7 résultats trouvés pour Saule

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Sujet: Désillusions
Ryad Assad

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Rechercher dans: Esgaroth   Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Désillusions    Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 23 Aoû 2019 - 17:13

Maniant le verbe avec une dextérité toute elfique, Delaynna captivait l'attention de son auditoire par sa stature et la douceur de sa voix. Il était bien peu de choses qu'un humain pouvait prétendre égaler chez un des Premiers Nés, et ce n'était certainement pas la grâce ou l'élégance. Le comte Saule lui-même semblait subjugué, bien que son attention fût teintée d'un désir de possession malsain que l'on sentait poindre dans son attitude. Il dévorait l'Elfe du regard, comme s'il souhaitait la conserver pour lui seul. Ce n'était pas seulement la forme du discours qui avait de quoi enchanter cet auditoire, mais également le fond. Ainsi, Angrod de Vertbois souhaitait honorer ses engagements auprès des peuples du Rhovanion, et il leur promettait son assistance en ces temps troublés. Les gens d'Esgaroth répondirent favorablement à cette nouvelle, sans cacher leur satisfaction. Le comte, plus mesuré, déclara avec solennité :

- Hélas, j'ai bien peur que la guerre soit déjà là. Des Orientaux se sont avancés le long de la Celduin, et les Gobelins se tiennent agités sous les montagnes, prêts à surgir au moindre signe de faiblesse. Et voilà désormais que notre cher Long Lac est victime d'attaques odieuses. Votre présence est un soulagement pour nous, mais je crains qu'il vous faille rapporter à votre seigneur que nous avons besoin de davantage d'assistance de sa part.

Il expira par le nez, et poursuivit :

- Des hommes en armes, des archers, des éclaireurs à l'œil perçant capables de parcourir de longues distances… Voilà ce dont nous avons vraiment besoin. La grande guerre souterraine contre les Gobelins s'enlise, et la situation avec le Rhûn s'aggrave chaque jour. Les Nains des Monts du Fer semblent remettre en cause leur allégeance à la couronne de Thorik… Le nombre de nos ennemis se multiplie, et celui de nos alliés s'amenuise. L'appui des régiments de Vertbois nous donnerait un avantage décisif, et inespéré si guerre il devait y avoir.

A travers la description qu'en faisait le comte, Delaynna pouvait constater à quel point les hommes de ces régions étaient désespérés. Encerclés par des peuples hostiles, belliqueux et avides de richesses, ils subsistaient comme un îlot de paix et de prospérité au milieu des terres désolées. Repliés sur eux-mêmes, ils n'auraient jamais pu résister à la pression de leurs puissants adversaires, et ils devaient leur indépendance et leur liberté à la vigueur de leurs alliances. Hommes, Nains et Elfes s'étaient battus côte à côte plus de quatre siècles auparavant, mais depuis lors l'alliance avait perdu de sa force. Seule la grande Bataille du Nord avait permis de réunir ces alliés ancestraux, mais l'affliction avait touché chacun de ces peuples qui, pressé d'enterrer ses morts, s'était de nouveau détourné de ses voisins.

Aujourd'hui, l'heure était grave, et le danger bien réel. Pour autant, nulle main tendue de la part des Eldar, nulle aide de la part des plus sages et des plus nobles créatures d'Arda, les enfants d'Eru Ilúvatar. Ils s'étaient détournés de leurs jeunes frères mortels, et les laissaient seuls affronter les tourments de ce monde. La présence de Delaynna, Sigvald et Achas dans la cité était un signe positif et encourageant, mais à eux trois ils ne changeraient pas la situation critique d'Esgaroth. Identifier et neutraliser la menace sur le lac serait un bon début, mais pourraient-ils restaurer les cultures détruites par le froid, entraîner une Milice compétente capable de résister à la poussée des Orientaux, et redonner confiance à un peuple meurtri ?

Rien n'était moins sûr.

