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Sujet: Un magicien n'est jamais en retard
Learamn

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un magicien n'est jamais en retard    Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 20 Mai 2021 - 20:06


Horas écoutait avec attention les conclusions, hypothèse et réflexions du mage qui lui faisait face. Ce dernier était déjà centenaire mais il n’avait rien perdu de la vigueur de son esprit. L’érudit se montra particulièrement intéressé par l’aide que pouvait représenter le réseau de Mithrandir. La Guilde qu’il avait mise sur pied s’était montrée très discrète ces dernières années après avoir échoué à protéger les Peuples Libres de la montée de l’Ordre de la Couronne de Fer. Ils s’étaient d’ailleurs montrés muet sur la question des artefacts, qui représentait pourtant un sujet central à leur mission, si bien que de nombreux dignitaires avaient conclu que cette organisation appartenait désormais à un passé révolu. Pourtant ses membres étaient encore bel et bien en vie et leur aide pouvait se révéler hautement précieuse.  La proposition du mage était pour le moins alléchante et le chercheur s’empressa de l’accepter avec joie.

“C’est avec grand plaisir que nous acceptons l’aide de votre Guilde. La Société des Chercheurs a pour but le regroupement des plus grands esprits dans ce monde œuvrant ensemble à la préservation de la paix. L’intégration des membres de la guilde en notre sein me semble bien possible en effet. Je suis persuadé que nombre de vos illustres contacts pourraient se révéler précieux dans cette quête qui est la nôtre. Cependant…”

Il marqua une pause en se passant la main sur son crâne dégarni. Avant d’embarquer Mithrandir et les siens dans cette histoire, il lui fallait bien se montrer le plus transparent possible avec lui sur les risques qui étaient encourus.

“Cependant… il faudra faire très attention. La puissance des artefacts fait tourner de nombreuses têtes autrefois nobles et bien intentionnés. Si d’aventure, des hommes de pouvoirs se trouvent dans vos contacts, assurez-vous de leur réel objectif avant de les intégrer à notre mission. Les gens de confiance se font de plus en plus rares et les puissants de ce monde ne désirent plus que mettre la main sur ces reliques pour accroître leur pouvoir personnel et assouvir leurs ambitions. Il nous faut être prudent Maître Mithrandir...Oui, très prudent…”

S’intéressant à nouveau aux fragments de parchemin que son invité avait eu le loisir d’analyser à sa guise.  Horas reprit sur un ton moins péremptoire.

“Vos hypothèses sont intéressantes et certaines d’entre elles recoupent également nos suppositions. Le langage utilisé est pour le moins hermétique mais nous pouvons aisément assumer que tous ces lieux et expressions font référence à des artefacts ancestraux. Blodvatn pourrait effectivement faire référence à une arme qui serait enfermée dans les glaces du Nord. La mention des majeurs au côté de celles des “Druwidan” fait sans doute référence aux peuplades en Enedwaith qui vénèrent un panthéon animalier. Quant à la mention d’Id-Ursu Gabilgathol… il nous faudrait fouiller dans d’anciens manuscrits de la Bibliothèque relatant la bataille de Nirnaeth Arnoediad, c’est le seul épisode connu de l’utilisation de tels masques par les légions du Roi Azaghâl face aux Grands Dragons mais les détails m’échappent. Quant à ce fameux D…. Il est de toute évidence l’auteur de cette lettre.”


Il se tourna alors vers Erelius qui semblait disposer d’information supplémentaires. Le mathématicien se rapprocha alors de ses deux aînés et daigna enfin intégrer la conversation.

“ Ce D.; nul ne sait à quoi il ressemble, ni ses intentions précises. Mais selon nos informations, son envie de mettre la main sur ces anciennes reliques est claire et il ne compte pas le faire seul. La lettre ressemble à une sorte d’invitation, de test pour rejoindre “son équipe” si je puis dire ainsi. Mais le mystère reste entier. Nous ignorons à qui ce message a pu être envoyé et pourquoi quiconque rejoindrait cet individu…”

Horas reprit alors la parole pour compléter les dires de son pair.

“Si les artefacts venaient à tomber entre de mauvaises mains...alors les Terres du Milieu pourraient bien se retrouver plongées dans une nouvelle guerre.”

Le vieillard marqua une courte pause, comme pour ajouter un effet dramatique à sa dernière phrase.

“Pourtant, à l’heure où je vous parle, tout ceci n’est pas le sujet principal de préoccupations des habitants de la Cité Blanche… Erelius? “


L’heure de la démonstration était venue pour le plus jeune des érudits. Il se dirigea en direction d’un tableau en ardoise poussiéreux qui traînait dans un coin de la pièce, craie à la main.

“Comme vous le savez sûrement les citoyens de Minas Tirith craignent tous pour leur vie. L’armée de ce peuple mystérieux ayant fait tomber Cair Andros a fait planer la menace d’un siège de la capitale, raison invoquée par ce sacré Cartogan pour renforcer sa politique sécuritaire, appeler des renforts et, après un certain temps, confiner entièrement la ville et purger la cité de ses criminels avec l’aide des services de l’Arbre Blanc. Les Griffes d’Ammoth, la Ligue des Ombres et le réseau d’esclavagistes des bas-fonds en ont tous fait les frais.  Jusque-là, tous les choix du général semblent plutôt cohérents. Seulement, en creusant un peu la question, on se rend rapidement compte que quelque chose ne tourne pas rond.”

Tout excité par son récit, Erelius dessina grossièrement une sorte de triangle stylisé censé représenter la grande ville du Gondor. Il l’entoura d’une représentation des champs du Pelennor et de l’Anduin. Un peu plus loin, Osgiliath et Cair Andros. Tout en griffonnant sur son support avec des crissements désagréables, il expliquait:

“L’armée des envahisseurs ne s’est jamais approché de la Cité Blanche et selon nos informations, ils auraient même bifurqué vers le Nord-Ouest, bien loin de chez nous. Pourtant les portes de la cité sont demeurées closes. Car un ennemi bien plus pernicieux s’est glissé entre les remparts du Rammas Echor: la peste.”

Horas, dont les connaissances en biologie et médecine dépassaient celle de son ancien élève, prit momentanément le relais.

“Cependant cette peste-là est d’un genre qui nous était inconnue. D’où les suspicions que nous portons à l’égard des envahisseurs Orientaux qui auraient pu infecter, volontairement ou non , le cours de l’Anduin. La maladie provoque une fièvre intense et des douleurs insoutenables qui mènent presque dans tous les cas à une mort certaine. Mais les autorités ont immédiatement cherché à rassurer en affirmant que l’épidémie était sous contrôle et les rares malades isolés
-Mais non, poursuivit Horas, la Société des Chercheurs a voulu en savoir plus mais s’est heurté à une censure pure et simple des pouvoirs militaires. Mais avec l’aide de quelques oreilles et regards “avisés”, nous avons réussi à estimer plus ou moins le nombre de corps amenés à la morgue chaque jour. Pas un décompte précis, les chariots étaient recouverts de draps et la morgue impossible d’accès mais une estimation. Un chariot le premier jour d’observation, deux dès la deuxième semaine et ce n’est allé qu’en augmentant.”

Il traça alors une sorte de graphique et une courbe qui commençait par monter lentement avant de progressivement devenir une ligne complètement verticale qui semblait vouloir toucher le ciel.

