14 résultats trouvés pour Elishan

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Sujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir
Learamn

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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 6 Mai 2023 - 11:59

Elishan eut un rictus à peine perceptible. Il s’était bien douté que le Baron de Roncefort n’apprécierait que peu devoir voyager avec un influent conseiller pouvant lui faire de l’ombre. Ils s’étaient rendus ensemble à Morthond pour la Purification et les évènements leur avaient plutôt souri. Mais cette-fois ci, Tryon avait fait le choix de l’écarter de sa quête. Le vieux ministre n’était pas vraiment surpris mais quelque peu frustré. Dol Amroth était une ville au fonctionnement complexe où intrigues politiques et autres manipulations régnaient en maître depuis la disparition de la lignée princière. Il  s’efforça cependant de ne rien montrer de son mécontentement, affichant une expression parfaitement neutre avant de s’incliner légèrement en avant en signe de reconnaissance.

“C’est un grand honneur que vous me faîtes mon Seigneur. Je m’efforcerai de m’en montrer digne. “

La gestion de la Baronnie, dans laquelle il était de toute façon déjà impliqué depuis de longues décennies, ne serait pas de tout repos suite aux problèmes agricoles et économiques qui frappaient la région. Mais Elishan disposait de l’expertise et de l’expérience nécessaire pour assurer l’intérim jusqu’au retour du maître des lieux. Une gestion pragmatique et efficiente, à l’image du conseiller, s’annonçait sur le domaine.

“Je vais faire envoyer un message au domaine de Dame Ëariel pour annoncer votre venue. Votre arrivée dans la cité des Princes est porteuse d’autant d’opportunités que de dangers. Le port de la ville est empli de squales prêts à vous dévorer si vous n’y prêtez garde mais je ne doute aucunement de votre capacité à les dompter.”

Il s’inclina à nouveau avant de prendre congé.

“Que la fortune vous accompagne mon Seigneur. Les prochains jours pourraient bien changer le nom des Roncefort à jamais.”


[b]
[HRP]: La suite par ici : Jeu de Dupes
Sujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir
Learamn

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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 31 Mar 2023 - 19:09


Elishan souriait intérieurement. Le choix de Tryon s’était porté sur la candidate à la réputation la plus sulfureuse et le vieux conseiller n’en attendait pas moins de la part de son seigneur. Toujours aller au-devant de l’adversité, quoiqu’il en coûte; voilà bien une qualité propre aux Barons de Roncefort. Une attitude intrépide et parfois téméraire qui avait fait leur réputation dans la région; mais qui, selon certains, les avait empêché de gravir les derniers échelons de la noblesse du Gondor au cours des dernières décennies tandis que d’autres maisons mineures avaient, elles, réussi à se hisser parmi les plus puissants. Mais, le vieil homme comptait bien aider son jeune Baron a y remédier et gagner la place qui lui revenait sur l’échiquier. Les temps étaient troubles au sein d’un royaume en crise. Et chaque crise était porteuse de grandes opportunités; encore fallait-il savoir les saisir.

Avec sa poésie habituelle, Tryon répéta la haine qu’il portait à l’océan et tout ce qui pouvait s’y rapporter de près ou de loin. Peu étonnant pour un homme ayant grandi aux pieds des Montagnes Blanches. Les gens d’ici se méfiaient souvent des flots et de ce qu’ils pouvaient renfermer. La réputation des populations sur le littoral n’était pas toujours des plus glorieuses non plus mais, là encore, Elishan savait à quel point un accès à la mer était source de richesse et de prospérité. Les petites seigneuries du nord du Gondor s’étaient toujours heurtées à de nombreuses limites logistiques et économiques au cours de leur développement; des limites qu’un port et un commerce maritime, ou fluvial, auraient pu partiellement résoudre.

“Je crains fort que nous ne puissions guère convoquer Dame Ëariel comme une vulgaire roturière. Pour gagner sa main, il faudra nous rendre dans la Cité des Princes et prouver la valeur d’une telle union. Elle ne sera d’ailleurs pas la seule à séduire, un mariage avec “La Veuve de la Baie” implique une alliance avec toute une frange de la vieille noblesse de Dol Amroth.”

Elishan retourna à son bureau d’un pas lent et commença à ranger tous ses dossiers, comme pour indiquer qu’il n’y avait plus le temps pour les affaires courantes.

“Il nous faudra partir dans les plus brefs délais. Je ne doute aucunement que ses prétendants sont déjà nombreux. Et puis la route est longue; nous pouvons partir à cheval comme vous l’aimez ou alors se payer les services d’un navire marchand qui vogue sur le Ringlo et gagner ainsi la Baie de Belfalas. Comme vous le désirez mon seigneur.”

Il s’apprêta à quitter la pièce où siégeait Tryon mais s’arrêta quelques secondes.

“Ah oui j’oubliais! Il vous faudra aussi décider qui aura la charge du domaine en votre absence.”
Sujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir
Learamn

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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 17 Mar 2023 - 22:30


Elishan pencha légèrement sa tête sur le côté, un air circonspect sur le visage. Il n’était pas certain d’avoir complètement saisi la métaphore de son seigneur concernant l’oeuf et son violent géniteur mais jugea préférable de ne pas le relever. Au fil des années au service de la famille Roncefort, il s’était habitué à ce genre d’envolées verbale, au sens parfois aussi opaque que glaçant, dont les membres de la Baronnie était coutumier. Le vieux conseiller était simplement satisfait que Tryon semblait ouvert à l’idée qu’il avait proposé, du moins à écouter les propositions sur lesquelles il avait travaillé. Tout le discours sur sa folie restait secondaire aux yeux du ministre; fou ou pas, Tryon aurait besoin d’allié et, à terme, d’un héritier, s’il comptait pérenniser les progrès qu’il réalisait depuis sa montée au pouvoir.

D’un pas pressé, soucieux de présenter son plan avant que son seigneur ne change subitement d’avis, Elishan se dirigea vers son bureau de travail et fouilla dans la pile de document. Il en retira une liasse qu’il défroissa d’un geste

“Ah, les voici…”


Il s’éclaircit la voix et enchaîna.

“Je me suis permis de sélectionner les trois possibilités qui pourraient vous convenir au mieux, en plus d’apporter des avantages certains à votre domaine.

La première se prénomme Othmée, et n’est autre que la seconde fille d’Artheyrn l’Affable, le “Roi” de Lossarnach. Une région dont l’économie a passablement souffert lors du Rude Hiver mais qui reste hautement important pour le Royaume entier grâce à sa production de blé. S’allier ainsi par les liens du mariage à l’une des grandes familles du Gondor qui gouverne une de ses régions les plus importants serait hautement intéressant. Cependant, je me dois de préciser qu’il faudra parvenir à convaincre Artheyrn de vous accorder la main de sa fille. De plus le pouvoir de celui-ci tangue ces dernière années au sein de son domaine, affaiblie par des opposants politiques et d’autres figures importantes qui agissent sans vraiment se soucier de l’avis du seigneur local. Un manque de poigne décrié par plusieurs à travers le pays…”


Elishan mouilla son index et tourna le parchemin qu’il était en train de lire.

“ La deuxième candidate n’a pas le sang noble des Grands Seigneurs du Gondor mais la richesse de sa famille dépasse celle de nombreux aristocrates. Alena Oliri fait partie d’une grande famille bourgeoise du pays, impliquée depuis de longues décennies au sein de la puissant Compagnie du Sud, la grande guilde marchande qui a la mainmise sur tout le commerce existant dans cette partie du continent. Son cousin n’est autre que le Juge de la Compagnie et son grand-père en était le grand marchand. L’influence politique de la famille n’est plus ce qu’elle fut à une époque même s’ils restent importants à Osgiliath, cependant leur fortune se porte bien. Leur fortune serait un atout considérable pour mener à bien vos projets; de leur côté, ils auraient l’occasion d’enfin de lier à la noblesse du pays pour retrouver leur place sur l’échiquier politique. Rajoutons, qu’elle est l’enfant unique de son père vieillissant et donc, sa seule héritière.”

Le vieux conseiller marqua une pause, cherchant à sonder l’expression féroce de son seigneur. Le dernier profil qu’il s’apprêtait à présenter, étant plus controversé, il hésita quelques secondes avant de se lancer.

“Et puis…la troisième femme qui m’est venue à l’esprit a un profil un peu différent. D’une grande beauté mais aussi plus mûre que les deux autres prétendantes, elle est connue comme la “Veuve de la Baie”. Fille d’un richissime seigneur de la baie de Belfalas, elle fut l’épouse d’un des Régents de Dol Amroth, accédant ainsi aux arcanes les plus élevées du pouvoir. Son mari est cependant décédé il y a quelques années dans des circonstances mystérieuses, laissant en héritage sa fortune et son influence à sa veuve qui a depuis fait fructifier sa position au sein de la cité portuaire. Le sang des Dunedains et la noblesse de Numenor coule dans les veines Almena Ëariel, mais certaines rumeurs font état d’un esprit retors et d’une ruse malicieuse qui guiderait ses actions afin de renforcer sa position. Elle est sans nulle doute celle qui pourrait nous faire gagner le plus d’influence mais également celle qui pourrait enterrer nos ambitions. Un risque non négligeable mais qui pourrait se révéler payant.”

Elishan enroula le parchemin qu’il déposa délicatement sur le bureau, laissant à Tryon un peu de temps pour assimiler ces informations et faire un choix.

“Alors, mon Seigneur. Une préférence?”
Sujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir
Learamn

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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Baronnie de Roncefort] La première marche du pouvoir    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 5 Mar 2023 - 23:13
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Quatrième Âge, Janvier 302

Le long été sec qui avait suivi le Rude Hiver avait laissé des traces, et le gel de l’hiver s’était fait longuement attendre. Les mois de novembre et de décembre avaient été particulièrement doux et les premiers vents froids venus du Nord et des Montagnes Blanches n’étaient arrivés qu’au début de la nouvelle année. Il n’y avait pas encore eu de lourdes chutes de neiges ou l’apparition du verglas sur les routes du Lamedon mais les herbes gelées crissaient désormais sous les bottes des voyageurs qui ne risquaient plus à s’aventurer dehors sans un manteau de fourrure.

Au sein du château des Roncefort, l’ambiance était, une fois n’était pas coutume, plutôt paisible. Un feu brillait dans l’âtre de la grande salle de réception où siégeait fièrement le maître des lieux. Durant son absence, les affaires avaient suivi leurs cours sous la direction de sa mère. Leurs voisins du Haut-Val n’avaient pas fait de vagues et les récoltes avaient été assez conséquentes pour en stocker une bonne partie afin de passer l’hiver. Pourtant, avec le dérèglement de saisons qu’avait engendré le Rude Hiver, ils naviguaient encore à l’aveugle. Les choses prendraient plusieurs années avant de revenir à la normale et il était impossible, à cette heure, d’estimer la durée de la vague de froid qui s’annonçait.

Assis dans un coin sombre de la pièce, Elishan était plongé dans une pile de documents posés devant lui. La plupart contenait des requêtes plus ou moins loufoques venant des vassaux du Baron. Parfois, il tombait sur quelque chose d’intéressant et lisait le texte d’une voix monotone à Tryon.

“...et c’est ainsi que pour passer l’hiver, les pêcheurs à l’embouchure du Ringlo réclament qu’un surplus de vivres leur soient alloués. Je pense que nous pouvons nous permettre de leur envoyer une dizaine de quintaux de blé et d’orge; cela devrait leur suffire. Il est important de les garder satisfait si nous voulons préserver un rendement de pêche convenable sur les mois qui viennent. Ce n’est pas l’aspect le plus important de notre commerce mais que serait un banquet sans une bonne tourte au poisson?”

