4 résultats trouvés pour Roksâna

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Sujet: Le venin dans nos veines
Learamn

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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 18 Fév 2024 - 22:55
Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! Dragon10




De son œil valide, il suivait du regard ce petit être qui croyait naïvement pouvoir lui échapper, sautant ainsi de ponton en ponton à travers les ruines de l’ancienne ville que son illustre parent avait réduit en cendres des siècles plus tôt. Lui ne pouvait point s’élever dans les airs au-dessus de ces ridicules bâtisses de bois et de chaume, il ne pouvait point faire surgir les flammes infernales pour consumer ces misérables existences. Et pourtant, dans le regard de ceux-ci, se lisait le même effroi qu’avaient ressenti leurs ancêtres quand l’ombre du dragon avait plané sur leur cité. L’issue était toujours la même: une mort sanglante et brutale. L’excitation faisait frémir ses naseaux.

Cela faisait peu de temps qu’il nageait dans les eaux froides du Long Lac, un milieu dans lequel il se sentait parfaitement confortable. La brume représentait une couverture parfaite pour ses écailles blanches, lui permettant de se faufiler silencieusement au plus près de ses cibles, avant de porter le coup fatal, impitoyable et fulgurant.

Des dizaines de navires reposaient déjà au fond du Lac, pourtant ces êtres étranges s’entêtaient à venir le défier, au mépris de leur propre vie. Prêts à tout risquer pour voler à nouveau ce qui lui revenait de droit. Leur avidité les aveuglait-ils au point où ils ne souciaient plus de leur propre vie? Où était donc l’instinct de survie des curieux animaux marchant sur deux pattes?

De bien étranges créatures. Qui représentaient toutefois un encas tout à fait convenable.

Celui qui lui faisait face semblait pourtant différent. Plus agile, plus rapide, plus malin aussi. Il s’agitait devant lui et criait. Non, il lui parlait. Le ver s’approcha de son adversaire, à la fois pour mieux l’écouter et mieux le tuer.  Sa curiosité avait d’abord été piquée, il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’on lui avait directement adressé la parole de cette manière. Pourtant, face aux élucubrations de sa proie, il s’avoue un peu déçu.

Il lui parlait de fraternité, de bonheur et de Flamme Immortelle. Rien de cela ne faisait sens pour le serpent.

Le mot “Mort” fut prononcé. Celui-ci il en comprenait parfaitement le sens. En guise de réponse, il se dressa majestueusement dans toute sa splendeur, donnant enfin à sa proie l’occasion de voir la force de la nature qui s’apprêtait à la happer d’un coup de mâchoire. Le dragon aquatique poussa un nouveau cri strident, sa fine collerette se déploya pour encadrer son énorme gueule.

Puis il attaqua à nouveau; et une fois de plus ses crocs claquèrent dans le vide. La vermine était parvenue à l’esquiver en bondissant sur le côté. Un nouveau cri, cette fois de frustration. Sans attendre une seconde de plus pour reprendre ses esprits et analyser la situation, il se lança à nouveau.

Cette fois il emporta tout sur son passage. Ses crocs se refermèrent sur le ponton où se trouvait la proie. Le bois craqua sous ses dents, et le goût du sang emplit son palais. Mais ce n’était pas celui de sa cible; des dizaines de débris s’étaient fichés à l’intérieur de sa gueule, provoquant de nombreux saignements et une douleur désagréable.

L’elfe quant à lui avait disparu de son champ de vision.




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L’équipage de l’Azâdî ne pouvait clairement distinguer ce qui se jouait à quelques dizaines de mètres de là. Simplement des cris terrifiants, le vacarme de la lutte et une ombre inquiétante qui se mouvait, tantôt à la surface, tantôt sous les flots sombres.

Seul le Capitaine Fendral, munie de sa longue-vue, parvenait à voir plus ou moins la scène de chasse sur le port de la Vieille Ville. Comme prévu dans leur plan, Sigvald avait capté l’attention de la bête et s’évertuait à l’attirer à l’intérieur de la jetée, entres les quais les plus larges, là où les eaux étaient les moins profondes et où la flotte pouvait encercler le monstre.

