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 Quand vient le silence

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Quand vient le silence EmptyDim 28 Juil 2019 - 18:06

Le changement de décor était pour le moins radical.

A travers sa quête folle, Lithildren pouvait découvrir toutes les splendeurs de Minas Tirith, une cité renommée à travers toute la Terre du Milieu pour son architecture. Bien des visiteurs s'émerveillaient sans se cacher devant la splendide silhouette de la forteresse taillée dans le roc le plus blanc, et leurs premiers pas derrière les murs se transformaient en une contemplation avide de l'élégance imposante de la grande capitale des Hommes. Pour autant, si l'Elfe avait eu l'opportunité de découvrir les bas-fonds d'une ville qui cachait sa part d'ombre, et le calme exquis de l'Université, elle faisait officiellement ses premiers pas dans les plus hauts cercles de la ville. Les geôles se trouvaient bien plus haut qu'on aurait pu le croire, constituant le seul endroit sombre et humide dans des quartiers qui se distinguaient par une richesse opulente.

Ils avaient pénétré dans le domaine de la haute noblesse du Gondor, et cela se ressentait.

Moulures et décorations spectaculaires ornaient les façades de la plupart des bâtiments, qui se distinguaient les uns des autres par les blasons familiaux inscrits dans la pierre depuis des temps immémoriaux, ou depuis beaucoup plus récemment. On reconnaissait les armes de puissantes familles, notamment les Sora dont le lion rugissait pour effrayer les visiteurs, mais aussi de lignées plus modestes qui ne manquaient pas de s'élever dans les hautes sphères, à l'instar des Praven.

Ici, la nuit ne signifiait pas l'apparition de personnages douteux, de malandrins en quête de méfaits à accomplir, ou de miséreux noyant leur solitude dans l'alcool. Non. Les rues étaient calmes, paisibles, seulement dérangées par les patrouilles fréquentes qui assuraient la sécurité des biens et des personnes. On voyait ici ou là des passants, qui s'éclipsaient bien vite sitôt qu'ils se sentaient observés : probablement des aristocrates en quête d'une chair plus ferme et plus jeune que celle de leur femme, et qui ne tenaient pas à être reconnus à cette heure.

Neige fit un mouvement de la main, et les trois silhouettes qui la suivaient s'arrêtèrent sans un mot.

Aussi silencieux qu'ils pouvaient l'être avec leur équipement, ils se dissimulèrent derrière un pan de mur, et firent en sorte de surveiller les environs dans toutes les directions. On n'était jamais trop prudent. Grâce au concours de plusieurs soldats placés stratégiquement, ils avaient été en mesure de rejoindre le quatrième niveau sans rencontrer la moindre difficulté, mais désormais qu'ils se trouvaient plus proches du centre du pouvoir de Rhydon, ils devaient augmenter leur méfiance. N'importe quel homme en arme pouvait les dénoncer, n'importe quel civil anodin pouvait être un espion à sa solde. Or, ils n'avaient pas le droit à l'erreur.

L'espionne se tourna vers sa compagnie, et leur fit signe d'approcher. A voix très basse, elle leur expliqua la situation :

- J'ai repéré deux gardes en faction à l'entrée. Protocole conventionnel. Il y a certainement trois gardes de plus à l'intérieur, et cinq autres qui dorment dans les baraquements. Un autre groupe de cinq hommes viendra prendre la relève d'ici deux ou trois heures, ce qui nous laisse amplement le temps d'entrer et de sortir avec Nallus sans nous faire repérer.

Elle désigna les deux hommes de l'index :

- Vous deux, vous resterez au dehors et vous assurerez la protection des lieux. Le plus difficile n'est pas d'entrer, mais bien de sortir avec un prisonnier. Faites en sorte de surveiller la progression des patrouilles, et dites-leur ce qu'ils veulent entendre pour les faire partir.

Tournant la tête vers Lithildren, elle ajouta :

- Nous allons entrer. A l'intérieur, nous serons à deux contre trois, ce qui signifie qu'il faudra agir rapidement. Si nous pouvons éviter un massacre, nous le ferons, mais si les trois hommes donnent l'alarme, leurs compagnons se réveilleront et nous serons piégées. Je préfère voir trois cadavres plutôt qu'une dizaine, c'est compris ?

La jeune femme aux cheveux blancs n'avait jamais aimé compter les vies ainsi, a fortiori quand il s'agissait de celle d'enfants du Gondor. Elle n'appréciait pas de devoir décider combien d'hommes justes et bons, qui se contentaient d'accomplir leur travail quotidien, devraient perdre la vie pour réaliser un objectif bien supérieur. La plupart avaient des enfants, une femme, une famille qui les attendait et qui n'aurait pas la chance de les voir revenir demain matin. Mais tout ceci valait la peine, elle devait s'en convaincre au risque de devenir folle. Un regard vers Lithildren lui fit comprendre qu'elle n'était pas la seule à s'interroger. Toutefois, les perspectives d'un échec étaient plus terribles encore, et elles devaient choisir le moindre mal. Ayant terminé de distribuer ses consignes, Neige dispersa tout le monde, chacun à son poste, avant de se présenter seule dans la rue, devant la porte des geôles. Elle jeta un dernier regard à ses compagnons qui progressaient discrètement pour prendre les sentinelles par surprise, avant de feindre de ne pas avoir connaissance de leur existence.

Le pari était risqué, mais d'après ses calculs la prochaine patrouille ne passerait pas avant encore quelques longues minutes. C'était maintenant ou jamais.

- Halte là, lui firent les gardes en s'approchant innocemment. Que voulez-vous ?

- Je suis en mission pour Sa Majesté, j'ai pour ordre de récupérer un prisonnier et de le mettre en sécurité.

Elle leur présenta un petit objet de bois qu'ils n'eurent aucun mal à reconnaître. Lithildren portait le même dans sa tunique, un morceau de bois soigneusement taillé qui semblait doté de grands pouvoirs dans la Cité Blanche. Qu'aurait pensé Neige en sachant qu'elle en possédait un similaire ? L'espionne avait concocté un plan simple : essayer de convaincre les gardes de la laisser libérer Nallus de leur plein gré, et utiliser la force s'ils se montraient peu coopératifs. Elle aurait pu envoyer quelqu'un d'autre pour cela, mais le risque d'échec était au moins aussi grand, et une grande partie de sa stratégie dépendait du fait qu'elle devait être reconnue. Rhydon devait savoir qui avait fait échapper Nallus, afin de le forcer à paniquer. Cependant, pour cela, elle s'exposait à de grands dangers, car peut-être son supérieur avait-il déjà mis sa tête à prix. Pendant une poignée de secondes, elle se demanda si l'un d'entre eux porterait la main à son arme, et si elle serait assez rapide pour lui trancher la gorge avant de lui avoir laissé le temps de réagir.

Ils ne montrèrent aucun signe agressif, cependant, au grand soulagement de tout le monde. L'ordre n'avait pas dû parvenir jusqu'à eux.

- Je suis désolé madame, nous avons reçu des ordres stricts, et vous devez présenter un document signé pour pouvoir accéder aux geôles.

- Oh bien sûr, répondit-elle en se frappant le front.

Sa main glissa dans sa poche pour chercher un papier qu'elle leur tendit sous les yeux. Alors qu'ils s'avançaient pour en prendre connaissance, ils furent prestement neutralisés. Lithildren et un des hommes s'emparèrent du premier, tandis que le second fut mis hors combat par Neige et son acolyte. Ils n'avaient pas eu le temps de prononcer un cri, chacun ayant bien veillé à leur placer une main sur la bouche pour les empêcher de rameuter les autres. Les deux sentinelles furent plongées dans l'inconscience de manière fort peu délicate, mais au moins ils vivraient.

La première partie du plan était lancée.

Lithildren et Neige échangèrent un regard, avant de saisir les clés qu'elles firent tourner dans la lourde porte métallique. Celle-ci grinça bien plus qu'elles ne l'avaient espéré, et elles durent prendre un luxe de précautions pour éviter d'avertir toute la compagnie qui se trouvait à l'intérieur de leur arrivée. Fort heureusement, elles ne perçurent pas de réaction notable. Les autres gardes étaient sans doute installés dans une salle un peu plus bas, occupés à bavarder ou à jouer sans le moindre doute. L'espionne mit un doigt sur sa bouche, et fit signe à Lithildren de passer en premier. L'Elfe avait l'avantage incomparable de pouvoir se repérer aisément tant qu'il y avait un peu de lumière, là où sa compagne serait probablement aveugle. Les torches qui brûlaient à intervalle régulier le long de l'escalier créaient de petites bulles lumineuses au milieu de gigantesques zones d'ombres épaisses qui leur offraient une cachette idéale.

Un poignard glissa dans la main de Neige, qui progressait lentement, tendant l'oreille pour capter la position d'éventuels adversaires. Elle repéra d'abord un bourdonnement, avant de se rendre qu'il s'agissait de l'écho déformé d'une conversation. Les mots, d'abord indistincts, se mirent à avoir toujours plus de sens, jusqu'à former un tout intelligible :

- … bérée hier soir, apparemment quelqu'un a tiré des ficelles en haut lieu pour la faire sortir. Ça restera un mystère cette affaire.

Un deuxième répondit :

- Oui comme tu dis. J'avais jamais vu quelqu'un garder son masque à l'intérieur d'une cellule. Tu as déjà vu son visage, toi ?

- Non, fit le premier. Jamais. C'est vraiment bizarre… d'abord un prisonnier qui meurt sans explication, puis une qui est relâchée sans prévenir. Ce sera quoi demain ? Un qui ira déjeuner avec notre bon roi Mephisto ?

Ils partirent d'un rire amusé. Le front plissé de Neige se détendit soudainement en entendant une troisième voix dans le lot, qui semblait plus jeune que les deux autres. Beaucoup plus jeune. Probablement un garçon qui accomplissait ses premières années, et qui avait été affecté à cette mission peu prestigieuse mais particulièrement importante. Un gamin dans une armure, qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment.

- Je m'inquiète pour notre souverain, en parlant de ça, répondit-il à ses compagnons. J'ai entendu dire que sa santé déclinait, et qu'il refusait de voir qui que ce soit.

- C'est normal gamin… Tu imagines, perdre ton fils ? L'héritier du trône du Gondor ? Nous avons participé à la campagne d'Assabia, et je peux te dire que…

Lithildren fut perturbée dans son écoute par Neige, qui lui avait touché le bras pour la ramener aux considérations immédiates. Elle leva trois doigts, qui désignaient de toute évidence les trois geôliers, et fit glisser son index sur sa gorge. Le message était universel. Ils n'avaient d'autre choix que de mettre à mort ces trois hommes, qui leur barraient la route. Le poignard de la guerrière aux cheveux blancs brilla dans la nuit, alors qu'elle se préparait à bondir. Mais c'était bien Lithildren qui se trouvait là en premier. Elle avait confirmation du nombre d'adversaires, mais ignorait tout de leur position, ou encore de la configuration de la pièce. Cela signifiait qu'elle devrait improviser dès qu'elle aurait quitté les ombres rassurantes du couloir pour rentrer dans la salle des gardes. Cela signifiait aussi qu'elle ignorait qui serait son premier adversaire. Un des deux vétérans d'Assabia, probablement des soldats expérimentés et talentueux ? Ou bien le gamin dont la voix trahissait son manque d'assurance ?

Le sort ne leur facilitait pas la tâche.

Neige hocha la tête, comme pour lui dire « je suis avec vous, je ne vous laisse pas tomber ». Un bien maigre réconfort, alors que que les rires des geôliers se firent entendre, comme pour souligner le contraste avec la brutalité qui allait suivre.


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Quand vient le silence EmptyLun 29 Juil 2019 - 12:35
Suite aux bas-fonds crasseux et sombres, Lithildren arpentait les rues de la richesse. Elle prenait ces derniers instants avant la terrible mission qui l'attendait pour contempler les beautés de Minas Tirith. Elle voulait voir dans ses rues et ses ornements le reflet de son Imladris natale, mais les Humains n'arrivaient à la cheville des Elfes. Ils n'avaient cela dit rien à leur envier : les gondoriens avaient donné à la Cité une magnificence sans pareille. La Noldo ne se sentait pas à sa place entre ces murs de la Haute-Cité. Elle était une étrangère en tout point : en race, apparence et pensées. Sa mission de sauvetage occupait tout son esprit, elle ne pensait à rien ni personne d'autre.

Neige donna soudain l'ordre de s'arrêter avec un geste. L'Elfe était si concentrée qu'elle manque de percuter l'homme qui était juste devant elle. Elle suivit le mouvement et se reconcentra.

- J'ai repéré deux gardes en faction à l'entrée. Protocole conventionnel. Il y a certainement trois gardes de plus à l'intérieur, et cinq autres qui dorment dans les baraquements. Un autre groupe de cinq hommes viendra prendre la relève d'ici deux ou trois heures, ce qui nous laisse amplement le temps d'entrer et de sortir avec Nallus sans nous faire repérer. Vous deux, vous resterez au dehors et vous assurerez la protection des lieux. Le plus difficile n'est pas d'entrer, mais bien de sortir avec un prisonnier. Faites en sorte de surveiller la progression des patrouilles, et dites-leur ce qu'ils veulent entendre pour les faire partir.

Neige se tourna vers l'Elfe. Celle-ci sentit son coeur battre plus fort.

- Nous allons entrer. A l'intérieur, nous serons à deux contre trois, ce qui signifie qu'il faudra agir rapidement. Si nous pouvons éviter un massacre, nous le ferons, mais si les trois hommes donnent l'alarme, leurs compagnons se réveilleront et nous serons piégées. Je préfère voir trois cadavres plutôt qu'une dizaine, c'est compris ?

