Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
-Continuez à chercher Messieurs! Grimpez encore plus haut vers les sommets s’il le faut! Nous ne pourrons descendre dans la vallée les mains vides.
- Aye!”
Un vent glacial venu du Nord accablait durement la dizaines de braves qui avaient décidé de braver les flancs des Montagnes Blanches. Là-haut, le Rude Hiver n’avait pas disparu, il n’avait jamais cessé d’être. À l’Ouest, l’astre solaire commençait déjà à disparaître lentement derrière les cimes des montagnes et bientôt l’obscurité régnerait. La descente vers les habitations les plus proches en contrebas serait alors très périlleuse à réaliser et ils devraient passer la nuit ici, là où le froid intense risquait bien de les ronger jusqu’à la mort.
Emmitouflé dans diverses couches de fourrures et de manteaux, l’homme qui distribuait les ordres savait bien qu’il faisait prendre de grands risques à ces hommes en les poussant à approfondir leurs recherches pour quelques minutes supplémentaires. Quelques minutes qui pourraient s’avérer fatales pour certains d’entre eux. Mais il n’avait plus le choix, par deux fois déjà ils étaient revenus bredouilles de ces expéditions en haute montagne à la recherche de nouveau matériaux révélés par la fonte de certains glaciers. Le projet de rénovation et de solidification des principaux bâtiments de la région ne pouvait se faire efficacement sans l’apport d’une pierre à la fois solide et esthétique, capable de résister aux secousses sismiques menaçant le territoire.
Une nouvelle bourrasque violente faillit faire perdre l’équilibre au chef de l’expédition. Celui-ci se retint à la paroi de la falaise adjacente en poussant un juron. Ah! Que le doux climat de Dol Amroth lui manquait. Valonias était né et avait grandi dans la cité princière, connue pour son prestige ainsi que son avancement technique et sa flotte maritime. Un havre de paix où la nature était en symbiose avec ses habitants, leur fournissant tantôt la pluie tantôt le soleil selon les besoins de la terre et de la cité. Là-bas les Hommes et les éléments fonctionnaient de concert. Tout le contraire de la vallée de Morthond. Ici, la Montagne semblait rejeter ses résidents, corps étrangers et malfaisants que son système immunitaire voulait rejeter de son sein; en contrepartie les citoyens luttaient constamment contre les éléments pour pouvoir y survivre. Un affrontement inégal qui durait depuis des siècles et dont nul ne pouvait se proclamer vainqueur.
Valonias jouait ainsi avec sa vie au milieu des Montagnes Blanches, si loin du confort de sa ville natale, non pour son plaisir mais pour accomplir la mission pour laquelle il avait été envoyé ici. Architecte de renom, il avait été dépêché sur l’ordre du Prince en personne pour répondre à l’appel du Seigneur de Morthond. Ce dernier avait reçu des fonds importants de la couronne pour rénover et renforcer les agglomérations locales, exposées à divers phénomènes naturels dangereux, mais les gens de la vallée ne disposaient pas de l’expertise nécessaire pour mener à bien ces travaux. Bien que Dol Amroth, où il avait officié toute sa carrière ne présente pas les mêmes conditions environnementales que Morthond; Valonias avait assez de connaissances en la matière pour pouvoir superviser tout cela.
Il se rappela avec un sourire son arrivée ici, quelques mois plus tôt, en compagnie de l’Ambassadeur Mafielas. Avec ses raffinements de nobliau et son crâne rasé de près, il avait d'abord tranché avec le décor ambiant et les habitants hirsutes et parfois bourrus de la Vallée de la Racine. Mais il avait su se faire grandement apprécier par les locaux, qui derrière leurs manières un peu abruptes se révélèrent être des personnes au grand coeur, emplis de générosité et de bravoure. De plus, ici il était devenu une véritable icône. Il avait déjà réussi à se faire un nom à Dol Amroth mais sa jeunesse était encore vue comme un inconvénient qui l’empêchait de pouvoir devenir la référence régionale dans sa profession. A Morthond, il ne souffrait d’aucune concurrence et partageait avec enthousiasme son savoir avec ces hommes qui , il devait l’avouer, apprenait très vite. Dans quelque temps, il était même certain qu’il n’aurait plus rien à leur apprendre concernant les travaux restant à faire dans la vallée; alors peut-être pourra-t-il rentrer chez lui avec un nouveau statut plus glorieux. Mais pour le moment il se devait de mettre enfin la main sur ce matériau miracle qui pourrait leur permettre d’économiser énormément de fonds et de temps. En entendant que les glaciers sur les monts les plus proches, commençaient à fondre depuis la fin du Rude Hiver, il avait immédiatement eu l’idée d’y grimper à la découverte de nouveaux matériaux. Il n’y avait aucune preuve qu’il puisse y trouver quelque chose d’intéressant mais il avait ce pressentiment qu’il y avait bien quelque chose qui les attendait là-haut. Il le sentait; et son instinct le trompait rarement. Il était impossible que la disparition de neiges millénaires ne révèlt pas des choses enfouies et oubliées depuis longtemps.
Cela n’avait pas été chose aisée de convaincre le seigneur Ludgar et les siens de l’utilité de monter cette expédition, les habitants se méfiaient des Montagnes et de ce qu’ils disaient y résider comme de la peste. Une crainte presque irrationnelle aux yeux de Valonias, qui malgré son expérience limitée en matière de montagnes n’avait pas longtemps hésité avant de s’y aventurer en solitaire. Finalement, le Seigneur local avait fini par céder et sélectionné une dizaine d’ouvriers parmi les plus braves pour épauler l’architecte dans sa quête un peu folle et infructueuse.
L’Amrothien fut tiré de ses pensées par le cri victorieux d’un de ses compagnons:
“Il y a quelque chose là!”
Aussi vite qu’il le put, Valonias se dirigea vers l’homme qui avait donné l’alerte; un sentiment d’excitation commençant à naître dans son coeur. Il manqua de trébucher au moins trois fois en courant ainsi dans la neige encore fraîche mais il n’en avait cure; peut-être avaient-ils trouvé le Graal. Arrivé à la hauteur de l’ouvrier, il lui posa une main sur l’épaule:
“Qu’as tu vu?
-Là-bas! Regardez!”
Il pointait du doigt une crevasse située quelques centaines de mètres plus loin. Ce qui était intrigant, était le fait qu’elle était dénuée de toute trace de neige et de glace alors que tous les alentours en étaient couverts. On ne distinguait que la profondeur du noir de la roche qui s’y trouvait. Une pierre d’un noir si profond et absorbant que les regards des explorateurs s’y perdirent un moment.
Valonias poussa un cri de joie:
“Allons voir ça mes amis!”
Les locaux semblaient quelque peu hésitants. L’architecte tenta alors de les rassurer:
“Je sais bien que la nuit va bientôt tomber mais c’est tout proche. Nous entamerons notre descente dans quelques minutes.”
Mais visiblement ce n’était pas la perspective de l’obscurité qui représentait la source de leur hésitation.
“Valionas ce n’est pas la nuit que nous craignons. Expliqua l’un des hommes. C’est cette pierre.
-Je… je ne comprends pas.
-Une telle couleur pour une roche; et cette crevasse... C’est comme dans les histoires que les conteurs récitent; ce sont des mauvais présages.”
Il leva les yeux au ciel. Ah! Les gens de Morthond et leur superstition…
“Très bien, fit-il, vous pouvez redescendre si vous le désirez. Moi j’irais voir cette roche de mes propres yeux, je ne ferai pas demi-tour si près du but.”
Les ouvriers haussèrent des épaules et commencèrent à rassembler leurs affaires; ils appréciaient Valonias mais pas assez pour jouer avec les légendes millénaires de la vallée.
“Toi aussi tu m’abandonnes Demold?” demanda l’architecte en voyant le plus jeune des membres de l’expédition resserrer les lanières de son sac.
Ce dernier, pris au dépourvu mit quelques secondes à réagir. “Je.. Vous.. c’est que ma mère va se faire un sang d’encre si je rentre trop tard.
-Allons, j’en assumerai toute responsabilité après d’elle; et puis tu ne vas pas laisser quelques vieilles histoires te priver de cette petite aventure.”
Motivé par ces paroles, le jeune Demold décida alors de suivre l’étranger. Sa mère serait assurément furieuse mais la tentation était trop grande. Depuis son enfance on l’avait rabâché avec ces mythes sur la roche noire et la pierre d’Erech, et maintenant qu’il se retrouvait face à quelque chose qui pouvait s’en rapprocher il se devait d’en avoir le coeur net. Que tout cela n’était que des affabulations. L’Amrothain posa une main protectrice sur lui et l’adolescent sourit, non assurément rien ne leur arriverait.
Couvrir la distance qui les séparait de leur objectif se révéla bien plus ardu et laborieux qu’il ne l’avait prédit. A vue d’oeil, la crevasse avait paru petite et assez proche mais en réalité ils avaient avancé pendant près d’une demi-heure lorsqu’ils arrivèrent à proximité. Le soleil avait désormais presque disparu, ne renvoyant que quelques derniers rayons aux teintes violacées.
Le contraste était saisissant. Tout autour se dressait un paysage glacial et immaculé, soumis aux intempéries les plus violentes; mais la crevasse qui leur faisait face semblait hors de ce lieu, hors du temps. Profonde de quelques mètres seulement, elle était par miracle complètement épargnée par les chutes de neige et seule apparaissait la couleur noire de la roche qui la constituait. Le vent n’y sévissait plus sous forme de bourrasque impétueuse mais s’exprimait avec un souffle lent et langoureux, soulevant de la poussière sombre sur son passage. Le froid y régnait également, mais non plus ce froid glacial et violent qui frappait les ouvriers jusque là; non, il s’agissait d’une froideur plus insidieuse qui pénétrait dans leurs âmes. Nul étoffe ne pourrait les en protéger. Au milieu se dressait une énorme pierre, parfaitement circulaire, et à moitié enterré dans le sol; sa couleur et ses reflets faisant penser à de l’obsidienne, étaient encore plus intenses et sépulcraux que ceux des roches qui l’entouraient. Juste devant elle se dressait une grande stèle, elle aussi faite du même noir, parsemées d’inscriptions.
Les deux hommes contemplèrent un moment ce spectacle inerte, aussi fascinant que macabre. Puis, inexplicablement, ils glissèrent et roulèrent le long du dénivelé. L’atterrissage sur le basalte fut assez douloureux mais nulle casse ne fut à déplorer. Valonias se releva péniblement en toussant; Demold se trouvait quelques mètres plus loin. Il parla d’une voix tremblante:
“Quel est cet endroit?
-Je l’ignore… C’est toi qui vient d’ici , mon jeune ami. Mais regarde cette roche! Splendide! Si seulement les autres étaient là pour pouvoir en récolter une quantité suffisante.”
L’architecte caressa du bout des doigts le basalte qui était à ses pieds. Tout simplement magnifique! D’une pureté qu’il n’avait jamais vue auparavant! Un sentiment de fierté l’habitait désormais; il avait raison! Sortant sa pioche, l’Amrothain se tourna vers son compagnon afin de lui quémander de l’aide. Mais ce dernier se tenait immobile, le regard fixé sur l’immense boule d’obsidienne; son corps entier était secoué de tremblements. Intrigué à son tour, l’architecte étudia rapidement cet étrange édifice; il s’approcha de quelques pas en observant sa surface parfaitement lisse.
“Ce n’est pas une roche naturelle. Elle a été sculptée et placée là avant que les glaciers ne l’emprisonnent. Cela doit remonter à longtemps…
-C’est …. c’est la ...la pierre d’Erech; celle des Parjures. commenta Demold, visiblement de plus en plus inquiet -Des parjures?
-Ceux qui ont brisés le serment du Roi. Ils ont été damnés pour ça, du moins c’est ce que les conteurs et ma mère m’ont appris.”
Valonias fronça les sourcils; cette histoire lui rappelait définitivement quelque chose même s’il ne pouvait s’en souvenir précisément. C’était un événement ancien, très ancien, qui s’approchait d’ailleurs plus du mythe que de la réalité. Cependant sa curiosité était désormais piquée et il s’intéressa à la stèle qui se trouvait à côté de la “Pierre d’Erech”. Des inscriptions y étaient gravées, mais il ne s’agissait pas des lettres de l’alphabet Commun
“Dame! Impossible de comprendre ce que ces runes veulent dire. Tu comprends, toi?’
Le garçon hocha la tête en signe de négation. Ne perdant pas espoir, l’architecte sortir son petit carnet ainsi que sa mine de graphite et reproduisit rapidement le texte mystérieux qu’il avait face à lui. Peut-être que quelqu’un en ville, un érudit ou un conteur, serait capable de traduire tout cela.
Il toussa à nouveau, cette fois de manière plus violente. La poussière sombre qui hantait ces lieux pénétrait dans leurs poumons, et respirer se révéler de plus en plus douloureux. Ils devaient se hâter, d’autant plus que le Soleil avait désormais complètement disparu. Dans quelques minutes, le noir serait total et il leur serait impossible de partir d’ici. Prenant un dernier moment pour contempler cette majestueuse oeuvre, Valonias recula de deux pas. Quelque chose craqua sous ses pieds. Il baissa les yeux et constata avec horreur qu’il venait de marcher sur un crâne humain. Le reste du corps fossilisé se trouvait non loin, aux côtés de nombreux autres ossements qui avaient tous énigmatiquement pris une couleur noire et une texture rocheuse; se confondant à l’oeil avec le basalte environnant.
Ce lieu était hanté.
Pris d’effroi, il cria à son compagnon:
“Allez viens on s’en va!”
