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Sujet: Les bons comptes font les bons amis
Kathryn Prospéris

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Centre de la Cité   Tag kathryn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les bons comptes font les bons amis    Tag kathryn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 30 Juin 2013 - 21:57
Tag kathryn sur Bienvenue à Minas Tirith ! Titre210

Assise dans un couloir aux murs fuligineux, Kathryn fulminait. Cela faisait presque une demi-heure qu’elle attendait là, et malgré son épais manteau de vair et Makhai qui s’était mise en travers des courants d’air qui balayaient l’endroit, elle frissonnait de froid. Phonoi était debout non loin d’elles, raide comme toujours et ne daignant pas même frissonner. Les mains croisées dans  le dos et les lèvres pincées, elle maintenait son regard de glace fixé sur les pierres du mur, mortellement. Kathryn commençait sérieusement à se demander s’il ne vaudrait mieux pas s’en aller, lorsqu’un jeune homme apparut dans le couloir, et après un vague signe de tête, fuyant le regard furieux de Kathryn, et celui, polaire, de Phonoi. Makhai tenta de le rassurer d’un sourire, mais sans succès. À gestes maladroits, il leur indiqua une pièce, et leur ouvrit le battant de bois, s’effaçant devant elles pour leur laisser le passage, puis referma après qu’elles soient passées, disparaissant dans un soupir de soulagement. Kathryn s’avança à grands pas dans la pièce, droit vers l’homme qui, derrière son bureau, se leva pour l’accueillir. D’apparence bourrue, il respirait cependant la bonhommie, ce qui ne dérida pas Kathryn, offusquée d’avoir attendu un si long temps. Elle se contint tout de même, consciente qu’administrer d’emblée des reproches à cet interlocuteur pourrait grandement lui desservir. Elle serra brièvement la main de l’homme, qui se présenta en tant que capitaine, coupant court à ses interrogations tacites – devait-il lui baiser la main, s’incliner ? –, avant de s’installer sur l’un des deux sièges qui faisaient face au bureau. Phonoi prit place avec une élégance figée sur le second, tandis que Makhai se plaçait derrière Kathryn, le visage modestement baissé vers le sol.

Une fois installés, le capitaine, sans doute intrigué par cette solennelle délégation, demanda, avec une circonspection à peine dissimulée, la raison de la venue de Kathryn. Celle-ci toussota avec emphase, rajusta sa fourrure sur ses épaules, avant de commencer :

- Vous n’êtes pas sans savoir la nature de mes activités, je pense… Comme vous savez sans doute que des caravanes transportent des marchandises estampillées Prospéris dans tout le pays, et au-delà.

Sur cette introduction prudente, Kathryn croisa les doigts sur ses genoux, et, prenant une inspiration, se prépara à plaider sa cause, martelant le rythme de son récit du son de ses bagues s’entrechoquant.

- Il se trouve que l’un de ces convois à été la victime d’une attaque il y a de cela une semaine, alors qu’il longeait l’Anduin vers le nord. Une embuscade les a pris d’assaut, tous les marchands de la caravane ont été assassinés, et l’ensemble de la marchandise a été dérobée. Les bandits qui ont fait cela ont réussi à brouiller leur piste, mais ils ont eu la maladresse de fanfaronner et de vendre quelques pièces de la cargaison à leur propre compte. Malheureusement, la qualité des étoffes Prospéris est de réputation exceptionnelle, et les marchands d’Osgiliath qui collaborent avec moi ont eu tôt fait de me prévenir que des individus inhabituels se trouvaient étrangement en possession de tissus d’excellente facture. J’ai alors envoyé quelqu’un à Osgiliath constater la situation.

Du coin de l’œil, Kathryn vit que le ‘quelqu’un’ en question était resté parfaitement immobile, impliqué dans son rôle, l’air altier et détaché. Sans marquer plus longue pause, la marchande continua :

- Cet agent de confiance a rapidement pu observer la valeur des informations qui nous avaient été délivrées, et, en remontant la trace grossière laissée par les brigands, est parvenu à intercepter l’un d’entre eux et à la capturer discrètement.

L’opération avait en effet été très discrète, mais Kathryn préféra à raison taire l’usage de drogues qui avait permis l’enlèvement du bandit. C’était là le genre d’information que le capitaine n’avait pas réellement besoin de connaître.

- Après avoir ramené le captif en lieux sûrs, notre agent a pu le faire parler, et ainsi accéder à des informations capitales sur l’affaire.

Bien évidemment, tout ne s’était pas déroulé aussi simplement. Phonoi avait ramené le prisonnier ligoté et bâillonné au manoir Prospéris, et, avec l’aide de Nikea, l’avait transporté dans l’atelier de Ponos. Celle-ci avait alors patiemment et méticuleusement procédé à ses ‘opérations’, et, en quelques heures, le prisonnier était disposé à raconter jusqu’à ses plus intimes secrets. Il avait alors pu être interrogé, et avait finalement révélé l’identité du commanditaire de l’attaque.

- La personne qui a orchestré cette attaque sur des marchandises de ma propriété est Ivan Jetis, un négociant en de multiples domaines, qui a décidé il y a quelques années d’ajouter le commerce de tissus à la longue liste d’activités dans lesquelles il est médiocre. Il semblerait qu’il lui soit devenu nécessaire de faire usage de la force pour faire tourner son entreprise, mais je ne saurais tolérer que les marchandises Prospéris soient arraisonnées par un tel escroc !

