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 les bons comptes font les bons amis (suite)

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Mardil
Espion de Rhûn - Grand Guru du Culte Nathanaïque
Mardil

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les bons comptes font les bons amis (suite) EmptyJeu 18 Juil 2013 - 14:43
HRP Première partie du rp : c'est ici! HRP


Ce fût finalement la seconde femme qui répondit à la place de celle à qui j’avais posé mes questions. Vu le ton qu’elle utilisa pour s’adresser à moi, je ne doutais plus de la hiérarchie entre les deux femmes. Mais, s’il était évident qu’elle était aussi froide que la glace, elle était également précise et concise, ce qui dans le cas présent était fort appréciable.
Néanmoins sa dernière remarque ne passa pas inaperçu mais je décidais de passer outre. Après tout j’ignorais le temps que j’allais avoir à passer en la seule compagnie de ces deux femmes et il était inutile de se montrer aussi désagréable qu’elle avait pu l’être.
Au moment de repartir Makhai m’assura à voix basse que sa compagne se comportait de la même manière quel que soit son interlocuteur. Même si ça ne changeait pas grand-chose à l’ambiance générale, sa tentative pour me rassurer me la fit paraître d’autant plus sympathique.

Je remontais en selle et nous partîmes de suite en direction du sud. Phonoi chevaucha en tête tant que nous étions aux alentours de Minas Tirith mais dès que nous pénétrâmes dans la forêt, je pris alors le relais, étant celui qui connaissait le mieux la région. Nous n’avions guère parlé durant la première partie de notre voyage, l’allure rapide que nous maintenions n’étant guère propice à la conversation, mais nous fûmes obligés de ralentir quelque peu la cadence une fois sous le couvert des arbres.
Nous avancions néanmoins aussi vite que possible, sachant pertinemment que nous ne pouvions que perdre du terrain tant que ceux que nous poursuivions seraient sur le fleuve. Mais il était fort probable que nous les rattrapions plus au sud, car transférer la marchandise par voie de terre allait leur faire perdre leur avance considérable. Tout dépendrait en fait de la distance de fleuve qui était prise par les glaces.

S’ils pouvaient rejoindre leur deuxième bateau en moins de deux jours, c’était perdu d’avance. Je gardais tout de même bon espoir car je savais que les routes en bon état ne longeaient pas directement le fleuve mais s’aventuraient plus avant dans les collines. Nous étions bien plus mobiles à cheval, sans carriole d’aucune sorte pour nous ralentir.
Nous n’avions pas fait de pause durant cette première journée et je sentais que nos montures étaient épuisées. La nuit tomberait d’ici environ une heure alors je stoppais Alaza et levais la main pour signifier à mes deux compagnes de route que nous nous arrêtions.

- Il est temps de se reposer je pense. Il fera nuit bientôt et il sera alors impossible de continuer. De toute façon les bêtes doivent se reposer si nous voulons qu’elles soient en forme pour la suite du voyage.

Je sautais à terre avec agilité et m’emparais de mon arc et de mes flèches.

- Faîtes un feu de camp et je nous ramène de quoi manger. Je ne serais pas long.

N’attendant pas de réponse je m’enfonçais seul dans la forêt et je ne fus pas bien long à trouver ce que je cherchais. Un cerf était en train de s’abreuver à une petite étendue d’eau. Je m’approchais sans bruit et lorsque mon angle de tir fût parfait, je lâchais une unique flèche qui alla se planter dans le poitrail de l’animal. Je ramenais ensuite celui-ci à notre camp et j’y trouvais les deux jeunes femmes autour d’un feu de bonne taille.
Je me mis à dépecer l’animal à l’aide de mes couteaux de chasse et décidais d’entamer la conversation.

