6 résultats trouvés pour Fendral

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Sujet: Le venin dans nos veines
Learamn

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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 18 Fév 2024 - 21:55
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De son œil valide, il suivait du regard ce petit être qui croyait naïvement pouvoir lui échapper, sautant ainsi de ponton en ponton à travers les ruines de l’ancienne ville que son illustre parent avait réduit en cendres des siècles plus tôt. Lui ne pouvait point s’élever dans les airs au-dessus de ces ridicules bâtisses de bois et de chaume, il ne pouvait point faire surgir les flammes infernales pour consumer ces misérables existences. Et pourtant, dans le regard de ceux-ci, se lisait le même effroi qu’avaient ressenti leurs ancêtres quand l’ombre du dragon avait plané sur leur cité. L’issue était toujours la même: une mort sanglante et brutale. L’excitation faisait frémir ses naseaux.

Cela faisait peu de temps qu’il nageait dans les eaux froides du Long Lac, un milieu dans lequel il se sentait parfaitement confortable. La brume représentait une couverture parfaite pour ses écailles blanches, lui permettant de se faufiler silencieusement au plus près de ses cibles, avant de porter le coup fatal, impitoyable et fulgurant.

Des dizaines de navires reposaient déjà au fond du Lac, pourtant ces êtres étranges s’entêtaient à venir le défier, au mépris de leur propre vie. Prêts à tout risquer pour voler à nouveau ce qui lui revenait de droit. Leur avidité les aveuglait-ils au point où ils ne souciaient plus de leur propre vie? Où était donc l’instinct de survie des curieux animaux marchant sur deux pattes?

De bien étranges créatures. Qui représentaient toutefois un encas tout à fait convenable.

Celui qui lui faisait face semblait pourtant différent. Plus agile, plus rapide, plus malin aussi. Il s’agitait devant lui et criait. Non, il lui parlait. Le ver s’approcha de son adversaire, à la fois pour mieux l’écouter et mieux le tuer.  Sa curiosité avait d’abord été piquée, il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’on lui avait directement adressé la parole de cette manière. Pourtant, face aux élucubrations de sa proie, il s’avoue un peu déçu.

Il lui parlait de fraternité, de bonheur et de Flamme Immortelle. Rien de cela ne faisait sens pour le serpent.

Le mot “Mort” fut prononcé. Celui-ci il en comprenait parfaitement le sens. En guise de réponse, il se dressa majestueusement dans toute sa splendeur, donnant enfin à sa proie l’occasion de voir la force de la nature qui s’apprêtait à la happer d’un coup de mâchoire. Le dragon aquatique poussa un nouveau cri strident, sa fine collerette se déploya pour encadrer son énorme gueule.

Puis il attaqua à nouveau; et une fois de plus ses crocs claquèrent dans le vide. La vermine était parvenue à l’esquiver en bondissant sur le côté. Un nouveau cri, cette fois de frustration. Sans attendre une seconde de plus pour reprendre ses esprits et analyser la situation, il se lança à nouveau.

Cette fois il emporta tout sur son passage. Ses crocs se refermèrent sur le ponton où se trouvait la proie. Le bois craqua sous ses dents, et le goût du sang emplit son palais. Mais ce n’était pas celui de sa cible; des dizaines de débris s’étaient fichés à l’intérieur de sa gueule, provoquant de nombreux saignements et une douleur désagréable.

L’elfe quant à lui avait disparu de son champ de vision.




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L’équipage de l’Azâdî ne pouvait clairement distinguer ce qui se jouait à quelques dizaines de mètres de là. Simplement des cris terrifiants, le vacarme de la lutte et une ombre inquiétante qui se mouvait, tantôt à la surface, tantôt sous les flots sombres.

Seul le Capitaine Fendral, munie de sa longue-vue, parvenait à voir plus ou moins la scène de chasse sur le port de la Vieille Ville. Comme prévu dans leur plan, Sigvald avait capté l’attention de la bête et s’évertuait à l’attirer à l’intérieur de la jetée, entres les quais les plus larges, là où les eaux étaient les moins profondes et où la flotte pouvait encercler le monstre.