Delaynna, cependant, était déterminée à montrer à ses convives qu'elle voulait agir, et qu'elle n'était pas effrayée par l'ampleur de la tâche. D'une voix assurée qui amusa beaucoup le comte Saule, l'Elfe prit la défense du beau sexe et mit en avant le rôle des femmes dans les négociations, là où les hommes pouvaient se montrer enflammés et orgueilleux. Bien évidemment, la plupart des nobles masculins attablés se fendirent d'un sourire sinon goguenard, au moins dubitatif. Ils avaient une vision du beau sexe certes moins extrême que celle que l'on trouvait en Arnor, mais il leur paraissait néanmoins inconcevable qu'une femme disposât d'atouts intellectuels à la hauteur de ceux des hommes. Chez une Elfe, ils l'acceptaient comme faisant partie de leur race, mais ils ne voyaient en aucune humaine une intelligence si vive qu'elle aurait pu les conduire à lui obéir. C'était la raison, songeaient-ils, pourquoi les royaumes étaient gouvernés par des hommes, et pourquoi seuls les barbares orientaux se laissaient conduire par une reine. Persuadé de lui faire un compliment, Saule enchaîna :

- Je crois également que nos femmes peuvent représenter un atout précieux lorsqu'il s'agit de parlementer. La beauté est leur éloquence, et la séduction leur rhétorique. Qui pourrait mieux convaincre un homme de se mettre à la table des négociations que sa propre épouse ?

Comme souvent, les femmes humaines étaient ramenées à leur apparence et à leur charmes, ce que beaucoup de femmes tenaient d'ailleurs pour vrai et absolu. Elles ne se souciaient pas de convaincre par l'esprit et la raison, et se contentaient au contraire d'influencer la politique en susurrant des mots doux à leurs époux ou leurs amants. Cependant, si l'argument de l'immortelle avait totalement échappé au comte et à la plupart des mâles attablés, une des convives en particulier semblait réceptive à ce discours, et elle hocha la tête discrètement pour marquer son assentiment. Saule, voyant que Delaynna la regardait, ajouta :

- Et parmi les épouses de qualité que nous avons à notre table ce soir, puis-je me permettre de vous présenter l'une des plus éminentes. Madame la Sénéchale Rajenski-Orlova, dont la présence enchanteresse nous honore.

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Celle-ci se leva poliment face à une telle introduction, et s'inclina légèrement devant le comte. Présence enchanteresse n'était peut-être pas un terme approprié pour décrire l'intéressée. Relativement jeune pour une femme de cette importance, elle était dotée de traits beaux et nobles, mais son visage était marqué par une certaine gravité. Elle ne dégageait pas la même aura exceptionnelle que Delaynna, créature de lumière face à ses puînés mortels, mais on décelait dans son attitude une forme de respectabilité et de dignité qui s'exprimaient aussi bien par la pudeur que par la tempérance. Il y avait plus de noblesse chez cette femme que chez bien des hommes en Terre du Milieu. Pour autant, alors qu'elle put être ravie de se trouver attablée en si bonne compagnie, son visage ne trahissait aucune euphorie ou aucun plaisir. Elle était là par devoir, comme Delaynna, et elle n'appréciait pas particulièrement de se trouver en ces lieux. Encore moins de devoir supporter un discours qui lui rappelait à quel point son sexe l'handicapait socialement. De toute évidence, le comportement de Saule l'indisposait, mais elle faisait bonne figure pour ne pas froisser cet homme tout puissant à Esgaroth, et probablement pour ménager le jeu fragile des influences familiales.

- Je suis ravie de faire votre connaissance, Dame Delaynna, fit-elle d'une voix maternelle. Votre présence nous apporte à tous une lueur d'espoir en ces jours sombres que nous vivons. Quant à vous comte Saule, je vous remercie pour ces paroles fort aimables, mais je ne mérite sans doute pas tous ces compliments.

Elle se rassit doucement après avoir répondu de manière appropriée à Saule, et échangea un regard furtif avec son voisin de droite, un homme d'une certaine stature mais paradoxalement assez effacé. Lui non plus n'était pas très à l'aise ici, et il semblait jouer le rôle de protecteur vis-à-vis de la Sénéchale, même s'il n'était pas un garde du corps. Un proche, sans doute. Saule, qui aimait monopoliser l'attention et faire étalage des individus qu'il réunissait à sa cour, se permit de préciser :

- La Sénéchale nous vient de Dale, sans son illustre époux. Elle nous montre chaque jour à quel point, comme vous le disiez, votre sexe sait trouver les bons mots.