Le vieux conseiller attendit la réponse de son seigneur pour apposer le sceau de la Baronnie sur le parchemin qu’il renverrait aux quémandeurs. Avec un soupir, il déposa sa plume et se redressa avec une grimace. Son dos le faisait souffrir depuis son retour des froides contrées de Morthond mais sa douleur était bien maigre en comparaison des blessures avec lesquelles Tryon de Roncefort était revenu de la Purification. Vainqueur, certes, mais mutilé et faible. On l’avait retrouvé inconscient près du sommet de la montagne. Il n’y avait eu nulle célébration officielle ou défilé de gloire comme cela était normalement le cas pour les Champions de la cérémonie. Mais tout cela n’avait pas été en vain, certes, il avait perdu un œil et gagné de nombreuses cicatrices mais il s’était aussi fait un nom au sein des seigneurs de ce coin du Gondor. Un premier pas vers la gloire qu’il désirait tant.

Et Elishan était bien décidé à le mener vers la seconde marche du pouvoir.

“Mon Seigneur. La Cérémonie de la Purification, malgré les fâcheux incidents que s’y sont produits, aura permis de placer le nom des Ronceforts sur la liste des seigneurs qui pourront compter à l’avenir. D’autant plus que..”


Il agita un parchemin portant le sceau royal qui leur était parvenu le matin même.

“D’autant plus que les nouvelles venant de la capitale sont particulièrement intéressantes. Le Général Cartogan qui gouvernait le royaume depuis le retrait du Haut-Roy a été assassiné et la position de l’Intendant Alcide est de plus en plus fragilisée à cause de sa gestion douteuse des émeutes à Minas Tirith. D’ici quelques semaines, le Conseil du Sceptre se tiendra. Il réunira tous les Grands Seigneurs du Royaume pour décider du futur du Gondor.”

Il marqua une pause pour laisser à son Seigneur le temps d’assimiler ces nombreuses informations.

“Vous l’aurez compris, le royaume est à la veille d’un grand changement. Un nouvel échiquier du pouvoir va être établi et il faut à tout prix nous y faire une place. En ce qui concerne cette partie-là du royaume, le Seigneur Ludgar semble encore intouchable du fait de sa proximité avec la famille royale sans compter qu’il fournit les meilleurs archers du pays à l’ost. Cependant, il doit désormais composer avec votre présence qui ne passe plus inaperçue. Et puis, de l’autre côté à l’Ouest, le Seigneur Lodewik de Calembel détient certes le titre de Seigneur de Lamedon mais son influence est limitée au-delà des murs de sa cité. Il y a peut-être là une place à prendre. Mais il nous faudra préparer le terrain et nous montrer extrêmement prudent. Nous aurons besoin d’alliés.”

Elishan s’arrêta à nouveau avant de présenter la partie la plus sensible, mais aussi la plus importante de son plan.

“Mon Seigneur, je pense qu’il est temps pour vous de vous marier. Un lien avec une famille puissante ou fortunée du royaume semble inévitable si vous voulez passer à l’échelon supérieur. J’ai dressé une liste de candidates potentielles. Qu’en pensez-vous Mon Seigneur? Voulez-vous que je vous les énonce?”


#Elishan
#Tryon
Sujet: Le souffle des Damnés
Learamn

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Rechercher dans: Le Chemin des Morts   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le souffle des Damnés    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 28 Jan 2023 - 14:02


Kanin-Dâr toisa l’homme qui avait pris la parole de toute sa hauteur. Le pauvre hère semblait bien mal en point, là où aurait dû se trouver son œil droit il n’y avait qu’une orbite encore sanguinolente sur laquelle les vents glacés soufflaient avec force. La douleur était certainement insoutenable et beaucoup seraient déjà en train d’agoniser au sol avec une telle blessure. Lui était encore debout, feignant l’innocence pour sauver sa vie insignifiante.
Le montagnard barbu s’appuya sur son robuste et s’approcha du Baron de Roncefort, une expression de rage contenue sur son visage sauvage.

“En paix?”
Gronda-t-il “Est-ce cela que vous appelez la paix parmi les gens d’en bas? Du sang pour le divertissement et des morts pour un soi-disant honneur? Vous qui vous vantez d’être des nobles, des gens supérieurs?”

Tout autour des Champions restants, le cercle formé par les habitants des sommets des Montagnes Blanches se resserra encore.  Kanin-Dâr, reprit d’un ton plus calme et fataliste:

“La malédiction? Vous vous l’êtes amené sur vous-même. Il ne s’agit pas d’un autre tour de magicien de pacotille. Mandos en a décidé et il en sera ainsi jusqu’à la fin des âges. La mort serait peut-être préférable pour vous Gondorien.”

Ses hommes s’agitèrent quelque peu, cela faisait des années qu’ils attendaient l’occasion de pouvoir se mesurer enfin aux guerriers venus de la vallée. Voyant leur fin proche, Elsner, toujours hanté par des voix qui se faisait de plus en plus proche, tomba à genoux, voyant cet affrontement mortel comme une libération pour son âme damnée. Seul, Tryon ne ferait pas le poids. Au-dessus de la tête du Baron, un hululement se fit entendre alors que la silhouette d’un rapace nocturne fendait l’air glacial en spirale. L’oiseau, une chouette effraie de grande taille, tournoya autour des acteurs de cette scène étrange avant de finir son vol en se posant paisiblement sur l’épaule de la Dame qui s’était détournée de la Pierre d’Erech. Mais le spectacle le plus surprenant venait sans nul doute de la petite statuette, source de tant de maux. La sculpture s’était subitement animée et, dressée sur ses deux pieds ouvragés, avançait d’elle-même sur le basalte volcanique, mû par une magie obscure et ancestrale qui s’était réveillée au contact de ce lieu maudit.

Le regard de Kanin-Dâr changea alors subitement, passant de la rage à la surprise.

“La Dame aux oiseaux! Lome…”
Souffla-t-il incrédule.

D’un pas gracieux, la Dame au visage toujours masqué s’approcha du chef hirsute des montagnards.

“Kanin-Dâr…Il vous a sans doute parlé de moi, n’est-ce-pas? Tout comme Il m’a parlé de vous…Nous avons toujours un accord, n’est-ce pas ?”

Face à l’hésitation de son interlocuteur, elle insista:

“Voyons ne soyez pas effrayé. Vous-même êtes capable d’invoquer les forces surnaturelles de ce monde.”
Elle se tourna vers la statuette qui se tenait fièrement à son côté. “Une telle magie peut surprendre mais cela n’est rien en comparaison de ce que vous pourrez voir si vous me suivez par-delà ces montagnes. Vous recevrez de nombreuses richesses, oui, mais serez surtout témoins de pouvoirs qui dépassent votre imagination. Des pouvoirs qui pourraient vous permettre de rendre à votre peuple ce qui lui revient de droit et d’enfin pouvoir vous mesurer aux gens de la vallée.”

Après quelques secondes de réflexion, Kanin-Dâr acquiesça et abaissa légèrement la tête en signe de révérence. D’un geste, il fit signe à ses hommes de baisser leurs armes. Ceux-ci s’exécutèrent et disparurent dans le brouillard.

“Et eux?”
demanda-t-il simplement en pointant les deux Champions en souffrance.

Lome porta son regard en direction d’Elsner, toujours prostré sur lui-même et murmurant des paroles incompréhensibles.

“Celui-ci est allé trop loin. Son âme est condamnée mais son désespoir peut le rendre utile à notre cause. Il aura encore un rôle à jouer, sous une forme ou une autre.”


Elle se tourna ensuite vers Tryon:

“Le processus sera sûrement plus lent sur son esprit mais il portera également la malédiction si son arrogance ne le perd pas avant. Laissons-le ici. Laissons un champion pour Ludgar et ses laquais, qu’il comprenne ce que la Montagne fait aux plus forts d’entre eux.”


Avec un grognement, Kanin-Dâr, qui se serait bien vu égorger le noble, se contenta d’asséner un formidable coup de bâton sur le crâne de Tryon de Roncefort qui perdit immédiatement connaissance.

Lome n’était pas venue à Morthond pour rien. Elle avait trouvé ce pour quoi elle était venue. De plus, ses deux agents massacrés dans le Chemin des Morts été dûment remplacé par un mercenaire au destin damné et un chaman des peuplades des Montagnes Blanches. Jamais n’avait-elle envisagé de voyager seule. Pourquoi se salir les mains, quand les basses besognes pouvaient être réalisés par de dévoués serviteurs? Voilà bien une paresse qu’elle assumait entièrement.

L’objectif était rempli.

Ils seraient fiers d’elle.

#Lome


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Quand Tryon se réveilla enfin, il était encore bien faible. Fort heureusement, la morsure du vent des cimes avait cédé sa place au doux crépitement d’un feu de cheminée. Sa plaie avait été nettoyée, traitée et bandée; plus jamais ne verrait-il de cet œil mais au moins il survivrait. Le Baron voulut se redresser mais une voix familière s’y opposa:

“Allongez-vous mon seigneur. Les drogues administrées sont encore bien trop fortes pour que vous puissiez vous lever.”
fit le vieux Elisahan.

Le fidèle conseiller de la famille de Roncefort se tenait près de l’âtre, une expression satisfaite sur le visage. Il poursuivit avec quelques éclaircissements pour son sire.

“Les archers de Morthond vous ont retrouvé, gisant et le corps gelé sur les hauteurs de la Montagne il y a près de deux jours. Nul ne sait précisément ce qui a pu se passer lors de la Purification mais le nombre de cadavres sur cette édition dépasse tout ce qui a pu se produire lors des éditions précédentes. Même les gardes envoyés par Ludgar y sont passés, vous seul êtes revenu du Chemin des Morts et, en conséquence, avez été déclaré Champion de la cérémonie. Un grand honneur et un prestige qui pourrait nous servir dans la région. En temps normal une fête aurait été organisée en votre honneur, mais au vu des circonstances...”


Elishan déposa un bol de soupe chaude au chevet de Tryon avant de se diriger vers la porte de la chambre. Il déclara avant de quitter la pièce.

“Quand vous aurez assez de forces, je conseille de retourner au plus vite sur vos terres après avoir rendu vos hommages au Seigneur Ludgar. De nombreuses tâches vous y attende. Le Gondor est sur le point de subir de nombreuses transformations politiques, et il nous faut nous y préparer au mieux.”


#Elishan



-----------------------FIN DE LA PURIFICATION---------------------------------
Sujet: Le souffle des Damnés
Learamn

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Rechercher dans: Le Chemin des Morts   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le souffle des Damnés    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 5 Oct 2020 - 12:31
Suite de : L'appel des Morts


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An 3430, Deuxième Âge



Le blizzard soufflait avec vigueur sur les sommets des Montagnes Blanches, glaçant les corps et les coeurs des hommes qui y étaient postés. Là-haut, les glaciers avaient pourtant reculés depuis plusieurs décennies et la roche nue, sombre comme la nuit, contrastait avec les reflets immaculés du manteau de neige qui recouvrait d’ordinaire la région entière en cette période de l’année.  

