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 La Lune n’a rien à craindre des Loups…

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Forlong
Tribun Militaire d'Arnor
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Forlong

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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptySam 18 Fév 2012 - 18:33
Le cœur de Forlong s’accéléra lorsqu’il entendit les paroles prononcées par l’elfe. Elle le suivrait. Par tendresse, par sens de devoir ou autre encore, il ne savait pas. Mais elle ne comptait pas le quitter malgré les évènements de la nuit passée…il ressentit une pique de jalousie lorsque la femme étreignit le vagabond, tout en se rendant immédiatement compte de l’absurdité de cette pensée.

Nathanael et Calimehtar semblaient le percevoir en tant qu’animal blessé, en besoin de soins et de protection…ils avaient malheureusement raison. Le Loup Blanc regarda autour de lui. Un blessé, un vieux paysan et une femme aux yeux bandés. Il ne leur restait plus qu’à espérer que les routes du Gondor seraient bien gardées par les soldats du Roy.  

Il fut arraché de ses pensées par les paroles de Nathanael. Il identifia sans problème le sens caché du monologue…Lost Ore, la Tête, et la Couronne de Fer. L’homme du Nord ne put s’empêcher, encore une fois, d’admirer l’esprit vif du conteur. Cependant son discours n’était en aucun cas rassurant. Après le chaos, la destruction et la déception de la campagne d’Assabia, ces quelques journées passées en compagnie du conteur et de la guérisseuse avaient eu un effet bénéfique sur le vétéran. Comme tout loup blessé, il désirait simplement se retraiter quelque part, et guérir ou mourir en paix. Et pourtant son repos ne durerait pas longtemps…assez peut être pour guérir son épaule, mais probablement pas pour soigner son âme tourmentée.

Les adieux furent brefs et simples. Forlong regarda l’homme barbu dans les yeux, et lui souhaita bonne chance dans ses aventures. Il espérait sincèrement revoir un jour Nathanael; une amitié avait lié ces deux hommes si différents, et ils savaient qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre. Un luxe rare dans ce monde corrompu.

C’est ainsi que leurs chemins se séparèrent…l’homme du Nord et l’elfe se dirigeaient à présent vers un avenir incertain au rythme irrégulier du chariot rempli de foin.

La proximité de Calimehtar n’avait pas laissé Forlong indifférent, et le contact presque imperceptible avec sa jambe lui fit contracter ses muscles. Il sourit intérieurement ; le bandeau qui recouvrait les yeux de l’elfe lui permettait de l’observer sans qu’elle s’en aperçoive, du moins il espérait que ca soit le cas. Le dunadan regarda les traits délicats du visage de la femme, traça du regard la ligne gracieuse de ses épaules…des épaules qu’il avait senti frémir légèrement sous son toucher il y a quelques heures à peine. Il tenta tant bien que mal de penser à autre chose.

Ses pensées revinrent vers son fief…le château Beauclair. Il n’avait pas posé pied sur ses terres depuis plus de six ans à présent. Les habitants du village le croyaient sans doute mort, même s’il s’était assuré qu’une somme d’argent soit régulièrement versée dans les coffres du château, afin que ses hommes ne souffrent pas de faim ou de froid en hiver. Forlong n’avait pas dit à l’elfe qu’ils se dirigeaient vers son propre fief. Elle ne savait pas qu’il était un seigneur. Un chevalier, qui jadis marchait aux côtés des grands de ce monde. Aujourd’hui, il ne restait plus qu’un vétéran blessé, vêtu d’une vieille veste de cuir. Non…il ne lui avait pas dit. Pourquoi ? Il ne savait pas vraiment lui-même. Peut être qu’il avait encore peur de faire entièrement confiance à quelqu’un, surtout une personne qu’il connaissait depuis quelques jours seulement. Et pourtant, il ne pouvait penser à Calime’ en tant qu’inconnue. Ces nuits passées devant le feu de camp, ses mains délicates remplaçant ses bandages, son chant doux à son oreille…sa peau chaude sous ses doigts. Oui…elle était devenue une part de sa vie. Cependant la méfiance n’était pas la seule raison de son silence ; le Loup Blanc ne savait pas comment il allait être accueilli dans son fief. Avec haine ? Méfiance ? Peut être que le château avait à présent un nouveau seigneur, après la mort présumée de Forlong Neldoreth d’Arnor…il ne savait pas. Les questions se multipliaient dans sa tête, et il soupira légèrement. Il ne lui restait plus qu’à attendre.


Ils ne parlèrent pas beaucoup. L’absence du conteur se faisait ressentir…mais il ne s’agissait pas d’un silence inconfortable.  Le Loup Blanc était habitué à la solitude et au bruit seul de ses pensées, et la proximité de l’elfe semblait remplir le vide de son cœur. Il fronça les sourcils lorsqu’il s’aperçut qu’il attendait avec impatience les soins quotidiens de la guérisseuse. Bien que douloureux, ces séances représentaient pour lui un moment de tranquillité sans pareil, et une intimité étrange avec Calimehtar.


***


Forlong espérait arriver dans son fief dans la soirée, mais la chance ne leur souriait pas. Le soleil hivernal s’apprêtait déjà à se coucher lorsque le vieux paysan, habituellement silencieux, lança un juron, accompagné d’un secouement brusque qui éveilla une douleur brûlante dans l’épaule du guerrier. La réponse du Gondorien aux questions des voyageurs fut brève ; la roue du chariot était cassée. Il pouvait la réparer, mais cela prendrait plusieurs heures. Ils allaient passer la nuit ici.

La nuit fut glaciale, et un vent froid sifflait autour des voyageurs, faisant danser les flammes frêles de leur petit feu de camp. Ils étaient tous fatigués, et l’humeur noire du paysan avait mit fin à toutes tentatives de conversation. Le vieillard s’empara de ses outils, et se mit à travailler sur la roue. Forlong quant à lui s’aperçut du froid que devait ressentir l’elfe. Espérant que son action ne dérangerait pas Calimehtar, il s’approcha d’elle, et l’entoura de son bras sain, mettant une couverture par-dessus leurs corps. De l’autre côté, il avait posé Lunerill, son épée fidèle qu’il espérait ne pas devoir utiliser cette nuit. Le sommeil finit par envahir les voyageurs, et la chaleur de leurs corps les protégea en partie de la colère du vent…


***


Ils furent réveillés par le paysan peu de temps après l’aube. La roue était réparée, mais l’homme était aussi amer que la nuit passée. Il se contenta de lancer un regard douteux aux deux voyageurs, qu’il associait à présent avec la maison de joie de Pelargir.

Lorsque le soleil était au zénith, Forlong et Calimehtar partagèrent un repas modeste sur le chariot. Le Dunadan mangea avec appétit, ce qu’il considéra comme un signe qu’il revenait doucement à la santé. Il tenta de penser à autre chose qu’au corps de la femme à côté du sien la nuit passée. Il s’aperçut soudainement qu’il avait commencé à neiger ; des grands flocons de neige virevoltaient dans l’air, et tombaient sur ses cheveux blancs. Le spectacle lui rappela son Arnor natal, et il sourit brièvement malgré lui. Le charretier ne semblait pas partager son enthousiasme, et cracha sur le côté de la route.

Au bout de quelques heures, le guerrier commença à reconnaitre le paysage. Il s’agissait de la route menant vers Dol Amroth, la cité du cygne. Ils n’étaient plus très loin. La voix du paysan se fit entendre:

-Le chemin vers le fief Beauclair se trouve à gauche…à cheval vous devriez à arriver en une heure ou deux. Je n’ai pu réparer la roue du chariot que provisoirement, et je veux l’emmener à Dol Amroth le plus tôt possible. Surtout avec cette satanée neige. Nos chemins se séparent ici…

Bien que le paysan leur avait jadis promis de les emmener jusqu’au fief, le dunadan ne protesta pas. Il comprenait que l’homme avait envie de retrouver sa famille, et se débarrasser enfin de ces voyageurs étranges. Il pensait être à présent capable de monter à cheval…il paya généreusement le charretier, et lui remercia pour ses services.

Forlong et Calimehtar assemblèrent leurs affaires, et l’homme du Nord dissimula son armure et ses autres possessions dans les sacoches d’Asulf, montant lui-même sur son vieux cheval du Rohan, Erwin. Il faisait plus confiance à son ancien compagnon qu’à l’étalon jeune et fougueux de Dol Amroth. Il attendit que l’elfe monte gracieusement sur sa jument, et ils partirent ensemble dans la direction de Beauclair.


***


La neige tombait à présent plus lourdement, et bientôt la route fut recouverte d’un tapis blanc…la nuit tombait vite, et les cavaliers avaient du mal à voir. Cependant ils ne pouvaient pas s’arrêter ; ils étaient si près de leur destination, et ne voulaient pas risquer une autre nuit passée dans le froid. Les trois chevaux avançaient lentement dans la neige, et les heures passaient une après l’autre…La précipitation fit place à une véritable tempête, et les voyageurs sentirent le froid percer leurs vêtements et les envahir. Ils n’avaient pas d’autre choix que d’avancer…Forlong se sentait faible à cause de sa blessure, mais s’inquiétait surtout pour sa compagne, sans savoir si elle était habituée à ce genre de conditions…heureusement leurs chevaux étaient expérimentés, et les guidaient tant bien que mal à travers le paysage nocturne…

Ce fut seulement lorsque le dunadan commençait à douter de leurs chances de survie qu’il aperçut au loin les contours noirs de bâtiments. Il bénit intérieurement les Valar, et son cheval accéléra, en sentant la proximité de la civilisation. L’homme et l’elfe descendirent tant bien que mal de leurs chevaux, et Forlong frappa lourdement sur la porte d’une grande maison en pierre et en bois. Des bruits de pas se firent entendre, et un homme assez gros vêtu d’une chemise de nuit ouvrit la porte, une bougie à la main. L’homme du Nord reconnut ses traits, il s’agissait d’un des villageois de Beauclair…mais ce dernier ne semblait pas reconnaitre le Loup Blanc dans la pénombre.

-La tempête nous a piégé, et nous avons failli y rester…nous avons besoin d’un endroit pour passer la nuit…

L’homme les regarda, et dit :

-Voyager par ce temps de chien…quelle idée…je n’ai malheureusement pas de place dans ma maison, mais mes écuries sont presque vides en ce moment. Vous pouvez y laisser vos chevaux ; le bâtiment est solide et chaud, vous y trouverez aussi du foin. Il ne s’agit pas d’un palais royal, mais vous serez à l'abri de la neige.

Forlong le remercia, et, suivi de près par l’elfe, se dirigea vers les écuries, en titubant légèrement. Lorsqu’il entra dans le bâtiment, il jeta sa cape enneigée sur le sol, et guida les chevaux dans les boxes. D’une main un peu tremblante, il sortit une bouteille d’alcool de son sac de voyage, et but une gorgée généreuse. Il sentit l’effet bénéfique du breuvage, et la chaleur se répandit dans son corps. Il voulut en proposer à l’elfe, mais il se rappela du fait qu’elle ne buvait pas. Le dunadan sortit alors quelques couvertures, et s’approcha du foin dans le coin des écuries. Il lui semblait qu’il s’agissait d’un lit royal, et il se posa lourdement dessus ; Calimehtar était déjà couchée. L’homme du Nord mit les couvertures par-dessus leurs corps, de façon maladroite à cause de sa blessure et du noir complet qui régnait dans le bâtiment.

Ils ne dirent rien, épuisés par le combat contre la tempête…ils étaient juste heureux d’être en vie, et profitaient de la chaleur du foin. Et pourtant…Forlong ne pouvait pas dormir. La proximité de l’elfe remplissait ses pensées, et son cœur battait rapidement. Il ne savait pas si c’était la fièvre, l’alcool, ou autre chose encore, mais il ne put s’empêcher. Doucement, sa main vint se poser sur l’épaule de la femme, et se glissa sous ses cheveux, dans sa nuque. Il s’approcha d’elle, la serrant contre lui avec force mais délicatesse.

Ce fut dans ces écuries désertes, dans le noir complet, alors que la neige virevoltait dans le vent dehors, que les lèvres du Loup trouvèrent celles de Calimehtar…

#Forlong #Calimehtar


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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyMer 29 Fév 2012 - 22:42
    Qu’il est étrange de retrouver le silence, tout en étant accompagnée. Après le départ de ses parents adoptifs pour Valinor, la jeune femme s’était renfermée dans un silence quasi religieux. Elle n’avait alors que peu de contact avec les autres personnes, même de sa « race », si on la considérait comme étant une elfe, et non une femme, maudite, à l’apparence d’une elfe. Elle se laissait bercer par el cahot du chariot sur les routes inégales en terre battue. La proximité du loup, lui faisait une sensation bizarre, qu’elle ne saurait expliquer. Comme…un picotement étrange, qui remontait et voyageait dans son corps. Elle abaissa sa capuche, sentant le regard appuyé de son compagnon. Aveugle, mais pas insensible à ce qui l’entourait, l’elfe n’avait pas besoin de ses yeux pour surprendre son regard. Les autres sens suffisaient.
    Le silence, n’était pas inconfortable, au contraire. Pour la jeune femme, il était même plutôt rassurant. Le silence, était une bulle de protection, de sérénité, dont elle aimait s’entourer, pour mieux se retrouver, pour mieux, réfléchir. Cependant ce coup ci, le repos était parasité. Les évènements de ces derniers jours, les épreuves passées, avec plus ou moins de brio, et cette nuit, il y a une poignée d’heures…cette nuit, sur lui, avec sa main sur son épaule. Pourquoi, à cette pensée, son cœur battait plus fort ? Ce n’était pas, des réactions décrites dans les livres… Elle poussa un soupir et se résigna. Elle était encore toute jeune elfe, d’à peine plus de deux cents ans, il était normal qu’elle ne sache pas tout.

    Leur trajet, se passa paisiblement…du moins, jusqu’au soir. Elle sentit une forte secousse et se retint de justesse d’atterrir sur l’épaule blessée du loup.
    Le charretier en expliqua rapidement la cause…une roue cassée. Elle descendit, et proposa son aide, mais son ignorance n’aurait été qu’un poids pour le pauvre homme, alors elle partit la tête basse, triste de ne pas pouvoir lui apporter son aide. Elle aida le loup, pour qu’il ne souffre pas trop, et installa un petit camp, sommaire. Elle apporta de la viande séchée au charretier, tout occupé à son travail. Il était d’une humeur massacrante. L’elfe se renfonça légèrement plus dans un silence, dépassée. La nuit était fraîche, elle le sentait, avec les nuages de vapeur qui sortaient de leurs lèvres gercées.
    Elle ne souffrait que peu de ces phénomènes, qui n’affectaient leur espèce que de loin. Mais le loup, lui…cette épreuve de plus abaisserait ses forces. Elle accepta donc de dormir à nouveau avec lui, pour qu’il profite de sa chaleur. Elle eut cependant, un frisson lorsqu’il la prit par l’épaule. Elle s’allongea, un peu mal à l’aise. Mais bientôt, elle se laissa entraîner dans un sommeil profond.

    ****

    Le réveil fut agrémenté de l’amabilité du charretier…ironie bien sûr. L’elfe se leva, et ne sentit pas le regard bizarre que l’homme leur lança, toute occupée à réunir ses affaires pour repartir au plus vite.
    En milieu de journée, la jeune femme essaya d’adoucir l’humeur du charretier par des paroles douces, et un repas, frugal, mais agréable au palais. Toute conversation avec le loup semblait compliquée à envisager. Elle avait, une sorte de blocage avec lui. Tout sujet, semblait idiot à aborder, et elle ne savait pas comment s’y prendre. Le temps se refroidit, et quelque chose se mit à tomber du ciel.


    - Il…il…neige ?

    On lui répondit par l’affirmatif, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle aurait aimé voir la neige, et la toucher, mais en plein jour, ce n’était même pas envisageable, même si le ciel devait être très couvert. Elle ne voulait pas s’y risquer, de peur d’abimer ses mains qui devaient soigner le loup. Elle s’imagina donc des étendues vierges, recouvertes de poudreuse d’une blancheur immaculée, et son sourire s’accentua. Elle aimait la neige, cela lui rappelait, certains souvenirs de son enfance particulièrement agréables.
    Cela ne dura malheureusement pas. Le charretier annonça que leurs routes se séparaient, et elle s’inquiéta fortement de l’état du loup. Elle ne préféra pas le vexer en l’aidant à ranger ses affaires, elle s’occupa donc des siennes, et remercia le charretier en lui souhaitant bonne continuation.

    Elle chevaucha sa jument, impatiente de reprendre la route, afin d’arriver dans un endroit sec et chaud, pour qu’il puisse se reposer. Ainsi donc ils se rendaient dans un…fief ? Nommé Beauclair. Un fief…Elle médita un peu sur le sens de ce mot, mais n’osa pas demander ce qu’il voulait dire. La neige tombait désormais avec ardeur, ralentissant le rythme des chevaux, avançant avec peine. Elle crispa les dents, non pas pour elle, mais par inquiétude pour l’état du loup. Elle fit en sorte de se rapprocher de son cheval, pour l’aider si besoin. Sa jument renâclait, baissait la tête pour forcer la tempête. Chaque mètre fut une épreuve, et, perdus au milieu de ce blanc, sans indices, sans repères, les heures s’écoulaient avec une lenteur désespérante. Elle parla en elfique à sa jument pour lui donner du courage…
    Enfin, ils arrivèrent dans une bourgade. Du moins, semblait il. D’un geste, elle arracha son bandeau, et le mit dans son sac. Au milieu de cette neige, elle n’avait même pas remarqué que le jour était tombé…elle ne risquait plus rien. Elle frotta ses mains, pour les réchauffer. Elle resta en arrière, tandis que le loup demandait un logis, et pris d’elle même la direction de l’écurie, sans aucune déception à avoir. Elle préférait le foin, et l’écurie, grande, à une chambre rustique où elle se sentait oppressée. D’un œil, elle aperçut son boitement. Elle l’aida à soigner les chevaux, puis, se coucha sur la paille, un soupire de soulagement entre les lèvres.

    Elle ferma les yeux un moment, calmant son souffle, se réchauffant sur le foin, avec la proximité rassurante des bêtes, calmes, dans leurs box. Une main passa sur son épaule. Elle sursauta, ouvrit les yeux et…
    La main dans ses cheveux, le loup…apposait ses lèvres contre les siennes. Lèvres douces, geste tendre…
    Sentiment ?
    Panique.
    Elle retint son souffle, figée. Il lui fallut deux secondes pour réagir.
    Réaction ?
    Elle le repoussa, sans prendre garde à son épaule. Les mots lui manquèrent. Son souffle aussi, d’ailleurs. Elle se força à respirer, le cœur battant la chamade. Elle essaya de parler à deux reprises, vainement. Elle se tut, évita son regard, et se leva vivement.


    - Vous êtes fiévreux, je vais vous chercher de l’eau fraîche.

    Elle quitta l’écurie en quatrième vitesse, sans un regard en arrière. Le vent frais lui fouetta le visage, faisant voler ses longs cheveux, couleur neige. Le bruit de ses pieds, crissant sur le sol, l’apaisa. Silence, nuit. Calme. Elle avança au milieu de la place, s’empara du seau, et le plongea d’un air absent dans les profondeurs du puit. Elle le remonta ensuite, plus lentement à cause du poids. Elle s’en empara, avec des mains tremblants, au souvenir du baiser. Que voulait il dire ? Se rendait il compte de son acte ? Il paraissait peut être anodin chez les humains, mais non les elfes. Il…il lui avait pris…son premier baiser. Son doigt passa sur ses lèvres, et elle en lâcha le seau qui vint se renverser sur elle. Elle se ressaisit, en poussant un cri de surprise. Un peu honteuse, elle regarda autour d’elle. Aucun témoin. Bon… Elle reprit le seau, le plongea une deuxième fois, et le récupéra en prenant garde ce coup ci à ne pas se laisser divertir.