- Je pense que nous avons toutes les chances de rattraper ces voleurs d’ici deux à trois jours. Le fleuve est dégagé aussi loin que porte le regard jusqu’à présent mais la végétation va s’épaissir bientôt. Il va nous falloir s’éloigner un peu de l’eau si nous voulons maintenir l’allure. Dès que nous saurons à quel endroit le fleuve est toujours pris par les glaces, nous pourrons estimer où et quand nous rattraperons ces individus.
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Kathryn Prospéris
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les bons comptes font les bons amis (suite) EmptyLun 29 Juil 2013 - 3:54


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Makhai


S’aventurant au travers des branches squelettiques, le vent balayait la forêt, charriant une brume de flocons blancs qui s’envolaient en tourbillons duveteux. Malgré le froid mordant, le voyage semblait ainsi commencer en des conditions favorables. Leur guide paraissait bien connaître la région, pour ce que Makhai pouvait en juger pour l’instant, et le silence qui régnait sur leur petit groupe lui était familier, habituée qu’elle était à l’attitude pensive de Dame Kathryn.

S’imprégnant de la sérénité de la forêt enneigée, Makhai fermait la marche, derrière Phonoi qui, le regard fixe, semblait hermétique à tout ce qui les entourait. Ils avançaient à une allure soutenue bien que raisonnable, afin d’effectuer le plus de chemin avant le crépuscule, afin de ne pas épuiser les chevaux. Bien que la beauté des bois endormis accaparât son attention, elle ne pouvait s’empêcher de se retourner à intervalles plus ou moins réguliers, comme si elle pouvait voir Dame Kathryn par-delà les troncs torturés qui semblaient se refermer derrière eux, comme autant de sentinelles qui leur refusaient l’éventualité d’un demi-tour vers la sécurité de la Cité Blanche.

Agacé par les trémoussements de Makhai, son cheval renâcla en encensant. La jeune femme, flatta l’encolure du brave animal, et, tachant de se tenir tranquille, considéra que se concentrer sur ce qui la retenait en arrière, sur la sécurité de Dame Kathryn ne servait qu’à occuper son esprit avec des pensées néfastes, qui ne feraient que la desservir pour sa mission actuelle. Elle ne pouvait plus rien faire qu’espérer que sa maîtresse allât bien, sinon que se recentrer sur l’instant présent, et celui qui viendrait.


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Au bout de plusieurs heures de route, il fut temps pour les cavaliers de faire halte, et les trois chevaux éreintés se mirent à fouailler la fine couche de neige craquante à la recherche de quelques rares brins d’herbe, vestiges de l’automne ou prémisses du printemps, impossible de la savoir. Mardil s’enfonça entre les arbres, en quête d’une proie pour ses flèches, tandis que Makhai, accédant à sa demande, préparait le feu, et que Phonoi desserrait la sangle de sa monture.

Bientôt, l’obscurité s’étala sur la forêt comme une tache d’encre sur la soie, et, le paysage autour d’eux évolua d’un camaïeu de blancs et de gris vers un monochrome noir angoissant. Les chevaux se rapprochèrent les uns des autres, tenant le froid et la peur à distance, et les humains du feu, pour les mêmes raisons.

Un silence étrange régnait sur les environs, enveloppant le groupe d’un voile opaque et sourd. Makhai, pelotonnée près des flammes, ne pouvait s’empêcher de jeter de petits regards de droite et de gauche, guettant des bruits qui, pire que tout, ne venaient pas. Alors qu’elle ne cessait de se troubler de l’atmosphère étrange qui empêtrait l’air, ses deux compagnons paraissaient imperturbables, l’un occupé à dépecer un cerf, l’autre debout, les yeux fixés sur un point précis des ténèbres environnantes.

Mardil rompit finalement le mutisme ambiant, leur exposant la suite du voyage. Makhai écouta attentivement, mais aux mots « quand nous rattraperons ces individus, » elle ne put s’empêcher de corriger en « si nous les rattrapons. » Se réprimandant à cette pensée, elle songea avec effroi à ce qui les attendrait si elles échouaient. Dame Kathryn avait parlé de « désappointement, » et ce seul mot était lourd de sous-entendus. Il valait mieux que cette entreprise soit couronnée de succès, car échouer signifierait s’avouer inutile, et, à la place qu’elle occupait, être inutile pouvait se révéler très dangereux.


