Nombre de messages : 3425 Age : 32 Localisation : En Arnor Rôle : Vieux loup au service du Royaume du Nord
~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Dim 2 Juin 2024 - 1:36
Le soleil s'était levé comme tous les matins en cette journée de printemps mais à Edoras, rien n'était comme avant. Le vice-roi Gallen Mortensen était mort, et le royaume était en guerre.
Le Grand Marchand Egon Marstak était de mauvaise humeur. Le bal de la veille était censé être une occasion de nouer des nouveaux liens commerciaux, mais tout était parti en vrille avec la perte des eaux de la vice-reine et l'arrivée abrupte des cavaliers en provenance du front. La guerre pouvait être bonne pour les affaires, mais pas quand on y assistait de trop près. En plus, il avait encore un peu mal à la tête. Comme souvent au Rohan, la quantité de boisson avait pris le dessus sur la qualité lors des festivités de la veille. Il avait quitté ses quartiers pour se diriger vers le Château d'Or. Étonnement, Egon ne voyait aucun homme de la Maison du Roi devant l'entrée de Meduseld. A leur place, c'était un homme à la barbe grise et à l'allure d'un officier qui semblait donner les ordres à un groupe d'hommes et de femmes assez conséquent qui s'était assemblé là.
Egon se fraya le chemin parmi la foule pour arriver jusqu'à l'officier, et dit, d'une voix remplie d'autorité:
L'officier regarda le marchand droit dans les yeux. Ils étaient d'une taille similaire, et leurs traits étaient typiques du peuple du Rohan, même si l'homme à la barbe grise avait quelque chose de plus sauvage dans la forme de son visage et dans son regard perçant.
-Le roi Fendor a quitté la cité.
Le Grand Marchand fut pris au dépourvu par cette nouvelle mais, fin négociateur, il répliqua aussitôt:
-Alors je souhaite voir le Chambellan!
-Le chambellan Isorden a accompagné le roi. Et, plutôt que d'écouter vos litanies, je vous dirai tout de suite. Le Conseil Royal est parti avec le roi Fendor, et le maréchal Bered n'est pas disponible pour les audiences. - L'officier se tourna vers les personnes assemblées devant les portes et se mit à parler plus fort - Les volontaires et ceux qui viennent apporter des informations importantes, suivez-moi. Les autres, rentrez chez vous; une annonce sera faite à midi sur les ordres à suivre!
Les portes de Meduseld furent ouvertes, et la salle où les festivités avaient eu lieu il y a une poignée d'heures à peine, accueillit les habitants d'Edoras. Le Grand Marchand continua à avancer près de l'officier.
-Ecoutez mon brave...?
-Vous pouvez m'appeler capitaine Fridwald.
-Très bien. Ecoutez, capitaine Fridwald. Je suis Egon Marstak, Grand Marchand de la Compagnie du Sud et invité de marque à la cour du roi Fendor. En l'absence du roi et de son conseil, je m'adresse donc à vous capitaine. J'aurai besoin de dix cavaliers pour m'escorter jusqu'à Osgiliath. En vue de l'invasion, les priorités doivent être réajustées, et ma présence ici n'est plus nécessaire.
Le capitaine regarda le marchand une fois de plus. Cette fois-ci, l'acier brillait dans son regard:
-Grand Marchand Egon. Je pense que vous ne comprenez pas bien la situation. Vous êtes un homme du Rohan, et le Rohan est en guerre. Il n'y aura pas d'escorte, ni d'Osgiliath. L’Éoherë sera levée et vous, un homme dans la force de l'âge, serez mobilisé pour défendre la Marche contre les envahisseurs. Si c'est l'équipement qui vous manque, rendez-vous auprès de mes hommes à la gauche de l'entrée, ils noteront votre nom, vous assignerons à une éored et vous donneront votre équipement.
La confiance disparut soudainement du regard du marchand. Il était un rohirrim et il aimait son pays, mais combattre et servir dans l'armée, c'était pas pour lui.
-Ecoutez, capitaine. Le Rohan ne manque pas de lances et de bras forts pour les tenir, mais n'a que très peu d'hommes capables de soutenir l'effort de guerre avec autant de ressources que moi. Je vous assure que le soutien de la Compagnie du Sud vaudra plus que cinq éored!
Le capitaine sourit sans joie, avant de répondre:
-Alors notez moi ça sur un bout de parchemin, avec votre signature et votre sceau. Comme quoi la Compagnie du Sud s'engage à soutenir l'effort de guerre. Je vous laisserai quitter Edoras, mais je n'ai pas de cavaliers à vous donner. Heureusement pour vous, il y a d'autres volontaires dans cette salle qui sont plus optimistes à l'idée de servir leur patrie.
Le capitaine leva le ton une fois de plus, s'adressant à la petite foule qui s'était assemblée à l'intérieur du Château d'Or:
-Que ceux qui souhaitent mettre leurs armes au service du royaume s'approchent! J'ai des ordres pour vous!
Egon aurait préféré avoir une escorte officielle composée de soldats professionnels, mais il sentait que ce n'était pas le moment de négocier. En jouant nerveusement avec sa chevalière, il regarda les hommes qui s'étaient avancés vers eux.
[HRP] Ainsi commence la quête “Escorte du Grand Marchand”. Boréac, Kryss, vous pouvez présenter vos personnages et décrire comment il se sont retrouvés ici. [HRP]
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Kryss Ganaël Apprentie des Ombres
Nombre de messages : 283 Age : 31 Localisation : vagabonde sur les chemins du Destin
Rarement alors il n’avait connu telle angoisse dans son cœur. Alors même qu’il avait été entouré de toutes parts par les créatures les plus hostiles et hideuses de la Terre du Milieu, dans les souterrains les plus profonds des mines de Gundabad, jamais il n’avait senti sa poitrine si serrée. Peut-être que la différence était tout simplement car il n’avait actuellement pas peur pour sa vie, mais pour celle de sa jeune épouse et leur enfant à naître. Alors qu’il était sur le chemin vers l’Estenmet, il avait croisé la route de marchands itinérants et fermiers fuyant leurs demeures de l’Estenmet, là même où l’attendait sa famille. Ils ne devraient plus y être, lui avait-on affirmé, ou alors pire, il serait trop tard pour les sauver.
Cette affirmation, cette vérité ? L’avait remué de tout son être, et il avait talonné avec ardeur sa monture. Le rôdeur du Nord et l’elfe sur ses traces, direction Edoras, le siège du pouvoir. Il essayait de se convaincre du bien fondé d’une telle décision. Aller directement en Estenmet, seul, blessé, reviendrait à une mort certaine, n’est-ce-pas ? Son espoir fou, d’un homme qui refusait le deuil avant d’avoir la certitude de leur trépas, était que sa famille soit partie en direction de l’Ouest pour chercher refuge derrière les murailles de la Cité.
Jamais auparavant avait-il voyagé avec une telle vitesse, ignorant blessures, fatigue, et même la faim. Les seules pauses qu’il permettait étaient pour assurer que sa monture ne meurt pas à la tâche, car alors son voyage serait ralenti. Eohdred s’était muré dans un silence ténébreux, et on pouvait deviner les pensées sombres l’entourer, le revêtir comme une cape sur ses épaules affaissées. Si seulement il n’y avait pas eu cette avalanche dans les monts Brumeux, serait-il arrivé à temps pour escorter les siens à l’abri ? Lui qui avait quitté ses terres pour rejoindre Orwen et reconquérir la demeure des nains, il y avait de cela sept mois…était choqué de l’état dans lequel il les retrouvait. A feu, et à sang.
Sa route se sépara naturellement de Bénéthor et Isil. Il les salua, leur souhaita le meilleur pour la suite de leurs aventures, bien que son cœur n’y était pas. La nouvelle de la mort du Vice Roi ne fit qu’assombrir ses pensées, entendue dans les ruelles ascendantes d’Edoras. Ses pas le menèrent par réflexe vers Meduseld, glanant informations, son esprit ayant encore bien du mal à digérer la situation. Le Roi avait fui, leur dirigeant mort, sa famille disparue…et ses terres d’origines à l’Est, parties en fumée. Oh non il n’était pas revenu des entrailles de la terre pour se jeter à nouveau sur les champs de bataille, aveugle et ignorant. Il était encore affaibli et blessé de Gundabad et de son long voyage de retour. Oh il ne comptait pas fuir et se dérober comme un lâche, il était bien trop fier pour cela…cependant…
Il surprit l’échange entre le marchand de la Compagnie du Sud et le Capitaine. Une légère hésitation, qui ne dura guère. Peut-être arrivera-t-il à glaner plus d’informations sur ce qui s’est passé à l’Est….Peut-être ses proches avaient-ils recherché plutôt la sécurité au Sud du Royaume, vers leurs alliés gondoriens ? Une chose était sûre…ils n’étaient pas ici… Eohdred s’avança vers l’homme ayant l’air défaitiste, et s’empara avec force de son avant-bras.
- Je vous guiderai à travers les terres de l’Est du Riddermark. Donnez-moi juste un instant, mais il faut partir au plus vite.
Eohdred voulait laisser sur le panneau d’affichage une annonce pour ses proches, si le hasard les menait jusqu’ici. Les informer qu’il était encore en vie, et qu’il les retrouverait. Coûte que coûte. Et de s’en aller quérir monture fraîche et ravitaillement. Il n’était pas au meilleur de sa forme, mais l’adrénaline compensait largement. Le marchand devra s’en contenter. Sinon, il partirait seul.
Thadron était parti il y a quelques semaines d'Osgiliath. Ses ordres étaient simples, rejoindre Edoras en escortant un marchand de la Compagnie du Sud. Il s'agissait d'une mission classique pour Thadron. Des escortes il en faisait des tas et était grassement payé par la Compagnie du Sud pour cela. Il était vrai que n'avoir aucun échec à son actif avait accru sa réputation et les pontes de la Compagnie lui confiaient les missions les plus difficiles.
A l'aube de son départ le jeune mercenaire avait soigneusement entretenu et huilé sa lame. Elle était singulière, longue étincelante et finement ouvragée, cadeau de la Compagnie pour service rendu. Tout comme son armure d'ailleurs, lamellaire, rare et hors de prix sûrement. Il était plus que reconnaissait à la Compagnie, sans elle qui sait où il serait à l'heure actuelle ? Il prépara un sac de provision qu'il glissa dans une des sacoches reposant sur les flancs de sa monture qu'il flatta et quitta Osgiliath au soleil levant.
Il arriva dans les premières heures de l'après-midi à la cité d'Edoras. Il n'aimait pas cette ville, elle était austère... pauvre... campagnarde. Il soupira profondément et baissa la visière de son casque. Son visage n'était pas visible et ses yeux masqués derrière de fines fentes.
Le temps avait été long dans la capitale du Rohan. Peu adepte de la boisson ou des femmes, le cavalier était resté la plupart du temps dans ses quartiers ou silencieux aux côtés du marchand dans l'exercice de ses fonctions. Le cavalier n'était vraiment pas interessé par l'art du commerce et de la négoce et pas un Rohirrim n'avait vu le visage du garde. Cependant, il avait bien compris que la situation s'envenimait au Rohan et qu'il était temps pour la Compagnie du Sud de quitter les lieux. Il traversa au pas sur sa monture les premières masures d'Edoras, slalomant entre la plèbe affairée à fuir ou à se préparer pour la guerre. Quel autre choix avaient ils ? Thadron se demandait comment ce royaume avait fait pour survivre tout ce temps. Il finit par apercevoir le marchand en train de discuter avec un officier. Il s'approcha et descendit bruyamment de monture. Il tapota l'épaule du marchand et lui dit d'un ton sec:
- Thadron de la Compagnie du Sud. Je suis chargé de vous escorter jusqu'à Osgiliath. A moins que vous préfériez partir avec une équipe plus amateur... ou bien rester ici à panser les chevaux et vider le purain.
Sans pas vraiment attendre la réponse du marchand, Thadron remonta à cheval et réajusta l'emplacement de son fourreau. A peine lança il un regard empli de dédain vers l'homme qui se trouvait avec le marchand. Un rohirrim à n'en pas douter.
- Vous pouvez nous suivre si vous le voulez mais je n'ai pas le temps de traîner un boulet, si vous n'arrivez pas à suivre je ne vous attendrais pas. J'espère que vous avez une monture digne de ce nom.
Il regarda à nouveau le marchand et claqua la langue d'un air agacé:
- En avant, je n'ai pas toute la journée.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Au moins, se dit le Grand Marchand, sa patrie n'avait jamais manqué d'aventuriers et d'hommes sachant manier les armes. Si son collègue Lord Leth Neyaen s'était retrouvé dans une situation semblable lors de sa visite dans la Comté, il aurait très certainement eu plus de difficulté à trouver une escorte. Il regarda d'un oeil critique le premier arrivé, qui venait d'empoigner son avant bras avec force. Le nouveau venu était clairement un rohirrim, et sa jeunesse apparente contrastait avec les cheveux blancs qui commençaient à apparaître dans sa barbe. Il semblait épuisé et ses vêtements portaient les marques d'un long voyage. Son comportement était erratique, presque fiévreux.