    Elle marcha lentement vers l’écurie, toute occupée à ne pas renverser son contenu. Elle s’approcha du blessé, un peu gênée par cette situation. Elle pris un morceau de tissu, le trempa dans l’eau, l’essora avec minutie, puis l’appliqua doucement sur le front du loup, en prenant garde à ne pas croiser son regard. Elle avait le souffle court et les mains quelque peu tremblantes. Elle essuya son visage lentement, remouilla le tissu, l’essora, et le laissa ce coup ci sur le front. Elle s’occupa ensuite de sa blessure. Bandages, nettoyage, soins…Pas un mot.
    Sa main resta un moment sur son torse, et elle sentit son cœur aussi, irrégulier, comme le sien…
    Non, cela ne pouvait pas être cela. Il était malade, fiévreux et affaibli. Comment discerner des sentiments dans un tel état de faiblesse ? Il, l’avait seulement, embrassé parce que…parce que…sa main trembla. Elle la retira vivement, rangea avec soin ses affaires, des idées bouillonnant dans sa tête. Elle revint ensuite s’allonger sur le foin, lui tournant le dos.

    Ce…ce n’était…qu’un baiser…

    L’amour, chez les elfes, était tellement différent que chez les hommes, en était il seulement conscient ? Il n’était pas gentil de se jouer des sentiments des autres, surtout pas d’une elfe comme elle.
    Attendez, attendez une minute…Elle…elle avait des sentiments. Sentiments… ?
    Elle apposa une main sur son cœur, et serra. Elle en avait oublié qu’elle était trempée. Elle bougea doucement, se retourna. Le loup avait les yeux fermés, et une respiration paisible. Il devait dormir. Elle se leva à moitié, et, attira avec le bout de sa main, son sac vers elle. Dedans, elle en tira une tunique sèche, de couleur grise, brodée de blanc. Elle vérifia à nouveau, inspira un grand coup, et se dévêtit. Elle releva ses cheveux, et enfila la tunique sèche. Sans l’air de rien, elle se rallongea sur le côté, soudain, plus confortable.
    La nuit se passa lentement, sans qu’elle n’arrive à fermer les yeux, fixant devant elle, le box de sa jument.

    A l’aube, elle se leva, rangea les affaires, alla réveiller le loup doucement, en touchant le front pour vérifier sa température, qui avait heureusement chutée.


    - Un nouveau jour se lève, loup.

    Elle le laissa se préparer, attacha soigneusement son bandeau sur ses yeux, et le suivit docilement, à distance raisonnable…Comment réagir ? Il était l’homme, le premier, à l’avoir embrassé…
    Qui sait ce qui arriverait désormais. En tout cas, une chose n’avait pas changé. Elle était en territoire inconnu, et ne pouvait compter que sur lui.
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Forlong
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyVen 23 Mar 2012 - 15:29
Un instant de douceur…suivi aussitôt d’une explosion de douleur dans son épaule lorsqu’elle le repoussa. Il la regarda, incapable de trouver des mots, son rejet tel un seau d’eau glaciale. Elle disparut dans la nuit. Le Loup Blanc resta là pendant un instant, sans rien faire. Son sang pulsait dans ses veines, son cœur battait violemment... Avec un grognement de rage sorti d’entre ses dents serrées, il frappa le mur de bois avec le poing de son bras sain. Il sentit la douleur, puis le sang chaud sur la peau coupée de ses phalanges.
Il se maudit pour sa folie, sa naïveté. A quoi s’attendait-il ? Elle, une belle jeune femme, une elfe qui plus est, et lui, un vétéran blessé, l’épave d’un homme qu’il fut jadis. Il s’était laissé guider par ses sentiments, aveugle à l’absurdité de la situation. Il s’était permis d’oublier ce qu’il était. Lost Ore. Cœur perdu. Elle ne lui ferait probablement jamais confiance à présent.

Elle était partie suffisamment longtemps pour qu’il se mette à douter de son retour…Forlong se coucha à nouveau, les pensées noires, et ferma les yeux. Sa rage dirigée vers lui-même fut remplacée par l’inquiétude. Seule, dehors, dans la neige et la nuit. Par sa faute. Il commençait à envisager de sortir et la chercher malgré lui, lorsqu’il entendit le grincement des portes des écuries, la silhouette de Calimehtar à peine visible dans le noir. Il dissimula sa main blessée dans le foin, et ferma les yeux.

L’homme du Nord ne s’attendait pas à sentir le contact du tissu mouillé sur son visage, tendit légèrement ses muscles. Malgré la douceur de l’elfe, sa blessure, qui s’était mise à nouveau à saigner lorsqu’elle le repoussa, lui faisait mal. Le Loup Blanc accueillit volontiers la douleur, une pénitence pour sa stupidité.

Et pourtant, malgré ses pensées noires, Forlong ne restait pas indifférent au contact des mains douces de Calimehtar sur son torse nu. Son cœur battait rapidement, ses muscles étaient tendus. Il sentit sa main trembler sur sa poitrine. Avait-elle peur de lui ? Le Dunadan serra son poing blessé à la pensée. Il aurait aimé lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à craindre de sa part, mais aucun son ne sortit de ses lèvres.
L’elfe se retira, se coucha dos à lui, le laissant seul avec sa culpabilité, sa frustration, sa honte…sa déception.
Les minutes passèrent, et l’épuisement causé par sa blessure et la longue journée de voyage dans la tempête finirent par le vaincre. Forlong sombra dans un sommeil sombre et profond.

***

Ses yeux s’ouvrirent dès qu’il sentit la main de l’elfe sur son front. Vétéran de nombreuses campagnes et habitué des nuits passées seul dans les contrées sauvages, Forlong avait le sommeil léger. Il reconnut cependant tout de suite les doigts délicats de Calimehtar, et sa main se relaxa, plutôt que de se refermer sur le pommeau de son épée dissimulée dans le foin. Le Loup Blanc fut surpris de voir qu’elle lui adressait encore la parole, et d’une voix dans laquelle il ne pouvait discerner de la colère ou du mépris. Le Dunadan répondit par un hochement de la tête, et se prépara tant bien que mal, en renfilant une chemise blanche et un pantalon noir frais, puis sa veste en cuir habituelle. Il inspecta brièvement sa main droite ; le sang sur ses phalanges avait séché et noirci, la peau était légèrement enflée. Forlong ignora la douleur, et enfila un gantelet pour dissimuler la plaie.

Elle ne lui demanda pas où ils allaient à présent. Cela ne l’étonnait pas. Ils parlaient déjà pas énormément en premier lieu, et depuis la nuit passée…

Ils sortirent dans le froid, en laissant pour l’instant leurs chevaux ainsi que la plupart de leurs possessions dans les écuries. Forlong ferma à moitié les yeux, aveuglé par la lumière du jour. Le soleil était apparu au dessus des arbres, et les rayons faisaient scintiller la neige en un millier d’éclats. L’air qui remplissait ses poumons était frais et pur, et le spectacle était d’une beauté incroyable. Le Dunadan regrettait que Calimehtar ne pouvait pas en profiter…Calimehtar. Il soupira, libérant un nuage de vapeur dans l’air glacial. A la lumière du jour ses actions de la nuit passée lui semblaient encore plus ridicules, surréelles…comme un rêve. Le Loup regarda par-dessus son épaule ; la femme le suivait de près, sa démarche assurée malgré le bandeau qui recouvrait ses yeux.

Les deux voyageurs marchaient à travers la neige, parcourant le village à moitié endormi. Forlong put apercevoir quelques visages dans les fenêtres des maisons, des regards curieux les suivant. Le chemin montait légèrement, dans la direction de la pente sur laquelle était dressé le petit château Beauclair.
Lorsqu’ils y arrivèrent enfin, l’homme du Nord était essoufflé. Sa blessure l’avait rendue très faible, et il se sentait maladroit face à sa compagne elfique dont les pieds semblaient à peine toucher le sol.
Deux hommes gardaient l’entrée du château ; Forlong leur lança un regard studieux. Ils avaient des hallebardes en main et les tenaient avec sureté. Le vague souvenir des deux fils d’un bûcheron du village apparut dans ses pensées. Ils avaient grandi…cela faisait plus de six ans.

-Nous désirons voir Mhoram, l’intendant du fief…

Les deux jeunes hommes le regardèrent avec un mélange de curiosité et de méfiance. Ils ne semblaient pas le reconnaitre, quoique…un des gardes fronça les sourcils, puis répondit :

-Dans ce cas suivez-moi…mais vous allez devoir laisser vos armes ici.

Forlong le regarda longuement, puis détacha sans un mot sa ceinture, sur laquelle se trouvait le fourreau de Lunerill et son couteau. Il n’aimait pas se séparer de ses armes, mais les gardes avaient raison de se comporter ainsi. De toute façon, dans son état actuel, son épée ne lui aurait pas servi à grand-chose…

Ils suivirent le garde, et entrèrent dans le château. Un escalier en colimaçon les guida jusqu’à la grande salle ; celle-ci était en meilleur état que lors de sa visite précédente. Des tapisseries et des armes ornaient les murs de pierre, et une aura d’élégance sobre émanait de cet endroit. Assis derrière une table recouverte de papiers, sur une chaise sculptée, se trouvait un homme assez âgé, vêtu d’une tunique grise bien taillée. Lorsqu’il leva la tête, l’on put distinguer ses longs cheveux poivre et sel, ses traits nobles et yeux vifs. Forlong n’eut aucun souci à reconnaitre Mhoram, l’intendant de Beauclair, cet homme brave et sage qui dirigeait le fief en son absence.

Les yeux de l’homme s’élargirent en voyant le Loup Blanc, et il se leva, s’approchant des deux voyageurs. Lorsqu’il parla, sa voix était contrôlée mais laissait paraitre son étonnement :

-Seigneur Forlong…par tous les Valar…vous êtes donc vivant!

Un rictus amer apparut sur les lèvres de l’homme aux cheveux blancs, lorsqu’il répondit :

-Je crains que oui, Mhoram. Bien que je doute que je mérite encore le titre de seigneur…Heureusement, d’après ce que j’ai pu voir, le fief prospère sous votre intendance inspirée.

Forlong remarqua le regard lancé par Mhoram dans la direction de l’elfe. Il continua :

-Je vous présente dame Calimehtar, mon invitée…Calimehtar, voici Mhoram, qui effectue l’intendance du fief Beauclair depuis mon départ il y a six ans.

L’homme du Nord se doutait que ses paroles devaient surprendre sa compagne ; s’imaginait t’elle que le vétéran blessé et amer était en réalité un seigneur de Dol Amroth?
Mhoram s’inclina devant la fille de la Lune avec galanterie, et dit :

-Je suis enchanté de faire votre connaissance, dame Calimehtar. Sire Forlong, bien que nous ayons des nombreuses choses à discuter, je ne peux que me réjouir de votre retour inattendu. Cependant vous êtes blessé. Je vous indiquerai le chemin vers vos appartements…

Forlong ne protesta pas. Il devait des explications à Mhoram, et ce dernier avait un rapport à lui faire. Mais cela ne devait pas nécessairement se faire en la présence d’un garde et des quelques serviteurs qui se trouvaient dans la salle.

Une jeune villageoise s’approcha de Calimehtar, timidement, et dit :

-Suivez-moi, madame...je vous indiquerai le chemin vers la Chambre Verte, où vous logerez…

La jeune fille guida l’elfe à travers les couloirs du petit château. Ils se retrouvèrent aussitôt dans une chambre assez sombre, aux volets fermés. Les murs étaient peints en vert, un lit confortable avec des draps de la même couleur se trouvait dans un coin. La pièce était bien meublée ; il y avait là un fauteuil, une petite table, une cheminée, un miroir, une baignoire et une garde robe, remplie de vêtements féminins. La chambre avait jadis appartenu à la fille d’un seigneur de Beauclair, et ses robes et autres accoutrements s’y trouvaient toujours. Ils étaient à présent à la disposition de l’elfe. Les fenêtres à présent recouvertes donnaient sur le Nord, limitant fortement le nombre d’heures ensoleillées.

La jeune servante dit timidement :

-Si vous avez besoin d’eau chaude pour un bain ou de quoi que ce soit, faites simplement sonner la cloche, madame.

Elle se retira ensuite, laissant l’elfe seule dans la chambre verte. Quelques heures plus tard le reste de ses affaires, qu’elle avait laissées dans les écuries, furent apportées par un des deux gardes. Il l’informa aussi que sa jument se trouvait à présent dans les écuries du château. La servante, toujours aussi timide, avait suivi le garde de près, afin d’apporter un repas simple mais frais et appétissant à l’elfe.

***

Son épaule faisait mal, et il sentait sa fièvre monter. Des dizaines des questions et pensées se cumulaient dans sa tête. Que pensait vraiment Mhoram de son retour ? Etait-il encore digne du titre de seigneur ? Quel était l’avis de Calime’ sur son statut ? Et que pensait-elle des évènements de la nuit passée ? Il soupira, regardant le paysage qui s’étendait devant ses yeux, de l’autre côté de la fenêtre ouverte de ses appartements confortables. Il avait perdu l’habitude de vivre dans un luxe pareil.

Forlong plongea la plume dans l’encrier, et se mit à tracer des lettres sur un petit morceau de parchemin, ignorant la douleur dans ses phalanges blessées.

Citation :

‘’Calimehtar,

Je tiens à vous remercier pour vos soins, qui m’ont sauvé la vie lors de notre voyage…vous êtes la bienvenue dans mon fief, et le château est à votre disposition ; il ne s’agit que d’une ombre modeste d’un remerciement pour votre aide. Je me rends compte de la lourdeur de la tâche que je représente. Si vous ne souhaitez plus vous occuper de mes soins, le guérisseur du fief s’en chargera, bien que je doute que ses doigts soient aussi habiles et doux que les vôtres.

Forlong"


Il acheva la brève note avec un soupir, puis frissonna soudainement dans l’air froid. Il ferma la fenêtre, un peu maladroitement à cause de sa blessure, puis roula le morceau de parchemin, et sonna la petite cloche posée sur la table. Lorsque la servante timide apparut, il l’accueillit avec un sourire fatigué.

-Apportez ca à dame Calimehtar, s’il vous plait.

Dès que la porte se referma derrière la jeune femme, l’homme du Nord retira ses bottes, et s’écroula lourdement sur le lit, fiévreux.


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Calimehtar Oropher
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyDim 8 Avr 2012 - 22:53
    Le silence. Que dire de plus ? L’elfe n’avait pas l’habitude des relations humaines. Et que devait elle dire dans une situation semblable ? Elle marchait, écoutait le doux crissement de la neige sous les bottes de l’homme qui la précédait. Gêne. Quoi de plus normal ? Son premier baiser, il lui avait pris, son premier baiser, sans prévenir, sans réfléchir aux conséquences. Décidemment, elle avait du mal à comprendre la logique des hommes.
    Elle imaginait à travers son bandeau, les étendues enneigées, immaculée, intactes.
    Lui non plus ne parla pas. Des excuses ? Non, probablement pas. De toute façon, à quoi cela servirait ? Cela ne lui rendra pas son baiser, et elle n’était pas sûre de vouloir de ses excuses. Elle était seulement, retournée, et perdue. Il était si étrange qu’on arrive à perturber ainsi un être qui avait pourtant derrière lui deux siècles d’existence. Elle était si innocente, comme une enfant découvrant le monde pour la toute première fois. Découvrant le monde des hommes, surtout.
    Ils ne marchèrent pas longtemps.
    Elle entendit ses pas s’arrêter, alors elle fit de même. Le vent matinal faisait doucement voleter leurs capes, et les paroles qui suivirent furent mêlées aux bruissements des tissus.

    Elle obéit sans trop se poser de questions, et tendit devant elle son arc, son carquois et ses dagues une à une, attendant de sentir une force extérieure les lui prendre. Elle entra à son tour, et gravit l’escalier en colimaçon plus lentement que son compagnon de route. Elle n’était pas habituée à évoluer dans les demeures des hommes.
    Elle passait une main sur la pierre, pour suivre l’inclinaison du mur, et ses pieds effleurèrent les bords des marches, pour ne pas tomber. Elle s’en sortir bravement, sans trop paraître handicapée à cause de son aveuglement.
    Elle n’aurait pas d’autre choix que de s’habituer petit à petit à ce nouvel environnement. La pierre, était si froide. Sans vie.
    Ils arrivèrent dans une grande salle et sa main tomba dans le vide. Elle suivit docilement les bruissements de tissus, et le souffle peiné du loup blanc. Ses pieds touchèrent un tapis épais. Ils se préparaient pour l’hiver.

    Les paroles qui suivirent lui firent l’effet d’un seau d’eau glacé.
    Le loup était un Seigneur ?! Bien vite, les images de son voyage défilèrent devant ses yeux. Que devait elle en penser ? Comment agir désormais ? Mais bientôt, une autre question, bien plus importante à ses yeux, surgit dans son esprit.
    Elle lui était désormais inutile.
    Il devait avoir bien d’autre guérisseur, enchanté de s’occuper de leur seigneur. Où aller maintenant ? Elle ne pouvait pas rester à ses crochets indéfiniment. Il faudrait qu’elle reprenne la route au plus tôt, avant que le gel et la neige finissent par rendre les routes impraticables. Elle laissa échapper un soupir triste entre ses lèvres…Sa condition avait refait subitement surface.
    Elle tendit la main vers l’intendant, et se courba légèrement. Elle avait appris que c’était dans les coutumes des hommes.

    -Enchantée…

    Elle inclina sa tête, et pris congé auprès de la jeune fille qui devait la guider vers ses quartiers.
    Elle était pensive, et suivait sans faire de bruit. Dans sa tête, défilait toutes les prédispositions qu’elle devait prendre avant de s’en aller. Mais où aller ? Retourner chez elle, dans la forêt ? Personne ne l’y attendait non plu.
    Non décidemment, elle n’avait pas d’endroit où aller, aucun, où elle avait sa place.
    Elle interrompit la jeune servant dans son geste.


    - Non ! Hm…je préfère l’obscurité. Je vous remercie…

    Elle sentit la jeune femme se courber en une révérence polie, avant de la laisser seule dans sa chambre. Lentement, elle leva ses mains, les passa derrière sa tête pour dénouer son bandeau, et dégager sa vue. Elle regarda autour d’elle, silencieusement.
    La chambre était simplement meublée, avec du vert pastel, du vert feuille et crème. L’ensemble était coquet tout en restant sobre.
    Peu après, un homme en livrée de domestique, entra dans sa chambre, pour déposer ses affaires au pied de son lit. Elle le remercia d’un signe de la tête, et se retrouva à nouveau seule. Se sentant oppressée dans ce milieu si renfermé, si austère, entourée de pierres sans vie, elle s’aventura dans le couloir.
    Elle avait envie d’aller aux écuries voir sa jument, afin de vérifier son état pour prévoir peut être un voyage avant le lendemain.

    Elle s’engagea au hasard des intersections. Le château avait beau être de taille assez modeste, elle se sentait perdue et mal à l’aise. Sa main glissait sur les pierres, son regard d’ambre allait de gauche à droite, observant les tapisseries, les peintures. Elle se retrouva dans la grande salle désormais vide. De là, elle retrouva l’escalier en colimaçon qui la mena jusqu’à l’entrée. Elle ouvrit la porte, et demanda gentiment aux gardes le chemin pour les écuries. Elle avait pris soin avant de rabattre sa capuche pour protéger son regard, mais le ciel était tellement chargé de flocons que la luminosité ne pouvait lui causer trop de tort ce coup ci.
    Ses pieds semblaient à peine effleurer la neige qui pourtant avait plusieurs pouces d’épaisseur.
    Elle alla sur la gauche, et trouva sans peine l’entrée des écuries. Elle entra, retira son capuchon, et s’approcha avec bonheur de sa jument, confortablement installée dans un box au fond à droite. Elle la sentait nerveuse…Elle l’observa, l’ausculta, et put constater que des soins lui avait été apportés. Elle apprécia l’initiative, même si elle aurait aimé la soigner elle même.

    Elle tâta son encolure, et resta auprès d’elle un moment. Elle arriva enfin à découvrir la source de sa nervosité. Elle voulut néanmoins vérifier. Elle l’attira vers un mâle, dans le box d’en face, et sa réaction ne se fit pas attendre. Elle se cabra en hennissant avec violence. Alors elle comprit ce qui lui arrivait…
    Elle la calma avec de douces paroles elfiques et la ramena dans son box dans l’autre sens, et où elle la brossa longuement. Ne plus voir de mâles semblait la soulager un peu, mais cela ne sera que provisoire.
    Elle soupira, tous ses espoirs de fuite désormais impossibles. Elle sera bloquée ici pendant au moins trois mois…Elle quitta sa monture, triste et songeuse. Elle rentra dans le château, repris l’escalier en colimaçon avec déjà plus d’aisance que la première fois, mais cela ne lui fit pas plaisir. L’idée de rester enfermée entre ces murs de pierre pendant des mois la déprimait.
    Dans le couloir la menant à sa chambre, elle croisa la jeune servante qui s’inquiéta de son absence. Elle la rassura d’un air distrait, et lui demanda timidement de lui préparer un bain. Peut être que l’eau chaude et la détente éclairciront ses pensées.

