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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Irremplaçables EmptyLun 5 Oct 2020 - 14:48

- Par la barbe d’Elessar !

Ce fut tout ce que Felian eut le temps de crier, avant la catastrophe.

Il y eut des cris, un fracas épouvantable, et bientôt une odeur de sang vint se mêler à celle, entêtante, d’un vin fin de qualité répandu sur le sol. Les hommes se déployèrent rapidement, conscients qu’ils avaient déjà perdu deux des leurs. Le premier, la jambe écrasée sous le poids du charriot qui s’était renversé sur le côté, gémissait en se tenant la cuisse. Le reste de son membre devait être en miettes, et c’était un miracle qu’il ne fût pas encore évanoui. Son entraînement de chevalier avait fait de lui une force de la nature, mais en cet instant il était desservi par son propre corps, qui refusait de se laisser aller à une inconscience qui aurait été plus que bienvenue. Le second, en revanche, était mort. Le choc ne l’avait pas épargné, et son cou était désormais tordu selon un angle inquiétant. Ses yeux vides, qui semblaient déjà se décolorer, demeuraient ouverts dans une expression de stupeur absolue.

C’était une fin indigne d’un preux combattant.

Felian se redressa, quelque peu sonné. La cargaison de vin avait été éventrée par la chute d’un échafaudage qui avait manqué de tous les emporter. S’ils n’avaient pas eu la présence d’esprit de bondir du charriot en toute hâte, ils auraient probablement eu à compter bien plus de pertes. Mais pouvait-on vraiment se réjouir d’être encore en vie quand d’irremplaçables compagnons venaient, eux, d’être ainsi meurtris ? La question s’évanouit aussi vite qu’elle était arrivée.

Il y avait plus pressant.

Les autres chevaliers s’empressèrent d’aller aider le blessé, essayant de dégager sa jambe, et de le faire ramper en sécurité, tout en vérifiant que rien d’autre n’allait leur tomber sur la tête. Felian mit la main à la pâte, poussant les décombres pour faire de la place, et essayer de porter assistance à son compagnon d’armes qui paraissait horrifié à la vue de sa jambe. Il ne réalisa que bien tard que d’autres mains que celles de ses chevaliers étaient venues leur prêter main-forte. Des locaux sans doute attirés par le bruit de tonnerre, qui avaient eu la bonté de leur tendre une main secourable en temps de crise. Il y avait du bon chez les Hommes. Chez les Elfes également, car à sa droite une femme Elfe était apparue comme par enchantement, s’empressant d’apporter son expertise plus que bienvenue là où elle pouvait être utile.

Felian eut un regard vers le défunt, que deux chevaliers étaient en train d’étendre prudemment sur le sol, pour le recouvrir d’un linceul. Cette vue lui retourna l’estomac, et il se leva brusquement pour respirer, refusant de perdre la face devant les habitants de cette noble cité, et de se laisser aller aux larmes, à la tristesse, et aux réactions les plus viles… Il était un Chevalier du Cor Brisé, un des fidèles d’Eradan d’Emyn Arnen, et il avait vu la mort en face plus d’une fois. Son épée avait combattu du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest pour défendre la liberté et la justice… Il ne pleurerait pas comme le vulgaire gamin qu’il avait été par le passé.

Emprisonnant sa douleur dans l’arrière-cour trop familière de son esprit, il occupa ses pensées en observant autour de lui avec méthode, comme le lui avait appris son entraînement militaire. Le carnage autour de lui le saisit par sa violence. Partout on voyait poutres et planches, les tonneaux éparpillés d’où s’écoulait un liquide vermillon que quelques mendiants venaient récolter discrètement. La poussière retombait à peine sur les innombrables cordes entortillées qui reposaient paisiblement sur le pavé de la rue. Ce furent d’ailleurs ces cordes qui attirèrent particulièrement son attention.

Ces cordes qui tenaient la structure de l’échafaudage en place, et attachée au bâtiment.

Celles que quelqu’un avait minutieusement sectionné.

- On nous a tendu un piège…

Les mots s’échappèrent de sa bouche sans qu’il s’en rendît compte, alors qu’il observait les marques caractéristiques d’un sectionnement réalisé à l’aide d’un poignard ou d’une épée. Avait-on cherché à les tuer ? Avait-on voulu les empêcher d’arriver à destination ? Ou bien était-ce simplement une coïncidence, un vulgaire hasard qui ne devait rien à la malveillance des Hommes, et tout à la volonté insondable des Valar ? Guère familier de ces choses, il n’aurait su le dire. Tout ce qui importait pour l’heure, c’était ce qu’il pouvait faire, lui, en tant que chef de cette expédition. Ses options étaient simples : trouver une solution pour mettre ses hommes à l’abri, veiller à ce qu’on prît bien soin de son compagnon blessé, puis continuer vers Minas Tirith comme prévu.

Rien de plus simple.

- Chevaliers, lâcha-t-il sans détour, nous devons évacuer les lieux rapidement. Nous ne devons pas donner un triste spectacle aux gens d’Osgiliath.

Ses directives étaient claires, et les chevaliers les comprenaient parfaitement. Leur mission impliquait un certain degré de discrétion, et ils ne tenaient pas à attirer particulièrement l’attention des autorités locales.

- Ma Dame, fit-il finalement à l’attention de la femme Elfe en s’inclinant légèrement, je vous suis très reconnaissant de l’aide que vous avez bien voulu apporter à notre compagnon. Thédeor est un brave homme, et votre sollicitude à son égard ne sera pas oubliée. Cependant, nous devons partir : nous sommes pressés par des affaires de la plus haute importance.

Il souhaitait prendre congé de l’Elfe le plus rapidement possible, de toute évidence, pour des raisons qui n’étaient pas très claires, et qui n’appartenaient qu’à lui. Cependant, il fut rappelé à l’ordre par un de ses propres chevaliers, soucieux de l’état de santé de Thédeor.

- Felian, cette noble dame a été plus compétente que nous tous réunis. Elle peut peut-être éviter que Thédeor perde sa jambe tout à fait : je pense que nous devrions lui donner le temps d’appliquer sa science elfique.

Des paroles sages et raisonnables.

- C’est très juste. Je crois que dans mon empressement, j’ai négligé mes priorités et mes devoirs. La politesse également, puisque je ne me suis pas présenté. Je suis Felian Valdoré d’Anfalas, à votre service. À qui ai-je l’honneur ?

Des présentations en bonne et due forme qui réchauffèrent un peu l’atmosphère. D’autres passants arrivaient, observant la situation avec curiosité. Felian fit signe à deux de ses chevaliers de rester avec le défunt, leur laissant toute latitude pour gérer l’affaire avec les autorités. Ayant terminé, il s’adressa à l’Elfe, et lui demanda :

- Nous ne pouvons pas rester ici, pour des raisons fort complexes et qu’il me serait trop long de vous expliquer ici. Connaissez-vous un endroit où nous pourrions être à l’abri des regards indiscrets ?


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Irremplaçables EmptyLun 5 Oct 2020 - 21:32
Cette petite auberge semblait propre et charmante lorsque j'y pénétrais après une longue et éreintante journée de marche à destination de Minas Tirith. Je décidais cependant de faire une courte halte d'une nuit dans cette auberge de la cité d'Osgiliath . L'aubergiste, une femme minuscule mais dégageant une autorité assez insoupçonnée pour une personne de sa stature, me mena jusqu'à ma chambre et me recommanda de l'appeler si j'avais besoin de quelque chose.

Je la remerciais de son amabilité et tournais autour de moi afin d'observer la pièce sous tous les angles. Une petite table de nuit en bois, un lit simple mais parfaitement propre et un petit bureau situé près de la fenêtre dont la vue donnait sur le bâtiment d'en face qui me paraissait en construction à la vue des échafaudages qui y étaient suspendus .
Fouillant dans mon paquetage, j'y dénichais ma gourde d'eau et m'y désaltéra longuement.
Constatant qu'il ne me restait plus beaucoup d'herbes médicinales, je me résolus donc à me rendre chez l'apothicaire le plus proche afin de renouveler mon stock.
Il me manquait notamment de l'écorce de cerisier extrêmement utile pour lutter contre la fièvre , des feuilles d'aloé Véra aux vertus cicatrisantes et apaisantes ainsi que plusieurs autres comme la bourrache où la sauge.

Je m'en fus par conséquent trouver en bas l'aubergiste pour lui demander si un apothicaire tenait boutique pas très loin d'ici.
Elle me répondit tout en débarrassant une table, que effectivement il y en avait un, situé à deux rues à peine, et qui proposait de la marchandise de qualité.
Je lui en fus reconnaissante et m'empressait de me rendre dans la direction indiquée.
Lorsque je pénétrais dans l'échoppe milles et une odeur de plantes aromatiques et médicinales me prirent les sens. Ravie, j'inspirais et imprégnais mes poumons de ces senteurs enivrantes que j'adorais et me rappelais un peu Vert Bois.

Chassant la nostalgie qui menaçait de m'envahir tout à fait en secouant la tête, je m'avançais vers le comptoir où un homme replet s'occupait de classer et de ranger différentes plantes par ordre alphabétique me semblait-il.
Tout absorbé par sa tâche, il ne m'entendit pas arriver, n'étant pas doué de l'extraordinaire finesse de mon peuple, je dus m'éclaircir la gorge pour qu'il lève la tête et m'aperçoive enfin.
Celui ci s'excusa platement de ne pas m'avoir aperçu plus tôt et je lui souris gentiment en lui assurant que ce n'était rien et enchaînais sans plus attendre sur la raison de ma venue.

Je lui listais rapidement tout ce dont j'avais besoin et il s'en fut me chercher mes articles en sifflotant. Je profitais de son absence pour explorer un peu plus sa boutique.
Ce qui fait que je pris au moins le double de ce que j'avais prévu initialement tant son échoppe était riche et diverse . Je payais mes achats en me faisant la réflexion qu'il faudrait que je décroche un contrat très bientôt afin de renflouer mes caisses au plus vite.

À peine je fus sortie de la boutique qu'un terrible bruit se fit entendre. Sans réfléchir je me dirigeais sans attendre à son origine et j'atterris devant le bâtiment en construction où un véritable désastre venait de se produire. J'aperçus ce qu'il restait d'une cargaison de vins dont l'odeur d'alcool me prit à la gorge. Au milieu de tous ce chaos, je distinguais plusieurs hommes ensevelis sous les gravats ainsi qu'un homme dont la jambe, coincée sous la charrette de vins, semblait écrabouillé. Il devait ressentir une douleur défiant l'imagination mais malgré tout, il restait conscient mais pâle comme la mort elle même.

Tout en aidant les habitants de la cité à secourir les hommes ensevelis sous les gravats je sus qu'il était en mon pouvoir de sauver sa jambe mais il me fallait agir promptement. Examinant rapidement les hommes sortis des gravats je constatai qu'il y en avait aucun en danger de mort. Je me tournai donc vers lui sans attendre et tandis qu'il m'observait sans rien dire, je posais ma besace à terre et entrepris de confectionner un anti douleur grâce aux plantes acheté plus tôt.
Dès que la décoction fut prête, je la fis boire avec le plus de douceur possible au chevalier qui coopéra du mieux qu'il put. Après quoi, je déchirais un pan de la cape et lui confectionnait un garrot, espérant qu'il tienne suffisamment longtemps jusqu'à ma chambre.

C'est à cet instant que j'entendis un autre chevalier indemne lui et semblait être le chef de son ordre, s'adressait au reste de ses hommes :

-Chevaliers, lâcha-t-il sans détour, nous devons évacuer les lieux rapidement. Nous ne devons pas donner un triste spectacle aux gens d’Osgiliath.


Je m'apprêtais à protester et à lui offrir une assistance médicale pour son compagnon lorsqu'il me coupa l'herbe sous le pied en s'adressant directement à moi :


- Ma Dame, fit-il finalement à mon attention, en s’inclinant légèrement, je vous suis très reconnaissant de l’aide que vous avez bien voulu apporter à notre compagnon. Thédeor est un brave homme, et votre sollicitude à son égard ne sera pas oubliée. Cependant, nous devons partir : nous sommes pressés par des affaires de la plus haute importance.


Je me préparais encore une fois à prendre la parole pour lui signifier que son compagnon n'était en aucune façon transportable, quand un de ses chevaliers intervint :

- Felian, cette noble dame a été plus compétente que nous tous réunis. Elle peut peut-être éviter que Thédeor perde sa jambe tout à fait : je pense que nous devrions lui donner le temps d’appliquer sa science elfique.


Soulagée par l'intervention de l'autre homme qui paraissait sage et avisée je lui adressais un sourire reconnaissant:

- Votre ami, je le crains ne pourra pas être transporté aujourd'hui, le risque d'hémorragie et de fièvre est malheureusement bien trop grand .

- C’est très juste. Je crois que dans mon empressement, j’ai négligé mes priorités et mes devoirs. La politesse également, puisque je ne me suis pas présenté. Je suis Felian Valdoré d’Anfalas, à votre service. À qui ai-je l’honneur ?,  répondît- il avec gentillesse.
 
    - Je me nomme Namarien de Mirkwood, je suis enchantée de vous connaître maître Felian. Je ne suis certes pas la meilleure guérisseuse parmi mon peuple mais je jure de faire de mon mieux afin de sauver la jambe de votre ami, déclarais -je, d'un ton grave et sérieux.

Laissant des instructions à ces hommes pour qu'il s'occupe des cadavres de leur amis défunts et des autorités , il me demanda ensuite :

- Nous ne pouvons pas rester ici, pour des raisons fort complexes et qu’il me serait trop long de vous expliquer ici. Connaissez-vous un endroit où nous pourrions être à l’abri des regards indiscrets ?

Je hochai la tête en lui lançant un regard entendu:

- Vous pourriez vous réfugier vous et vos compagnons dans l'auberge où je loge, elle est à deux rue d'ici à peine,  et je pourrais administrer à Thedeor les soins nécessaires à sa guérison.

#Namarien


Dernière édition par Namarien le Dim 11 Oct 2020 - 18:35, édité 1 fois
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Ryad Assad
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Irremplaçables EmptyMar 6 Oct 2020 - 12:23
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L’auberge dans laquelle résidait Dame Namarien n’était pas bien grande, mais elle conviendrait tout à fait à ce dont ils avaient besoin. Felian fit entrer ses chevaliers à l’intérieur sans attendre, et il paya une somme confortable au propriétaire des lieux pour acheter son silence. Une transaction qui leur garantirait de ne pas attirer l’attention des gardes inutilement, et qui leur permettrait de se reposer quelque peu après cet épisode tragique. La réaction du chef de la petite compagnie avait été prompte et efficace, mais il était encore choqué par ce qui venait de se passer, en particulier par la perspective que tout ceci fût l’œuvre d’un ennemi caché qui leur aurait voulu du mal au point d’attenter à leur vie en pleine rue.

Il rumina ces sombres pensées tout le trajet, et n’ouvrit la bouche que lorsqu’ils eurent terminé d’installer Thédeor dans la chambre de l’Elfe.

- Chevaliers, prenez un peu de repos, nous en avons tous besoin. Je vais rester avec notre compagnon et Dame Namarien. Disposez.

Ils s’inclinèrent légèrement, et quittèrent la pièce sans rien ajouter sinon quelques paroles d’encouragement au blessé qui gisait sur le lit. Il avait enfin décidé de sombrer dans un sommeil agité, ce qui donnait à l’Elfe l’opportunité de le soigner sans l’entendre gémir et hurler. Felian pouvait se féliciter d’avoir la chance de tomber sur une représentante des Premiers Nés, ici à Osgiliath. Les Elfes étaient rares à arpenter la Terre du Milieu, et on disait d’eux qu’ils ne se souciaient pas des affaires des Edain, préférant s’absorber dans la contemplation de leur monde et dans des pensées si complexes que les simples mortels ne pouvaient même pas en percevoir le sens.

Le jeune chevalier regarda l’Elfe pratiquer sa science, s’efforçant de ne pas la gêner pendant qu’elle s’occupait du blessé. A en juger par le choc et la forme de la jambe, l’os était probablement fracturé en deux, voire trois endroits. Mais le risque, avait dit la guérisseuse improvisée, était surtout au niveau de l’hémorragie et de la fièvre. Deux choses face auxquelles le combattant ne pouvait rien.

- Vous pensez vraiment pouvoir sauver sa jambe ? Demanda-t-il néanmoins.

Thédeor était un valeureux compagnon, un homme de bien et un guerrier prodigieux. S’il perdait l’usage de sa jambe, que lui resterait-il ? Il devrait vivre tout le reste de son existence appuyé lourdement sur une canne, sans pouvoir faire autre chose que voir ses compagnons partir à l’aventure en regrettant ses jeunes années. Un sort bien triste pour un homme qui avait dédié sa vie à la maîtrise de l’épée. De tous les membres de leur petite compagnie, Thédeor était celui qui aimait le plus monter à cheval… Sans doute un héritage de son éducation rohirrim, qui perdurait dans certaines de ses expressions, de ses habitudes dont on riait à table, et dans sa manière si singulière de se battre quand il chevauchait son fier destrier.

- C’est un ami précieux, Dame Namarien. J’espère que votre science saura l’aider.

Le temps sembla s’étirer à l’infini, dans le silence pesant de cette chambre. L’Elfe, affairée et concentrée, vaquait à ses occupations, tandis que Felian, rongé par l’inquiétude, s’efforçait de ne pas faire les cent pas, alors qu’il en mourait d’envie. Chacun d’eux était absorbé dans ses pensées, préservant le silence comme on aurait protégé un précieux trésor que la moindre parole aurait fait s’évanouir sous terre pour l’éternité. Il fallut qu’on frappât à la porte pour que la vie, bruyante et agitée par essence, ne vint s’introduire dans leur petite bulle d’inquiétude teintée d’espoir.

Felian ouvrit, et tomba nez à nez avec un de ses chevaliers, qui semblait particulièrement jeune, avec des cheveux très noirs et une petite cicatrice sur le front.

Ils se mirent à parler à voix très basse, pensant que cela suffirait pour échapper aux oreilles de Namarien qui se trouvait à l’autre bout de la pièce. Cependant, ils avaient sous-estimé les sens elfique, et la mercenaire ne manqua pas un mot de l’échange particulière sibyllin entre les deux hommes :

- Felian… Comment va Thédeor ?

- Il dort, pour le moment. L’Elfe fait de son mieux, mais pour le moment il est trop tôt pour dire quoi que ce soit de valeur.

Hochement de tête. Le guerrier aux cheveux de jais comprenait la situation. Cependant, il n’était pas là simplement pour prendre des nouvelles. Ces paroles, qui auraient dû rester secrètes, traversèrent la pièce jusqu’aux oreilles de Namarien :

- Est-ce que cela compromet notre mission, Felian ?

- Je ne sais pas, répondit ce dernier. Nous ne sommes plus que sept, désormais. Nous manquons cruellement de bras.

- Eradan doit venir avec des renforts, n’est-il pas ?

Felian lâcha un soupir désabusé :

- Nous sommes ses renforts, Karl. Il est déjà parti vers la Cité Blanche, dans le plus grand secret, et nous devions lui prêter main-forte. Nos ennemis ont les yeux rivés vers l’Ithilien, alors qu’il est déjà dans la place. Cependant, ils ne sont qu’une poignée, et ils ont besoin de notre aide de toute urgence. Je ne vois pas comment faire tomber un général alors que nous sommes si peu.

Karl acquiesça. Il comprenait désormais que leur mission était bien plus importante qu’il ne l’aurait cru au premier abord. On lui en avait brièvement révélé la nature, ce qui l’avait poussé à rejoindre l’opération, mais maintenant qu’Eradan était en danger… l’importance de leur compagnie prenait tout son sens.

- Ne pourrait-on pas recruter des hommes ici ? A Osgiliath ?

- C’est trop risqué. Nous ne devons pas nous compromettre, et nous n’avons pas assez de laissez-passer pour mener une forte compagnie dans la capitale. Je ne connais aucun chevalier digne de ce nom à Osgiliath, et je ne recruterai pas un bras qui ne saurait se défendre lui-même. Pas davantage que je ne demanderai l’aide de l’armée ici… Qui sait combien d’hommes sont aujourd’hui loyaux à la cause du général ? Dans cette affaire, jusqu’à preuve du contraire, c’est nous les traîtres, Karl.

Ces dernières paroles résonnèrent de manière sinistre entre les deux hommes. Felian finit par congédier le jeune chevalier, en lui assurant qu’il allait réfléchir à la situation et essayer de trouver une solution rapidement. Il referma doucement la porte derrière lui, et revint vers Namarien en essayant d’adopter une attitude détendue pour ne pas donner l’impression qu’il présentement en train de participer à une conjuration.

Hélas, si Felian était un bon chevalier, il était un mauvais comédien.

Il capta le regard de l’Elfe, qui semblait avoir légèrement changé, et lui demanda sans ambages :

- Vous avez écouté la conversation, n’est-ce pas ?


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Namarien
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Irremplaçables EmptyMer 7 Oct 2020 - 19:10
Une fois arrivé à mon auberge, je laissais le soin au chevalier d'expliquer à l'aubergiste le pourquoi de leur venue avec un homme visiblement très mal en point puisqu'il était pratiquement porté par deux de ses compagnons. J'avais plus urgent à faire que de m'occuper de cela, il fallait que je soigne sans plus tarder cet homme car, même si la décoction que je lui avais donné devait déjà faire effet, elle n'était pas suffisamment dosée pour supprimer totalement la douleur.
J'ouvris donc sans attendre la marche et conduisis les trois hommes dans ma chambre où ils déposèrent mon futur patient le plus délicatement qu'ils purent sur mon lit.
Ils prirent ensuite immédiatement congé sur un ordre de Maître Felian qui leur assura qu'il resterait ici avec moi et Thedeor.

Sans perdre un instant, je me mis l'œuvre, non pas que son état me paraissait critique mais il restait néanmoins préoccupant. Je me mis à découper la jambe de son pantalon  et découvrit enfin son mollet nu. Je l'examinait le plus délicatement qu'il m'était possible car je ne souhaitais en aucun cas qu'il se réveille. Je sus d'instinct ce qu'il s'imposait de faire comme je sus également que j'allais avoir besoin du concours du chevalier pour l'immobiliser au cas où la douleur le réveillerait. Je commençais par témoigner à l'aide d'un linge humide le mollet puis me tournais vers Maitre Felian qui ne ratait pas une miette de mes faits et gestes:

- Puis je vous demander votre concours maitre Felian afin de maintenir immobile votre ami le temps que je réduise sa fracture ? Je vais lui administrer une dose de lait de pavot afin de l'endormir plus profondément qu'il ne l'est déjà. Mais sait on jamais, la douleur pourrait se révéler plus forte que le narcotique..... C'est assez rare mais malheureusement cela est déjà arrivé....

Il n'attendit même pas la fin de ma phrase et se saisit des bras de son compagnon alité et tout en les maintenant fermement il me demanda plein d'espoir:

Vous pensez vraiment pouvoir sauver sa jambe ? Demanda-t-il néanmoins.

Je lui adressais un sourire rassurant:

- La fracture est bien nette, je n'aurais donc pas de difficultés particulières à la réduire, nous pourrons éviter l'amputation. La seule chose que je ne puis garantir c'est si il pourra un jour remonter à cheval .... Je suis réellement navrée mais cela vous ne le saurez que dans quelques mois quand sa jambe ce sera totalement remise.

Une ride d'inquiétude se creusa aussitôt sur le front du chevalier. Ce qui me fit deviner que le pauvre Thedeor adorait monter à cheval.... Je me jurai d'autant plus de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour que sa jambe se remette complètement .
Celui se contenta de me répondre en ces termes :

- C’est un ami précieux, Dame Namarien. J’espère que votre science saura l’aider.

Je me contentais d'acquiescer d'un signe de tête en priant intérieurement pour ce soit le cas. Et comme il le tenait bien fermement, je saisis fermement en main le mollet de l'homme couché sur le lit et le remit d'un coup sec dans le bon angle.
Heureusement, celui ci se contenta de gémir sans tellement bouger ce qui fut un réel soulagement.

Je sortis aussitôt de mon sac tout le matériel nécessaire à la confection d'une sorte de pâte durcissante à base de résine végétale qui servirait de plâtre à l'homme pour au moins trois mois. Pendant que je m'affairais, j'entendis quelqu'un frapper à la porte et Maitre Felian aller ouvrir la porte et parler à l'un de ses compagnons qui s'enquerra de l'état de leur ami.

Mais juste après la conversation sembla dévier vers un sujet des plus sérieux et des plus grave et je compris que ces hommes ne paraissaient pas aussi ordinaires que ce qu'ils voulaient bien montrer. Je compris que leur groupe était bel et bien d'une conspiration d'une gravité et d'une complexité qui m'échappait encore mais qui semblait apparemment viser un seul individu : un général.

Je ne pus m'empêcher de songer ironiquement que, premièrement, je possédais toujours un certain talent pour ce qui est de chercher et de trouver les ennuis. Deuxièmement, j'eu la conviction profonde que ces hommes étaient des hommes de valeurs et de principes et que si ils s'étaient rebellés contre ce général c'est que la raison en valait certainement la peine .

J'achevais tout juste d'étaler l'étrange pâte sur le mollet brisé quand Maitre Felian revint à mes côtés tout en affectant la décontraction ( bien mal je dois dire ). Je lui lançais un regard pour lui signifier que je n'étais pas dupe une seule seconde de son jeu d'acteur plus que médiocre et il se décida à jouer le tout pour le tout en me demandant, même si il était certain de ma réponse :

- Vous avez écouté la conversation, n’est-ce pas ?


Je pris mon temps pour lui répondre et quand je le fis je pesais mes mots tout me lavant les mains dans une vasque d'eau qui se trouvait sur la table de nuit:

- Effectivement et dans les moindres détails. Et je tiens à vous dire que vous n'avez rien à craindre de moi : je n'ai aucunement l'intention de vous dénoncer aux autorités locales. Pourquoi me direz vous ? Car j'ai le pressentiment que votre cause est juste et noble et que les Valars m'ont placé sciemment sur votre route afin que je vous appuie dans votre entreprise.

