Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Le voyage depuis la Baronnie s’était déroulé sans encombre. Deux semaines de voyage plutôt plaisantes sur les routes du Gondor, quelques averses étaient venues les importuner mais rien de trop contrariant pour Tryon et sa garde rapprochée. Ayant laissé Elishan et sa mère derrière lui, le Baron avait sélectionné une dizaine de ses plus fidèles guerriers menés par Wilfried, capitaine de sa garde. Ce dernier chevauchait près de son seigneur et ne s’en était pas éloigné de plus de quelques mètres depuis leur départ comme s’il craignait une attaque aussi improbable que soudaine à tout moment. Mais rien de tout cela n’avait eu lieu. Le Royaume du Gondor avait connu de nombreux déboires ces derniers mois et certaines rumeurs faisaient état d’un réel chaos au sein de la capitale; mais, paradoxalement, les routes et les provinces du pays n’avaient que rarement sembler aussi sûrs.
Ils avaient longé le cours du Ringlo, sur les larges routes commerciales fréquentées par marchands et voyageurs. Régulièrement, des patrouilles de soldats en armure croisaient leur route en quête de potentiels fauteurs de troubles. Ce fut la partie la plus agréable du périple. Les auberges étaient nombreuses le long de la voie et, chaque jour, ils avaient pu manger à leur faim et dormir convenablement. Ce furent quand ils bifurquèrent finalement vers le sud-ouest peu avant l’embouchure du Ringlo que les conditions se révélèrent moins confortable. En s’enfonçant dans les terres du Dor-En-Ernil, les routes étaient moins larges et plus accidentées, s’aventurant sur des reliefs qui avaient ralenti leur avancée. La population y était moins dense, quelques fermes ou villages çà et là, mais cette partie-là du pays avait été laissée sauvage dans sa grande majorité. Le climat était changeant. Sur les plans des plateaux et montagnes, le vent soufflait fort, sans toutefois leur glacer le sang comme au pied des Montagnes Blanches. Dans la plaine, il était doux et chaud permettant à une flore particulière de se développer et les odeurs de certaines fleurs rappelaient celles que l’on pouvait trouver dans les contrées plus septentrionales.
Cependant, à mesure qu’ils approchaient de leur destination, forêts et autres paysages vierges cédaient progressivement leur place à des domaines agricoles et pâturages. Autant de signes trahissant la présence proche d’une ville importante à approvisionner. Ce fut au petit matin qu’ils purent, pour la première fois, apercevoir la Cité des Princes, du haut de la colline sur laquelle ils se trouvaient. Dol Amroth était construite sur une longue péninsule qui fendait l’océan sur plusieurs dizaines lieues; l’extrémité de cette péninsule s’élevait en une imposante falaise dont les flancs escarpés subissaient les assauts de l’océan. Le sommet de ce relief était sublimé par de grands bâtiments dont les couleurs nacre et azur rayonnaient. Plus bas, un immense port accueillait un trafic important de vaisseaux aux immenses voiles - qui n’étaient pas plus grandes que de petits mouchoirs à cette distance. La cité s’étendait au-delà de la péninsule et grignotait sur les terres ou de nombreux quartiers avaient été construits pour accueillir la population grandissante de la cité. Hormis les grands bâtiments et palais construits au sommet de la ville, le reste des constructions tranchaient à ce que l’on pouvait trouver à Minas Tirith ou Osgiliath. Peu de tours imposantes ou bâtiments sur plusieurs étages. Les Amrothains avaient développé un autre art de vivre et semblaient tenir particulière à leurs habitations individuelles et rues espacées. Au lieu de grandir en hauteur, la tentaculaire cité de Dol Amroth avait augmenté sa superficie, non gêné par la présence de murailles enfermant la ville. D’un côté, l’océan délimitait les frontières de la cité; de l’autre une immense étendue appartenant à la Princerie. Seule une petite forteresse faisant face à l’intérieur des terres; indiquait l’entrée de la ville. L’enceinte était richement décorée et en bon état mais loin d’être la plus imposante du royaume. Il fallait dire qu’à Dol Amroth, la majorité des arrivées ne se faisaient pas les terres mais bien par la mer. Ainsi, le Grand Port revêtait une importance bien plus grande dans l’accueil des voyageurs.
Tryon et sa suite arrivèrent finalement devant le bastion, dont les grandes portes dorées étaient closes. Wilfried haussa un sourcil, il était assez rare que l’entrée d’un lieu si important du royaume soit ainsi tenu fermée aux arrivants du même pays; mais, parmi les fiefs du Gondor, Dol Amroth était un lieu bien particulier. La Couronne et le gouvernement de Minas Tirith avaient bien peu d’autorité en ces terres.
Une voix s’éleva au-dessus d’eux, depuis une des meurtrières de la Citadelle de la Porte d’Or. “Halte! Qui va là ? Qui êtes-vous et quelles affaires avez-vous dans la Cité des Princes?”
The Young Cop
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Mer 24 Mai 2023 - 15:33
Les voyages forment la jeunesse, disait on, je n'étais pourtant plus si jeune, et de mon unique orbite, je contemplais l'ensemble des paysages qui s'offraient à moi.
Chaque changement de géographie, chaque ondulation du paysage me touchait et révélait le meilleur en moi, cette curiosité, cette soif de connaissance, moi la brute épaisse et haineuse. Il restait au sein de cet esprit brisé une once de douceur, de joie, celle du petit garçon qui riait émerveillé par les papillons s'envolant après avoir butiné les fleurs.
Je secouais la tête, ne te laisse pas aller Tryon, tu sais ou cela t'a mené la dernière fois.
Je serrai ma main rude aux callosités de cuir sur le pommeau de mon épée et je regardais l'horizon.
Bientôt la mer, les poissons, je souriais amèrement.
Comme un poisson dans l'eau, j'étais plutôt un porc dans la mer qui allait se couler à coup sur, et cela ne m'effrayait absolument pas.
Apres avoir remporté la plus meurtrière Epreuve de la Purification qui ait existé, j'étais en route pour rencontrer la plus terrible des prétendantes qui faisait frissonner d'effroi les fiottes tels Vögel et consorts.
Je crachais au sol alors que mon cheval faisait un écart, m'obligeant à resserrer mes cuisses sur son corps de muscles et de nerfs.
Elle se découvrait soudain à moi cette cité où les tours étaient presque inexistantes, ces pierres blanches et bleues et la mer en écho.
Je voulais voir la Dame.
Elle me plairait ou pas.
J'étais suffisamment sensible et stupide pour croiser son regard, m'en détourner et quitter la cité derechef l'insultant à jamais et me créant une ennemie a jamais.
Elishan n'avait peut être pas estimé cette possibilité.
Mais je l'avais imaginé, et peut être qu'elle serait laide ou belle, peut être tout simplement qu'elle ne me plairait pas.
J'aimais peu, la dernière de mes aventures était une petite paysanne gracile, aux cheveux si fins et blonds qu'elle semblait coiffée de lumière, légère, fine, un ange fragile. Et je lui avais fracassé et le tibia droit et le genoux, on l'appelait la boiteuse à présent cet enfant sublime, et de douleur, et de charme et de beauté. Je crois que peut être je l'aimais encore même si je refoulais la douleur de mon infamie. J avais brisé son ventre qui portait notre enfant, et elle pleurait toujours je crois, une folle selon les paysans.
Soudain, je sors de ma rêverie, la Garde nous interpelle depuis un bastion ridicule et défensivement inefficace.
Je relève ma tête avec cette mine sombre qui m'accompagne toujours.
Gardes,
Je suis Tryon de Roncefort, accompagné de sa suite.
J'ai audience avec votre Dame, Dame Ëariel, qui a été informée de ma venue.
J'attendais la réaction de ces gardes à la porte minable, invitation à un assaut sur la cité.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Les portes dorées de la Citadelle finirent par s’ouvrir lentement sans que les Gardes ne posent plus de question. Il était possible que la simple mention de Dame Ëariel suffise à leur ouvrir la voie de cette façon; ou alors les soldats en poste ne considéraient pas que le Baron de Roncefort et sa petite suite comme une menace potentielle pour la grande cité portuaire. Ils entrèrent ainsi dans l’enceinte de Dol Amroth, les premiers quartiers situés derrière la Citadelle de la Porte d’Or rappelaient plus de petites bourgades de provinces que l’une des cités les plus prospères du royaume. Des dizaines de petites fermes et amas d’habitations étaient séparés par de grands terrains vagues et champs cultivés par les locaux. En réalité, ces terres avaient longtemps été situé à l’extérieur des limites de la ville mais, à la suite du succès économique de celle-ci, de nouvelles murailles avaient été érigées quelques dizaines d’années plus tôt; englobant très largement de nombreuses terres agricoles à l’intérieur du Duché de Belfalas. Cependant, leur petite balade champêtre ne dura pas bien longtemps. A mesure qu’ils avançaient au sein de la ville, en direction du littoral, la population devenait de plus en plus dense et les habitations de plus en plus luxueuses. Les sentiers de terre battues laissèrent leur place à de beaux chemins dallées et les herbages à de luxueux squares ornés de nombreuses fontaines. L’architecture amrothaine était des plus particulières pour une ville du Gondor. Au contraire de Minas Tirith, les hautes tours et bâtiments à plusieurs étages étaient relativement rares, concentrés au bout de la péninsule près du Palais des Princes qui dominait la baie; la plupart des habitants résidaient dans des maisons au toit plat en calcaire, hautes d’un étage ou deux, donnant à la ville un cachet plutôt exotique. Les bâtiments plus imposants qui se trouvaient en haut de la ville se distinguaient aussi des construction gondoriennes par leurs lignes harmonieuses et arrondies qui pouvaient rappeler l’idée de ce que l’on se faisait des constructions elfiques. A mi-chemin entre influence numénoréenne et suderonne, signe du carrefour économique et culturel que représentait la Cité du Cygne mais aussi marqueur de sa forte identité distincte du reste du pays.
Le Manoir Even où résidait Dame Ëariel se trouvait dans le quartier du Grand Palatin, construit au sommet de la colline qui surplombait la mer d’un côté et dominait la ville de l’autre. Dans l’ombre du majestueux Palais des Princes, orphelin de tout propriétaire depuis la mort du Prince Berund et la disparition de la lignée, de nombreuses résidences luxueuses étaient sortis de terre pour abriter les grandes familles de Fidèles, descendants des premiers colons ayant quitté Numenor pour s’installer sur la péninsule. Le Manoir de l’illustre famille Even n’était pas le plus haut ou le plus grand mais le raffinement avec lequel avait été pensé sa construction en faisait un bâtiment tout à fait unique. Construit dans un subtil mélange de pierre de grès et de marbre blanc, dont la couleur immaculée était, à certains endroits, rehaussée d’ornements sculptés dans l’ardoise bleue. Les grandes portes de bois de peuplier avaient été blanchies avec soin et là aussi à moitié peintes dans un bleu azur qui renvoyaient aux couleurs de la ville. D’un côté la demeure donnait sur une petite ruelle excentrée du Grand Palatin, de l’autre elle faisait directement face à la Baie et les vagues qui venaient se briser sur les bords de la falaise qui soutenait le haut de la ville.
Un domestique les fit entrer à l’intérieur et leur indiqua un petit vestibule pour y déposer leurs affaires et patienter avant leur audience. L’homme était plutôt taiseux, se contentant de répondre aux questions des visiteurs avec les réponses les plus brèves possibles. Il leur laissa un pichet d’eau avec quelques gobelets et disparut, laissant Tryon et ses hommes attendre pendant de longues minutes dans la petite pièce exigüe.
Après plus d’une heure d’attente, un homme en armure vint à leur rencontre. Celui-ci, lourdement armé, ne portait pas les insignes militaires de la ville. Il faisait sans doute partie d’une sorte de garde privée engagé par la maîtresse des lieux. De toute évidence, cette dernière n’accordait pas son entière confiance aux autorités pour assurer sa protection.
Quels dangers régnaient donc à Dol Amroth?
