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Mieux vaut prévenir que guérir | |
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Drulion Mede Guérisseur
Nombre de messages : 25 Localisation : Gondor Rôle : Guérisseur
| Lun 28 Sep 2015 - 17:06 | | Drulion leva les yeux vers le capitaine lorsque celui-ci pénétra dans les geôles. Il admira la finition remarquable de l’armure de la femme qui venait de rentrer à sa suite. Évidemment, le gamin n’aurait pas pu manigancer tout cela. Drulion en eut soudain marre de ces complots et autres luttes pour le pouvoir et l’argent. Que voulaient-ils cette fois ? Ne pouvait-il pas rester tranquille à soigner son prochain ? Il cracha par terre à l’approche de la dame. Même si elle voulait rester mystérieuse, il n’en avait rien à faire et n’éprouvait aucun respect pour celle-ci. Il commença d’ailleurs à s’adresser au capitaine, ignorant complètement la femme en armure.
- Woh ! Vous-là ! Officier ! Est-ce que je pourrais avoir un peu à boire ? Je sens ma bouche s’assécher.
Ce qui n’était pas totalement faux, mais il était temps que Drulion reçoive ce qu’il mérite. Ils voulaient qu’il leur rende service ? Pourquoi pas, mais ils allaient devoir le supporter. Il écouta la femme mais n’en montra pas un seul signe. Encore une histoire de poison. S’il avait fait guérisseur, c’était pour sauver des vies, et non pas pour en enlever. Même si la plupart de ses plantes, mal dosées, étaient mortelles. Le gros guérisseur se leva, se dirigea vers le mur au fond de sa cellule, le plus proche possible de celle de Nast. Il releva son froc en toile et commença à uriner, ne montrant aucune pudeur et n’épargnant aucun détail aux personnes présentes.
- Mouais, je m’y connais. C’est juste pour ça que vous avez fait tout ce bazar ? Vous auriez pas pu juste me le demander ? Je vois le genre. Vous aimez vous donner du mal pour pas grand-chose. J’imagine que vous avez besoin de moi pour empoisonner quelqu’un ou quelque chose et que ça vous permettra de monter en grade ou de gagner plus de pouvoir ?
Il se secoua, s’essuya rapidement avec sa tunique et rabaissa son froc. Il agita aussi rapidement son pied gauche, qui avait légèrement trempé dans la flaque nouvellement formée. Il se retourna et ignorant Nast, il était affligé par le comportement du gamin, qui était manifestement sous l’influence du charme de cette femme, il s’avança vers la dame en armure. Il s’arrêta devant les barreaux et la jugea du regard, la reluquant de bas en haut. Il s’avoua quand même qu’il l’aurait bien observée sans armure. Il jeta un coup d’œil au capitaine, fit revenir la salive dans sa bouche et cracha ensuite par terre.
- Alors, elle vient cette boisson ? Tu ne voudrais pas faire attendre la donzelle ?
Après tout, le capitaine n’était, comme Nast, qu’un clébard à la solde de la mystérieuse femme. Étant donné son pouvoir et son ton, il valait sans doute mieux pour Drulion qu’il fasse comme celle-ci décidait, pour le moment en tout cas. |
| | | Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 34 ans -:
| Mer 7 Oct 2015 - 10:28 | | Nast se tenait aux barreaux comme ces créatures étranges venues du Sud que l’on voyait quelques fois dans les troupes de saltimbanques. Un singe bien dressé aux yeux exorbités, intrigué, aux babines retroussées sur un sourire mauvais qui révélait une dentition imparfaite. Le jeune homme regarda le médecin, indécis, avant de faire un pas en arrière pour ne pas se faire éclabousser. Plein de mépris il mit un coup de pied contre le barreau et s’écarta pour ne pas se faire mouiller les chausses. Ce médecin était comme son père et les paysans de son village, plein de principes et de bons sentiments, assoiffés par la tranquillité plutôt que par la gloire ou les grandes actions. Nast se tint au fond de sa cellule pour éviter de rencontrer de trop près l’asticot de Drulion qu’il agitait dans tous les sens pour lui faire cracher sa dernière goutte. Le capitaine quant à lui n’avait pas bougé d’un pouce. Il ne tenait pas à obéir à un moins que rien, un pion sans envergure aux manières mal dégrossies. Quand à la femme, elle n’avait toujours pas dis un mot de plus, se contentant d’observer les allées et venues du prisonnier, proie d’un piège dont il ne cernait pas les contours. Derrière son masque se dessinaient les prémices d’un sourire, les petites rides autour de ses yeux s’étirèrent en laissant deviner un amusement froid.
- Il n’est pas dans mes manières de demander quoi que ce soit maître Drulion. J’ai pour coutume d’exiger que l’on m’obéisse et non point de m’abaisser en prières pour que l’on réponde ensuite à mes attentes.
Le capitaine eut une mine déconfite lorsque Drulion réitéra sa demande, mais plus encore quand la dame exigea de lui qu’il s’y soumette.
- Ne nous retarde pas.
L’homme en armure fit une grimace et serra les dents pour ne pas outrepasser ses prérogatives. Il n’était nullement préparé à être tenu au collier et mené en laisse comme un vulgaire mâtin. La dame n’avait-elle donc pas demandé qu’il l’accompagne pour être son second jusqu’au bout de cette première mission ? Il monta les marches le plus rapidement possible et disparut par les lourds battants qui menaient à la caserne. Nast quant à lui attendait simplement que les choses se passent. Il ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Il était curieux d’en apprendre plus.