Comme le chevalier restait muet, sans doute était il trop stupéfait pour parler, je poursuivis en regardant l'homme toujours endormi sur mon lit:

- Il devra garder le lit quelques jours sous ma surveillance, si vous le permettez, et également le temps de lui confectionner une béquille solide pour qu'il puisse se déplacer sans trop de mal. Mais il devra redoubler de prudence et ne surtout pas appuyer sur jambe malade, le temps que durera sa convalescence.


Dernière édition par Namarien le Sam 24 Oct 2020 - 13:09, édité 2 fois
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Irremplaçables EmptySam 10 Oct 2020 - 13:58
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L'attitude de l’Elfe était rassurante.

Felian avait déjà participé à son lot de combats, de batailles, et autres escarmouches. Il connaissait bien la guerre, le sang, et la mort. Beaucoup d’hommes étaient tombés devant lui, et les souvenirs de leurs visages venaient parfois encore le hanter lorsque les ténèbres de la nuit l’empêchaient de dormir. Dans ces moments difficiles, ceux où l’on cherchait désespérément de l’aide pour assister un compagnon se vidant de son sang ou ayant perdu un bras, il n’était guère de visage plus réconfortant que celui d’un guérisseur ou d’une guérisseuse dont l’expérience se devinait dans le calme et la méthode qu’ils dégageaient. Namarien n’était peut-être pas une experte, mais elle lui rappelait ces maîtres des sciences du corps, qui connaissaient organes et fluides et humeurs, au point de les influencer pour sauver un patient malheureux.

A en juger par sa façon d’agir, il pouvait lui faire confiance.

Il n’avait à dire vrai pas le choix.

- Bien sûr, fit-il lorsqu’elle lui demanda de participer à maintenir Thédeor en place. Ce que vous voudrez.

Tenir un homme immobile, ça il pouvait le faire. Il s’employa de toutes ses forces, alors que Namarien le regardait comme pour lui demander s’il était prêt à endurer le supplice auditif qui allait suivre. Remettre un os en place n’était pas une mince affaire, et heureusement pour lui, le pauvre Thédeor était inconscient. Felian, quant à lui, plissa les yeux et serra les dents, avant de hocher la tête. Le craquement sinistre lui donna envie de vomir, mais il ne sentit qu’un bref soubresaut dans le corps de son compagnon d’armes. Namarien avait réussi sans lui infliger une douleur telle qu’il se serait réveillé en hurlant à la mort.

Le soupir de soulagement qui s’échappa de la poitrine du guerrier était bien réel.

Laissant Namarien appliquer baumes et cataplasmes en tous genres, Felian s’écarta quelque peu, et en profita pour entretenir une brève conversation avec Karl. Il aurait dû deviner que l’Elfe l’entendrait, et que cela risquait de le compromettre encore davantage. Dans cette affaire, il était en train de perdre pied, et ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il avait manqué de vigilance, et maintenant deux de ses hommes étaient hors combat. Ils n’avaient prévu de faire qu’une brève halte à Osgiliath, et d’arriver à Minas Tirith en fin de journée, mais voilà qu’ils étaient désormais considérablement retardés, et maintenant leur plan venait d’atteindre des oreilles pointues, rendant leur position de plus en plus intenable.

Pendant un instant, Felian se demanda comment faire taire l’Elfe. En combat singulier, il était un excellent bretteur, et il pouvait peut-être tenir tête à cette femme qui semblait avoir de la ressource, mais qui contrairement à lui ne portait à l’évidence aucune cotte de mailles. Les chances de remporter la victoire étaient minces, naturellement, mais peut-être qu’en convoquant ses chevaliers… L’idée quitta son esprit aussi rapidement qu’elle était arrivée. Premièrement, il ne souhaitait pas attirer l’attention sur lui plus que nécessaire, et une échauffourée dans une auberge tranquille de la cité fluviale aurait sans le moindre doute donné l’alerte. En outre, il n’était pas un assassin, ni un de ces sédéistes de la Couronne de Fer. Il avait combattu le mal assez longtemps pour penser comme ses ennemis par moments, mais ce n’était pas qui il était. Il avait été à meilleure école, et répondait encore aux codes de la chevalerie gondorienne : honneur, discipline et courage. Il n’était pas encore tombé dans la tromperie, le meurtre et le mensonge.

L’Elfe lui donna d’ailleurs des raisons supplémentaires de ne pas tirer l’épée, en lui confiant sans réserve qu’elle avait entendu sa conversation, mais qu’elle ne souhaitait pas le dénoncer. Allant plus loin, elle lui confia même que c’était la volonté des Valar si elle se trouvait là aujourd’hui, à ses côtés, et Felian s’avéra particulièrement intrigué par cet argument. Peut-être, après tout, y avait-il une logique derrière tout ceci. Leurs ennemis cachés avaient sans nul doute voulu attenter à leur vie, et ils avaient échoué, mais si la noble cause que les chevaliers défendaient était juste, alors il y avait une chance, même minime, pour que les Valar fussent de leur côté. Cette Elfe était-elle un coup de pouce des Puissances ?

- Dame Namarien, je n’espérais pas que vous puissiez nous comprendre, je vous en remercie. Je…

Il hésita.

Cette femme avait promis de ne pas les trahir, certes. Était-il juste pour autant de lui faire confiance à ce point, et de mettre en péril toute leur entreprise pour une simple parole ? Mensonges et tromperies… les Elfes n’y étaient pas étrangers eux-mêmes, et on disait que l’Ordre s’était largement appuyé sur les Eldar, dont les maléfices avaient été grands, et les victimes nombreuses. C’était bien un Elfe qui…

- Felian ?

Ils furent tirés de leurs pensées par une voix de l’autre côté de la porte. Un des chevaliers, qui toqua discrètement avant d’entrer. Il s’inclina brièvement devant l’Elfe, avant de parler d’une voix inquiète :

- Felian, apparemment la Milice nous recherche. Je crois qu’ils veulent nous interroger.

- Ils sont ici ?

- En route. Apparemment, quelques passants leur ont dit où nous trouver.

Felian pesta, avant de se pincer l’arrête du nez. La situation devenait de plus en plus critique. En effet, la Milice d’Osgiliath n’appartenait pas à l’armée régulière du Gondor, et ils étaient en droit de craindre le pire. En récompense de sa loyauté, la guilde marchande de la Compagnie du Sud avait obtenu le droit de gérer elle-même la défense de la cité, et elle avait recruté tous les hommes qui s’étaient portés volontaires afin de gonfler ses effectifs. Une armée de mercenaires sous-payés, dont certains se permettaient de taxer de manière injuste les sujets du roi, tout en menaçant de représailles ceux qui se seraient amusés à les dénoncer. En l’absence d’autorité compétente pour les contrôler, les miliciens d’Osgiliath se prenaient parfois pour des princes, et en oubliaient leurs devoirs envers la cité et le bon peuple.

- Retourne en bas, et dis aux hommes de se tenir prêts à tout. Je dois réfléchir.

Réfléchir. Felian devait surtout mettre de l’ordre dans ses pensées galopantes. Alors qu’il pensait que le passage d’Osgiliath serait aisé, et que ses principaux problèmes émergeraient en approchant Minas Tirith, il comprenait désormais que le filet avait été tendu bien plus loin qu’il l’imaginait. Lui et ses chevaliers devaient trouver un moyen de quitter cette ville, s’ils voulaient pouvoir pénétrer dans la capitale un jour. Pour l’heure, tout semblait avoir été mis en place pour les en empêcher. Ses hommes avaient été victimes d’une tentative de meurtre, et ils s’en étaient tirés par miracle. La Milice pouvait-elle avoir un lien avec cela ? Avaient-ils fermé les yeux sur les exactions de quelques assassins, ou bien avaient-ils choisi de mettre eux-mêmes la main à la pâte ?

Comment savoir ?

Felian avisa l’Elfe, et le blessé. Il songea à ses compagnons qui se trouvaient en bas, et à ceux qui étaient restés auprès du défunt pour essayer de fournir des explications aux autorités. Avaient-ils été arrêtés et empêchés d’agir ? Était-ce le sort que devait connaître leur compagnie ?

- Dame Namarien… Je suis désolé de vous entraîner dans cette histoire, mais j’ai besoin que vous veniez avec nous.

Il marqua une pause, la laissant intégrer pleinement ce qu’il venait de dire.

- Vous êtes la seule à pouvoir veiller sur Thédeor, et nous ne pouvons pas rester ici, à Osgiliath. Ce que vous avez entendu, les raisons qui nous poussent à rallier Minas Tirith… Nous sommes engagés sur une mission de la plus haute importance, et quoique j’aimerais vous en dire pour le moment, je ne le peux. Sachez seulement que j’ai grand besoin de votre aide. Mon ami a besoin de vous…

Son ton initialement très dur s’était mué en une supplique. Il y avait de la sincérité chez cet homme, qui était encore bien jeune, même au regard des standards de son peuple. Du point de vue de l’Elfe, il n’était sans doute qu’un enfant. Un enfant animé d’une énergie rare, mû par un sens du devoir exceptionnel, qui le poussait à aller de l’avant, en toute circonstance.

- Je ne vous demande pas de contrevenir aux lois de ce royaume, et encore moins de nous suivre dans notre folle entreprise. Aidez-nous seulement à quitter Osgiliath, et vous pourrez aller votre chemin librement.

Ne sachant pas très bien si cela avait suffi à convaincre l’Elfe, il se permit d’ajouter :

- Je pourrai évidemment vous dédommager en conséquence. Toute assistance mérite rétribution. Si cela vous agrée, alors emportez le nécessaire, et retrouvez-nous aux écuries dans cinq minutes. Avec ou sans vous, nous partirons.

Sans attendre, Felian se pencha vers Thédeor, qu’il souleva du lit en lâchant un ahanement qui en disait long sur l’effort qu’il devait consentir pour tenir son compagnon entre ses bras ainsi. Déployant une force prodigieuse, il s’éclipsa à travers l’escalier, laissant Namarien seule avec ses pensées toutes elfiques.


~ ~ ~ ~


Thédor avait été installé aussi confortablement que possible sur le dos d’un cheval, le seul à leur disposition, qu’ils avaient extrait de l’attelage désormais détruit et éparpillé en ville. Une monture, un blessé, et cinq hommes valides… Leur compagnie n’avait pas fière allure. Felian s’efforça de leur redonner du baume au cœur :

- Ayez confiance, compagnons. Quand nous aurons quitté Osgiliath, nous aurons fait un grand pas en avant. Si quelqu’un veut nous retenir ici, c’est qu’il estime que nous sommes dangereux, alors gardons confiance. Nous avons été pris par surprise, cela ne se reproduira pas.

- Mais comment sortir de la ville, Felian ?

C’était le point sur lequel il butait pour le moment. Ils devaient aller vite, et aucun de ses chevaliers n’était particulièrement doué pour négocier. Ils pouvaient toujours essayer de payer les gardes pour les laisser sortir, mais c’était un plan risqué – qui pouvait dire qu’ils n’avaient été payés plus chers pour les tuer ? Pour l’heure, il ne connaissait pas encore le moyen de quitter les lieux, mais il savait devoir le faire, et avec l’élan viendrait peut-être la solution.

- Et l’Elfe, l’interrogea Karl, viendra-t-elle ?

- Je l’espère, oui… Et j’espère qu’elle aura aussi un plan à nous proposer…

Felian jeta un regard vers la porte de l’auberge, en se demandant si l’immortelle allait apparaître tout à coup, porteuse d’une idée lumineuse pour les assister, ou si elle allait tout simplement les abandonner à leur sort, eux, leur cause, et leur blessé. Le temps s’écoulait à une lenteur effrayante, et à chaque seconde ils s’attendaient à voir les Miliciens apparaître au coin de la rue. Leurs cœurs tambourinaient dans leur poitrine, alors même qu’ils n’étaient pas encore dans l’enfer des combats et des intrigues qui les attendaient vraisemblablement à Minas Tirith. La perspective de l’échec de leur compagnie, et les conséquences de leur rétention à Osgiliath, était plus que suffisante pour les faire trépigner. Ils ne devaient pas échouer.

Ils ne pouvaient pas.

Personne d’autre ne viendrait en aide à Eradan.

- Elle ne viendra plus, Felian… Nous devrions partir.

- Attendons encore un peu, répondit le chevalier. J’ai envie de lui faire confiance.


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Irremplaçables EmptyDim 11 Oct 2020 - 18:15
Je ne cessais de regarder droit dans les yeux Maitre Felian après ma déclaration et ce que je vis dans son regard me fis presque sourire : pendant un instant, il songea à me provoque en duel pour tenter de m'occire.... Je ne lui en voulais pas le moins du monde car, si j'avais été dans la situation délicate qui est la sienne aujourd'hui, j'y aurais sans doute songé moi aussi.
Après tout, il n'avait aucune preuve que mes paroles ne soient pas, en réalité, quelques mensonges pour l'endormir et ensuite le trahir purement et simplement.
Ce que ce chevalier ne pouvait pas savoir, en revanche, c'est que j'avais en horreur, de part mon histoire personnelle, les traitres, les menteurs et les lâches .

Je me surprenais alors à songer à mes souvenirs d'enfance, qui durant plusieurs mois, fut un véritable cauchemar. L'angoisse, la peur, la terreur même me possédait entièrement. Je me sentais en permanence telle une bête traquée à qui on ne laissait jamais de repos, que l'on prenait un plaisir sadique et extrême à tourmenter.
Et l'un tours les plus terrible, plus terrible encore à endurer que le souffrances des coups infligés fut le sentiment de trahison.
Un jour, un de mes bourreaux vint me voir: je crus à ce moment là que j'allais une énième fois recevoir des coups mais non. Il me fit croire qu'il regrettait ses actions passées envers moi, qu'il me demandait pardon pour tout ce qu'il m'avait fait subir et qu'il souhaitait enfin devenir mon ami.

Le pire c'est qu'au fond de moi, je n'ignorais rien de son mensonge mais l'envie que cela s'arrête, le désir profond d'appartenir enfin et d'être accepter par un groupe fut plus puissant que toutes mes réticences. Et bien évidemment il me trahit, à peine quelques jours plus tard et de la pire manière possible.
Il prétendit me donner rendez vous à l'orée de Vert Bois et je me m'y rendis donc.... Pour découvrir avec horreur qu'il m'avait tendu un piège avec la complicité de deux de ses comparses, ils me tabassèrent tant et si bien que je perdis connaissance .

Je me réveillais, percluse de douleurs et en sang, quelques heures plus tard, seule et abandonnée. Ce souvenir cuisant était gravé dans mon esprit a jamais. Il m'a rappelait sans cesse de ne jamais prendre pour exemple le comportement abject de mes bourreaux et de rester fidèle aux valeurs et aux principes auxquels je tenais par dessus tout.

Mon instant d'égarement ne dura qu'un instant puisque j'entendis distinctement Maître  Felian me répondre :

- Dame Namarien, je n’espérais pas que vous puissiez nous comprendre, je vous en remercie. Je…

Je le vis à nouveau entrain d'hésiter à m'accorder encore entièrement sa confiance, lorsqu'un de ses compagnons l'interrompit pour le prévenir que la Milice d'Osgiliath les recherchait. J'avais entendu parler de cette fameuse mais tristement célèbre Milice. Elle abusait de son pouvoir à outrance et terrorisait les gens ordinaire juste pour le plaisir que leur procurait leur propre sentiment d'impunité . Rien que de penser à ces ignobles individus, je sentis mon sang bouillir dans mes veines.

Car moi aussi j'appartenais à une bande de mercenaires et si parfois je trouvais que Miran dépassait les bornes, il n'allait jamais jusqu'à commettre ce genre d'exactions.... Il se contentait généralement d'arnaquer sans aucun scrupules les nobles qui l'engageait faut ceux ci avaient de toute façon largement les moyens de payer.
Et comme il n'était jamais certain de décrocher des contrats de façon régulière mieux valait se remplir les poches quand l'occasion de présentait.

Maître Felian finit par ordonner à ses hommes de se tenir prêt à toute éventualité.... Effectivement la situation semblait réellement critique car une possible arrestation par cette Milice était absolument inenvisageable.
Et il restait en plus de tout cela le problème de leur compagnon blessé.
Je me résolus donc à les accompagner où qu'ils aillent, sans moi ils n'auraient jamais les compétences nécessaires à la rééducation de la jambe de Thedeor.

À peine m'étais-je formuler cette pensée que Maitre Felian me parla en ces termes:

Dame Namarien… Je suis désolé de vous entraîner dans cette histoire, mais j’ai besoin que vous veniez avec nous.

Il n'en était apparemment venue aux mêmes conclusions que moi. Quoiqu'il arrivé désormais nos sorts étaient liés. Il poursuivit cependant après une pause, comme pour me donner le temps d'assimiler ce qu'il venait de me dire :

- Vous êtes la seule à pouvoir veiller sur Thédeor, et nous ne pouvons pas rester ici, à Osgiliath. Ce que vous avez entendu, les raisons qui nous poussent à rallier Minas Tirith… Nous sommes engagés sur une mission de la plus haute importance, et quoique j’aimerais vous en dire pour le moment, je ne le peux. Sachez seulement que j’ai grand besoin de votre aide. Mon ami a besoin de vous…

Son discours ne fit que renforcer ma résolution de me jeter à corps perdus dans cet aventure au combien mouvementé qui s'offrait à moi. Je m'en réjouissait même, mon existence depuis quelques semaines se résumait à arpenter les terres du sud sans réel but ni aspiration. Et même si les lieux visités se révélaient intéressants ainsi que les peuples que je croisais, je me rongeais littéralement d'inaction guerrière moi qui avait passé mon existence à m'entraîner puis à combattre de véritable ennemis fort redoutable.

Et Maitre Felian de rajouter pour finir, semblait-il, d'appuyer son plaidoyer qu'il ne me demandait en aucun cas, que je leur apporte mon aide dans leur missions terriblement dangereuse ( ce que je comptais quand même faire ) et qu'il me dédommagerai de la gêne occasionnée.
Je songeais avec reconnaissance que, décidément, ce chevalier était honnête et droit et je bénis les Valars une fois de plus d'être tombé sur lui et ses compagnons.
Il me donna finalement rendez vous dans cinq minutes aux écuries de l'auberge.
Après quoi, il souleva dans ses bras son compagnon blessé et sans autre forme de procès, l'emmena directement à travers les escaliers.

Quand à moi, je rassemblais à la hâte mes effets, et descendit à la hâte priait l'aubergiste de me donner un long morceau de bois afin de confectionner une attelle solide ainsi qu'un jeu de cordes. Heureusement, elle ne posa aucune question et se contenta de répondre à mes attentes. La preuve étant que les braves existait bien en ce monde.
Je me précipitais ensuite aux écuries où les chevaliers semblaient sur le point de partir . Juste au moment où j'arrivais enfin, j'entendis ces derniers s'interrogeait sur le moyen d'échapper aux gardes.

Je surgis devant eux tel un diable sortant de sa boite, en tout cas d'après l'expression de leur visage, tout en déclarant sans attendre :

- J'ai en ma possession un champignon hallucinogène réduit en poudre que je peux leur faire respirer si par malheur ils nous rattrapent. Il faudra juste que vous preniez la précaution de vous couvrir le nez et la bouche pour ne pas en ingérer . Cela vous convient-il Maitre Felian ?
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Ryad Assad
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Irremplaçables EmptyMar 13 Oct 2020 - 16:55
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Namarien avait finalement décidé de faire son apparition.

L’apparition de l’Elfe était comme guidée par la providence, et les chevaliers semblèrent retrouver espoir en la voyant surgir de l’auberge comme elle l’avait fait. Les Eldar avaient toujours été de précieux alliés des Hommes dans les temps difficiles, et ils ne pouvaient pas imaginer meilleur présage pour la réussite de leur mission. Désormais, il  leur semblait évident qu’ils pouvaient soulever des montagnes, d’autant que sa présence parmi eux signifiait qu’elle n’avait pas choisi de les trahir auprès de la Milice de la Compagnie du Sud.

Felian s’approcha d’elle, et s’inclina légèrement :

- Dame Namarien, je ne saurais vous remercier assez pour ce que vous acceptez de faire. Mais venez. Mettons-nous en route, si vous le voulez bien, nous avons encore à quitter cette ville avant de célébrer.

Le pragmatisme du militaire l’emportait sur l’émotion, et en un instant il retrouva son rôle de chef, mettant la petite compagnie en ordre de marche, tout en écoutant les conseils de Namarien, qui semblait avoir une ébauche de plan pour les aider à échapper aux gardes qui ne manqueraient pas de les traquer s’ils ne les trouvaient pas à l’auberge où ils étaient censés se trouver.

- Un champignon hallucinogène… ingénieux ! Fit le chevalier. Gardons cet atout dans notre manche tant que nous le pourrons, car j’escompte que les gardes aux portes d’Osgiliath ne seront pas plus amènes que ceux qui nous recherchent actuellement. Espérons seulement n’avoir à nous confronter qu’à l’un des deux groupes.

Il envoya deux de ses hommes en avant, pour évaluer la situation aux portes de la cité, tout en optant pour la dispersion de ses hommes.

- Tous ensemble, nous sommes trop facilement repérables. Karl, Hallbrecht, vous irez avec Thédeor. Veillez à ne pas être suivis, vous savez comment faire. Dame Namarien, si vous le voulez bien, nous irons ensemble.

Il avait réparti ses hommes de manière stratégique. Karl était jeune, tandis qu’Hallbrecht était un guerrier expérimenté, qui avait déjà combattu, et qui saurait garder ses nerfs. Quant à Namarien, elle ne connaissait pas encore bien la troupe, et il valait mieux qu’elle demeurât avec lui : le seul visage relativement familier pour elle. Ils convinrent donc de se retrouver à la grande porte d’Osgiliath, celle qui conduisait en droite ligne vers Minas Tirith. C’était à la fois l’endroit le plus surveillé, mais aussi celui où il y avait le plus de passage – malgré la situation inquiétante de Cair Andros. Les habitants n’étaient pas empêchés de circuler librement vers les autres provinces du Gondor, et une partie des vivres qui alimentaient la garnison de Pelargir, qui stationnait actuellement dans le Pelennor, était fournie par Osgiliath.

Il faudrait espérer que face à la perspective d’un scandale public, d’éventuels adversaires n’oseraient pas agir en toute impunité. Ils se souhaitèrent bonne chance, se saluèrent, puis prirent chacun des directions différentes. Karl et Hallbrecht par le Nord, Namarien et Felian par le Sud.

Leurs pas précipités les conduisirent à travers les ruelles les moins fréquentées de la cité, celles où les voyageurs ne se rendaient pas, en règle générale. L’explication était simple : alors que dans les principales artères d’Osgiliath, un semblant d’ordre régnait, ces quartiers un peu marginaux étaient en ruines, et témoignait d’une face sombre du Gondor que les autorités de la ville tentaient de combattre bien malgré eux. Ils passèrent plusieurs bâtiments qui portaient encore des traces de lutte. Quelques gravats sur le sol semblaient avoir été déposés là des siècles auparavant, pourtant ils virent un grand nombre d’habitants ici, des miséreux qui survivaient comme ils le pouvaient dans ces quartiers défavorisés.

- Ce sont des vestiges de la Guerre de l’Anneau, Dame Namarien. Beaucoup de ces bâtiments ont été détruits durant les combats, il y a de cela des siècles. Il n’y a que récemment que les menaces du Mordor ont été écrasées, et le gouvernement de la cité n’a pas encore pu s’occuper de leur reconstruction.

Felian le déplorait, à l’évidence, mais il savait aussi faire la part des choses. Les indigents vivaient peut-être dans une pauvreté à fendre le cœur, mais ils étaient en vie, et pouvaient se réjouir de ne pas être tombés sous le joug des Orcs qui s’étaient emparés de la cité, près de vingt ans auparavant. Une sortie en force des monstres du Mordor qui avait conduit à d’innombrables déprédations. Des objets rares et précieux avaient été pillés, des civils avaient été massacrés, et les hommes qui défendaient vaillamment la cité avaient péri en trop grand nombre pour que les complaintes pussent retranscrire pleinement l’émotion vive qui s’était emparée du Gondor à cette époque. Le roi Mephisto, de sa main de fer, avait mené la reconquête de la cité, mais n’avait pas pu effacer le triste souvenir de la guerre.

Et puis il y avait eu l’épidémie, l’Ordre, et désormais ces envahisseurs surgis de l’Est…

La paix ne viendrait-elle donc jamais caresser le Gondor de ses doux rayons ? Parfois, Felian aurait voulu naître dans un autre monde. Celui du roi Elessar, quand les frontières du Gondor et de la quiétude avaient été étendues par-delà le désert du Harad et la mer de Rhûn. Quand les Orcs du Mordor, balayés par l’alliance des Peuples Libres, s’étaient jurés de ne plus jamais tenter de poser le pied dans le noble royaume de Gondor… Une ère de paix, où les armes servaient à veiller sur la justice et le droit.

Tant de choses avaient changé, depuis lors.

Les ennemis se faisaient plus pressants aux frontières, la noblesse des Hommes avait cédé la place à la corruption des puissants, et les gens de bien étaient trop souvent considérés comme des marginaux, exclus des cercles du pouvoir, et contraints d’en appeler à l’unité et à l’honneur dans les rues, comme de vulgaires mendiants. Heureusement, il restait Eradan… A cette seule pensée, Felian retrouva courage. Il restait encore des âmes de valeur dans ce monde, et il était chanceux de pouvoir lui prêter son épée en ces temps troublés. Au moins, le chevalier d’Anfalas avait trouvé un sens à sa vie et à son engagement. C’était là un trésor inestimable.

- Par ici, fit-il à l’attention de Namarien.

Ils contournèrent soigneusement un homme tout de rouge vêtu, qui discutait avec une femme de petite vertu. Elle lui tendit une petite bourse contenant vraisemblablement le pactole de la veille, et la nature de leurs relations apparut clairement :

- Ces quartiers n’abritent pas la population la plus raffinée du Gondor… ni la plus respectable. Je suis désolé de vous entraîner dans de tels méandres.

