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 [Amon Araf] Le respect se mérite, la confiance se gagne

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Sirion Ibn Lahad
Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
Sirion Ibn Lahad

Nombre de messages : 1871
Age : 33
Localisation : Arnor

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[Amon Araf] Le respect se mérite, la confiance se gagne EmptyJeu 13 Juil 2023 - 14:42

- Eh bien, débrouille-toi pour que le mortier arrive dans la semaine. Fais ce qu'il y a à faire.

L'ouvrier acquiesça et s'en retourna près de ses hommes. Omri l'observa un instant avant de tourner le regard vers la cour principale du château, un tas de paperasse sous le bras. La mine grave du régisseur trahissait son inquiétude. Les travaux de rénovation avançaient bien, pourtant il était sans cesse derrière les hommes et les femmes en train d'oeuvrer à la restauration du château comtal. Le fied d'Amon Araf avait récemment changé de propriétaire et tout devait être prêt pour son arrivée.

[Amon Araf] Le respect se mérite, la confiance se gagne Amon_a11

~~

Omri avait été mandé à la capitale un mois plus tôt. Le nouveau comte avait souhaité le rencontrer dans l'intimité d'une auberge discrète. Au milieu de la clientèle, l'arnorien avait fait la connaissance de celui que d'aucuns surnommaient jadis le Fantôme. Ou plutôt, il avait réellement fait sa connaissance. Car lors du siège d'Amon Araf par Madhel et ses hommes, Omri avait déjà croisé sa route. À la tête de la garde de la rose, Ibn Lahad avait su se montrer décisif dans la libération de la place-forte et ainsi redorer le blason du roi sur ses terres. Un homme fort, avait alors pensé l'arnorien.

- On vous dit méticuleux, loyal et franc, lui avait soufflé celui qui prétendait également à devenir le nouvel Intendant d'Arnor.
- En effet, mon seigneur.
- J'aime à penser que vous feriez un excellent régisseur pour mon domaine et.. mes gens.


Omri avait ressenti la gêne dans la voix de son interlocuteur. Les choses de la noblesse lui semblaient encore étrangères.

- Ce serait un honneur.
- Bien. La question est donc réglée.


Ibn Lahad se leva d'un bond de sa chaise. Omri sursauta. Cette réunion "secrète" n'allait pas le rester longtemps si le Comte s'étalait au beau milieu de la taverne.

- Vous recevrez vos instructions à votre sortie de la capitale. Je rallierai Amon Araf dès que les affaires pressantes seront réglées ici.

L'Intendant salua brièvement Omri avant de quitter la salle. Soudain, tous les clients cessèrent leurs discussions pour se lever à leur tour et suivre comme un seul homme le bras droit d'Aldarion à l'extérieur de l'établissement, laissant Omri déconfi. Visiblement, les choses de la discrétion et de l'ombre n'étaient quant à elle pas du tout étrangères au jeune intendant.

~~

- Maître Omri ?

La voix du serviteur l'extirpa de ses pensées. Il hocha la tête comme pour inviter le jeune homme à parler.

- Marida revient.
- Ouvrez les portes.


Le métal grinça dans un bruit strident, les rouages grondèrent avant que la grande porte du château ne s'ouvre dévoilant bientôt une petite troupe de cavaliers. À leur tête, une femme sans âge et au regard perçant se présenta au centre de la cour. La poignée d'hommes qui l'accompagnait mit pied à terre. Omri s'approcha, sa paperasse toujours sous son bras. Il remarqua la corde attachée à la selle de la femme, ainsi que l'homme prisonnier à l'autre bout.


- Marida.
- Omri.
- Que nous ramènes-tu là ?
- Un traître. Le bougre nous échappe depuis des jours.

L'un de ses acolytes tira le captif jusqu'aux pieds de la monture de Marida. L'homme était crasseux, recouvert de poussière, de sang et de boue séchée. S'il était bien amoché par sa rencontre avec les cavaliers, son regard trahissait une certaine nonchalance.


- Le reconnais-tu, Omri ?

Le régisseur s'approcha avec prudence de l'homme et l'examina. Sa chevelure brune ne lui était pas inconnue, de même que sa stature. Il l'avait déjà croisé aux alentours de la citadelle.