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Après qu’ils eurent mangé la viande rôtie autour du feu, Makhai se dirigea par réflexe vers les restes du cerf. L’animal était de taille moyenne, et, bien qu’un peu maigre en cette saison, il restait encore de la viande pour environ deux repas, selon les quantités qu’ils mangeraient. Makhai sépara la chair en portions et les rangea dans les fontes avec le reste des provisions de voyages.

Dans la lueur dansante des flammes, tous commencèrent à ressentir la fatigue de cette première journée de voyage.

- Je vais monter la garde, fit Phonoi, en se levant, d’une voix sans intonation.

D’un air absent, Makhai la regarda s’éloigner à petite distance, et se placer, les mains derrière le dos, le regard fixé droit devant, dans une position qui aurait paru inconfortable si elle n’avait pas été habituelle pour Phonoi. Les ombres s’agitaient comme autant de démons sur les méplats du visage impassible de la femme. Véritable statue abandonnée au milieu des arbres, nul souffle ne semblait traverser son corps ni soulever sa poitrine, imprégnée qu’elle était de ses pensées impénétrables. Pendant qu’elle s’assoupissait, Makhai eut une pensée pour leur guide, qui devait se demander ce qu’il faisait là, et en quelle étrange compagnie il se trouvait.


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Phonoi


Nous avons marché jusqu’à la tombée de la nuit sans discontinuer, avant de nous arrêter.

La visibilité n’est pas bonne entre les arbres, et le feu pourrait nous faire repérer par des ennemis.

Le ranger a abattu un cerf. Une seule flèche. Bon tireur. À sa façon de dépecer l’animal, il semble très habile avec une lame.

La neige empêche de voir à cent pieds.

Au vu de ses propos, il faudra nous hâter pour nous permettre d’organiser l’interception convenablement.

Il y a trop d’inconnues dans cette mission, mais sa réussite ne pose pas question. Dame Kathryn a dit compter sur nous, cela suffit.

Je monte la garde.

J’ai placé ma poche de poisons sous le tapis, contre le flanc de ma monture, pour qu’ils ne gèlent pas pendant la nuit.

J’ai de quoi graisser mes lames pour les protéger du froid et les empêcher de crisser en dégainant. Je ne peux pas le faire ce soir.

Je ne dois pas attirer l’attention du ranger.
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Mardil
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les bons comptes font les bons amis (suite) EmptyDim 4 Aoû 2013 - 17:28
Phonoi se chargea du premier tour de garde, aussi aimable qu’à son habitude. Je continuais toujours de penser que je devais me méfier d’elle. Elle était de toute évidence redoutable même si elle essayait de se faire passer pour une autre. Mais c’est ce qu’on m’avait appris depuis ma plus tendre enfance. Et si il y avait bien une chose dans laquelle j’excellais c’était de reconnaître les assassins.

J’aurais pu en profiter pour entamer la conversation avec Makhai mais celle-ci semblait perdue dans ses pensées. Etant passablement fatigué, et conscient qu’il valait mieux préserver mes forces si je voulais mener cette mission à bien, je préférais donc dormir et le sommeil s’empara de moi sans la moindre difficulté. J’avais toujours eu le sommeil très léger et je savais d’avance que je serais réveillé avant les premières lueurs du jour. A moins que Phonoi ne souhaite laisser sa place pour monter la garde (chose qui ne m’apparaissais pas indispensable pour le moment). L’intérieur du Gondor comptait peu de bandits (d’autant plus avec les conditions climatiques actuelles, les bandes organisées se faisaient rares) et nos ennemis étaient de toute évidence loin devant nous.