Felian ignorait à peu près tout de Namarien, et considérait qu’elle était une Elfe et ipso facto une intellectuelle raffinée versée dans les arts et guère accoutumée aux affres du monde des Hommes. La prostitution n’existait sans doute pas chez les Eldar, dont la noblesse et la bienséance les éloignaient naturellement des pulsions les plus viles et donc des nécessités de traiter les femmes de la sorte.

- Dépêchons-nous de quitter ces lieux… J’ai le sentiment que nous attirons trop l’attention.

Une Elfe et un chevalier, perdus dans un des quartiers les plus pauvres d’Osgiliath… il était évident qu’ils n’allaient pas passer inaperçu. Ils s’efforcèrent de ne pas traîner, contournant les bandes oisives qui semblaient guetter un passant malheureux pour lui faire les poches. On leur adressa quelques regards inquiétants, mais personne ne prit le risque de se mettre en travers de leur chemin. Personne, sinon un homme qui de toute évidence n’avait pas toute sa tête. Il sembla surgir devant eux, et se mit à applaudir :

- Bravo ! Bravo les mariés ! Bravo !

S’il n’avait pas parlé aussi fort, attirant immanquablement l’attention de tous ceux qui se trouvaient dans les parages, il aurait été facile pour Felian de l’éviter et de passer à autre chose. Même ainsi, le chevalier ne souhaitait pas particulièrement rosser ce miséreux. Tout aurait pu bien se terminer, si ce dernier n’avait pas continué sur sa lancée :

- Elle est bien jolie votre dame, ma foi… Vous la payez combien ? Hein ?

- Arrière, gredin ! Et surveille ta langue.

Felian avait l’esprit chevaleresque, au point de tomber dans le piège le plus idiot qui fût. Il s’approcha de l’homme pour l’écarter fermement de leur route, mais remarqua trop tard que celui-ci portait, sous sa longue cape miteuse, une fine cuirasse d’excellente facture. Au moment où il posa la main sur son épaule pour le repousser, le chevalier avait d’ores et déjà fait le pas de trop. Il ne comprit pas comment, mais son corps bascula soudainement et il se retrouva au sol, le souffle coupé, et une intense douleur au bras, comme si on le lui avait tordu brusquement.

- Avec les compliments du Haut-Roy, traître, souffla le faux mendiant.

Il tendit le bras en arrière, et fit apparaître une dague entre ses mains. L’instant d’après, il plongeait vers Felian avec la ferme intention de lui trancher la gorge, précisément là où la cotte de mailles s’arrêtait.


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Irremplaçables EmptyVen 16 Oct 2020 - 22:52
Je ne comprendrais jamais je crois.... L'engouement très prononcé des Hommes envers mon peuple. Comme si nous étions capable d'un simple claquement de doigts, de faire disparaître toute leurs souffrances et leurs épreuves traversées et de leur redonner espoir dans le même temps. Un sourire cynique et amer se dessina lentement sur mes lèvres car je n'ignorais rien des nombreux travers des miens : pour en avoir subit les conséquences durant une partie de mon enfance, je savais parfaitement jusqu'où ils étaient capable d'aller dans la violence, l'intolérance et la méchanceté .

Nous n'étions finalement pas mieux que les autres malgré nos dons extraordinaires pour la guérison et autres bienfaits que nous ont généreusement accordé les Valars.
Nous commettions finalement des atrocités similaires à la guerre que n'importe quelle autre race .....Nous nous étions même massacré entre Elfes aux temps jadis... Alors pourquoi les Hommes continuent-ils à nous vouer une telle admiration ?
Sans doute ont-ils la mémoire courte où leurs esprits préfèrent-ils occulter l'aspect sombre et peu reluisant de notre histoire de pour mieux se concentrer sur notre Magie et notre Longévité sans égale. Choses qui leur échapperont toujours et qu'ils nous envient. Mais n'est ce pas mieux ainsi justement ? L'existence n'en devient que plus attrayante car il est indispensable de lutter pour survivre, d'apprendre d'autres manières de concevoir la vie et le monde qui nous entoure. N'était-ce pas cela la véritable magie finalement ? De vivre chaque instant comme si c'était le dernier ? Tout est certainement beaucoup plus beau et intense car ils sont condamnés.

C'est pour toutes ses raisons que les regards à la fois stupéfaits et plein d'espoirs ne m'inspirait rien de moins qu'un immense sentiment de lassitude.
J'appréciais néanmoins à sa juste valeur les sincères remerciements de Maitre Felian tandis qu'après coup nous nous mettions promptement en route, les chevaliers craignant à juste titre, la Milice d'Osgiliath si tristement célèbre.
Après quoi, le chevalier se montra particulièrement enthousiaste à propos de ma poudre de champignons hallucinogènes.

Ce à quoi je lui rétorquais que c'était une arme de guerre très efficace car testé et approuvé par les orcs eux mêmes durant la bataille de Dol Guldur.
Il décida de nous séparer en deux groupes distincts pour moins attirer l'attention sur nous et laissa partir mon patient avec ses compagnons ce que je désapprouvais car j'aurais aimé continuer à surveiller son état en restant près de lui. Je fis donc mes dernières recommandation à ses compagnons avant de nous séparer tout en leur remettant la longue tige de bois et les cordes que m'avais confié l'aubergiste :

- Vous pourrez lui confectionner une attelle de fortune avec ceux ci en attendant que je puisse m'en occuper moi même . Prenez grand soin de lui, je compte sur vous, chevaliers.

Karl et Hallbrecht, car c'était leurs noms, me jurèrent qu'ils feraient de leur mieux.
Nous partîmes dans deux direction opposées avec pour point de ralliement la grande porte d'Osgiliath.

Nous reprimes la route d'un pas vif, nous faufilant tour à tour à travers plusieurs ruelles qui portaient encore les traces d'un passé guerrier et tumultueux. Les murs à moitié écroulé, les portes pendant sur leurs gonds, les fenêtres brisées en mille morceaux..... Et les humains surtout mis crûment à nu par la pauvreté dans toute sa cruauté et tout ce qu'elle implique de prostitutions, de vols et de trafiques en tout genre.
Maître Felian m'expliqua qu'il s'agissait des vestiges de la Guerre de l'Anneau et que les autorités peinaient à reconstruire malgré leurs efforts certains quartiers.

Cela ne me surprit guère en vérité, car je me souvenais fort bien des terribles difficultés rencontrées par les elfes de Vert Bois lorsque nous avons gagné la bataille de Dol Guldur. Les regards hébétés et vides des cadavres, comme s'ils n'arrivaient pas à croire à leur propre mort, me hanterait très probablement jusqu'à la fin des mes jours. L'impact sur notre chère forêt fut également très grand malgré nos efforts désespérés pour la préserver coûte que coûte et je reste persuadé que si nous ne l'avions pas protégé , elle aurait été totalement anéanti par les abominables miasmes de l'Ennemi.

Après toutes les horreurs que j'avais vécu, de part ma très longue existence, ce n'était pas le spectacle, certes révoltant , d'un maquereau et d'une prostituée qui allaient me choquer plus que de raison. Je ressentis en revanche, une bouffée d'indignation face à l'existence misérable de cette femme, réduite à vendre son propre corps pour survivre. Je trouvais cela tellement injuste. Ce fut sûrement ce qui me poussa à répondre sèchement au chevalier :

- Cette femme ne mérite pas moins le respect que vous et moi. Elle n'a tout simplement pas eu la chance de connaître un meilleur destin.

Ne voulant pas davantage attirer l'attention, Maitre Felian me pressa d'avancer, le temps manquait.
Soudain, un homme se dressa sur notre route en criant "Vive les mariés !"
Devant l'absurdité d'une telle affirmation, je me raidis aussitôt et je fus certaine qu'il s'agissait d'un assassin. Ce faquin poussa l'audace jusqu'à demander à Maitre Felian si j'avais un prix et je le fixais avec dégoût et mépris mais également avec méfiance car je sentais le coup venir et me préparais à toute éventualité.

Puis je m'aperçus que le chevalier non seulement ne semblait pas avoir remarqué que quelque chose clochait mais en plus ce faisait un devoir de défendre mon honneur..... Je levais les yeux au ciel d'exaspération devant tant de naïveté mais, déjà, je vis l'homme renversait à terre le chevalier et brandir une lame dans le but évident de l'occire. Ma propre dague jaillit avant même que j'eusse le temps d'y penser et contra celle de l'homme, l'empêchant de mener à terme sa funeste mission. Je lui flanquais un coup de poing en plein visage, profitant de sa surprise, il tomba à terre. Je bondis alors sur lui et lui trancha la gorge d'un mouvement rapide et précis.
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Ryad Assad
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Ryad Assad

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- Vous…

Felian passa la main sur sa gorge, pour s’assurer qu’il n’avait rien.

- Vous m’avez sauvé la vie… Merci, Dame Namarien…

Il paraissait encore un peu surpris et choqué de ce qui venait de se produire, son cerveau peinait à mettre de l’ordre dans ses pensées, et il lui fallut quelques longues secondes pour produire une analyse cohérente de la situation. Il ne faisait pas le moindre doute que cet homme était un sicaire, envoyé ici pour les éliminer alors qu’ils projetaient de se rendre à Minas Tirith. Ils n’avaient pas mis bien longtemps à les retrouver, et avaient failli déjouer la vigilance des deux compagnons. Sans l’intervention providentielle de l’Elfe, Osgiliath serait devenue le tombeau du chevalier d’Anfalas, qui aurait échoué dans sa mission et abandonné son seigneur à son triste sort.

Il prit la main que lui tendit Namarien, et jeta un regard au cadavre encore chaud duquel s’écoulait un sang rouge coulant à gros bouillons.

L’assassin était mort, la gorge tranché, pris à son propre piège. Il n’avait même pas eu le droit à une mort digne, comme un guerrier. Mis à terre par la furie meurtrière d’une Elfe, il avait eu la gorge tranchée comme s’il avait été tué par de vulgaires voleurs dans les rues mal famées de la cité sur le fleuve. Felian jeta un regard en coin à Namarien. Il n’était pas particulièrement impressionné par la mort : il avait eu l’occasion de la donner et de la frôler bien trop souvent pour s’en émouvoir encore. Cependant, il était glacé par l’attitude de l’Elfe, qui paraissait ne pas avoir douté une seule seconde de son acte. Avec la rapidité d’un serpent et l’efficacité d’une lionne, elle avait fondu sur sa proie et lui avait ôté la vie sans même sembler s’en rendre compte.

Les Elfes étaient des créatures étranges, et pour Felian ils représentaient tout à la fois la noblesse et la sagesse, mais aussi une certaine forme de détachement des choses matérielles et de la vie. Leur immortalité légendaire était peut-être la cause de tout ceci. Quoi qu’il en fût, il ne put cacher son malaise vis-à-vis de la situation, et de la mort d’un homme qui jamais ne devait devenir banale. Même s’il s’agissait d’un ennemi. On reconnaissait bien là l’éducation noble d’un chevalier du Gondor, qui savait accorder sa merci à un ennemi vaincu, et qui préférait le constituer prisonnier que l’éliminer de sang-froid.

Felian s’écarta de l’Elfe légèrement, et entreprit d’aller fouiller le cadavre en espérant en apprendre davantage. Maintenant que l’homme était mort, il ne pouvait plus rien leur dire, mais peut-être que quelques indices demeuraient encore présents sur sa personne qui pouvaient les renseigner. En lui faisant les poches, outre les quelques pièces d’or qu’il se refusa à toucher, le chevalier d’Anfalas mit la main sur plusieurs objets d’intérêt :

- Une lettre, fit-il satisfait. Peut-être contient-elle le nom de ses commanditaires.

Plein d’espoir, il laissa ses yeux parcourir le document à la recherche d’un élément concluant. Son regard se décomposa bien vite, et il devint livide, interrompant sa lecture avant de sombrer dans le dégoût le plus profond.

- C’est une lettre de sa fille, lâcha-t-il, sombre. Rien de plus.

Il la tendit à Namarien, comme pour s’en débarrasser, sans oser la rouler en boule et la jeter. Cela aurait été un affront supplémentaire, et il ne pouvait pas s’y résoudre. Pourtant, les mots écrits maladroitement par une main juvénile étaient à fendre le cœur, et lui brûlaient presque les doigts :

Citation :
Cher papa,
J’espère que tu reviendras vite. Tu me manques beaucoup. Mon anniversaire est le mois prochain, et maman dit que tu prendras le bateau pour rentrer à la maison. Fais bien attention aux baleines qui mangent les enfants. Maman dit que tu me ramèneras une nouvelle poupée, mais si tu n’en trouves pas, c’est pas grave. Je veux juste que tu sois là. J’ai envie de te montrer les nouvelles fleurs du jardin. Elles sont très belles. Quand tu reviendras, on ira se promener à cheval, et on regardera les étoiles. Je continue à les compter tous les soirs avant de m’endormir. Maman m’appelle, je dois partir.
A bientôt papa,
Mari

Felian essaya de se détacher que l’image que son esprit formait, celle d’une petite fille qui attendrait en vain son père, lequel avait fini assassiné dans une ruelle. Il s’en voulait presque d’éprouver de la compassion pour un homme qui avait cherché à le tuer, mais il savait par expérience que derrière chaque visage ennemi se cachait souvent un homme bien plus complexe, avec des facettes multiples, du bon et du mauvais. S’ils l’avaient laissé vivre, auraient-ils regretté leur geste par après et auraient-ils souhaité l’avoir tué sur-le-champ ? Difficile à dire avec certitude, hélas. Peut-être la noblesse d’âme du chevalier était-elle un plus grand obstacle à la réussite de leur mission que la froide efficacité de l’Elfe.

Depuis Pelargir, depuis les tristes événements qui s’y étaient déroulés, il avait une relation particulière avec tout ça. Il avait changé, au fond, mais il ignorait probablement encore à quel point.

Continuant à chercher des indices, il finit par découvrir dans une poche intérieure du malfrat, un petit objet de bois sculpté, en forme d’arbre stylisé. Ce n’était pas, assurément, un travail de maître, mais c’était un symbole bien identifiable pour tous ceux qui servaient le Gondor et connaissaient un peu les arcanes du pouvoir.

- Ce symbole… C’est celui de l’Arbre Blanc… Nos ennemis sont bien plus puissants que je l’imaginais : plus puissants encore que la Milice d’Osgiliath. La mort de cet homme, qui qu’il puisse être, nous désigne explicitement comme des ennemis du Gondor… Je crains que nous ne devions nous hâter, Dame Namarien, avant que quelqu’un nous associe à ce cadavre. Essayez de cacher le sang sur vos mains et vos poignets, si vous le pouvez.

Le chevalier se releva en soupirant. La traversée d’Osgiliath aurait dû être une simple formalité, et voilà qu’il renouait avec les meurtres dans des ruelles sombres… Son engagement au service d’Eradan mettait sa philosophie et son honneur à rude épreuve.

Ils s’élancèrent vers le point de rendez-vous convenu, en priant pour arriver à temps, et pour trouver un moyen de quitter la cité avant que la nouvelle d’un assassinat ne déchaînât les passions populaires, et n’attirât de manière bien incommodante l’attention de la Milice locale. Si les hommes de la Compagnie du Sud n’étaient pas impliqués dans la tentative d’assassinat, comme le pensait de plus en plus Felian, il valait sans doute mieux éviter de se les mettre à dos en étant liés de près ou de loin à la mort de cet individu dont ils ignoraient même jusqu’au nom. Les minutes qui les séparèrent des grandes portes furent interminables. Leurs souffles rapides étouffaient à leurs oreilles anxieuses les bruits de la cité autour d’eux, laissant leurs esprits dans une bulle où ils pouvaient méditer péniblement sur leur mission et ce qu’elle impliquait.

Courir.

Fuir.

Mentir.

Tuer.

Et tout cela au nom d’un idéal en lequel ils semblaient croire fermement, mais leurs adversaires n’avaient-ils pas, eux aussi, la même conviction ? Ce tueur qui gisait mort dans les rues d’Osgiliath n’avait-il pas appelé Felian « traître » ? Pouvait-il réellement dire qu’il était du côté de la justice en agissant ainsi ? Certes, on l’avait mis en garde contre les dangers, la corruption rampante à Minas Tirith… mais en prenant les choses à son propre compte, ne devenait-il pas, finalement, comme ces gens de l’Ordre qui espéraient agir par la force sur les Puissants pour garantir la paix et la sécurité ?

Il préférait ne pas y penser.

Il croyait dans Eradan, et cela lui suffisait.

Ils arrivèrent finalement auprès de la porte d’Osgiliath, et retrouvèrent là leurs deux compagnons envoyés en éclaireur, qui avaient pu observer les parages l’air de rien, en prenant bien soin de rester à l’écart des gardes qui observaient les passants. En voyant leur chef et Namarien arriver, ils leur firent immédiatement leur rapport :

- Karl et Hallbrecht ne sont pas encore arrivés avec Thédeor, j’espère qu’ils seront bientôt là. Nous avons pu observer les gardes de la Milice. Ils n’ont pas l’air particulièrement attentifs, ou à la recherche de quiconque. Ils ont réalisé quelques contrôles sur des marchandises suspectes, mais c’est tout. Peut-être qu’on peut passer entre les mailles du filet.

Felian hocha la tête.

Il ne s’attendait pas à une réponse différente. Les Miliciens ne pouvaient décemment pas contrôler tous les hommes et femmes qui entraient et sortaient d’Osgiliath, ce qui ne signifiait pas qu’ils ne feraient pas exception pour une bande de chevaliers essayant de traverser s’ils avaient été prévenus à l’avance. Mais était-ce le cas ? Fallait-il privilégier la célérité pour échapper à d’éventuels poursuivants, ou se méfier de ceux qui se trouvaient devant ? Devaient-ils considérer que tous les représentants de l’autorité à Osgiliath étaient des ennemis potentiels, ou bien tenter leur chance crânement ?

Le chevalier s’écarta pour laisser passer un chargement particulièrement volumineux qui quittait la ville à destination de Minas Tirith : des sacs de farine de blé et d’orge qui serviraient à nourrir la ville, présentement fermée aux étrangers en raison de la menace qui pesait sur Cair Andros.

- Nous devons prendre une décision, compagnons. Dame Namarien et moi avons été attaqués par un scélérat dans les rues d’Osgiliath : un qui nous cherchait de toute évidence. J’ai bien peur que nous n’ayons pas le luxe de prendre notre temps, mais Karl et Hallbrecht ne sont pas encore arrivés…

Il ne souhaitait pas partir sans eux, mais cela ne valait-il mieux pas que de ne pas partir du tout ? Comment savoir s’ils n’avaient pas fait une mauvaise rencontre, eux aussi ? Comment savoir s’ils n’avaient pas été pris, et s’ils n’étaient pas en ce moment même en train d’être interrogés pour qu’on les forçât à révéler les plans de leurs compagnons ?

- Il nous faut un plan. Dame Namarien, vous avez toujours votre poudre mystérieuse : elle pourrait nous être utile, mais avec cette foule elle pourrait aussi créer un grand émoi. Nous cherchons à passer, et nous nous défendrons si nécessaire, mais j’exclus d’avoir recours à une force excessive…

Son regard glissa vers l’Elfe de manière un peu plus appuyée :

- Ces Miliciens ne sont peut-être pas tous honnêtes, mais ils demeurent des fils du Gondor, et nous ne tirerons pas l’épée contre eux à moins d’être provoqués.

Les chevaliers hochèrent la tête. Ils comprenaient la nécessité de ne pas devenir ce qu’ils entendaient combattre. Felian leur avait raconté, sans trop entrer dans les détails, son aventure à Pelargir. Il leur avait expliqué avoir « franchi la limite », et ce que le sang pouvait faire à l’esprit. D’abord, il s’en détournait par dégoût, puis devenait insensible à sa vue, et enfin basculait dans une soif inextinguible qui emportait parfois les âmes les plus nobles à l’origine. Il s’était vu basculer quand, se battant pour sa vie et celle de ses compagnons, il avait perdu de vue ses idéaux de chevalier et s’était transformé en bête sauvage. Un profond mépris de son propre comportement l’habitait encore quand il repensait à ces jours funestes.

- Voilà ce que je vous propose… Nous pouvons essayer de nous faufiler à travers les portes si nous créons une opportunité. Dame Namarien, si vous trouvez un moyen de l’administrer aux gardes qui se trouvent là, vous nous ouvrirez la voie. Sinon, si vous avez confiance dans les effets qu’elle peut produire, administrez-la au bon peuple d’Osgiliath. Avec de la chance, cela troublera suffisamment l’ordre public pour que la diversion fonctionne. Le choix est vôtre, mais ne vous trompez pas… Une fois que vous aurez utilisé votre poudre, nous ne pourrons plus revenir en arrière.

Beaucoup de choses reposeraient sur les épaules de l’Elfe, qui était présentement le fer de lance de leur stratégie. C’était à la fois une grande responsabilité, et un grand risque pour Namarien. Si elle échouait, elle et ses compagnons risquaient de finir arrêtés. Et l’option qu’elle allait choisir pouvait présenter des avantages comme des inconvénients insoupçonnés, une part de chaos qu’elle ne pouvait pas prévoir mais qu’elle devrait gérer. Restait enfin un problème majeur : Karl, Hallbrecht et Thédeor.

Ils n’étaient pas encore arrivés, et il n’y avait aucun signe d’eux à l’horizon. Devaient-ils attendre leur retour pour tenter quelque chose, ou bien mettre leur plan en œuvre pendant qu’ils le pouvaient encore, au risque d’abandonner derrière eux deux lames vaillantes et un de leurs compagnons blessé ? Ils semaient des hommes dans leurs sillages sans véritablement pouvoir se le permettre, mais si aucun d’entre eux ne parvenait jusqu’à Eradan, ils auraient certainement échoué. Valait-il mieux la quasi-certitude d’une victoire en demi-teinte, ou la perspective d’une réussite totale doublée du risque accru de tout simplement en venir à échouer.

Felian se mordit la lèvre, avant de prendre Namarien à part pour réfléchir avec elle :

- Vous avez dit que Thédeor avait besoin de vous, et je le crois certainement. Mais pensez-vous que, si les circonstances l’exigeaient, nous pourrions…

« … l’abandonner ». Il n’osait pas le dire, tant la perspective d’un tel acte le répugnait. Cependant, il devait réfléchir de manière pragmatique, et prendre en compte l’importance de leur mission. Leurs adversaires étaient déterminés à leur mettre des bâtons dans les roues, et c’était avant tout une question de garder l’avance précieuse qu’ils avaient pour l’heure sur leurs poursuivants. Felian considérait ses options, et l’avis médical de l’Elfe se révélerait sans le moindre doute décisif dans sa prise de décision.

Il n’osait pas le lui avouer, mais il s’appuyait de plus en plus sur son avis expérimenté avant de prendre une décision, car la duperie et le monde des ombres n’étaient pas le sien, alors que l’Elfe semblait au contraire savoir comment agir dans ces circonstances. Il s’en voulait de ne pas être capable de prendre de telles décisions seul, et de confier le sort de ses compagnons à une étrangère, mais pour l’heure elle s’était avérée être d’un grand secours, et elle lui avait sauvé la vie.

Malgré tout l’effroi que ce meurtre lui inspirait, il lui en était reconnaissant, et n’oublierait pas de sitôt son geste.


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Irremplaçables EmptySam 17 Oct 2020 - 23:48
L'incrédulité et la stupéfaction était visible sur le visage de Maître Felian lorsque je lui tendis une main pour l'aider à se relever. Il commença seulement alors à réaliser la réalité de mon geste dans toute sa dimension cruel et impitoyable. Car je n'avais pas accordé à cet homme une mort digne et honorable telle que la mérite normalement un chevalier digne de ce nom.
Sauf qu'à mes yeux cet homme n'était rien d'autre qu'un assassin et qu'il avait tenté d'occire un potentiel employeur et donc compromettre le versement de potentiels revenus. Cette manière de penser pouvait sembler amorale et choquante mais je n'en ressentais aucune honte. Je laissais les grands principes et les mots pompeux à ceux qui y tenaient. Pour ma part, même si je restais attachée à certains codes comme ne pas tuer des innocents, j'étais également convaincue que la gloire ne se mangeait pas et que si, parfois, on n'acceptait pas de faire ce qui doit être accompli afin de survivre, et bien on finissait immanquablement à la place de cet assassin, la gorge tranchée.

La survie n'a rien de poétique ni de chevaleresque j'en étais bien consciente. Dans ces moments là, nous ne valons pas mieux que des orcs crasseux rampants lamentablement pour leur misérable et pathétique petite vie et qui éprouvaient un plaisir malsain et pervers à ôter la vie. Car je ne peux nier que, durant quelques secondes, je me délectais de la mort de mon ennemie car elle signifiait ma victoire . Ce sentiment, que j'avais jadis ressentis à de maintes reprises pendant la guerre de l'Anneau, me dégoûtait profondément. Mais cela ne me dérangeait pas outre mesure car j'acceptais depuis longtemps le monde tel qu'il était à savoir qu'il pouvait écraser sans pitié les plus humbles et les plus fragiles comme les protéger. Et ceux dont j'étais sûre c'est que je n'attendrais jamais passivement de subir mon destin mais tomberait si il le fallait les armes à la main et pas autrement . Car mon tuteur m'avait offert son précieux enseignement dans le but que je sois libre de choisir en toutes connaissances de cause la route que je voulais suivre et je savais qu'il n'existait pas de plus grandes plus opportunités dans l'existence que d'être dans la possibilité d'assumer ses propres actes et choix.
J'acceptais néanmoins les remerciements du chevalier, heureuse qu'il fût encore en vie car il paraissait être un homme d'honneur.

