8 résultats trouvés pour Pallando

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Sujet: L'éloquence des femmes n'est pas toujours muette
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Palais des Rois d'Arnor   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'éloquence des femmes n'est pas toujours muette    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 27 Mar 2017 - 4:04
Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! Poppea10

L'inquiétude se lisait sur les traits de Poppea, qui marchait aussi rapidement que le lui permettaient les lourdes robes qu'elle devait porter en permanence. Peste soit de ces vêtements bien trop encombrants et peu pratiques ! Elle revenait de la Salle du Trône où, sans surprise, elle n'avait pu qu'apercevoir très brièvement son suzerain. Aldarion était occupé à régler les affaires du Sénat, et il n'avait pas le temps de se consacrer à autre chose, même pour prêter l'oreille à ce que la sœur de sa feue épouse avait à lui dire au sujet des troubles du royaume. Elle avait réussi à attirer son attention entre deux audiences, mais il lui avait répondu par une moue désolée comme pour lui signifier qu'il aurait bien préféré se trouver à mille lieues de là, mais qu'il devait faire ce que son devoir lui commandait. La jeune femme n'avait pas insisté, et avait pris la direction de l'office de l'Intendant Enon. Lui-même, beaucoup moins sollicité que son monarque, aurait sans doute le temps de la recevoir.

Elle avait rapidement ravalé son optimisme.

L'Intendant était souffrant, lui avait dit un factionnaire gêné de ne pas pouvoir accéder à sa requête. Elle ne l'avait pas vraiment écouté, et avait usé de toute son autorité pour faire ouvrir une porte qui normalement aurait dû rester close. Mais Aleth Enon ne s'était pas retiré par courtoisie. Elle avait entendu ses quintes de toux violentes, entrecoupées de stridors guère rassurants. Quelques secondes plus tard, réagissant au bruit de la porte qui se refermait, c'était le Conseiller de la Reine qui s'était avancé vers elle avec l'air épuisé. Il avait retroussé les manches de sa tunique bleue, et de toute évidence il travaillait à préserver son patient. Poppea, oubliant soudainement les raisons de sa vue, s'était enquise :

- J'ignorais que c'était aussi grave… Est-ce qu'il va… ?

Elle n'avait osé formuler les choses à voix haute, et le silence qui s'était installé pendant une demi-seconde n'avait été brisé que par les râles de l'Intendant. Pallando avait alors répondu :

- Il est très affaibli, et j'en conviens son état peut sembler inquiétant. Mais rassurez-vous, les meilleurs guérisseurs du royaume s'occupent de lui…

- Et vous-même ? Avait-t-elle demandé.

Il avait haussé les épaules négligemment :

- Je ne suis pas guérisseur, bien que je dispose de quelques savoirs venus de contrées lointaines… Je reste néanmoins à son chevet aussi longtemps qu'il m'est permis, et j'apporte mon aide aussi modeste soit-elle. Réagissant à une gémissement plus fort que les autres, il avait ajouté : Il a besoin de moi, je suis désolé… Je vous ferai parvenir de ses nouvelles régulièrement si vous le souhaitez.

Acceptant cette proposition, elle s'était retirée gracieusement, encore troublée par ce qu'elle venait de voir et d'entendre. Elle ne connaissait pas l'Intendant aussi bien que les gens d'Annúminas, certes, mais l'homme avait toujours montré une grande bienveillance envers elle par le passé. Même quand elle avait été contrainte de revenir à la capitale, après les terribles événements de la Couronne de Fer, elle avait trouvé en lui un allié de poids qui lui avait montré les pièges à éviter, et s'était arrangé pour faciliter son installation. Elle lui devait énormément à titre personnel, de même qu'elle lui devait au nom de tout le royaume. Sa réputation le précédait, et il était de ces gens qui permettaient à l'autorité d'Aldarion de s'étendre sur tout l'Arnor : c'était notamment grâce à son influence que l'Ordre de la Couronne de Fer n'avait pu mettre son plan à exécution. Il avait œuvré au cœur d'un réseau d'ennemis déguisés, et malgré les rumeurs persistantes qui annonçaient son souverain mort, sa loyauté n'avait jamais flanché.

Un homme de bien.

La tête pleine de ces pensées sombres, Poppea cherchait donc une oreille à laquelle elle pouvait confier ses soucis du moment. Elle avait longtemps songé à aller voir sa suzeraine, mais elle savait que celle-ci ne pourrait guère la conseiller. Si son esprit avisé pouvait s'avérer précieux dans bien des cas, il y avait aussi bien des situations dans laquelle son inexpérience du royaume la desservait. Dinaelin se souciait assez peu de la guerre, des gens d'armes et de la défense du royaume. Son éducation Dalite jouait énormément sur cela, mais on sentait aussi que tout ce qui touchait à la violence la mettait assez mal à l'aise. Cela ne l'empêchait pas d'apprécier Poppea, qui avait grandi dans un monde radicalement différent, et la réciproque était vraie. Les deux femmes, qui se rejoignaient sur bien des points de vue, nourrissaient des discussions fructueuses au coin du feu quand elles en avaient fini avec leurs obligations respectives. Toutefois, il n'était pas l'heure de refaire le monde dans le confort d'appartements luxueux, mais bien d'agir face à l'urgence d'une crise qui couvait. Se repliant sur sa dernière carte, la jeune femme vint frapper à une porte où, espérait-elle, elle trouverait ce qu'elle recherchait.

Une jeune servante qui semblait venir du Sud ou de l'Est vint lui ouvrir. Poppea ne s'étonnait plus de la voir désormais, mais elle s'était toujours demandée quelle était l'histoire de cette dame de compagnie distraite, maladroite parfois, qui pourtant semblait être indispensable à sa maîtresse. Sans doute remplissait-elle aussi la fonction de confidente, voire d'amie.

- Puis-je entrer ? Demanda la noble.

- Bien sûr, après vous ! Répondit joyeusement la jeune servante avec son accent chantant.

Pénétrant à l'intérieur, Poppea fut accueillie par une douce fraîcheur qui contrastait avec la chaleur parfois étouffante du dehors. Elle apprécia un bref instant cette transition agréable, tandis que son hôte se levait pour l'accueillir, faisant une élégante révérence de circonstance. Poppea, serrant ses mains de cette dernière, la releva et lui glissa :

- Dame Nivraya, j'espère que je ne vous dérange pas… Je vois vous parler d'une affaire qui me préoccupe.

Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! Nivray10

Si la Dame de Gardelame avait manifesté une pointe de surprise, elle l'avait rapidement cachée derrière un masque de sérieux. Rares étaient les personnes d'un si haut rang qui venaient la voir pour lui annoncer d'emblée qu'ils avaient un problème à lui confier. Elle répondit immédiatement :

- Je vous en prie, Votre Altesse… Asseyons-nous si vous le voulez. Désirez-vous une boisson ?

Poppea fit signe que non, mais accepta l'invitation à prendre place sur les fauteuils confortables. Elle s'assit en prenant grand soin de ne pas froisser ses robes, tandis qu'en face d'elle Nivraya paraissait y parvenir sans le moindre effort. L'habitude, sans doute. La politesse aurait sans doute exigé que les deux femmes prissent des nouvelles l'une de l'autre, particulièrement car l'actuelle invitée était une des très rares personnes à savoir que la Dame de Gardelame attendait un enfant. Toutefois, elles avaient noué une relation qui avait depuis longtemps dépassé les barrières de la courtoisie : elles travaillaient à maintenir le royaume fort, et même si leur rôle secondaire les obligeait à agir en sous-main, elles n'en demeuraient pas moins particulièrement concernées par la situation encore fragile de l'Arnor. A ce titre, Nivraya et Poppea étaient en parfaite harmonie, et elles ne pouvaient s'empêcher de vouloir en faire davantage pour anticiper et neutraliser les menaces qui grouillaient encore. Décidant donc de faire part de son inquiétude, elle commença :

- J'ai reçu de bien sombres nouvelles, Dame Nivraya. On rapporte que les Gobelins se montrent de plus en plus agressifs dans le Nord et l'Est du royaume. Ils attaquent les convois, et pillent les villages les moins défendus. C'est un mal auquel, hélas, nous sommes trop habitués.

- Certes, Votre Altesse. Je pressens toutefois que quelque chose d'autre vous amène.

Poppea hocha la tête. Oui, il y avait bien quelque chose qui la dérangeait au plus haut point :

- Vous ne vous trompez pas. J'ai appris ce matin des rumeurs qui n'augurent rien de bon. On raconte que des hommes en armes auraient été aperçus au Nord… Les Gobelins ont aussi quelques bastions dans les environs, et qui sait ce qu'abritent encore les Monts d'Angmar ? La situation est bien plus préoccupante qu'on veut bien le dire à Annúminas, et j'ai peur que nous soyons aveugles à une menace qui grandirait dans l'ombre.

Nivraya garda le silence un instant, réfléchissant visiblement à l'affaire qui – il fallait bien l'avouer – ne pouvait que susciter l'inquiétude. L'Ordre de la Couronne de Fer avait peut-être été vaincu, mais nul ne savait exactement où remontaient les racines de leur corruption en Arnor, et il valait mieux être prudent. Surtout que la menace des Gobelins n'était pas à prendre à la légère. Elle finit par rétorquer :

- Je n'ai pas le pouvoir de prendre une décision pour faire changer les choses, Votre Altesse. Je peux cependant envoyer des enquêteurs, collecter des rapports plus précis, et essayer d'inciter les militaires à se pencher sur ces questions…

- Cela ne servirait à rien, trancha Poppea. Nos soldats ont des consignes strictes, et ils ne s'aventurent pas dans les régions les plus dangereuses qui pourtant ne sont qu'à quelques lieues de nos villes ! Dame Nivraya, je dois trouver un moyen de retourner à Fornost.