L’elfe se mouvait avec une rapidité et une aisance impressionnante, plus d’une fois l’ancien pirate avait cru voir les mâchoires du dragon se refermer sur Sigvald, mais celui-ci parvenait toujours à s’écarter in extremis. Il était désormais si près du but, courant sur l’une des berges qui jouxtait la jetée; mais alors la créature lança une nouvelle attaque immédiatement après la précédente. Jusque-là elle avait patienté quelques secondes entre chacun de ses assauts permettant à l’elfe de reprendre son souffle et de progresser vers son objectif.

Le monstre fit exploser le quai sur lequel se trouvait Sigvald. De là où il se trouvait, Fendral ne put que voir les poutres qui volèrent en éclats, et plus la moindre trace de son allié.

“Merde…Roksâna!”

La jeune fille se tourna vers lui.

“Dites aux rameurs de s’activer, on y va! Que les ballistiers se mettent en position!
-Mais Maître Sigvald a dit qu’il fallait attendre que la créature atteigne les quais…
-Il n’y a probablement plus de “Maître Sigvald” alors traduis mes ordres! Ou alors faut-il que j’aille pagayer moi-même?”

Elle lui lança un regard noir et pendant un moment Fendral craignit qu’elle ne défie son autorité. Si une mutinerie venait à éclater, il y avait fort à parier que l’équipage composé de Rhûnadans prenne le parti de la jeune femme que de l’étranger qu’on avait propulsé à la barre de leur bateau. Pourtant, malgré sa colère, elle lui resta loyale. Elle cria les ordres dans sa langue et les Affranchis s’activèrent sur le pont, épaulés par quelques soldats de Hadden qui maîtrisaient le mécanisme des lourdes armes à projectiles.

“Tirez! Tirez!” Beugla Fendral.
+++”Tirez! À volonté!”+++ Traduisit Roksâna.

La plupart des traits manquèrent leur cible, d’autres rebondirent sur les écailles de la bête, ne laissant aucune trace sur sa peau luisante. L’œil rougeoyant se tourna vers eux.

Fendral esquissa un sourire. Il avait attiré son attention, le duel légendaire pour lequel il s’était déplacé allait enfin pouvoir débuter.

“Allez viens mon joli!”


Si seulement un barde se tenait sur l’une des berges, non loin, pour être témoin de ce moment d’histoire.

#Roksâna


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Sigvald s’en était miraculeusement sorti quasiment indemne de la dernière attaque du serpent de mer. Il avait pu entendre les canines claquaient à quelques centimètres de lui, il avait pu ressentir le souffle du monstre sur sa frêle nuque, il avait senti le plancher se dérober sous ses pieds et la morsure de l’eau glacée engourdir tout ses membres.

Sonné, il s’enfonçait lentement dans les eaux sombres du Long Lac. Le vacarme de la lutte qui se jouait à la surface devenait de plus en plus lointain, les raisons même de toute cette histoire de plus en plus confuse.

Bientôt ses poumons se mirent à brûler, suppliant pour un peu d’air. Mais le froid avait déjà paralysé ses membres, l’empêchant de remonter à la surface tandis que son armure continuait à l’entraîner dans les profondeurs.

C’est alors qu’il était au bord de l’inconscience qu’il la vit. Une lueur dorée qui brillait au fond du Lac, déchirant l’obscurité des abîmes d’un rayon d’espoir.
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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Mai 2023 - 12:41

Une dernière fois, les commandants de l’expédition écoutèrent attentivement le plan échaudé par Sigvald. La scène était des plus étranges; voir ainsi un groupe aussi hétéroclite formés de soldats de Lacville, d’anciens esclaves de Rhûn et d’un ancien pirate répondant aux ordres d’un mercenaire elfe en quête de rédemption. D’aucuns auraient cru au début d’une mauvaise blague. Hadden fut le premier à acquiescer à la suite du discours de Sigvald, un air déterminé sur le visage. Roksâna n’esquissa pas le moindre geste mais n’ajouta rien, faute d’avoir un plan plus cohérent. L’Affranchie voyait bien de défauts dans cette stratégie mais au moins avait-elle le mérite d’exister. Fendral se contenta de taper bruyamment dans ses larges mains.

“Alors! Allons chasser du Dragon des Mers. Fendral ish Meh’assel Drukkunim1, cela sonne bien à l’oreille.”