Tandis que je l'observais fouiller le cadavre encore chaud de l'homme que j'avais tué, je me surpris à me demander si ce dernier possédait une famille quelque part même si je n'avais guère envie de connaître la réponse...... Malheureusement j'obtins cette fameuse réponse lorsque le chevalier me tendis, sans un mot, le visage blême et fermé, une lettre provenant de sa petite fille. J'éprouvais alors un fugace pincement au cœur pour cette pauvre enfant, qui n'était pour rien dans les agissement de son père et qui pourtant en subirait les conséquences le reste de sa vie. Malgré tout, je me refusais à m'attarder davantage sur le sentiment de culpabilité qui m'envahissait peu à peu. Je savais que c'était une faiblesse que je ne pouvais absolument pas me permettre de m'attendrir.

La situation était grave et nous devons nous hâter de partir avant qu'une bonne âme charitable d'Osgiliath n'est l'idée de signaler le mettre commis aux autorités de la ville. Achevant rapidement la fouille, Maitre Felian découvrit un symbole assez grossier de l'Arbre blanc du Gondor qui sembla produire un certain effet sur lui car il me confia que nos ennemis étaient bien plus grands et redoutables qu'il ne le craignait à l'origine.
Nous nous hâtâmes de quitter l'endroit, tentant de nous déplacer le plus furtivement possible, afin de rejoindre nos compagnons aux portes de la ville.
Nous y parvīnmes enfin et aperçurent presque aussitôt deux des hommes de Maitre Felian qui nous attendait et qui dès que nous les eûmes rejoint, entamèrent sans tarder un rapport détaillé de la situation à leur chef.

Une fois celui ci terminé , je compris deux choses : la première c'est que le chevalier comptait sur mon appui pour détourner l'attention des gardes afin de nous frayer à travers le barrage qu'ils formaient, grâce à ma poudre hallucinogène. Et la deuxième, qui me resta en travers de l'estomac, est qu'il envisageait sérieusement d'abandonner ses trois autres compagnons restants dont celui que j'avais soigné. Pour toute réponse , je le foudroyais du regard et lui dit de but en blanc ce que j'en pensais :

- Il n'est pas question que l'on abandonne vos hommes, surtout Thėdeor, qui a tant souffert courageusement et sans se plaindre outre mesure alors que sa blessure était plus que sérieuse. Je me plierais volontiers à vos ordres mais permettez moi de vous faire remarquer que si vous ne souhaitez pas verser le sang des gardes du Gondor, cela ne vous pose apparement aucun problème de laisser en plan vos compagnons et les exposer ainsi à l'ire des autorités de la cité . Vous possédez décidément une morale bien  étrange, chevalier.... Quand à moi, la raison du retard de vos hommes m'apparaît très clairement : ils auront été ralentis par la jambe cassée de Thédeor . Je souhaite donc attendre un peu leur venue autant qu'il nous soit possible de patienter . Si ils ne viennent toujours pas, je me résignerais alors à faire ce que vous me demandez .

À peine avais-je achevé ma diatribe quelque peu enflammée, que je remarquais aussitôt que les trois hommes manquant à l'appel, nous rejoignirent enfin, Théodor plus mort que vif mais conscient. Je sentais un immense soulagement m'envahir instantanément car, outre l'arrivée du reste des chevaliers, je remarquais l'arrivée tonitruante d'une caravane, qui semblait être la propriété d'un marchand très important et très peu aimé , l'homme aurait des tendances prononcés à la cruauté d'après les nombreuses chuchotements que mon ouïe d'elfe arrivait à capter ici et là. La foule se massant instinctivement autour de la caravane, à la fois hostile et curieuse, les gardes semblant craindre d'éventuels débordements, s'avancèrent aussitôt pour tenter de former un barrage entre le véhicule et la foule, prêtant main forte aux mercenaires déjà en place.

Sans le savoir, ce marchand venait de grandement me faciliter la tâche en ne laissant que deux malheureux gardes pour contrôler les allées et venues aux portes de la ville. Je fis signe a mes compagnons de me suivre et ceux ci s'exécutèrent sans discuter. Comme nous étions les seuls désormais à vouloir franchir le passage qu'ils gardaient, les soldats s'avancèrent tout naturellement vers notre groupe. Je souris de satisfaction car ils ne poseraient aucune difficulté, leurs camarades étant bien occupés à canaliser la foule. Dès qu'ils furent suffisamment proche d'eux nous, je fis signe à tout le monde de se couvrir  la bouche et le nez, puis j'ouvris le flacon de poudre d'un geste vif et assuré et projeta la drogue sur les gardes qui ne purent s'empêcher de la respirer. L'effet fut foudroyant de rapidité d'efficacité, comme cela était toujours le cas : ils s'effondrèrent tout deux au sol, la bave aux lèvres et le regard halluciné . Nous en profitâmes pour nous enfuir sans attirer l'attention de quiconque.


Dernière édition par Namarien le Sam 24 Oct 2020 - 15:47, édité 1 fois
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La morale.

Felian en avait une, du moins le croyait-il fermement avant d’entendre l’Elfe le rabrouer à la manière d’une mère corrigeant son enfant. Il aurait dû se sentir insulté, et réagir avec l’orgueil qui caractérisait fréquemment les hommes de guerre, prompts à prendre des décisions difficiles, et qui supportaient mal d’être contestés. Il aurait sans doute pu alimenter la flamme qui brûlait en lui, celle de la fierté mal placée qui, se frottant à la réponse abrasive de Namarien, faisait crépiter en son for intérieur des étincelles d’indignation. Quelques flammèches impétueuses plus tard, et ils se seraient retrouvés à débattre sur la nature profonde de la morale et du droit que cette femme avait à le juger.

Il n’en fit rien, cependant.

Les mots restèrent coincés dans sa gorge, serrée de honte. Avait-il sincèrement pensé à abandonner ses hommes à leur sort au sein d’Osgiliath ? Bien sûr que non… tout du moins… pas comme elle pouvait le croire. Il savait que ses chevaliers étaient débrouillards et combatifs, il savait qu’ils pouvaient s’en sortir sans attirer l’attention, alors que les forces obscures qui essayaient de leur barrer la route seraient concentrées ailleurs – à poursuivre Felian et sa compagnie, si réellement ils espéraient les arrêter. Il n’avait jamais souhaité les mettre en danger, certes non… Mais savoir que Namarien l’en croyait capable le révulsait.

Il aurait voulu lui dire qu’elle se trompait sur son compte, qu’il n’était pas le monstre qu’elle décelait en lui, mais il ne trouva pas la force de lui répondre. Il se contenta seulement de baisser la tête, humilié, et d’accepter la réprimande avec contrition. Voir la moindre once de doute dans le regard de cette guerrière experte, qui s’était alliée spontanément à leur cause, le blessait bien davantage qu’il aurait voulu l’avouer. C’était un aiguillon déplaisant, une piqûre de rappel permanente de ce qu’il risquait de devenir s’il ne prenait pas garde à protéger activement et consciemment ses idéaux. Alors qu’ils s’apprêtaient à replonger au cœur de l’action à Minas Tirith, il devait oublier ses réflexes de survivant, et retrouver ceux de chevalier.

Honneur, loyauté, courage.

Il avait encore tout cela en lui, et la peur ne devait pas l’en détourner, au risque de devenir ce qu’il cherchait précisément à détruire. La critique acérée de Namarien le fit chanceler, et il passa une main sur son visage pour essayer de retrouver une contenance. Il était nerveux, cela se voyait. Sous son corps d’adulte, derrière ce masque d’assurance, il était encore un jeune homme qui évoluait dans un monde par trop complexe et violent, essayant péniblement de conserver le cap, et de mener les combats qu’il estimait justes.

- Vous avez raison, Dame Namarien… Je… Je n’avais pas réfléchi.

Il détourna le regard, et fut heureux de constater que Hallbrecht et Karl arrivaient de l’autre côté de la rue, en forme, alertes, et surtout accompagnés du cheval qui portait Thédeor. Celui-ci semblait osciller entre la conscience et l’inconscience, mais il se tenait calme et paraissait ne pas souffrir outre mesure. Les bons soins de l’Elfe avaient fait leur effet, et contribuaient à le maintenir tranquille. Felian salua ses hommes, s’efforçant de ne pas laisser la honte l’envahir alors qu’il se réjouissait sincèrement de les voir revenus.

Conscients que le temps leur manquait, ils mirent en place un plan rapide, et confièrent sa réalisation à Namarien, qui paraissait prête à assumer son rôle sans faillir. Leur objectif était simple : profiter de la cohue et de la diversion que leur offrirait l’Elfe, éviter soigneusement la foule qui s’était réunie autour de cette drôle de caravane, et quitter Osgiliath sans rien demander à personne. Simple, et efficace. Ils se rangèrent derrière l’Elfe comme un seul homme, habitués à être commandés, et la suivirent alors qu’elle marchait en droite ligne vers les Miliciens qui leur barraient la route. Les pauvres n’eurent pas la moindre chance.

Felian, qui se trouvait pourtant immédiatement derrière l’Elfe, eut à peine le temps de voir le geste extrêmement vif et précis, et l’instant d’après la poudre mystérieuse faisait déjà effet. Les hommes reculèrent comme un seul homme, et essayèrent bien de réagir d’une manière ou d’une autre, mais un voile s’abattit soudainement sur leur visage, les laissant hébétés, comme frappés de stupeur. Les chevaliers, totalement stupéfaits – et franchement un peu effrayés – par la puissance et la rapidité de l’effet, mirent un moment à réagir. Leur chef les incita à aller de l’avant, et ils franchirent les portes d’Osgiliath sans rencontrer la moindre résistance, tout en étant conscients qu’il leur faudrait encore un peu de temps avant d’être véritablement hors de portée de leurs adversaires. A pied, ils ne pouvaient pas galoper librement vers Minas Tirith, et ils ne rejoindraient la cité qu’en milieu d’après-midi.

Ils étaient presque tous sortis, quand une voix les appela dans leur dos.

Ils firent d’abord semblant de ne rien entendre, mais l’homme répéta son injonction à s’arrêter, et cette fois ils n’eurent d’autre choix que de se retourner vers lui pour lui faire face.

- Bien le bonjour, noble dame, messieurs.

Ils levèrent la tête pour lui répondre. L’homme était juché sur un superbe cheval bai au large poitrail, taillé pour la guerre. Le cavalier ne portait pas d’armure, mais il était évident au premier coup d’œil qu’il appartenait à l’armée du Gondor. Les brassards finement ouvragés aux armes du royaume, le tabard noir comme la nuit, frappé d’un arbre blanc surmonté d’une couronne… Il avait la tête haute, le regard fier des descendants des Dúnedain du Sud, et les contemplait avec cet air pénétrant qui caractérisait les hommes de son sang.

- Vous quittez la belle cité d’Osgiliath plein d’empressement, permettez-moi de vous demander si tout va bien. Il est rare que l’on voie une troupe de voyageurs aussi hétéroclite partir avec tant de hâte sans qu’ils ne soient confrontés à une quelconque difficulté.

L’homme était calme, assuré, mais ne semblait pas menaçant pour l’heure. Il se contentait d’observer chaque membre de la compagnie tour à tour, guettant leurs réactions en s’efforçant de trouver sur leurs visages un indice. Felian se proposa de lui répondre, en sa qualité de chef, affectant le naturel avec autant d’aisance que s’il avait été contraint de parler une langue étrangère :

- Tout va bien, je vous assure. Nous sommes seulement pressés de nous mettre en route, compte tenu de la situation actuelle, il serait plus prudent pour nous de nous éloigner des zones à risque. Osgiliath n’est plus vraiment sûre, vous comprenez.

Le soldat fit une moue indescriptible, à mi-chemin entre l’approbation et le doute, tandis qu’un voile de tristesse s’abattait sur son visage. Une tristesse qui ne concernait pas Felian, Namarien et les chevaliers. Il reprit ses esprits brusquement, et répondit :

- Certes. L’Anduin n’est plus sûr, et vous ne serez pas les premiers combattants à quitter Osgiliath alors que tous les bras armés sont plus que bienvenus pour assurer la défense de la cité. Cependant vous serez les premiers Chevaliers du Cor Brisé à essayer de se dérober face à un combat…

La surprise fut de taille au sein de la petite compagnie, particulièrement chez Felian. Sa mission était censée être secrète, et la présence d’individus hostiles à leur cause était déjà une surprise en soi. Cet homme-ci semblait connaître leur identité, et ne s’en cachait pas le moins du monde. Était-ce une menace ? Cherchait-il à les retarder d’une manière ou d’une autre ? Ils n’auraient su le dire, mais la tension monta d’un cran chez les hommes, qui firent bloc autour de leur chef, tout en sachant bien qu’ils ne pouvaient pas tirer l’épée et déclencher un combat. Pas ici, pas si près des remparts d’Osgiliath, gardés en permanence par des archers de la Milice qui se feraient une joie de les étriller s’ils se montraient agressifs envers un représentant de l’autorité royale. Le Dúnadan se fendit d’un demi-sourire, et ajouta en se tournant vers Namarien :

- Et vous serez certainement les premiers à vous échapper de la citadelle des étoiles en laissant autant de gardes inconscients dans votre sillage… Je suppose que vous avez une explication, Dame Elfe, pour justifier votre sortie… particulière ? Je suis curieux de savoir pourquoi une immortelle comme vous serait prête à défier les autorités de la Compagnie du Sud d’Osgiliath pour aider ces hommes, au risque d’être accusée de sédition, d’être arrêtée, emprisonnée et jugée par les représentants de Sa Majesté le Haut-Roy Mephisto.

Il croisa négligemment les mains sur le pommeau de sa selle, et attendit les explications avec la patience d’un professeur guettant la réponse de ses élèves.


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Namarien
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Irremplaçables EmptySam 24 Oct 2020 - 11:31
Sans attirer l'attention de quiconque ...... De toute évidence, il semblait que j'avais sous estimé nos adversaires car un cavalier du Gondor venait de nous interpeller à plusieurs reprises alors que nous tentions de fuir le plus promptement possible cette maudite cité qui nous était, de secondes en secondes, de plus en plus hostile....Nous fûmes bien malgré nous obligé de nous arrêter et lui répondre sous peine de subir le courroux  immédiat et meurtrier des archers de la Milice d'Osgiliath. Pris en otage par cette simple et terrible conclusion, nous tentâmes de faire bonne figure et de ne pas paraître plus suspect que nous ne l'étions déjà.

J'observais attentivement le cavalier s'avançait tranquillement au rythme des pas de son magnifique cheval bai. L'homme faisait partie de la race des Dunedain et possédait leur regard à la fois profond et indéfinissable.
Il nous aborda d'une manière calme et presque rassurante mais je ne m'y laissais pas prendre un seul instant : il était tel un serpent qui attend sagement que sa proie commette une seule et minuscule erreur pour attaquer.
Cacher ces véritables intentions sous un manteau trompeur d'amabilité ne l'en rendait que plus redoutable encore à mes yeux.

De plus, j'étais certaine, au vue de sa mise et de son maintien de guerrier dénotant l'expérience et la force tranquille qu'il était un haut gradé de l'armée du Gondor. Ce que j'en déduisis ensuite me déplut encore davantage : il devait nous surveiller depuis un certain temps maintenant voir même depuis le début de l'incident qui a bien failli coûter la vie à la compagnie entière des chevaliers du corps brisé.
Et justement, voici que le pauvre Thedeor, pris de malaise, fait soudain mine de s'effondrer de sa monture . Vive comme l'éclair, je le rejoignais avant même que son corps n'ait le temps de vraiment s'incliner vers le sol.
Il reprit aussitôt contenance et essaya vainement de se tenir droit par lui même mais sans succès. Je le soutint et lui mis une main sur le front pour vérifier sa température et constatais avec soulagement que cette dernière était bien tombée. En revanche, a en juger par les traits crispés de l'homme que c'était la douleur qui avait provoqué son brusque évanouissement.

D'un regard, j'intimais a deux de ses compagnons de le soutenir, le temps que je lui prépare une décoction contre la douleur. Je déposais ma besace et commençais à fouiller dedans tout en suivant d'une oreille distraite la discussion entre Maitre Felian et le mystérieux cavalier. J'achevais vite ma médication voyant que mon patient n'était pas au mieux de sa forme. Je me figeais au moment où le cavalier mentionna le nom de la compagnie prouvant sans aucun doute possible qu'il n'ignorait rien de la présence ni même de leur véritable objectif. La situation devenait de plus en plus critique lorsque ce dernier s'adressa directement à moi en m'interpellant sur le fait que j'avais réduit à l'impuissance plusieurs gardes et, pour faire bonne mesure, me menaça implicitement de représailles.

Grossière erreur de sa part car j'avais une sainte horreur des menaces, d'où qu'elles viennent. Je m'astreignais cependant au calme car je ne pouvais me permettre la moindre anicroche dans ma situation délicate où nous trouvions. Je lui répondis donc d'un ton faussement aimable et froid comme la glace :

- Vous qui pourtant reconnaissiez il y a une minute que votre cité n'était plus très sûre, votre question me surprend .... Vous devriez avoir conscience que la Milice d'Osgiliath n'est plus ce qu'elle était et que, désormais, corrompue et instable, on ne peut se permettre de tergiverser avec elle...... De plus, ses hommes ont été victime d'un malencontreux "accident" en fin de matinée..... Ce qui leur as valut de perdre plusieurs compagnons d'armes et de blesser sérieusement celui ci, terminais-je, en désignant Thedeor d'un signe de la main.

En entendant mes mots, Maitre Felian me jeta un regard désapprobateur auquel je restais parfaitement insensible. Après tout, je n'avais fait qu'établir quelques vérités, certes gênantes mais pas moins valables. Ménager la susceptibilité des uns et des autres n'a jamais été mon fort, je l'admets volontiers, mais je refuse obstinément de me laisser impressionner par un représentant de quelques autorités sois disant suprême. Surtout quand ce fameux roi Mephisto était pour le moment en tout cas, incapable de restaurer et sa ville et l'autorité qui va avec.
Je me souviens précisément ce qui arriva lorsque le roi Thranduil dû restaurer notre chère forêt ravagée par les orcs. Le désespoir et la colère régnait dans le cœur de ses habitants et il fallut de la patience, du travail et beaucoup d'ardeur pour retrouver notre Vert Bois d'autrefois car ces vils créatures y avaient profondément apposé leur marque de laideur, de destruction et semées de nombreux cadavres des nôtres dans leur sillage.

Mon tuteur me raconta un jour où il était assis, tranquillement au coin du feu et moi à ses côtés, que selon lui, les batailles menées aux temps jadis opposant des elfes avaient été encore bien plus terrible à supporter. Je lui demandais alors comment il pouvait tenir ce discours au vue des incommensurables dégâts que nous avions essuyé mais il me coupa la parole en m'affirmant que cette dernière guerre avait au moins le mérite d'être juste car nous luttions tous ensemble contre le Mal en personne alors que l'autre n'était le résultat que de conflits internes entre différents clans elfiques. Elle avait au moins eu le mérite de nous unir sous une seule bannière : celle des peuples libres de la Terre du Milieu luttant sans relâche pour notre survie en ce monde.

Malgré cela, nous avions tous payé un lourd tribut pour notre victoire contre Sauron. À commencer par le Gondor, qui continuait à subir les assauts des orcs même si leur Maitre n'était plus qu'un tas de cendre. Je songeais alors aux récits rapportés par le prince Legolas au sujet de l'héritier d'Isildur : celui ci se serait très certainement retourné dans sa tombe si il avait été témoin de la corruption gangrénant son royaume aujourd'hui.
À la fois exaspérée  et inquiète à l'idée de la suite de l'interrogatoire, je me contentais d'attendre car je ne pouvais décemment rien faire de plus cette fois, car si je disposais encore d'une bonne quantité de poudre hallucinogène, il aurait été suicidaire d'y avoir recours maintenant. En effet, dans l'hypothèse où je réussirai à mettre hors d'état de nuire notre interlocuteur, une volée de flèches nous abattrait aussitôt.
La rage au ventre à l'idée d'être réduite à l'impuissance, je rongeais mon frein et m'exhortait à la patience.
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Ryad Assad
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Irremplaçables EmptyMer 28 Oct 2020 - 13:40


Felian inspira profondément pour se calmer.

La situation ne lui plaisait guère, et son regard alla se perdre négligemment sur les remparts d’Osgiliath. De là où il se trouvait, il ne pouvait pas voir les gardes qui patrouillaient sur les coursives, et qui ne manqueraient pas de les éliminer s’ils tentaient de passer en force. Entre deux eaux, ni tout à fait sortis d’affaire, ni tout à fait prisonniers de la cité fluviale, il avait l’impression d’évoluer sur un fil. En équilibre précaire, la moindre décision pouvait l’entraîner vers une chute aux conséquences désastreuses.

Et voilà qu’un homme de l’armée régulière semblait déterminé à leur faire perdre un temps précieux, sans que ses intentions parussent très claires. La main du chevalier s’était rapprochée de son fourreau, plutôt par réflexe qu’autre chose. Il savait pertinemment qu’il ne pouvait pas s’en sortir simplement à la force de son bras. Cette fois, il devrait se montrer convaincant, et espérer une issue favorable.

- Thédeor !

C’était Karl. Le blessé venait de basculer, et il fallut la réactivité toute elfique de Namarien pour lui permettre de rester en selle et d’éviter de se retrouver au sol, ce qui aurait probablement eu un effet délétère sur ses blessures à peine refermées. Il n’était pas vraiment en état de chevaucher, cela se voyait, et l’officier gondorien s’engouffra dans cette brèche sans attendre :

- Je crains que dans ces conditions, votre homme ne puisse aller très loin. Il tient à peine en selle : est-ce bien prudent ?

Felian fronça les sourcils, et répondit froidement :

- Notre guérisseuse experte nous a assuré qu’il n’y avait aucun danger. Je crains que plus de problèmes ne finissent par émerger si nous restions entre ces murs.

- Comment donc ?

Ce fut Namarien qui répondit. L’Elfe avait un tempérament qui détonait parmi les gens de sa race, et son caractère indépendant couplé à son panache lui donnaient l’aura d’une cheffe respectable que Felian et ses chevaliers ne pouvaient que suivre, sans pour autant l’approuver totalement. Les hommes de la compagnie auraient sans doute préféré ne pas avoir à révéler la nature véritable du danger qui pesait sur eux à Osgiliath. Ils auraient peut-être préféré ne pas proférer d’accusations à l’encontre de la Milice de la Compagnie du Sud, et éviter ainsi de s’attirer le courroux d’un représentant de l’ordre qui pouvait à tout moment décider que cette conversation était terminée et les emprisonner de manière préventive. Felian jeta un regard éloquent à l’Elfe, cherchant à lui faire comprendre que leur mission exigeait de la discrétion et du tact : ils n’étaient pas encore arrivés au cœur du problème qu’ils devaient affronter, et ils ne pouvaient décemment par se tromper de cible.

L’homme regarda longuement Namarien, avant de se mettre à rire discrètement :

- Noble dame, vous avez le mérite de parler franchement, et de ne pas avoir peur de heurter quiconque, je vous reconnais bien ça. Cela pourrait vous jouer des tours, si vous n’y prenez pas garde.

Il mit pied à terre, en signe d’apaisement, une grimace fugace apparaissant sur son visage alors qu’il démontait. Un signe discret d’une blessure pas si ancienne qui le lançait encore. Il résista à la tentation de masser son épaule, et s’approcha de Felian pour lui serrer la main :

- Capitaine Nuril Osenhorn d’Imloth, je seconde le commandant d’Osgiliath.


Le chevalier lui rendit sa poignée de main, méfiant :

- Felian Valdoré d’Anfalas. Vous ne travaillez pas avec la Milice ?

- Certainement pas. Je réponds devant mon officier supérieur, le Général de Minas Tirith, et le Haut-Roy Mephisto lui-même. Se tournant vers Namarien, il ajouta : Croyez-moi, j’ai plus de raisons que vous tous de détester la Milice, mais je sais aussi reconnaître qu’il existe des hommes vaillants partout. Tous ne sont pas aussi corrompus que vous pouvez le penser.

Les chevaliers n’étaient pas encore rassurés. Cet homme mystérieux les connaissait trop bien, et appuyé ainsi par la présence des archers, il les tenait dans la paume de sa main de manière bien désagréable. Felian ne voulait pas se laisser retarder ainsi, et il rétorqua :

- Que voulez-vous, Capitaine Osenhorn ?

- La même chose que vous, chevalier. Permettez que je fasse quelque pas en votre compagnie ?


~ ~ ~ ~


Ils avaient mis une bonne distance entre eux et Osgiliath, désormais. Personne ne les poursuivait, aucune troupe de miliciens ne s’était jetée à leur poursuite, et si d’aventure un tueur avait voulu s’en prendre à eux, il aurait réfléchi à deux fois. La présence d’un homme portant fièrement les couleurs du Gondor n’était pas à prendre à la légère, alors qu’ils se trouvaient entre les deux cités les plus importantes du royaume. Au cœur de l’Anorien, l’Arbre Blanc avait encore une signification. Nuril allait comme ses compagnons, à pied, tenant son superbe cheval par la bride. Ils s’étaient tous enfermés dans un silence pesant, les uns pensant à Minas Tirith qui se rapprochait, les autres pensant à Osgiliath qui s’éloignait, tous songeant à la présence étonnante de ce capitaine qui les renvoyait à ce qu’ils envisageaient de faire… Défier l’autorité du Haut-Roy Mephisto, pour un objectif noble certes, mais tout de même…

- Nous sommes assez loin, Capitaine, finit par lâcher Felian. Point d’oreilles indiscrètes à l’horizon, personne pour vous empêcher de révéler les véritables raisons de votre présence ici. Bien que vous ne nous ayez pas empêché de nous éloigner d’Osgiliath, vous demeurez encore bien mystérieux. Expliquez-vous.

- Vous avez raison, fit l’officier. Je vous dois des explications.

Il s’éclaircit la gorge.

- Le Rammas Echor que vous voyez là-bas est gardé par des hommes de la garnison de Pelargir. La fine fleur de l’armée du Sud, venue en toute hâte prêter main-forte à Minas Tirith dès que la nouvelle que la chute de Cair Andros leur est parvenue. L’officier qui les dirige, le Commandant Chance Mevan, est un homme de bien. Le dernier visage amical que vous rencontrerez avant de pénétrer à Minas Tirith.