A cette réflexion, il y eut quelques sourires discrets, mais surtout un profond malaise. A l'exception notable de Toras et DuGrand, tous les autres nobles attablés s'agitèrent sur leur siège, mal à l'aise. Même la Sénéchale sembla perturbée par cette attaque à peine voilée, et elle se contenta de répondre par un petit sourire de circonstance, avant de dissimuler son trouble derrière sa coupe de vin fin. Ce fut son voisin qui sembla le plus marqué, et il s'apprêtait à répondre quelque chose quand la main de la Sénéchale se referma sur son bras pour l'en empêcher. Delaynna fut témoin de cet échange muet, à l'inverse du comte Saule qui s'était de nouveau concentré sur l'Elfe.

Elle le comprenait désormais, mais le comte était un personnage qui aimait à jouer avec son entourage, en mettant les individus en position de vulnérabilité grâce à des piques savamment choisies. Il les titillait pour les forcer à révéler leur jeu, et c'était ainsi qu'en attaquant publiquement la Sénéchale il avait réussi à faire passer un message très clair sans paraître outrepasser les limites de la politesse. Son statut dans la cité le protégeait de la plupart des ripostes, et lui permettait tout simplement de soumettre la noblesse à sa volonté, sans leur laisser prendre l'ascendant sur lui. Sa remarque aurait d'ailleurs pu être rapidement oubliée par cet homme qui semblait intéressé par tout autre chose, mais c'était sans compter sur l'impair que commit Delaynna.

Coincée par la maladresse du sergent Hadden, elle avait voulu se sortir de ce mauvais pas grâce à une pirouette habile, mais malheureusement elle ne maîtrisait pas tous les éléments du contexte d'Esgaroth pour pouvoir éviter les pièges et les écueils. En cherchant à se montrer courtoise, elle avait voulu associer à sa mission les différentes composantes de la cité d'Esgaroth : la Milice, bien entendu, qui avait enquêté sur cette affaire depuis le début et qui semblait bien débordée, mais aussi la populace de la ville dont les idées et les convictions n'étaient pas que folie. Cependant, l'atmosphère changea du tout au tout quand elle évoqua les Ménestrels.

Saule se durcit perceptiblement, ses mâchoires se crispant alors que son poing se serrait fermement. Les autres invités semblèrent reculer légèrement sur leur siège, comme si une telle mention risquait de leur éclater au visage. Même Hadden, qui n'était pas féru de politique et qui ne connaissait pas tous les tenants et les aboutissants des puissants, sembla estomaqué par les paroles de Delaynna. Il en oublia presque sa déception de voir l'Elfe ne pas abonder dans son sens, et lui jeta un regard qui signifiait « changez vite de sujet ! », essayant de la protéger contre la furie du comte qui n'était pas connu pour être un homme particulièrement tolérant.

De toute évidence, le propos n'était pas apprécié, et il semblait même dangereux de le tenir ainsi en public. C'était d'autant plus surprenant que la ville d'Esgaroth était connue pour l'Académie des Ménestrels, où les meilleurs artistes de la Terre du Milieu rêvaient de se rendre. Il fallait croire que certaines rivalités et inimitiés existaient dans la cité lacustre, au point de ne pas pouvoir évoquer ce corps prestigieux face au comte. Ce dernier plissa les yeux, comme s'il cherchait à déceler si l'Elfe avait ou non fait exprès de parler des Ménestrels. Il ne parvint pas à se faire une idée précise, mais cela réactiva subitement sa méfiance naturelle.

Quelque chose en lui avait changé.

Sa courtoisie et sa sympathie s'étaient envolées sans explication, et ne restait plus de lui que cette dureté froide qui semblait définir sa personnalité. Même son ton s'était transformé, et était devenu plus cassant, plus impitoyable :

- Je constate que vous êtes animée de nobles sentiments, Dame Delaynna. Les femmes éplorées dont vous parlez sont effectivement de notre responsabilité, et soyez assurée que nous prendrons en charge leur situation. Cependant, puisque vous vous en remettez à moi pour « clarifier votre opinion », vous devez savoir que tous à Esgaroth ne sont pas préoccupés par le bien-être de la cité. Certains ne se soucient pas des dangers du lac, et pensent au contraire à comment fragiliser cette ville… De vieilles allégeances perdurent, et la loyauté vis-à-vis du roi Gudmund se fait parfois vacillante. Même les cœurs les plus nobles se laissent parfois persuader…