L’elfe se mouvait avec une rapidité et une aisance impressionnante, plus d’une fois l’ancien pirate avait cru voir les mâchoires du dragon se refermer sur Sigvald, mais celui-ci parvenait toujours à s’écarter in extremis. Il était désormais si près du but, courant sur l’une des berges qui jouxtait la jetée; mais alors la créature lança une nouvelle attaque immédiatement après la précédente. Jusque-là elle avait patienté quelques secondes entre chacun de ses assauts permettant à l’elfe de reprendre son souffle et de progresser vers son objectif.

Le monstre fit exploser le quai sur lequel se trouvait Sigvald. De là où il se trouvait, Fendral ne put que voir les poutres qui volèrent en éclats, et plus la moindre trace de son allié.

“Merde…Roksâna!”

La jeune fille se tourna vers lui.

“Dites aux rameurs de s’activer, on y va! Que les ballistiers se mettent en position!
-Mais Maître Sigvald a dit qu’il fallait attendre que la créature atteigne les quais…
-Il n’y a probablement plus de “Maître Sigvald” alors traduis mes ordres! Ou alors faut-il que j’aille pagayer moi-même?”

Elle lui lança un regard noir et pendant un moment Fendral craignit qu’elle ne défie son autorité. Si une mutinerie venait à éclater, il y avait fort à parier que l’équipage composé de Rhûnadans prenne le parti de la jeune femme que de l’étranger qu’on avait propulsé à la barre de leur bateau. Pourtant, malgré sa colère, elle lui resta loyale. Elle cria les ordres dans sa langue et les Affranchis s’activèrent sur le pont, épaulés par quelques soldats de Hadden qui maîtrisaient le mécanisme des lourdes armes à projectiles.

“Tirez! Tirez!” Beugla Fendral.
+++”Tirez! À volonté!”+++ Traduisit Roksâna.

La plupart des traits manquèrent leur cible, d’autres rebondirent sur les écailles de la bête, ne laissant aucune trace sur sa peau luisante. L’œil rougeoyant se tourna vers eux.

Fendral esquissa un sourire. Il avait attiré son attention, le duel légendaire pour lequel il s’était déplacé allait enfin pouvoir débuter.

“Allez viens mon joli!”


Si seulement un barde se tenait sur l’une des berges, non loin, pour être témoin de ce moment d’histoire.

#Roksâna


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Sigvald s’en était miraculeusement sorti quasiment indemne de la dernière attaque du serpent de mer. Il avait pu entendre les canines claquaient à quelques centimètres de lui, il avait pu ressentir le souffle du monstre sur sa frêle nuque, il avait senti le plancher se dérober sous ses pieds et la morsure de l’eau glacée engourdir tout ses membres.

Sonné, il s’enfonçait lentement dans les eaux sombres du Long Lac. Le vacarme de la lutte qui se jouait à la surface devenait de plus en plus lointain, les raisons même de toute cette histoire de plus en plus confuse.

Bientôt ses poumons se mirent à brûler, suppliant pour un peu d’air. Mais le froid avait déjà paralysé ses membres, l’empêchant de remonter à la surface tandis que son armure continuait à l’entraîner dans les profondeurs.

C’est alors qu’il était au bord de l’inconscience qu’il la vit. Une lueur dorée qui brillait au fond du Lac, déchirant l’obscurité des abîmes d’un rayon d’espoir.
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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 15 Juil 2023 - 17:56


La brume à la surface du lac était devenue de plus en plus opaque alors que Sigvald luttait contre les visions qui assaillaient son esprit. Le guerrier elfe était seul, affreusement seul face à la menace. Silhouette solitaire sur le rivage. Dans son dos, les ruines de l’ancienne ville, derniers vestiges de la furie destructrice de Smaug le Terrible. Face à lui les eaux sombres du Grand Lac et la menace latente de son parent aquatique. Dernier rempart face à la fatalité de l’histoire. Une Histoire dont le sens était bien ironique. Lui, Cœur-Sombre, l’ancien mercenaire; le renégat au service du Seigneur Sombre. Voilà qu’il se retrouvait dans la position du sauveur des habitants de Lacville. Était-ce là le début d’une nouvelle histoire pour cet être centenaire? Ou alors le dernier chapitre d’une laborieuse rédemption?

Retrouvant peu à peu ses esprits, l’ancien mercenaire s’adressa directement au monstre. Sans artifices ou maléfices. De simples mots entre deux adversaires se préparant à un sanglant duel. On disait des dragons qu’ils étaient fiers et orgueilleux. Voir ainsi un être si insignifiant le défier verbalement, seul sur le rivage, représentait sans nul doute une offense pour un tel être.