- Que savez-vous de notre mission, au juste ?

La question avait du sens, mais peut-être plus encore pour Namarien. La guerrière s’était embarquée dans cette aventure sans trop savoir de quoi il retournait, suivant seulement son instinct et décidant de faire confiance à des hommes qu’elle estimait valeureux et nobles. Cependant, elle aurait pu se tromper sur leurs intentions, et découvrir qu’ils étaient des traîtres à la couronne décidés à commettre un acte irréparable. La présence de ce capitaine était rassurante de ce point de vue : il n’aurait certainement prêté son concours à une telle entreprise.

Sa réponse, toutefois, était particulièrement éclairante :

- J’ai rencontré votre chef… Eradan, fils de Garion, de la lignée de Faramir, l’homme qui détient le Cor Brisé duquel vous vous réclamez. Je l’ai même arrêté, comme je vous ai arrêtés, avant qu’il ne me révèle en désespoir de cause ses réelles motivations. Une corruption qui gangrène le cœur même du Gondor, des ennemis enracinés dans les profondeurs de notre royaume… Le général Cartogan… Il m’a tout appris.

Cartogan était le chef suprême des forces du Gondor, l’un des deux hommes les plus puissants du royaume derrière les membres de la famille de Mephisto. Il avait la charge de commander à toutes les troupes de l’Anorien, et en cas de menace imminente comme c’était le cas à l’heure actuelle, il pouvait placer sous son commandement toutes les forces du Gondor au nom du Haut-Roy. Cependant, ni Felian ni Nuril ne prirent la peine de préciser leur pensée, comme si les choses étaient entendues entre eux, comme s’ils se refusaient à aborder à haute voix un secret si sombre et si terrible qu’il pouvait faire vaciller l’équilibre de leur monde. Laissant involontairement Namarien dans le flou, il reprit :

- Eradan m’a confié qu’une compagnie de ses plus fidèles combattants devaient le rejoindre, commandée par vous-même, seigneur Valdoré. Il m’a demandé de vous assister dans votre tâche, de m’assurer que vous ne rencontreriez aucune difficulté avec la Milice. J’ai pris soin de placer des hommes de confiance à des postes stratégiques, pour m’assurer qu’ils vous faciliteraient le passage. Je ne pensais pas qu’on attenterait à votre vie ici, cependant, ni que vous choisiriez de me compliquer la tâche en assommant les mêmes hommes que j’avais positionnés pour vous assister.

Il partit d’un petit rire léger et se tourna vers Namarien :

- Ils vous en voudront un peu à leur réveil, mais je connais les effets de tels produits, et je sais qu’ils s’en remettront vite. Je vous remercie d’avoir épargné leurs vies. Ce sont des hommes dignes de confiance, ceux dont le Gondor aurait besoin en plus grand nombre.

Felian écoutait avec attention les paroles de Nuril, comprenant que des forces étaient à l’œuvre, certaines pour les ralentir et leur barrer la route, d’autres au contraire pour les aider à accomplir leur tâche. Ce capitaine du Gondor faisait-il partie des alliés de leur cause, comme il le prétendait ? Comment aurait-il pu en savoir autant à leur sujet, sinon ?

- Vous allez nous aider à pénétrer à Minas Tirith, Capitaine ? Demanda Felian.

- J’ai bien peur qu’il soit impossible pour moi de pénétrer dans la cité. En tant que membre de la garnison d’Osgiliath, je ne suis pas habilité à entrer dans Minas Tirith. Pas davantage que les troupes de Pelargir, qui stationnent dans des conditions difficiles derrière le Rammas Echor, sans que je sache très bien comment une telle aberration a été rendue possible. J’étais…

Il hésita :

- J’étais… absent… ces derniers temps… Je n’ai pas vu le Gondor basculer dans la guerre et la souffrance. Je n’ai pas vu Cair Andros tomber, ni l’Anorien devenir un enfant tremblant au moindre frémissement. Quand je suis revenu de… de mon voyage… j’ai compris que quelque chose avait changé au Gondor. Les sujets du roi, inconscients de ce qui se trame, croient encore que ce sont des Orientaux du Rhûn qui se sont emparés de Cair Andros. Ils croient encore que c’est à cause d’eux que Minas Tirith est condamnée… Ces deux affirmations, croyez-le, ne recèlent pas un brin de vérité. J’ignore ce qui se trame derrière les murs de la Cité Blanche, mais pour l’avenir du Gondor, ce royaume que nous aimons tous, vous devez le découvrir.

Chacun laissa ces paroles retomber, comme une menace invisible sur leur futur. Mensonges et pouvoir ne faisaient jamais bon ménage, au point que dans le ton de Nuril on décelait une crainte sincère et inquiétante. Cet homme, qui avait juré de servir le Gondor, était si préoccupé par la situation de son royaume qu’il était prêt à s’associer avec des individus qu’il aurait dû appréhender, simplement pour découvrir la vérité. Que savait-il qu’il ne voulait pas révéler ? Que décelait-il qu’il n’osait formuler ? Son silence était plus effrayant encore que s’il leur avait dit clairement quelles étaient ses craintes.

- Quelle assistance pouvez-vous nous offrir, Capitaine ? Nous ne savons pas ce que nous allons rencontrer en entrant à Minas Tirith. Toute aide sera la bienvenue.

- Je vais vous confier à la personne en qui je place toute ma confiance. Je ne peux hélas rien faire de plus dans ma position, et croyez bien que j’aurais préféré n’importe quelle autre solution, si cela avait été possible.


~ ~ ~ ~


Le Rammas Echor se dressait devant eux, immense et imposant, et pourtant bien moins impressionnant que les histoires et les légendes le décrivaient. Le mur d’enceinte d’Anorien, dernier rempart avant Minas Tirith, était une construction humaine tout à fait incroyable qui, à son heure de gloire, faisait la fierté des Gondoriens. Avec le temps, cependant, les fissures étaient devenues de brèches quand plusieurs sections du mur s’étaient effondrées. On en avait réparé certaines, mais pour la plupart elles avaient été simplement barricadées avec des planches et des pieux que des hommes de la garnison de Pelargir surveillaient diligemment. Ils étaient jeunes et las, terrassés par la chaleur écrasante qui s’abattait sur leurs lourdes armures, fatigués d’être ainsi loin de chez eux, et d’attendre un ennemi qui n’avait pas montré le bout de son nez depuis la prise spectaculaire de Cair Andros en une seule nuit d’intenses combats.

Tout était calme, sur l’Anduin, à présent, et leur vigilance s’émoussait.

Ils firent toutefois un accueil digne de ce nom à la compagnie, entourant le Capitaine Nuril qui s’était proposé d’entamer les discussions pour leur faciliter l’accès à la cité. Felian, qui était demeuré un peu en arrière, s’était rapproché de Namarien. C’était la première fois depuis qu’ils avaient croisé le Capitaine qu’il pouvait avoir un mot en privé avec elle, et il lança à voix basse :

- Dame Namarien, comme vous le constatez, la situation est devenue passablement complexe. Je vous avais promis un paiement dès que nous aurions quitté les murs d’Osgiliath, et je tiendrai parole. Vous avez honoré votre peuple, et la vie de Thédeor est désormais sauve grâce à vos bons soins.

Il marqua une pause, observant la discussion entre Nuril et un homme de la garnison de Pelargir. De toute évidence il y avait négociation.

- Aujourd’hui, vous en savez beaucoup sur notre mission, et quoique cela m’inquiète, je considère que vous êtes une alliée de la cause, une amie du Cor Brisé, et que vous ne nous trahirez pas. Lorsque nous aurons franchi le Rammas Echor, il n’y aura plus de retour en arrière possible, et je ne tiens pas à vous impliquer outre mesure dans une entreprise qui s’annonce dangereuse et indigne de vous. Vous avez déjà pu constater la résolution de nos ennemis, et vous devinez celle qui nous anime. Je peux imaginer que vous avez une piètre image de notre combat, et de moi-même, sachez seulement que nous valons mieux que ce que nous avons pu vous montrer aujourd’hui.

Il s’inclina brièvement, plein de gratitude :

- Merci de nous avoir préservés jusqu’ici, et merci d’avoir su faire preuve d’indulgence face à mon inexpérience. Voici la récompense qui vous était promise, qu’elle vous permette de vous rendre là où votre noble cœur vous conduira.

Il tendit une bourse bien pleine, remplie de pièces sonnantes et trébuchantes : une somme rondelette pour tout au plus quelques heures de travail. Comme Namarien semblait hésiter, il lui prit délicatement la main, et déposa le petit sac d’or au creux de sa paume.

- Vous l’avez bien méritée.

Il lui adressa un sourire encourageant, comme un fils essayant de convaincre sa mère que tout irait bien, et qu’il reviendrait sain et sauf de la guerre. Une guerre inégale, entre une poignée de jeunes fous idéalistes, et des adversaires déterminés, puissants et de toute évidence assez influents pour faire s’abattre sur leur crâne toute la furie de l’armée du Gondor. Ils avaient toutes les chances de mourir, de cette mort humaine que les Elfes ne connaissaient pas, et pourtant ils semblaient animés par une foi ineffable dans leur cause.

- Chevaliers, fit soudainement Nuril. La voie est libre, venez donc.

Felian hocha la tête, et serra les deux mains de Namarien dans les siennes :

- J’ai eu plaisir à vous rencontrer, ma Dame. Si un jour vous deviez croiser ma sœur, Aliénor… dites-lui… dites-lui de rentrer à la maison…

Cela ressemblait étrangement à des adieux.


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Irremplaçables EmptyVen 30 Oct 2020 - 22:47
Je savais fort bien que la diplomatie et le tact n'était naturellement pas mon fort excepté lorsque que je décidais de réfréner mon caractère fougueux et entêté, ce qui n'arrivait pas souvent, il faut en convenir. Mais d'un autre côté, il est nécessaire de parfois briser un tabou où un non dit que la bienséance et l'éducation reçue par nos parents, nous interdit habituellement d'enfreindre, afin de résoudre un problème et de chercher conjointement une solution. J'étais bien consciente que les hypocrites s'en sortaient généralement bien mieux que la plupart des gens en choisissant de ne rien dire et d'être les complices silencieux d'une société injuste et arbitraire. Je n'ignorais pas non plus que cela m'aurait rendu de grands services par le passé, de rentrer dans le rang, d'étouffer mes opinions et mes différences et d'obéir aux ordres comme une brave petite soldate bien dressée.... Sauf que c'était en brisant les règles et les conventions que, durant la guerre j'étais parvenu à sauver mon tuteur, celui qui m'avait élevé, éduqué, donner un toit et de l'amour.

Un jour que la bataille faisait rage à Dol Guldur, nous étions cernés par des orcs de tout côtés , il fut pris en otage par plusieurs d'entre eux. Son supérieur hiérarchique, qui le détestait car il avait une grande influence sur le roi Thranduil, qui écoutait régulièrement ses conseils, ne vit dans l'atroce situation de mon tuteur, le moyen idéal de se débarrasser de lui sans laisser de traces et refusa de le secourir de quelques manières que ce soit, arguant du fait qu'il était très certainement déjà trop tard et qu'on ne pouvait malheureusement plus rien entreprendre pour le tirer d'affaire.
Écœurée et furieuse, au delà de tout ce que je n'avais jamais ressenti auparavant, je me résolu à me sauver et toute seule si il le fallait.
Heureusement, je pus compter ce jour là sur l'appui inconditionnel de mon meilleur ami  Finlen. Grâce à lui, nous pûmes rassembler plusieurs dizaines d'hommes ( après tout, il était le fils d'un des généraux les plus importants de Thranduil ).
Nous montâmes une expédition et parvînmes à récupérer mon tuteur, au nez et à la barbe d'orcs, pris au dépourvu et incapable de résister aux effets foudroyants de mon champignon spécial hallucinogène.

Je reviens sur terre quand le capitaine Nuril, car tel était son nom, descendit de son cheval en signe d'apaisement et je ne pus m'empêcher de remarquer, mes réflexes de guérisseuse ont la vie dure, qu'il grimaça légèrement à cause, probablement, d'une blessure ancienne qui le lançait. Je fus agréablement surprise lorsqu'il nous assura ne pas travailler de concert avec la Milice, qu'il disait détester cordialement. Il ajouta ensuite à mon intention que tout les hommes n'étaient aussi corrompus que nous l'avions cru au premier abord. Bien que toujours méfiante, j'étais aussi curieuse à l'idée d'entendre ce qu'il avait à dire.

Je me sentais désormais bien plus à l'aise, maintenant que nous étions parvenu hors de portée de tirs des archers d'Osgiliath. Tandis que Maître Felian et le capitaine du Gondor, j'en appris enfin davantage sur les véritables projets des chevaliers du cor brisé. Je m'attendais à un enjeu élevée et crucial mais je restais stupéfaite malgré tout devant l'ampleur des révélations qui m'étaient indirectement faites. Tout s'éclairait à présent sur les raisons de l'interpellation du capitaine Nuril. Si celui avait arrêté le chef ( se nommant Eradan, fils de Garion de la lignée de Faramir), qui en désespoir de cause lui avait tout révéler sur leur objectif de m'être en d'état de nuire un grand général du Gondor, apparemment corrompu. Toutes ces révélations ne firent de toute manière, que renforcer ma détermination à assister mes compagnons du mieux que je pouvais pour la réussite de leur quête de justice : ce général Cartogan me rappelant un peu trop celui qui avait tenté de se débarrasser de mon tuteur, le considérant tel un simple gêneur dans sa poursuite effrénée et avide du pouvoir.

Puis, le capitaine Nuril s'adressa à moi d'un air amusé en me précisant que la drogue que j'avais utilisé, apparement sur ses propres hommes, ne lui était pas inconnu. Je songeais, un instant dépitée, que si j'avais disposé de l'information plus tôt, j'aurais pu éviter de m'en servir inutilement. Puis, un détail me mis la puce à l'oreille et je questionnais l'homme d'un air surpris:

- Puis-je vous demander Capitaine si l'un de vos ancêtres à déjà combattu avec les miens au temps jadis ? Car il me semble que c'est le seul moyen pour que vous connaissiez l'existence de ce champignon si particulier.

La conversation se poursuivant entre les deux hommes, je fus frappée par la sournoiserie et l'intelligence de ce général, capable contre toutes attentes de faire circuler de fausses rumeurs parmi la population gondorienne pour mieux s'attirer leurs bonnes grâces . Rejeter la faute sur les peuples orientaux étaient aussi simplistes que brillants car, autrefois alliés à Sauron, personne n'aurait songé à prendre leur défense, bien au contraire. Exaspérée, je songeais aux propres souffrances d'un de mes compagnons mercenaires. Oriental de naissance, ce n'est pas pour autant que les horreurs que lui avait fait subir la Guilde des ombres étaient justifiables. Les peuples libres de la Terre du Milieu étaient par moment un peu trop portés sur les raccourcis racistes, à mon goût et ce général corrompu savait parfaitement comment les manipuler en se servant de leurs pires travers pour mieux les retourner contre eux.

Pendant le temps que nous mimes à nous rapprocher de Minas Tirith, le capitaine Nuril nous fit la promesse de nous confier aux bons soins d'un homme de confiance qui saurait nous faire passer sans encombre le barrage des gardes de la citadelle. Barrage qui ne me parut guère impressionnant si j'en jugeais par la langueur plus que douteuse des hommes qui semblaient littéralement suffoquer sous leurs lourdes et imposantes armures de fer. C'est là que Maitre Felian choisit de me prendre à part afin de me régler ce qu'il me devait. J'eu un bref mouvement d'hésitation avant qu'il ne me remette une bourse rondelette à souhait entre les mains. Avant que je n'ai pu dire quelque paroles, il me remercia chaleureusement pour mes services en me renouvelant sa confiance et ayant l'assurance que je garderai secret tant l'objet de sa quête et que sa quête en elle même. Il semblait vraiment croire que j'allais tout simplement me retirer et partir en me parlant de sa prétendue sœur Alienor, pour qui il éprouvait un amour sincère et profond. À l'instant même où il allait me quitter je le retins en déclarant d'un ton péremptoire :

- Maitre Felian, il semblerait que vous soyez décidé à choisir à ma place où je devrais me rendre et avec qui. Laissez moi vous dire que vous ne vous débarrasserai pas si facilement de moi et que je compte bien continuer à vous aider à atteindre votre objectif de traîner en justice cet infâme général Cartogan. De plus, si je puis me permettre, vous ne savez pas encore tout ce qu'il y a à connaître à mon propos. Comme je n'ai pas encore eu l'occasion de vous le révéler jusqu'ici, je le fais donc maintenant : je fais partie d'une compagnie de mercenaire qui vend ses services aux plus offrants. Cela peut vous paraître peu honorable voir douteux mais sachez que je sélectionne toujours avec beaucoup d'attention, mes futurs employeurs. Et comme vous correspondez tout à fait à mes critères, je resterai avec vous et vos hommes jusqu'à ce que j'en décide autrement, ne serait ce que pour Thedeor, pour qui je dois assurer la rééducation de sa jambe.

Rendu muet et la bouche grande ouverte par l'effet de mes paroles, Maitre Felian n'eut aucune réaction, du moins pas immédiatement, ce qui me permit d'avancer sans plus attendre, vers les portes de Minas Tirith.
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Ryad Assad
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Felian était heureux de voir que le capitaine Nuril semblait être un homme digne de confiance. Il avait foi dans le courage des gens de Gondor, mais il devait admettre que récemment, de nombreux doutes avaient été jetés sur la probité des hommes de son peuple qui semblaient particulièrement enclins à sombrer dans la corruption et à se laisser tenter par les propositions séditieuses. Il y avait d’abord eu la sinistre affaire de Pelargir, et désormais voilà qu’on faisait appel à lui pour lutter contre un mal insidieux qui se serait emparé de Minas Tirith elle-même. Rencontrer des âmes honorables dans ces circonstances était un réconfort : il restait encore quelque chose à sauver de leur royaume.

Le chevalier ne pouvait s’empêcher, cependant, de ruminer de sombres idées. Il ne se souvenait que trop bien comment s’était terminée sa dernière mission, et à en juger par la tournure que prenait celle-ci, il envisageait le pire. Combien de braves devraient mourir pour qu’enfin la paix revînt sur le vieux royaume ? Beaucoup trop, sans doute. Cependant, si la vie d’un chevalier pouvait sauver celle d’un innocent, alors il se ferait une joie d’offrir son existence en sacrifice, et de prouver à tous ceux qui en doutaient que la bravoure et la noblesse d’âme du Gondor ne s’était pas éteinte aux temps d’Elessar. D’aucuns vivaient encore en suivant son exemple, et en honorant son courage légendaire.

Il était difficile de juger Nuril après si peu de temps, mais il semblait être de ceux-là. Un serviteur de la cause, qui aurait pu de mille manières les conduire à la mort, mais qui pourtant semblait déterminé à les assister. Cependant, pour lui faire confiance totalement, Felian avait besoin de le connaître davantage, de lui parler pour éprouver sa personnalité, et ne pas se laisser abuser. Il laissa Namarien poser la première question, et guetta soigneusement la réponse du capitaine, qui se fendit d’un sourire amusé :

- Il est certain que la famille Osenhorn d’Imloth a fourni de braves lames dans les guerres des temps passés, mais ce n’est pas par ce biais que je connais vos méthodes, Dame Elfe. J’ai eu la chance de voyager dans les royaumes elfiques, et de m’entretenir avec certains représentants éminents de votre race.

- Vous avez voyagé jusqu’à Vertbois ? Demanda Felian, partagé entre une curiosité sincère et son désir d’enquêter.

- Jusqu’en Lórien, répondit l’intéressé, auprès de maître Hyaril. Peut-être le connaissez-vous, noble dame, ou peut-être vous Sire Felian ?

Ce dernier fit « non » de la tête. Hyaril n’était effectivement pas un nom particulièrement connu en-dehors de la Lórien, sauf de quelques initiés avec qui il entretenait une correspondance régulière et particulièrement riche. Des Hommes, des Elfes, tous nobles de sang et de cœur, qui partageaient ses idéaux et sa vision du monde. Nuril ne jugea pas utile de révéler toutes ces informations à ses interlocuteurs, préférant revenir au sujet qui les intéressait présentement, la question de leur mission périlleuse au sein de Minas Tirith. Cependant qu’il négociait le passage du Rammas Echor, Felian et Namarien prirent le parti de discuter du paiement de celle-ci, au cours d’une conversation qui ne tourna pas exactement comme l’avait pensé le jeune chevalier.

Pris de court par la personnalité impétueuse de l’Elfe, et son tempérament prompt à l’action plutôt qu’à la discussion, il ne put s’empêcher de lâcher un sourire sitôt qu’elle eût le dos tourné et qu’elle prit la direction de Minas Tirith. Même au regard des standards de son peuple, elle n’était pas banale, et sa détermination à les aider était aussi louable que l’était sa volonté de protéger la santé de Thédeor. Une telle alliée était une bénédiction dans ces circonstances, et il ne cacha pas le sourire de satisfaction qui vint égayer son visage jusqu’alors soucieux. Cette guerrière lui plaisait.

Ils franchirent donc sans difficulté le Rammas Echor, pénétrant dans le Pelennor, un des endroits les plus sacrés du Gondor, où régnait toujours une agitation fébrile entre sérénité et inquiétude, selon les périodes. D’ordinaire, les fermes et les hameaux étaient peuplés de travailleurs acharnés qui donnaient leur temps et leur sueur à la terre en échange de ses fruits, indispensables à la survie de Minas Tirith et d’Osgiliath. Les fermiers saluaient volontiers les passants, négociaient quelques bibelots contre des produits de l’artisanat local, et offraient le gîte et le couvert à ceux qui n’avaient pas les moyens de résider dans la capitale. Aujourd’hui, tout était différent. Les fermes étaient désertes, pour la plupart abandonnées depuis les premiers jours de l’offensive orientale. Le peuple d’Anorien avait trouvé refuge dans les grandes forteresses de pierre blanche, et n’était plus ressorti depuis. Il faudrait du temps pour désherber les champs livrés à la nature, et en faire de nouveau des terres cultivables dont le Gondor pouvait être fier.

- C’est désormais la garnison de Pelargir qui occupe le Pelennor, expliqua Nuril. Je vais vous conduire auprès du commandant Mevan, qui dirige ces hommes. Grâce à lui, je ne doute pas que vous parviendrez à entrer sans mal dans la cité.

Ils prirent la direction d’une tente un peu à l’écart du reste, gardée par deux soldats en faction. Nuril salua, expliqua leur situation brièvement, et finalement la petite compagnie fut autorisée à déranger l’officier supérieur qui dirigeait les opérations ici. Felian connaissait Mevan de réputation, mais il s’était attendu à rencontrer un homme plus âgé et plus mûr. Le commandant des troupes de Pelargir semblait encore jeune, même si l’expérience se lisait sur ses traits.


- Bonjour Capitaine Osenhorn, bonjour à tous. Que puis-je faire pour vous ? Fit-il en se levant de son siège.

Il était installé de manière assez rudimentaire, ce qui convenait de toute évidence à son caractère. Il avait l’air simple et franc, et bien qu’il eût pris sur lui pour acquérir les codes et les us que son rang exigeait, il était évident à un œil avisé qu’il n’était pas noble. Felian et Nuril, tout deux de haute extraction, ne s’y trompaient guère. Cependant, cela rehaussait quelque part le prestige de cet homme issu du commun, qui avait su s’élever à la force de son bras et par sa valeur morale. Choisi personnellement par le Premier Conseiller de Pelargir pour occuper cette fonction cruciale, il semblait avoir encore un peu de mal à endosser les responsabilités qui étaient les siennes.

- Bonjour, mon commandant, répondit Nuril poliment. Je vous présente le chevalier Felian Valdoré d’Anfalas, ainsi que ses compagnons et Dame…

Il ne connaissait pas le prénom de l’Elfe, et il choisit de la laisser se présenter elle-même. Il était préférable dans ce cas de laisser les gens révéler ce qu’ils souhaitaient révéler d’eux-mêmes, et de leurs motivations. Ayant achevé de donner la parole à l’Elfe, il reprit :

- Ces braves hommes cherchent à entrer à Minas Tirith, pour une affaire de la plus haute importance. De sinistres rumeurs circulent, et l’armée est impuissante à enquêter au sein de la capitale. Ni vous ni moi ne savons rien de ce qui se trame derrière les remparts de Minas Tirith. Maître Felian et sa compagnie se proposent de tirer les choses au clair.

Nuril avait choisi de ne point trop en dire au sujet des véritables intentions des chevaliers, ce qui n’échappa aucunement à Felian. Ce dernier choisit de ne rien ajouter pour appuyer le propos du capitaine, laissant le commandant leur répondre sur un ton désolé :

- J’ai bien peur de ne pouvoir accéder à votre requête, capitaine. Il est certain que vous n’entrerez jamais ainsi armés à Minas Tirith : les directives du Général Cartogan étaient strictes avant la crise, elles sont draconiennes désormais. Tous ceux qui entrent à Minas Tirith doivent le faire sans armes.

Felian ne cilla pas le moins du monde. Il était parfaitement au courant de la situation, et il n’avait pas prévu de pouvoir emporter son épée et sa dague à Minas Tirith. Toutefois, ce n’était pas la seule nouvelle désagréable que le commandant leur réservait, et il reprit :

- En outre, j’ai reçu de nouvelles directives ce matin-même. En raison de troubles dans la cité, les entrées – qui étaient déjà strictement contrôlées auparavant – sont désormais interdites à l’exception des fonctions essentielles. Maître Felian, pardonnez-moi de vous le dire, mais vous et vos compagnons ne ressemblez guère à des guérisseurs… Je peux bien formuler une requête spéciale auprès du Général pour vous donner accès à la Cité Blanche, mais vous connaissez la lenteur proverbiale des autorités militaires de Minas Tirith…

Un brin de découragement passa chez les Chevaliers du Cor Brisé. Ils avaient pensé affronter des difficultés, naturellement, mais les perspectives que leur offrait le commandant Mevan n’étaient pas réjouissantes. Ils n’avaient aucun moyen crédible de faire croire qu’ils étaient des guérisseurs, une des rares professions que l’on acceptait encore en grand nombre à Minas Tirith, ce qui alimentait les rumeurs les plus folles. Une compagnie entière de guerriers, bien bâtis et athlétiques, ne tromperait certainement pas la vigilance des gardes de la Grande Porte, qui se montraient particulièrement zélés ces derniers temps. Même Nuril paraissait ne pas savoir comment réagir à une telle nouvelle. Devant le silence général, il finit par couper court à cette entrevue :

- C’est une triste nouvelle, mon commandant, mais nous allons réfléchir à une solution pour ces hommes. La sécurité du Gondor en dépend. Nous ne souhaitons pas vous retenir plus longtemps, vous devez être très occupé.