Le lendemain nous reprîmes notre voyage s’éloignant quelque peu du fleuve afin de pouvoir suivre un itinéraire plus pratique à cheval. A dire vrai, les abords du fleuve à cet endroit étaient tellement encombrés par la végétation qu’il aurait été impossible de poursuivre à cheval et que même à pied, la tâche eut été des plus ardues. Nous avancions un peu plus lentement mais nous maintenions l’allure la plus rapide possible. Au cours de la journée j’échangeais quelques mots avec Makhai. Nous ne discutâmes de rien de vraiment important mais cela faisait du bien de casser le silence pesant qui régnait sur notre petit groupe. Phonoi se montra aussi silencieuse que depuis le début de notre chevauchée. Elle n’avait pas prononcé un mot depuis notre départ de Minas Tirith et à voir l’attitude de sa compagne, cela semblait être habituel chez elle.

Lorsque j’estimais qu’il ne restait que deux heures d’ensoleillement, je décidais de monter le camp pour la nuit. Je prévins mes deux compagnes de voyage que je partais en direction du fleuve pour voir si nous atteignions bientôt l’endroit où il était pris par les glaces. Il me fallut environ une demi heure pour y arriver, la végétation étant extrêmement compacte dans les environs. Je ne pouvais d’ailleurs atteindre la rive du fleuve aussi me décidais-je à escalader l’arbre le plus proche afin de prendre un peu d’altitude et de voir plus loin.

Arrivé en haut de l’arbre, j’avais une vue dégagée sur le fleuve qui n’était absolument pas gelé. Par contre je remarquais quelques morceaux de glace flottant à sa surface. Il y avait donc de grande chance que nous atteignîmes la partie gelée dès le lendemain. Mais le plus intéressant était la présence d’un bateau quelques kilomètres au sud de ma position. Celui-ci était immobile, sans doute avait il jeté l’ancre pour la nuit. Il remontait le fleuve, venant à notre rencontre. Bien sûr il aurait pu s’agir de n’importe quel navire mais tout le monde savait que le fleuve était pris par les glaces. En revanche ce bateau aurait pu atteindre la partie gelée et décharger son contenu avant de rebrousser chemin. Si tel était vraiment le cas, nos voleurs n’avaient qu’un jour d’avance sur nous. C’était là une excellente nouvelle mais également très surprenante. Ils auraient dû avoir 3 ou 4 jours d’avance désormais. Sans doute avaient ils eu des problèmes, quels qu’ils aient pu être. Enfin s’il s’agissait bien du bon bateau évidemment.

Plus j’y réfléchissais et plus cette question méritait une réponse. Aussi de retour au camp, je fis part de mes observations aux deux femmes et leur dit qu’à mon avis si nous voulions des réponses il fallait monter à bord du bateau en question. Et si nous devions le faire c’était pendant qu’ils avaient jeté l’ancre, c’est à dire dès cette nuit. Il nous faudrait environ deux heures pour atteindre le navire et nous devrions laisser les chevaux pour parcourir les derniers kilomètres à pieds. Après quoi deux minutes de nage seraient suffisantes pour atteindre le bateau. Mais même deux minutes dans une eau aussi glaciale ne seraient pas une partie de plaisir. Je continuais néanmoins à penser que ça en valait la peine mais je ne pouvais prendre cette décision seul. J’attendis donc, anxieux, l’avis de Makhai et Phonoi sur mon plan et si oui ou non nous devions nous mettre en chemin.
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Ryad Assad
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les bons comptes font les bons amis (suite) EmptyDim 24 Nov 2013 - 15:21
Post de clôture du sujet

______

Ce fut sous une pluie battante que les quatre compagnons regagnèrent Minas Tirith. Le temps s'était très légèrement réchauffé avec l'arrivée de l'après-midi, et la neige qui tombait en doux flocons s'était muée en trombes d'eau qui se déversaient en colonnes ininterrompues depuis le ciel d'un gris triste. Ils étaient tous trempés, transis de froid, perclus de courbatures, et pourtant ils n'avaient pas fait la moindre halte, la moindre pause. Personne ne s'était plaint, de rien du tout. Ils souhaitaient simplement rentrer au plus vite, pour enfin regagner le confort de leurs lits, de leur petit quotidien. Il fallait dire que ce qui s'annonçait comme une mission de routine avait failli très mal tourner.