Le garde leur expliqua que seul Tryon était autorisé à pénétrer dans l’enceinte du manoir et seulement sans armes. Il lui intima donc de déposer sa lame dans un boîtier prévu à ce effet tout en lui promettant qu’il récupérerait tous ses biens une fois l’audience terminée.
Il guida ensuite le Baron vers la salle principale. L’immense pièce rectangulaire traversait l’entièreté de la largeur du bâtiment. Eclairé par de magnifiques lustres suspendus, la salle était elle aussi décorée de traditionnelles couleurs bleues et blanches de Dol Amroth. Ils avançaient sur un long tapis de velours bleu déroulé sur le sol plaqué de marbre blanc. De chaque côté de cette allée, se trouvait des rangées de bustes représentant les seigneurs successifs de la Famille Even. Au fond de la salle, installée sur un beau fauteuil juché sur une petite estrade, la Veuve de la Baie les toisait du regard.
Elle ne prononça pas le moindre mot alors que Tryon approchait lentement, le fixant intensément avec ses yeux d’un bleu électrique, analysant sa démarche et la moindre de ses expressions corporelles. Ses longs cheveux blonds étaient noués en un chignon complexe tiré derrière son harmonieux visage. De petites rides au coin de ses yeux et à la commisure de ses lèvres trahissaient une maturité qu'elle avait parfaitement su mettre à son profit. Sa peau était d’une pâleur presque irréelle, rehaussé sur ses pommettes par un discret maquillage. Elle portait une élégante robe bleu ciel qui tombait sur le sol et dont la fente laissait entrevoir ses longues et gracieuses jambes croisées devant elle.
En plus de sa beauté glaciale, il se dégageait d’elle une aura particulière, mêlant confiance et pouvoir. Ëariel Even se savait maître de la situation, et tout dans son comportement semblait avoir été réfléchi pour établir sa supériorité.
Ce ne fut que quand Tryon fut presque arrivé à sa hauteur qu’elle lui intima de s’arrêter d’un geste de la main et brisa le silence de sa voix cristalline.
“Soyez le bienvenu Tryon de Roncefort.”
Elle soutint son regard pendant de longues secondes, cherchant à décrypter l’homme qui se cachait derrière ce visage marqué et sévère. “A présent, dîtes moi, sans détour ni comédie, ce qui vous amène si loin de vos Montagnes froides et inhospitalières? “
The Young Cop
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Jeu 8 Juin 2023 - 16:06
Elle etait belle, elle etait perfide, elle etait toxique.
Cela, je l'avais vite senti.
Il fallait choisir le pire pour obtenir le meilleur aurais dit mon fidele Elishan.
J'etais en colere, en haine.
En fait, cette femme j'allais la tuer si elle acceptait de me frequenter, voire de se marier, et cela me faisait deja rire.
Je la fixais de mon regard de brute, et lui repondais.
Pourquoi je suis venu ici?
La belle question madame.
Pour me marier.
Parce que vous etes belle, parce que j'ai envie de vous faire des enfants, pour créer et une dynastie, et une descendance, et un empire.
Car l'alliance entre nos domaines sera puissante.
J'ai la puissance de mon armée, de mes milices, de mes chiens de guerre, vous avez l'accès à la mer, et donc au commerce.
Ensemble, nous ferons des miracles.
Il faut simplement que vous m'acceptiez dans votre couche.
Bizarrement, c'était toujours bizarre avec moi, j'avais envie de la provoquer cette nemesis, écartée des intrigues du pouvoir, parce que trop vénéneuse.
Un chiot ne lui aurait pas plu. Peut être qu'un chien massacré, haineux et dangereux pourrait attirer son attention.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Dame Ëariel décroisa lentement ses jambes et se redressa légèrement sur son luxueux fauteuil. Elle fronça légèrement les sourcils, accentuant les rides naissantes qui parcouraient son front délicat. Le visiteur qui avait fait irruption dans son palais était pour le moins intrigant, loin du profil classique des nombreux prétendants qui s’étaient succédé dans ce hall dans l’espoir de la séduire. L’approche qu’avait adopté le Baron de Roncefort était pour le moins différente. Et cela n’était pas forcément pour lui déplaire même si elle se méfiait déjà de la fureur qui transparaissent dans son regard sombre. Il avait parlé crûment, si bien qu’elle s’était sentie un peu déstabilisée. Avoir évolué durant de longues années au sein des intrigues de pouvoir de la Cité Princière, où chacun abusait de l’art du mensonge et du secret, lui avait fait oublier que certains hommes ne s’embarrassaient pas avec les formes.
Elle dut réprimer un éclat de rire quand Tryon évoqua son désir de paternité et ses espoirs de “miracle”. Derrière sa brutalité, elle pouvait discerner une candeur aussi surprenante qu’amusante. “Vous avez du cran Tryon de Roncefort.” Répondit-elle d’abord.
Elle marqua une pause, cherchant à analyser l’homme qui lui faisait face. La veuve avait croisé la route de nombreux hommes, tous différents et à la fois si semblables. Chacun avait ses propres aspirations, ses propres rêves mais tous cherchaient vainement à cacher leurs vices, leurs cauchemars et leurs failles. Combien de temps serait nécessaire pour percer la robuste carapace de ce seigneur des Montagnes Blanches ? Elle espérait secrètement qu’il ne craque pas trop rapidement afin de pouvoir prolonger ce petit jeu. D’un autre côté si cela prenait trop de temps, elle risquerait de se lasser. Dame Ëariel replaça une mèche rebelle d’un geste élégant et poursuivit. “Mais que savez-vous réellement du pouvoir? De la richesse? Parmi les barbares qui peuplent vos Montagnes, vous êtes certainement vu comme un richissime Baron. Mais ici mon cher…Regardez autour de vous. Je pourrai racheter l’entièreté de votre domaine sans avoir à regarder mes comptes…Vous me parlez de miracles… Ce ne sont pas les miracles qui m’ont rendu riche et puissante mais mes seules compétences. ”
Elle se leva finalement, faisant quelques pas en direction de Tryon jusqu’à s’arrêter juste devant les marches qui descendaient de l’estrade sur laquelle elle se trouvait, veillant à toujours dominer son interlocuteur. “Pensiez-vous vraiment pouvoir débarquer ainsi et demander la main d’une des femmes les plus riches du Gondor? Si cela était aussi simple, je ne serais plus une veuve depuis bien longtemps et une ribambelle de petits héritiers courraient le long de ces couloirs…”
Son ton était cassant; aussi froid que sa beauté. Il en aurait découragé plus d’un; mais ce Baron semblait fait d’un autre bois.
“Ma couche Baron de Roncefort…est un lieu aussi convoîté que dangereux. Alors dîtes-moi franchement ce qui vous fait croire que vous y avez votre place?”
The Young Cop
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Dim 9 Juil 2023 - 16:03
Un regard furibond fut ma première réponse.
Qui était elle cette catin à m'insulter alors qu'elle n'avait que son or comme seule richesse?
Elle s'était trop habituée aux serpents, aux lombrics, aux espèces rampantes, je n'en faisais pas partie, mon oeil manquant en témoignait.
Je la regardais, avec un regard sombre, difficile à soutenir, même si cette vénéneuse n'avait jamais appris à baisser les yeux.
Pourquoi je devrai partager votre couche?
Je marquais une pause.
Simple, parce que je suis écarté des normes, déviant, et vous l'êtes aussi.
Je suis surement aussi vénéneux et mauvais que vous l'etes.
Ce n'est pas pour rien que l'on vous appelle la Veuve.
Je me plaisais déjà à des jeux malsains, je ne l'appelais pas la Veuve de la Baie mais la Veuve simplement, et elle serait surement vite la Veuve de Roncefort, parce que si elle acceptait ma couche, ne pilotait pas bien le véhicule que je pouvais représenter, elle pouvait tout perdre ou tout gagner. Je continuais à l'observer.
A nous deux, en nous unissant, nous pouvons créer l'être le plus malsain et le plus riche du Gondor.
Voici pourquoi je suis là.
Ne laissez pas passer cette chance. Quelqu'un comme moi, vous n'en rencontrerez pas d'autre et si vous changez d'avis je serai peut etre déjà mort d'ici là.
C'etait dit, j'avais envie de la violer avec ses longues cuisses, sa bouche exquise, et ses yeux dont les cils etaient des lances qui deja me transpercaient.
Décidez de votre avenir et du mien.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Dame Ëariel avait encore du mal à déterminer si l’homme qui lui faisait face était génialement impertinent ou alors tout bonnement fou à lier. Avait-il seulement conscience qu’au moindre mot de travers, sa dépouille pouvait se retrouver au fond du canal dans l’indifférence la plus totale? Peut-être avait-il gagné une certaine réputation au pied des Montagnes Blanches, mais ici personne ne se souciait du sort des Roncefort. Sa disparition provoquerait certainement un deuil et du ressentiment parmi ces barbares du Nord mais ces derniers seraient bien impuissants. Que pourraient-ils bien faire? Descendre à deux ou trois cents, armés de fourches et de faux pour faire le siège de Dol Amroth et défier les Chevaliers du Cygne?
Elle ne comptait pourtant pas le tuer. Non. Il était bien trop intrigant pour cela; et pourrait même se révéler utile le moment venu. Elle avait une vision et ne perdait pas ses nerfs après deux ou trois mots de mauvais goûts mais elle devait lui faire comprendre que ce n’était pas le cas de tous ici. S’il était assez stupide pour offenser grossièrement les représentants du Sénat, ou pire, les riches armateurs du Grand Port; alors sa quête de gloire personnelle risquait bien de finir prématurément.
La belle veuve se contenta d’écarter les remarques d’un Tryon d’un revers de la main, avec un geste à la limite du méprisant. “C’est là que vous vous méprenez lourdement Baron de Roncefort. Combien ai-je croisé des hommes comme vous? Des chefs de meutes aux dents longues confondant brutalité et force. D’éternels révoltés croyant que la terreur équivaut à l’influence… Si vous saviez combien j’en ai vu disparaître ainsi, trahis par leur propre impétuosité…”
La maîtresse des lieux retourna sur son fauteuil et s’assit avant de recroiser gracieusement ses jambes, sans lâcher du regard son invité si particulier. “Ces “normes” que vous méprisez sont précisément ce qui peut faire de vous un homme puissant. Les rejeter comme vous le faites, vous condamne à rester un petit seigneur de province, en marge des réels enjeux. Mais, apprenez à connaître ces normes, à les maîtriser, à les utiliser à votre guise; et alors rien ni personne ne pourra vous résister. Et c’est ainsi qu’une femme comme moi se retrouve plus fortunée et influente que la plupart des petits barons…”
D’un geste de la main, Ëariel indiqua à l’un de ses valets qui se trouvait dans un couloir adjacent. Celui-ci approcha, plateau d’argent au bras. Arrivé à hauteur de l’estrade, il tendit un verre de cristal rempli d’un liquide ambré à la riche propriétaire. Celle-ci s’en saisit avec délicatesse et commença à siroter la boisson, affichant un air las et fatigué. “Le temps de l’audience est écoulé Tryon de Roncefort. Profitez de la journée pour découvrir la ville et tout ce qu’elle à offrir. Cependant…”
Elle marqua une pause, buvant tranquillement une autre gorgée d’alcool. “Cependant si vous désirez vraiment atteindre le but que vous vous êtes fixés, alors retrouvez moi demain soir à la Villa Ibn-Sayldor. Mon ami y organise une petite réception… Tâchez de vous y présenter avec un peu d’élégance.”
D’un dernier geste de la main, il indiqua à Tryon de quitter la pièce et se désintéressa totalement de celui-ci. Comme pour appuyer son geste, deux gardes lourdement armées firent irruption dans la large salle, fusillant du regard le Baron de Roncefort.