Un aigle au plumage noir comme l’ébène planait au milieu des nuages menaçants, naviguant tant bien que mal au milieu du brouillard. Il tournoyait ainsi au-dessus des cimes, inspectant de son regard acéré les escarpements rocheux en quête d’une proie trop imprudente qui aurait quitté sa tanière. Malgré l’environnement pour le moins hostile, il n’était pas rare de croiser des marmottes ou autres rongeurs qui profitaient de la fonte des glaces pour partir aventureusement en quête de nourriture après une longue période d’hibernation. Le rapace, alerté par des sons inhabituels, vira à droite et après avoir contourné la cime immense d’une des montagnes, il se retrouva au-dessus d’un plateau de terre nue et noire comme la nuit. Mais les proies qu’il espérait y trouver étaient bien plus grosses que prévues; il n’y avait là ni lièvres ni campagnols mais de hautes silhouettes se tenant sur deux pattes. Quelque peu contrarié par la présence humaine sur son territoire de chasse, l’aigle royal se posa sur un promontoire rocheux et continua d’observer cette scène bien intrigante.

Deux groupes se faisaient face. Ils étaient formés d’hommes des montagnes couverts de larges peaux et fourrures; ils étaient de ceux qui avaient colonisés la vallée des siècles plus tôt et qui avaient dû apprendre à vivre au coeur de cette inhospitalière nature. Entre eux, se tenait un homme à l’allure fier, à l’armure reluisante et au casque richement décoré. A en juger par son accoutrement et son allure distinguée, celui-ci n’était pas d’ici. L’un des montagnards semblait particulièrement irrité et l’atmosphère générale de la scène était particulièrement tendue. Sur son perchoir naturel, le rapace jugea bon de rester discret pour le moment, à l’affût. Il n’était pas judicieux de voler au-dessus de ces archers d’exception lorsque ceux ci étaient de mauvaise humeur.

“L’heure d’honorer ton serment est venue Thengald! Oseras-tu te défiler devant le Roi comme tu l’as fait devant mon père et le peuple de Morthond? ”
s’exclama l’un des montagnards qui semblait particulièrement contrarié.

Pour toute réponse, il obtint un crachat à ses pieds de la part du principal intéressé qui affichait un air méprisant.

“Fédon n’était qu’un petit despote sans honneur dont le seul tour de force fut d’avoir engendré un “héritier” encore plus pitoyable que lui. Le Roi de la Montagne n’a aucune leçon à recevoir de la maison des Fédoriens!
-Mais il doit pourtant répondre à la Couronne!”
l'interrompit l’homme en armure qui s’était fièrement avancé pour s’interposer entre les deux seigneurs locaux.

Thengald dévisagea cet étranger qui s’était présenté comme un émissaire du Haut-Roy Isildur ; il était venu jusque dans leurs montagnes avec ses manières de la capitale et son  petit ton autoritaire qu’il croyait légitimer par ses ordres de mission. Mais il en fallait bien plus pour intimider celui qui se faisait  appeler le “Roi de la Montagne”.

“Ceci n’est pas ma guerre! Si le Roi du Gondor désire voir ses enfants mourir devant les murs sombres du Mordor, alors grand bien lui fasse! Mais je n’enverrai point mes fils vers cette mort certaine!
-N’abusez pas du pouvoir qui est le vôtre! La Couronne a été assez clémente pour fermer les yeux sur votre petite sécession mais il est temps de prouver votre loyauté! Le seigneur Evanor, ici présent, n’a pas hésité une seule seconde à rallier les troupes de la vallée à l’effort de guerre. Si vous ne vous montrez pas coopératifs, le Roi se verra contraint de reconsidérer la question de l’autonomie de votre communauté.”


Thengald ne supportait visiblement pas le fait de recevoir des ordres de la part d’une entité supérieure par le biais d’un émissaire de rang inférieur. De plus, il n’avait nullement l’intention de faire partir ses meilleurs guerriers dans une guerre perdue d’avance au moment même où il en avait le plus besoin pour consolider son pouvoir face aux frères rivaux de la vallée de Morthond. D’un autre côté, il avait bien prêté serment devant le Roi et ce dernier n’était pas homme à contrarier. Le montagnard reste donc un long moment silencieux, pesant le pour et le contre, hésitant quant à la marche à suivre. Agacé, l’émissaire de Minas Tirith tenta de le presser par la menace.

“Le Roi a été assez clair sur ce sujet; je suis autorisé à faire usage de la force si nécessaire pour vous faire respecter votre parole!”


Thengald ricana mais il fulminait intérieurement d’entendre ce messager malingre le provoquer de la sorte. Il se retourna lentement, tournant  désormais le dos à ses interlocuteurs pour faire face à ses hommes et il sentit son poing tremblant se refermer sur lui-même; derrière-lui ses fidèles de la première heure savait que quand il entrait dans cet état là, alors il devenait incontrôlable.

“Bien...bien…”
fit-il d’une voix qu’il s’efforçait de rendre la plus douce possible.

L’émissaire esquissa un sourire et s’avança un peu plus alors qu’il triomphait intérieurement. Ainsi, la puissance de la Couronne faisait trembler jusqu’aux sauvages des Montagnes Blanches.

“Alors voici  ma réponse au Roi…”


Sans crier gare, Thengald dégaina sa lame et dans son mouvement puissant décapita la tête casquée du héraut qui s’en alla rouler en contrebas. Son corps s'affaissa sur la roche sombre avec un tintement  sous les yeux choqués du Seigneur Evanor et de sa suite. Mais ces derniers étaient bien moins nombreux que leurs rivaux qui avaient déjà dégainés leurs épées. Les hommes de la vallée se replièrent donc alors que le Roi de la Montagne reprit la route vers les sommets d’un air perplexe.


Le courroux d’Isildur serait terrible.





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Les derniers rayons de soleil brillaient encore entre les pics glacés, illuminant les bordures de la vallée du Racine Noire d’une faible lueure orangée qui annonçait la pénombre. Un vent venu du Nord se frayait un chemin à travers les escarpements et venait embrasser, de son étreinte glaciale, la foule qui s’était massée au pieds des montagnes. Après une longue nuit de veillée passée auprès des tombeaux des anciens suivie d’une journée de festivités qui avait vu locaux et visiteurs s’adonner à des compétitions de tirs à l’arc ou des concours de chasse, le peuple de Morthond s’était rassemblé à la lisière nord de son territoire pour ce qui représentait l’apothéose de cette période de fête: la Purification. Des immenses tambours battaient à un rythme soutenu faisaient entendre leur grondement dont l’écho faisaient trembler la vallée toute entière et faisait entrer les habitants dans un état de transe presque spirituelle. Plus haut dans le ciel, le son des percussions se mêlaient aux cris stridents des buses qui virevoltaient au-dessus des têtes.

Cette cérémonie, à la fois fierté de la région et symbole des hommes qui la peuplaient, était attendue avec impatience depuis de longues semaines et les préparatifs avaient été soigneusement orchestrés par le Conseil lui-même. Et l’édition de cette année s’annonçait particulière excitante; jamais autant de champions n’y avaient participé et le nombre exceptionnellement élevé de seigneurs venu d’ailleurs renforçait cette envie de prouver aux étrangers la bravoure et le mérite des gens de la vallée. Quelques rumeurs inquiétantes portant sur la découverte d’anciennes malédictions enfouies dans les glaciers près de la Pierre d’Erech s’étaient propagés dans les rangs et faisaient frémir de peur les plus courageux mais toute cette affaire avait été tant bien que mal été étouffée par les autorités.

Une autorité d’ailleurs parfaitement incarnée par l’imposante silhouette du Seigneur Eon Ludgar qui, juché sur une sorte de promontoire rocheux, observait avec gravité l’agitation qui se déroulait sous ses yeux. Ce soir, il n’avait pas le coeur à rire. A ses côtés se trouvait le taiseux Capitaine Formric, maître archer, ainsi que le vieux Navon, doyen du Conseil des Rescapés. Derrière eux, différentes bannières flottaient au gré du vent; celle des Rescapés représentés par un cygne noir était au centre, dominant toutes les autres. Cette édition de la Purification était déjà une grande fête et s’annonçait comme un véritable succès historique; jamais les participants n’avaient été aussi nombreux. Même la vieille Dame Eliabel avait daigné quitter son cottage reculé sur les contreforts de la montagne pour se présenter avec un champion bien mystérieux.

Malgré tous ces signaux positifs,   Navon échangea un regard inquiet avec son suzerain; ils savaient tous les deux ce que l’architecte avait découvert et avaient fait le choix délibéré  de ne rien en dire pour éviter la panique. Pourtant, au fond d’eux, les prenant par les tripes, résidait encore une peur irrationnelle.  Et si…


#Ludgar #Navon #Formric

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Dans l’ombre de Tryon, Elisha avançait lentement tout en scrutant les alentours de son regards aussi intelligent que calculateur. Sur leur passage, plusieurs personnes intriguées  s’étaient retournés en désignant du doigt le Baron de Roncefort, ils parlaient entre eux d’une voix basse mais dans laquelle on percevait la curiosité. Eon Ludgar avait pris bien soin de propager l’information que cette année, il y aurait bien un Seigneur en personne qui prendrait part à la Purification; chose qui n’était pas arrivée depuis la participation du maître de Morthond lui-même. La population se demandait ainsi qui était cet homme assez fou pour risquer ainsi tout ce qu’il avait mais d’un autre côté les gens de Morthond savaient apprécier la bravoure du guerrier, quand bien même elle confinait à l’inconscience, et Tryon pouvait ainsi voir l’admiration au fond des pupilles des observateurs.

Derrière eux se tenait Wilfried qui portait fièrement les effets de son suzerain. Si le colosse se sentait lésé d’avoir ainsi été placé sur la touche, il n’en montrait absolument rien. C’était un grand professionnel et avant tout un soldat loyal. La Baronnie de Roncefort savait décidément bien s’entourer.

L’attention du Baron fut alors attirée par une voix bien familière qui s’adressa à lui:

“Le Baron de Roncefort! Mon cher ami Tryon!”


Le seigneur Vögel s’avançait vers lui les bras écartés avec un large sourire révélant sa dentition bien trop parfaite pour être honnête. ll était lui aussi accompagné de son champion, vêtu du même équipement élégant, mais bien peu fonctionnel, que le gardes qui avaient été massacrés dans le bastion des Roncefort. Derrière son ton amical, on percevait d’ailleur très bien la rancoeur provoqué par ce souvenir amer chez le Seigneur du Hautval.

“Quel plaisir de vous voir ici!
Continua-t-il sur cet air des plus hypocrites. Je me vois rassuré de vous voir présent avec votre champion; figurez vous que le bruit court que vous auriez décidé de participer vous-même à cette cérémonie barbare. Quell folie serait-ce! En tout cas votre colosse aura en Wulm, mon plus fidèle soldat, un allié de choix au sein du Chemin des Morts.”

Le garde, affublé d’un casque à plume, opina du chef ne sachant pas réellement qui de Tryon ou Wilfried il préférait avoir à se méfier une fois au coeur de l’action.

#Elishan
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Eneron avait pris du retard et quand il arriva sur place, le lieu était déjà noir de monde. L’Arnorien avait passé l’après-midi auprès de l’ambassadeur de Dol Amroth, le sulfureux Mafielas qui résidait dans un domaine située en périphérie de la vallée, aussi loin que possible des “bouseux” de Morthond. L’homme, autrefois grande figure politique de la cité princière, noyait sa frustration dans l’eau-de-vie qu’il produisait dans sa cave. On l’avait écarté et envoyé ici suite à une basse manoeuvre politique et il menait depuis une vie bien amère. Toutefois, le vieil homme n’avait pas complètement baissé les bras et manigançait dans l’ombre pour préparer son retour; malgré ses échecs son sens politique était toujours affûté et il avait encore des cartes à jouer. Eneron avait ainsi beaucoup appris durant ces heures passées dans son salon; il n’avait même pas vu le temps passé et avait dû quitter son hôte  à la hâte au moment où  il avait constaté que le soleil commençait à décliner à l’horizon. Mafielas avait refusé de l’accompagner, ne désirant pas prendre part à ces “traditions de primitifs”.

