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 Une Hobbit dans un Jeu de Quilles

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Kryss Ganaël
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Kryss Ganaël

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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyLun 19 Fév 2024 - 19:42
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Depuis combien d’heures était-il parti, Ramic, de son petit nid douillet ? Oh, cela devait faire des lustres, deux heures au moins ! Mais il n’était pas pressé. La faim, cependant, se faisait ressentir déjà, alors il installa confortablement la bride de son poney sous son aisselle et se tourna sur le petit banc en bois de fortune de sa charrette pour accéder au panier en osier à sa droite. Il tapota une énième fois sur la poche de sa salopette, s’assurant de la présence de sa pipe en terre cuite hérité de son Da. Ah…oui elle était bien là. Et l’herbe ? Sa main vint tapoter le petit sachet juste à côté. Parfait.

Un grognement de satisfaction le prit lorsqu’il sortit du panier de victuailles une épaisse tartine de pain sur laquelle il étala avec générosité du pâté de lapin. Son poney suivait de lui-même la route longeant la rivière Norbourn en direction de l’étang Belleau. Arg…il avait déjà envie de rentrer chez lui, mais il devra se contenter d’une bonne chopine de bière à Bree. Et puis…cela ne lui ferait pas de mal, un peu de calme loin de sa marmaille bruyante et de sa femme toujours en colère pour je ne sais quelle raison.

Comment ça, son tablier bleu ? Et où, sa marmite favorite pour les infusions ? Dans quel tiroir, sa cuillère d’argent de son arrière-grand-tante du côté maternel ? Ramic en était convaincu, si elle n’avait pas sa tête si fortement accrochée sur ses épaules, elle l’aurait perdue également ! Le pauvre homme bougonna un instant en avalant sa tartine, mais bientôt son esprit se ragaillardit en allumant sa petite pipe en terre et en tirant en une profonde inspiration, avant d’exhaler des ronds de fumée grise.

Voilà la recette du bonheur, pensa-t-il. De la nourriture, juste là. De l’herbe à pipe. Et le trot régulier de son fidèle compagnon. Cette route, jusqu’à Bree et vers l’Arnor, il la connaissait bien. Il la parcourait depuis son plus jeune âge, à l’époque avec son Da. Quelques fois il avait emmené son jeune fils aussi, mais il était désormais plus intéressé par courtiser la belle hobbit herboriste que d’accompagner son vieux père. Meh, qu’à cela ne tienne, il n’avait besoin de personne pour se distraire ! Il jeta un coup d’œil fier à l’arrière de sa charrette pour vérifier que sa cargaison de poterie était bien là et sécurisée. C’était fragile, ces choses-là…

Il espérait qu’il en tirerait un bon prix à Fornost, à son contact habituel. Cela en faisait une trotte cependant, et il aurait préféré qu’ils viennent jusqu’à Bree. Bah, quelques jours de plus, rien de bien méchant. Puis comme cela, il n’aurait pas à retrouver les affaires de sa femme pendant ce temps-là. Perdu dans ses pensées, il commençait à voir au loin venant d’une route annexe une cariole. En soit rien de mal, la route était régulièrement fréquentée jusqu’à la prochaine ville. Mais Ramic ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle allait bien vite, cette charrette. Trop…bien trop vite.

Il reprit des deux mains les rennes de la charrette et tira de toute ses forces.


- Ola Ola Ola Canaillou !
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Azalée Bravet
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyMar 20 Fév 2024 - 18:56
C’était aujourd’hui le grand jour !
Elle avait presque tout préparé la veille, empaquetant précautionneusement ses outils, ses casseroles.

Elle se leva aux aurores, prit un solide premier petit déjeuner, fit sa toilette – la dernière dans une vraie salle de bain de hobbit avant longtemps, sans doute… Elle finit d’empaqueter ses affaires, et quand son frère fut levé, il l’aida à tout caser et attacher dans la charrette.

Son père se leva à son tour, et ils prirent ensemble le petit déjeuner -le premier pour certains, le deuxième pour une autre. Puis elle alla pomponner Caramelle, et allait enfin partir quand sa mère finit par se lever, encore toute ébouriffée dans son peignoir de mérinos blanc, et la petite famille prit un nouveau petit déjeuner.

-Tu te rappelles que tu as promis à ta tante Begonia de passer la voir sur ton chemin !
-Humch
, répliqua Azalée en croquant dans sa tartine. Oui oui.

Elle avait le secret espoir que Tante Bégonia lui donnerait quelques bocaux de sa célèbre confiture de groseilles pour la route.

-Elle te donnera peut-être de la confiture de groseille, remarqua Munro.

Tout le monde se rassembla devant le petit portail peint en vert pour lui faire de grands signes d’adieux. Maman agita son mouchoir brodé. Puis Azalée tourna à gauche sur la route, et tout le monde disparut.

C’était une belle matinée, un peu plus nuageuse que ce qu’elle imaginait. Elle se sentait tout énervée. Elle partait enfin à l’aventure ! Seule, à la découverte du vaste monde ! Enfin, seule avec Caramelle, bien sûr !

-Hein ma belle ! Toutes les deux seules sur la route !

Bon, pour l’instant, elles n’étaient pas vraiment seules sur la route… Elle croisait régulièrement des connaissances, à qui elle disait poliment bonjour.
Mais elle n’était déjà plus une brave hobbit de la Comté ! Elle était une aventurière farouche, une forgeronne avide de connaissances ! Elle avait déjà refusé trois propositions de s’arrêter pour une citronnade chez des amis !

Elle bifurqua néanmoins légèrement de la Grand Route de l’est pour se diriger vers la ferme des Bunce. Tante Bégonia devait la guetter depuis la fenêtre de sa cuisine, puisqu’elle sortit de sa maison avant même qu’Azalée ait mis pied à terre.

-Zaza ! Ma grande Zazou ! fit Bégonia en l’écrasant dans un gros câlin. Tu as le temps de venir prendre une citronnade ?
-Euh, ben, euh… C’est que…


Au moins, quand Azalée ressortit de chez sa tante trois quarts d’heure plus tard, elle tenait trois gros pots de confiture de groseille !

-C’est très gentil, tante Bégonia !
-Je t’en prie ! Il m’en reste des dizaines ! Et puis, il faudra bien que tu manges quand tu seras là-bas chez les Grandes Gens ! Et qui sait ce que tu trouveras à manger dans ces pays-là…


Azalée déposa les bocaux dans la charrette, bien calés dans sa robe de grosse laine, qu’elle avait laissée sortie exprès. Elle était déjà remontée sur le siège, quand une grosse voix retentit :

-Zazou ! Tu ne viens pas dire au revoir à ton oncle Porbo?