La voix de Kathryn avait monté en puissance avec cette tirade, l’allure militaire de la musique de ses bijoux s’accélérant, atteignant l’apothéose, pour finir dans un véritable feulement de rage. Il était vrai que cette attaque impudente à son endroit la mettait dans un courroux terrible, mais il lui fallait garder les idées claires pour organiser la récupération de ses biens dans le court laps de temps qu’il lui restait. Se reprenant, elle se dégagea de sa pelisse d’un haussement d’épaules, son éclat de voix l’ayant subitement réchauffée. Ecartant du bout des doigts une mèche de cheveux blonds qui s’était échappée sur son front, elle reprit, avec plus de calme :

- Je vous prie d’excuser mon état de nerfs, capitaine, mais c’est celui d’un honnête marchand qui voit son labeur ignominieusement dérobé par un misérable voleur… fit Kathryn d’une voix néanmoins amère. Toujours est-il que je sollicite l’aide des rangers pour arrêter ces malfaiteurs qui battent la campagne en transportant des biens qui m’appartiennent. Selon les informations que j’ai obtenues, un bateau partira dans les jours qui viennent en direction de Pelargir. Seulement, l’Anduin est pris par les glaces au niveau de son principal méandre, voire même plus haut, aussi devront-ils mettre pied à terre afin de continuer leur voyage, jusqu’à rejoindre un autre navire, plus bas, qui les mènera jusqu’à leur destination finale. Aussi est-il primordial de les intercepter lorsqu’ils seront sur la terre ferme, car dès lors qu’ils seront à bord du bateau, il sera impossible de les arrêter.

Le capitaine des rangers, appuyé contre le dossier de son fauteuil, contemplait Kathryn, attentif, mais surtout pensif. Il intervint finalement :

- Vous savez, ma Dame, il n’est pas vraiment dans les habitudes des rangers de l’Ithilien de s’occuper des règlements de comptes de ce genre, sans vouloir vous offenser. Je comprends parfaitement votre position, à titre personnel, mais en tant que capitaine, je ne peux pas accéder à votre demande.

Kathryn inspira brutalement, prête à répondre et à insister, mais il l’interrompit, avec un regard compatissant qui lui donna la nausée, et alors qu’il parlait, la mélodie féroce du métal reprit, gonflant lentement comme le souffle d’un fauve.

- Comprenez que je ne peux pas dépêcher des hommes pour intercepter un convoi de tissus, ma chère. Vous avez des moyens importants, vous n’avez qu’à faire appel à des mercenaires, ils vous rendront ce service avec zèle. Si vous y mettez le prix, bien sûr, mais rien qui soit hors du raisonnable pour vous, j’en suis certain.

Il lui adressa un sourire paternel qui la désarçonna, et Kathryn ne sut un instant que répondre. Il était vrai qu’un groupe de mercenaires serait bien plus conciliant, et peut-être plus efficace si elle rajoutait quelques pièces, mais si elle s’était présentée à la caserne des rangers, c’était pour une raison bien précise. Des mercenaires, même s’ils tuaient les brigands qui l’avaient dépouillée, même s’ils récupéraient la marchandise, ne seraient toujours qu’un autre type de bandits, et donneraient à son opération une allure de simple vengeance, sous cape et sans scrupules. Non, elle désirait l’aide des rangers justement pour que cela soit officiel, pour que cet incident soit inscrit sur la réputation d’Ivan Jetis, et ainsi l’éliminer définitivement de la concurrence. Car même s’il était absolument minable en tant que marchand, il n’en restait pas moins agaçant, et cet outrage était celui de trop.

- J’ai bien peur que vous ne compreniez pas, en réalité, si je m’allouais les services de mercenaires, j’aurais l’air de mener une simple vendetta, répondit finalement Kathryn d’une voix durcie par sa résolution, le visage fermé. Je suis dans mon droit, et je veux le montrer. Et plus que tout, je veux montrer à cet infâme voleur et à n’importe quel autre marchand qui prendrait un jour la décision de me voler, que s’en prendre à Kathryn Prospéris, s’est s’exposer à de sévères représailles. Je ne souhaite pas seulement récupérer ce qui m’appartient, je tiens également à dissuader quiconque à faire de même. C’est pourquoi j’ai impérativement besoin de vos rangers. Ils ne sont pas seulement des soldats, ils représentent aussi l’autorité, et c’est cette autorité qu’il me faut associer à cette opération.

Le capitaine secoua doucement la tête, et se leva.

- Je suis désolé, Dame Prospéris, je ne peux vraiment pas accéder à cette requête, commença l’homme d’une voix douce mais ferme, en se dirigeant vers la porte.Trouvez des mercenaires, déguisez-les en rangers, et…

- Je vous interdis de faire ne serait-ce qu’un pas de plus.

La voix de Kathryn claqua comme un fouet, brûlante et glacée à la fois. Le capitaine se retourna lentement vers la jeune femme, qui se leva à son tour et lui fit face. Makhai, derrière elle, avait levé la tête, et gardait la main le long du corps, nonchalante, mais prête à s’élancer devant sa maîtresse. Phonoi s’était également levée, et gardait son regard métallique braqué sur le capitaine.