La réponse ne se fit pas attendre.

La surface du lac se mit à vibrer, légèrement d’abord. Un simple mouvement, à peine perceptible dans les profondeurs, traduit par de faibles ondulations à la surface. La brume s’épaissit encore, formant un brouillard quasiment opaque, même pour la vision acérée d’un elfe. Les ondulations se muèrent en vibrations, les vibrations devinrent des vagues, les vagues se transformèrent en torrents. Emergeant des abysses, le monstre surgit alors. Ses écailles blanches formaient un camouflage quasiment parfait au milieu des brumes. Seuls ses deux yeux rouges qui brillaient une trentaine de mètres au-dessus de Sigvald, trahissaient sa présence.

Un cri déchira alors le Grand Lac. Un cri strident et aigu qui fit trembler la surface de l’eau et se répercuta jusqu’aux murs de Lacville, glaçant le sang de toute créature se trouvant à des lieues à la ronde. L’on pouvait y entendre un rugissement de colère animale mais certains, ceux dont l’esprit avait été affiné, pouvaient clairement ressentir la tristesse qui se cachait derrière ce hurlement. Un cri de désespoir solitaire. Peut-être même un appel à l’aide.

En guise de réponse, les cieux se mirent à gronder. Un éclair déchira le ciel, mettant en lumière, le temps d’une fraction de seconde, la silhouette longiligne du monstre.

Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! Learou11

L’elfe eut à peine le temps de voir la créature amorcer son attaque. Gêné par la brume, il ne se rendit compte du danger qu’à la dernière seconde. Le ver marin s’était élancé avec fulgurance, projetant sa longue tête en direction du rivage. Sigvald parvint à esquiver in extremis, se retrouvant à quelques centimètres des longs crocs qui claquèrent dans le vide. Malgré son attaque ratée, le ver se rétracta rapidement, n’offrant aucune ouverture à son adversaire, retrouvant la sécurité que lui procuraient les eaux troubles avant de repartir à l’attaque. Un véritable jeu du chat et de la souris était en train de se mettre en place. Et à ce petit jeu-là, la proie du monstre finissait toujours par craquer en premier.


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“Par la barbe de Sardanapale !”

Cette référence à son ancien Seigneur à bord du Pachyderme fut tout ce qui put sortir de la bouche d’un Fendral complètement estomaqué par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. L’attente à bord de l’Âzâdî avait été interminable, de longues minutes durant lesquelles il n’avait pas tenu en place, trop impatient de se retrouver face au plus grand défi de sa longue carrière sur les mers. Ce fut presque avec un certain enthousiasme qu’il avait accueilli les premiers signes de l’arrivée de la bête: la brume, les vibrations du lac. Mais bientôt, l’épopée qu’il s’imaginait s’était mué en cauchemar. D’abord ce long cri l’avait touché au plus profond de son âme, sans qu’il ne sache précisément pourquoi; et à voir les réactions de son équipage, il n’était pas le seul. Puis, la foudre avait révélé la présence du Ver. Le pirate avait vu bien des choses en parcourant les océans d’Arda mais rien qui ne s’approchait, de près ou de loin, à une telle vision d’horreur. Au milieu de la brume, la bête n’avait été visible qu’un très court instant; mais l’image était restée imprimée sur sa rétine.

Ce ne fut que les premiers bruits d’éboulement au loin, vers les ruines de la vieille ville, qui sortirent le capitaine de sa torpeur. Les hostilités entre Sigvald et le monstre avaient été lancées. Malheureusement, à cette distance et avec une visibilité aussi réduite, les grandes balistes du navire de guerre leur étaient bien inutiles. Leurs munitions étaient limitées et il ne tenait à pas les gâcher en tirant à l’aveuglette. Pour l’instant, et malgré les doutes qu’il avait, il devait s’en tenir au plan imaginé par Sigvald. L’Âzâdî ne devait s’approcher que pour porter le coup de grâce, après que Sigvald et les guerriers de Lacville l’aient assez affaibli pour permettre au lourd bateau de naviguer à travers les ruines et tuer le ver.