- Le pouvoir n’est pas mon domaine, il exige trop de temps et de réflexions inutiles, futiles.
De nouveau, un sourire glacial conquit son visage et alluma une flamme glacée dans ses yeux. La dame se tut un moment, placide, en attendant le retour du capitaine qui dévala l’escalier dans un grand bruit de ferraille. L’homme tenait une chope pleine. A travers les barreaux, il la tendit à Drulion en évitant bien de rentrer en contact avec lui. Il craignait les gueux comme la peste, leurs mœurs douteuses et leur hygiène aléatoire le répugnaient profondément. La dame demeurait immobile, d’une sérénité implacable. Elle maintenait son regard de cristal sur Drulion sans ciller.
- Inutile de vous dire que vous n’aurez rien en récompense si ce n’est la vie sauve et une liberté … conditionnelle.
La dame laissa tomber ce dernier mot comme on se débarrasse d’une serpillère salle. Liberté, un bien grand mot qui n’avait guère de signification à ses yeux, un concept fort pour exciter les foules et les grands esprits. Une coquille vide de sens pour ceux qui avaient un peu plus de clairvoyance.
- Je ferai en sorte de vous fournir l’essentiel dans la soirée. Le poison ne doit pas laisser de traces détectables lors d’une éventuelle dissection ou de toute autre étude poussée sur un cadavre. Pas d’odeur forte, pas de couleur étrange. Ne cherchez pas l’originalité, soyez efficace. J’aviserai ensuite de ce qu’il adviendra de vous.
Et sur ces mots, elle se tourna vers le capitaine à qui elle murmura quelques paroles qui redonnèrent le sourire au soldat. Quand à Nast, il se rapprocha des barreaux, un peu inquiet. La femme s’apprêtait à quitter les lieux quand il la héla avec désespoir, osant un sourire cajoleur pour obtenir ce qu’il voulait.
- Ma dame ! Vous oubliez de me libérer. Capitaine ! Voudriez-vous bien m’ouvrir la porte je vous prie ?
La dame tourna à peine la tête, exprima un soupire las, et répondit d’un ton parfaitement neutre au jeune garçon.
- Un grand merci à toi jeune homme.
Puis elle s’en alla. Le capitaine, quant à lui, s’approcha de la porte, sortit une clef et ouvrit la lourde grille à Nast. Le jeune garçon exultait, l’aventure et l’argent lui ouvraient leurs bras généreux, et la somme que lui avait alloué la dame lui permettrait de débuter une nouvelle vie loin de la misère paysanne où il avait grandi. Mais la nouvelle expérience qui s’offrit à lui était des plus inattendues. A peine eut-il fait un pas qu’il sentit le contact du métal glacé dans son flanc, une douleur lancinante étreignit son ventre et il eut un gémissement étouffé en découvrant un flot pourpre s’écouler de son abdomen et mouiller sa chemise. Il regarda le capitaine avec une surprise pleine de désespoir et d’incompréhension. Le soldat le repoussa dans le fond de sa cellule où Nast s’effondra, recroquevillé sur sa douleur, appuyant comme il le pouvait sur la plaie béante qui vomissait un flot de sang continu. Le jeune garçon pleurait, incapable de retenir sa courte vie qui lui échappait, répandue sur la dalle froide en un flot mortel. Il était incapable de prononcer le « Pourquoi » qui lui brûlait les lèvres. Il se tourna vers Drulion, le regard plein de peine et de remords tandis que le capitaine refermait la cellule avec un sourire satisfait. Ce dernier jeta un coup d’œil plein de mesquinerie au médecin et referma les portes derrière lui. Les remerciements de la dame étaient amers.
Dernière édition par Nathanael le Dim 5 Avr 2020 - 13:12, édité 1 fois |
| | | Drulion Mede Guérisseur
Nombre de messages : 25 Localisation : Gondor Rôle : Guérisseur
| Mar 20 Oct 2015 - 19:00 | | - HRP:
Désolé du retard, énormément de choses à faire.
Drulion s'agenouilla à proximité du jeune homme qui agonisait désormais dans une flaque de sang qui grandissait petit à petit. Il ferma les yeux et expira longuement. Il ne s'attendait pas à ce meurtre, mais ne s'en étonnait pas non plus. Il savait désormais ce qui l'attendait s'il n'obtempérait pas aux ordres et exigences de la dame. Petit à petit, la vie s'échappait de Nast, dont l'expression incrédule était remplacée par la placidité de la mort. Drulion était désolé pour cet adolescent. Pris dans la fougue de son jeune âge, il avait été une victime facile pour la dame. Le médecin ne pouvait plus rien y faire. Il ne put que regarder les yeux du jeune homme devenir ternes et le sang commencer à se solidifier. Il se releva et se retourna dans sa cellule. Il s'avança vers sa paillasse et s'y laissa tomber lourdement. Les ordres de la dame avaient été précis, mais elle n'avait pas précisé de limite de temps, peut-être pourrait-il jouer là-dessus. Car il savait bien sûr ce qui l'attendait une fois son travail terminé. Et aussi ce qui l'attendait s'il ne remplissait pas sa part du travail. Et il s'agissait sans aucun doute de la même chose. La même liberté que Nast. Il était temps de commencer à réfléchir à un plan, en attendant que ses geôliers apportent le nécessaire à la concoction du poison. Une ébauche de plan commençait à se dessiner, il allait tout d'abord essayer de gagner du temps. Peut-être pourrait-il se rendre utile à cette organisation assez longtemps pour avoir une occasion de s'enfuir. C'était ce qu'il espérait. Mais il devrait continuer à jouer son rôle. Petit à petit, il commençait à visualiser la personnalité de son interlocutrice. - HRP2:
J'avoue ne pas avoir beaucoup d'inspiration sur ce que mon personnage puisse faire en attendant. Désolé.
