Dans les entrailles de Gundubanâd [RP du Staff]

Je l’ai eu !

Le coup de Gurdann avait porté ses fruits, et couplé à celui de Daramir, il leur avait permit de délivrer leur camarade humain des griffes de l’araignée géante. Celle ci d’ailleurs se mit à frénétiquement tourner sur elle même en envoyant d’immondes crachats visqueux en toutes directions. Le garde de fer dut plusieurs fois manquer de tomber au sol pour esquiver les projectiles. Mais le monstre arrêta d’un seul coup ses mouvement erratiques, quelques secondes de silence froid passèrent, Gurdann entendait distinctement les quatre respirations, deux de nains, une d’humain affolé, et un sinistre chuintement…

La créature sauta alors sur le ranger, Daramir tenta bien de l’accueillir à l’acier, mais le monstre évita son coup, et se glissa sous sa lame pour le mordre de ses mandibules. A la lumière de la torche, Gurdann ne put voir si son amis était ou non blessé. Mais l’expression sur le visage  assombri de Daramir et sa proximité avec leur ennemi ne présageait rien de bon…

Il était temps d’agir. Gurdann hurla vers le trou d’où il était tombé des instructions en Khuzdul, au cas ou d’autre monstre arriveraient, il ne saurait pas qu’il leur restait des alliée en haut.

- «  Romo ! Jutta ! Faites nous descendre une foutue corde, les filles d’Ungoliant sont sur nous, Daramir est blessée, d’autres vont peut-être arriver !!! Nous ne tiendrons sûrement que face à une seule... » Ce après quoi le garde de fer enchaîna dans la langue commune «  Elendüril, il nous faut en finir avec celle si, puis remonter le plus vite possible avant que d’autres n’arrivent ! »

Gurdann se jeta alors vers l’araignée, dans l’optique de se baisser au dernier moment et d’arriver par un peu gracieux mais efficace mouvement sous le monstre avant de lui ouvrir le ventre. Mais parler lui avait prit du temps, et c’est de l’Arnorien, qui lui avait de l’avance, que leur sort dépendrait.

Tendre la corde sans la crisper.

Fermer l’œil gauche

Retenir son souffle.

Régler la mire.

Tirer d’un geste sûr.

Tel était son pain quotidien.

Le jeune Jenslav était né avec un arc entre la main; son père lui ayant appris les bases du tir alors qu’il avait à peine appris à marcher. Des années de pratiques rigoureuses en avait fait l’un des archers les plus doués du Royaume, et ce n’était pas un mince exploit quand on habitait Dale. La cible qu’il avait en face de lui était criblée de flèches parfaitement plantées en son centre; à ses côtés, ses camarades ne pouvaient prétendre viser avec une telle justesse. D’un œil sévère, le Prince Orme, frère du Roi, supervisait l’entraînements de ses recrues. Pour la centième, il répéta les ordres que tous connaissaient par cœur:

“Préparez Arcs!”

Les jeunes soldats redresseur leurs grands arcs sombres et se mirent en position de tir.

“Armez!”

D’un geste expert, il porta sa main à son carquois; saisit l’une des flèches et banda son arc.

“Visez!”

Un silence absolu régnait alors au sein de l’arène en terre battue qui leur servait de centre d’entraînement; chaque cadet cherchant à contrôler sa respiration pour atteindre l’objectif.

“Tirez!”

En l’espace de quelques secondes, les cordes furent relâchées et le sifflement des flèches fendant les airs à vive allure se fit entendre. Un son aussi fugace que menaçant qui suspendait le temps avant que la Mort ne frappe. “La symphonie de l’archer” comme se plaisait à l’appeler Jenslav, une mélodie dont il maîtrisait parfaitement tous les rythmes.

La flèche s’enfonça dans la cible. En plein centre. Encore une fois.

Il sourit d’un air satisfait tout en remuant légèrement ses bras ankylosés par les heures de pratique, mais Orme ne les laissa pas reprendre leur souffle. Il hurla un nouvel ordre, différent cette fois-ci.

“Cadets! Présentez armes!”

Instantanément, la vingtaine de recrues se redressa en position de garde-à-vous; présentant fièrement leur arc devant leur buste. Ils savaient tous ce que ces trois mots pouvaient signifier.

Le Roi Gudmund ne tarda pas à faire son entrée sur le terrain d’entraînement. Flanqué de plusieurs gardes lourdement armés, il avançait d’un pas leste. Grand et large, son armure resplendissante rehaussée de sa longue cape carmin lui donnait un air majestueux. Le souverain était encore jeune mais était déjà un héros de son peuple en reprenant le commandement des armées lors d’une guerre qui s ‘éternisait face aux gobelins de Gundabad suite à la mort de son père. Jamais un roi de Dale n’avait fui devant le combat mais Gudmund avait toujours tenu à combattre en première ligne, se forgeant une réputation martiale auprès de ses alliés mais aussi de ses ennemis. Il se murmurait même que Baltog lui-même craignait le courroux du souverain Dalite. Ce dernier passa en revue les troupes, échangeant parfois quelques mots polis avec certains. Arrivé à hauteur de Jenslav, il s’arrêta un moment et se retourna pour voir la cible criblée. Un sourire détendit alors son visage aux traits durs.

“Eh bien! Nous tenons là un sacré tireur Orme! Quel est ton nom, cadet?
-Jenslav Ekkelson votre Majesté.
-Ah…Le fils d’Ekkel. J’aurais dû m’en douter. Un tel talent n’aurait pu s’expliquer autrement. Ton père était un grand archer, et un homme plein de courage et de valeurs. Sans ses exploits, qui sait ce qui serait advenu de nos troupes face à celles des Monts Brumeux.
-Je tâcherais de me montrer à la hauteur de son héritage votre Majesté.
-Nous en aurons bien besoin. Les gobelins sortent à nouveau de leurs cavernes et quelque chose me dit que la guerre sera encore longue.”

Sur ces mots, il fit volte-face et quitta les lieux avec sa suite; laissant les recrues face à cette prédiction peu avenante.


#Gudmund  #Orme



Jenslav roula légèrement sur lui-même après un rude atterrissage sur la pierre froide. À la suite de l’éboulement qui avait englouti une bonne moitié de leur groupe, le lieutenant s’était retrouvé du mauvais côté du passage au côté de Styrbeorn. Alors qu’ils cherchaient une solution, le Béornide suggéra de jeter son compagnon par-dessus le précipice pour rallier les autres. Une idée certes peu engageante, mais faute de mieux, l’officier consentit à laisser le colosse le saisir à la taille et, après un mouvement de balancier, le propulser dans les airs. L’archer atterrit brusquement de l’autre côté, plusieurs mètres après le précipice. La force de cet homme- en était-ce vraiment un- était prodigieuse; derrière lui il effectua un bond extraordinaire après une prise d’élan plutôt courte au vu de la distance du saut à effectuer.

Avec un grognement, le Dalite se releva difficilement. Son genou, déjà éprouvé, le faisait souffrir de plus en plus et sa blessure au mollet le lançait à nouveau.

Le groupe prit quelques minutes pour reprendre ses esprits et pour évaluer la nouvelle situation. Ainsi amputés de plusieurs éléments et avec le temps qui continuait à s’écouler, il pouvait faire le choix de continuer leur mission. Après tout, Elendüril, Gurdann et Daramir n’avait très probablement pas survécu à leur chute, le précipice sombre semblait béant. Investir autant de ressources et perdre un temps précieux ne les mènerait pas bien loin. D’un autre côté, poursuivre la mission avec si peu de bras représentait un risque réel. Le groupe débattit pendant de longues minutes au sujet de la marche à suivre et même le Capitaine Cœur d’Acier semblait perplexe et incertain. Il avait envisagé bien des situations mais perdre ainsi trois éléments d’un coup n’en faisait pas forcément partie.