Elle hocha de la tête. Elle n'avait pas l'habitude de neutraliser sans tuer. Elle se considérait comme un assassin, plutôt qu'autre chose. Même si guerrière était le terme approprié. Néanmoins, elle pensait surtout que si elle devait tuer au sein de la Cité, cela signifier des familles d'un père, mari, ami, frère... Elle avait un problème de conscience. Abattre des gens ne faisant que leur travail et se trouvant au milieu d'un règlement de compte... quelle tristesse. Ils devaient essayer de ne pas faire de victimes.

Neige partit alors vers les deux gardes. Lithildren partit avec l'un des deux hommes, l'autre alla de l'autre côté. Ils contournaient la scène pour surprendre les gardes par derrière.

- Halte là, lui firent les gardes. Que voulez-vous ?

- Je suis en mission pour Sa Majesté, j'ai pour ordre de récupérer un prisonnier et de le mettre en sécurité.

Neige sortit la même statuette que celle que Gil lui avait donné. Quoi ?! L'Elfe fut choquée de voir Neige en possession d'un tel objet. Comment réagirait Neige si elle apprenait que, dans sa tunique, la Noldo possédait le même objet ? Et ce, depuis le début. Elle ne l'avait jamais utilisé encore, elle attendait le moment idéal. Mais voir cette jumelle de la sienne là, ici... Neige cherchait-elle la provocation, la visibilité ou juste à faire les choses de manière calme et sans vagues ? Sûrement tout cela à la fois.

Lithildren était si absorbée qu'elle n'écouta même pas la demande de documents. Elle réagit seulement quand son coéquipier temporaire se jeta sur le garde. Elle mit la main sur la bouche du garde pendant que l'homme le neutralisait sans le tuer. Les deux gardes tombèrent - avec l'aide des soldats - se retrouvèrent au sol sans bruit. Neige et Lithildren pénétrèrent dans la prison toutes les deux, baissées. L'Elfe avait sa capuche sur la tête, pour éviter quoi que ce fut.

La porte grinça si fort que Lithildren en grimaça de douleur. Les deux femmes priaient pour que nul n'ait entendu quoi que ce soit. La Noldo passa en première, voyant de manière un peu plus efficace que sa comparse humaine. Leurs pas étaient silencieux. Elles entendirent des vrombissements, avant de se rendre compte qu'il s'agissait d'une conversation.

- … bérée hier soir, apparemment quelqu'un a tiré des ficelles en haut lieu pour la faire sortir. Ça restera un mystère cette affaire.
- Oui comme tu dis. J'avais jamais vu quelqu'un garder son masque à l'intérieur d'une cellule. Tu as déjà vu son visage, toi ?
- Non. Jamais. C'est vraiment bizarre… d'abord un prisonnier qui meurt sans explication, puis une qui est relâchée sans prévenir. Ce sera quoi demain ? Un qui ira déjeuner avec notre bon roi Mephisto ?

Quoi ? Un prisonnier mort sans explication ? Une femme masquée libérée ? Cela n'augurait rien de bon. Si les gardes avaient un minimum d'intelligence, peut-être qu'ils penseraient qu'elle avait dû se faire emprisonné volontairement avec pour mission de tuer un prisonnier, puis libérée une fois la mission accomplie. C'était forcément ça. Et Lithildren priait pour que le prisonnier mort en question ne soit pas Nallus. Elle avait la boule au ventre.

- Je m'inquiète pour notre souverain, en parlant de ça, répondit-il à ses compagnons. J'ai entendu dire que sa santé déclinait, et qu'il refusait de voir qui que ce soit.
- C'est normal gamin… Tu imagines, perdre ton fils ? L'héritier du trône du Gondor ? Nous avons participé à la campagne d'Assabia, et je peux te dire que…

Neige secoua légèrement Lithildren. Elle leva trois doigts et parcourut sa gorge avec son doigt. Il fallait les tuer. Tous les trois. Lithildren ne pouvait pas se résoudre à tuer ce qu'elle avait pressenti comme étant un très jeune homme, peut-être un adolescent. Sûrement plus vieux que Reinil, mais pas de tant. Lithildren ferma les yeux. Il lui était impossible d'avancer ou regarder en coin sans se faire repérer. Elle devait avancer.

L'Elfe eut une idée. Elle prit sa dague et s'entailla la main. Le sang coula le long de la lame. Elle étala un peu de sang sur sa tunique, serra la lame dans son poing et se redressa. Elle se mit alors à avancer vers la salle des gardes en titubant dangereusement. Elle gémissait, claudiquait, la dague dans son flanc bien en évidence. Les gardes sursautèrent et mirent une main à l'épée. Le plus jeune approchèrent de Lithildren, prudents. L'un fixait l'Elfe au visage caché d'ombres pendant que l'autre regardait vers le couloir, anxieux.

- Aidez... moi... pitié... se mit à gémir l'Elfe.

Elle longea le mur pour que le jeune homme soit dos à ses collègues. Il avait blémit à la vue du sang qu'il cru abondant.

- Que vous est-il arrivé ?
- Comment elle est rentrée, surtout ?! demanda l'un des vétérans.

Lithildren se replia un peu sur elle-même. Le jeune homme approcha, croyant qu'elle allait leur claquer dans les pattes. Puis elle redressa et donna un coup de genou dans le sternum du gamin. Il eut le souffle coupé mais elle ne laissa pas de temps aux autres pour réagir. Elle lança sa dague dans la gorge de l'un d'eux avant qu'il ne puisse retirer complètement son épée. Neige s'était jetée sur l'autre dans la mêlée et échangeait déjà des coups avec. Lithildren assomma le gamin qui tentait d'agir. Pas question qu'il ne meurt. L'Elfe récupéra sa dague et la planta dans un endroit sans armure en plaquant sa main sur la bouche de l'homme. Neige l'acheva.

La femme remarqua que le gamin vivait encore. Elle lança à l'Elfe un regard dur et accusateur. Lithildren ne prit pas la peine de répondre et fit signe qu'elles devaient avancer.
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Quand vient le silence EmptyMar 30 Juil 2019 - 12:07



Tuer.

Neige l'avait déjà fait, à tel point que le geste de prendre une vie n'avait pas plus de sens pour elle que celui d'enfiler ses bottes. Elle avait depuis longtemps fait le deuil de sa conscience, et sa froideur légendaire tenait principalement à sa capacité à surmonter l'horreur de ses activités pour toujours accomplir sa mission. Aujourd'hui cependant, elle ne put s'empêcher d'avoir un moment de doute alors qu'approchait l'heure de faire couler le sang. Assassiner un ennemi du royaume était une chose, mais tuer un confrère de l'armée royale en était une autre. Elle faisait tout cela par nécessité, elle le savait. Mais était-ce suffisant pour empêcher son bras de trembler au moment de frapper ?

Quand les deux femmes durent passer à l'action, l'Elfe choisit la ruse à la force, et elle utilisa un habile subterfuge afin de s'approcher des trois hommes. Feignant d'être seule et blessée, elle les rassembla autour d'elle, ce qui devait faciliter leur funeste travail. Sitôt que Lithildren fut passée à l'action, Neige entra en scène. Vive comme un fauve, elle bondit hors de sa cachette et se jeta sur son premier adversaire. Un soldat qui lui rendait facilement une bonne tête, mais qui payait cet avantage par une lenteur et une maladresse qu'il n'aurait pas le temps de regretter. La guerrière bloqua sa main forte qui s'était refermée sur le manche de son épée, et lui enfonça sa dague si profondément dans la gorge qu'elle éteignit tout son sortant de sa bouche sinon un horrible gargouillis. Le sang se mit à couler à gros bouillons, éclaboussant son visage et ses vêtements, mais elle ne s'en souciait guère.

Elle avait vu bien pire.

Derrière elle, Lithildren achevait son second adversaire, qui s'écroula. Cependant, l'espionne nota qu'elle avait pris soin de ne pas le tuer, et qu'elle s'appliqua à ce qu'il ne se brisât pas la nuque en chutant. Un moment d'humanité qui pouvait se révéler dangereux pour la suite, mais l'Elfe avait pris sa décision. Elles n'avaient pas le temps ni de quoi le ligoter, aussi devaient-elles espérer qu'il ne se réveillerait pas de manière inopinée. En temps normal, la guerrière aux cheveux blancs lui aurait promptement tranché la gorge, mais ce gamin du Gondor ne méritait pas un tel sort.

Confuse, Neige lança un regard ambivalent à Lithildren, qui oscillait entre la compréhension et le reproche. Tout aurait été plus simple si l'Elfe l'avait tué quand elle le pouvait encore. Cela leur aurait épargné des questionnements moraux qui ne pouvaient que venir parasiter leur mission. Leur plan était en marche, cependant, et elles ne pouvaient pas revenir en arrière désormais. Continuer était la seule option.

Agissant avec un calme qui trahissait son habitude de ce genre de situations, Neige localisa rapidement les clés qui leur ouvriraient les portes de la prison. Un gros trousseau où était suspendue une vingtaine d'entre elles sortit de la poche d'un des gardes. Impossible de savoir laquelle ouvrirait la cellule de Nallus, elles devraient les essayer les unes après les autres, en espérant avoir de la chance.

- On y va, souffla la femme à voix très basse.

Elles se mirent en route, arme au poing, et descendirent dans les cachots à proprement parler. Un escalier sinueux serpentait vers les profondeurs, s'ouvrant sur un long couloir assez étroit, frais et humide comme une caverne. Les cellules se disposaient à droite et à gauche, plongées dans l'obscurité. Des ronflements en sortaient, assez nombreux pour que l'on devinât qu'il s'agissait d'un emprisonnement collectif. Les individus incarcérés ici étaient probablement des délinquants mineurs, pris dans des bagarres de taverne ou pour de menus larcins. Ils n'étaient pas dangereux, et seraient remis en liberté d'ici peu. Les individus qui exigeaient une surveillance plus importante étaient placés plus loin, et les deux femmes pressèrent le pas, suivant leur intuition.

L'absence de lumière ne facilitait pas leur tâche, même pour Lithildren, qui ne voyait qu'à condition de disposer d'un maigre rai de lumière pour lui permettre de distinguer formes et contrastes. Dans cette nuit quasi-totale, elles ne pouvaient distinguer les visages qu'en se rapprochant très près de leur interlocuteur. Elles auraient bien pu prendre une torche, mais leur objectif était de rester discrètes, et non de réveiller la moitié de la prison.

- Vous pourrez reconnaître Nallus ? Demanda Neige.

Elle avait toujours supposé que Lithildren le connaissait, ou du moins qu'elle savait à quoi il ressemblait. Sa question innocente portait surtout sur le degré de luminosité, qui pouvait gêner une identification. Cependant, elle mettait le doigt sur une nouvelle difficulté : comment identifier un homme dont elles n'avaient jamais vu le visage ?

Avant d'avoir obtenu une réponse de la part de l'Elfe, l'espionne entendit une voix surgir à sa droite. Une silhouette, de l'autre côté des barreaux, qui paraissait voûtée et fatiguée.

- C'est moi, Nallus… Fit l'homme.

Neige n'en revenait pas de leur chance. Elle saisit ses clés, se préparant à ouvrir la porte, quand soudainement une autre voix dans son dos l'appela :

- Non, c'est moi… Ne l'écoutez pas, il ment…

Elle s'interrompit dans son geste, et jeta un regard à Lithildren. Les détenus les plus désespérés étaient prêts à tout pour sortir d'ici. Elles virent des mains se tendre dans leur direction, puis une troisième voix s'éleva, et une quatrième. Ils se présentaient tous comme Nallus, en espérant être les heureux élus à quitter ces cellules sordides et crasseuses. L'espionne jura, et tendit les clés à l'Elfe :

- Prenez ça, et trouvez le vrai Nallus. Je surveille l'entrée, j'ai peur que ce vacarme ne finisse par réveiller les autres gardes. Dépêchez-vous !

Leur mission rencontrait une complication inattendue. A défaut de connaître le visage de l'universitaire, Lithidren devrait trouver un autre moyen de vérifier son identité. Elle n'avait pas beaucoup de temps, et qui savait combien de faux professeurs elle devrait croiser avant de trouver l'homme qu'elle était venue libérer ?


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Quand vient le silence EmptyMar 30 Juil 2019 - 13:37
L'Elfe savait qu'en laissant le gamin s'en sortir, elle risquait gros. Il pouvait alerter tout le monde, dire qu'il les avait vu, ce qu'elles avaient fait. Lithildren espérait que, en lui laissant, il verrait qu'elle avait le choix dans leur manque de choix et qu'elle avait pitié pour une jeune âme qu'elle considérait comme innocente. Elle avait espoir qu'il pourrait voir la vérité et ouvrir les yeux. Mais il serait entouré de deux cadavres et ça risquait de tout foutre en l'air. La Noldo prenait le risque, au moins qu'il lui demande en face des comptes.

Neige indiqua qu'il fallait avancer. Lithildren suivit, rangea sa toute nouvelle dague et suivit la femme. Elles avançaient le long des cellules. L'endroit lui envoyait des flashs sur son emprisonnement au Rhûn. Elle était mal à l'aise et souhaitât sortir de là le plus vite possible. Neige lui posa soudain la question-piège :

- Vous pourrez reconnaître Nallus ?
- Je ne l'ai jamais vu. Il était déjà en prison quand je suis arrivée en ville, chuchota l'Elfe à l'oreille de Neige pour éviter qu'on ne l'entende.