- Excusez-moi ? fit ce dernier d’une voix lente, incrédule et outragé.
- Vous m’avez bien entendu, répliqua Kathryn. Vous ne sortirez pas de cette pièce avant d’avoir accédé à ma demande.
- Je vous ai dit et redit que je ne pouvais pas, ma Dame. Allez et cherchez quelqu’un qui acceptera.
- Ne me faites pas croire que tous vos rangers sont en mission actuellement, insista Kathryn comme s’il n’avait rien dit. Ces criminels ont assassiné cinq hommes et femmes, ainsi qu’une enfant de treize ans à peine qui les accompagnait. Je n’aurais de cesse qu’ils n’aient payé pour leurs actes, et refuser d’intercéder afin de faire justice à ces morts innocents serait un manquement grave à l’honneur du poste de capitaine que vous occupez et de la fonction de ranger que vous représentez.

Le capitaine avait tenté de couper la jeune femme, mais celle-ci était déterminée, et rien n’aurait pu interrompre son injonction péremptoire. Lorsqu’elle eut fini, il la regarda, puis, dans un soupir, finit pas céder :

- Un seul. Je ne peux vous accorder qu’un seul homme.
- Cela suffira. Qu’il se présente demain à midi devant la caserne, dit seulement Kathryn, et, dans une envolée de robes, de capes, de fourrures, elle sortit de la pièce, suivie de Makhai et de Phonoi.

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Elles sortirent dans la rue, et Kathryn partit d’un petit rire de gorge. Ses deux compagnes se tournèrent vers elle, moue étonnée pour Makhai, sourcil levé pour Phonoi.

- Je suis simplement soulagée que ce soit fait, répondit Kathryn à leur interrogation tacite, le sourire aux lèvres et l’air enjoué, ce qui ne lui ressemblait pas. Il aurait fallu revoir tout notre plan, ce qui aurait gâché de précieux jours, et aurait pu faire échouer totalement cette opération.

Les trois femmes rentrèrent à l’auberge luxueuse qui accueillait leur bref séjour à Minas Tirith, et montèrent directement dans la suite qu’elles occupaient. Kathryn s’installa à la table, et, d’un signe invita les deux autres à faire de même. Son air joyeux s’était transformé en une expression prédatrice, et ses lèvres affichaient un sourire carnassier. Elle croisa ses longs doigts avec une lenteur inquiétante, et, d’une voix basse, commença à parler :

- Bien que réduit, nous bénéficions du soutien des rangers, ce qui nous octroie une légitimité inespérée. Cependant, la suite des évènements sera plus délicate encore. Makhai, ce ne sera plus la peine de te faire passer pour ma suivante, donc tu voyageras en tenue de combat, car on vous opposera sans doute de la résistance. Phonoi, tu te feras passer pour mon émissaire, mais je compte sur toi pour garder tes outils à portée de main, et à ne pas hésiter à mettre à mort les survivants, sauf si le ranger qui vous accompagnera te semble trop attentif à ce genre de détails, il faut absolument rester discrète. Dans le pire des cas – en ce qui nous concerne – , vous ramènerez des prisonniers, auquel cas je pourrais obtenir de décider de leur sort, et ainsi demander à Ponos de les interroger pour la forme.

Kathryn gloussa à cette pensée, sous le regard inquiet de ses comparses. Sans y faire attention, elle continua à donner ses instructions :

- Pas la peine de vous rappeler à quel point cette opération est importante, et combien un échec désappointerait Dame Kathryn, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle d’un ton lourd de menaces. Makhai, fais tenir deux montures prêtes pour vous, et allez préparez vos affaires. Demain, vous rencontrez le ranger, et vous partez.

Penchée en avant, elle les tenait captives de son regard turquoise et de sa voix sombre et pressante.

- Je compte sur vous pour réussir.

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Assise dans un fauteuil confortable prêt du feu, Kathryn regardait la robe purpurine du vin tournoyer dans son verre. L’inquiétude lui rongeait le ventre. Elle-même savait comment Dame Kathryn réagirait à un échec… Cependant, elle transcendait son appréhension pour planifier, ce qui la mettait dans cet état d’euphorie. Le lendemain à midi, Phonoi serait partie, Makhai serait partie, et elle devrait rentrer seule au manoir Prospéris, pour attendre sans savoir quand elles reviendraient, et comment elles reviendraient. Elle but une gorgée de vin pour chasser ces pensées, mais rien ne saurait la distraire de ce qui la tourmentait. Malgré ce qu’elle avait pu dire au capitaine des rangers, c’était bien une vendetta. Et elle comptait rendre à Ivan Jetis la monnaie de sa pièce.
#Kathryn
Sujet: [PV Kate] Les ambitieux n'ont pas d'amis. Que des intérêts.
Nivraya