Trouver un établissement hôtelier de qualité dans ce quartier huppé de la ville n’avait pas été bien compliqué. Le prix y était élevé, mais, fort heureusement, Tryon avait fait le voyage avec une bourse bien pleine. Il put ainsi payer pour lui et les plus fidèles de sa suite, les autres devant trouver logis dans d’autres parties de la ville. Le Baron put déposer ses affaires dans une petite chambre coquette située au dernier étage de la bâtisse en calcaire. Le mobilier y était simple mais particulièrement élégant. Un large lit aux draps immaculés, une petite table de chevet ainsi qu’un baquet en cuivre rempli d’eau fraîche déposé dans un coin pour faire sa toilette. Une légère brise agréable soulevait les fins rideaux. Le printemps n’était pas encore arrivé mais, depuis la fin du Rude Hiver, le temps était bien doux dans la Cité des Princes. Après quelques heures d’un repos bien mérité suite à son long voyage, Tryon se décida à découvrir les alentours. Il traversa d’abord, les rues bien propres et dégages du Grand Palatin, où chaque demeure devant laquelle il pensait semblait vouloir surpasser la précédente en termes de faste et d’architecture. Ici résidait les familles les plus influentes de Dol Amroth, Sénateur et richissimes armateurs. Chaque élément de la résidence familiale était ainsi une manière de démontrer son importance: des éléments les plus visibles comme la façade principale, jusqu’aux plus petits des détails comme les moulures entourant les fenêtres. L’endroit était cependant plutôt calme et assez peu fréquentées au contraire des quartiers commerçants qu’il finit par atteindre en descendant un petit peu du sommet de la colline. Là petites échoppes et magasins se bousculaient devant une foule de passants en quête d’une nouvelle affaire.
L’œil du Baron fut cependant attiré par l’azur des flots et l’odeur saline de la mer qui commençait à lui monter aux narines. Plus loin, un immense port s’était dévoilé, accueillant des centaines de navires de toutes tailles, de toutes fonctions, de toutes origines. On y débarquait et embarquait des caissons par milliers; mobilisant toute une armée de matelots, ouvriers et autres affréteurs. Cet endroit seul renfermait une foule qui devait valoir plus de cinq à six fois l’entièreté de la population de la Baronnie de Roncefort, voire de Morthond. C’était un spectacle unique, une activité fourmillante et quasiment continue, symbole de la toute-puissance économique de la Cité Princière dans cette partie du monde.
Sa curiosité piquée, Tryon descendit jusqu’au Grand port et passa de longues minutes à déambuler entre les coques encore humides, les mouettes affamées et les innombrables cargaisons. Tissus, épices, métaux précieux, onguent médicaux, mobiliers en tout genre et bien d’autres choses. Tout ce qui remplissait le royaume du Gondor semblait avoir transité par ce seul endroit.
Soudainement pris par la faim, Tryon s’arrêta devant une petite échoppe d’où s’échappait des parfums de fritures et de cervoise bien fraîche. Les tables étaient disposées à l’extérieur, sur les quais, avec tabourets et bancs en bois. Une compagnie de marins venait de quitter les lieux, laissant derrière eux les restes d’un festin royal. Premier repas digne de ce nom après de longues semaines en mer.
Le propriétaire de l’établissement, à la bonhommie évidente, sortit des cuisines avec un large sourire; tonnelet de bière sous le bras. “Soyez le bienvenu mon cher! Prenez place je vous prie. Vous désirez dîner?”
Il s’empressa de remplir le verre du Baron tout en l’observant d’un œil curieux. “Vous ne semblez pas d’ici. Ni d’une autre cité portuaire à vrai dire. Sans offense, les gens de l’intérieur du royaume ne sont pas légion ici. A part quelques dignitaires pédants de Minas Tirith et des négociants d’Osgiliath. Mais vous n’êtes pas de cela n’est-ce pas?” Fit-il avec un clin d’œil complice.
Tout en essayant d’en apprendre plus sur son nouveau client, toujours avec un ton avenant et amical, il déposa deux maquereaux entiers sur une grille placée au-dessus d’un brasero. L’odeur de poisson grillé et de peau brûlée gagna alors la tablée. Le restaurateur sortit alors un petit et curieux fruit jaune que Tryon n’avait jamais vu qu’il coupa en en deux avant d’en extraire le jus pour mouiller le poisson. “La dernière livraison des citrons de Djafa. Ils sont rarement aussi frais. Un repas de roi, pour quelques pièces seulement. Ce ne sont pas dans vos montagnes que vous mangez comme cela n’est-ce-pas.”
Il déposa le plat encore fumant devant Tryon et s’essuya les mains sur son tablier.
“Alors quel genre d’affaires amène un homme comme vous à Dol Amroth?”
The Young Cop
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Ven 21 Juil 2023 - 11:30
Ainsi, elle m'avait repoussé et sermonné tel un garnement mal élevé.
Et presque promis une mort certaine si je continuais à lui parler de la sorte.
Pourtant elle souhaitait me revoir, peut être pour vraiment se persuader qu'elle devait ordonner mon exécution, ce qui n'était pas pour me déplaire.
Tué par la Veuve de la Baie, un sourire amer passa sur mon visage.
Je l'imaginais m'adresser son dernier sourire alors que ses gardes m'égorgeaient comme un pourceau.
Je traversais la cité, observais, enregistrais tout ce qui s'offrait à mes yeux.
Une cité de commerçants, et peut être de malandrins.
Jusqu'à rejoindre l'échoppe proche du port sentant bon le poisson frais.
Le commerçant avait commencé à me parler, et je m'asseyais à une table, engageant la conversation avec lui tandis que ma suite s'installait également.
Non, je ne suis pas dignitaire de Minas Tirith ou un négociant d'Osgiliath.
Je suis un Seigneur des Montagnes Blanches en visite auprès de la Veuve de la Baie.
Tu la connais?
Finalement, même un aubergiste pouvait m'en apprendre plus, moi qui ne connaissait rien de cette cité, qui s'avérait de plus en plus dangereuse.
Il me fallait néanmoins être prudent, car hurler sous tous les toits, que j'étais le visiteur qui était prétendant de la Veuve, et qui l'avait insulté plus tôt dans la journée, n'était peut être pas la meilleure idée à avoir.
Peut être d'autres prétendants plus jaloux erraient aux environs et auraient essayé de réduire drastiquement le nombre de leurs rivaux.
C'était aussi un jeu qui commençait à plaire, que les serpents sortent de leurs trous pour montrer leurs vrais visages.
J'attendais donc la réaction de l'aubergiste et commençait à sourire vicieusement.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Le restaurateur haussa les sourcils, quelque peu surpris par la familiarité de son client qui n’avait pas hésité à le tutoyer dès sa première prise de parole. Cela était plutôt inhabituel par ici, surtout venant d’un homme qui se désignait comme “un Seigneur, mais au fond cela n’était pas très dérangeant. Il préférait échanger avec des gens au franc parler et qui se montraient directs que tout ces dignitaires du Sénat qui descendaient parfois au Port pour affaires. Il s’essuya ses mains graisseuses sur son tablier et s’assit sur un tabouret en face de Tryon. Suite aux déclarations de ce derniers, il émit un long sifflement.
“Eh ben…Vous avez de puissantes relations mon cher.”
De nombreuses rumeurs circulaient au sujet de cette richissime dignitaire, plus rocambolesques les unes que les autres; si bien qu’il était devenu impossible de séparer ce qui relevait du réel et de l’imaginaire. D’ailleurs, la principale intéressée ne fournissait aucun effort pour dissiper ce que l’on disait sur elle. Encore peu connue quelques années plus tôt, les longues affaires juridiques qui avaient suivi la mort de son mari, Danius Even. L’aubergiste se souvenait de ces longues heures passées sur ces mêmes tables de chêne, à discuter avec les marins locaux, chopine à la main, du bien-fondé de la présence d’une femme au Sénat au non. “Pardonnez mon indiscrétion mais, qu’est-ce qu’un Seigneur des Montagnes vient chercher chez une femme comme elle? Je ne la connais pas personnellement…mais on dit d’elle beaucoup de choses. Que seule sa cupidité égale sa beauté. On dit que si elle n’a pas d’héritiers c’est qu’elle les a tous noyé dans la baie, juste après la naissance…Je ne sais pas si c’est vrai mais l’on a déjà retrouvé des cadavres d’enfants dans ces eaux…Certains disent même…”
L’homme se pencha en avant pour renforcer l’effet dramatique. “Certains disent même d’elle qu’elle use de lotions magiques pour séduire des hommes qu’elle a ciblé. Avant de les dépouiller de leurs richesses et de leur statut…”
Il prit une longue gorgée de bière et poussa un soupir de satisfaction.
“Vous savez…Dol Amroth est la plus belle ville de ce royaume mais peut-être aussi la plus dangereuse. Là-bas, au pied de vos montagnes hostiles, le danger ne se cache pas; vous vivez face à lui. Mais ici…Il y a un proverbe amrothain qui dit que les mers les plus belles cachent les requins les plus dangereux. Ici, le danger se trouve la surface.”
Visiblement fier de son effet, il se releva avec un sourire en coin.
“Alors ces maquereaux? Délicieux n’est-ce-pas? Si vous comptez rester ici encore un peu , revenez à la “Sardine qui crache” d’ici deux jours. Je vais avoir un arrivage d’espadons, et croyez mieux, il n’y a rien de meilleur en ce monde qu’un filet d’espadon au romarin.”
L’homme débarrassa le plat vidé par Tryon, laissant ce dernier avec ses sombres pensées.
The Young Cop
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Mer 2 Aoû 2023 - 17:48
J'avais à peine ecouté le restaurateur de la "Sardine qui crache".
Je le regardais, le regard vague, pensif.
Alors, elle tue ses prétendants pour leur argent.
Je laissais planer un silence, le regardais avec un sourire magnifique.
Ton poisson, ton maquereau, c'est une merveille, je reviendrai, et en foule, peut être avec elle!
Elle mangera du maquereau cette garce.
Je commençais à me dire que j'étais venu ici, pour l'assassiner, cette putain.
Lui arracher le cœur et le donner à mes chiens.
J'allais l'enlever.
C'était devenu mon plan.
Je ne voulais plus me marier, Elishan avait vu faux, il ne fallait pas me mettre dans pareil pétrin.
J'allais l'enlever et l'enchainer à ma cheminée dans les Montagnes Blanches et lui jeter des os.
Vite, vu les ennemis qu'elle avait pu se constituer en la Cité des Princes, les rats et vautours se jetteraient sur ses droits volés et réclameraient leurs deniers.
Il fallait faire pire que les requins en eau de mer, devenir le loup dans la ferme au milieu des poules et des poulets.
Ce soir, je l'enlèverai.
Je quittais le restaurant, et rassemblais mes hommes de main dans un endroit isolé, sans fenêtre; sans passage.
Ce soir, nous enlevons la Veuve de la Baie.
Toi.
Je désignais mon garde le plus beau, le plus présentable.
Tu seras mon serviteur, mon écuyer, et tu m'aideras à la trainer cette catin.
Vous, vous attendrez dehors notre arrivée, elle se fera dans le sang surement. Ou alors aidez moi a l'enlever. Un sac. Dans un sac nous la mettrons, non? Nous pourrons surement nous échapper par les jardins. Il y a fort a parier en revanche qu'elle ait une escorte pour la protéger, ainsi je dois réussir à l'emmener dans un endroit isolé pour la séduire, c'est ce qu'elle croira, alors je l'assommerai et partirai avec son corps.
Vos idées?
Demain nous allons quitté la cité avec son corps vivant, ou un cadavre.
Bientôt, nous irons à la Villa Ibn-Sayldor l'enlever.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Le reste de cette belle journée printanière se déroula sans encombre pour le Baron de Roncefort et sa suite. Celui-ci, une fois repu, eut l’occasion de flâner dans les rues animées entourant le Grand Port tout en réfléchissant à l’élaboration de son plan machiavélique. Il put ainsi constater qu’il régnait à Dol Amroth un climat de quiétude apparente; les commerçant affichaient de larges sourires et leurs étals étaient bien fournis, les passants portaient tous des vêtements de qualité et ne semblaient manquer de rien et mendiants et autres vagabonds se faisaient bien rares. Ici, tous les troubles qui agitaient le Royaume du Gondor depuis de longs mois ne semblaient être que de lointaines préoccupations. Était-ce là le signe d’une ville prospère et heureuse? Ou d’une cité qui parvenait parfaitement à prétendre l’être?