“Progression exponentielle des victimes. Si le point de non-retour est atteint, c’est la population entière qui sera décimée.
-Et où donc se situe ce fameux point? “demanda Horas d’une voix inquiète.

Erelius marqua d’une croix l’endroit où la courbe se redressait franchement pour devenir vertical.

“Ici.
-Et où en sommes-nous?
-Selon mes projections statistiques le fameux seuil de non-retour devrait être atteint d’ici une semaine tout au plus si nous n’arrivons pas à inverser la tendance immédiatement.”


Avec un petit sourire satisfait d’avoir épaté son petit auditoire, Erelius se servit un grand verre de vin qu’il commença à siroter tranquillement. Visiblement la perspective de voir la cité s’effondrer totalement ne pouvait pas entamer son plaisir purement didactique des modèles mathématiques qu’il avait manié avec succès.  Horas, qui n’avait visiblement pas été mis au courant de tous ses détails auparavant, était au bord de la crise de panique.

“Maître Mithrandir… je vous en prie. Vous êtes un Grand Mage, le sang des Eldar coule dans vos veines. Vous partagez la vie d’une Première Née. Je sais quel peut être le pouvoir de leur peuple, leurs remèdes et médecines n’ont aucun équivalent… L’avenir de la Cité Blanche se joue désormais; vous en avez été l’emblème, le défenseur, le gardien…”

Le vieil érudit, qui s’était montré si flegmatique et mesuré depuis leur rencontre implorait désormais son invité. Erelius observait la scène d’un air curieux, le sourcil légèrement relevé.

“Maître Mithrandir...Pouvez-vous sauver les citoyens de Minas Tirith du Mal qui les frappe?”
Sujet: Un magicien n'est jamais en retard
Learamn

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un magicien n'est jamais en retard    Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 21 Fév 2021 - 14:00
Les deux Erudits échangèrent un regard inquiet à la suite des interrogations, pour le moins légitimes, du mage de la Cité. Horas, cependant, s’efforça de garder son large sourire.

“Maître Mithrandir! L’heure est matinale et le trajet depuis votre Tour vous a très certainement creusé l’estomac! Allons aux cuisines prendre un peu de pain et d’eau, et verser un peu de vin pour célébrer votre retour dans notre Académie!”

La remarque du vieil homme avait de quoi surprendre. Il n’avait absolument pas répondu aux questions du visiteur dont la réputation n’était pas celle d’un homme incapable de maîtriser son appétit. Mais Horas insista, d’un geste de la main, pour que Mithrandir le suive. Ce dernier s’approcha de son hôte qui lui glissa subrepticement:

“Pas ici Maître Mithrandir! Pas ici… Il pourrait y avoir des oreilles indiscrètes…”

Pourquoi tant de secret? Pourquoi tant de craintes? Depuis de longs siècles les sages de la Cité Blanche avaient disposé d’une liberté académique presque totale et les résidents de l’Université n’avaient pas à se soucier de ce qu’ils pouvaient dire et déclarer. Une telle attitude était pour le moins inattendue. De toute évidence, Horas et ses pairs redoutaient quelque chose, ou quelqu’un.

Manahil reprit son poste à l’entrée du bâtiment alors que le professeur se dirigea vers l’intérieur du bâtiment, Mithrandir et Erelius sur ses talons. Ils traversèrent le grandiose hall de l’Université et s’engouffrèrent dans une porte dérobée près d’une grande statue à l’effigie de l’un des Fondateurs de l’Académie. De toute évidence, ils ne se dirigeaient pas vers les cuisines. L’ouverture donnait sur un étroit couloir dénué de tout apparat qui contrastait grandement avec l’architecture prestigieuse du reste de l’édifice. Les Erudits cherchaient-ils à cacher des choses.

Alors qu’ils avançaient à la lueur des torches disposées sur les murs à nus, Horas jugea qu’ils se trouvaient assez loin des personnes qu’ils craignaient et daigna enfin donner quelques explications à son invité qui devait sûrement être de plus en plus confus.

“Maitre Mithrandir! Beaucoup de choses ont changé depuis que vous vous êtes isolé dans votre Tour. Beaucoup trop de choses ont changé et la sacralité de notre Collège a été bafouée.”


Ils prirent à droite au niveau de l’intersection; Horas savait pertinemment où il allait. L’Université était un bâtiment ancien et seuls les plus sages de ses résidents en connaissaient les moindres recoins et passages.

“Le général Cartogan règne sur la Cité d’une main de fer. Son pouvoir est bien entendu légitime, surtout en ces temps troubles. L’Intendant lui a conféré les pouvoirs militaires et le Haut-Roy ne semble plus intéressé par l’exercice du pouvoir. Les récentes actions du Général ont permis de nettoyer les bas-quartiers des organisations criminelles qui y sévissaient depuis bien trop longtemps et de s’attirer par la même le soutien d’une grande partie de la population. Cependant…”

Il marqua une pause et jeta un regard derrière son épaule, comme pour s’assurer qu’ils n’étaient pas suivis.

“Cependant Cartogan a peur...Nous ignorons encore l’origine de ses craintes, pour ne pas dire de sa paranoïa, mais les causes pourraient être multiples. La mystérieuse armée orientale qui a écrasé la garnison de Cair Andros a fait planer la menace d’un siège de la capitale. Le général en a renforcé les défenses en prévision d’une bataille qui n’est jamais venu... Cela fait des mois que l’on nous prédit la mort mais l’ennemi ne s’est jamais approché du Rammas Echor, certains affirment même qu’ils ont pris la direction du Nord et s’apprêtent à quitter nos frontières. Malheureusement, les informations sont rares et peu précises...Et puis il y a la peste…
-Une peste qui finira par tous nous tuer,
commenta Erelius. L’épidémie a frappé peu après la chute de Cair Andros et s’est insidieusement introduite dans tous les cercles de Minas Tirith.
-Les pouvoirs publics ont bien tenté de réagir mais il était trop tard.
-Ils ont surtout cherché à cacher par tous les moyens la gravité de la situation.  Mais selon mes calculs, les morts se compteront bientôt par milliers si rien n’est fait d’ici là. Les guérisseurs les plus émérites sont en quête d’un remède mais ils vont d’échec en échec. Si mes modèles sont justes, nous allons à la catastrophe, et malheureusement mes chiffres ne mentent jamais.”


Les deux hommes laissèrent quelques secondes à Mithrandir pour digérer cette prodigieuse quantité de mauvaises nouvelles. Les derniers mois avaient été quelque peu agités dans la Cité Blanche.

“Mais ce n’est pas tout…”
Rajouta finalement Horas.

Erelius lança alors un regard réprobateur à son aîné, visiblement furieux que le doyen décide d’en dire plus au visiteur.  Horas rassura immédiatement son confrère:

“Nous pouvons lui faire confiance. Mithrandir a maintes fois œuvré pour le bien de la Cité. Il est un homme sage aux grands pouvoirs...peut-être saura-t-il  quoi faire…”


Le mathématicien se renfrogna; il ne voyait pas quelle légitimité un tel manieur de bâtons aurait à entrer dans la confidence. Mais si telle était la volonté des Erudits.