C’est alors que des cris étouffés et des bruits lointains de lutte se mirent à résonner en contrebas, au fond du gouffre ouvert par le piège des gobelins.

“Ils sont en vie! Et en danger!" S’exclama alors le lieutenant.

Il s’approcha de la fosse et tenta, à l’aide de sa torche, de percer les ténèbres qui y régnaient pour déterminer la profondeur et si le saut représentait une option viable. Une interrogation qui trouva rapidement une réponse. Il pesta contre lui-même d’avoir abandonné ses crampons à l’entrée de la montagne mais se tourna ensuite instantanément en direction de Jutta.

“Votre corde! Vite!”

L’éclaireuse naine s’exécuta et lui tendit le précieux objet que le Dalite s’affaira à nouer autour d’une roche solide. Il saisit sa torche et échangea un regard avec Romo qui approuva sa démarche d’un hochement de tête.

“Bien. Il nous faudra descendre un par un.”

L’officier enroula le rugueux chevron de la corde autour de son pied et l’empoigna de sa main libre. Il se laissa alors glisser lentement, disparaissant dans les abîmes.

A mesure qu’il descendait, le vacarme des combats se faisait de plus en plus clairs. Quelques éclats de voix  lui parvinrent même mais aussi des sifflements inquiétants qui n’avaient rien d’humain. La faible lumière qui commençait à poindre n’était pas suffisante pour comprendre réellement ce qui se passait alors qu’il s’approchait. Ce fut finalement une immense patte velue qui vint le frôler dès son arrivée dans la cavité qui lui fit comprendre que ses camarades ne faisaient pas face à de vulgaires gobelins. Surpris, Jenslav lâcha la corde et s’écrasa lourdement au sol mais reprit rapidement ses esprits, arc à la main.

Face à lui; l’horreur incarnée.

La bête semblait sortir tout droit des cauchemars de ses filles et pourtant elle lui faisait bien face, hideuse et menaçante avec ses puissantes mandibules qui claquaient bruyamment et son long dard menaçant qui pointait au-dessus de son corps courbé.

Bard, en son temps, avait occis Smaug le Terrible d’une seule flèche. Un dragon, une araignée, au fond de tels montres ne représentaient rien de plus qu’une autre cible. Une de plus.

Tendre la corde sans la crisper.

Fermer l’œil gauche

Retenir son souffle.

Régler la mire.

Tirer d’un geste sûr.

Tel était son pain quotidien.

La flèche siffla et vint se ficher avec un craquement sinistre dans l’un des plus grands yeux de la bête qui poussa un hurlement sinistre. Il était impossible de déterminer s’il s’agissait d’un moyen d’exprimer sa douleur ou sa rage meurtrière. La fille d’Ungoliant chargea le nouvel intrus avant que celui-ci ne puisse tirer à nouveau. Propulsé au sol et légèrement et sonné, il ne vit le dard fondre en direction de son torse qu’au dernier moment et se décala légèrement sur le côté, limitant les dégâts mais la pointe s’enfonça dans son épaule. Une douleur vive lui fit alors monter les larmes yeux, comme si l’on venait d’allumer un incendie dans sa chair. Dans un geste désespéré, il planta sa dague dans l’abdomen exposé de l’arachnide, qui, surpris par la combativité de sa proie, recula à nouveau.

Blessé mais bien vivant, Jenslav chercha son arc du regard. Les renforts arrivaient et la bête mal en point.

De la blessure du monstre, s’échappait un liquide visqueux et puant. L’arrivée du Dalite avait permis à Daramir et Elendüril de respirer un peu. Ils se trouvaient à présent derrière l’araignée avec une opportunité pour l’attaquer à deux et en finir avec leur cauchemar.

Le Béornide regarda Jenslav disparaître dans les abysses, incrédule. Descendre encore plus profondément sous terre? Rajouter encore quelques centaines de tonnes de rochers au-dessus de leurs têtes? Oui, pourquoi pas. Au point où ils en étaient.

Il cracha dans ses mains soudainement moites et grogna dans la direction de Jutta et de Romo:

-Tenez bien la corde, parce que si je tombe je vais déclencher un autre tremblement de terre.


Styrbeorn se brûla les mains tant qu'il agrippait fortement la corde lors d'une descente qui ne semblait jamais finir. Mais en réalité, il fut vite accueilli par les bruits de combat et les cris de ses compagnons.

A la lumière faible d'une torche unique, la scène qui se déroulait devant lui avait tout d'un cauchemar. Jenslav ensanglanté et à genoux, les autres semblaient être en vie mais leur état exact était impossible à déterminer. C'était le corps gras, poilu et gigantesque de la créature, fille du néant et du mal, qui remplissait presque l'intégralité de son champ de vue.

Le Béornide retint son envie instinctive de fuir et ravala bile qui lui remontait à la gorge. Il grogna comme un animal à travers ses dents serrés, avant de crier:

-Je ne fais de mal ni à l'abeille, l'araignée ni la fourmis, mais pour toi je ferai une exception, vieille nigaude!


Il s'élança sur la créature. Très agile dans les premières minutes de combat, l'araignée était à présent déstabilisée par ses nombreuses blessures, en particulier la flèche plantée dans un de ses yeux. Ca ne la rendait pas moins dangereuse, mais ses gestes étaient plus chaotiques et moins coordonnés. Cela permit à Styrbeorn de l'atteindre avant qu'elle ne puisse se tourner entièrement vers lui.

L'homme du Val n'avait pas sorti sa massue renforcée de métal, peu utile contre l'armure naturelle du monstre. Il agrippa deux des pattes velues de l'araignée, et tira en se laissant tomber vers l'arrière avec tout son poids. La créature se débattit mais le fait que le béornide avait attrapé deux pattes sur son côté gauche rendait la tâche difficile, et elle fut déstabilisée par la force brute de l'homme.

Sentant que le moment où il serait atteint par le dard ou les mandibules de la bête arrivait bientôt Styrbeorn, à présent pratiquement couché sur le dos, enfonça sa botte dans le corps de l'araignée et tira de toutes ses forces. Le sang coula de ses mains blessées par les poils tranchants mais il ne lâcha pas sa prise, comme s'il avait des longues griffes enfoncées dans les membres de l'araignée. Le béornide devint tout rouge et son dos craqua, mais il tira encore plus fort avec un grognement qui n'avait rien d'humain. Un bruit organique horrible retentit dans la caverne et sous les regards ébahis de ses compagnons, Styrbeorn fut projeté en arrière avec deux pattes arrachées dans ses mains. Le sang bleu-noir gicla du côté de l'araignée qui hurla de colère et de douleur, en s'écroulant temporairement sur le sol.

L'heure d'arracher le dard du monstre était arrivée.

Daramir, stupéfait, eut du mal à en croire ses yeux lorsque le Beornide, mains nus, entreprit d’arracher deux pattes de l’arachnide. Époustouflé par la puissance brute de cette sorte d’homme, Daramir courut à sa rencontre, la hache à la main. Le monstrueux insecte s’affaissa dans un hurlement strident. La petite compagnie n’avait que quelques secondes pour profiter de cet avantage. Le nain prit sa chance et bondit sous le faucheux, délaissant son arme, pour saisir sa lame, la plantant de toutes ses forces dans le dard de la bête.
L’arme rebondit sans causer trop de mal.