Le Seigneur du Valnahar déambula pendant de longues minutes au milieu de la foule, quelque peu agacé du champ de vision réduit qui l’empêchait de trouver la personne qu’il cherchait. Heureusement, la silhouette filiforme et l’allure distinguée de cet individu tranchait avec le reste et, pour peu que l’on croisait, l’individu était reconnaissable entre milles malgré le capuchon qui recouvrait ses traits et ses oreilles en pointes.

“Maître Aurhen! Je crois bien qu’il est temps de me faire part de votre choix concernant mon offre…”

Il avisa alors l’épée de haute facture que le Premier Né portait à sa ceinture.

“En tout cas vous me semblez fin prêt pour ce soir!”



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Elsner venait de quitter la compagnie de Dame Aofel et celle des rohirrims postés près d’une tente installée un peu plus loin pour l’occasion au dessus de laquelle flottait la bannière emblématique frappé du méaras. Il alla tranquillement se poster près de l’entrée du Chemin des Morts, là où tous les champions commençaient lentement à se regrouper. Il avait déjà identifié les menaces principales, à commencer par Kaldor. Les Rescapés choisissait toujours des guerriers de talents pour les représenter lors de la Purification, une cérémonie avant tout significative pour les gens de leur caste. Les deux hommes échangèrent un regard glacial. Il  jeta un coup d’oeil au Seigneur Ludgar, toujours posté sur son “estrade” et qui s’apprêtait à faire son discours pour lancer les hostilités. Le mercenaire fit machinalement rouler ses muscles alors que son regard déviait lentement vers la cavité obscure qui servait d’entrée au royaume des damnés. Les ténèbres y étaient absolus, presques palpables, et ils happèrent la conscience du rohirrim pendant de longues minutes. Il crut même entendre une voix diffuse dans l’air froid qui l’invitait à pénétrer dans l’ombre.
Elsner fut finalement tiré de sa torpeur par les cors qui se mirent à résonner au sein de la vallée. L’heure était proche.

Il se rendit alors compte que la silhouette qui se trouvait à sa droite était bien différente de celle de tous les autres colosses qui les entouraient. Un corps certes athlétique et élégant mais qui semblait bien frêle et mince en comparaison de leurs rivaux. Son visage était entièrement recouvert par un masque de métal, accoutrement curieux pour cet évènement où les participants étaient avant tout en quête de reconnaissance.
Mais le rohirrim comprit rapidement que cette femme n’était pas à sous-estimer; tout dans ses gestes et son attitude respiraient le confiance ainsi que l’expérience. Il ne savait pas encore comment elle comptait rivaliser au sein du Chemin des Morts mais il se doutait bien qu’elle ne s’était pas retrouvée ici par hasard.

Il tenta de briser la glace qui les séparait en lui parlant sur un ton qui se voulait assez banal.

“Il y a bien plus de rivaux que ce que j’imaginais; cela s’annonce encore plus compliqué pour trouver les rares biens qui doivent rester dans ces souterrains. Mais au fond, nous ne sommes pas venu seulement pour les trésor des macchabées, n’est-ce-pas?”


Elsner savait pertinemment dans quel but il avait été envoyé ici par le Bras de Fer; l’or était un facteur certes mais l’idée était surtout de faire connaître le nom de leur organisation. Sur un plan personnel, cela était également l’occasion parfaite pour renouer des liens avec des gens de son peuple -fussent-ils des réfugiés. Mais le mercenaire, d’un naturel curieux, se demandait bien pour quelle raison une femme, aussi talentueuse fut-elle, risquerait ainsi sa peau là-dedans car il devait bien avouer que maintenant qu’il faisait face au Chemin des Morts, il n’avait plus vraiment envie de s’y aventurer.
Sujet: L'appel des Morts
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Rechercher dans: Vallée de Morthond   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'appel des Morts    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 2 Oct 2020 - 1:29

Le Seigneur Ludgar posa un  regard sévère sur son champion. Le maître des lieux était un homme juste et apprécié par ses pairs mais il n’en demeurait pas moins intimidant, voire même parfois inquiétant. En dévisageant Kaldor il crut voir l’homme qu’il avait été bien des années plus tôt, cet intrépide guerrier qui s’était jeté tête baissé dans les entrailles des Montagnes Blanches pour y narguer les damnés dans leur propre territoires. Il en était ressorti adulé de son peuple et couvert de gloire mais ne connaissait que trop bien les erreurs qu’il avait commises et dans lesquelles son protégé pouvait tout aussi bien tomber. A l’époque , lui avait eu la chance de s’en relever mais tous n’avaient pas cette fortune là, il ne le savait que trop bien et comptait bien mettre en garde son subordonné à ce sujet.

“Rival ou allié je l’ignore. Mais ce dont je suis certain c’est que ce  Baron de Roncefort fait partie de ces hommes qu’il faut garder à ses côtés.”


Il avait côtoyé bien des hommes de cette trempe, à commencer par son père. Les guerriers fiers, imprévisibles et parfois violents n’étaient pas rare aux pied des Montagnes Blanches et Ludgar avait construit sa carrière en apprenant à les canaliser et les garder en respect quand cela se révélait nécessaire. Mais Kaldor n’avait pas tort quand il soulignait l’étrange lueur qui régnait au fond du regard de leur invité; ce détail qui en disait long sur ce que Tryon était prêt à accomplir ne lui avait pas non plus échappée. Il connaissait bien ce genre de regard, il en avait plusieurs fois croisé au cours de ses campagnes; ces yeux sombres animés par une détermination surhumaine, qui confinait à la folie. La dernière fois qu’il avait croisé ce regard, il y avait laissé un oeil.

Las, Eon Ludgar congédia Kaldor d’un geste.

“Va à présent te reposer champion! Tu auras besoin de toutes tes forces quand la cérémonie débutera!”

Malgré le fonctionnement  politique très partiellement démocratique de la vallée de Morthond, on ne discutait pas un ordre direct du seigneur en place. Le soldat prit donc ses effets avant de quitter la vaste et austère “salle du trône”.

Le seigneur se rassit alors avec un grognement qui fut suivi d’un long soupir qui trahissait sa fatigue. Il étendit sa jambe dans l’espoir de soulager son genou douloureux. Le poids des années se faisait de plus en plus sentir sur les épaules de ce vétéran qui veillait pourtant à ne jamais montrer le moindre signe de faiblesse en public. La mort de son épouse quelques mois plus tôt l’avait encore plus poussé à se retrancher sur lui même et il refusait de partager avec quiconque, y compris ses plus fidèles amis,  le récit de ses douleurs, tant physiques que psychologiques. Le peuple de Morthond avait une vie assez rude, ils n’avaient pas besoin d’un chef qui pleurnichait. Toutefois, il y avait une personne qui avait réussi à briser cette armure savamment érigé. Une seule personne qui avait brusquement déboulé dans son intimité et qui avait remise en question l’image qu’il s’était construite de lui-même.

Une porte dérobée s’ouvrit à la volée.

Dame Aofel fit son entrée avec un sourire adressé à son amant éprouvé. Ce dernier lui répondit d’un regard d’une douceur qu’il laissait rarement transparaître.

“Ce Roncefort me semble être un homme à la tête dure.
-Tant que vous ne faîtes attention qu’à sa tête…”

La belle rohirrim eut un petit rire gênée,  pas vraiment amusée par  la plaisanterie graveleuse de Ludgar. Elle continua pourtant de s’approcher et posa délicatement une main sur la large épaule de l’homme.


“Vous savez Dame Aofel, j’ai longuement réfléchi et je ne pense pas que ce soit une très bonne idée d’envoyer un représentant des réfugiés à la Purification. C’est une tradition locale et…
-Et donc?
rétorqua-t-elle d’un air surpris et pas le moins du monde intimidée par le seigneur. Ne désirez vous donc pas voir les réfugiés du Rohan s’intégrer du mieux possible en adoptant vos traditions?
-Si si, bien sûr que si. fit Ludgar visiblement agacé. C’est juste que..”

Cette femme avait décidément le don de le déstabiliser plus que tout autre animal politique ou colossal guerrier qu’il avait pu croiser. Elle avait ce don pour toujours identifier la faille dans le discours de son interlocuteur et pointer là où ça faisait mal. Il prit quelques secondes pour réfléchir à une réponse et poursuivit.

“ C’est juste que pour  la Purification c’est un peu particulier. Les tensions sont exacerbées entre Rescapés et Petits ainsi que tous les seigneurs étrangers; si en plus je dois rajouter les rohirrim  l’équation ça va…
-Assez!
le coupa-t-elle avec un aplomb qui le laissa sans voix. Ma décision est prise et de toute façon cela n’est pas de votre ressort, vous ne pouvez nullement empêcher des résidents de la vallée d’envoyer leur champion dans le Chemin des Morts…
-Certes, mais ce mercenaire là… franchement…
-Il est un homme de confiance. Je lui confierai jusqu’à ma vie.”


Eon se renfrogna légèrement mais ne tomba pas dans le piège qu’elle venait de lui tendre. Elle voulait le rendre jaloux ainsi? Ah! Il n’en montrerait rien, même si au fond  de son esprit une légère pointe de doute se faisait désagréablement ressentir.  Cependant il finit par abdiquer face à elle, encore une fois.

“Soit, alors ainsi soit-il….”

Epuisé par les évènements récents, il ne voulait à présent que se détendre, la prendre dans ses bras puissants et passer une douce nuit d’amour avant les événements mouvementés du lendemain. Mais visiblement, Aofel ne l’entendait pas de cette oreille.

“Et concernant la découverte de l’architecte ?
-Une coïncidence et beaucoup de foutaises… des histoires de conteurs fous pour terroriser des gamins.
-Pourtant je vous sens inquiet Monseigneur.”

Ludgar ne répondit rien mais elle avait, encore une fois visé juste. En effet, l’inquiétude le gagnait petit à peu; d’ordinaire à l’approche de la Purification il ne ressentait que de l’excitation mais cette année là elle était inexplicablement mêlée d’une part d’appréhension.
La rohirrim s’assit alors à ses côtés et descendit ses doigts le long de son buste.

“Peut-être qu’en révélant notre relation à tous, vous vous enlèverez un poids. Nul homme vivant caché ne peut vivre en harmonie.
-Arrêtez vous savez bien que cela est encore trop tôt. Nermana est morte il y a moins d’un an et la période deuil n’est pas encore terminée; et puis avec une étrangère… cela serait si mal perçue…”

Prenant un air offusqué, qu’Eon se doutait d’être feint, Aofel se redressa d’un coup.

“Je ne veux donc pas plus à vos yeux que le conservatisme réducteur des grabataires du Conseil?
-Enfin vou savez bien que je vous aime!
-Je commence à en douter fortement. Au fond peut-être devrais-je aller vérifier si ce Roncefort a autre chose qui soit dur!”

Sur cette dernière remarque pour le moins cavalière, elle tourna fièrement les talons et claque la porte derrière elle; laissant le seigneur de Morthond plus seul que jamais. Mais de quelle femme était-il donc tombé amoureux?

Exténué, le vétéran se redressa et pris la direction de sa couche. C’en était assez pour aujourd’hui.

#Aofel



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Eneron eut un sourire amusé. Le Premier Né qui l’avait hélé avait longuement parlé sans pour autant réellement répondre à la question - pourtant plutôt simple - de l’Arnorien. Mais ce dernier n’était guère surpris, cela correspondait bien à la description qu’on lui avait faire des Elfes. Néanmoins, il dut bien reconnaître être flatté quand Aurhen s’enquit de l’emplacement de son domaine; ce n’était pas tous les jours qu’un être de cette espèce s’intéressait aux frontières d’un domaine provincial plutôt secondaire.