La femme lui lança un regard presque choqué. Elle aurait dire "PARDON ?!" que ça aurait été la même chose. Lithildren se sentait confuse et gênée mais c'était la vérité. Il y eut un homme qui s'approcha des barreaux, prétendant être Nallus. Alors que Neige allait ouvrir, un autre prétendit être Nallus. Ils furent de plus en plus à réclamer, supplier, demander, prétendre. Lithildren vit les mains sortir des barreaux et se tendre vers les deux femmes. Neige lança les clefs à l'Elfe.

- Prenez ça, et trouvez le vrai Nallus. Je surveille l'entrée, j'ai peur que ce vacarme ne finisse par réveiller les autres gardes. Dépêchez-vous !

L'Elfe inspira. Elle hocha de la tête et, sans un mot, elle regarda les mains. Un scolaire a des mains spéciales, usées par l'écriture. Elle recherchait aussi les mains d'un vieil homme. Elle avait une idée du genre de mains qu'elle voulait voir. Mais elle ne voyait que des mains sales et réclamant la liberté. Elle se stoppa, agacée par les supplications.

- Comment s'appelle le garçon ? se mit alors à demander Lithildren en s'approchant d'un côté et de l'autre.

Il n'y eut pas une seule bonne réponse. Elle changea régulièrement de question.

- Où travaillez-vous ? Pourquoi êtes-vous là ? Qui vous a mit là ? Que faisiez-vous en étant arrêté ?

Evidemment, Lithildren ne donnait pas les réponses. Et aucun d'entre eux ne donnait la bonne non plus. Elle ne faisait que poser des questions comme ça. Elle finit par remarquer que, dans l'une des cellules, la forme était recroquevillée au fond. Elle était passée plusieurs fois et maintenant, l'homme s'était redressé. Elle s'arrêta. L'homme approcha, lentement. Il semblait si fatigué, si vieux...

- Comment.. va... Reinil...?

L'homme avait presque chuchoté la question. Lithildren soupira de soulagement. Elle hocha doucement de la tête, un sourire aux lèvres. Elle essaya alors toutes les clés, une par une. L'homme ne posait pas de questions, il semblait juste attendre son sort. Lithildren finit par trouver la bonne clé au bout d'un moment.

- Venez. Nous n'avons pas beaucoup de temps.

Lithildren aida l'homme à marcher en s'approchant de Neige.

- Gardez la tête basse.

Evidemment, elle parlait bas, chuchotant à l'oreille de ce qui semblait être Nallus.
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Quand vient le silence EmptyMar 30 Juil 2019 - 14:18

En voyant Lithildren revenir avec un homme qui correspondait peu ou prou à l'image que l'on pouvait se faire d'un érudit, Neige hocha la tête, satisfaite. Elle avait craint que l'Elfe ne passât trop de temps à essayer de le localiser, mais grâce à un interrogatoire rapide et quasiment militaire des détenus, elle réussit à éliminer ceux qui n'étaient que des usurpateurs, pour mieux se rapprocher du véritable professeur. Nallus, lourdement appuyé contre elle, paraissait ne pas encore réaliser qu'il était en train d'être libéré de manière illégale par deux femmes qu'il ne connaissait pas. L'espionne s'approcha de lui, et l'examina de manière sommaire pour voir s'il n'avait rien :

- Suivez-moi, nous allons essayer de sortir sans nous faire remarquer.

C'était la partie la plus délicate. Après être entrées sans rencontrer une trop grande résistance, elles devaient faire le chemin inverse, avec un homme épuisé et de toute évidence incapable de se défendre si nécessaire. Il représentait un considérable handicap dans ces circonstances, et elles n'avaient pas le temps de concevoir un plan fiable pour s'enfuir. Leur seule option était de repartir par le même chemin, et d'espérer échapper aux gardes, aux patrouilles et aux hommes de Rhydon qui continuaient à les chercher à travers la cité.

Un jeu d'enfant, songea-t-elle avec ironie.

Nallus était à peine conscient, mettant un pied devant l'autre davantage par réflexe que par sa propre volonté. Il occupait presque entièrement Lithildren, qui dans le meilleur des cas pouvait dégager un bras pour se défendre. Neige laissa l'Elfe en charge de l'homme, et prit la tête du petit groupe, fendant les ombres sans se retourner. En d'autres circonstances, elle aurait assumé personnellement la charge de la protection d'un homme aussi important que le professeur, mais pas aujourd'hui. La blessure qu'elle avait reçue un peu plus tôt, bien que pansée soigneusement, la lançait toujours et réduisait sa mobilité. Elle aurait eu du mal à soutenir Nallus au rythme auquel elles avaient besoin d'avancer. Raisonnable malgré son désir de contrôler la situation, elle jugea plus prudent de confier la garde du vieil homme à Lithildren, qui semblait en forme et alerte.

Les deux femmes remontèrent le long couloir, sous les appels de plus en plus nombreux des prisonniers qui se réveillaient les uns après les autres, en espérant être libérés eux aussi. Elles étaient presque arrivées au bout quand elles entendirent une voix en face d'elles :

- Oh, c'est quoi ce bordel ? On n'arrive pas à dormir avec ce boucan !

L'intervention demeura sans réponse.

- Les gars ? Vous êtes là ?

Sans réfléchir, Neige s'élança en avant, abandonnant Lithildren derrière elle. Son esprit de combattante s'était mis en branle, et elle comprit que si elle ne parvenait pas à tuer cet homme assez rapidement, il donnerait l'alarme et réveillerait tout le monde. Ses pieds filaient sur le sol comme si elle était sur le point de s'envoler. Oiseau de proie en quête d'une victime, elle rompit la distance alors que le soldat découvrait, ébahi, les cadavres de ses compagnons d'armes. Au moment où il songeait à se retourner, elle sauta sur son dos massif, lui plaquant une main sur la bouche, tandis que de l'autre elle lui enfonçait sa dague dans le dos.

Trois coups mortels.

Trois coups qui auraient dû le terrasser sans la moindre difficulté.

Toutefois, l'homme était un véritable taureau, au corps large et musculeux. Il était grand comme une armoire, et il pesait presque le double du poids de la guerrière qui venait de le poignarder, vulgaire renard contre un bœuf déchaîné. Avant de s'écrouler, il rua et envoya le corps de Neige valdinguer à l'autre bout de la pièce. La jeune femme s'écrasa contre un buffet avec fracas, et retomba lourdement sur le sol, inerte.

Le garde, quant à lui, se mit à beugler à pleins poumons, alors qu'il découvrait l'étendue de sa blessure :

- À moi ! À moi ! On nous attaque !

Il se recroquevilla sur lui-même, en essayant de sauvegarder ses maigres forces. Hélas pour lui, il n'en avait plus que pour quelques minutes. La tueuse qui l'avait attaqué n'avait pas manqué son coup. Celle-ci recommença à bouger, retrouvant ses esprits progressivement alors que le monde cessait enfin de tourbillonner autour d'elle. Toujours étendue par terre, les cheveux en bataille, et sa dague égarée, elle croisa le regard de Lithildren. Un regard qui ne trahissait aucune forme de peur ou d'inquiétude. Seulement la résolution dont elle avait fait preuve dans la cave, la même résolution qui lui avait permis d'arriver si loin.

L'Elfe se trouvait à cinq ou six mètres de l'escalier, et à sa droite, la porte de laquelle surgiraient les quatre geôliers qui n'avaient pas manqué d'entendre l'appel à l'aide de leur compagnon. A sa gauche, l'espionne couverte de bris de verre et de bois, qui récupérait difficilement du choc qu'elle avait reçu.

Il n'avait fallu qu'une brève seconde pour que leur infiltration discrète se transformât en un désastre.

Une seconde.

C'était tout ce dont disposait Lithildren pour décider quoi faire.


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Quand vient le silence EmptyMar 30 Juil 2019 - 19:48
Il fallait sortir au plus vite. Allaient-elles avoir la même chance qu'à l'allée ? Ce n'était pas sûr.

L'Elfe Noldo soutenait l'érudit qui semblait à moitié présent. Il pesait de tout son maigre poids sur elle et avec le brouhaha ambiant, elle avait u mal à se concentrer. Il était faible et allait mettre un temps fou à se rétablir. Vu son état, Lithildren songea que sa survie au petit matin serait un miracle, mais divin serait sa survie jusqu'à ce qu'il revoit Reinil au Sanctuaire. Enfin, si elles allaient là-bas. Car oui elles allaient sortir... mais pour aller où ? Neige devait avoir un plan pour ça.

- Oh, c'est quoi ce bordel ? On n'arrive pas à dormir avec ce boucan !

La voix tétanisa l'Elfe. Merde... C'était presque évident, vu les cris et supplications bruyantes des prisonniers. Alors forcément, un garde s'était réveillé. Et il allait les trouver tous les trois, ce n'était qu'une question de secondes.

- Les gars ? Vous êtes là ?

Neige bondit en avant. Lithildren souleva Nallus en le tenant fort par la taille et se dépêcha vers la salle suivante. Elle ne vit que Neige voler et un garde musculeux avec un poignard planté. Mais, surtout, elle l'entendit :

- À moi ! À moi ! On nous attaque !

Le sang de l'Elfe ne fit qu'un tour. Elle posa Nallus - presque en le laissant tomber - puis fonça sur le garde pour lui asséner un coup de pied dans la figure. Elle ne perdit pas une seule seconde, saisit la table la plus proche par les pieds et la traîna. Le meuble était lourd mais elle avait la force de l'adrénaline avec elle. Neige ne se relevait que difficilement. Lithildren avait une seconde de réaction, alors qu'elle entendait déjà les gardes rappliquer dans le couloir. Lithildren traîna la table jusqu'à la porte et la bascula pour qu'elle fasse barrage. Elle lança aussi les chaises pour alourdir. Cela ne tiendrait que quelques secondes mais ça devrait faire l'affaire.

La Noldo sauta vers Neige et la souleva sans même prendre en compte ses blessures.

- Partez aussi vite que possible dehors ! Dépêchez-vous !

Alors que Neige titubait lentement vers l'escalier, l'Elfe fut en deux bonds sur Nallus, le souleva en sac à patates et se figea quand les gardes se mirent à bourriner la porte pour dégager le débarras qui la bloquait. Lithildren saisit la dague de Neige encore plantée dans le corps du garde, puis la lança prestement sur le garde qui commençait à passer. La dague se ficha dans son épaule et il eut un mouvement de recul. L'Elfe gagnait une seconde supplémentaire. Sans demander son reste, elle saisit Neige par le bras et se mit à marcher aussi vite qu'elle le pouvait vers la sortie.

Les gardes les suivaient. Heureusement, avec leur armure, ils étaient moins vifs qu'avec les tenues légères des deux femmes. Mais Lithildren portait un homme et traînait une femme. Aussi forte était-elle, elle n'avait qu'une pincée de mètres d'avance sur les gardes. Elle paniquait, purement et simplement. Et ses poursuivants criaient qu'il fallait les rattraper.

Elle avait l'impression que le chemin du retour durait une éternité. Lithildren s'épuisait avec ces deux poids et les gardes parvenaient à réduire la distance qui les séparaient. Dans un geste désespéré, Lithildren beugla pour les deux acolytes postés à l'entrée de la prison.

- A l'aide !
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Ryad Assad
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Quand vient le silence EmptyMar 6 Aoû 2019 - 13:58

La réaction de Lihtildren fut marquée par la promptitude et un sens de priorités qui témoignait d'une habitude de ce genre de circonstances. En effet, la guerrière aux oreilles pointues avait déjà eu l'occasion de se retrouver dans des situations difficiles, voire désespérées, et elle en avait conçu une capacité à faire les choix qui s'imposaient sans laisser les paramètres extérieurs et secondaires la distraire une seule seconde de sa mission. Ce fut sans nul doute la raison pour laquelle elle trouva la force de traîner cette table épaisse jusqu'à la porte pour essayer de barrer le passage aux inévitables renforts. Un geste fou qu'un humain normal n'aurait pu accomplir, mais qui leur conférait de précieuses secondes pour parvenir à s'échapper.

Neige encore sonnée, Nallus trop faible pour avancer, la responsabilité de leur fuite reposait entièrement sur les épaules de l'Elfe qui cherchait à parer à tous les dangers au mépris de sa propre sécurité. Une telle stratégie était noble et louable, mais elle présentait l'inconvénient majeur de ne pas être viable. Elle ne pouvait tout simplement pas porter deux personnes, et espérer doubler des hommes déterminés à les rattraper et à ne pas les laisser filer.

Elle avait retardé leur arrivée, mais déjà ils achevaient de déplacer la table, ultime obstacle à leur course poursuite, et s'élançaient à leurs trousses. Lithildren pouvait presque sentir leur souffle bruyant sur sa nuque, comme des taureaux lancés à la charge sur ses talons. Si elle se retournait, si elle prenait même un bref moment de répit, ils la rattraperaient et planteraient leurs cornes d'acier dans sa colonne vertébrale, sans se soucier des raisons pour lesquelles elle s'enfuyait ainsi. Telles des bêtes de guerre, les gardes ne se posaient pas de questions politiques ou philosophiques : ils étaient mus par le désir d'accomplir leur devoir, et sur un plan plus personnel par l'envie de se venger de ceux qui avaient tué leurs collègues.

Fort heureusement pour elle, et pour la cause qu'elle défendait, Lithildren n'était pas seule. Elle pouvait compter sur l'assistance inespérée des hommes de Neige, de fidèles défenseurs du Gondor qui étaient prêts à intervenir à n'importe quel moment. En entendant son appel à l'aide, ils se mobilisèrent comme le leur avait appris leur formidable entraînement, et bondirent au secours des deux guerrières.