- Le dernier sbire de ce diable d'Ilun.
- Il n'a pas ouvert la bouche depuis qu'on l'a attrapé. Les geôles sont encore debouts ?


Omri opina du chef. Marida pointa du doigt deux des siens qui se saisirent de Rytep. L'homme leva les yeux devant le donjon d'Amon Araf. Il se remémora les derniers jours vécus ici. Péocle, la prise de pouvoir de Madhel, sa fuite à l'arrivée de la Rose Blanche et sa vie de fugitif. Errance qui n'avait guère duré. Rytep n'était pas de ce genre là. Il n'avait su se résigner à vivre caché, finissant par abdiquer et se rendre.

Marida lui jeta un regard désabusé avant de mettre pied à terre. Elle tira légèrement sur sa garde, comme pour vérifier l'état de sa lame.

- Je vais demander à ce qu'on vous nourrisse toi et tes hommes, lui assura Omri. Vous devez être exténués.
- Les rénovations avancent bien on dirait.
- Il me tarde qu'elles se terminent.


La guerrière n'eut aucun mal à voir les dettes de sommeil qu'ornait le visage du régisseur.

- Quand doit-il arriver ?

Omri prit une profonde inspiration.

- Dans deux semaines. Je prie chaque soir pour qu'il soit retardé par quelque affaire d'Etat. On raconte qu'il va être l'objet de débat au Sud. Le Conseil du Sceptre s'est saisi de l'affaire et de cette histoire de bannissement.
- Les gondoriens aiment bavasser. Il suffira d'un mot de notre roi pour étouffer cela.


Le régisseur souffla. Marida était une femme terre à terre. Mais peut-être s'en faisait-il un peu trop ?

- Et ne t'en fais pas pour les travaux. Après tout, ce sont ses hommes qui ont causé la plupart des dégâts en reprenant le château des mains de Madhel.

Ensemble, ils marchèrent en direction du bâtiment principal, montant l'escalier d'honneur jusqu'à la grande salle où résidait le siège seigneurial. De nombreux serviteurs s'affairaient à restaurer la gloire d'antan de la salle, suite au passage des sbires de Madhel.

- Il suffit d'un instant pour détruire, mais des siècles pour bâtir.

Marida s'avança, les mains sur les hanches. L'endroit était encore en piteux état.

- On raconte qu'il est un homme dont on se souvient, lâcha-t-elle. Comment est-il ?
- Mystérieux,
répondit d'abord Omri. Il dirigeait les espions, les racines du pouvoir. Un homme dangereux, sans nul doute.
- Sans nul doute. Et c'est cet homme là qu'Aldarion a choisi comme Intendant. Quelle idée.
- Sa loyauté est sans faille.
- Pour un étranger...
- Que veux-tu dire, Marida ?


La femme écarta les bras. Qu'Omri pouvait être naïf parfois.

- Il est loyal parce qu'il reçoit la dime du roi et parce qu'il goûte au pouvoir. Ses ancêtres servaient sûrement Sauron. Je n'ai aucun confiance dans ce genre d'homme.
- Madhel était un arnorien. Pourtant, il a tué les héritiers du royaume. Nul n'est assujetti à ses origines, Marida.


Le régisseur se posta au pied des marches menant au siège seigneurial.

- Le respect se mérite, la confiance se gagne. En libérant le fief des griffes de cet assassin, pour moi il a l'un et l'autre.



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[Amon Araf] Le respect se mérite, la confiance se gagne EmptyVen 8 Déc 2023 - 15:25
[Amon Araf] Le respect se mérite, la confiance se gagne Omri12

Le soleil pointait tout juste à l'est. Ses premières lueurs caressèrent les remparts de la citadelle, réchauffant la pierre et réveillant les âmes. Omri leva les yeux vers la fenêtre de sa chambre. La tasse de thé entre ses doigts laissait infuser les herbes qu'elle contenait depuis un moment maintenant. Le régisseur semblait pourtant ailleurs, préoccupé. Il s'arrêta à quelques centimètres de la vitre, le regard fuyant vers le nord. Sur son bureau impeccablement rangé, un morceau de parchemin à moitié déroulé gisait au milieu de cet ordre. Une ombre au tableau. Un grain de sable dans un rouage. Une épine dans sa botte.