L’ordre de départ était donné et chaque homme volontaire pour cette mission suicidaire se dirigea vers l’embarcation à laquelle ils avaient été affectés. La cinquantaine d’Affranchis aptes au combat embarqua à bord de l’Azâdî; beaucoup prirent place dans la cale sur les bancs de rame afin de pouvoir manœuvrer le navire si le vent n’était pas en leur faveur. Le mystérieux Gardien, l’Oriental au visage masqué fut chargé de commander ce groupe là et transmettre les ordres venus du pont. Une vingtaine de Rhûnadans prirent place sur le pont, près des balistes et des voiles sous l’œil juvénile mais expert de Roksâna qui distribuait ses directives avec une assurance étonnante. A la barre, le Capitaine Fendral aurait la lourde tâche de guider le vaisseau de guerre. Quand il empoigna le bois ouvragé, il sentit monter en lui une excitation qu’il n’avait pas ressentie depuis de longues années. Il était fait pour naviguer, pour guerroyer sur les mers; son sang était fait de sel et houle. Depuis son exil d’Umbar, il s’était perdu mais ce jour-là, le temps d’un voyage, qui risquait fort d’être son dernier, il était de nouveau le Capitaine Fendral.

Plus loin, le reste des troupes prirent place sur les trois barges affrétées par les soldats d’Esgaroth. Les bateaux étaient plats et semblaient bien fragiles au côté du navire oriental mais ils pouvaient accueillir plusieurs dizaines d’hommes tout en préservant une vélocité et manœuvrabilité importante qui pourraient se révéler précieuses dans le feu de l’action. Sigvald prit place sur l’une des barges, qui lui permettrait d’accoster sur la berge de l’ancienne ville avec plus d’aisance que l’Azâdî. Dans un coin du navire commandé par le sergent Hadden, l’elfe put remarquer la présence de Venefica qui manipule onguents et poudres de guérison dans un coin de bateau. Leurs regards se croisèrent et elle lui intima d’approcher.  C’était une belle femme, son visage trahissait une certaine jeunesse mais son attitude faisait preuve d’une maturité déconcertante. Nullement intimidée par la présence d’un être millénaire elle lui dit d’un ton calme:

“La brume qui plane au-dessus des eaux sombres va encore s’épaissir à mesure que nous nous approcherons. Et au cœur du Lac, cette brume est loin d’être inoffensive. A la suite de l’enquête que j’ai mené depuis mon arrivée ici, j’en suis venu à la conclusion qu’elle provoque des hallucinations visant à étourdir et désorienter les victimes du ver. Vous aurez besoin d’un esprit sain pour occire le monstre. Ceci pourrait vous aider.”


Elle lui tendit un flacon d’une lotion bleutée, des volutes de fumée tournoyaient au sein de la petite bouteille en verre.

“Ne buvez pas de cela, cela pourrait vous tuer mais inhalez-en les vapeurs quand vous débarquerez sur le rivage. Cela vous aidera à vous protéger des maléfices du Dragon.”


C’est alors que la voix tonitruante de Fendral retentit et que le départ fut donné. L’Azâdî leva l’encre et déploya sa grande voile tandis que les barges s’élançaient sur les eaux calmes avant de disparaître sur les eaux brumeuses.

Le trajet jusqu’aux ruines de l’ancienne ville, lieu de la dernière rencontre entre Sigvald et la bête, semblait interminable. Un silence de plomb régnait sur toutes les embarcations et les remarques enjouées et cris de guerre étaient restés à quai; tous étaient désormais muet, à l’affût du moindre signe de la présence du dragon. La tension était palpable. Le moindre clapotis sur la surface du lac, le moindre écho lointain, le moindre mouvement inattendu elles effrayaient. Fendral serrait les barreaux de la barre avec tant de force qu’il sentait ses ongles s’enfoncer dans les paumes de ses mains, il avait maintes fois traqué un ennemi qui voguait sur les mers. Mais une cible qui nageait en-dessous d’eux, c’était une autre affaire.
A leur arrivée à l’entrée de la vieille ville, il n’y avait toujours eu aucun signe de vie du dragon. Lentement, ils passèrent devant le lieu où Sigvald avait croisé la route des Affranchis et où Achas avait été mortellement blessé.  Les barges progressèrent encore quelques minutes dans les ruines immergées, l’Azâdî restant en retrait sur le lac de peur de s’échouer sur les restes de bâtiments.  Les hommes d’Hadden manœuvrèrent afin de permettre à Sigvald de mettre pied à terre.