    Elle se déshabilla une fois la servante partie, et entra dans l’eau brulante avec un plaisir non feint. Si elle prenait gout à une chose dans le monde des hommes, ce serait bien cela. Elle joua un moment avec l’eau, faisant glisser un doigt sur la surface, afin de regarder les ondulations se répandre…écouter le clapotis de l’eau, sentir la caresse lacustre sur sa peau.
    Elle se détendit, et s’allongea totalement, jusqu’au nez, fermant les yeux, apaisant sa respiration. Quand elle se sentit totalement relaxée, avec un esprit clair et serein, l’eau était déjà devenue tiède. Elle sortir alors, se sécha, et constata que ses vêtements avaient été emmenés à la laverie. Elle n’avait plus grand chose à se mettre…
    Elle se permit d’ouvrir le placard à côté du petit secrétaire, et y découvrir des robes féminines à la mode des hommes. Elle les toucha, les regarda une à une, et opta pour une robe de velours orangée. Elle ne savait pas si elle avait le droit…elle hésita à la reposer, puis se dit qu’elle serait tout de même plus présentable habillée de la sorte plutôt que de ses vieilles tuniques qui n’avaient que trop soufferts du voyage. Elle l’enfila donc, et fut surprise du résultat.

    La robe lui allait bien. Elle était ajustée à la taille, avait un col rond assez prononcé qui mettait en valeur son cou, et sa peau pâle. Elle se regarda dans le miroir, se détailla un moment, puis adhéra à cette tenue. Elle releva ses longs cheveux blancs en un semblant de chignon haut, qu’elle attacha avec un fin bandeau de tissu dont elle ignorait le nom, et qu’elle avait trouvé avec la robe.
    Le rendu était plutôt positif. Quelques mèches s’en échappaient, et son regard ressortait comme jamais auparavant.
    Elle se demandait ce qu’en penserait le Loup, s’il la voyait comme cela…Mais ? Pourquoi elle se demandait cela ? Cela était totalement absurde ! Elle fut interrompue par un domestique qui avait frappé poliment à la porte, et qui était venu lui apporter un message. Elle le remercia maladroitement, et déplia la missive.


    Calimehtar,
    Je tiens à vous remercier pour vos soins, qui m’ont sauvé la vie lors de notre voyage…vous êtes la bienvenue dans mon fief, et le château est à votre disposition ; il ne s’agit que d’une ombre modeste d’un remerciement pour votre aide. Je me rends compte de la lourdeur de la tâche que je représente. Si vous ne souhaitez plus vous occuper de mes soins, le guérisseur du fief s’en chargera, bien que je doute que ses doigts soient aussi habiles et doux que les vôtres.
    Forlong


    Sans réfléchir, elle releva la tête et courut rattraper le domestique dans les couloirs.


    - Amenez moi auprès du Seigneur Forlong je vous prie.

    Il hésita, pas sûr que cela serait autorisé, mais finalement obtempéra, et la guida dans un dédale de couloirs et d’escalier à n’en plus finir. Jamais, jamais l’elfe n’arrivera à se familiariser avec les maisons des hommes. Elle se sentit nauséeuse, et oppressée. Elle ralentit le pas. Pourquoi voulait elle voir le seigneur des lieux ? Son message était clairement un message d’adieu, une tournure polie pour lui dire « vous pouvez rester mais vous ne servez plus à grand chose ».
    Inutile…Cette vérité la frappa à nouveau de plein fouet et elle fut forcée de s’arrêter pour faire passer le vertige. Elle eut quelques difficultés à respirer. Le serviteur s’arrêta également, inquiet. La jeune femme se força à respirer profondément. Même si c’était un message d’adieu, il était dans les coutumes de rendre la pareille. Elle irait donc saluer l’hôte, et prendre congé. Mais…elle ne pouvait pas. Elle était coincée ici. Elle était inutile, et vivait à ses crochets.
    La honte s’empara d’elle, et il lui fallut du temps pour reprendre courage, et reprendre la marche, avec un sourire désolé au domestique.

    Il la laissa devant une porte double, plus travaillée au niveau de la boiserie que les autres. Son cœur battait la chamade. Elle le regarda s’en aller, et hésita à faire de même, puis se ravisa. Elle leva sa main, ferma le poing, et toqua deux fois à la porte. Elle s’éloigna d’un pas, et attendit qu’on vienne lui ouvrir. Elle tomba nez à nez avec l’intendant, qui lui offrit un sourire et l’invita à entrer.
    Elle baissa la tête et le suivit, quelque peu intimidée. Elle vit le Loup, debout près de son bureau, juste à côté de la fenêtre. Elle fit un pas de côté pour éviter le jet de lumière et s’approcha de lui, cherchant dans son regard ce qu’il pensait, ses réactions…le percer à jour. Etait il surpris ? Gêné ?
    L’intendant prit congé juste après, les laissant seuls.


    - J’ai bien reçu…votre missive, monseigneur.

    Elle avait même gardé la missive dans ses mains. Idiote. Elle cacha maladroitement ses mains dans son dos.

    - Il aurait été préférable que je parte…Avec l’hiver à vos portes, une bouche à nourrir en plus n’est pas négligeable. Je ne vous apporterai que soucis…

    Elle détourna son regard, triste à l’idée de partir, ou triste à l’idée de devoir s’imposer ?

    - Malheureusement, je ne le peux… Ma monture est pleine. Un tel voyage provoquerait sans nul doute une coulée… et il me semble que c’est votre étalon, le « père ».

    Elle prit une grande respiration et continua, la voix légèrement tremblante.

    - Je ne peux partir en la montant. Je…

    Elle n’arriva pas à continuer. Pour quelqu’un de timide, un tel monologue était un supplice. Elle ne trouva plus la force de continuer. Elle resta un moment silencieuse, mais réussit tout de même à dire d’une voix hésitante :

    - Je, je pourrais travailler pour vous apporter mon aide ? Je… je sais bien que je ne sers pas à grand chose mais… Je veux bien apprendre. Je suis vraiment navrée de devoir m’imposer ainsi.

    Elle était loin d’avoir la prestance d’une jeune femme de deux cent ans, on pouvait le dire. Elle était tellement peu habituée à parler… Et la présence du Loup, à quelques pas d’elle, ne faisait que renforcer son malaise et sa timidité.
    Elle sentait encore ses lèvres chaudes, et douces, contre les siennes…
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyJeu 26 Avr 2012 - 3:57
Forlong regardait le coucher du soleil par sa fenêtre, les rayons teintant d’orange les dessins complexes laissés sur la vitre par le givre. Les flammes dansaient déjà dans la cheminée, dévorant une bûche apportée récemment par un serviteur ; l’hiver était arrivé et les murs de pierre étaient froids, ce que l’homme du Nord ressentait plus que d’habitude du à sa faiblesse actuelle.

Mhoram, l’intendant du fief, venait de quitter sa chambre. L’homme avait diplomatiquement évité le sujet de la longue absence de Forlong, et s’était contenté de faire un rapport clair et concis sur la situation de Beauclair à ce dernier. La chronique du fief ainsi que le livre des comptes du château, deux tomes épais remplis par la main soigneuse de Mhoram, étaient posés sur la table ; une longue lecture l’attendait. L’homme aux cheveux blancs comptait s’y dévouer avec attention, le fief méritait un seigneur digne de ce nom…et depuis le jour où il libéra Beauclair du joug du tyran, il n’avait accompli rien qui lui ferait mériter ce titre.

Le Loup Blanc leva une main légèrement tremblante vers son front, perlé de sueur malgré la fraicheur qui régnait dans la pièce. Il se maudit une fois de plus pour la faiblesse de son corps. Une simple blessure avait failli lui couter sa vie, et l’empêchait de fonctionner normalement, l’obligeant à devenir un poids pour ses proches…pour Calimehtar. Elle devait le considérer comme faible, l’ayant vu pour la première fois à moitié mort sur un chariot rempli de foin, incapable de manier une épée depuis. La douleur, la faiblesse, la honte. Tels étaient les récompenses de ses tentatives de jouer un rôle dans le théâtre cruel de la guerre et des intrigues. Tel était le prix d’avoir combattu pour les Peuples Libres, d’avoir affronté l’ignorance, la peur, la haine, et la faiblesse de ses frères humains.

Perdu dans ses pensées amères, le Dunadan ne remarqua pas le frappement à la porte. Cependant son oreille de vétéran lui permit de distinguer les pas légers sur le sol derrière lui. Il se retourna, en faisant attention à ne pas effectuer de geste trop brusque avec son épaule endommagée, et fit surpris de voir Calimehtar. Il aperçut Mhoram à la sortie de la pièce, mais n’y prêta aucune attention. Ses yeux, ses pensées, étaient entièrement dévoués à la femme qui se tenait à quelques pas devant lui. Il ne s’agissait plus de l’aventurière quelque peu innocente, en vêtements de voyage simples avec qui l’homme du Nord avait parcouru le royaume du Gondor. La robe simple mais élégante soulignait les lignes délicates et pourtant si féminines de son corps, contrastant avec sa peau pâle immaculée. La ligne de son cou et les traits de son visage étaient comme sculptés par un artiste, dotés d’un charme et d’une noblesse réservée aux elfes. Il avait devant lui une femme.

Telles étaient les pensées qui parcoururent la tête de Forlong pendant ce bref moment, mais son visage, détruit par le vent et les épées ennemies, resta de pierre. Il entendit les paroles de la femme, et c’est seulement à ce moment là qu’il aperçut le bout de parchemin entre les doigts de l’elfe ; ces doigts si délicats qui avaient déboutonné sa chemise tant de fois, pour lui apporter les soins.

-Forlong…c’est Forlong. Des compagnons de route, ayant partagé un repas devant un feu de camp et affronté le froid ensemble lors d’une nuit à la belle étoile n’ont pas besoin de titres…

Monseigneur…il trouvait cela ironique. Elle, une femme dotée d’une grâce et beauté qui éveillaient en lui des sentiments qu’il pensait avoir perdu à jamais, s’adressant à lui, un vieux vétéran au corps presque aussi endommagé que son cœur, comme s’il était son supérieur. Ce monde était si étrange… ou alors ce titre était une façon pour mettre de la distance entre eux… ? Il n’avait pas le temps de réfléchir davantage à cette possibilité douloureuse, car la femme se lança dans un monologue timide. Était-elle triste ? Avait-elle peur de lui ? L’homme aux cheveux blancs avait du mal à lire ses émotions, se contentant d’écouter attentivement ses paroles. Il laissa le silence régner dans la chambre pendant un instant, perturbé seulement par le craquement joyeux des flammes dévorant le bois, réfléchissant à une réponse. Le Dunadan regretta une fois de plus de ne pas avoir l’éloquence de Nathanael…Il finit par dire, sa voix grave calme, malgré son battement de cœur étrangement accéléré.

-Il semble que non seulement ma blessure, mais aussi l’ardeur d’Asulf rendent votre vie difficile...Je m’en excuse.

Forlong s’abstint de lui proposer une autre monture…il ne voulait pas qu’elle pense qu’elle n’est pas la bienvenue dans son fief, et il savait qu’elle n’abandonnerait jamais sa jument. De plus…il ne voulait vraiment pas qu’elle s’en aille.

-Grâce aux talents de Mhoram nous ne manquerons pas de nourriture cet hiver. Les récoltes furent bonnes grâce aux nouvelles graines importées de la vallée de Lossarnach, et des tonneaux de viande et de poisson salés attendent dans les caves du château, achetés à Pelargir.

Il se tut un moment ; ces informations, qu’il venait lui-même d’entendre de la part de l’intendant, ne devaient pas intéresser l’elfe.

-Ce que je veux dire, c’est que vous ne vous imposez pas ; comme je vous ai dit, le château est à votre disposition, je vous dois ma vie…Certes, nous avons un guérisseur dans le village, un vieil homme fidèle et expérimenté…cependant il a plus l’habitude de s’occuper des chevaux et des vaches que des humains. Il n’a certainement pas vos connaissances dans le domaine des herbes médicinales, et lors d’un long hiver une guérisseuse de plus ne sera pas de trop. Cependant je comprends si vous ne voulez plus vous occuper de ma blessure…

Et pourtant, malgré lui, il espérait le contraire…

-Les nuages arrivent du Nord, le soleil ne se montrera pas demain. Je comptais partir faire un tour du fief à cheval, si vous voulez m’accompagner, vous serez la bienvenue. La neige n’est tombée que récemment, et le sol dans certaines parties de la forêt est encore vert. Peut être voudrez vous en profiter pour faire une réserve d’herbes… ?

C'est en prononçant ces dernières paroles que Forlong leva son regard, rencontrant pour la première fois depuis la nuit mémorable celui de Calimehtar. Il se perdit dans ces yeux si oranges, si profonds...L’homme du Nord se tut cependant, sentant qu’il commençait à divaguer. Il détourna légèrement son regard. Le Loup Blanc n’avait pas l’habitude de parler aussi longuement, surtout à une femme. Surtout à une femme qu’il…avait embrassée. Cette idée lui semblait encore plus ridicule qu’avant maintenant que la grâce et le charme de l’elfe étaient mis en valeur, contrastant si violemment avec sa propre apparence, sa maladresse actuelle et ses traits durs. Forlong sentait que son front était brûlant, tout comme son épaule…


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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyMar 29 Mai 2012 - 16:12
    La situation était étrange. Presque maladroite, et pourtant, bien plus peuplée de paroles qu’avant. Elle sentait la cage venir, et elle ne pourrait rien y faire. Entre l’hiver et sa jument, elle ne pouvait bouger du château de Beauclair, et devenait un poids immense pour le seigneur et ses habitants. Elle avait le regard quelque peu fuyant, étant quelque peu mal à l’aise en présence de l’homme. Cet homme, plus qu’un autre.
    Elle se refusait à l’appeler par son prénom pour l’instant. Elle n’était même pas sûre d’en être capable même si elle le voulait. Le titre était signe de respect, et il ne fallait pas oublier qu’elle était ici l’invitée, et non pas sa dame.
    Ce mot la fit frissonner étrangement. Cette idée était autant absurde qu’elle était une elfe et lui un humain. Elle était encore hantée par la nuit dernière, où, couchés dans l’étable, ils passaient pour les derniers êtres vivants de ce monde. Elle aimait cette luminosité, si belle, cette flambée douce d’une bougie timide, qui donnait à leurs peaux, un reflet ambré.

    Elle s’égara un moment à l’aide de sa voix. Elle revint vers lui, le fixant cette fois, du moins, essayant de le faire sans paraître indiscrète, ni maladroite, ni mal à l’aise, ni voyeuse. Elle passa une main dans les plis de sa robe pour les lisser, pour se donner une contenance. C’était la première fois qu’elle l’entendait autant parler. Revenir à son poste de gérant lui donnait probablement plus d’assurance. Il restait néanmoins cet homme blessé dont elle avait envie de s’occuper, de prendre soin. Comme un animal apeuré et confus, sur le bord d’un chemin forestier.
    Elle fit un pas en avant, puis se ressaisit. Elle sourit doucement et répondis avec une joie sincère :


    Ce serait un plaisir de chevaucher avec vous. Pour ma réserve d’herbes médicinales !


    Seraient ils seuls ? Sa blessure lui permettait elle de chevaucher ou abusait elle de sa clémence une fois de plus ? Elle se renferma doucement, sa joie passée, pour se murer à nouveau derrière l’impassibilité polie, si commune parmi les elfes. Le sentant fiévreux, et désireuse de se montrer utile pour mériter sa place dans ce château, elle s’avança vers lui d’un pas sûr, et en le soutenant, l’amena à son lit où elle le força à s’étendre. Son coup hier soir avait du empiré sa blessure.
    Elle se maudit, et marcha rapidement vers la porte des appartements du seigneur, qu’elle ouvrit. Dehors, un serviteur était posté juste à côté.


    - Pouvez vous m’apporter ma giberne de soin je vous prie ?


    Il salua et partit obtempérer. Elle referma la porte et pris conscience de ce qu’elle venait de faire. Elle avait donné un ordre alors qu’elle n’était ici qu’une invitée, même moins que cela, une servante spécialisée en soins.
    Enfin, une guérisseuse…
    Confuse, elle s’excusa :


    - Je n’aurais pas du, veuillez excuser ma hâte.


    Elle revient auprès du lit et souris, gênée. Elle s’attela aux bandages de l’homme étendu sur le lit, toute occupée à son affaire, qu’elle ne le regardait qu’à peine. La plaie était encore bien ouverte. D’ici deux semaines…Le serviteur avait fait vite, certainement qu’il connaissait quelques raccourcis dans ces dédales sans fins. Elle le remercia gentiment et se remis au travail.
    Elle mis les bandages ensanglantés dans un peu d’eau, et avec un linge humide, nettoya avec douceur, avant d’y apposer une pâte faites à base d’absinthe maritime pour faciliter la cicatrisation, avec quelques brins de chèvrefeuille pour empêcher d’ éventuelle infection.
    Elle passa ses mains sur la plaie pour y apposer la crème épaisse, et consciencieusement, refis le bandage, serré, avec une nouvelle bande de tissu propre. Elle lui conseilla le repos pendant au moins deux heures, puis pris congé, le départ à cheval étant prévu pour le lendemain. Pour l’y aider, elle demanda de l’eau bouillante, et y glissa quelques feuilles séchées d’eupatoire.
    Elle souffla sur le bol brûlant, et le posa sur la table de chevet, en lui prescrivit deux tasses par jour, pour lutter contre sa faiblesse générale.

    Elle dut se faire aider à nouveau pour retrouver ses appartements, et installa ses affaires, heureuse d’avoir su se rendre utile. Elle pris son repas dans sa chambre. Elle aurait pu trouver que cela était semblable à une geôle, mais pas ce soir, car elle était enthousiaste à l’idée de la promenade à cheval le lendemain. Avec le Seigneur. Les serviteurs avaient pris soin de ne pas mettre de viandes dans son souper, et elle en fut ravie.
    Elle mangea léger et, fatiguée de ce long voyage et de tant d’émotions, alla se coucher tôt, dans son lit douillet, vêtue d’une nuisette légère beige.
    Oui, mais problème. Trop douillet. Au milieu de toutes ses couvertures, de ces coussins, elle se sentait étouffée. Elle se débattit un moment, puis finalement se leva, pour aller prendre place sur le divan près de la fenêtre. Dur. Tant mieux elle préférait.
    Elle avait seulement pris avec elle une fine couverture qu’elle installa sur elle, puis s’endormit cette fois ci pour de bon, après avoir vérifié par deux fois qu’aucun rayon de lumière ne pourrait filtrer des épais rideaux en velours.

    Elle se leva de bon matin, et se sentit perdue. Où était elle ? Ah oui, tout lui revenait à présent. Elle se leva lentement, un peu hasardeuse, pensive. Puis la promenade lui revint en tête, et elle se leva avec un peu plus d’entrain pour se préparer. Quelques collations avaient été apportées sur la table basse, et elle en prit une bouchée avant d’ouvrir en grand le placard pour y trouver une tenue adaptée. Pas de pantalon. Cela commençait bien, elle ne savait pas monter en amazone…
    Elle ne se laissa pas désespérer par le vide intersidéral de pantalons dans ce dit placard, et opta pour une robe bien évasée au niveau des jupons. D’un teint vert feuille avec un bustier bien serré, elle eut bien du mal à l’ajuster correctement, puis aviser de son effet dans un miroir prévu à cet effet. Pas mal du tout. Elle releva ses cheveux comme elle l’avait fait la veille, pour être à la « mode » des humains. Quel décalage entre leurs mondes.
    Arriveraient ils à construire ce pont ?