“Le Valnahar se trouve au nord de Tharbad, dans le Cardolan. Non loin du delta du Gwathlo, là où le fleuve se sépare pour devenir le Bruinen et le Mitheithel; des terres fertiles qui permettent à mon domain de se développer de manière rapide et de prospérer.”

Il avait bien pris soin de nommer les rivières par leur dénomination elfique. Le jeune gentilhomme analysa alors longuement la silhouette élancée de son interlocuteur.

“Maître  Aurhen, vous avez voulu m’embrouiller l’esprit avec vos longues tirades et je m’y suis laissé prendre. Mais vous n’avez toujours pas vraiment répondu à ma question sur la raison de votre présence. Mais au fond cela est sans importance; toute personne se rendant dans cette région reculée en cette période de l’année ne le fait que pour une bonne raison: La Purification. J’ignorais que cette pratique intéresserait même les Eldars, mais après tout si je suis venu d’Arnor…”

Eneron fit lentement approcher sa monture de celle de Aurhen; il y avait là une opportunité en or qu’il comptait bien saisir.

“ J’ignore pourquoi vous voulez y participer, ni même ce que vous être venus rechercher dans les entrailles hantées des Montagnes.Quoiqu’il en soit si vous voulez pénétrez dans le Chemin des Morts, il vous faudra représenter un groupe ou une délégation. Mais je vois que vous êtes venus seul… Un mercenaire en quête de richesse et de gloire? Au fond peu importe, car je peux vous offrir les deux.”


Eneron fixait intensément son interlocuteur, plus âgé, et donc plus expérimenté de plusieurs millénaires. Mais malgré sa jeunesse, l’Arnorien faisait preuve d’une assurance à toute épreuve. Une fois qu’il avait un objectif en tête, il n’en détournait plus le regard et était prêt à tout pour y parvenir.

“Soyez mon champion Maître Aurhen fils de Celemegil! Représentez moi! Vous aurez ainsi le droit de rentrer dans les souterrains pour y faire ce que vous y avez prévu en arrivant ici. En échange je ne vous demande que loyauté et le partage d’une part de votre immense prestige. C’est votre chance de décrocher un ticket pour la Purification.”

Visiblement l’elfe hésitait; Eneron fit alors étonnamment demi-tour, laissant Aurhen seul. Il lâcha tout en s’éloignant vers sa chaumière.

“Je vous donne le temps pour y réfléchir. Nous nous retrouverons demain au pied des Montagnes, là vous donnerez votre réponse.


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Sous l’oeil sage et presque admiratif d’Elishan; Tryon et Wilfried croisait le fer avec force et ténacité, tant et si bien que le vieux conseiller crut plus d’une fois que l’un avait grièvement blessé l’autre. Mais il n’en était rien; les deux guerriers savaient ce qu’ils faisaient et savait retenir leurs coups si nécessaire.

Il y avait pourtant une certitude; à en juger par la violence de ses coups, son abnégation à toute épreuve et sa rage incontrôlée, Tryon était prêt à croiser le fer dans l’obscurité du Chemin des Morts.

Arme à la main, le baron de Roncefort était une véritable bête.

Le soleilavait désormais totalement disparue et au sein de la bourgade de Casthond très faiblement éclairée; la nuit était presque totalement noire. On ne distinguait plus que les lueurs tremblotantes des lanternes portés par les gens de Morthond qui se rendaient sur les tombes de leurs ancêtres pour une longue nuit de veillée. Cette tradition ancestrale et éminemment importante visaient à rendre annuelement un échange à leurs morts. Ceux qui ne s'étaient pas parjurés. Ceux qui étaient restés sur terre.

D'abord une nuit de veillée pour honorer les morts qui étaient restés silencieux.

Puis une nuit de Purification pour s'assurer que  ceux qui ne l'étaient pas le deviennent.


HRP: Je clos ce topic introductif! Merci beaucoup d'y avoir participé et ça annonce du lourd. Je post au plus vite en ouvrant un nouveau sujet au sein du Chemin des Morts qui traitera directement de la Purification! Vous pourrez poster dans le nouveau sujet ; si vous tenez vraiment à poster un dernier rp ici vous pouvez pour conclure mais c'est pas obligé et l'idée et de basculer sur le nouveau suejt que je vais ouvrir ce week end.

Sujet: L'appel des Morts
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Rechercher dans: Vallée de Morthond   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'appel des Morts    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 20 Juil 2020 - 11:44

Elishan se détendit légèrement sur sa selle. Tryon s’était présenté de manière plutôt sobre et semblait même vouloir apaiser la situation. Choix pour le moins judicieux au vu des dizaines de flèches pointées en leur direction. Au moins atteindraient ils tous la vallée en un seul morceau.

Formric, car ainsi était nommé le capitaine à la peau sombre qui leur barrait le passage, resta un moment silencieux, se contentant de tenir le regard défiant du Baron de Roncefort. Il n’en montrait rien mais il fut quelque peu troublé par le sourire étrange de son interlocuteur; ce genre de sourire inquiétant qui ne donnait absolument pas envie de sourire. Après ces quelques secondes de flottements où les deux partis semblaient se toiser tels deux fiers paons, l’archer de Morthond baissa son arc et ordonna, d’un geste de la main, à ses hommes d’en faire de même.

“Tout mes excuses messire
, expliqua-t-il en inclinant très légèrement le buste vers l’avant, la région est quelque peu agitée ces derniers temps; les brigands rôdent sur les routes, attirés par l’animation de la vallée et la richesse de certains de nos invités.  Nous devons être constamment sur nos gardes afin que tous puisse profiter de leur séjour ici en toute sérénité.”

Effectivement, cela faisait plusieurs jours qu’une nervosité inhabituelle avait gagné les rangs des archers de la Vallée de la Racine Noire. Mais contrairement aux dires du capitaine Formric, elle n’était pas seulement le fruit de la cérémonie. Il ne l’avait pas mentionné, mais les rumeurs concernant les macabres découvertes faites sur les glaciers et ces histoires de malédiction des Morts avaient fait vaciller les coeurs, y compris des plus braves. A Morthond on ne rigolait pas avec les superstitions.

“Casthond se trouve en contrebas. Une heure de chevauchée tout au plus. Le Seigneur Ludgar vous y attend; il tenait à vous recevoir en personne Messire.”


Elishan haussa les sourcils; il ne s’était pas attendu à ce que le maître de Morthond désire accueillir en personne Tryon dès son arrivée. Mais cela n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire, c’était une opportunité à saisir.  Alors que la délégation reprit sa route après que les archers aient dégagés le passage, Elishan fit approcher sa monture de celle de son seigneur et lui souffla à l’abri des oreilles indiscrètes.

“Monseigneur, cette première rencontre avec le Seigneur Ludgar est une aubaine; il est important d’y faire bonne impression. Je l’ai déjà rencontré plusieurs fois durant ma carrière; c’est un seigneur qui ne goûte que très peu au plaisir mondain et qui a résisté à la vague d’embourgeoisement de la noblesse du royaume. De ce que je sais ce n’est ni le plus fin des diplomates, ni le plus talentueux des politiciens ; mais c’est un homme au parler franc et attaché à son patrimoine et ses valeurs guerrières, on le dit impulsif, parfois imprévisible, mais excellent meneur d’homme et stratège.”


Le conseiller avait dressé un portrait rapide du personnage, un seigneur guerrier aimé des siens mais dont les manières parfois rustres et la sincérité l’avaient empêché de s’imposer complètement sur l’échiquier politique. Il était homme d’actions, non de manigances de couloirs.

“Je vous conseillerai de vous concentrer sur les points qui vous rapprochent lors de votre discussion à commencer par vos exploits guerriers et votre vision de l’honneur qui se perd au sein de la noblesse. Il faut qu’il se reconnaisse en vous.”

A mesure qu’ils parlaient et établissaient leur plan d’action, la brume qui leur cachait la vue se dissipa totalement révélant derrière elle la vallée de Morthond. Des terres en apparences totalement sauvages à l’exception de quelques bâtiments dispersées ça et là et de rares cultures en terrasses qui témoignaient pourtant d’un certain savoir faire. Sur le reste de territoire, la Nature sauvage semblait reine.  Elishan, lui, poursuivait son exposé sans se soucier du panorama qu’il avait sous les yeux.

“Concernant Ludgar, c’est moins l’homme que ce qu’il représente qui nous intéresse. Comme je vous l’ai dit, il n’est pas le meilleur des diplomates et bien qu’il soit loin d’être un idiot, il n’est pas impossible qu’il se laisse berner par un politicien plus intelligent. Sa tendance à croire encore en la justice et la bravoure des hommes est sans doute sa plus grande faiblesse. Cependant, il reste le seigneur le plus puissant de toute cette région. Économiquement, Morthond est certes peu développée mais le climat social y est stable et son autorité ne souffre que de peu de contestation. De plus, il est à la tête de l’une des meilleurs armées du royaume du Gondor; ses archers font partie du gratin des Terres du Milieu et certains disent que seuls les arcs elfiques sont plus solides que ceux de la Racine Noire. On dit aussi Ludgar proche du Haut-Roy Mephisto, il a son oreille et son soutien depuis de longues années. Vous l’aurez compris Monseigneur, il n’est pas un homme que nous voulons avoir comme ennemi...du moins pour le moment.”



Il laissa sa phrase en suspens alors qu’ils pénétraient au sein de la capitale du domaine, Casthond. Nulle fortification ou portes d’entrées pour leur indiquer qu’il venait d’arriver dans la cité; simplement un grand moulin et des bâtiments de plus en plus rapprochés les uns des autres. Ils furent accueilli par un groupe de gardes qui leur indiquèrent la demeure du seigneur local. La suite de Roncefort se dirigea vers le fameux “palais” qui n’avait de palais que le nom. La demeure du Seigneur de Morthond était en réalité une chaumière, à peine plus grande que les autres maisons où vivaient les gens de son peuple. On était bien éloigné du faste et de l’opulence à laquelle on aurait pu s’attendre pour un proche du Roi, mais c’était ainsi que les choses étaient à  Morthond. Tryon, Elishan et Wilfried furent les seuls autorisés à pouvoir rentrer à l’intérieur; ils mirent pied à terre, laissant leurs montures au soin du reste de leurs hommes et suivirent leurs hôtes.

L’intérieur de la résidence était aussi modestement décorée que sa façade extérieur. L’atrium était large mais assez vide et froid: il y avait une large table de bois à l’allure aussi brute que solide mais bien peu gracieuse. Une grande bannière blanche frappée d’un cygne noir ornait l’un des murs. Et quelques bougies éclairaient faiblement la pièce dont le nombre réduit de fenêtres la condamnait à la pénombre. Au final, seul le “trône” sur lequel était assis le propriétaire des lieux jouissait d’un certain cachet. Certes, il ne s’agissait que d’un fauteuil en bois sombre mais il avait été travaillé avec finesse et talents. Les accoudoirs étaient ornementés de figures de navire voguant sur des mers en furie alors que le dossier épousait l’élégante forme du cygne.  Les références maritimes si nombreuses dans cette région si éloignée de toute mer et dont les habitants ne pratiquaient pas la navigation avaient de quoi surprendre mais témoignaient de l’exil forcé de leurs ancêtres dans la cité maritime de Dol Amroth, des siècles plus tôt. Lors de leur retour, ils avaient ramenés avec eux certaines compétences et une pratique artistique influencée par la ville princière.