Daramir recula d’un bond, se jetant sur sa hache. Son couteau ne suffirait pas. Du coin de l'œil, il vit ce qui se préparait. Si Jenslav se tenait encore sur ses genoux, trop choqué pour se jeter à nouveau sur la bête, Elen et Gurdann, eux, se préparaient à bondir sur le monstre. Si Elen allait tenter de bondir sur le dos poilu de celle-ci, Gurdann lui, semblait vouloir se glisser entre ses pattes afin de lui infliger d’encore plus importants dégâts. L’éclaireur en profiterai pour, d’un coup sec, tenter de neutraliser le danger que représentait le dard.  
L’espace de quelques secondes déciderait de l’issue du combat.  

Daramir, de retour près du dard, frappa de toutes ses forces, sachant ses compagnons eux aussi occupés à blesser à mort la fille d’Ungoliant.

“Shunk”

La lame trancha.

Le dard vint s’écraser au sol, laissant collé à la toile de sa génitrice, un liquide coloré s'échapper de ses extrémités. L’arachnide rugit. Un hurlement rempli de rage, d’incompréhension, aussi, mais surtout de désespoir.  

Une lumière de vie allait ce jour s'éteindre en terre du milieu. Une parmi tant d'autres certes, mais une dont la noirceur et la longévité n’était que difficilement égalable. C’était plusieurs siècles de connaissances qui allaient ainsi disparaître dans les abîmes de Gundabad.

Daramir détourna les yeux, sachant ses camarades sur le point de mettre fin aux jours de cette fille monstrueuse. Ses yeux vinrent trouver le dard qui gisait un peu plus loin.

Le temps sembla alors comme s’arrêter, la flaque qui entourait l’aiguillon semblait confirmer l’idée qui le taraudait. Cette flaque n’était nullement le sang de l’araignée, celui-ci étant bleu-noir. C’était là bien du poison qui se répandait sur le sol.

Daramir passa sa main sur son plastron, ses doigts gantés parcourant les moindres aspérités, avant de rencontrer le trou que l’araignée avait fait. Il retira sa main, dont une goutte du même liquide qui jonchait le sol perla. Le dard avait-il percé la chair ?
Le mince filet de sang qu’il ne sentit qu’alors couler le long de son ventre lui en offrit l’amer réponse.  

La pièce semblait tout à coup être devenue très silencieuse. Daramir, l’oreille pourtant entraînée, ne pouvait plus qu’entendre sa propre respiration.

Il se tourna vers ses camarades, sûr d’une chose, si cette monstruosité l’avait bel et bien touché, la quantité de poison en lui ne pouvait être trop importante, sachant la taille de sa blessu..

Daramir sentit le monde tourner autour de lui, avant de s’écrouler sans un bruit, une dernière image en tête qu’il amènerait avec lui dans les méandres de son esprit, ce dard, prônant fièrement devant un mur nu de ce froid renfoncement.

Le dard plongea finalement ratant de peu, très peu son entrejambe. Il se releva tant bien que mal pour s'éloigner de cette créature mortelle quand soudainement il se prit un coup dans les valseuses.

_ Parlac Ouÿ Degeb Yr!! cracha le numénoréen du nord dans une langue que lui même ne connaissait point. 

D'un violent coup du monstre, Elendüril s'envola et aterrit durement sur le sol. Maintenant il  ne sait plus d'où venait les stimulis de douleurs de son corps ormis ceux de sa partie sensible de son anatomie masculine. Le souffle court, ruisslant de sueur dû autant à l'effort, la peur et à la douleur. Le stress était à son apogée, la réalité était déformée sous l'effet de l'adrénaline.

L'araignée se mit à tournoyé sur elle-même envoyant des toile comme le rétiaire* le faisait dans les arènes antiques. Il en évita une de justesse, il le savait car son bras fut tiré en arrière lui tirant ainsi sur son épaule.

Alors que  Gurdann parlait en langue naine, il finit par reparlé en commun «  Elendüril, il nous faut en finir avec celle si, puis remonter le plus vite possible avant que d’autres n’arrivent ! »

Elendüril ne chercha pas a réfléchir il fonça droit sur l'arraignée plantant jusqu'àla garde son épéé. Il en profita pour planté sa dague à la jointure d'une des pattes arrières et du corps. Sous l'effet del douleur la bête se débattit, et aussi car une flèche de Jenslav siffla et le rôdeur saisait la poignée de son épée la retirant difficilement de ce fourreau mortel. Il abandonna par la force des choses sa dague.

Le jeune homme vit une silhouette grande, massive se jeter sur l'horrible araignée et lui saisir deux pattes il ne vit ni compris rien de la suite si ce n'est que la lointaines descendante de d'Ungoliant hurla de douleur.  


*Le rétiaire est le gladiateur au trident et au filet.

- Par ma barbe.

La voix de Romo résonna dans l'antre de la bête alors que ses bottes touchaient le sol abrupt. Il s'éloigna de la corde, laissant Jutta descendre à son tour. Les deux nains ne purent que constater l'ampleur des dégâts. L'arachnide gisant sur la roche froide témoignait de l'âpre combat qu'avaient dû endurer leurs compagnons esseulés. Mais par chance, l'archer dalite et le beornide étaient arrivés à temps pour achever la bête et éviter une catastrophe.

Le regard de Jutta se porta sur Daramir effondré au sol. Elle accourut à son chevet. Elle l'examina avant même de le toucher, ne sachant pas ce qui lui était arrivé avec précision. Gurdann et Elendüril lui narrèrent leur épopée aussi brève qu'intense. Le dard. Jutta sentit son cœur frapper sa poitrine. Elle écarta l'équipement du nain pour regarder plus en profondeur l'étendue de la blessure. Romo s'agenouilla près de sa camarade, lui offrant son aide lors de cet examen médical de fortune.

- Il vit, souffla-t-elle simplement. Pas de fièvre. Le monstre n'a sans doute pas eu le temps de lui injecter suffisamment de poison, ça ou bien notre ami est plus coriace qu'un troll.

Romo baissa la tête, soulagé. Daramir Fort-Poison. Un bien beau surnom. Plus enviable qu'une mort précoce au fin fond d'une grotte puante d'araignée géante.

- Maître Beornide, reprit Cœur d'Acier, vos bras seront les bienvenus pour transporter notre camarade. Le temps qu'il reprenne ses esprits.

Styrbeorn acquiesça tandis que Jutta s'apprêtait à examiner Jenslav. La moue du dalite ne promettait rien de bon.

- Il semblerait que vous nous ayez trouvé une nouvelle piste, ajouta-t-il ironiquement. Nous ne devrions plus être...
- Silence ! gronda la naine.

Retardant l'examen de Jenslav, Jutta fit de grandes enjambées jusqu'à l'entrée de l'un des nombreux tunnels autour d'eux puis s'allongea au sol, l'oreille et les doigts nus contre la pierre. Les paupières fermées, elle écouta durant un bref instant, pourtant semblable à l'éternité. Le reste du groupe était suspendu à l'interprétation de l'éclaireuse. Ses sens aiguisés lui avaient permis de détecter un infime indice.

- Des peaux-vertes, dit-elle en se relevant, la mine sombre. Une bonne quarantaine. Ils arrivent. Vite !

Un indice mortel.

- Regroupement ! hurla Romo, ses couperets pointés vers le plafond de la grotte. Ils sont trop nombreux, suivez-moi !

Les piaillements s'élevèrent enfin des profondeurs des ténèbres jusqu'aux oreilles du groupe. Il n'était plus l'heure de traîner, ni de jouer aux héros. Ils avaient une mission.