Au loin il entendit Hadden aboyait ses ordres et des ombres floues se mirent à avancer sur le Lac. Les barges sur lesquelles se trouvaient les soldats d’Esgaroth se dirigeaient courageusement en direction des ruines pour prêter main forte à Sigvald. Encore fallait-il espérer que ce dernier ne soit pas déjà réduit à un amas de chair difforme.
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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Mai 2023 - 10:41

Une dernière fois, les commandants de l’expédition écoutèrent attentivement le plan échaudé par Sigvald. La scène était des plus étranges; voir ainsi un groupe aussi hétéroclite formés de soldats de Lacville, d’anciens esclaves de Rhûn et d’un ancien pirate répondant aux ordres d’un mercenaire elfe en quête de rédemption. D’aucuns auraient cru au début d’une mauvaise blague. Hadden fut le premier à acquiescer à la suite du discours de Sigvald, un air déterminé sur le visage. Roksâna n’esquissa pas le moindre geste mais n’ajouta rien, faute d’avoir un plan plus cohérent. L’Affranchie voyait bien de défauts dans cette stratégie mais au moins avait-elle le mérite d’exister. Fendral se contenta de taper bruyamment dans ses larges mains.

“Alors! Allons chasser du Dragon des Mers. Fendral ish Meh’assel Drukkunim1, cela sonne bien à l’oreille.”

L’ordre de départ était donné et chaque homme volontaire pour cette mission suicidaire se dirigea vers l’embarcation à laquelle ils avaient été affectés. La cinquantaine d’Affranchis aptes au combat embarqua à bord de l’Azâdî; beaucoup prirent place dans la cale sur les bancs de rame afin de pouvoir manœuvrer le navire si le vent n’était pas en leur faveur. Le mystérieux Gardien, l’Oriental au visage masqué fut chargé de commander ce groupe là et transmettre les ordres venus du pont. Une vingtaine de Rhûnadans prirent place sur le pont, près des balistes et des voiles sous l’œil juvénile mais expert de Roksâna qui distribuait ses directives avec une assurance étonnante. A la barre, le Capitaine Fendral aurait la lourde tâche de guider le vaisseau de guerre. Quand il empoigna le bois ouvragé, il sentit monter en lui une excitation qu’il n’avait pas ressentie depuis de longues années. Il était fait pour naviguer, pour guerroyer sur les mers; son sang était fait de sel et houle. Depuis son exil d’Umbar, il s’était perdu mais ce jour-là, le temps d’un voyage, qui risquait fort d’être son dernier, il était de nouveau le Capitaine Fendral.

Plus loin, le reste des troupes prirent place sur les trois barges affrétées par les soldats d’Esgaroth. Les bateaux étaient plats et semblaient bien fragiles au côté du navire oriental mais ils pouvaient accueillir plusieurs dizaines d’hommes tout en préservant une vélocité et manœuvrabilité importante qui pourraient se révéler précieuses dans le feu de l’action. Sigvald prit place sur l’une des barges, qui lui permettrait d’accoster sur la berge de l’ancienne ville avec plus d’aisance que l’Azâdî. Dans un coin du navire commandé par le sergent Hadden, l’elfe put remarquer la présence de Venefica qui manipule onguents et poudres de guérison dans un coin de bateau. Leurs regards se croisèrent et elle lui intima d’approcher.  C’était une belle femme, son visage trahissait une certaine jeunesse mais son attitude faisait preuve d’une maturité déconcertante. Nullement intimidée par la présence d’un être millénaire elle lui dit d’un ton calme:

“La brume qui plane au-dessus des eaux sombres va encore s’épaissir à mesure que nous nous approcherons. Et au cœur du Lac, cette brume est loin d’être inoffensive. A la suite de l’enquête que j’ai mené depuis mon arrivée ici, j’en suis venu à la conclusion qu’elle provoque des hallucinations visant à étourdir et désorienter les victimes du ver. Vous aurez besoin d’un esprit sain pour occire le monstre. Ceci pourrait vous aider.”


Elle lui tendit un flacon d’une lotion bleutée, des volutes de fumée tournoyaient au sein de la petite bouteille en verre.

“Ne buvez pas de cela, cela pourrait vous tuer mais inhalez-en les vapeurs quand vous débarquerez sur le rivage. Cela vous aidera à vous protéger des maléfices du Dragon.”


C’est alors que la voix tonitruante de Fendral retentit et que le départ fut donné. L’Azâdî leva l’encre et déploya sa grande voile tandis que les barges s’élançaient sur les eaux calmes avant de disparaître sur les eaux brumeuses.