Egon retint Eohdred un moment avant qu'il ne puisse s'éloigner vers le panneau d'affichage.
-Un instant, compatriote. Votre nom d'abord, si nous devons nous lancer dans ce périple ensemble. Vous n'avez pas l'air d'être un habitant d'Edoras, ou du moins vous étiez parti loin d'ici, non? Vous connaissez bien l'Est du Rohan, si vous dites que vous pourrez me guider?
Le deuxième homme qui se présenta était clairement un guerrier vétéran. Le marchand fut irrité lorsque l'homme lui tapota l'épaule. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à le toucher avec autant de familiarité?! Cependant, en le regardant de plus près Egon reconnut immédiatement l'épée et l'armure lamellaire comme étant des oeuvres fabriquées par les artisans de Garìn Doigts-d'Or pour les mercenaires illustres et les hommes de haut rang de la milice d'Osgiliath. Un homme au service de la Compagnie du Sud, voilà une bonne nouvelle! Au moins un professionnel pour l'accompagner.
Le Grand Marchand fut surpris d'entendre les premières paroles de Thadron. Cet homme avait été envoyé pour l'escorter jusqu'à Osgiliath? Les nouvelles de la défaite du Vice-Roi Mortensen dataient de la veille au soir, et avant de les apprendre il n'avait pas prévu de rentrer au Gondor aussi tôt. Ceci dit, ce ne serait pas la première fois que ce vieux renard Saemon Havarian était au courant de l'ampleur d'une menace avant qu'elle ne devienne apparente aux yeux des autres.
Les mots suivants du guerrier le firent grincer les dents. Son sang chaud de rohirrim se mit à bouillir dans ses veines. Il était Egon Marstak, potentiel candidat aux postes les plus élevés de la Compagnie du Sud, et ce n'était pas un humble mercenaire qui allait lui parler sur ce ton. Il connaissait leur genre. S'il lui cédait, l'homme se croirait tout puissant.
A la surprise de tous, Egon siffla. C'était un sifflement strident et aigu, mais bien que désagréable pour les oreilles humaines, ce n'était rien par rapport à la réaction qu'il suscitait chez les équidés. Le cheval de Thadron se cambra sur les pattes arrières et hennit, le mercenaire parvenant par miracle à rester en selle. Avant de devenir Grand Marchand, Marstak avait accompagné les caravanes marchandes qui traversaient la Terre du Milieu et il avait appris tous les secrets de ces animaux qui formaient jusqu'à ce jour la source principale de sa fortune.
Il attrapa les rênes du cheval de Thadron avec agilité et lui lança:
-Vous devez bien vous servir de cette épée, Thadron, sinon vous ne survivriez pas longtemps dans votre métier avec une telle bouche grossière. Mais ne vous méprenez pas. Si vous souhaitez continuer votre carrière dans la Compagnie du Sud, vous allez me parler avec un peu plus de respect, est-ce clair?
Alors qu'Eohdred s'était éloigné vers le panneau d'affichage, un troisième homme s'approcha. Enfin, un homme...Le jeunot était encore imberbe, avec des tâches de rousseur sur ses joues et une chevelure rousse flamboyante. Il était vêtu d'un simple gambison, un arc sur l'épaule et un carquois de flèches sur le dos.
-Je...je vous accompagnerai aussi, seigneur. Je m'appelle Flannaéd. Mon père a servi dans les compagnies paysannes de l'Éoherë pendant plusieurs guerres, et il m'a enseigné tout ce qu'il y a à savoir sur le tir à l'arc et l'équtation, même s'il n'est plus parmi nous. Je veux servir le royaume, et...- il hésita, gêné - cette mission me permettra de garantir le bien-être de ma famille, les temps sont durs. Un bon archer qui connaît bien le pays vous sera utile!
Egon regarda autour de lui. Il n'y avait pas d'autres volontaires. De base, il comptait sur dix soldats professionnels. A la place, il devrait se contenter de trois compagnons, dont un voyageur épuisé, une grande gueule et un gamin. Tout ça pour traverser les lignes ennemies. Une mort certaine, mais qu'attendons nous?!
Il se racla la gorge.
-Bien...qu'il en soit ainsi. Thadron a raison sur un point, on ne peut pas se permettre d'avoir des montures qui nous ralentiront. Si vous n'êtes pas sûr de votre cheval, allez chez le maquignon à la place du marché et prenez en un meilleur, ainsi que d'autres provisions nécessaires.
Il tendit des pièces d'or à Flannaéd, qui le regarda surpris, ainsi qu'à Eohdred.
-Je vous rejoindrai aux portes de la ville dans une heure.
Lorsqu'il apparut devant les portes d'Edoras une heure plus tard, Egon était en selle, sur un magnifique cheval brun aux tâches blanches. Il avait également une deuxième monture sans cavalier, mais avec des sacoches remplies attachées à la selle. Le marchand avait revêtu des hautes bottes de cavalier et un gilet de cuir sans manches par dessus sa chemise.
Lorsqu'il retrouva ses compagnons, Marstak les interrogea:
-L'est du Rohan brûle. Avec la défaite de l'armée du Vice-Roi, les armées des Dwimmen nous séparent de notre but. Comment comptez vous y prendre pour les éviter?
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Kryss Ganaël Apprentie des Ombres
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Une urgence dans ses propos, dans son langage corporel. Son regard sillonnait toujours la foule réunie autour de Meduseld pour recevoir des ordres ou retrouver des proches. Les lamentations étaient chose courante dans les rues d’Edoras depuis l’annonce du meurtre de leur Vice Roi. Son épouse, semble-t-il, avait déclenché son accouchement sous le choc de l’annonce. Eohdred ne pouvait détourner ses yeux de ces visages, cherchant des traits familiers, une chevelure châtaine et bouclée, un regard clair qui l’avait envouté bien des années auparavant. Ou bien les cheveux grisonnants de ses parents qui n’auraient probablement pas quitté sa jeune épouse dans leur exil. Faites quils soient encore en vie, pria-t-il auprès de ses ancêtres. Guidez leurs pas, protégez-les. Il donnerait tout, sa vie même, s’il pouvait s’en assurer. Sa fébrilité ne passa pas inaperçu auprès du Marchand qui le retint un instant. Il fallut un quart de seconde pour que la question ne traverse son esprit avant qu’il réponde : - Eohdred, de l’Estenmet. Je reviens du siège de Gundabad. Je peux vous guider sans peine dans la Marche de L’Est que j’ai foulé depuis mon plus jeune âge. Mes motivations me sont propres. Coupa-t-il, prêt à s’en aller quérir les provisions pour un départ immédiat alors qu’ils furent interrompus par un garde insolent. Il leva les yeux, détailla son équipement et sa monture tandis que l’insulte glissa sur lui. Encore un qui visait tout sur l’apparence et rien dans les muscles, pensa-t-il en voyant l’épée rutilante et très probablement jamais dégainée ni salie de sa carrière. Il en avait vu plus d’un, et s’il n’avait pas été si las ni fatigué de ses précédentes batailles au Nord, il lui aurait peut-être rétorqué quelques propos cinglants. Il ne prit pas la peine de répondre et l’ignora tout bonnement. Un gondorien, sans doute… Leur sentiment de supériorité pouvait se sentir à des kilomètres à la ronde. Il lui semblait reconnaître les traces d’appartenance à la Compagnie du Sud. S’il pensait que les dwimmens en prendraient peur, il se trompait lourdement. L’attention d’Eohdred se reporta sur le marchand, il espérait que celui-ci sache tenir une épée, sinon ils seraient morts avant d’atteindre la frontière.
Eohdred grinça les dents au son sifflant émis d’entre les dents du Marchand Egon. Le reconnut, un son familier dans le Riddermark. Était-il rohirrim également ? C’était un son généralement utilisé par les éleveurs de chevaux pour les entraîner à suivre des ordres clairs. La monture du garde s’emballa et le garde eut quelques difficultés à rester en contrôle de la bête. Si ses inquiétudes n’étaient pas si fortes, peut-être aurait-il joui d’un tel revers de sort. Hélas.
Il laissa les deux hommes à leurs échanges et prit congés pour se diriger vers les panneaux d’affichage. Il regardait, fébrile, les multiples annonces laissées par les familles endeuillées à la recherche de leurs proches. Il lisait mal, avec lenteur, mais avait appris les lettres tout de même. Il scruta les mots, à la recherche de la calligraphie si particulière de ses proches…ne la trouva pas. Il déchiffra alors les mots pour en être sûr. Peut-être avaient-ils demandé à quelqu’un de rédiger le mot à leur place ? Il tenta de repérer les prénoms…en vain. Il serra la mâchoire. Ne pas perdre espoir. Il se dirigea vers un scribe se tenant non loin de l’écriteau, et indiqua son nom, ainsi que celui de sa jeune épouse et de ses parents. A ce stade, et pour privilégier le plus grand nombre de message, le contenu était limité, bref. Eohdred, cavalier de l’Estenmet, recherche son épouse enceinte Enma, ainsi que ses parents Feldorian et Eoglae. Son regard resta un instant accroché à ces brefs mots, cette bouteille lancée à la mer.
Il revint vers le groupe nouvellement formé, voulant se renseigner sur le lieu de rendez-vous et le temps imparti avant de vaquer à ses préparatifs. Il y retrouva le marchand, le garde ainsi qu’un jeune homme à peine sorti de l’enfance. Il prit avec reconnaissance la bourse offerte par l’employeur. Il ne s’y attendait pas spécialement, mais cela lui garantirait d’avoir les ressources nécessaires pour la suite de son voyage. Il se dirigea donc vers le marchand pour échanger sa monture de Dale contre une monture rohirrim, solide et rapide. Il tâta son encolure, l’observa longuement pour en attester de sa qualité. Rien ne valait une monture du Rohan. Une fierté. Il paya son du et pu échanger quelques équipements en mal état par de nouvelles pièces. Il n’échangea pas son gambison ni sa tunique…les réserves étaient épuisées déjà par l’effort de guerre et puis…au moins son armure légère avait déjà fait ses preuves lors du siège.
Il retrouva les hommes au lieu indiqué quelques minutes en avance sur sa nouvelle monture gris foncé au crin sombre. Ses effets personnels étaient limités au strict nécessaire pour éviter tout encombrement. A la question du marchand, il prit la parole d’une voix assurée :
- J’opterai pour la rapidité. Il serait idéal de privilégier les longues distances de nuit ou à l’aube. Eviter les routes marchandes, ne pas faire de feu. Il faut éviter d’être repérés par les forces ennemies.
Il se tourna vers le garde de la Compagnie du Sud :
- Mais vous venez de faire ce trajet n’est-ce-pas ? Que pouvez vous nous dire sur ce qui nous attends ?
Il guida sa monture vers le jeune homme qui avait rejoint leur groupe en dernier, et s’abaissa sur sa selle pour resserrer une sangle mal ajustée sans un mot. Son regard jaugeait la qualité des chevaux présents. Combien de distance pouvaient-ils espérer effectuer en une journée, une nuit ?
#Thadron (Désolé pour l'absence de l'avatar de Thadron, le lien est mort et je n'ai pas retrouvé l'image.)
Il se passa un évènement que Thadron n'avait pas prévu, un horrible sifflement sorti de la bouche du marchand ruinant les oreilles du pauvre Thadron. Son cheval n'avait pas l'air non plus d'apprécier cette douce mélodie car il se cambra et Thadron dut redoubler de talent pour réussir à rester en selle et ne pas finir désarçonné. Cependant, cela permit d'apprendre quelque chose à Thadron, le marchand venait de cette gigantesque écurie qu'était le Rohan. Comment avait il fait pour devenir un marchand de la Compagnie du Sud ? Où avait il appris à lire ? Ou à compter... On savait lire ici ? Peut-être finalement.
La réponse du marchand piqua au vif le guerrier. Il venait de se faire remonter proprement les bretelles par un simple marchand devant toute l'assemblée des Rohirrims. Il était peut-être l'un des marchands des plus émérites il n'empêchait qu'il était des moments ou le verbe ne suffisait plus et seul l'acier faisait hurler son appel à la mort. Thadron était un homme taquin, acerbe, piquant même et il avait froissé bien des égos dans les tavernes ou il s'arrêtait déclenchant même parfois des bagarres. Thadron sourit:
"- Eh bien dans ce cas pourquoi avez vous besoin de mes services Grand Marchand ? On en reparlera quand une horde d'ennemi foncera sur nous, j'espère que votre épée est autant affutée que votre langue."
Thadron hocha la tête en silence, une heure avant le départ, le temps de faire boire sa monture, de la brosser et ils allaient partir. Thadron n'allait certes pas se lancer dans une visite touristique d'Edoras ainsi il resta près de sa monture assis sur une chaise et attendant l'heure du rassemblement. Il n'enleva toujours pas son casque. Son visage n'était pas mérité par ces gens là.
L'heure arrivée, le jeune homme rejoignit le groupe déjà constitué. Il se positionna à côté du marchand, le reste ne l'intéressait pas. Qu'ils arrivent à 15 cela l'importait peu. Ce qu'il fallait c'est que le marchand arrive entier, nul autre. Soudain son attention fut attirée par l'homme qui lui parlait l'interrogeant sur le voyage qu'il venait d'effectuer.