    Elle venait de finir de se préparer, avec un léger sac dans lequel mettre ses futures récoltes, avec quelques potions en cas de blessure, lorsqu’un serviteur vint la chercher pour la mener aux écuries où le Seigneur l’attendait. Elle le salua à la manière des elfes, ne voulant pas renier sa culture pour autant. Faire un mélange des deux était la solution la plus respectable pour une invitée de la sorte. On lui prêta un étalon assez fougueux et plein d’entrain.
    Elle s’en alla cependant caresser longuement sa belle jument, triste à l’idée de devoir s’en séparer. Elle l’apaisa de quelques douces paroles elfiques, un lien tout particulier reliant la bête et sa maîtresse. Elle rejoint ensuite sa monture pour la journée, pour ne pas faire attendre le Seigneur du château de Beauclair.
    Elle monta à la manière des hommes, et mit un moment à remettre en place ses jupons abondants autour de la selle, et d’en lisser les plis. Un serviteur lui apporta une étole en fourrure qu’elle refusa avec un air dégouté qu’elle ne put réprimer. Il s’excusa platement et apporta à la place une étole en laine épaisse, qu’elle accepta au contraire. Elle ramena un peu de tissu par dessus sa tête, couvrant légèrement son visage pour la protéger.

    Le temps était couvert, les nuages épais, mais un rayon serait fatal. Elle pouvait se passer de son bandeau ce coup ci, mais devait rester prudente, sur ses gardes. Elle avança au pas et s’installa à la gauche du loup. L’étalon, d’un brun éclatant, était plus qu’enthousiaste à l’idée d’aller se promener, tout comme l’elfe, même si un peu d’angoisse serré son cœur pourtant âgé de deux siècles passés.
    Ils marchèrent au pas, profitant de la plénitude des paysages enneigés, du temps certes froid, mais agréable, de la sérénité de ces lieux, du calme environnant, et de leur proximité maladroite.
    Elle se laissa guider vers les bois, un peu plus loin au Sud.
    Ils ne parlaient pas, mais le silence n’était pas gênant. Cela était devenu une habitude depuis plusieurs jours, et ils ne voulaient pas aggraver leur malaise avec une conversation superflue, vide de sens. La neige était épaisse, mais le givre n’avait pas eu le temps de tuer toutes formes de vie végétale sous le couvert des arbres. Un jour de plus, et tout ses espoirs de réserve auraient disparus.

    Elle frotta ses mains, et souffla dessus doucement pour les réchauffer. Etant elfe, elle souffrait nettement moins du froid que les hommes. A cette pensée, elle risqua un regard vers son compagnon de route pour s’assurer de son état. Il semblait bien avoir repris de sa nuit de repos, et sa médecine semblait porter ses fruits, maintenant qu’il était dans le confort d’un château, plutôt que brinquebalant sur les chantiers de terre battue.
    Ils entrèrent sous les bois, et parcoururent encore quelques mètres avant de descendre de cheval. Avec une robe de la sorte, le faire avec grâce relevait du miracle, mais elle s’en tira modestement, et réajusta ses jupons avec un soupir légèrement agacé. Il faudra qu’elle s’y fasse. Pourquoi s’encombrer de tant de plis, d’épaisseur et de volumes ?
    Ils partirent à la recherche de plantes qui pourraient lui servir pour ses dons de guérisseuse. Elle balaya par endroit les sols avec un soin tout particulier, et récupéra avec douceur des plantes diverses. Elle ne pourrait pas trouver tout ce dont elle en aurait besoin dans ces bois, mais les temps étaient durs, et elle devra s’en contenter et faire de son mieux avec.

    Ils s’éloignèrent de leurs chevaux, et elle releva la tête, percevant un son qui ne venait ni de son partenaire, ni de son destrier, ni d’un quelconque animal. Elle alla dans la direction de ce bruit étrange, et vit à quelques mètres de là une forme s’extraire d’une grotte en titubant et s’effondrer dans la neige. Sans prendre de précaution, elle releva ses jupons et courut comme elle put, la neige montant jusqu’à ses mollets.
    Elle se jeta à son tour dans la neige, retournant l’être humain qui s’était étalé là, à moitié gêlé et inconscient. Un elfe ! Il s’agissait d’un homme elfe, un des siens. Elle enleva son étole sans l’ombre d’une hésitation et la posa sur le malheureux.


    - Forlong !


    Elle l’appela à nouveau, oubliant toutes les convenances, et serrait contre elle l’elfe pour lui procurer un peu de chaleur. Elle frotta les membres de cet inconnu, vérifia le battement de son cœur. Il devait errer dans les bois depuis un moment, vu l’état dans lequel il était, pour un elfe. Il faudrait remettre la cueillette à plus tard.
    Elle le souleva, aidée par le loup blanc, et ils rebroussèrent chemin vers leurs montures.


    - Je le prends avec moi. Je suis meilleure cavalière et vous êtes blessé.


    L’inconnu réagissait encore assez pour monter machinalement sur l’étalon, et elle monta derrière lui, le serrant dans ses bras pour ne pas qu’il perde l’équilibre. Elle fit faire demi tour à son cheval et ils repartirent au galop ce coup ci au château. Son sac n’était pas rempli, mais ayant repéré les lieux, elle pourrait y retourner le lendemain sans indisposer le Seigneur qui devait avoir maintes autres occupations que de s’occuper d’elle, une elfe insignifiante, qui en plus, venait de ramener à son château une autre bouche à nourrir. Elle espérait avoir encore quelques bleuets sous la main pour soigner ses nombreuses gerçures...
    Elle regretta un moment, ne pas avoir eu ce moment si privilégié avec le loup. De ne pas avoir pu se rapprocher de lui. Cela devrait attendre…



*"Soignez vous par les plantes" Marcelle Le Stang*

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Celtis Ariandin
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyVen 8 Juin 2012 - 2:51
Il faisait froid. Vraiment très froid. Même pour un elfe.
L’air était sec, agressif et piquant, et respirer devenait plus difficile à chaque seconde.
L’elfe chancelait sur le bord du chemin forestier, maintenant dans un geste frileux les deux pans de son manteau usé. Il avait faim, sommeil, sa jambe gauche le lançait désagréablement depuis qu’il avait fait une fâcheuse rencontre avec un rocher, quelques centaines de mètres plus tôt, et la brise glaciale n’arrangeait rien à son calvaire.
Bien sûr, c’était loin d’être l’hiver le plus insupportable qu’il ait jamais vécu, et il avait déjà connu situation bien plus désespérée. Mais c’était tout de même très désagréable.
La forêt elle-même avait un air triste et vide. Sur les sentiers où quelques semaines plus tôt passaient encore fréquemment les habitants des bois flottait maintenant un parfum d’abandon, et les rares plantes qui n’avaient pas encore succombé au froid faisaient grise mine.
Celtis soupira, caressant de ses longs doigts les cordes de son luth. Grace à l’enchantement qui persistait sur son bois, reflet d’une vie passée, arrachée à lui, il avait le pouvoir de faire revivre un de ses arbres pour le reste de l’hiver. Il l’avait toujours fait, durant ces hivers interminables où il restait dehors à la merci des éléments. Il lui suffisait de trouver une grotte, à proximité d’un arbre fruitier, et d’une source, et le tour serait joué.
Sauf qu’il n’avait pas vu une seule grotte depuis qu’il errait dans cette forêt.
Il commençait sérieusement à regretter sa terre natale, où il n’aurait eu aucun mal à trouver un abri. Sa besace battait l’air, cognant lourdement contre sa hanche à chaque pas, remplie de lambas. Mais ces quelques pains, aussi nutritifs qu’ils soient, ne tiendraient pas le quart de la saison, et il lui faudrait sans aucun doute se ravitailler dans un village… Il n’aimait pas cela. Après tant d’années de solitude, la foule lui faisait peur.
Cependant, s’il décidait d’aller en ville, il pourrait toujours chercher une librairie. Des livres, par centaines, par millier, que dis-je, dizaines de millier… Bon, certes, c’était assez peu probable, disons alors simplement : quelques livres, ouvrages rares mais magnifiques consignant le savoir et l’imaginaire de tout un peuple… Ah, ce que cela lui manquait…
Tout en divaguant sur les avantages et désavantages de la ville, Celtis s’éloigna du chemin. Il lui avait semblé apercevoir…
Oui, elle était bien là. Une ouverture sombre sur le flanc d’un amas de rochers, au fond d’une petite clairière surnageant à la surface de l’hiver. D’un coup d’œil, l’elfe repéra quelques plantes bien utiles en cas de maladie, blessure et autres risques, ainsi qu’un ou deux arbres fruitiers, déjà dépouillés. C’était l’endroit idéal.
Pas un seul instant l’idée que la place fut déjà occupée ne lui traversa l’esprit.
C’était pourtant couru d’avance : un lieu aussi bien placé ne pouvait qu’être habité. Mais son esprit devait lui aussi avoir été congelé par le froid ambiant, car l’évidence ne l’atteint pas, malgré ses années d’expérience.
Il traversa donc la clairière, la terre gelée craquant sous ses pieds, et parvint devant l’entrée de la caverne. C’était assez étroit, mais profond, suffisamment pour le tenir à l’abri du vent et de l’humidité, et lui garantir une bonne isolation, s’il trouvait de quoi rendre l’ouverture un peu plus étanche.
Bien sûr, il lui aurait été bien plus simple de se confectionner une habitation définitive dans un coin de la forêt, mais cette vie nomade lui plaisait, et puis, il serait toujours tant de s’arrêter plus tard, quand ses articulations rouillées ne lui permettraient plus de voyager, ce qui risquait de prendre très, très longtemps, au vue de sa condition d’immortel.
Le sol de la cavité était sec, couvert de dépôts minéraux et de débris de bois et de feuilles. L’air était sec, quoi qu’un peu âpre, chaud, et il flottait là une odeur étrange…
En temps normal, Celtis se serait surement méfié. Mais cette fois ci, l’avertissement, pourtant gros comme un oliphant, lui passa loin au-dessus de la tête.


Un craquement, au fond de la grotte, résonne,
Et comme si le monde se fissurait,
Un œil d’ambre rougis par le sommeil
S’entrouvre, porte étrange sur un univers
Fait de rêves et de fragments d’automne.

Un ours dormait là. Sa fourrure se soulevait au rythme de sa respiration, et ses muscles engourdis par le sommeil tressaillirent lorsqu’il sentit, à la limite de l’inconscience, la présence de l’elfe.
Toute la fatigue du monde sembla s’abattre sur les épaules de Celtis, alors que la logique aurait voulu qu’il ressorte le plus vite possible de l’endroit. Mais il se rendit compte que malgré ce dont il avait tenté de se persuader plus tôt, il était fatigué de cette vie d’errances, d’incertitudes, fatigué de devoir chercher toujours et de ne jamais trouver, fatigué de l’injustice qui avait transformé son salut en repère d’ours à l’haleine chargée…
Il se laissa glisser le long de la paroi, fixant l’ours de ses yeux mi-clos. Comme pris dans un duel de fatigue, les deux êtres sylvestres échangèrent un long regard éteint.


Je suppose qu’il n’y a aucun moyen pour que tu me laisse partager ton abri, hu ?

La phrase, en elfique dans le texte, avait été chuchotée, presque chantée. Un long soupire, à la limite du grognement, lui répondit.

Non, n’est-ce pas… Je m’en doutais. Passe un bon hiver, mon ami, et prend garde aux chasseurs…

L’ours continua de le fixer, ni agressif ni franchement amical, attendant simplement que cet intrus s’éloigne de son territoire. Si l’elfe n’avait pas eu une aura aussi apaisante, le plantigrade l’aurait surement rejeté à coups de griffes et de crocs.
Celtis se releva doucement, peinant légèrement à cause de sa jambe, et se dirigea d’un pas trainant vers la sortie. Un nouveau grognement retenti derrière lui, presque désolé, mais aussi soulagé. Sans y répondre, l’elfe esquissa une grimace désolée. Il était bien trop dangereux de vivre si près d’un ours, il ne pourrait même pas se construire un abri près de la clairière…
Le froid le heurta de nouveau, le faisant une fois de plus chanceler. Il s’autorisa un bref moment de désespoir, sachant très bien que son courage allait revenir. Mais parfois, se laisser aller à des émotions plus… primitivement dramatiques l’amusait, l’inspiraient aussi. Il se laissa donc tomber à genoux sur le tas de squelettes éphémères des feuilles assassinées par l’hiver. Tout à son rôle, il poussa un long soupire, qui sonna comme un gémissement de douleur, profonde, pas si fausse que ça. Puis, comme si cela l’avait totalement vidé de ses forces, il se laissa tomber sur le sol, joue plaquée contre le sol. C’était presque agréable, la terre battait contre sa tempe, comme un cœur endormi… endormi… quelle douce idée…
Sans qu’il s’en aperçoive, ses yeux se fermèrent, et le monde explosa en une symphonie de rêves brefs, nuancés, vifs comme des éclairs. Il lui sembla entendre une voix, qu’on le bougeait, le secouait… qu’importe, il avait vraiment trop sommeil. Il entrouvrit les yeux, juste un instant pour s’assurer qu’il n’était pas en danger. Ce qu’il vit le fit frémir. Une elfe… si belle, avec sa peau de neige et ses cheveux albâtre. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas vu pareille beauté.


Un sourire effleure ses lèvres,
Y dépose un écho,
Comme une caresse d’instant,
Offerte par la joie de revoir enfin
Le visage d’un des siens.
L’elfe avait l’air paniquée. Son état était-il si critique que cela ? Il ne sentait rien, pourtant. Juste cet air d’abandon, cette chape de plomb qui pesait sur ses membres gourds. Mais ce n’était rien, juste un mirage, une illusion qu’il pourrait bien briser. Mais après tout, si on s’occupait de lui, pourquoi ne pas en profiter pour se reposer un peu ? Il referma les yeux, entendit l’autre elfe appeler, ordonner qu’on le transporte.
Se sentant soulevé, l’elfe ouvrit les yeux, et, quelque peu gêné qu’on s’occupe ainsi de lui alors qu’il avait encore suffisamment de force pour marcher, chancela jusqu’à l'étalon de l’elfe. Faisant appel à ses vieux souvenirs, il se hissa sur la monture, manquant pourtant de basculer de l’autre côté, tout en gardant, paradoxalement, une grâce étrange. L’autre elfe monta derrière lui, et sa chaleur, pourtant certainement normale, lui fit l’effet d’un feu brulant. Il se fit pensivement la réflexion qu’il devait être réellement congelé pour que cela lui donne cette impression… S’endormir par ce froid n’était assurément pas une bonne idée. Il percevait tout comme au travers d’un brouillard blanchâtre qui rendait son environnement et ses sens flous, imprécis.
Alors que les chevaux se mettaient en mouvement, Il parvint à fixer son regard sur le compagnon de l’elfe. Etrangement, il s’agissait d’un humain, et un pressentiment lui serra le cœur. Il avait l’air de souffrir, son teint gris n’augurait rien de bon, et son épaule semblait douloureuse. Quel étrange compagnon de route pour une elfe… Certainement pas le pire, pourtant, loin de là.
Le barde esquissa un sourire fatigué. Il voulut remercier les deux compagnons, mais sa tête lui tourna quand il ouvrit la bouche, et ce fut à peine s’il parvint à articuler un remerciement en elfique avant de sombrer dans un nouveau gouffre d’inconscience.


Dernière édition par Celtis Ariandin le Ven 29 Juin 2012 - 13:01, édité 1 fois
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Forlong
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyMer 27 Juin 2012 - 19:25
Lorsque la porte se referma derrière l'elfe, Forlong laissa tomber sa tête sur le coussin confortable. Il se sentait épuisé, mais les pensées et sentiments se bousculant dans sa tête l'empêchaient de trouver le sommeil. Calimehtar avait été plus souriante qu'à son habitude, et son enthousiasme pour la promenade du lendemain semblait authentique; la jeune femme n'était pas une actrice. Elle était trop innocente encore pour ce genre de jeux. Lui avait-elle pardonné pour l’incident de l’autre nuit?

Quand le frappement timide sur la porte résonna dans la chambre une demi-heure plus tard, l'homme aux cheveux blancs était plongé dans ses contemplations. Il accepta machinalement le repas apporté par la jeune servante. Le dunadan mangea le souper simple mais frais sans y prêter grande attention, au lit, le plateau de bois posé sur ses genoux. Ses pensées se tournèrent vers le fief, le contenu des registres apportés par Mhoram. Heureusement pour lui, le passé ne venait pas le hanter cette nuit. Il s'endormit bien plus tard, sombrant dans un sommeil profond et sans rêves.

***

Le réveil ne fut pas des plus agréables. Le Loup Blanc avait dormi longtemps mais il se sentait toujours fatigué. Il regarda autour de lui, frottant ses yeux avec sa main. La lumière du jour éclairait un peu la pièce, mais le soleil n’avait pas fait son apparition aujourd’hui. Quelques morceaux de bois brûlants rougeoyaient encore parmi les cendres dans la cheminée. Sa gorge était sèche. Forlong se leva lentement, et but un peu d’eau froide, puis se lava le visage, les mains et le torse. Il enfila une chemise brune en tissu épais, simple mais propre et bien taillée. Son regard fut attiré par les herbes posées sur la table. Deux tasses par jour…Lorsque la servante lui apporta son déjeuner, le seigneur lui demanda d’aller chercher de l’eau bouillante. Il regarda pendant un long moment les feuilles colorer peu à peu le liquide transparent, leur odeur forte remplissant la pièce. Il grimaça; l’odeur des feuilles, et des herbes médicinales sous son bandage lui rappelaient Calimehtar…quel étrange aphrodisiaque.

L’homme aux cheveux blancs finit la tasse prescrite tout en déjeunant rapidement. L’heure de la promenade s’approchait. Il enfila sa veste de cuir, faisant attention de ne pas endommager son épaule par un geste trop brusque, puis regarda autour de lui. Son épée fidèle, Lunerill, était pendue sur le mur dans son fourreau. Forlong soupira…il n’était pas encore dans un état qui lui permettrait de manier cette arme longue et lourde de façon effective. Et pourtant il ne voulait pas s’aventurer dans la forêt sans aucune protection. L’idée d’ordonner à des gardes du château de les accompagner en guise d’escorte lui semblait tout aussi ridicule. Le loup Blanc pensa alors aux objets acquis dans la boutique de Hasharin quelques mois auparavant. Des armes moins efficaces, moins meurtrières que son épée bâtarde, mais plus discrètes et plus faciles à manier en vue de sa blessure. Il enfila les longs gantelets de cuir cloutés, puis prit en main quelques objets enroulés dans un morceau de tissu noir. Il s’agissait de cinq lames légères, des kunai, couteaux de jet orientaux. Le Loup Blanc n’était pas un maitre dans le domaine du jet de couteau, mais des longues heures d’entrainement pendant le voyage vers Assabia lui permirent d’atteindre un niveau suffisant pour blesser un animal sauvage ou un brigand si besoin était. Il attacha les cinq lames à sa ceinture, et compléta son arsenal par un couteau de chasse dissimulé dans un fourreau de cuir. Satisfait, il quitta la chambre, se dirigeant vers les écuries.
Le seigneur intercepta un serviteur dans le couloir, et lui demanda d’allumer les feux de cheminée dans sa chambre et celle de son invitée en fin de matinée. Ils auraient sans doute froid après la promenade, et les nuages indiquaient un risque d’une autre tempête de neige. Forlong avait l’habitude de vivre dans des conditions difficiles, le froid, dormir sur le sol dur et survivre des semaines sur un régime de viande salée et d’eau. Cela ne voulait cependant pas dire qu’il n’appréciait pas le confort d’un feu de cheminée, d’un lit et d’un bon repas. Il remercia le serviteur, satisfait. Mhoram avait bien entrainé les domestiques. Ils n’étaient pas nombreux: trois serviteurs, quelques personnes travaillant dans les cuisines, deux gardes et un palefrenier, mais ils effectuaient leur travail de façon sérieuse et efficace.

***

L’air glacial qui l’accueillit fut comme un seau d’eau froide, mais il ne s’agissait pas d’une sensation désagréable. Forlong prit une longue inspiration, jusqu’à ce que le froid pique ses poumons, puis relâcha l’air en un petit nuage de vapeur. La fatigue qu’il avait ressentie au réveil avait disparue, laissant place à un certain enthousiasme pour la promenade imminente.