Le trajet jusqu’aux ruines de l’ancienne ville, lieu de la dernière rencontre entre Sigvald et la bête, semblait interminable. Un silence de plomb régnait sur toutes les embarcations et les remarques enjouées et cris de guerre étaient restés à quai; tous étaient désormais muet, à l’affût du moindre signe de la présence du dragon. La tension était palpable. Le moindre clapotis sur la surface du lac, le moindre écho lointain, le moindre mouvement inattendu elles effrayaient. Fendral serrait les barreaux de la barre avec tant de force qu’il sentait ses ongles s’enfoncer dans les paumes de ses mains, il avait maintes fois traqué un ennemi qui voguait sur les mers. Mais une cible qui nageait en-dessous d’eux, c’était une autre affaire.
A leur arrivée à l’entrée de la vieille ville, il n’y avait toujours eu aucun signe de vie du dragon. Lentement, ils passèrent devant le lieu où Sigvald avait croisé la route des Affranchis et où Achas avait été mortellement blessé.  Les barges progressèrent encore quelques minutes dans les ruines immergées, l’Azâdî restant en retrait sur le lac de peur de s’échouer sur les restes de bâtiments.  Les hommes d’Hadden manœuvrèrent afin de permettre à Sigvald de mettre pied à terre.


“Bon courage Sigvald.”
Déclara simplement l’officier alors que l’elfe débarquait tout en inhalant les vapeurs de la lotion confiée par Venefica.

Cette fois pas de “Maître” ou de “Commandant”, juste le sincère salut d’un homme envers un être qui avait décidé de tout risquer pour sauver une cité qui n’était pas sienne.


1: Fendral le Tueur de Dragon


#Roksâna #Hadden #Venefica


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L’elfe était désormais seul. Livré à lui-même. Étonnamment, la brume s’avançait également sur les terres, s’infiltrant dans chaque interstices des bâtiments détruits. Là où jadis, les flammes de Smaug le Terrible s’étaient également infiltrées. Plus loin, l’elfe pouvait encore apercevoir les contours de l’Azâdî au milieu du brouillard. Tout devenait de plus en plus flou autour de lui et chacun de ses sens semblaient progressivement s’engourdir. Sa vue faiblissait, son ouïe semblait lui jouer des tours, une forte odeur iodée l’empêcher d’utiliser son nez d’ordinaire si fin pour se repérer.  Mais les eaux, demeuraient désespérément plates.

Au loin, provenant du brouillard, il crut entendre un cri, un long cri déchirant. Le même qu’avait poussé Achas lors de son dernier voyage. Puis, un autre hurlement; cette-fois ci venant d’une voix normalement douce et cristalline. Delaynna était-elle en sécurité?
Il n’eut pas le temps d’y réfléchir que déjà d’autres voix percèrent le ciel sombre. Des voix familières venues d’un autre âge. Celle de son père, celles de ses tortionnaires au temple de Djafa, celles des victimes qu’il avait froidement abattu au nom de l’Œil.

Une autre voix, profonde et rauque, emplit son esprit.


“Sssssouffrance…Tant de ssssouffrance…A quoi bon?....Souffrance…Pourquoi ici?....Que recherches-tu vraiment….Huron Cœur-Sssssombre?”


Était-ce le dragon qui venait de lui adresser la parole? Ou alors de simples hallucinations provoquées par la brume?

Toujours pas de traces physiques du monstre mais sa présence était plus menaçante que jamais. Et Sigvald avait de plus en plus de mal à dissocier le réel de l’imaginaire.
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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 23 Avr 2023 - 20:40

Pendant un très court instant, la peur fut visible dans le regard sombre du marin mais cette inquiétante lueur au cœur de ses pupilles céda rapidement sa place à un sentiment qui avait toujours animé l’ancien pirate. L’excitation d’une bataille homérique, le goût unique de l’aventure, la douce saveur du danger. Un dragon. A l’évocation d’un tel monstre légendaire, il se revoyait vingt ans en arrière, naviguant fièrement les Mers du Sud au-devant de nombreuses menaces pour forger sa légende. Cela faisait bien longtemps que cette flamme avait disparu chez lui, capitaine déchu noyant sa nostalgie dans la cervoise en pays étranger. Et voici que cet elfe étrange était subitement apparu dans sa vie avec son histoire invraisemblable de dragon qui sommeillait au fond du lac, lui offrant sur un plateau d’argent l’occasion de redevenir l’homme qu’il avait été. Que risquait-il? La mort? Le Capitaine Fendral avait disparu depuis bien longtemps dans les canaux de Lacville; et Sigvald lui offrait une chance de le ressusciter.