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| | | Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 34 ans -:
| Ven 4 Déc 2015 - 12:27 | | L’après-midi s’étirait, longue et sans fin, dans l’obscurité des cellules froides. La lumière du soleil filtrait par les rares ouvertures, tendant ses doigts diaphanes sur le sol où se découpait l’ombre des grilles et des barreaux. Une personne passa à proximité du bâtiment, ses pas formant un écho singulier. Puis il y eut d’autres bruits de pas, une porte s’ouvrit faisant grincer ses gonds rouillés. Des murmures parvenaient depuis le rez-de-chaussée, chuintements irréguliers, un bruit de chaise qui frotte sur une dalle. Puis l’attente. Le soleil mordait l’horizon lorsqu’un homme descendit au niveau des cellules. L’homme demeura un moment, immobile et silencieux devant la cellule de Drulion. Il attendait manifestement quelque chose. Deux personnes le rejoignirent. La Dame n’était pas là. Le capitaine était entré, accompagné d’une jeune femme aux vêtements déchirés, les fers aux poignets. Elle eut un hoquet de surprise et de peur en voyant le corps inanimé de Nast et la flaque de sang qui s’était répandue sur le sol. - Vous ne l’avez toujours pas enlevé celui-là ?Le garde fit un signe négatif de la tête. Il se saisit de la jeune femme, ouvrit la cellule de Nast et l’enferma avec le corps inerte et froid de l’adolescent. - Autant remonter les deux corps d’un coup monsieur. Je m’en occuperai demain avec Alfred. - Très bien.Le capitaine se tourna vers Drulion. Le garde ouvrit la cellule, tenant une longue trique de bois dans une main, un long poignard dans l’autre. Il obligea le médecin à reculer jusqu’au fond des geôles tandis que le capitaine avançait derrière lui, méfiant et sur ses gardes. Il valait mieux éviter toute bavure et prendre le plus de précaution possible. Il sortit d’une poche intérieure de sa veste plusieurs petits sachets contenant des poudres, des plantes, racines, feuilles et fleurs, ainsi qu’un petit animal au corps flasque et tâché de ronds bleus. Le capitaine énuméra ce qui se trouvait dans chacun des sacs comme s’il annonçait les différents plats d’un repas de convives. - Ciguë, Belladone, Lupin, Aconit, Digital, If et pieuvre bleue du Harad. La Dame souhaite savoir ce qui vous sera nécessaire pour préparer le poison qu’elle demande. Nous mettrons à votre disposition les ustensiles appropriés. Elle a besoin de deux doses du poison. Les deux mêmes. Puis il se tourna vers la jeune femme qui sanglotait devant le cadavre exsangue de Nast. Quand à vous, quelques jours au cachot vous feront le plus grand bien. Piller les braves marchands de notre beau village n’est pas toléré par la loi. Vous serez libérée après avoir purgé votre peine. Il eut un sourire cruel. Puis il sortit de la cellule avec le garde. - Vous restez ici Hans ? Vous me rejoindrez plus tard avec la liste. La Dame m’attend.Et le capitaine quitta les cellules sous le regard apeuré de la jeune femme et l’œil suspicieux du médecin. Le garde, quant à lui, demeura au garde à vous devant la cellule de Drulion, prêt à accomplir sa tâche, attentif au moindre de ses mouvements. ***************************** - Pensez-vous qu’il en est capable madame ? Il a l’air … si banal. - Oui capitaine, plus ils le sont, mieux c’est. Un homme banal qui disparaît, cela n’intéresse personne, n’est-ce pas ? - Bien entendu. Mais ensuite. Que fera-t-on de lui ? Vivant il constitue une menace. Mort nous assurerons nos arrières. - Il est nos arrières, capitaine. Vous veillerez à ce qu’il ne parle pas. Vous avez suffisamment d’hommes pour cela, n’est ce pas ? - Evidemment.Le capitaine sembla être piqué au vif lorsque la Dame remit en cause ses capacités. Puis elle tourna vers lui ses grands yeux de saphir et lui toucha délicatement le visage d’un geste plein de sous-entendus et de promesses charnelles. Les doutes de l’homme s’évanouirent, il était plus dévoué que jamais. |
| | | Drulion Mede Guérisseur
Nombre de messages : 25 Localisation : Gondor Rôle : Guérisseur
| Dim 20 Déc 2015 - 21:21 | | Petit à petit un plan se mettait en place… Drulion devait prendre la décision maintenant, il ne pouvait plus attendre. Continuer à être la marionnette de ces gens, ou bien essayer de s’en sortir en vie, et sans aller contre ses principes les plus respectables. Il jeta un coup d’œil à la femme qui venait d’être incarcérée dans la cellule avoisinante, elle sanglotait devant le cadavre de Nast. Ses larmes diluaient le sang qui s’écoulait du cadavre de celui-ci. « Les deux corps » De qui parlait-il ? De lui et Nast ou d’elle et Nast. Pourtant ils parlaient de la libérer, mais après qu’elle ait vu ce qui se passait dans ces geôles, cela étonnerait Drulion qu’ils la relâchent vivante. Quant à Drulion, il savait pertinemment qu’il ne sortirait pas vivant des geôles. Il se tourna vers Hans, écouta la liste que celui-ci venait de lui fournir. Il saurait sans aucun problème préparer un poison à partir de ces herbes.