Ludgar était là, toisant ses invités de son oeil valide. La large cicatrice qui barrait son visage confirmait les dires d’Elishan; il n’était pas un seigneur qui avait gagné le respect des siens par son simple titre ou sa lignée. Non, il l’avait acquis au prix du sang et du mérite.


Il se leva mais resta à bonne distance de Tryon.

“Le Baron de Roncefort! Quel honneur de pouvoir enfin faire votre rencontre! Je me rappelle bien du Seigneur Alart, votre père, un sacré phénomène. Un homme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Et j’ai eu ouïe dire que vous étiez vous aussi un homme de cette trempe.”


Elishan échangea un regard inquiet avec Tryon; les paroles du seigneur de Morthond restaient vagues mais le sous-entendu était bien présent. Que savait-il des évènements qui s’étaient déroulés quelques semaines plus tôt dans le fief des Roncefort? Vogël lui avait-il déjà tout déballé?

Eon Ludgar ordonna que l’on apporte du vin et de la bière avant de  poursuivre:

“ Mais dites moi qu’est ce qui vous amène donc ici ? Si loin de vos terres… Jamais auparavant votre famille n’a présenté de champion pour la Purification..”
Sujet: L'ambition est le fumier de la gloire
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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 3 Juin 2020 - 0:50

Le discours endiablé et les promesses du Baron de Roncefort soulevèrent encore une fois la foule qui se mit à l’acclamer. Malgré ces temps d’incertitude et la faim qui assaillait leurs entrailles, le peuple avait enfin trouvé leur guide, leur protecteur. Tryon était un homme charismatique, dégageant force et puissance et les habitants de son domaine admirait particulièrement ces qualités là.

Elishan esquissa un sourire. La visite du village était une étape nécessaire pour aller à la rencontre du peuple mais aurait très bien pu être un piège pour le Seigneur. Mais son poulain s’en était parfaitement tiré et venait de rallier son peuple derrière lui. Un coup de maître.

Tryon avait convaincu les siens. Un vrai accomplissement. Restait-à voir s’il parviendrait à les sauver en convainquant ceux qui n'étaient pas les siens.

Morthond attendait les Roncefort.

HRP : La suite ici: L'appel des Morts



HRP: Voilà s'achève notre petit rp introductif que j'ai eu personnelement beaucoup de plaisir à jouer avec toi. Et c'est pas fini puisqu'on se retrouve pour la suite à Morthond et tu risques d'y croiser du beau monde!
Sujet: L'appel des Morts
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Rechercher dans: Vallée de Morthond   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'appel des Morts    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 3 Juin 2020 - 0:47

Cela faisait déjà plusieurs jours qu’ils chevauchaient à un rythme modéré le long des sentiers escarpés au pied des imposants sommets des Montagnes Blanches. Le climat avait été plutôt clément jusque là, un agréable soleil rendait leurs journées de voyages agréables et les quelques bourrasques de vent qu’ils affrontèrent ne furent pas bien menaçantes. Pourtant il suffisait de lever le tête pour se rendre compte que plus haut, plus près des cimes enneigées, le blizzard soufflait avec force et que le froid glacial régnait impérialement sur ces terres où bien peu de braves s’aventuraient.

La troupe qui avait quitté le domaine des Roncefort était assez peu nombreuse mais parfaitement qualifiée et lourdement équipée. Deux gardes ouvraient la marche, scrutant l’horizon avec suspicion, comme s’ils s’attendaient qu’un danger surgisse de nulle part pour se mettre sur leur chemin. Derrière eux se trouvaient les membres les plus importants de la délégation: Elishan entouré d’autres conseillers, le colossal Wilfried dont le rôle serait primordial pour la suite des évènements et bien sûr le Baron Tryon de Roncefort en personne qui avait tenu à faire le déplacement lui-même jusque dans la vallée de Morthond. Plus en retrait, d’autres gardes fermaient la marche.

Alors que la petite troupe s’apprêtaient à entamer la descente de la colline sur laquelle ils évoluaient depuis plusieurs heures; le capitaine Wilfried fut alerté par un bruit de craquement qui s’échappa des bosquets qui les entouraient; méfiant il posa la main sur le pommeau de sa lourde lame. Mais une voix profonde et grave s’éleva alors de derrière les arbres.

“Ne dégainez pas étrangers! Ou ce sera là votre dernier geste!”

Le menace n’avait pas été faite en l’aire. Tout autour d’eux, se dressèrent soudainement une dizaine d’archers qui les tenaient en joue. Ils étaient apparus subitement juste au moment où la mystérieuse voix avait lancé son avertissement quelque peu péremptoire.

Alors, un homme s’avança vers eux. Il ne portaient pas d’uniformes à proprement parler, comme les autres archers mais les signes qu’il portaient sur son épaule indiquait son statut d’officier. Fait inhabituel pour les habitants de la région, il  avait la peau aussi sombre que son arc fait de racine noire et dont les extrémités étaient élégamment décorés par une figure de proue de navire.

Le Capitaine des archers demanda alors d’un ton sévère:

“Qui êtes vous et que venez vous faire sur les terres du Seigneur Ludgar?”

Elishan jeta un regard en biais à Tryon. Il n’était pas étonné de l’accueil réservé; les hommes de Morthond n’étaient pas réputés pour leur sens de la diplomatie, ni même de la simple courtoisie. D’ailleurs, certains les disaient même complètement paranoïaques du fait de leurs innombrables superstitions. Pourtant, les hommes de la vallée savait bien que les seigneures voisins venaient ici pour la Purification; Elishan avait même pris le soin d’envoyer une missive pour leur annoncer leur venue. En réalité il soupçonnait simplement le seigneur Ludgar de vouloir asseoir ainsi son autorité à ses invités. Le patron ici, c’était lui et il comptait bien le faire comprendre. Le Baron de Roncefort avait bien le droit de se sentir lésé par cette situation mais compte tenu des flèches pointées dans leur direction; il valait sûrement mieux coopérer.
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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 6 Mai 2020 - 20:44

Elishan, qui serrait nerveusement les rênes de sa monture depuis leur arrivée dans ce village secoué, se détendit légèrement devant la réaction de son Seigneur. Pendant un instant, le vieux ministre avait craint le pire. Tryon était un homme impulsif et souvent violent et la situation aurait pu vite dégénérer si ce dernier avait considéré le regroupement de paysans comme une agression, ou pire une mutinerie. Le conseiller avait travaillé assez longtemps avec Arald pour savoir que ce genre de scénarios se soldaient généralement par un bain de sang chez les Roncefort. Mais il avait fait l’erreur de présumer que le nouveau seigneur était en tout point semblable à son paternel malgré la haine viscérale qu’il lui vouait. Il s’était de toute évidence trompé, Tryon n’était pas moins cruel mais il avait apparemment plus de sens politique que son prédécesseur; il y aurait finalement de quoi tirer quelque chose de ce jeune baron.

Le Maître des lieux avait en effet réussi à complètement transformer les enjeux de ces protestations pour en faire une tribune publique où il affirmait, pour la première fois, le rôle de protecteur qui était le sien devant son peuple. Vögel était un rival, qui avait tenté de tirer avantage du climat d’incertitude pesant sur leur fief suite au décès d’Arald. Par conséquent, il avait subi son courroux. Mais ces hommes, ces femmes, ces enfants; ils étaient la source même du pouvoir de la famille, ceux qu’ils devaient représenter aux yeux du royaumes, ceux qu’ils devaient défendre des dangers de ce monde. Faisant fi de tout protocole et avec une humilité très surprenante, Tryon mit pied à terre, se mettant ainsi au même niveau que ces sujets.  

Les gardes se tendirent face à cette manoeuvre audacieuse. Le seigneur de Roncefort se trouvait à présent au milieu de la foule, à son contact; dans ces dispositions il était bien compliqué de le défendre si jamais un des paysans décidait de lui porter atteinte. Il avait peut-être convaincu la grande majorité des habitants, il ne suffirait que d’un mécontent pour mettre fin à sa carrière politique avant même qu’elle n’ait commencé. Et seuls les Valars savaient ce qu’un homme affamé pouvait faire.

Heureusement rien ne se produisit.

Au contraire, le baron de Roncefort faisait à présent l’unanimité. Les révoltés d’hier se muant en soutiens. Sa harangue survoltée fut suivie par une clameur.

Tryon était un monstre, mais il était leur monstre.

Celui qui semblait être le chef du groupe et qui avait parlé le premier, s’écria:

“Mon Seigneur, vous ne vous battrez point seul!”


Une nouvelle acclamation suivit. Alors, le chef du village posa un genou au sol, s’inclinant devant son seigneur. Bientôt tous l’imitèrent. Y compris Elishan pourtant peu heureux de quitter sa selle et salir son onéreuse tunique sur le sol boueux.

En se relevant, le paysan répondit à la demande de Tryon:

“Mon Seigneur, le peuple vous fait confiance. Notre simple demande est celle de vivres livrées d’urgence pour que les plus faibles d’entre nous puissent voir la fin de la semaine.
Nous sommes également tous prêts à travailler plus pour tirer le maximum de cette terre capricieuse, mais il nous faudrait des outils plus solides et des charrettes fonctionnelles.”

Les mots de Tryon avaient calmé la colère des hommes, mais leur souffrance était toujours présente.
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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 16 Avr 2020 - 17:22


Elishan chevauchait légèrement en retrait, laissant la tête du groupe au Baron de Roncefort. C’était ce genre de détails qui faisaient la différence entre un bon conseilleur et un excellent ministre. Avec l’expérience, il avait appris que les puissants de ce monde appréciaient que leur supériorité se manifeste par divers petits gestes et attentions. Pendant des années,  il avait veillé à ce que jamais  Arald ne se sente touché dans sa fierté et avait sans relâche œuvré à satisfaire les caprices de son supérieur à ce sujet. Ce n’étaient ni la richesse, ni l”armée qui faisait un seigneur mais bien l’expression de sa domination sur ses sujets. Tryon était bien différent de son paternel mais sur ce point ils avaient tous les deux les mêmes désirs  , tous les puissants de ce monde se ressemblaient d’ailleurs plus ou moins sur ce point.

Cela faisait près d’une heure qu’ils avaient quitté la résidence des Roncefort afin de partir à la rencontre des habitants du domaine. Un soleil de plomb brillait fortement au-dessus de leur-tête, accablant de chaleur les hommes en armures qui les accompagnaient. Il n’y avait pas vraiment grand chose à craindre pour Tryon au sein de son territoire, tout au plus risquaient-ils de croiser quelques paysans mécontents, mais là encore la présence d’une garde rapprochée lourdement armée était indispensable pour figurer l’inflexibilité et la grandeur du Baron.  La paysage dans lequel ils évoluaient était proprement époustouflant; le Roi Méphisto ne s’était pas moqué de son frère d’arme en lui confiant la charge d’un lieu aussi beau et stratégiquement placé. A leur gauche, se dressaient les Montagnes Blanches, à la fois fières et menaçantes et couvant de leur ombre protectrice tout la vallée. Leurs bases était sombre, constituée de roches noires et rugueuses; leurs cimes qui se perdaient dans les nuages complètement blanches. Là-haut, le Rude Hiver ne s’était jamais arrêté. Sur leur droite s’étendait des terres vallonnées verdoyantes, mais là où les domaines voisins comme celui du HautVal était constitué de champs artificiellement aplanis, celui des Rochefort se distinguait par une végétation majoritairement sauvage qui poussait de manière certes anarchique mais dont se dégageaient une impression de force indomptable. Un peu comme à l’image de ses occupants, peu académiques mais aussi fougueux que dangereux.