Omri se décida finalement à boire une gorgée. Le liquide encore chaud inonda sa gorge d'une douceur réconfortante. Pourtant, le visage du régisseur resta fermé. Le message qu'il avait reçu la veille au soir l'avait plongé dans l'inquiétude et l'insomnie. Le nouveau maître des lieux ne semblait guère pressé de rejoindre ses ouailles. Le sceau du nouvel intendant à moitié déchiré rappela cependant à Omri que son maître était plus qu'un simple comte. Qu'un simple seigneur. Et si Sa Majesté Tar-Aldarion prenait l'envie de prendre la poudre d'escampette en compagnie de la reine pour une durée indéterminée, ce n'était pas le brave Omri qui allait pouvoir y faire quoi que ce soit. Il savait fort bien que la capitale ne pouvait se passer à la fois de son roi et de son intendant. Aussi le seigneur d'Amon Araf allait donc devoir repousser sa venue au château.

Dehors, la vie reprenait son rythme habituel. Les volets s'ouvraient, le bruit des sabots résonnait entre les murs, les échanges entre artisans s'élevaient désormais entre les étals. Omri prit une profonde inspiration. La tâche de diriger le château ainsi que tous ses occupants lui incombaient encore et toujours. Malgré les difficultés, les changements de propriétaires et le sang versé par ses concitoyens, il tenait bon. Il le devait. Par devoir.

Soudain pris d'un regain d'énergie, il se prit à positiver. Ce retard leur offrait la possibilité d'achever les travaux de rénovation de la citadelle avant son arrivée. La missive racontait également que les accusations et le bannissement de l'Intendant du royaume du Gondor avaient été levés par le Conseil du Sceptre. Une chance. Et un caillou en moins dans la botte de Sirion. Deux bonnes nouvelles !

On frappa à sa porte.

- C'est ouvert.

La silhouette d'une jeune fille fluette se dessina. Les mains jointes devant sa taille, elle inclina légèrement la tête.


- Bonjour Norda. Que puis-je pour toi ?
- Maître Omri, les appartements du seigneur Abn Lihad sont prêts et nous av...
- Merci, Norda. Mais l'Intendant a été retardé. Il ne viendra pas avant un moment. Je te le ferai savoir.


La servante hocha la tête.

- Ibn Lahad. N'oublie pas son nom. Cela ferait mauvais genre.
- Oui, maître Omri.


Norda s'éclipsa. Laissant de nouveau Omri, seul. Il porta sa tasse à ses lèvres. L'eau était froide. Sa langue pesta derrière ses dents. Il reposa la tasse et revêtit sa longue toge ocre de travail. Chaque habitant d'Amon Araf connaissait cette toge caractéristique. Omri passa le seuil de ses appartements. Très vite, on le sollicita à gauche à droite pour tout un tas de sujets plus ou moins importants. Cela l'empêcha de ressasser.



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[Amon Araf] Le respect se mérite, la confiance se gagne EmptyVen 12 Juil 2024 - 11:47

La salle commune était une pièce relativement grande. Tout en longueur, elle pouvait sans peine accueillir une centaine d'âmes sur des tablées s'étalant d'un mur à l'autre. Elle était depuis longtemps le lieu de réunion de la garde d'Amon Araf. Un endroit austère mais rigoureusement bien tenu. À l'image du nouveau maître des lieux.

En attendant, les tables étaient vides.

Marida se tenait droite comme un i devant l’immensité de ce silence. Elle connaissait l’endroit par coeur. Si elle avait patrouillé des années durant au sud du royaume, Amon Araf demeurait son foyer. Et si le château n’avait pas bougé, il semblait différent aujourd’hui.

– Dame Marida ?


La capitaine des patrouilleurs tourna la tête. Norda l’observait, un plateau avec quelques victuailles et un pichet. La servante patientait, le temps que la cavalière daigne prendre place quelque part. Marida avait demandé qu’on lui apporte un repas chaud et du vin. La patrouille avait été longue et pénible. Sous la pluie battante, elle et ses huit hommes avaient galopé pendant plusieurs heures.

Si ses hommes avaient opté pour l’ambiance plus chaleureuse de la taverne -après l’aval de leur capitaine, Marida avait préféré se réfugier derrière les murs épais du château du comte.

– Approche, dit-elle.