" - Ma foi, j'ai galopé à la lisière des forêts, m'enfonçant dans les bois lorsque des troupes se déplaçaient. Ceci dit je n'en ai pas vu beaucoup, j'ai surtout vu des civils en exode. Je propose donc la même stratégie, voyager de nuit, sans torche à la lisière de la forêt et sans bruit."
Pour une fois il était d'accord avec le garçon de ferme. Sa stratégie était sensée, toutefois il n'allait pas encenser les propos du galopin. C'était lui, Thadron la tête pensante, nul autre. Lui qui avait la gloire et l'argent. Seul son contrat l'intéressait.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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Le Grand Marchand n'avait pas relevé les paroles provocatrices du mercenaire. Il l'avait déjà remis à sa place, cela suffirait. Et il ne fallait pas s'acharner sur un homme avec une épée...
Il constata avec satisfaction que ses trois compagnons de route étaient présents au lieu du rendez-vous à l'heure convenue. A défaut d'être une escorte professionnelle, ils savaient au moins suivre des instructions.
Le plan d'Eohdred et de Thadron n'était pas mauvais. Les envahisseurs ne connaissaient pas bien le pays, et ne seraient probablement pas capables de les repérer pendant la nuit. Il soupira:
-En voyageant de nuit, nous avons au moins cinq jours de voyage devant nous*, si tout se déroule sans imprévu. Nous n'avons donc pas de temps à perdre. Le soleil s'approche du zénith, mais je pense qu'en cette première journée nous devrions commencer dès maintenant et chevaucher pendant le reste de la journée, puis une partie de la nuit après une halte. Ca sert à rien de perdre six précieuses heures en attendant le coucher de soleil, et si proche d'Edoras, nous ne craignons encore rien.
Ainsi, les quatre cavaliers quittèrent la capitale de la Marche, alors que ses habitants se préparaient à la guerre. La première journée de voyage se déroula sans imprévus. Lorsque le soleil disparut derrière l'horizon et que les voyageurs se remirent en route après leur halte, ils accueillirent la fraîcheur du soir avec satisfaction. Cependant, ils s'aperçurent aussitôt qu'ils ne pouvaient pas voyager aussi vite pendant la nuit: ils voyaient à peine la route devant eux.
Egon voyageait au milieu du groupe - après tout, ils étaient payés pour le protéger. Un des cavaliers restait toujours devant lui et le deuxième derrière; la position du troisième variait selon la situation, il pouvait partir en éclaireur ou rester avec le groupe. A l'aube, ils finirent par trouver un endroit pour se reposer: un bosquet éloigné du chemin principal et à l'abri des regards indiscrets. Ils avaient bien progressé, mais cette première journée, particulièrement longue, avait été épuisante.
Alors qu'ils consommaient leurs rations, le Grand Marchand s'adressa à Eohdred:
-Vous m'avez dit que vous revenez du siège de Gundabad. Je vous avoue que je ne m'attendais pas à ça, cela fait loin pour un rohirrim. J'ai entendu pendant le banquet que la Coalition du roi Thorik a été victorieuse, mais nous n'avons que très peu de détails. Racontez-nous un peu les exploits d'un rohirrim au nord lointain.
Bien plus tard, alors que deux de ses compagnons dormaient et le troisième montait la garde, Egon s'éloigna dans les buissons pour répondre à l'appel de la nature. Il en profita pour sortir discrètement un petit pot d'un onguent qu'il s'étala généreusement sur le derrière, en grimaçant. Marstak était un cavalier vétéran et un véritable rohirrim, mais même lui n'avait plus l'habitude de chevaucher pendant une journée et demi. Son postérieur lui faisait vivre un enfer, et il restait encore au moins quatre journées de voyage devant eux. Il se demanda comment ses compagnons s'en tiraient de leur côté.
***
L'onguent et le repos semblaient faire effet, car lorsque le soleil se mit à disparaître une fois de plus derrière l'horizon, Egon remonta en selle sans aucune protestation et avec un visage de pierre. Ils se remirent en route.
C'était peu de temps avant l'aube que la fortune cessa de leur sourire. Avec un hennissement paniqué, le nouveau cheval du jeune Flannaéd trébucha et faillit faire tomber son cavalier. La monture boitait à présent. La voix tendue, le Grand Marchand s'adressa à Thadron:
-Trouvez-nous un endroit discret pour nous reposer...il faut que j'inspecte le cheval du garçon, et pour cela il me faudra attendre l'aube ou pouvoir allumer une torche.
Lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin, Egon descendit de la selle et se pencha délicatement sur le cheval de Flannaéd, maudissant le jeune homme. L'équidé s'était tordu la cheville en marchant dans un terrier de lapin que son cavalier n'avait pas remarqué.
-Je vais préparer un baume et un bandage pour le soulager, mais il va pas pouvoir suivre notre rythme...Tu vas prendre mon deuxième cheval, Flannaéd. Mais prends garde à toi, si tu laisses une chose pareille arriver une deuxième fois! Vous deux - rajouta-il en se tournant vers Eohdred et Thadron - Aidez-moi à tenir le cheval pendant que j'applique le baume...
Le jeune rouquin, les joues aussi rouges que sa chevelure, disparut parmi les arbres pendant un long moment. Il finit par revenir une bonne heure plus tard, en tenant deux truites, dont les écailles brillaient aux premiers rayons de soleil:
-Je nous ai ramené un repas! Maintenant que le jour est levé, et que nous sommes dans un endroit bien caché, nous devrions pouvoir faire un petit feu, non? Sinon, la truite se mange crue aussi, mais c'est un peu moins bon.
Il tourna son regard interrogateur vers les hommes plus expérimentés, avant de s'éloigner un peu pour nettoyer les poissons avec expertise, à l'aide d'un petit couteau.
Eohdred ne put qu’approuver les mots sages du marchand avant leur départ. En effet ils pouvaient encore compter sur la sécurité relative des environs d’Edoras. Leurs ennemis étaient nombreux et semblaient s’être déjà bien enfoncés sur leurs terres, mais le siège du Pouvoir était encore debout. Pour le moment…L’homme observait les bannières vertes voler au vent, entendait le tumulte des préparatifs de guerre partout autour de lui. Combien de temps encore, avant que les cris et les pleurs ne viennent raisonner dans ces ruelles en terre battue, combien de temps encore, avant que les barbares de l’Est ne viennent profaner les tertres de leurs ancêtres ?
Ils prirent routent ainsi, le cavalier dans un silence pensif bien qu’il ne se montrait pas hostile, surtout vis-à-vis du jeune qui les accompagnait et semblait bien maladroit et décidément trop enthousiaste en vue de la situation. L’innocence de la jeunesse, pensa Eohdred alors que lui-même n’avait pas passé la trentaine malgré les quelques cheveux blancs qui étaient apparus lors de ses combats au Nord ces derniers mois. Les traits tirés de fatigue et d’inquiétude, il écouta le récit sans fin du jeune, tentait de son mieux de répondre à ses énièmes questions, esquivant cependant tout ayant rapport à la guerre. Un peu de calme, avant la tempête ?
La première nuit fut difficile…il ne connaissait pas si bien cette région du Rohan et le ciel voilé ne laisser pas passer la lumière des astres nocturnes. La nouvelle lune également, semblait à un mauvais présage pour leur route. Il prit place à l’avant du groupe, prenant garde à notifier des potentiels obstacles sur le chemin, attentifs aux bruits qui semblaient les entourer de toute part. Eohdred devait bien avouer qu’il était particulier de voyager ainsi sous couvert de la nuit, aveugle et vulnérable. Qui sait les bêtes qui rôdaient dans ces forêts de nuit ? Là tout particulièrement, il fallait faire confiance à sa monture aux sens plus aiguisées qu’un humain.
Ils décidèrent de s’arrêter pour quelques heures de repos afin de préserver les bêtes et les hommes. Ils avaient parcouru une belle distance ce premier jour mais les suivantes s’annonceraient bien plus difficiles et dangereuses à mesure qu’ils s’approcheraient des lieux des conflits. Quelle était la probabilité d’effectuer ce voyage sans imprévu ? Aucun. Le combattant d’Orwen dessella son cheval et s’assura de son état avant de s’occuper de monter un camp sommaire et de préparer une ration frugale. A la question du marchant Eohdred fut un long moment pensif. Il y avait certaines choses encore trop vives dans son esprit, dans sa mémoire… et comment pouvait-il conter les massacres de Gundabad, aux oreilles averties d’un homme encore trop jeune pour connaître telles atrocités ? Il se lança cependant après quelques hésitations…sa voix à peine un souffle.
- Nous étions à peu près deux cents dans la compagnie du Prince et ambassadeur Orwen. Nous avons été rejoints par des archers de Dale, qui nous ont gracieusement offert des montures également. La campagne a duré des mois… Nous avons repoussé les gobelins qui se retiraient de Nal Gunir… puis nous avons fait route pour rejoindre les forces de la Coalition.
Il déglutit, le regard perdu dans sa choppe d’eau claire. Pour cela… il aurait préféré un petit remontant pour réchauffer sa gorge, embrouiller son esprit quelque peu…
- Je ne saurai vous dire combien de temps le siège de Gundabad a duré, tant le temps semble répondre à ses propres règles lors d’un combat de cette intensité. Nous avons tenu l’aile droite, pour essayer de protéger les Dalites. Nos assauts furent brutaux, portés de succès même ! Oh, vous auriez entendu l’ambassadeur Orwen alors ! Sa voix portait même par-dessus le vacarme des armes. « Que le grondement de nos sabots fasse trembler le roi des vermines au cœur de la montagne ! » Et nous avons suivi son commandement avec nos lances, ouvrant la voie. Mais…nous avons subis de lourdes pertes.
Sa voix se brisa sur ces derniers mots, au souvenir de tous ses frères d’armes ayant sacrifié leurs vies pour reconquérir des terres lointaines, tandis que leur propre Royaume était assailli dans leur plus grande ignorance. Sa main se porta instinctivement sous son gambison, vérifia la présence des quelques lettres qu’il avait récupéré de ses compagnons à distribuer à leurs familles. S’il les retrouvait…Il conclut cependant comme il put :
- Nos alliés les nains ont cependant récupéré leurs terres ancestrales ! Ce fut…hm.
Il n’arriva pas à tirer satisfaction et réconfort dans ce qu’ils avaient accompli avec pourtant tant de bravoure. Chanteraient-ils leurs exploits dans le Grand Hall de Meduseld, lorsque tout ceci serait terminé ? Eohdred se porta volontaire pour le premier tour de garde. Il n’aurait pu dormir de toute façon…son récit ayant réveillé en lui bon nombre de hurlements et de supplications des mourants. Des souvenirs rouge écarlate.
Ses sombres prédictions se montrèrent à l’aube du deuxième jour avec la blessure de la monture de Flannaéd. Ils commençaient bien mal et Eohdred fut un instant inquiet qu’ils doivent abattre le cheval. Il mit pied à terre et vint aider le marchand à soigner la bête, s’assurant qu’elle reste calme pour éviter tout coup de sabot. Le dénommé Egon semblait s’y connaître en chevaux, et ils étaient chanceux qu’il ait avec lui tout le matériel requis. En espérant que ces talents ne doivent pas être utilisés également sur eux d’ici quelques jours…
Il sentit bien que le jeune homme devait se sentir coupable car il ne tarda pas à revenir avec une belle prise, comme pour se faire pardonner. Il lui offrit un maigre sourire :
- Nous sommes encore loin de la frontière mais ne prenons pas de risque inutile. Malgré le lever du jour, il n’y a pas que la lumière d’un feu qui peut nous faire repérer mais également la fumée que peut dégager le bois surtout vert.
Il observa les alentours ensuite.
- Restons à couvert des arbres. Si la bête peut marcher un peu, je propose de poursuivre pour aller à la recherche d’un abri pour la journée. Il serait idéal de trouver un point en hauteur également pour analyser ce qui nous attend.
Il n’entra pas dans les détails mais ses non-dits pensait-il, seraient bien compris par les trois hommes. Il s’agissait là bel et bien de repérer les éventuels mouvements de troupes, et ainsi choisir le chemin le plus sécurisé, quitte à ajouter quelques détours à leur itinéraire initial…
Thadron ne dit pas mot de la première journée de chevauchée. Il avait préféré partir en éclaireur la plupart du temps et n'avait donc pas entendu les mots de son camarade d'escorte sur la bataille de Gundabad alors même qu'ils étaient arrêtés pour déjeuner, il avait préféré s'éloigner. D'ailleurs lui même n'avait eu que quelques vagues échos de cette bataille loin bien loin des terres du Gondor. Quand cela n'avait pas d'impact sur ses missions et sur le travail de la Compagnie du Sud, Thadron décidait de l'ignorer. Que d'autres aillent mourir ailleurs s'ils le souhaitaient, lui restait ici.
Soudain alors que les premiers rayons du soleil commençaient à dépasser la cime des arbres, Thadron entendit un cri de douleur provenant de l'une des bêtes. D'un mouvement de rennes, il retourna son cheval alors que son épée était déjà dégainée. Il galopa jusqu'au reste de l'escorte pour constater avec dépit qu'une des montures s'était blessée en marchant dans un terrier de lapin. Thadron jura en gondorien sans pour autant déverser sur le pauvre cavaliers une nuée de reproches comme il aurait largement pu le faire.