Le vétéran se leva un peu trop brusquement, bousculant la table et renversant sa chopine sur le bois moisi. D’un air fier et le torse bombé il répondit à la proposition de son interlocuteur sans la moindre hésitation.

“Un dragon? Ah! T’es plein de surprise toi! Bo Neleh’1. Le dernier voyage de Fendral. Ce fera un beau titre pour une ballade non? Allons-y mon ami, allons-y.”



D’un pas étonnamment sûr pour un homme aussi enivré, Fendral se dirigea vers la sortie de la taverne sous le regard soulagé du tenant. Revigoré, il inspira à pleins poumons l’air frais qui vint fouetter leur visage. Subitement pris de nausée, il s’approcha du rivage, se pencha en avant et rendit bruyamment son déjeuner dans les eaux troubles du canal avant de se laver sommairement le visage. Quand il se redressa pour continuer la conversation, il apparaissait parfaitement sobre.

Le plan de Sigvald semblait assez téméraire mais il avait le mérite d’exister. Par expérience, Fendral savait que ce type de combat était quasiment impossible à planifier. Anticiper les mouvements d’une flotte ennemie était possible, prédire les mouvements d’un monstre marin se sentant acculé représentait une tout autre affaire.

“Un appât pour un tel monstre? Tu n’as pas froid aux yeux. Et comment comptes-tu capter son attention? Et tout simplement survivre en cas de succès?”


Pas que le capitaine ne se souciait réellement de la sécurité de cet elfe qu’il venait de rencontrer mais il reconnaissait son culot et était animé par une réelle curiosité. Nul homme sensé ne se mettrait ainsi en danger sans avoir une idée derrière la tête pour survivre. Après tout, Sigvald n’était pas un homme et il semblait encore moins être quelqu’un de sensé.

Ils arrivèrent finalement en vue de l’Âzâdî toujours amarré au port de Lacville, dominant de son imposante silhouette stylisée les bâtiments qui flottaient à côté. Fendral, s’arrêta net et son œil expert analysa rapidement le bateau qu’il avait en face de lui. Il ne put retenir un sifflement aigu qui disait toute son admiration.

“Eh ben! Un vaisseau de guerre de la marine de la Reine Lyra. Où est-ce que tu as bien pu trouver ça toi? Quelle merveille!”

Il finit par remarquer la présence du groupe d’étrangers qui se préparaient à la bataille sur le pont en communiquant dans une langue qu’il reconnut sans pour autant pouvoir la comprendre. Pendant un instant, il crut que pour, des raisons obscures, la souveraine du Rhûn avait envoyé une partie de sa flotte pour voguer au secours des hommes de Lacville mais il remarqua vite que ces Orientaux qu’il allait commander n’avaient rien de soldats. Certaines femmes et hommes semblaient plutôt athlétique malgré une vraie maigreur mais aussi des adolescents et des vieillards aux corps criblés de stigmates. Mais au fond, pouvait-on vaincre un tel monstre même avec les bras les plus musclés du monde connu? Rien n’était moins sûr. Au moins avait-il un équipage avec lui.  

Parmi la foule, il reconnut la frêle silhouette et la chevelure d’argent de cette étrange guérisseuse qui était venu le quérir quelques semaines plus tôt lors de son enquête sur les disparitions du lac. Il ne l’avait pas prise au sérieux à l’époque, et pourtant elle avait peut-être bien eu raison. Il la salua d’un geste de la tête mais ne s’approcha pas de trop près, elle le mettait mal à l’aise.

Une femme à l’allure étrangère vint alors à leur rencontre d’un pas décidé. Elle était grande et belle, pleine d’un charme exotique renforcée par ses mystérieux tatouages qui couraient tout le long de son corps gracieux. Elle parla d’une voix sûre et autoritaire; et bien que Fendral ne comprit pas le moindre mot, il pouvait ressentir tout le charisme qui se dégageait d’elle. Seul problème, elle semblait défier du regard le vieux loup de mer et ne lui faisait manifestement que peu confiance. Une autre fille, bien plus jeune, leur fit rapidement la traduction dans un Commun parfait.