- Occupez-vous de Neige, amenez-la au point de rendez-vous ! Cria le premier alors qu'il passait devant elle pour aller cueillir au passage les geôliers.

Le point de rendez-vous. Autrement dit le Sanctuaire, le seul endroit où la garde ne viendrait pas les traquer, et où ils pourraient bénéficier d'une assistance bienvenue. C'était là que se trouvaient Reinil et Réland, c'était là qu'ils pourraient obtenir les réponses à leurs questions, et c'était sans nul doute là qu'ils auraient le temps et l'espace pour interroger confortablement Nallus.

Restait encore à y arriver.

Alors que depuis l'étroit couloir qui menait aux geôles parvenaient des bruits de combat qui indiquaient que les hommes de Neige avaient rencontré leurs adversaires et qu'ils s'arrangeaient pour leur mener la vie dure, cette dernière n'avait toujours pas repris ses esprits. Même quand Lithildren s'attacha à relever Nallus pour l'emmener vers le Sanctuaire, elle demeura prostrée, un genou à terre, incapable de retrouver son souffle et de s'élancer avec sa compagne elfique en direction du Sanctuaire.

L'espionne finit par lever la tête, affichant une grimace qui en disait long :

- Sale soirée, finit-elle par lâcher en montrant sa main gauche couverte de sang.

Sur son flanc s'étirait une blessure qui n'était pas belle à voir, probablement réalisée par une lame. Mais ce n'était pas le colosse qui avait poignardé la guerrière aux cheveux blancs, de cela Lithildren pouvait être certaine, puisqu'elle avait vu le combat. Elle avait vu Neige aux prises avec ce géant gondorien, qui l'avait envoyé à travers la pièce. Elle avait vu l'impact, elle avait vu le corps retomber sur le sol. A aucun moment l'espionne n'avait été poignardée. Et pourtant elle saignait effectivement, comme en attestait les gouttelettes de sang qui recouvraient peu à peu les pavés de Minas Tirith.

- Vous auriez vraiment dû achever ce gamin…

Le gamin. Le jeune garçon que Lithildren n'avait pas su tuer, et qu'elle s'était contentée d'assommer. Bien évidemment, il avait trouvé le moyen de se réveiller au pire moment, et de poignarder Neige alors qu'elle était la plus vulnérable. Voilà quel était le prix de la pitié. Un prix qui se payait dans le sang, et qui avait le goût amer de la trahison. Mais ce gamin n'avait jamais demandé à être épargné, il n'avait jamais demandé à ce qu'on lui sauvât la vie alors que ses deux compagnons trouvaient la mort d'une manière aussi cruelle que violente.

Ne pensait-il pas lui aussi à la vengeance ?

Garderait-il en tête le visage de Lithildren en la maudissant à jamais de l'avoir choisi pour vivre alors que ses amis devaient mourir ? Ou finirait-il par comprendre que la guerrière n'avait pas pu se résoudre à ôter la vie à une âme si jeune, et qu'il avait dû son salut autant à la chance qu'à une extraordinaire compassion de la part d'une Elfe pour qui il ne représentait pas davantage qu'un obstacle de plus sur le chemin de la réussite.

En attendant, il se consolerait dans l'alcool, et dans la satisfaction d'avoir porté un coup décisif à une des femmes venues les agresser. Il pourrait s'en vanter auprès de ses supérieurs quand ils prendraient connaissance de l'affaire, et passerait brièvement pour un héros, avant de sombrer dans l'oubli comme tous les autres.

Neige jura à voix basse :

- Je vais avoir besoin de votre aide, je ne pourrai pas arriver jusque là-bas par mes propres moyens.

Elle était bien consciente que cela exigerait un effort immense de la part de l'Elfe, car soutenir deux personnes blessées n'était pas une mince affaire, surtout en devant éviter les gardes qui se trouvaient dans les rues, et qui ne manqueraient pas de patrouiller dans les environs d'ici peu. Restait cependant un problème : Nallus. Le vieil homme ne semblait pas mécontent d'avoir quitté sa prison, mais il n'en demeurait pas moins un érudit de Minas Tirith, un personnage respectable qui ne souhaitait pas s'attirer plus d'ennuis que nécessaire. Conscient qu'il venait d'être libéré par la force, ce qui faisait de lui un fugitif, il demanda :

- Mais… Mais qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ?

Il était inquiet, effrayé, et une partie de lui semblait vouloir fuir très loin d'ici, voire retourner dans sa cellule pour implorer le pardon royal. Il ignorait cependant tous les enjeux qui pesaient sur lui, et qui le rendaient si important.

- Pourquoi m'avez-vous fait évader ? Répondez !

L'autorité naturelle de ce professeur habitué d'être écouté par ses élèves était revenue sitôt qu'il avait posé le pied dehors, et il était évident qu'il ne bougerait pas de son plein gré avant d'avoir obtenu une réponse satisfaisante. Malheureusement, le temps était leur ennemi en la matière, et les deux femmes ne pouvaient pas tenir une conversation à voix haute au milieu de la rue, au risque d'être reprises par la première patrouille. Lithildren devait apprivoiser Nallus, trouver les mots pour le mettre en confiance, et surtout réfléchir à un plan pour les amener tous jusqu'au Sanctuaire.


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Quand vient le silence EmptyMar 6 Aoû 2019 - 14:38
- Occupez-vous de Neige, amenez-la au point de rendez-vous !

Lithildren savait ce qu'elle avait à faire. Mais elle devait d'abord reprendre son souffle. Elle bénissait les Valar de lui avoir apporté de l'aide au moment où elle en avait besoin, et ce plusieurs fois. De très nombreuses fois. La Noldo reposa Nallus par terre et lâcha Neige, pour elle-même s'asseoir quelques minutes. Ils n'avaient pas un temps infini et il faudrait repartir vite. Lorsqu'elle se releva, pensant que Neige s'était elle aussi redressée, elle la vit encore genou à terre. Lithildren comprit que quelque chose ne tournait pas rond.

- Sale soirée...

L'Elfe souffla du nez. Elle allait répondre sur un ton léger "Ca, vous l'avez dit" mais elle vit le sang. La tâche sur le flanc. Et elle se retint.

- Vous auriez vraiment dû achever ce gamin…

Lithildren se pinça les lèvres. Elle avait joué et avait perdu. Le jeune soldat avait été formé à défendre le Gondor et abattre ses ennemis. Il aurait sûrement satisfaction. Lithildren s'en voulut. Elle ne répondit pas et se contenta de prendre sa dague, découper un bout de sa cape et vint près de Neige.

- Gardez ça pressé dessus.

Elle ne dit rien d'autre. Ce n'était pas nécessaire. Son ton trahissait un certain remord. Lithildren aurait en effet dû achever ce gamin. Mais elle partait du principe qu'épargner une jeune âme était une façon de dire qu'ils n'agissaient pas pour descendre toute l'armée, toute la garnison. Elle ne voulait pas s'encombrer et penser à ce qu'elle pu ou faire, mais elle ce qu'elle faisait immédiatement et ferait ensuite.

- Je vais avoir besoin de votre aide, je ne pourrai pas arriver jusque là-bas par mes propres moyens.
- Je ne comptais pas vous laisser derrière. Non seulement par principe et parce que vous m'aidez, mais j'en ai aussi fais la promesse à Réland. Et je compte tenir cette promesse.

Nallus reprenait de ses esprits et réalisait qu'il était libre par la force. Une fois là, dehors, il regardait consterné ce qui l'entourait et les gens étranges qu'il avait non loin. Il se mit à paniquer et, inquisiteur, ordonna des explications.

-Mais… Mais qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ? Pourquoi m'avez-vous fait évader ? Répondez !

Lithildren se tourna entièrement vers lui, gardant une certaine distance pour ne pas le faire paniquer.

- Maître Nallus, je m'appelle Lithildren. Je sais que vous aurez du mal à me croire mais j'ai été envoyée par Gil de Tharbad, il pensait que vous pourriez m'aider concernant un sujet dont nous parlerons une fois en sécurité. Reinil se trouve dans un lieu sûr et vous confirmera que je ne suis pas là pour vous faire du mal. Là, maintenant, je sais que vous avez du mal à me croire et à me faire confiance. Je pourrais vous mener à un piège. Mais je n'ai aucune mauvaise intention à votre égard : Maître Horas et Reinil sont inquiets et j'ai besoin de votre aide. Nous n'avons pas de temps pour discuter pleinement ici, ma sœur d'armes est blessée. Je vous promets de tout vous expliquer une fois que nous aurons rejoint le point de rendez-vous, où se trouve Reinil. Vous allez me suivre, s'il vous plaît ? Je vous en prie. Vous devez me faire confiance comme Gil a eu confiance en moi pour me mener à vous.

Elle essayait d'être convaincante mais l'inquiétude la gagnait. Nallus devait la suivre. Lithildren alla aider Neige à se remettre debout. Elle passa son bras par-dessus sa nuque et la laissa s'appuyer contre elle. Le bout de tissu était imbibé de sang et Neige en perdait beaucoup. Elle perdrait bientôt connaissance si Nallus et l'Elfe ne l'amenaient pas rapidement.

- Il va falloir me guider au Sanctuaire... Je ne sais même pas où il est...

Lithildren avait peur. Peur que Neige lui claque dans les pattes, que les soldats débarquent qu'une seconde à l'autre, que Nallus s'enfuit. Lithildren avait beau ne pas être physiquement seule, elle l'était pourtant bel et bien pour gérer la situation. Neige, Gil, Reinil, Réland, Maître Horas... Tous ces gens comptaient sur elle.

L'Elfe eut une pensée pour Oropher. Il lui manquait de plus en plus chaque jour. Elle sentait son absence, espérait le voir apparaître à tout instant. Elle avait l'impression de le voir partout, qu'il allait sortir de l'ombre et la saluer comme s'il n'était jamais parti. Mais il était sûrement déjà mort. Si elle ne le retrouvait pas, Lithildren retournerait à Ost-in-Edhil et chercherait son corps. La créature protégeant les souterrains étant morte, l'Elfe n'aurait plus grand-chose à craindre si ce n'est la folie et se perdre. Mais si jamais elle le retrouvait vivant, allait-il être d'accord avec tout ce qu'elle fait ? Et à ce qu'elle ferait prochainement ? Que penserait-il d'elle ? La Noldo voulait qu'il soit fier. Mais il serait sûrement en colère contre elle de ne pas avoir cherché à le retrouver plus tôt. Mais elle n'avait pas eut le choix. Elle avait dû traiter le plus urgent. Et puis, sans traces de Gier, que pouvait-elle faire ? Rien. Alors elle avait suivi les pistes qui lui faisaient prendre des détours.

Lithildren envoya tout son amour en pensées à Oropher. Si il était encore vivant, elle espérait qu'il ressente qu'elle l'aimait plus que tout au monde.

La jeune Elfe se tourna vers Nallus. Elle priait en silence.
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Ryad Assad
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Quand vient le silence EmptyMar 13 Aoû 2019 - 12:16

L'agitation, les combats, le sang versé, les évasions et plus généralement l'aventure ne faisaient pas partie de la vie d'un érudit de Minas Tirith, et encore moins de celle du professeur Nallus. L'homme n'était pourtant pas un vieillard on un impotent, et on décelait dans ses yeux un esprit encore jeune et dynamique, mais son corps n'avait plus la fougue de ses vingt printemps, et toutes ces émotions pesaient sur lui comme le vent soufflant en tempête sur les branches d'un vieux chêne. Il était las. Las de son incarcération, d'être traité comme un criminel… Las de ne pouvoir se défendre, de n'avoir pas pu consulter le moindre conseiller juridique pour l'aider à sortir de son odieuse prison. Las enfin de ne pas pouvoir achever ses recherches, et de ne pas pouvoir transmettre le fruit de ses découvertes.

Et aujourd'hui qu'il était libre, et qu'il goûtait de nouveau à l'air pur de l'extérieur, il se sentait soudainement oppressé. Des gardes en faction pouvaient leur tomber dessus à n'importe quel moment, et même s'ils parvenaient à serpenter dans les rues sinueuses de la capitale du Gondor, ils ne pourraient pas s'échapper assez loin pour échapper à la justice royale. L'innocence de Nallus pouvait être défendue devant le tribunal, mais pas après une telle opération pour le faire libérer. S'il était repris, il serait contraint à l'isolement, et ne reverrait la lumière du jour que lors de son exécution. Entre temps il y aurait la torture, les aveux arrachés, et d'innombrables regrets. Sa lassitude lui tira un soupir.

Les deux femmes qui étaient venues le tirer d'affaire – ou bien le plonger dans davantage de souci – ne lui étaient pas familière, ni l'une ni l'autre. La première, elfique à n'en pas douter, semblait paradoxalement la moins apte à établir un plan car elle regardait autour d'elle sans savoir quoi faire. A l'évidence elle ne connaissait pas la Cité Blanche, et se reposait largement sur sa compagne pour la guider dans les méandres de Minas Tirith. Cette dernière, dont la chevelure blanche tranchait avec la jeunesse apparente de ses traits, n'était pas en mesure d'accomplir ce que l'on attendait d'elle, la faute à une vilaine blessure au flanc qui saignait abondamment, et mettait un terme à leurs espoirs de disparaître discrètement. Elles n'iraient pas bien loin dans ces conditions.