Ils arrivèrent finalement au bout du couloir et entrèrent dans une aile de l’Université dans laquelle Mithrandir n’avait encore jamais mis les pieds. De beaux tapis pourpres recouvraient le sol et étouffaient le bruit de leurs pas et de beaux chandeliers d’or éclairaient l’endroit. Ici, au contraire du reste du bâtiment, nulle grande fenêtre ne permettait de faire entrer la lumière de l’extérieur. L’existence de lieu était dissimulée aux yeux du monde. De jour comme de nuit, les chandelles se chargeaient de remplacer l’astre solaire. Les chercheurs qui venaient ici ne comptaient pas leurs heures et s’arrachaient à leur routine quotidienne pour apporter leur pierre à l’édifice. Ici, le temps n’avait aucune emprise sur le savoir. Le petit groupe s’arrêta alors un court instant et Horas se tourna vers son invité.

“Maître Mithrandir: Bienvenue à la Société des Chercheurs!”

Les trois sages reprirent leur avancée jusqu’à une porte en bois bien banale mais derrière laquelle se cachait bien des trésors.

“Comme je vous le disais:  il y a autre chose. Autre chose que Cartogan, ainsi que tous les puissants d’Arda, convoitent et craignent à la fois.”


Il glissa alors une clef de fonte dans la serrure et poussa la porte révélant l’intérieur d’un bureau au sein duquel de nombreuses piles de documents obscurs faisaient vaciller les meubles de chêne sur lesquels ils étaient entreposés. Les murs étaient recouverts de larges parchemins remplis de symboles et de signes étranges ainsi que d’une grande carte des Terres du Milieu sur laquelle plusieurs lieux clefs avaient été identifiés.

Horas alla se placer derrière le pupitre, visiblement à la recherche de quelque chose. Tout en fouillant parmi les parchemins, il demanda au mage de la Cité:

“Maître Mithrandir...Tout d’abord que savez-vous de la Missive des Erudits ainsi que de la Fraternité de Yavannamirë?”


#Erelius #Horas #Mithrandir
Sujet: Un magicien n'est jamais en retard
Mithrandir

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un magicien n'est jamais en retard    Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 7 Fév 2021 - 20:04
Une fois la place des artisans et son intriguant placard laissés derrière lui, Mithrandir continua sa route vers l'Université de Minas Tirith. Bien des années s'étaient écoulées depuis le jour où il avait franchi les portes de la Cité Blanche, pourtant ses pas ne l'avaient conduit en ce lieu que très rarement. Le temps avait filé et ses fonctions l'avaient amené à être plus présent dans d'autres quartiers de la cité, tant et si bien qu'on ne le vit plus que dans les cercles supérieurs, puis plus du tout. La salle d'audience qui lui avait été allouée au Palais n'avait ainsi pas été utlisée depuis un âge assez lointain, et les personnes désireuses de s'entretenir avec lui se dirigeaient vers sa tour ou lui écrivait. C'est pourquoi les abords de l'Université furent presque une découverte pour le Mage.

Son regard détailla chaque pierres de l'édifice. Bien que ces murs ne soient pas particulièrement hauts, il en émanait une impression de grandeur. Les multiples tourelles qui parsemaient l'Académie et les passerelles permettant de circuler entre elles conféraient une certaine majesté et un certain mystère au bâtiment. Au travers des larges fenêtres qui en décoraient la façade, on pouvait ça et là apercevoir de grandes salles de classes et de longs couloirs à la décoration chamarrée. Le monument était barré de lourdes portes ouvragées. C'est sur elles que se posèrent les yeux de Mithrandir en dernier.

- Voilà encore une nouveauté, pensa-t-il après en avoir admiré les ornementations. La dernière fois que j'ai eu à me rendre dans les parages, l'entrée de l'Académie grouillait de monde et les portes étaient grandes ouvertes. Mais où sont donc les gens ? Se dit-il en constatant que la zone était encore plus déserte que les rues qu'il avait parcourues jusque ici, ce qui était en soit, un fait remarquable.

Grand lieu d'érudition, l'Université était réputée dans toute la cité. Elle avait donc naturellement tendance à attirer bon nombre de monde qu'il s'agisse de touristes ou de badauds curieux, de personnes désireuses de s'instruire, ou, bien évidemment, d'étudiants. Trouver l'Académie ainsi cadenassée n'augurait rien de bon. Trop occupé qu'il était à s'interroger, il ne remarqua pas les deux gardes qui flanquaient les portes avant que ceux-ci ne le hèlent et ne lui intiment de se présenter.

- Bien le bonjour messieurs ! Je suis Mithrandir, le Mage de la Cité, comme mon accoutrement vous a sans doute permis de le deviner, fit-il en tapotant d'un doigt son bâton et en posant ses yeux vifs sur le jeune soldat qui l'avait détaillé des pieds à la tête avec l'air amusé.

L'Université était donc gardée ! Et si on se fiait à ce qu'on pouvait lire sur le placard signé « Hugin l'Avisé », il y avait fort à parier que ce n'était pas là une façon de protéger l'Académie contre l'extérieur. Cartogan avait-il décidé de museler les érudits ? Mais pourquoi diable ?! Gardant ses réflexions par devers lui, Mithrandir repris la parole.

- Quant à mes affaires ici, elles ne concernent que moi, quelques soit les ordres que vous ayez reçus. Il ne vous appartient pas d'autoriser ou non mes déplacements, si rares soient-ils. Après avoir maintenu un air courroucé quelques instants, il éclata de rire pour détendre l'atmosphère et se montrer plus amical : nul besoin de s'attirer des ennuis.

- Pour dire vrai je suis à la recherche d'un ouvrage qui doit se trouver ici. Voyez-vous je parcourais un traité de botanique sur les vertus des plantes médicinales, j'ai emprunté cet ouvrage à mon ami alchimiste qui l'a d'ailleurs griffonné en tous sens, le rendant assez peu lisibles, et euh... où en étais-je ? Ah oui, je parcourais ce traité, je devais en être rendu quelque pages après la passiflore... ou bien était-ce la belladone ? Je ne sais plus... Il faut dire que mon fils venait d'entrer dans la bibliothèque et qu'il y a mis un sacré remue-ménage ! Bref, je lisais ce traité quand je suis tombé sur la mention d'un livre détaillant d'autres usages de certaines de ces plantes. Comme je tentais de me perfectionner en alchimie... alors vous pensez certainement qu'en la matière la pratique est plus utile que la théorie, mais voyez-vous j'ai toujours aimé la théorie. C'est utile à savoir ce que l'on fait, à comprendre ce que l'on fait, avant de le faire. Donc j'aurais besoin de ce livre. Il doit s'agir de milles et un usages des plantes médicinales par... mince, quel est son nom déjà ? Enfin bref, peut-être pourriez-vous m'aider à trouver un professeur de botanique qui saurait où trouver ce livre ? Voyez-vous j'ai déjà parcouru l'intégralité de ma bibliothèque, en vain, je me suis ensuite rendu à...

Tout en continuant son monologue et en s'arrangeant pour le rendre aussi dense que flou, il observa les gardes. S'il continuait ainsi peut-être ces derniers mettraient-ils un terme à son soliloque et lui permettraient-ils de passer sans heurt. Il lui semblait plus pertinent de jouer le mage un peu farfelu que de leur rappeler sèchement son rang dans la hiérarchie de la Cité, d'autant plus que son isolement dans sa tour avait dû alimenter plusieurs rumeurs, certains le pensaient sans doute mort...