Azalée redescendit du siège et se dirigea vers son oncle, emmitouflé dans un grand manteau de laine, le nez rouge et un peu enflé. Mais elle n’était pas encore arrivée à mi-chemin, quand le nez d’Oncle Porbo se dilata, se crispa, puis explosa.

-Atchaahaaa !

Azalée sursauta sous la force de l’éternuement… Et entendit un bruit de sabots derrière elle.

-Je t’avais dit ne pas aller à la pêche avec ce nigaud de Dan Boffin ! Tu as encore pris froid en… Oh, Azalée, ton poney !

Caramelle avait visiblement été encore plus secouée qu’Azalée par l’éternuement, et venait de prendre ses jambe à son encolure…

Si seulement Azalée avait pensé à enclencher le frein avant de descendre…

-Caramelle ! s’exclama-t-elle en se précipitant à la suite de sa ponette.

Mais une hobbit, même plus grande que la moyenne, n’avait aucune chance de rattraper une ponette effrayée.

Elle la vit s’éloigner vers la Grand Route de l’Est, qu’elles avaient quittée quelques temps plus tôt. La charrette tressautait dangereusement. Azalée pensa avec angoisse à ses pots de confiture...

Caramelle avait maintenant rejoint la Grand Route, Azalée toujours loin derrière. La ponette alezane continuait à filer droit devant elle. Sauf que devant elle, il y avait des charrettes…

-Caramelle ! cria de nouveau Azalée, dont les poumons commençaient à chauffer, mais qui n’osait pas s’arrêter.

Une charrette toute neuve ! Pourvu qu’elle n’aille pas verser dans le fossé, blesser la ponette ou casser ses précieuses confitures !

Azalée s'immobilisa brusquement en voyant sa charrette en percuter une autre... Sauf qu'elle ne l'avait peut-être pas percutée, finalement. Quelqu'un avait dû réussir à stopper la course de Caramelle.

Azalée prit plusieurs grandes goulées d'air, puis reprit sa course vers les deux charrettes.
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Kryss Ganaël
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyJeu 22 Fév 2024 - 17:33


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Que le temps était une chose bien étrange, n’est-ce-pas ? A certains moments de la vie, il semblait s’étendre à l’infini et un nombre incalculable de détails surgissait alors. Le vent qui soufflait dans les branchages des arbres avoisinant, la couleur des feuilles, la température agréable, le toucher des tissus sur sa peau, du cuir dans ses mains et les bruits. Les bruits.
Le roulement effréné des roues perdant leurs axes, leurs bandes métalliques claquant contre les cailloux du chemin de terre, les hennissements des poneys effrayés, le bruit de leurs nasaux poussant des soupirs rapides, et le claquement des brides de cuir sur leurs flancs. Les hobbits observateurs retenant au contraire leur souffle, une main posée par-dessus leur bouche en un choc muet.

Sir Ramic eut crut que sa respiration s’était arrêtée dans sa poitrine. Il tirait de toute ses forces sur les rênes de Canaillou qui s’évertuait tant bien que mal de freiner des quatre fers. La distance était cependant trop courte… il changea d’avis et tirait désormais sur le côté, sa bête suivant la direction aveuglement en bifurquant avec violence vers la droite. Un choc. Brutal. Latéral. Un bruit de pots qui vibrent, s’entrechoquent…rien de cassé, peut-être, pour l’instant ? Pas le temps de s’en occuper désormais.
Le pauvre hobbit dévalait la pente menant vers le courant de Norbourn, tressautant sur le petit banc de bois, manquant de peu de passer par-dessus bord, son regard effrayé voyant la ponette rebelle qui s’élançait auprès d’eux tout droit dans l’eau.


- Par la barbe de tonton Blancbourg !!

Pesta Sir Ramic, la violence du choc lui coupant définitivement la respiration après lui avoir arraché un cri de torpeur.
Cataclop cataclop brrrfff plouf
Une éclaboussure jusqu’en haut de sa salopette, il resta un instant figé, les rênes encore fermement dans ses deux mains relevées presque au niveau de son visage. Une inspiration. Difficile. Lente. Les yeux écarquillés et peinant à réaliser ce qui avait pu bien se passer. De légers tremblements le parcoururent, en état de choc et ce ne fut qu’au bout de quelques minutes qu’il put contempler l’étendue du désastre.

Les deux charrettes avaient fini leur course effrénée dans le courant d’eau et les roues semblaient enfoncées dans la caillasse du lit de la rivière. Les poneys désormais côte à côte semblaient peu à peu se calmer, ébrouant leurs crinières et poussant de profonds soupirs, leurs flancs brillant de sueur.
Le panier de pauvre Sir Ramic avait volé par-dessus bord et flottait désormais sur l’eau, le courant emportant avec lui ses victuailles. Son pâté de lapin ! Non !
D’une main distraite, sa langue claquant contre son palais, il tâta une fois de plus la poche de sa salopette pour vérifier la présence de son bien le plus précieux. Ouf. Toujours là. Mais lorsqu’il baissa les yeux, il vit une grande tâche rouge sombre sur ses côtés et la panique le reprit à nouveau :


- A l’aide ! A l’aide ! Je suis blessé !!

Il se releva d’un coup dans sa charrette et perdit l’équilibre. Il chuta lourdement dans la rivière et son nez s’écorcha sur les cailloux mouillés. Il s’assit alors dans l’eau comme sonné, sa main tenant son flanc. Mais…mais. C’était…quelque peu visqueux. Est-ce normal ?
Sir Ramic Blancbourg releva sa main devant son visage et la confusion était visible sur ses traits ridés. Avec hésitation…il amena avec lenteur un doigt vers sa bouche et goûta.
Sacrebleu ! De la configure aux groseilles !

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Azalée Bravet
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyVen 23 Fév 2024 - 22:08
-Oh non, non, non ! gémit Azalée, en voyant les deux charrettes foncer droit dans l’eau !

Elle continuait à courir, comme si elle avait pu rattraper les poneys, maintenant secondés par la gravité, ou comme si, plus largement, elle avait pu éviter quoi que ce soit à la catastrophe qui se déroulait sous ses yeux.

-Non, non, non, non !


Elle parvint finalement en haut du rivage en pente et eut un meilleur aperçu de la situation. Caramelle et l’autre poney avaient fini par s’arrêter, les jambes en plein dans l’eau, et se reniflaient prudemment les naseaux. Les charrettes n’avaient pas versé, mais elle voyait des choses dériver sur l’eau… Et puis il y avait le conducteur de l’autre charrette, toujours assis sur son siège, mais les yeux dans le vague.