“Dame Nëva ne s’imaginait pas que l’homme capable de manœuvrer l’Âzâdî soit un ivrogne mal dégrossi. Il s’agit là d’un navire unique et…”


Elle fut interrompue par le rire bruyant du Capitaine Fendral qui ne semblait pas vraiment vexé, animé par une assurance déconcertante.

“Nous allons affronter un dragon; votre petite merveille risque fort de couler. Et quand bien même j’arriverai à maintenir ce rafiot à flots, eh bien vous n’aurez plus aucun souci à vous faire; vous n’aurez plus à vous en occuper.”

Nëva adressa un regard à la fois interrogateur et menaçant à Sigvald, se demandant ce que dernier avait bien pu promettre à l’ancien pirate.

De son côté, sans attendre la moindre invitation à monter à bord, Fendral monta à bord du vaisseau de guerre et fit le tour du pont, une expression euphorique sur son visage marqué, comme un enfant découvrant son nouveau jouet.

Les hommes de Hadden avaient affrété trois longues barges de combats et les soldats de Lacville se trouvaient déjà tous sur leurs embarcations respectives, barbouillés de vase pour tenter de masquer leurs odeurs corporelles comme Sigvald le leur avait conseillé.

Lym avait pris le commandement d’un des bateaux, Herric d’un autre et Hadden se chargerait personnellement du commandement de la dernière barge. Le sous-officier s’approcha de Sigvald, qui semblait avoir été officieusement désigné comme le commandant en chef de l’opération.

“Mes hommes se tiennent prêts Maître Elfe. Nous n’attendons plus que votre signal pour voguer vers le centre du Lac. La brume est de plus en plus épaisse cependant, il ne faudra pas tarder.”

En effet, les eaux du lac s’étaient couvertes d’une fumée blanchâtre qui risquait de ralentir grandement leur progression sur les eaux sombres mais qui annonçait également un danger imminent.
Le sergent Hadden reprit:

“Maître Sigvald. Sur quel navire comptez-vous embarquer ? Celui-ci sera immédiatement pris pour cible si vous désirez vraiment servir d’appât. “



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1: Allons-y!

#Nëva #Pantea #Hadden
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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 3 Mar 2023 - 11:13

Le corsaire déchu fronça les sourcils, un air sévère sur son visage. Il n’était pas commun de voir un Premier-Né dans cette taverne mais le loup de mer avait vu bien des choses au cours de ces années en mer et ce n’était pas cela qui allait le déstabiliser. Il écouta la demande du nouveau venu avec attention mais ne réagit pas. Il y eut un long moment de silence, Fendral ne laissant transparaître aucune émotion sur son visage cabossé. Puis, finalement, ses traits se détendirent d’un coup et il partit dans un rire gras. Il était difficile de déterminer s’il se moquait de la proposition de l’elfe ou était réellement amusé.

“Eh bien mon cher! Des siècles d'existence, et aussi pauvre en négoces. C’est un sacré exploit! J’en ai eu des offres de travail loufoques mais alors celle-ci…”


Il se pencha en avant, faisant crisser la table en bois sous son poids conséquent.

“Malheureusement la reconnaissance de cette ville moisie ne paiera pas les courtisanes des Havres… Aller défier un Mal inconnu dont personne n’est revenu vivant sans aucun salaire? Je suis peut-être téméraire mais pas suicidaire.”

Le marin saisit sa chope et en vida le contenu d’une traite.

“Cependant…”

Il marqua une pause pour réprimer un rot qui était subitement monté.

“Cependant t’as du cran. Je dois bien le reconnaître. Et la réputation d’un capitaine comme moi reste à refaire. Les choses vont si vite sur le marché. Vous avez un navire, un équipage et pas le moindre sou. Soit. Qu’est-ce que j’aurais à y gagner? La gloire peut-être…Mais un navire aussi.”


Une lueur ancienne brillait dans les yeux gris du pirate. Une lueur qui n’était plus apparu dans son regard depuis bien longtemps. La lueur de l’aventure qui animait l’âme des hommes comme lui. Une lueur dont l’absence l’avait transformé en l’épave qui hantait les tavernes d’Esgaroth.