#Mithrandir #Horas
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 17 Avr 2019 - 11:17
Cereis devait bien l'admettre, l'attitude de l'Elfe le laissait perplexe. Il devinait son caractère impétueux, indomptable, et pour autant elle ne semblait pas encline à s'opposer à lui. Pour protéger le gamin et le vieil homme ? Il savait que les Eldar se pensaient comme les défenseurs d'un idéal de paix et d'harmonie, mais il avait toujours cru que ce peuple mystérieux préférait se soucier de ses propres problèmes que de ceux des simples mortels. Les créatures telles que lui n'étaient que poussière à leurs yeux.

Il ne comprenait tout simplement pas.

Pourtant, un élément décisif le poussa à se méfier davantage que de raison. Elle avait évoqué le nom de Nallus. Elle avait eu beau feindre de ne pas le connaître, elle avait spontanément abordé le sujet, et c'était déjà bien assez pour éveiller la suspicion à son endroit. Ses ordres, comme il l'avait indiqué à l'Elfe, étaient particulièrement stricts. On ne lui avait donné que très peu d'informations, mais il se souvenait encore très bien des mots de son supérieur : « elle est peut-être liée dans le complot de Nallus ». Ces paroles étaient gravées dans sa mémoire, et il n'avait pas le sentiment qu'il s'agissait d'une simple coïncidence. Il avait vu trop d'espions ennemis au cours de sa carrière pour encore croire à ce genre de choses. L'Elfe, quelles que fussent ses intentions, n'était pas aussi innocente qu'elle voulait bien le faire croire.

En la voyant essayer de négocier pour défendre les deux érudits, il comprit qu'il avait là une opportunité à exploiter, une faille dans sa garde qu'elle laissait délibérément ouverte, en espérant qu'il allait faire preuve de clémence envers les innocents. Cereis n'était pas un homme fondamentalement mauvais, et il ne prenait aucun plaisir à ce genre de choses, même s'il accomplissait son devoir avec un zèle louable. Lorsque l'occasion lui fut présentée de mettre un terme à cette affaire sans trop de vagues, il s'en empara sans la moindre hésitation.

- Très bien, madame, nous ferons ainsi. Relâchez-le.

Horas retrouva sa liberté, mais il était encore sous le choc, et il mit un moment à reprendre ses esprits. La scène qui se jouait ici était par trop inhabituelle entre ces murs pour que quiconque y fût préparé. A part Lithildren, naturellement. Cereis la dévisagea, lui faisant comprendre que son geste de bonne volonté exigeait une contrepartie de la part de l'Elfe, et qu'elle devait se soumettre au protocole.

- Si vous nous aviez suivi sagement dans un premier temps, nous n'aurions pas eu besoin de telles entraves. Cependant je serais plus rassuré en vous sachant attachée. Rassurez-vous, à cette heure Minas Tirith dort encore, et vous éviterez l'humiliation publique.

Maigre consolation, mais il s'agissait néanmoins d'un privilège rare. Elle aurait pu être arrêtée avec fracas par les autorités de la cité, conduite sans merci au milieu d'une foule ébahie qui l'aurait prise pour cible avec cruauté. Dans le contexte tendu de ces derniers temps, les espions et les traîtres suscitaient une rage populaire à nulle autre pareille. Le peuple de Minas Tirith cherchait les potentiels rebelles, et se méfiait comme de la peste des nouveaux venus en ville, dont l'allégeance n'était pas claire. La confiance était devenue rare, et les individus comme Mevan ou Erelas – qui accordaient du crédit aux propos d'une inconnue – avaient été marginalisés par la politique du général Cartogan. Cet homme exigeait une loyauté sans faille de la part de ses troupes, afin de maintenir l'ordre.

Toujours l'ordre.

Il n'y avait pas de place pour la sympathie, pour les sentiments ou pour les initiatives personnelles. L'obéissance était la clé de voûte de son armée, et il avait instauré une politique sécuritaire nouvelle et brutale à Minas Tirith qui, il fallait bien l'avouer, avait produit des résultats inespérés. La paix était revenue au sein des sept cercles, on ne parlait plus de sombres complots contre la personne du roi, et même les bandes criminelles qui avaient fait des premiers cercles leurs terrains de jeu avaient été repoussées et se dissolvaient comme des ombres à midi.

Lithildren fut donc attachée, mais de sorte à ce qu'elle ne sentît pas trop durement la morsure de la corde sur ses poignets. Une attention discrète que Cereis avait envers elle afin de lui montrer qu'il n'était pas là pour la faire souffrir inutilement. Il souhaitait simplement lui poser des questions. Ils s'éloignèrent donc rapidement de l'université, et prirent la direction de la caserne, qui se trouvait plus haut dans la cité, les obligeant à remonter progressivement le long du chemin unique qui serpentait à travers la capitale comme un serpent gigantesque enroulé autour de la montagne. Les rues étaient effectivement désertes à cette heure, et ils ne croisèrent ni commerçants, ni artisans, ni même les nobles les plus matinaux qui dormaient encore. Si quelque chose devait se dérouler, il n'y aurait aucun témoin.

Le malaise des soldats était perceptible, et Lithildren pouvait sentir leur tension qui s'exprimait par des contractions nerveuses qui se répercutaient jusque dans leurs doigts, et à travers le tissu sur les bras de la guerrière. Ils étaient concentrés, mais quelque chose les agitait, sans qu'il fût possible de dire quoi avec certitude. Tout à coup, Cereis bifurqua de la rue principale, et s'engouffra dans une artère moins exposée. Cela ne ressemblait pas au chemin de la caserne, à n'en pas douter, mais personne ne jugea utile de faire le moindre commentaire.

Cependant, alors qu'ils continuaient à progresser tranquillement vers des ruelles de plus en plus étroites, ils s'arrêtèrent. Leur route était barrée par une silhouette encapuchonnée qui se tenait trop loin pour pouvoir être identifiée avec certitude.

- Qui va là ? Fit Cereis en portant instinctivement la main à son arme, un réflexe qu'il avait conservé de ses nombreuses missions à l'étranger.

La silhouette s'avança légèrement, et rabattit le capuchon qui dissimulait son visage. Une pluie de cheveux blancs cascada autour d'un visage glacial. Des yeux pénétrants plongèrent dans celui du chef de troupe, et une voix résonna, pure comme le cristal et tranchante comme l'acier :

- C'est moi, Cereis. J'ai l'impression que tu t'es trompé de chemin.


- Neige, feula-t-il. Que veux-tu ?

La femme s'approcha de nouveau, de toute évidence insensible à la présence des deux hommes derrière Cereis. Ce dernier semblait agité… de la peur ? Oui, il avait l'air de craindre cette femme, et ce qu'elle pouvait lui faire. Leur faire. Il fallait s'en méfier, assurément.

- Ton ordre de mission, Cereis. Que dit-il, précisément ?

