Nous étions là...[PV Calion, Voronwë, Théodell et staff]

"L’ennemi est aux portes du Rohan! L’armée du vice-roi a subi la défaite face aux Dwimmen. Gallen Mortensen…est tombé au combat."dit le capitaine Thedras au Roi Fendor.

"Pensez-vous que nous serions en ces lieux, aux côtés du capitaine Thedras, si nous étions vraiment vos ennemis ?" lui répondit-elle avec calme.

"Je dois tout d'abord m'entretenir avec mon Roi avant qu'il puisse vous recevoir. Profitez des quelques victuailles en attendant mon retour." des serviteurs arrivèrent et déposèrent en même temps de quoi boire et manger.

"Calion, Voronwë est en droit de savoir ce qu'il s'est exactement passé." dit-elle dans sa langue maternelle et à voix basse "Nous avons assez de temps pour cela."

***

Ils étaient entrés dans le Château d’Or de Méduseld à cheval, dans un fracas dont beaucoup se souviendraient. Calion était totalement surpris qu’un événement pareil ait lieu alors que des soldats étaient sur le front et mourraient ou bien devaient se nourrir avec peu alors qu’ici tous se satisfaisaient de mets en profusion. Les Dwimmen pillaient le Royaume et eux se divertissaient.

L’heure n’était plus aux festivités et tandis qu’une femme perdait les eaux, des convives quittaient la salle, apeurés par la nouvelle de la mort du Vice-Roi.

La Vice-Reine. Pensa Calion lorsqu’il comprit qu’il s’agissait de la femme qui allait accoucher. Il regarda Sighild.

Méduseld était secoué par les évènements et il y avait de quoi. La Vice-Reine semblait bien entourée même si cela hurlait beaucoup autour d’elle. Calion la vit s’éloigner et disparaître, entourée de sa garde personnelle et de nobles.

Le Noldo mit pied à terre et soudain un garde vint récupérer son Aranwë et voulut même prendre les armes de Calion.

« Je serai beaucoup moins courtois que mon amie… »

Le garde s’éloigna avec la monture sur le conseil avisé de Thedras qui n’avait pas oublié leur rencontre avec Theodell.

Les Elfes suivirent les deux Rohirrims afin de demander audience au Roi qui était parti peu après la Vice-Reine. Sighild marchait à côté de Calion qui avait la mine grave. Ils empruntèrent un couloir que de vives torches illuminaient de part et d’autre. Cela faisait longtemps que le Noldo n’avait pas parcouru Méduseld, il aurait préféré que ce soit en d’autres circonstances.

Thedras entra dans une pièce afin que le Roi leur accorde une entrevue. Calion pensa au Vice-Roi un instant et à sa femme qui était sur le point d’accoucher. Thedras leur indiqua qu’ils pouvaient attendre ici et se restaurer. Deux gardes vinrent se poster devant la porte de la pièce. Calion s’assit, le regard vide. Tous ces morts… Pauvre Rohan. Se dit-il.

Sighild le sortit de ses pensées lorsqu’elle l’interpela en Sindarin. Elle lui tendit un verre d’hypocras qu’il accepta, il la remercia.

« Vous avez raison mon amie. Dit-il en Sindarin. Il poursuivit, se tournant vers Voronwë. J’ai décidé d’abréger les souffrances du Vice-Roi d’un trait plein cœur avant que son corps ne soit consumé par le bûcher. »

Il put lire de la stupeur sur le visage du Héraut d’Imladris. Celui-ci posa sa main sur l’épaule du Noldo, comme pour approuver son geste. Puis Sighild et Calion racontèrent comment ils en étaient arrivés à cette situation, à ce geste.

Calion en profita pour se restaurer, il n’avait pas cœur à manger néanmoins. Il voulait aussi voir la Vice-Reine.

Les heures passaient et toujours rien. Thedras pointa le bout de son nez et le Noldo se leva. Thedras leur indiqua tout penaud que le Roi ne les recevrait pas aujourd’hui. Calion resta droit, ne montra pas son agacement. Thedras appela un serviteur afin qu’il puisse les loger au château mais c’était tout bonnement impossible à cause du Bal, des convives de haut lignage y séjournait et toutes les chambres étaient occupées. Les Elfes suivirent le serviteur alors dans les sous-sols du château. Calion resta en alerte. Ils finirent par sortir à l’air libre pour se retrouver devant les écuries dans lesquelles il reconnut Aranwë. Le serviteur sembla soumettre l’idée que peut-être Calion et ses compagnons allaient devoir y dormir cette nuit. Calion avait déjà connu pire cela ne le dérangeait pas même si une couche ne l’aurait pas déplu. Le serviteur reprit sa route et ils finirent dans une auberge où ils furent scrutés de haut en bas, les Elfes étaient rares dans cette contrée. Les chambres étaient offertes par le Maréchal Béred.

« Qu’il soit remercié. » Dit Calion.

Le Noldo se retrouva dans une petite chambre rustique mais suffisante pour la nuit. Il y trouva un plateau vide bientôt rempli d’un frugal repas. Quel contraste avec les mets du banquet. Tous ne sont pas logés à la même enseigne ici, se dit-il. Fatigué, il s’endormit.