Quelques heures plus tard, le Baron put remarquer le soleil entamer sa lente descente à l’horizon. Il était temps de revenir dans ses quartiers pour se préparer à la réception du soir.
La Villa Ibn-Sayldor n’avait pas été bien difficile à localiser tant elle tranchait avec les autres bâtisses de la cité princière. La demeure était située dans le Petit Palatin, l’ancien quartier aristocratique de la ville situé au pied de la colline. Sous l’ombre de la tour de Tirith Aear, ancienne demeure des Princes, s’était développé tout un monde au fonctionnement bien éloigné des valeurs de la noblesse amrothaines. Délaissé par la noblesse Numénoréenne, ce lieu mythique est peu à peu tombé en désuétude. Immenses résidences laissées à l’abandon, commerces de moins en moins fréquentés; pour beaucoup le Petit Palatin représentait l’autre facette de la cité du Cygne. Pourtant ce n’était ni l’argent ni le commerce qui manquait dans ses ruelles sombres. Et pour cause, la nature ayant horreur du vide, le lieu fut rapidement investi par de nombreux opportunistes désireux de profiter de ses infrastructures et de sa proximité avec le Grand Port. Négociants étrangers, barons du crime et autres chefs de bandes s’étaient installés ici. Parmi ces gens-là, Ulwarth Ibn-Sayldor en était l’exemple le plus équivoque. Arrivés sans le moindre sou des contrées du Sud, il était parvenu à monter un véritable empire aux nombreuses ramifications . Sa luxueuse demeure située sur la rive nord était l’expression parfaite de sa réussite aussi impressionante qu’iconoclaste. Ses grandes façades parées de nombreuses dorures et ses plusieurs dômes argentés placés sur le toit évoquaient l’image que certains occidentaux pouvaient se faire des palais d’Orient. Ici, l’élégance distingué de la noblesse amrothaine avait cédée sa place au faste le plus clinquant comme si l’on avait cherché à placer le plus grand nombre de couleurs, de colonnades et autres teintures afin de montrer qu’on pouvait le faire plutôt que dans un souci d’harmonie esthétique.
Tryon et sa suite traversèrent ainsi les ruelles sombres du Petit Palatin jusqu’à l’immense portail doré. Sur leur droite, se trouvaient un quai privé qui avait été aménagé afin de pouvoir rallier la Villa depuis la Baie sans avoir à mettre les pieds dans ce quartier réputé peu sûr. L’embarcadère en bois était éclairé par de nombreuses lanternes stylisés dont les vitres rouges donnaient à la lumière une teinte irisée presque surnaturelle. On leur ouvrit les portes et plusieurs gardes qui ne semblaient pas appartenir aux armées régulières leur intimement de déposer leurs armes et refusèrent l’accès à plusieurs des hommes de Tryon. Seul ce dernier et son fidèle écuyer purent pénétrer dans une grande cour intérieure aux dalles de marbre. Leur hôte avait disposé de nombreuses tables à tous les coins du patio et de nombreux invités pouvaient y admirer la générosité du maître des lieux. Les plateaux d’argents étaient remplis de mets en tout genre; il y en avait pour tous les goûts. Faisan rôti provenant des forêts locales, raisins importés du Harondor, fromages ramenés du Nord. De nombreux domestiques passaient, cruches à la main afin de servir du vin de Djafa et de l’hydromel d’Umbar. Tous les excès étaient autorisés, tous les fantasmes comblés. Un orchestre composé de plusieurs dizaines de musiciens se produisaient sur une estrade, derrière eux, une volée de marches imposantes menait jusqu’à l’imposante résidence.
Tryon fut alors tiré de ses observations silencieuses par la voix cristalline de Dame Ëariel. “Ah vous voilà enfin! Je commençais à me demander si vous n’aviez finalement pas décidé de retourner dans vos Montagnes.”
Elle accompagna sa remarque d’un rire pur qui attira l’oreille de tous les convives autour d’elle. Il fallait dire que la Veuve de la Baie avait tout fait pour ne pas passer inaperçu. Sa longue robe bleue était faite du tissu le plus raffiné qu’il soit et révélait son dos gracieux et ses épaules délicates. Sa chevelure avait été travaillait avec délicatesse; la blondeur de ses boucles artificielles rehaussé par l’éclat des joyaux qu’elle avait aux oreilles. Elle était splendide. Sous les regards jaloux des autres invités, elle s’approcha du Baron de Roncefort en lui tendant une coupe de vin blanc et l’invita à la prendre par le bras. “Mais vous n’êtes pas un homme qui rebrousse chemin si aisément, n’est-ce pas?” lui murmura-t-elle alors qu’ils se dirigeaient ensemble vers la tablée la plus proche.
Sans se soucier du reste des invités présents qui devaient se demander qui était cet étranger aux allures sauvages et que diable faisait-il au bras d’Ëariel Even, celle-ci lui désigna du doigt un plateau sur lequel on avait érigé une pyramide de petits gâteaux luisants de miel. “Vous devriez essayer ceci. Ce sont mes favoris à chacune de ces réceptions.”
Elle plongea alors son regard azur dans l’oeil sombre de Tryon, comme elle l’avait fait la veille, cherchant à analyser la bête qu’elle avait face à elle. Ce jeu de regards silencieux dura quelques longues secondes avant qu’elle ne se décide à sourire à nouveau. “Alors, comment vous plaisez-vous à Dol Amroth? La ville vous traite bien?”
Mais avant que le Baron ne puisse répondre, la musique cessa et un domestique à la voix puissante grimpa sur l’estrade pour annoncer la venue de l’homme derrière ce festin. “Mesdames! Messieurs! Veuillez-vous lever et applaudir votre hôte du soir: Ulwarth Ibn-Sayldor!”
Dans un cérémonial dont les invités semblaient avoir pris l’habitude à la suite de leurs nombreuses soirées passées ici, tous se levèrent et tournèrent leur regard vers l’escalier de marbre. Sous les applaudissements fournis, une silhouette se dessina, descendant les marches une à une.
Ulwarth Ibn-Sayldor correspondait parfaitement à l’image qu’il cherchait à renvoyer à travers sa maison et ses fêtes. Il portait une extravagante tunique dorée et des bagues serties de pierres précieuses sur presque chacun de ses doigts. Pourtant, derrière cette façade de richesse ridiculement ostentatoire, il se dégageait de cet homme un réel charisme. Sa simple présence inspirait la crainte et l’admiration parmi serviteurs et convives.
Arrivé au niveau de l’estrade, il s’autorisa enfin à sourire et écarta les bras. “Mes chers amis! Quelle joie! Quelle joie immense de vous voir à nouveau réuni ici, dans ma modeste demeure, pour célébrer mon anniversaire. Quel bonheur de vous voir si nombreux pour m’honorer. Je vous en prie, profitez des buffets et de la musique; mangeons et dansons jusque l’aube! Et en cette occasion si spéciale, j’ai même décidé d’ouvrir les portes de ma demeure. D’ici quelques heures vous pourrez profiter des bains et des nombreuses autres surprises qui se cachent dans les chambres de mon palais. Ne vous limitez à rien, soyez libres car n’oubliez pas que chez les Ibn-Sayldor…”
La foule compléta alors la phrase en chœur, comme si cela avait été préalablement répété.
“Tout est possible, tout est permis! “
Ulwarth leva sa coupe en réponse à ses invités et patienta quelques secondes que le calme revint pour poursuivre. “Certaines hautes personnalités me font le plaisir de leur présence et je me dois de les saluer. Bien entendu, ma chère et tendre Ëariel Even. Une amie de longue date et un soutien si précieux sur les bancs du Sénat.”
Des applaudissement fournis vinrent ponctuer la présentation de la Veuve de la Baie, visiblement très populaire parmi ce cercle de la population. “Et bien sûr, la présence d’un des deux Capitaines-Régents de la cité me flatte au plus haut point. Le vénérable Herdalion Arnalon a toujours partagé avec moi un amour inconditionnel à Dol Amroth et ses habitants et, dans des registres différents, nous œuvrons avec vigueur pour le bien de cette cité.”
Le Capitaine-Régent, qui partageaient visiblement aussi l’amour de la bonne chère avec son hôte, leva sa coupe en guise de remerciement et accueillit les applaudissements avec une modestie toute relative. Le maître des lieux reprit ensuite: “Enfin, j’ai appris il y a peu qu’un invité de marque, venu de bien loin, me fait ce soir l’honneur de sa présence. Un Seigneur originaire des Montagnes Blanches mais également le dernier Champion de la Cérémonie de la Purification organisé par nos amis de la vallée de Morthond. Où est donc ce champion? Où est donc Tryon de Roncefort?”
Tous les invités regardèrent alors à droite et à gauche, cherchant du regard ce mystérieux personnage. Avant que Tryon ne puisse dire le moindre mot, Ëariel, toujours accrochée à son bras, éleva la voix. “Le voici! Il est ici! Le Champion est ici!”
Le visage d’Ulwarth se fendit d’un large sourire, il observa avec curiosité ce seigneur étranger et d’un grand geste du bras, l’invita à monter sur l’estrade. “Le voici oui! Venez-mon ami! Venez-vous présenter! Ce n’est pas tous les jours que nous avons le plaisir d’accueillir un homme ayant défié les Morts!”
L’assemblée, hilare à la suite de la dernière remarque d’Ulwarth, porta alors toute son attention sur Tryon, attendant le “discours” de ce dernier.
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Sam 16 Sep 2023 - 12:30
Ainsi, nous étions à la foire. Il me jetait en pâture à sa foule de dégénérés, hilares, et pouffant de rire. Je les regardais de mon regard froid. Ces chiens, mes molosses les auraient dévoré s'ils avaient été en mon domaine. Ils étaient vils, mauvais, envieux, dispendieux. Je savais traiter cette vermine. Tout est permis disait le suderon. Tout serait bientôt permis quand j arracherai quelques doigts à cette catin d'Eariel Even qui regrettera de m'avoir rencontré. J'avais déjà gouté un de ces petits gâteaux au miel pour faire plaisir à la belle. Sa tenue splendide ne m'impressionnait que très peu. Elle n’était qu'une belle parmi les belles, il y en a tant, et tout ce qu'elles cherchent c'est le pouvoir sous leurs sourires gracieux. Moi je vois plutôt des hyènes qui me regardent et me respirent en espérant un moment de faiblesse pour m'arracher les couilles, par derrière, c'est leur technique de chasse, et plusieurs lions y laissèrent et leur vie et leur sang.
Je monte sur cette estrade, regarde Ulwarth Ibn-Sayldor, un sourire entendu. Il ne m'impressionne pas, autant donner l'impression que nous sommes proches à cette assistance pleine de bassesse.
Je les regarde, tous, yeux dans les yeux.
Ne jamais oublier de regarder son auditoire, il faut les regarder bien dans les yeux pour qu'ils sachent que je suis là. Avec eux. Pas loin d'eux. Pas loin de leur trancher la gorge.
Je suis Tryon de Roncefort, Seigneur des Montagnes Blanches.
Pas de bonjour pour cette foule disgracieuse.
Je reviens en effet d'entre les Morts, et j'y ai perdu ca.
Je sors une dague avec facilité, démontrant ma capacité à manier le couteau et désigne mon orbite vide.
Et ce ne fut pas très drôle.
Rires ou silence de mort, je n'en avais cure âpres mes premiers propos, je les regardais un par un avec violence, et haine.
Je contenais un instant cette rage, et me retournai vers mon hôte.
Merci de me recevoir en votre palais magnifique. J’espère mieux vous connaitre pour en apprendre plus et sur votre cité, et sur vous.
Désignant Dame Eariel de la main.
Et sur ma Dame.