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Rechercher dans: Annúminas   Tag kathryn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [PV Kate] Les ambitieux n'ont pas d'amis. Que des intérêts.    Tag kathryn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 11 Juin 2013 - 18:53
Dans la pièce, les conversations reprennent, tandis que chacun peut constater en personne que la jeune perceptrice d'Arnor n'est pas venue pour faire des histoires à un quelconque mauvais payeur. Les figures comme elle, en règle générale, sont bien connues du peuple, qui sait fort bien qui vient frapper à sa porte pour demander le règlement ici de l'impôt, ici d'une dette de jeu. Et ce n'est en général pas avec grand plaisir qu'ils la découvrent en ouvrant la porte, lorsqu'elle leur annonce froidement "puis-je entrer ?". Certains vont même jusqu'à dire qu'elle sait faire preuve d'autant de persuasion qu'une bande de brutes venue réclamer de l'argent, mais il est difficile d'accorder du crédit à de telles histoires, lorsqu'on regarde la jeune femme petite et menue qui semble passer davantage de temps à se maquiller qu'à perfectionner ses techniques de combat. La plupart des regards, cependant, ont eu le temps de noter la carrure de son épais garde du corps, qu'il vaut mieux éviter de déranger au risque de se faire arracher un bras. A lui tout seul, à la réflexion, il a bien le charisme d'une bande de brutes...l'air idiot en moins.

Nivraya, depuis longtemps habituée à l'effet que produit son arrivée dans un endroit public, met de côté les murmures et les regards en coin que lui lancent les roturiers, pour se focaliser exclusivement sur la femme qui l'a contactée et qui l'approche désormais, afin de parler affaires. Le nom de Prospéris ne lui est bien évidemment pas inconnu, mais il lui semble cependant curieux de rencontrer une personne aussi jeune. Elle se serait davantage attendue à voir une femme d'expérience, ayant su se faire un nom à force de persévérance. Ici en Arnor, elle avait l'impression qu'elle était une exception, et elle oubliait parfois que les autres royaumes pouvaient se montrer moins intolérants à cet égard, et laisser un peu plus de chances - un tout petit plus...- aux femmes. Pourtant, dans le regard froid de cette commerçante, il y a quelque chose qui trahit sa grande force de caractère, et son inflexibilité, ce qui achève de convaincre la noble que Prospéris aurait tout aussi bien réussi en Arnor qu'en Gondor. Le tout est bien dissimulé derrière une apparence affable, que se doivent de cultiver les femmes qui veulent mettre un pied dans le monde des hommes. Respectant à la lettre le protocole, elle s'incline avec une élégance bien trop rare actuellement, à laquelle Nivraya répond par une inclination mesurée de la tête.

- Je suis enchantée de vous rencontrer, Dame Kathryn, répond-elle sans emphase, en la suivant jusqu'à sa table.

Effectivement, elle a réservé la meilleure table de l'établissement, et cela à bien des égards. Outre le fait qu'elle soit décorée avec simplicité mais élégance, celle-ci se trouve quelque peu à l'écart des oreilles indiscrètes, et du passage des clients qui entrent et sortent au gré de leur envie. Elle se trouve dans un endroit où il est difficile, depuis l'entrée, de voir qui est attablé, ce qui permet de préserver totalement l'intimité des gens qui souhaitent converser. Alors qu'elle se déplace avec une certaine souplesse, la jeune perceptrice capte le pas lourd de Freyloord dans son dos. Sans laisser l'agacement se lire sur ses traits ni dans le son de sa voix, elle se retourne à demi, et lance à son imposant ami :

- Je vous en prie, mon brave, laissez-nous seules. Je ne risque absolument rien ici. Installez-vous confortablement, s'il vous plaît.

Son intervention a l'air d'une invitation joliment formulée, mais l'ordre est clairement perceptible derrière son ton détaché, et Freyloord se sent obligé d'acquiescer de la tête, sans ajouter un mot - sa plus grande qualité. Il va donc s'installer à une table, d'où il peut tout de même garder un œil et sur les clients déjà occupés à manger, et sur les éventuels nouveaux arrivants. Alyss, quant à elle, continue à suivre dévotement Nivraya, tête basse, un air absent peint sur ses traits. Elle joue le rôle à la perfection. Nul besoin pour la noble de demander à sa compagne si la présence de sa suivante la dérange, car celle-ci s'installe tout près, mais suffisamment loin tout de même, de sorte que la conversation a l'air d'un tête à tête. Avec un sourire de circonstance - éclatant et parfaitement sincère, donc -, Nivraya accepte le compliment sur sa tenue :

- Vous êtes trop aimable, ma chère, et si je puis me permettre, vous me flattez encore bien davantage que votre création (elle rit doucement pour atténuer la portée de ses paroles). Mais seuls les hommes galants sont persuadés qu'une femme fait la robe. Votre travail est admirable, et, tout du moins en ce qui me concerne, admiré.

Nivraya conserve sur le visage un sourire tout à fait charmant, qu'elle est entraînée à reproduire tant et si bien qu'elle le maîtrise désormais à la perfection. En face, Kathryn Prospéris semble adopter la même tactique : une réserve prudente, mais aux apparences polies et soignées. Cependant, si chacune d'entre elles apparaît mondaine et naïve, chacune a également compris que l'autre représente sinon une menace, au moins un adversaire de taille qu'il convient de respecter, et surtout de ne pas sous-estimer. Nivraya, sans avoir entendu quelque histoire particulière au sujet de cette marchande, sait que sa réputation n'est pas simplement le fait de la qualité - indéniable - de ses créations, mais aussi celui de son talent de négociatrice. Un talent que la jeune femme aimerait bien ne pas voir utilisé à ses dépens.