C'était à trois qu'ils étaient arrivés au point où les voleurs débarquaient les marchandises, et ils avaient eu la désagréable surprise de constater que ceux-ci s'étaient entourés de mercenaires en grand nombre. Au moins une douzaine ! Etaient-ce des gens venus négocier pour racheter les marchandises Prospéris ? Etaient-ce des pillards qui cherchaient à s'emparer des ressources d'un navire pris dans les glaces ? Etaient-ces des alliés des voleurs, des complices qui les attendaient un peu plus bas sur l'Anduin, pour les aider à s'échapper avec leur butin ? Il était impossible de le savoir a priori. Les trois compagnons avaient dû se rapprocher, et essayer d'en apprendre plus, tout en sachant que tout affrontement direct se solderait par un véritable désastre humain. Phonoï, la tueuse impitoyable, ne doutait pas de sa capacité à survivre à ce combat, mais ce n'était pas le cas de Makhaï et de Mardil. Ils n'étaient pas plus effrayés... simplement plus réalistes.

Ils avaient trouvé un poste d'observation discret, depuis lequel ils avaient été en mesure de surveiller les allées et venues, de compter leurs adversaires, et d'estimer leur compétence au regard de leur organisation. Après une heure passée à vérifier comment les choses tournaient, il paraissait évident que voleurs et mercenaires étaient alliés. Les premiers s'étaient emparés des marchandises et du bateau, mais ils avaient été pris dans les glaces, et avaient dû faire appel à des renforts. Ceux-ci étaient arrivés prestement - à en juger par leurs chevaux qui transpiraient abondamment -, et participaient au déchargement, après avoir visiblement tenté de briser la couche d'eau solide qui retenait prisonnier leur navire. Il leur faudrait abandonner ce moyen de transport pour le moment. Les caisses de marchandise reposaient donc à même le sol, et il n'était pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'ils attendaient un nouveau véhicule pour les transporter. Un charriot, probablement. Cela compliquait quelque peu la situation, car le facteur était à prendre en compte. S'ils agissaient trop rapidement, ils risquaient de compromettre leurs chances de succès, et de tomber dans un piège. A l'inverse, s'ils tardaient trop, ils prenaient le risque de voir arriver un charriot, de nouveaux hommes, et donc de perdre leur unique occasion de mener leur mission à bien.

Ils décidèrent donc de partir chacun de leur côté, pour essayer de recueillir des informations. Avec un peu de chance, ils trouveraient une façon discrète de neutraliser les sentinelles, ou bien un moyen d'intervenir sans être repérés. Ils demeurèrent séparés pendant une bonne demi-heure, cherchant à se rapprocher aussi silencieusement que possible. Le premier qui se ferait repérer compromettrait l'action de tous les autres, et pouvait tous les conduire à la mort. Makhaï localisa rapidement le chef de ces brigands, et elle essaya de voir ceux qui étaient les plus dangereux. Les hommes étaient armés d'épées longues, de facture moyenne, mais qu'ils devaient entretenir avec soin. Aucun ne semblait porter d'arc, ce qui était bon signe. S'ils voulaient les tuer, il leur faudrait venir au corps à corps. Et avec la configuration des lieux, cela pouvait aussi bien leur causer du tort. En effet, avec les fourrés, la présence de nombreuses caisses posées à même le sol, ils ne pouvaient guère qu'arriver par groupes de deux ou trois de front. Et pour trois combattants expérimenté, cela ne devenait pas facile, mais gérable. Toutefois, c'était à supposer qu'il s'agît de mercenaires expérimentés, ce qui restait encore à établir.