- En effet, capitaine. Je suis à votre disposition, et si vous trouvez une idée pour faire entrer ces hommes à Minas Tirith, n’hésitez pas à revenir me voir. Je suis au moins aussi inquiet que vous. En attendant, vous pouvez profiter de l’hospitalité des Otharrimion de Pelargir. Mon aide-de-camp vous fera distribuer tentes et rations pour la nuit.

Felian s’inclina bien bas. C’était bien tout ce que pouvait leur offrir le commandant Mevan pour l’heure, et ils se devaient de l’accepter gracieusement, car chaque bouchée de pain qu’il prendraient serait directement prélevée sur les quantités prévues pour ses propres hommes. La générosité de l’officier paraissait limitée, mais c’était en réalité un véritable geste d’amitié. Alors qu’ils s’apprêtaient à s’éclipser, cependant, Mevan lança :

- Ma Dame, puis-je avoir un mot en privé, s’il-vous-plaît ?

Les Chevaliers se regardèrent, interloqués, mais ils n’avaient pas le pouvoir de s’opposer à un commandant de l’armée du Gondor, et bien malgré eux ils furent contraints de laisser Namarien derrière. Felian lui lança un regard de soutien, celui d’un homme qui serait prêt à se jeter face au danger pour la protéger si nécessaire. Il savait qu’elle ne courait aucun danger ici, en présence de cet homme que Nuril lui avait présenté comme un ami, mais l’idée de la savoir seule le mettait tout à coup mal à l’aise. Mevan ne sembla pas remarquer cet échange silencieux, et remercia d’un signe de tête l’Elfe d’avoir accepté :

- Pardonnez mes manières, mais je souhaitais vous poser une question personnelle avant que vous partiez, et je n’ai pas trouvé d’autre moyen.

Il haussa les épaules. Il avait l’air las, soucieux, préoccupé par la pile de documents qui s’amoncelait sur son bureau de fortune et qu’il devait traiter. Des ordres, des contre-ordres, des plaintes, des rapports, des doléances, les siennes, celles de ses hommes qui voulaient savoir combien de temps ils resteraient ainsi loin de chez eux, et pourquoi on ne les autorisait pas à prendre leurs quartiers dans Minas Tirith… Tant de choses qui pesaient sur ses épaules, et pourtant il ne savait rien de tout ça, et des décisions qui étaient prises au sommet de la hiérarchie.

Sa question, toutefois, n’avait aucun rapport avec ces préoccupations bien légitimes.

- Le nom de « Lithildren » vous dit-il quelque chose ?

Il n’ajouta rien, se contentant de guetter les réactions de l’Elfe avec attention.


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Irremplaçables EmptyMar 3 Nov 2020 - 23:01
La réponse du capitaine Nuril me laissa songeuse et surtout désireuse d'en apprendre davantage sur cet homme dont je me méfiais tant, pourtant, quelques heures plus tôt.
Mais j'abandonnais là mes réflexions pour pénétrer dans le Rammas Echor dont la spiritualité et le caractère sacré était pour l'heure occultés par l'installation de la garnison de Pelargir. L'endroit, autrefois peuplé de fermiers, vivant de leur dur travail de la Terre était maintenant désert et dégageait une impression de désespoir et d'abandon. Les fermes abandonnées donnaient le sentiment que la vie était comme suspendu à un fil et qu'elle pouvait reprendre d'un instant à l'autre, sous notre nez, sans que l'on y prit garde. Le lieu portait également les traces du passage en force des orientaux avec quelques portes branlantes et pendant lamentablement sur leurs gonds. La population, partie se réfugier derrières les murailles solides de Minas Tirith, se croyant en sécurité à l'intérieur de la cité, n'avait en réalité aucune idée qu'un complot interne, d'une terrible envergure, allait bientôt menacer leur vie si on en stoppait pas très vite ce général Cartogan.

Je repensais au roi Mephisto, et me demandais quelle était sa position au sujet de cette affaire? Quel camp choisirait-il le moment venu? Allait-il faire jeter en prison mes compagnons et moi même pour ensuite tous nous faire taire de manière définitive ? J'espérais de tout mon cœur que ce ne serait pas le cas mais, en mon fort intérieur, le doute persistait. La seule chose dont je pouvais être sûre c'est que je ferai tout ce qui était en mon pouvoir pour empêcher que le pire arrive. Le reste était entre les mains du destin. Juste avant de rentrer dans une tente, placée à l'écart et garder par deux gardes, je sentis une main tremblante se poser sur mon épaule. Je me retournais pour découvrir avec stupeur Thedeor, soutenu par deux de ses compagnons, qui tentait péniblement d'attirer mon attention. Soucieuse, je crus tout d'abord qu'il souhaitait que je lui administre une nouvelle dose d'anti douleurs sauf que, malheureusement, il était encore trop tôt pour cela. Lui en donner davantage serait mettre sa vie en danger et il était hors de question de prendre ce risque.
Le chevalier finit par trouver la force de s'exprimer en balbutiant qu'il me serait éternellement reconnaissant des soins que je lui avais si généreusement prodigué, pour reprendre ses propres termes, et qu'il demeurerait à jamais mon plus fidèle et dévoué serviteur. Le tout sur un ton si sérieux et solennel que je fus tenté d'éclater de rire. Mais je me retins, par respect envers cet homme qui tenait simplement à m'exprimer sa profonde gratitude. Lui souriant avec gentillesse, je lui affirmais que ce n'était rien et que j'aurais soigné n'importe qui d'autre avec autant d'application car telle était ma mission de guérisseuse.
Après quoi, je conseillais à ses compagnons de trouver un endroit où il pourrait s'assoir en attendant que l'entretien avec l'officier soit terminé.

Je pénétrais ensuite dans la tente en compagnie de Maitre Felian et du capitaine du Gondor afin de rencontrer celui qui pourrait nous autoriser à franchir les murs de Minas Tirith. Il se nommait Mevan et était commandant de la garnison de Pelargir. J'observais cet homme, en face de nous, qui me semblait trop jeune pour occuper une aussi haute fonction mais dont le regard dénotait sans peine l'expérience et la sincérité . Il était assis derrière un bureau rudimentaire de bois grossier sur lequel s'empilait nombre de dossiers et de papiers en tout genre. L'amatrice de lecture en moi exultait à la vue de tout ceci car il y avait de longs mois maintenant que je n'avais pu ne serait-ce que contempler un ouvrage fusse-t-il aussi rébarbatif et ennuyeux qu'un rapport militaire. En effet, c'est comme cela que mon tuteur avait découvert mon goût immodéré pour les livres. Lassé de me retrouver à dévorer les dossiers dont il était en charge et qu'il ne retrouvait plus vu que je passais mon temps à les semer à travers notre maison, il demanda pour moi un accès à la bibliothèque royale que Sa Majesté Thranduil lui accorda, quoiqu'un peu surpris que ce soit pour une enfant aussi jeune. Je pus alors dévorer, pour mon plus grand bonheur, tout les ouvrages qui me tombait sous la main et au grand désespoir de mon tuteur qui finalement, au lieu de chercher ses dossiers, du venir me récupérer tout les soirs à la bibliothèque, car j'avais beau lui promettre à maintes reprises de rentrer pour les repas, j'oubliais systématiquement l'heure une fois plongé dans la lecture.

Je revenais sur terre juste à temps pour entendre le capitaine Nuril me laissait la parole pour me présenter car il ignorait mon nom. Je m'exécutais donc en déclinant mon identité, sans trop en révéler car j'ignorais jusqu'à quel point le commandant Mevan se révélerait digne de confiance où non:

- Je me nomme Namarien de Mirkwood et je suis guérisseuse de mon état. J'ai rencontré ces hommes juste après un tragique accident qui coûta la vie à deux de leurs compagnons mais je pus prodiguer des soins à l'un d'entre eux. Depuis je les accompagne pour m'assurer qu'il se remette correctement de sa blessure.

Je laissais ensuite le soin au capitaine Nuril d'expliquer le pourquoi de notre venue. Désappointée, tout autant que les compagnons d'ailleurs, je sentis au fil de la conversation que notre projet s'annonçait encore bien plus ardu que prévu à cause de ce tristement célèbre, général Cartogan qui interdisait jusqu'à nouvel ordre toutes entrées dans la cité, excepté pour les fonctions essentielles comme la mienne où du moins sous laquelle je m'étais présentée..... mais je ne pouvais rentrer seule en Minas Tirith à moins que je ne puisse en sortir rapidement après avoir glaner des informations.... Malgré que ce plan ne me paraissait guère réalisable je me promis néanmoins d'en toucher deux mots à Maitre Felian, plus tard et à l'abri d'éventuelles oreilles indiscrètes. Ce qui me préoccupait aussi énormément, c'était le fait d'être désarmé, comme si ce général était au courant où du moins soupçonnait quelques complots se tramant à son égard....

Alors que l'entretien prenait fin sur la promesse de Mevan de nous fournir tentes et vivre pour la nuit, ce dernier formula la requête, somme toute incongrue et étrange de me parler en privé. Comme je n'avais aucune raison de refuser, je donnai mon assentiment d'un signe de tête et attendit que mes compagnons quittent la pièce ( Maitre Felian me lança un regard de soutien en partant et je lui sourit brièvement en réponse, lui signifiant ainsi que tout irait bien ).
Une fois que nous fûmes seules, le commandant s'excusa du caractère inattendu de sa démarche et je lui assurais que je n'en était nullement offensée juste surprise, il m'interrogea au sujet d'une elfe qui m'était totalement inconnue, se prénommant Lithildren:

- Je suis navrée de ne pas pouvoir vous être d'une quelconque utilité, commandant, mais jusqu'à ce vous mentionnez son nom, cette elfe m'était totalement étrangère. Mais pourquoi donc me posez vous cette question?
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Irremplaçables EmptyJeu 12 Nov 2020 - 16:32

Namarien avait pris soin de se présenter comme étant une guérisseuse, un élément qui pourrait se révéler particulièrement utile pour la suite s’ils souhaitaient convaincre le commandant Mevan de les assister. Felian appréciait grandement l’inventivité de l’Elda, sa capacité à s’adapter aux situations de manière fluide, sans mettre en péril la mission d’importance qu’il devait accomplir. Il lui jeta un bref regard, comme pour lui faire comprendre que c’était là une excellente initiative. Il fallait dire que la renommée des guérisseurs elfiques n’était plus à faire, et qu’elle pouvait sans le moindre doute tromper des gardes qui n’y connaissaient rien, et qui seraient étonnés par ses qualités médicales. Tromper la redoutable Dalia de Ronce, qui dirigeait les Maisons de Guérison, serait une autre histoire, mais n’y étaient pas encore. S’ils avaient la chance d’en arriver là, parfaire leur couverture serait le dernier de leurs soucis.

Cependant, malgré l’habileté du chevalier et de l’Elfe, malgré leur détermination sans faille, malgré l’appui du capitaine Osenhorn, ils durent se rendre à l’évidence : entrer à Minas Tirith ne serait pas une mince affaire…

La sécurité dans la capitale du Gondor était une affaire de la plus haute importance, bien avant les tristes événements de la prise de Cair Andros, et les récents développements avaient poussé les autorités à accroître encore leur vigilance et leur surveillance. Il était difficile de savoir s’il s’agissait là d’une réaction à la menace orientale qui était arrivée d’Outre-Anduin, ou s’ils entrevoyaient déjà les ramifications d’un traître positionné au sommet de la hiérarchie militaire du Gondor, prêt à utiliser toutes les ressources à sa disposition pour se maintenir au pouvoir.

Dans un cas comme dans l’autre, ils devaient garder à l’esprit que Minas Tirith n’était plus telle qu’ils avaient pu la connaître. Ce lieu de paix et de détente, où se côtoyaient artistes, intellectuels, nobles et gens du commun, militaires et civils, avait retrouvé sa fonction première de forteresse, dernier bastion d’un royaume menacé sur ses frontières. La peur habitait les murs, se répandait dans les ruelles, se cachait sous chaque pavé, apparaissait furtivement dans le regard des sages comme des plus jeunes. Il y avait encore du bon dans le cœur des Hommes, à condition de faire abstraction de leurs sentiments les moins honorables, mais les plus compréhensibles.

Felian savait ce qui l’attendait.

Il l’avait déjà vu à Pelargir. Il avait conscience qu’avant la fin de cette affaire, l’épée risquait d’être tirée, et le sang risquait de couler. On ne tranchait pas la tête du serpent sans prendre le risque de s’exposer à ses crochets. Ce fut avec cette idée bien sombre en tête que Felian quitta la tente du commandant, lui adressant une nouvelle fois ses remerciements chaleureux pour son aide. La politesse de cet homme était même à l’épreuve de sa déception la plus terrible.


Le commandant Mevan avait néanmoins choisi de retenir Namarien pour l’interroger plus avant, à propos de sujets qui semblaient s’éloigner des préoccupations de la petite compagnie de chevaliers, mais qui en réalité y étaient liés étroitement. La réponse négative de l’Elfe parut peser sur les épaules de l’officier, qui s’affaissèrent légèrement, tandis que son regard se troublait, voilé par le doute et l’inquiétude.

- Ce n’est rien, fit-il sombrement, avant de revenir sur ses paroles. Enfin, si… Mais…

Il n’hésita pas longtemps. Namarien était une Elfe elle aussi, et il trouvait curieusement réconfortant de se confier à une immortelle, en particulier à propos de ce sujet qui lui tenait beaucoup à cœur.

- Vous êtes la deuxième représentante des Premiers Nés que je rencontre, Dame Namarien. La deuxième en très peu de temps, à vrai dire… exactement là où vous vous trouvez vous-même. Dame Lithildren…

Une pause. Comment le formuler ?

- … est une personne qui m’est chère. J’ai eu l’occasion de la rencontrer il y a peu, et elle aussi souhaitait entrer à Minas Tirith. Je n’ose pas supposer des motifs qui ont pu l’amener à vouloir pénétrer dans la plus grande cité des Hommes, mais je soupçonne que vous poursuivez une quête parallèle, sinon similaire. Elle avait dans le regard la même flamme qui brûle dans le vôtre.

Il s’appuya sur le bureau qui était le sien, rompant involontairement avec l’image très disciplinée et rigoureuse qu’il s’était efforcé d’afficher devant le capitaine Osenhorn et Felian. Il présentait un visage de lui beaucoup plus humain, plus jeune, et résolument moins « noble » que celui des aristocrates qui s’exerçaient dès leur plus jeune âge à maintenir l’illusion du contrôle en permanence.

- Elle est entrée à Minas Tirith, et malgré toutes mes sollicitations – discrètes, cela va de soi – je n’ai pas eu la moindre information à son sujet. J’ignore si elle va bien, j’ignore si elle est encore en vie, et si elle a réussi à retrouver l’homme qu’elle cherchait. Un certain Nallus, membre de la Société des Chercheurs, de l’Université de Minas Tirith…

Tous ces indices qu’il lui confiait pourraient peut-être l’aider à trouver des réponses plus tard, et à localiser Lithildren.

- Je suis préoccupé à son sujet… Si vous parvenez à trouver un moyen d’entrer à Minas Tirith, si vous parvenez à la trouver… faites en sorte qu’elle s’en sorte… Dites-lui que je ne lui en veux pas, et que je comprends…

Ces paroles étaient sibyllines, mais de toute évidence elles devaient avoir du sens pour l’intéressée. Le commandant remercia Namarien en lui serrant les deux mains, dans un geste assez familier, avant de l’enjoindre à retrouver ses compagnons pour monter le camp et passer la nuit.


~ ~ ~ ~


L’Elfe finit par localiser ses compagnons, après avoir erré quelque peu dans le camp des troupes de Pelargir. Il fallait dire que des hommes en armes, ce n’était pas ce qui manquait ici. Ils étaient des centaines, tous uniques, et pourtant si uniformes. Des hommes à peu près du même âge, souvent haut de taille, le bras fort, les cheveux longs et bruns, comme ceux de Felian. Rares, cependant, étaient ceux qui dégageaient la même noblesse, la même force, et la même gentillesse. Pour beaucoup, leurs regards dévoilaient une profonde lassitude, une sorte d’incompréhension permanente, et un désir bien naturel que quelque chose advînt. N’importe quoi, pourvu que cela leur permît de rompre la monotonie d’un quotidien par trop rébarbatif.

Elle trouva ses chevaliers légèrement à l’écart du gros de la troupe, rassemblés autour d’un feu de bois crépitant autour duquel ils tendaient leurs mains pour profiter de la chaleur réconfortante des flammes. Il faisait encore assez doux à cette heure, la chaleur diurne peinant à se dissiper, mais quand viendraient la nuit et le vent, le froid risquait de s’installer rapidement. Ils Karl et Hallbrecht étaient affairés à monter une seconde tente, plus petite que la première, et le premier ne put s’empêcher de sourire fièrement à Namarien en la voyant arriver :

- Nous vous avons installée confortablement, noble dame. Votre tente ne partira pas avec le vent, je vous le garantis.

Hallbrecht eut un sourire amusé, et ajouta :

- Heureusement que j’étais là pour vérifier tes nœuds.

Ils se taquinèrent ainsi sans malice, davantage pour dissiper la tension qui régnait dans leur groupe à la suite de l’annonce de la terrible nouvelle selon laquelle l’entrée dans la forteresse leur était interdite. C’était un moyen comme un autre de parler d’un sujet plus léger, de rire un peu à la veille de ce qui pouvait peut-être devenir leur dernier jour. Cependant, leurs rires forcés ne cachaient pas aussi bien qu’ils l’auraient voulu leurs mines attristées et peinées.

Felian était pour le moment introuvable sur le camp, et on signala à Namarien qu’il était parti avec le capitaine Osenhorn pour régler une affaire urgente dont ils n’avaient rien dit. Personne ne savait exactement quand ils allaient revenir, ce qui laissait un peu de temps à l’Elfe pour veiller sur Thédeor. Le vétéran serrait les dents, mais la souffrance qu’il ressentait était bien réelle, à mesure que les effets des produits administrés à l’Elfe se dissipaient. Fort heureusement, l’aide-de-camp du commandant Mevan avait pris soin de leur faire amener de quoi s’occuper du blessé : bandages, plantes et simples en tout genre, décoctions destinées à calmer la douleur, de même que de l’eau claire pour nettoyer le tout.

- Je vous donne beaucoup de souci, Dame Namarien, fit Thédeor en essayant de faire abstraction de ce que l’Elfe faisait à sa jambe. J’aurais voulu que vous puissiez me voir debout… vous auriez eu une bien meilleure image de moi.

Ses ongles étaient enfoncés dans ses paumes à s’en faire saigner, mais il s’efforçait de présenter un visage aussi neutre que possible, même s’il était pâle comme un linge. Sa voix, entrecoupée de hoquets de douleur mal contenue, se voulait aussi claire que possible :

- Vous savez… Je comprendrais que Felian me laisse en arrière…

Faisait-il référence à la conversation entre Namarien et Felian à Osgiliath, quand elle l’avait sévèrement rabroué à propos de son plan ? Ou était-il seulement en train de dire ce qui lui passait par la tête pour combattre la douleur ?

- Je ne pourrais pas lui en vouloir, vous savez… Nous sommes des Chevaliers du Cor Brisé… Nous avons… aïe ! Nous avons voué nos vies à défendre celles des autres et… et… Blessé, je ne suis qu’un fardeau… Je le sais… Tout le monde le pense…

Il respirait de plus en plus vite, regardant l’Elfe droit dans les yeux pour ne pas voir l’état déplorable de sa jambe.

- Peu importe qu’il m’abandonne ici… ou à Osgiliath… Je m’en sortirai… Vous savez, j’en ai vu d’autres, hein ? Il eut un rire sec : Et Felian aussi. Il sait ce que c’est que d’emmener des hommes dans une mission périlleuse, et de les voir mourir les uns après les autres, sans rien pouvoir faire… Beaucoup des nôtres sont tombés à Pelargir… Felian s’en est sorti, de peu. Je crois qu’il préférerait me laisser derrière avec une chance de survivre, plutôt qu… que… Plutôt que de conduire un homme blessé à une mort certaine…

Il rejeta la tête en arrière, essayant de contenir les ondes de souffrance qui irradiaient dans sa jambe alors que Namarien arrivait au terme de l’opération. Rien de ce qu’elle lui donnait contre la douleur ne semblait avoir d’effet, mais il se refusait à se laisser endormir : c’était comme si, dans un accès de lucidité, il voulait lui confier des paroles d’une extrême importance. Il lui saisit le poignet par réflexe, le serrant de toutes ses forces, sans s’en rendre compte :

- C’est un homme bien… Et je suis sûr qu’il n’est pas responsable, pour Pelargir… Même si lui croit le contraire… Et vous aussi vous êtes quelqu’un de bien… Vous aussi…

Il y eut soudain un profond relâchement dans le corps de Thédeor, qui s’affaissa en arrière. La douleur avait eu raison de lui, et sa conscience s’était repliée au plus profond de son esprit pour y échapper un temps. Il retomba mollement sur le sol, mais sa respiration d’abord saccadée devint progressivement plus profonde et plus régulière. Il était épuisé, à en juger par la sueur qui coulait sur son front… comme s’il avait couru toute la distance entre Osgiliath et Minas Tirith. Et dans un ultime effort, il avait tenu à lui dire qu’elle était une bonne personne.

Namarien eut le temps de terminer de s’occuper de son patient dans le calme, car chaque membre de la compagnie souhaitait se reposer après une journée aussi éreintante. Ils avaient pris la route très tôt, et il leur semblait avoir commencé leur voyage depuis une semaine, tant leur traversée de l’Anorien avait été mouvementée. Une tentative d’assassinat qui avait pris l’un d’entre eux, une course poursuite dans les rues d’Osgiliath, puis une longue traversée jusqu’au Rammas Echor, et désormais la nouvelle que leur entrée dans la Cité Blanche était compromise… C’était beaucoup, émotionnellement, et tous piquaient du nez, soucieux de récupérer après tout ça. L’Elfe avait tout le loisir de vaquer à ses différentes occupations sur le camp, profitant des rations généreusement distribuées par la garnison de Pelargir, et du confort de la tente qui avait été montée pour elle, dans laquelle elle pouvait s’isoler si elle le souhaitait. Il restait encore le feu, fascinant et apaisant, autour duquel les hommes se rassemblaient pour bavarder quelque peu.

Il fallut encore un moment avant qu’ils vissent enfin revenir Felian et Nuril. Le premier allait également à cheval, probablement un qu’il avait emprunté, car il était harnaché comme ceux des soldats, et ressemblait à s’y méprendre à un destrier taillé pour la guerre. La nuit était tombée, mais ils pouvaient les voir serpenter entre les feux allumés sur la plaine. Felian, noble et fier comme un véritable Chevalier du Cor Brisé, avait de l’allure sur ce beau cheval qui le supportait. Ces deux hommes, la fine fleur du Gondor, portaient avec eux l’espoir. Ce fut Namarien la première qui devina, dans la pénombre qui ne semblait pas la gêner autant que ses compagnons, que le capitaine du Gondor n’était pas seul sur sa monture. Quelqu’un se tenait en croupe, une femme dont la beauté le disputait à la grâce.

Elle mit pied à terre avec élégance, lissant les plis de sa robe, avant de prendre place aux côtés de Nuril. Ce dernier, qui semblait particulièrement rasséréné en sa présence, la présenta aux hommes de Felian et à Namarien :

- Chevaliers, noble dame, laissez-moi vous présenter mon épouse, Blanche Humblétoile… Je vous avais promis une personne de confiance, la voici.

Elle s’inclina légèrement, et les chevaliers lui rendirent un salut plein de déférence.

- Je suis honorée de vous rencontrer, fit-elle d’une voix douce, tous et chacun d’entre vous. J’aurais aimé faire votre connaissance dans d’autres circonstances, mais enfants du Gondor nous sommes, et nous répondons tous à l’appel du devoir quand il nous convoque.

Les chevaliers hochèrent la tête avec vigueur, inspirés par ces paroles pleines de courage et de force. Blanche n’avait pas pour elle le bras capable de manier une épée, mais son âme semblait forgée dans le même acier que celui des héros. Nuril l’observait avec une admiration sans limite, soudainement très effacé derrière cette femme qui pourtant paraissait discrète. Elle s’approcha de Namarien, et s’inclina devant elle plus bas qu’elle ne s’était inclinée devant les autres.

- Enchantée, Dame Namarien. J’ai eu le loisir d’entendre le récit de vos exploits, dans la bouche de Maître Felian qui vous tient en très haute estime.

Elle eut un petit sourire énigmatique, et Felian parut tout à coup très mal à l’aise.

- Il a aussi dit que sans vous, ses hommes ne seraient peut-être pas parvenus jusqu’ici. Peut-être trouverez-vous également une idée nous permettant d’entrer à Minas Tirith.

- Je n’en doute pas le moins du monde, ajouta Felian plein de confiance. Dame Namarien a pour elle l’expérience des Eldar, et cela nous confère un grand avantage.