Elle avait dit cela avec tant de conviction qu'elle ne s'était pas rendu compte à quel point elle s'était avancée sur son siège, penchée en avant, à deux doigts de tomber. Retrouvant une posture plus maîtrisée, elle poursuivit :

- Je ne suis pas une dame de cour, et nous savons toutes les deux pourquoi je suis prisonnière ici…

Elle marqua une pause lourde de sens. Nivraya savait effectivement que deux des trois héritiers royaux avaient été assassinés à Fornost, dans l'Ancienne Forteresse, sous la surveillance de Poppea elle-même. Personne ne la blâmait pour cela, car tous avaient été dupés, et elle s'était battue comme une lionne pour repousser les tueurs. Mais dès lors que le sujet était mis sur la table, son malaise était perceptible et il était évident qu'elle s'en voulait terriblement. Elle avait l'impression d'avoir trahi la confiance de son Roi, de son beau-frère… et ce n'étaient pas seulement un Prince et une Princesse qui étaient morts dans ses bras. C'étaient son neveu et sa nièce, qu'elle avait eu tout le temps d'apprendre à aimer avant de les voir lui être arrachés. Elle reprit :

- Je ne suis pas l'héritière du trône d'Arnor, et ne le serai jamais. En revanche, je suis la dernière représentante de la famille des Ducs de Fornost, et mon devoir est de veiller à la défense de cette cité, comme mon père et ses pères avant lui. Aujourd'hui, je pressens un grand danger, et plus que jamais ma place est auprès de mon peuple. M'aiderez-vous, Nivraya ?

#Pallando #Aleth
Sujet: Annúminas
Ryad Assad

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Rechercher dans: Annúminas   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Annúminas    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 27 Mar 2017 - 1:25
« Annúminas fut bâtie par Elendil en 3320 du Deuxième Âge sur la rive sud du Lac Evendim, près de la source du Baranduin, et elle devint la capitale du Royaume d'Arnor. On y gardait la Clairvoyante d'Annúminas, un des trois Palantíri du Nord. Elle fut probablement abandonnée au profit de Fornost lors de la division de l'Arnor, et tomba en ruine au cours des siècles suivants. Au début du Quatrième Âge, le Roi Aragorn rebâtit la ville pour en faire sa capitale. »

En apprendre davantage sur Annúminas grâce à notre partenaire Tolkiendil.

Grande cité du Nord de la Terre du Milieu, Annúminas impressionne par ses dimensions spectaculaires. Il ne surprend personne d'apprendre que la ville a été pendant près de trois siècles la capitale du Royaume Réunifié. Sa rénovation récente fait de cette place-forte une des constructions les plus modernes de la Terre du Milieu. L'architecture urbaine a été pensée pour convenir à la haute noblesse, et on y trouve de larges avenues, des places et des fontaines magnifiques. Le superbe panorama sur le lac Evendim est visible depuis les bâtiments qui s'élèvent plus haut que les grandes murailles. Ceux-ci ont été construits dans le style núménoréen que l'on peut retrouver à Minas Tirith, mais en y ajoutant des influences plus modernes qui donnent à la ville un charme particulier. En été, Annúminas est une ville agréable à vivre, et sa population chaleureuse n'hésite pas à se montrer en ville, sur les marchés animés qui concentrent les productions des alentours. Les hivers, cependant, sont beaucoup plus rudes et la ville est régulièrement plongée sous des pluies diluviennes ou d'abondantes chutes de neige qui ternissent la beauté du paysage. Alors, chacun préfère rester chez soi, occupé à trouver un peu de chaleur en attendant des jours meilleurs.

Dans la plus pure tradition du Royaume Réunifié, la cité reste avant tout un point défensif, et un très fort contingent militaire est présent entre les murs pour assurer la sécurité des principaux personnages du royaume. C'est notamment le siège de la très célèbre Garde de la Rose, le régiment le plus prestigieux de l'armée d'Arnor qui fait office de garde personnelle au Roi. En dépit de la forte militarisation de la ville, il ne règne pas une atmosphère oppressante et la vigilance des soldats garantit aux sujets une certaine quiétude.

~~ Personnages importants de la région ~~



- ALDARION ANGLAREB -
Roi de l'Arnor, Prince de Gondor

Le Roi Aldarion est un des monarques les plus puissants de la Terre du Milieu. Homme de guerre avant d'être un homme de cour, il n'a jamais rechigné à partir au combat avec ses armées et s'est forgé une solide réputation de bretteur sur le champ de bataille. Certains de ses barons le considèrent comme tyrannique, d'autres comme simplement désireux de raffermir le pouvoir royal en Arnor, mais il est certain qu'Aldarion dirige son royaume avec poigne. Cependant, la mort tragique de la feue reine Elaera, puis le terrible assassinat des trois héritiers au trône, ont affaibli considérablement l'homme comme le monarque. Son récent mariage avec la Princesse de Dale participe d'une nouvelle politique visant à donner une image plus humaine au pouvoir royal, et certainement à remplacer la lignée perdue.



- DINAELIN -
Reine de l'Arnor, Princesse de Dale

Née Dinael, qui signifie « Reine du Lac », il semblait bien que la destinée la Princesse de Dale était toute tracée. Grâce à son mariage avec le Roi Aldarion, elle est en effet devenue la Reine d'Arnor Dinaelin, « Reine des Lacs » en référence au lac Evendim sur les berges duquel est bâtie la capitale Annùminas. En dépit de son jeune âge, la personnalité de la souveraine est bien affirmée et elle a su s'entourer de conseillers précieux pour remplir ses tâches au mieux. Amatrice d'arts et de culture, elle s'efforce de développer ces aspects dans son royaume, sans manquer naturellement à ses devoirs. Son caractère et son éducation à la cour de Dale l'inclinent à se montrer proche du peuple, dont elle écoute volontiers les doléances. Hélas, il semblerait que le premier héritier de la Reine se fasse attendre, suscitant de plus en plus d'inquiétudes.



- PALLANDO -
Conseiller de la Reine Dinaelin

Toujours rasé de près, toujours vêtu de bleu, et toujours de bon conseil. Voilà comment la plupart des gens décriraient Pallando. Personnage nouveau de la cour d'Annùminas arrivé en même temps que la nouvelle souveraine, il a su s'imposer comme une figure incontournable pour les nobles de tous horizons qui se plaisent à venir converser avec lui. On raconte même qu'il partage sa sagesse avec l'Intendant Enon qui ne rechigne jamais à solliciter son avis. Pourtant il demeure assez discret et réservé, peu intéressé par la fortune ou le prestige que pourraient lui conférer sa position. Particulièrement protecteur vis-à-vis de la jeune Reine, Pallando veille en permanence à ce que ni sa vie ni ses intérêts ne soient menacés.


- SIRION IBN LAHAD -
Intendant du Royaume d'Arnor

Khandéen d'origine, celui qui se fait surnommer "Le Fantôme" a longtemps oeuvré dans l'ombre pour protéger les intérêts de l'Arnor et de son Roi. Commandant emblématique de la Rose Noire, il a été une des figures centrales du combat contre l'Ordre de la Couronne de Fer en Arnor et ailleurs. Et alors que la paix revient dans le royaume, Aldarion a décidé de récompenser l'un de ses plus fidèles sujet en lui confiant l'Intendance du Royaume. Combattant d'expérience mais novice en politique, Sirion aura fort à faire pour lever les doutes à son sujet.  


- ALETH ENON -
Ex-Intendant du Royaume d'Arnor

Aleth Enon est un personnage central du royaume d'Arnor. Politicien hors pair, doté d'une intelligence redoutable, il a d'abord été le conseiller personnel du Roi Irimon, avant de devenir Intendant d'Arnor sous le Roi Aldarion. Sa fidélité à la couronne n'est plus à prouver. Considéré comme un habile meneur de débats, il sait s'entourer et rassembler autour du Roi une majorité de nobles. Depuis la chute de l'OCF, il est cependant moins en vue. Rattrapé par son âge, il a cédé son poste d'Intendant au loyal Sirion Ibn-Lahad, bras armé de l'Arnor. Officiellement à la retraite, Aleth reste cependant un conseiller de choix pour Sa Majesté et dispose toujours d'une grande influence auprès des puissants d'Arnor.


- NIVRAYA ALEN DE GARDELAME -
Assistante de l'Intendant d'Arnor

Nivraya est un cas presque unique en Arnor, où les femmes ne tiennent habituellement pas de rôles aussi prestigieux. Retorse, froide et calculatrice, c'est une femme politique rompue aux arcanes de la manipulation et de la tromperie. Elle met ses incroyables talents au service de l'Arnor, qui lui garantit un statut social et un prestige auxquels elle tient. Ses ennemis lui ont fait payer au prix fort sa promotion rapide, mais elle est toujours vivante et bien déterminée à raffermir le pouvoir d'Aldarion par tous les moyens. Désormais au service du charismatique Sirion Ibn-Lahad, l'ambitieuse jeune femme a une opportunité en or de continuer à faire croître son influence



- THALION « THORONDIL » DE KERVRAS -
Fauconnier du Roi

Thalion de Kervras, que tout le monde ou presque connaît sous nom nom usuel de Thorondil, est un guerrier dans l'âme. Arpenter les champs de bataille aussi longtemps que lui n'est évidemment pas sans conséquences, et un terrible coup l'a laissé cruellement mutilé au visage, le privant progressivement de sa vue. Conscient que son sort était scellé, il a décidé de consacrer ses dernières années à combattre le mal partout, revenant même en Arnor pour aider le Roi Aldarion à regagner son trône. C'est ce fait d'armes qui lui a valu sa notoriété actuelle, à laquelle il aurait préféré échapper. Figure montante de la noblesse arnorienne, homme de confiance du Roi, il suscite l'intérêt de tous les nobles ayant une fille à marier.



- BALLAS -
Capitaine de la Garde de la Rose Blanche

Ballas est un guerrier accompli, ami d'enfance du Roi Aldarion à qui il voue une loyauté sans failles. Vétéran de nombreuses batailles, notamment la Bataille du Nord, il s'est également illustré lors de la lutte contre l'Ordre de la Couronne de Fer. Quand Rousnou fut démis de ses fonctions, Ballas fut nommé à la tête de l'unité la plus prestigieuse de l'armée d'Arnor, qu'il dirige d'une main de fer. Dur mais juste, il exige toujours le meilleur de ses hommes qui le suivent aveuglément.
Sujet: Les yeux plus gros que le ventre
Nathanael

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Rechercher dans: Le Palais des Rois d'Arnor   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les yeux plus gros que le ventre    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 25 Sep 2016 - 18:02
Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! Dinael10

La porte de son bureau était entrebâillée. La jeune femme, emportée par la curiosité, s’approcha un peu plus. L’homme murmurait quelque chose pour lui-même. Elle devinait un parchemin entre ses doigts où se reflétaient la lueur d’une lampe d’appoint. La lumière du jour déclinait et devenait insuffisante. L’extrémité d’un bâton en bois et une longue cape sur le dos d’une chaise se découpaient en nuances sanguines sur les ombres naissantes du début de soirée.