- Cela ne te concer…

Le regard de Neige s'agrandit légèrement, et ce simple geste suffit à faire regretter au guerrier ses velléités de résistance. Il tira de sa poche un document soigneusement plié et cacheté, qu'il tendit à la femme aux cheveux blancs. Celle-ci s'en empara sans un mot, et le lut attentivement, indifférente à la nervosité presque palpable de tous les autres. Elle agrémenta sa lecture de nombreux « hm » pensifs, avant de reprendre :

- Je vais prendre en charge cette dame à partir de maintenant. Tu peux disposer, Cereis.

- M-Mais…

Un nouveau regard le figea sur place. Neige n'était pas d'humeur à plaisanter, ou à tolérer le moindre signe d'insubordination. Car oui, Cereis était bien son subalterne, et même s'il tenait ses ordres de tout en haut, il n'en demeurait pas moins sous sa direction. Il fit signe aux deux hommes, et ils firent demi-tour sans mot dire, s'éloignant d'un pas pressé pour cacher leur humiliation. Neige les observa s'éloigner au loin, avant de revenir à l'Elfe. Elle tira un poignard, et d'un geste sec fit tomber les liens qui l'entravaient.

- Je suis désolée pour tout ça. Vous arrivez à Minas Tirith dans une situation très particulière, je le crains. Vous êtes Lithildren, c'est bien ça ?

La question pouvait paraître anodine, mais elle en soulevait bien d'autres. Ce n'était pourtant pas le lieu pour en discuter. Neige était énergique, et elle savait rentabiliser son temps. Elle entraîna l'Elfe dans la direction inverse de celle où elle allait, pressant le pas pour éviter de croiser une patrouille par inadvertance. Son pas rapide ne favorisait pas la conversation, mais elle trouva néanmoins le temps de donner de brèves explications.

- Nous retournons à l'université. Je crains que vos amis ne fassent une bêtise si nous les laissons sans nouvelles trop longtemps.

Elle marqua une pause, avant d'ajouter :

- Il est curieux qu'ils aient pris fait et cause pour vous si rapidement, mais s'ils vous ont fait confiance, c'est que vous méritez sans doute que l'on vous écoute.

En arrivant dans les lieux qui avaient accueilli Lithildren, Neige et elle furent accueillies par le rire communicatif de Horas qui semblait immensément heureux de retrouver leur visiteuse. Son sourire s'étendait d'une oreille à l'autre, et il serra chaleureusement la main qui lui était tendue, manquant de danser sur place tant il trépignait d'impatience à l'idée de connaître le fin mot de cette affaire. Mais ce fut la réaction de Reinil qui fut la plus touchante. En voyant l'Elfe revenir, il s'était précipité vers elle et l'avait pris dans ses bras comme un fils retrouvant sa mère. Il la serra fort, avant de lâcher :

- Nous vous croyions perdue ! C'est un miracle !

Neige, qui se tenait tout à côté, afficha un sourire gêné. Elle ne savait jamais comment réagir quand les choses allaient bien… Peut-être parce qu'elle savait que tout allait basculer rapidement. D'une voix qu'elle voulait apaisante, elle demanda à Horas :

- Où pouvons-nous discuter tranquillement, monsieur ? Je souhaiterais m'entretenir avec cette femme.

#Reinil #Cereis #Horas
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 16 Avr 2019 - 16:52
Il y eut un silence fort long et fort gênant sitôt que Lithildren eut terminé de prendre la parole. Horas, notamment, semblait estomaqué, comme s'il n'en revenait pas de voir la guerrière tenir tête ainsi à trois hommes armés. Il ignorait bien entendu les capacités de l'Elfe, mais même une fière représentante des Premiers Nés aurait eu fort à faire face à trois hommes d'armes de toute évidence expérimentés et déterminés. Sa bravoure tranchait avec la posture d'ordinaire complaisante et résignée des érudits de Minas Tirith, qui s'étaient toujours pliés aux directives des autorités sans jamais opposer rien de plus qu'une résistance morale. Ils ne se seraient jamais opposés de cette manière à des hommes du Haut-Roy, et à l'évidence les intéressés ne s'attendaient pas une telle réaction.

Cereis, en particulier, fronça les sourcils brusquement, contrarié de voir la tournure que prenaient les événements. Mais un sourire cynique ne tarda pas à revenir hanter son visage jusqu'alors fermé. Un « simple soldat » ? Cette Elfe était décidément très amusante.

- En pleine nuit, fit-il sur un ton acide ? Ne voyez-vous pas que déjà le soleil se lève derrière le Mordor ? Nous avons eu la politesse de vous accorder une nuit de sommeil avant de vous questionner, mais la courtoisie a assez duré. Emparez-vous d'elle, nous l'interrogerons à la caserne !

Les deux hommes firent un pas en avant pour se saisir de Lithildren, mais Horas et Reinil essayèrent de s'interposer, plaidant en la faveur de leur invitée qui n'avait, après tout, rien fait de mal sinon venir faire quelques recherches au sein de l'université.

- Attendez, cria notamment le jeune garçon en levant les mains. Vous ne pouvez pas arrêter quelqu'un de cette manière, sans motif valable.

Le chef du trio fit claquer sa langue, décidément très contrarié par l'attitude de Reinil et par son outrecuidance. Il répondit sèchement :

- Nous n'arrêtons pas madame, nous la conduisons simplement ailleurs pour procéder à son interrogatoire. Mais si elle résiste, alors nous serons contraints de procéder à son arrestation, ainsi qu'à celle de tous ses complices, en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés par le Haut-Roy.

En disant cela, il avait tapé du plat de la main sur l'armure du garde à sa droite, sur laquelle apparaissait un arbre stylisé. Le symbole du Gondor et de la lignée des rois qui gouvernaient cette cité depuis des âges. S'opposer à ceux qui arboraient cette tunique, cela revenait à s'opposer au royaume tout entier, mais plus largement aux Peuples Libres et, dans l'esprit de Cereis, à la notion même de « Bien ». Il croyait fermement dans la rectitude morale de son peuple, et il ne pouvait tolérer qu'on résistât aux directives qui venaient d'en haut. Cela contrevenait à sa conception très manichéenne des choses.

- Quant à toi gamin, c'est la dernière fois que tu te dresses entre moi et ma mission. Si tu veux continuer à vivre tranquillement ici, écarte-toi. A moins que tu ne préfères que je t'arrête sur-le-champ pour avoir cherché à défier mon autorité.

Reinil devint livide. Confronté à la perspective d'être emprisonné et jugé pour un acte séditieux, il se sentit soudainement faiblir. Dame Lithildren avait peut-être l'habitude de ce genre de situations, mais pas lui, et tout à coup la réalité venait le heurter de plein fouet. Cependant, avant d'avoir pu répondre, ce fut Horas qui prit la parole, aussi rusé que d'habitude :

- Monsieur Cereis, fit-il en feignant la politesse. Je crois que tout le monde ici veut que les choses se terminent bien. Si vous vouliez bien nous dire ce qui vous amène ici, nous pourrions essayer de régler cela pacifiquement.

- Cette femme, répondit l'intéressé en la pointant du doigt, est entrée à Minas Tirith pour des motifs qui apparaissent peu clairs à mes supérieurs, et sa présence ici soulève de nombreuses questions dans le contexte actuel.

Horas jeta un regard en coin à Lithildren, les yeux pétillants de malice :

- Je crois qu'elle vous a répondu, monsieur. Elle est ici pour faire de la recherche, rien de plus. Avez-vous une raison particulière de ne pas la croire ?