En toute franchise, Nallus éprouvait une forme de compassion pour elles deux, à la fois car elles avaient eu la bonté de le sortir du pétrin – même s'il ignorait dans quel but –, mais aussi car il demeurait un gentilhomme bien éduqué, et qu'il éprouvait une empathie naturelle à l'égard du beau sexe. Une empathie qu'il n'aurait jamais transformé en bienveillante condescendance cela dit, car il savait que ces femmes pouvaient lui briser la nuque sans le moindre effort s'il mettait en doute leurs compétences. Il avait déjà rencontré de telles personnes durant sa longue vie, et il n'escomptait pas faire deux fois la même erreur. La leçon apprise durement lui avait fait craindre de ne plus pouvoir enfanter.

Pour autant, compassion ne signifiait pas confiance, et il avait besoin de réponses immédiates avant de savoir s'il pouvait ou non mettre sa vie entre les mains de ces deux combattantes. Elles avaient fait preuve d'un courage confinant à la folie en s'attaquant aux geôles de Minas Tirith, mais cela ne lui donnait aucun renseignement quant à leurs intentions, sinon qu'elles étaient prêtes à risquer leur vie pour le faire sortir. Il se tourna vers l'une puis l'autre, reprenant des forces alors qu'il attendait leur réponse.

Ce fut finalement l'Elfe qui prit la parole, s'efforçant de lui expliquer la situation du mieux possible en peu de mots. Elle avait ce côté sec et efficace des militaires, pourtant il aurait pu dire en la regardant qu'elle n'appartenait pas à l'armée régulière. Tout dans son attitude, dans sa démarche, dans sa façon de s'exprimer, dégageait une forme d'indépendance d'esprit qui ne collait pas avec la soumission hiérarchique à une institution. Ce fut peut-être une des raisons qui le poussa à l'écouter attentivement, car il se doutait qu'elle servait une cause pour laquelle elle était prête à risquer son existence physique en ce monde, mais il ne devinait pas laquelle. Elle s'efforça de l'apaiser en lui parlant de Horas, ce vieil ami et collègue de Nallus qui devait effectivement se faire un sang d'encre depuis l'arrestation du dernier. Elle évoqua également Reinil, et le professeur se laissa aller à un sourire amusé en songeant aux risques que le jeune garçon avait dû prendre en essayant de l'aider. Il le connaissait parfaitement, et il savait que derrière sa timidité et sa réserve se cachait un grand cœur courageux. Il avait l'esprit chevaleresque à défaut d'avoir le corps, et il n'y avait pas à douter qu'il se battrait pour une juste cause si on le lui proposait. Cependant, de tous les noms qu'elle prononça, ce fut celui de Gil qui provoqua la réaction la plus rapide.

- Gil ? S'étonna Nallus. C'est lui qui vous envoie ?

Neige, qui écoutait la conversation avec attention, leva la tête à ce moment également :

- Gil… Ne me dites pas que… Cela ne peut être une coïncidence ! Vous connaissez la Tête ?

Nallus se tourna vers cette dernière, à la fois étonné et amusé. De toute évidence, l'Elfe connaissait Gil, et savait ses allées et venues. La femme blessée, en revanche, semblait savoir exactement qui il était, et ce qu'il représentait pour le Gondor. Elles n'avaient jamais mis leurs connaissances en commun, et désormais elles se rendaient compte qu'elles étaient peut-être encore plus liées qu'elles le pensaient. Le professeur sourit : c'était cela, la tâche d'un érudit de Minas Tirith. Rassembler les informations, dégager du sens, et faire en sorte d'éclairer les zones d'ombre par la grâce de leur intelligence.

Il venait subitement de comprendre pourquoi elles l'avaient libéré.

- Je répondrai à toutes vos questions en chemin, mais pour l'heure nous devons trouver un endroit sûr. Le Sanctuaire est loin, nous n'y arriverons pas immédiatement. Je propose de trouver une cachette et de nous y reposer.

- Non, fit Neige en grimaçant alors qu'elle se relevait. Nous devons rejoindre le Sanctuaire au plus tôt. Quand ils auront vent de l'évasion, ils passeront la Cité au peigne fin, et ce sera alors le seul endroit sûr.

Nallus regarda sa blessure, puis observa la détermination dans les yeux de la jeune femme. Il finit par hocher la tête, et par accepter. Ce n'était pas le plan le plus sensé, mais finalement rien n'avait de sens, alors autant avancer à l'aveugle et se précipiter vers l'unique abri où elles pourraient échapper aux gardes. Lithildren se précipita pour aider la guerrière, tandis que Nallus ouvrait la voie. Il ne marcherait pas très vite, mais il retrouvait des couleurs, et même s'il devait parfois s'appuyer sur les murs autour de lui pour se stabiliser, il n'aurait pas besoin d'aide pour progresser. Courir, par contre, serait une autre histoire, et ils feraient bien de ne pas croiser de gardes.

- Sire Nallus, reprit l'espionne, j'ai besoin de savoir pourquoi vous avez été emprisonné… Qu'avez-vous découvert sur Rhydon qui soit à ce point préjudiciable qu'il voudrait nous tuer ?

- Vous connaissez lord Rhydon également ? Je crois que je devine qui vous êtes, mademoiselle. Je vous dirai tout en temps utile.

Neige fit une pause, alors que Nallus vérifiait les deux côtés d'une grande rue pour voir s'il était bien prudent de traverser. Elle respirait avec de plus en plus de difficulté, et bien qu'elle eût envie de continuer, elle fut contrainte de s'asseoir. Sa poitrine se soulevait à un rythme anormalement élevé, et lorsqu'elle retira le morceau de tissu que lui avait confié l'Elfe, ils purent tous constater qu'il était couvert de sang. Nallus et Lithildren se penchèrent sur son cas, même si cette dernière était plus apte à prendre soin d'une blessure de cette nature. L'espionne, qui tenait bon malgré la souffrance, s'éclaircit la gorge, et souffla :

- Sire, je vous en prie j'ai besoin de savoir… Je m'appelle Neige, je suis Capitaine du Service de l'Arbre Blanc. Aujourd'hui, nous menons ce qu'il reste de fidèles à Minas Tirith pour essayer d'abattre Lord Rhydon, et protéger le Gondor de ses manigances. Lithildren a travaillé auprès de la Société des Chercheurs, elle a déchiffré la lettre pour laquelle nous pensons que vous avez été arrêté. Nous avons simplement besoin de savoir ce que vous savez, afin de rassembler les pièces de ce casse-tête, et mettre un terme aux agissements de Rhydon. Je vous en prie… dites-nous la vérité… dites-nous ce que vous savez de la Tête…

Il y avait dans ton de la guerrière quelque chose que Lithildren n'avait encore jamais entendu. Une forme de supplique qui était mue par le désespoir. Elle avait un besoin impérieux de réponses, et Nallus était peut-être le seul homme en Terre du Milieu à pouvoir les lui fournir. Elle refusait d'attendre d'être arrivée au Sanctuaire, elle refusait les demi-vérités et les omissions. Aujourd'hui, elle voulait tout savoir, tout comprendre, afin de pouvoir identifier avec précision ses ennemis et les terrasser. Lithildren et elle ne disposaient chacune que de fragments, et seul le professeur pouvait les aider à les organiser, afin d'y mettre du sens. L'intéressé observa les environs avant de répondre :

- Cet endroit n'est pas sûr, il est préférable de parler en chemin. Nous devons encore traverser cette rue, et descendre d'un niveau pour trouver le Sanctuaire. Vous pensez pouvoir y arriver ?

Neige hocha la tête, et se tourna vers Lithildren comme pour lui dire que tout irait bien. L'Elfe était pourtant la mieux placée pour surveiller l'épuisement de sa compagne, et elle était la seule à pouvoir décider si elle pouvait ou non reprendre la route. Elles pouvaient estimer leur trajet à encore une bonne vingtaine de minutes de marche – si elles avaient la chance de ne rencontrer aucun obstacle, aucune patrouille, et de ne pas être ralenties par d'éventuels aléas – ce qui représentait un véritable défi avec une telle blessure. Neige était peut-être familière de la cité, mais Lithildren était désormais en charge de leur sécurité à tous.

Nallus, qui faisait office de guide, les invita à traverser au petit trot. Ils ne furent pas repérés, mais l'effort avait encore affaibli l'espionne. Le professeur, concentré sur autre chose, demanda soudainement à Lithildren :

- J'ai le sentiment que c'est vous la clé de tout ceci. Racontez-moi, comment avez-vous rencontré Gil ? Était-il accompagné quand vous l'avez vu ? Que vous a-t-il dit précisément pour que vous veniez me trouver ?

Il semblait déjà se douter des réponses de l'Elfe, mais il voulait les entendre de sa bouche, car à en juger par la réaction de Neige, Gil n'était pas un homme que l'on approchait facilement. Il y avait une raison précise pour laquelle il était apparu dans sa vie, et pour laquelle il avait convaincu une Elfe solitaire de plonger dans les intrigues politiques de la Cité Blanche. Mais Nallus ne s'arrêta pas là :

- Je présume que Reinil vous a montré mes recherches, et que vous avez rencontré le document codé. Je suis impressionné que vous l'ayez décrypté si rapidement, mais j'ai bien peur que vous ayez échoué à cerner l'élément le plus important de ce texte. Celui qui vous évitera de plonger dans la gueule du loup, et de déchaîner votre colère contre les mauvaises personnes. J'ai moi-même failli passer à côté, et il m'a fallu encore plus de temps pour l'accepter que pour le déchiffrer.

- Assez de mystère, fit Neige. Que dit cette lettre ?

Nallus s'assombrit soudainement, comme si un nuage était apparu dans le ciel de ses pensées pour en chasser toute joie et toute légèreté. Sa liberté nouvellement acquise n'avait pas de valeur face au poids de cette révélation.

- Pendant longtemps j'ai cru que cette lettre n'était qu'un avertissement contre un danger obscur. Un passage, cependant, m'échappait et je suppose que vous avez fait la même erreur de traduction que moi. « Quand j'aurai compris comment il a réussi à devenir, si vite et en n'éveillant nullement l'attention générale, je veillerai à ce que justice soit rendue ». Voilà ce que dit le texte.

- Devenir ? Demanda l'espionne, interloquée. Mais devenir quoi ?

- C'est précisément ce passage qui m'a absorbé l'esprit, et c'est la raison pour laquelle je le connais encore par cœur aujourd'hui. Mot manquant ? Avertissement sibyllin ? J'ai longtemps cherché quel était le sens de tout ceci, jusqu'à trouver la réponse comme à chaque fois : en revenant au texte initial. Une lecture différente, un simple silence induit par la virgule qui m'avait échappée, et alors tout m'est apparu clairement :

« Quand j'aurai compris comment il a réussi à devenir, si vite et en n'éveillant nullement l'attention, général, je veillerai à ce que justice soit rendue ».


Un silence assourdissant s'abattit sur les épaules des trois fauteurs de trouble de la Cité Blanche. Comment une lettre et une simple virgule pouvaient-elles à ce point changer le sens d'un message au point que ces révélations menaçaient de détruire leur monde ? Comment un détail aussi mince pouvait-il produire deux réalités aussi distantes l'une de l'autre ? Une seconde auparavant, elles se préparaient à affronter Lord Rhydon et les espions de l'Arbre Blanc qui lui étaient demeurés fidèles. Une tâche déjà titanesque. Désormais, les perspectives venaient d'évoluer contre elles, et c'était toute l'armée du Gondor qui était susceptible de se mettre à leurs trousses. Neige finit par balbutier :

- Vous voulez dire que…

Elle n'osait pas le prononcer à haute voix. Non. Ce n'était pas possible. Ce n'était tout simplement pas envisageable. Elle avait deviné que la corruption qui étreignait le Gondor s'étendait jusque dans les hautes sphères, mais si haut ? Non. Non, elle ne pouvait l'admettre. Nallus baissa la tête, conscient que ce secret était un lourd fardeau à porter :

- Rhydon n'est qu'un pion. C'est le général Cartogan, le véritable ennemi.

A cet instant précis, les deux femmes se rendirent compte qu'aucun Sanctuaire, aucun noble et aucune relation ne les protégerait de cet individu presque tout puissant à Minas Tirith, apprécié du peuple et considéré comme un incorruptible. Elles étaient entrées en guerre contre l'homme le plus intouchable de toute la Cité Blanche à part le Haut-Roy, un personnage qu'elles ne pourraient pas abattre sans risquer de passer pour des séditieuses. Nallus observa Lithildren et Neige, comme pour leur demander ce qu'elles comptaient faire désormais.


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Quand vient le silence EmptyMar 13 Aoû 2019 - 16:16
Le nom de Gil avait fait mouche. C'était son but. Elle se sentit soulagée. Mais elle ne s'attendait sûrement pas à ce que Neige réagisse également au nom. Quoi ? Alors Neige aussi le connaissait ? Visiblement, en plus de la statuette et d'une cause, les deux femmes semblaient partager plus que ce que l'Elfe n'aurait pensé de prime abord. La "Tête" ? Tête de quoi ? De cette unité, de la Cause, de quoi ? Peu importait, finalement, n'est-ce pas ?

- Je répondrai à toutes vos questions en chemin, mais pour l'heure nous devons trouver un endroit sûr. Le Sanctuaire est loin, nous n'y arriverons pas immédiatement. Je propose de trouver une cachette et de nous y reposer.
- Non. Nous devons rejoindre le Sanctuaire au plus tôt. Quand ils auront vent de l'évasion, ils passeront la Cité au peigne fin, et ce sera alors le seul endroit sûr.
- Neige a raison. Nous devons partir au plus vite et rejoindre le Sanctuaire.