Azalée commençait à descendre précautionneusement la pente, quand elle l’entendit crier et le vit trébucher, glisser, tomber… Quoi ? Il était blessé ? Il était mort ? Elle avait tué un hobbit ! Son pied glissa sur l’une des pierres arrachée à la terre par la course effrénée des poneys, et elle acheva la descente sur les fesses.

Que les choses soient bien claires. Azalée savait nager. En tout cas, théoriquement. Sa mère avait veillé à transmettre ce savoir à ses trois enfants. Cela ne voulait pas dire qu’Azalée appréciait l’eau. Bien sûr, elle aimait prendre un bon bain bien chaud dans du savon parfumé à la lavande ou au miel, et elle aimait l’eau mêlée au houblon dans la bière, aux poireaux dans la soupe et au sucre de betterave dans les sirops. Sans compter le chant mélodieux du fer chaud quand on le trempait dans une pure eau de source…

Mais elle n’appréciait en rien d’avoir les pieds, les mollets, l’arrière des cuisses et les fesses trempées dans la boue d’une rivière.

Une voix, qui ressemblait fort à celle de sa sœur, remarqua dans un coin de sa tête : voilà qui t’apprendra à vouloir chercher l’aventure ! Mais Azalée n’allait pas se laisser décourager par des contingences bassement matérielles !

-Ouch ! souffla-t-elle, simplement.

Puis elle enfouit les deux bras dans la boue et les cailloux du lit de la rivière et hissa ses fesses hors de l’eau.

Azalée trébucha vers le hobbit tombé à terre… qui était en tout cas suffisamment vivant pour l’instant pour s’être mis en position assise.

-Vous êtes blessé ? Vous avez mal ? Ohlalala ! Je suis désolée ! Je vous prie vraiment de…


Est-ce qu’il venait de goûter son propre sang ?

-Euh… Je… Euh… C’est… OH !


De la confiture !

-Ma confiture !


Elle était à moitié soulagée que ce ne soit pas du sang et à moitié désolée de voir toute cette bonne confiture gâchée.

-Mais ! Oh ! Vous n’êtes pas blessé ? Vous n’avez pas… été coupé par des bouts de verre ? Ça peut être très dangereux ! Mon neveu Boro s’est coupé avec un morceau d’un verre qu’il avait cassé en jouant dans le salon – sa mère lui avait dit d’aller jouer dehors, pourtant – et le médecin a dit qu’un peu plus et il aurait fallu l’amputer !


Ce qui, à vrai dire, n’était pas quelque chose à dire à un petit hobbit de sept ans qui pleure déjà à chaudes larmes, et pas non plus une chose à dire à un hobbit couvert de confiture, de boue, de gravier et dont la charrette se trouve au plein milieu d’une rivière.

Azalée aida l’autre hobbit à se lever, puis se tourna vers les charrettes.

-Par Aulë ! Quel carnage !


Elle pataugea jusqu’à Caramelle. Ses grands flics flocs firent tressaillir l’autre poney.

-Tu as eu peur ma Caramou ?
s’exclama Azalée en caressant tendrement le chanfrein de sa ponette. C’était juste oncle Probo qui éternuait… Tu ne serais pas un peu mélodramatique, toi, comme ponette ?

Tout en continuant de caresser Caramelle, elle inspecta le contenu de la charrette. Sa grosse caisse d’outils était heureusement toujours bien arrimée à l’arrière, ainsi que la majorité de ses casseroles.

Ses sacs de vêtements, en revanche, étaient recouverts de la même gelée rouge que la veste de son comparse. Sans compter les larges éclaboussures boueuses qui ornaient l’ensemble de ses affaires. Elle vérifia fébrilement l’état de Perce-Page, dont le fourreau était soigneusement attaché derrière le siège, à portée de main. Ouf. Pas une égratignure, par une éraflure. Elle rangea l’épée et se tourna vers l’autre hobbit.

-On devrait les faire retourner sur la rive, au sec, non ?


Il suffisait de faire bouger l’un des poneys. L’autre suivrait naturellement. Il fallait maintenant identifier lequel des deux était le plus têtu.

-Encore désolée, monsieur,
murmura Azalée, en considérant leurs vêtements à tous les deux, tout boueux et poisseux. Ma ponette s’est emballée pour rien… Je n’avais pas mis le frein, et…

Elle soupira.

-Azalée Bravet, fille de Daisy Touque-Bravet !
ajouta-t-elle en tendant une main très sale.
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Kryss Ganaël
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptySam 24 Fév 2024 - 20:09


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Assis ainsi sur les cailloux même du nid de la rivière, Sir Ramic eut bien du mal à comprendre ce qu’il lui arrivait, mais il fallait avouer que cette configure était sacrément bonne ! Un doigt après l’autre il la dégusta, poussant des soupirs de contentement. Eh, il fallait bien trouver source de bonheur dans chaque moment opportun.
Il ne tarda pas à voir débarquer une jeune hobbit, la voix paniquée qu’il eut un instant du mal à enregistrer dans son esprit embrouillé.


- C’est-à-dire que…


Et il sentait un liquide visqueux mais non pas sucré dégouliner le long de son nez. Il essaya de le remuer et grogna de douleur. De sa main à peu près sauve, un attrapa un mouchoir dans sa poche, trempé, et tapota avec précaution sur son nez. Oh ce n’était pas sa première blessure, et il aurait pu avoir bien pire en vu du désastre causé par une ponette effrayée.
Après un instant de réflexion, il prit la peine de s’ausculter et ma foi, à part son nez…plus de peur que de mal. Il se releva à l’aide de la jeune arrivée, la tenant fermement de ses mains de potier. C’était donc à elle qu’appartenait la bête qui l’a précipité dans la rivière ? Eh bien bon ! Mais les hobbits étaient plus valeureux qu’on ne le pensait, et Sir Ramic Blancbourg ne tarda pas à essuyer ses mains sur sa salopette, en prenant un air plus confiant qu’il ne l’était :


- Oh cela ne fait rien ! Une histoire de plus à raconter auprès d’un bon feu, accompagné d’une petite tisane à la verveine et d’une tartelette aux pommes.

Mais il grimaça en frémissant son nez et chercha à retrouver son équilibre désormais que la jeune était partie s’enquérir de sa ponette. Il tituba vers Canaillou, une douleur vive dans la hanche gauche qui le fit pester le nom de ses ancêtres. Il tâta un peu de son encolure et se rassura de voir qu’il n’avait rien. Sa précieuse cargaison semblait intacte également…Mais ses rations de nourriture étaient désormais perdues. Peut-être qu’un courageux hobbit le pêchera en aval de rivière.
Il toussa quelque peu :


- Une fois, le grand-oncle de ma femme est tombé de son banc devant sa maisonnée, et en a roulé jusqu’à la barrière en bois ! Si ce n’était pour cette boulangère de Lilac Belfeuil, son veston serait encore accroché au rosier !