Pour la première fois, Cereis parut perdre de sa superbe. La façon dont la question était tournée donnait l'impression que quelque chose se tramait, et que les soldats en étaient responsables. D'ailleurs, les deux gardes se tournèrent vers leur chef, curieux d'entendre sa réponse. Ils n'étaient pas là pour parler, mais ils savaient écouter et leur jugement n'en serait pas moins décisif si des choses immorales étaient à l'œuvre. Même s'ils obéissaient fidèlement aux ordres, ils savaient encore distinguer le bien du mal. Cereis s'éclaircit la gorge, cherchant à écarter les accusations :

- Eh bien… je trouve seulement cela suspect. Je souhaite savoir quelles informations vous recherchez, et dans quel but. Vous n'êtes pas ici simplement pour lire quelques livres et bavasser avec les professeurs, n'est-ce pas ?

Il marqua une pause lourde de sens. Même si l'université de Minas Tirith était renommée dans toute la Terre du Milieu, les Elfes avaient dans leurs propres bibliothèques des textes infiniment plus précieux que ceux que l'on pouvait trouver ici, et leurs sages en connaissaient certainement bien davantage que les plus éminents enseignants. Pour Cereis, il y avait anguille sous roche, et il était déterminé à mettre la main dessus, quitte à déplaire à ceux qui se mettraient en travers de sa route. Ce fut Horas qui, le premier, fit les frais de ce caractère inflexible.

- Mais monsieur, s'exclama-t-il presque outré, pensez-vous que nous soyons des chercheurs de pacotille, et que nous ne pouvons pas converser avec une Elfe ? Croyez-vous qu'en nous injuriant après avoir manqué du respect le plus élémentaire envers notre communauté vous gagnera nos faveurs ? Je vous prierais de bien vouloir quitter les lieux, et de faire intervenir votre supérieur en personne ! Cela suffit, à présent !

La colère indignée de Horas était montée brusquement, mais la réaction de Cereis fut aussi vive que cinglante.

- Taisez-vous, vieil homme !

Horas, peu habitué à être ainsi repris, se tut brusquement, choqué.

- Je ne réponds que devant le Général Cartogan, tempêta le militaire, et ce n'est pas vous qui allez me dicter ma conduite. Vos prétendus droits ne sont rien face aux impératifs de la défense de cette cité, mais vous… vous entravez mon enquête. Gardes, arrêtez cet homme, et conduisez-le immédiatement en détention.

Un des deux soldats s'approcha de Horas qui, encore  abasourdi, n'opposa pas la moindre résistance. Une main ferme se posa sur son épaule et l'éloigna de la scène, sans lui laisser l'opportunité d'intervenir par ailleurs. Cereis se détourna de lui, et focalisa son attention sur Lithildren. Cependant, Reinil s'interposa de nouveau entre elle et lui, ce qui fit monter la colère dans le guerrier. Il ne comprenait pas que dans les circonstances, de simples civils trouvassent le cran de s'opposer aussi ouvertement à l'autorité royale. Ne comprenaient-ils pas que l'ennemi était aux portes, et qu'ils ne pouvaient pas simplement accueillir une étrangère au sein de leurs murs ? Des espions et des traîtres circulaient de toutes parts, et tous ne se présentaient pas sous les formes les plus désagréables.

- Écoutez, madame… Suivez-nous sans protester, et je m'arrangerai pour laisser votre jeune compagnon tranquille. Mais si vous faites du zèle, je serai obligé de tous vous appréhender, et les Valar seuls savent ce qu'il adviendra de vous par la suite. Tendez-moi vos mains.

En disant cela, il avait sorti une corde, qu'il tenait ostensiblement dans sa main ouverte. Un signe qu'il voulait bienveillant. L'autre n'était pas très loin de son épée pourtant, et il n'hésiterait pas à répondre à la force par la force si Lithildren tentait quoi que ce fût d'inconsidéré.

#Cereis #Horas #Reinil
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag horas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 13 Avr 2019 - 20:17
L'éclair de peur qui passa dans les yeux de Reinil fit peut-être regretter à Lithildren de s'être montrée trop franche. Après tout, elle manifestait une certaine froideur face à la mort physique et aux perspectives de la prison, mais le jeune garçon qui lui faisait face semblait avoir été catapulté dans un univers qui n'était pas le sien. La violence, l'illégalité, le danger… autant de concepts qui le dépassaient et qu'il n'arrivait pas à bien se représenter. Il s'était toujours vu comme un fervent défenseur de la vérité et de la connaissance, mais avec l'arrestation de Nallus, la quarantaine dans la Cité Blanche, et toutes ces choses qui se passaient, il avait l'impression que ses certitudes s'effondraient.

La vérité ne protégeait pas contre l'arbitraire, la force et la cruauté.

Il était bel et bien en danger.

- J'ai très peur, Dame Lithildren.

Cette confession lui avait échappé, et il baissa la tête plein de honte. Il aurait voulu être plus courageux, avoir le cœur brave de ces chevaliers qui partaient à l'aventure sans craindre ni l'adversité ni les épreuves. Mais il n'était qu'un jeune érudit perdu dans ses livres. Il n'avait pas ces qualités.

- Je vous aiderai de mon mieux, cependant. Pour monsieur Nallus.

Cette pensée réconfortante lui tira un sourire difficile. Il songeait souvent au vieil homme, qui devait se morfondre entre quatre murs glacés, dans une pénombre épuisante. C'était du moins ainsi que le garçon se représentait une cellule, et il espérait bien pouvoir en tirer son mentor. Malgré ses doutes et ses hésitations, il éprouvait au fond de lui-même une forme d'excitation incontrôlable à l'idée de mener enfin un combat qui en valait la peine. Il était là pour aider Lithildren, et il lui semblait tout à coup que tous ses efforts passés avaient désormais un sens. Il n'apprenait plus simplement pour impressionner ses professeurs ou éprouver la satisfaction discrète du travail accompli, mais pour une cause noble et juste qui méritait d'être défendue. C'était sans doute ce qui lui permettait de rester là, fermement ancré sur ses pieds, plutôt que de fuir en courant pour oublier toute cette histoire.

Il en était là de ses réflexions quand le cri de Lithildren le ramena brutalement à la réalité. Il sursauta comme si on l'avait piqué avec un aiguillon, et mit un moment à comprendre ce qu'elle voulait lui dire. Trouvé ? Trouvé quoi ? Son impatience était à la hauteur de sa découverte, cependant, car quand elle lui montra la clé de lecture du texte mystérieux qu'il avait retrouvé dans les documents de Nallus, ses yeux s'agrandirent de surprise.

- Un code… Astucieux !

Son enthousiasme de jeune garçon adepte de petits jeux d'esprit s'éveilla, et il adressa de sincères félicitations à l'Elfe. Elle venait de les faire avancer d'un grand bond dans cette histoire et, peut-être, de les mettre sur une piste intéressante qui leur permettrait de libérer Nallus.

- Nous avons là une indice très précieux, mais cela ne nous donne pas encore l'identité des coupables. Il serait plus prudent de garder cette lettre en sûreté.