Le marchand s'adressa à lui et Thadron répondit d'un simple hochement de tête en s'enfonçant aussitôt dans les bois. Il revint quelques minutes plus tard ayant trouvé l'endroit idéal. Thadron les guida rapidement dans les bois jusqu'à monter une petite colline. Une grotte naturelle occupait le sommet de la colline tandis qu'un soldat habile pouvait facilement escalader jusqu'au sommet de l’amoncellement rocheux où se trouvait la grotte pour examiner les alentours.
Thadron mis pied à terre et se porta auprès de la monture blessée. Pour la première fois il retira son casque dévoilant un visage juvénile, des cheveux longs et blonds coiffés en arrière. Cependant, une balafre tailladait ce visage angélique au niveau de la joue droite. Il vint saisir avec douceur la patte blessée de l'équidé lui caressant doucement la cuisse pour l'apaiser le plus possible tout en lui murmurant des mots tout bas pour le calmer.
Une fois le bandage mis en place, Thadron vida une partie des sacoches de la monture meurtrie pour les mettre dans les siennes lorsque le cavalier revint avec une jolie truite.
- Cet endroit est je trouve idéal pour passer la journée, ne mobilisons pas plus la monture blessée. Pour le feu n'en faisons pas, cela sera plus sûr au delà de la fumée, l'odeur du poisson cuit pourrait nous jouer des tours. Je prends le premier tour de garde.
Sans attendre vraiment de réponse il escalade l’amoncellement pour examiner les alentours.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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Egon Marstak écouta le récit d'Eohdred en silence. Les guerres et les batailles ne l'intéressaient pas particulièrement, et il ne faisait pas non plus partie de ces marchands de la mort qui cherchaient la destruction et le chaos pour s'enrichir. Cependant, il leva son regard avec une étincelle de curiosité dans les yeux lorsque le rohirrim mentionna l'Ambassadeur Orwen. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu ce nom...La persona non grata de la cour d'Edoras ne chômait donc pas sur les terres des naugrim.
***
Au moins, Eohdred et Thadron paraissaient compétents. Ils aidèrent Egon à s'occuper du cheval blessé, et le gondorien avait réussi à trouver un endroit correct pour passer la journée. Marstak regarda son visage découvert et ses cheveux longs; il ne s'attendait pas à ce que le mercenaire soit aussi jeune, cela expliquait en partie son caractère explosif.
Le marchand hocha de la tête:
-Qu'il en soit ainsi. J'espère que vous avez vérifié que la grotte n'est pas habitée par une famille d'ours? Il paraît qu'ils affectionnent particulièrement la truite.
Le jeune Flannaéd dévoila ses dents dans un sourire, qui se transforma aussitôt en grimace lorsque ses deux compagnons plus expérimentés refusèrent catégoriquement d'allumer un feu.
Alors que les voyageurs s'installaient dans la grotte, il posa le poisson sur une grande pierre et fit danser la lame de son petit couteau. Les écailles de la truite brillèrent de mille feux dans les premiers rayons du soleil matinal; les nuances irisées de sa livrée n'avaient rien à envier aux robes les plus élaborées des dames de la cour de la Cité Blanche.
Le charme fut brisé lorsque le jeune homme éventra le poisson d'un geste expert, avant de le décapiter et de le rincer à l'eau fraîche. Quelques instants plus tard, il leur emmena des longues tranches fines de poisson rose, présentées sur une grande feuille.
-Goûtez, goûtez...ça aurait été mieux fumé ou cuit, mais je l'ai assaisonné avec un peu de sel qui me restait!
Egon n'hésita pas longtemps et il prit un morceau de poisson, en le dégustant avec appétit.
-C'est très bon! Vous savez, dans certaines contrées lointaines, le poisson cru est considéré comme un délice, et vendu bien plus cher que son équivalent cuit, car la cuisson sert souvent à cacher les imperfections ou le manque de fraîcheur. Il me semble qu'ils appellent ça shi-sa-mi.
Quelques rations sèches furent sorties pour accompagner le poisson, et le marchand se leva, un peu raide, pour aller jusqu'à ses sacoches et en tirer une gourde.
-Sans abuser des bonnes choses, je pense que nous avons mérité un petit remontant.
Le jeune Flannaéd était assis juste à côté d'Egon et fut le premier à prendre la gourde. Il but une gorgée, avant de tousser violemment et essuyer sa bouche et le goulot. Le marchand rit de bon coeur:
-Un peu trop fort peut-être en vue de ton jeune âge monsieur le chasseur. Ce n'est rien!
L'adolescent rougit, avant de faire tourner la gourde.
Peu de temps après, Egon décida d'aller se reposer au fond de la caverne. Il avait été un compagnon de voyage plutôt agréable, mais son sens de camaraderie avait ses limites; il payait ces hommes, et il les payait cher, pour qu'ils lui servent d'escorte. Il n'allait pas non plus prendre de tour de garde. De toute façon, il était trop fatigued pour ça.
Thadron se porta volontaire pour le premier tour de garde, et Flannaéd pour le deuxième. Il était le plus jeune - leur expliqua t'il avec enthousiasme - et capable de se rendormir en une poignée de secondes. Interrompre son sommeil n'était pas un problème.
***
Même si le soleil brillait au-dessus de sa tête, le mercenaire gondorien eut du mal à rester éveillé, et fut obligé de faire plusieurs tours pour chasser le sommeil. Sans doute la fatigue qui commençait à s'accumuler, après tout il venait seulement d'arriver à Edoras lorsque l'ordre du départ avait été donné. Lorsque le moment vint enfin de réveiller Flannaéd pour qu'il prenne sa relève, Thadron trouva rapidement le sommeil.
***
Eohdred et Thadron furent réveillés par l'hennissement d'un des chevaux. Le jeune chasseur n'avait pas réveillé le rohirrim pour prendre la relève, et le soleil s'apprêtait déjà à se coucher derrière l'horizon. Un mal de crâne terrible déchirait leurs tempes et quelque chose s'agitait dans leurs boyaux, leur donnant une horrible nausée, comme s'ils avaient vidé dix gourdes de vin fortifié. Désorientés, les deux hommes mirent un moment avant de se rendre à l'évidence.
Flannaéd et Egon avaient disparu, avec le cheval de trait et les sacoches du Grand Marchand.
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Boreac Epée d'Acier Garde des Compagnies d'Argent
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Même s'ils venaient de partir d'Edoras, la halte du jour fut appréciée de Thadron. Il regarda le jeune rohirrim découper d'une main experte le poisson qu'il venait de pêcher, en deux temps, trois mouvements de beaux filets crus étaient tendus aux compagnons d'infortune. Thadron prit le sien en remerciant d'un signe de tête et le mangea avec élégance mais sans manières. Certes, cuit cela aurait été mieux mais un feu en ce jour était dangereux voir suicidaire. De même qu'il tiqua légèrement lorsqu'il avait vu les écailles du poisson se refleter au soleil. Un rien pouvait les faire détecter. D'ailleurs Thadron avait profiter de cette journée pour salir volontairement son armure, la frottant avec de la terre afin qu'elle perde de sa brillance. Autant dire qu'une armure étincelante en ces jours était comme une cible au milieu d'un champ labouré.
Ils mangèrent de bon coeur et Egon le marchand proposa un remontant aux cavaliers. Si Thadron refusa dans un premier temps, voulant garder les idées claires, les encouragements eurent raison de sa motivation. Ainsi Thadron but quelques gorgées du liquide âpre qui avait été si difficile à faire passer dans le gosier de leur jeune camarade. Après ces festivités sobres, Egon alla se coucher et Thadron prit le premier tour de garde, le monde tournait légèrement autour de lui et ses oreilles et ses joues chauffaient. Il détestait cela ne plus être maître de lui même, voir ses sens altérés, perturbés si bien que rapidement il se plongea le visage à plusieurs reprises dans l'eau presque glacée du ruisseau. Voila qui était mieux et qui aidait à rester éveillé. Il pestait d'avoir accepté cet alcool.
Quand le jeune homme vint relever Thadron quelques heures plus tard, il lui tapota l'épaule en signe d'encouragement sans un mot et partit se coucher en s'endormant d'un sommeil de mort presque immédiatement. Même si il avait retrouvé ses sens, l'alcool lui avait quand même tapé le crâne et il ne rêvait plus que d'aller se coucher depuis quelques heures déjà.
Un nain tapait au marteau sur son crâne depuis quelques secondes, Thadron se réveilla dans le vague, une furieuse envie de vomir, un mal de crâne abominable et une fatigue extrême. Déjà le soleil se couchait ce qui fit tiquer le jeune mercenaire. Un cheval hennit au loin et il se releva avec difficulté. Où était Flannaed ? Il sortit de la grotte pour scruter les environs, il n'y voyait rien, il plongea à nouveau sa tête dans le ruisseau pour retrouver ses esprits.
- Réfléchis Thadron, réfléchis bon sang !
Se dit-il tout haut. Il jeta des coups d'oeil à droite et à gauche, il voyait mais ne percevait rien de son entourage. Il l'appela à voix basse:
- Flanaed ? Flanaed ?
Il gromella dans sa barbe, mais où était il encore ? Il rentra dans la grotte et son esprit s'éclaircit d'un coup, le marchand n'était plus dans le grotte, Flanaed non plus ? Il alla voir les chevaux, ils étaient absents. Il se rua dans la grotte et s'écria à pleine voix sans se soucier de la discrétion qui n'était plus de mise:
- Eohdred ? Eohdred ? EOHRED ! DEBOUT ! Egon et le gamin ont disparu !
Il bouscula du pied le rohirrim qui dormait encore à poings fermés et il le fit asseoir de force
- Va te tremper dans la rivière pour reprendre tes esprits et aide moi à les pister ! Ils ont disparu !
Le jeune mercenaire était paniqué, la première fois qu'il perdait le contrôle de la situation, cela était inacceptable. Il pesta tandis qu'il explorait les alentours pour pister d'éventuelles traces de pas ou de sabots.
Kryss Ganaël Apprentie des Ombres
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La blessure de la monte fut presque une bénédiction tant le chemin parcourut la veille pesait sur son corps meurtri. Un peu de repos lui ferait le meilleur bien pour s’en remettre et poursuivre leur route le plus discrètement possible. Combien de jours encore ? Quatre, si tout allait bien ?
Thadron les guidèrent vers une grotte suffisamment large pour y entrer tous et bientôt une flasque passa entre les hommes. Eohdred n’était pas convaincu du bienfondé de cette idée mais il ne pouvait dénier le marchand à plusieurs reprises. La réaction de Flannaéd lui tira un sourire en se rappelant sa propre jeunesse et la découverte de l’alcool. Oh il devait alors être bien plus jeune que lui et n’en gardait que des souvenirs flous et douloureux. Ses compagnons de beuverie l’avaient récupéré au lendemain dans une meule de foin et il avait été alors impossible de retrouver sa chemise pour d’obscures raisons. Il porta donc à ses lèvres la boisson et apprécia la chaleur qu’elle lui prodiguait dans la gorge. Il en consomma avec modération cependant, juste assez pour soulager ses troubles et éloigner quelques peu les souvenirs encore trop frais dans son esprit.
Ils mangèrent alors le poisson attrapé par les mains agiles du jeune homme et le cavalier le remercia d’un geste de la tête. Il savait bien qu’il était plus raisonnable de le manger cru mais espérait ne pas tomber malade, cela ne faciliterait pas leur mission. Le commentaire du marchand n’aida pas à le convaincre mais il n’en dit mot. Leurs rations étaient après tout limitées et ils ne pourraient probablement pas chasser ni pêcher pour encore bien longtemps avec des ennemis à proximité. Thadron se porta volontaire pour le premier tour de garde, et le garçon prendra la suite avant de venir le réveiller. Soit. Eohdred s’enfonça plus profondément dans la grotte pour s’éloigner de la lumière du jour et ainsi trouver plus facilement le sommeil. Mais le garçon ne vint pas le réveiller…
Le soleil s’apprêtait à se coucher à l’horizon lorsqu’il entendit au loin un hennissement de cheval…et le gondorien se mit à le secouer violemment. Une douleur lancinante lui traversa le crâne et il regretta instantanément l’alcool consommé et le poisson cru. Pourtant il n’avait pas abusé du gniole mais…arrg… pas si fort Thadron. Il fut incapable cependant de formuler le moindre mot alors qu’il se relevait tant bien que mal, l’esprit confus. Il ne savait pas par quel trou il menaçait de se vider mais ne tarda pas à sortir au dehors pour se jeter dans la rivière la plus proche.
L’eau glaciale eut l’effet d’une gifle dans son esprit et bien qu’elle empira momentanément son mal de crâne… bientôt ses pensées reprenaient de la cohérence… presque. Il ne tarda pas à rejoindre son compagnon d’infortune pour l’aider dans ses recherches et il fut un instant surpris de le voir si paniqué. Cela n’aiderait en rien leurs efforts alors il tenta tant bien que mal de le ramener à lui en lui demandant :
- Tu as fais combien d’heures de garde ? On s’est arrêté en début de matinée… le soleil désormais se couche. 4h ?