-  … est infertile…

Elle eut un frémissement de peur, sa curiosité se mua en inquiétude fébrile. A qui cette lettre était-elle destinée ? Se pouvait-il qu’il ose aborder un tel sujet dans une missive officielle ? Elle lui faisait tant confiance. S’était-elle trompée ? Ce fût comme si un géant de marbre lui étreignait les côtes. Elle retint sa respiration tandis qu’il continuait de relire ses mots.

- …nous devons trouver une solution, mais elle n’est pas ici. Le roi est impuissant …

Comment osait-il ? Elle sentit ses jambes flageoler. Tout son être tremblait de colère et d’indignation. Son fidèle conseiller, son plus proche ami. Quel sens pouvait-elle encore donner au mot confiance s’il la trahissait ainsi ? Un instant elle faillit franchir la porte avec violence pour exprimer tout le mépris qu’il lui inspirait, pour lui rappeler qui elle était vraiment et le respect qu’il lui devait. Un instant seulement. L’homme continuait de relire sa lettre du bout des lèvres. Il ne s’était toujours pas rendu compte de sa présence.

- …car si nous n’agissons pas, nous perdrons le bénéfice de cette alliance.

Ce devait être le point final. Elle étouffa un sanglot, sous le choc. Il n’était finalement pas si différent des autres. Il ne la voyait que comme un ventre à engrosser, la mère des héritiers au trône, rien de plus. Ni la femme, ni la reine. Il ne voyait en elle que la maternité, la page blanche sur laquelle s’écrirait l’avenir. Mais voilà, quel malheur, malgré l’envie d’écrire, il n’y avait pas d’encre pour faire naître cette partie de l’histoire. Sa position au palais ne l’empêchait pas de saisir les rumeurs ébruitées dans les couloirs, les soupçons, les craintes, les reproches.

- Votre altesse, est-ce vous ?

Ce ton solennel. Elle se raidit et s’avança en repoussant la porte avec une douceur maladroite. Son regard dut la trahir car l’homme changea d’attitude en la voyant. Il ne chercha même pas à dissimuler le pli qu’il venait d’écrire. Il se leva et l’accueillit avec le même sourire qu’il lui accordait toujours. Un moment, elle hésita. Peut-être se trompait-elle.

- Je ne vous attendais pas. Entrez, je vous en prie. J’étais en train d’écrire à Alatar. A propos de choses importantes auxquelles notre roi ne souhaite pas accorder l’importance qui leur revient.
- Que voulez-vous dire ?


Elle craignait la discussion qui pourrait s’ensuivre. Elle avait confiance en lui. Son soutien et son savoir étaient de précieux atouts entre les murs du palais. Mais il y avait des sujets qu’elle ne souhaitait absolument pas aborder avec lui. La gêne la fit rougir, ou bien était-ce la honte mêlée à la colère qu’elle avait ressenti peu avant ?

- Il s’agit d’un sujet grave et sérieux.

Il referma la porte derrière elle et parla d’une voix plus basse. Le coeur de Dinaelin manqua un battement. Par Eru, il allait vraiment aborder ce sujet là avec elle.

- Aldarion refuse de s’acquitter de son devoir de roi. Ou bien il le fait avec insuffisamment d’ardeur.

Les mots de l’homme résonnait dans son esprit comme de véritables coups de boutoir. Elle craignait d’avance chacun des termes qu’il allait employer. Elle posa, malgré elle, la main sur son coeur. Elle se sentait défaillir.

- Vous êtes la seule à pouvoir intervenir auprès de lui pour faire changer le cours du temps. Je vous prie, demandez à Aldarion de reconsidérer la question de la missive des Erudits. Les artefacts sont réels. L’Arnor court un vrai danger. Il faut lui faire entendre raison.
- Ho, ce n’est donc que ça ?


Elle fut si soulagée qu’elle eut un bref éclat de rire. Pallando haussa les sourcils, étonné. Il ne s’attendait pas à une telle réaction de la part de sa reine. Elle pouvait être si imprévisible. Sous la douceur de ses traits se dessinaient les contours d’une reine forte et déterminée. Personne n’aurait pu l’en faire douter.

- De quoi croyiez-vous que je voulais parler ?
#Dinaelin #Pallando
Sujet: Une Dragée au goût amer
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Palais des Rois d'Arnor   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une Dragée au goût amer    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 14 Déc 2015 - 22:28
Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! Dinael10

- Par Yavanna, ils sont si nombreux…

La jeune femme passa nerveusement ses mains sur sa robe somptueuse, essayant vainement d'en chasser le moindre pli. Elle avait à cœur de leur apparaître sous son meilleur jour, le sourire aux lèvres, pour remplir la fonction qui était la sienne. Après tout, elle était la nouvelle Reine d'Arnor, et elle devait accepter le fardeau que cela pouvait représenter. Elle sentit une boule d'angoisse monter en elle, et elle inspira profondément pour se calmer. C'était loin d'être une tâche évidente, hélas. Alors qu'elle continuait à observer subrepticement par une petite fenêtre dérobée, sa jeune servante s'approcha d'elle et lui souffla :

- Tout va bien, Votre Altesse ? Puis-je vous faire apporter un peu d'eau ?

Beladonna était serviable au possible, et sans elle, Dinaelin aurait sans doute été perdue. La jeune femme avait été placée à son service dès qu'elle avait posé le pied en Arnor, et une certaine complicité s'était nouée rapidement. Elles étaient comme deux amies, deux confidentes qui échangeaient sur leurs vies, leurs peurs et leurs petits bonheurs. Il n'y avait que deux sujets que Dinaelin se refusait à aborder avec sa précieuse alliée : la politique, et son époux Aldarion. Elle considérait que c'étaient là des choses privées, propres à la famille royale, et que rien ne devait filtrer auprès du peuple. Egalement, elle ne souhaitait pas mettre la jeune servante dans une position difficile, en lui confiant des secrets que certaines personnes mal intentionnées auraient pu vouloir lui extorquer. Pall l'avait mise en garde contre les espions, et si elle n'était pas tombée dans la paranoïa comme certains nobles incapables d'aligner deux mots sans regarder par-dessus leur épaule, elle s'efforçait de se montrer prudente. Revenant à son amie, elle lui posa la main sur le bras – geste d'extrême familiarité qu'elle ne se permettait que lorsqu'elles étaient seules – et répondit :

- Tout va bien, je suis simplement un peu nerveuse. Il y a plus de gens que je ne l'aurais cru… Par Yavanna, les pauvres…

Beladonna regarda par la fenêtre un instant, avant de tirer sa souveraine à l'écart, pour l'empêcher de se tourmenter inutilement. Être angoissée avant d'affronter la foule n'était pas bon, et elle devait la protéger de tout ceci, pour lui permettre de bien faire son travail. Pour lui changer les idées, elle aborda un sujet qui n'avait rien à voir :

- Vous invoquez le nom de Yavanna souvent, ces jours derniers, Votre Altesse. S'agit-il d'un dieu ?

Dinaelin sourit, et toute trace d'anxiété disparut de son visage. Il était si simple de l'apaiser, quand on savait comment s'y prendre. La Reine était toujours surprise de voir à quel point le peuple… son peuple… était peu instruit. D'où elle venait, à Dale, la vie intellectuelle était florissante, et si les sujets de son père n'étaient pas tous bien éduqués, si beaucoup étaient encore incapables de lire ou d'écrire, ils avaient accès par les chansons et les œuvres d'art des Ménestrels à la culture. Ils auraient pu tenir une longue conversation sur bien des sujets d'histoire avec n'importe quel noble ici, simplement car ils avaient entendu mille récits héroïques au coin du feu, dans une taverne, un soir d'été. Par contraste, les gens de l'Arnor lui apparaissaient bien plus pauvres d'esprits, moins enclins à se fendre d'une belle anecdote, toujours préoccupés par de grands problèmes. Elle les trouvait tourmentés, comme si la vie était plus dure pour eux qu'elle ne pouvait l'être pour d'autres. Elle avait mis longtemps à se forger cette opinion, et pendant quelques mois elle avait simplement cru qu'ils n'étaient que des rustres sans manières. Désormais, elle ne les craignait plus, elle les prenait en pitié. Elle comprenait que dans ce si vaste royaume, dont elle peinait à se représenter la superficie, la vie n'était pas toujours aisée. La guerre frappait, la mort fauchait, et quand l'hiver décidait de s'éterniser, il pouvait faire des ravages atroces. Ces sombres pensées fuirent l'esprit de la Reine, qui se plut à expliquer :

- Yavanna est une Vala d'une grande puissance, et d'une grande beauté, mère de toutes les choses qui poussent. Chaque plante, chaque arbre est le fruit de son chant. Elle est courageuse, forte et d'une grande bonté.

Dinaelin adorait voir cette lueur de curiosité dans les yeux de sa servante. Elle buvait littéralement ses paroles, comme si celles-ci étaient le reflet de la vérité la plus absolue et la plus poétique. En réalité, elle se contentait de restituer ce qu'on lui avait appris. Pallando aimait beaucoup Yavanna, et elle l'avait déjà pris à murmurer son nom alors qu'il ignorait sa présence. Quand elle l'avait interrogée à ce sujet, il avait posé sur elle un regard d'une grande douceur, et lui avait dit presque mot pour mot ce qu'elle venait de dire à Beladonna. La jeune servante voulut ajouter quelque chose, mais on frappa à la porte, pour leur annoncer qu'il était l'heure. Revigorée par ce brin de conversation, qui n'avait duré que quelques instants, mais qui lui avait permis de se changer un peu les idées, la Reine sortit à la vue du peuple d'Arnor quelque peu rassérénée.

Un silence s'abattit immédiatement sur la centaine de pauvres hères rassemblés dans la cour intérieure du Palais. Ces malheureux étaient des indigents qui peinaient à vivre, pour beaucoup des fermiers venus des environs, qui couraient après la moindre petite pièce. Ils avaient fait un effort pour s'habiller aussi convenablement que possible, mais leurs tenues étaient rapiécées, parfois trouées ou déchirées. Leurs chausses ne tombaient pas toujours au bas de leurs jambes, faute de tissu, et leurs chaussures avaient pour la plupart connu des jours meilleurs. La Reine demeura immobile un instant, terrassée par ces deux cent yeux posés sur elle, qui la scrutaient avec une curiosité et une crainte non feintes.