Le lendemain matin, Calion descendit dans la pièce principale de l’auberge. Le tenancier nettoyait les tables en bois brut, parfois un clou ressortait d’un côté. Des tâches étaient présentes sur le sol pierreux. L’Elfe attendit qu’on vienne les chercher. Après quelques temps, les Elfes prirent la direction de Méduseld. La porte leur fut ouverte sans poser de question. Leur entrée tonitruante de la veille faisait encore son effet.

Contrairement à la veille où les festivités allaient bon train, l’ambiance au sein du château était plus anxieuse. Les trois Elfes avaient encore attendu jusqu’à ce qu’ils virent Thedras derrière un homme. Celui-ci expliqua la situation et en rit. Ce rire parut comme apaiser Calion qui s’agaçait de nouveau de la situation.

Les Elfes suivirent le Maréchal et Thedras dans la salle du conseil. Le Rohirrim les invita à s’asseoir. Des serviteurs vinrent apporter le fameux bon bol de bouillie que Calion accepta poliment. Il n’oubliait pas la bienséance même en ces heures sombres.

Le Maréchal invita les Elfes à parler. Calion regarda Sighild et Voronwë.

« Tout d’abord, je voulais vous remercier pour les chambre et la nourriture dans l’auberge, nous vous en sommes reconnaissants vous n’y étiez pas obligé. Il posa sa main sur son cœur. Il prit un ton plus grave. Après le récit que je vais vous faire, il nous faudra voir la Vice-Reine… »

Le Maréchal ne dit mot.

« Voici Elwing, assise à sa droite, ainsi que Voronwë, à sa gauche. Quant à moi je m’appelle Narmacil… »

Il débuta son récit avec assurance en omettant leur quête et leur séjour dans la Forêt des Drugs. Il parla d’Aldmund et d’Evgen, et leur départ pour la bataille jusqu’au moment où Evgen s’est enfui après avoir certifié qu’il s’agissait de Gallen Mortensen sur le bûcher et qu’il était la victime d’un sacrifice religieux. Il en avait déjà vu, jadis.

« Elwing et moi-même étions seuls une fois Evgen et ses hommes disparus. Le Vice-Roi se battait courageusement contre les flammes qui rongeaient sa peau. Il était stoïque. Nous étions suffisamment proches pour que je puisse croiser soin regard. Les flammes le dévoraient. Alors qu’il hurlait le nom de la Vice-Reine, j’ai abrégé ses souffrances d’un trait plein cœur… Il souffla. Il est mort sans souffrir davantage. »

Thedras n’en revenait pas.

Il poursuivit ensuite sur leur début de fuite et leur rencontre avec Thedras et Theodell.

Calion en avait terminé. Il n’avait montré aucun regret pour son geste, le seul remord qu’il avait était qu’Evgen s’était enfui et que peut-être ensemble ils auraient pu le sauver.

« Si je veux voir la Vice-Reine ce n’est pas pour soulager ma conscience… Je veux lui dire que les dernières paroles du Vice-Roi ont été pour elle. Cela ne la soulagera pas mais peut-être que son deuil sera moins lourd… »

« Certes… »

Calion avait écouté attentivement le Maréchal Bered. L’Elfe n’était pas au fait des histoires de ce pays, son dernier passage dans cette contrée remonte à plusieurs années et il avait eu fort à faire à Gar Thulion et Imladris alors que l’Ordre de la Couronne de Fer sévissait. Les querelles des Hommes ne l’intéressaient pas, seulement leurs répercussions chez les Elfes.

Le Maréchal souleva un point intéressant auquel le Noldo répondit immédiatement.

« Vous avez raison, nous partirons à l’issue… »

Le Noldo garda pour lui sa réelle pensée lorsque Bered parla d’une exécution. Aucun Rohirrim ne toucherait à un seul cheveu de l’un de ses compagnons ou de lui-même. Même si le Maréchal avait dit cela en toute bienveillance, il fallait dorénavant être constamment sur ses gardes.

Bered poursuivit et Calion lui répondit.

« Que Dame Aelyn parte, elle est sans doute déjà loin et sous bonne garde, nos routes se croiseront un jour, j’en suis sûr, dit-il en souriant. Nous devons poursuivre de notre côté. »

Calion regarda ses amis tandis que le Maréchal Bered mentionna qu’une troupe allait prendre la direction d’Erian, le Noldo n’avait pas oublié les paroles d’Evgen.

« Nous devons justement prendre la route du Nord. Calion se leva et fixa le Maréchal. Nous sommes disposés à vous aider. Il inclina sa tête respectueusement. C’est bien trop d’honneur que vous nous faites. Néanmoins nous ne sommes pas des héros… Nous étions là. »

Le Noldo salua une dernière fois Bered et demanda à Thedras de les mener au Maréchal Olaf avec la permission de Bered.

« Peut-être allons-nous retrouver le jeune Théodell. »

Les Elfes sortirent l’un après l’autre de la pièce, menés par Thedras.