- Hans, mon brave, si vous pouviez m’amener un mortier, un pilon, des couteaux, un grand de cuisine et des petits à lame fine. Un alambic, du bois sec pour faire du feu, un peu de verrerie pour la distillation et de l’eau. Un peu d’alcool fort aussi, peu importe ce que c’est, du moment que c’est le plus fort que vous aillez. Oh, et amenez moi une table aussi. Et de quoi manger en abondance. Tiens, si madame pouvait me servir d’assistante, cela me serait très utile, voyez pour la faire transférer dans ma cellule.
Drulion remercia ce bon Hans par un hochement de tête et celui-ci quitta les geôles pour transmettre les requêtes du guérisseur. Ce dernier se tourna vers la geôle adjacente et s’approcha des barreaux. Il s’accroupit, tant que bien mal, sa bedaine pensant son poids, il avait du mal à garder l’équilibre.
- Shhhht, ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. De quoi vous accusent-ils ? Approchez-vous, ne restez pas à côté de lui. Regardez-moi.
Le guérisseur tomba en arrière, atterrissant sur son séant. Il décida de ne pas essayer de se relever, ou en tout cas pas tout de suite. Il se tenait ainsi à la même hauteur que celle à qui il parlait. Il espérait qu’elle arrive à se calmer et puisse parler normalement. Pour cela, elle devrait déplacer son regard du cadavre du jeune garçon. |
| | | Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
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~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 34 ans -:
| Lun 18 Jan 2016 - 13:49 | | Hans inclina la tête, écoutant attentivement Drulion comme s’il s’agissait de son supérieur. Il répétait chaque mot pour le mémoriser. Il tiqua à l’évocation des couteaux, mais il n’était qu’un messager. Le capitaine avait été clair, le médecin aurait droit à « tout ce qu’il souhaitait » pour parvenir à réaliser ce qu’on lui demandait. De l’alcool, et la femme, en prime. Hans doutait des intentions de leur prisonnier quant à la jeune voleuse, mais après tout, s’il voulait se faire plaisir une dernière fois, c’était son droit. « Tout ce qu’il souhaitait », cela devait inclure également quelques plaisirs charnels. Il fit claquer ses bottes au sol avant de parachever un parfait demi-tour dans la plus pure tradition militaire gondorienne.
Dans les geôles, on entendait les hoquets bruyants de la jeune femme qui ne parvenait pas à retenir ses sanglots devant le corps étendu de Nast. Elle répétait inlassablement « Pourquoi », sans attendre de réponse. Elle tourna la tête quand Drulion lui adressa la parole, prêtant attention pour la première fois à cet être encore vivant qui se présentait devant elle. Encore vivant, et un regain d’espoir brilla faiblement dans ses yeux. Elle renifla, s’essuya le nez dans un pli de sa robe, et se rapprocha des larges grilles qui l’impressionnaient autant que le corps inanimé du jeune homme. C’était un sentiment violent que de se sentir privé de toute liberté, enfermé dans un espace étroit et lugubre où un cadavre offrait une compagnie angoissante. Mais le médecin essayait de la rassurer et elle se raccrochait à ses paroles pour ne pas perdre raison, pour ne pas s’abandonner à l’anxiété qui lui serrait la poitrine et lui donnait l’envie de hurler. Elle étreignit les barreaux si fort que ses phalanges blanchirent. Elle était recroquevillée sur elle-même, pâle et tremblante. Elle jeta son regard dans les yeux de Drulion, cherchant à oublier tout ce qui pouvait l’entourer.
- Du tissu … et elle sanglota de plus bel. Une pièce de tissu sur un étale. Un joli carré de soie blanc pour le mariage de ma sœur. Elle n’aurait jamais eu les moyens de l’acheter, et … les sanglots l’étouffèrent … je voulais le lui offrir.
Sa bonne intention s’était perdue dans l’illégalité de son geste. Elle avait été arrêtée et mise aux fers, comme la loi le prévoyait. La situation de Drulion était moins juste, moins légale, moins officielle. Il était coupable d’avoir offert sa confiance à un jeune inconnu. Une punition bien difficile à avaler sans doute, mais il n’eut pas le temps de se poser la question. Le messager avait été rapide, et il ramenait déjà avec lui ce qu’il avait pu trouver sur place : du bois et des bouteilles, vides ou avec de l’alcool - il y en avait toujours qui traînaient ici et là dans l’office. Elles étaient interdites officiellement, et quiconque se trouvait en possession de gnôle ou de vin pendant son service se retrouvait rapidement avec des tâches ingrates à accomplir. Mais chacun avait sa planque, et Hans connaissait celle de ses comparses. Trois bouteilles vides et une pleine à ras bord d’un liquide ambré. Il posa le tout au sol, loin des barreaux et d’un bras habilement tendu, et repartit chercher le reste de la liste.