- Son Altesse, la Reine Dinaelin d'Arnor ! Tonna un héraut, faisant légèrement sursauter la souveraine.

Elle s'avança, consciente que le moindre impair était impensable, et s'arrêta auprès d'un poteau sur lequel étaient fixées ses armes, frappées sur un magnifique drapeau qui aurait été plus joli à flotter dans le vent, si vent il y avait eu. Deux gardes se tenaient légèrement en retrait, et par habitude elle prit le temps de les saluer. Il en allait ainsi dans le petit royaume de Dale, où le protocole était moins strict. Immédiatement, il y eut des murmures dans l'assistance. Elle ignorait encore très bien pourquoi, mais essaya de cacher son malaise derrière un masque souriant. Sitôt à la place qui était la sienne, un officier du royaume fit s'approcher un homme qui tenait misérablement son chapeau entre ses mains tremblantes. La Reine le laissa poser un genou au sol, comme le voulait la coutume, et le releva en lui prenant doucement la main. Elle sentit les cals de sa peau rugueuse, une peau de travailleur manuel, celle d'un homme qui devait manier plus souvent la houe que la plume. Il était bien plus terrifié qu'elle, ce qui la surprit légèrement.

- Comment vous appelez-vous ?

- M-Mordic, Votre Altesse, bafouilla-t-il.

- Bonjour, Mordic. Ravie de vous rencontrer.

Il bredouilla la réponse de circonstance, écrasé par la différence de statut qui les séparait. Ne se formalisant pas de son émoi, la Reine fit signe à un homme qui se tenait non loin d'approcher : il portait une paire de solides bottes de cuir, sans raffinement et sans ornements, mais qui tiendraient chaud à leur propriétaire. Sur un petit écrin, qu'il tenait dans son autre main, se trouvait une pièce en argent, dont la taille ne devait pas occulter la valeur réelle. Dinaelin prit les bottes et la pièce avec simplicité, et les offrit à Mordic :

- Voici pour vous, Mordic. Puissent ces modestes présents vous garder à l'abri du froid et de la faim. Allez, et que la paix soit sur vous.

Il s'inclina respectueusement, ébahi devant ce qui apparaissait comme bien trop peu aux yeux de la Reine, et fut raccompagné par l'officier qui l'avait fait approcher. Dinaelin eut un sourire attendri en le voyant s'éloigner, comme s'il n'en revenait pas de sa chance. Elle se dit que ce n'était pas si difficile, finalement. Il ne lui en restait plus que quatre-vingt-dix-neuf, désormais, alors que le second venait à sa rencontre.

L'après-midi fut long et répétitif, car si le protocole était simple, il était épuisant de devoir répéter littéralement cent fois la même chose, en y mettant toujours la même conviction, en gardant toujours le sourire, et en s'efforçant de ne pas s'indigner de la misère qui défilait en bon ordre, encadrée par des officiers du royaume impassibles. Quand elle put enfin regagner l'abri du Palais, après que le dernier homme eût reçut sa bénédiction et ses présents, elle prit le temps de se désaltérer et de se délasser quelques instants seule, avant de prendre la direction du bureau de son époux. Il était souvent occupé à cette heure-ci de la journée, mais quand elle le pouvait elle abusait de son autorité royale pour congédier son entourage qui l'accablait de travail, et le forçait à se reposer quelque peu. Cependant, quand elle arriva sur les lieux, elle fut accueillie par son ami et conseiller qui attendait devant la porte. En l'entendant arriver, il tourna la tête et lui sourit :

- Votre Altesse, mes hommages ! Alors, comment s'est passée cette rencontre avec le peuple d'Arnor ?

- Pall, vous êtes revenu ! Vous avez été absent si longtemps !

Sa joie était sincère. Il avait pris la route pour Tharbad deux semaines auparavant, et elle était véritablement heureuse de le retrouver. Sans lui, elle se sentait toujours un peu perdue. Il lui adressa un sourire d'une grande douceur, alors qu'elle lui prenait la main avec chaleur. Toutefois, elle n'avait pas répondu à sa question, et elle s'empressa de lui raconter sa journée, sur un ton nettement moins enjoué :

- Tout s'est très bien passé, je crois. Mais tous ces pauvres gens… Quelle tristesse.

Il hocha la tête pesamment, caressant son menton imberbe, dans un geste qu'il répétait souvent quand il réfléchissait :

- Ainsi va la vie, hélas. Votre devoir est de veiller à ce que leur sort ne soit pas trop pénible. Je suppose que le simple fait de vous voir en personne marquera leur journée d'une pierre blanche.

Elle ne pouvait qu'acquiescer à ces sages paroles, comme souvent. Il était particulièrement avisé, et elle n'avait jamais regretté d'avoir prêté attention à ce qu'il disait. Cependant, elle était curieuse quant à sa présence auprès du Roi, et l'interrogea à ce sujet :

- Son Altesse votre époux n'a pas accepté de me recevoir à cette réunion, hélas. Il tient conseil, et a demandé expressément à ne pas être dérangé avant la fin de celui-ci. Une affaire de la plus haute importance.

- Et on vous refuse l'entrée ?

Elle était sincèrement surprise. Il sourit, et lui posa une main affectueuse sur l'épaule. Elle se sentit soudainement redevenue une simple princesse de Dale, sans le poids de toutes ces responsabilités, tout ce protocole. Il lui rappelait cette époque d'insouciance dont elle n'avait pas assez profité.

- Ce n'est rien, n'importunez pas votre époux pour si peu. Je sais déjà ce que contient cette missive pour la lui avoir remise personnellement. Alatar et moi devions informer Sa Majesté de la situation.

Dinaelin s'inquiéta :

- Quelle situation ? Pourquoi tous ces mystères ?

Avant que l'homme en bleu eût trouvé le temps de répondre, la porte derrière laquelle le Roi tenait conseil s'ouvrit, et un homme en sortit. Il s'agissait de l'Intendant Enon. Il parut surpris de croiser sa Reine et son conseiller sur le pas de la porte. Après les avoir salués courtoisement comme il savait si bien le faire, il lança :

- Maître, vous tombez bien, j'ai grand besoin de m'entretenir avec vous. Voulez-vous me suivre, je vous prie ?

- Naturellement, Sire Enon. Le danger nous guette, je suis heureux que vous preniez l'affaire au sérieux…

Ils avaient tous deux complètement oublié la présence de Dinaelin, qui suivait leur échange, pleine de crainte. Ils s'éloignèrent en continuant à converser, visiblement très concentrés :

- Le Roi, disait son Intendant, ne peut rester passif dans cette affaire. Puisque vous en connaissez les tenants, vous savez quel risque nous encourons à ce que nos ennemis…

Leurs voix décrurent progressivement pour ne plus devenir que des chuchotis incompréhensibles. La Reine demeura plantée là, partagée entre l'envie de comprendre la « situation », et celle de laisser les hommes à la politique qui semblait pour une fois être une affaire digne d'intérêt. Elle finit par se ranger à cette dernière option, et tourna les talons pour rejoindre ses appartements. Si réellement un danger planait sur l'Arnor, alors elle devait laisser à Aldarion le temps et l'espace dont il avait besoin pour parer à ce nouveau défi. Elle ne pouvait toutefois s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment.


#Dinaelin #Pallando
Sujet: Couronnes, Plumes et Lames: La Missive des Erudits
Forlong

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Rechercher dans: Tharbad   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Couronnes, Plumes et Lames: La Missive des Erudits    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 13 Déc 2015 - 22:45
Une poignée de volontés insatiables et d’irréductibles espoirs. Il n’en fallait pas plus en cette fin de soirée pour réunir ces esprits érudits et sages qui veillaient avec bienveillance sur les Terres du Milieu. Ils n’avaient pas tous été d’accord sur les termes à employer, sur les destinataires et sur le contenu de la missive. Les discussions avaient été longues bien que nécessaires. La situation actuelle exigeait d’eux qu’ils interviennent, qu’ils se manifestent. Ils étaient trop peu nombreux pour intervenir directement, trop peu nombreux pour contrebalancer la nouvelle menace qui pesait lourdement sur les peuples libres … libres mais endormis, insensibles aux échos inquiétants qui parcouraient les royaumes des hommes, des nains et des elfes. Personne ne s’était soucié des lieux de culte et de savoir, des derniers sanctuaires de l’histoire et de la mémoire d’Arda. Les hommes avaient bien plus souvent les yeux rivés sur les pièces d’or, les traités d’échanges commerciaux et les signatures qui ornaient un parchemin venant valider un mariage important. Adieu les contes et les légendes, adieu les histoires de grand-mère lors des veillées au coin du feu, adieu les héros des temps anciens : des boniments, des sornettes, des histoires à dormir debout ! Pourtant l’été précoce n’avait pas porté avec lui que de fortes chaleurs et quelques bonnes transpirées. Un orage important se préparait auquel nul ne prêtait attention, qui se formait ailleurs qu’au creux des nuages et des tourments du ciel.

Ils pensaient à tout cela quand ils apposèrent leur signature au bas de la missive. La plume formait ce bruit si caractéristique lorsque l’encre se pose sur le parchemin, scellant à jamais leur volonté à celle de leurs pairs. L’un après l’autre ils prirent soin d’annoter leur nom dans un silence lourd de sens. Ce n’était pas leur destin qui était en jeu, la plupart d’entre eux avaient vécu de nombreuses saisons, mais bien celui des hommes et des femmes qui peuplaient ces terres, et celui de leurs enfants. Car le mal qui tendait vers eux ses bras menaçants portait le masque de la toute-puissance. Et l’équilibre pouvait être rompu à tout instant.

Ils regardèrent l’ensemble des parchemins qui couvrait la table devant eux. Un exemplaire pour chaque souverain en son royaume. Ils échangèrent un dernier regard, quelques mots, salutations respectueuses ainsi que quelques murmures d’espoir. Rien n’était perdu d’avance.  Ils se saisirent chacun de la lettre qui leur revenait. Les penseurs et les sages se faisaient émissaires, et il n’était plus à présent que les voix qui devaient porter ce message aux quatre coins du monde. La route était plus ou moins longue depuis les portes de Tharbad, mais chacun savait ce qu’il avait à faire, et les doutes n’étaient plus permis.
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#Dalia #Ronce #Alessa #Sora #Alatar #Pallando #Makiaveel #Marco #Volo #Gorion #Edwin #Demetion
Sujet: Le départ vers le Nord
Forlong

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Rechercher dans: Les Ruelles du Premier Cercle   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le départ vers le Nord    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 5 Mai 2015 - 2:02
Lorsque le son pur du clairon perça l’air matinal afin d’annoncer le départ du roi Aldarion d’Arnor et de sa belle épouse reine Dinaelin, il fut accueilli avec soulagement par de nombreux citoyens de la Cité Blanche. Certes, les marchands et artisans de la ville étaient attristés par la fin de cette véritable mine d’or, mais même leurs stocks commençaient à s’épuiser face à l’influx de clients venus des quatre coins d’Arda. Quant aux citoyens de la cité qui ne faisaient pas partie de ces professions lucratives, la foule quotidienne et le bruit incessant commençaient à devenir un cauchemar. Sans parler de ces malheureux soldats qui devaient assurer la sécurité et l’ordre dans cette fourmilière humaine.