L’avance qu’ils avaient pu prendre en 4h était considérable, mais Eohdred aperçut les chevaux non loin d’eux. Seul le cheval de trait avait disparu ainsi que la marchandise. Il fit part de sa remarque au garde :
- Ils n’ont pas pu aller bien loin à pieds…
Même s’ils avaient été enlevés par des ennemis, leurs poids les ralentiraient… Le cavalier repoussa d’un geste de la main ses cheveux trempés et se mit à observer autour de l’entrée de la grotte s’il y avait la moindre trace de confrontation. Quand était-il des affaires personnelles du jeune, et du marchand ? Pourquoi étaient-ils partis uniquement avec le cheval de trait ? S’il y avait eu confrontation, ils auraient entendu, non ? Flannaéd était-il si sûr, comme compagnon ? Les doutes s’inséraient dans son esprit et il ne put retenir un grognement de frustration. Il proposa donc :
- Préparons les chevaux pour un départ rapide… nous ne pouvons leur permettre de prendre trop d’avance sur nous.
Et bientôt, les traces éventuelles seraient bien plus difficiles à voir de nuit. Les heures étaient comptées.
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Sam 27 Juil 2024 - 19:18
Malgré les plans de d'Eohdred, le départ n'avait pas été rapide. Subissant encore les effets étranges de la veille, les deux hommes avaient l'impression que leurs bras et jambes pesaient une tonne chacun, et devaient s'arrêter tous les quelques instants pour combattre une vague de nausée ou le tournis. Si l'un deux connaissait un remède, c'était le moment d'y songer.
Une fois le camp enfin levé, les deux hommes se retrouvèrent face à un premier choix. Le cheval de Flannaéd était là avec les deux leurs et celui du Grand Marchand. L'onguent appliqué avec soin la veille avait semblé aider, mais il ne pourrait probablement pas galoper. Allaient-ils le prendre avec eux, le laisser ou le relâcher?
Ensuite, il leur fallait trouver la trace de leurs deux compagnons et des éventuels inconnus. Thadron regretta aussitôt d'avoir choisi un amoncellement rocheux comme endroit pour faire leur camp, car la roche et le caillou gardaient jalousement le secret de ceux qui avaient emprunté le chemin.
Il passèrent un bon moment à tourner en rond en bas de la colline en recherchant en vain une piste quelconque. Juste avant de perdre espoir, un d'eux se rendit compte que leurs propres traces de la veille semblaient étrangement déformées. Quelqu'un avait pris le soin d'emprunter exactement le même chemin dans le sens inverse.
Rassurés par la première bonne nouvelle de ce soir, ils s'élancèrent à la poursuite. Rapides au début, la situation se compliqua aussitôt avec la tombée de la nuit. Une fois de plus, ils se retrouvèrent face à un choix. Poursuivre à la lumière des torches pour voir la piste, ou bien continuer à pied, le nez près du sol? La première option était plus dangereuse, la deuxième plus lente.
Au bout de presque une lieue ils réussirent à remarquer que les traces se séparaient de leur sentier de la veille, et partaient vers la droite.
Bien plus loin encore, des voix se firent entendre...
-Ca aurait été quand même drôlement plus rapide en prenant leurs chevaux...
-Non, j'ai vu ce que le marchand était capable de faire avec un simple sifflement. Le ligoter sur le dos d'un cheval de trait aux yeux bandés c'était la meilleure option. Heureusement, il a mis longtemps à se réveiller. Comme les autres d'ailleurs...J'ai été généreux avec le "sel" sur la truite. Ils ont bien aimé leur shi-sa-mi.
-Chie-ça-quoi?
Le garçon roux dévoila les dents dans un sourire carnassier. Ses joues étaient toujours recouvertes de tâches de rousseur et son menton toujours imberbe, mais il n'y avait plus aucune hésitation dans sa voix ni naïveté dans son regard.
-Laisse tomber, c'est une petite blague entre nous. N'est-ce pas Egon?
Le marchand, adossé à un arbre avec les mains ligotées derrière le dos, le foudroya du regard.
-Alors, combien est-ce que tu penses que la Compagnie du Sud va payer pour toi?
-Rien du tout, imbécile! La Compagnie du Sud ne négocie pas avec les sédeïstes! Et les autres grands marchands redoutent mon influence, et ne bougeront pas d'un doigt pour sauver ma peau, alors arrêtons cette farce!
La voix de Flannaéd se durcit.
-J'espère pour toi que ce n'est pas vrai, Marstak. Ce serait quand-même préférable pour toi d'être libéré par tes confrères de la Compagnie du Sud, plutôt que d'être vendu au marché noir au plus haut offrant, n'est-ce pas? Un homme comme toi, riche et arrogant, a dû se faire pas mal d'ennemis pendant sa carrière, non?
Egon serra les dents dans le silence.
-Moi je pense qu'on devrait quand-même revenir à la colline et finir le travail. C'était pas une bonne idée de laisser les deux autres en vie. - Un des compagnons de Flannaéd avait profité du moment de vide pour prendre la parole.
Le jeune homme détourna le regard, sa voix hésitante pour la première fois.
-Laisse-tomber Jonas. On a pas spécialement de raison de les tuer, et ils n'ont pas de raison de nous suivre. Ce sont des mercenaires, ils n'ont pas de loyauté particulière envers le marchand.
-T'es vraiment une chochotte Flan. - ricana l'autre.
A la lumière de la lune, on pouvait voir qu'ils étaient cinq, sans compter le marchand ligoté. Lourdement armés, aucun d'eux ne portait d'uniforme militaire, mais plutôt des gambisons ou des brigandines.
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Kryss Ganaël Apprentie des Ombres
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Sa baignade matinale dans la rivière glacée ne sembla pas avoir l’effet escompté. Les effets de son indigestion semblaient déjà revenir et le cavalier s’attrapa le ventre en une grimace d’inconfort visible. Diantre… il ignorait le contenu de la gniole proposée par le marchand mais pour sûr il n’en touchera pas une autre gorgée avant des lustres. Comment un simple breuvage pouvait-il rendre si malade ? Il ne saurait le dire. Peut-être avait-il un rejet particulier de l’un des ingrédients, mais alors…non. Non, les faits étaient là. Ils étaient tous deux drogués et le marchand disparu, ainsi que le jeune. Il était peu probable que Egon les paie si grassement s’il voulait s’enfuir à la première occasion mais… il lui était inconcevable que le jeunot puisse y avoir une quelconque influence. Il avait dû se faire prendre lors de son tour de garde et embarqué de force. Pauvre gamin, quel manque de bol pour une première aventure.
A la monture blessée, Eohdred songea à la laisser en arrière. Cela les ralentirait, et aucun des deux ne semblaient avoir les connaissances requises pour lui apporter les soins qu’elle pouvait avoir besoin. Mais son cœur de Rohirrim refusait d’ainsi mettre en danger un cheval qui ne nécessitait qu’un peu de temps, du moins pensait-il ? Il s’adressa alors au gondorien :
- Autant la prendre avec nous dans un premier lieu. Nous n’irons pas bien vite le temps de trouver la piste de toute façon… Mais déchargeons-la, si nous devons s’en séparer en route…
Il attendit l’approbation de son compagnon d’infortune et fit de son mieux pour s’atteler aux préparatifs afin qu’ils puissent encore profiter des lueurs du jour. Le temps était compté. Il était cependant interrompu plus d’une fois dans son activité par la nausée qui semblait bien déterminé à le mettre à terre avec plus de certitude qu’un gobelin en charge. Il se pencha en avant, les mains sur les genoux et ouvrit ses lèvres, prêt à redonner son repas de la veille. Mais rien ne vint. Il prit une profonde inspiration, combattant comme il pouvait le vertige qui l’assaillait. Il eut beau se désaltérer à l’eau claire de la rivière, remplir sa gourde avant de se la renverser sur la figure, rien ne changea. Il la remplit à nouveau avant de l’accrocher à sa ceinture. Pire gueule de bois-du-siècle. Et on ne va pas détailler le reste… car pour sûr si la disparition du marchand ne les avait pas incités à lever le camp, l’état chaotique des buissons environnants s’en serait chargé.
Ce fut Thadron qui en premier trouva la piste qu’ils suivirent pendant des heures. Eohdred n’avait pas la force de parler, tout concentré à prendre de profondes inspirations et expirations pour tenter de chasser cette nausée et ce mal de tête. Il tenta de pincer l’arrête de son nez. Sa femme lui avait toujours dit que cela pouvait aider en cas de migraine. Il n’en fut guère convaincu et tenta de son mieux d’ignorer le regard critique du gondorien sur lui. S’ils étaient dans une meilleure situation, il lui aurait probablement envoyé dans les buissons marquer leur itinéraire tel le petit poucet. Ils n’en étaient pas loin, après tout. Il refusa d’allumer une torche, pouvant les faire repérer par les personnes qu’ils recherchaient. C’était un risque inutile, pensait-il. Tout chemin mène au rhum, ou non ? Le cavalier mit pied à terre et mena deux montures attachées l’une à l’autre, la sienne ainsi que celle blessée. Il se laissa guider donc par la faible lumière des étoiles…et les sons environnants. Patience…patience. Il nota la bifurcation dans la piste qu’ils suivaient, et en informa Thadron avant de poursuivre en silence à nouveau.
Lorsque des bruits se firent entendre, Eohdred leva une main, et prit soin d’harnacher les montures sommairement à une branche basse. Assez, pour que les chevaux se sentent attachées et ne daignent s’enfuirent. Suffisamment leste, cependant, pour qu’il puisse arracher les sangles d’un geste sec en cas de départ précipité. Il espérait que le gondorien ferait de même mais n’osa lui donner des instructions. Chaque bruit pouvait les dénoncer auprès du groupe de bandits qui avaient monté le camp non loin. La déception que de découvrir le jeune comme étant finalement l’auteur de l’enlèvement le frappa comme un coup de marteau dans l’estomac. Tu es trop bon, Eohdred… mais il savait que le garde à ses côtés n’aurait pas cette même limitation dans son jugement. Il les observa donc un instant en silence, et lui chuchota :
- Dis-moi que t’as un arc…
Puis fit de son mieux pour ne pas soupirer de déception une fois la négative reçue en réponse. Il vérifia la présence de son épée dans son fourreau, et d’un poignard pendu à sa ceinture également. Ils étaient clairement dans une situation désavantageuse, mais il faudrait faire avec. Il proposa donc un plan à la présence sombre qui se tenait non loin de lui :
- Attendons que certains s’endorment pour les éliminer un à un… Je tenterai de libérer Egon, et de lui prêter mon poignard pour qu’il se défende. Cela… équilibrera un peu les chances. Qu’en penses-tu ?
Après tout, il n’avait pas le rang de chef de l’expédition, et du peu qu’il connaissait de Thadron, il se doutait qu’il n’apprécierait guère recevoir des ordres. Il pouvait seulement espérer qu’il ne foncerait pas dans le tas comme un forcené. Dans ce cas là… Eohdred ne donnerait pas cher de leurs peaux. Il invoqua à lui le visage de sa femme en pensée, comme une bénédiction pour le combat à venir.
Il fallait se rendre compte de l'évidence. Ils avaient été trahis, ce jeune, ce..., cet espèce de, ce Flannaed, ce traitre ! Il avait enlevé le marchand avec ses autres brutes toutes droit sortie d'une quelconque Cour des Miracles. Il fallait réfléchir alors qu'un forgeron nain se servait de son crâne comme d'une enclume. Au fur et à mesure qu'ils avaient peu à peu remonté la piste toute fraiche des ravisseurs du marchand il avait réfléchi à un plan. Il pensait bien que le Marchand et Flannaèd avaient été enlevés mais de là à penser qu'il avait pu orchestrer l'enlèvement et pire se jouer d'eux rendait fou de rage le mercenaire.
La piste avait été relativement difficile à suivre, ils avaient avancé sous les conseils de Eohdred avec les montures marchant au pas derrière eux. Des heures durant ils errèrent pas à pas à la recherche de la moindre empreinte dans la boue, la moindre brindille brisée jusqu'à enfin entendre des voix non loin. Ils se tapirent dans les fourrés en apercevant le camp de leurs adversaires, lourdement armés, ce n'était pas de vulgaire bandits, on aurait dit une bande de mercenaires, ils avaient donc été commandités pour cet enlèvement ?
Thadron réfléchit un instant essayant de se rappeler de leur rencontre avec le jeune homme à Edoras. Était il déjà là quand il était arrivé ? Il n'arrivait plus à avoir les idées claires. Il sourit lorsque depuis les fourrés Théodred lui demanda s'il avait un arc. Evidemment que non ! Sinon ça aurait été trop simple, il secoua la tête négativement pour signifier à Théodred sa réponse.