Il réajusta la bride de sa brave bête et commençait déjà à lui faire demi-tour, ses sabots clapotant dans la caillasse à moitié ensevelie tandis que le pauvre Ramic s’accrochait tant bien que mal à ses côtés, ses pieds nus glissant dans l’effort. Quelle tentative maladroite ! Mais il n’avait pas pour habitude de rechigner à la besogne. Oh si sa femme le voyait également elle lui hurlerait dessus jusqu’à ce qu’il en perde l’ouïe. Ce n’était pas plus mal ainsi. Avec un peu de chance les racontars n’atteindraient pas sa petite maison. Mais connaissant les hobbits, c’était peine perdue. Il prit rapidement la main de la jeune hobbit, ignorant l’état déplorable dans laquelle elle se trouvait, avant de retourner au travail.


- Ramic Blancboug. Potier.

Répondit-il en maugréant, poussant sur les flancs de son poney pour le faire remonter la berge. Oh il avait passé l’âge d’être un « fils de » et même si les hobbits étaient toujours friands de généalogie, cela faisait déjà bien des années qu’il s’était épargné la peine de présenter son feu père, Merilas Blancbourg, fils de Ebroin Blancbourg, fondeur de leur atelier à poterie artisanale.
Enfin, enfin ils étaient de retour sur la petite route commerciale en direction de l’Est, vers Bree, et le vieux Sir Ramic était dans tous ses états, courbée, se tenant les genoux de ses mains, le souffle court. Comment pouvait-il même espérer tenir la journée sans ses tartines ? Devait-il faire demi-tour ?
Il se retourna vers cette dénommée Azalée pour l’observer un instant. Elle avait l’air vaillante malgré son jeune âge. Son nez semblait avoir cessé de saigner bien que cela le piquait toujours et il plissa les yeux un instant, en s’adressant à la p’tiote :


- Vous n’auriez pas un peu de pâté, par tout hasard ?

Il n’était pas prêt à faire chemin arrière pour affronter sa bonne femme. De plus, les Grands Hommes ne semblaient pas enclins au retard. Ils marchaient plus vite, allaient plus loin, et semblaient pour autant toujours manquer de temps. Décidément ils étaient bien difficiles à comprendre même si Sir Ramic ne cherchait pas spécialement à déchiffrer ces énigmes.
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Azalée Bravet
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyDim 25 Fév 2024 - 21:47
-Belfeuil ? répéta Azalée en flattant l’encolure de Caramelle. De la famille de Camélia Belfeuil ? C’était la cavalière de mon cousin Mamiric au dernier bal du printemps !

Opale avait beaucoup critiqué son cousin, sous prétexte que Camélia aurait eu un nez « bizarre » et « peu féminin ». Mais Camélia avait un sacré sens de l’humour, et Azalée avait été un peu déçue que Mamiric ne l’emmène pas avec lui à leur dernière cousinade ! Tous les Bravet de sa génération étaient partis pique-niquer sur les bords de l’étang de Belleau, avec conjoints, conjointes et enfants, pour ceux qui en avaient. Certains, comme Munro, avaient même ramené des amis et des collègues. Azalée se rappelait que sa gueule de bois avait été bien pire que son indigestion…

Azalée attendit que Monsieur Blancbourg et son poney aient pris un peu d’avance, puis elle entraîna Caramelle à leur suite. La ponette était tout à fait calmée, et suivit le mouvement tranquillement, sans qu’Azalée ait besoin d’intervenir d’avantage pour la guider. Ce qui permit à la jeune hobbit de se concentrer sur ses pieds, sur les galets mouillés et sur la bas de sa robe tout crotté.

-Au moins, rien n’a l’air d’être cassé dans vos affaires ! remarqua-t-elle par-dessus la charrette du potier.

Elle se se serait sentie bien gênée s’il elle avait cassé le fruit de son travail…

Elle vérifia une dernière fois l’arrimage de ses affaires dans la charrette avant d’entamer la montée vers la route. Elle resta précautionneusement à la hauteur de Caramelle, prête à sauter sur le frein si elle voyait la ponette hésiter. Mais la brave bête grimpa la pente comme si sa charrette n’était pas remplie de de farine, de casseroles et de tenailles.

Monsieur Ramic n’était pas en aussi bon état.

-Ça va, Monsieur Ramic ? interrogea Azalée. Votre nez ? Votre… souffle ? Du pâté ? Non, j’ai pas ça… Je… J’ai des scones farcis à la courge butternut et aux marrons et des cookies aux amandes, par contre !

Elle avait eu la bonne idée de coincer la boite à biscuits dans son grand faitout, où elle avait été protégée des tressauts de la course et de l’eau de la rivière. Elle s’empressa de sortir la boite et de la tendre à Monsieur Ramic.

Puis elle inspecta un peu sa tenue… Elle avait, certes, été plus sale (notamment à l’époque de ses 7-8 ans, quand elle se battait souvent avec son frère, surtout les jours de pluie), mais elle avait aussi été plus propre. Et plus sèche… Et de ce qu’elle avait pu voir, ses autres vêtements n’étaient pas dans un meilleur état… Elle observa son compagnon d’infortune. Lui non plus n’était pas dans un état très présentable.

Azalée jeta un regarda autour d’elle. Le trafic s’était fait moins dense sur la route -heure du déjeuner oblige -, et les quelques passants les dévisageaient d’un air réprobateur. Azalée n’avait aucune envie de retourner chez sa tante, même pour toute la confiture du monde, et encore moins chez son père ! Quel pathétique début d’aventure ! Elle entendait d'ici les moqueries d'Opale et de son lourdaud de mari. Non ! Ce n'était pas l'exemple qu'elle voulait donner à Boro et Fara, ses neveux chéris ! Elle ne se laisserait pas décourager par des broutilles -toutes boueuses et désagréables que soient ces broutilles !
Peut-être pourrait-elle rincer sa robe d’été dans la rivière, et attendre le temps qu’elle sèche. C’était l’avantage des robes d’été, elles séchaient vite ! Il serait toujours temps de faire une lessive plus approfondie ce soir ou plus tard… A condition, bien sûr, de trouver un endroit où faire ladite lessive…

-Vous emportez vos pots pour les vendre ? interrogea Azalée en s’accroupissant pour essayer de décrotter un peu ses poils de pieds. Vous allez où ? Vous voyagez souvent ? Mon père a beaucoup voyagé quand il était jeune !