Dix jours étaient passés depuis ce jour mémorable. Peu importe leur état d’esprit actuel, tous les citoyens comptaient raconter l’histoire du mariage royal à leurs enfants pendant des longues années encore ; certaines personnes âgées comparaient même les festivités à celles qui avaient accompagné le mariage du roi Méphisto quarante ans plus tôt.

Quant aux hauts échelons de la société, le mariage avait représenté une excellente opportunité pour conclure toute sorte d’accords. La noblesse prenait part aux bals quotidiens exclusifs, discutant d’argent, de politique et bien d’autres choses, souvent beaucoup moins sérieuses. Dix-huit mariages furent arrangés entre les nobles des différents royaumes de la Terre du Milieu, et un grand nombre d’enfants et adolescents furent assignés comme écuyers ou pages à des chevaliers et dames étrangers. Ce genre d’évènement était après tout aussi un moyen pour les privilégiés de ce monde pour stabiliser ou renforcer leur position.

Une grande foule s’était rassemblée dans les rues de la cité et devant les murailles pour observer le départ des Arnoriens. Le spectacle était impressionnant. Des chevaliers de la Garde de la Rose ouvraient et fermaient le convoi, des étendards pendus sur leurs lances longues : le vert de l’Arnor orné d’une étoile dunedaine, et le dragon rouge de Dale sur fond noir. Les cavaliers parcouraient les rues longées par des Gardes de la Citadelle, les pavés blancs recouverts de pétales de fleur. Les citoyens de la Cité Blanche applaudissaient les jeunes mariés lorsque ceux-ci traversaient la ville. Le Roi Aldarion semblait moins sombre que d’habitude, sans doute content de rentrer en Arnor. Il chevauchait le Méaras qu’il avait reçu en cadeau de la part de la délégation rohirrime, un cadeau que tout l’or de la Cité Blanche n’aurait pu acheter. La Reine Dinaelin était resplendissante sur son cheval blanc, vêtue d’une tenue de voyage qui ne faisait que souligner ses charmes féminins. Elle souriait à la foule, mais ses pensées étaient ailleurs. Elle se remémorait la conversation de la veille.

***


-Comment ça vous ne partez pas avec nous ?

La jeune reine avait presque les larmes aux yeux, n’accordant aucune attention à la dame noble assise dans un fauteuil un peu plus loin, qui lui servait de chaperonne. Elle regardait le plus vieux de ses conseillers avec un regard où se mélangeaient déception, crainte et irritation. L’homme caressa sa longue barbe blanche, et lui répondit d’une voix qui émanait de bienveillance :

-Malheureusement non, Dinaelin. Beaucoup d’évènements ont eu lieu dans la Cité Blanche ces derniers jours, certains visibles, d’autres moins. Le fait que des représentants d’autant de royaumes et peuples différents se soient rencontrés sans incident majeur est en soi un succès, mais je sens qu’il s’agît seulement d’un bref répit, et que les hostilités et rivalités de toute sorte reprendront bientôt leur cours…Mon devoir premier est de servir les Peuples Libres, le second de vous conseiller. Mais n’ayez crainte, Dinaelin. Le roi Aldarion est un homme sévère mais bon, et je sais que vous réussirez à apporter un peu de chaleur au palais d’Annuminas. La ville est bâtie sur les bords du Lac Evendim, les paysages vous rappelleront sans doute Esgaroth. De toute manière, mon confrère vous tiendra compagnie.

La Reine d’Arnor plissa le nez, clairement pas satisfaite, mais se contenta de cette réponse. Elle soupira :
-Vous allez me manquer, Alatar- les deux hommes s’étaient à présent habitués aux surnoms qu’elle leur avait donné, les ayant trouvé dans un des manuscrits mythologiques qu’elle appréciait tant. -Heureusement qu’au moins Pallando m’accompagnera en Arnor…j’aurai besoin de votre aide pour organiser des salons de discussion une fois sur place. Il doit bien y avoir des artistes dans le Royaume du Nord, non… ?

Le plus jeune des deux conseillers sourit à la reine ; il s’inclina devant-elle avec un sourire, les manches de ses longues robes bleues balayant le sol, et répondit:

-Servir les Peuples Libres est notre devoir premier, vous conseiller le deuxième, et garantir votre bien-être le troisième, Dinaelin. Je vous aiderai à faire d’Annuminas votre deuxième maison.

Un peu rassurée, la fille du roi Gudmund commença alors à leur poser des questions sur les endroits qu’ils allaient traverser pendant le voyage jusqu’en Arnor. Plus tard, lorsque la conversation touchait à sa fin, les deux hommes se levèrent et mirent chacun une main sur l’épaule de l’autre.

-Prends soin de la Reine Dinaelin, confrère.

-Bien-sûr que je le ferai. Et toi, prends soin du royaume de Gondor- l’homme en bleu surnommé Pallando dit ces derniers mots avec un sourire, mais son regard était sérieux, tout comme la réponse de son compagnon.

-Il risque malheureusement d’avoir besoin de tout le soutien qu’on peut lui fournir. Une tempête approche, et nous ne pouvons qu’espérer que l’Arbre Blanc se pliera une fois de plus sans se briser.

***

Le trajet jusqu’à Annuminas allait être le voyage de noces du couple royal. Ils allaient donc prendre leur temps, en s’arrêtant dans les demeures des seigneurs locaux tout le long de leur chemin, ainsi que dans des lieux célèbres tels qu’Edoras ou la Comté. Il s’agissait d’un cadeau que le roi Aldarion avait accordé à sa jeune épouse, conscient du fait qu’elle n’avait jamais visité la Terre du Milieu hormis le Rhôvanion, et qu’un voyage pareil serait un véritable régal pour une amatrice de la culture. Le trajet jusqu’à la capitale du Royaume du Nord allait donc durer plus d’un mois, et le souverain envoya une partie de ses hommes  de confiance en avance, afin qu’ils s’occupent des affaires du royaume pendant son absence. Parmi ceux-ci se trouvaient entre autres l’Intendant Aleth Enon, Poppea, héritière actuelle du trône d’Arnor, ainsi que le mystérieux nouveau Tribun Militaire, Forlong Neldoreth.

En ce premier jour, le convoi allait traverser seulement cinq ou six lieues et s’arrêter pour la nuit en Anorien. Une partie de la noblesse gondorienne accompagnerait les Arnoriens pendant cette première étape, afin d’assister au grand banquet prévu en plein air ainsi qu’à la chasse royale. Les amateurs de ce sport noble s’impatientaient déjà d’accompagner le roi Aldarion. Chevauchant son Méaras et accompagné par le gros chien gris de Kervras, cadeau du seigneur Aratan, l’on aurait dit le Vala Oromë lui-même, traversant les grandes forêts des temps anciens.

Enfin le dernier Garde de la Rose traversa la Grande Porte de Minas Tirith, et dirigea son cheval vers le Nord. Après dix jours de festivités intenses, la Cité Blanche allait retrouver sa sérénité sous l’œil attentif des soldats du Général Cartogan. Les citoyens se dispersèrent rapidement, se dévouant à leurs activités habituelles. Seul un vieillard vêtu de bleu était resté debout sur la muraille, son regard inquiet dirigé vers le Sud-Est…

#Dinaelin #Alatar #Pallando
Sujet: « Deux par deux… »
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Palais   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: « Deux par deux… »    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 2 Mar 2015 - 22:38
Elle regardait par la fenêtre de son immense chambre, contemplant de là où elle se trouvait les superbes reflets du soleil qui brillait sur les murs immaculés de la Cité Blanche.

Qu'elle était belle !

Là-bas au loin, on pouvait voir ces minuscules petits points, chacun représentant un individu en liesse, qui déambulait dans les rues en s'émerveillant de la splendeur de la capitale du Gondor, qui s'était parée de mille couleurs pour l'occasion. Des rubans, blancs et bleus et verts et rouges étaient accrochés sur chaque façade, sur chaque maison même la plus modeste. Des fleurs avaient été disposées à chaque balcon, embaumant l'air d'une odeur printanière. Il faisait bon vivre à Minas Tirith actuellement, et tous les nobles qu'elle avait vus jusqu'à présent s'étaient présentés avec un sourire radieux, comme s'ils s'étaient mis au diapason de l'humeur générale, et qu'ils avaient laissé de côté leurs soucis pour cette semaine de célébrations. Elle n'aurait su dire, toutefois, s'ils étaient véritablement sincères. Elle avait la conviction que, quelque part, on ne lui disait pas tout. On cherchait à la préserver, certes, et à lui laisser profiter de son mariage. Mais tout de même… elle aurait voulu savoir. Elle aurait voulu faire disparaître de leur visage les faux-semblants, et leur parler avec la franchise qu'elle avait toujours appréciée. Toutefois, son nouveau statut ne lui permettait plus d'entretenir des relations aussi ouvertes qu'auparavant. Reine d'Arnor. Elle sentit le poids guère encore familier de ce diadème sur son front, orné d'une pierre d'émeraude dont la seule valeur devait représenter plus que l'ensemble du mobilier de la pièce où elle se trouvait.

Elle était décidément magnifique.