Le soutien du chevalier était précieux dans ces circonstances, mais aussi une grande responsabilité. Felian était un homme de guerre, un soldat, qui pouvait faire face au danger, mais il ne sentait plus à la hauteur de la mission de commandement qui lui avait été confiée. Il ne souhaitait rien d’autre que de pouvoir transmettre le flambeau à Eradan, pour mettre son épée et son destin à son service. La perspective de pouvoir se reposer sur Namarien l’apaisait inconsciemment, mais était-ce la bonne décision ? Une Elfe, parce qu’elle était une immortelle, pouvait-elle résoudre tous les problèmes qu’ils allaient rencontrer ? Ne valait-il mieux pas l’expérience et les connaissances d’un homme du Gondor, qui comprenait les hommes et femmes qui allaient se dresser sur leur chemin ?

Seul l’avenir le leur dirait.

#Blanche


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Irremplaçables EmptySam 14 Nov 2020 - 19:05
Le commandant parût atterré par ma réponse comme s'il avait conservé le fol espoir, jusqu'à la dernière seconde, que je lui fournisse une différente : celle qu'il désirait entendre du plus profond de son être.
Désolée de ne pouvoir l'aider, je me demandais qui pouvait bien être cette fameuse Lithildren et pour quelles mystérieuses raisons, qui n'appartenaient qu'à lui, cette personne semblait lui tenir particulièrement à cœur.
Je n'eu pas à attendre longtemps le sens de tout ceci car il choisir spontanément de se confier à moi, car j'étais une Immortelle et donc forcément digne de confiance. Ah décidément les hommes ont réellement une mémoire très courte. Dans leur vision idéal digne des contes de fées ils ne se souviennent que la plus cruelle et retorse des félonnes peut se cacher derrière la plus noble des apparences. Sauron lui même n'avait-il pas emprunté l'image d'un elfe pour tromper les peuples libres de la Terre du Milieu et tenter de les réduire en esclavage et ainsi dominer toute vie ?
Enfin, si je devais être vraiment honnête, les miens eux mêmes ont tendance à occulter ce détail de notre Histoire tant il est gênant et tabous de l'évoquer.
Cela ne m'avait pas empêché de le faire ( oui même du haut de mes dix ans à l'époque, j'étais dotée d'encore moins de retenu et de tact que maintenant), en plein dîner officiel, je n'avais pas hésité à remettre impudemment à sa place un des généraux de sa Majesté Thranduil qui pérorait à qui mieux mieux, l'air savamment inspiré, que la race elfique était de loin la meilleure de toutes et que les autres lui devait serment d'allégeance. Durant cette période, je me remettais doucement des mauvais traitements infligés par les miens, mais je conservais malgré tout de sévères traumatismes comme la phobie sociale ( c'était d'ailleurs pour cela que mon père m'avait traîné à ce dîner car je refusais toujours systématiquement de sortir, excepté pour me cloîtrer dans la bibliothèque royale.)
Déployant des trésors de douceur et de patience, il avait finalement réussi à me convaincre de l'accompagner car il craignait que ma peur s'amplifie à mesure que mes interactions sociales diminuaient.
Son intervention eut le seul mérite de me sortir temporairement de mon brouillard de peur, qui me faisait serrer convulsivement la main de mon tuteur. Car l'intensité du sentiment qui m'avait envahi à cet instant précis était encore plus intense : la colère. Sans que personne n'ait pu prévoir mon intervention, je me levais d'un bond, faisaient au passage sursauter mon tuteur car je lui avais soudainement lâché la main, et plantais mon regard flamboyant dans celui de l'imbécile raciste qui paraissait stupéfait.
Je lui fis remarquer avec toute la sécheresse de ton dont j'étais capable que au vue des terribles sévices que les miens m'avaient fait subir, je doutais très fortement que les elfes soient supérieur à qui que ce soit en Terre du Milieu.
Sur ces mots qui laissèrent planer un silence de mort sur les convives, je m'enfuis sans demander mon reste.

À la fin de la soirée, mon père me rejoignit dans ma chambre. J'eau peur dans un premier temps qu'il me sermonne mais il se contenta de me sourire et de m'embrasser en me souhaitant une bonne nuit.
Au lieu de me remémorer de vieux souvenirs inutiles, je me ferai mieux de me concentrer sur le présent, me morigénais-je en silence et surtout sur le discours du commandant Mevan qui me donnait plus ample information sur l'elfe qu'il recherchait si désespérément. Apparemment, elle était parvenue à franchir les murailles de la cité, ce qui me conforta dans la conviction que la chose n'était pas aussi impossible qu'il y paraissait au premier abord, même si pour un groupe de notre importance, la tâche s'annonçait loin d'être aisé. Je retins cependant le nom d'un certain Nallus, membre de la Société des Chercheurs de l'université de Minas Tirith.

- Merci commandant pour toutes ces précieuses informations. J'espère qu'elles me seront utiles si par bonheur nous parvenons mes compagnons et moi à pénétrer les murs d'enceinte de la cité. J'essaierai de vous faire parvenir un message si par un quelconque hasard, je croise Lithildren où si j'ai vent d'informations à son sujet. Et bien évidemment je lui transmettrai votre message en espérant qu'elle en saisisse le sens.

Sur ces paroles, le commandant me prit les mains et me remercia chaleureusement et je pus prendre congé de lui et rejoindre mes compagnons.
Une fois dehors, j'errais quelques minutes sans but aucun afin de me vider l'esprit et d'affiner le plan que j'allais bientôt proposer à Maitre Felian pour rentrer enfin dans Minas Tirith. Je convenus en moi même que me présenter sous la fonction de guérisseuse et accompagné de Thedeor pourrait m'offrir le prétexte dont on en avait besoin. Je poursuivis mon raisonnement en songeant qu'il faudrait sûrement nous procurer de nouveaux vêtements pour dissimuler la véritable identité de mes compagnons aux autorités de la ville. J'en étais là de mes réflexions lorsque je rejoignis mes compagnons. Karl se fit un devoir de faire le fanfaron en proclamant que lui et Hallbrecht m'avait monté ma tente. Je leur souris d'un air reconnaissant tout en leur expliquant qu'ils n'étaient aucunement obligés de faire cela pour moi car j'aurais très bien pu m'en charger. Je ne pus que constater, avec tristesse, que les plaisanteries et la bonne humeur de ces hommes n'étaient en réalité qu'une façade dissimulant leur lassitude et leur découragement. Je nourrissais de mon côté ardemment l'espoir que mon projet plaise à leur chef et leur rende le sourire même si pour le moment, il n'était trouvable nulle part malgré mes questions. Il serait partit régler une affaire urgente en compagnie du capitaine Mevan.
Peu importe, je n'avais pas le temps de penser à autre chose qu'à l'état de santé de Thedeor. Il souffrait énormément je le lisais dans son regard et ses membres raidis par la douleur, son visage tentant, dans un ultime effort presque surhumain, de paraître impassible, sans succès. Je n'ignorais rien de la cause de son mal : il n'avait pas eu la possibilité réel d'entamer sa guérison puisque nous avions passé notre temps à fuir. C'est aussi pour cela que je tenais tant à l'emmener avec moi à Minas Tirith, la ba, il pourrait enfin se reposer dans un bon lit.
Il commençait d'ailleurs à débiter des propos incohérents et empreints de fatalisme, tandis que je m'occupais de bien positionner sa jambe pour qu'elle lui fasse le moins mal possible. Je lui répondis à la fois avec douceur et fermeté tandis qu'il me saisissait le poignet :

- Maitre Felian n'a absolument aucune intention de vous abandonner dans quelques endroits que ce soit Thedeor, je vous le jure. Il a malheureusement du s'absenter sinon il serait la pour vous le dire lui même. Quand il reviendra, j'aurai un plan à lui soumettre qui vous concerne également et nous verrons bien sa réponse à ce moment là. Ne vous tracassez plus de rien je vous en prie et songez plutôt à essayer de vous reposer.

Dès que mon patient fut plus calme, je me décidais à aller me restaurer car même si ceux de ma race possédaient une grande résistance, manger correctement n'était pas à dédaigner, bien au contraire. Une fois que cela fut fait, j'observais autour de moi les hommes près du feu piquaient du nez, vaincus par l'angoisse et la fatigue de notre périple. Je me perdis dans la contemplation des flammes lorsque, un peu avant mes compagnons, je vis émerger de l'obscurité Felian et le capitaine Nuril. Je remarquais avec curiosité, derrière ce dernier, une femme très belle dont mon intuition me soufflait qu'elle devait être son épouse.
Mon hypothèse me fut bientôt confirmée par Mevan lui même, qui tandis que sa femme mettait pied à terre nous la présenta sous le nom de Blanche Humblétoile.
Je la regardais s'incliner respectueusement devant mes compagnons tout en prononçant des paroles digne d'une véritable femme du Gondor. Je ne l'en apprécias que plus car il me semblait deviner une âme en acier trempé derrière son apparence menue et discrète. Et ce n'était pas le regard éperdu d'admiration de son mari qui allait me contredire, songeais-je avec un sourire amusé. Je vis ensuite celle ci s'avancer vers moi pour me saluer, salut que je lui rendis bien volontiers.
Elle me déclara ensuite, avec un brin de malice, qu'elle avait entendu parler de mes exploits de la bouche même de Maitre Felian a qui, d'après ses dires, j'avais fait une forte impression. Pour une raison que je n'explique pas, celui ci parut soudainement très mal à l'aise.
Blanche Humblétoile continua sur sa lancée en ajoutant que je connaîtrais sûrement un moyen de pénétrer dans la cité ce que confirma avec certitude Maitre Felian lui même.
Honorée par la confiance accordée, je leur expliquais en quelques mots le plan que j'avais échafaudé :

- Eh bien j'ai longuement réfléchis au problème qui nous occupe et je suis parvenue à une conclusion : je pense me glisser sous le manteau d'une simple guérisseuse et emmener Thedeor avec moi pour le soigner dans les meilleurs conditions possibles à Minas Tirith. Seulement, je ne crois pas qu'il puisse y entrer vêtu comme un chevalier, cela attirerait par trop l'attention, il faudrait donc lui trouver des vêtements simples de paysans.

En ayant fini avec mes explications, je me résolus à attendre leurs suggestions.
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Ryad Assad
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Irremplaçables EmptyLun 30 Nov 2020 - 17:02
Entrer à Minas Tirith était désormais leur priorité absolue.

Felian avait longuement médité sur les paroles du commandant Mevan, ainsi que sur les informations qu’il avait pu obtenir du capitaine Osenhorn. Il était convaincu que leur mission était en grand péril, et qu’ils devaient trouver un moyen de passer les grandes portes de la cité pour porter assistance à leurs compagnons qui se trouvaient à l’intérieur. L’avenir du Gondor en dépendait. C’était la raison pour laquelle ils étaient partis, sans préciser à leurs compagnons où ils se rendaient. C’était la raison pour laquelle ils étaient revenus, alors que tout espoir semblait perdu quelques heures auparavant. En tant que fils du Gondor, Felian et Nuril ne pouvaient pas abandonner. Pas alors que tant de choses semblaient dépendre de leurs actions, et que l’équilibre de tout le royaume paraissait reposer sur leurs épaules.

Retrouver Namarien procura un étrange sentiment de soulagement chez Felian, qui appréciait de plus en plus sa présence parmi la compagnie. Elle lui faisait l’effet d’un porte-bonheur pour lui et ses hommes, outre ses talents de guérisseuse qui avaient permis à Thédeor de surmonter la terrible agression dont ils avaient été victimes, et de parvenir en vie jusqu’aux portes de la Cité Blanche. Il devait bien reconnaître qu’elle l’impressionnait encore un peu, mais pour une raison qu’il ne parvenait pas à expliquer, il tenait beaucoup à la protéger, à ce que rien ne lui arrivât. Sans doute parce que derrière la confiance et l’énergie qu’elle dégageait, il décelait une grande tristesse. Il avait connu quelqu’un comme ça, dans une vie qui semblait avoir disparu depuis longtemps.

La même tristesse, enfouie derrière un courage à toute épreuve.

Et lui, chevalier impuissant à protéger les âmes qui en avaient le moins envie, mais peut-être le plus besoin, promenait son épée inutile et sa virilité débile dans leur ombre, guettant le jour où il pourrait les aider à surmonter les démons de leur passé. Peut-être, au fond, espérait-il qu’elles l’aideraient aussi en retour à surmonter les douleurs dans le sien… et ainsi, envisager sereinement le futur. Il se voyait parfois, assis sur un vieux fauteuil en cuir élimé, observant ses futurs petits-enfants qui couraient dans les champs en riant. Et lui, le regard fatigué, entouré par d’épais sourcils blancs comme la neige, ordonnait ses pensées et ses souvenirs pour n’en garder que les meilleurs dans l’après-vie.

Il espérait en avoir beaucoup.

Beaucoup de souvenirs, et si les Valar le permettaient, aucun regret.

Telle était la vie qu’il entendait mener, en chevalier à l’honneur irréprochable, malgré tous les dangers qu’il devrait affronter ici à Minas Tirith, et dans ses futures aventures. Il ne faiblirait jamais, ne baisserait jamais les bras, et ne reculerait devant rien. Aucun sacrifice ne serait trop grand.

Lorsqu’ils arrivèrent au camp, Felian mit pied à terre, et laissa la femme de Nuril prendre la parole. Blanche était à n’en pas douter une femme d’exception. Tout en elle était gracieux et raffiné, pourtant il aurait été fou de lui associer un quelconque caractère de fragilité ou de docilité. Elle avait la douceur du plus fin des pétales, et la force du plus solides des arbres. Elle paraissait aussi insaisissable que le lit de la rivière, aussi insondable que la nuit la plus noire, et pourtant dans son regard brillait une lumière apaisante, troublante même, qui laissait penser qu’il demeurait encore de l’espoir.

- Le plan que vous proposez a d’excellentes chances de fonctionner, Dame Namarien, lâcha-t-elle avec confiance. Je ne doute pas que les gardes de la Cité Blanche accepteront la visite d’une guérisseuse elfique et d’un blessé. J’ai moi-même acquis une… réputation, dirons-nous… Je pourrai sans mal convaincre les hommes de la garde que je viens porter assistance aux Maisons de Guérison.

- Je pourrais me faire passer pour votre assistant, intervint Felian qui refusait d’être laissé à l’écart de cette mission. Ou… Ou votre porteur… N’importe quel rôle qui pourrait me permettre de rentrer avec vous. Je suis le seul en qui mon maître Eradan aura confiance, il est impératif que je vous accompagne.

Blanche l’apaisa d’un geste :

- Si nous faisons passer Thédeor pour un simple paysan blessé, comme le préconise Dame Namarien, nous pourrions peut-être vous fournir une couverture identique. Mais cela implique d’entrer dans la Cité Blanche sans votre noble épée, et sans votre armure. Cela vaut également pour vous, Dame Namarien. Toute elfique que vous soyez, les gardes de la Cité Blanche ne vous laisseront pas entrer avec ne serait-ce qu’un poignard.

Nuril acquiesça, et se permit d’ajouter à l’attention de l’Elfe, qui n’était peut-être pas familière des dispositions prises par le Général Cartogan depuis sa prise de fonction :

- Depuis les tragiques événements qui ont secoué le Gondor, le Général Cartogan a pris la décision d’interdire le port des armes au sein de Minas Tirith. Nobles et roturiers, riches et pauvres, tous ont été contraints de se soumettre à des fouilles intensives de la part des gardes. Vous pourriez croire que cette mesure l’a rendu impopulaire, mais bien au contraire : depuis lors, les rues sont plus sûres, les bandes de malfrats qui sévissaient dans les bas-fonds de la ville ont été matées, et le peuple de la cité se satisfait largement de cette situation. Ne croyez pas que Cartogan manquera de soutiens, quand viendra l’heure cruciale.

Hélas, il avait raison. Ses allégeances et ses intentions avaient beau être troubles, Cartogan avait fait de l’excellent travail à la tête de l’armée royale, rendant à la capitale son lustre d’antan, malgré les inévitables incidents qui avaient eu lieu durant le mariage royal d’Aldarion d’Arnor et de Dinaelin de Dale. De manière générale, on vivait mieux à Minas Tirith qu’auparavant, ce qui convenait parfaitement à la noblesse et aux riches bourgeois qui y entretenaient leurs somptueuses demeures, tandis que les plus pauvres avaient été contraints de s’entasser dans les quartiers les moins fortunés ou – pour ceux qui avaient refusé de se plier aux directives royales – d’exporter leurs activités illégales vers d’autres cités du royaume. Osgiliath avait été la principale victime de ce transfert de la criminalité, comme Namarien et Felian avaient hélas pu le constater durant leur brève traversée de la ville.

Ils discutèrent encore un peu des détails de leur plan, avant que Blanche ne soulevât un point particulièrement important auquel les hommes de la compagnie n’avaient pas pensé :

- J’ai conscience que vous avez besoin de toutes les lames disponibles pour rallier Minas Tirith, mais dans notre situation, plus nous serons nombreux, plus nous prendrons le risque d’être découverts. On nous autorisera l’accès à la Cité Blanche de manière exceptionnelle, et on nous autorisera peut-être un assistant, mais guère davantage. Idéalement, il faudrait quelqu’un d’assez jeune, qui n’ait pas le visage d’un vétéran.

- Karl fera parfaitement l’affaire, réagit Felian sans attendre. Il a toute l’étoffe d’un Chevalier, et il est le plus jeune d’entre nous tous. S’il y en a un qui peut jouer le rôle à la perfection, c’est bien lui. Mes autres chevaliers, ne désespérez pas, et continuez à chercher comment entrer dans la Cité Blanche pour nous aider. Cependant, nous ne pouvons pas manquer notre chance : Eradan nous attend, et quoique je ne puisse lui offrir que trois lames valides, je ne peux retarder notre arrivée à son côté.

- C’est donc entendu, fit Blanche. Dame Namarien, Maître Felian, Maître Karl, Thédeor et moi-même formerons la première vague. Si nous parvenons à entrer, alors nous maintiendrons l’espoir. En attendant, Dame Namarien, voudriez-vous inculquer à Maître Karl quelques rudiments de votre savoir elfique ? Si d’aventure on venait à le tester, il faudrait qu’il soit capable de faire illusion devant des gardes.

L’intéressé hocha la tête. C’était un jeune idéaliste, encore un peu fougueux sur les bords, mais soucieux de bien faire. Il avait toute la soirée pour apprendre de quoi parfaire son déguisement, et il ne comptait pas décevoir Namarien, Felian, ni aucun de ses compagnons du Cor Brisé.

- Je n’ai que quelques notions, fit-il avec l’air ingénu d’un enfant arrivant pour son premier jour à l’école. Je connais les propriétés du thym, ma mère avait des problèmes de toux. Je sais aussi que les femmes ne doivent pas prendre de sauge pendant la grossesse…

C’était déjà un début.


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Dernière édition par Ryad Assad le Sam 6 Fév 2021 - 11:26, édité 1 fois
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Irremplaçables EmptyVen 5 Fév 2021 - 21:00
Dame Blanche approuva immédiatement mon plan d'action et me surprit agréablement lorsqu'elle nous révéla posséder elle même en matière de guérison. Je lui adressais un sourire plein de satisfaction et de contentement, désormais certaine que je pourrai compter sur son soutien et ses compétences quand le moment serait venu. Sourire qu'elle me retourna volontiers : nous nous comprenions à l'évidence parfaitement. Diriger en sous main cette opération allait s'avérer une des tâches les plus délicates que j'aurais eu à mener mais je gardais confiance malgré tout. J'avais après tout de bonnes raisons de penser que tout allait bien se dérouler même si nous ferions sûrement face à quelques imprévus encours de routes, ce qui était pratiquement inévitable. Il nous faudrait alors nous débrouiller et improviser face à l'inquisition et aux contrôles mis en place par le fameux capitaine Cartogan. Si Felian ne m'en avait pas dit pire que pendre, j'aurai presque ressenti de l'impatience à l'idée de notre possible prochaine rencontre. Car j'avais constaté de visu ce qu'avait coûté à la cité d'Osgiliath sa prétendue compétence à chasser les brigands et autres criminels de la Cité Blanche : si le prix à payer pour cela était de mettre en péril la sécurité et le bien être de ces gens, où se situait la compétence dans ce terrible gâchis ? Nulle part seulement moi, ce général s'était juste contenté d'appliquer du plâtre sur les problèmes et les avaient fait changer de propriétaire tout simplement. Mais cela ne m'étonnait nullement que la population de Minas Tirith se laisse abuser par ce genre de stratagème : après tout pourquoi voir plus loin que le bout de leur nez quand on vivait enfin en paix après des années de troubles et de désordre ?
Je laissai échapper un soupir de tristesse tandis que je réfléchissais à tout ceci.
Me tirant de mes sombres pensées par une brève secousse mentale, je me décidais à intervenir dans la conversion entre mes compagnons et à le fort judicieuse remarque que venait de soumettre Dame Blanche à notre petite assemblée :

- Je suis consciente de la difficulté supplémentaire que représente cette règle nous imposant d'abandonner nos armes. Pour ma part, même sans, je pourrais agir si la situation m'y contraint. D'une part je peux aisément concocter des drogues afin d'alerter les sens des gardes au besoin comme je l'ai déjà fait à Osgiliath. De plus, mon tuteur m'a enseigné plusieurs sortes d'arts martiaux à mains nues dans le pire des cas. Je devrais être en capacité de désarmer un adversaire si nécessité faisait loi.

Après une épineuse discussion qui dura au moins une heure , nous tombâmes d'accord sur le nombre de compagnons qui nous accompagneront Thedeor, Felian et moi: Dame Blanche bien évidemment, sans qui notre entreprise serait irrévocablement vouée à l'échec, Felian qui se ferait certainement passer pour un parent de Thedeor, Karl qui avec les quelques pauvres notions que j'allais lui inculquer sans plus attendre, j'espérais, se glisserait sous la peau de mon assistant sans trop de mal, l'équipe serait complète. Résolue et déterminée à enseigner quelques rudiments ( si l'on pouvait appeler ça comme ça vu le peu de temps dont nous disposions.....), de médecine au jeune Karl, j'allais l'entraîner à l'écart pour ne pas déranger les autres quand Dame Blanche, tout en me posant amicalement une main sur le bras, sollicita humblement la permission de participer à notre aparté, arguant du fait qu'elle souhaitait ardemment bénéficier de mes lumières et connaissances en matière de médecine elfique car elle n'avait encore jamais eu l'occasion d'interroger ceux de mon peuple à ce sujet. Emportée autant que flattée par son sincère et authentique intérêt, je n'y vis aucune objection et les invitaient tout deux à prendre place près de Thedeor dont je devais vérifier la constance de son état.
Une fois installée, aussi confortablement que possible, aux côtés de Thedeor, qui étant réveillé et affichant une meilleure mine que plusieurs heures auparavant, était maintenant avide d'un peu de compagnie. Nous commençâmes par lui rapporter notre plan d'action pour enfin pénétrer en Minas Tirith:

- Vous qui craignez tellement de ne plus être d'une quelconque utilité a personne à cause de votre blessure, finalement, c'est sans doute en partie grâce à elle que nous allons pouvoir mener à bien cette mission, conclus-je en lui décochant un sourire rassurant.

Semblant trop ému pour formuler la moindre esquisse d'un début de phrase, le chevalier se contenta de me rendre mon sourire avec l'air le plus reconnaissant du monde, clairement visible dans son regard pétillant.
Sur ces bonnes paroles, tandis que tous m'accordait leur attention, j'entrepris de former du mieux que je pouvais et au vu du peu de temps dont je disposais, le jeune Karl aux rudiments de médecine:

- L'ortie, pour ne citer qu'elle, possèdes plusieurs vertus essentielles comme de réguler les principales fonctions de l'organisme, elle aide à la digestion et ai un excellent anti inflammatoire. L'écorce de cerisier, quand à elle possède la particularité de faire baisser la fièvre. L'aloès vera est cicatrisante, apaisante pour la peau etc.....

Je discourais pendant un long moment tandis que Karl s'efforçait de retenir ce que je tentais de lui inculquer et ce avec le plus grand sérieux et que Dame Blanche se contentait de m'écouter sans mot dire mais avec grand intérêt. Jusqu'à ce que Felian vienne s'enquérir de nous pour dîner. Celui ci se déroula sans anicroche mais dans un silence tendu. Nous avions tous conscience des énormes enjeux de notre cause et ce qu'elle pouvait comporter de dangers et de périls. J'étais intimement persuadée qu'aucun de mes compagnons ne reculerait devant l'ampleur de la difficulté qui nous attendait et cela seul, me donnait le courage suffisant pour demeurer optimiste et conserver l'espoir de notre réussite future. Après avoir convenu que nous lèverions le camp pour Minas Tirith a l'aube, chacun partit dormir de son côté. Allongée seule et dans la pénombre de ma tente, je sus aussitôt que je ne parviendrais pas à trouver le sommeil sans avoir regarder les étoiles, au moins quelques minutes.
Je me relevais donc et sortis dehors pour contempler la voûte céleste, resplendissante de beauté comme toujours. D'aussi loin que je me souvienne, ce spectacle magique avait le don d'apaiser mes angoisses et de me réconforter. Je ne comptais plus le nombre de fois où mon père adoptif m'avait surprise en pleine nuit, alors que j'aurais dû être couché, entrain d'admirer les cieux. Je souris à ce souvenir car si il me grondait pour la forme, il venait tout de même s'asseoir auprès de moi et en profiter également.
J'aperçue tout à coup un bref mouvement en périphérie de ma vison et tournais instinctivement la tête vers lui : ce n'était que Maitre Félian qui, m'ayant aperçu, se dirigeait maintenant vers moi. Arrivé devant moi et prenant un air grave et solennel et sans dire un mot me jeta un long regard pénétrant avant de tourner les talons et d'aller se coucher. Point de mot entre nous, nous nous étions compris.
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Ryad Assad
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Irremplaçables EmptySam 6 Fév 2021 - 12:57

La nuit qu’ils passèrent ne fut pas des plus reposantes. Felian connaissait la guerre depuis longtemps, il avait affronté des dangers qui auraient fait vaciller le plus vaillant des combattants, et pourtant il appréhendait toujours le début des hostilités. Peut-être encore davantage depuis le sinistre épisode de Pelargir, qui l’avait marqué à vie… Sans doute car, justement, il s’en était sorti alors que tant d’autres étaient restés étendus dans les rues de la cité portuaire, le visage figé dans une expression de surprise incrédule, alors qu’une lame en acier venait mettre un terme à leur existence.