“Tends la corde sans te crisper. Voilà comme ça. Ferme ton œil gauche et retiens ta respiration. Ni ton bras, ni ton torse ne doivent bouger ; même d’un centimètre. Règle la mire.”


La petite tête blonde paraissait bien concentrée sur sa cible. Suivant à la lettre les instructions de son père, elle prit quelques secondes pour ajuster la visée et finit par relâcher la corde. La flèche fendit l’air jusqu’à atteindre la cible gravée dans le bois. L’enfant, folle de joie, laissa tomber son arme et poussa un cri aigu de victoire, les bras en l’air. Elle se retourna vers son père pour partager son bonheur, mais celui-ci affichait une expression grave. Il lui tendait l’arc qu’elle avait laissé tombée avec un air autoritaire.


“Une archère de Dale ne saurait se débarrasser de son arme.” la réprimanda Jenslav. “Te souviens-tu de ce que je t’ai appris ?

-Oui…, rétorqua la jeune fille avec une petite moue contrariée, une cible en cache toujours une autre.

-Exactement.”



Le père et sa fille se regardèrent un moment en silence, puis un léger sourire en coin apparut sur le visage de Jenslav.

“Mais c’était un joli tir.”


L’enfant se mit à rire et se laissa tomber dans les bras du soldat, le déséquilibrant. Ils restèrent un moment allongé sur l’herbe jaunie par le soleil, contemplant le ciel bleu au-dessus d’eux.



“Papa ?
-Oui ?
-Pourquoi dois-tu vraiment partir demain ?
-Eh bien le devoir m’appelle ; et en tant qu’officier de la Compagnie de Bard je me dois d’honorer mon serment.
-Mais… n'y a-t-il pas assez d’archers ici ? Sans petite fille ? Qui pourraient partir aussi loin ?”


Jenslav sourit d’un air triste. Une vingtaine d’années plus tôt, il s’était engagé dans l’armée plein d’idéaux et de rêves d’aventures ; persuadé que tel était son destin. Depuis, il s’était illustré dans de nombreuses batailles, avait suivi le Roi Gudmund dans de nombreuses campagnes. Mais depuis quelques années, sa vie avait pris un sens nouveau, si bien que les raisons qui l’avaient poussées à prendre les armes lui semblaient désormais bien fades. A plusieurs reprises il avait songé à quitter les rangs, changer de vie. Mais que ferait-il ? Il était l’un des meilleurs archers du royaume, mais un bien piètre artisan. De plus, la campagne que préparait Gudmund visait à enfin débarrasser l’Ouest du Rhovanion de la menace des gobelins en anéantissant sa source : Gundabad. Ce serait sa dernière bataille. Après il n’y auraient plus rien à craindre.



“Et puis pourquoi partir aider ces drôles de Nains ? Insista la petite fille. Ils ne sont même pas comme nous…
-Eh bien...malgré les apparences, cette guerre est aussi celle des Dalites. Si nous ne partons pas aujourd’hui, le Mal continuera de nous harceler pendant des années.”

La petite tête blonde de l’enfant vint se blottir dans le creux de l’épaule de son père.

“Tu vas revenir Papa oui ?
-Comme je l’ai toujours fait.
-Tu me le promets ?”

Il ouvrit la bouche pour formuler sa promesse ; mais la gorge nouée, il ne put rien dire.





Le cadavre affreusement mutilé de la bête gisait au centre de la caverne, ses longues pattes restantes recroquevillées sur son abdomen luisant. De ses nombreuses blessures s’écoulait un liquide sombre et purulent tandis que ses nombreux yeux sans vie fixaient l’éternité. Cette créature avait sûrement des siècles d’existence paisible dans les profondeurs de la montagne jusqu’à que des explorateurs trop aventureux ne perturbent son quotidien. Certains récits faisaient état de ces grandes araignées conscientes et même douées de parole ; en faisaient-elles partie ? Venaient-ils d’occire une autre créature consciente en ce jour maudit ?

Peu leur importait, ils étaient venus, non sans peine, à bout d’un autre obstacle qui se dressaient entre eux et leur objectif. Il y avait eu de la casse. Jenslav, tiraillé de douleur, parvint à se redresser et contempla le triste spectacle. La force brute de Styrbeorn et l’arrivée de Jutta et Romo avait permis d’en finir avec le monstre ; Daramir, touché avait perdu connaissance et Elendüril et Gurdann portrait les stigmates d’une sacrée lutte.

Ils auraient tous bien voulu user de quelques minutes de calme pour panser leurs blessures et reprendre leurs esprits, mais le Mont Gundabad était décidé à ne leur laisser aucun répit. L’éclaireuse naine, alertée par un bruit lointain, s’allongea au sol avant d’annoncer d’un air paniqué qu’une compagnie entière de gobelins venaient vers eux. Le vacarme de l’affrontement avec l’araignée n’était assurément pas passé inaperçu. Romo réagit rapidement et regroupa son escouade pour quitter les lieux au plus vite. En infériorité numérique et loin de leur meilleur état de forme, la compagnie des Sept n’était pas en mesure de faire face à l’ennemi. Styrbeorn hissa Daramir sur son épaule avec un grognement tandis que tous les autres s’apprêtaient à emboîter le pas de leur capitaine.

Seul Jenslav ne bougea pas.

L’officier Dalite avait repris son souffle, mais la douleur qui traversait son épaule se faisait de plus en plus pressante et gagnait son torse à mesure que le venin progressait dans son corps.

“Je ne peux vous suivre.” Annonça-t-il simplement d’une voix faible et tremblante

Jutta se pinça les lèvres. Ce qu’elle redoutait le plus s’était bien produit. Contrairement à Daramir, le Dalite avait reçu la première injection de poison venant du dard de la bête ; une injection malheureusement plus létale. De plus, l’organisme des Naugrim, forgé par Aulë pour combattre les troupes de Melkor, était de nature plus robuste contre ce type de dangers. Avec une telle blessure, un simple humain n’avait plus que quelques heures à vivre. Elle n’eut cependant pas besoin d’exprimer ses pensées à haute voix, Jenslav avait déjà compris.


“Partez !”fit-il simplement. ” Je vais les retenir aussi longtemps que possible.”

Il n’y eut ni protestations ni discussions. Romo acquiesça d’un signe de la tête et fit signe aux autres de le suivre dans les profondeurs de la montagne sans tarder. L’officier Dalite échangea un salut militaire avec Elendüril, le rôdeur Arnorien qu’il avait accueilli et guidé lors de son arrivée au sein de l’armée de Dale. Les deux hommes ne se connaissaient que depuis quelques semaines, mais un grand respect s’était installé entre eux.

“N’oubliez pas Elendüril d’Arnor. Cette guerre est aussi la nôtre.” lui glissa-t-il avant de tourner les talons et se diriger vers la galerie depuis laquelle des dizaines de peaux-vertes ne tarderaient pas à déferler.

Derrière lui, la compagnie quitta les lieux. Durant encore quelques secondes il entendit encore leurs voix et le bruit de leurs pas, puis il n’en perçut que l’écho. Mais cet écho finit également par s’évanouir et il n’y eut plus rien. Juste le silence.

D’un geste qu’il avait répété tant de fois, Jenslav leva son bras pour saisir une flèche dans son carquois ouvragé et arma son arc. C’est alors que l’attente du guerrier commença. Un sentiment habituel, mais qui cette fois résonnait de manière différente. Avant chaque bataille, il avait combattu pour sa patrie, pour sa vie également, déterminé à ressentir de telles émotions au moins encore une fois. Cette-fois ci, cependant, c’était la dernière fois qu’il devait traverser ce silence qui précédait le chaos.