“Bon courage Sigvald.”
Déclara simplement l’officier alors que l’elfe débarquait tout en inhalant les vapeurs de la lotion confiée par Venefica.

Cette fois pas de “Maître” ou de “Commandant”, juste le sincère salut d’un homme envers un être qui avait décidé de tout risquer pour sauver une cité qui n’était pas sienne.


1: Fendral le Tueur de Dragon


#Roksâna #Hadden #Venefica


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L’elfe était désormais seul. Livré à lui-même. Étonnamment, la brume s’avançait également sur les terres, s’infiltrant dans chaque interstices des bâtiments détruits. Là où jadis, les flammes de Smaug le Terrible s’étaient également infiltrées. Plus loin, l’elfe pouvait encore apercevoir les contours de l’Azâdî au milieu du brouillard. Tout devenait de plus en plus flou autour de lui et chacun de ses sens semblaient progressivement s’engourdir. Sa vue faiblissait, son ouïe semblait lui jouer des tours, une forte odeur iodée l’empêcher d’utiliser son nez d’ordinaire si fin pour se repérer.  Mais les eaux, demeuraient désespérément plates.

Au loin, provenant du brouillard, il crut entendre un cri, un long cri déchirant. Le même qu’avait poussé Achas lors de son dernier voyage. Puis, un autre hurlement; cette-fois ci venant d’une voix normalement douce et cristalline. Delaynna était-elle en sécurité?
Il n’eut pas le temps d’y réfléchir que déjà d’autres voix percèrent le ciel sombre. Des voix familières venues d’un autre âge. Celle de son père, celles de ses tortionnaires au temple de Djafa, celles des victimes qu’il avait froidement abattu au nom de l’Œil.

Une autre voix, profonde et rauque, emplit son esprit.


“Sssssouffrance…Tant de ssssouffrance…A quoi bon?....Souffrance…Pourquoi ici?....Que recherches-tu vraiment….Huron Cœur-Sssssombre?”


Était-ce le dragon qui venait de lui adresser la parole? Ou alors de simples hallucinations provoquées par la brume?

Toujours pas de traces physiques du monstre mais sa présence était plus menaçante que jamais. Et Sigvald avait de plus en plus de mal à dissocier le réel de l’imaginaire.
Sujet: Le venin dans nos veines
Learamn

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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 15 Juin 2021 - 15:58
Le discours de Sigvald avait eu son effet sur les hommes et les femmes sélectionnés par Hadden. L’elfe avait parlé peu mais ses mots avaient visé juste dans le cœur des guerriers. Il n’avait pourtant pas cherché à cacher le danger qu’il s’apprêtait à défier et avait évoqué crûment ce dont la bête était capable. Mais durant son intervention, nul ne pouvait être insensible à la détermination et à la bravoure dont leur nouveau leader faisait preuve. La présence d’un elfe pour les commander était déjà quelque chose d’unique, et quelque part de rassurant, pour nombre d’entre eux. Pour la première fois depuis de longs siècles, Sigvald embrassait sa destinée. Celle d’un leader, d’un guerrier mettant son talent au service du Bien, d’un commandant prêt à mener les siens vers une victoire inespérée. Il était un elfe nouveau. Achas n’était plus là pour être témoin de sa repentance, Delaynna manquait aussi à l’appel mais la Dame de l’Eau avait sans nul doute joué un rôle déterminant dans ce que Sigvald Lingwë était désormais devenu. Elle avait sondé son âme, vu en ce mécréant quelque chose qui méritait d’être sauvé. Quand tous ses frères lui jetaient l’opprobre, elle avait cherché à lui ouvrir les yeux et le guider vers la bonne voie.

Aujourd’hui, et après de nombreuses années passées à les combattre, Sigvald était sur le point de devenir un héros des Peuples Libres.

Une clameur s’éleva au sein de l’équipage et certains se mirent à scander le nom de leur nouveau chef en agitant leurs armes au-dessus de leurs têtes. Lames émoussées, fourches et javelots rouillés; les femmes et les hommes qui étaient prêts à tout risquer pour sauver leur cité n’étaient pas tous de grands guerriers ni même parfois aptes au combat. Mais ils étaient animés par une force bien supérieure que la simple dextérité au combat.