L'Elfe aida l'humaine à se relever et se plaça pour qu'elle puisse s'appuyer sur elle. Mais elle était faible, la Noldo le sentait au poids que Neige posait sur elle.

- Sire Nallus, j'ai besoin de savoir pourquoi vous avez été emprisonné… Qu'avez-vous découvert sur Rhydon qui soit à ce point préjudiciable qu'il voudrait nous tuer ?
- Vous connaissez lord Rhydon également ? Je crois que je devine qui vous êtes, mademoiselle. Je vous dirai tout en temps utile.

L'Elfe ne disait rien. Que pouvait-elle dire, de toutes manières ? Que Neige avait découvert que Rhydon y était mêlé grâce à elle. Ce n'était que fierté et ça n'avait pas de place ici. Nallus s'arrêta pour vérifier si la voie était libre mais Neige avait besoin de s'asseoir. Lithildren l'aida et regarda sa blessure. Elle était grave et il ne restait que peu de temps avant qu'elle ne s'infecte et que l'humaine ne perde connaissance.

- Sire, je vous en prie j'ai besoin de savoir… Je m'appelle Neige, je suis Capitaine du Service de l'Arbre Blanc. Aujourd'hui, nous menons ce qu'il reste de fidèles à Minas Tirith pour essayer d'abattre Lord Rhydon, et protéger le Gondor de ses manigances. Lithildren a travaillé auprès de la Société des Chercheurs, elle a déchiffré la lettre pour laquelle nous pensons que vous avez été arrêté. Nous avons simplement besoin de savoir ce que vous savez, afin de rassembler les pièces de ce casse-tête, et mettre un terme aux agissements de Rhydon. Je vous en prie… dites-nous la vérité… dites-nous ce que vous savez de la Tête…

Neige suppliait, le souffle court. L'Elfe savait pourquoi : elle se vidait de son sang, faiblissait et sa demande semblait surtout le dernier vœu d'une mourante. Même Lithildren ignorait si elle survivrait au trajet. Elle aurait pu cautériser si elle avait le matériel mais elle n'avait rien. Alors autant se dépêcher d'atteindre le Sanctuaire. Alors qu'il reprenaient la route, Nallus s'adressa à Lithildren.

- J'ai le sentiment que c'est vous la clé de tout ceci. Racontez-moi, comment avez-vous rencontré Gil ? Était-il accompagné quand vous l'avez vu ? Que vous a-t-il dit précisément pour que vous veniez me trouver ?
- C'est une longue histoire. Disons juste que j'ai eu des problèmes avec un certain Gier qui a soit kidnappé soit tué mon compagnon. On m'a dit d'aller voir Gil à Tharbad et il m'a menée à vous. Gil m'a parlée de la Fraternité de Yavannamirë, dont fait partie Gier. Mais quand je suis arrivée, vous veniez d'être emprisonné. Et Gil était accompagné d'une femme mais j'ignore son identité.
- Je présume que Reinil vous a montré mes recherches, et que vous avez rencontré le document codé. Je suis impressionné que vous l'ayez décrypté si rapidement, mais j'ai bien peur que vous ayez échoué à cerner l'élément le plus important de ce texte. Celui qui vous évitera de plonger dans la gueule du loup, et de déchaîner votre colère contre les mauvaises personnes. J'ai moi-même failli passer à côté, et il m'a fallu encore plus de temps pour l'accepter que pour le déchiffrer.
- Assez de mystère. Que dit cette lettre ?

Nallus fronça les sourcils et se renfrogna.

- Pendant longtemps j'ai cru que cette lettre n'était qu'un avertissement contre un danger obscur. Un passage, cependant, m'échappait et je suppose que vous avez fait la même erreur de traduction que moi. « Quand j'aurai compris comment il a réussi à devenir, si vite et en n'éveillant nullement l'attention générale, je veillerai à ce que justice soit rendue ». Voilà ce que dit le texte.
- Je m'en souviens. C'est à la fin de la lettre.
- Devenir ? Mais devenir quoi ?
- C'est précisément ce passage qui m'a absorbé l'esprit, et c'est la raison pour laquelle je le connais encore par cœur aujourd'hui. Mot manquant ? Avertissement sibyllin ? J'ai longtemps cherché quel était le sens de tout ceci, jusqu'à trouver la réponse comme à chaque fois : en revenant au texte initial. Une lecture différente, un simple silence induit par la virgule qui m'avait échappée, et alors tout m'est apparu clairement :

« Quand j'aurai compris comment il a réussi à devenir, si vite et en n'éveillant nullement l'attention, général, je veillerai à ce que justice soit rendue ».

- Vous n'êtes pas en train de suggérer que...
- Vous voulez dire que…
- Rhydon n'est qu'un pion. C'est le général Cartogan, le véritable ennemi.

Lithildren en eut le souffle coupé. Mais rapidement, ce fut de la haine qui monta dans son cœur. Elle se mit en tête que Cartogan était, de manière indirecte, responsable de la mort ou kidnapping d'Oropher. Si il était vivant, serait-il en train de se faire torturer quelque part dans les Terres du Milieu, ou même corrompre avec des idées fanatiques et dangereuses ? Lithildren inspira longuement et posa son regard sur Nallus.

- Je sais que son statut le rend intouchable. Si j'ai bien compris la situation actuelle, il fait face à une épidémie en ville et a resserré son autorité sur l'armée. Et tous ceux qui pourraient douter, il les a éloigné : d'où le campement de Rammas Echor. Et comme, de ce que j'ai entendu, le Haut Roy est inactif et se repose sur ses suivants pour gérer son pays et sa ville à sa place, alors il a pratiquement tous les pouvoirs. La seule chose que ça change, c'est que nous allons devoir agir avec beaucoup plus de précautions et de discrétion. Nous allons devoir encore plus agir dans l'ombre. Mais la cause ne change pas. Nous ferons tomber Cartogan pour ses actes. J'ignore encore comment mais la seule façon est de rassembler assez de preuves. Mais même avec ça, qui nous croirait ? Et si nous tuons Cartogan, alors nous serons des parias. Enfin, vous. Moi ça ne changera pas mon statut actuel.

Lithildren regarda autour et inspira doucement.

- Si je dois me rendre, alors je le ferai. Si ça peut permettre d'atteindre Cartogan, alors je me sacrifierai. Je n'ai plus rien sur cette terre qui m'empêche de donner ma vie. Contrairement à vous deux.

En fait, elle ne savait pas si elle serait capable d'effectuer ce genre de sacrifice.

Mais elle y était prête.

C'était son but.
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Ryad Assad
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Quand vient le silence EmptyVen 16 Aoû 2019 - 11:51
Quand vient le silence Nallus10

Si les deux femmes avaient pensé que libérer Nallus ne serait qu'une étape intermédiaire et non essentielle de leur mission, elles se rendaient compte à présent qu'il n'en était rien. L'homme de science, véritable puits de savoirs aussi bien académiques que d'une nature bien plus pragmatique, semblait être le maillon qui leur manquait pour comprendre les jeux de pouvoir complexes qui se dessinaient autour d'elles. En particulier, il semblait bien connaître ce fameux Gil, que Lithildren avait eu l'occasion de rencontrer à Tharbad, et qui était responsable de sa présence ici.

Il se montra pensif lorsque l'Elfe lui relata les circonstances de leur rencontre, avant de répondre :

- Gier… j'ai déjà entendu ce nom. Vous pensez qu'il appartient à la Fraternité ? Ils ne m'avaient pas donné le sentiment de pouvoir procéder à des enlèvements ou à des meurtres. J'avais d'eux l'images de chercheurs passionnés.

On décelait facilement une pointe d'admiration dans le ton de l'érudit, qui avait passé des jours entiers à travailler sur des documents appartenant à la Fraternité de Yavannamirë. Il s'était en particulier appuyé sur le journal d'un certain Zimrathon, qui donnait le sentiment que ces hommes n'étaient que des savants en quête de connaissance et d'artefacts du passé. Loin des brigands mal intentionnés que lui décrivait Lithildren. Nallus ne souhaitait pas prendre partie pour une organisation qui avait peut-être fait cruellement souffrir celle qui venait de le sortir des geôles de Minas Tirith, mais il se permit tout de même d'ajouter :

- Nous n'avons trouvé aucune trace d'une activité récente de la Fraternité. Tous ce que nous avons sont des textes datant de plusieurs décennies. Rien à l'échelle d'une vie elfique, mais tellement à l'échelle de nos propres existences mortelles.

Son constat était celui du bon sens. Zimrathon avait consigné ses textes près de soixante-dix ans auparavant, et depuis ils n'avaient pas entendu parler de la Fraternité. Que fallait-il en penser ? Nallus l'ignorait, mais il s'était fait la promesse de le découvrir.

- Votre homme, je crois pouvoir vous mettre sur la piste pour le retrouver, mais j'ai le sentiment que cela ne sera pas facile. Avant de vous en dire davantage, laissez-moi cependant vous parler du problème le plus pressant.

En effet, même si retrouver Gier était un impératif pour eux, ils ne pouvaient pas s'affranchir de leur situation actuelle, et pour s'en sortir ils devaient se focaliser sur le présent, mettre un pied devant l'autre, et ne pas se soucier inutilement d'un futur trop lointain. Nallus, revint à Gil rapidement, et consentit à donner quelques explications, à la fois à Neige et à Lithildren, même si les deux femmes semblaient préoccupées par des détails très différents. Essayant de les contenter toutes les deux, il expliqua :

- Celui que vous appelez Gil, mais que nous connaissons davantage sous le nom de Gilgamesh, ou de la Tête, se trouve effectivement à Tharbad. Il a quitté Minas Tirith, craignant pour sa sécurité, après avoir perçu les premiers signes d'une crise à venir. Il faut croire que ce vieux fou ne s'était pas trompé, encore une fois. Il a disparu du jour au lendemain, et je crois mademoiselle Neige qu'il a préféré ne pas informer ses plus proches collaborateurs, afin de ne pas les impliquer. En revanche, nous sommes restés en contact, lui et moi. Peu savent que nous nous connaissons, et nous avons entretenu ce secret pendant assez longtemps pour lui permettre de garder un œil sur la Cité Blanche à travers moi. Désormais, vous connaissez la vérité, et je compte sur vous pour ne rien en dire. Les allées et venues de Gilgamesh doivent rester secrètes.

Neige et Lithildren échangèrent un regard. Pour l'une, il ne représentait qu'un homme rencontré entre deux aventures, le pont qui lui avait permis de passer d'une simple vagabonde à une femme ayant un but, une mission. Pour l'autre, il était à la fois un mentor et un ami, un homme pour qui elle aurait volontiers donné sa vie, et qu'elle avait été attristée de perdre. Elle avait toujours su qu'il ne lui révélait pas toute la vérité, mais elle avait naïvement cru qu'il l'associerait à ses plans les plus fous. Il fallait croire que non. L'espionne hocha la tête, mais demanda néanmoins :

- Et cette femme dont Lithildren a parlé ? Vous saviez qu'il était accompagné, n'est-ce pas ?

Nallus acquiesça :

- Je le savais, en effet. Je préfère que l'identité de cette femme demeure confidentielle, mais vous devez savoir qu'elle a été l'une des victimes de l'Ordre de la Couronne de Fer. Elle a souffert peut-être plus que quiconque, mais elle a également eu accès à des informations d'une valeur inestimable. Des informations qui peuvent nous aider à localiser d'éventuels artefacts, et à empêcher qu'ils ne tombent dans les mauvaises mains. Cela fait d'elle une cible que certains voudront capturer, et d'autres éliminer. Sa vie est très précieuse, pour le bien du Gondor.

Le fait que Nallus acceptât de révéler de tels secrets à Lithildren et Neige attestait du degré de confiance qui s'était installé entre eux, très rapidement. Il aurait pu douter de leurs intentions, mais plusieurs éléments l'incitaient à faire preuve d'ouverture. Premièrement, il savait que Lithildren était l'envoyée de Gilgamesh, à la fois car ce dernier l'avait prévenu de l'arrivée d'un atout majeur qui l'aiderait à affronter ses éventuels adversaires dans la Cité Blanche, mais aussi parce qu'il avait déjà entendu parler de Neige et qu'il avait appris à lui faire confiance à travers la manière élogieuse dont le vieil espion parlait de sa jeune protégée. Avoir ces deux femmes comme alliées, des combattantes expérimentées prêtes à le faire évader de prison, représentait une chance extraordinaire, et il le savait. Il ne pouvait pas, en retour, leur cacher les éléments qui leur permettraient de comprendre les enjeux de la lutte dans laquelle elles étaient prises.

Un combat qui impliquait l'avenir du Gondor, et de toute la Terre du Milieu.

Pour ne rien arranger, elles devaient trouver le moyen de faire tomber le général Cartogan, un des hommes les plus puissants du royaume. A l'instar de Lithildren et Neige, Nallus avait eu une réaction un peu fataliste face à cette nouvelle. Seul, isolé, sans ressources, il n'avait d'abord vu qu'une option suicidaire pour essayer de faire entendre raison au roi, à savoir essayer d'attaquer Cartogan en justice pour prouver sa culpabilité. Un tel procès serait forcément suivi de près par Sa Majesté, mais il savait aussi qu'il n'avait pas les éléments suffisants pour prouver de manière irréfutable les intentions du général.