Phonoï, de son côté, se rapprocha du navire, et l'examina brièvement. Elle vit qu'il y avait un point de passage pour y pénétrer, à condition de réaliser un véritable tour de force. En effet, cela signifiait plonger dans l'eau glacée, et contourner le bateau, se hisser sur la glace à la force des bras. Courir sans se faire repérer sur une demi-douzaine de mètres, grimper le long de la coque, et rentrer par un des sabords qui était resté ouvert. Mais si elles y parvenaient, elles forceraient leurs adversaires à les assaillir sur le pont, tout en bénéficiant de l'avantage de la hauteur. Ce ne serait pas une partie de plaisir, mais il fallait bien tenter quelque chose. Ils se rassemblèrent rapidement, et firent part de leurs observations. Mardil semblait ailleurs, comme s'il avait vu un fantôme, mais il ne mentionna rien du tout, et se rangea à l'avis du groupe qu'il était plus simple de passer par l'eau, quand bien même ils avaient de bonnes chances d'y rester.

Ils se déplacèrent donc sans se faire repérer jusqu'à l'eau, s'écartant un peu de la partie gelée du fleuve. Là, ils se débarrassèrent de tout ce qui risquait de les encombrer. Makhaï et Mardil s'emparèrent de leurs épées, se débarrassant de leurs lourdes ceintures, qui risquaient de les entraîner vers le fond. Ils abandonnèrent leurs capes, qu'ils seraient bien contents de retrouver sèches après avoir achevé leur fol exploit. L'arme en main, ils se glissèrent dans l'eau non sans grimacer. La température du fleuve ne devait pas être beaucoup plus haute que zéro degrés, et ils allaient devoir tirer sur leurs muscles pour réussir à y survivre. En pénétrant dans l'eau, le froid les saisit immédiatement, leur coupant la respiration. Ils avaient l'impression de suffoquer, que leurs poumons étaient en feu. Toutefois, ils ne pouvaient pas s'arrêter pour se reposer, et devaient avancer coûte que coûte. Nager avec une épée en main était fort compliqué, et ils durent croire que jamais ils n'allaient y arriver. Mardil, le premier arrivé, s'empressa d'aider les deux jeunes femmes à s'extirper des eaux noires du fleuve Anduin. Ils étaient trempés, leurs vêtements collaient à leur peau, et ils avaient l'impression de peser dix kilos de plus. Toutefois, malgré le froid, et leur mine hagarde, ils devaient continuer sous peine d'être immédiatement repérés. Il ne faisait pas totalement nuit, mais la visibilité était mauvaise à cause des conditions climatiques, et leurs adversaires étaient davantage préoccupés par ce qui pouvait venir de l'amont du fleuve que de l'aval. Ils se traînèrent jusqu'au bateau, pour s'abriter sous son ombre, puis s'accordèrent quelques secondes pour reprendre leur souffle, avant d'entreprendre l'escalade.

Les prises étaient peu nombreuses, et il leur fallut de longues minutes durant lesquelles leurs muscles contractés souffrirent le martyr, avant de pouvoir enfin se glisser à l'intérieur du navire. Ils avaient réussi à ouvrir un des sabords, et à se laisser choir à l'intérieur, où il faisait sombre et humide. Ils étaient dans la cale, désormais, et par chance personne n'était là pour les débusquer. Ils se reposèrent encore un peu, essayant de ne pas respirer trop fort, et de se réchauffer mutuellement. Entre l'eau glaciale et le vent mordant, leurs cheveux dégoulinant dans leur cou et dans leur dos, et leurs vêtements imbibés, ils avaient l'impression qu'ils ne pourraient jamais s'en sortir. Ils se recroquevillèrent les uns sur les autres, en attendant qu'une ouverture se présente, et qu'ils puissent enfin frapper. Elle finit par venir, se présentant sous la forme d'un des voleurs, qui venait chercher une caisse. Phonoï attendit qu'il se tînt juste à côté d'eux pour lui sauter dessus. Elle tendit sa main pour l'empêcher de parler, puis lui planta sa dague dans la cuisse, et enfin dans le bras droit. Il grogna, mais son cri resta étouffé. Enfin, terrassé par la douleur, et par le coup à la nuque qu'elle lui adressa, il s'effondra par terre. Son efficacité était indubitable, et elle n'avait pas eu besoin de plus de quelques secondes pour le neutraliser.