J'avais volontairement employé ce terme pour couper court aux rumeurs. Oui elle serait ma Dame, dans un trou bientôt surement. Et que ce peuple dégénéré entende mes paroles était gage que l'on saurait bientôt que si elle disparaissait, c’était enlevée par Tryon de Roncefort.
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Ulwarth poussa un sifflement particulièrement sonore suite au discours de Tryon et se mit à applaudir vigoureusement, bientôt imité par la foule de convives. Le maître des lieux s’approcha de son invité et lui tapa sur l’épaule dans un geste qui se voulait amical, ou alors condescendant. Un large sourire affichait sens dents dont la blancheur de l’éclat paraissait peu naturelle. “Eh bien quelle entrée en scène mon ami! Quelle entrée ! Je ne doute pas qu’un homme comme vous puisse parfaitement trouver sa place à Dol Amroth. Cette ville est pleine d’opportunités pour les gens qui sont prêts à les voir.”
Il leva à nouveau sa coupe de nectar, là encore un geste repris par une audience qu’il semblait contrôler à sa guise, et but à la santé du Baron de Roncefort. Il vida le contenu de son verre et saisit une serviette en soie que lui tendait un domestique pour s’essuyer les lèvres. “Mon cher, rentrons à l’intérieur à présent. La table est dressée pour le festin, asseyez-vous à mes côtés, à la place d’honneur.”
On débarrassa les buffets qui se trouvaient dans l’arrière-cour et l'orchestre se déplaça pour continuer sa prestation entre les murs de la Villa où se précipitaient désormais tous les convives. L’ambiance y était toujours festive mais différente. La fraîcheur saline de la brise nocturne céda sa place à une atmosphère chaude et confinée. On avait fait brûler des encens qui emplissaient le grand salon d’une odeur puissante mais agréable. Une longue table avait été dressée au milieu de la pièce, on y avait étendu une nappe blanche et disposé la vaisselle en or. Certains prirent place sur leurs sièges, d’autres s’y désintéressèrent complètement du repas pour rejoindre des chambres adjacentes aux bras des courtisanes payées par les coffres sans fin d’Ibn-Sayldor.
Ce dernier prit place en bout de table et invita Tryon à s’asseoir à sa droite; Ëariel ne tarda pas à les rejoindre et s’installa élégamment au côté du Baron, un petit sourire satisfait sur son beau visage. En face d’eux se tenait un homme aux cheveux gris coupés court qui affichait un air affable derrière son large sourire qui semblait figé à son visage bonhomme. Ses yeux bleus scintillaient d’enthousiasme et ils échangeaient allègrement avec tous les convives de manière très expressive. L’homme était à l’aise dans cette réception et semblait connaître tout le monde; de toute évidence il ne s’agissait pas de sa première réception à la Villa Ibn-Sayldor.
Ulwarth se chargea de faire les présentations: “Mon cher Tryon, voici le Capitaine-Régent Herdalion Arnalon, l’un des deux dirigeant de notre glorieuse cité.”
Ainsi la Veuve de la Baie n’avait pas menti, le gratin de la ville était effectivement bien présente. Le Capitaine-Régent serra la main du Baron avec un enthousiasme bien familier avant de se pencher devant Ëariel pour déposer un baiser galant sur le dos de sa main.
“Bienvenue à Dol Amroth mon cher. Si vous êtes l’ami de Dame Even, alors vous êtes l’ami de la Cité des Cygnes.”
Le Capitaine-Régent et la veuve échangèrent un regard soutenu; visiblement ils se connaissaient bien même s' il était compliqué de déterminer la nature de leur relation. On amena le premier plat; de généreuses côtes de porc laquées au miel agrémentées d’un délicieux vin importé du Sud. Après quelques minutes, Ëariel, qui avait à peine touché à son assiette, se pencha du côté de Tryon. Elle lui posa une main sur la cuisse et lui glissa à l’oreille : “J’ai à faire. Quand vous aurez fini vos conversations, rejoignez-moi sur le petit balcon.”
Avec grâce, elle souleva les pans de sa robe et s’éloigna lentement de la tablée pour disparaître derrière les innombrables colonnades qui soutenaient la structure de la bâtisse.
Le Capitaine-Régent relança la discussion :
“J’ai pu échanger avec le Seigneur Ludgar et il ne tarit pas d’éloges à votre sujet. Il se dit que vous avez fait preuve d’un formidable courage lors de la Purification. Nous avons toujours apprécié les braves à Dol Amroth vous savez, c’est pour cela que nous appuyons financièrement nos frères de la Vallée de Morthond, et ce depuis de longues années…”
Il laissa sa dernière phrase en suspens, prenant le temps de remplir sa coupe, ainsi que celle de Tryon. Puis, il se décida enfin à clarifier ses propos.
“Je suis certain que la Baronnie de Roncefort, qui se trouve si près de Morthond, pourrait également bénéficier de notre aide. La Couronne a délaissé ces régions depuis si longtemps.”
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Dim 22 Oct 2023 - 21:31
Je regardais le Capitaine-Régent Herdalion Arnalon.
Je souriais, de mon sourire de hyène.
Un mot un regard.
Ëariel se levait et fuyait vers une autre proie, m'invitant sur un balcon, plus tard.
Qui etait elle cette catin? Croyait elle que j'etais cet imbécile des Montagnes stupide à manger du foin, et prêt à tout lui pardonner et la suivre sur ce balcon improbable?
Je regardais le Capitaine-Régent son amant.
Ils etaient tous des requins pourris à la moelle ici. De sombres executants des jeux de pouvoir qui se jouaient ici. Moi je n'en avais cure, mes molosses broyant les os des brigands qui tournaient prêts de la Barronie me manquaient, ecouter les souffrances des femmes violées par mes gardes me manquait, j'avais presque envie de planter ce couteau dans ma main pour revivre, et voir l'écarlate me divertir au milieu de ces ombres.
J'eus un moment d'absence, je voulais frapper ma tête sur cette table pour revenir en réalité.
Je devais me contenir il semblait. Ô Montagnes Blanches vous me manquez Ô mes molosses il faudra me mordre pour que je sorte de cette torpeur, celle des morts qui m'entourent ici.
Je revenais dans cette réalité sordide, et m'adressai violemment au Capitaine Régent.
Quelle aide ? J'aimerais que vous investissiez sur nos baronnies éloignées et barbares.
Concrètement et financièrement, que pourrait faire Dol Amroth?
Cela semble trivial, mais je suis venu pour cela.
Et pour marier Ëariel.
Je souriais, vidais une coupe de vin noir, souriais encore, benoitement et reprenais.
Qui est elle, Ëariel? Une bonne amante? Une amie ?
Vous semblez bien la connaitre, puis je vous demander quels liens vous avez avec elle?
Je les regardais tous.
Il fallait être concret avec moi, je voulais savoir qui me parlait et pourquoi.
Il semblait qu'elle m'attendrait sur un balcon bientôt.
Pour me griser, m'attirer, me tendre un piège, c'était trivial, pas très intéressant.
Je regardais le Capitaine-Régent, qu'allait il répondre? Je n'en avais pas vraiment cure.
Peut être n'irais je pas sur ce balcon.
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L’espace d’un instant, le sourire radieux du Capitaine-Régent s’effaça légèrement. Comme si la remarque de Tryon était parvenu à le déstabiliser suffisamment pour briser la jovialité du co-dirigeant de la Cité des Princes. Ce dernier, cependant, eut tôt fait de se reprendre et afficha à nouveau son plus beau sourire après un court échange de regards avec Ulwarth, qui n’avait pas bronché, visiblement diverti par la tournure de la discussion. Le riche négociant avait également remarqué que la remarque du Baron à propos de la nature de leur relation avec Dame Even le mettait dans un certain embarras. En politicien expérimenté, cependant, Herdalion répliqua promptement
“Vos questions me semblent bien cavalières mon cher. De plus vous faîtes fausse route, Dame Even ne manque pas de charme, mais je ne suis pas cœur à prendre.”
Il agita son index sur laquelle brillait une alliance en or, signe de son engagement. Comme si ce simple objet le protégeait de tout soupçon. Le Capitaine-Régent reprit, visiblement satisfait de son effet d’annonce: “En vérité, je connaîs Ëariel depuis de nombreuses années. Danius, son regretté époux, était un ami proche. Nous avions fait nos classes d’officiers du Cygne ensemble dans notre jeunesse. Après sa mort si soudaine, j’ai simplement veillé à ce que sa belle épouse puisse bénéficier des avantages qui lui revenaient des droits…Elle est comme de ma famille.”
Il but une gorgée de vin rouge, savourant le goût corsé du liquide sirupeux tout en réfléchissant à ses prochains mots. “Si vous désirez sa main, il vous faudra la gagner. Elle n’est point la gentille fille de bourgeois attendant sagement son mariage, venant avec une dot et une docilité à toute épreuve.Il faudra la convaincre, mais aussi lui prouver que vous pouvez lui apporter autant qu’elle peut vous offrir. Et, croyez-moi, ce n’est pas chose aisée.”
Il finit le contenu de sa coupe et s’essuya les lèvres avec une élégante serviette qu’il replia délicatement. “Dol Amroth a beaucoup à vous offrir, soyez-en certain. Nous contribuons à l’essor de Morthond comme centre régional et notre volonté a toujours été de tisser des liens avec divers partenaires. Nous pourrions réfléchir ensemble à un plan d’expansion et d’investissement de vos activités mais il nous faudrait obtenir plus de détails sur la topographie de vos terres. Peut-être envoyer des émissaires et voir ce qui peut être fait. Que ce soit un port sur les rives du Ringlo visant à débarquer des marchandises venant d’ici ou des routes larges dallées menant jusqu’à votre Baronnie. Les opportunités sont multiples, mais la concurrence est rude. Toutefois, il ne fait aucun doute que lier votre destin à une des personnalités de la ville pourrait jouer en votre faveur.”
Sur ces mots, le Capitaine-Régent se leva, referma son veston et salua ses interlocuteurs d’un signe respectueux de la tête avant de s’éloigner vers les profondeurs de la Villa Ibn-Sayldor. Y retrouverait-il une courtisane en dépit de ses vœux de fidélité? Ou alors comptait-il simplement déambuler dans les couloirs richement décorés et admirer les oeuvres d’art qui y étaient exposés?
Ulwarth attendit quelques secondes que le Capitaine-Régent s’éloigne pour se pencher près de son invité. “Arnalon est un idiot…Mais un idiot auquel on a donné du pouvoir et de l’influence. Si vous voulez vous faire une place ici il faut que vous placiez dans les bonnes faveurs d’un des Capitaines-Régents et, croyez moi, vous avez plus de chances avec celui-ci qu’avec son compère.”
L’attitude d’Ulwarth était pour le moins étrange. Pour quelles raisons le riche négociant prodiguait ses précieux conseils à ce Baron venu des Montagnes? D’autant plus qu’il était de nature plutôt mystérieuse, entretenant le secret qui entourait son passé et les origines de sa fortune. Le maître des lieux, comme s’il avait entendu la question silencieuse de Tryon, s’expliqua: “Tryon, vous et moi ne pourrions être plus différents…Vous, un noble ayant hérité d’un grand domaine au pied des Montagnes. Moi, fils d’anciens esclaves affranchis établis au Sud et vivant dans la misère. Mais ici, dans cette ville, nous sommes perçus de la même manière. Comme des étrangers dont l’absence de sang numénoréen devrait nous reléguer au second plan. Pourtant je lis dans votre regard cette même rage qui m’a animé à mon arrivée ici. Cette détermination à vaincre, à se faire un nom là où l’on aurait dû être condamné à l’oubli.”
L’homme parlait avec une passion, sans nul doute renforcée par la quantité de vin rouge qu’il avait déjà ingurgitée. “Ne tombez pas dans le piège du révolté Tryon de Roncefort. Vouloir renverser l’ordre établi à coups de haches et de grands cris peut paraître tentant mais l’effet est bien éphémère et, au final, tous ne verront que le barbare qu’ils veulent voir. Non. Comprendre comment fonctionne les rouages de cette société, s’insérer dans ce système et parvenir à en tirer le meilleur pour sa réussite. Voilà quelque chose de bien plus intéressant, et de bien plus menaçant pour ceux qui nous méprise.”