Sans qu’il ne sache pourquoi toutefois, ces jambes étaient subitement devenues extrêmement lourdes alors que chaque inspiration était de plus en plus saccadée par des quintes de toux inhabituelles. Ils arrivèrent péniblement au bout de la crevasse, au pied d’un escarpement glacé qui semblait beaucoup plus haut qu’à leur arrivée sur les lieux. L’Amrothain se saisit de ses piquets et commença à escalader laborieusement la paroi tout en prenant de trop nombreuses pauses pour reprendre son souffle. Il ne voyait presque plus rien à mesure que la Nuit regagnait son droit. En dessous-de lui il pouvait toujours entendre Demold qui lui aussi poursuivait sa lente ascension.
Finalement s’attarder sur les sommets à l’approche du crépuscule n’avait pas été une décision très sage et maintenant il risquait de le regretter amèrement. La découverte qu’il avait faite avait certes valu le détour mais s’était révélé au final bien plus mystérieuse que fructueuse pour son travail. Alors que son visage était à nouveau frappé par la rigueur des intempéries glaciales; son dos était toujours chatouillé par cette brise insidieuse qui habitait le fossé.
Au prix d’efforts surhumains, il toucha le sommet de la main et s’y hissa avec un grognement. Il lâcha son équipement et cria le nom de son compagnon; il ne voyait désormais plus rien mais devinait que celui-ci était toujours en proie avec la falaise.
Dans l’obscurité il tendit son bras dans le vide pour l’aider.
“Attrape ma main! Attrape la!”
Il sentit alors furtivement les doigts de Demold l’effleurer avant de glisser entre les siens. Il y eut un cri de désespoir qui s’évanouit dans le noir.
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Visiblement perplexe, le Seigneur Ludgar fronça des sourcils. Face à lui se tenait un Conseil de Rescapés qui s’était révélé particulièrement hostile à la proposition avec laquelle il était venue pour la séance de la semaine. Il connaissait personnellement presque tous les membres qui siégeaient en ce lieu et savaient qu’ils étaient tous des hommes de valeur et pour la plupart raisonnable mais depuis quelques mois certains d’entre eux étaient devenus aigris. Inquiets de voir les privilèges de leur clan fondre aussi rapidement que les glaciers des Montagnes Blanches, plusieurs représentants des Rescapés avaient initié tout un mouvement visant à préserver les avantages de leurs familles et marquer leur différence avec le reste des habitants de la vallée qu’ils surnommaient “les Petits.” L’approche de la cérémonie de la Purification où les rivalités entre groupes étaient incarnés par les champions respectivement envoyés au sein du Chemin des Morts. Il n’était d’ailleurs pas rare que l’un d’eux n’en ressortaient jamais; en théorie le meurtre était interdit durant la Purification et des patrouilles circulaient sporadiquement pour s’en assurer. Mais en pratique, Ludgar et le Conseil fermaient les yeux sur ce genre de pratique; il fallait bien que les rivalités éclatent au grand jour pour apaiser les âmes et il préférait que cela se passe dans les ténèbres du Chemin des Morts que durant le reste de l’année où toute la population se devait de travailler ensemble pour survivre en ces terres hostiles. De plus, il n’avait pas souvenir qu’un champion local n’ait jamais tué un des siens; ils se défoulaient le plus souvent sur les étrangers, mercenaires sans foi ni loi et autres pillards en quêtes de trésors; et tout cela avec la bénédiction officieuse de Ludgar. Officiellement, tout crime était bien évidemment verbalement condamné.
Tout était parfaitement rodé pour la cérémonie qui approchait à grands pas; les Rescapés avaient déjà leur champion, de même que les Petits. Une troupe d’archers de Morthond s’étaient également entraîné à évoluer dans l’obscurité pour être en mesure de patrouiller au sein des sous-terrains. Déjà plusieurs seigneurs voisins s’étaient manifestés et devaient arriver sous peu : Dame Eliabel, Roncefort, Vögel du Hautval ou Eneron de Valnahar. Les gens de la vallée avaient quant à eux commencé “les veillées funèbres” qui précédaient la cérémonie; pour eux, ces longues nuits blanches passées sur la tombe de leurs ancêtres à leur demander force, vertu et courage, étaient symboliquement bien plus importante que la Purification en elle-même. Leurs défunts étant bien plus importants à leurs yeux que les âmes des damnés qui hantaient le Chemin des Morts.
Tout était donc était déjà prêt pour la Purification qui se tiendrait dans deux nuits. C’est pour cette raison que le sujet avait à peine été évoqué durant la séance. Non, si le Conseil était courroucé c’était avant tout dû à l’audacieuse proposition que le Seigneur de Morthond avait posé sur la table. La réaction épidermique des Rescapés déçut grandement Ludgar; il s’était attendu à une opposition de leur part mais un tel déchaînement de passions était indigne de leur statut. Ces hommes là perdaient-ils donc leur bon sens dès que l’on voulait toucher à leurs petits avantages? Les remarques cinglantes et furieuses s’élevaient avec de plus en plus de vigueur parmi les hommes du Conseil. “N’en avez vous donc pas assez de rabaisser les vôtres, Seigneur Ludgar? fustigea l’un. - Il est l’héritier d’une catin! S’écria l’autre. - Et le fils d’un brigand! - Rien ne l’autorise à siéger ici! - Pensez vous sincèrement que votre père aurait pris pareille décision? Peut-être avons nous fait une erreur en vous choisissant après son décès.”
Les diatribes incendiaires se multipliaient et ce fut bientôt une vraie cacophonie au sein de la pièce qui semblait tout opposée à la décision du Seigneur de la vallée. Mais ce dernier n’était pas un homme que l’on pouvait impressionner facilement. Il se tenait droit et fier devant ses compatriotes, un air grave sur le visage et jugeant avec sévérité cette scène déplorable de son oeil valide. Il avait fière allure, pourtant il était vêtu assez simplement à l’exception de la cape en fourrure attachée à ses épaules mais il se dégageait de lui un charisme certain. Une telle opposition ne l’effrayait nullement, il avait vu pire sur de réels champs de batailles, bien pire.
Le vénérable Navon, doyen du Conseil, intervint finalement en frappant de son martelet de bois son pupitre avec une force que son âge avancé ne laissait pas deviner. “Silence! Silence!” Réclama-t-il de sa voix profonde et graveleuse. “ Nous avons bien noté vos objections concernant l’accession du Capitaine Formric au rang de Rescapé mais laissons donc le Seigneur Ludgar s’exprimer et veillons à respecter ce lieu.”
“Ce lieu” n’avait justement rien de grandiose. Une simple bâtisse en pierre, assez basse et chichement décorée. En apparence, bien peu de choses indiquaient que le Conseil siégeait ici outre le fait que le bâtiment était légèrement plus large que les autres. Si un grand étendard frappé du cygne noir, symbole des Rescapés, ne flottait pas en permanence sur le toit de la maison; nul n’aurait deviné que les décisionnaires de la région se réunissaient en ce lieu.
Ludgar s’éclaircit la gorge avant de faire un pas en avant. Le silence était désormais revenu. Il disposait à présent de quelques minutes pour convaincre un auditoire qui lui était majoritairement hostile.
“Mes amis. Mes frères.
Chacun de vous ici présent sait mieux que quiconque le dévouement qui est le mien pour le bien-être de la vallée. Vous savez tous le respect que je porte à chacun d’entre vous et à l’ancestrale lignée des Rescapés. Ce sont ces grandes familles, où le sang d’Erol et de Rohël le Brave coule, qui ont reconstruit Morthond et protégé ses habitants.
Non, je n’ai rien oublié de tout cela. Et vous avez ma parole que tant que je serai vivant, nul ne pourra pas dénigrer le nom de notre. Je m’y suis toujours engagé et je le répète devant vous aujourd’hui. Cette bannière m’est aussi chère qu’elle l’est pour vous.”
Ludgar parlait avec passion et détermination, agrémentant ses paroles de grands gestes expressifs. “Mais Messieurs; permettez moi de vous dire que c’est vous qui avez oublié ce que représente ce nom, ce drapeau et les valeurs qui sont les nôtres! Le statut qui est le nôtre est la représentation du courage et de la force de nos ancêtres, survivants du Grand Tremblement et exilés, qui ont trouvé l’abnégation nécessaire pour tout reconstruire ici alors qu’il n’y avait plus rien. Alors que tout avez été détruit. C’est par respect pour leurs actes si braves que le Conseil des Rescapés a été établi; afin que ces valeurs portées par nos familles guident et inspirent les nouveaux arrivants. Ce statut ne représente pas une quelconque noblesse de sang qui coulerait dans vos veines, mais reflète les valeurs qui habitent votre coeur. Et croyez moi, il n’y pas homme dans toute la vallée qui mérite plus que le Capitaine Formric de siéger parmi vous. Ses ancêtres étaient certes des esclaves affranchis et des brigands en quête de rédemption. Et alors? Depuis quand ce genre de considération ont une quelconque importance ici? Croyez vous que les premiers colons ayant suivi le Seigneur Fédon étaient des notables de la Cité Blanche? Le Fondateur lui même était fil de putain! Mais cela n’a jamais eu la moindre importance, car Morthond juge d’autres valeurs que la chance de l’héritage.
Votre seul mérite est d’être les descendants des survivants du Grand Tremblement. Formric a quant à lui maintes fois mené nos hommes dans les batailles du Gondor, sans jamais faiblir, sans jamais douter, sans jamais fléchir; et nous prouvant à tous ques les braves peuvent venir de n’importe où. Que ce n’est ni le poids de la bourse ni la couleur du sang qui fait de vous un héros, mais la flamme qui anime votre âme! “
Il y eut de longues secondes de silence. Les membres du Conseil avait attentivement écouté leur Seigneur et malgré leur désaccord il n’avait d’autre choix que de reconnaître qu’il parlait juste. “Vous pourrez délibérer et protester autant que vous le voulez; ma décision est prise et selon la loi du Roy, de telles décisions me reviennent de droit.”
Ludgar avait raison. En seigneur magnanime, il avait toujours essayé d’obtenir l’accord du Conseil avant de prendre d’importantes décisions par souci d’apaisement ainsi que par tradition. Mais en pratique, en qualité de Seigneur de Morthond reconnu par la Couronne il était le seul décideur en ces lieux. Le Conseil n’ayant comme seul rôle reconnu le choix d’un dirigeant suite à la mort du précédent. Aujourd’hui il était prêt à user de son pouvoir pour faire ce qu’il estimait juste. Le débat était théoriquement clos mais il leur laissait une dernière chance de sauver leurs apparences avant que l’ordre ne soit signé de sa main.
La porte de la maison s’ouvrit alors avec un grincement peu agréable et un garde fit irruption. Il était rare de voir une séance du Conseil ainsi interrompue sans une raison d’urgence. “Mon Seigneur, fit le nouveau venu, l’architecte Valonias est revenu de son expédition sur les sommets. Il désire vous parler immédiatement; nous avons bien essayé de le dissuader mais le bougre a l’air complètement habité. Il est si livide qu’on dirait qu’il a croisé les Parjures en personne.”
Valonias, ce nom lui était familier. Cet architecte qui était arrivé avec l’ambassadeur de Dol Amroth, dépêché par leurs alliés pour aider les locaux à rénover et renforcer les fondations des bâtiments les plus exposés aux intempéries au nord de la Vallée, près des Montagnes. Un grand travailleur, apprécié des gens de Morthond; pragmatique et raisonnable. Contrairement aux locaux, il n’était pas un superstitieux et s’il se trouvait dans cet état ce devait être pour une bonne raison. “Bien, allons à sa rencontre.” fit Ludgar en quittant la pièce sans prendre le temps de saluer les membres du Conseil avant que la séance ne soit suspendue en catastrophe par Navon.
Le Seigneur de Morthond ajusta sa cape en suivant le soldat à l’extérieur. Un vent frais vint balayer son visage, éparpillant ses cheveux hirsutes devant son visage. Valonias se trouvait un petit peu plus loin, emmitouflé dans une épaisse couverture. Le pauvre hère tremblait de tous les membres de son corps et il lançait constamment des regards inquiets de tous les côtés. Ludgar écarta les bras, se voulant le plus avenant possible. “Mon cher ami! Heureux de vous voir de retour de votre expédition en un morceau! Alors avez vous trouvé ces matériaux dont vous parler depuis si longtemps? -Mon..Monseigneur ils ont eu Demold, le pauvre gamin. Ils… ils…”
Le citoyen de la cité portuaire était presque incapable de parler. Le seigneur s’approcha de lui et posa une main réconfortante sur son bras, celui-ci était glacé.
“Qui donc? Des barbares ont-ils osé s’installer si près de nos frontières et tuer l’un des nôtres?”
Valonias fit vigoureusement “non” de la tête; il était au bord des larmes. “La Pierre...La Pierre… -...d’Erech? Vous avez vu la Pierre d’Erech?” demanda Ludgar sur un ton soudainement préoccupé.
L’architecte répondit par l’affirmative. Toutes les personnes autour de lui se raidirent alors instantanément, subitement pris par l’effroi. La simple évocation de ce nom réveillait de biens anciens démons. Eon Ludgar ne tarda pas à céder à la colère. “Par tous les Valars! Pourquoi vous êtes vous donc approché de ce lieu maudit? Ah vous êtes un bien bel abruti! Et un couard par dessus le tout! Regardez vous donc! Les nourrissons de Morthond qui salissent encore leurs langes ont plus de cran que vous n’en aurez jamais! Croyez moi d’ici ce soit l’Ambassadeur sera informé que vos services ne sont plus requis dans la vallée! “
Se défouler sur Valonias permettait d’évacuer la tension qui avait subitement saisi le maître des lieux. Mais ne réglerait assurément pas le problème; si cette histoire se répandait dans la cité de Casthond, alors il aurait certainement à gérer un mouvement de panique générale juste avant la Purification. Dans ce cas-là la nomination de Formric au Conseil serait le cadet de ses soucis.