Lorsqu’il arriva aux écuries, le palefrenier l’accueillit avec un hochement de tête respectueux, bien que réservé; l’homme n’avait pas connu le seigneur lors de sa visite précédente dans le fief, et l’idée que ce vagabond aux cheveux blancs débarque au château et se proclame leur maitre devait lui sembler plutôt étrange. Son regard devint cependant plus chaleureux lorsqu’il vit la façon dont Forlong approcha ses chevaux, les caressant et nourrissant. Calimehtar n’était pas encore arrivée. Le Loup Blanc décida de monter Erwin, son cheval noir du Rohan fidèle, lors de la promenade. Asulf était fougueux et agressif, et même si le dunadan était un cavalier expérimenté, il ne voulait pas risquer d’aggraver sa blessure lors d’une chute potentielle.

Il accueillit Calimehtar avec un léger sourire, cachant sa nervosité étrange derrière son masque habituel, ses traits durs et ses cicatrices lui facilitant la tâche. Forlong fut encore une fois surpris de la voir habillée telle une dame de la cour, sa grâce elfique innée lui permettant de se déplacer telle une noble habituée à ce genre de tenue depuis l’enfance, et pourtant tout en émanant un étrange aura de liberté…oui, il la trouvait belle. Belle. Un mot qui sonnait étrange même dans ses pensées, si différent de son monde à lui, de la destruction, du sang, du cynisme et de la déception. Elle était comme d’un autre monde, ce qui semblait être confirmé par son refus de l’étole…Le dunadan, lui, mit une fourrure sur ses épaules; habituellement il aurait refusé, habitué au froid, conscient du fait que ce genre d’accoutrement limitait la liberté des mouvements. Mais il était blessé, affaibli, et incapable, même vêtu légèrement, de se déplacer avec agilité.

***

La promenade était agréable, et le silence ne leur pesait pas. Les chevaux avançaient au trot, la démarche calme d’Erwin n’infligeant pas de douleur au blessé. Forlong laissa l’étalon fougueux de Calimehtar le devancer un peu. Il regardait le paysage les entourant, ses pensées remplies de projets liés aux registres de Mhoram; route améliorée, irrigation…de temps en temps il tournait son regard vers l’elfe, admirant sa silhouette svelte, le plaisir apparent qu’elle prenait à se promener ainsi.

Lorsqu’elle descendit de son cheval, il fit de même, tant bien que mal. Il savait qu’Erwin ne s’enfuirait pas, et voyant l’elfe murmurer quelques mots en elfique à l’étalon, il soupçonna que ce dernier resterait sur place aussi.

Forlong laissa l’elfe s’aventurer un peu en avant en recherche d’herbes. Tous ses muscles se tendirent cependant lorsqu’il l’entendit crier son nom deux fois, sa voix loin d’être calme. Lançant un juron, il se mit à courir aussi rapidement qu’il le pouvait dans sa direction, tout en arrachant un des kunai de sa ceinture. Si elle avait rencontré des loups ou un ours, ses chances étaient faibles. Peut-être qu’il serait au moins capable d’occuper la bête donnant à Calimehtar une chance de s’enfuir…il n’avait pas le temps de réfléchir à tout ca. Son souffle était lourd lorsqu’il arriva enfin à l’endroit où elle se trouvait, et fut surpris de voir un corps inerte sur la neige. Le Loup Blanc se pencha dessus, et fronça ses sourcils blancs en voyant les traits caractéristiques d’un elfe. Ici, dans les forêts de Belfalas ? Les elfes visitaient souvent les cités de Dol Amroth et Minas Tirith, mais il ne s’attendait pas à en voir ici, surtout dans cet état…L’homme du Nord sortit une petite gourde de la poche de sa veste, contenant un alcool fort. Elfe ou pas elfe, l’étranger avait besoin d’être réchauffé à tout prix. Forlong attrapa ses joues avec force, maintenant sa tête dans une position verticale, et versa un peu de liquide dans sa gorge.

Ils soulevèrent l’homme à moitié inconscient ensemble tant bien que mal. Quel beau duo, une femme et un blessé; heureusement que l’elfe était léger comme tous les représentants de sa race. Forlong siffla longuement, et Erwin apparut aussitôt entre les arbres, suivi par le jeune étalon de Calimehtar. Il hocha de la tête en réponse à la proposition de la guérisseuse; dans son état actuel il aurait du mal à maintenir le galop tout en transportant une autre personne. Il l’aida juste à mettre l’homme sur sa monture, avant de monter sur son cheval du Rohan.
Ils arrivèrent au château quelques minutes plus tard; le regard embrouillé que lui avait lancé le malheureux elfe pendant la cavalcade indiquait que la situation n’était peut être pas critique. La voix de Forlong était remplie d’autorité lorsqu’il s’adressa aux deux gardes devant les portes du château.


-Transportez cet elfe dans mes appartements; c’est l’endroit le plus chaud du château, et où le lit est le plus confortable. Et dites aux cuistots de faire bouillir de l’eau !


Quelques instants s’écoulèrent avant que le Loup Blanc et Calimehtar ne se retrouvent dans la chambre du seigneur, l’elfe étrange couché sur le lit confortable, le feu dans la cheminée faisant danser les ombres sur leurs visages…une promenade très différente de celle que Forlong attendait…


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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyDim 5 Aoû 2012 - 20:28
    Le froid était vif, et l’inconnu avait du errer un bon moment pour être autant affaibli, surtout pour un représentant de sa race. Ils chevauchaient avec ardeur pour arriver au château le plus rapidement possible. L’alcool délivré par l’homme avait eu des bienfaits non négligeables sur l’elfe qui avait repris quelques couleurs, mais son corps restait sans force. Qui sait à quand remontait son dernier repas ?
    Ils arrivèrent rapidement à destination, et le maître des lieux donna de rapides recommandations. L’elfe fut amené dans la chambre principale. Calime voulut proposer de l’installer plutôt dans sa chambre qui était plus proche, mais on ne contredisait pas un seigneur, surtout pas devant ses sujets. Elle s’occupa donc de fouiller dans sa besace tout en marchant, pour récupérer les herbes médicinales adéquates.
    Ses cheveux étaient en bataille à cause du galop, et un léger hâle rosé apparaissait sur ses joues pâles.

    L’elfe était installé dans le lit, et on fit apporter des couvertures supplémentaires. Un serviteur les plia soigneusement au pied du lit, selon la demande de la jeune femme qui avait pris les choses en mains.
    Toute préoccupée à sa tâche, elle avait un air d’autorité et le monde l’écouter attentivement. On sentait néanmoins qu’elle n’avait pas l’habitude d’autant de compagnie, et une pointe de timidité perçait dans sa voix. Elle tournait et retournait sur elle même, cherchant dans sa besace quelques fioles miraculeuses. Elle remuait les dites fioles devant son regard connaisseur, les faisant tinter entre elles avec un bruit d’apothicaire. Elle réussit enfin à tout réunir sur une table basse à côté du chevet.
    Elle se retourna vivement et s’aperçut comme elle le craignait que le Loup était toujours debout près de la porte, légèrement tremblant. Elle s’avança d’un pas sûr et le fit asseoir sur un large fauteuil confortable.

    Elle lui apporta ensuite une couverture et le couvrit sans lui laisser le temps de protester ou d’esquiver un geste. Elle avait deux blessés sur les bras et un assistant n’aurait pas été de trop.
    Elle n’avait pas le temps de vérifier sa blessure tout de suite. Elle s’en excusa et retourna auprès de l’inconnu qui avait de la fièvre à cause des différences de température.
    Il était pour le moment trop faible pour se lever, mais la jeune guérisseuse demanda qu’on fasse couler un bain dans la chambre. Elle ajouta dans l’eau une décoction de feuilles de noyer, et retourna de nouveau auprès de l’elfe pour lui appliquer sur les gerçures et engelures de l’huile d’argousier et de menthe poivrée. Après avoir effectué cette tâche soigneusement, elle appliqua des compresses faites à base de pâquerettes, de feuilles de chêne et de consoude.

    Il dormait à bien fermé, paisiblement, et son traitement commençait déjà à faire effet en réduisant les douleurs provoquées par les plaies.
    Elle profita de ce calme pour enrouler ses pieds et ses mains dans du linge chauffé près de la cheminée. Quand il sera réveillé, elle l’invitera à prendre le bain aux feuilles de noyer, et ensuite il mangera pour retrouver des forces.
    Les elfes guérissaient plus vite que les hommes, elle était désormais soulagée de le savoir ainsi soigné. Elle soupira et s’assit sur le bord du lit.


    - Je suis absolument navrée pour cette promenade. Je vous ai ramené une autre bouche à nourrir, en ces temps de pénurie…

    Elle baissa la tête, et passa une main sur son front, et son regard se perdit un instant dans l’âtre flamboyant. Sentant quelques signes de vie chez ce cher inconnu, elle se précipita à côté de lui, et tâcha de le faire boire du thé pour l’hydrater. Il était encore trop faible pour avaler quelque chose de solide, mais d’ici demain, il serait capable de se relever sur le lit et manger.
    Peut être pourrait il leur révéler qui était il ? Etre auprès une personne de sa race lui faisait bizarre. Elle le regardait curieusement, essayant de trouver des réponses dans les traits si doux de son visage.
    Ils se ressemblaient. Même grâce, même pâleur gracieuse, même cheveux longs, et oreilles en pointes. Son nez était fin, sa bouche bien dessinée et ses yeux, même fermés, laisser présager un regard mystérieux, un regard d’elfe. Il était si difficile de deviner son âge, son visage était lisse, sans marque du temps qui passe.

    Elle s’arracha à la contemplation du beau dormant des bois gelés et alla s’asseoir aux pieds du Loup. Elle lui sourit doucement.


    - Non, mon seigneur, je ne vous ai pas oublié.

    Et, comme si désormais il n’existait plus que lui dans ce monde, elle se pencha sur lui et vérifia sa blessure. Elle avait bien plus belle allure que sur les routes endommagés menant ici, cependant la chevauchée empressée n’avait pas aider à la cicatrisation. Elle nettoya la blessure et y appliqua à nouveau un baume cicatrisant. Elle lui donna aussi une tasse de thé brulant, à laquelle elle ajouta un fond d’alcool fort, car elle pensait qu’il aimerait cela en tant qu’homme. A l’odeur de ce liquide, elle plissa le nez, et cela fit sourire le Loup. Elle détourna le regard, gênée, et sourit légèrement aussi.
    La lumière était tamisée, dehors, le monde s’était drapé de gris et de blanc, et le ciel laissait à nouveau échapper des cristaux d’albâtre sur terre. Le feu crépitait doucement, et ils se sentaient seuls, tout les deux, seulement coupés par quelques soupirs et marmonnements de l’endormi. En tout cas, c’était le ressenti de la jeune elfe, assise sur ses talons, aux pieds de l’humain.

    Elle voulait lui dire qu’elle devrait retourner dans les bois finir ses réserves, mais elle ne voulait en aucun cas briser cet instant volé. Elle respirait paisiblement, et se sentait pour la première fois à l’aise dans ces lieux si étranges comparés à son environnement habituels. Pour la première fois de sa vie même, elle se sentait à sa place, et cela déposa un sourire très doux sur son visage. Elle se sentait utile, et heureuse, dans cette chambre chaleureuse, entourée des odeurs d’herbes médicinales et décoctions mystérieuses. Juste à côté de l’homme, le premier humain qu’elle a soigné, avec qui elle a partagé un bon bout de chemin, plusieurs nuitées, et même… un baiser, son tout premier aussi. Il était, son premier, et elle s’y faisait à l’idée.

    Ici, baignée dans ce milieu qu’elle pensait être le sien, elle se laissa aller, et s’adossa au mur juste à côté du fauteuil. Elle pencha la tête en arrière et ferma les yeux, attendant qu’on ait besoin d’elle à nouveau.



Dernière édition par Calimehtar Oropher le Sam 1 Déc 2012 - 14:14, édité 1 fois
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Celtis Ariandin
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyMer 19 Sep 2012 - 20:52
Les flammes voltigeaient devant les yeux de Celtis. Leur chaleur effleurait sa peau, la caressait, la mordillait. Le froid avait disparu et la sensation de vertige aussi, pourtant l'elfe ne parvenait pas à se défaire totalement de l'impression de dormir encore. Comme si la limite entre les songes et la réalité s'était soudainement et inexplicablement brouillée, il voguait entre deux eaux, délirant vaguement.
Sa gorge et sa poitrine le brûlaient, comme sous l'effet d'un alcool fort. Il ne se souvenait pourtant pas d'en avoir bu. Etrange. Il ne se souvenait d'ailleurs pas non plus d'avoir trouvé un abri.
L'elfe cligna des yeux, chassant les réminiscences d'un sommeil fiévreux, et les derniers filaments de songe qui lui gênait la vue disparurent. Il pu ainsi se rendre compte qu'il se trouvait dans une véritable habitation, et que l'absence d'inconfort n'était pas du à une perte de sensation de son corps mais aux couvertures épaisses qui l'entouraient. Depuis quand n'avait il pas eu un vrai lit ? Pourquoi se trouvait il là ?
Sentant que ses muscles n'étaient pas encore prêt, il ne se redressa pas, et n'esquissa pas même un geste, préférant tester mentalement chaque partie de son corps pour se rendre compte de son état. Bizarre. Il ne s'était pas rendu compte qu'il était aussi fatigué... Peut être divaguait il déjà en marchant dans cette forêt. Heureusement que ces voyageurs (en était ce vraiment d'ailleurs ? ) l'avaient trouvé...
Enfin sur de lui même et de ses capacités, il se redressa dans le lit, prenant par habitude soin de ne faire aucun bruit. Silence et discrétion étaient deux de ses maîtres mots depuis qu'il avait commencé cette vie de voyages et d'errances.
Même sa jambe était bien moins douloureuse à présent. Il avait du dormir longtemps, ou bien il avait été bien soigné. Les deux, sans doute.
Le barde sentit la gêne le prendre à la gorge. Qu'avait il fait ?

Il n'aimait pas la compagnie, mais détestait encore plus constituer un poids.
Après s'être frotté les yeux, il regarda autours de lui, détaillant ce nouvel univers.
De riches tentures accrochées au murs, un grand lit, un bureau, une cheminée... C'était une chambre fonctionnelle, riche. Certainement celle d'un personnage important de la maisonnée. Continuant son inventaire visuel, Celtis posa enfin les yeux sur le fauteuil et son occupant. Il ne fut pas surpris de reconnaître l'homme qui accompagnait l'elfe qui l'avait trouvé. C'était logique, au fond. Il semblait avoir meilleure mine, mais peut être était ce une impression conférée par les reflets des flammes sur sa peau hâlée. Ses cheveux étaient blancs, et son visage était couturé de cicatrices sans qu'il soit pour autant défiguré. Dur. Combattant, sûrement.
La seule chose qui empêcha Celtis de profiter du fait qu'il fermait les yeux pour filer en douce fut la présence de l'elfe à ses côté.


Elle était belle.
Comme un flocon, pâle et délicat
Qui se pose sur un monde
Trop froid pour le laisser fondre.

Le feu se reflétait sur sa peau marquée. Le vieux barde resta un moment hypnotisé par les glyphes argentés qui scintillaient et s'ombraient tour à tour, et qui lui évoquaient d'anciennes et terribles histoires.
Aen'yakil.
Ce n'était certainement pas le terme approprié, mais il provenait d'un ancien langage que Celtis avait étudié jadis. Cette malédiction, issue d'un temps encore plus ancien, portait d'autres noms : enfants de la lune, entre autres... Être innocents privés à jamais de la lumière du jour...
Heureusement que la jeune femme avait les yeux fermés, songea l'elfe, se reprenant. Sa façon de la fixer était certainement gênante, voire indécente.
C'était elle qui l'avait trouvé devant la grotte, il n'en doutait pas une seule seconde. Sans elle, il serait sans doute mort gelé. Il avait honte. Les erreurs de jugements n'étaient pourtant pas dans ses habitudes. Peut être était il fatigué de cette vie. Plus fatigué qu'il l'avait cru. Peut être que son inconscient l'avait mené aux portes de la mort sciemment...
Mais à quoi bon y penser, à présent qu'il était sauvé ?
Il laissa un soupire amusé franchir ses lèvres. C'était vraiment idiot.
Il put néanmoins sentir au léger vertige qui le pris lorsqu'il secoua la tête que la fièvre ne l'avait pas encore totalement quitté. La sensation de brûlure perdurait dans sa gorge, et le broc qui devait contenir l'eau était trop loin pour qu'il puisse être certain de pouvoir l'attraper sans risquer de tomber.
Après avoir respiré profondément, à la fois pour se rasséréner et pour se préparer à ce qui l'attendait, il appela :


Ex... Excusez moi...

Sa voix était éraillée, hésitante, hachée, mais toujours musicale. Il s'était exprimé en elfique, car la langue humaine, trop gutturale, lui aurait sûrement écorché encore plus la gorge. Il n'aimait pas vraiment parler, mais sa vie de barde lui avait conféré une certaine assurance qui se ressentait toujours. Il était gêné et honteux de s'être ainsi laissé prendre par le froid et les délires de son esprit fiévreux, mais il n'en restait pas moins un elfe, noble et fier.

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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyMer 10 Oct 2012 - 17:59
Forlong ne protesta pas lorsque Calimehtar le fit asseoir dans un fauteuil. Il fronça les sourcils lorsqu’elle lui apporta une couverture, mais, une fois de plus, ne dit rien. Le plus vite il guérissait, le plus vite il cesserait d’être un poids pour l’elfe...L’homme du Nord la regarda faire, se déplacer avec confiance et s’occuper du malheureux voyageur avec assurance et habileté. Il reconnaissait à peine la jeune femme si timide avec qui il avait traversé le royaume du Gondor sur un chariot à foin. Et pourtant…cette nouvelle Calime’ ne lui déplaisait pas, au contraire, elle le fascinait encore plus qu’avant. Lorsqu’elle lui adressa la parole, le dunadan répondit avec un léger sourire :

-Il n’est pas dans les coutumes de mon peuple de laisser des voyageurs mourir de froid ou se faire dévorer par des ours sur nos terres…Et si tous les elfes mangent aussi peu que vous, nous ne risquons pas la famine.

La guérisseuse ne réagit pas vraiment à ses paroles, plongée dans une contemplation du mystérieux voyageur. Le Loup Blanc se sentit mal à l’aise un moment, un étranger parmi deux représentants du peuple sylvain, si distants et beaux. Le fait qu’il s’agissait de son château et de sa chambre ne fit rien pour dissiper son désarroi. Seul le sourire de Calime’ était capable de faire fondre la glace dans son cœur, et elle le lui offrit volontiers, accompagné de mots doux et d’une proximité qui ne le laissèrent pas indifférent. Forlong ferma à moitié les yeux pendant qu’elle s’occupait de sa blessure. La douleur était non-négligeable malgré la délicatesse des doigts de la guérisseuse, mais il était sur la bonne voie ; quelques jours auparavant une cavalcade l’aurait laissé sans forces, ses bandages imbibés de sang.
Sa réaction face à l’odeur de l’alcool le fit sourire encore une fois, lui rappelant leur première rencontre. Malgré la douleur et la fatigue, il se sentait calme et…chez-lui.

L’homme aux cheveux blancs but une gorgée du thé brûlant, sentant la chaleur renforcée par l’alcool se répandre agréablement dans son corps. La guérisseuse lui rendit le sourire…le froid causé par les évènements dans les écuries quelques jours auparavant semblait avoir disparu, et le guerrier ne regrettait pas le fait que leur promenade se soit terminée de cette façon. Il s’empêcha de passer ses doigts dans les cheveux soyeux de l’elfe assise sur ses talons, une mèche argentée rebelle étant tombée adorablement sur son front. Forlong ne fit rien, ne dit rien, ne voulant interrompre ce moment d’intimité. Il vit les yeux orange de l’elfe se fermer, appréciant cette marque de confiance, ce signe du calme qu’ils partageaient. Il en profita pour observer pendant un moment les traits délicats de la femme, sa poitrine se levant et redescendant au rythme de sa respiration paisible…fasciné par ce spectacle, il ne remarqua pas le réveil du blessé, ni son regard.
Ce fut seulement son soupir et les paroles prononcées dans le langage des elfes qui attirèrent son attention.