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Le conseil de guerre fut tenu peu après dans une cabine du navire en présence des principaux leaders du groupe hétéroclite. Les hommes d’Esgaroth avaient leur représentant, tout comme les affranchis du Rhûn et au-dessus d’eux, Sigvald sur lequel retombait la lourde tâche de prendre les décisions finales et d’unir ces deux peuples si différents autour d’un but commun.

Le récit que leur fit Roksâna fut glaçant. Il était difficile de déterminer si cela était dû aux informations inquiétantes qu’elle leur présentait et par son comportement à la fois détaché et fascinant. Physiquement, elle ressemblait à une adolescente, mais tout dans ses faits et gestes renvoyait à une maturité que les plus âgés peinaient parfois à atteindre.

Sigvald proposa alors un plan détaillé et complexe impliquant l’intervention de plusieurs groupes, certains au sol et d’autres sur la rivière tout en faisant usage de machines de guerre depuis le rivage. Le plan était ambitieux et traduisait toute l’expérience militaire d’un elfe vieux de plusieurs siècles. Attirer la bête dans un traquenard pour l’immobiliser et la frapper là où sa carapace ne la protégeait pas semblait être la meilleure des solutions. Cependant, une telle approche nécessitait une discipline tactique digne des plus prestigieux des corps armées; un savoir-faire militaire dont ne disposaient ni les Affranchis, ni les hommes de Hadden.

Ce dernier fut le premier à réagir au plan de Sigvald:

“Maître Sigvald…”

Visiblement il avait toujours autant de mal à s’affranchir de ce titre quand il s’adressait à l’elfe. Pour un homme comme lui, la hiérarchie et les marques de respect qui l’accompagnaient étaient sacrées.

“ Votre plan est osé mais il pourrait bien se révéler efficace. Cependant permettez-moi de vous signaler que si la séparation de nos forces semble nécessaire pour surprendre le monstre, la coordination sera compliquée à mettre en place je le crains. La majeure partie d’entre eux ne sont pas des militaires et, malgré toute leur volonté, n’ont pas été formé à la stratégie militaire. De plus, la communication avec les Orientaux qui ne parlent pas la même langue risque d’être délicate. Enfin, je doute fort que les officiers du Comte Saule ou de Toras apprécient le fait qu’on leur emprunte leurs balistes, on peut se débrouiller mais il nous faudra ruser et convaincre, ou tromper, les gardes de la garnison.”

Nevä le coupa alors dans sa langue natale et Pantea s’empressa de traduire les dires de la meneuse des Affranchis.

“L’Âzâdî est un navire de guerre taillé pour parer à toutes les menaces, sa coque devrait résister à plusieurs assauts de la bête et ses cales sont équipées de plusieurs arbalètes à tour qui pourraient nous permettre de frapper de près. Quant à votre stratégie, Roksâna s’assurera que tous suivent les ordres correctement et organisera nos volontaires selon vos directives Sigvald.”


La guerrière du Rhûn, retournée dans son mutisme, acquiesça d’un simple mouvement de tête.

Sur un ton un peu plus hésitant, Hadden enchaîna:

“Sauf votre respect, Maître Sigvald. Si nous suivons votre plan, alors je crains qu’il nous manque une pièce maîtresse pour assurer la coordination entre les groupes. Je m’assurerai avec Lym du commandement des gens d’Esgaroth, quand les Orientaux suivront leur leader tandis que vous serez aux prises avec la bête, face au danger, près des profondeurs du lac. Cependant, le rôle du navire militaire sera prépondérant dans la réussite de notre mission. Tous les hommes d’Esgaroth ont le pied marin mais nous ne sommes pas tous de grands marins de combat. “

Sur ces mots, Nevä et Pantea échangèrent également quelques mots que cette dernière s’empressa de rapporter.

“Nous avons vogué sur des mers hostiles pour nous rendre ici mais ce navire nécessite un oeil expert et une main adroite pour être manoeuvré efficacement dans la tourmente. Le sergent Hadden a raison: il nous manque un capitaine pour tenir la barre.”


Le milicien d’Esgaroth, conforté dans sa proposition par les positions des Affranchis, se permit alors de s’avancer un peu plus près de son nouveau commandant.