Evidemment, ils étaient trop nombreux pour qu'ils puissent les vaincre aisément à deux et leurs gambisons leur donnait une solide armure contre leurs lames. Eohdred avait raison, il fallait être fourbe et... assassiner. Il soupira, il n'aimait pas cette façon de procéder mais ils n'avaient pas trop le choix. Thadron était un Gondorien et il aimait la Justice, il aurait fallu les maîtriser les remettre à un tribunal. Cependant, au Rohan, en temps de guerre... et bien à Edoras fait comme les Rohirrim. Il savait pertinemment que s'il les remettait à la Garde du Rohan, ils ne sauraient pas quoi en faire, à l'heure qu'il était ils devaient être déjà bien mobilisés sous tout les fronts.
Il s'approcha d'Eohdred accroupi lui murmurant à l'oreille:
- Tu as raison, je n'aime pas ça mais nous allons devoir les neutraliser. Si possible gardons en vie ce jeune traitre, j'ai envie de lui réserver un autre genre de traitement que la mort ou la torture, on verra comment réagit le Rohan face à un de leur traitre... Maintenant repose toi, soigne ta gueule de bois, je veille jusqu'à ce qu'il soit l'heure de frapper.
Caché dans ses fourrés, Thadron observa ses ennemis, leur nombre, leur attitude, leur armure, cherchant le moindre point faible dans leur garde ou dans leur campement. S'ils dormaient, une fois le garde de faction neutralisé il serait plus aisé de s'en sortir et de libérer le marchand.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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Ven 16 Aoû 2024 - 22:02
A première vue, le plan n'était pas mauvais. Malheureusement, les hommes n'avaient pas l'air d'être pressés d'aller dormir. La cachette dans les fourrés n'était pas particulièrement confortable. Les moustiques étaient apparus, profitant du festin que leur offraient les deux aventuriers immobiles. Il valait mieux ne pas penser à ce qui pouvait grouiller sous leurs pieds et sous leurs mains. Des fourmis? Des centipèdes? Des serpents? La faune nocturne des terres frontalières du Rohan était très variée.
Au bout d'un long moment, ils entendirent la voix de Flannaed.
-Bon, si vous avez fini de bouffer, rassemblez vos affaires. Nous devrions nous mettre en route, je préfère mettre de la distance entre nous et les deux mercenaires, mais surtout m'éloigner des envahisseurs. On prendra le chemin de forêt, les routes principales grouillent de cavaliers, et je n'ai pas envie de devoir expliquer pourquoi on a un marchand ligoté avec nous.
Perdu. Les brigands n'avaient pas l'intention d'aller se coucher; au contraire, ils comptaient voyager de nuit, comme l'avait fait l'escorte du marchand jusqu'à là.
-Ah et Shpak, bâillonne Marstak. Je vous ai expliqué, les sifflements et tout ça.
L'homme un peu plus âgé acquiesça, et prit un torchon ayant vu des jours meilleurs, en s'approchant d'Egon. Pendant ce temps-là, un troisième ravisseur se leva en s'étirant. Lorsqu'il prit la parole, Thadron et Eohdred reconnurent à sa voix qu'il s'agissait de l'homme que Flannaed appellait 'Jonas'.
-Tu t'habitues un peu trop à donner des ordres, Flan! Ca marche peut-être avec Shpak, mais moi je ne suis pas les ordres d'un gamin, et encore moins d'un roux comme toi.
Il ébouriffa avec peu de subtilité la chevelure flamboyante du jeune, dont les joues prirent à leur tour une teinte écarlate.
-Bon! Je vais pisser, et après on peut y aller.
Jonas s'éloigna du groupe, dans la direction des fourrés. Pendant ce temps-là, Shpak s'occupait de bâillonner le marchand, Flannaed rassemblait les affaires, et les deux autres brigands s'affairaient autour des chevaux.
Le rohirrim et le gondorien étaient assis au premier rang pour le voir défaire les noeuds de son pantalon, et ils entendirent le liquide chaud couler sur les feuilles juste à côté. Jonas soupira avec contentement, avant de baisser le regard et apercevoir les deux visages à ses pieds. Il ouvrit la bouche...
Leur plan, en soit, était assez basique mais prometteur compte tenu de leurs ressources limitées. Deux hommes contre cinq, lourdement armés… vraisemblablement ils ne faisaient pas le poids. Eohdred acquiesça dans l’ombre aux propos du gondorien, sans qu’il puisse pour autant avoir la certitude que ce dernier le verrait. Il ignorait pourquoi le gondorien semblait mieux tenir que lui la truite et la gnole de la veille. Pourtant le Rohirrim n’avait pas la nature fragile et avait traversé bien pire lors de sa campagne de reconquête de Gundabad.
Il serra les dents aux implications sous-entendues de son compagnon d’infortune. Qui sait seulement les raisons qui auraient poussées un jeune homme tel que Fannaed à prendre la voie des brigands et des criminels ? Quelle était sa situation familiale, était-il orphelin, comme bien d’autres désormais en ces terres ? La faim justifie les moyens disait-on mais tout de même… le cavalier n’était pas sûr de vouloir connaître le fameux « sort » auquel Thadron faisait référence. Et à l’heure actuelle, il fallait bien admettre que cela était le cadet de ses soucis.
Car les brigands ne donnaient aucun signe de vouloir se mettre au repos, bien au contraire. Des ordres furent donnés et bientôt le camp allait être levé à nouveau pour voyager à couvert de la nuit, comme eux auparavant. Le sort semblait s’acharner sur leur mission… Pas le temps de se concerter à nouveau, il faudrait improviser et y aller à l’instinct… Eohdred lâcha la poignée de son épée pendue à sa ceinture et s’empara d’une poignée généreuse de terre grouillante de… mieux valait ne pas définir les détails. Il retint un élan de nausée à nouveau mais son regard ne quittait pas le dénommé Jonas qui se dirigeait à présent vers eux pour se soulager avant le grand départ.
Il n’attendit pas qu’il puisse donner l’alerte, le cavalier bondit et lui enfourra avec force le contenu de sa main dans la bouche, l’entrainant au sol avec lui et le maintenant là tandis que sa deuxième main attrapait un caillou de taille généreuse. Il vit la lueur de panique dans le regard, essayant en vain de se libérer de son emprise et de recracher la terre et les vers qui se frayaient un chemin dans sa gorge. Ses gestes même l’écœuraient. Ce n’était pas une bataille, pas une guerre ici. Il n’en tirerait aucune fierté, aucune gloire. Et ce visage viendrait s’ajouter à ceux qu’il avait aidé de passer de vie à trépas. Le rohirrim utilisait ses genoux pour maintenir ce torse au sol et la main relevée avec le caillou, il attendit. Il attendit, maintenant la bouche ouverte du criminel pour l’empêcher de cracher.
Un renâclement d’une monture, et une interjection de ces brigands. Qu’il soit suffisamment fort… Et profita du bruit éphémère pour frapper. Un coup de pierre violent sur la tempe, et il sentit alors le corps du dénommé Jonas se détendre sous sa prise. Sa main meurtrière se mit à trembler et il relâcha la pierre sanguinolente. Mais il n’avait pas le temps de réfléchir ni de regretter ses actes. Il se tourna vers Thadron, un éclat sauvage dans son regard qui n’était plus guidé que par l’instinct. Il lui murmura sur un ton autoritaire :
- Toi. Chevaux. Moi. Egon.
Et sans même attendre son approbation il fila dans l’obscurité, se maintenant au plus proche du sol. Il ne pourrait dégainer qu’au dernier moment… éviter le bruit si reconnaissable du fer contre un fourreau… il contourna le feu provisoire, resta dans l’ombre… et accéléra le pas. Bientôt ils ne pourraient plus compter sur la discrétion. Les minutes semblaient filer entre leurs doigts, accélérant les battements frénétiques de son cœur de combattant aguerri. Il tenta de son mieux de se faufiler derrière l’arbre auquel était attaché le marchand… mais il était déjà tenu en silence par l’épais torchon sale que Shpak finissait de sécuriser à l’arrière de sa tête… Sa main alors prit possession de son poignard à l’arrière de sa ceinture… si seulement il pouvait l’atteindre avant qu’il ne le voit…un coup, sur la gorge, c’était tout ce qu’il faudrait…
Hélas une fois de plus le destin en décida autrement. Le brigand relevait les yeux, le travail effectué, lorsqu’il vit Eohdred à quelques pas de lui. Il voulut sonner l’alerte mais il se projeta alors contre lui. Le cri fut peut-être interrompu mais le combat était lancé à portée de la lumière du feu de camp. Le cavalier jeta son poignard aux pieds du marchand et n’eut pas le temps de dégainer son épée qu’un coup violent l’accueillit sur la mâchoire. Une giclure de salive s’échappa de ses lèvres et il encaissa un coup à l’estomac ensuite. Il était inutile de continuer ainsi à mains nues alors que son adversaire avait un épais gambison… Eohdred se releva avec difficultés et envoya un coup de pied dans les jambes de Shpak pour lui faire perdre momentanément l’équilibre. Et dégaina son épée.
La garde avait été d'une difficulté que Thadron n'avait pas souvent connu. Ses paupières se fermaient sans cesse alors qu'il maintenait tout ce qu'il pouvait pour se maintenir éveillé. Il regardait au loin les flammes du camp, elles dansaient alors que la tête de Thadron pesait de plus en plus lourd et que la douce chaleur du sommeil l'enveloppait. Un éclat de conscience et il releva aussi vite la tête avant de replonger à nouveau dans ce ballet infernal.
Il était exténué si bien qu'il eût l'effet d'une douche glacée en voyant Eohdred bondir à côté de lui pour neutraliser le garde qui s'était approché d'eux. Il ne l'avait même pas vu, sa garde avait été vaine. Le sommeil couplé à la truite et au saké avait été plus fort. Il regarda sans rien dire Eohdred tuer le garde, il y avait des morts glorieuses et celle ci n'avait rien de glorieux, c'était d'une sauvagerie sans nom qu'il n'aurait jamais attribué à Eohdred s'il ne l'avait pas vu faire. Manquant d'expérience, Thadron aurait sûrement dégainé son épée quitte à abandonner la discrétion et à affronter ces cinq ennemis lourdement armés seul.
Ehdred était semblable à un guépard, il était animé d'une bestialité que Thadron n'avait jamais vu. Il ordonna bien vite à Thadron d'aller s'occuper de libérer discrètement les chevaux et il obtempéra d'un signe de la tête tout en se dirigeant à pas feutrés vers les chevaux, accroupis essayant de se la jouer discret. Il s'approcha d'eux, heureusement pour lui, ils avaient été attachés un peu en dehors du campement, dans une zone peu éclairée, à côté d'un petit bosquet. Il arriva derrière eux essayant de les calmer au possible pour ne pas qu'ils fassent le moindre bruit, le moindre renâclement qui aurait pu alerter l'ennemi. Avec précaution, il desserra au maximum les nœuds pour qu'ils puissent monter dessus et que les cordes se défassent en tirant un peu. Il n'aurait pas fallu qu'ils partent dans la plaine sans leurs cavaliers. Une fois la mission effectuée, Thadron se retourna en direction d'Eohdred pour le voir aux prises avec le garde nommé Shpak, ce dernier avait l'air d'un grand benêt mais son côté idiot ne le rendait pas moins dangereux pour autant. Thadron fit aussi vite qu'il le pût et aussi discrètement que possible le tour du campement pour rejoindre leur position. A moitié à genoux, Thadron arriva près des pieds de Shpak et il profita que ce dernier soit concentré pour Eohdred pour dégainer sa lame et la planter profondément dans l'intérieur de la cuisse du mercenaire. Un immense cri de douleur résonna alors dans la clairière auparavant si paisible, il en était fini de la discrétion. L'heure était au combat rangé. Dans un ultime mouvement de préparation Thadron se releva et arracha d'un geste brutal le bâillon du marchand. Il commença à couper ses cordes avec son épée espérant que celles ci fussent de mauvaise qualité.
Forlong Tribun Militaire d'Arnor
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Dim 8 Sep 2024 - 17:25
La chance souriait enfin à Thadron et à Eohdred. Le mercenaire gondorien aurait du être intercepté par les deux brigands au moment de s'approcher des chevaux, mais ces derniers avaient décidé de s'occuper d'abord de replier la tente rudimentaire qui se dressait dans un coin du campement provisoire.
Cela avait permis au gondorien non seulement de défaire les noeuds, mais aussi de venir en aide à son allié - ensemble, ils avaient réussi à se débarrasser du dénommé Shpak. L'heure n'était plus à la discrétion, les trois brigands restants s'approchaient à présent, alertés par l'agitation et le cri inhumain de leur malheureux compagnon.
Les cordes autour des poignets du marchand n'étaient pas de mauvaise qualité, mais il avait déjà commencé le travail lui-même lorsqu'Eohdred lança le couteau à ses pieds. Quelques coups supplémentaires de l'épée du mercenaire suffirent pour le libérer.
-Arc! - grogna Egon d'une voix rauque.
Flannaed décocha une flèche, et le gondorien agenouillé ressentit une douleur brûlante au niveau du mollet - il n'avait pas eu le temps de tenter une esquive. L'empennage coloré dépassait de la flèche plantée dans sa chair, alors qu'une tâche sombre s'étendait sur son pantalon.