Ulwarth leva sa coupe et invita son invité à en faire de même. “Santé et réussite à vous Tryon de Roncefort!”
Le regard du Baron de Roncefort fut alors attiré par des petites lueurs qui brillaient un peu plus loin. Les diamants incrustés dans la luxueuse robe de la Veuve de la Baie scintillaient au milieu de la nuit amrothaine. Sa silhouette gracieuse tournait le dos au festin, en direction de l’océan. Ëariel attendait son prétendant sur le balcon.
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Dim 5 Nov 2023 - 22:33
J'avais regardé tout le long le Capitaine Régent Herdalion. Il ne m'inspirait pas confiance. Je souriais en secouant la tête, il devait surement regarder les beaux tableaux de la Villa Ibn-Sayldor, ou soulever un jupon, lui en bon politique qui devait mentir encore et toujours. En fait, je me demandais ce que je faisais là. Tout commençait à me dégouter ici, j'avais envie de renverser la table.
Sur le principe, ses routes dallées, et son port sur le Ringlo pour vendre ses marchandises, n'étaient pas une mauvaise idées, mais j'aimais ma Baronnie glauque, dangereuse et difficilement atteignable.
Tout était compliqué pour moi ici.
Sauf, peut être, Ulwarth, le fils d'esclave.
Toi, compère, tu m'étais devenu facilement sympathique, étrangement en quelques mots.
Moi, fils d'anciens esclaves affranchis vivant dans la misère.
J'étais un esclave moi même et pas un baron. Un enfant maltraité, violé régulièrement par mon père, et ma mère complice qui se lamentait de ma dure existence. Et je l'étais encore, car je n'étais pas affranchi, moi. J'avais tout ce lot de douleurs derrière moi qui me suivraient à jamais à la tombe, et faisaient de moi une brute épaisse dangereuse, car une vie sadique était le lot qui m'avait été transmis, en héritage. Et cet esclave au regard sage, qui prétendait avoir eu ce même regard empli de rage à son arrivée, était devenu en un instant un ami, si un ami je pouvais avoir, car j'avais aussi envie d'arracher son cœur pour l'écraser sur mon visage et revenir à la réalité, à la vie, à son cœur, s'il en avait un.
Je le regardais, avec mon regard de fou.
Soit, il va falloir m'adapter me dis tu, ami.
Je pesai mon dernier mot.
J'étais déjà épuisé, et voulais rester avec lui, il m'amusait, j'aurai pu boire des tonneaux et en fracasser un sur mon crane ou le sien, je me serai alors amusé, désabusé, un peu.
Mais elle attendait.
Ce serpent plein de promesses qui me seraient bientôt retirées, nid de souffrance, vipère.
Je rejoignais le balcon.
Il semble qu'une étoile nous ait rendu visite. Vous brillez de mille feux, peut être pour mieux me consumer.
Les dés étaient jetés, j'entrais dans ce jeu néfaste qui peut être bientôt verrait ma fin, et je commençais à en avoir envie.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Au milieu de cette débauche de luxe et de paillettes, la Veuve de la Baie resplendissait ; et elle en avait pleinement conscience. Combinaison de beauté magnétique, de confiance en elle, d’élégance rare et d’un orgueil parfaitement dosé. Tous les regards s’étaient, à un moment où à un autre de la soirée, posés sur elle. Certains par pur désir, d’autre empli de méfiance ou d’envie. Elle captait l’attention sans avoir à arroser ses invités comme Ulwarth. Elle conquérait les cœurs sans avoir à multiplier les faux sourires et les courbettes comme le Capitaine-Régent. Sa personnalité détonnait dans un paysage politique empêtré dans ses traditions et ses conventions. Certains, les plus conservateurs, voyaient en elle un danger. D’autres, les plus opportunistes, la considéraient comme un outil pouvant faire avancer leurs intérêts. Ëariel était décidée à tous les flouer.
Elle esquissa un sourire en se rappelant de ce fameux proverbe local que son père avait si souvent répété “Les mers les plus belles, cachent les requins les plus dangereux.” Cela tombait bien, la pêche au squale était une spécialité de sa maison.
La belle dame fut tirée de ses pensées par l’arrivée du Baron de Roncefort. Alors qu’elle s’attendait à une nouvelle grossière remarque venant de ce prétendant, celui-ci lui murmura un compliment bien inattendu. Surprise par cet élan soudain de romantisme, elle ne put s’empêcher de pouffer de rire ; sincèrement amusée par la tentative de séduction de Tryon. Malgré tous leurs efforts, les hommes étaient parfois si prévisibles, souvent maladroits aussi. Combien de temps avait passé le fier Baron de Roncefort à réfléchir à cette phrase d’accroche ? Pourtant, malgré toute l'insincérité qui se trouvait sans doute derrière cette flatterie, elle ne put s’empêcher d’apprécier l’effort. Cela était même plutôt … mignon. Si tant est que cet adjectif puisse être utilisé pour désigner ce Seigneur sans pitié.
“Je ne vous savais pas poète Tryon…mais il y a un certain potentiel.” Fit-elle avec un petit sourire alliciant.
Elle se décala d’un pas, pour laisser la place au nouvel arrivant qui vint se tenir à ses côtés. La belle reporta son attention sur la mer sombre. La lumière du phare de Tirith Aear éclairait la baie de Dol Amroth, quelques rares navires venaient accoster avec prudence en cette heure tardive. La mer était calme, de petites vaguelettes venaient mourir sur les digues du Grand Port et les mouettes avaient cédé leur place aux formes mystérieuses d’oiseaux nocturnes qui fendaient le ciel sombre.
“Magnifique n’est-ce pas ?”
Les yeux fermés, elle prit une longue inspiration, respirant intensément l’air marin. Comme si l’odeur iodée et le souffle de l’océan lui donnaient toute l’énergie qui lui était nécessaire dans sa quête de pouvoir.
“Mon père m’amenait souvent au bord de la mer. Loin de l’agitation de la ville, parfois au sommet de cette falaise.” Elle désigna du doigt un promontoire rocheux au loin. “Parfois sur une plage reculée. Nous passions de longues heures, assis devant l’immensité de l’océan. Je collectais les coquillages et lui me contait des histoires: le tragique destin d’Amroth Roi des Elfes sylvains, ou les exploits d’Elphir le Conquérant…Dans son regard, néanmoins, je lisais le regret. Le regret d’avoir abandonné son navire et sa vie de liberté pour devenir un citadin vivant entre quatre murs. Il n’était pas fait pour cette vie…au contraire de sa fille.”
L’espace d’un instant, un voile de tristesse passa sur son visage. Mais elle se reprit rapidement, adoptant à nouveau son expression froide et hautaine.
“Tout homme a besoin d’un lieu enchanté où il peut se ressourcer. Retrouver un sens à ses rêves et apaiser ses pensées les plus folles. Dans vos lointaines Montagnes s’agissait-il des verts pâturages de la vallée de votre domaine ? Ou des majestueux glaciers qui surplombent votre château ?”
Elle s’approcha doucement de Tryon, leurs épaules s’effleuraient désormais. Le Baron pouvait sentir son souffle à l’odeur envoûtante. “Où donc votre père vous menait pour vous conter ces histoires ?”
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Dim 26 Nov 2023 - 22:26
Je sentais son souffle sur mon cou.
Il ne me faisait pas frissonner, j'etais loin de ces orgies des sens. Je ne ressentais plus rien pour l'humain depuis longtemps, loin de mon espece, et loin de leurs sentiments pleins de vacuité.
Je l'avais ecouté conter son histoire, rire à mon compliment, elle etait d'humeur enjouée et neanmoins melancolique.
Elle etait tout ce que je n'etais pas.
Heureuse dans la cité aux requins, elle cuisinait trés bien la soupe d'ailerons, il semblait.
Et je n'en avais cure.
Je ne comprenais toujours pas ce que je faisais là.
Elishan avait faux sur toute la route, il m'avait meme mis en danger.
Car, non seulement, je n'etais pas amoureux, mais en plus j'avais toujours envie de l'enlever pour l'offrir à mes molosses après l'avoir violée.
Ses mots doucereux, son attitude romantique, tout etait faux, et puait l'embuscade.
Elle cherchait des perdreaux a cuisiner ou des requins d'eau douce.
Je lui susurrai à l'oreille, me rapprochant de sa chevelure au parfum entetant.
Mon père, il m'emmenait autre part qu'au bord de l'ocean, collecter des coquillages, et ecouter l'histoire d'Amroth, le Roi des Elfes. Pas de verts paturages, pas de glaciers aux eclats bleutés. Non, il m'emmenait dans sa couche, au dernier etage du Donjon, une pièce sombre, humide et froide ou sous les fourrures il me rechauffait de son dard, ou plutot de son gourdin, sans pitié, à me faire gemir, crier, hurler et pleurer.
Voilà là ou il me ressourcait.
Je reculai, les yeux exorbités, la pupille dilatée, et prenait son cou pour continuer la confidence.
Au début, ce fut douloureux, et difficile. A la fin j'y prenais beaucoup de plaisir, sentir sa peau couverte de ses poils d'ours, sentir sa chaleur, sentir sa violence, sentir son souffle, sentir sa frustration. Telle une donzelle je savais lui donner envie. Et c'etait un reconfort car dans sa brutalité, dans son absence de respect, il y avait malgré tout enfin une once d'amour. Il m'a changé. Et c'est devenu mon lieu enchanté, c'est là où je vis à présent en esprit et en corps, et je vous invite chez moi, loin de ces fantomes qui ne meritent pas de vivre, ceux qui ne sont pas là.
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La Veuve de la Baie n’avait pas cédé la moindre once de terrain face à son interlocuteur. Le menton levé, ses yeux azurs défiant le regard sauvage du baron; elle écouta l’horrible récit de cet étranger sans flancher. De toute évidence, l’homme qui lui faisait face était aussi instable que dangereux. Porteur d’une violence barbare mais aussi d’une honnêteté déroutante, et, dans une certaine mesure, presque attachante. Il parlait sans détours de ces traumatismes, de ces violences subies alors qu’il n’était qu’un enfant, condamné à devenir un monstre avant même d’avoir l’âge d’en saisir le sens.
Quand elle sentit ses gros doigts se refermer sur son gracile, elle n’eut aucun mouvement de recul. Tout au plus un léger froncement de son nez pour indiquer son dédain. La belle n’était pas impressionnée, sa curiosité avait simplement été piquée par ce Tryon de Roncefort. Malgré toute la singularité qui le caractérisait, il tombait dans les travers de tant d’hommes; croyant pouvoir dominer par la force, arriver à ses fins par le biais de la violence. Un comportement si primitif pour elle qui avait élevée au rang d’art l’exercice d’un pouvoir bien plus subtil. Montrer les muscles et verser le sang pouvait parfois amener vers le succès, des outils parfois utiles pour atteindre son but, mais qui devait être utilisé avec parcimonie et intelligence. Deux qualités qui semblaient bien manquer à son prétendant. Il ne voyait qu’une seule facette du pouvoir. Serait-elle en mesure de lui faire comprendre que l’ambition qu’il pouvait nourrir allait bien au-delà de cela? Pouvait-elle lui faire réaliser cela? Ëariel tenait là un défi intéressant.
Pourtant quelque chose dans cette brutalité l’attirait, une forme d’authenticité aussi naïve que stupide mais qui n’en était pas moins fascinante. De tels hommes avaient disparus au sein de la Cité des Princes.
Le Seigneur des Montagnes pouvait sentir le pouls parfaitement calme de la belle, celle-ci porta également ses longs doigts filiformes sur la gorge de Tryon, les plongeant délicatement dans sa barbe hirsute, remontant lentement vers son visage. Refermant lentement ses serres autour de sa proie.
“Oh mon cher Baron. Êtes-vous certain que votre domaine soit prêt à m’accueillir? Le plus petit des ruisseaux ne détient-il pas le pouvoir de creuser au cœur des Montagnes les plus solides, siècle après siècle?”