Elle se retint de parler de ce que son père racontait sur son apprentissage chez les Nains. Elle n’était plus du tout sûre que ce soit vrai, donc elle préféra éviter d’aborder cette question -surtout avec un inconnu !

Elle attrapa un scone et croqua dedans à belles dents. Et dire qu’il y avait à peine plus d’une heure, elle expliquait à sa tante qu’elle s’arrêterait sûrement en chemin pour pique-niquer dans l’herbe… Elle n’aspirait plus qu’à enlever toute trace d’eau et de terre de ses vêtements… Alors s’asseoir par terre, hors de question… De toute façon, sa nappe de pique-nique devait être plus sale encore que le sol…

-Je crois que je vais redescendre rincer quelques vêtements dans le Nobourn ! Histoire d’avoir quelque chose d’un peu plus présentable à me mettre !

Elle jeta un regard à Monsieur Ramic, se rappelant dans quel état elle l’avait retrouvé en remontant sur la route.

-Vous voulez que je rince quelque chose pour vous ? Tant que j’y suis ?
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Tom Sanglebuc
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyLun 26 Fév 2024 - 21:40
Tom respirait à pleins poumons l'air printanier. La morne saison étant passée, il était heureux de pouvoir profiter du soleil, revenant tout juste de son premier brassage à façon de la saison. Quel beau métier, tout de même, qui permettait de vagabonder par les petites routes de la Comté en compagnie de Petit-Balourd, en fumant la pipe et en repensant à la bonne bière brune que le vieil Odilon Fouine de Hobbitebourg lui avait payée, aussitôt le brassage terminé. Il se souvenait parfaitement de ce précédent brassin, presque un an auparavant, et force était de constater qu'en une petite année sa bière avait pris du caractère et des arômes. Il était tellement plaisant de recevoir une lettre de clients déjà connus qui, satisfaits du travail accomplit, le recontactaient pour le faire revenir !

- Mon Balourd, nous voilà en route pour rentrer chez nous ! dit-il tandis que sa pipe faisait des soubresauts entre ses lèvres.

En effet, ils se trouvaient sur la route qui menait à Lèzeau, et il comptait rejoindre la Route de l'Est et traverser Lagrenouillère et Blancs-Sillons pour rejoindre Stock où l'attendait son épouse, ainsi que toute sa famille. Ils seraient heureux de le voir revenir, et lui aussi serait heureux de les retrouver après cette petite escapade dans l'ouest duquel il revenait avec la bourse un peu plus pleine. Certes l'argent ne manquait pas vraiment chez les Sanglebuc, l'auberge de la Perche Dorée étant l'une des plus réputées du Quartier de l'Est, en particulier pour ce qui était de la bière. Mais on n'était jamais assez prévoyant et si les affaires tournaient bien, ce n'en était que mieux.

Avec ce soleil qui répandait sa chaleur bienfaisante dans ses membres, Tom commençait à dodeliner de la tête. Il pensait à son futur repas et à la sieste bien méritée qui le suivrait : il était en effet l'heure de manger, et dès qu'il trouverait un petit pré bien plat sur le bord de la route pour garer sa charrette, faire paître Balourd et casser lui-même la croûte, il ne s'en priverait pas. Et si c'était du côté du Norbourn au bord de la rivière, ça n'en serait que mieux. Habitant non loin des rives du Brandevin, il se plaisait au bord des rivières, à regarder les libellules voler et à écouter les grenouilles coasser gaiement. S'il avait apporté sa canne à pêche, il aurait peut-être même pu s'y essayer.

- Olaaaa !

Tom tira prestement sur les rênes pour faire arrêter son poney. Au détour d'un virage, il tomba nez à nez sur un spectacle des plus étranges. Deux charrettes du même acabit que la sienne étaient fichées en plein milieu du chemin, leurs conducteurs ayant mis pied à terre et étant visiblement en train de discutailler comme s'ils étaient sur la place du marché de Lèzeau. Mais ce n'était pas tout : quand il y regarda de plus près en plissant les yeux, Tom vit que leurs habits étaient tout mouillés et crottés, comme s'ils avaient dansé ensemble la saltarelle au beau milieu du lit de la rivière ! Le brasseur secoua la tête en fermant les yeux, puis les rouvrit. Ce n'était pas cette stout, si capiteuse fût-elle, qui lui donnait des hallucinations. Non, cela semblait bien réel !

- Excusez-moi, s'exclama-t-il, mais vous et vos gentils poneys êtes en plein milieu de la route, sans parler de vos charrettes. Il fait beau mais ce n'est pas une raison pour aller se baigner dans le ruisseau en laissant tout en plan !

Ce n'était toutefois pas dit sur un ton bien sérieux, mais plutôt sur celui de la rigolade. Il n'y avait pas de quoi aller chercher le shirrif, c'est le moins que l'on pût dire. Tomold descendit de sa charrette et mit le frein (oui, attention de toujours bien mettre le frein), après quoi il se dirigea vers les deux drôles de lurons.

- Tout va bien ? demanda-t-il à brûle-pourpoint. Comment vous êtes-vous retrouvés ainsi, tout dégoulinants et boueux ? Et... oh ! Votre nez monsieur, que s'est-il passé, on dirait qu'il a saigné !

Le plus probable était certainement un règlement de compte. Sans doute le monsieur avait-il grillé la priorité à la jeune fille, laquelle était descendue de sa charrette et avait demandé réparation. « Je vous provoque en duel, mais faisons-le au milieu de la rivière, ça sera plus épique ! ». Non, ça ne tenait pas debout...

- Oh mais, attendez !

Tom retourna vite dans sa charrette, fouina un moment parmi tout le fatras, souleva sa grande toile et saisit ce qu'il trouva dessous. Il revint alors vers les deux autres avec ce qui ressemblait à du linge.

- Si vous voulez faire sécher vos affaires pendant le temps de midi, je peux vous prêter ça. J'ai toujours une tenue de rechange quand je voyage, au cas où je prenne la pluie. Mais... heu... je n'en ai qu'une et il s'agit d'une chemise et... d'un pantalon, fit-il en regardant la demoiselle avec quelque gêne.
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Kryss Ganaël
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyMar 27 Fév 2024 - 16:48
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Rien de cassé dans ses affaires ? Il semblerait en effet…enfin, rien de trop gênant. Un vase et deux trois tasses mais il avait vu bien pire. Sir Ramic haussa les épaules, passa ses doigts dans les bretelles pour sa salopette pour la remonter.


- Mon Grand-Da disait toujours, si les routes sont trop rudes pour les vieux sots, elles le sont également pour les pots !