“Avant que je ne la recrute, Venefica, la guérisseuse que je vous ai présenté, a mentionné la présence d’un homme qu’elle connaît dans la cité. Un capitaine, un marin aguerri, un ancien pirate en quête de rédemption…J’ignore ce qui le pousserait à se mettre ainsi en danger mais peut-être devrions nous chercher à le voir.”


Visiblement un peu gêné, Hadden se passa une main nerveuse dans les cheveux.

“Comprenez Maître Sigvald, je ne veux absolument pas défier votre autorité. Vous êtes notre meilleure chance pour vaincre ce … ce...dragon. Mais quand vous serez aux prises avec la bête, il nous faudra un homme capable de voguer sur le lac en furie. Quoiqu’il en soit la décision vous revient.”


#Hadden #Sigvald #Achas #Nevä #Roksâna #Pantea #Venefica
Sujet: Le venin dans nos veines
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Long Lac   Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag roksâna sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 15 Fév 2021 - 20:17
HRP : Pas de souci, je suis très content que tu aies trouvé le temps de poster, les choses sérieuses vont bientôt commencer Mr. Green
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Un murmure fila à travers la foule rassemblée sur le pont de l’Âzâdî, quand Sigvald se risqua finalement à évoquer la menace à laquelle ils allaient devoir faire face. Les mots avaient un grand pouvoir, et le cœur des Hommes pouvait rapidement vaciller quand la crainte et le désespoir se saisissaient de lui.

Un dragon.

Certains manquèrent de défaillir à cette mention, et même Nevä, lorsque Pantea lui traduisit la sinistre réalité, parut blêmir. Un dragon. Ce n’était pas possible. Le sergent Hadden, qui avait l’air de ne plus savoir s’il avait vraiment envie de participer à cette affaire finalement, intervint pour calmer les nerfs de ses hommes :

- Allons, allons, il ne peut pas s’agir d’un dragon… Le dernier grand dragon a été tué au cours de la Bataille du Nord, et avant cela, il y avait plusieurs siècles qu’on n’en avait pas vu… Je ne vois pas comment un dragon aurait pu s’installer dans le Long Lac après tout ce temps…

Il jeta un regard vers l’eau, dont la surface lui paraissait tout à coup menaçante et terrifiante. A Esgaroth, peut-être plus qu’ailleurs en Terre du Milieu, on connaissait la puissance des dragons, des grands cracheurs de feu de l’ancien monde, qui déferlaient depuis le ciel en apportant la mort et la désolation. Ils ne voulaient pas croire ce qu’ils entendaient, car si tel était l’adversaire qu’ils devaient affronter, ils feraient peut-être aussi bien d’abandonner leurs foyers, et de s’installer à Dale. Là, l’armée du roi Gudmund pourrait faire quelque chose pour tenir ce monstre à l’écart. Ils n’étaient que des volontaires, même pas des Miliciens, et leurs armes de fortune ne perceraient pas la carapace d’un grand ver.

- Maîtr… je veux dire… Sigvald, pensez-vous vraiment que notre adversaire soit… un dragon ?

Même Pantea semblait douter de leurs chances, tout à coup. Ils ignoraient quelle créature s’était abattue sur eux, mais pensaient sincèrement pouvoir la terrasser avec un peu d’organisation et un soupçon de chance. Cependant, s’il s’agissait d’une créature de légende… ils doutaient de pouvoir véritablement changer quelque chose à la situation. Pour les Orientaux, les dragons n’étaient pas des créatures surgies de nulle part pour détruire le monde et n’engouffrer dans les flammes. Historiquement, ils n’avaient même jamais eu affaire à ces monstres titanesques. Toutefois, ces monstres étaient les engeances de Melkor le Sombre, le seigneur ténébreux qui avait dominé leur royaume pendant tant de siècles, et le dominait encore, d’une certaine façon.

Les Orientaux avaient vu de leurs yeux les ravages que pouvaient causer ces créatures, et ne souhaitaient certainement pas se retrouver dans le mauvais camp, celui des victimes innombrables des cracheurs de feu du Nord, appelés à la guerre par le Dieu Sombre. Les Affranchis étaient épuisés, à bout de forces, et ils n’opposeraient qu’une maigre résistance face à un adversaire aussi formidable. C’était en tout cas ce qu’ils se disaient entre eux, perdant progressivement la foi dans leurs chances de l’emporter alors que le doute s’installait au plus profond de leurs cœurs.

Nevä sentit le vent tourner.

