célébrations.
Le Krall Conchobar ne partageait pas cette hâte, cet empressement de prendre les armes et célébrer l’union des Dunlendings. Pas quand celle-ci était forcée de manière aussi sournoise par des Kralls sans scrupules. Ce n’était pas que la mort d’Eoin des Landes Tourmentées qu’il méditait ainsi tandis que sa main se refermait en douceur sur la main qui semblait si petite dans la sienne, mais bien l’avenir sombre qu’il présageait pour leur peuple.
Alors ce n’était pas un rêve. C’était bel et bien la réalité. Sur cette colline, entourée de certains des membres éminents du peuple dunlending, devant la dépouille de son ami mort de manière héroïque, son destin était une nouvelle fois sur le point de basculer. Elle fixa la main de Conchobar un long moment. Cette main tendue, qui ressemblait à la fois à une offre de paix, une invitation galante, mais également à un piège. Elle se sentait comme un oiseau voletant au-dessus une fleur qui semblait inoffensive, mais qui pouvait se refermer avec violence sur sa silhouette gracile, à la manière d’une mâchoire impitoyable.
Ses yeux croisèrent ceux de Conchobar.
Elle était incapable de discerner quoi que ce fût dans son regard qui la dévisageait en retour. Sans doute à cause des grosses larmes qui s’amoncelaient à la surface de son âme bouleversée. Aucune d’entre elle ne trouva la force de couler le long de ses joues, et de soulager son cœur alourdi par la peine qu’il portait. Dans un autre monde, elle aurait pu se tourner sur sa gauche, et capter le sourire encourageant d’Eoin, qui l’aurait rassurée, qui lui aurait fait comprendre que tout irait bien, qu’il serait toujours à ses côtés…
« Il ne s’est pas passé une journée depuis que tu es parti, et tu me manques déjà terriblement... » Songea-t-elle.
Avait-il toujours autant compté dans son existence, ou était-ce seulement la coïncidence de cette union précipitée qui lui offrait l’opportunité de ressentir, au plus profond de sa chair, le vide qu’il laissait ?
Niamh ferma les yeux un instant, cherchant dans le produit de ses souvenirs et de son imagination ce qu’Eoin aurait fait, ce qu’il aurait dit en cet instant. Elle l’imagina, debout dans l’assistance, silencieux mais si expressif, lui rappelant ses devoirs et de toujours faire honneur à son clan et à son rang. Il aurait forcément approuvé ce mariage, et l’aurait encouragée à présenter le meilleur visage possible. Pour les Malkorkara… pour les Muirchertach Ua Clairingnech…
Alors elle fit un pas en avant.
Aussi libre qu’une femme pouvait l’être dans le Dunland.
Sa main se posa délicatement dans cette, plus grande et plus calleuse que la sienne. La main d’un homme habitué à manier l’outil, la faux et la houe, comme la lance et l’épée. Un protecteur et un agresseur. Un bâtisseur et un destructeur. Un homme ambivalent, qui adoptait une posture calme et maîtrisée, alors que toutes les fibres de son être semblaient réprouver ce qui se passait. Il ne semblait pas porter Faolan dans son cœur, et condamnait de toute évidence la politique du Krall des Landes Tourmentées… Mais une alliance était une alliance, et la guerre n’avait que trop déchiré les Dunlendings pour qu’ils renonçassent à la perspective d’une paix durable.
La princesse des Malkorkara incarnait cette paix.
Une paix qu’elle déposait au creux de la paume de Conchobar, en priant de toutes ses forces pour que cette décision fût la bonne. Son regard croisa celui de son futur époux. Elle n’y reconnut rien de ce qu’elle avait aimé chez Nuall. Ses yeux, surtout, étaient différents… Moins enflammés. Moins passionnés. Moins irrévérencieux que pouvaient l’être ceux du preux guerrier qui avait trouvé la mort aux mains des Rohirrim. Elle s’efforça de ne pas y penser. Conchobar ne remplacerait jamais son défunt époux. Il était injuste de lui demander d’accomplir l’impossible, et elle ne tenait pas à rendre misérable un homme qui avait accepté de la prendre pour femme, et qui l’arrachait quelque peu à l’emprise de Faolan. Elle lui devait au moins d’essayer.
« Pardonne-moi, Nuall… » Lança-t-elle en pensée à celui dont elle ressentait parfois la présence, quand elle doutait. « Je t’aime, et tu resteras dans mon cœur à jamais. Cependant, pour le bien de notre peuple, je dois cesser de porter le deuil et assumer mon rôle. Pardonne-moi… »
Conchobar avait parlé avec autorité, repoussant l’heure du mariage au coucher du soleil.
La jeune femme ne pouvait s’opposer à cette décision. Elle aurait au moins le temps de pleurer la vie qu’elle était en train d’abandonner derrière elle, et de graver dans sa mémoire les quelques souvenirs qu’elle emporterait dans sa nouvelle existence.
Niamh des Cornes Écarlates ?
Elle voulut pleurer.
Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop
"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"