L’homme du Nord se releva en premier malgré sa blessure, et s’approcha du malheureux voyageur. Il n’avait pas souvent l’occasion de parler en elfique, mais cette langue était populaire dans le royaume d’Arnor, et il l’avait appris lors de sa jeunesse. Le dunadan n’eut donc aucune difficulté à comprendre les paroles de Celtis, et sa requête se lisait dans le regard que ce dernier lança dans la direction du broc. Forlong remplit un verre en bois d’eau, et l’approcha des lèvres de Celtis, l’aidant à se redresser légèrement de l’autre main. Une fois la soif du convalescent satisfaite, le seigneur de Beauclair remplit à nouveau le récipient, et le posa à portée de l’elfe. Calimehtar s’était relevée entretemps ; le moment intime qu’ils avaient partagé était à présent terminé, mais il ne s’agissait peut être pas du dernier…

-Bienvenue au Château Beauclair, maitre elfe. Je suis curieux d’entendre votre nom et votre histoire, mais ceci attendra jusqu’au soir, vous avez sans doute encore besoin de repos.

Le regard de Forlong se posa sur la baignoire, surmontée par un petit nuage de vapeur. Il décida soudainement qu’il n’avait aucun désir d’assister au bain du voyageur, et de voir Calimehtar l’aider à se déshabiller. Il rajouta :

-Des responsabilités m’attendent au village, je vous laisse entre les mains habiles de notre guérisseuse. Calimehtar…ce fut un plaisir de partager cette promenade avec vous, j’espère que ce ne sera pas la dernière. Les serviteurs restent à votre disposition si vous avez besoin de quoi que ce soit.

Baissant légèrement la tête en signe de respect, le dunadan se dirigea vers la porte.

***

L’air dans le couloir était bien plus frais que celui dans la chambre, réchauffée par le feu de cheminée et l’eau du bain. Forlong prit une longue inspiration, chassant la fatigue. A la rentrée du château il rencontra Mhoram, l’intendant du fief, qui l’accueillit avec un sourire poli :

-Bonjour, seigneur Forlong…Il parait qu’un autre elfe se trouve à présent sous votre toit. Ma foi, un hiver qui attaque par surprise, le retour inattendu d’un seigneur cru mort, des représentants du peuple sylvain à Beauclair…le monde semble se réveiller après cinq ans de sommeil profond.

-Oui, Mhoram…bien que je ne suis pas sûr que ce réveil soit une bonne chose…des mauvaises choses se passent en Terre du Milieu. Mais n’écoutez pas le croassement sinistre d’un vieux corbeau blanc. Avez-vous eu le temps de vous occuper de ma requête… ?

L’intendant hocha de la tête, et montra une belle canne en bois, solide mais légère, au dunadan. Ayant abandonné le bâton primitif dont il s’était servi lors du voyage à travers le Gondor, le seigneur avait demandé au charpentier du village de lui tailler une canne digne de ce nom; quelques semaines passeraient encore avant qu’il ne puisse se déplacer avec aisance, et ce support pourrait lui servir d’une arme certes moins dangereuse, mais bien plus maniable que Lunerill, en cas de danger.

Après avoir remercié Mhoram, l’homme aux cheveux blancs se dirigea vers un ruisseau, à présent recouvert de glace, qui se trouvait à quelques dizaines de mètres du château. Il fut satisfait du support offert par la canne, dont la longueur correspondait parfaitement à sa taille. S’arrêtant devant un arbre mort au bord du ruisseau, il planta sa canne dans la neige, et sortit ses kunai, les couteaux de lancer orientaux achetés dans la boutique de Hasharin. L’entrainement dura une bonne heure; le Loup Blanc continua malgré les nombreux échecs, guidé par une détermination de guerrier, et lorsqu’il arrêta enfin sa respiration était rapide et son front perlé de sueur malgré le froid. Il sourit néanmoins ; ses lancers étaient bien plus précis que tout à l’heure. Des entrainements quotidiens pendant quelques semaines devraient lui permettre de maitriser l’art du lancer au couteau suffisamment bien pour se défendre contre un animal sauvage ou un assaillant armé.

***

Sur le chemin de retour, le seigneur croisa une femme du village, qui l’intercepta, timide :

-Monseigneur… ? Je cherchais l’Intendant Mhoram, mais vu que vous êtes revenu..enfin…


La femme rougit, cherchant des mots pour s’adresser à cet inconnu qui se disait être le seigneur de Beauclair. Elle dit finalement :

-C’est le guérisseur du village, monseigneur…le vieux Drogmir…il a glissé sur du verglas ce matin, il est tombé…à son âge, ça ne pouvait que mal finir ! Il a une entorse à la cheville, et des vertèbres cassées. Il a besoin lui-même de quelqu’un pour s’occuper de lui, sans parler du fait qu’en hiver il y a toujours plus de blessés et de malades…et avec la neige sur les routes, nous ne pourrons pas faire venir un autre guérisseur de Dol Amroth avant des longues semaines…

Forlong fronça ses sourcils blancs. Il avait une guérisseuse au château…accepterait-elle de remplacer et soigner Drogmir ? Hier encore, Calimehtar avait peur d’être inutile, aujourd’hui, elle pourrait découvrir que trop de travail l’attendait. Il ne la forcerait pas, mais la situation était alarmante, et il devait lui demander. Pour l’instant, il rassura la villageoise, lui disant qu’il trouverait une solution, et lui souhaita une bonne journée.

Lorsqu’il retourna au château, l’homme du Nord enfila des vêtements secs, lavés par les serviteurs deux jours plus tôt, et leur demanda d’apporter deux fauteuils supplémentaires dans ses appartements, ainsi que de servir un repas léger pour trois personnes là-bas. Le seigneur discuta pendant un moment avec les serviteurs et gardes qui se trouvaient actuellement dans les cuisines ; s’il devait être leur seigneur, il devait apprendre à les connaitre, et vice-versa.

Le soleil hivernal descendait déjà dans le ciel lorsqu’il se dirigea enfin vers sa chambre. Il frappa doucement à la porte, une grimace apparaissant sur ses lèvres à la pensée de devoir toquer avant d’entrer dans ses propres appartements, puis l’ouvrit, accueilli par la chaleur agréable et l’odeur des herbes médicinales. Le Loup Blanc retrouva Calimehtar et Celtis, tous les deux réveillés. Il n’avait aucune idée de ce dont ils avaient discutés, ou de ce qu’ils avaient faits pendant son absence, et il tenta de se convaincre que cela ne l’intéressait point.

Forlong fut content de voir que les nouveaux fauteuils furent installés ; la taille imposante de la chambre permettait ce genre de luxes sans l’empêcher de s’y déplacer de façon confortable. Il se posa dans un des fauteuils, décidant d’attendre un peu avant de se servir dans les plats de nourriture posés sur le bureau. Il dit, d’une voix calme :

-Bonsoir, comment va notre voyageur ? Calimehtar, je crains que Beauclair aura à nouveau besoin de faire recours à vos talents de guérisseuse…Le vieux Drogmir est blessé, et vous êtes la plus habile dans cet art. Cependant ceci n’est pas une obligation…je vous dois déjà ma vie, et vous êtes une invitée.

Un peu gêné par sa demande, le dunadan tourna sa canne élégante dans ses doigts, attendant une réponse. La soirée s’annonçait intéressante, si l’elfe mystérieux se décidait à leur conter son histoire…




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Calimehtar Oropher
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyVen 30 Nov 2012 - 11:01

    Assise sur ses talons, la jeune femme avait fermé les yeux, s’accordant un moment de repos bien mérité après cette matinée pleine de rebondissements.
    Elle s’annonçait pourtant calme et douce : une promenade à cheval, dans la
    froideur matinale, accompagnée du seigneur des terres pour aller faire les
    provisions de plantes dont elle avait besoin avant l’arrivée de l’Hiver.
    Finalement, le programme avait été tout autre.
    Quelques plantes ramassées, certes, mais la découverte étonnante d’un inconnu trouvé inconscient dans la neige avait quelque peu modifier le reste de la journée. L’inconnu, être
    sylvain comme elle, était un homme qui semblait si perdu, si vulnérable. Il semblait sans âge. Elle sourit, heureuse de se sentir moins seule dans cette ville d’hommes.
    Elle était avec l’un des siens.

    La jeune femme avait une respiration calme, mesurée, et sentait la présence du loup blanc dans le fauteuil à côté d’elle. Ses soins avaient commencé à porter leurs fruits, mais les humains étaient si fragiles ! Il mettrait encore plusieurs semaines à s’en remettre, surtout
    qu’il n’était plus de sa première jeunesse.
    Cela ne gênait pas Calimehtar, au contraire. Elle trouvait dans ses rides et les marques de la guerre sur son visage, de la sagesse, du calme. C’était à la fois réconfortant et curieux. Elle le trouvait beau, à sa manière. L’elfe était beau, l’homme aussi. Pourtant, ils étaient les contraires. Calime sourit doucement, heureuse d’être aussi bien entourée, et de se sentir enfin à sa place. Presque à sa place.
    Lorsqu’elle prenait soin des autres, sa timidité s’effaçait pour laisser place à une assurance pleine de douceur, comme une mère s’occupant de son enfant. Son regard ne fuyait plus, et
    elle parlait même avec une touche d’autorité qui était étonnante pour une jeune femme frêle comme elle.

    L’inconnu s’éveilla enfin, et l’elfe guérisseuse ouvrit les yeux vivement. Le temps qu’elle se lève, Forlong était déjà au chevet du blessé, en lui servant un verre d’eau. Elle fut surprise de sa maîtrise de l’elfique. Elle sourit à nouveau, attendrie par la scène qui se déroulait
    devant elle. L’elfe devait être nettement plus âgé que l’homme blanc, cependant, on s’affairait à son chevet comme à celui d’un enfant malade.
    Calime se releva et rejoint l’homme. Elle effleura brièvement sa main lorsqu’elle reprit le gobelet, et une légère teinte rosée apparut sur ses fossettes. La scène de la grange revint à sa mémoire, et elle faillit renverser le verre en le posant sur la table basse. Une telle proximité la mettait mal à l’aise, sans qu’elle sache pourquoi.
    Elle surprit un regard soutenu de la part du blessé, qui la dévisageait comme si il avait retrouvé une personne qu’il avait perdue des années auparavant. Elle pencha la tête sur le
    côté, ne sachant comment réagir. Peut être était ce du à ses marques ? Peut être connaissait il leur provenance ?

    Une bouffée d’espoir s’empara d’elle lorsqu’elle lui sourit doucement. Le loup blanc s’éclipsa de la pièce, laissant les deux êtres sylvains seuls ensemble. Sans un mot, elle tendit la main pour l’aider à se lever. Il s’affaissa contre elle, pas encore sûr de ses forces. Elle ris doucement pour l’encourager, et l’amena doucement près de la baignoire.


    - J’ai pris la liberté de vous faire couler un bain. Il contient certaines herbes qui vous aideront à guérir, et soigner vos engelures.


    Elle avait parlé dans un elfique chantant. Les elfes aimaient chanter, pour chaque occasion. Sentant la réticence et le malaise du blessé, elle espérait que son initiative l’aiderait à se sentir plus à l’aise. Elle apporta une chaise juste à côté du bain et l’aida à s’y asseoir.


    - Je vous laisse disposer de ce bain à votre guise. Si besoin, je serai juste à côté, vous n’avez qu’à appeler.


    Elle se releva avec un énième sourire, et pris congé derrière un paravent épais qui offrait de l’intimité au blessé. A l’idée qu’un homme nu se baignant à côté d’elle, une bouffée de chaleur fit rougir ses joues, et elle tacha de calmer sa respiration et de se détendre. Elle s’assit à
    même le sol, les genoux remontés contre elle comme un enfant puni. Ne sachant à quoi s’occuper, elle attendit d’entendre les bruits de l’eau, et du corps qui fit crisser la baignoire, elle osa timidement, toujours dans sa langue natale :


    - Puis je savoir à qui ai je l’honneur ? Quels chemins aviez vous pu bien prendre pour arriver en ces terres dans cet état ? Nous sommes plutôt de nature solide, mais vous avez du errer un moment pour avoir des blessures pareilles.


    Elle se tut, soudainement incertaine. Elle s’était probablement montrée trop empressée et curieuse. Cela pourrait lui porter préjudice envers un représentant de la race sylvaine. Elle s’enferma donc à nouveau dans le silence, en attendant que l’invité veuille bien parler.
    Après le bain du blessé, elle attendit qu’il l’appelle pour réapparaître dans la pièce. En le voyant, elle ne put s’empêcher de le trouver très bel homme. Son côté bohème et artiste lui donnait un côté vulnérable qu’elle aimait beaucoup. Après s’être sensiblement rapprochés en discutant, elle pris une serviette qu’elle apposa sur sa tête, et commença à lui sécher les cheveux en douceur, comme ses mains étaient bandées et maladroites.

    C’est sur cette vision de complicité que le seigneur des terres réapparut après avoir poliment frappé. Il avait fait apporter des provisions pour leur repas du soir, et la jeune elfe ne sut déchiffrer sa réaction quand il la vit ainsi, penché vers le blessé pour finir de le sécher.
    Elle pencha la tête sur le côté, un instant hésitante. Elle avait apparut une lueur dans son regard, avant que ce dernier ne la fuit en prenant place sur une chaise. Calime aida le dénommé Celtis à prendre place à son tour, en le soutenant avec un bras, et s’assit enfin en dernière, entre les deux hommes.
    Elle se tint bien droite, et ses cheveux tombaient élégamment sur ses épaules et sa poitrine. Elle remercia le loup blanc de la manière la plus courtoise possible, et s’empara de quelques légumes en guise de repas. Elle aida l’elfe à se servir avec un sourire chaleureux.

    Un guérisseur ? Elle, le remplacer ? La proposition la surprit tellement qu’elle en resta un moment silencieuse, le regard perdu devant elle. Sa timidité reprenait désormais le dessus, et elle n’était pas sûre du tout de convenir aux attentes des humains. Après quelques minutes de réflexion qui semblait avoir jeté un froid sur la tablée, elle se tourna vers le seigneur :


    - Sir, je serai plus qu’honorée de vous servir. J’espère que mes maigres dons pourront être mis à profit pour votre domaine, et que je ne vous décevrai point.


    Il lui avait dit de ne pas l’appeler seigneur, mais en présence d’invité, elle préférait garder les usages de politesse dues à son rang. Elle avait parlé d’une voix douce et calme, son visage légèrement baissé. Ainsi c’était décidé, elle serait guérisseuse officielle. Elle s’inclina en reconnaissance pour cette offre.
    Ils ne veillèrent pas tard, tous fatigués par cette journée riche en émotions. Elle abandonna les hommes, et lança un dernier regard quelque peu empreint de regret sur l’homme loup, et referma doucement la porte derrière elle.


    *`*`*`*`*`*`*`


    Le lendemain, la jeune elfe prit un soin tout particulier à se préparer. A la première heure, elle devait se rendre au chevet du vieux guérisseur Drogmir pour le soulager de ses douleurs dues à sa chute, et avant cela, elle devait faire sa petite tournée au sein même du château, en allant
    voir Celtis et le beau Loup-Blanc.

    Elle s’en acquitta avec la même douceur et le même soin qu’à l’accoutumée, le bonheur ayant ajouté quelques couleurs sur sa peau si pâle. Ses yeux ambrés avaient un éclat particulier, qui faisait ressortir le tissu beige de sa robe avec des broderies mordorées. Le loup blanc n’était pas encore tout à fait réveillé lorsqu’elle s’occupa de son épaule, et elle le regarda à la dérobée, heureuse que ce malaise se dissipât peu à peu entre eux.
    Sa main caressa le long de son bras et elle s’empara de son nécessaire de soins avant de rendre visite au maître elfe qui était quand à lui plein d’énergie si tôt le matin. Ils échangèrent des propos courtois et rafraîchissants. Ses soins furent plus rapides. Les elfes guérissaient si vite !

    Ses pas légers, et pleine d’assurance, la belle guérisseuse sortir du château en remontant légèrement la cape sur son visage pour protéger sa peau des quelques rayons de soleil qui auraient le malheur de traverser les nuages gris épais. Cependant, la météo ne semblait pas affecter l’humeur de notre jeune dame qui s’en allait d’un pas enjoué vers la demeure de son prochain client, après qu’un garde lui ait gentiment montré le chemin. Elle frappa à la porte et s’inclina très légèrement lorsqu’une femme apparue au seuil. Elle se présenta comme étant la nouvelle guérisseuse envoyée par Seigneur Forlong, et elle s’écarta avec un sourire enjouée pour la laisser entrer. Elle s’installa au chevet du malade, et s’apprêtait à l’examiner après avoir retiré sa capuche quand des cris fusèrent dans la maisonnée. La jeune elfe recula, étonnée, sur ses gardes, et elle s’aperçut que les cris étaient pour elle.

    - Monstre ! Monstre !


    Ces protestations et ces hurlements firent l’effet d’une flèche en plein dans sa poitrine. Elle trébucha, s’empara à la hâte de ses affaires et s’enfuit en courant vers le château, des larmes roulant sur ses joues nacrées. Quelle idiote elle avait fait, se croire en sécurité, appréciée,
    acceptée. Il n’en était rien et sa malédiction frappait à nouveau. Elle se rua dans l’enceinte du château et heurta violemment quelqu’un, roulant sur les tapis moelleux du hall d’entrée. Elle bafouilla des excuses en elfique, une main essuyant les traînées humides sur son visage, et c’est à cet instant qu’elle le reconnut…






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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyMar 26 Fév 2013 - 16:49
L'homme, qui avait le maintient et la présence de ceux qui ont déjà vu la mort en face, de ceux qui dansent avec les lames et qui portent sur leur dos robuste des responsabilités qui feraient ployer tout autre homme, comprenait l'elfique.
Cela arrangeait plutôt le vieux barde. Il s'attendait, en réalité, à ce que ce soit l'intrigante et douce elfe qui lui réponde, et la réaction de l'homme lui arracha un sourire qui craquela ses lèvres gercées.
Son esprit noble et fier eu une légère rebuffade lorsque l'homme l'aida à boire. Il n'avait pas confiance en sa capacité immédiate à se lever, mais il s'estimait tout de même assez vaillant pour tenir lui même son verre... Cependant, froisser l'hôte qui l'accueillait et le soignait généreusement n'était sans doute pas une bonne idée, ni sur le plan stratégique, ni sur le plan diplomatique. Aussi se laissa-t-il aider, agissant tout de même de manière telle qu'il ne faisait aucun doute qu'il retrouverait très vite sa prestance et son autonomie.

Bienvenue au Château Beauclair, maître elfe. Je suis curieux d’entendre votre nom et votre histoire, mais ceci attendra jusqu’au soir, vous avez sans doute encore besoin de repos.

Il s'exprimait comme un résidant de marque, peut être un membre de la famille du seigneur, ou peut être le seigneur lui même. Ce qui se confirma lorsqu'il évoqua les responsabilités qui l'attendaient. Celtis compris, en suivant son regard, que la suite risquait d'être plutôt gênante, et se hâta de remercier l'homme généreux.

Je vous suis très reconnaissant de votre accueil, et de votre secours. Je suis Celtis, de la maison Ariandin, mais je doute que son nom soit parvenu jusqu'à cette époque.

Son regard glissa jusqu'à l'elfe blanche. Ainsi, son nom était Calimehtar... Si ses souvenirs étaient justes à propos des Aeny'akil, ce nom était tristement ironique. Mais même si cette jeune femme était privée à jamais du soleil, elle avait le pouvoir de chanter la lumière de la lune comme nul autre. Cela se voyait à son regard, à sa peau marquée. Ne voulant pas la mettre mal à l'aise en la dévisageant, Celtis s'inclina comme il pu vers elle, en signe de respect.

Je vous remercie, et je tacherais de la laisser rapidement revenir vers vous. Après un court repos, je devrais être capable de vous aider également, en remerciement de votre aide. Je vous suis plus que redevable.

Puis l'homme quitta la pièce, et le barde mélancolique se retrouva seul avec la jeune elfe. Il s'appliqua à ne plus la dévisager de la sorte, trouvant lui même son comportement indigne. Pour l'heure, il lui fallait se concentrer sur son rétablissement. Le lendemain, il trouverait un moyen pour rembourser la dette qu'il avait contracté envers les occupants du château.
Calimehtar l'aida à se relever, mais le changement de position, même lent, lui fit tourner la tête, et il du déporter un peu de son poids sur la guérisseuse. Elle était plus solide qu'il n'y paraissait, mais il fit tout de même de son mieux pour se rétablir et se reposer le moins possible sur ses épaules frêles. Il la dépassait bien d'une tête, mais elle parvint sans difficulté à le soutenir jusqu'à la baignoire qui fumait encore, parfumant l'air de senteurs médicinales, décontractantes, agréables.