Il se passa une heure, peut-être deux, avant que le soldat ne reparaisse. Il avait tout ce qu’il fallait. Deux hommes le suivaient portant une petite table à bout de bras où bringuebalait un alambic en fer forgé, lourd comme un âne mort. Il était certainement beaucoup plus grand que nécessaire, mais c’est tout ce qu’ils avaient pu trouver ici et là sans attirer l’attention des curieux. Hans décrocha une clef de sa ceinture, et ouvrit la cellule de la jeune femme. Les deux hommes qui l’accompagnaient chargèrent les bras de la prisonnière des différents outils demandés par le médecin, les couteaux étant méticuleusement enroulés dans des morceaux de tissu, les rendant impropres à toute utilisation violente et inattendue. Hans tint la jeune femme fermement par le bras tandis que ses acolytes ouvraient la grille de Drulion, poussaient rapidement la table et l’alambic à l’intérieur avant de dégainer leurs épées, par sécurité. Hans poussa alors la jeune femme dans la cellule.
- L’eau.
Hans eut un signe de tête envers ses compagnons. Les deux soldats firent un aller-retour pour ramener quatre grands seaux d’eau plein d’une eau fraîche ainsi qu’une besace d’où émanaient le fumet d’un jambon sec et l’odeur alléchante d’un pain fraîchement cuit. S’y trouvaient également des fruits de saisons et quelques légumes, de quoi satisfaire les envies du médecin.
- Tout est là. La Dame souhaite que le poison soit prêt pour demain soir. Vous avez donc un peu plus d’une journée et demie pour répondre à ses attentes. Sans quoi, elle a été claire, vous ne reverrez pas la lumière du jour. Sachez être obéissant, et la Dame vous le rendra bien. Le garçon n’était qu’un messager, elle vous destine à de plus grandes … choses.
Hans parlait sans tiquer, sans sourire, sans manifester ni joie ni colère, il était d’un flegme glacial, d’un professionnalisme à toute épreuve. Il n’émanait rien de lui. Simultanément les trois soldats firent claquer leurs bottes sur la dalle lisse et sortirent de la pièce avec une rigueur militaire sans faille. Une organisation des plus disciplinées au milieu de nulle part. Soit il s’agissait de jeunes soldats gondoriens zélés, soit ils n’étaient ni gondoriens, ni soldats.
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| | | Drulion Mede Guérisseur
Nombre de messages : 25 Localisation : Gondor Rôle : Guérisseur
| Ven 12 Fév 2016 - 13:46 | | L’attitude du soldat étonna tout de même Drulion. Celui-ci, en plus de n’émettre aucune objection avant de quitter les geôles lui apporta tout ce qu’il avait demandé, du matériel nécessaire aux biens de confort ou à la nourriture appétissante. Les gardes étaient apparemment bien drillés, et s’exécutaient sans mot dire, sans remarques et sans la grossièreté habituelle que les gardes, imbus du faible pouvoir qu’ils possédaient sur leurs prisonniers, utilisaient fréquemment.
Drulion les remercia d’un hochement de tête. Il indiqua à la jeune femme de déposer les affaires sur la table et inspecta rapidement les ustensiles. Ils étaient en bon état, en tenant compte du fait qu’ils les avaient trouvés assez rapidement. Une journée et demi. Cela serait grandement suffisant pour préparer ce que la dame voulait, il pouvait donc s’accorder un peu de répit avant. Le guérisseur se tourna vers la femme.
- Venez manger un peu avec moi ! Il s’assit sur sa paillasse, déballa les vivres et pris un des grands seaux d’eau et invita la femme à se désaltérer. Buvez un peu et calmez-vous. Cela ne sert plus à rien de s’alarmer. Le guérisseur savait que l’action, et la nourriture, et l’alcool, étaient de bons remèdes aux émotions. Sa main prit d’ailleurs la direction de l’alcool que lui avait apporté le garde.
Le sort de la femme était scellé, Drulion ne se voilait pas la face. Elle avait vu le cadavre, elle avait entendu les discussions, elle savait ce qu’il se passait ici et elle n’était pas essentielle, elle serait sans doute exécutée lorsqu’il aurait fini. Peut-être le guérisseur subirait-il le même sort. « De plus grandes choses… » Est-ce qu’il pensait vraiment amadouer le médecin avec des rêves de grandeur, lui qui était habitué à vivre simplement, à errer tel un pauvre. Mais d’un côté, il ne pouvait s’empêcher de se demander « Et si ? ». Peut-être était-il destiné à de plus grandes choses ? Peut-être son bonheur était-il ailleurs ? Peut-être en avait-il marre de se réveiller sur de la paille, à côté de l’endroit où il pissait le soir et le matin. Il ne savait pas trop. Et de toute façon, comment pourrait-il s’évader ? Enfin, pour cela, il avait la solution.
Après avoir mangé et bu, ce qui avait relaxé le guérisseur, même si la femme n’avait pas touché une seule goutte d’alcool, il se leva. Il était temps de commencer. Il ne voulait pas trop rassurer la femme, cela ne servait à rien, mieux valait qu’elle se concentre sur des choses à faire.
- Allumez le feu et faites bouillir un peu d’eau, on l’utilisera pour alimenter l’alambic.
Drulion prit le mortier et le pilon et commença à écraser certaines des herbes, la sève permettait de former une pâte en se mélangeant aux feuilles en poudre. Il y ajouta un peu d’alcool. Le feu était allumé, Drulion déballa les couteaux. Il les utilisa pour découper d’autres plantes et les écraser du plat de sa lame.