Il se retourna sur sa couchette.

Les images de cette soirée défilaient dans son esprit, comme s’il essayait de faire l’inventaire de ses souvenirs heureux avant la fin. Le visage apaisé de Blanche, qui écoutait tranquillement Dame Namarien alors qu’elle donnait une brève leçon à Karl. L’air concentré de ce dernier, qui s’efforçait de retenir le nom des simples ainsi que leur usage… Il avait apprécié ce moment de convivialité, leur dernier repas partagé ensemble, dans une quiétude toute relative, malgré l’ombre effrayante de la Cité Blanche qui, une fois le jour tombé, avait surtout l’air sinistre et inexpugnable. En jetant un regard vers le dernier niveau, il se demandait comment ils parviendraient à rejoindre Eradan, et à déloger le général Cartogan…

Entre eux et lui, se dressaient des centaines de soldats de l’armée régulière, qui leur opposeraient une farouche résistance à chaque étage de la cité. Par la ruse ou la force, leurs chances d’accéder à leur cible étaient bien minces, et impliqueraient de créer une diversion à la hauteur de la tâche titanesque qu’ils entendaient entreprendre. Et même si tout se passait comme prévu, même s’ils parvenaient à rallier le dernier niveau, ils devraient encore faire face aux Gardes de la Citadelle… les meilleurs combattants du Gondor, dévoués corps et âme à la protection des hauts dignitaires de Minas Tirith… Felian était un bon chevalier, un épéiste talentueux, mais il savait ne pas pouvoir rivaliser bien longtemps avec ces hommes aux compétences prodigieuses. Il avait déjà eu l’occasion de s’entraîner avec un vétéran de la Garde, et avait eu l’impression d’être un enfant dans l’arène, face à un adulte accompli.

Un soupir s’échappa de ses lèvres, alors qu’il continuait à chercher une position confortable.

Le visage de Namarien lui revint en mémoire, alors qu’il la croisait avant de regagner sa tente. Il se souvenait parfaitement de ses traits, figés dans une expression à la fois grave et relâchée, comme si elle avait parfaitement conscience de ce qui se jouerait dès le lendemain, mais qu’elle préférait ne pas y prêter attention, et se laisser happer par la beauté du moment.

Les Elfes et leur mélancolie…

Il aurait bien voulu, lui aussi, pouvoir observer la nuit mouchetée d’étoiles scintillantes, et y trouver le réconfort qu’il cherchait désespérément à cette heure tardive. Même s’il avait ouvert les yeux, il n’aurait vu qu’une toile de tente, banale, sans charme et sans forme, exactement l’image qu’il se faisait de sa propre existence et de la mort qu’il rencontrerait peut-être demain, en essayant de changer quelque chose au cours des choses… Les étoiles avaient disparu de son horizon. Faute de pouvoir les contempler, il se concentra sur le visage de l’Elfe, et essaya de puiser dans le souvenir qu’il avait d’elle un peu de sérénité… un peu de force…

Juste assez pour passer la nuit.


~ ~ ~ ~


Privé de son armure, Felian se sentait comme nu. Le vent qui glissait sur ses bras, et s’engouffrait dans sa tunique de chanvre, lui donnait l’impression d’être retourné en enfance, avant que le poids des responsabilités ne vînt s’abattre sur ses épaules. Il ne s’était jamais rendu compte à quel point cette cotte de mailles le rassurait, auparavant… Et c’était bien peu de choses à côté de son épée, qui lui manquait comme s’il avait perdu un membre. Il ne cessait, par réflexe, de la chercher à son côté.

- Si vous voulez être crédible, maître Felian, lui glissa Blanche, efforcez-vous de ne pas chercher votre arme quand nous arriverons devant les gardes. Une telle attitude leur mettrait à n’en pas douter la puce à l’oreille.

Il hocha la tête, et se morigéna intérieurement, en essayant de faire attention. Thédeor lui adressa une petite tape amicale sur l’épaule, comme pour lui dire que ce n’était rien, et ils échangèrent un regard en biais. Felian ne put s’empêcher de voir qu’il avait changé depuis la veille. Dans son regard, le désespoir avait cédé la place à une résolution nouvelle, sans doute liée à Namarien, qui paraissait avoir le don de trouver les mots justes pour mobiliser les hommes et leur inspirer des actes de bravoure. Le chevalier se permit un petit sourire, qui se transforma bien vite en une grimace de douleur.

Ils étaient allongés tête-bêche, dans un chariot exigu qui les chahutait violemment, malgré le rembourrage de linges qu’on avait installé pour essayer de rendre leur voyage un peu plus confortable. Felian y avait pris place à peu près en forme, mais il ne doutait pas qu’en débarquant il serait à peine capable de marcher, son dos ayant été pilonné par le bois qui semblait décidé à lui briser les reins.

- Nous sommes bientôt arrivés, fit Blanche, comme si elle lisait dans ses pensées.


L’aristocrate, qui chevauchait en tête en compagnie de Namarien, s’efforçait de rester calme, mais à mesure que leur petite troupe approchait des murs de la Cité Blanche, elle sentait son excitation monter. Elle se tourna vers l’Elfe, et lâcha sur un ton mi-amusé mi sérieux :

- Si vous connaissez une prière elfique qui nous aiderait à franchir les grandes portes de mithril, c’est le moment.

L’ombre des tours de garde se pencha bientôt sur les deux femmes, et quelques visages au sommet des remparts se tournèrent dans leur direction, de toute évidence interloqués. Une voix glaciale descendit des murailles :

- Halte là ! Les Grandes Portes de Minas Tirith sont closes, par ordre du Général Cartogan. Retournez d’où vous venez.

Non sans jeter un dernier regard à Namarien, Blanche répondit :

- Je suis Blanche Osenhorn d’Imloth, mon mari est capitaine dans l’armée du Haut-Roy, en poste à Osgiliath. Je suis accompagnée par une guérisseuse elfe, et son apprenti… Nous venons répondre à l’appel de Dame Dalia de Ronce, et offrir nos services aux Maisons de Guérison. Nous amenons également deux blessés, qui ont besoin de soins urgemment…

Il y eut un long silence, puis la voix leur répondit finalement :

- Attendez ici…

Blanche s’efforça de contenir son anxiété :

- Nous y sommes… C’est le moment de vérité. Si nous faisons le moindre faux-pas, nous n’aurons pas d’autre chance. Nous devons simplement jouer notre jeu sans crainte, et ne rien faire de suspect.

Elle se tourna vers Karl, qui conduisait l’attelage contenant Felian et Thédeor, et se rendit compte qu’il marmonnait tout seul, en essayant de se remémorer les noms des plantes qu’il avait pu apprendre la veille auprès de Namarien. De toute évidence, il était très angoissé, ce qui ne manquerait pas d’attirer l’attention des gardes. Blanche chargea l’Elfe de le rassurer quelque peu, tandis qu’elle se rendait disponible pour le cavalier solitaire qui venait à leur rencontre afin de les inspecter. Elle fit aller sa monture sans sa direction, et inclina légèrement la tête.

- Dame Osenhorn, enchanté, je suis le capitaine Erelas, de la Grande Porte. On m’a fait savoir que vous veniez pour assister aux Maisons de Guérison… C’est fort généreux de votre part. Cependant, dans la période actuelle, nous avons ordre de ne laisser entrer personne sauf nécessité absolue.

- Capitaine, je vous assure qu’il s’agit d’une nécessité absolue. Deux hommes vaillants qui ont besoin qu’on s’occupe d’eux dans les plus brefs délais, et nous n’avons pas le nécessaire pour les soigner à Osgiliath. En échange de ce service, nous proposons de mettre nos compétences à profit à Minas Tirith, où il se dit que les besoins sont grands.

Il fronça les sourcils légèrement, mais ne répondit pas directement à sa question voilée :

- Votre réputation vous précède, ma Dame. On raconte que vous avez obstinément refusé de quitter Osgiliath, et que vous avez aidé de votre mieux la cité à préparer ses défenses, veillant sur les hommes du rang comme les officiers avec la même bienveillance. Votre contribution serait plus que bienvenue à Minas Tirith… Mais votre amie… une elfe vous dites ? Permettez-vous que je l’interroge ?

Blanche ne pouvait décemment répondre par la négative, et le capitaine Erelas s’approcha de Namarien, la saluant d’un geste élégant de la tête :

- Ma Dame, je suis le capitaine Erelas, ravi de vous rencontrer. Dame Osenhorn me fait savoir que vous souhaitez également entrer à Minas Tirith pour vous rendre utile aux Maisons de Guérison… Pardonnez mon manque de tact, mais je serais curieux de savoir ce qui pousse une Elfe à se préoccuper soudainement du sort des simples mortels que nous sommes… Les vôtres se font très rares de nos jours. On dit que le sort des Hommes les indiffère, et qu’ils se soucient essentiellement de leurs affaires, abandonnant les anciennes alliances. Vous comprenez sans doute que votre présence m’interpelle.

Il croisa les mains sur le pommeau de sa selle, et attendit patiemment la réponse.


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Irremplaçables EmptyDim 7 Fév 2021 - 22:45
J'ouvris soudainement les yeux, sans crier gare, et me retrouvais à contempler le haut de ma tente. L'esprit clair et en alerte, je me redressais sur mon séant avec à l'esprit un but simple : pénétrer à l'intérieur de cette satanée cité Blanche coûte que coûte. Je sortis de ma tente et m'étirais de tout mon long tout en me délectant de cette sensation. Le soleil brillait haut dans le ciel et pas un brin de vent ne venait, pour le moment, bousculer les feuilles des arbres. Je cherchais un coin, un peu à l'écart du camp pour pratiquer une sorte de danse matinale que j'avais moi même inventé afin de me vider l'esprit de toutes pensées inutiles et parasitantes. Je m'échauffais sommairement puis débutais sans plus de préliminaires. Je souris de contentement, mon corps se laissant instinctivement guidé par la fièvre de la danse. En pleine figure assez complexe, je ne m'aperçue pas immédiatement que plusieurs personnes m'observaient avec curiosité. Je grimaçais intérieurement lorsque je le notais car je détestais que l'on me regarde entrain de danser où non. Je continuais néanmoins jusqu'aux bout en m'efforçant d'ignorer les regards insistants tout autour de moi. Ce n'était pas pour eux après tout que je dansais mais seulement pour mon plaisir personnel et spirituel : la paix intérieure que cette activité m'apportait valait largement la gêne occasionnée par quelques spectateurs indélicats et surtout indésirables.
Ce qui ne m'empêcha pas, une fois que j'eu achevée de danser de leur jeter un regard noir sous le feu nourri des applaudissements où se mêlaient des exclamations admiratives. Je m'éloignais sans autre forme de procès en ignorant royalement tout ce stupide pataquès et partis prendre mon petit déjeuner. Prendre des forces paraissait d'autant plus essentielle vu la journée intense en émotion qui nous attendait.

Attiré par le bruit causé par mes chers admirateurs, Felian vint à ma rencontre mais je n'y prêtais pas garde toute à l'agacement causé par l'incident. Je me restaurais sommairement et ayant retrouvé ma bonne humeur je saluais tout le monde comme si de rien n'était. Comme personne ne me tenait rigueur de mon comportement un peu étrange, ils m'inclurent dans les tout derniers préparatifs avant notre départ. Je terminais en hâte l'inventaire de mes plantes et m'assurais que rien ne manquait. Je me rendais peu après au point de rendez vous convenu et nous partîmes tous ensemble vers Minas Tirith. L'instant où nous dûmes nous séparer de nos armes fut profondément désagréable mais nécessaire. Je glissais un œil compatissant à Maitre Felian lorsque j'entendis Dame Blanche lui recommandait d'adopter un comportement égal devant les gardes. J'enfourchais sans plus attendre ma monture , heureuse de ne pas être contrainte de grimper sur le chariot douteux et inconfortable auquel avait droit Maitre Felian et le pauvre Thedeor. Je fus un peu rassuré quand je m'aperçu que ses compagnons avaient réussi à bien caler sa jambe blessé de manière à ce qu'elle soit immobile le plus possible. Je reportais toute mon attention sur Dame Blanche qui chevauchait en a mes côtés tandis que l'on se rapprochait de plus en plus des portes de Minas Tirith. Je sentais la tension s'accumulait dans toute sa personne mais je gardais malgré tout confiance : elle aurait été inconsciente si elle n'avait pas ressenti d'appréhension à l'idée ce que l'on allait tenter d'accomplir.
Je retins un ricanement quand cette dernière, se penchant vers moi, me demanda d'un air mi figue mi raisin si je n'avais pas en réserve certaines prières elfiques pour bénir notre cause. Je fis un signe négatif de la tête en guise de réponse, un sourire narquois aux lèvres. Il faudrait bien davantage qu'une simple prière pour nous sauver cette fois si les choses tournaient mal, je ne pus m'empêcher de penser en découvrant les hautes murailles de Minas Tirith.

L'ombre de ses sombres et imposants murs ne m'empêcha nullement de distinguer les yeux hostiles et méfiants des gardes en poste chargés d'en assurer la surveillance. Aussitôt, une froide et autoritaire s'adressa à nous d'un ton sec et sans réplique :

- Halte là ! Les Grandes Portes de Minas Tirith sont closes, par ordre du Général Cartogan. Retournez d’où vous venez.

Dame Blanche m'adressa un ultime regard comme en quête d'un soutien qu'elle savait que je lui accorderai d'office puis s'adressa à la voix en lui déclinant son identité ainsi que le motif de notre venue.
Au terme d'un silence anormalement long semblant destiné à éprouver notre détermination, la voix nous somma d'attendre.
À la fois anxieuse et maîtresse d'elle même, Dame Blanche nous adressa à tous un dernier avertissement. Je m'efforçais aussitôt de la rassurer :

- Ne vous en faites pas outre mesure, nous réussirons. Ils n'ont après tout aucune sérieuse raison de se défier de nous. Car si c'était le cas, les gardes nous auraient déjà occis. Tant que nous restons calme, tout ira bien.

À peine avais- je achevé ma phrase que Dame Blanche me signala du regard que Karl, gagné par l'angoisse, adoptait malgré lui un comportement suspect. Je me dirigeais aussitôt vers lui et parvint à le sortir de sa transe mêlée de marmonnements en une fraction de seconde en posant une main sur son bras. Le pauvre garçon sursauta à mon contact et redevint instantanément maitre de lui même. Je lui adressais un sourire alors que j'épiais le moindre mot de la conservation entre ce capitaine Erelas et Dame Blanche. Qu'il souhaite m'interroger ne me surprenait pas outre mesure. Je plaquais donc un sourire aimable sur mon visage avant de me tourner vers lui et répondit sans ciller à sa question qui dénotait une intelligence et une perspicacité plutôt inhabituelle chez les Hommes :

- Je suis enchantée et honorée de vous rencontrer Capitaine Erelas. Je me nomme Namarien Lasgalen du royaume de Vert Bois et n'étant en aucun cas l'envoyée de Sa Majesté le roi Thranduil, je ne puis me permettre de parler qu'en mon nom propre. Je suis donc pour la solidarité et l'entraide entre les peuples. Nous avions tous à y gagner après tout ne croyez vous pas ? J'ai croisé la route de ce pauvre homme blessé qui, d'après ses dires, se serait cassé la jambe en chutant d'une échelle. Émue par sa détresse, j'ai résolu de mettre mes talents en œuvre pour le soigner au mieux. Mais je ne pouvais employer mes connaissances dans les meilleures conditions possibles qu'à Minas Tirith dont la réputation des Maisons de Guérisons , sous la houlette de Dame Dalia de Ronce à acquis une grande renommée. C'est pourquoi entrer en votre cité est pour nous une priorité absolue : la santé de cet homme , je désignais Thedeor d'un signe de la main, en dépend.
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Irremplaçables EmptyLun 8 Fév 2021 - 13:41

Minas Tirith n’avait sans jamais paru aussi menaçante à une fille du Gondor, et pour la première fois de son existence, Blanche éprouvait une crainte sincère à se trouver ainsi devant cet immense édifice de pierre. Elle se sentit écrasée par le gigantisme des lieux, et ne put s’empêcher d’imaginer ce qu’avaient dû penser les ennemis du Gondor qui, à travers les âges, avaient systématiquement échoué à enlever la plus belle cité des Hommes. Elle se représentait très bien leur terreur profonde, alors même que flèches et rochers ne volaient pas dans sa direction avec l’intention de lui ôter la vie.

- Rester calme… répéta-t-elle en écho aux paroles de l’Elfe. Rester calme…

Elle savait que beaucoup dépendait d’elle, et elle ne voulait pas être la responsable de l’échec de leur mission. Tout à coup, elle avait l’impression que le sort de tout le royaume pesait sur ses épaules, et la perspective de devoir porter le poids de cette culpabilité pour le restant de ses jours ne lui donnait que plus de courage pour affronter l’avenir.

- Rester calme…

Inspirant profondément, elle fit le vide dans son esprit, comme elle avait appris à le faire avant d’accomplir quelque tâche difficile qui requérait la plus parfaite concentration. Jusqu’à présent, il ne s’était agi que de guérir quelques blessures, recoudre quelques plaies, et veiller sur des hommes qui se montraient toujours d’une extrême courtoisie avec elle. Aujourd’hui, elle entrait dans une toute autre dimension. Ses pensées allèrent à son royaume, à sa famille… aux enfants qu’elle n’avait pas encore… C’était pour eux qu’elle était là. C’était en leur nom qu’elle transgressait les lois du Gondor, et qu’elle acceptait de mettre en péril sa propre existence.

Elle espérait seulement que Nuril ne s’en ferait pas trop pour elle.

Tandis que Blanche s’avançait pour aller à la rencontre de leur interlocuteur, le capitaine Erelas, Felian s’efforça de jeter un coup d’œil discret pour voir comment évoluait la situation. Homme d’action, habitué à manier l’épée plutôt qu’à rester – littéralement – allongé en retrait, il avait beaucoup de mal à accepter de ne pas savoir, ne pas contrôler, ne pas être en mesure d’intervenir si nécessaire. Il devait se reposer sur deux femmes dont il ignorait à peu près tout, sinon qu’elles avaient en elle autant de courage que les plus vaillants des chevaliers. Mais cela suffirait-il ? Sauraient-elles trouver les mots pour convaincre l’officier venu à leur rencontre de les laisser pénétrer dans Minas Tirith ?


Il vit Namarien s’approcher, juchée sur sa monture.

Pendant un instant, il se demanda si elle venait pour lui parler, pour lui adresser quelques mots après leur drôle de rencontre quelques heures plus tôt, quand il l’avait surprise à danser au milieu des hommes du régiment de Pelargir. Elle lui avait jeté un regard tellement…

Froid ?

Il n’avait pas pu s’empêcher de se sentir mis à l’écart, pour ne pas dire rejeté. Ce n’était pas exactement le genre de sentiments qu’il aurait voulu emporter avec lui à la veille d’un épisode aussi crucial que celui qu’ils allaient vivre, mais il fallait croire que les Elfes et les Hommes étaient trop différents pour se comprendre. Il réalisait douloureusement à quel point l’immortalité la coupait de ce qui faisait battre son cœur à lui. La peur de mourir, la peur de voir ses compagnons mourir et disparaître dans l’inconnu… là où il ne pourrait peut-être jamais les rejoindre. Namarien, quant à elle, sembler flotter au-dessus de tout ça, sans doute rassérénée par la certitude de rejoindre les plaines de Valinor quand viendrait l’heure pour elle de quitter la Terre du Milieu. Quel besoin y avait-il de paroles d’adieu ou de réconfort quand l’idée même de « fin » n’avait pas de sens à ses yeux ?

La froideur de leur dernier échange silencieux lui pesait, et il s’en voulait maintenant de ne pas lui avoir dit ce qu’il avait eu envie de lui exprimer à ce moment-là… Lui dire qu’il avait adoré la voir danser ainsi, et que même si c’était la solitude qu’elle recherchait, il n’y avait rien de plus beau que d’avoir des compagnons fidèles, des amis, des alliés, et gens sur qui compter, a fortiori avant de plonger dans la bataille. Il aurait voulu lui dire que tous ces hommes du régiment de Pelargir auraient volontiers donné leur vie pour défendre leur royaume, et qu’avant l’heure fatidique, leur compagnie était parmi les plus nobles qui fût. Et peut-être aurait-il voulu lui dire aussi qu’il était heureux, à quelques heures d’une mort quasi-certaine, d’avoir pu la voir enfin telle qu’elle était vraiment…

Mais cela, elle ne le saurait probablement jamais.

Il détourna le regard, de honte ou de crainte, et s’efforça de ne pas croiser son regard alors qu’elle se penchait vers Karl pour essayer de le rassurer quelque peu. Le jeune chevalier, démuni sans ses armes et son savoir-faire martial, redevenait l’enfant qu’il n’avait jamais cessé d’être. Son regard naïf, qui constituait l’une de leurs meilleures armes pour tromper les gardes, révélait la profondeur de son désarroi, alors qu’il s’apprêtait à partir sauver le Gondor sans arme et sans armure.

S’ils survivaient à cela, on écrirait sans doute des ballades à leur sujet.

La complainte de Karl, le chevalier sans armure.

Namarien se retourna bientôt pour faire face à l’officier, dont la voix porta finalement jusqu’aux oreilles de Felian. Celui-ci se figea instantanément sur place en l’entendant, et son cœur manqua un battement quand il l’entendit se présenter. « Capitaine Erelas ». Il étouffa un juron qui sinon aurait probablement condamné leur petite expédition, et se tourna vers Thédeor, qui adressa le même regard à son chef. Erelas ? Le capitaine de la Grande Porte en personne ?

Il se tendit, écoutant la réponse de l’officier :

- Dame Namarien Lasgalen de Vertbois, vous avez fait un long voyage jusqu’au Gondor, et je vous remercie d’accorder vos bons soins à ceux de mon peuple qui sont dans le besoin. Si plus d’âmes charitables comme la vôtre et celle de Dame Osenhorn foulaient la Terre du Milieu, les militaires comme moi auraient la vie beaucoup plus douce.

Erelas était attentionné, pour ne pas dire charmant, mais il ne fallait pas oublier qu’il était à même de décider ou non si les portes de la cité s’ouvriraient sur leur passage. Sa décision en la matière était presque incontournable, à moins d’en appeler directement au général Cartogan – ce qui était naturellement hors de question – ou bien de faire un recours devant le Haut-Roy Mephisto lui-même. Or, le souverain de ces terres s’était notoirement retiré de la vie publique depuis quelques temps, et il n’aurait certainement pas quitté sa retraite pour une affaire aussi triviale. Il fut un temps, cependant, où les souffrances de son peuple ne lui étaient pas totalement indifférentes, mais la perte d’un enfant pouvait changer l’homme le plus honorable.

Le capitaine, quant à lui, semblait partagé. Il appartenait à cette catégorie d’hommes droits et justes pour qui la vie d’un individu, qu’il fût prince ou roturier, méritait qu’on tentât de la sauver. S’il avait été seul à décider, les portes de Minas Tirith auraient été ouvertes à tous les fils du Gondor qui demandaient asile derrière les remparts de la forteresse… Cependant, il avait reçu des directives très précises de la part du général Cartogan, et à plusieurs reprises il avait dû éconduire des infirmes, des blessés et des indigents qui venaient avec des requêtes similaires. Aucun, cependant, ne s’était présenté accompagné d’une guérisseuse elfe qui offrait ses services aux Maisons de Guérison. Cela méritait d’être pris en considération.

Il s’approcha du chariot, pour jeter un œil sur la blessure de Thédeor, simplement pour la forme, mais la première chose qu’il vit fut le regard de l’autre blessé. Un regard qui ne ressemblait aucunement à celui d’un paysan ou d’un ouvrier d’Osgiliath… Felian était sans doute un grand chevalier, un guerrier d’exception, mais c’était un bien piètre acteur, et un très mauvais menteur. En voyant apparaître le visage du capitaine Erelas, il n’eut pas le réflexe de baisser la tête ou de faire même semblant de dormir… Au lieu de quoi, il le fixa dans les yeux, le défiant involontairement du regard, et attirant immédiatement l’attention sur lui.

Le silence se fit.

Un silence glaçant.

Blanche ne tarda pas à comprendre de quoi il retournait… De toute évidence, Erelas et Felian se connaissaient, ou du moins s’étaient déjà vus par le passé. Peut-être à l’occasion d’un contrôle de routine, peut-être au cours d’un des dîners mondains auxquels les Chevaliers du Cor Brisé assistaient parfois… Quoi qu’il en fût, ils n’étaient pas des inconnus l’un pour l’autre.

- Capitaine Erelas, je…

Il leva la main, coupant la jeune aristocrate dans son élan, sans quitter Felian du regard. A cet instant précis, le chevalier regretta de ne pas avoir pris son épée avec lui. Il ignorait ce qu’il aurait bien pu en faire, car il ne se voyait pas tuer Erelas sur-le-champ, et ensuite forcer le passage jusqu’au Septième Niveau de Minas Tirith à la seule force de son bras, mais au moins il aurait été rassuré de pouvoir tenir de quoi se défendre si on venait l’arrêter.

- Capitaine… insista Blanche.

- Vous voulez entrer dans la Cité Blanche, c’est bien ça ? Accompagnées de votre assistant et de ces deux blessés ?

Les deux femmes échangèrent un regard, sans trop comprendre. Erelas lui-même ne savait pas exactement ce qui se jouait ici. Il savait parfaitement les risques qu’il prenait… qu’il prenait encore… Mais l’intime conviction l’emportait sur toute forme de prudence, et il souffla :

- Je crois que votre requête est fondée… Minas Tirith ne saurait tourner le dos à deux guérisseuses, et j’ai le sentiment que ces blessés ne seront pas une charge trop importante pour les Maisons de Guérison.

Sans rien ajouter, il fit volte-face, et cria à l’attention de ses hommes derrière les créneaux :

- Ouvrez la porte !




__________


A suivre par ici !


__________

#Erelas


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