Le marchand, conscient de la gravité de la situation, resserra sa prise sur le manche du poignard d'Eohdred et s'élança dans la direction des deux autres bandits avec une énergie désespérée. La lame courte s'enfonça sous l'aisselle du premier, mais la brigandine cloutée qu'il portait absorba la plupart de l'énergie du coup. L'homme barbu grogna, et donna un coup du manche de sa massue renforcée de métal dans le ventre du marchand, qui s'écroula à genoux, le souffle coupé. Il vit son adversaire lever la massue au-dessus de sa tête, prêt à porter le coup de grâce.
L'autre rohirrim s'approchait déjà de Thadron. Pas très grand, il avait les épaules larges d'un paysan et une grande moustache blonde. Il était armé d'un fauchon; la lame reflétait de manière menaçante les flammes rouges du feu de camp. Le combat gladiatorial avec trois guerriers de chaque côté allait bientôt se transformer en bain de sang. Du côté de l'escorte, Eohdred était le seul à s'en être sorti indemne jusqu'à là, hormis peut-être le goût de sang dans la bouche après le coup de poing de Shpak. Le vétéran de la bataille de Gundabad allait-il mourir dans ses forêts natales?
A la surprise de tous, Flannaed fit soudainement volte-face et se mit à courir vers les chevaux. Voyant que les noeuds qui les maintenaient en place étaient défaits, il sauta en selle. D'ici une poignée de secondes, il disparaîtrait dans la nuit.
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Boreac Epée d'Acier Garde des Compagnies d'Argent
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Le cri à la fois strident et guttural résonna dans le calme de la forêt alors que sa chair se déchirait sous la puissance de la flèche, aussitôt il chuta lourdement au sol se tenant le mollet. Il ne fallait pas.... il ne fallait pas, surtout pas, retirer sa flèche sinon, il allait mourir s'en était presque sûr. Un voila blanc passa devant les yeux du Gondorien mais il se concentra, il ne devait pas s'évanouir par maintenant.
Il vit Egon voltiger sous l'impact de la masse, il aurait juré entendre les côtes du marchand se briser sous l'impact mais il avait d'autres problèmes bien plus impérieux désormais, un larron s'approchait de lui armé d'une épée qui avait l'air d'en avoir vu d'autres mais qui avait sûrement du pénétrer d'autres chaires.
Sous l'impact de la flèche, Thadron avait lâché son épée, elle était à portée de main mais la poignée était du mauvais côté. Dans un élan accompagné d'un énième et maintenant habituel cri de douleur, le mercenaire se saisit de l'épée par la lame. Il la souleva d'un élan de force et dans un mouvement de balancier pivota sur lui même, toujours à moitié au sol et s'en servit comme d'une masse, la poignée et la garde de l'épée frappèrent avec puissance le visage du guerrier qui ne s'était pas attendu à ça. Il chuta au sol et Thadron sauta sur lui toujours l'épée dans la main. Il frappa, frappa, frappa, frappa le visage du bandit avec la poignée et la garde de son épée. Des gerbes de sang ne tardèrent pas à fuser dans tous les sens recouvrant le visage du bellâtre. Il hurla un cri de fureur alors qu'il retournait enfin la lame pour la planter férocement dans la gorge de sa cible. Un bruit de chair déchiré resonna assorti des gargouillements de la gorge du bandit qui désormais rejoignait ses ancêtres. Il tourna la tête entendant des bruits de sabots derrière lui, Flannaed fuyait... le lâche, cela ne le surprenait pas outre mesure. Il lui adressa une féroce menace:
- Fuis ! Fils de catin ! Je te retrouverais, j'aurais ta tête et je balancerai aux porcs ! Fuis !
A genoux à côté du cadavre de sa proie, Thadron était couvert de son sang lui donnant une allure bestiale, il s'appuyait sur la garde de son épée plantée dans le sol. Le souffle court, le regard hagard il semblait habité d'une fureur guerrière que rien ne pouvait arrêter:
- C'est pour cela que vous vous battez ? Pour un chef qui fuit ! Barrez vous ou vous connaîtrez le même sort que votre ami, votre mort n'est pas nécessaire ! FUYEZ !
Cependant, il n'avait pas vu que la fin du marchand était proche et la quête bientôt échouée.
Kryss Ganaël Apprentie des Ombres
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Son strident d’une lame sortant de son fourreau, le cavalier du Rohan raffermit sa prise sur la poignée familière, tirant ses forces du poids de son épée. Trop de sang avait versé ces derniers mois, il n’avait pas souhaité sentir à nouveau l’odeur du sang ni entendre les cris des blessés avant longtemps… faisant ressortir dans son esprit des souvenirs trop frais de Gundabad. Il cligna des yeux un bref instant, se ressaisit et évita de justesse un coup de son adversaire. Ils s’échangèrent quelques coups, les dents serrés de concentration. Gagner du temps… le temps que le marchand se libère. Mais le coup reçu dans le ventre avait mis à mal sa respiration et sa côte déjà endolorie de ses précédents combats. Il ne vit même pas arriver par derrière Thadron qui lui prêta alors main forte et ensemble, ils mirent fin à cet ennemi nommé Shpak.
Il entendit au dernier moment l’alerte d’Egon, son regard cherchant la menace. Trop tard, tandis que le cri du gondorien résonna dans les cimes. Il commença à courser le jeune archer mais du coin de l’œil il aperçut le marchand en difficultés, au sol… et sa mission revint à son esprit. Avec un cri de frustration il lâcha donc sa cible et revint en arrière vers ses deux compagnons… Du moins, il fit ce qu’il put. Il cracha une gerbe de sang et leva son épée de ses deux mains dans le dos de celui menaçant Egon. Et frappa de toute ses forces. Son ennemi tomba à terre mais se retourna, lui envoya un coup de masse qu’il évita de justesse en bondissant en arrière. Il lui fallait absolument l’éloigner du marchand.
- Je te donne deux secondes pour te relever, sinon je t’achève au sol.
A quoi bon, vraiment, cet élan d’honneur alors qu’il avait précédemment tué un malandrin en train de pisser avec une poignée de terre remplie de vers et une pierre contendante ? Il n’aurait su le dire. Il espérait seulement que l’attention du voleur était sur lui et non pas sur Egon. Il recula d’un pas, l’amenant à lui… Du coin de l’œil il vit Thadron se débrouiller comme un chef. Comme quoi sa belle épée et armure n’étaient pas que pour le style. La lutte reprit, masse contre épée. De suite il était plus avantagé de part sa portée allongée. Il devait bien le voir, qu’il ne s’en sortirait pas vivant. C’était fini. Sauf si… Non. Il ne risquerait pas de blessures supplémentaires pour l’interroger. Leur mission était simple : escorter Egon. Tant pis pour le gosse. Eohdred chargea, pointe en avant…et transperça l’homme qui lui faisait face.
Le souffle court, il dégagea sa lame d’un coup de pied sur le torse du vaincu et l’essuya sur le gambison tâché. Un regard vers le Gondorien qui invectivait le fuyard. Il avait l’air encore énergétique, ou bien était-ce l’adrénaline du combat qui le tenait debout malgré sa blessure ? Toute son énergie à lui semblait s’échapper de son corps et sa main tremblait légèrement sur la poignée de son arme. Il se dirigea donc vers Egon et s’agenouilla auprès de lui pour vérifier son pouls et son état… Puis s’adressa à Thadron :
- Encore en vie ? Tu devrais cautériser ça… besoin d’un coup de main ?
Puis une pensée plus pour lui-même :
- On devrait partir rapidement… avons-nous les chevaux encore ? La marchandise ?
Tous les chevaux n’avaient pas fuis… les leurs étaient normalement éloignés du campement. Ils les avaient attachés plus loin pour ne pas alerter les brigands. Il espérait que Flannaéd ne les ait pas récupéré dans sa fuite, sinon…leur route n’annonçait bien longue et vaine…
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Dim 29 Sep 2024 - 20:35
"FUYEZ" - le rugissement du gondorien résonna dans l'air nocturne, mais il était trop tard. Le bandit était déjà engagé dans un duel à mort avec Eohdred, qui tentait de l'éloigner du marchand. L'élan d'honneur du rohirrim aurait pu leur coûter la vie et la réussite de leur mission, mais heureusement pour lui, même en donnant l'opportunité au brigand de se relever, il réussit à prendre le dessus. L'épée du vétéran de Gundabad traversa le gambison épais et mordit profondément la chair de son adversaire.
Le combat était terminé. Le marchand se releva tant bien que mal, le visage pâle. Le diagnostic initial du mercenaire était probablement juste. Le coup brutal du manche de la massue avait sans doute brisé des côtes. Egon regarda autour de lui. Le silence avait repris possession des lieux, dérangé seulement par le chant des cigales et le crépitement du feu. Un contraste étrange avec la scène de massacre qui s'étendait dans le campement des brigands. Quatre corps gisaient au sol dans des positions grotesques. Jonas, le crâne éclaté à coup de pierre et la bouche encore remplie de terre grouillant de vers. Shpak, allongé face au sol dans une flaque de son propre sang. L'adversaire de Thadron adossé à un arbre, ses mains sans vie encore posées sur sa propre gorge alors qu'il essayait en vain d'empêcher son sang de quitter son corps. Et l'homme qui avait failli tuer le marchand, épinglé comme un papillon géant par l'épée du rohirrim, ses yeux grand ouverts dans un dernier regard plein de surprise et de reproche.
Seul Flannaéd avait manqué à l'appel. Qu'est-ce qui avait causé la fuite du jeune infiltré alors que les bandits avaient encore une chance non-négligeable de remporter le combat? Les aventuriers devraient se contenter de leurs suppositions à ce sujet, à moins de rencontrer à nouveau le rouquin. En tout cas, le rattraper semblait impossible. Flannaéd avait profité des cordes relâchées par Thadron pour faire fuir les autres chevaux en partant. Leur seule option était de retrouver ceux que le rohirrim et le gondorien avait laissé bien avant d'arriver au campement.
Marstak écarta Eohdred d'un geste de la main impatient, puis regarda longuement ses deux gardes du corps. Un véritable caléidoscope d'émotions traversa son visage. D'abord de la surprise, puis de la colère, comme s'il s'apprêtait à leur passer un coup de savon pour ce qui était arrivé. Puis de la confusion, de la fatigue et enfin du soulagement.
-Merci. Vous vous êtes bien battus.
Puis, en fronçant les sourcils il répondit à l'interrogation du rohirrim, même si elle ne lui était pas adressée:
-Mon cheval et les sacoches ont disparu. Je crois pas que le gamin soit parti dessus, mais il l'a fait fuir. Vous êtes là pour assurer notre survie, alors je vous laisse décider si on devrait perdre du temps à le chercher ou pas. Le montant exact de votre récompense sera impacté par la présence ou l'absence des sacoches, mais dans tous les cas vous serez payés. Et les autres chevaux, ils sont où?
***
Leurs trois autres chevaux étaient heureusement encore là où ils les avaient laissés. L'onguent appliqué soigneusement par le marchand semblait faire des miracles, et le cheval qui avait à l'origine porté Flannaéd pouvait voyager à nouveau, bien qu'il serait incapable de galoper.
En vue de leur état, une rencontre avec les Nurniens n'aurait pu avoir que deux issues. La mort ou la captivité. Un cheval qui ne pouvait pas galoper, un marchand aux côtes brisées et un guerrier boiteux. Mais la chance sourit aux audacieux, et leur persévérance fut récompensée par l'absence d'ennemis. Les rumeurs de l'étendue de l'invasion étaient-elles exagérées, ou bien les armées des Dwimmen s'étaient-elles déjà déplacées...? Des questions importantes, mais pas prioritaires pour les trois hommes.
Ils accueillirent avec soulagement la vue des grandes pierres recouvertes de mousse qui marquaient la frontière entre le Rohan et le Gondor. Mais alors qu'ils s'en approchaient, des silhouettes encapuchonnées s'en détachèrent. Vêtus de vert de marron, les hommes se fondaient dans le décor. Seul l'acier froid et brillant de leurs flèches encochées montrait qu'il ne s'agissait pas d'esprits de la forêt ni de druedain.
-Halte! Un pas de plus et vous entrerez sur le territoire du royaume du Gondor. Ce pas sera votre dernier si vous ne justifiez pas votre présence ici ou ne faites pas demi-tour.
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Son ennemi au sol, Thadron s'était allongé de tout son long sur le sol haletant de fatigue et de douleur. Il sentait la chaleur du sang de son ennemi couler sous lui et s'immiscer entre les plaques d'acier finement ouvragées de son armure. Tout tournait autour de lui, le ciel semblait être pris dans un manège des plus déplaisants, les voix semblaient loin et étouffées, seuls parvenaient à ses oreilles le tambour effréné des battements de son cœur. Il vit Eohdred s'approcher de lui d'un air un peu inquiet tout de même. Il lâcha un bref rire:
- Tu ne te débarrassera pas de moi si facilement.