D’une main tremblant l’architecte sortit un papier de sa sacoche et le tendit à son interlocuteur. Ce dernier s’en saisit et le déplia à la hâte, quelques lignes de texte en runes anciennes y avait été recopiée à la va-vite. Ludgar avait appris à lire auprès de son père, un véritable luxe pour les habitants de la vallée, mais il ne déchiffrait que le Westron pas ce genre de dialectes anciens. Il ne connaissait qu’un seul homme dans la région capable de traduire cela.
Navon ne tarda pas à rejoindre son supérieur. ll avait aussi vite qu’il le pouvait dès qu’il avait appris que Ludgar le demandait. Le Doyen du Conseil était un homme sage dont les conseils étaient toujours avisés. Ses connaissances surpassaient de loin celles de tous les autres hommes de Morthond. En effet, il avait vécu de longues années dans la Cité Blanche et y avait même fréquenté l’Université. Il n’y avait pas particulièrement brillé comme étudiant mais ici, à Morthond, il était bien le seul à avoir un quelconque lien avec le monde des Académies.
Eon Ludgar, qui paraissait bien inquiet, lui tendit alors un bout de parchemin qu’il chargea de traduire. La tâche prit bien quelques minutes et une fois les runes déchiffrées il vérifia longuement qu’il n’avait fait aucune erreur; il ne pouvait pas croire ce qu’il avait sous les yeux.
“Monseigneur? Où donc avez vous trouvé cela? - Un homme nous l’a rapporté du sommet des Montagnes. Près de la Pierre d’Erech.”
Le vieillard tressaillit à l’évocation de ce nom. “Alors je crains bien que ma traduction soit exacte Monseigneur. -Qu’est ce que cela dit?”
Navon hésita un moment, se racla la gorge plusieurs fois mais ne put finalement se résoudre à prononcer ces quelques vers. La Mauvaise Destinée risquerait de s’abattre sur lui. Il préféra l’écrire au dos du parchemin, son seigneur lisant par-dessus son épaule.
Spoiler:
“ A l’heure où les glaciers meurent Et que la pierre sombre surgit Alors ceux qui ont brisé le serment Errer dans les profondeurs devront Nul repos pour les parjures Nul salut pour les infidèles.”
Le doyen balbutia: “C’est une ma.. une malédiction mon Seigneur. -Je le vois bien. -Peut-être devrions-nous annuler les festivités? Ce serait plus prudent… -Jamais! Nos premiers invités sont déjà en route et je ne laisserai rien se mettre en travers du courage de mes hommes. Malédiction ou pas! Informez le Conseil mais faites leur jurer de rien dire. La dernière chose que nous avons besoin de faire c’est répondre par la peur.”
Il devait à tout prix étouffer l’affaire, sinon ce serait le chaos. La Purification ne serait pas annulée pour la simple raison qu’un benêt avait retrouvé les traces d’une ancienne malédiction. Il ne pouvait fléchir face à une telle menace.
Mais au fond de lui le Seigneur de Morthond avait peur. Très peur.
The Young Cop
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Dame Aofel vaquait à ses occupations avec tout le zèle qui caractérisait cette femme à la fois courageuse et si dévouée à la cause de ceux qu’elle protégeait. Ce matin-là elle confectionnait des petits paquets de nourriture destinés aux réfugiés dont elle avait la responsabilité; les gens de Morthond, sous l’impulsion de leur Seigneur, avaient généreusement accepté de reverser une partie de leurs provisions aux rohirrims qui s’étaient récemment installés dans la région en attendant que ceux-ci puissent construire un foyer durable et trouver un travail leur permettant d’être autonome. Une charrette pleine de denrées était arrivée une heure plus tôt; la répartition et la distribution était le travail d’Aofel et des ses proches. Les Gondoriens ne rechignaient pas à soutenir matériellement les exilés du Rohan mais ne voulaient pas non plus verser dans l’assistanat ou un système de charité trop apparent. Livrer de la nourriture à ceux qui en avaient besoin, oui; mais mettre le pain dans la main du mendiant était une notion encore tabou dans une société où chacun devait aspirer au dépassement de soi et l’indépendance.
Désireuse de ne pas ainsi embarrasser leurs hôtes, la veuve avait pris l’entière direction du système de distribution mis en place pour ceux des réfugiés dont la situation était la plus précaire. Voir ainsi son peuple être réduit à faire l’aumône pour survivre si loin du souvenir chéri des verdoyantes plaines du Riddermark emplissait son coeur de tristesse. Face à la guerre civile, ces femmes et ces hommes avaient tout abandonné à la hâte: leurs familles, leurs maisons, leurs biens. Arrivés dans un royaume étranger, sur les contreforts hostiles des Montagnes Blanches; ils devaient maintenant reconstruire leur vie, dénués de tout repères. Les gens de Morthond avaient été bienveillants avec ces nouveaux arrivants, les accueillant comme ils le pouvaient. Mais les ressources matérielles des populations locales restaient très limitées et malgré toute leur aide, la survie n’était possible qu’à travers le dur labeur de leurs propres bras. D’un autre côté, la mission qu’elle avait choisie d’endosser la rendait heureuse. Aofel mettait tout son amour dans ces petits paniers de nourriture qu’elle leur confectionnait. A l’intérieur rien d’exceptionnel ne s’y trouvait pourtant: une miche de pain, un peu de miel et de viande séchée ainsi qu’une petite flasque de liqueur locale. Mais elle savait ce que ces maigres présents pouvaient représenter pour ceux dans le besoin et s’efforçait à les décorer avec affection et délicatesse.
La Dame du Rohan regarda distraitement à travers la fenêtre. Dehors l’agitation était de plus en plus palpable ces derniers jours. Les veillées funèbres avaient commencées depuis la veille et l’excitation des locaux à l’approche de la Purification était perceptibles. Elle n’avait jamais véritablement compris l’intérêt de cette cérémonie; les hommes de Morthond craignaient le Chemin des Morts plus que tout autre endroit sur le continent et la moindre évocation d’anciennes légendes les faisait frémir. Pourtant il se forçait inlassablement à pénétrer dans ce lieu maudit pour en chasser les mauvais esprits. Une démonstration de bravoure pour les Rescapés, une démarche purement masochiste pour la Rohirrim. D’autant plus que de ce qu’elle en avait entendu, l'événement avait pris une tournure de plus en plus violente au fil des années, se détournant quelque peu de son but spirituel premier. Toutefois elle n’avait jamais osé faire entendre son opinion sur le sujet, les hommes de Morthond étaient bien trop attachés à cette tradition et elle ne désirait pas faire de vagues depuis son arrivée.
Profondément absorbée par sa noble tâche elle n’entendit pas les coups, pourtant francs, que l’on donna à la porte. Le visiteur dut s’y reprendre à deux fois pour qu’elle lève enfin son nez délicat des paniers en osier qu’elle remplissait et dise de sa voix douce: “Entrez je vous prie!”
Un jeune homme aux longs cheveux blonds et dont le duvet recouvrait timidement le menton poussa la porte d’un air hésitant. Aofel lui sourit de manière engageante et lui fit signe de rentrer. “Ah Hedold! Comment vas-tu mon garçon? Quelle nouvelle m’apportes-tu?”
Hedold était un garçon du Rohan, rendu orphelin par la guerre des Trois Rois et qu’Aofel avait pris sous son aile lors du périple des réfugiés à travers les Montagnes Blanches. Malgré tout l’amour qu’elle lui donnait depuis, il y avait quelque chose dans el regard de l’adolescent qui la troublait profondément. Un voile sombre sur ses yeux clairs; symbole d’une innocence dérobée trop tôt, beaucoup trop tôt. “Je vais bien merci! Je ne voulais pas vous déranger mais il y a un homme qui aimerait vous voir. -Voyons Hedold, tu sais bien qu’il y a beaucoup d’hommes ici qui désirent me rencontrer.”
Aofel sourit à son protégé. En effet, malgré toutes les épreuves qu’elle avait traversée, la Rohirrim était une très belle femme qui attiraient toujours les regards et les convoitises. Son visage avait gardé une vraie jeunesse malgré les années et son rôle d’autorité auprès des gens de son peuple lui conférait une aura particulière renforçant l’effet qu’elle pouvait avoir. Même ici à Morthond, les prétendants avaient été nombreux à lui faire des avances; mais elle n’y donnait que très rarement suite. “Oui Madame mais lui est différent; il a parlé dans notre langue. En Rohirrique…”
Intriguée, Aofel leva un sourcil. Elle connaissait presques tous les réfugiés qui s’étaient installés ici, tout comme Hedold. Mais l’identité de cet homme là lui semblait complètement inconnu. Elle demanda: “Un de nos réfugiés? -Pas à ma connaissance. Et il y a autre chose que vous devriez savoir....”
Le garçon semblait hésitant, comme s’il avait peur de révéler cette information à la veuve. Par crainte de sa réaction. Cette dernière, contrariée, ordonna: “Parle Hedold! -Eh bien...il a aussi mentionné le nom de Ribaldi…”
A l’évocation de ce nom et de tout ce qu’il impliquait, la Dame laissa tomber son outil qui s’écrasa au sol avec un bruit sourd avant de passer une main légèrement tremblante sur son front en signe de nervosité. Elle lissa prestement ses vêtements avant d’ajouter. “Bien, fais- le entrer.”
Le mystérieux visiteur ne se fit pas prier plus longtemps et fit irruption dans la bâtisse tandis que l’adolescent refermait la porte derrière lui. Il était de grande taille et assez impressionnant malgré sa carrure plutôt fine. Ses amples vêtement étaient usés par de longues semaines passés sur des routes aux climats hostiles et son visage caché dans l’ombre par une capuche.
Aofel parla alors d’une voix autoritaire mais d’où l’on pouvait déceler une pointe de crainte. Avait-on donc suivi sa trace depuis Edoras afin de faire “parler la justice” expéditive de Mortensen? “Qui êtes vous Homme du Rohan? Et qu’avez vous donc à voir à avec mon regretté mari? -Un réfugié évoquant le souvenir d’un vieil ami. Rien de plus”
L’homme rabattit alors son capuchon, dévoilant son visage à son hôte. Le doute n’était désormais plus permis, l’homme qui se tenait en face d’elle était bien un Rohirrim. Yeux clairs, cheveux blonds noués ensemble derrière sa tête et dont le visage était porteur des trop nombreuses cicatrices que le Rohan n’avait pas encore fini de soigner. “Elsner…”souffla Aofel dans un murmure.
Sous le choc de cette apparition soudaine, elle manqua de trébucher et dut s’aggriper au bord de la table en bois pour garder sa contenance. Elle ajouta d’une voix d’où transparaissait, cette fois clairement, toute les souffrances qu’elle avait dû endurer: “Je...je vous croyais mort. Après ce qui est arrivé à mon mari, après ce qu’ils ont fait à votre frère…”
Le voyageur demeurait impassible à l’exception d’un petit mouvement de lèvres à l’évocation du sort de son frère. Il répondit cependant très calmement: “J’ai eu la chance de pouvoir m’enfuir à temps. Ribaldi et Emekral ont désiré rester jusqu’au bout … que leurs souvenirs soit bénis.”
Sans y avoir été invitée, Elsner déposa sa cape sur la table et s’assit en face de la maîtresse des lieux, la dévisageant de très près. Il rajouta de sa voix rauque: “Je suis un survivant, et chanceux de surcroît. Mais vous Madame êtes une vraie héroïne, digne d’Eowyn et des braves de notre peuple. La manière dont vous avez sauvé tous ces gens pour les mener ici… Vous ne m’inspirez que respect et admiration.”
Encore un petit peu surprise de l’arrivée de cette connaissance d’un passé qu’elle pensait avoir laissé derrière elle, de l’autre côté des montagnes; Aofel ne se laissa pas pour autant impressionné par les propos mielleux de son “invité”. “Ah épargnez moi vos compliments de circonstances Elsner! Vous n’avez jamais été doué pour ce genre de choses. Toutes les dames de Meduseld savaient bien que vous maniiez mieux votre chibre que votre verbe! Allez droit au fait je vous prie! Que venez vous faire ici?”
Elle avait partagée la vie d’un homme dont la diplomatie, ou plutôt la manipulation, était le métier et avait appris, au fil des ans, à reconnaître les moments où les hommes tentaient de l’apprivoiser de la sorte. Elle n’était plus dupe. Surtout face à un ancien soldat comme Elsner. Ce dernier comprit rapidement qu’il ne valait mieux pas continuer ce jeu là avec elle. Il annonça alors simplement: “La Purification m’amène ici.”
Aofel eut un petit rire. Bien évidemment, elle s’en doutait depuis son arrivée. Elsner faisait partie de cette catégorie d’hommes qui s’étaient construit à travers la guerre et l’affrontement, cela tombait sous le sens que des événements comme celui-ci attirait les gens comme lui. Lui, que rien ne semblait décontenancer, poursuivit: “ J’ai entendu que les Rohirrim de Morthond n’avait pas trouvé de champion. -Nous n’avons jamais cherché à en avoir un. Ce ne sont pas nos traditions… -Traditions ou non, je pense que vous n’ignorez pas l’importance politique que revêt cette cérémonie pour les gens d’ici. Et le symbole que cela pourrait représenter si l’un des nôtres brille lors de cette Nuit là.”
Elle détestait avoir à l’admettre, mais le bougre avait raison sur ce point. Depuis leur arrivée, les réfugiés du Rohan avait été bien accueillis par les gens de Morthond mais luttaient encore quotidiennement pour s’intégrer à la société locale. Une participation mémorable à la Purification pourrait faire gagner aux Rohirrim un respect certain et une amélioration des conditions de vie. Les gens de Morthond appréciaient tellement ce genre de choses.