En effet, ils ne pouvaient s'appuyer que sur les dires de la lettre codée reçue par Nallus, et déchiffrée par Lithildren. Cartogan était un homme irréprochable, responsable de la reprise en main de la Cité Blanche blanche, laquelle avait trop longtemps été laissée aux mains de bandits sans foi ni loi. Il avait fait passer une loi interdisant le port d'armes dans la cité, avait démantelé les groupes criminels qui faisaient régner la terreur dans les ruelles du premier cercle, et avait renforcé la sécurité autour de la famille royale. Même l'affaire de la prise de Cair Andros avait été gérée d'une manière prudente, avec l'appel des troupes des différentes régions du Gondor, et la constitution d'une redoutable défense extérieur autour du mur de Rammas Echor. Même si la crise s'enlisait, la population constatait qu'aucune victime n'était à déplorer, et l'inaction en matière offensive était le plus souvent attribuée à Mephisto. Vraiment, Cartogan était l'homme qui tenait le Gondor à bout de bras, et qui empêchait le royaume de sombrer dans le chaos. L'affronter relevait de la folie, et comme l'avait souligné l'Elfe, qui les croirait ?

Un début d'espoir apparut à travers Neige. L'espionne avait écouté attentivement la tirade de sa compagne, avant de répondre :

- Je connais quelqu'un qui nous croira…

Elle grimaça en s'asseyant, s'efforçant de reprendre son souffle.

- Faites-moi confiance : si nous réunissons assez de preuve, il y a au moins une personne dans cette cité qui pourra nous assister.

Elle n'en dit pas davantage, jugeant préférable de garder le silence sur son identité. La curiosité aurait pu pousser Nallus à lui poser davantage de questions, mais il n'en fit rien, se tournant vers Lithildren dont la détermination semblait sans faille. Elle était prête à se sacrifier pour leur cause si c'était nécessaire, mais l'érudit espérait bien que l'heure ne viendrait jamais. Les Eldar désireux d'aider les Edain n'étaient guère nombreux de nos jours, et la vie de l'Elfe était bien trop précieuse pour être gaspillée inutilement. Le professeur lui posa une main sur l'épaule, comme pour la remercier de son courage :

- Je ne doute pas de votre foi, ni de la force de votre bras, mais j'espère que personne n'aura à mourir. Même l'idée de faire tomber Cartogan ne me réjouit pas…

Il soupira :

- Cet homme n'est pas qu'un simple général. Il est celui qui redonne espoir au peuple du Gondor dans les heures sombres, celui qui protège notre royaume face aux menaces extérieures. Si nous l'éliminons, ou si nous arrivons à convaincre le Haut-Roy de sa culpabilité, alors qu'adviendra-t-il ? Il sera désigné comme ennemi des Peuples Libres au même titre que le fut Warin, et sera exécuté. Mais la première victime de tout ceci sera le peuple, privé de son guide et de son gardien.

Nallus avait raison. Tuer Cartogan laisserait un vide immense dans le royaume, et nul ne pouvait prédire quelles seraient les conséquences. La puissance du Gondor était déclinante, et son armée avait été largement critiquée depuis quelques temps. Il y avait eu l'assassinat du prince, que les gardes royaux n'avaient pas pu empêcher. Il y avait eu la crise liée à la sédition de Warin, l'évasion de Balthazar le Noir, et toutes les dégradations qui y étaient liées. Le pire avait sans doute été la désastreuse campagne d'Assabia, au cours de laquelle l'ost commandé par le Haut-Roy en personne avait été sèchement arrêté devant les remparts de la première cité du Khand qu'il avait rencontré. L'échec avait été retentissant, et on avait commencé à craindre de voir les ennemis du grand royaume s'enhardir à la suite de cette débâcle. Les charognards n'avaient pas tardé à affluer, attirés par l'odeur du sang. Les Orientaux s'étaient avancés loin à l'Ouest, positionnant des troupes de manière stratégique le long de la Celduin. Les Haradrim avaient déferlé sur le Harondor, et s'étaient emparés de Dur'Zork qui demeurait aujourd'hui entre leurs mains. Et puis il y avait eu Cair Andros, dernier échec en date de l'armée gondorienne, dont la garnison avait été balayée en une nuit d'intenses combats. On avait parlé de désertions en masse, de couardise, d'impréparation. Les frontières n'étaient plus sûres aujourd'hui, et la confiance des provinces n'était maintenue que par la poigne de fer du général.

S'il venait lui aussi à mourir, que resterait-il ?

- Pour cette raison, peut-être est-il préférable de ne pas trop ébruiter la responsabilité de Cartogan. Pas tout de suite… Pas avant d'avoir trouvé un plan fiable pour nous permettre de l'éliminer sans détruire le Gondor. Nous aurons besoin d'alliés, mais certains d'entre eux n'auront pas l'utilité de connaître toute la vérité.

Le professeur avait conscience que ce qu'il proposait ne serait pas du goût des deux femmes. Laisser Cartogan en vie signifiait lui donner le temps et l'espace de continuer ses méfaits, et peut-être même de les rendre totalement irréversibles. S'il avait prévu de s'en prendre à la famille royale, ou bien de déstabiliser les institutions du royaume, il était peut-être déjà trop tard pour l'en empêcher. En outre, il pouvait profiter de ce répit pour essayer de traquer et tuer les fugitifs, en utilisant leur évasion comme un prétexte suffisant pour les abattre à vue. Rhydon, Cereis et tous les espions de l'Arbre Blanc qui leur étaient restés fidèles se feraient un plaisir de maquiller ces assassinats en simples accidents ou en cas de légitime défense.

Les morts ne pouvaient pas témoigner, et même si on s'interrogeait un temps, les rumeurs finiraient par s'orienter vers autre chose.

En disant cela, Nallus s'était particulièrement penché vers Lithildren, comme pour interroger sa résolution. Il avait compris que l'affaire revêtait une dimension personnelle marquée, et qu'elle était la plus susceptible des deux de se laisser aller à la colère. Il n'était pas certain qu'elle comprenait bien les enjeux, tout du moins pas aussi bien que Neige qui avait juré de défendre le royaume du Gondor, et qui savait qu'il était parfois utile de retenir sa lame pour servir un objectif supérieur.

Il attendit sa réponse avant de poursuivre sur un autre sujet :

- Quoi qu'il en soit, Cartogan est pour l'heure hors de notre portée, mais cela ne signifie pas que nous devons rester inactifs. Mademoiselle Neige, vous avez peut-être entendu parler du vol qui a eu lieu lors du mariage royal ?

- Oui, fit cette dernière avant de donner plus d'explications pour Lithildren. A l'occasion du mariage entre le roi Aldarion et la princesse de Dale, un voleur particulièrement talentueux a réussi à s'infiltrer dans le trésor royal. Nous l'appelons l'homme aux gants rouges, car c'est le signe distinctif que l'on nous a rapporté. Nous n'avons toujours pas trouvé ce qu'il a volé, car il n'a pas touché les bijoux et les trésors inestimables du Haut-Roy. Quel est le rapport entre lui et notre affaire ?

Le professeur sourit, alors qu'il se trouvait dans son élément à dispenser ses connaissances. Malgré le choc de son emprisonnement et la découverte de cet univers qui ne lui était pas familier, il avait conservé son intelligence et sa finesse, tendant l'oreille ici ou là pour capter des bribes de conversation qui l'avaient amené à faire des déductions qu'il estimait utiles :

- Apparemment, aucun. Mais pendant mon séjour en prison, j'ai entendu dire qu'un faussaire avait été incarcéré, un homme du nom de Kaj Olson. Il était accusé d'avoir facilité l'entrée au trésor royal pour ce fameux cambrioleur, et coïncidence, ce faussaire a été retrouvé mort il y a peu, sans que quiconque ait pu fournir une explication satisfaisante. Contrairement aux apparences, je pense qu'il peut y avoir un lien avec ce qui nous occupe. Dans la prison, il y avait également une femme, qui a été libérée très peu de temps après la mort de ce faussaire, et il se trouve qu'elle était ma voisine de cellule. C'est là, chère Lithildren, que j'ai entendu prononcer le nom de Gier.

Sans doute qu'une personne mal intentionnée aurait pris davantage de précautions, mais après tout elle se trouvait au fin fond des geôles de Minas Tirith, avec des prisonniers importants qui ne verraient pas le jour de sitôt. Des individus qui dans le meilleur des cas ne se souviendraient même pas de ses paroles, ou bien se fichaient tout simplement d'elle, de Gier, et des raisons qui l'avaient amenée à entrer et à sortir du trou sordide où elle avait été enfermée. Mais c'était sans compter sur Nallus, et sa formidable mémoire.

- Elle n'a donné aucun détail spécifique, mais elle a précisément mentionné Gier, et a laissé entendre qu'ils travaillaient ensemble. J'ignore à quoi, peut-être pouvez-vous d'ailleurs me renseigner à ce sujet, Lithildren.

Nallus n'avait pas mis longtemps à comprendre qu'un complot d'ampleur se tramait. L'avertissement de Gilgamesh et l'envoi de Lithildren n'avaient fait que renforcer son impression, et le conforter dans l'idée que le danger qu'ils affrontaient était bien réel. Si Cartogan était lié à cette affaire, alors ils devaient le découvrir, et l'arrêter avant qu'il ne fût trop tard.

- Voilà qui ne nous avance pas beaucoup, me direz-vous, mais c'est sans doute un début. Si cette femme est responsable de la mort du faussaire, alors c'est par là qu'il faut commencer. Entrer et sortir de prison ainsi sans être étroitement surveillé implique d'avoir des relations influentes, et peut-être même pourrons-nous remonter directement au général. Qu'en pensez-vous, Neige ?

Ils se tournèrent tous deux vers la femme aux cheveux blancs, pour constater qu'elle s'était évanouie. Sa blessure ne l'avait pas tuée, fort heureusement, mais elle était si affaiblie que rester consciente relevait de l'impossible. Nallus montra alors les limites de ses compétences, car il tourna un regard désemparé vers Lithildren :

- Je… J'ignore quoi faire, je ne suis pas un guérisseur.

Puis, constatant qu'il ne pouvait pas simplement rester là, les bras ballants, à regarder une femme se vider de son sang, il finit par lâcher :

- Dites-moi comment je peux vous aider.

Érudit de Minas Tirith, ses mains délicates avaient davantage l'habitude de parcourir les pages douces et délicates des volumes les plus précieux de la grande bibliothèque, ou bien de caresser affectueusement la plume qu'il utilisait pour consigner ses pensées. Le sang et la chair déchirée ne faisaient pas partie de son quotidien, pas davantage que les armes qui étaient responsables d'un tel carnage. Il avait une connaissance élémentaire de la biologie humaine et elfique, naturellement, mais cela ne faisait pas de lui un expert, et encore moins un praticien. Il y avait une différence fondamentale entre les images soigneusement recopiées dans un épais volume médical, et la réalité du terrain. Pour la première fois depuis fort longtemps, il était contraint de se jeter de l'autre côté, dans ce monde violent et impitoyable où Lithildren et Neige avaient l'habitude d'évoluer.

Du maître, il devint l'élève, et dans un silence attentif il s'efforça d'appliquer les consignes de l'Elfe.

Ils devaient sauver Neige, et la ramener au Sanctuaire.


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Quand vient le silence EmptyJeu 19 Mar 2020 - 13:29
- Gier… j'ai déjà entendu ce nom. Vous pensez qu'il appartient à la Fraternité ? Ils ne m'avaient pas donné le sentiment de pouvoir procéder à des enlèvements ou à des meurtres. J'avais d'eux l'images de chercheurs passionnés.
- Peut-être fait-il parti soit d'un petit groupe plus... virulent, soit est-il un ancien, ou bien encore n'est-il qu'un fou qui travaille pour eux sans en faire partie. Mais d'après son journal, il est bel et bien l'un des leurs. A moins que je ne me fourvoie.
- Nous n'avons trouvé aucune trace d'une activité récente de la Fraternité. Tous ce que nous avons sont des textes datant de plusieurs décennies. Rien à l'échelle d'une vie elfique, mais tellement à l'échelle de nos propres existences mortelles.
- Peut-être. Ou bien les activités sont sous votre nez et vous n'avez rien vu. Je dis "vous", mais je ne cible pas votre personne, Nallus. Je pense qu'ils ont infiltré des gens dans les hautes sphères, et qu'ils agissent ainsi. Mais difficile encore une fois de le prouver au vu de simples textes datant de décennies.
- Votre homme, je crois pouvoir vous mettre sur la piste pour le retrouver, mais j'ai le sentiment que cela ne sera pas facile. Avant de vous en dire davantage, laissez-moi cependant vous parler du problème le plus pressant.

Lithildren hocha doucement de la tête, attentive. Nallus était tout ce qu'il lui restait pour conclure cette histoire. Elle devait aider à libérer Minas Tirith, aussi paria fût-elle, puis retourner à la poursuite de son aimé.

- Celui que vous appelez Gil, mais que nous connaissons davantage sous le nom de Gilgamesh, ou de la Tête, se trouve effectivement à Tharbad. Il a quitté Minas Tirith, craignant pour sa sécurité, après avoir perçu les premiers signes d'une crise à venir. Il faut croire que ce vieux fou ne s'était pas trompé, encore une fois. Il a disparu du jour au lendemain, et je crois mademoiselle Neige qu'il a préféré ne pas informer ses plus proches collaborateurs, afin de ne pas les impliquer. En revanche, nous sommes restés en contact, lui et moi. Peu savent que nous nous connaissons, et nous avons entretenu ce secret pendant assez longtemps pour lui permettre de garder un œil sur la Cité Blanche à travers moi. Désormais, vous connaissez la vérité, et je compte sur vous pour ne rien en dire. Les allées et venues de Gilgamesh doivent rester secrètes.