Oubliant presque sa blessure il voulut se relever en prenant appui sur sa jambe blessée. Un hurlement sorti de sa gorge et il tomba aussitôt au sol se tenant le mollet comme il le pouvait. Il grommela de douleur en examinant la plaie de plus près. Il ne l'avait pas loupé. Il hocha la tête en direction d'Eohdred lorsque ce dernier lui proposa de cautériser la plaie. Pendant qu'Eohdred allait préparer le nécessaire il brisa non sans douleur l'empennage de la flèche. Avec précaution, il retira ensuite sa botte centimètre par centimètre, nul besoin d'accentuer la douleur, elle était déjà assez forte comme cela. Il soupira de frustration ensuite en retirant sa jambière et surtout en constatant que la flèche était fichée à un centimètre de cette dernière et évidemment... pas dans l'acier mais bien dans la chaire. Il défit le fermoir en acier et la posa à côté. Il ne restait plus que le pantalon, il attrapa son couteau et coupa avec précaution le tissu pour dégager le plus possible la plaie lorsqu'il vit arriver Eohdred avec son instrument de torture, il lui lâcha:
- Ne prend pas trop de plaisir à me torturer hein...
Il attrapa du bout des mains la ceinture de son ennemi mort, cela irait oui. Il plaça le morceau de cuir dans sa bouche et fit un signe de tête au Rohirrim pour lui faire comprendre qu'il fallait y aller. Il saisit la pointe de la flèche, il allait la retirer d'un mouvement sec, alors Eohdred pourrait cautériser la plaie.
Même la bouche fermée, le cri de Thadron résonna dans la forêt désormais paisible, la ceinture avait servie à ce qu'il ne se coupe pas la langue avec les dents mais la douleur était sans pareil, il aurait presque préféré une seconde flèche dans le mollet. Toutefois cela l'empêcherait au moins de mourir, il sombra dans l'inconscience, se réveillant quelques secondes après.
La douleur que ressentait Thadron était lancinante et parcourait tout son corps, époussetant les pensées cohérentes qui auraient encore pu lui venir à l'esprit. Il n'avait perdu que peu de sang fort heureusement, un bandage sommaire fut posé sur son mollet, il fallait repartir. Avec l'aide d'une branche solide, il marcha la courte distance qui les séparait fort heureusement des chevaux. Il eût fallu l'aide d'Egon et d'Eohdred pour le hisser sur sa selle, la scène devait être grotesque vu de l'extérieur, un marchand aux côtes brisées aidant un cavalier estropié à se hisser sur son cheval. L’ascension de Thadron arracha quelques grognements de douleur forts désagréables aux deux comparses, heureusement qu'Eohdred semblait en meilleure forme qu'eux.
Il était resté muet la plupart du trajet qu'ils avaient effectué. Il se sentait profondément coupable, honteux, atteint dans son orgeuil et dans sa fierté de s'être fait berné par un blanc bec comme ce Flannaèd, une rancoeur profonde envahissait à présent le coeur du mercenaire mais s'il ne se rendait pas encore compte il en ressortait meurtri mais grandi, une leçon de vie comme le disent les plus anciens qui servirait à l'avenir à Thadron. Il n'avait que quelques mots:
- Le matériel ça se remplace...
Finalement ils furent de nouveau arrêtés par des adversaires, cependant un sourire soulagé parcourut Thadron. C'était les Rôdeurs de l'Ithilien, les gardes frontière du gondor. il approcha sa monture pour s'adresser à l'homme:
- Je suis Thadron d'Osgiliath, je suis en mission pour la Compagnie du Sud, nous venons du Rohan où nous avons été attaqué par des bandits. Nous sommes attendus.
Il inclina la tête en saluant respectueusement l'homme.
Kryss Ganaël Apprentie des Ombres
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La plaie du Gondorien n’était pas belle à voir. Le brigand ne l’avait pas loupé avec sa flèche. Il en avait vu d’autres, le cavalier du Rohan, mais il était bien soulagé de ne pas être celui qui se l’était pris. On se faisait souvent surprendre par les projectiles en combat. La visibilité limitée des casques, le souffle rauque, les dangers de tous côtés… parfois les boucliers sautaient dans la violence des échanges, les rangs étaient alors difficiles à reformer et parfois les ordres des commandants étaient inintelligibles dans le vacarme des coups d’armes sur armures d’acier sous fond de cris des guerriers pris de frénésie sanguinaires. Et ajouter à cela les cors des différents régiments….
Le regard d’Eohdred se perdit un instant à la vue de tout ce sang versé, hanté par les fantômes d’un passé pas si révolu. Mais la voix de Thadron le ramena à lui, et il hocha de la tête pour confirmer son assentiment. Il attrapa donc un pic d’acier et l’apporta au feu encore vif pour l’attiser. Il tourna la pointe à quelques reprises, soufflant par moment pour s’assurer que le feu demeure et rougisse l’outil de cautérisation improvisé. Il n’avait pas le droit à l’erreur et souhaitait que la tâche soit accomplie le plus rapidement possible pour épargner des souffrances au mercenaire.
Lorsqu’il revint auprès de lui, il vit qu’il s’était emparé de la ceinture en cuir d’un ennemi tombé, et l’agrippait avec détermination entre ses dents. Du courage visible, pour cet homme qu’il avait d’abord jugé peu flatteuse à leur première rencontre à Edoras. Il s’agenouilla auprès de lui et observa son travail pour dégager la plaie et préparer l’opération. D’une voix calme, il déclara.
- Je vais compter jusqu’à trois, prêt ?
Il vit le Gondorien acquiescer et mordre avec force la lanière de cuir avant de retirer d’un coup sec l’embout de la flèche. Eohdred prépara l’angle au-dessus de la plaie, inspira… et appliqua l’acier rougi à « deux » et le maintient qu’une fraction de seconde, tout juste assez pour s’assurer que la plaie ne coule plus. Le cri de l’homme lui arracha l’oreille et il fut persuadé brièvement qu’il allait s’en prendre une. Il réalisa l’instant d’après que le mercenaire s’était évanoui. Voilà pourquoi Eohdred a été épargné, semble-t-il. Une belle synchronisation entre les deux hommes qui commençaient à se comprendre mieux à force d’aventures. Il lui aurait bien proposé un peu de gnole pour lui remonter le moral, mais en vue de leur troubles…digestifs de la veille, il préférait éviter. Ils en avaient bien assez comme ça.
Il ne voulait imposer son aide au mercenaire ni au marchand qui l’avait balayé d’un mouvement de main frustré mais demeura non loin d’eux pour répondre à l’appel au besoin. Une mission qui tenait à un crin de cheval…mais au moins, ils étaient en vie. En ce qui concernait Eohdred, cela était plus que suffisant. Une « réussite » presque. Il vint en aide à Thadron pour se hisser sur sa scelle et reçu malencontreusement un coup de pied sur sa côte endommagé, lui arrachant un grognement de douleur qu’il ne put retenir. Il n’avait pas à se plaindre par rapports aux deux autres, mais il revenait à peine du Siège de Gundabad…il avait pas mal de bosses et de blessures même si elles étaient pour la plupart en rémission. Combien de temps pour s’en remettre totalement cependant…eh. Tout dépendrait du nombre d’ennemis sur la route, pensa-t-il de manière maussade et il garda le silence un long moment tandis qu’ils reprenaient la route, acceptant d’un commun accord de laisser derrière eux les sacoches et la monture du marchand, perdus.
Ils continuèrent ainsi, fatigués et meurtris, mais furent enfin graciés par un brin de chance car ils ne rencontrèrent pas d’autres brigands ou nurniens sur leur route et ils furent soulagés de voir apparaître devant eux la frontière du Royaume voisin. Et ce, même s’ils furent arrêtés par des gardes. Ils avaient bien raison d’être alertes sur les nouveaux venants, surtout avec un pays en guerre non loin. Il laissa Thadron prendre les devants pour les présentations. Il n’était pas Gondorien, ni mandaté par la Compagnie du Sud personnellement… il était juste un volontaire, envoyé sur les routes par le fruit du hasard, espérant trouver des indices sur la localisation des rescapés de l’Est… peut-être sa femme s’était-elle réfugiée là-bas, en terres gondoriennes ? Cela était son espoir. Ainsi sa présentation fut beaucoup plus brève :
- Eohdred de l’Estenmet, cavalier de la Compagnie d’Orwen. J’escorte Egon Marstak, Grand Marchand de la Compagnie du Sud ici présent.
Il le désigna d’un signe de la tête, avant de saluer à son tour respectueusement. Mais sa main était sur la poignée de son arme, par méfiance. Il espérait que cela soit fini, et qu’enfin ils pourraient se reposer et s’occuper de leurs blessures. La route avait été longue et périlleuse depuis les Monts Brumeux… Il regarda autour de lui pour s’assurer qu’il ne s’agisse d’une embuscade, et rapprocha sa monture de celle d’Egon.
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~ GRIMOIRE ~ -: Dunadan d'Arnor -: Quarante Ans -:
Mer 9 Oct 2024 - 23:44
Ils avaient décidé d’abandonner la recherche du cheval de trait ainsi que de sa précieuse cargaison. Une sacrée surprise attendait celui qui tomberait dessus par hasard…ou peut-être que la monture retrouverait son chemin jusqu’à Edoras, répandant ainsi des fausses rumeurs sur le triste sort de son maître? La décision avait été prise de manière unanime - les aventuriers semblaient avoir eu assez d’émotions pour ce trajet, et souhaitaient seulement arriver à Osgiliath en vie.
Les rangers d’Ithilien n’avaient pas baissé leurs arcs lorsque Thadron s’approcha d’eux - ils étaient méfiants. Malheureusement pour Egon, ses papiers étaient eux aussi restés dans les sacoches. Le nom Marstak était connu, mais le visage du Grand Marchand moins. Il leur fallut des longues minutes de négociations et d’interrogation intense pour convaincre les soldats du Gondor de leur identité et de la véracité de leurs dires.
Avant de les laisser partir, l’officier des rangers leur demanda:
-Quelles sont nouvelles de la Marche? Comment se présentent les choses à Edoras, et avez-vous aperçu des mouvements des troupes nurniennes pendant votre trajet?
Une fois arrivés sur le territoire gondorien, une partie de la tension accumulée par le groupe se dissipa. Le trajet sur la Grande Route de l’Ouest était plus rapide, et ils n’avaient plus besoin de voyager de nuit. De temps à autre ils croisaient des patrouilles gondoriennes. A un moment, ils étaient aussi tombés sur un campement d’artistes itinérants mais Egon ne voulait pas s’y arrêter.
Enfin, la vue sur Osgiliath, ancienne capitale du Gondor et siège de la Compagnie du Sud s’offrit à leurs yeux. Avant de pouvoir se mettre d’accord sur la suite, les trois hommes furent séparés par la milice marchande. Marstak fut emmené dans les quartiers réservés aux membres de la Compagnie, Eohdred dans une bâtisse plus modeste mais confortable où il reçut un repas chaud et un lit. Thadron quant à lui fut emmené à l’infirmerie. Le diagnostic du guérisseur n’était ni catastrophique ni prometteur. La plaie n’était pas infectée, mais la flèche avait abîmé des nerfs, et il était probable que le gondorien blond boîte jusqu’à la fin de ses jours.
Le lendemain, les deux hommes furent convoqués au siège de la Compagnie du Sud. Il s’agissait d’un palais antique, rénové et embelli, situé sur la rive occidentale de l’Anduin. On les guida jusqu’à un grand bureau dans une des ailes de la bâtisse. Egon les y attendait; il avait remplacé ses habits de voyage par les tissus coûteux dignes d’un Grand Marchand. Ses cheveux et sa barbe étaient soigneusement taillés et coiffés. Invitant les deux hommes à s’asseoir d’un geste de la main impatient, il dit:
-Messieurs. Nous voilà à Osgiliath, saufs bien que pas entièrement sains. Comme convenu, je ne pourrai pas vous accorder l’intégralité de votre rémunération, car mes sacoches et leur contenu ont été perdus lors de l’escarmouche - il leva la main comme pour empêcher les protestations éventuelles - même si les ennemis n’étaient pas ceux auxquels on s’attendait, il est impossible de nier que votre intervention m’a sauvé des mains des brigands. En plus de votre paiement en or, je vous laisse donc les chevaux qui nous ont emmenés jusqu’à là. Thadron, vous recevrez ma recommandation pour accéder au rang de caporal dans les troupes de la Compagnie du Sud. Quant à vous, Eohdred, ne seriez-vous pas intéressé de travailler pour nous? C’est généralement un emploi moins ingrat que de servir dans l’armée, et la solde est bonne.
Son regard se posa sur un document signé et scellé posé sur son bureau. Il grimaça:
-Pour votre information, j’ai également donné les ordres nécessaires pour accéder à la demande du capitaine Fridwald. Le Rohan bénéficiera de l’aide matérielle de la Compagnie du Sud, des ressources pour soutenir l’effort de guerre. Un Marstak respecte sa parole.
Après avoir répondu aux questions des deux hommes, Egon les salua et indiqua la porte d’un geste poli mais ferme. L’escorte du Grand Marchand jusqu’à Osgiliath était terminée. En sortant, les deux hommes passèrent à côté d’un grand tableau sur lequel se trouvaient les avis de recherche postés par la Compagnie du Sud. A côté de Vim, l’infâme contrebandière, un autre visage familier ornait à présent un des avis de recherche: celui de Flannaéd.