Passant immédiatement à la suite, elle se glissa sous le petit escalier qui descendait vers les tréfonds de la cale, et s'y tapit en attendant l'arrivée d'un nouveau malandrin. Pendant ce temps, Makhaï et Mardil demeurèrent collés l'un à l'autre, essayant de se réchauffer avant de devoir passer à l'action. Le combat serait rude, et ils auraient besoin de tous leurs sens pour s'en sortir. Afin de tuer le temps, ils commencèrent à discuter à voix basse, échangeant quelques mots pour tromper l'ennui et se maintenir éveillés. Puis la trappe s'ouvrit à nouveau, laissant passer un homme qui paraissait de fort méchante humeur. Il descendit d'un pas lourd à l'intérieur, et beugla le nom de l'autre voleur qui avait fait une rencontre malchanceuse. Au moment où sa cheville passa devant le nez de Phonoï, celle-ci s'en empara, et tira de toutes ses forces, envoyant le type s'écraser au sol où il se cogna la tête. Mais malheureusement, sa chute se fit avec fracas, et ils furent contraints de passer à l'attaque.

Les trois compères se ruèrent à l'extérieur, et livrèrent un combat aussi sauvage que violent contre les bandits, qu'ils mirent à mort avec efficacité et rapidité. Leurs muscles étaient tétanisés, et probablement qu'ils n'auraient pas survécu à cet affrontement si un des hommes parmi les mercenaires n'avait pas fait défection. Au beau milieu du duel, il avait retourné sa veste, et apporté une aide providentielle aux intrus. La bataille terminée, ils avaient attendu la charrette qui devait venir en renfort, pour la prendre d'assaut. Elle n'avait pas tardé, et ils se dirent après coup qu'ils avaient bien fait d'agir rapidement, sans quoi ils auraient été contraints de revenir bredouille. Ils se ruèrent sur le cocher, qui fut surpris de voir débouler quatre guerriers accomplis, alors qu'il s'attendait à être en parfaite sécurité. Ils le neutralisèrent, l'assommèrent, et entreprirent de l'attacher. Puis ils décidèrent de faire pareil avec les deux hommes de la cale, qu'ils chargèrent aux côtés des marchandises. Phonoï décida de conduire l'attelage, préférant la solitude à la compagnie, tandis que Makhaï, Mardil et le nouveau venu demeuraient à l'arrière, à surveiller les prisonniers et à discuter. Il semblait bien que les deux hommes se connaissaient, à la manière dont ils se regardaient, mais comment en être sûr ?

Ce fut ainsi qu'ils regagnèrent Minas Tirith, emmitouflés dans leurs capes qui leur faisaient office de couvertures. Elles ne les réchauffaient pas beaucoup, et ils soufflaient tous sur leurs doigts glacés pour chasser la couleur bleue désagréable, et dissiper les tremblements et les frissons qui les saisissaient à intervalle régulier. Ils franchirent la porte sans encombre grâce à l'autorité de Mardil, qui en tant que soldat du Gondor revenant de mission pouvait couper la file des gens qui cherchaient à entrer dans la cité. Après qu'ils eussent pénétré à l'intérieur de la Cité Blanche, l'inconnu décida de les abandonner. Il n'était visiblement pas très à l'aise avec les autorités, et il quitta le charriot, s'évanouissant dans la foule, se fondant dans la masse mouvante des gens qui s'agglutinaient ici et là. Makhaï et Mardil débarquèrent devant la caserne, pour aller y faire un bref compte rendu, tandis que Phonoï s'empressait de ramener le charriot de marchandises à sa maîtresse, qui devait s'impatienter.

Tout rentrait enfin dans l'ordre. Théoriquement.


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

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