Cherchant un nouvel angle d’attaque, elle répliqua d’un ton cassant: “Nous n’avons pas d’argent pour vous payer. - Ne vous en faîtes pas pour cela ma chère. Je n’en réclame pas. -Je doute sincèrement de votre sincérité à vouloir aider gratuitement les Rohirrims réfugiés. - Je ne vous demande que l’autorisation pour représenter les gens du Rohan. Concernant l’or… j’ai déjà été payé et mon employeur ne cherche qu’à faire connaître son nom parmi les seigneurs présents. Alors marché conclu?”
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Cela faisait déjà plusieurs jours qu’ils chevauchaient à un rythme modéré le long des sentiers escarpés au pied des imposants sommets des Montagnes Blanches. Le climat avait été plutôt clément jusque là, un agréable soleil rendait leurs journées de voyages agréables et les quelques bourrasques de vent qu’ils affrontèrent ne furent pas bien menaçantes. Pourtant il suffisait de lever le tête pour se rendre compte que plus haut, plus près des cimes enneigées, le blizzard soufflait avec force et que le froid glacial régnait impérialement sur ces terres où bien peu de braves s’aventuraient.
La troupe qui avait quitté le domaine des Roncefort était assez peu nombreuse mais parfaitement qualifiée et lourdement équipée. Deux gardes ouvraient la marche, scrutant l’horizon avec suspicion, comme s’ils s’attendaient qu’un danger surgisse de nulle part pour se mettre sur leur chemin. Derrière eux se trouvaient les membres les plus importants de la délégation: Elishan entouré d’autres conseillers, le colossal Wilfried dont le rôle serait primordial pour la suite des évènements et bien sûr le Baron Tryon de Roncefort en personne qui avait tenu à faire le déplacement lui-même jusque dans la vallée de Morthond. Plus en retrait, d’autres gardes fermaient la marche.
Alors que la petite troupe s’apprêtaient à entamer la descente de la colline sur laquelle ils évoluaient depuis plusieurs heures; le capitaine Wilfried fut alerté par un bruit de craquement qui s’échappa des bosquets qui les entouraient; méfiant il posa la main sur le pommeau de sa lourde lame. Mais une voix profonde et grave s’éleva alors de derrière les arbres. “Ne dégainez pas étrangers! Ou ce sera là votre dernier geste!”
Le menace n’avait pas été faite en l’aire. Tout autour d’eux, se dressèrent soudainement une dizaine d’archers qui les tenaient en joue. Ils étaient apparus subitement juste au moment où la mystérieuse voix avait lancé son avertissement quelque peu péremptoire.
Alors, un homme s’avança vers eux. Il ne portaient pas d’uniformes à proprement parler, comme les autres archers mais les signes qu’il portaient sur son épaule indiquait son statut d’officier. Fait inhabituel pour les habitants de la région, il avait la peau aussi sombre que son arc fait de racine noire et dont les extrémités étaient élégamment décorés par une figure de proue de navire.
Le Capitaine des archers demanda alors d’un ton sévère:
“Qui êtes vous et que venez vous faire sur les terres du Seigneur Ludgar?”
Elishan jeta un regard en biais à Tryon. Il n’était pas étonné de l’accueil réservé; les hommes de Morthond n’étaient pas réputés pour leur sens de la diplomatie, ni même de la simple courtoisie. D’ailleurs, certains les disaient même complètement paranoïaques du fait de leurs innombrables superstitions. Pourtant, les hommes de la vallée savait bien que les seigneures voisins venaient ici pour la Purification; Elishan avait même pris le soin d’envoyer une missive pour leur annoncer leur venue. En réalité il soupçonnait simplement le seigneur Ludgar de vouloir asseoir ainsi son autorité à ses invités. Le patron ici, c’était lui et il comptait bien le faire comprendre. Le Baron de Roncefort avait bien le droit de se sentir lésé par cette situation mais compte tenu des flèches pointées dans leur direction; il valait sûrement mieux coopérer.
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Trois-Cent-Unième Année du Quatrième Âge • En deçà des fenêtres d’Imladris…
« Vous partez ?– Oui, à l’aube, demain. Le Seigneur Rustor m’a chargé d’une mission et si je veux pouvoir la mener à bien et prouver ma valeur, je ne peux m’attarder ici.– Bien… Alors je ne vous embarrasserai pas dans vos préparatifs. J’imagine qu’ils seront nombreux. Puis-je savoir où vous vous rendez ? – Au Royaume de Gondor, dans le bel Anfalas. Si je ne rencontre aucun souci en chemin, le voyage me prendra une quinzaine, environ. Je ne puis prendre les routes du Royaume des Edains. Il me faut éviter les troubles du pays des Seigneurs des Chevaux, et je ne pense pas être capable de tromper la vigilance des gens de Minas Tirith en passant pratiquement aux pieds de la Tour d’Ecthelion. En empruntant les voies sauvages, je devrais arrivés là-bas sans être vu. J’ai pourtant encore le temps de réaliser mes préparatifs sereinement, et aux côtés d’un ami, si le cœur vous en dit. » L’historien se contenta d’un sourire pour toute réponse et cette dernière soirée à Imladris s’écoula aussi douce que celles qui l’avaient précédées ; peut-être plus douce encore, une ombre, sur son cœur, avait commencé de se retirer.
•
Trois-Cent-Unième Année du Quatrième Âge • Dans l’ombre des Montagnes Blanches…
Aurhen avait laissé libre Lómë de ralentir l’allure, perdu qu’il était dans les immensités rosées des pics. Le soleil couchant arrosait l’ensemble de la côte, depuis la Mer que les mouettes célébraient au loin, jusqu’aux cimes ; mais déjà, ses rayons mourants avaient cessé d’atteindre l’herbe grasse, l’épaulement rocheux séparant les cours de la Morthond et la Ciril se dressant en rempart naturel entre la Soleil et les plaines. Haut sur les plateaux, l’air avait terriblement fraichi et l’herbe se couvrait déjà du givre blanc. Aurhen observait. D’ici, il pouvait encore voir l’horizon bleuté et éclatant de la mer tout en observant les lumières qui commençaient à clignoter aux fenêtres de la cité qui avait emprunté son nom à l’eau vive qui coulait non loin. Il aurait atteint la ville avant la nuit tombée.
Durant seize jours, il avait traversé vallées et plaines depuis la douce Imladris. Il avait d’abord longé la belle Bruinen, avant de la quitter à hauteur de son confluent avec la Mitheithel, ce fut ensuite l’Eregion, la traversée de l’antique Ost-in-Edhil et des eaux de la Glanduin. Les vastes plaines de l’Enedwaith s’étaient alors présentées, la rencontre avec la Route du Nord au sixième jour et, derrière elle, encore les infinités vertes jusqu’à la Mer de l’Ouest. Au soir du dixième jour, le grand destrier l’avait amené aux pieds des Ered Nimrais mais, même ce bel animal d’Imladris eut alors besoin de repos. Cette pause salvatrice fut d’autant plus longue que le Ñoldo avait dans l’idée de traverser le Sud Gondor aussi vite que possible, espérant passer inaperçu dans ces territoires peu peuplés, évitant les agglomérations aussi réduites fussent-elles. Il franchit les hautes épaules des Montagnes Blanches au soir du douzième jour, passant par la trouée du Drúwaith Iaur, et dès lors, il ne s’arrêta que pour manger et méditer quelques heures, lorsqu’un bosquet se présentait pour lui prêter son abri, sans jamais allumer de feu.
Il n’avait parler à personne, sinon à Lómë, des seize jours que dura son voyage et, alors qu’il se tenait désormais immobile, il se demanda de nouveau quel accueil lui réserverait les gens du Morthond. Un temps, il avait songé à tenter de se faire passer pour un parent du nord-ouest, mais il avait rapidement écarté cette idée : son westron avait largement la couleur chantante des Eldar et, surtout, rien ne lui apparut comme suffisamment impérieux pour justifier pareille tromperie. Ainsi se présentait-il dans son apparat habituel : de solides vêtements de voyages nandor, dont l’origine faisait peu de doute mais dont la sobriété était au moins aussi frappante. En réalité, le plus marquant dans son atour restait cette facilité avec laquelle il semblait échapper à la vue, qu’il se mût ou non, sitôt qu’il se trouvait à aller dans les espaces sauvages.
« Il est temps, mon ami, vas, rien ne sert d’être discret, au contraire, si l’on vient à nous, avance tranquillement dans leur direction. » Le bel étalon s’élança de nouveau, sans galoper tout à fait du fait du dénivelé important, et bientôt il s’engagea sur une longue route en lacets qui menait aux portes de la cité. Il était encore à une bonne distance des murs de la ville lorsqu’il distingua qu’une petite porte s’ouvrit dans les battants plus hauts, et bientôt, trois Hommes, sur de solides chevaux et armes en main, vinrent ostensiblement à sa rencontre. Son propre cheval ralentit et ne fit aucun mouvement qui pût laisser penser qu’il chercherait à éviter cette rencontre et sitôt qu’ils furent à portée de voix, Aurhen se présenta – c’était lui l’étranger :
« Holà, gens du Seigneur Ludgar. Je suis Aurhen, fils de Celemegil, et je viens en paix. M’accorderez-vous l’hospitalité ? Je suis venu de très loin pour assister à vos festivités. »
Quelle meilleure position pour observer, finalement, que celle de l’observateur honnête ?
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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A peine quelques minutes s’étaient écoulées depuis leur arrivée dans la cité principale de la vallée de Morthond, mais il était encore trop tôt pour détacher son regard du panorama aussi surprenant que imposant. La bourgade en elle-même n’avait rien d’exceptionnel ni de grandiose, surtout pour une capitale; elle s'apparentait d’ailleurs plus à un petit village sans importance qu’à autre chose. Les habitations précaires étaient situés au pied des pics massifs et enneigés des Montagnes Blanches qui étendaient leur ombre inquiétante sur des kilomètres. Les gens de Morthond vivaient ainsi à la fois sous la menace et la protection de la Montagne. Ces derniers étaient d’ailleurs réputés pour leur courage et leur compétences militaires, un peuple humble mais sûr de ses forces. Toutefois depuis leur arrivée, les étrangers rassemblés pour la Purification pouvaient percevoir une agitation inhabituelle au sein des locaux. Pour d’obscures raisons tout le monde semblait très nerveux. Les gardes s’étaient montré assez peu courtois à son égard et apparaissaient prêt à décocher une flèche face à la moindre menace perçue.
En entreprenant le voyage vers la vallée, le Seigneur Eneron se doutait bien qu’il n’y trouverait ni le confort ni la courtoisie de son domaine du Valnahar, au sud du Royaume Arnor; mais il devait bien admettre qu’il ne s’attendait pas à trouver une contrée aussi sauvage où les hommes semblaient plus s’adapter aux lois dictées par la nature que contrôler l’espace dans lequel ils résidaient. Finalement le Gondor, royaume de bâtisseurs, avaient aussi ses laissés-pour-compte, ses pouilleux mal dégrossis que l’élite de la Cité Blanche cachait commodément sous les contreforts des montagnes.
Eneron était arrivé au Gondor quelques semaines plus tôt afin de rencontrer un riche seigneur d’Anfalas dans l’espoir que ce dernier lui accorde la main de sa fille, scellant ainsi une alliance entre les deux familles, au-delà des frontières des deux Royaumes Frères. La rencontre s’était plutôt bien passée et malgré la dimension purement politique de cette union, la perspective de pouvoir épouser la demoiselle, qui s’était révélée ravissante, n’était pas sans lui déplaire. Pourtant il y avait un dernier obstacle à son plan; pour des raisons culturelles qui lui échappait les gens de l’Anfalas semblaient accorder une grande importance à la force physique et aux capacités martiales pour juger de la valeur d’un homme. Ainsi, il avait exigé qu’Eneron se montre digne de sa fille en accomplissant un acte de bravoure qui démontrerait son courage et la volonté d’obtenir la couche de la belle. Selon son potentiel beau-père, la Purification était l’événement idéal pour qu’il puisse prouver sa valeur. Seulement lui n’était pas un guerrier, ni même un homme rompu aux épreuves physiques, et s’était rendu dans ses terres reculées à contrecœur. Il n’était pas question qu’il ne mette un pied dans le Chemin des Morts, il tenait trop à sa vie pour cela. Il n’était vraiment pas un guerrier, ni même un homme très brave. Mais il n’était pas dénué de qualités pour autant. Véritable animal politique, le jeune seigneur avait réussi à prendre le contrôle de son fief grâce à son sens stratégique et absence complète de moralité. Son ambition dévorante l’animait quotidiennement et il œuvrait depuis longtemps déjà pour gravir les échelons du pouvoir Arnorien, un à un. Le Sénat était bien évidemment son prochain objectif; il était encore bien jeune mais déjà son nom commençait à être un petit peu connue dans la cour d'Annuminas. On louait son charme, son éloquence et son intelligence. Les plus clairvoyants soulignaient cependant son arrogance, son impatience et la dangerosité de ses ambitions incontrôlées. Lui n’y prêtait pas attention, retranché dans son domaine, il avait réussi à écarter ses rivaux les plus directs, lorgnait sur les terres de ses voisins et se rêvait déjà Tribun. Quel pied-de-nez ce serait qu’un provincial comme lui hérite d’un tel titre. Mais il en était encore loin, très loin. Mais après tout si un guerrier Khandéen sans titre politique était devenu tribun, pourquoi pas lui?