Ils devaient impérativement faire quelque chose pour maintenir la cohésion, et rallier leurs hommes à la cause. Elle-même savait que leurs chances de victoire étaient maigres, mais elle savait également qu’ils n’auraient jamais une aussi belle chance de prouver leur valeur. Abattre un dragon leur garantirait le respect des gens du Lac, leur amitié éternelle, et leur protection quand l’heure serait sombre et difficile. La jeune femme au visage tatoué s’approcha de Sigvald, et lui prit le bras fermement. Son Westron était rudimentaire, mais ses yeux rendaient la traduction limpide :

- Parlez… Parlez…


Elle désigna du menton les gens d’Esgaroth, dont le moral s’effondrait à chaque seconde. « Parlez-leur, et faites quelque chose avant qu’ils ne perdent tout espoir et abandonnent la lutte », était ce qu’elle aurait voulu lui dire, sans le pouvoir. Elle-même, en tant que guide des Affranchis, savait qu’il était de son devoir de faire même pour les siens. Prenant son courage à deux mains, elle se tourna vers son peuple, et les appela au calme.

++ Calmez-vous ! Calmez-vous, mes amis ! ++

Elle parlait la langue des esclaves de l’Est, qui échappait tout à fait au sergent Hadden, mais il se sentit soudainement revigoré par cette voix puissante, affirmée, qui semblait chaleureuse en même temps qu’inflexible. En l’espace d’une seconde, et de quelques mots, il comprit pourquoi les Affranchis avaient fait de Nevä leur cheffe. Sans comprendre ce qu’elle disait, il sentait qu’elle ne souhaitait pas abandonner la lutte, et probablement par orgueil, il n’acceptait pas qu’une femme, une Orientale, fît preuve de plus de courage que lui. Il se tourna vers Sigvald, à l’écoute de ce que l’Elfe aurait à leur dire pour les remobiliser… Mais au fond, il savait déjà qu’il mourrait pour cet Elda, si cela pouvait les aider à protéger Esgaroth.

Nevä, de son côté, galvanisait ses troupes à l’aide d’un discours enflammé.

Sa voix, si claire et si impérieuse, était son arme la plus affûtée. La Voix de la Révolte en appelait encore une fois aux esclaves d’Albyor, aux Affranchis de la Cité Noire, pour les exhorter à ne pas baisser les bras, et à continuer le combat.

++ Mes amis, il nous est aujourd’hui donné la possibilité de prendre notre revanche ! Notre revanche sur Melkor, le Dieu Sombre qui gouverne Albyor, et maintient encore nos frères en servitude. Cette créature, si c’est bien un dragon dont il s’agit, est un des enfants de Sa pensée maléfique et malveillante. Et c’est à nous, pour qui la liberté est le plus sacré des biens, que revient la tâche de terrasser la bête. En hommes et en femmes libres, nous combattrons pour ne plus avoir peur. Pour ne plus jamais être esclaves de Melkor, qu’il se présente sous la forme d’un ver aux pattes courtaudes, cracheur de fiel… ou d’un dragon. ++

Les Affranchis lui répondirent par un redoutable cri de guerre, qui fit trembler le navire tout entier. Cette petite pique pour Jawaharlal, le Grand Prêtre de Melkor à Albyor, leur avait redonné le sourire et une confiance exacerbée. Ils associaient désormais la bête à leurs anciens bourreaux, et iraient puiser dans la haine viscérale qu’ils gardaient encore dans leurs cœurs pour se battre et trouver les ressources de détruire le monstre…

Ou de périr en essayant.

Nevä se tourna vers Sigvald, qui put lire la détermination dans son regard. Cette femme avait une volonté en acier, que rien ne pourrait jamais briser.


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Ils s’étaient réunis à l’abri des hommes, pour préparer leur plan de bataille. Nevä, Pantea, Roksâna et le « Gardien » pour les Affranchis, accompagnés de Sigvald, Hadden et Lym pour les hommes d’Esgaroth. Après avoir réussi à restaurer la confiance des hommes, Nevä ne souhaitait pas que les détails de la stratégie parvinssent trop vite à leurs oreilles, au risque de les faire craindre pour l’avenir de leur entreprise. Elle avait invité les siens à préparer l’Âzâdî pour la guerre. Ceux parmi les Affranchis qui parlaient la langue commune servaient d’interprètes, et facilitaient la cohésion de groupe. Sigvald avait un plan, mais de toute évidence il ne souhaitait pas en parler devant tout le monde, et préférait d’abord interroger la jeune Roskâna, qui commanderait les hommes du côté oriental.