Ils arrivèrent bientôt en vue d’un hameau composée de quelques chaumières où résidaient une dizaine de serfs. Dans ce coin-ci, tous les hommes travaillaient la terre. Ceux qui avaient fait le choix de s’adonner à des activités différentes étaient parti s’installer plus près du coeur du domaine, là où Tryon et sa famille résidait.  Les paysans en question vivaient de manière plutôt précaire; la plupart des bâtiments étaient fait de bois et paraissaient bien fragile. Quant à ceux qui avaient été construits en dur, ils étaient si délabrés qu’Elishan se demandait encore comment on pouvait vivre à l’intérieur malgré la menace que le toit ne s’écroule sur sa tête. Il n’y avait ni route pavée ni sentier aménagée d’une quelconque manière; seulement la terre nue dont l’aspect boueux résultait de l’activité des habitants. En sus, une odeur désagréable de fumier mêlé à de la transpiration monta rapidement à leurs narines. La politique économico-agricole parfois aléatoire de Arald ainsi que le Rude Hiver avait fait énormément de mal aux sujets les plus modestes de la Baronnie. Des périodes de disette prolongée avait d’ailleurs accablée le territoire durant les dernières années et il n’était pas encore à l’abri d’un nouvel épisode de famine.

Un enfant qui ne devait pas avoir plus d’une douzaine d’années, mais qui revêtait pourtant l’uniforme de ceux qui travaillaient dans les champ; lâcha sa brouette en voyant approcher la suite de Tryon. La vue de la bannières frappée des armoiries locale alerta le gamin, et il se mit à courir à travers le village pour alerter tout le monde de la visite prestigieuse dont ils se seraient certainement tous bien passés.

Au moment où ils arrivèrent au centre de la bourgade, une petite assemblée de résidents les attendaient. Et ils étaient visiblements mécontents. Avant que Tryon ne puisse réagir, sa garde et lui-même se retrouvèrent encerclés par une trentaine de paysans en colère. Ceux-ci ne montraient aucun signe de violence pour le moment mais cela pouvait dégénérer à tout moment. Bien entendu, les hommes de Roncefort était bien mieux équipé mais ils auraient tort de sous-estimer la létalité d’une fourche habilement manié.

Un homme, qui devait sûrement être l’un des responsables de cet endroit, fit alors quelques pas en avant. Il avait la peau rougie et les bras formés  par les heures de travail à l’extérieur. Le paysan s’incline respectueusement devant son seigneur, soucieux de respecter la hiérarchie, mais exposa alors la situation sur un ton qui se voulait presque défiant.

“Mon Seigneur, c’est un véritable honneur de vous voir ici. Nous apprécions cette visite à sa juste valeur. Cependant veuillez comprendre la tension qui nous gagne, la plupart de nos terres arables sont devenus complètement impraticables suite au Rude Hiver et à la canicule qui a suivi. Les stocks se vident dans les silos et nous ne sommes pas certain de pouvoir nourrir nos familles encore bien longtemps. Quant aux terres qui peuvent encore produire quelque chose elles se trouvent au pied des Montagnes; un terrain escarpé et dangereux qu’aucuns de nous ici n’avons appris à exploiter. ”

Des grognements de mécontentement s’élevèrent alors de la foule de plus en plus agitée.

“Mon Seigneur, il faut que vous compreniez que si vous ne faîtes rien, vos sujets vont mourir de faim et de misère.”

Elishan aurait voulu s’approcher de Tryon pour lui souffler de précieux conseils à son oreil afin de se sortir de cette délicate situation. Cependant, il savait bien que ce dernier n’apprécierait guère qu’un de ses ministres agisse ainsi en public, cela pouvait saper son autorité. Le vieux conseiller se contenta donc de guetter avec inquiétude la réaction de Tryon. Autour d’eux, la grogne de la foule s’amplifiait à chaque seconde; il fallait prendre la bonne décision, et vite, pour éviter le pire.
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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 24 Mar 2020 - 18:23

Elishan inclina légèrement la tête sur le côté en écoutant les paroles de son seigneur. Au niveau du caractère, ce Tryon n’avait pas grand chose à envier à son paternel; il était peut-être même encore plus imprévisible pour le conseiller qui avait eu l’opportunité de connaître depuis de longues années le précédent Baron, au contraire de l’actuel. Si le vieux ministre avait fait une erreur au sein de la Baronnie des Roncefort, c’était de ne pas s’être impliqué d’avantage dans l’éducation du petit Tryon laissant Arana et les serviteurs s’atteler à cette tâche. A l’époque il était tout consacré aux tractations politiques d’Arald, soucieux d’établir des bases solides pour son nouveau domaine. Il avait échoué à anticiper le décès de son ami et la succession de son fils, il savait que cela se produirait tôt ou tard mais il se savait mal préparé à cela. Cependant, Elishan avait plus d’un tour dans son sac et ses années d’expérience plaidaient en sa faveur; personne à des lieues à la ronde ne lui arrivait à la cheville en terme d’intelligence stratégique, capacité politique et réseau de contacts. Il se savait trop précieux pour les Ronceforts, pour le moment du moins.  

Le visage du vieil homme resta parfaitement impassible malgré les compliments, puis les menaces du Baron.  Il ne comptait plus les fois où, fou de colère, Arald l’avait menacé de lui trancher la gorge après des conseils peu appréciés. Cela ne le faisait plus frémir, la force de l’habitude.  Le père et le fils étaient à la fois si semblables et si différents, Elishan devrait veiller à ne pas se fourvoyer en employant les mêmes ressorts qu’il utilisait avec le défunt seigneur mais la logique politico-stratégique demeurait identique.

“Vos compliments me font chaud au cœur Mon Seigneur.”
affirma-t-il d’un ton suave et détaché.

Il déposa délicatement sa coupe de vin sur la longue table et s’approcha de quelques pas, restant tout de même à une distance respectable de son impulsif interlocuteur.

“Soyez sans crainte mon Seigneur. Ma loyauté n’est jamais allé à votre père mais au nom qu’il portait, celui des Roncefort. Cette lignée que j’ai, pendant d’années, aidé à s’établir comme une puissance légitime et crainte et que j’espère pouvoir servir jusque dans mon lit de mort.”


Rien ne pouvait réellement être moins vrai. S’il s’était engagé dans cette périlleuse mission c’était avant tout à cause des liens qui l'unissaient à Arald. A ses yeux, Arana n’avait été qu’une fâcheuse épine dans le pied; gagnant trop d’influence sur son mari. Les dernières années avaient été particulièrement frustrantes à ce niveau, la Dame avait quasiment pris tout le pouvoir des mains d’un Baron diminué par la maladie et Elishan avait constamment eut le sentiment qu’il aurait mieux valu s’adresser à un mur durant les réunions tant Arana restait indifférente à ses conseils. C’était cela qui avait, à son tout sauf humble avis, à une sorte de stagnation du pouvoir des Roncefort sur ces dernières années. A son grand déplaisir, il avait aussi pu constater que la veuve avait également une influence véritable sur son fils. Ce dernier était loin d’être un pantin, quiconque aurait voulu contrôler un tel phénomène risquant de le regretter cher, mais cette situation n’était pas idéale pour le vieux ministre.

Il esquissa un léger sourire en coin quand Tryon désigna du doigt du membre sanguinolent d’un garde du HautVal avant de le lui présenter avec une fierté non feinte. Ces manifestations de violence, qui confinaient parfois au burlesque, avaient rythmé la  longue carrière d’Elishan et il était simplement amusant de constater que sur ce point-là rien ne risquait de changer.

“Je ne vois que l’expression de votre puissance et inflexibilité Mon Seigneur. Nul ne pourra venir vous insulter sur vos terres sans en subir les conséquences.”


Elishan sortit alors un long rouleau de parchemin scellé de l’intérieur de sa longue veste.

“Mon Seigneur, permettez moi de vous présenter le rapport dressé suite à ma visite du domaine. Tout y est soigneusement détaillé mais je voudrais aborder vous les points les plus importants afin de décider de la marche à suivre.”


Le conseiller décida de débuter par le positif:

“Notre population a sensiblement augmenté depuis le dernier recensement avec une proportion importante de jeunes de moins de vingt ans. Des personnes vigoureuses qui pourront parfaitement s’intégrer à notre plan d’intensification de production. Certains font toujours le deuil du Seigneur Arald, mais ce triste accident ne semble pas avoir perturbé outre mesure notre productivité. Les artisans travaillent toujours aussi efficacement. Cependant plusieurs problèmes doivent impérativement être traités le plus rapidement possible.”


Comme il l’avait fait un petit peu plus tôt il marqua une pause prudente entre les points positifs et négatifs qu’il présentait. Après avoir estimé que son suzerain n’exploserait pas complètement à la phrase suivante, il poursuivit:

“ Voyez-vous, votre père a , lors de la fin de son règne, complètement délaissé certains pans de la Baronnie qui souffrait pourtant déjà des ravages du Rude Hiver. Ainsi notre production n’a fait que réduire d’année en année, à mesure que de plus en plus de terrains devenaient impraticables pour les agriculteurs. Les beaux jours sont depuis revenus mais après des années de gel, ces champs ne pourront rien produire avant encore plusieurs années. De plus, durant le Rude Hiver beaucoup de paysans  se sont tournés vers d’autres activités face à l’impossibilité de cultiver. Les stocks que nous avions réalisé durant les périodes d’abondance nous avaient permis de tenir jusque là et nous pouvons encore tenir la corde sur quelques mois. Mais si la productivité n’augmente pas drastiquement nous risquons bien la pénurie en grains, et de plusieurs dizaines de quintaux.”

La situation était en effet critique, si la famine les frappait il risquait de voir de nombreux serfs mourir, ou pire déserter la baronnie. Ce n’était pas tant la mort de quelques paysans qui émût Tryon ou Elishan mais bien le danger que cela pouvait provoquer sur leur production sur le long terme et sur la panique qui pouvait gagner la population. Régner c’était bien, régner sur un domaine avec des gens c’était encore mieux.

“Il est donc impératif que nous profitions au plus vite de notre accord avec le HautVal pour importer des denrées , au moins pour tenir deux saisons. Mais je n’ai aucune confiance en Vögel et nous ignorons combien de temps il respectera les termes du contrat. Il vous faut donc prendre des décisions. En l’état je ne vois que quelques solutions: nous devons d’abord augmenter la masse de travailleurs dans les champs, mais il nous faut aussi trouver de la terre arable en quantité et nous en manquons au sein de nos frontières. Et bien entendu, la décision que vous prendrez risque d’impacter considérablement la vie de vos sujets. Il serait bienvenue que son annonce soit accompagnée d’une visite de votre part à travers le domaine, pour asseoir votre pouvoir et réputation.”


Elishan se resservit une autre coupe de vin rouge.

"Que pensez vous mon Seigneur?"
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Rechercher dans: Lamedon   Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag elishan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 13 Mar 2020 - 15:56

Le seigneur Vögel avait perdu toute considération stratégique et il n’avait plus la tête  aux considérations politiques. La seule chose qu’il désirait à présent c’était de sortir vivant de ce château et de cavaler aussi loin qu’il le pouvait de ce Baron fou à lier qui avait fait trucider une bonne moitié de sa garde personnelle. Les gargouillements d’agonie de ces derniers se faisaient de moins en moins forts à mesure que la Mort venait les soulager de leurs innommables souffrances. Déjà l’odeur enivrante du sang montait aux narines de ceux qui étaient encore en vie; le seigneur du Hautval en eut des frissons d’effroi tandis que Tryon semblait se délecter de ce moment, comme s’il tirait du plaisir d’un tel déferlement de violence. Et il n’en avait pas terminé. Avec un sens de la  théâtralité que d’aucuns auraient jugé grotesques, mais qui eut l’effet escompté sur son pair tétanisé; le maître de Roncefort reformula les termes du contrat entre les deux domaines à son avantage. Termes que Vögel s’empressa d’accepter en hochant la tête avec un air de chien battu et en marmonnant d’une voix effrayée entrecoupée de quelques sanglots:

“Oui...oui ce que vous voudrez monsieur le Baron. Ce que vous voudrez.”