Il fut tiré de ses pensées par la voix cristalline d’un nouveau venu qui s’était mis à le héler. Eneron fit faire demi-tour à sa monture, faisant au passage tournoyer sa longue et luxueuse cape d’hermine qu’aucuns habitant de Morthond n’aurait jamais pu se payer, y compris Ludgar. A leur décharge, les habitants de la vallées n’accordait que bien peu d’intérêt à ce genre d’apparats considérés comme superflus. L’Arnorien fronça les sourcils en découvrant l’allure de l’étranger qui s’était adressé à lui. Il fit avancer sa monture de quelques mètres pour se rapprocher de l’Elfe. Intrigué par la présence inattendue d’un tel être, mais nullement intimidé, Eneron s’adressa d’un ton sûr et très légèrement hautain. “Je ne suis pas simplement un des “gens” mon cher. Et je ne réponds ni au seigneur Ludgar ni à personne d’autre que le roi Aldarion.”
Il avait consciemment omis de mentionner le Haut-Roi Mephisto, Eneron faisait partie de ceux défendant la supériorité de l’Arnor et la nomination de son souverain comme nouveau Haut-Roi. “ Je suis le seigneur Eneron du Valnahar, ajouta-t-il plus amicalement, quant à l’hospitalité nous pouvons toujours voir ce que nous pourrons nous offrir mutuellement.”
Il dirigea furtivement son regard vers le Nord, là où l’entrée du Chemin des Morts se trouvait. Peut-être n’aurait-il pas à y envoyer l’un des siens au fond… “Mais dites moi...Maître Aurhen fils de Celemegil; que fait donc un Premier Né dans ces terres reculées aux pratiques barbares?”
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Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Mar 7 Juil 2020 - 21:21
Ainsi nous étions tombés dans une sorte d'embuscade, organisée par des archers à la solde du Seigneur Ludgar.
Déjà, Elishan me regardait du coin de l’œil inquiet de ma réaction.
Je savais qu'il craignait que, peut-être, je dégaine mon épée, brave les flèches qui pourraient peut-être ricocher sur ma cuirasse, et enfin puisse arracher la tête de ce chefaillon qui me tenait tête devant mes hommes.
Il ne savait pas qui était le Seigneur de Roncefort, Wilfried terrifiait les hommes, les femmes, les enfants, mais il n'était qu'un novice face a ma cruauté, et il le savait. Les jours de colère, Wilfried, mon colosse baissait les yeux et me laissait organiser mes orgies de sang et de douleur.
Je frappais de mon talon mon destrier, et m'avançais vers ce sbire du Seigneur dont nous foulions les terres. Le cheval noir, puissant et massif, dominait de haut mon interlocuteur, renâclant, et expirant de profonds soupirs de nervosité.
Je lui souriais, de mon sourire le plus charmant, levant mes mains blanches et vides.
Je suis Tryon de Roncefort, Baron de Roncefort, et nous venons en les terres de votre Seigneur pour la cérémonie de la Purification.
Mon sourire ne quittait pas mes lèvres, peut être trop rigide, presque anormal, je n'arrivais plus a faire quitter ce sourire, étrange, de mon visage, à l'instant c'est lui qui m'habitait.
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Elishan se détendit légèrement sur sa selle. Tryon s’était présenté de manière plutôt sobre et semblait même vouloir apaiser la situation. Choix pour le moins judicieux au vu des dizaines de flèches pointées en leur direction. Au moins atteindraient ils tous la vallée en un seul morceau.
Formric, car ainsi était nommé le capitaine à la peau sombre qui leur barrait le passage, resta un moment silencieux, se contentant de tenir le regard défiant du Baron de Roncefort. Il n’en montrait rien mais il fut quelque peu troublé par le sourire étrange de son interlocuteur; ce genre de sourire inquiétant qui ne donnait absolument pas envie de sourire. Après ces quelques secondes de flottements où les deux partis semblaient se toiser tels deux fiers paons, l’archer de Morthond baissa son arc et ordonna, d’un geste de la main, à ses hommes d’en faire de même. “Tout mes excuses messire, expliqua-t-il en inclinant très légèrement le buste vers l’avant, la région est quelque peu agitée ces derniers temps; les brigands rôdent sur les routes, attirés par l’animation de la vallée et la richesse de certains de nos invités. Nous devons être constamment sur nos gardes afin que tous puisse profiter de leur séjour ici en toute sérénité.”
Effectivement, cela faisait plusieurs jours qu’une nervosité inhabituelle avait gagné les rangs des archers de la Vallée de la Racine Noire. Mais contrairement aux dires du capitaine Formric, elle n’était pas seulement le fruit de la cérémonie. Il ne l’avait pas mentionné, mais les rumeurs concernant les macabres découvertes faites sur les glaciers et ces histoires de malédiction des Morts avaient fait vaciller les coeurs, y compris des plus braves. A Morthond on ne rigolait pas avec les superstitions. “Casthond se trouve en contrebas. Une heure de chevauchée tout au plus. Le Seigneur Ludgar vous y attend; il tenait à vous recevoir en personne Messire.”
Elishan haussa les sourcils; il ne s’était pas attendu à ce que le maître de Morthond désire accueillir en personne Tryon dès son arrivée. Mais cela n’était pas une mauvaise chose, bien au contraire, c’était une opportunité à saisir. Alors que la délégation reprit sa route après que les archers aient dégagés le passage, Elishan fit approcher sa monture de celle de son seigneur et lui souffla à l’abri des oreilles indiscrètes. “Monseigneur, cette première rencontre avec le Seigneur Ludgar est une aubaine; il est important d’y faire bonne impression. Je l’ai déjà rencontré plusieurs fois durant ma carrière; c’est un seigneur qui ne goûte que très peu au plaisir mondain et qui a résisté à la vague d’embourgeoisement de la noblesse du royaume. De ce que je sais ce n’est ni le plus fin des diplomates, ni le plus talentueux des politiciens ; mais c’est un homme au parler franc et attaché à son patrimoine et ses valeurs guerrières, on le dit impulsif, parfois imprévisible, mais excellent meneur d’homme et stratège.”
Le conseiller avait dressé un portrait rapide du personnage, un seigneur guerrier aimé des siens mais dont les manières parfois rustres et la sincérité l’avaient empêché de s’imposer complètement sur l’échiquier politique. Il était homme d’actions, non de manigances de couloirs. “Je vous conseillerai de vous concentrer sur les points qui vous rapprochent lors de votre discussion à commencer par vos exploits guerriers et votre vision de l’honneur qui se perd au sein de la noblesse. Il faut qu’il se reconnaisse en vous.”
A mesure qu’ils parlaient et établissaient leur plan d’action, la brume qui leur cachait la vue se dissipa totalement révélant derrière elle la vallée de Morthond. Des terres en apparences totalement sauvages à l’exception de quelques bâtiments dispersées ça et là et de rares cultures en terrasses qui témoignaient pourtant d’un certain savoir faire. Sur le reste de territoire, la Nature sauvage semblait reine. Elishan, lui, poursuivait son exposé sans se soucier du panorama qu’il avait sous les yeux.
“Concernant Ludgar, c’est moins l’homme que ce qu’il représente qui nous intéresse. Comme je vous l’ai dit, il n’est pas le meilleur des diplomates et bien qu’il soit loin d’être un idiot, il n’est pas impossible qu’il se laisse berner par un politicien plus intelligent. Sa tendance à croire encore en la justice et la bravoure des hommes est sans doute sa plus grande faiblesse. Cependant, il reste le seigneur le plus puissant de toute cette région. Économiquement, Morthond est certes peu développée mais le climat social y est stable et son autorité ne souffre que de peu de contestation. De plus, il est à la tête de l’une des meilleurs armées du royaume du Gondor; ses archers font partie du gratin des Terres du Milieu et certains disent que seuls les arcs elfiques sont plus solides que ceux de la Racine Noire. On dit aussi Ludgar proche du Haut-Roy Mephisto, il a son oreille et son soutien depuis de longues années. Vous l’aurez compris Monseigneur, il n’est pas un homme que nous voulons avoir comme ennemi...du moins pour le moment.”
Il laissa sa phrase en suspens alors qu’ils pénétraient au sein de la capitale du domaine, Casthond. Nulle fortification ou portes d’entrées pour leur indiquer qu’il venait d’arriver dans la cité; simplement un grand moulin et des bâtiments de plus en plus rapprochés les uns des autres. Ils furent accueilli par un groupe de gardes qui leur indiquèrent la demeure du seigneur local. La suite de Roncefort se dirigea vers le fameux “palais” qui n’avait de palais que le nom. La demeure du Seigneur de Morthond était en réalité une chaumière, à peine plus grande que les autres maisons où vivaient les gens de son peuple. On était bien éloigné du faste et de l’opulence à laquelle on aurait pu s’attendre pour un proche du Roi, mais c’était ainsi que les choses étaient à Morthond. Tryon, Elishan et Wilfried furent les seuls autorisés à pouvoir rentrer à l’intérieur; ils mirent pied à terre, laissant leurs montures au soin du reste de leurs hommes et suivirent leurs hôtes.
L’intérieur de la résidence était aussi modestement décorée que sa façade extérieur. L’atrium était large mais assez vide et froid: il y avait une large table de bois à l’allure aussi brute que solide mais bien peu gracieuse. Une grande bannière blanche frappée d’un cygne noir ornait l’un des murs. Et quelques bougies éclairaient faiblement la pièce dont le nombre réduit de fenêtres la condamnait à la pénombre. Au final, seul le “trône” sur lequel était assis le propriétaire des lieux jouissait d’un certain cachet. Certes, il ne s’agissait que d’un fauteuil en bois sombre mais il avait été travaillé avec finesse et talents. Les accoudoirs étaient ornementés de figures de navire voguant sur des mers en furie alors que le dossier épousait l’élégante forme du cygne. Les références maritimes si nombreuses dans cette région si éloignée de toute mer et dont les habitants ne pratiquaient pas la navigation avaient de quoi surprendre mais témoignaient de l’exil forcé de leurs ancêtres dans la cité maritime de Dol Amroth, des siècles plus tôt. Lors de leur retour, ils avaient ramenés avec eux certaines compétences et une pratique artistique influencée par la ville princière.
Ludgar était là, toisant ses invités de son oeil valide. La large cicatrice qui barrait son visage confirmait les dires d’Elishan; il n’était pas un seigneur qui avait gagné le respect des siens par son simple titre ou sa lignée. Non, il l’avait acquis au prix du sang et du mérite.
Il se leva mais resta à bonne distance de Tryon. “Le Baron de Roncefort! Quel honneur de pouvoir enfin faire votre rencontre! Je me rappelle bien du Seigneur Alart, votre père, un sacré phénomène. Un homme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds. Et j’ai eu ouïe dire que vous étiez vous aussi un homme de cette trempe.”
Elishan échangea un regard inquiet avec Tryon; les paroles du seigneur de Morthond restaient vagues mais le sous-entendu était bien présent. Que savait-il des évènements qui s’étaient déroulés quelques semaines plus tôt dans le fief des Roncefort? Vogël lui avait-il déjà tout déballé?
Eon Ludgar ordonna que l’on apporte du vin et de la bière avant de poursuivre: “ Mais dites moi qu’est ce qui vous amène donc ici ? Si loin de vos terres… Jamais auparavant votre famille n’a présenté de champion pour la Purification..”
The Young Cop
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Mar 28 Juil 2020 - 1:15
Je m'approchais du Seigneur Lugdar, avec un sourire incertain.
"Alart, un sacré phénomène, vous ne pourriez pas dire mieux, je l'ai bien connu."
Enjambant et piétinant tout protocole, je continuais, un regard empli d'un feu effrayant.
"Il n'a pas cessé de tabasser son gamin, de le fouler au pied, de lui casser des membres dans son enfance, et il est là devant vous, Seigneur Ludgar, cet enfant. Tryon de Roncefort. Et il est très différent de celui que vous attendiez."
Je marquais une pause, reprenant mon souffle que l’émotion m'avait enlevée.
"Mon père était un monstre en qui vous avez cru. Et je suis là devant vous. J'aurais aimé un père, et je n'ai eu qu'un monstre.
Pourtant j'ai survécu, et je cherche un peu d'amour, dans ce monde de brutes."
Je regardais le seigneur Lugdar.
"J'aurais aimé qu'on m'enseigne la Justice, la Loyauté. Je suis un guerrier, et j'aimerais vivre dans un monde meilleur.
Et je suis venu a la Purification pour cette raison.
Prouver la valeur, la bravoure des Roncefort, sans perfidie, sans porter de masque, ce que je fais face a vous en ce moment.
Vous savez qui je suis, vous connaissez ma douleur, c'est une valeur, je crois, de pouvoir livrer son identité aux Seigneurs, aux Pairs avec lesquels je donne mon allégeance, ma dévotion, qui embrassent des valeurs qui sont miennes."
Mes yeux s'embouaient de larmes.
"Si vous voulez bien de moi, Seigneur."
Je me redressais et chassais mes larmes d'un revers de ma main gantée, qui me laissait une trace rouge sur le visage.
"Je suis Tryon de Roncefort, et vous présente mes hommages, heureux de présenter Wilfried, notre Champion a la Purification."
Le champion, mon colosse, se redressait dans le lointain de la salle, et regardait son maître, avec un regard vague, entre pitié et incertitude.
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Face au torrent d’émotions du Baron de Roncefort, le seigneur Eon Ludgar demeura impassible. Le maître des lieux se contentait d’écouter attentivement le discours passionné de son invité tout en l’analysant avec sévérité de son œil valide. Il avait été au fond un petit peu surpris de l’attitude, pour le moins inattendue, de Tryon, il ne s’attendait pas vraiment à cela eut égard de son expérience avec Alart. Mais il n’en laissa rien paraître. Le dirigeant de Morthond en avait vu d’autres et des biens pires, à commencer par le Dragon auquel il avait fait face lors de la Grande Bataille du Nord, il n’allait pas se laisser déstabiliser par le premier ambitieux venu. Toutefois il dû avouer que Tryon avait du talent et avait même réussi à laisser planer le doute de l’esprit de son hôte. Le bougre était-il honnête? Il était si convaincant, ainsi emporté par l’émotion: se présentant si vulnérable face à celui qui était tel un suzerain pour lui. Cependant, Eon n’était pas né de la dernière pluie et il se doutait que cela n’était sûrement qu’une manœuvre politique visant à s’assurer du soutien des gens de la Racine Noire. Et pourtant. Pourtant Tryon avait l’air si sincère. Ses larmes semblaient bien réels. Les propos enflammés de ce dernier furent suivi par un moment de silence. Ludgar prenant le temps d’assimiler les informations présentées. “Tryon de Roncefort” répéta-t-il dans un souffle quasiment inaudible, comme pour graver dans sa mémoire le nom de ce nouveau venu sur la scène politique de la région.