J'en reconnais les odeurs, elles me réconfortent déjà. Merci, Dame Calimehtar. Je saurais m'occuper de moi maintenant, je ne veux en aucun cas vous gêner ou représenter un poids pour vous. 

Dès que la discrète et douce jeune elfe fut passée de l'autre côté du paravent, le vieil ermite aux cheveux blonds renversa la tête en arrière. Mais dans quel guêpier s'était il fourré ? Il n'avait aucune intention de représenter un poids pour qui que ce soit. La situation le gênait au plus haut point. Une pensée le fit sourire, traversant son esprit. S'il avait été aussi hautain et sur de sa supériorité que certains elfes de sa connaissances, son honneur ne s'en serait pas relevé. Sauvé par un homme ! Bon, un homme et une elfe. Mais dépendant tout de même du bon vouloir d'une seigneur humain.
Voilà qui aurait servi de bonne leçon à certains.
Toujours souriant, il acheva de se défaire de ses vêtements et entra dans l'eau fumante.
Un léger soupir, chantant, força le barrage de ses lèvres. Le pouvoir relaxant de la chaleur et des herbes combinées entra immédiatement en action, délassant ses muscles, éclaircissant son esprit. Cela faisait si longtemps...
Il se demanda d'ailleurs avec angoisse à quel point son aspect avait pu être pathétique. Il espérait ne pas avoir indisposé ses hôtes.
Ses muscles à présent parfaitement détendu, toute douleur et raideur évanouie, l'elfe se laissa aller contre la paroi plus fraîche, laissant l'eau recouvrir son cou, lécher la naissance de son visage. Ses yeux se perdirent dans les volutes de vapeur.

Ondoiement léger, à la surface des rêves
Qu'un réveil trop brusque a relâché sur terre,
Virevoltant entre poussière et fumée,
Cherchant toujours, toujours un lieu où se poser.

Il aurait aimé les attirer à lui, ces souvenirs, ces rêves qu'il ne connaissait pas encore, les laisser imprégner son âme pour lui enseigner de nouvelles chansons. Bientôt, sûrement. Bientôt il chanterait à nouveau.
Puis l'elfe parla, depuis l'extérieur, le tirant de sa rêverie.
Celtis laissa quelques secondes s'égrainer après que la voix de la jeune femme se soit tue. Ses questions étaient légitimes, et il s'attendait à les entendre à un moment ou à un autre, mais il ne savait pas bien que répondre.

Qui suis je ? Rien d'autre qu'un souvenir échappé de la forêt, je le crains... Ma maison a quitté ces terres il y a trop longtemps pour que quiconque ne s'en souvienne. Comme vous l'avez deviné, cela fait bien longtemps que je n'ai pas connu d'autre lit qu'un tapis de feuille, et d'autre toit que la voûte des arbres. Je vais de chemin en chemin, j'entends les histoires des peuples que je croise et les rapporte au travers des ages, et sans vous, le vieux barde que je suis serait devenu une nouvelle feuille oubliée dans le sous bois. Ma solitude commençait à se teinter de folie, et vous m'en avez gracieusement tiré. Je vous suis redevable.

Il laissa un nouvel instant de silence s'écouler, hésitant à poser à son tours une question. Il ne voyait personnellement pas de problèmes dans le fait de répondre à celles de ses hôtes, mais peut être était il trop tôt pour leur rendre la pareille, et il ne tenait pas exactement à paraître discourtois.
Il pris donc la décision de se taire, pour le moment, et de garder sa curiosité pour plus tard. Ne voulant pas abuser du temps de sa généreuse infirmière, il écourta son bain, se sécha comme il pu et s'habilla. Une fois certain d'être raisonnablement décent, il rappela l'elfe.
Une conversation légère et agréable s'engagea naturellement, tendis qu'elle l'aidait à finir de se rendre présentable. Elle du l'aider à se sécher les cheveux, car ses épaules mystérieusement douloureuses et ses doigts encore gourds refusaient de tenir la serviette appliquée sur sa tête. C'était comme si toutes les douleurs, toutes les fatigues de ses décennies de voyage rattrapaient enfin son corps, maintenant qu'il arrêtait de courir.
C'était remarquablement gênant.
Les mouvements légers que la guérisseuse appliquait sur son cuir chevelu, en revanche, étaient délicieusement agréable. Il se sentit dans l'humeur de ses félins qui ronronnent et miaulent de contentement lorsqu'on leur gratte la tête, et se demanda, tout en fermant les yeux pour mieux savourer, pourquoi les elfes n'étaient pas eux même capables de produire de tels sons.
Peut être était ce une bonne chose, cela dit.

Soudain, il sentit les gestes de l'elfe devenir plus hésitants, plus crispés. Il rouvrit un œil, curieux (et, il faut l'avouer, un peu déçu), juste à temps pour apercevoir la lueur dans le regard de l'homme aux cheveux blancs. Qu'était elle ? Jalousie ? Gêne ? Énervement ? Toute humeur féline le quitta instantanément, alors que l'idée de représenter une gêne se nichait à nouveau au cœur de son esprit.
Ses cheveux enfin secs, il laissa Calimehtar le guider vers la table qui avait été installée, couverte de victuailles.
Sa gorge se serra à la vue de cette table. Voilà qu'après avoir forcé l'hospitalité de ses sauveurs, avoir abusé de leurs soins, et de leur temps, il pillait leurs réserves de nourriture. Ces légumes étaient diablement appétissants et réveillaient un instinct presque sauvage en lui, mais aussi un sentiment de culpabilité atroce.
Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas été ainsi invité, qu'il avait oublié comment ressentir la joie simple que cela procurait, et que seul la culpabilité demeurait. Le caractère pathétique de sa situation fit naître un sourire amère sur ses lèvres encore gercées malgré les baumes.
Il inclina la tête pour remercier la jeune elfe lorsque celle ci le servit d'une portion plus que généreuse (selon ses critères, du moins) de légumes. Oh, que cela sentait bon..

La conversation qui suivit confirma ses suppositions sur l'identité de l'homme aux cheveux blancs. Ainsi, il était bel et bien le seigneur de ces terres. Et il reconnu en l'attitude de Calimehtar la même gêne et le même désir de se rendre utile qui pulsait en lui.
Une fois la question de la succession du guérisseur réglée, le sujet s'orienta naturellement vers le vieil elfe. Il répondit aux questions de ses hôtes, déclina son nom, sa lignée, restant pourtant encore assez vague sur ses origines et préférant leur décrire ce qu'il avait vu, ces dernières années, dans les forêts qu'il avait traversé, sur les chemins qu'il avait foulé, leur conter quelques histoires, plutôt courtes et moins lyriques qu'à son accoutumée. Il conclut, souriant, qu'il aurait aimé leur chanter quelques contes, si seulement ses doigts n'avaient pas été couverts d'engelures.
Enfin, Calimehtar s'éclipsa, fatiguée, non sans avoir jeté un drôle de regard à l'intention du seigneur.
Celtis laissa encore s'égrainer quelques secondes avant de se tourner, le dos aussi droit que possible et le regard franc, vers son hôte.

Je ne sais comment vous remercier pour votre secours et votre hospitalité. Si je peux vous être utile, de quelque façon, n'hésitez pas à me le faire savoir. Je vous suis redevable.

Il inclina la tête vers l'avant, en signe de remerciement, avant de la redresser et de poursuivre, hésitant.

Peut être.. J'ai cru comprendre que vous étiez partis à la recherche de plantes médicinales lorsque vous m'avez découvert. Et les soins que vous m'avez si généreusement prodigués ont du puiser dans vos réserves. Je pense pouvoir vous être utile sur ce point. Je ne connais pas bien cette forêt, mais je pense pouvoir y retrouver le nécessaire. Si vous me le permettez, après une nuit de sommeil, j'irais récolter ce que vous avez du utiliser pour moi, et plus encore.

Il inclina la tête de nouveau à la réponse du seigneur.

Il me semble également qu'il s'agit de vos appartements. Je me sentirais fautif de vous les dérober plus longtemps. Je ne suis pas pleinement remis encore, mais grâce aux soins que vous m'avez offerts et à notre nature, cela sera tôt fait.

Il n'osa pas demander à ce qu'on lui indique un autre lit, espérant simplement que le sous entendu suffirait. S'il lui fallait dormir dans la paille des écuries, il serait déjà bien heureux. Oh, il connaissait là encore bien des elfes qui auraient défailli à cette simple idée, mais lui savait apprécier la simple présence de murs pour couper le vent et d'un toit pour arrêter la neige.


La nuit avait fait des miracles. Lorsque Dame Calimehtar vint le visiter de bon matin, elle le trouva déjà bien éveillé, debout et habillé, à observer ses doigts. Il avait défait les bandages pour observer l'étendu des dégâts, et était assez satisfait du résultat. Il s'était attendu à bien pire. Bientôt, très bientôt, il pourrait rejouer du luth avec autant d'adresse qu'avant. Mais ce qu'il pouvait déjà faire serait suffisant.
Elle s'occupa rapidement de ses blessures, ravie de le voir reprendre vie aussi vite. Les elfes guérissaient vite, après tout.
Elle avait l'air heureuse de pouvoir rendre service au seigneur. Celtis se laissa un instant captiver par ses yeux d'ambre aux reflets changeants, avant que la nostalgie, amenée par le souvenir d'yeux si semblables, ne le submerge, faisant éclore sur son visage un sourire incertain, mélancolique.
Il regarda la jeune femme partir, fini de s'habiller, pris son luth et sa besace, et parti en direction de la forêt. Il traversa le village encore à moitié endormi, puis la rivière, et n'eut pas à aller très loin avant de trouver ce qu'il cherchait.
Avec précaution, il défit une nouvelle fois les bandages de sa main musicienne, et, concentré, il commença à jouer. Ce n'était pas vraiment de la magie, ou du moins, il ne le ressentait pas de cette façon. C'était plutôt une méditation avancée, qui permettait de ressentir la vie, la forêt, l'existence des choses qui l'environnaient.
Il parvint ainsi à trouver en très peu de temps quelques racines, des tubercules, des graines séchées, des écorces spéciales qui, il s'en souvenait parfaitement, rentraient dans la composition de nombreux baumes et cataplasmes. C'était de vieilles recettes, pour certaines certainement oubliées depuis des générations, car elles dataient de quand il étudiait dans ce petit cloître perché dans les montagnes, mais il n'y avait aucune raison pour qu'elles ne soient plus efficaces.
Mais les abords de la rivière furent vite, très vite, épuisés.
Si seulement ses doigts avaient été en meilleur état, il aurait pu jouer cette mélodie, celle qui repoussait l'hiver pour permettre à une existence de fleurir. Il y avait déjà eu recours, à quelques reprises, mais cela nécessitait une concentration qu'il n'était pas encore sur d'être en état de fournir.

La besace un peu plus rebondie, il s'en retourna vers le village. Celui ci n'était pas beaucoup plus agité que lorsqu'il s'en été éloigné à peine une demi heure plus tôt, et il hâtait le pas vers le château, pressé de retrouver ses murs solides, son atmosphère discrète et protectrice, lorsqu'une main, surgi de l'ombre, s'empara de son bras, lui tirant une grimace de douleur et le forçant à s'arrêter.

Il y a un monstre au château, une femme à la peau blanche, marbrée d'affreuses cicatrices sur le visage... N'y allez pas, ils sont maudits, maudits !

Une … La lumière se fit dans l'esprit de Celtis. Une femme à la peau argentée, vous dites ? Maudite ?

Il soupira, plongeant son regard le plus chaleureux et sincère dans celui, hanté, de la jeune femme.

Il n'y a qu'une seule femme à la peau d'argent qui vive en ces lieux, à ma connaissance, et il s'agit de celle qui m'a sauvé la vie. Dame Calimehtar est une grande guérisseuse, issue de mon peuple. Vous n'êtes pas femme à vous laisser tromper par les apparences, n'est ce pas ?

La jeune femme, subjuguée, secoua la tête. Celtis reteint un soupir, et se força à sourire à la place. Il n'aimait pas abuser de l'effet que générait sa finesse elfique. Mais si cela pouvait changer l'avis que cette femme avait sur sa sauveuse, il pouvait bien se forcer.

Je comprend que vous puissiez vous sentir un peu effrayée. Mais je vous assure que Dame Calimehtar n'a d'autre volonté que de vous apporter santé et soins. Ne la jugez pas sur ce que vous pensez voir d'elle, je vous en conjure.

La femme baissa la tête, un peu honteuse, un peu confuse.

Je.. Je m'excuse, j'ai peur de m'être laissée emportée... Oh, non... Qu'ai-je fait ? Je l'ai repoussée, je l'ai chassée, elle ne voudra plus jamais revenir, et nous n'avons plus de guérisseur... oh, qu'ai je fait ?

Celtis ne pu s'en empêcher : il posa une main longue, chaude, réconfortante et bandée sur la tête de la jeune humaine. Celle ci releva la tête, étonnée.

Ne vous inquiétez pas, je suis sur que si vous vous excusez, elle acceptera de revenir. Voulez vous venir avec moi au château ?

Elle acquiesça et le suivit, docile. Il entra dans le château, demanda à un domestique s'il pouvait voir Dame Calimehtar, et suivit le chemin qui lui fut indiqué. Elle était revenue depuis à peine quelques minutes, d'après l'homme.
Il entra dans la pièce après avoir frappé.

Dame Calimehtar ? Quelqu'un souhaiterait vous parler.
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Forlong
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyMar 13 Aoû 2013 - 0:48
Forlong regarda le barde, surpris. Il y a seulement quelques heures ils l'avaient trouvé à moitié mort dans la neige, et il proposait déjà de revenir dans la forêt le lendemain. Quelle étrange race, les elfes, si indépendante des lois qui gouvernent le monde des hommes.

Le seigneur lui répondit:

-Si vous en avez les forces, Celtis, libre à vous d'explorer la forêt de Beauclair, je suis certain que les herbes que vous rapporterez seront utiles. Cependant faites attention à vous, vous risquez de ne pas avoir la chance d'être retrouvé par une guérisseuse la prochaine fois.

Le léger sourire sur les lèvres de l'homme indiquait qu'il s'agissait d'une remarque humoristique, cependant le conseil était sincère. Homme ou elfe, aucun voyageur solitaire n'était sauf en ce rude hiver.

-Reposez vous, et profitez de ces appartements. Je vous assure que je n'ai pas bien plus l'habitude de loger dans cette chambre que vous.

Naturellement, le barde ne pouvait savoir que le Loup Blanc venait de revenir à Beauclair après des longues années d'absence, et qu'un lit qui lui appartenait véritablement était pour lui un concept étrange.

Forlong laissa l'elfe peu de temps après le départ de Calimehtar. Il ne se sentait pas entièrement à l'aise avec le voyageur, et sa blessure le fatiguait. Le dunadan trouva une chambre plus modeste, et s'écrasa avec plaisir sur le lit, sombrant rapidement dans un sommeil profond.

***

Il se réveilla plus tard qu'à son habitude, et aurait bien dormi davantage encore. Sa blessure lui faisait moins mal, et il sentait ses forces revenir. Il n'avait peut-être pas les capacités régénératrices d'un elfe, mais le sang du Numenor coulait dans ses veines. Il ferma les yeux lorsqu'il sentit les doigts délicats de la guérisseuse sur son bras, son moment préféré de la journée. Cependant, lorsqu'elle s'en alla prendre soin du barde, il ressentit un léger picotement, la même sensation que la veille, lorsqu'il la vit essuyer les cheveux du voyageur. Jalousie? Il pouvait difficilement le nier. Cela ne suffit cependant pas pour gâcher sa bonne humeur, un état d'esprit rare chez le guerrier ces dernières années.

Il passa sa matinée à lire les registres de Beauclair, donner quelques instructions aux gardes et serviteurs, et tenta même de reprendre les exercices à l'épée, bien que sans grand succès. Il arrivait à présent à faire les passes de base sans rouvrir sa blessure ni s'écrouler de douleur, mais tout mouvement digne d'un bretteur de qualité était encore en dehors de sa portée.

***

Les bras d'un homme empêchèrent la guérisseuse de tomber. Lorsqu'elle leva les yeux, elle reconnut un visage. Mais il ne s'agissait ni du Loup Blanc, ni de Celtis Ariandin. En effet, ce fut le regard bienveillant de Mhoram, l'intendant du château qu'elle croisa. Inspirant confiance, cet homme assez âgé réussit à calmer un peu l'elfe et l'emmener jusqu'à ses appartements, où il lui servit une tasse d'infusion à la camomille. Il parvint aussi à lui tirer quelques explications, sans trop insister. L'homme finit par la laisser, et se dirigea dans la salle où se trouvait le seigneur Forlong.

Lorsque le Loup Blanc entendit l'incident, il se leva, le regard sombre, les doigts serrés sur le manche de sa canne. Mhoram intervint cependant:

-Sire...puis je vous donner un conseil?

-Je vous écoute...

-Vous êtes le seigneur de Beauclair, mais votre présence ici est presque aussi étrange pour certains habitants que celle de dame Calimehtar. Vous pouvez bien sûr aller au village et réprimander la femme responsable de cet affront...mais cela ne fera que vous aliéner, vous et la guérisseuse. Nous sommes en province, sire. Laissez couler les choses à leur rythme, et la solution viendra peut-être seule. Le fief à besoin d'un guérisseur, et même les plus superstitieux s'en apercevront bientôt.

Forlong regarda l'intendant en silence pendant un long moment, et finit par acquiescer d'un hochement de la tête, bien que la colère n'avait pas entièrement quitté son regard.

***

Après la visite de Celtis et de la jeune femme dans les quartiers de Calimehtar, la guérisseuse entendit un frappement à sa porte, et des pas s'éloignant rapidement. Lorsqu'elle ouvrit, elle vit un panier laissé sur le sol.

Elle y trouva quelques pâtisseries fraîches, ainsi que des fruits et légumes, sans doute les derniers restants de cet automne. Un petit parchemin y était joint, et lorsqu'elle le déroula elle put déchiffrer des mots écrits soigneusement, bien qu'avec peu de subtilité:

Citation :
Chère Dame Calimehtar,

Veuillez excuser l'incident dans ma demeure...C'est l'insupportable femme de mon fils, elle a le coeur au bon endroit, mais est superstitieuse et bête comme une bûche. Je comprends si vous ne souhaitez plus revenir, mais sachez que sans un guérisseur il y aura des morts au fief cet hiver.

Drogmir

***

Des nombreuses tâches attendaient Forlong, et sa journée fut bien remplie. Ses pensées, cependant, retournaient bien souvent vers Calimehtar et l'incident. Le dunadan tournait en rond comme un animal en cage, et s'impatientait. Mais le conseil de l'intendant était judicieux. Il ne pouvait résoudre ce problème par force, et savait que l'elfe devait se sentir acceptée pour remplir une fonction pareille. Il se résigna à attendre, bien que l'envie absurde de trouver la femme et la prendre dans ses bras hantait ses pensées.

Le soleil disparaissait déjà derrière les arbres, bien que l'heure était encore peu tardive. Le seigneur était sorti sur une des terrasses du château afin de respirer l'air frais. Il sentait ses forces revenir avec chaque inspiration. Les effets des soins attentionnés de la guérisseuse ainsi que de la vie sédentaire commençaient à se faire ressentir. L'homme se sentait moins fatigué et encombré que n'importe quel jour de ces dernières années, bien que ses forces n'étaient pas encore entièrement revenues.

Il se sentait presque chez lui, si un tel endroit pouvait exister pour ce vagabond du Nord. Le dunadan ne savait cependant pas que d'ici quelques jours, son destin allait le rattraper...

Un léger parfum dans l'air indiquant une présence féminine sur la terrasse l'incita à se retourner lentement...