À quoi pouvait bien penser un homme avant sa mort ? Au parfum frais du muguet printanier ? Au crissement du rabot de l’ébéniste ? Au son de la voix de ses enfants ? Un peu tout cela à la fois.

Le poison de l’araignée commençait à faire son effet et déjà il se sentait victime de vertiges importants qui seraient bientôt suivies d’hallucinations. Le tunnel qui lui faisait face se mouvait d’une bien curieuse façon et le vacarme des tambours de guerre se muaient en une mélodie lointaine.

Puis, il les vit ; une masse informe, mouvant et verdâtre qui fonçait vers lui. Sans y réfléchir, il tira et banda son arc à nouveau dans la foulée. Les flèches filaient à mesure que la conscience de son environnement diminuait, il ignorait même s’il faisait mouche à chacun de ses tirs. Il entendait des cris, des injonctions dans un langage inconnu. Il entendait le rire de sa fille, il voyait le sourire fier d’Ekkel, son père, il sentait l’odeur de la chevelure blonde de son épouse.

Il dirigea à nouveau sa main vers son carquois, mais cette-fois ne sentit que les gravures qui y avaient été creusés à l’intérieur. À court de flèche, il dégaina sa longue lame qu’il maniait si mal.

Les griffes étaient sur lui et le déchiquetaient de toute part. Lui, faisait de grands moulinets autour de lui. Il perdit rapidement l’équilibre, se retrouvant en dessous de la masse verdâtre qui ne semblait plus se soucier de sa présence. La douleur s’estompait progressivement.

Entre les griffes et le sang, il aperçut une petite tête blonde dont le rire cristallin résonnait contre les parois. Elle lui tendait sa main.

“Viens papa ! Viens donc jouer avec moi.”

Dans un dernier effort surhumain il leva à nouveau son bras. Il murmura :

“Oui… allons jouer.”

Il n’y avait plus de douleur ou de masse informe. Seuls résidaient le guerrier et l’éternité qui lui tendait la main.




Les survivants du groupe avaient couru aussi vite qu’ils le pouvaient à travers les galeries labyrinthiques des profondeurs du Mont Gundabad dans l’espoir de semer leurs poursuivants. Ils ne surent combien de temps ils passèrent ainsi à chercher à s’éloigner le plus possible du danger, mais ils n’acceptèrent de ralentir le rythme qu’une fois que leur respiration devint brûlante et que leurs membres ne pouvaient plus suivre. Ils se permirent de prendre quelques secondes pour évaluer la situation et chercher à se localiser.

Une tentative bien vaine.

Ils s’étaient enfoncé si loin dans le cœur de la montagne que nulle carte ne pouvait les renseigner sur leur position. Les guerriers échangèrent des regards désespérés. Ainsi devait s’achever la grande mission des Sept ? Sur une mort sans gloire à errer ici ? Qu’adviendrait-il de la coalition ? Thorik et les siens mourraient-ils tous devant les portes de Gundubanad par leur échec ?

Pour ne rien arranger un bruit se fit entendre plus loin. Quelqu’un s’approchait d’eux. Les gobelins, les avaient-ils, piégés pour les prendre en tenaille.

Au bout de quelques minutes, le contour d’une silhouette claudiquant se dessina. L’inconnu avait bien la taille d’un gobelin, mais semblait bien plus large et robuste. Il pouvait s’agir de la morphologie d’un Naugrim mais que pouvait bien faire un Nain dans un tel endroit ?

La réponse à cette question, Romo Cœur d’Acier la possédait. Il savait bien ce que le Mont Gundabad leur avait pris.

Le nain se figea sur place, pétrifié.

Comme ces statues vivantes qu'on trouve parfois dans les foires des villes humaines, il était devenu tout soudain semblable à un élément de décor, souvenir des statues qui avaient peut-être un jour, au temps jadis, été érigées en ces galeries. Sa peau blafarde en avait à peu près la couleur, mais il n'en détenait plus la majesté et semblait bien près de s'effriter. C'était un nain sans hache et sans armure que les six compagnons avaient devant eux. Il avait été dépouillé de tous ses atours et ne portait plus ni cape, ni bottes ; on ne lui avait laissé que quelques habits pour la forme, ceux-là même qu'il portait sous son équipement de guerre quand il avait été pris, en un temps qui lui paraissait maintenant lointain. Un temps où il marchait encore sous le soleil et sous la lune.

Il n'avait pas rêvé... Il voyait devant lui la lueur d'une torche et entendait des respirations essoufflées, saccadées. Ça y est, c'en était fait de lui ! En dépit de tous ces efforts consentis pour échapper à la chasse qui avait été lancée pour lui courir sus, on venait lui couper la route par devant. Bien fou avait-il été de croire qu'on pouvait sortir de Gundabad sans l'autorisation expresse du maître des lieux... Mais quel choix avait-il eu, de toute façon ?

Le temps semblait s'être suspendu l'espace d'un instant. Cinq seconde ? Vingt ? Tout le monde semblait s'être arrêté, personne ne faisait mine de vouloir bouger. Pourquoi les séides de Zock-Dah ne se ruaient-ils pas sur lui, le sabre au clair et la haine au cœur, pour punir son outrecuidance et son fol espoir ? Peut-être jouaient-ils avec ses nerfs pour le tourmenter une dernière fois avant de le mettre à mort.

- Pitié non !

Les mots étaient sortis tout seuls de sa bouche, comme l'écho d'une supplique éraillée qui avait dû retentir maintes fois sous les trois monts depuis que le peuple des Gobelins y avait élu domicile.

Non, ça n'avait aucun sens. S'il c'était agi de peaux-vertes, ils l'auraient déjà saigné comme un pourceau ou l'auraient couvert de cordes pour le ramener au fond de la porcherie. Ses yeux écarquillés de peur ne parvenaient pas à discerner quoi que ce soit dans le halo orangé qui agressait ses pupilles depuis trop longtemps habituées à la pénombre. Que pouvait-il faire ? Retourner en arrière vers le cœur de la cité ? L'option n'était pas même envisageable. Le cœur battant à tout rompre et le souffle court, il rassembla tout son courage pour articuler à nouveau quelques mots.

- Vous... vous êtes des évadés ?

Dans cet antre du désespoir, l'éventualité d'être tombé sur une poignée de ses congénères rescapés de la rage meurtrière du Maître-fouet représentait le seul espoir qu'il avait de prolonger au moins un peu sa vie, si mince cet espoir fût-il. Qui sait, à plusieurs ils pouvaient peut-être espérer survivre assez longtemps dans ce labyrinthe infernal pour attendre une hypothétique libération. Si c'étaient là des rescapés, ils le reconnaitraient, pour sûr, à la lueur chevrotante de leur torche. Des nains sans majesté, sans hache et sans armure, sans atours, sans cape ni botte et presque sans espoir, il y en avait des dizaines, peut-être des centaines ici. Il y avait même de nombreux nains sans vie.

Mais de nains sans barbe, ça, il n'y en avait peut-être bien qu'un.

La cavalerie était arrivée, en quelques secondes le garde de fer avait eu le temps d’entendre siffler une flèche, de voir des silhouettes surgir du boyau d’où ils étaient tombés. Mais comme pour contrebalancer ce soudain regain d’espoir, il vit aussi un de ses compagnons qu’il appréciait le plus tomber, Daramir, soudain chancelant, chuta au sol. Gurdann s’apprêtait à se précipiter à sa rescousse, mais alors, tel un troll des caverne, Styrbeorn atterrit non loin de lui, et s’en suivit un de ces épisodes qui font les grandes histoires. L’immense Beornide prit les pattes avants de l’araignée, et il tira, tira, tira, alors que les tendons de la bête commençaient à rompre, il intensifia son mouvement. Et dans un grand bruit de déchirure visqueuse l’homme ( si l’on peu le nommer ainsi ) arracha les membre du monstre. A la sombre lueur des torches Gurdann gardait la bouche grande ouverte devant cette démonstration de force brute.