Il se redressa alors , faisant désormais face à son interlocuteur. Tryon avait piétiné tout protocole en s’approchant ainsi mais Ludgar ne lui en tint pas rigueur. A vrai dire, il appréciait sa fougue et son tempérament explosif; c’était avec ce genre d’hommes que l’on pouvait partir en guerre. “ Je n’offre aucun amour, Roncefort. Nul n’en offre dans le monde dans lequel vous venez d’entrer. Retenez bien cela et alors vous pourrez encore survivre; voire grandir.”
Le fils d’Alart était très certainement très différent de son père qu’il semblait honnir au plus profond de son être. Mais on ne pouvait changer l’écorce du bois dont on était fait. Et s’il y avait bien une chose de certaine, c’était que les Roncefort n’avait jamais été les fruits de l’arbre de l’Amour. Un grand homme avait une fois dit que tout était lié à l’amour, sauf l’amour qui était lié au pouvoir. “Si vous voulez mon soutien pour consolider votre pouvoir; alors soyez assuré que je ne vois aucune raison de m’opposer à votre développement. La stabilité de la région et le respect des dynasties actuelles font partie de mes priorités. Et la Baronnie de Roncefort restera un allié. Souvenez-vous cependant où se trouve votre place…”
Ludgar était ouvert à l’idée de voir en Tryon un partenaire potentiel; il ne faisait pas vraiment confiance en l’homme mais leurs visions semblaient assez alignés pour le considérer comme un allié. Mais il tâcha bien de poser d’emblée les bases avec cette menace à peine voilée. Il n’était pas rare de voir des jeunes seigneurs aux ambitions démesurés désirant renverser le système ou s’y faire une place; bien plus rares étaient ceux qui y parvenaient. Par précaution le seigneur de Morthond posait les limites. “Je n’ai nul besoin de votre loyauté envers ma personne. Seule compte la loyauté et la dévotion envers la Couronne et le Haut-Roy Mephisto, sur ce point je me montrerai intransigeant.”
Cette-fois ce fut Ludgar qui s’approcha encore plus près de Tryon, l’oeil de lynx plongé dans le regard sombre du Baron. Ils se tenaient ainsi face-à-face, ces deux hommes qui étaient fait du même matériau, des hommes d’actions, des combattants. Ce fut alors le chef de guerre qui parla à son homologue. “Ainsi êtes-vous venu ici pour prouver votre valeur et celle de votre famille? Mais dîtes-moi; le sang des Roncefort coule-t-il aussi dans les veines de votre colosse? Comment prouver votre courage par le biais d’un tiers? Croyez-vous que j’ai gagné le respect des miens en me défilant face au danger? Les morts ne sourient qu’au plus braves…”
Il laissa sa phrase en suspens, attendant la réponse de Tryon avec son air toujours aussi sévère. Lui y avait participé à la Purification, bien longtemps auparavant, et il y avait été acclamé par son peuple. Plus loin, Elishan semblait se tendre de plus en plus à mesure qu’il comprenait de plus en plus là où Ludgar voulait en venir. Le vieux ministre se savait dépassé, le sens politique ne pesait plus bien lourd quand on faisait appel aux valeurs les plus instinctives du guerrier.
Le peuple du Gondor voulait voir ce que ce Tryon de Roncefort avait dans les tripes.
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Jeu 13 Aoû 2020 - 23:30
Je me rapprochais plus encore du regard de lynx du Seigneur Ludgar. Et mes yeux faisaient peur, et j'imaginais Elishan blémir.
Très bien, vous saurez de quoi est fait mon sang. Un sang impur, et impie.
Protégez vos combattants.
Je regardais le Seigneur Lugdar.
J’apprécie votre volonté de coopération. Vous me verrez dans le sang, et la douleur, vous saurez que je suis de la trempe des Seigneurs que vous appréciez, si je survis.
Je prenais un pas de retrait.
Nous avons un avenir ensemble, si vous m'acceptez.
J'avais bien précisé. L'on ne parlait plus de domaines mais de personnes, car j'avais compris qui était le Seigneur Lugdar. Il cherchait des hommes dans ce jeu politique malsain. Nous n’étions pas des pions mais des personnalités. J'en étais une, et pas des moindres, prêt a mourir a la place de mon champion, sans hésitation.
Mon enfance de souffrance, mes douleurs, elles devaient trouver fin, ou dans les entrailles de mon adversaire, ou dans ma fin, celle que j’espérais depuis si longtemps.
Elishan, accroché à sa vie de vieillard, n'y comprenait définitivement plus rien.
Je me redressais face au Seigneur Ludgar.
C'est un honneur de mettre ma vie en jeu pour vous et vous prouver ma valeur.
Je serai le monstre que vous appelez.
Je savais que toute ma douleur se révélerait bientôt, sur le champ de combat, et les nobles alentours devront ravaler leur salive, car ou je mourrai prématurément ou je serai un monstre sanglant, lorsque je combats, je vois toujours le sang de mon ennemi gicler avant le premier coup, étonnamment, il ne peut gagner dans mon esprit, je jouis avant le premier coup du sang qui éclaboussera mon visage. Il ne peut gagner.
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Le Seigneur de Morthond esquissa un sourire satisfait. Il n’avait même pas vraiment eu besoin d’insister pour que Tryon se décide à participer en personne à la cérémonie de la Purification. Une décision spontanée et que certains auraient pu même qualifier de stupide pour un seigneur du royaume, mais une décision que Ludgar savait apprécier à sa juste valeur. Ce Roncefort avait du cran, et cela lui plaisait grandement. Aller risquer sa vie dans les souterrains hantés d’une région isolée du Gondor n’avait en apparence rien d’une manoeuvre politique classique, le visage blême d’Elishan en attestait parfaitement. Mais quand on faisait face à Ludgar, la donne était différente; ce dernier était bien différent du reste de l’élite dont il faisait partie, ne jugeant jamais un homme par son machiavélisme et son sens politique mais par le courage de son coeur et la force de son bras. En faisant appel à ces éléments, Tryon avait visé juste et tenait un discours qui parlait à son interlocuteur et qui se calquait sur ses convictions les plus profondes.
Eon posa une main sur l’épaule de son invité “ Vous n’avez rien à me prouver à moi. Je ne suis ni juge, ni Roi. Mais vous avez tout à prouver au peuple du Gondor. Quand vous pénétrerez dans les abîmes et que l’obscurité gagnera votre âme; alors laissez vos instincts de guerrier guider votre bras. Seuls les Morts peuvent révéler le guerrier qui est en nous…”
Il marqua quelques secondes de silence après cette fin de phrase énigmatique, comme s’il cherchait à théâtralement renforcer son côté dramatique. Il désigna alors d’un geste du menton l’un de ses gardes qui se trouvait à l’entrée de la pièce, le plus grand et le plus massif.
“Kaldor sera mon champion et celui du Clan des Rescapés. En lui, vous aurez un allié au sein du Chemin des Morts.”
Les deux hommes se toisèrent du regard pendant un long moment, parfaitement conscients qu’au milieu du Chemin des Morts, fief des parjures, nulle alliance n’était sacrée. Le maître des lieux reprit alors d’un ton soudainement plus chaleureux. “Enfin! Avec toutes ces histoires j’en oublie les bonnes manières; ce n’est pas tous les jours que nous recevons un Seigneur du Gondor à Morthond. Le dîner est bientôt servi; joignez vous à moi et soyez invité dans ma demeure.”
Quelques minutes plus tard le repas était servi. Dans les grands plateaux de métal il n’y avait ni plats raffinés, ni ingrédients distingués qui agrémentaient d’ordinaire les banquets des puissants du royaume. Mais dans la vallée de la Racine Noire, le seigneur lui-même ne se permettait pas d’avoir un train de vie supérieur à celui de ses sujets. La nourriture n’était pas mauvaise pour autant et se trouvait en quantité. Il y en avait assez pour que Tryon, Elishan et le reste de la délégation, tous affamés après de longues heures de voyage, puissent manger à leur faim. Il y avait notamment, une gigantesque pièce de gibier qui trônait au milieu de la table de sapin.
“De l’Ibex des Montagnes Blanches! La viande la plus goûteuse de ce côté du pays!”Commenta Ludgar visiblement fier de la spécialité locale.
Armé d’un gigantesque couteau de cuisine qui aurait très bien pu servir sur un champ de bataille, il entreprit de découper lui même un morceau bien choisi de l’animal rôti qu’il déposa délicatement dans l’assiette de Tryon. “Mon morceau favori; là où la couche de graisse et à l’épaisseur idéale qu’elle fond intégralement pour imprégner la chair et la rendre tendre et juteuse. Un morceau de roi.”
Le bouquetin avait un goût très prononcé et une texture assez noueuse dû à la musculature développée de ces mammifères. Pour la bourgeoisie de la Cité Blanche ce genre de viande était du bas de gamme que l’on tenait éloigné des dîners mondains, mais ici à Morthond c’était un mets de choix. “Alors dîtes-moi mon cher Tryon. Comment se passe donc ces premiers mois au pouvoir? Il n’est jamais facile de prendre la direction d’un domaine, en particulier dans les Montagnes Blanches… J’ai entendu dire que vous ne perdiez pas de temps par contre; le seigneur Vögel du Hautval qui est arrivé hier m’a même dit que vous aviez déjà conclu un accord visant à régler vos soucis de ravitaillements. Une telle réactivité c’est admirable…”
Elishan s’agita sur sa chaise; ainsi Vögel était aussi là et avait rencontré Ludgar la veille. Le vieux conseiller suspectait les deux homme d’avoir parlé de bien plus que le simple accords commercial signé entre les deux domaines. Mais impossible de savoir ce que le seigneur du Hautval lui avait révélé dans les détails; et Eon ne semblait pas disposé à le dévoiler. Le ministre bouillonnait intérieurement, il aurait voulu poser les questions qui s’imposaient ou intervenir d’une quelconque manière mais il se retint de prononcer le moindre mot. S’il avait fait aussi long feu chez les Roncefort ou même dans les coulisses de la politique, c’était aussi car il savait quand il devait se taire pour ne pas contrarier les puissants et il avait assez d’expérience pour se rendre compte que dans ce genre de situation il fallait laisser Tryon parler et ne jamais saper son autorité.
The Young Cop
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Il aurait pu être Eon Ludgar rajeuni de dix ou quinze ans. Peut-être même passer pour son fils. C’était un homme grand et fort, athlétiquement taillé, le visage épais et altier encadré de longs cheveux blonds coiffés. Une barbe généreuse, mais bien taillée. Son habit, grandement semblable à celui de l’archerie de Morthond, était austère, mais d’une propreté irréprochable toutefois. On sentait chez cet homme un fort sens de l’image qui dénotait des siens.
Il avait dans ses yeux qui se confrontèrent à ceux de Tryon une lueur impétueuse. On y décelait l’envie de se faire un rival plutôt qu’un allié en cette nuit, comme on peut souvent la déceler dans les yeux de certains de ces jeunes crétins de bonnes familles qui n’ont pas encore reçu de dure leçon de la vie, et qui brûlent du désir de faire leurs preuves aux yeux de leurs aînés. Il n’était pas difficile d’imaginer les raisons qui le menaient à entreprendre la Purification. D’un autre côté, si Ludgar le choisissait comme champion et représentant de son peuple, c’est qu’il devait avoir prouvé qu’il avait une réelle valeur martiale, et qu’il n’était pas une simple bête d’apparat.
Pour l’heure, Kaldor ne disait pas un mot. S’étant joint à la table en un bout, il mâchonnait tranquillement sa viande tandis qu’il continuait d’étudier tranquillement l’homme, son aspect physique et ses mouvements, son maintien à la table, l’assurance de son ton dans ses paroles... Le touchant récit d’amour paternel auquel ils avaient eu droit de la part de leur invité ne l’avait guère ému mais lui avait plutôt procuré un demi-sourire en coin de lèvres, qu’il s’était efforcé de rapidement contenir par décence, bien qu’une lueur d’orgueil subsistait toujours en ce moment même dans ses yeux faussement détachés qu’il gardait sur le Roncefort. Son intervention subite n’aurait-elle pas été jeté une ombre sur le crédit de son maître qu’il aurait élevé la voix pour confronter le jeune baron directement à la mémoire de son père qu’il bafouait sans retenue auprès de ses pairs. Kaldor n’était guère connu pour un sens prononcé de l’empathie, et il ne s’en cherchait nullement à s’en cacher, un maintien à la fois nonchalant et hautain.
Pour un homme comme lui, dont le père avait été ce que l’on attend d’un père, une figure forte et un mentor, qui ne l’avait jamais maltraité, l’avait conforté dans leur fierté de nobles, qui l’avait initié à une stratégie familial, l’enfance qu’avait endurée leur invité lui était tout bonnement aussi inimaginable que parler en mal de son géniteur lui était impensable.
Si son seigneur Ludgar souhaitait l’impliquer dans cette conversation, c’était clairement de mauvais gré qu’il se joindrait à leur échange verbal. Resterait à voir s’il ferait preuve d’un effort de courtoisie pour ne pas froisser leur invité à la légère.