Un éclat de rire le pris au souvenir de ce vieil hobbit qui avait pour habitude de croquer dans des pommes bien juteuses bien qu’il en ait perdu la plupart de ses dents. Diantre Ramic se souvenait encore du coup de galoche aux fesses qu’il avait reçu lorsqu’il avait tenté de les lui proposer coupées.
Il n’empêche qu’il avait toujours eu une pensée pour son Grand-Da lorsqu’il préparait sa charrette et veillait toujours à bien envelopper ses créations dans des couvertures épaisses. La route était longue jusqu’à Fornost, après tout, et chaque pot demandait trop d’heures de travail et de patience pour finir brisé au premier gros caillou rencontré ! Il se vantait toujours également de ses méthodes traditionnelles de fabrication des glaçures qui solidifiait le travail final.
Il était essoufflé de la montée de sa pente et il leva une main, la deuxième retenant son genou :


- Cela ira ma brave petite, il me faut juste quelques instants pour m’en remettre.

Il prit volontiers de ces petits biscuits aux amandes qu’il grignota pensivement en l’observant. Une cuisinière talentueuse semble-t-il. Il en reprit un deuxième. Oh, cela ne valait pas son pâté de lapin perdu, mais cela ferait l’affaire pour l’aider à se remettre de ses émotions.
Les évènements récents ne semblaient pas tant affecter cette jeune hobbit qui lui débita un flot presque incessant de questions ayant eu le mérite de lui donner le vertige. Il prit un autre biscuit, essaya de se remémorer les questions au fur et à mesure qu’elle fusaient dans cette bouche curieuse. Ah, la fougue de la jeunesse…elle lui rappelait sa jeune fille et sa fascination toute particulière pour tous types de plantes et papillons de leur jardin. Elle pourrait passer des heures à lui demander les noms, propriétés, origines de chaque espèce et Ramic dut avouer à sa plus grande honte que parfois il préférait inventer, pour ne pas décevoir sa fille.


- Pots, vases, saladiers, ustensiles, tasses et bols, la Poterie Blancbourg fait de tout ! Même des commandes spéciales. Je me souviens que je faisais des petits animaux en terre cuite pour mes enfants. Bah…le temps file..

Un léger sourire s’afficha sur ses lèvres, ragaillardi par les biscuits et sa présence rafraîchissante.

- Je m’en vais à Fornost dans l’Arnor. Une à deux fois par an selon les demandes. J’passe par Bree. Pleins de gens intéressants, à Bree. Et vous ?

Ils furent interrompu par un nouvel arrivant juché sur le banc de sa propre charrette. Olala qu’il n’avait pas l’air d’humeur ! Malgré le ton de la rigolade, Sir Ramic broncha et se releva tout à fait, sentant ses vieux os grincer. Même pas le temps de se reposer quelques minutes, les jeunes hobbits de maintenant étaient aussi pressés semble-t-il que les Grandes Gens ! Il prit à nouveau la bride de Canaillou et l’emmena sur les bas-côtés de la route (avant de remettre le frein !).
La suite du discours lui arracha quelques grommellements – comment ça son nez, c’était si désastreux que ça ? Oh si sa mie le voyait, il en perdrait l’ouïe !

- La ponette de cette demoiselle…oh et puis bon !

Vexé par les propos il ne prit pas la peine de continuer l’explication et alla chercher sa gourde d’eau pour en renverser un peu sur son mouchoir et de tenter tant bien que mal de s’essuyer la figure. Aïe aïe aïe oui d’accord peut être que c’était un peu plus qu’une simple égratignure sur le nez…
Il s’offusqua quelque peu :


- J’ai des changes également, je ne suis pas une jeune pousse aux premières pluies !

Et quand on prévoyait de voyager pendant plusieurs semaines, cela valait de soi. Des tenues de voyage, mais également une cape plus épaisses car les nuits pouvaient être bien froides encore. Il se tourna néanmoins vers Azalée pour lui demander d’une voix plus douce :

- Voulez vous bien remplir ma gourde ?

Ses vêtements pouvaient bien attendre son arrêt à Bree, et il ne se voyait pas de donner ses effets à la jeune demoiselle. Il lui reprit cependant un biscuit aux amandes et se tourna vers le nouveau :

- Vous êtes ? Vous n’auriez pas du pâté de lapin, par tout hasard ?

Il avait faim. Et les gâteaux avaient beau être délicieux, ce n’est pas ce qui lui tiendrait le ventre jusqu’à Fornost.
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Azalée Bravet
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptySam 2 Mar 2024 - 16:02
-Des animaux en terre cuite ? C’est adorable ! Vous… vous croyez que vous pourriez en refaire ? En commande spéciale, je veux dire ! Mon neveu Boro adore les dragons, et les chevaux, et les lapins ! C’est son anniversaire dans un mois, et… Enfin, je ne veux pas vous embêter… Vous faisiez cela pour vos enfants à vous, bien sûr…

Elle ne voulait pas se montrer insistante, mais elle imaginait très bien la tête de Boro, le jour de son anniversaire, en ouvrant un paquet « de la part de tante Zaza », rempli de petits animaux en terre cuite… Cela compenserait un peu le fait qu’elle ne soit pas là en personne…

-A Fornost ? répéta-t-elle. Vous y êtes déjà allé ? C’est comment ? Ça doit être beau !

Elle pouvait peut-être commencer son voyage par là… Elle n’avait pas forcément prévu de partir vers le Nord, mais c’était peut-être une bonne saison pour le faire…
Enfin, bien sûr, elle ne voulait pas importuner le monsieur dont elle venait de renverser la charrette, il ne serait peut-être pas ravi si elle répondait « Ah bah je savais pas où aller, justement, je vais vous suivre à Fornost, alors... »

-Je n’ai pas encore établi d’itinéraire précis. Mon souhait est de voyager en Terre du Milieu pour parfaire mes connaissances et mon savoir-faire dans les arts d’Aulë. Je pensais aussi passer par Bree d’abord, même si je n’y suis pas allée depuis que la ville a été…

Elle se retourna brusquement en entendant une charrette s’immobiliser juste derrière eux (ou devant eux, question de point de vue).

-Monsieur, fit-elle en inclinant la tête, ne sachant pas encore trop comment prendre le ton amusé du nouvel arrivant

Azalée rougit en repensant à la cavalcade effrayée de Caramelle.