Reine d'Arnor. Elle ne cessait de se le répéter, comme pour se convaincre de ce qu'il venait de se produire dans sa vie. Depuis que le mariage avait été célébré, elle se sentait devenue femme, bien davantage qu'auparavant. Peut-être parce qu'elle sentait peser sur ses frêles épaules le poids des responsabilités, alors même qu'elle n'avait pas encore rencontré le peuple d'Annùminas… Son peuple. Peut-être parce qu'elle s'était enfin offerte à un homme, lors de sa nuit de noces. Le souvenir qu'elle en avait était flou, et elle n'aurait su dire ce qu'elle avait ressenti à ce moment-là. Ni réel plaisir ni réelle souffrance. Surtout de la peur, à vrai dire. De la peur et de la gêne. Elle n'avait pas craint le souverain en lui-même, celui qu'elle devrait appeler « époux » à présent, mais bien cette situation curieuse, à laquelle elle n'avait jamais été préparée. Elle aurait voulu qu'on lui expliquât, qu'on la rassurât, mais personne n'aurait osé aborder la question avec une personne de sang royal, et elle avait dû faire ses expériences par elle-même. Aldarion s'était montré étonnamment doux avec elle, alors qu'elle l'aurait imaginé rustre et sauvage, comme on dépeignait habituellement les hommes du Nord. Elle l'avait senti presque gêné, lui-aussi, et ils avaient davantage accompli un devoir qu'un véritable acte d'amour. Peut-être que cela viendrait, le jour où elle parviendrait à apaiser son cœur meurtri. Elle espérait pouvoir y parvenir, et sinon remplacer son épouse, au moins parvenir à se faire une place auprès de lui.

Dès le lendemain matin, elle s'était observée dans un miroir, alors que les servantes étaient absentes. Son ventre était toujours plat, et même si elle était parfaitement consciente que les premiers signes de grossesse n'apparaîtraient pas avant plusieurs mois, elle n'avait pas pu s'empêcher de vérifier. Un petit être grandissait-il déjà au creux de son ventre ? La perspective de devenir mère l'enchantait autant qu'elle la terrifiait, mais son effroi serait encore plus grand si elle devait apprendre que la nature ne lui avait pas permis d'enfanter. Que dirait le Roi d'Arnor, alors ? Que dirait son époux ? Il la répudierait sans autre forme de procès, incapable de faire passer les sentiments d'une femme avant ses devoirs envers l’État. Et son devoir principal était de donner un bel héritier mâle à son peuple. Elle rentrerait alors à Dale, sans doute, déshonorée et inutile. Son père, qui l'adorait, lui ferait une place de choix à ses côtés, mais jamais elle ne trouverait un mari qui voudrait d'elle, et jamais elle ne goûterait à l'amour sur ses vieux jours. Elle finirait vieille fille, rabougrie et acariâtre, cette vieille tante que l'on ne viendrait voir que par pure courtoisie. Un frisson lui avait parcouru l'échine à cette simple pensée, et elle s'était dépêchée de dissimuler son nombril, paniquée désormais à l'idée de connaître le verdict des Valar.

Les jours avaient passés, et elle n'avait pas véritablement revu Aldarion depuis. Certes, ils mettaient un point d'honneur à s'afficher ensemble auprès des nobles qui tenaient à leur rendre hommage, mais ils n'avaient jamais vraiment le temps de discuter. Ils étaient toujours assis l'un à côté de l'autre, sur des trônes séparés, légèrement surélevés, alors qu'on venait leur rendre visite. Le protocole d'Arnor était beaucoup plus strict que celui de Dale, d'après ce qu'elle avait pu constater, et elle s'était rapidement ennuyée de ces courbettes, de ces formules de politesse, de cette énumération de titres qu'elle ne comprenait pas toujours. Les présents, en revanche, étaient tous d'une grande beauté, et si elle comprenait l'intention qui se cachait derrière, elle savait apprécier les efforts de ces hommes et de ces femmes qui désiraient lui plaire. Elle s'efforçait de ne pas dissimuler ses sentiments, et de se montrer chaleureuse avec chacun. Ce n'était guère difficile au début, quand on connaissait son amour pour les arts, mais cela pouvait se révéler moins aisé après de longues heures passés à devoir endurer le même cérémonial. Puis ils s'éclipsaient tous deux, et échangeaient quelques mots dans les couloirs, à l'abri des oreilles indiscrètes – seuls les gardes les accompagnaient en permanence. Elle essayait de se montrer digne, digne d'un homme d'une telle prestance, et elle jouait le rôle qu'elle pensait qu'il espérait la voir jouer. Elle ne savait pas si c'était ce qu'il préférait, mais elle préférait se montrer trop polie que pas assez.

Ils dînaient en général ensemble, au milieu d'officiers de Dale et d'Arnor qui discutaient chaleureusement d'accords commerciaux et de défense. Elle se contentait en général de tendre l'oreille poliment, mais surtout de rester silencieuse et de faire bonne figure. Quand une remarque lui était adressée, elle se fendait d'un sourire enchanteur, et d'une réponse parfaitement calibrée, avant de revenir à ses couverts et aux mets délicats qu'on lui servait. Autour d'elle, on discutait surtout de troubles politiques, de dangers, de guerres à venir. Les hommes de Dale parlaient des mouvements des sinistres orientaux, tandis que les hommes d'Arnor évoquaient les menaces des Gobelins. Un soir, la nouvelle Reine d'Arnor fit la connaissance de Poppea. Elle était étrangement l'héritière du royaume, si Aldarion venait à succomber sans héritiers, ce qui ne paraissait pas être une source de ravissement chez elle. Elle paraissait mal à l'aise, maladroite dans ses robes somptueuses, et son physique paraissait beaucoup plus athlétique que celui des femmes de Dale. Etait-ce une constante en Arnor, ou bien Poppea était-elle exceptionnellement sportive ? Difficile à dire. Il y avait dans son regard une forme de tristesse, pour ne pas dire de dégoût vis-à-vis de l'opulence dans laquelle elle vivait. Il était clair qu'elle aurait tout donné pour ne pas être à cette place, bien que les raisons échappassent encore à la Reine. Les deux femmes en étaient venues à parler un peu, et la souveraine d'Arnor avait découvert non sans une certaine surprise que Poppea ne serait pas une ennemie, une rivale ou une concurrente, mais bien une alliée. Elle avait un esprit très… militaire… Elle paraissait placer la loyauté au-dessus de tout, et elle promit d'être toujours là pour sa suzeraine, si d'aventure elle avait besoin d'elle. Une telle promesse n'était pas ordinairement faite par des femmes, qui ne tenaient pas l'épée, naturellement, mais il y avait une telle ferveur dans les yeux de la première héritière qu'il n'était pas possible de douter de son engagement. Après avoir conversé quelque peu, Poppea prit congé assez tôt, suivie par son énigmatique garde du corps, un individu trapu et musclé qui ne ressemblait en rien aux Arnoriens. On lui apprit qu'il venait des terres glacées du Nord. Décidément, le monde était plus grand qu'elle l'avait imaginé.

Elle eut également le plaisir de rencontrer l'Intendant Enon, qui était le principal bras droit d'Aldarion. Pour permettre à son souverain de se concentrer exclusivement sur les aspects diplomatiques, la réception des ambassadeurs et les dîners formels, il abattait un travail monstrueux, et venait régulièrement s'asseoir auprès du Roi pour lui soumettre des compte-rendus. De toute évidence, cet homme qui commençait à ressentir le poids des années, était un rouage essentiel de la mécanique du royaume. Il paraissait tout savoir, et si la jeune Reine ne comprenait pas toujours à quoi il faisait référence quand il évoquait des noms de lieux, des noms de nobles, elle devinait qu'il était là pour garantir la paix et la stabilité en Arnor. Elle n'avait pas véritablement osé lui parler, au départ, mais il s'était présenté à elle avec beaucoup de courtoisie et de galanterie, étant le premier à lui demander comment elle allait. Elle avait été surprise par tant de franchise, mais avait pris grand plaisir à converser honnêtement avec quelqu'un d'autre que ses proches conseillers. Elle avait découvert un homme discret et réservé, très intelligent, qui lui avait donné quelques bons conseils.

- Vous avez rencontré Dame Poppea ? Fort bien, fort bien. C'est une âme noble, et vous pourrez toujours compter sur elle. Elle a à cœur de se faire pardonner des fautes qu'elle n'a pas commises… C'est un mal courant en Arnor…

Sur ces énigmatiques paroles, l'Intendant l'avait laissée à ses pensées, retournant lui-même aux occupations qui étaient les siennes. Elle se demandait bien à qui il faisait référence. A mesure que le temps passait, la Reine découvrait de nouvelles facettes de son royaume. Elle découvrait la tristesse profonde de ses gens, qui paraissaient avoir été atteints durement par les épreuves. La mort des trois héritiers, dont personne encore n'avait voulu lui communiquer les détails, semblait être le point culminant d'une série de troubles et de combats qui avaient creusé de profondes entailles dans la joie de vivre du peuple d'Arnor. L'hiver rigoureux, les bandits, l'Ordre de la Couronne de Fer, les Gobelins, les trahisons et les coups d’État… Tant de maux s'étaient abattus en si peu de temps qu'on ne pouvait pas demander à ce peuple pourtant courageux de les laisser derrière si facilement. En tant que Reine, son rôle serait de redonner du bonheur aux habitants, et elle espérait sincèrement pouvoir réussir à chasser les nuages qui planaient encore au-dessus de tous les visages qu'elle rencontrait.

- Dinaelin ?

La souveraine sursauta, et porta la main à sa gorge. Elle s'était absorbée dans ses pensées si longtemps et si profondément qu'elle s'était mise à somnoler, et qu'elle n'avait pas entendu qu'on tapait à sa porte. En reconnaissant la voix de ses conseillers, elle se rendit compte qu'elle n'avait rien à craindre, et leur adressa un sourire désolé :

- J'étais ailleurs, veuillez m'excuser. Elle cligna des yeux, et chassa en un instant tout signe de fatigue sur son visage. Je suis contente de vous voir ! Alors, quelles nouvelles voulez-vous m'annoncer ? Suis-je invitée à nouveau par quelque noble que je dois absolument rencontrer ?

Il y avait une pointe de sarcasme dans ses paroles, mais nulle méchanceté. Elle était simplement lasse de recevoir encore et toujours les mêmes honneurs, et aurait simplement souhaité se reposer. Les deux conseillers, toutefois, ne goûtèrent pas à la plaisanterie et se firent graves. Ils s'approchèrent de la souveraine, prenant place sur les fauteuils qu'ils occupaient régulièrement :

- Nous avons eu le pressentiment que quelque chose n'allait pas… Nous sommes venus voir si tout allait bien.