Elle accepte tranquillement le verre de vin, et le porte à ses lèvres avec délectation. Sans pouvoir identifier le cru, elle reconnaît qu'il s'agit d'une excellente bouteille. Elle demeure un instant à apprécier la coupe, avant de finalement lâcher un "Exquis !" appréciateur et connaisseur, qui ne l'aide pas du tout à se détendre. Par expérience, elle sait que les pires ennuis peuvent venir après la meilleure bouteille de vin. Pleine d'une assurance liée à sa position, Nivraya caresse du bout des doigts le sceptre faussement négligemment posé sur la table : un objet qui symbolise à lui tout seul la charge qu'elle occupe, et le pouvoir que, de fait, elle détient. En un sens, cet objet la rassure, et elle ne s'en sépare jamais bien longtemps. Elle demeure calme, ce demi-sourire toujours plaqué sur le visage, tandis que le repas arrive sur un signe de son hôte. Le plat appétissant lui tendant les bras, et la marchande ayant elle-même commencé à manger, la noble y goûte avec délectation. Le met en lui-même est absolument fantastique, préparé et servi avec un soin tout particulier. Même elle, en tant que membre de la noblesse, ne mange jamais aussi bien, mais elle se garde bien de le montrer à une roturière, se contentant de hocher la tête avec lenteur, pour montrer son contentement.

Alors, Kathryn entre dans le vif du sujet, sans vraiment faire de détour. Nivraya l'écoute avec grande attention, tout comme Alyss qui, l'air de rien, ne perd par une miette de la conversation. Si au départ, la mission semble aller de soi - pourquoi contacter une perceptrice royale, sinon pour percevoir un dû ? -, Nivraya comprend finalement pourquoi toute cette mise en scène, pourquoi l'invitation, le bon vin et la belle table. Sauren Leomata est un commerçant relativement connu, qui a surtout su utiliser son argent pour s'acheter des amis, lui garantissant une influence conséquente au sein de la noblesse. Des amis capables de détourner les enquêtes officielles, et de briser la carrière d'une femme qui aurait la prétention de l'attaquer. Surtout pour une affaire aussi avilissante. Leomata incapable de payer une dette ? Il serait regrettable qu'un tel état de fait s'ébruite...cela aurait pour effet de faire se réveiller d'un coup tous les créanciers. Et combien d'autres partis se trouveraient satisfaits de savoir la famille Leomata anéantie ?

Pour la première fois, le sourire de Nivraya se fissure, tandis qu'elle mesure l'ampleur de ce qu'il lui est demandé par cette femme. S'attaquer à Leomata, c'est s'attaquer à plus fort que soi, de toute évidence. Certes, avec des arguments légaux, il est possible de faire tomber n'importe qui, mais cela revient à se lancer dans un numéro de funambulisme risqué : au moindre pas de côté, c'est la chute. Définitive. Le risque est énorme, et la jeune femme trouve opportun de goûter une fois de plus à ce vin, pour se rappeler le goût exquis qu'ont les ennuis les plus gros. Elle réfléchit à toute vitesse, consciente qu'elle ne peut demeurer sans donner de réponse. Elle finit par décider de gagner du temps :

- Sauren Leomata, en défaut de paiement ? Il m'est avis que c'est une chose bien étrange. Comprenez mon hésitation, mais on ne s'attaque pas à cette famille à la légère. Êtes-vous prête à entrer dans une bataille que, même en supposant que vous ayez toutes les armes en main, vous pourriez perdre ?

Nivraya pose la question autant pour son interlocutrice que pour elle-même. Est-elle prête à prendre ce risque ? En règle générale, on prend un risque en espérant gagner quelque chose en retour. Mais qu'est-ce qui peut bien valoir le danger de perdre sa réputation, son poste, sa carrière, et peut-être même celle de toute sa famille ? Elle essaie de ne pas y penser, mais il y a bien quelque chose : le prestige. Avoir réussi à s'opposer à la famille Leomata au nom de la justice royale, c'est un coup de maître qui peut rapporter gros sur un plan politique. Un coup qui peut ouvrir des portes, par la suite, et qui peut aider à nouer quelques amitiés intéressantes. Vu sous cet angle, le jeu en vaut certainement la chandelle, et même si Nivraya essaie de trouver des arguments pour aller contre cette tentation, elle sait au fond d'elle-même qu'elle a déjà pris sa décision, qu'elle s'opposera bel et bien à cette famille. Non pas pour faire triompher la justice, ou pour rendre service à Kathryn Prospéris, mais bien pour se faire triompher et se rendre service à elle.

Elle inspire profondément, et s'arme à nouveau de son sourire, avant de lancer :

- C'est une entreprise dangereuse dans laquelle vous souhaitez vous lancer, et vous n'en maîtrisez pas tous les éléments. Premièrement, même avec toute la délicatesse d'Arda, il n'existe aucune chance pour que nous ne froissions pas Leomata. Et ce simple premier point aurait fait reculer tous les éventuels créanciers, car il pourrait anéantir vos chances d'atteindre la noblesse d'Arnor. Deuxièmement, contrairement à ce que l'on dit, je suis loin d'être la meilleure de ma profession, et si vous avez eu l'occasion de rencontrer notre homme, vous devez savoir qu'être une femme ne m'aidera en rien à le convaincre. Mais ce qu'il est capital pour vous de savoir, troisièmement, c'est que personne ici ne se risquera à vous suivre... personne à part moi.