Il hésitait encore quant à la marche à suivre, devait-il fournir ce que la dame demandait, ou devrait-il agir différemment. Mais il n’était pas un héros. Il ne s’identifiait pas non plus comme un corrompu. Il ne s’impliquait pas. Mais il se retrouvait impliqué malgré lui. Il ne lui restait plus qu’à choisir le moindre mal. Et il commença donc à préparer une seconde mixture… |
| | | Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
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~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 34 ans -:
| Dim 6 Mar 2016 - 16:44 | | Les ombres s’étiraient paresseusement au pied des bâtiments comme des eunuques aux pieds de leur maîtresse. La journée avait été étouffante. Les mouches vrombissaient encore aux dernières heures de l’après-midi, agaçantes. Le marché avait laissé son lot de déchets dans les rues ou quelques mendiants tendaient des mains avides pour attraper des restes de poissons, de viandes ou de fruits pourris. Dans les geôles, le corps de Nast était toujours étendu dans la même position, pâle et rigide. Sa peau commençait à s’étirer sous la pression des gaz et l’odeur qui émanait de son cadavre était irrespirable. Ses yeux laiteux étaient assiégés par tous les insectes du village, si bien qu’il était à peine possible de reconnaître encore l’adolescent au sang vif de la veille. La nuit n’avait été qu’attente et doutes. La nouvelle journée qui s’achevait n’avait vu personne venir. Drulion et la femme avaient été laissés pour compte au fond du cachot, aucun garde n’était venu, pas plus Hans que le capitaine. La Dame était un souvenir brumeux. Tandis que le soleil déclinait et passait les hauts sommets du Mordor, le claquement de bottes sur le pavé se fit entendre. Une clef tourna dans une serrure, les gonds grincèrent, et trois personnes apparurent dans l’encadrement de la porte.
- Bien le bonsoir maître Drulion.
La Dame portait toujours son armure bleue aux reflets d’acier et son capuchon couleur de sable. Les écailles luisaient étrangement à la lueur des torches qu’allumaient Hans, comme si elles avaient été huilées récemment. Le regard de la Dame balaya la pièce, et elle pinça le nez lorsqu’elle perçut l’odeur nauséabonde qui étouffait les lieux.
- Par Eru, enlevez-moi ça d’ici tout de suite. Quelle idée de laisser un corps sans sépulture avec une chaleur pareille. Capitaine, vous êtes décidemment un abruti sans cervelle. Nul besoin de rajouter à l’inconfort de nos invités. Vous êtes un rustre sans manière. Dépêchez-vous de m’enlever ça d’ici et ramener ce qu’il faut pour assainir l’air.
Son ton était glacial et sans réplique. Le capitaine vira au rouge cramoisi et il retourna dans la pièce principale pour ordonner à ses hommes de dégager le cadavre. L’un des soldats vomit en s’approchant du corps. Ils n’avaient pas même pensé à se couvrir le visage de linge parfumé. Il fallut de longues minutes pour dégager le corps de Nast et ramener des coupelles remplies à la va-vite de thym ou de romarin arrachés ici ou là dans un jardin proche. Quand l’air redevint plus respirable, la Dame se tourna de nouveau vers Drulion et sa protégée.
- Avez-vous réalisé ce que je vous ai demandé maître Drulion ?
Elle planta ses yeux d’azur dans ceux du médecin tout en faisant un geste de la main à Hans. Le soldat entra dans la cellule en tenant son épée, sur ses gardes, et se saisit de deux fioles en verre qui se trouvaient sur la petite table. La couleur de leur contenu était identique. La Dame regarda avec attention les deux objets en verre comme s’il s’agissait du plus précieux des trésors, se tourna vers le capitaine et lui accorda un sourire qu’on devinait derrière son masque.
- Vous avez été à la hauteur de mes attentes capitaine. Je n’aurai pu espérer mieux de votre part. Hans avait été formel sur ce point, vous êtes prêt à tout pour satisfaire vos ambitions. Mais il vous faudra faire preuve d’un plus grand sacrifice encore en ce jour si vous souhaitez que je tienne ma parole.
Le capitaine se tourna vers Hans qui tenait toujours son épée à la main, sauf que la pointe de sa lame était maintenant sous la gorge du gradé. La surprise envahit son visage tandis que la Dame lui tendait une des fioles.
- A votre santé mon cher !
L’ironie était portée à son comble. Le capitaine avait la main tremblante tandis qu’il se saisissait de la fiole. Il faillit en renverser le contenu tandis qu’il portait la main à la bouche, mais Hans lui rappela hâtivement que s’il ne mourrait pas empoisonné, il aurait tôt fait d’être embroché comme une vulgaire pièce de viande. Le capitaine chercha à implorer la Dame, perdant son ton hautain et la confiance démesurée qui l’accompagnait de coutume.
- Ma Dame, vous aviez promis ! - Je tiens toujours mes promesses capitaine. Et j’ai promis que j’assurerai un avenir gracieux à votre fils. Je n’ai jamais dis que vous faisiez parti de cet avenir. Allons, ne faites pas de sottises et ne soyez pas si peureux. Pensez-donc à votre descendance. Il vous sera plus douloureux ma foi, de vivre alors que votre enfant n’est plus de ce monde, n’est-ce pas ?