Elle haussa un sourcil, un sourire en coin accroché aux lèvres. Ils la faisaient souvent rire, et elle se demandait présentement s'ils étaient sérieux ou non. Toutefois, ils ne paraissaient pas se moquer d'elle, cette fois :

- Ma foi… Je me porte bien. Je troquerais bien le dîner de ce soir contre une promenade dans la cité, afin de goûter à l'atmosphère festive, mais à part ça, je me trouve bien. Minas Tirith est une ville fantastique, et j'aimerais l'explorer tant que je m'y trouve. Mais aussi Osgiliath, que l'on aperçoit au loin. Il y a tant de choses à découvrir de par le monde. Je crois avoir reçu une délégation de Dol Amroth également. Son ambassadeur était un elfe si charmant qu'il m'a donné envie de voir la mer. Croyez-vous qu'il serait possible de nous embarquer sur un navire et de descendre au Sud ?

Les deux hommes se regardèrent, et le plus vieux caressa machinalement sa longue barbe blanche. Ils n'avaient de toute évidence pas songé à la question, mais leurs regards étaient si éloquents que la Reine les coupa d'un geste :

- Ne répondez rien, je sais déjà ce que vous allez dire. Elle prit une voix grave, pour les imiter. « Vous aurez tout le temps de visiter le monde quand vous aurez rempli vos obligations auprès du peuple d'Arnor ».

Elle éclata de rire, et cette fois ils se laissèrent aller à un sourire. Il était difficile de ne pas se laisser entraîner par son énergie communicative, qu'elle maîtrisait habilement lorsqu'elle était en public, mais qu'elle laissait parfois éclater en privé, auprès des très rares qui avaient sa confiance et son estime. Toutefois, son rire fut interrompu par du bruit au dehors. Des bruits de pas précipités, qui incitèrent les deux hommes à se dresser, tel un rempart céruléen, contre l'éventuel danger qui pouvait se présenter. Naturellement, personne ne pouvait venir importuner une Reine – surtout pas la Reine d'Arnor – au sein du Palais royal, mais qui pouvait savoir où pouvaient conduire les pas d'un assassin déterminé ? Un homme seul, qui aurait trouvé le moyen de s'introduire au sein de ces murs, n'aurait-il pas pu se frayer un chemin discrètement jusqu'aux appartements royaux, afin de venir assassiner la nouvelle femme du Roi ? Les vestiges de la Couronne de Fer, tels une carcasse encore agitée de soubresauts, ne pouvaient-ils pas encore blesser l'Arnor qui avait déjà tant souffert ?

La porte s'ouvrit, et des gardes entrèrent précipitamment, l'arme au poing, visiblement paniqués. La situation devait être grave, car ils n'avaient même pas pris la peine de frapper avant de pénétrer dans l'immense pièce. Dinaelin s'avança d'un pas, mais ses conseillers lui intimèrent de demeurer en retrait. Nul ne pouvait savoir ce qui avait motivé un tel branle-bas de combat chez les Gardes de la Fontaine.

- Votre Majesté, est-ce que tout va bien ? Ce sont vos conseillers ?

- Oui, ne leur faites aucun mal. Pouvez-vous me dire ce qu'il se passe, garde ? Sommes-nous en danger ?

Le militaire ne répondit pas directement à la question de la Reine d'Arnor, et se contenta de lancer :

- Avez-vous vu un individu suspect ? Un homme qui se serait promené seul, sans escorte ?

- Non, rien de tout cela. Que se passe-t-il, garde ?

L'intéressé fit signe à ses hommes d'évacuer la pièce, avant de s'incliner respectueusement devant la souveraine. D'une voix plus calme maintenant qu'il savait qu'elle n'était pas en danger, il convint de lui expliquer l'origine de son agitation :

- Il semblerait qu'un homme se promène seul dans le Palais, et nous cherchons à le trouver. Notre priorité est d'assurer votre sécurité, et celle de tous les hauts dignitaires qui se trouvent en ces murs. Veuillez m'excuser pour la rudesse de mon entrée, mais nous avons craint qu'il ne nous ait devancé. J'espère que vous saurez pardonner cet inutile désagrément.

Dinaelin eut un geste apaisant :

- Je vous en prie, je suis seulement heureuse que vous ayez fait preuve d'autant de célérité pour venir à mon secours.

- Me voilà rassuré, Votre Altesse. Je vais laisser des hommes en faction devant votre porte, avec ordre de ne laisser entrer personne avant que cette affaire soit résolue. Je vous demanderais de rester ici jusqu'à ce que la situation soit parfaitement maîtrisée.

La Reine accepta immédiatement. Elle n'avait pas particulièrement envie de contrevenir aux directives concernant sa sécurité, et elle faisait de toute façon trop confiance aux hommes d'armes qui l'entouraient pour leur désobéir. Elle leur était si reconnaissante de tous mettre leur vie en jeu pour elle, alors qu'ils ne la connaissaient pas vraiment. Que savaient-ils d'elle sinon qu'elle portait sur sa tête la couronne d'Arnor ? Rien. Et pourtant, aucun n'aurait hésité à mourir pour elle. C'était un noble sacrifice qu'elle ne pouvait pas ignorer. Les hommes refermèrent la porte, en lui enjoignant de faire preuve de la plus grande prudence jusqu'à ce qu'ils vinssent l'avertir que tout allait bien. Elle hocha la tête, et les laissa disparaître dans le couloir, avant de retourner vers ses conseillers :

- Mes amis je… Est-ce cela que vous aviez pressenti ? Avez-vous vu venir ce péril ?

Ils se regardèrent un instant, comme s'ils se concertaient en silence, avant que le plus jeune prît la parole :

- Nous n'avions pas eu vent des détails, mais nous avons senti que nous devions être là, auprès de vous… Vos conseillers n'osent pas vous dire qu'une tentative d'assassinat à votre encontre a déjà été déjouée. Minas Tirith n'est pas aussi sûre qu'il y paraît.

Elle les dévisagea tour à tour, presque choquée par ce qu'ils venaient de lui apprendre. Certes, elle savait que la sécurité des personnalités publiques était importante, mais pourquoi elle ? Elle venait à peine d'être nommée Reine, elle n'avait encore eu le temps de rien faire, et personne ne pouvait l'accuser d'avoir manqué à ses devoirs. Leurs ennemis étaient-ils donc si déterminés qu'ils oseraient s'attaquer à elle davantage pour son titre que pour sa personne ? Elle n'osait même pas imaginer à quel point ils devaient être fous pour oser faire une chose pareille.

- Vous pensez que nous devrions avancer le départ ? Il me restait encore une journée pour profiter de cette superbe cité, avant de nous enfoncer dans le Nord.

- Non, non. Nul besoin de nous hâter. Seulement, vous devrez rester prudente. Nous partirons dans un peu moins de vingt-quatre heures, aux premières lueurs de l'aube, avec toute la délégation d'Arnor au sein de laquelle rien ne pourra vous arriver. Peut-être devriez-vous profiter de votre dernière journée pour voir votre père en toute intimité…

La souveraine d'Arnor baissa la tête. Il était vrai qu'elle n'avait pas vu son père, le Roi Gudmund, depuis quelques jours. Elle avait été occupée par bien des affaires, et lui-même s'était retrouvé pris dans de difficiles négociations. On disait qu'il avait rencontré la suzeraine du Rhûn, mais que les discussions n'avaient pas abouti à quoi que ce fût de concluant. En songeant à lui, elle se dit qu'elle ne le verrait plus pendant de longs mois, peut-être même des années. Elle avait bien pensé à cela, en acceptant de se marier à Aldarion, mais désormais qu'elle était face à cette triste réalité, elle devait bien admettre en avoir peur. Son père avait toujours été protecteur, et quitter cette aile rassurante était sinon pénible, au moins perturbant. Elle plongeait dans un monde totalement inconnu, où elle devrait se faire une place, et si elle ne doutait pas de l'accueil chaleureux du peuple d'Arnor, elle se demandait si elle parviendrait à se faire à la vie là-bas. Un royaume qui n'était pas aussi cultivé et aussi développé que le sien… On disait même qu'il n'y avait pas de musiciens ou d'artistes à Annùminas… Elle releva le menton fièrement, refusant de laisser la tristesse marquer sa dernière journée à Minas Tirith, et lança :

- Certes, vous avez raison. Je vais demander audience à mon père, et peut-être passer quelques heures avec lui, pour lui dire au revoir, et profiter de ses derniers conseils. Et puis je suppose que nous devrons laisser derrière nous le Gondor et ses merveilles. Je gage que votre recommandation n'a pour seul but que de me distraire des charmes de la Cité Blanche, que j'aurais pu vouloir visiter avant de partir. Ai-je visé juste ? Demanda-t-elle avec un sourire amusé.

Le mage sourit en retour :

- Dans le mille, Votre Altesse. Dans le mille.

#Dinaelin #Alatar #Pallando


________

HRP : Millième message sur le forum, qui l'eût cru ? ^^. C'est un cap symbolique mais important pour moi, et je suis vraiment content de pouvoir partager ça avec vous. Je vais arrêter de compter mes posts en centaines maintenant, et je vous donne rendez-vous pour les 2000 langue.
Sujet: Le sort en est jeté
Ryad Assad

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le sort en est jeté    Tag pallando sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 21 Oct 2014 - 19:03
- Et moi je vous dis que je veux savoir pourquoi !

Les deux gardes qui se tenaient en faction devant l'entrée, magnifiques dans leur armure richement décorée, froncèrent les sourcils. Ils n'appréciaient pas qu'on haussât le ton ainsi devant eux, et a fortiori lorsqu'il s'agissait d'un étranger. Ce dernier, rustre barbare de l'Arnor, avait tout l'air d'un ours engoncé dans une tenue de gentilhomme qui n'avait certainement pas été confectionnée par les mains de son peuple. Les siens ne savaient que faire la guerre, et ils ne créaient rien de beau ni d'élégant. Ils étaient toujours prompts à tirer l'épée, et jamais ils ne parvenaient à négocier, à discuter calmement, pacifiquement autour d'un bon vin du Dorwinion, et d'un bon chevreuil fraîchement tué dans les plaines du Rhovanion. Les sentinelles, légèrement courroucées, relevèrent fièrement le menton, et le premier répondit d'une voix sèche :

- Ainsi sont les ordres, voilà pourquoi. Telle est la volonté de Son Altesse, et vous n'avez pas à questionner ses décisions.