Elle marque une pause purement rhétorique, et ajoute un demi-ton plus bas :

- Aussi fou que sois votre projet, Dame Kathryn, j'ai l'intuition que nous pouvons y arriver. Je vous accompagnerai donc voir Leomata pour régler ce problème. (Un ton plus haut) Et maintenant, dites m'en plus, voulez-vous ? Je dois tout connaître de cette affaire si je veux avoir la moindre chance de réussir.

Son sourire avait désormais totalement disparu, laissant place à l'expression concentrée qu'elle arborait lorsqu'elle traitait d'affaires importantes. Avec un calme souverain, elle reprit son repas là où elle l'avait laissé, essayant de ne pas songer à ce qu'elle venait d'accepter. Savourant une bouchée divine, elle ne put s'empêcher de penser au goût des ennuis, et se dit que ce serait peut-être la dernière fois qu'elle mangerait si bonne chère. Autant en profiter.

#Nivraya #Kathryn
Sujet: La plaine étend son manteau blanc
Kathryn Prospéris

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Rechercher dans: Le Royaume de Gondor   Tag kathryn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La plaine étend son manteau blanc    Tag kathryn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 30 Déc 2012 - 16:52
Kathryn observa les trois hommes avec un léger sourire aux lèvres. Elle leur avait lancé volontairement cette remarque, car d’expérience, elle savait que la colère d’un orgueil piqué au vif était souvent un prisme hyalin qui laissait observer à loisir la vraie personnalité de quelqu’un, celle cachée sous les couches savamment orchestrées et organisées, sous les voiles de faux-semblants et d’attitudes étudiées. Tous les masques brûlent dans les flammes de la fureur. C’est comme cela que Dame Kathryn le lui avait appris. Et bien que le résultat de son petit stratagème l’ait surprise, elle ne fut pas déçue.

- Si nous ne le sommes pas, vous ne serez sans doute guère plus de ce monde pour le constater, gente dame. Nous pourrions tout aussi bien être des brigands, qui dès votre sortie, vous égorgerions... Nous pourrions aussi être des chasseurs de tête, qui en vous enlevant, réclamerions ensuite une prime à vos concurrents - car je ne doute pas que vous ayez... Ou bien peut être sommes nous simplement des voyageurs qui connaissons la Terre du Milieu, et qui pouvons offrir nos services... Je vous ferai noter que vous n'avez pas encore évoqué la récompense, fut-ce son montant ou sa nature...

Kathryn se retourna gracieusement vers l’elfe qui venait de parler, mais son sourire confiant se figea imperceptiblement sur ses lèvres. Elle vit Makhai se redresser légèrement, elle aussi mal à l’aise, et se rasséréna quelque peu ; sa compagne gardait un œil vigilant sur lui. L’étrange personnage se dressait comme un roc noir, le dos droit sur sa chaise qui en paraissait ridiculement minuscule. Sa voix inquiétante arracha un frisson à Kathryn, qui fit mine de secouer sa chevelure blond argenté d’un air décontracté, constellant de petites perles d’eau le bord de la table de bois brut. Elle adressa un sourire faussement indulgent à l’elfe, et, bien qu’elle sut parfaitement que ses atours bourgeois ne lui faisaient ni chaud ni froid, elle se sentit rassurée de consolider son attitude et son rôle, et, par-delà, sa position même. Elle se racla la gorge avec hauteur, avant de répondre, avec la douceur insupportable du miel :

- Mon cher ami, je comprends parfaitement votre réaction quelque peu… emportée, je vous prie de pardonner ma maladresse, commença-t-elle avec dans le regard une étincelle qui indiquait clairement qu’elle ne s’abaisserait jamais à le prier. Cependant, en tant que digne représentant de la très gracieuse race des elfes, vous ne me ferez jamais croire que vous pourriez vous montrer assez vil pour menacer, et pis, mettre à exécutions des menaces proférées de telle façon. Car je suppose que vous êtes suffisamment éclairé pour reconnaître quelqu’un d’éminent. Si vous étiez quelque brigand, il me semble que vous auriez tout fait pour vous attirer mes bonnes grâces et ma confiance, et ainsi m’attirer sans vigilance hors de ces charmants lieux, où vous auriez pu me couper la gorge avec une grande facilité. Mais c’est en admettant que j’accorde ma confiance au premier vil flagorneur venu, et ceci, je vous l’assure, c’est tout sauf certain.

Kathryn s’arrêta un bref instant, guettant avec un sourire amusé une quelconque réaction chez le sombre interlocuteur qui lui faisait face, mais sous son capuchon, il était difficile de distinguer la moindre réaction. Elle bluffait de manière abusive, mais elle ne devait pas montrer la peur qui lui étreignait la gorge lorsqu’elle regardait l’elfe ténébreux. Elle toussa avec une délicatesse empruntée, mais pris langoureusement le temps de reprendre son souffle, avant de continuer, un air d’insolence nouvellement acquis flottant sur ses traits.