La terreur enflamma brutalement le regard du capitaine. Sa main ne cessa de trembler jusqu’à ce qu’il bût la dernière goutte du poison. Il ne s’effondra pas immédiatement et demeura debout, agité par la peur plutôt que par les spasmes. Pour le moment du moins. Des pattes d’oie apparaissaient au coin des yeux de la Dame, signe d’une jubilation extrême, mais il était difficile de le dire.
- Hans, libérez-là je vous prie. Elle en a assez vu.
Hans entra de nouveau dans la cellule, repoussant Drulion contre le mur du fond. Il attrapa la jeune femme brutalement par le bras. Le capitaine n’osa même pas bouger pendant ce temps, encore abruti par le coup du sort qui venait de s’abattre sur lui. Qu’aurait-il pu faire après tout ? Risquer de se battre contre la Dame et Hans … savourer sa victoire quelques minutes ou quelques heures, puis mourir à son tour ? Il n’escompta aucune aide de la part du médecin, son esprit était trop étroit pour élargir ses horizons. La femme pleurait, sous le choc, apeurée et craintive. Mais la Dame se contenta de la regarder dans les yeux, la transperçant de son regard froid.
- Rentrez chez vous. Il ne vous sera plus fait aucun mal. Vous veillerez simplement à tenir votre langue jusqu’au petit jour, si vous souhaitez la garder dans la bouche et non la voir trembler au bout d’une pique.
La femme ne tenait debout que par la seul force de Hans. Il la força à se tenir sur ses jambes et la poussa dehors sans ménagement. Elle était affolée et perdue, et pour rien au monde, sans doute, elle n’aurait cherché à contrecarrer les plans de la Dame … elle tenait trop à son intégrité physique. Le capitaine la regarda sortir sans bouger. Il semblait tétanisé, comme si le fait de se maintenir immobile pouvait empêcher le poison de se dissoudre dans son organisme. Il commençait à être animé de tique et il suait à grosses gouttes. Mais peur ou poison, l’un et l’autre pouvaient être responsables de son état.
- Maître Drulion, vous serez libéré prochainement. Je vous le promets. Nous resterons ensemble le temps que le poison agisse. Quand le capitaine nous aura quittés, de quelque manière que ce soit, je vous laisserai sortir. Et vous serez libre d’aller où bon vous semble. Je saurai toujours où vous trouver de toute façon.
Et elle dit cette dernière phrase avec tant d’assurance qu’elle semblait effectivement avoir un tel pouvoir.
Dernière édition par Nathanael le Dim 5 Avr 2020 - 13:10, édité 1 fois |
| | | Drulion Mede Guérisseur
Nombre de messages : 25 Localisation : Gondor Rôle : Guérisseur
| Mer 22 Juin 2016 - 21:50 | | Le Capitaine était toujours debout, la sueur perlait de son front et ses jambes tremblaient. Ce n’étaient que les premiers symptômes de la mixture, mêlés à la peur du capitaine. Hans venait de sortir, accompagné de la femme. Drulion espérait sincèrement qu’aucun mal ne lui serait fait. La potion mettrait quelques minutes à faire effet et le capitaine ferait normalement une syncope, il tomberait juste dans les pommes. Toutefois, son pouls serait impalpable et sa respiration imperceptible. Sa température chuterait et son corps deviendrait raide. Toujours en vie, il entrerait en hibernation. Cette potion, il avait découvert cette recette un jour en essayant de surdoser une recette d’une mixture permettant de faciliter l’endormissement. Le problème fut que le premier sujet ne se réveilla jamais, heureusement, un antidote à l’effet de ces plantes était bien connu parmi les herboristes. Ni la douleur, ni le bruit ne le réveillerait et cet état d’hibernation ne durerait pas longtemps, mais assez pour simuler la mort pour n’importe quel observateur externe. Toutefois, si le sujet restait trop longtemps sous l’effet de ce poison, la raideur gagnerait finalement le cœur et il décèderait réellement. La deuxième potion que Drulion avait fabriquée permettait de réveiller le « cadavre » après quelques temps, avant qu’il ne soit trop tard. Un des réflexes subsistant étant celui d’avaler, il suffisait de verser le contenu de la fiole dans la gorge du sujet et il se réchaufferait et se réveillerait petit à petit. Le guérisseur avait imaginé qu’il pourrait encore de justesse essayer de retrouver le corps de la cible de la Dame et le réveiller plus tard, après sa libération, c’était le moindre mal. Au moins il conservait une chance de sauver cette personne. Mais il devrait désormais utiliser une dose d’antidote sur le Capitaine qui n’allait pas tarder à s’évanouir. Au moins la Dame n’y verrait que du feu, enfin, c’est ce qu’il espérait. Le Capitaine s’effondra d’un seul coup en avant, encore heureux, sa tête n’heurta pas trop durement les barreaux de la cellule et sa chute fut atténuée par ses habits. Le corps gisait inerte aux pieds de la Dame.
- Et maintenant ? Vous êtes satisfaite de vous ? Vous pouvez ajouter une nouvelle victime à votre liste.
Le guérisseur allait devoir la jouer serré s’il voulait pouvoir réanimer le capitaine. Celui-ci chercherait sans doute à se racheter, ou en tout cas, Drulion pourrait facilement l’effrayer s’il ne se montrait pas coopératif après son réveil. Mais encore faudrait-il que la Dame baisse sa garde pour que le médecin puisse verser le liquide dans la bouche de l’officier inconscient. En attendant, il chercherait à taper sur les nerfs de la dame, histoire de lui faire passer l'envie de rester dans cette pièce.