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
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Mer 9 Sep 2020 - 22:30
Je jetais un oeil étrange sur Kaldor, entre joie, et douleur.
Je me tournais vers notre hote qui m'invitait a sa table.
Je m'asseyais et regardais le morceau d'Ibex se présenter a mes yeux.
Je le devorais sans plus parler. La graisse coulait dans ma bouche et je l'avalais avec joie, je m'etais toujours senti vide, ainsi le vin, la graisse, la viande me remplissaient.
D'ailleurs, il etait heureux que je me batte sans cesse, empli de cette rage, de cette colère sinon je serai devenu un monstre de graisse et de laideur. Je savais que c'etait ce qui pouvait m'attendre un jour ou je n'aurai plus envie de me battre. Ou je serai mort avant, finalement je crois que j'appelais la mort de toutes mes forces depuis longtemps, j'etais ici au bon endroit.
J'entendais le seigneur Ludgarme parler du seigneur Vogël.
Ainsi les nouvelles allaient vite.
Je machais mon morceau de graisse et l'avalais goulument, je regardais dans les yeux mon hote.
Une belle histoire entre moi et le seigneur Vögel, nous sommes rapidement arrivés a trouver un accord dans nos interets communs. Il est un allié rare. Heureusement que nous nous sommes vite respectés. Ceci m'a vite convaincu de sa loyaute.
Je continuais a macher en dehors de toute convenance et reprenais, me resservant des rasades de vin de façon recurrente, comme s'il s'agissait d'eau.
Vous avez l'air de bien le connaitre n'est ce pas? Un homme de combat comme vous et moi, je ne m'y trompe jamais.
J'avais noté le demi sourire de Kaldor et le regardais plus durement, cet energumène n'avait pas compris qu'il etait deja allé trop loin, et que maintenant ce seraient ses tripes qui me feraient sourire. L'on ne pietinait pas deux fois un être qui massacré etait revenu de la mort. Ou alors il faudrait le tuer avant, cette libération n'étant pas pour m'empecher de sourire, moi qui cherchais depuis longtemps à quitter ce monde par tous les moyens.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Ludgar échangea un regard avec Kaldor, son champion, qui se tenait silencieusement depuis le début de l’entrevue. Le seigneur de Morthond appréciait ce soldat, taiseux et efficace qui avait toujour su quand se mettre en retrait et quand la situation réclamait qu’il se mette en avant. Et avec la Purification, il aurait très certainement l’occasion de se montrer et de prouver sa valeur. Kaldor était, tout comme son seigneur, un homme d’action et n’avait nulle envie de se mêler à la conversation qui se déroulait sous ses yeux.
Le maître des lieux reporta rapidement son attention sur son invité de choix qui continuait à manger avec un appétit monstrueux. Chez cet homme, tout respirait la démesure. Ludgar esquissa un léger sourire quand Tryon évoqua son “alliance” avec Vögel mais ne jugea pas nécessaire d’informer sur les raisons de son amusement certain. “Certes, Vögel est un seigneur plutôt influent. Il a hérité d’un vaste et riche domaine et les compétences de ses artisans n’est plus à prouver. Cependant je pense qu’il est inutile de se voiler la face; il ne fait pas partie de la même race de chefs que la nôtre. Je ne lui jette pas le blâme mais il n’est simplement pas fait du même bois; c’est un diplomate, un jeune politicard surmonté d’un riche bourgeois de province. Talentueux certes, mais il lui manque cette flamme qui nous anime et qui nous permet d’animer ceux qui nous suivent. On ne croisait jamais le maître du Hautval au sein du Chemin des Morts, il tient trop à sa belle chevelure parfaite pour cela. Mais vous Tryon…”
Il marqua une pause, plongeant son regard sévère dans les yeux sombres de son interlocuteur. “Téméraire et fougueux. Vous faites partie de cette catégorie d’homme que j’apprécie. Mais également à celle dont je me méfie le plus. Au terme de votre séjour, je ne peux que vous conseiller de faire en sorte de vous retrouver du bon côté de mon jugement. Votre avenir pourrait s’y retrouver changé à jamais.”
Sur ces paroles, et alors que les assiettes s’était désormais vidées, il congédia la délégation de Tryon que deux gardes accompagnèrent jusque dans leurs quartiers assignés.
Une fois seuls dans la “salle du trône”, Eon Ludgar se tourna vers Kaldor: “J’ai toujours fait confiance à l’instinct du guerrier à la veille de la bataille. Alors dis-moi, que penses-tu de ce Baron de Roncefort? Le vois-tu comme un allié de confiance au sein de l’obscurité?”
De culture guerrière, Eon Ludgar était convaincu que celui avec lequel on était prêt à mourir épée à la main représentait aussi un soutien de choix sur l’échiquier politique. En cela, cette Purification présentait d'immenses opportunités politiques pour le chef local.
Elishan n’avait pas pipé le moindre mot durant la discussion entre les deux seigneurs et pourtant il ne manquait pas de choses à dire. Mais en tant que professionnel expérimenté, il avait attendu de se retrouver en face-à-face avec Tryon pour s’adresser à lui et lui faire part de ses impressions. Il ne fallait jamais montrer la division en public, en diplomatie rien n’était plus catastrophique comme erreur; le vieil homme avait donc patiemment rongé son frein et s’était, à contrecoeur, rangé derrière la décision de son supérieur qu’il voyait comme quelque peu impulsive.
Les hommes de Morthond les avaient conduits dans une petite chaumière de constitution assez solide pour résister aux éléments. Le Baron disposait de l’unique chambre du bâtiment tandis que le reste de la délégation dormirait dans la salle de vie. On avait allumé un feu qui crépitait dans un coin, diffusant de manière irrégulière sa chaleur dans la pièce. Ce n’était pas le grand luxe mais pour les standards locaux, Tryon était plutôt bien loti.
Elishan, qui avait longuement hésité sur la manière d’aborder le sujet dans les formes, romît enfin le silence dans lequel il était plongé depuis déjà un moment. “Je ne suis personne pour remettre en cause votre décision de participer vous même à la Purification. De plus, au vu du contexte particulier et de la position de Ludgar, je comprends même ce choix. Cependant, il est de mon devoir de vous rappeler que la Baronnie de Roncefort ne peut se permettre de vous voir revenir physiquement affaibli, ou pire de vous perdre. Cela nous porterait un préjudice terrible. Toutefois, il vous est désormais impossible de reculer et de revenir sur votre décision, nous passerions pour des couards. Et Ludgar a été assez clair sur son peu de considération à leur égard. Et, comme je l’ai déjà dit, il n’est pas homme que nous voulons comme ennemi, du moins pour le moment. S’il venait à se ranger derrière Vögel pour quelque raison que ce soit, cela nous placerait dans une situation hautement délicate. Donc je vous en prie; montrez-vous prudent et faites en sorte de vous attirer les faveurs de Morthond. Et peut-être serait-il judicieux de vous entraîner aujourd’hui.”
Il désigna Wilfried d’un mouvement du menton. Avec la décision de Tryon de se jeter dans la gueule du loup, l’utilité de la présence du colosse s’était retrouvée bien amoindrie. Pourtant cela faisait des semaines qu’il s’était entraîné à se battre dans la pénombre en prévision de la Purification. S’il parvenait à transmettre une partie de son savoir en l’espace de quelques heures, alors sa place dans la délégation s’en retrouverait à nouveau complètement justifiée.
The Young Cop
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Jeu 24 Sep 2020 - 19:40
J'avais fini d'avaler la bouchée gpuleyante d'Ibex, suivie d'une dernière rasade de vin alors que Ludgar commencait sa logorrhée.
Je l'ecoutais l'oreille distraite.
C'etait bien, il avait une opinion sur tout, m'appreciait, tout en se mefiant de moi.
Je lui souriais, d'un de mes sourires bien hypocrites.
C'est un plaisir de vous savoir proche de ma flamme, Seigneur de Morthond. Esperons que je sois toujours du bon côté de votre jugement. Cela semble bien commencer !
Mon sourire hypocrite s'etirait.
Je me levais et quittais le lieu avec ma suite sans regard pour le chien de Kaldor.
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Une fois installé dans ma chaumière "seigneuriale", je m'installais à mes aises.
Jusqu'à ce que le fatiguant Elishan vienne me retrouver, me sermonner, avec ses attitudes de chien battu.
Je le regardais alors bien dans les yeux.
Elishan, j'avoue que je suis toujours impressionné par votre zèle et votre delicatesse.
Heureusement que vous pouvez me rappeler que je manquerai à la Seigneurerie de Roncefort, que notre famille dirige depuis plus de generations que je puisse m'en rappeler, et vous aussi.
C'est un superbe zèle et un élan qui m'est baume au coeur.
Je le regardais plus durement.
Et maintenant, vous allez me donner des conseils quant à la bataille à venir? Me conseiller de m'entrainer.
Mes muscles se tendaient, j'etais une panthère de haine et de douleur, malheureusement, obsessionnel. Lorsque je fracassais le crâne d'une de mes victimes, j'avais du plaisir, et d'une certaine façon, cela remplacait le sexe, j'avais des jouissances subites à repondre à ces pulsions de mort, moi qui avait été privé de pulsions de vie. Ainsi mon obsession était telle que mes nuits étaient courtes à m'entrainer sans cesse à l'idée du prochain combat. J'aimais le sang, j'aimais le voir couler avec sa couleur ecarlate, qui illuminait la nuit qui etait mes jours, pas le mien pourtant de prime abord, sauf si c'etait moi qui le versait, car dans les moments de detresse, j'aimais me saigner.
Je regardais Elishan, j'avais envie de saisir sa vieille tignasse degarnie, de le tirer en arriere, de le faire cambrer comme une donzelle prete à s'offrir et de trancher sa gorge.
Mes yeux ne mentaient pas.
Ne t'avise pas à nouveau, en matière de combat, de chair et de sang, de me donner des conseils.
Je regardais alors Wilfried une derniere fois. Ce dernier me connaissait bien plus qu'Elishan qui m'avait finalement peu frequenté sur le champ d'entrainement.
Wilfried avait été un referent dur et cruel, à présent que j'étais adulte, il savait quel sadique lui faisait face et que j'étais pire que lui. Car je n'avais peur de rien sauf de moi même et n'avais pas de limites.
Son masque d’orgueil n’avait pas fondu face au regard du baron, impassible de façade. Quelque chose cependant y avait pénétré. Quelque chose de brûlant, et qui en même temps l’avait presque fait indiciblement frissonner. Au dehors bien sûr, cela s’était manifesté par une longue inspiration, accompagnée du retour de son insolent sourire tranquille… Physiquement, Tryon de Roncefort aurait constitué un rival mémorable en soi, un colosse large et puissant au regard d’acier. La stature n’était pas chose qui impressionnait outre mesure Kaldor, capable d’adaptation et de sang froid face au gabarit d’un adversaire quel qu’il soit. Cette lueur dans son regard en revanche… C’est ça, que retint véritablement Kaldor.
Il était demeuré assis à sa place tandis que leur invité se retirait, le plus tranquillement possible. La nuit promettait d’être tendue, traîtresse et brutale, ce qui n’était pas pour lui déplaire… A la question de son seigneur, il conserva son attitude arrogante. Flegmatique et nonchalante :
« Un sacré morceau en tout cas, je dois l’admettre, concéda-t-il en se levant tranquillement de sa place... « Son récit était larmoyant et m’a fait me demander de prime abord, "mais quelle sorte de chien battu s’est introduit sous notre toit !"… Un allié de confiance au sein de l’obscurité ? Mh, médita Kaldor en contournant son bout de table… « Un allié, ça… Il pourrait être un renfort terrifiant et redoutable sur un champ de bataille, monseigneur. Et j’imagine par ailleurs que vous pourriez aisément en faire une pièce dans votre jeu… L’Homme semble ne demander qu’à avoir un mentor tel que vous à suivre. Déjà l’avez-vous poussé en le piquant dans son orgueil à débouter son champion pour se mettre en personne dans l’épreuve... « Je ne lui tournerais pas le dos néanmoins, ajouta Kaldor, l’expression s’assombrissant. Je descelle une lueur dans son regard. Pas de courage, mais quelque chose de bien plus profond et grave. De ce genre de lueurs qu’il nous est donné de voir dans les yeux de certains des hommes qui ont vu les pires horreurs de la guerre, et qui se réveillent nuit après nuit en hurlant de démence. A dire vrai monseigneur, il est parvenu à susciter un début de peur en moi. La peur que nous ayons moins à faire à un guerrier qu’à un chien enragé...
Kaldor marqua un instant de silence grave… « A vouloir d’un rival, il se pourrait bien que je me sois constitué avec une véritable némésis… Avant de retrouver finalement son sourire confiant et arrogant : « Mais, rassurez-vous ! dit-il avec enjouement : cela ne change rien au fait que ce soir, je ne vais lui faire aucun cadeau. Et soyez certain qu’à mon retour, je vous ferai part de tout ce que j’aurais observé de lui. »
« Je ne suis pas simplement un des “gens” mon cher. Et je ne réponds ni au seigneur Ludgar ni à personne d’autre que le roi Aldarion. »
Quel étrange accueil. Certes, cela faisait un temps considérable qu’Auhren n’avait plus eu l’occasion d’échanger avec les fils des Edain mais, avait-il réellement, en si peu de mots, commis un impair considérable pour essuyer pareil revers ? Le mortel était fier, pour sûr, et cette façon qu’il avait eu de mentionner son roi ? S’il avait été un noble parmi les Eldar, jamais il n’avait été très à l’aise dans une cour, qu’elle fut de Nargothrond ou d’Eryn Lasgalen. S’il était ici, c’était par devoir, le politique, il le laissait volontiers à d’autres.