-Disons, que c’est un peu ma faute. Ou celle de ma ponette… En fait, on pourrait même dire que c’est un peu la faute de mon oncle Porbo, qui ne s’est pas assez couvert quand il est parti à la pêche ! Enfin, l’essentiel est que nous nous soyons sortis de la rivière sans trop de perte… Même si je me dis maintenant que j’aurais dû emporter du vinaigre blanc, pour nettoyer toutes ces tâches de confitures…


Azalée regarda le nouvel arrivant prendre quelque chose dans sa charrette. Elle avait l’impression que sa tête lui disait quelque chose…

-Vous seriez pas le fils Sanglebuc, de la Perche Dorée ? Mon cousin Olmo – Olmo Bravet -, y a une sacrée ardoise !

Mais à la décharge d'Olmo, il était le premier à y ramener de nouveaux clients !

-Je… Euh… moi aussi j’ai des vêtements rechanges, bien sûr… Mais j’ai peur qu’ils soient tout plein de boue et de confiture…

Au moins, le sac où elle avait rangé ses sous-vêtements semblaient avoir été protégé des groseilles.

-Je ne serai pas contre un rechange sec ! Grand merci à vous ! Et… cela ne me dérange pas que ce soit un pantalon ! J’en ai déjà souvent porté !

Pour être honnête, elle en portait beaucoup moins depuis qu’elle avait dépassé les 12 ans, mais ça ils n’avaient pas besoin de le savoir.

-Bien sûr, Monsieur Blancbourg ! J’y vais de ce pas. Enfin…

Elle jeta un petit air coupable au Hobbit aux Vêtements Secs.

-Je vais pousser un peu Caramelle et la charrette, pour libérer la voie… Même si maintenant, vous allez être obligé d’attendre que mon linge ait séché ! Ou vous voudrez que je vous rapporte vos vêtements à la Perche Dorée ?


Après avoir fait faire quelques pas à Caramellle vers le bas-côté et avoir bien poussé le levier du frein, elle attrapa d’une main la gourde et le linge propre, cala sous son autre bras tous ses vêtements sales, et redescendit la pente, sur ses pieds, cette fois. Elle posa le linge propre sur un petit genêt qui poussait près de l’eau, puis elle s’enfonça jusqu’aux genoux dans le Norbourn. Les traces de boues partirent facilement, mais la confiture laissait une trace rosâtre. Heureusement, une partie de ses vêtements était suffisamment sombre pour que les tâches s’y voient à peine. Si elle avait été sa sœur, elle aurait pu imaginer un décor de broderies pour cacher les tâches, mais sa maîtrise du fer et de l’or ne lui serait pas très utile ici.

Elle sortit de l’eau avec un soupir, secoua les pieds pour chasser les gouttes de ses poils de pieds, puis profita du couvert du genêt pour se changer. Ses vêtements d’emprunt étaient un peu grands, bien sûr. Elle roula manches et jambes, rinça le linge qu’elle venait d’enlever, remplit la gourde de Monsieur Blancboug et remonta enfin jusqu’aux charrettes.

-C’est bien agréable d’être au sec ! Encore merci pour le prêt de ces vêtements ! Voici votre gourde, Monsieur Blancbourg !

Elle disposa son linge mouillé le long du rebord de sa charrette le coinçant avec les pinces à linge qu’elle avait eu la présence d’esprit d’emporter en prévision de ses petites lessives. Quand elle fut à cours de pinces à linge, elle sortit son étau de forgeron pour y caler sa cape et sa robe de laine.

-Voilà ! Au moins, là, ça s’envolera pas !

Elle se tourna vers ses deux compagnons en réajustant sa queue de cheval.

-Pique-nique alors ?
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptySam 2 Mar 2024 - 19:17
L'on pouvait dire sans trop exagérer que l'accueil du vieux monsieur était assez frisquet. Il ne daigna pas expliquer à Tom la situation, lui déclara d'une façon un peu brusque qu'il disposait de ses propres habits de rechange et lui demanda en deux mots (littéralement) qui il était. Les vieux d'aujourd'hui étaient bien bougons ! On aurait dit le vieux Léon, son grand-père, qui avait foiré un brassin et qui en voulait au monde entier pour ce qui venait de lui arriver. Sauf que dans le cas présent, cet homme avait apparemment été victime d'un carambolage qui n'était pas du tout de son fait, c'est ce que lui apprit la jeune fille qui lui expliqua en quelques phrases pourquoi leurs charrettes se trouvaient là en plein milieu de la route et pourquoi leurs habits étaient tout mouillés. Alors que le vieux Léon, lui, ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même si sa bière n'avait pas fermenté et avait tourné.

Tom s'apprêta à répondre à la brève question de son interlocuteur :

- Je me présente, je suis...

Mais il fut interrompu par la jeune hobbite qui l'avait reconnu en un rien de temps.

- Eh bien c'est moi oui, Tomold Sanglebuc de la Perche Dorée, mais tout le monde m'appelle Tom ! Fils de Toby Sanglebuc et de Rosie Barbotteux. Vous avez l'œil mademoiselle ! Si vous êtes la cousine d'Olmo je veux bien que vous lui rappeliez, quand vous le verrez, qu'effectivement il faudra bien qu'il paye son ardoise un jour ou l'autre, la liste de ses consommations est longue comme un jour sans bière. Sauf que ce brave Olmo n'a pas dû connaître beaucoup de jours sans bière...

Les présentations faites, le sujet de la boustifaille revint sur la table, comme c'était souvent le cas dans la Comté.

- Je suis désolé monsieur Blancbourg, je n'ai pas de pâté de lapin, mais il me reste un fond de pâté en croûte de canard, si vous voulez, et j'ai aussi un bocal de cornichons si vous voulez en croquer un ou deux avec. Maintenant que les habits sèchent au soleil nous pouvons improviser un petit pique-nique à trois oui, ça sera mieux que de manger tout seul chacun dans son coin !

À vrai dire il espérait que la mention du pâté en croûte remette du baume au cœur de Ramic, maintenant qu'il comprenait la raison de sa contrariété. Mais il ne s'en faisait pas trop, le manger et le boire avaient souvent un effet profond sur les Hobbits les plus contrariés et les plus contrariants (en tant que fils des tenanciers de la Perche Dorée il savait de quoi il parlait). Il retourna à sa cariole et en revint avec sa propre nappe de pique-nique et un panier rempli de victuailles.

- C'est le vieil Odilon Fouine qui m'a donné tout ça, un brave homme. C'est un de mes clients, je reviens de chez lui où j'ai été brasser sa bière de printemps avec son orge de l'année dernière. J'y ai rajouté des fleurs de sureau fraîchement cueillies, dans sa bière je veux dire, pas dans le panier. Ça lui donnera un petit côté floral et frais qui lui plaira bien, j'espère.

Après avoir installé la nappe dans l'herbe au bord du Norbourn, il farfouilla dans le panier.