Romo et juta ne tardèrent pas à descendre non plus, et Gurdann fut vite rassuré sur le fait que son camarade nain allait mieux qu’on aurait pu le penser. Il n’y avait apparemment pas assez de poison en lui pour le tuer. Le Ferien alla aider Daramir à se relever, et lui tapa sur l’épaule sans rien dire, le nain des monts de fer aurait-t-il du mal à avouer son affection ? Mais ils furent tous stoppé par les mots de Romo. Les peaux vertes arrivaient, et le petit groupe devait impérativement repartir dans le chemin d’où ils étaient venus. Gurdann commença à se diriger vers la corde, mais la voix de Jenslav retentit, malgré sa faible intensité, et le silence se fit.

-“Je ne peux vous suivre.”

Non...serait-t-il blessé ? Non non non, je ne l’aime pas mais nous ne pouvons pas perdre un membre de la mission si tôt, Oh et puis au diable si je ne l’aime ou pas, c’est un camarade, comme ils ont dit, on est tous camarades, on doit se soutenir.

Mais le garde de fer n’eut pas le temps de parler que l’archer continua :


-“Partez !” fit-il simplement. ” Je vais les retenir aussi longtemps que possible.”

Alors, l’esprit et le coeur lourd, Gurdann suivit Romo.

Il est déjà âgé, il doit avoir une femme et des enfants, heureux sont ceux qui comme moi partent sans autres attaches que la patrie. Faire des gosses et fonder une famille pour mourir sous Gundabad...en plus pour aider une autre race que la sienne...Je commence à croire que les hommes de Dale valent les nains en courage ! Que les Valars lui épargnent la douleur dans sa mort, et qu’ils guident sa main et ses flèches !

En passant à coté de Jenslav, Gurdann le regarda sans les yeux et lui dit d’un ton ou perçait l’émotion

- «  Les nains n’oublierons pas votre sacrifice, ceux qui survivront à cette mission irons raconter votre résistance et votre sacrifice héroïque à vos enfants, bien que ce soit peu...Vous êtes un hommes bien Jenslav, vous êtes un homme bien.. » Le nain s’écarta doucement et reparti vers le boyau, d’une humeur sombre…

Ils avaient couru, oh ca oui ils avaient couru dans ces foutus tunnels après avoir quitté leur compagnon, Gurdann en première ligne, pour que l’exercice physique écarte sa tristesse. Il en avait perdu des camarades, il croyait être immunisé, mais là c’était différent...pas la même mission, pas la même importance...pas la même ambiance dirons-nous.

Au détour d’un tournant, le garde de fer entendit du bruit devant eux. Pensant que les peaux vertes les avaient retrouvé, Gurdann sortis sa hache ( qu’il avait récupéré en remontant ) et s’arrêta au même niveau que Romo, alors qu’une silhouette se dessinait dans le noir, leur capitaine avait l’air de plus en plus effaré, comme si il avait vu un fantôme, comme si il avait vu un fantôme…
Mais le fantôme ressemblait étrangement à l’un des leur, à un nain qui cria pitié et leur demanda si il étaient des évadés. Gurdann lui n’avait pas comprit de qui il s’agissait, il s’avança alors et répondit le premier

- «  Non nous ne sommes pas des évadés messire nain, mais vous qui êtes vous ? Un ancien prisonnier ? »

Ce sur quoi Gurdann s’avança, hache en avant, pour vérifier que rien ne suivait leur nouvel invité, une fois assuré qu’il était bien seul. Il passa alors le bras par dessus les épaule du nouvel arrivant pour le soutenir, car il avait franchement l’air d’être sur le point de clamser. Mais il ne comprenait toujours pas pourquoi Romo et Juta restaient bouche bée comme ca...[/b]

Daramir en croyait difficilement ses yeux. Ce qu’ils avaient en face d’eux, cette masse nauséabonde, honteuse de par son visage lisse et presque croulant, n’était autres que le Seigneur de la Moria, de Khazad-dûm, et il les suppliait ! Nul autre que Hadhod Croix de fer, fils de TREHOD, lui même fils de THÓR du peuple de Durin, descendant de GÛRBOR, ancien capitaine de l’Ordre du Corbeau,  chef de la maison de la Croix-de-fer et surtout Seigneur de la Moria. Certes, il ne semblait n’être plus que l’ombre de lui-même, mais c’était bel et bien le nain que tous ou presque croyait perdu à jamais. Le symbole de la vanité de cette reconquête, des pertes subis jusqu’à là, de ceux qu’on oubliait trop vite, mais qui avaient pourtant donné leur vie pour la cause naine.
“Kasat amsâkul silmal gurud”*

Si Gurdann courut au secours du miteux seigneur, Daramir un peu dépassé par les événements ne put qu’écarquiller les yeux, sa mâchoire s’affaissant de surprise.
S' il n’avait jamais personnellement fréquenté Hadhod, il y avait déjà été confronté de par certaines missions qu’il avait effectué dans le passé, à le voir passer au détour d’un couloir ou d’une route animée. Il ne put s’empêcher de se ressasser l’insulte dont certains avait affublé Hadhod lors de son accession, controversée pour certains, au trône de la Moria, “Me asnân tada Mahal duhû kansu tah”**. Si effectivement,  tout cela était l'œuvre de Mahal, celui-ci devait être doté d’une âme bien sombre, mais il en doutait.

Abasourdi de le trouver ici, il ne suffit toutefois pas d’un long moment avant que ce qui leur restait de compagnie s’anime, comme si paralysé par le choc de la découverte, l’urgence de la situation et les bruits sourds des gobelins rapprochant les avaient tous brusquement tiré de leur stupeur.
Alors que certains commencèrent à s’occuper plus en détail du Seigneur, les pensées de Daramir, malgré un rapide retour à la réalité, s'excitaient. En fait, si le petit groupe n’était déjà pas des plus rapides, y rajouter la charge d’un blessé ne ferait que les ralentir. Il ne leur restait donc que deux éventualités. Ils allaient devoir se battre ou, comme il l’espérait plutôt, ils devraient trouver au plus vite un subterfuge pour échapper à leurs assaillants. Non pas qu’il appréhendait le combat, mais Daramir, pragmatique, ne souhaitait pas que le groupe ne subisse plus de pertes.  

Le sacrifice de Jenslav ne pouvait être vain, il leur fallait survivre, en souvenir de sa vie donnée.


*C'était affreux, tout simplement affreux, en Khuzdul
** Vous êtes la preuve que Mahal a le sens de l'humour, toujours en Khuzdul

Romo eut un temps d'arrêt.

Si le menton imberbe du naugrim face à eux lui était totalement obscur, ses yeux trahissaient l'identité de ce malheureux bougre perdu, comme eux, dans ces couloirs emplis de ténèbres. Son regard traduisait une peur indescriptible.

- Hadhod...

Jutta ne perdit pas plus de temps et s'inclina face au seigneur de la Moria déchu depuis des lustres. Perdu au milieu de la bataille et capturé par les peaux-vertes, rares étaient encore celles et ceux parmi les enfants de Durin à croire en sa survie. Et pourtant, il était là. Frêle silhouette baignée par la faible lueur des torches du commando, semblable à un enfant dans les bras robustes de Gurdann.