« Je vous demande pardon, Seigneur Eneron, si je vous ai offensé. Il y a fort long depuis que je n’ai eu l’occasion de parler avec l’un des vôtres. J’ai longtemps parcouru Endor et ses terres. Si longtemps et si loin. J’en avais oublié ce qui, finalement, était sous mes yeux ; et voilà qu’après les confins du monde, la curiosité me porte à ses racines. Je ne suis rien de plus qu’un amoureux de l’ici et de là, et j’aime à observer ce qui devint l’hier. Il marqua une brève pause, puis sourit. Oui, je crois que je peux vous le présenter ainsi. Je suis un observateur de passage et pour avoir connu les Ered Nimrais d’autrefois, j’étais curieux de rencontrer celles d’aujourd’hui. J’ai parcouru les forêts qui étaient là, jadis, au Deuxième Âge du monde, bien avant que les Hommes, sinon les rares Drúedain, ne s’aventurent ici. Mais j’imagine que vous n’avez pas fait tout ce chemin pour entendre un vieille Elda ressasser de vieux voyages. Vous dites servir le Seigneur Aldarion de l’Arnor ? Puis-je me permettre cette question, car j’ignorais ce nom jusqu’à ce que vous le prononciez : où s’étendent donc les terres du Valnahar ?
On pouvait parcourir la Terre du Milieu depuis trois âges et continuer de ne pas la connaître tout à fait. Jamais voyageur ne l’avait mentionnée, cette terre du Seigneur Eneron. Il faut dire, aux yeux d’un être plusieurs fois millénaire, les contrées des Edain prenaient des airs discrets éphémères. Ils allaient et venaient, passant de l’Or à l’Argent, de l’Argent au Bronze et du Bronze à la fougère et à la mousse ; le temps passant sur leurs pierres blanches pour ne plus que les couronner de fleurs, au hasard d’un rayon de la Soleil, avant sa chute. Et alors il n’y avait plus guère que les Eldar pour se souvenir.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Le Seigneur Ludgar posa un regard sévère sur son champion. Le maître des lieux était un homme juste et apprécié par ses pairs mais il n’en demeurait pas moins intimidant, voire même parfois inquiétant. En dévisageant Kaldor il crut voir l’homme qu’il avait été bien des années plus tôt, cet intrépide guerrier qui s’était jeté tête baissé dans les entrailles des Montagnes Blanches pour y narguer les damnés dans leur propre territoires. Il en était ressorti adulé de son peuple et couvert de gloire mais ne connaissait que trop bien les erreurs qu’il avait commises et dans lesquelles son protégé pouvait tout aussi bien tomber. A l’époque , lui avait eu la chance de s’en relever mais tous n’avaient pas cette fortune là, il ne le savait que trop bien et comptait bien mettre en garde son subordonné à ce sujet. “Rival ou allié je l’ignore. Mais ce dont je suis certain c’est que ce Baron de Roncefort fait partie de ces hommes qu’il faut garder à ses côtés.”
Il avait côtoyé bien des hommes de cette trempe, à commencer par son père. Les guerriers fiers, imprévisibles et parfois violents n’étaient pas rare aux pied des Montagnes Blanches et Ludgar avait construit sa carrière en apprenant à les canaliser et les garder en respect quand cela se révélait nécessaire. Mais Kaldor n’avait pas tort quand il soulignait l’étrange lueur qui régnait au fond du regard de leur invité; ce détail qui en disait long sur ce que Tryon était prêt à accomplir ne lui avait pas non plus échappée. Il connaissait bien ce genre de regard, il en avait plusieurs fois croisé au cours de ses campagnes; ces yeux sombres animés par une détermination surhumaine, qui confinait à la folie. La dernière fois qu’il avait croisé ce regard, il y avait laissé un oeil.
Las, Eon Ludgar congédia Kaldor d’un geste. “Va à présent te reposer champion! Tu auras besoin de toutes tes forces quand la cérémonie débutera!”
Malgré le fonctionnement politique très partiellement démocratique de la vallée de Morthond, on ne discutait pas un ordre direct du seigneur en place. Le soldat prit donc ses effets avant de quitter la vaste et austère “salle du trône”.
Le seigneur se rassit alors avec un grognement qui fut suivi d’un long soupir qui trahissait sa fatigue. Il étendit sa jambe dans l’espoir de soulager son genou douloureux. Le poids des années se faisait de plus en plus sentir sur les épaules de ce vétéran qui veillait pourtant à ne jamais montrer le moindre signe de faiblesse en public. La mort de son épouse quelques mois plus tôt l’avait encore plus poussé à se retrancher sur lui même et il refusait de partager avec quiconque, y compris ses plus fidèles amis, le récit de ses douleurs, tant physiques que psychologiques. Le peuple de Morthond avait une vie assez rude, ils n’avaient pas besoin d’un chef qui pleurnichait. Toutefois, il y avait une personne qui avait réussi à briser cette armure savamment érigé. Une seule personne qui avait brusquement déboulé dans son intimité et qui avait remise en question l’image qu’il s’était construite de lui-même.
Une porte dérobée s’ouvrit à la volée.
Dame Aofel fit son entrée avec un sourire adressé à son amant éprouvé. Ce dernier lui répondit d’un regard d’une douceur qu’il laissait rarement transparaître. “Ce Roncefort me semble être un homme à la tête dure. -Tant que vous ne faîtes attention qu’à sa tête…”
La belle rohirrim eut un petit rire gênée, pas vraiment amusée par la plaisanterie graveleuse de Ludgar. Elle continua pourtant de s’approcher et posa délicatement une main sur la large épaule de l’homme.
“Vous savez Dame Aofel, j’ai longuement réfléchi et je ne pense pas que ce soit une très bonne idée d’envoyer un représentant des réfugiés à la Purification. C’est une tradition locale et… -Et donc? rétorqua-t-elle d’un air surpris et pas le moins du monde intimidée par le seigneur. Ne désirez vous donc pas voir les réfugiés du Rohan s’intégrer du mieux possible en adoptant vos traditions? -Si si, bien sûr que si. fit Ludgar visiblement agacé. C’est juste que..”
Cette femme avait décidément le don de le déstabiliser plus que tout autre animal politique ou colossal guerrier qu’il avait pu croiser. Elle avait ce don pour toujours identifier la faille dans le discours de son interlocuteur et pointer là où ça faisait mal. Il prit quelques secondes pour réfléchir à une réponse et poursuivit. “ C’est juste que pour la Purification c’est un peu particulier. Les tensions sont exacerbées entre Rescapés et Petits ainsi que tous les seigneurs étrangers; si en plus je dois rajouter les rohirrim l’équation ça va… -Assez! le coupa-t-elle avec un aplomb qui le laissa sans voix. Ma décision est prise et de toute façon cela n’est pas de votre ressort, vous ne pouvez nullement empêcher des résidents de la vallée d’envoyer leur champion dans le Chemin des Morts… -Certes, mais ce mercenaire là… franchement… -Il est un homme de confiance. Je lui confierai jusqu’à ma vie.”
Eon se renfrogna légèrement mais ne tomba pas dans le piège qu’elle venait de lui tendre. Elle voulait le rendre jaloux ainsi? Ah! Il n’en montrerait rien, même si au fond de son esprit une légère pointe de doute se faisait désagréablement ressentir. Cependant il finit par abdiquer face à elle, encore une fois. “Soit, alors ainsi soit-il….”
Epuisé par les évènements récents, il ne voulait à présent que se détendre, la prendre dans ses bras puissants et passer une douce nuit d’amour avant les événements mouvementés du lendemain. Mais visiblement, Aofel ne l’entendait pas de cette oreille. “Et concernant la découverte de l’architecte ? -Une coïncidence et beaucoup de foutaises… des histoires de conteurs fous pour terroriser des gamins. -Pourtant je vous sens inquiet Monseigneur.”
Ludgar ne répondit rien mais elle avait, encore une fois visé juste. En effet, l’inquiétude le gagnait petit à peu; d’ordinaire à l’approche de la Purification il ne ressentait que de l’excitation mais cette année là elle était inexplicablement mêlée d’une part d’appréhension. La rohirrim s’assit alors à ses côtés et descendit ses doigts le long de son buste. “Peut-être qu’en révélant notre relation à tous, vous vous enlèverez un poids. Nul homme vivant caché ne peut vivre en harmonie. -Arrêtez vous savez bien que cela est encore trop tôt. Nermana est morte il y a moins d’un an et la période deuil n’est pas encore terminée; et puis avec une étrangère… cela serait si mal perçue…”
Prenant un air offusqué, qu’Eon se doutait d’être feint, Aofel se redressa d’un coup. “Je ne veux donc pas plus à vos yeux que le conservatisme réducteur des grabataires du Conseil? -Enfin vou savez bien que je vous aime! -Je commence à en douter fortement. Au fond peut-être devrais-je aller vérifier si ce Roncefort a autre chose qui soit dur!”
Sur cette dernière remarque pour le moins cavalière, elle tourna fièrement les talons et claque la porte derrière elle; laissant le seigneur de Morthond plus seul que jamais. Mais de quelle femme était-il donc tombé amoureux?
Exténué, le vétéran se redressa et pris la direction de sa couche. C’en était assez pour aujourd’hui.
Eneron eut un sourire amusé. Le Premier Né qui l’avait hélé avait longuement parlé sans pour autant réellement répondre à la question - pourtant plutôt simple - de l’Arnorien. Mais ce dernier n’était guère surpris, cela correspondait bien à la description qu’on lui avait faire des Elfes. Néanmoins, il dut bien reconnaître être flatté quand Aurhen s’enquit de l’emplacement de son domaine; ce n’était pas tous les jours qu’un être de cette espèce s’intéressait aux frontières d’un domaine provincial plutôt secondaire. “Le Valnahar se trouve au nord de Tharbad, dans le Cardolan. Non loin du delta du Gwathlo, là où le fleuve se sépare pour devenir le Bruinen et le Mitheithel; des terres fertiles qui permettent à mon domain de se développer de manière rapide et de prospérer.”
Il avait bien pris soin de nommer les rivières par leur dénomination elfique. Le jeune gentilhomme analysa alors longuement la silhouette élancée de son interlocuteur. “Maître Aurhen, vous avez voulu m’embrouiller l’esprit avec vos longues tirades et je m’y suis laissé prendre. Mais vous n’avez toujours pas vraiment répondu à ma question sur la raison de votre présence. Mais au fond cela est sans importance; toute personne se rendant dans cette région reculée en cette période de l’année ne le fait que pour une bonne raison: La Purification. J’ignorais que cette pratique intéresserait même les Eldars, mais après tout si je suis venu d’Arnor…”
Eneron fit lentement approcher sa monture de celle de Aurhen; il y avait là une opportunité en or qu’il comptait bien saisir. “ J’ignore pourquoi vous voulez y participer, ni même ce que vous être venus rechercher dans les entrailles hantées des Montagnes.Quoiqu’il en soit si vous voulez pénétrez dans le Chemin des Morts, il vous faudra représenter un groupe ou une délégation. Mais je vois que vous êtes venus seul… Un mercenaire en quête de richesse et de gloire? Au fond peu importe, car je peux vous offrir les deux.”
Eneron fixait intensément son interlocuteur, plus âgé, et donc plus expérimenté de plusieurs millénaires. Mais malgré sa jeunesse, l’Arnorien faisait preuve d’une assurance à toute épreuve. Une fois qu’il avait un objectif en tête, il n’en détournait plus le regard et était prêt à tout pour y parvenir. “Soyez mon champion Maître Aurhen fils de Celemegil! Représentez moi! Vous aurez ainsi le droit de rentrer dans les souterrains pour y faire ce que vous y avez prévu en arrivant ici. En échange je ne vous demande que loyauté et le partage d’une part de votre immense prestige. C’est votre chance de décrocher un ticket pour la Purification.”
Visiblement l’elfe hésitait; Eneron fit alors étonnamment demi-tour, laissant Aurhen seul. Il lâcha tout en s’éloignant vers sa chaumière. “Je vous donne le temps pour y réfléchir. Nous nous retrouverons demain au pied des Montagnes, là vous donnerez votre réponse. “
Sous l’oeil sage et presque admiratif d’Elishan; Tryon et Wilfried croisait le fer avec force et ténacité, tant et si bien que le vieux conseiller crut plus d’une fois que l’un avait grièvement blessé l’autre. Mais il n’en était rien; les deux guerriers savaient ce qu’ils faisaient et savait retenir leurs coups si nécessaire.
Il y avait pourtant une certitude; à en juger par la violence de ses coups, son abnégation à toute épreuve et sa rage incontrôlée, Tryon était prêt à croiser le fer dans l’obscurité du Chemin des Morts.
Arme à la main, le baron de Roncefort était une véritable bête.
Le soleilavait désormais totalement disparue et au sein de la bourgade de Casthond très faiblement éclairée; la nuit était presque totalement noire. On ne distinguait plus que les lueurs tremblotantes des lanternes portés par les gens de Morthond qui se rendaient sur les tombes de leurs ancêtres pour une longue nuit de veillée. Cette tradition ancestrale et éminemment importante visaient à rendre annuelement un échange à leurs morts. Ceux qui ne s'étaient pas parjurés. Ceux qui étaient restés sur terre.
D'abord une nuit de veillée pour honorer les morts qui étaient restés silencieux.
Puis une nuit de Purification pour s'assurer que ceux qui ne l'étaient pas le deviennent.
HRP: Je clos ce topic introductif! Merci beaucoup d'y avoir participé et ça annonce du lourd. Je post au plus vite en ouvrant un nouveau sujet au sein du Chemin des Morts qui traitera directement de la Purification! Vous pourrez poster dans le nouveau sujet ; si vous tenez vraiment à poster un dernier rp ici vous pouvez pour conclure mais c'est pas obligé et l'idée et de basculer sur le nouveau suejt que je vais ouvrir ce week end.
The Young Cop
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