L'Arnorien serra les poings, et la colère se peignit sur son visage marqué par la vie. Il avait vu la guerre, de toute évidence, et la grande bataille du Nord lui avait laissé une infâme cicatrice qui avait manqué de prendre son œil gauche. Elle dégringolait le long de sa joue, et s'achevait au niveau de sa mâchoire, là où la lame de cet orque puant était ressortie de sa chair meurtrie à jamais. Il avait payé un lourd tribut sur ce champ de bataille, et avait laissé un fils et deux cousins dans la neige glaciale, face aux hordes innombrables. Il ne tolérait pas que deux pantins et costume hors de prix vinssent lui tenir tête à lui, alors qu'il avait en un an lutté plus qu'eux dans toute leur existence. S'il n'avait pas été au sein d'un bâtiment si splendide, construit dans un glorieux passé, il aurait craché par terre et aurait provoqué les misérables qui osaient le défier. Hélas, il ne pouvait pas ainsi souiller le marbre du palais de Minas Tirith, et aucune épée ne pendait à son côté aujourd'hui, conformément aux lois du Roi Méphisto. Les gardes triés sur le volet étaient les seuls qui échappaient à cette injonction. La colère que ressentait l'Arnorien n'explosa donc pas, et il la ravala pour la transformer en une amertume qu'il ne fit aucun effort pour dissimuler :

- Je ne questionne pas la décision de Son Altesse, lança-t-il d'une voix grinçante. Je voudrais simplement savoir pourquoi des roturiers sont autorisés à séjourner dans les quartiers de la noblesse. N'y a-t-il pas assez de sang noble à Dale que vous ne puissiez trouver un homme de bonne naissance pour habiter ici ?

Le garde qui se trouvait à gauche s'avança d'un pas, et sa main se rapprocha perceptiblement de son épée :

- Surveillez vos paroles !

- Non, c'est vous qui allez surveiller vos paroles, soldat. Je ne partirai pas avant d'avoir obtenu de réponse !

La tension était clairement montée d'un cran, et les deux gardes paraissaient désormais suffisamment en colère pour maîtriser l'Arnorien qui venait de leur manquer de respect, et d'insulter sans honte leur royaume. Certes, les deux entités politiques étaient désormais unies par le mariage qui venait d'avoir lieu, mais il n'en demeurait pas moins clair qu'il faudrait du temps avant que les deux peuples se considérassent comme un seul. Le mépris que les trois hommes partageaient pour le camp d'en face était exalté par leur orgueil démesuré, et il ne manquait rien pour qu'ils en vinssent aux mains. Cela aurait été bien indigne de gens de bonne famille, naturellement, mais la proximité avec l'étranger ne faisait pas que rapprocher les individus. Elle contribuait également à rassembler au même endroit des visions du monde antagonistes, qui pouvaient se déchirer pour un rien. Une simple étincelle pouvait embraser les cœurs les plus ardents, et ne laisser que des cendres dans le sillage des combats.

Probablement que les choses auraient dégénéré de manière brutale si une intervention providentielle n'avait pas mis fin au duel annoncé. En effet, les deux gardes paraissaient bien sûrs d'eux, et ils n'avaient qu'une envie, c'était de mettre dehors sans douceur l'impudent venu leur chercher querelle. De l'autre côté, l'Arnorien savait que dès lors qu'ils auraient porté la main sur lui, il serait en droit de se défendre. Il avait un joli crochet du gauche, et il avait déjà mis au tapis des hommes bien plus jeunes que lui. Toutefois, même lui qui paraissait bien en colère se calma brutalement lorsque la porte qui représentait l'objet de leur discorde s'ouvrit silencieusement, et qu'une silhouette se glissa à l'extérieur.

- Allons, allons, messieurs, calmons-nous. Quelle est l'origine de tout ce vacarme ?

Les deux gardes s'immobilisèrent comme un seul homme, avant de se reprendre et de se placer au garde-à-vous, bombant le torse avec sur le visage l'air honteux d'enfants pris en flagrant délit de bagarre. L'Arnorien, encore un peu sur la défensive, laissa progressivement ses muscles se vider de l'adrénaline qui les avait gorgés quelques secondes plus tôt, et il se détendit nettement. Ses yeux ne quittaient pas la silhouette qui venait d'apparaître : il s'agissait d'un homme âgé, portant longue la barbe, et qui paraissait avoir été tiré d'une activité passionnante par les cris devant sa porte. Il ne semblait pas éprouver la moindre once de colère, toutefois, et il y avait dans son regard quelque chose de doux et d'apaisant, qu'il était difficile d'expliquer. Il venait en paix, et face à lui on ne pouvait pas se laisser aller à la colère. Il y avait tant de sagesse au fond de ses yeux, tant de tranquillité dans son attitude, que l'Arnorien voulut un moment s'incliner du buste pour demander pardon. Il se retint in extremis en se souvenant qu'il ne s'agissait que d'un roturier, et qu'il aurait été inconvenant pour lui de se comporter de la sorte. Le vieillard, faisant fi des conventions, ne le salua pas comme il l'aurait dû, et lança sans attendre :

- Alors, que vouliez-vous qui vous amène à provoquer le courroux de ces braves hommes ?

- Je... Il s'en voulut d'hésiter, et se composa une voix forte. Je voulais savoir ce que faisaient deux roturiers dans les quartiers réservés à la noblesse, monsieur. Il me semble que c'est là une entorse au protocole, qui ne saurait rester...

L'homme leva la main, et le noble s'interrompit, stupéfait. Il éprouva une bouffée de colère soudaine, qu'il garda en lui. Il enrageait contre cet inconnu qui l'avait fait taire d'un simple geste, sans même avoir à dire un mot, mais surtout il enrageait contre lui-même. Pourquoi avait-il obéi ? Pourquoi s'était-il plié sans résister à la volonté de ce vieillard qui paraissait être bien davantage que ce qu'il prétendait être ? Peut-être parce que, au fond de lui-même, il était encore plus intéressé à l'idée de découvrir à qui il avait affaire qu'à se plaindre d'une entorse aux règles de société. Sa curiosité avait été piquée au vif, et il mourait d'envie d'en savoir davantage. L'homme, d'une voix lente et mesurée, répondit :

- Certes, vous avez raison. Mais Dinael a tenu à ce que nous résidions ici, au plus près d'elle. Nous sommes des... comment appelleriez-vous ça ? Des conseillers, pour ainsi dire. Je pense que si vous tenez à comprendre ses motifs, vous devriez les lui demander en personne, ne croyez-vous pas ? Elle est votre Reine, après tout, et si dès après le mariage vous avez des griefs contre sa politique, je présume qu'elle sera ravie d'écouter vos plaintes ô combien fondées. Si elle juge opportun de nous faire déplacer, nous n'y verrons pas d'inconvénient, naturellement. En attendant, toutefois, je vous prie de ne plus venir apporter le trouble ici, voulez-vous ?

L'Arnorien dont la fierté venait d'en prendre un coup, n'adressa pas un regard aux soldats qui le dévisageaient, un petit sourire aux lèvres. Il n'aurait pour rien au monde voulu leur donner le plaisir de voir qu'il n'avait rien à répondre à cela, et qu'il venait d'être congédié sans cérémonie par un roturier qui n'aurait jamais dû oser lui adresser la parole. Et pourtant, c'était précisément le cas, et il ne pouvait rien faire d'autre que d'obéir aux recommandations de cet individu mystérieux, ce "conseiller" que la Reine qu'il appelait familièrement par son prénom avait choisi. Et qui était ce "nous" dont il ne cessait de parler ? Formait-il une secte, une communauté secrète ? Un groupe de bourgeois qui s'arrogeait le droit de concurrencer la noblesse ? Il tirerait ça au clair, c'était certain ! Mais pas maintenant... pas ici. S'il osait déranger la Reine, sa Reine, pour des motifs aussi pathétiques, son souverain Aldarion n'hésiterait pas à lui dire ce qu'il pensait de sa paranoïa et de son manque de délicatesse. Depuis la fin de la guerre contre l'Ordre, le Roi était devenu soupçonneux avec ses nobles, et il n'apprécierait sûrement pas qu'on vînt ajouter le moindre nuage au ciel azur de son mariage. Résigné, l'Arnorien lança :

- Fort bien, j'ai eu la réponse à ma question. Je vous souhaite une bonne journée, messieurs.

Et il tourna les talons, drapé dans ce qu'il lui restait de dignité. Lorsqu'il eût tourné au bout du couloir, les deux gardes se laissèrent aller à un sourire suffisant, et lancèrent à l'homme qu'ils étaient censés protéger :

- Vous l'avez bien corrigé, Sire. Pour qui se prend-il, ce barbare ?

- Oui, reprit l'autre. Ils ont leur air supérieur, et leurs manières cavalières. Vous avez bien fait de l'envoyer promener !

Le vieillard se tourna vers les soldats, mais contrairement à eux, il ne souriait pas du tout. Son regard n'était pas contrarié, ni triste, seulement un peu déçu, pour ne pas dire désabusé. Il posa une main sur leur bras, comme pour les attirer dans la confidence, et glissa à eux seuls :

- L'Arnor et Dale sont désormais liés, messieurs. Même si votre opinion à leur sujet est déjà faite, je vous invite à faire un effort avec eux. Ils sont désormais vos frères et vos sœurs, vos alliés en toutes circonstances. Est-ce que vous comprenez ?

- Oui, Sire. Toutes nos excuses.

- Bien.

Le vieillard leur tapota gentiment l'épaule, comme il l'aurait fait avec des garçons à qui il venait d'inculquer une importante leçon de vie. Il leur lança un sourire de grand-père, et les abandonna à leur mission pour retourner dans la chambre. Il referma soigneusement la porte derrière lui, et tourna la lourde clé dans la serrure, pour les isoler définitivement du monde extérieur, de ses tourments et de ses conflits incessants. Ici, entre ces quatre murs, ils étaient bien, paisibles, protégés. Ils jouissaient de tout le confort dont ils pouvaient rêver, et ils étaient aux premières loges pour assister aux festivités. C'était un luxe auquel ils n'avaient pas toujours pu goûter au cours de leur vie, et qu'ils appréciaient d'autant plus. Le plus âgé des deux retrouva le fauteuil qui était le sien, et le verre de cognac qu'il avait abandonné.

- Tout va bien ? Demanda l'autre, assis en face.

- Tout est réglé, oui, répondit l'ancien en déplaçant une pièce sur l'échiquier qui trônait au milieu d'eux. Que disais-tu au sujet d'Aldarion, déjà ?

#Alatar #Pallando
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