Enfin, elle prit place devant l’une des tables. Norda s’avança et lui déposa le plateau et la boisson. Elle s’apprêta à servir le vin.

– Ça ira. Je vais me servir.

Norda hocha silencieusement la tête. La cavalière aux cheveux d’argent savait se faire comprendre sans détour. Si la jeune femme semblait légèrement vexée, Omri lui avait appris à ne pas relever les manques de bienséance chez la patrouilleuse. Marida était ce qu’elle était. Une femme de terrain. Les faux-semblants et les pirouettes ne faisaient pas partie de ses habitudes.
Mais tandis que Norda allait prendre congé, elle fut interpellée.

– Depuis quand travailles-tu ici ? lui demanda Marida.
– Deux ans, ma dame.

Marida l’examina du regard, tout en mastiquant sa viande séchée. Elle la dévisagea de longues secondes semblables à une éternité pour Norda.

– Tu es bien traitée ?
– Oui, ma dame. Maître Omri est bon avec moi.
– Et tu te plais au château ?
– Oh oui.


La patrouilleuse avala sa bouchée avant de remplir sa coupe. Le liquide rougeâtre coula sur sa langue puis dans sa gorge comme un philtre de plaisir. Cela faisait un moment qu’elle attendait de pouvoir déguster du vin.

– Ne laisse pas les gens du château te traiter comme de la vermine. Omri est un homme bien mais les hommes ne sont pas tous comme lui.
– Oui, ma dame. Je connais les hommes.


Les yeux sombres de Marida sondèrent ceux de la servante. Le regard de Norda en disait long sur son passé. La cavalière n’insista pas. Mais entre femmes, il fallait se serrer les coudes. Qu’importe le rang.

– J’ai terminé. Emporte le reste, je te le laisse.
– Merci, dame Marida.


Norda commença à débarrasser.

– Laisse le pichet.

Elle opina du chef puis se retira.
Marida vida une nouvelle coupe. Puis sa tête bascula en arrière, ses yeux divaguant sur le plafond de la grande salle.

– Tu m’épies depuis longtemps ? lâcha-t-elle.


L’ombre d’Omri apparut dans un coin de la salle.

– Suffisamment que pour saluer ta prévenance à l’encontre de Norda.

Omri vint s’asseoir face à Marida.

– Elle est dans la fleur de l’âge. Certains pourraient vouloir… s’amuser avec elle.
– Aucun comportement de ce genre n’est permis au château.
– C’est là ton problème, Omri. Tu crois que tout le monde est né sans arrière pensée, sans folie dans le crâne. Tous les serviteurs, tous les gens du domaine, tous ne sont pas des saints.
– Je ne suis pas aussi crédule que tu le penses.
– Vraiment ?


Marida se redressa. Une nouvelle coupe.

– Le comte n’est pas du genre à laisser passer ce genre de comportement.
– Il n’est pas non plus du genre à être là,
releva Marida. On le surnommait jadis le Fantôme. Je commence à comprendre pourquoi. En attendant qu’il daigne se montrer, il te laisse le soin de gérer le domaine.
– L’Intendance est un fardeau bien plus grand que la gestion d’un comté. Amon Araf est fort. Nous survivrons bien sans lui encore un peu…
– Aujourd’hui, c’est toi qui es le comte, Omri. Lui n’est qu’un étranger parvenu.
– Marida…


La patrouilleuse tapa de la main sur la table.

– Mettons que demain, une bande de brigands ou de mercenaires, que sais-je, débarque et qu’ils se mettent à piller, tuer, violer. Que se passera-t-il ?
– Nous ferons tout pour les repousser.
– Tu n’en sais rien. Peut-être que je serai en patrouille, que la garde du mur sera pris de court. En une après-midi, le château sera en feu et Amon Araf n’existera plus.
– Avec une compagnie de patrouilleurs comme la nôtre, nous n’avons rien à craindre…


Omri se tut. Même si le scénario évoqué par Marida avait peu de chance de se produire dans la réalité, le régisseur se mit à angoisser. Sirion Ibn Lahad n’avait encore jamais mis les pieds dans son nouveau domaine. Attachait-il autant d’importance au comté qu’à ses tâches d’intendance royale ?

Il se pencha au-dessus de la table, attrapa le pichet et la coupe de Marida. Et noya ses craintes dans l’alcool.



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