- Mon ami, te revoilà revenu d'entre les morts ! râcla le Cœur d'Acier.

La mine affreuse de son vieux frère d'armes fut un nouveau coup à son moral, après le sacrifice salvateur de Jenslav. Mais s'attarder ici ne pourrait conduire qu'à un seul dénouement. Leur mort pure et simple. Les piaillements terribles de leurs poursuivants résonnaient toujours quelque part derrière eux. Styrbeorn qui fermait la marche, renifler l'air oppressant comme pour prévenir d'une arrivée soudaine de visiteurs non désirées.

- Ne traînons pas ici ! Hadhod, tes anciens geôliers sont à nos trousses, viens avec nous !

Sans tarder, le groupe -comptant de nouveau 7 compagnons- prit le fils Thór sous son aile et reprit sa course folle en avant. Le dédale de couloirs était sans fin et leur existence ne tenait désormais plus qu'à un malheureux fil. Romo repensa à Jenslav. Le dalite était sans doute le plus valeureux longues-jambes qui lui avait été donné de rencontrer dans sa vie. Le nom de Jenslav ne serait pas oublié. Le Cœur d'Acier s'y engagerait.

Si du moins, ils parvenaient à sortir d'ici. La rencontre impromptue avec Hadhod était peut-être un signe du destin.

- L-là ! scanda soudain Hadhod, comme pris d'une illumination.

Dans un couloir sur leur droite, une arche difforme à peine identifiable avait alerté l'œil aguerri -quoi que fatigué- du seigneur de la Moria. Romo n'écouta que son instinct et emmena avec lui le reste de la compagnie vers l'endroit que son ami pointait du doigt.

- Par Aulë, souffla-t-il simplement. Est-ce vraiment elle ?

Jutta se plaqua contre la roche humide. Un sourire salvateur se dessina bientôt sur ses lèvres. Malgré son état, Hadhod l'avait repéré. Un miracle.

- La Première Porte ? comprit la naine.

Romo n'en crut pas ses oreilles ni ses yeux. Elle était là. Devant eux. La fin de cette escarmouche ô combien mouvementée.

- Je suis... oui... j'étais prisonnier ici... Enfin... je ne suis plus en cage mais je ne suis pas encore libre, dans ce dédale infernal... Je suis...

La question de Gurdann, quoique tout à fait légitime et compréhensible, avait quelque peu dérouté le Nain en cavale. Il s'attendait tellement peu à tomber sur autre chose que des Gobelins, qu'expliquer qui il était, ce qu'il faisait ici et comment il en était arrivé là depuis sa disparition ne pouvait se faire de manière fluide et cohérente. La honte parasitait l'esprit du seigneur perdu de la Moria et hachait ses phrases. Il avait honte de son état de faiblesse, de son menton imberbe, de sa fuite solitaire au beau milieu de la mutinerie, et de bien d'autres choses encore. Il avait honte, surtout, de révéler son propre nom.

Mais il n'eut pas à le faire, la compagnie fut plus rapide que lui. Hadhod. Son nom resta un moment suspendu dans l'air vicié des boyaux souterrains puis fut englouti par les ténèbres. On l'avait reconnu, bien qu'il ne fût plus que l'ombre de lui-même, le fantôme de ce qu'il avait été quelques semaines, quelques mois plus tôt... Mon ami, te voilà revenu d'entre les morts ! La voix qui venait de se faire entendre, Hadhod la reconnaissait, et malgré sa honte et toutes ses inquiétudes, son cœur bondit dans son poitrail.

- Romo... Mon cher ami...

C'était bien lui. Hadhod parvint à discerner son visage à la fois gaillard et ferme, ses traits rugueux mis en exergue par la lueur vacillante du feu, et sa barbe tressée – oui, sa barbe de Nain. Dans cet enfer où l'espoir s'était amenuisé au fil du temps jusqu'à pratiquement disparaître, la vision de son vieil ami, armé pour la guerre et non revêtu des hardes des prisonniers, lui fit entrevoir à nouveau un monde où la chaleur n'était pas seulement celle des couloirs moites ou des forges gobelines, mais aussi celle des relations franches et sincères, de la camaraderie, de l'amitié. Un monde où la fierté des Khazâd était toujours vivante, et où les Rukhsit n'étaient pas regardés avec crainte ni soumission.

- Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Les méninges de Hadhod essayaient tant bien que mal de assembler les pièces du puzzle et de donner un sens à tout cela. S'ils n'étaient pas des évadés, ceux qui lui faisaient face venaient forcément de l'extérieur, et la présence du vétéran en pleine possession de ses moyens laissait entrevoir la magnifique réponse à cette énigme : les forces de la Reconquête, ou en tout cas une poignée de ses éléments, avaient trouvé le moyen de pénétrer à l'intérieur de Gundubanâd ! Le Nain qui lui avait parlé en premier vint vers lui, pour l'épauler et l'aider à s'approcher du petit groupe. Hadhod put alors voir qu'il n'était pas composé que de Naugrim, et qu'en retrait de ses congénères se tenaient aussi des représentants d'autres peuples. Ses sauveurs étaient au nombre de six : un Humain de grande taille qui paraissait être un béornide, un autre de taille normale, le brave Nain qui le soutenait et un autre qui le dévisageait avec un air abasourdi, le Coeur-d'Acier, et à sa surprise une Naine qui venait de s'incliner devant lui.

Mais les questions devraient attendre. L'écho de vociférations gobelines et la brève mise en garde de Romo coupèrent court à cet instant suspendu dans le temps, et le septuor improvisé se remit précipitamment en mouvement. Les entrailles de Gundubanâd relevaient davantage du labyrinthe que de la voie rectiligne, bien entendu, et Hadhod ne savait plus trop dans quel sens le groupe devait courir pour échapper aux poursuivants, qui semblaient venir de la direction même vers laquelle le pauvre évadé se dirigeait, solitaire, quelques instants plus tôt. Les galeries, corridors et chemins de traverse formaient certainement déjà une ramification étoffée au temps de l'âge d'or des Nains, et les siècles d'occupation gobeline n'avaient pas dû en simplifier le plan.

Hadhod se laissa entraîner sans trop réfléchir, essayant seulement de regarder d'un côté et de l'autre à la recherche d'échappatoires qui eurent pu leur éviter de retourner vers le lieu des récentes exécutions et de la mutinerie. Mais à force d'errer dans ces souterrains, exténué et en panique, son sens de l'orientation avait pris un sérieux coup dans l'aile et il ne lui restait que peu de repères fiables. Quand tout à coup...

- L-là !

Etait-ce son cerveau qui lui jouait des tours, quelque hallucination engendrée par le manque de sommeil ? Dans leur course, il venait d'avoir la vision floue de quelque chose qui semblait tout droit sorti d'une légende, quelque chose qui le ramenait aux plus profondes racines de sa race et qui remua tout son être. Ce qu'il venait de montrer du doigt dans un geste instinctif, c'était comme si un Elfe se retrouvait soudainement sur les douces berges du lac Cuiviénen sous les étoiles, dans la jeunesse du monde... C'était comme si un Homme entendait à nouveau les mélodies de la harpe de Bëor lors du premier périple, quand ils marchaient vers l'ouest depuis les contrées de leur naissance.