Sa question prit légèrement Nevä au dépourvu, car Roksâna n’était guère bavarde, ce qui était un euphémisme. Chaque fois qu’elle pouvait éviter de parler, elle préférait s’enfermer dans un silence confortable qui lui évitait de trop sympathiser avec quiconque. Même la Voix, qui était sans conteste sa plus proche amie ici, ne connaissait presque rien de sa vie, de ses idées, de ses émotions. Elle gardait tout ça enfoui en elle, ce qui faisait beaucoup à porter chez une personne si jeune. Mais cette fois, devant l’importance de la situation, Roksâna rompit son silence légendaire, et répondit très calmement à Sigvald, dans un Westron au moins aussi parfait que celui de Pantea.


- Je n’ai pas bien vu la bête, Sigvald. La brume était impénétrable, et nous avions du mal à nous distinguer… Cependant, je pouvais l’entendre, sentir ses mouvements sur le pont, percevoir le bruit qu’elle faisait en se déplaçant. C’est ainsi que j’ai pu la frapper.

Elle parlait avec une froideur effrayante, comme s’il s’agissait d’un épisode parfaitement anodin. Si cette jeune fille avait effectivement affronté un dragon en combat singulier, et survécu, c’était un exploit digne d’être chanté dans les légendes.

- Mes coups rebondissaient sur elle, mon épée n’a jamais pu la blesser réellement, à une exception près… Le dernier coup que je lui ai porté, involontairement, a percé son œil. Je ne peux vous dire lequel, mais la créature est borgne d’un œil. C’est à ce moment-là qu’elle s’est mise à hurler, et que j’ai entendu sa voix dans ma tête…

Nevä et Pantea, qui lui faisaient la traduction, tournèrent leur regard vers elle, en se demandant à quoi elle faisait référence. Hadden et Lym, en face, semblaient tout aussi perplexes. La jeune fille essaya de leur expliquer du mieux possible :

- Le dragon… Il me parlait… C’était une langue ancienne et terrifiante, mais j’en comprenais chaque mot. Il parlait de douleur, de vengeance, de haine, de trésor… C’est la dernière chose dont je me souvienne.

Il y eut un long silence à la fin du récit de Roksâna, mais Hadden et Lym ne purent s’empêcher de la regarde avec méfiance. Quiconque pouvait entendre la voix d’une telle créature dans sa tête était sans doute maléfique lui-même, car seule une connexion avec le mal permettait de comprendre la langue des monstres. Sigvald donna bientôt la parole à Lym, vétéran de la Bataille du Nord, et dont l’expertise pouvait être précieuse.

- Sachez d’abord que je n’ai pas combattu le dragon personnellement, comme mademoiselle. Cet honneur est revenu à nos rois, qui ont usé d’une sorte de magie pour abattre la créature. Personne ne sait exactement comment s’est terminé le combat, mais on raconte que l’encerclant, les grands rois des Hommes et des Elfes ont été capables de venir à bout de sa carapace et de lui porter un coup fatal. Selon certains, son ventre serait son point faible. Selon d’autres, ses ailes. Peu importe, finalement. Le principal problème est de l’immobiliser suffisamment pour pouvoir lui livrer bataille. Tant qu’il vole, un dragon est une menace trop grande pour nous, mais à terre… nous pouvons le terrasser, profiter de sa lenteur, et de notre nombre.

C’était peu, mais ils avaient au moins une ébauche de stratégie. Immobiliser la créature, et ensuite tout tenter pour l’abattre, en utilisant au mieux les armes à leur disposition.

Alors qu’ils se regardaient, s’encourageant du regard à la veille de ce combat, peut-être le plus difficile de leur existence, ils entendirent des bruits de pas précipités venant de l’extérieur. Une petite fille déboula dans la pièce et se mit à parler très vite en rhûnien, à l’attention de Pantea et de Nevä. Elles se raidirent perceptiblement, et congédièrent la jeune fille. Quand Pantea se retourna vers Sigvald et les hommes d’Esgaroth, son regard était grave.

- La brume, fit-elle simplement. La brume est en train de se lever…
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