- De plus, si vous aviez ourdi de me livrer comme un simple colis à mes concurrents, j’aurais su vous convaincre du ridicule de la chose, car, quoi qu’auraient pu vous promettre lesdits concurrents, je me serais montré toute disposée à vous en offrir le double en échange de ma libération. Je vaux bien plus vive que morte, je puis vous l’assurer et quoi que vous en pensiez, il y a au moins autant de personnes qui seraient prêtes à me protéger que d’hypocrites qui voudraient voir mon cadavre, car je sais récompenser mes amis à leur juste valeur, déclara-t-elle d’une voix feutrée et pleine de sous-entendus en balayant du regard les trois hommes.

Elle prit dans sa main fine et pâle son verre de vin, et, faisant tournoyer le liquide dans le verre, en contempla la robe de rubis, qui étincelait à la lueur intimiste des chandelles à demi consumées. Elle le porta ensuite à ses lèvres, et, sans se presser, en but une gorgée qu’elle prit le temps de savourer, observant avec délices les mines agacées des personnes attablées avec elle.
Cependant, le soldat, sans doute excédé par ses manières nonchalantes, prit la parole :

- Je suis capable de vous amenez sains et saufs à la Cité Blanche en quelques jours madame. Toutefois, j'ose espérer que votre chien de garde se tiendra assez loin de moi, je n'aime pas trop ce genre de fanfaron. Quant à vous, il serait utile d'échanger vos frofro et vos bijoux contre une tenue voyage. Si vous devez marcher avec cette ... robe, nous irons trop lentement et le froid aura raison de nous. La caserne est à deux pas d'ici, et il n'y a personne. Les autres soldats sont tous en fonction ce soir. Allons-y, il y a de quoi s'équiper. Fourrures, armes, bottes, tout ce que vous voulez. Le soleil se lève dans trois heures, il ne faut plus trop traîner. Nos pires ennemis seront sans doute les loups, et je les redoute plus la nuit qu'à la lumière du jour.

Kathryn, dont le regard était resté braqué sur ses mains croisées sur le plateau de bois de la table, le releva pour le braquer sur l’homme en armure, qui s’était permis de lui parler ainsi. Autant elle s’était montré d’une politesse scrupuleuse bien qu’impénitente avec l’elfe qui s’était adressée à elle, autant là, le ton du soldat lui échauffait les sangs de manière incontrôlable. Le premier lui avait parlé d’un ton critique mais logique, restant, comme sa race seule sait le faire naturellement, sur la frontière du politiquement correct, la mettant comme au défi de répondre à la hauteur du trait initial, tout en dansant toujours sur les limites de la courtoisie. Elle était intimement convaincue d’avoir réussi le test, car sans jamais se départir de son sourire et de ses manières policées, elle avait passé le message qu’elle ne se laisserait pas intimider par les grands airs mystérieux d’un vulgaire arpenteur de forêts, tout paré de ténèbres et d’occulte qu’il était. Cependant, elle ne pouvait tolérer que cet homme-là lui parle de cette façon. Elle avait un statut à tenir, et, si elle acceptait qu’un soldat lui manque de respect de cette façon, elle perdrait la face, et toute crédibilité. Sans même qu’elle s’en rende compte, elle se mit à faire tinter ses bagues l’une contre l’autre, tout d’abord pour rassembler ses esprits et ses mots, puis, pour marquer le rythme soutenu et implacable de ses propos.

- Je ne souffrirais pas un tel manque de respect de votre part, soldat, lança-t-elle d’un ton dédaigneux. Si vous escomptez me voir supporter ce ton durant tout le voyage, j’ai bien peur que vous vous fourvoyiez. Je remarque que vous arborez une armure du Gondor, et pourtant, vous vous engagez pour un voyage d’une, voire de plusieurs semaine, si la chance nous fait défaut. À mon sens, cela laisse deux possibilités toutes plus intéressantes l’une que l’autre ; soit vous êtes présentement en train de déserter, ce qui m’étonnerait cependant vu que vous ne faites visiblement aucun effort pour vous faire oublier, soit vous n’êtes temporairement pas de faction pour une raison qui reste mystérieuse, bien que votre ton impertinent m’en laisse présager... Quoi qu’il en soit, je doute que vous souhaitiez que je fasse remonter quelque mauvaise impression à votre sujet à un supérieur hiérarchique. Et je parle de quelqu’un de vraiment haut placé, et pas du capitaine de section de ce misérable village, au cas où vous ne l’auriez pas compris, se permit-elle-même d’ajouter.

Elle poussait sa chance, elle le savait. Si elle avait quelques contacts dans les hautes sphères de l’armée, elle doutait que ceux-ci eussent quelque chose à faire d’un garde en possible désertion, vagabondant d’un bout à l’autre du Gondor. Cependant, elle ne pouvait se résoudre à lâcher son jeu. Le soldat ne savait sans doute pas que les menaces qu’elle proférait ne pouvaient être mises à exécution, mais mieux valait qu’il continue à la soupçonner d’en être capable. Tant qu’il aurait ce doute, elle garderait une position tenable, mais dès lors qu’elle serait percée à jour, il aurait un ascendant sur elle. Et un ascendant de taille, vu la largeur de ses épaules.