- Voyons voir... J'ai bien entamé le pâté en croûte pour la collation de onze heure, mais tenez, il en reste. Il m'a mis aussi une tourte aux champignons, une demi-fourme, quelques rigottes sèches, un pain, trois carottes et du gâteau à l'anis, on ne va pas mourir de faim. Et pour ce qui est du boire, je voyage toujours avec mon petit tonnelet de bière, vous n'aurez qu'à monter en chercher si le cœur vous en dit, par contre refermez bien le robinet sinon ma toile de tente sera imbibée d'orge et de houblon et, pire que tout, mon tonnelet sera tout vide !

Il alla remplir sa propre chope et commença par croquer à pleines dents dans l'une des carottes, tout en regardant la rivière dont les remous brillaient au soleil. Ah, que ces pique-niques étaient agréables, surtout accompagné. Le silence régna pendant un bon moment tant ils étaient occupés à manger, seulement rompu par les bruits de mastication et les soupirs de contentement, par le gargouillis de l'eau et par les insectes et les oiseaux qui s'en donnaient à cœur joie. Comme dirait l'autre, ils mangeaient comme s'ils avaient faim. Ce ne fut qu'entre deux bouchées de tourte que Tom reprit la conversation :

- Même si, du coup, vous n'êtes plus obligés de passer par la Perche Dorée pour me rendre mes affaires, je serais très heureux de vous y accueillir tous deux si vous voulez vous rassasier un midi ou un soir, et pourquoi pas dormir dans un lit douillet. Ça ne fait pas un grand détour par rapport à la Route de l'Est, si vous allez à Bree. Mon père et ma mère vous y accueilleraient comme des Thain, et vous pourriez y goûter toutes nos sortes de bière, vous ne seriez pas déçus, croyez-moi ! Enfin, vous faites comme vous voulez, même si ça ne fait pas un grand détour ça n'est pas complètement sur votre route et, comme on dit, les auberges font de longs délais, je comprendrais que vous vouliez tracer.

Bree n'était pas tout près. À la mention de cette ville, les yeux de Tom se perdirent dans le vague pendant un instant.

- Vous savez, dit-il enfin, ça fait un moment que je veux y aller, à Bree. Je me dis que ça pourrait être un bon débouché pour moi, pour mon brassage à façon, je veux dire. Il doit y avoir pas mal de terres à céréales dans le Pays de Bree, à Staddel, à Archet ou même à Combe. Et finalement, même si ça n'est pas dans la Comté, il n'y a pas plus de distance entre Stock et Bree qu'entre Stock et Hobbittebourg, encore que les routes soient peut-être un peu moins sûres.
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Kryss Ganaël
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Une Hobbit dans un Jeu de Quilles EmptyMar 5 Mar 2024 - 21:49
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Une commande particulière ! Oh cela faisait bien des années qu’il n’avait pas fait de petits animaux, ses mains se souviendraient-elles ? Cela demandait un travail de finition particulièrement détaillé et ses yeux n’étaient plus ceux d’antan. Cependant la suite de la déclaration de la jeune fille le surpris et il en écarquilla ses sourcils épais :

- Dans un mois ? Mais ma bonne fille, cela ne pousse pas sur les arbres ! Et je n’ai pas de four dans ma charrette !


Les jeunes hobbits de maintenant étaient bien pressés. Autant que les Grandes Gens, grommela Sir Ramic en mâchonnant dans un biscuit aux amandes. La moindre création demandait des semaines de séchage au sec, avant de passer en four, et ensuite y apporter les glaçures pour les finitions, et rebelotte au four. De manière optimiste, il lui faudrait deux mois pour une commande, si ses mains s’en souvenaient !
Il écoutait la jeune fille et opina du chef, commentant une fois de plus :


- Pleins de gens intéressants, à Bree.

Il n’avait jamais trop compris ce besoin d’aventure. Cela n’était pas très hobbit de la part de ces étranges énergumènes. Qui préférerait la vie rude sur les routes parfois impraticable et par tous les vents et pluies, alors qu’un bon pain de viande les attendait au coin du feu, assis confortablement dans un fauteuil rembourré, une tartine de configure à l’orange et une chopine de bière pour faire passer le tout ? Après chaque voyage, Ramic en revenait avec quelques trous resserrés de sa ceinture des déprivations ! Et sa mie, la prunelle de ses yeux, poussait alors toujours des cris stridents en le jaugeant de maladif sur le lit de mort. Oh, cela n’était pas si mal…de se faire dorloter quelques jours par son adorée à son retour de voyage. Il fallait bien tirer des consolations des troubles encourus !
Il suivit les présentations et hocha la tête une fois de plus, prenant son menton dans sa main et trémoussant son nez endolori. En effet « La Perche Dorée » était connue de tous…une bien fine institution et on y mangeait bien ! Il s’y arrêtait parfois, surtout pour y retrouver son jeune fils qui faisait de l’œil à une serveuse là-bas. Ah les amours. Et qu’importait qu’elle soit plus âgée et clairement pas intéressée par cet ignare baveux qui avait bien du mal à enchaîner trois mots en sa présence.

La notion du pâté en croûte eut pour mérite de remonter le moral du bon vieux Blancbourg qui se retrouvait désormais dangereusement retardé dans son parcours. Mais telle était la vie, et puis il n’était pas Grande Gens. Alors ils pourraient bien attendre quelques jours de plus !
Il aida à l’installation de l’espace de pique-nique aux abords de la route (afin de ne pas gêner le passage) et y apporta quelques victuailles qui lui restait à l’arrière de sa charrette. Pour sûr ils ne manqueraient de rien ! Il apporta une tarte aux pommes, une miche de pain non entamée, un peu de fromage, de la configure d’oranges.
En attendant le retour de la jeune hobbit, Ramic se pencha quelque peu et prépara sa pipe en fourrant de l’herbe du boit du doigt en un geste expert.


- En voulez-vous ? La famille de mon épouse en fait pousser depuis 14 générations ! Ils ont la plantation près de la ferme du Grand Fosco dans le sud.

Il prit une profonde inspiration et forma des cercles parfaitement formés lors de son expiration. Il fallait admettre que la faible brise était bien confortable, maintenant qu’il avait revêtit un change sec. Les poneys broutaient paresseusement non loin bien qu’ils ne pouvaient pas aller bien loin (avec les freins, voyez-vous ?).


- L’avantage de Bree, c’est qu’il y a pas mal de passage. Pour faire populariser votre bière. Y a pas à dire, rien ne vaut le savoir hobbit !

Le respect des traditions, cela se perdait ailleurs en Terres du Milieu. Bientôt ils feraient marche arrière pour revenir aux sources, il en aurait parié la première tasse qu’il ait produit de ses mains !
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