L’humiliation fut parachevée lorsque dans ce qui ressemblait bien à un moment de folie pure et cruelle; l’hôte du jour se pencha sur son invité pour lécher le sang qui coulait des blessures de ce dernier avant de lui présenter sa lame pour qu’il suce à son tour. D’abord répugné, Vögel finit par se plier avec réticence aux exigences du Baron et trempa le bout de ses lèvres dans le liquide vermeil. Il fermait les yeux tout en essayant de ne pas penser à ce qu’il faisait et à quelle autre humiliation il allait bientôt subir.

Roncefort avait-il préparé son coup ou tout cela n’était ce que le soudain fruit d’une colère noire provoquée par l’arrogance des hommes du HautVal au sein de sa propre maison? Vögel n’en savait rien mais Tryon avait au moins gagné le respect, pour ne pas dire la crainte, de son homologue avec cette démonstration de force. La haine probablement aussi.

On écrivit un nouveau contrat à la hâte que Vögel s’empressa de signer d’une main tremblante avant de partir lestement sans demander son reste; laissant derrière lui les cadavres disloqués de ses hommes de main. Il récupéra son cheval et le reste de ses gardes qui avaient été assez chanceux pour recevoir l’ordre de rester à l’extérieur. Le Seigneur du HautVal s’éloigna alors du repère des Roncefort au triple galop. Humilié et blessé, il se jura qu’il ne laisserait pas un tel affront impuni.



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#Elishan


Quand Elishan entra dans la vaste salle à manger, il n’eut pas un regard pour les serviteurs qui se chargeaient de dégager les cadavres et nettoyer le sol inondé de sang. L’intendant Bregolon l’avait rapidement informé de la scène qui s’était déroulée quelques minutes avant son arrivée dans le palais et son retour de mission de travail au sein du territoire de la baronnie.  Elishan était le conseiller principal du Baron de Roncefort; il avait servi pendant de longues années sous l’autorité de Arald qu’il avait aidé à prendre les décisions politiques judicieuses pour installer correctement l’autorité de son nouveau titre tout en s’évertuant, avec pas mal de succès, à canaliser le caractère imprévisible de son supérieur hiérarchique. Il avait conservé son poste suite à la mort du Seigneur et assistait à présent Tryon; il avait un temps craint pour sa vie après la passation de pouvoir au vu de la haine que vouait le nouveau Baron pour tout ce qui touchait à son père, cependant sa mère qui appréciait les qualités de stratège et le pragmatisme du ministre avait convaincu son fils de le garder à ses côtés. Il n’était pas forcément facile de travailler comme conseiller de Tryon au vu de sa personnalité parfois instable mais il avait, avec Arald, déjà côtoyé un sacré spécimen pendant de longues années durant et se sentait assez rôdé pour ce travail. De plus, il était sûrement l’un de seuls conseillers de la famille Roncefort qui pouvait se targuer d’être écouté la plupart du temps, la plupart des autres ne faisaient guère plus que de la figuration.

Elishan était un homme d’un âge certain et ayant une longue expérience au sein de la politique et de la diplomatie. Son nom était, dans le milieu, connu au delà des terres de la Baronnie et il se disait que s’il l’avait bien voulu il aurait pu faire un carrière bien plus prestigieuse dans la Cité Blanche. Cela faisait pourtant bien longtemps qu’il avait quitté Minas Tirith pour suivre son ami de longue date, Arald, à qui le Haut-Roy avait offert un domaine sur les hauteurs des Montagnes Blanches. Il avait eu un rôle primordial pour assister le nouveau Baron, en particulier à ses débuts qui se révélèrent plutôt chaotiques. Elishan réfléchissait pragmatiquement et avait à coeur de toujours anticiper les étapes à venir; réfléchir au lendemain n’était pas suffisant, il fallait préparer le surlendemain pour avoir un avantage et il l’avait parfaitement compris. L'imprévisibilité des Roncefort lui avait souvent compliqué la tâche, avec des conséquences imprévues à gérer mais au fil du temps il avait appris à s’attendre à ce genre d’évènement et les surprises locales faisaient à présent partie intégrante de ses équations.

Personne ici n’avait été prévenu de l’arrivée du Seigneur de Vögel qui était débarqué à l’improviste dans le domaine. Quelque chose d’assez inhabituel et qui ne répondait pas au traditions diplomatiques  demandant d’attendre une invitation ou , au minimum d’envoyer une missive au préalable. Le jeune et ambitieux Seigneur du HautVal avait voulu s’affranchir des règles en vigueur pour prendre Tryon par surprise sans que les conseillers de ce dernier ne puissent l’assister sur les questions politiques et économiques. Force était de constater qu’il était tombé sur le mauvais client et qu’il devait très certainement regretter amèrement son audacieuse manoeuvre. La démonstration de force de son Baron avait fait son effet et pouvait avoir des répercussions positives mais aussi des conséquences potentiellement négatives et c’était à présent le travail de Elishan de minimiser les risques.

“Mon Seigneur,
salua-t-il en arrivant à hauteur de Tryon”

Il se courba légèrement, autant que son dos douloureux le lui permettait.

“Je reviens de mission de routine au sein du domaine et je dois vous dire que les nouvelles sont plutôt bonnes. Les paysans respectent les rendements imposés et les cargaisons importés depuis les vallées du sud sont arrivées sans retard et en excellent état.”


Il avisa alors la mare de sang qui se trouvait toujours dans un coin de la pièce.

“Maintenant je pense que nous devrions évoquer ce qu’il s’est passé ici monsieur le Baron…”

De tous les hommes travaillant pour Tryon, aucun n’avait osé faire le moindre commentaire sur la scène macabre qui venait de se dérouler, préférant garder le silence jusqu’à ce que la tempête passe. Mais Elishan n’était pas un ministre comme les autres, et c’était son rôle de parler des sujets les plus importants, en particulier ceux qui pouvaient fâcher.

“Tout d’abord permettez moi de vous dire, à titre personnel, je suis tout à fait satisfait que vous ayez remis à sa place ce pédant dandy. Il ne méritait pas moins.”

Il maniait le verbe et la rhétorique avec dextérité. Commencer en caressant le Baron dans le sens du poil permettait de créer le cadre de confiance idéal pour la suite de la discussion. Mais cela n’était pas suffisant, Tryon était tout sauf un idiot et satisfaire son ego n’était clairement pas suffisante. Il fallait aussi lui démontrer que son acte pouvait avoir un réel intérêt politique.

“De plus une telle démonstration de force nous sera sûrement bénéfique. Nous avons gagné la crainte, qui est supérieure au respect, de nos voisins et les termes du contrat signé par Vögel sont à notre avantage. De plus en réagissant de la sorte vous avez bien fait comprendre à tous que même si vous avez récemment pris le pouvoir, vous n’êtes pas un novice naïs se laissant se faire marcher sur les pieds. Un s’est frotté à vous et il a vu que cela donnait; je pense que les autres petits seigneurs ne tenterons plus cela. Cependant…”

Il marqua une pause, analysant les réactions du Baron. Elishan devait se montrer encore prudent dans son discours avec cet homme qu’il connaissait au final assez peu; à la fois si éloigné et si proche de son père.

“Cependant cet acte ne restera certainement pas sans conséquences. Nous avons sûrement gagné un ennemi officieux en la personne de Vögel, bien que nous sommes liés par contrat. Dans l’immédiat les risques venant de lui sont moindres; il vient de consolider son pouvoir dans le HautVal et les siens refuseront de partir en croisade. Il n’est pas encore assez influent et respecté pour cela. Et même si cela se produit, nous devrions être en mesure de les repousser. Mais avez bien pu voir quel genre d’hommes il est; c’est un lâche et évitera à tout prix la confrontation directe. Dans un premier temps il se pourrait même qu’il respecte les termes de l’accord mais c’est sur le long-terme qu’il peut chercher à nous nuire en tissant des alliances hostiles.”


Elishan se servit un verre de vin, qu’il se mit à siroter lentement. Il avait cette étonnante capacité à se détacher  totalement de ce qu’il disait ou analysait. Il aurait pu annoncer la fin du monde qu’il n’aurait rien perdu de son flegme et de son pragmatisme qui confinait au cynisme.

“Ce qui m’inquiète le plus c’est ce qui pourrait se passer aux échelons supérieurs si cette histoire remonte. Votre père profitait de la protection de Méphisto, qu’il connaissait personnellement mais à présent c’est plus délicat. Le Roi s’est retiré de la vie politique et il se murmure que les élites de Minas Tirith voient d’un mauvais oeil l’influence des multiples seigneurs locaux, en particulier dans cette zone. Vous comprenez? Ils rêvent d’une centralisation du pouvoir poussée à l’extrême pour contrôler tout le royaume. Et cette altercation pourrait être l’excuse parfaite pour une expédition punitive et s’enlever une épine du pied. Dans ce scénario, nous ne ferions pas le poids. Le Seigneur Ludgar de Morthond, qui est lui même un proche du Roi pourrait ainsi saisir l’opportunité d’asseoir sa domination sur la région avec la bénédiction de la Cité Blanche, peu désireuse de se séparer de ses hommes et qui avait ses problèmes à gérer.  Les guerriers de Morthond sont nombreux et comptent les meilleurs archers du royaume, là encore nous ne pourrions pas tenir. Ce sont des scénarios catastrophe mais il faut les tenir en compte. Mais rassurez vous; nous avons encore du temps et une marge de manoeuvre pour éviter d’en arriver là.”

Il avait fini d’exposer la situation, les risques et les conséquences potentielles. L’heure était à présent aux propositions, mais le dernier mot reviendrait à Tryon.

“Tout d’abord, dans un premier temps continuons de faire tourner les affaires tout en restant vigilant. Nous pouvons renforcer les gardes aux frontières, je doute qu’il y arrive tout de suite quelque chose mais c’est une précaution nécessaire. Ne laissons pas le temps à Vögel de respirer aussi et mettons en action les termes du contrat au plus vite. Il va falloir aussi développer notre réseau et nous trouver des soutiens assez puissants pour éviter de se faire écraser suite à une décision venant du haut. Malheureusement se rendre dans la capitale est interdit ces derniers temps pour de mystérieuses raisons. Le général Cartogan a bouclé la ville et il est donc impossible d’accéder aux élites politiques qui s’y trouvent.  Mais il y a une autre occasion qui pourrait nous permettre d’avancer sur ce dossier.”


Il marqua une pause, laissant à Tryon le temps d’assimiler la myriade d’informations qu’il énonçait.

“Dans quelques semaines, pour la solstice d’été, la vallée de Morthond organisera la cérémonie de la “Purification” où de braves guerriers pénètrent au sein du Chemin des Morts pour y déloger bêtes et brigands, en trouvant reliques et trésors au passage. Des hommes influents de tout le royaume y envoient leurs champions en quête de gloire et de reconnaissance et même des chasseurs de primes et mercenaires ayant flairé le bon coup se déplacent depuis tout le continent. C’est l’opportunité idéale pour établir un  réseau.”


Elishan regarda alors avec insistance le colossal Wilfried, qui se tenait silencieusement derrière son Seigneur.

“Peut-être devrions nous aussi y envoyer notre champion ? Qu’en dîtes vous?”
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