Kathryn, les yeux plissés, se mordilla l’intérieur de la lèvre. Ses bagues marquaient un rythme plus lent, plus calme, signe qu’elle était pensive. Au fond, elle n’avait cure du ton qu’employait le garde pour lui parler, mais elle ne pouvait revenir sur ses pas. Elle s’était laissée prendre à son propre piège, et avait fait une erreur de débutant en laissant la fureur prendre le pas sur sa logique et sa réflexion. Elle s’était trop avancée, et avait dit des choses qu’elle pourrait regretter par la suite. Elle s’en mordait maintenant les doigts, mais ne pouvait le réparer sans perdre la face. En revanche, la colère passée, elle se rendait maintenant compte qu’elle n’avait pas intérêt à se mettre ses guides, et ses gardes, à dos. Elle pouvait le menacer, brandir une nébuleuse épée de Damoclès au-dessus de sa tête, c’était au final celui qui tenait la vraie lame qui gagnait, si on lui en laissait la possibilité, et surtout si on lui en donnait une motivation. Elle prit donc une grande respiration, avant de reprendre la parole, d’une voix posée, apaisée, cachant du mieux qu’elle pouvait que chaque mot prononcé lui brûlait les lèvres :

- Nous sommes sur le point de commencer un voyage qui s’avérera de toute façon pénible. Il semble donc ridicule d’aggraver cet aspect par des inimitiés au sein de notre petit groupe. Tentons de nous entendre et d’atteindre notre but le plus rapidement possible, et en nous épargnant les désagréments qu’il est en notre pouvoir d’éviter.

Elle balaya une poussière imaginaire de l’épaule de son épaisse cape, puis recroisa ses mains avec fermeté. Elle s’était aplatie et elle détestait ça, mais c’était pour se prévenir d’une rancœur tenace qui pourrait lui coûter cher. Cependant, elle redressa brusquement la tête et lança, en fusillant le soldat d’un regard hautain :

- Mais il est hors de question que je supporte ce ton irrespectueux et irrévérencieux, car je vous rappelle que c’est moi qui vous paie. Et si vous pensez que je vais voyager à pied, vous rêvez.

Malgré cette pique, elle avait perdu, elle le savait, et elle se doutait qu’il le savait également, mais elle espérait cependant qu’il apprécierait son effort pour se rendre amicale. Elle posa les mains à plat sur la table, stoppant net son tic nerveux qui s’accentuait maintenant qu’elle s’était sentie sur le point de perdre pied.

- Comme notre ami l’a fait remarquer, je n’ai pas encore abordé le sujet d’une récompense, et je suppose que c’est ce que vous devez attendre avec impatience depuis le début de notre conversation. J’ai eu le loisir de réfléchir, de vous observer, aussi naïf que puisse paraître mon avis de citadine, et je pense qu’il est raisonnable de vous proposer 800 £ chacun, pour le voyage entier.

Kathryn prit encore une gorgée de vin, puis se remit à faire claquer ses bagues sur un rythme qui lui était familier. Elle était désormais sur son terrain de chasse, prête à négocier, car elle savait bien que ce prix était scandaleusement bas pour une telle quête, et surtout en considérant les conditions climatiques qui régnaient actuellement. Elle s’était fixé comme grand maximum un prix de 1500 £, mais elle souhaitait donner à ses compagnons une impression de victoire pour leur faire débuter le voyage sur de bonnes dispositions. Elle essayait déjà de les arnaquer, alors qu’ils n’étaient pas encore partis, mais après tout, elle n’était évidemment pas devenue une grande et prospère marchande en se montrant honnête et bonne avec son prochain.

Recoiffant une fine mèche blonde d’un élégant revers de main, elle soupira d’un air las en regardant autour d’elle. La journée avait été longue, et elle se sentait vraiment épuisée. Elle se retourna vers ses interlocuteurs, qui semblaient tous plus ou moins impatients de quitter le conciliabule. Seul l’elfe brun, adossé contre un mur, se contentait depuis le début d’écouter les joutes d’un air serein, peut-être vaguement… amusé ? Mais elle n’en aurait pu jurer. Il ne pipait mot, mais tout dans son visage exprimait son approbation. Un compagnon de voyage agréable et conciliant, c’était là un élément inopiné qui saurait sans doute calmer les tensions internes. Se reprenant, elle s’adressa à eux tous :

- Je pense que nous allons accepter votre offre, soldat, fit-elle en se tournant vers l'intéressé. Je pourrais en profiter pour m’octroyer un peu de repos pendant que Makhai, ma suivante, s’occupera de mes bagages.

Celle-ci hocha la tête avec un empressement feint, mais ses yeux sombres scrutaient le visage des hommes, guettant un signe qui pourrait révéler le caractère dangereux de l’un d’entre eux. Kathryn, s’adressant cette fois aux trois compagnons :

- Bien, je vous propose donc de nous rendre à la caserne dont a parlé notre compagnon, poursuivit-elle en esquissant une moue comme contrariée de l’usage de ce terme. Pouvons-nous y aller ?
#Kathryn #Prospéris
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