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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptySam 4 Jan 2014 - 12:32

    Éperdue et éplorée, c'étaient pas mal d'illusions qui s'étaient évanouis dans les cris de la femme en ville. Elle se rua au château en se jurant de ne plus jamais en sortir ci ce n'était pour fuir et partir loin de toutes traces de civilisations humaines. Elle heurta violemment une personne et avec le recul, s'aperçut qu'il s'agissait de l'intendant du château. Elle essuya ses larmes, et se pencha pour s'excuser le plus platement pour ce comportement indigne d'un elfe. Elle, qui avait pourtant tout les attributs de cette race, avait agis comme une enfant en pleurant et courant de la sorte. Avec sa malédiction et ses années de solitude, elle était très fragile mentalement, et les rejets étaient toujours pour elle la chose la plus douloureuse qu'il soit. À cet instant, elle aurait voulu des gifler, mais se releva afin de se donner une contenance, en se forgeant un masque de neutralité en un temps record. A partir de ce moment, elle prit la résolution d'imiter au mieux l'habitude des elfes d'être impartiales et sereins d'apparence. Elle devait l'être, ne pas flancher, ne pas dévoiler sa faiblesse. Sinon, tout le monde en profiterait. Pourquoi ne pouvait elle pas d'avantage ressembler aux elfes de ce côté ci ?

    L'intendant était un vieil homme, mais des plus chaleureux et serviables. Il lui tendit son bras et la raccompagna aimablement à ses appartements en lui parlant calmement. Ses paroles l'apaisement, et elle hocha sans répondre. Elle s'en voulait terriblement pour ce comportement si humain et faible. Elle était… Faible. Elle s'assit à l'étroite table qui meubla sa chambre d'invité et on lui servit une infusion qu'elle partagea en compagnie de l'homme. Elle lui avoua le rejet de la femme, et la peine ressentie sous les propos malveillants et empreints de superstition. Elle gardait un port de tête haut, et avait retrouvé ses moyens. Elle raccompagna l'intendant à la porte et refusa la compagnie d'une servante lui proposant quelques soins afin de l'apaiser, comme lui brosser les cheveux par exemple. Les humaines se réconfortaient elles vraiment en se faisant brosser les cheveux par une autre personne ? Elle fronça les sourcils et caressa les siens avec le plat de sa main, songeuse. Elle devait méditer, elle devait réfléchir. Elle avait besoin de temps, et de solitude.

    Ses murs, ses gens.... Ils épuisaient ses réserves et sa contenance. Ils l'affaiblissaient. Elle soupira et se leva pour aller se mettre au coin de la fenêtre. Il faisait gris, sombre, si bien qu'elle ne risquait rien à enlever sa capuche et son bandeau pour contempler la ville submergée de neige. Elle aimait tant la neige, ce blanc immaculé et si pur... Qui n'aimait pas la neige et l'innocence qu'elle apportait dans le cœur de chacun ? Ici, enfermée dans sa chambre, plongée dans la semi-pénombre, elle ne risquait rien. Seul la pâle luminosité hivernale éclairait son visage et faisait ressortir ses marques argentées sur sa peau, sans pourtant la blesser. Des personnes frappèrent doucement à la porte. Comme elle n'entendit rien, elle se douta qu’il ne s'agissait pas de servants comme plus tôt, donc elle dit d'entrer. Elle ne se retourna pas, mais devina la présence de Celtis, l'elfe qu'elle avait retrouvé inconscient dans la neige quelques jours auparavant. Deux jours seulement ? Le temps passait si vite parmi les hommes... Mais l'elfe n'était pas seul...

    Il présenta la femme qui l'accompagnait. Lorsqu'il expliqua de qui il s'agissait, c'est à dire la femme qui l'avait traité de monstre et l'avait hurlé ensuite sur la place du village, des frissons parcourut son échine, qu'elle réussit à cacher. Elle se mît de trois quarts afin qu'ils puissent mieux voir les marques de la malédiction dévorer son visage, son cou, et elle sentit une hésitation dans la voix de la femme. Elle avait peur. Elle était dégoûtée. Cela n'avait pas changé. Un voile de tristesse se déposa sur le regard d'ambre de l'elfe, dont le regard se perdait toujours au dehors. Sous les encouragements de l'elfe, elle se pencha et s'excusa platement pour sa méprise. Elle se perdit quelques peu dans ses propos, se reprit à deux reprises, et finit par évoquer le souhait qu'elle revienne guérir son beau père. Ensuite, elle s'en alla. Celtis resta par après, à côté de la porte restée ouverte. Il la regardait silencieusement. Pour la première fois depuis qu'elle avait donné la permission d'entrer, elle parla d'un ton paisible et lui dit:


    - Je préconise une attelle légère, non serrée, pour son entorse à la cheville, pour l'immobiliser sans forcer dessus. Entourez la d'un bandage chaud, afin d'atténuer le gonflement. Qu'il reste alité une quinzaine. Une concoction de millefeuille devrait soulager ses douleurs. Je n'ai pas pu confirmer sans toucher le patient, mais il n'y a visiblement pas de vertèbres cassées. Le choc a du provoquer une onde de douleur qui a remonté le long de la colonne vertébrale. Qu'il mange chaud, et se repose. Si ses hanches le supportent, relevez son buste avec des coussins dans le dos. Vous trouverez du millefeuille dans ma sacoche.

    Elle désigna du bout du doigt la sacoche de cuir restée sur le coin de la chaise près de la table. Elle n'avait rien à ajouter pour lui faire comprendre que c'était à lui de s'en charger. Elle croisa son regard, et il pût voir sa tristesse et sa demande silencieuse et gênée. Elle n'avait pas la force de sortir à nouveau ce jour là. Le temps semblait s’arrêter entre eux. Ils se regardaient, et cela suffisait pour avoir une conversation silencieuse. Le message passait. Il n’y avait pas besoin de l’exprimer à voix haute. Elle le connaissait depuis peu, mais ne s’était rarement sentie aussi proche d’un être que de Celtis. Ils étaient semblables : deux êtres perdus et étrangers, qui n’évoluaient pas dans leurs environnements habituels. Ils semblaient maladroits, incertains. Elle regarda sa chevelure aux reflets d’or qui tombait comme une cascade sur ses épaules frêles, et son regard d’azur et de vert tendre, comme une prairie printanière. Malgré l’état alarmant dans lequel elle l’avait retrouvé, il semblait aller mieux. Ses doigts avaient encore les marques des graves engelures, mais bientôt, il sera remis. Elle avait cru comprendre qu’il jouait du luth. Elle aimerait l’entendre. Peut être que le chant de cet instrument l’aiderait à retrouver de sa sérénité, et la rapprocherait des siens.

    Il s’en alla, laissant flotter dans l’air une légère odeur d’herbes fraîches. Elle regarda à nouveau au dehors. Malgré sa solitude retrouvée, elle ne parvenait pas à se détendre, à s’apaiser. Les murs autour d’elle semblaient l’agresser physiquement. Elle se sentait oppressée, et sa poitrine peinait à se soulever. Un poids. Si lourd. Sur sa poitrine. Ses mains se firent tremblantes et elle tâtonna les montants de la fenêtre, chercha, puis trouva. D’un geste vif et libérateur, elle ouvrit en grand la fenêtre. L’air s’y engouffra avidement, et le froid mordit sa peau. Elle put enfin respirer. Elle resta là un moment, à chercher une raison de continuer, de se battre. Après plusieurs minutes d’intense méditation, elle décida qu’il était mieux pour elle de partir. Dès que les routes seraient dégagées, et le guérisseur remis sur pieds, elle partirait à pieds, avec sa jument. Elle ne pouvait la montrer sous peine de lui faire perdre son poulain à naître, mais elle ne pouvait décidément pas rester ici, entre ses murs. La proximité d’autant de gens la blessait, et sans parler du loup blanc qui lui faisait perdre ses moyens. Elle envisagea d’aller lui en faire part de suite, avant de ne changer d’avis, mais se résigna. Elle inspira profondément, trouvant dans cet air hivernal et frigorifiant, la force qu’elle recherchait.

    Elle n’était pas la femme qui vint visiter le seigneur des terres dans ses appartements. Il s’agissait néanmoins d’une dame des plus élégantes et belles. Jeune, au visage innocent, et à la chevelure de miel, elle était réputée pour sa beauté dans tout le fief. Il semblait qu’on essaya de faire comprendre au seigneur qu’il était temps pour lui, en ces temps difficiles, de prendre à nouveau une épouse. Peut être que si la jeune elfe avait été présente, toute cette entrevue se serait passée bien différemment, mais elle était loin, dans une autre aile du château, à ne se douter de rien. Elle attendit de son côté que l’heure du déjeuner soit annoncé afin d’aller mander une audience auprès du seigneur. La sonnette ne tarda pas à retentir, et elle se prépara sobrement à s’y rendre, lorsqu’elle rencontra sur le chemin Celtis qui revenait du bourg. Elle le remercia chaleureusement, et décidèrent de faire un bout de chemin ensemble.

    C’est ainsi qu’ils arrivèrent dans la Grande Salle où le repas fut servi, tout à leur conversation ponctuée de rires discrets et élégants, typiques des elfes. Calimehtar avait enfin retrouvé sa prestance et son élégance, et un léger sourire illuminait son visage. Son plaisir fut de courte durée lorsqu’elle découvrit la belle humaine qui siégeait aux côtés du loup blanc, en bout de table. La jeune femme était souriante, et ne manquait pas de marques d’attention envers l’hôte. Quel était ce pincement au cœur ?Elle s’assit aux côtés de Celtis, en face de la femme. Elle se présenta, et s’inclina modestement. L’elfe évitait soigneusement le regard du loup à sa droite, et s’enquit plutôt de son état d’une manière des plus impartiales, avant de faire noter les progrès miraculeux de Celtis. Que cherchait elle à faire ? Le rendre jaloux ? Ou désirait elle seulement montrer son nouvel attachement sincère, son amitié naissante, avec le joueur de luth ? Elle attendit que le dîner fût avancé pour déclarer à l’assemblée réunie sa décision irrévocable :

    - Je vous prie de m’excuser cette intervention, mais je souhaitais vous faire part au plus tôt de ma résolution. Aussitôt les routes dégagées, je partirai. Le guérisseur sera bientôt remis sur pied, et le cas échéant, il sera tout à fait possible pour vous d’en faire mander un autre. Je ne puis rester plus longtemps, vous m’en voyez navrée…

    Elle avait tant de choses à ajouter à cette déclaration, mais elle ne pouvait décemment pas en faire part à tout le monde. Elle aurait aimé expliciter au loup ses raisons, le fait qu’elle souffrait de vivre en communauté, qu’elle avait des réponses à chercher, sur elle, qui elle était, pourquoi ? Pourquoi ? Le silence s’installa à table. Avait il eu vent de l’incident en ville par sa faute ? Penserait il qu’elle fuyait ? Cette simple idée l’horripilait. Mais qu’avait elle à faire de ce qu’il pensait d’ailleurs ? Ah ! Et voilà qu’elle recommençait, à agir comme une humaine et se laisser aller à la décadence ! Elle se ressaisit, et prit congé.
    Lorsqu’elle revint à ses appartements pour y préparer des potions durant la deuxième moitié de journée, elle trouva au pied de sa porte un panier avec un mot d’excuse de la part du guérisseur. Elle sourit faiblement et apprécia le geste.

    Mais sa décision était déjà prise.
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Forlong
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Forlong - La Lune n’a rien à craindre des Loups… EmptyDim 16 Fév 2014 - 0:09
Plongé dans le travail et les pensées remplies par la guérisseuse elfique, le seigneur de Beauclair avait complètement oublié qu'une invitée allait le rejoindre lors du déjeuner aujourd'hui. Il s'agissait de la fille du propriétaire du moulin, l'homme le plus riche du village de Beauclair. La famille n'avait pas de titre de noblesse, mais leur entreprise prospérait, et leurs enfants étaient éduqués dans la Cité Blanche. Mhoram lui avait fait remarquer, quelques jours auparavant, que ne pas inviter une de leurs filles au château serait perçu comme un affront. Les gens de Beauclair avaient déjà assez de raisons de douter de leur seigneur étrange sans qu'il se montre impoli envers eux. Ainsi, une invitation fut envoyée, signée par la main du Loup Blanc.

Ainsi, lorsqu'on vint frapper à sa porte et il se retrouva face à Mhoram, dame Celia et sa dame de compagnie, il fit preuve de maladresse. Il dut s'excuser, et demander à son intendant d'emmener les dames au salon pendant qu'il se prépara rapidement pour le repas, en enfilant une chemise noire élégante et attachant ses longs cheveux blancs en queue de cheval avec un bandeau de la même couleur que sa tenue.

Lorsqu'il se retrouva dans la Grande Salle, un serviteur lui donna un verre de vin blanc de Lossarnach. Seule la dame de compagnie ainsi que Calimehtar avaient opté pour de l'eau. Forlong lança un regard dans la direction de la guérisseuse. Elle riait et discutait avec le barde. Un mélange de soulagement en la voyant souriante, et de jalousie face à la proximité des deux Eldar l'envahit pendant un court instant, mais il se disciplina aussitôt, et se tourna vers son invitée.

Dame Celia était le genre de femme qui ne passait pas inaperçue. Ses cheveux étaient blonds et longs, et sa robe verte ne lui ferait pas honte à la cour du roi Méphisto. Elle était jeune, surtout comparé à lui, mais pas une enfant; ses traits innocents contrastaient avec un regard vif et féminin.

Le Loup Blanc se sentait mal à l’aise. Les mois passés à la cour du Prince de Dol Amroth et au service du roi Aldarion lui avaient appris les règles de la haute société, mais il avait vécu les dernières années en solitude ou en compagnie des soldats, aventuriers et mercenaires. Que pouvait-il dire à une femme pareille ? Il constata qu’il se sentait beaucoup plus à l’aise avec Calimehtar, du moins pendant leur voyage à travers le Gondor. Naturellement, la présence de Nathanael permettait d’éviter les silences maladroits dans la conversation, le conteur avait toujours une histoire à raconter ou une chanson à partager. S’il avait été ici aujourd’hui, il aurait sans doute conquis la jeune dame.

Forlong se contenta pour l’instant d’échanger quelques remarques au sujet de l’hiver et du vin blanc, ce dernier étant en effet excellent.

-Dame Celia, je vous présente mes autres invités. Dame Calimehtar de Lothlorien, guérisseuse de profession, je dois la vie à ses talents. Et maitre Celtis, barde. Malheureusement, je ne crois pas qu’on aura la chance de l’entendre jouer du luth aujourd’hui.

Après les présentations, ils s’assirent à table. La cuisinière s’était surpassée malgré les problèmes d’apprivoisement ; le gibier en sauce de fruits de bois était délicieux, accompagné d’un vin rouge Rhûnien. Dame Celia s’était montrée plus habile que Forlong dans l’art de la conversation, et l’incita à lui parler de la cour du prince Berund de Dol Amroth. Il lui conta donc l’histoire de la reprise de la ville et du grand tournoi où il avait remporté le titre de seigneur et le fief Beauclair. C’étaient des bons souvenirs, des jours de gloire, longtemps avant la boucherie de la Grande Bataille du Nord et la mort de la reine d’Arnor. Il ne put cependant s’empêcher de lancer quelques regards dans la direction des elfes. Le repas se déroulait de manière agréable, du moins jusqu’à ce que la guérisseuse prenne la parole. Forlong l’écouta, attentivement, en prenant une gorgée de vin, avant de répondre :

-Une triste nouvelle, Calimehtar…Je suis cependant soulagé d’apprendre que Drogmir va s’en remettre rapidement. Vous êtes naturellement mon invitée ici, et je ne vais pas vous retenir de force, bien que vos connaissances de guérisseuse nous sont précieuses, et votre compagnie des plus appréciables.

Il  voulait lui poser des questions. Où irait-elle ? Pourquoi ce départ ?  Mais ce n’était pas l’endroit, ni le moment pour ce genre de conversation. Le seigneur se contenta de rajouter :

-Un des hommes du fief est parti hier dans la direction de Lossarnach. Il a pris des bonnes provisions, un arc et des raquettes de neige, donc je ne me fais pas trop de soucis pour lui. Il était obligé d’entreprendre le voyage pour des raisons personnelles, mais devrait être de retour dans une semaine si tout se passe bien, je suis sûr qu’il nous apportera des informations supplémentaires sur l’état des routes.

Le dessert ne tarda pas à arriver. Forlong avait posé quelques questions à dame Celia concernant ses voyages à Minas Tirith, et écoutait ses réponses poliment, bien que d’autres pensées remplissaient sa tête. Celia était belle, et plutôt intelligente…mais sa présence ici, et les paroles de la guérisseuse, le firent réfléchir. Beauclair avait été un havre de paix après les évènements des derniers mois, et il se sentait presque bienvenu dans cet endroit…Lost Ore redevenait Forlong. Cependant, il se rendait compte que cette vie n’était pas faite pour lui. Habiter dans un château, faire la cour à une bourgeoise…il avait choisi la voie de l’acier depuis longtemps. Il était un guerrier pas un seigneur, malgré ses efforts. Lorsque Calimehtar lui dit qu’elle allait partir, le picotement de regret fut accompagné par la compréhension. Il allait partir, lui aussi.

L’elfe fut la première à quitter la salle, et le repas s’approchait de sa fin. Forlong insista à raccompagner dame Celia jusqu’à la demeure de son père, sous l’œil attentif de la dame de compagnie. L’air frais lui faisait du bien, il se sentait ses forces vitales revenir, bien que des mois passeraient avant qu’il soit capable de manier son arme avec autant d’habileté qu’avant.

Sur le chemin de retour, Forlong prit la décision de passer par le couloir où se trouvaient les appartements de la guérisseuse. Il frappa à sa porte, et attendit qu’on lui ouvre, pour dire :

-Bonsoir, Calimehtar. Je voulais vous demander si vous accepteriez de m’accompagner demain matin. Je compte me rendre à l’ancienne cour d’entrainement, auprès du lac derrière le château. Vous avez guéri ma blessure, mais mon corps est encore affaibli, et il faut que je le renforce. Vous désirez peut être profiter des cibles pour pratiquer votre tir à l’arc, si vous comptez quitter Beauclair pendant l’hiver, le voyage peut s’avérer dangereux. Et j’aimerais avoir l’opportunité de vous parler. Qui sait, peut-être que cette fois nous ne trouverons pas de voyageur à moitié gelé dans la forêt.

Un léger sourire apparut sur les lèvres de Forlong en prononçant ces derniers mots.

Le lendemain matin, il se rendit auprès du lac, à présent recouvert par la glace. Les hommes du fief avaient jadis tissé une toiture rudimentaire avec les branches des quelques arbres qui poussaient aux bords du lac. Les branches protégeaient la petite cour de terre battue de chutes de neige et de la pluie. Plus loin, on pouvait apercevoir des mannequins en paille servant de cibles pour le tir à l’arc. Forlong commença son entrainement. Des étirements et des flexions furent suivis par des exercices à l’épée. Il était encore très faible, mais satisfait de reprendre ses entrainements. Il ne savait pas quel futur l’attendait, mais il se doutait qu’il aurait besoin de son épée pour survivre. Le Loup Blanc avait enlevé sa veste et ses gants malgré le froid hivernal, l’effort l’avait réchauffé, et les premières gouttes de sueur étaient apparues sur son front. S’il avait été seul, il aurait enlevé sa chemise noire, mais Calimehtar n’allait pas tarder à arriver. Bien sur, elle avait déjà vu son torse en changeant ses bandages. Il plissa un instant les yeux en se souvenant du toucher des doigts de la guérisseuse sur sa peau…

Il l’entendit s’approcher, et se retourna, en baissant son épée.

-Bonjour, Calimehtar. Je vous remercie de m’avoir rejoint, comment allez-vous ? Je voulais vous parler de votre départ…

Forlong se tut pendant un instant. Les nuages dissimulaient le soleil ce matin, et la femme n’avait pas besoin de se voiler le visage.

-J’espère que vous n’avez pas pris cette décision car vous ne vous sentez pas la bienvenue…certains villageois n’ont jamais voyagé plus loin que le bourg voisin, ils ne savent rien des Eldar, ni  même des autres royaumes humains. Mais vous n’avez pas voyagé jusqu’au Gondor pour rester dans un fief au Belfalas, je comprends…ou voulez vous aller ? Quel est le but de votre voyage ? Vous voyez, je ne pense pas rester à Beauclair longtemps non plus…

Il se maudit presque d’avoir prononcé ces derniers mots, maladroits. La guérisseuse pensait-elle qu’il allait la suivre ? Ce n’était pas son but, bien que l’idée de ne plus la revoir lui serrait douloureusement le cœur. Maladroit, il  décida d’attendre sa réponse.


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