Alors sans crier gare, elle s’avança d’un pas passa fermement ses mains derrière la nuque de Roncefort et l’embrassa avec fougue, collant violemment sa fine bouche sur les lèvres gercées du Seigneur. La belle réprima un haut-le-coeur provoqué par le parfum désagréable de l’alcool que le Baron avait ingurgité et, au bout de longue secondes, finit par lâcher prise en reculant d’un pas sans cesser de fixer son vis-à-vis. “Non, l’heure pour moi n’est pas encore d’aller visiter vos montagnes. En revanche, le Manoir Even est un lieu digne d’accueillir le Champion de la Purification.”
Une invitation bien cavalière pour Tryon. Était-ce là l’occasion pour lui de mettre en place le plan qu’il avait imaginé? Ou alors une opportunité de s’approcher de plus près des hautes sphères de la Cité Princière?
The Young Cop
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Mer 13 Déc 2023 - 21:04
Plus le temps passait, plus la situation devenait dérangeante.
Pourquoi?
Parce qu'elle ne me craignait pas, je le voyais à ses yeux, à son pouls calme, à ses attitudes. Et cela me dérangeait, j'en perdais même mes repères, moi la brute épaisse et tarée que tout le monde craignait.
Alors qu'elle m'embrassait par surprise, je ne répondais pas, mes lèvres restaient presque fermées, muettes, sous le coup que je recevais ici.
Moi, je violais, je tuais, je frappais, je maltraitais, tout ce que l'enfance m'avait livré comme leçon et mode de vie.
Ici j'étais déconcerté, non seulement elle n'avait pas peur, mais de plus, elle prenait l'initiative.
Je la regardais, décontenancé, en fait de plus en plus elle me repoussait, je n'étais pas à l'aise ici, je perdais mon ascendant, j'étais traité comme un chiot, et j'avais envie sincèrement de renverser la table, quitter la cité des Princes, pour retourner dans ma tanière des montagnes blanches, loin d'elle, mauvais souvenir, loin d'eux, nous étions trop différents.
Je n'avais pas envie de me compromettre ici, de perdre mon essence, et sentais au plus profond de moi que je n'étais pas fait pour cela.
Je la regardais, elle scintillait telle une belle étoile, mais moi, aucune étoile n'était venue à moi, plutôt des araignées qui m'emmenaient dans leurs toiles, mère, père, qui m'étouffèrent dès mes premiers regards.
Elle, elle n'avait pas envie de moi. Je le savais, et je ne l'espérais pas.
Mon espoir depuis longtemps déçu n'attendait que violence dans ce monde.
Je m'étais trompé, trompé de monde, et tout cela de la faute d'Elishan.
La violence avait disparu avec ce baiser, je n'avais jamais été embrassé ainsi par surprise sans rien demander.
Je la regardais, honteux, et quittais la réception précipitamment, renversant au passage un convive dans mon chemin, sans m'excuser.
Je voulais être loin, loin, loin d'elle.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Du spectacle qui s’était joué sur le balcon, l’homme n’avait pas raté une miette. Pourtant, rien dans son comportement n’indiquait qu’il suivait avec une oreille attentive le petit drame qui se jouait entre la Veuve de la Baie et le Baron de Roncefort. Il tournait le dos à la scène, faisant face à un des buffets et faisant mine de s’intégrer à une conversation entre trois convives déjà bien enivrés. Autour de lui, nul autre ne semblait vraiment faire attention à ce qui se tramait entre ces deux personnages avides de pouvoir. Dans ce type de soirée, organisée à la Villa Ibn-Sayldor, il était fréquent que des convives, mariés ou non, se mettent à l’écart du dîner pour partager quelques moments de plaisir. Ulwarth mettait un point d’honneur à ce que sa demeure soit un havre où ses invités pouvaient assouvir tous leurs fantasmes. Des masques et chambres discrètes étaient mises à disposition d’eux qui craignaient le plus d’être reconnus. Toutefois, nombreux étaient ceux qui ne cachaient pas leurs mœurs libertines à Dol Amroth. Dans la Cité Princière, tous les excès étaient autorisés, loin de l’austérité rigoriste de la noblesse de Minas Tirith. Ici, pour beaucoup, les plaisirs charnels étaient simplement un moyen comme un autre d’arriver à ses fins et nul n’avait honte d’en user.
L’homme but une gorgée de nectar. Depuis le début de la réception, il avait soigneusement évité d’ingurgiter la moindre goutte d’alcool. Il devait préserver un esprit parfaitement clair. Discrètement, il recula de quelques pas afin de s’approcher d’un peu plus près de la terrasse. Les deux tourtereaux s’embrassaient. Décidément la Veuve de la Baie ne changerait jamais…Pourtant, la réaction du Baron étranger fut des plus inattendues. Au lieu de s’adonner aux pulsions de la chair et s’abandonner dans les bras gracieux de la belle, celui-ci recula avec un air horrifié, cherchant à se détacher de l’emprise de la noble. Puis, sans un mot, il s’éloigna en trombe de Dame Ëariel. La soirée avait tourné court pour le Baron de Roncefort. Dans sa rage, il bouscula sur son chemin notre homme qui faillit perdre son équilibre. Une main posée sur un pilier adjacent, il suivit du regard la large silhouette de Tryon se diriger vers la sortie. “Un bien étrange animal…” Songea-t-il.
Le temps s’était considérablement rafraîchie. Tryon était arrivée dans une ville encore ensoleillée et avec une petite brise agréable qui venait rafraîchir les travailleurs du Grand Port. En moins de deux jours, le ciel était devenu bien gris et la mer était devenue houleuse. En ce mois de février, le froid et le vent avait logiquement repris ses droits. Les hivers n’étaient jamais particulièrement rudes dans la baie de Belfalas. Pas de neige ou de températures négatives. De lourdes averses et quelques tempêtes en mer, voilà ce que pouvaient craindre les Amrothains. La tempête commençait d’ailleurs à menacer même si pour l’heure le temps était encore sec. De grands nuages grisâtres s’amoncelaient au-dessus des toits de la ville et les vagues s’écrasaient de plus en plus violemment sur les digues mais pour l’heure la vie suivait son cours.
Le réveil de Tryon avait été plutôt difficile à la suite des évènements de la veille. Les plusieurs verres de liqueur qu’il avait ingurgité au long du repas lui avaient valu une loure migraine mais c’était surtout le comportement de la Veuve de la Baie qui avait perturbé son esprit. Dans sa Baronnie, là-bas au pied des Montagnes, tout était si simple. Il était le Seigneur de ces Terres et on lui obéissait ou alors on mourait. Les décisions étaient facilement prises après concertation avec sa mère ou Elishan mais jamais n’avait-il été confronté de la sorte à un tel monde, où mensonges et séductions régnaient en maître dans un océan de requins cherchant à avancer leurs propres intérêts. En mettant les pieds dans la Cité Princière, Tryon venait d’entrer dans la Cour des Grands du Gondor; et l’apprentissage s’annonçait déjà douloureux.
Les pas du Baron de Roncefort le guidèrent depuis son hôtel jusqu’au Grand Port dont l’activité encore bouillonnante pouvait lui permettre de se fondre dans la foule. Sans s’en rendre compte, il s’était inconsciemment arrêté devant l’échoppe de la “Sardine qui Crache”, le restaurant où il s’était déjà attablé la veille. Sentant son ventre gargouiller, Il s’approcha. Le gérant des lieux le reconnut immédiatement. “Ah mais c’est notre Seigneur du Nord! Quel plaisir de vous revoir, je vous en prie, prenez place!”
Il l’installa à une table haute à l’extérieur et s’empressa de lui détailler le menu du jour. “Vous tombez à pic, je viens de recevoir un arrivage de lottes toutes fraîches. J’en fais un ragoût que tout le monde s’arrache jusqu’au Grand Palatin. Vous m’en direz des nouvelles..”
Sans laisser à Tryon le temps de répondre, il disparut en cuisine, prêt à tout pour satisfaire son client. L’établissement ne payait pas de mine mais on savait y recevoir et, même l’exigent Baron de Roncefort, devait admettre qu’on y mangeait très bien.
Plongé dans ses réflexions, il ne fit pas attention au seul autre client qui était assis un peu plus loin, sur la même table. Il portait des vêtements de pauvre travailleur des docks, ses cheveux blonds étaient décoiffés et son allure était mal soignée. Un ouvrier comme un autre.
Ce dernier, cependant s’approcha légèrement et souffla à Tryon: “Sacré soirée chez ce vieux Ulwarth hier, non?”
L’homme avait parlé d’un air détaché, tout en retirant une arête d’entre ses dents jaunies par l’usure. Si le baron avait eu la lucidité de faire attention à la personne qu’il avait bousculé en cherchant à s’extirper des griffes de la belle veuve, il aurait peut-être reconnu les traits tout à fait banals de cette personne. L’homme semblait cependant bien différent, troquant ses apparats de soirée pour des vêtements sales. Se fondant parfaitement dans le décor selon les circonstances. “Je dois avouer que j’ai été un peu déçu par le grand final…Après tout voir le terrible Tryon de Roncefort se défiler de la sorte devant le rouge à lèvres de Dame Even…”
Il ressentit la rage de Tryon et savait que celui-ci n’hésiterait pas à l’égorger sur place s’il allait trop loin. Mais l’homme avait tout anticipé et poursuivit comme si de rien n’était.
“Quand il s’agit de défigurer ce pauvre Vögel, il y a du monde mais alors pour conclure avec une femme avec un peu de charme…”
Il mima une petite explosion à l’aide de ses deux mains. “Pouf…y’a plus personne.”
Cette-fois ci il sentit le Baron au bord de l’explosion. “Tut tut tut… ne tentez rien de stupide mon cher Tryon…J’ai deux hommes à moi armés jusqu’aux dents parmi ce groupe de passants, ainsi qu’un arbalétrier posté sur un toit qui vous tient en joue et s’apprête à tirer au moindre geste brusque.”
Avec un calme impérieux, il tassa un petit peu d’herbe à pipe séchée qu’il roula dans un petit morceau de parchemin qu’il alluma à l’aide d’un briquet. Il tira une bouffée sur sa cigarette de fortune et fut pris d’une violente quinte de toux. Il cracha une glaire au sol et poursuivit.
“Les hommes comme vous, d’un point de vue morale, devraient se retrouver dans une fosse commune. D’autant plus qu’avec votre comportement… chaotique…vous vous êtes mis dans un petit pétrin. Cependant…”
Il tira une nouvelle bouffée et toussa encore une fois.
“Cependant c’est votre jour de chance, Tryon de Roncefort. La Couronne du Gondor a décidé de vous donner une seconde chance…”
Il réajusta son veston et fit discrètement apparaître une petite broche représentant un arbre blanc qu’il avait épinglé sur un revers de sa chemise crasseuse.
“Alors, vous êtes prêts à mettre de côté votre colère enfantine et écouter ce que j’ai à vous proposer?”
D’un geste circulaire de l’index, il engloba l’entièreté des quais ainsi que les toits des bâtiments alentours, soulignant bien que ses hommes étaient toujours bien présents. “De toute façon vous n’avez pas vraiment le choix.”
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Dernière édition par Learamn le Mar 30 Jan 2024 - 15:27, édité 1 fois
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
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Ven 19 Jan 2024 - 2:13
Pas le choix... J'ai toujours eu le choix, et ce serviteur de la Couronne du Gondor en aurait conscience un jour. Il croyait me comprendre mais ne me comprenais pas vraiment.
Mon regard était sombre et calme.
Je reculais d'un pas, prêt à esquiver une attaque et à degainer.
Parle, lâche, il te faut avoir quelques spadassins et arbalétriers pour me parler.
C'est ce qu'il te faut pour éviter que je t'ouvre la gorge.
Regarde bien autour de toi, mes hommes aussi sont disséminés dans la foule.
Et tu ne les vois pas, ces hères des Montagnes Blanches, ces édentés, qui arracheraient la gorge de tes serviteurs tels des loups.