Il invita Lithildren à le suivre un peu plus loin dans la pièce, et lui indiqua l'emplacement d'un petit coffre secret, habilement dissimulé derrière un pan de mur amovible sur simple pression. Le tout était invisible de l'extérieur, mais recelait assez d'espace pour enfermer en sûreté leurs documents et éviter une fouille. Le jeune étudiant s'en expliqua :

- La Société des Chercheurs est une institution ouverte et neutre, mais nous savons quels risques peuvent peser sur nous en raison de nos activités. L'université recèle de nombreux secrets, et nous avons pris l'habitude de mettre en sécurité le fruit des recherches les plus sensibles.

Il referma la cache soigneusement, et se tourna vers Lithildren, qui semblait au moins aussi épuisée qu'il pouvait l'être. D'une voix douce il lui indiqua :

- On ne voit guère le temps passer ici, car les fenêtres sont hautes, mais le soir tombe déjà. Que diriez-vous de prendre un repos bien mérité, et de nous restaurer ?

Reinil avait raison. Ils avaient travaillé d'arrache-pied toute la journée, sans même voir les heures défiler, et ce n'était que maintenant qu'ils se rendaient compte qu'ils n'avaient rien avalé depuis le matin. L'heure était venue de prendre un repas chaud, et de se relaxer afin d'être en mesure de percer les autres secrets de la Fraternité dès le lendemain. Ils pouvaient déjà se satisfaire de leurs progrès, car ils semblaient désormais être sur une piste brûlante qui mériterait d'être creusée plus avant. Le jeune garçon conduisit Lithildren hors de la salle de recherche, vers un grand hall désespérément vide, où se rassemblait à peine une demi-douzaine d'érudits. Ils mangeaient en bavardant de choses et d'autres, mais interrompirent leurs conversations en voyant approcher Lithildren.

Leurs sourires sincères et francs offrirent un accueil aussi chaleureux que possible à ces hommes de science et de savoir qui se réjouissaient de dîner en illustre compagnie. Ils lui firent signe d'approcher, et l'un d'entre eux s'appliqua à lui servir une large portion de légumes variés, accompagnée d'une pièce de jambon de toute évidence savoureuse. C'était un repas de qualité si on le comparait à ce que mangeaient les gens du peuple en-dehors des murs de l'imposante Minas Tirith, mais à l'échelle de la cité ce repas semblait modeste et frugal. Les professeurs cultivaient une forme de modestie qui les honorait, même s'ils vivaient dans le confort de la plus prestigieuse forteresse de la Terre du Milieu, et que leurs frais étaient couverts par le trésor royal et par les généreuses donations des aristocrates soucieux de se comporter en mécènes avisés.

Les convives se montrèrent curieux au sujet de la présence de Lithildren entre ces murs, ce qui les incita à lui poser quelques questions polies, mais ils étaient suffisamment sages pour savoir qu'il n'était pas utile de tout connaître, et que les motifs de la jeune femme n'appartenaient qu'à elle. En ce monde, la connaissance était autant une arme qu'un danger, et ils ne souhaitaient pas faire planer une quelconque menace sur eux-mêmes, surtout que l'arrestation de Nallus était encore fraîche dans leurs esprits. Ils se mirent donc rapidement à parler d'autre chose, laissant la conversation dériver au gré du hasard. Pour Reinil, ce moment de détente était tout simplement magique, et il avait toujours adoré entendre les professeurs échanger et débattre entre eux, leurs esprits vifs s'engageant dans des duels de logique et de vivacité au moins aussi impressionnants que les passes d'armes des bretteurs les plus talentueux.

Ils mangèrent, ils burent, ils rirent même aux plaisanteries acérées que les vénérables se lançaient parfois. Pour la première fois depuis fort longtemps, il sembla qu'un cocon de paix et d'harmonie venait de se constituer, loin des tourments de la guerre, de la maladie et de la Fraternité de Yavannamirë…

#Reinil

~ ~ ~ ~


Le soir entrait par la fenêtre du petit bureau, qui donnait directement sur l'ensemble de la cité. Depuis le septième niveau, les torches que portaient les gardes ressemblaient à de petites perles lumineuses, comme si sous leurs pieds s'était étendu un ciel étoilé dans lequel le vertigineux promontoire l'incitait à plonger. Quelqu'un frappa soudainement à la porte :

- Entrez, fit-il en se détachant de sa contemplation.

Un homme d'âge mûr fit son apparition dans l'entrebâillement, lissant les plis de sa tunique en essayant de cacher une pointe de nervosité. Ou d'agacement ?


- Lord Rhydon, vous vouliez me voir ?

L'intéressé hocha la tête, et prit place dans son épais fauteuil.

- Tout à fait, capitaine Erelas. Je voulais entendre de votre bouche quelles étaient les nouvelles.

Erelas s'éclaircit la gorge, se redressant imperceptiblement comme s'il s'apprêtait à faire un rapport. Il commença d'ailleurs son récit de manière méthodique, en énonçant clairement les principaux points à retenir, à savoir que la situation des civils et de l'armée était toujours sous contrôle malgré les rumeurs qui se faisaient de plus en plus insistantes, et que la garnison en place à Rammas Echor n'avait toujours repéré aucun signe menaçant de la part des Orientaux de Cair Andros. Ils attendaient, stationnés aux points stratégiques, sans savoir quand ils seraient relevés de leurs fonctions et enfin autorisés à stationner à l'intérieur de la Cité Blanche. Rhydon l'écoutait très attentivement, fixant sur lui des yeux sombres.

- Est-ce tout ? Fit-il bientôt quand Erelas eut achevé son récit.

- Euh… Oui, sire, je crois que je n'oublie rien.

- Et moi je crois au contraire que vous oubliez quelque chose de très important. On m'a rapporté que vous aviez admis quelqu'un au sein de Minas Tirith, ce matin. Une femme elfe.

Le capitaine s'efforça de rester impassible, mais il ne put s'empêcher de tiquer intérieurement. Rhydon ne l'avait pas fait venir pour un simple rapport. Il avait essayé de gagner du temps en lui parlant de choses et d'autres, mais Lithildren semblait être la principale raison pour laquelle il avait été convoqué ici. Car après tout, il n'était pas dans les habitudes de cet homme sec et pédant de prendre ses informations directement auprès des hommes de la troupe qui se trouvaient sur le terrain. De son point de vue, Erelas n'était qu'un des très nombreux maillons de la cotte de mailles humaine qui défendait Minas Tirith. Un maillon paré du titre de capitaine, mais un maillon parfaitement remplaçable néanmoins. Son ascendance noble lui conférait peut-être un certain prestige au sein de l'armée régulière, mais pas ici. Pas dans ce bureau.

- C'est exact, sire. J'ignorais cependant que vous étiez intéressé par cette affaire.

- Il n'est pas d'affaire qui n'intéresse pas le Service, capitaine. Dites-moi, pourquoi avez-vous fait entrer cette femme dans Minas Tirith ?

L'officier prit une seconde de réflexion. S'il mentait, il se pouvait fort que la situation se retournât contre lui dans le futur, et Rhydon n'était pas du genre à plaisanter avec l'insubordination. Même s'ils n'appartenaient pas officiellement à la même branche, il se débrouillerait pour briser sa carrière, voire le faire passer pour un traître au royaume. A l'heure actuelle, cette accusation pouvait suffire à l'envoyer à la potence… Il répondit sur un ton qu'il espérait convaincant :

- Elle cherchait à rencontrer les érudits de l'université de Minas Tirith, et c'est là que je l'ai conduite. J'ai aussi pensé qu'elle pourrait nous apporter son aide, car on dit que la médecine elfique est capable de faire des miracles.