Lithildren s'était bien doutée que, si l'homme possédait la statuette de l'Arbre Blanc, il ne devait pas être un simple informateur extérieur. Alors ainsi était-ce cela. Lithildren avait, comme promis, gardé le secret sur la statuette. Elle ne devait le dire à personne et ne l'user qu'en cas d'extrême urgence, c'étaient les mots de Gil – enfin Gilgamesh – et elle les respecterait à la lettre. La Noldo hocha gravement de la tête. Evidemment qu'elle garderait le secret. Elle en avait un sacré paquet en poche et ne comptait pas en dévoiler un seul.

- Et cette femme dont Lithildren a parlé ? Vous saviez qu'il était accompagné, n'est-ce pas ?
- Je le savais, en effet. Je préfère que l'identité de cette femme demeure confidentielle, mais vous devez savoir qu'elle a été l'une des victimes de l'Ordre de la Couronne de Fer. Elle a souffert peut-être plus que quiconque, mais elle a également eu accès à des informations d'une valeur inestimable. Des informations qui peuvent nous aider à localiser d'éventuels artefacts, et à empêcher qu'ils ne tombent dans les mauvaises mains. Cela fait d'elle une cible que certains voudront capturer, et d'autres éliminer. Sa vie est très précieuse, pour le bien du Gondor.

L'Elfe se retint fortement de répliquer. Elle aussi avait perdu et souffert ! Mais elle se rappela la vraie chronologie : elle n'était même pas là, enfermée au Rhûn lorsque cela était arrivé. Elle n'était là que depuis quelques temps à peine et... elle avait tout perdu sans rien savoir. Ses parents étaient morts par son absence et elle s'en voulait. En même temps, qu'aurait-elle pu faire, à part mourir elle aussi ? Ou perdre un bras, une jambe, un oeil ? Elle n'aurait été d'aucune utilité pour les siens avec un handicap. Elle chassa ses pensées stupides de son esprit. Elle en venait à s'imaginer des choses complètement bêtes et dont elle n'aurait jamais les réponses.

- Je connais quelqu'un qui nous croira… Lithildren tourna vivement la tête vers Neige.Faites-moi confiance : si nous réunissons assez de preuve, il y a au moins une personne dans cette cité qui pourra nous assister.

Lithildren comprenait que Neige n'allait pas en dire plus. Elle semblait exténuée et le moindre mot lui drainait des forces.

- Je ne doute pas de votre foi, ni de la force de votre bras, mais j'espère que personne n'aura à mourir. Même l'idée de faire tomber Cartogan ne me réjouit pas… L'Elfe tourna la tête vers lui. Cet homme n'est pas qu'un simple général. Il est celui qui redonne espoir au peuple du Gondor dans les heures sombres, celui qui protège notre royaume face aux menaces extérieures. Si nous l'éliminons, ou si nous arrivons à convaincre le Haut-Roy de sa culpabilité, alors qu'adviendra-t-il ? Il sera désigné comme ennemi des Peuples Libres au même titre que le fut Warin, et sera exécuté. Mais la première victime de tout ceci sera le peuple, privé de son guide et de son gardien. Pour cette raison, peut-être est-il préférable de ne pas trop ébruiter la responsabilité de Cartogan. Pas tout de suite… Pas avant d'avoir trouvé un plan fiable pour nous permettre de l'éliminer sans détruire le Gondor. Nous aurons besoin d'alliés, mais certains d'entre eux n'auront pas l'utilité de connaître toute la vérité.

Lithildren baissa légèrement la tête. Elle la redressa ensuite.

- Je suis d'accord.

Elle capta le regard surpris de Nallus, surtout celui de Neige.

- La violence ne nous mènera à rien. Il faut d'abord déterminer depuis quand Cartogan est un traître. Trouver ses motivations à cela. Gagner la confiance du peuple est un geste connu des traîtres : se donner du poids qui rend intouchable. Tout homme a une faiblesse. Il faut creuser prudemment pour la trouver. La vérité à laquelle il faut penser est : est-ce supprimer ou enfermer Cartogan en vaut la peine ? L'humiliation et la perte de confiance n'est-elle pas la pire des punitions dans son cas ? Révéler ses plans et associés, faire avouer, tout cela ne nous vaudra que la réplique du "Vous avez fabriqué tout cela et rien ni personne ne peut attester de ce que vous présentez comme étant véridique". Procédons par étapes. Réfléchissons à comment rendre crédible toute preuve contre lui, ensuite... pensons à comment le faire tomber. La mort ne le rendrait que martyr, la prison vaudrait à une évasion possible, mais l'humiliation le suivra jusqu'à la fin de ses jours.

- Quoi qu'il en soit, Cartogan est pour l'heure hors de notre portée, mais cela ne signifie pas que nous devons rester inactifs. Mademoiselle Neige, vous avez peut-être entendu parler du vol qui a eu lieu lors du mariage royal ?
- Oui. A l'occasion du mariage entre le roi Aldarion et la princesse de Dale, un voleur particulièrement talentueux a réussi à s'infiltrer dans le trésor royal. Nous l'appelons l'homme aux gants rouges, car c'est le signe distinctif que l'on nous a rapporté. Nous n'avons toujours pas trouvé ce qu'il a volé, car il n'a pas touché les bijoux et les trésors inestimables du Haut-Roy. Quel est le rapport entre lui et notre affaire ?
- Apparemment, aucun. Mais pendant mon séjour en prison, j'ai entendu dire qu'un faussaire avait été incarcéré, un homme du nom de Kaj Olson. Il était accusé d'avoir facilité l'entrée au trésor royal pour ce fameux cambrioleur, et coïncidence, ce cambrioleur a été retrouvé mort il y a peu, sans que quiconque ait pu fournir une explication satisfaisante. Contrairement aux apparences, je pense qu'il peut y avoir un lien avec ce qui nous occupe. Dans la prison, il y avait également une femme, qui a été libérée très peu de temps après la mort de ce faussaire, et il se trouve qu'elle était ma voisine de cellule. C'est là, chère Lithildren, que j'ai entendu prononcer le nom de Gier. Elle n'a donné aucun détail spécifique, mais elle a précisément mentionné Gier, et a laissé entendre qu'ils travaillaient ensemble. J'ignore à quoi, peut-être pouvez-vous d'ailleurs me renseigner à ce sujet, Lithildren.

Lithildren ferma les yeux pour réfléchir un instant. Une femme... une femme... Gier mentionnait dans son journal une femme...

- C'est cela ! Elle baissa d'un ton. Dans son journal, Gier mentionnait une femme, la "cinquième", qui n'enlevait jamais son masque et s'arrangerait pour qu'ils restent en contact. Et quelque chose à propos d'oiseaux mais Reinil n'a pas pu déchiffrer quoi.  A la prison j'ai entendu des gardes parler d'une femme masquée qui s'était échappée mais je viens à peine de faire le rapprochement. C'est forcément elle.

La Noldo était frustrée de ne pas en savoir davantage. Nallus le savait.

- Voilà qui ne nous avance pas beaucoup, me direz-vous, mais c'est sans doute un début. Si cette femme est responsable de la mort du faussaire, alors c'est par là qu'il faut commencer. Entrer et sortir de prison ainsi sans être étroitement surveillé implique d'avoir des relations influentes, et peut-être même pourrons-nous remonter directement au général. Qu'en pensez-vous, Neige ?

Pas de réponse de la jeune femme. Lithildren et Nallus se tournèrent vers elle pour constater qu'elle s'était évanouie. La panique s'empara de la Noldo qui se jeta sur elle. Elle regarda la blessure et fit face à son problème récurrent : sa mémoire. Elle avait retrouvé un peu d'aisance parmi les guérisseurs de Chance mais avec la panique qui s'emparait d'elle, son esprit devint flou. Elle ne voyait que la blessure et le sang, le visage pâlot de la femme et l'inquiétude d'un vieil homme.

- Je… J'ignore quoi faire, je ne suis pas un guérisseur. Lithildren ne capta pas. Dites-moi comment je peux vous aider.

Ce n'est que là qu'elle détacha son regard de Neige. Nallus était empreint de cette détermination qu'elle avait vu chez d'autres Hommes. Même chez Reinil, ce jeune garçon... L'Elfe se ressaisit face au regard de Nallus et l'urgence de la situation. Lithildren n'avait aucune plante pour aider l'espionne. Elle allait devoir faire avec des morceaux de cuir et de tissu. Lithildren commença par dégager la plaie et évaluer les dégâts et la profondeur de la plaie. Il ne fallait pas attendre alors l'Elfe retira son haut et le déchira en utilisant sa dague. Aoutch... Elle ne se rappela que là qu'elle s'était entaillée la main pour s'étaler du sang sur elle, dans la prison. Lithildren retira son haut de cuir puis sa tunique. Elle enroula sa tunique pour en faire une sorte de corde. Elle découpa des morceaux du haut de Neige près de la blessures et en fit une sorte de tas. Elle indiqua à Nallus comment presser les morceaux de cuir pendant que Lithildren enroulait, serrait et nouait sa tunique autour de la taille de Neige. Elle ne serra pas assez pour l'étouffer mais assez pour maintenir les tissus pour presser contre la blessure. Elle enfila son haut de cuir et souffla.

- Je vais avoir besoin de vous pour me montrer la direction.

Lithildren retira ses armes et celles de Neige pour les alléger toutes les deux, puis elle hissa l'espionne sur son dos avec un peu d'aide de Nallus. L'Elfe indiqua à l'homme de porter les armes et d'indiquer le chemin. L'Elfe allait devoir faire des pauses pour ne pas se briser le dos sous le poids de Neige mais, et ce malgré sa fatigue grandissante, elle alla aussi vite qu'elle le pouvait en suivant Nallus. Elle priait pour que Neige s'en sorte car, sans aucune herbe de Lithildren ou autre savoir médical, rien d'autre ne pouvait être fait. La Noldo savait que Nallus espérait que la magie elfique et les paroles mystiques de cette langue sauveraient Neige mais la vérité était que Lithildren les avait oublié.

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Quand vient le silence EmptyLun 23 Mar 2020 - 0:53
Quand vient le silence Nallus10

Nallus eut un soupir de soulagement en constatant que Lithildren se rangeait à son avis. Il avait craint pendant un instant qu'elle ne fût plus impétueuse que Gilgamesh ne l'avait prévu, et qu'elle se transformât en une menace pour les intérêts du Gondor, que lui et Neige essayaient de préserver. Fort heureusement, l'Elfe était capable de raison, et elle comprenait qu'elle ne pouvait pas tout simplement s'attaquer à la chaîne de commandement du plus grand royaume des Hommes avec un poignard et sa bonne volonté…

« Je suis d'accord ».

Une poignée de mots qui retirèrent un poids des épaules du vieil homme. Il n'aurait jamais été en mesure de l'empêcher d'agir si elle avait décidé de suivre une autre direction, mais il n'aurait pas été capable de la suivre dans une telle entreprise. Faire chuter Cartogan était essentiel, mais la manière importait au moins autant que le résultat. Lithildren semblait l'avoir bien compris, et tout à coup il la trouva grandie.

Comme si, en prenant cette décision, elle acceptait en son for intérieur de faire passer l'intérêt du plus grand nombre avant sa propre soif de vengeance.

La colère qui l'animait demeurait présente, mais mise au service d'une cause qui en valait la peine, elle pouvait devenir une arme puissante. Un outil pour le Bien, pour la liberté et pour la justice. Cette colère menait Lithildren sur un chemin particulièrement intéressant, et Nallus ne put qu'opiner du chef en l'entendant parler :

- L'humiliation, oui… Si nous pouvions faire en sorte que Cartogan perde son aura de héros populaire au profit d'un autre officier, nous pourrions peut-être réussir à le priver de son pouvoir sans coup férir. Cependant, il nous faudrait trouver un homme susceptible de remplacer le général, quelqu'un d'irréprochable… Et plus urgent, il nous faut trouver comment atteindre l'honneur de Cartogan sans qu'il nous trouve d'abord et nous empêche de mener notre mission à bien.

L'esprit agile de Nallus s'était de nouveau perdu dans des réflexions complexes, à tel point qu'il ne nota que trop tard que Neige s'était évanouie. La guerrière étendue par terre était en péril, et il fallut toute la science de Lithildren pour réussir à stabiliser son état. L'érudit de Minas Tirith s'efforçait d'aider de son mieux, mais il devait bien constater son impuissance. L'Elfe à ses côtés était beaucoup plus douée en la matière, et elle semblait déterminée à tout faire pour sauver sa compagne aux cheveux blancs.

Alors qu'elle retirait sa tunique pour essayer d'en faire des bandages, Nallus ne put s'empêcher d'observer Lithildren discrètement. Ce n'était pas le genre de regard concupiscent que pouvaient avoir les jeunes esprits, non… C'était plutôt le regard peiné d'un vieil homme devant le corps ravagé d'une femme qui avait souffert d'innombrables violences, des privations et des sévices que l'esprit ne pouvait pas imaginer.

Les marques, profondément enfoncées dans sa chair, traçaient le sinistre canevas d'une vie de souffrance, d'une vie menée au fil de l'épée, à batailler, à griffer, à mordre, à pleurer, à courir, à ramper… Une vie de fuite, de guerre, de crainte et de malheur… Il aurait voulu recouvrir d'un voile pudique ces épaules chargées d'innombrables fardeaux, mais face au triste spectacle il ne put que rester coi et faire ce que Lithildren lui demandait de faire.

- Bien, suivez-moi, je vais vous conduire au Sanctuaire.


_______________________________________________________

À suivre dans : Sous l'œil d'Oromë


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