Il était souhaitable que les clients de l'Auberge de la Sardine qui crache n'entendent pas ces propos.
Sinon, ils auraient compris qu'un bain de sang était sur le point de se produire.
Entre un représentant de la Couronne du Gondor demandant à un Seigneur Barbare des Montagnes Blanches de coopérer.
Je me sentais bien à présent, et souriais à pleines dents à mon nouvel interlocuteur gondorien.
Retour à la violence, finies les viles flatteries et soupirs de donzelle, j'étais dans mon élément.
J'en étais presque à remercier cet inconnu qui me donnait enfin du plaisir dans cette ville ou j'étais tout sauf un poisson dans l'eau. J'étais un loup dans la mare.
Et retrouver la terre ferme et une créature à terrifier et à dévorer me faisait de nouveau sourire.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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L’homme esquissa un sourire, visiblement peu surpris de la réponse agressive de son interlocuteur. À vrai dire, il en était même plutôt satisfait; tout concordait avec ce que les différents rapports présents dans le dossier sur ce personnage qu’il avait reçu quelques jours plus tôt. Comportement erratique, humeur explosive, accès de colère et de violence soudains. Un chien fou et enragé. Le genre d’animal pouvant vous mordre à tout instant si on n’y faisait pas attention. Mais un chien, aussi dangereux qu’il soit, pouvait toujours être tenu en laisse. “Il vaut mieux être un lâche qu’un homme mort, vous en conviendrez…”
Nonchalamment, il écrasa son curieux cigare sur le rebord de la table répandant les cendres sur le sol et une odeur âcre d’herbe à pipe brûlé. Visiblement, les menaces portées par le Baron de Roncefort ne semblait pas l’émouvoir. Comme s’il avait tout prévu. “Et moi j’ai d’autres hommes prêts à se charger de vos chiens de garde. Vous n’êtes pas dans vos terres misérables où vous pouvez impunément faire votre loi, ni même au milieu d’une cérémonie barbare dans de vieux souterrains. Ici, vous êtes dans la cour des grands. Et croyez-moi vous avez bien plus à perdre que moi à ce petit jeu…”
Des soldats de la Baronnie de Roncefort ne pouvaient, malgré tous leurs efforts, se fondre dans la foule locale aussi efficacement que des agents de l’Arbre Blanc. L’homme déposa quelques pièces de bronze près de son assiette afin de payer les deux repas. “Considérez cela comme un généreux geste de la Couronne. Maintenant…allons discuter plus loin.”
Il réajusta ensuite sa veste miteuse et se leva de son tabouret, indiquant à Tryon d’en faire de même. Les deux hommes s’engouffrèrent dans le flot de passants et de commerçants qui occupaient les quais du Grand Port, gardant une certaine distance entre eux afin que l’on ne puisse remarquer le fait qu’ils avancent ensemble.
Ils bifurquèrent finalement vers un quartier moins fréquenté aux ruelles étroites mais là encore l’espion resta dans son silence, se contentant d’avancer jusqu’à un des nombreux canaux qui traversaient cette partie de la Cité. Quelques gondoles mouillaient près de la rive; le pont le plus proche se trouvait à plus de vingt minutes de marches et la traversée sur l’une de ses embarcations permettait de gagner un temps certain à moindre coût.
L’homme se dirigea vers l’un des bateliers et lui glissa de la monnaie; il invita ensuite Tryon à prendre place à l’intérieur du bateau. “La traversée ne devrait pas durer plus de cinq minutes. Le temps nous est compté.”
Il se tourna vers le gondolier qui tâchait de dénouer l’aussière de la bite d’amarrage. “Ne vous inquiétez pas…c’est un de mes gars. Nous pouvons parler librement ici.”
Le canot s’éloigna lentement du rivage, fendant les eaux turquoise du canal. L’espion s’était installé au bout, en face du Baron. “Dol Amroth est un lieu unique. Une ville offrant des opportunités remarquables mais cachant bien des dangers. Ses plus luxueux palais renferment bien plus d’ignominie que les bas-fonds de Minas Tirith.”
Il roula un autre de ces curieux tubes de papier renfermant de l’herbe à pipe. “Depuis la disparition du dernier Prince. Les choses n’ont fait qu’empirer ici. De jour en jour, cette cité sombre dans la corruption, le crime organisé et la débauche. On ne peut faire grand-chose pour la sauver mais je compte bien arrêter ceux qui voient en ce déclin une opportunité pour nuire aux intérêts du Gondor…”
L’espion tira son briquet et alluma sa cigarette. “Dame Even fait partie de ces personnes. Son parcours, et son ascension, cache quelque chose. Mais elle est influente et précautionneuse.”
Depuis son arrivé dans la Cité du Cygne, l’agent avait tout mis en œuvre pour mener l’enquête au sujet de la Veuve de la Baie; mais celle-ci avait pris toutes les mesures pour se protéger. Le manoir dans lequel elle résidait était une véritable forteresse et les rares contacts qu’il avait réussi à se faire au sein de cette demeure avait tous fini au fond d’un caniveau. La coopération avec les autorités locales était également particulièrement difficile. Certains officiers étaient déjà corrompus, les autres voyaient d’un mauvais œil les tentatives de la Couronne d’influencer des affaires domestiques.
Dol Amroth et leur foutue amour de leur autonomie. Quelle belle bande d’abrutis. Ils se croyaient malin avec leur Sénat et leur modèle pseudo-démocratique; d’autres se considéraient même supérieurs aux autres régions du Royaume au fonctionnement plus “primitif”.
De la façon dont il voyait les choses, ce modèle prétendument supérieur était le meilleur moyen d’entretenir la corruption et la démagogie. “Mais votre arrivée rebat les cartes, Tryon de Roncefort. De toute évidence, et je ne saurais me l’expliquer, vous l’intriguez.”
L’arrivée inattendue de ce seigneur des Montagnes Blanches était intervenue au moment même où l’espion songeait à quitter la ville, prêt à admettre l’échec de sa stratégie. Et voilà que cette brute sortait de nulle part, lui présentant une nouvelle opportunité qu’il comptait bien utiliser. “Retournez vers elle et séduisez-la. Gagnez sa confiance et aidez-nous à lever le voile sur ce qu’elle cache.”
L’agent était conscient que son ton autoritaire pouvait rebuter le fier Seigneur. Mais il savait également qu’après avoir usé du bâton, il devait ensuite utiliser la carotte. “La Couronne du Gondor sait récompenser ceux qui protègent ses intérêts. À leur juste valeur.”
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Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Mar 13 Fév 2024 - 21:45
Récompenser à sa juste valeur.
Que voulaient ils tous?
La Veuve, Even, que voulait elle à part m'embrasser et asseoir son pouvoir?
Lui l'espion aux dents jaunâtres et à la quinte de toux maladive, que voulait il ? A part avoir de l'information sur Dame Even.
Et moi qu'étais je à part un pion dans un échiquier qui commençait à me dépasser.
Je voulais revoir mes montagnes, mes molosses, persécuter les brigands, retrouver une vie simple.
Finalement, j'avais émis la pensée que je voudrais frayer dans le grand monde, et j'avais vite compris que je n'en avais aucune capacité.
A part quitter la cité, et déjà cela semblait une quête à elle seule, eu égard à qui m'entourait, m'encerclait et me menaçait à demi mots.
Je caressais mes cheveux sales pour les plaquer, pour me donner une contenance mondaine, ainsi collés par ma graisse à mon crane large.
Qu'est ce que j'y gagne espion? Sois précis.
Et quelle confiance as tu en moi ? Je pourrai te trahir à tout moment.
Je repensais à la Dame, je n'avais plus aucun désir pour elle, je n'avais plus aucune envie pour elle, car elle avait déjà vaincu mon cœur.
Je n'en voulais plus, je voulais fuir.
Celui ci l'espion n'avait rien à me donner.
Je voulais fuir, je voulais tellement fuir et ne plus revenir.
Je n'avais rien à faire ici, et tous les trésors du Gondor n'y pourraient rien.
Un instant, une pensée fulgurante m'assaillit. J'avais bien fait de venir ici, je savais à présent, qu'il ne me fallait aucune ambition autre que gérer mon domaine, car ici j'y perdrais l'âme que j'avais déjà bien difficilement fait grandir dans les profondeurs de la Baronnie de Roncefort.
Là bas, j'y ai perdu la raison, ici j'y perdrais la vie.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
La barque tanguait au gré des petites vaguelettes qui agitaient les eaux du canal. L’espion tira une nouvelle bouffée de sa cigarette, inhalant profondément les arômes de tabac. Une sensation d’apaisement se propageant dans ses muscles fatigués. L’un des rares plaisir qu’il s’autorisait depuis de longues années. Dont il abusait même.
Le Baron de Roncefort se recoiffa, plaquant ses cheveux sur son crâne. Un geste, en apparence anodin, que l’espion avait bien pris soin de noter dans son esprit. C’était ce genre de posture, quasiment imperceptible, qui pouvait trahit la nature d’un homme. Des mimiques, des expressions éphémères, de simples tics de langage; autant de choses que l’agent de l’Arbre avait appris à capter, analyser et utiliser au cours de sa longue carrière. “Le mal de mer?”
Il retira un mouchoir roulé en boule dans sa poche et le tendit à son interlocuteur. “Tenez; c’est pour vous. Les premières fois sont toujours un peu angoissantes.”
Un petit rire interrompu par une quinte de toux. L’humour de l’espion n’était pas forcément sa première qualité reconnue mais tant que cela l’amusait lui-même.
“Confiance?”
Il rit à nouveau, cette fois de manière plus franche. “Si je faisais confiance à des gens comme vous, alors je serais mort depuis bien longtemps.”
La confiance était une notion bien absconse pour un homme comme lui. Il était parfois compté de se reposer sur des collègues ou d’autres informateur mais jamais n’accordait-il sa confiance; partant systématiquement du principe que la trahison faisait partie de la nature humaine. Tous étaient de potentiels traîtres à la cause. Le Commandant de Vigo, le Capitaine Neige, l’Intendante, la Reine. Tous. Même lui. Ils ne basculaient pas tous dans félonie mais écarter cette possibilité relevait de l’idiotie. Garder un œil sur ses ennemis était le propre d’un grand espion: surveiller ses amis en était le secret.
“La question, Tryon de Roncefort, n’est pas seulement celle de ce que vous avez à gagner; mais surtout de ce que vous pourriez perdre.”
Il sentit son interlocuteur se tendre. Manœuvrer un tel animal n’était pas une tâche pour un débutant, il fallait manier le fouet et l’appât avec dextérité pour le dompter sans se faire dévorer. “ Voyez…vous vous êtes fait de nombreux amis au Nord. Le Haut-Val bien sûr mais croyez-moi les Seigneurs de la région n’ont pas forcément apprécié de voir un de leur pair se faire mutiler de la sorte lors de simples négociations commerciales…Alors oui, vous comptez sur le soutien de Ludgar et sur votre prestige gagné lors de la Purification; alors oui le Seigneur de Morthond vous apprécie mais vous oubliez un détail.”
L’homme tira une nouvelle fois et jeta le mégot par-dessus bord d’un geste nonchalant. “Eon Ludgar est un proche de la Couronne et s’il reçoit le message de vous laisser tomber et de fermer les yeux quand les autres seigneurs voudront marcher sur votre domaine; eh bien il le fera. La décision est vôtre.”
Le bâton avait été utilisé, il était désormais temps d’agiter la carotte.
“Cependant, si vous nous aider. Alors je peux vous assurer que nul seigneur du Gondor n’osera menacer la Baronnie de Roncefort. Vous pourrez développer vos terres, continuer à vous faire un nom qui, un jour peut-être, résonnera jusqu’aux murs de la Cité Blanche.”
Alors que l’espion finissait sa phrase, le bout du canot buta contre le rebord du quai de la rive opposée du canal. Déjà, le gondolier s’affairait à attacher l’embarcation. “Alors, Tryon de Roncefort, avons-nous un accord?”
The Young Cop
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