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| | | Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 34 ans -:
| Dim 24 Juil 2016 - 12:38 | | - Par Morgoth que c’est efficace…Un nouveau sourire se dessina derrière l’armure qui lui couvrait partiellement le visage. Le capitaine venait de sombrer à ses pieds. Hans revint sur ces entrefaites et fit un signe de tête à la Dame. Apparemment, la question de la jeune femme était réglée. La Dame donna à Hans la seconde fiole qu’il avait récupéré plus tôt dans la cellule, certaine qu’il s’agissait du même poison. Les choses intéressantes commenceraient plus tard, leur véritable victime n’était pas dans cette pièce. - Hans, tu sais ce qu’il te reste à faire. Ne me déçois pas.Il y avait une telle menace dans cette dernière phrase que le soldat eut un moment d’hésitation avant de se saisir de la fiole et de ressortir. Il disparut par la porte et personne, hormis la Dame, ne savait quel était le but de cette nouvelle mission. - Et bien cher maître Drulion, je fus ravie de faire votre connaissance. Je sais bien quels sentiments peuvent animer votre cœur à mon égard. Le commun des mortels en ferait tout autant. Mais je vous demanderai une chose néanmoins. De réfléchir, un peu. Tant que vous le pouvez… vous avez le sentiment que j’ai tué des innocents. Mais êtes-vous certains qu’ils l’étaient vraiment ? L’êtes-vous, vous-mêmes ? Leur mort était nécessaire, c’es tout ce qu’il est bon pour vous de savoir. Un dessein bien plus grand se dessine aujourd’hui autour de nous, et il ne tient qu’à vous d’en faire partie ou d’en être exclu. Elle marqua une petite pause afin de s’assurer que ses propos avaient bien été entendus et assimilés. L’obscurité commençait à peine à couvrir le monde au-dehors mais la nuit ne tarderait pas à ensevelir tous leurs petits secrets. - Ho, rassurez-vous, ne pas participer à ce dessein n’implique pas d’être mort. Mais sachez qu’il existe des états de soumission et de perversion qui sont bien pire qu’une fin rapide et brève. Il y eut des bruits de pas précipités dans le couloir, rapides et nombreux. La Dame se retourna doucement, eut un sourire las et fit un signe de tête énigmatique envers Drulion. Ses yeux bleu-gris avaient le reflet du métal et on pouvait y lire une ferme détermination. - Nos amis sont à l’heure. Je vous souhaite une bonne soirée maître Drulion.Des hommes en armes, de véritables gardes cette fois, pénétrèrent dans la pièce l’épée à la main. Parmi eux se trouvaient Hans. Il désigna la Dame du doigt, l’air mauvais et aucun échange entre eux ne put laisser deviner qu’ils se connaissaient. - C’est elle, la femme maudite ! Les soldats s’emparèrent d’elle sans ménagement et lui passèrent les fers. La Dame ne fit rien, elle ne chercha pas à fuir pas plus qu’à échapper à l’étreinte douloureuse du métal autour de ses poignets. La résignation imprégnait ses traits, mais il était impossible de deviner si elle était feinte ou réelle. L’un des gardes la poussa au-dehors en lui appuyant la pointe de son épée dans le dos, contre les écailles scintillantes de son armure bleue. La Dame se soumit et avança, quittant les lieux funestes des geôles. Une bien étrange rencontre… Hans fit libérer le médecin et accompagna le cortège à l’extérieur. Des chevaux piétinaient le sol de leurs fers, attendant impatiemment qu’on leur lâche la bride pour prendre le galop. Mais ce n’était pas une course poursuite qui s’annonçait. La marche serait longue et pénible jusqu’à la Cité Blanche pour ramener la captive. On mit la Dame en selle, les poignets attachés dans le dos. Sa monture n’avait pas de bride mais un simple licol que tenait un garde en dextre. Hans donna des ordres ici et là, d’une voix forte et puissante. Les chevaux prirent le pas et les quelques soldats qui étaient arrivés subitement partirent avec leur prisonnière. Hans demeura en retrait afin de délivrer un dernier message au médecin. Bien des questions restaient en suspens entre les deux hommes. Il sortit un objet de ses fontes et le tendit à Drulion - En remerciement de vos services…Son regard était indescriptible mais un sourire s’esquissait sur ses lèvres fines. Qui était-il vraiment ? L’objet qu’il tendit à Drulion était une fiole remplie d’un liquide aux reflets d’ambre et d’or. Le nez du médecin ne tarderait pas à reconnaître le parfum du vin blanc du Dorwinion… quoi qu’il fût sans doute trop pauvre pour en avoir jamais bu une seule fois dans sa vie. Un sigle bizarre était gravé sur la petite bouteille, un trait large comme un accent circonflexe surplombé par un simple rond. Rien d’extravagant ni de très recherché. Mais c’était bien la première fois que le médecin voyait ce signe sur une bouteille d’alcool. - Ne cherchez pas à nous retrouver guérisseur. Vous avez eu assez de chance de survire à la Dame, je ne tenterai pas le sort une seconde fois si j'étais vous.Et sans plus rien ajouter, Hans talonna son cheval et rejoignit le petit groupe qui s’avançait au milieu du village pour rallier la large piste qui menait à Minas Tirith. Bien des interrogations flottaient dans le nuage de poussière qu’il laissa derrière lui. |
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