Hadhod était le plus faible et déboussolé de tout le groupe, mais il n'en demeurait pas moins le plus versé dans la tradition. Et pendant les années où il avait trôné à Khazad-dûm, son ami Oïn III, le plus ancien et le plus sage des compagnons de la Croix-de-Fer, avait fait un travail remarquable en épluchant d'innombrables manuscrits anciens, qui n'étaient eux-mêmes que des copies ou des compilations d'écrits plus anciens tombés en poussière. Et il s'en trouvait, parmi ces récits et ces légendes, qui parlaient de Durin l'Immortel, le père de leur race, et de sa vie, de la fondation de Khazad-dûm. Et il y en avait d'autres encore qui remontaient plus loin et qui, si on savait les interpréter, parlaient du sommeil de Durin et de son éveil. Et parmi ces traditions passées de bouche en bouche puis de plume en plume à travers l'histoire du peuple nain, six vers revinrent à la mémoire de Hadhod, tirés d'un lai sans doute bien plus long et qu'il déclama machinalement :

- Lui qui dormait sous la Pierre,
Se leva, marcha jusqu'à la Lumière,
Premier Nain il était, Première Porte il bâtit,
Porte entre Soleil et Nuit,
Eternel passage des Nains,
Hantera les rêves des Fils de Durin.

Et elle avait hanté plusieurs fois ses rêves, comme une mémoire portée par les descendants de Durin, inscrite, endormie dans la matière dont ils étaient fait et qui ressurgissait dans leurs esprits au plus profond du sommeil. L'origine. L'éveil. La découverte du monde. Le passage entre le monde des Nains et le monde des Autres.

- Oui, répondit-il à Romo et Jutta, c'est bien elle... C'est la Première Porte.

Mais les rêves n'avaient jamais donné le moindre mode d'emploi quant à son ouverture, et Hadhod ignorait bien si les descendants de l'Immortel l'avaient bardée d'une révérencieuse magie ou si, dans une simplicité primitive et originelle, on pouvait l'ouvrir d'une simple poussée.

Ils n’avaient toujours pas bougé, qui était donc ce nain imberbe pour qu’ils le regardent tous avec des têtes de truites ? Mais alors le garde fer perçu d’abord le murmure de Daramir, qui vint, tout bas, rompre le lourd silence.

-"Qu’est-ce donc de si affreux ? ...oui il n’a pas de barde ?Putain mais qu’est-ce qu’ils ont tous là ? Utilisé le kuzdhul pour si peu ! C’est qui ce bougr-"

- « Hadhod... »

Ce nom, tout autant honnis qu’admiré du garde de fer, le nom d’un grand guerrier, d’une légende chez les nains, le nom du seigneur de la moria, rien que ca ! Mais aussi le nom d’un autre grand salaud, qui comme tous avait dédaigné aider les montagnes de fer quand elles étaient en proie aux flammes de la dévastation. Gurdann n’eut même pas le temps d’écouter sa réponse qu’une vive explosion argentée éclata dans son crâne.

HADHOD ! Gurdann... réfléchi ! Nous l’avons...avons trouvé ! Lui ! Il est le moyen, le moyen de faire pression sur la coalition ! Le fourbe..fourbe traître...Non ! Si je l’aide, si on réussit cette mission en ramenant le seigneur de moria vivant imagine quel poids aurais-je auprès des troupes ! FOURBE, TUE-LE, PREND LE EN OTAGE, FOURBE ! Venge ta maison ! Venge... nous...NON, la survie des monts de fer passe cette fois par l’horreur, trop de sang nain à coulé pour que cela soit bon d’en faire couler plus, nous gagnerons le respect de Thorik, de tous ! Et L’alliance sauvera la patrie ! Le soleil brillera de nouveau sur les montagnes enneigées, nous devons réussir…

La voix ne s'était plus manifesté depuis quelques jours, Ô cela n’aurais pas forcément dérangé Gurdann qu’elle se tut quelques un de plus. Mais elle continuait à hululer lugubrement, s’accrochant aux parois de son esprit, la colère du fer était de retour, et Gurdann comptait bien s’en servir pour mener à ses fins son plan plus résonné. S'ils gagnaient, ce serait en partie grâce à lui, s'ils retrouvaient leur seigneur, ce serait grâce à lui aussi ! Ne manquerait plus qu’à s' occuper de Sharrin ensuite… Quelle drôle, grisante et effrayante sensation que celle qui vous donne l’impression de vous tenir au centre de l’histoire ! Et quelles écrasantes responsabilités... mais les épaules de ceux du nord sont solides, celle de Gurdann en particulier. Mais ce n’était point l’endroit ni le moment de philosopher, et bien que les gémissements lacérants de la voix de fer ne se soient pas tus, Gurdann écouta le conseil avisé de Romo quant à ce qu’ils devaient faire. Autant se concentrer et ne pas écouter son alter égo pour l’instant…

Les aventuriers, revenus au nombre de sept, se mirent alors ( encore ! ) à courir dans les tunnels, se dirigeant à ce qu’il semblait au hasard. A travers les galeries, des fois en pierre taillée, lisse, couverte de poussière, grise et sentant la gloire passé, des autres fois d’insipides tunnels de fabrication gobelines, empestant la charogne, les excréments et l’animal, creusé à même la roche et la glaise. La lumière tes torches faisait vaciller des ombres menaçantes dans le creux des murs, le cliquetis des armures se mêlait aux cris  lointains de leurs poursuivants et a leurs respirations sifflantes. Gurdann était juste derrière Hadhod et Romo, aux côtés de son camarade nain Longe Barbe.

Mais où nous emmène-t’il … ? si des gobelins surgissent de devant nous, nous sommes morts, de même si ceux derrière nous se sentent pousser des ailes d’un coup et nous rattrape...qui sera le prochain Jenslav ? Qui sera le prochain sacrifié dans ces sombres tunnels ?

Mais, en pleine course, Gurdann, et à en juger tous les autres Naugrims présents, tressaillirent soudainement . Une étrange sensation s’empara d’eux, d’où cela venait ? Gurdann ne sut le dire les premières seconde, mais alors qu’une vague d’impressions l’assaillaient, il remarqua cette silhouette de porte sur le mur...Au milieu des cascades de nostalgie sorti de nulle part, des sensations comme remontées des abîmes d’un passé commun, le garde de fer se demanda jusque dans quel tréfonds de la cité ils étaient descendus ? Il lui revenait des visions confuses, comme des silhouettes effacées, ou à peine formées, des êtres premiers, lointains et mystérieux. Mais un nom, un nom surtout tournait dans son esprit : Durin, le père, le père de sa race, l’immortel légendaire ! Mais un élément ne lui revenait pas... c'était cette porte…

- « - Lui qui dormait sous la Pierre,
Se leva, marcha jusqu'à la Lumière,
Premier Nain il était, Première Porte il bâtit,
Porte entre Soleil et Nuit,
Eternel passage des Nains,
Hantera les rêves des Fils de Durin. »

Ces vers, bien que Gurdann ne les connaissent point, lui firent l’effet d’une claque. Le garde de fer était d’une certaine érudition, bien sûr pas autant que le seigneur de la Moria, mais même aux monts de fer l’on connaissait Première Porte, le passage vers d’autres royaumes, le chemin des mondes, ou le Grizinar comme on le disait en mont-de-ferien. Mais Gurdann n’en savait pas plus qu’en à la réelle utilité de cette porte, à vrais dire même si le nord était descendant de Durin, la perte de leur cité ( et donc de leurs bibliothèques ) et leur histoire mouvementée ne leur permettaient pas d’accumuler si grand savoir...D’ailleurs le guerrier ne savait pas non plus comment l’ouvrir…

« ...Si je puis me permettre, de façon assez prosaïque, comment l’ouvre-t-on cette porte ? Car je vous avouerai n’en avoir nulle idée... » Dit le garde de fer d’un ton mi-triste mi-interrogateur