“Voici mes conditions, Sigvald de Vertbois. Si jamais nous avons la malchance de survivre. Le navire est à moi. Fais-m’en la promesse et je suis ton homme.“

D’un geste il intima à l’aubergiste de lui remplir son verre encore une fois.

“Alors. Quel est la nature de cet ennemi que nous allons affronter?”
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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag fendral sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 5 Déc 2021 - 17:57


“Une autre!’’

L’homme leva sa chope en direction du tavernier qui leva les yeux au ciel, sans doute lassés par les bruyantes réclamations de son client. Cela ne devait pas faire cinq minutes qu’il avait rempli le verre du bougre de cervoise fraîche. Celui-ci, pourtant, ne semblait pas prêt de s’arrêter.  Il s’agissait d’un homme de forte carrure au crâne rasé. Son visage bardé de cicatrices et sa musculature développée témoignaient d’un passé guerrier; un passé qui semblait plus ou moins lointain à en juger la petite bedaine qu’il tenait au niveau abdominal. Les affres de la vieillesse couplés à une hygiène de vie douteuse  commençaient à faire leur effet sur l’homme, certes robuste mais qui avait perdu de sa superbe. Son bouc grisonnant était parsemé de quelques poils roux venant rappeler la fougue de sa jeunesse tandis que ses yeux s'étaient creusés avec les années au milieu de cernes sombres.

“Cela suffit Fendral! Je n’ai pas envie de te ramasser sur le sol, ivre mort comme la dernière fois. Tu as déjà salopé le parquet une fois, ça suffit! "
- On dit : Capitaine Fendral!
rétorqua bruyamment le client éméché, subitement piqué dans son orgueil.
-Oui, oui si tu veux. Sans bateau, ni équipage, en voilà un beau capitaine.
-Aaah! Moque toi autant que tu le voudras mais si tu m’avais vu à l’époque, semer la terreur à la barre du Pourfendeur. Je sillonnais les mers, inspirant...
-... la crainte et le respect dans le cœur des plus puissants… On connaît par coeur ta rengaine Fendral. En attendant moi je vais devoir fermer.
-Et ma cervoise?”

L’aubergiste poussa un long soupir et consentit à lui servir un dernier verre d’alcool, généreusement coupé avec de l’eau. Cela faisait plusieurs fois que cet énergumène était apparu pour la première fois dans son établissement, démuni et sans le sou. On racontait beaucoup d’histoires à son sujet et sur son identité, lui le premier, mais il était parfois difficile de démêler le vrai du faux. Ce qui était à peut près certain c’était qu’il s’agissait d’un baroudeur, sûrement ancien pirate, ayant fui les havres d’Umbar pour rallier Esgaroth, une ville où il n’avait aucune attache. Toutes les autres informations à son sujet relevaient de la pure spéculation.

La porte de l’auberge s’ouvrit à nouveau. Le tavernier leva les yeux au ciel, espérant sincèrement qu’il ne s’agissait pas d’un de ces bateliers ayant perdu un autre de ses amis sur le lac dans des circonstance mystérieuses et venu noyer la tristesse de son quotidien dans l’eau-de-vie.  Quelle ne fut pas sa surprise quand il découvrit la silhouette élancée d’un elfe aux longs cheveux argentés. De surprise il en laissa tomber le verre qu’il essuyait depuis plusieurs secondes, celui-ci se brisa au sol avec un bruit sourd.  Il avait eu écho de la présence de plusieurs de ces êtres millénaires au sein de la cité afin d’aider à l’enquête sur le mystère du Lac mais jamais il n’avait imaginé en voir un ici, chez lui.

La voix quelque peu tremblante, il accueillit son client avec diligence.

“Je...le...Bienvenue dans la Taverne des Quais Messire. Vous désirez boire quelque chose?”

L’elfe, dont les manières étaient moins distinguées et plus directes que ce à quoi il s’attendait, lui expliqua alors prestement la raison de sa présence ici. Le tavernier haussa un sourcil.

Seconde surprise de la journée.

D’un geste de la tête il désigna l’homme chauve qui avait vidé sa dernière chope d’une traite. Celui-ci, pourtant, ne semblait plus du tout soul comme il l’avait été quelques minutes auparavant. L’air grave, il fixait intensément le nouveau venu qui était à sa recherche.

“Capitaine Fendral pour vous servir. A qui ai-je donc l’honneur? “
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