La réponse était suffisamment évasive pour lui permettre de mettre Rhydon sur une fausse piste, mais l'homme était malin, et il demanda :

- Vous a-t-elle dit qui elle cherchait à rencontrer en particulier ?

- Je ne crois pas, mentit Erelas. Voulez-vous que je me charge de lui poser la question ?

Rhydon leva la main pour l'interrompre :

- Ce ne sera pas nécessaire, capitaine. Mes hommes s'en occuperont. Je ne vous retiens pas davantage, vous pouvez disposer.

Erelas inclina légèrement la tête, mais alors qu'il allait partir, Rhydon l'interpella d'une voix où ne transparaissait nulle compassion :

- Une dernière chose, capitaine… Rappelez-vous que vos ordres consistent à assurer la défense du Premier Cercle, pas de décider qui peut entrer ou sortir de Minas Tirith. Souvenez-vous en, car le général Cartogan aime peu ce genre d'initiatives. Compte-tenu du contexte, je suis sûr que vous comprenez.

- Oui sire, toutes mes excuses.

La porte se referma doucement derrière Erelas, et Rhydon lâcha un soupir. Son regard se perdit de nouveau vers l'horizon, alors qu'il se grattait le menton sans y penser. Il pressentait que quelque chose se tramait, mais il lui faudrait attendre d'obtenir un rapport à la fois fiable et précis pour se faire une idée de la situation. Le capitaine ne lui avait pas tout dit, et il y avait comme un vent de sédition dans les bas-fonds de Minas Tirith. Il se leva pour regarder de nouveau par la fenêtre, conscient que les ennemis du Gondor ne se trouvaient pas tous à l'extérieur de ces murs…


~ ~ ~ ~


Au petit matin, les jardins de l'université avaient ce petit quelque chose de féerique. Baignés d'une douce lumière, les lieux s'illuminaient de manière somptueuse, alors que plantes et murs se confondaient l'un avec l'autre, mariage curieux de la pierre et des végétaux le long d'ensembles architecturaux construits par des artistes de grand talent. Leur nom était peut-être oublié aujourd'hui, mais la beauté de leur création continuait de transparaître. On reconnaissait les traits númenoréens, à la fois lourds et imposants, mais s'y ajoutait la finesse et le goût du détail des Eldar. Le résultat était magnifique, et il fait bon se promener à l'ombre des grands arbres aux feuilles légèrement agitées par la brise en profitant de cette vue à nulle autre pareille dans la Cité Blanche. Cependant, quelque chose vint troubler le cadre idyllique et apaisant du jardin. Le bruit distinct de bruits de pas nombreux, accompagné des échos d'une vive discussion.

- Mais vous n'avez pas le droit ! Nous avons déjà déposé une plainte à Sa Majesté, et nous ne manquerons pas de dénoncer vos abus de pouvoir !

L'homme qui essayait vainement de défendre sa cause était un des professeurs que Lithildren avait rencontrés la veille. Il s'appelait Horas, et elle n'avait pas pu ne pas remarquer son regard malicieux. Il était un véritable bout en train d'ordinaire, mais en la circonstance il paraissait plutôt courroucé par la présence incongrue de deux soldats de l'armée royale en uniforme, qui escortaient un troisième homme, de toute évidence le chef de la troupe. Celui-ci, enveloppé dans une cape légère, pressait le pas pour ne pas avoir à écouter les plaintes du professeur. Les deux soldats qui le suivaient essayaient quant à eux de calmer leur interlocuteur qui n'en démordait pas et exigeait d'eux qu'ils attendissent aux portes de l'université.

Reinil était réveillé depuis quelques temps, et il avait déjà eu le loisir de se toiletter et de s'apprêter. Il se préparait en réalité à aller prendre le premier repas de la journée dans le hall commun, quand il entendit des éclats de voix. Il ne mit pas longtemps à comprendre que des hommes du Haut-Roy se trouvaient sur les terres de l'université, et que cette nouvelle violation de leurs droits ne pouvait avoir pour cause que la présence de Lithildren, arrivée la veille. Abandonnant ses affaires sur place, il se précipita jusqu'à la chambre de la guerrière, qui se reposait encore. Toquant précipitamment, il souffa :

- Dame Lithildren, c'est Reinil. Je… Faites vite, je crois que des hommes viennent pour vous !

Il entendit de l'agitation à l'intérieur, comme quelqu'un qui s'habillait prestement, et en retour il décida de monter la garde à l'entrée, prêt à accueillir le trio qui tournait déjà au bout du couloir et marchait vers lui d'un pas décidé.

- Garçon ! Cria le chef de la compagnie. Où se trouve l'Elfe ? Réponds rapidement, nous sommes pressés.

- Elle est à l'intérieur, mais elle n'est pas encore disposée à vous recevoir.

L'homme semblait ne pas se soucier de cet état de fait, mais Reinil s'interposa entre lui et la porte, la bloquant de sa frêle personne. Cette micro-résistance parut surprendre le militaire, qui rapprocha instinctivement la main de son épée. De toute évidence, ils étaient à cran, et ils n'avaient pas envie de perdre du temps. Pour autant, un meurtre de sang froid au beau milieu de l'un des lieux les plus révérés de la Cité Blanche serait considéré comme impardonnable. Il lui fallait trouver une autre solution.

- Nous avons des questions à lui poser, c'est tout.

- Une dame ne saurait voir quiconque avant d'être habillée, monsieur.

L'intéressé fit claquer sa langue, agacé. Il n'était pas payé pour qu'un gamin lui tînt tête. Au moment où il se trouvait sur le point de s'emparer de Reinil pour l'écarter sans ménagement de sa route, il vit toutefois la porte s'ouvrir. Lithildren fit son apparition, une expression indéchiffrable sur le visage. Mentalement, l'homme la compara au portrait sommaire qu'on lui en avait dressé, et jugea qu'il s'agissait probablement de celle qu'il recherchait. Elle avait des oreilles pointues, ce qui était assez rare dans la capitale du Gondor à l'heure actuelle. Pas de doute, c'était bien elle.

- Bonjour madame, je m'appelle Cereis. Au nom de Sa Majesté Mephisto, j'aimerais éclaircir les raisons de votre présence ici. Voudriez-vous nous expliquer ce qui vous amène à Minas Tirith ? Plus précisément à l'université ?

Un silence s'installa entre tous ceux qui étaient présents, y compris Horas qui venait d'arriver, le souffle court. Chacun regardait Lithildren dans l'attente de sa réponse. Cereis, qui paraissait très sûr de lui, se permit d'ajouter :

- J'ai des ordres très stricts, et je préférerais vous voir collaborer avec nous.

La menace était à peine voilée. Reinil, qui s'était légèrement écarté, ne put s'empêcher de noter que le pourpoint du dénommé Cereis ne portait pas les armes traditionnelles du Gondor. Il ressemblait peut-être à un militaire, mais il n'en avait certainement pas l'uniforme, contrairement aux deux gardes qui l'accompagnaient. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?

#Cereis #Horas
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