Son regard glissa vers celui de la Sénéchale de manière si appuyée que la réflexion se transforma en véritable accusation. L'intéressée, d'abord surprise, se composa un masque impassible qu'elle enfila en un battement de cil, opposant aux insinuations du comte une défense par le silence qui se montra relativement efficace. Pour la deuxième fois de la soirée elle venait d'être prise à partie personnellement, ce qui en disait long sur les rapports complexes que le comte et elle entretenaient. Saule, dont le but n'était pas de démarrer une dispute sur place, revint à Delaynna. Il s'était penché vers elle, et leurs épaules se frôlaient désormais dans une proximité qui ne déplaisait pas à l'humain :

- Comme vous l'avez évoqué, nous devons rester solidaires, proches les uns des autres, mais éloignés des traîtres et des ennemis. Il serait terriblement dommage que vous, entre tous, soyez influencée par ceux qui ne demandent qu'à déstabiliser le comté d'Esgaroth. Des individus qui colportent de viles rumeurs, et agitent les peurs de la populace, à seule fin de servir leurs propres intérêts.

Il s'était rapproché très près de Delaynna cette fois :

- Cette affaire sur le lac, je suis persuadé que vous la résoudrez et que vous ramènerez l'ordre à Esgaroth. Attention toutefois aux esprits séditieux, et aux âmes rebelles que vous croiserez en chemin. Il serait fâcheux que l'ambassadrice du seigneur Angrod soit accusée d'ingérence, ou pire… de soutenir les ennemis du roi Gudmund. Nous ne voudrions pas qu'un malentendu conduise à une brouille entre nos deux peuples, n'est-ce pas ?

#Saule #Rajeski
Sujet: Désillusions
Ryad Assad

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Rechercher dans: Esgaroth   Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Désillusions    Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 12 Aoû 2019 - 1:34
Hadden n'aurait su dire ce que cachait le regard de Delaynna, mais il devina que quelque chose n'allait pas. Elle essayait de lui cacher son trouble, mais de toute évidence elle paraissait préoccupée, pour ne pas dire choquée. Comme si elle avait vu un fantôme. Le sergent aurait voulu pouvoir la rassurer, mais il ne trouva pas les mots pour cela, et se contenta donc de l'écouter lui faire l'exposé d'une situation qu'elle pensait critique. En l'entendant, le militaire se permit un sourire détendu avant de lui répondre :

- Votre trouble est bien compréhensible, ma Dame, mais je vous rassure, tout va bien. Le capitaine Syla a été retrouvé. Vos compagnons devraient s'en rendre compte et revenir rapidement.

Il pensait que de telles paroles seraient suffisantes pour rasséréner son interlocutrice, mais il ne rencontra pas l'effet escompté. Bien au contraire, il sembla déclencher de nouvelles questions, de nouveaux doutes. De toute évidence, son explication ne coïncidait pas avec ce que l'Elfe souhaitait entendre. Il ajouta :

- Je sais que vous vous inquiétez pour le capitaine, mais nos hommes l'ont trouvé, et l'ont amené devant le comte Saule afin qu'il puisse s'expliquer.

S'expliquer. Syla était un homme brisé, à peine capable de tenir debout, et qui s'était pourtant vu confier une mission de la plus haute importance. Hadden avait donné des ordres stricts, afin que son supérieur fût conduit devant les plus hautes autorités de la ville, pour répondre de ses actes. L'enjeu était trop important pour que la situation fût prise à la légère, et mise entre les mains d'un homme instable et suicidaire. Certains verraient dans son action une forme de prise de pouvoir malsaine, mais il savait lui qu'il agissait dans l'intérêt de la cité d'Esgaroth, et qu'il n'avait d'autre choix que de mettre Syla face à ses responsabilités plutôt que de laisser tout son peuple souffrir plus longtemps aux mains des Orientaux.

- Si cela peut vous rassurer, je peux vous conduire au Castel du comte. Je pense que le capitaine doit encore s'y trouver, vous pourrez voir par vous-même qu'il n'y a rien à craindre.

C'était sans doute la meilleure chose à faire pour l'heure, car Delaynna semblait avoir besoin de réponses claires. Hadden, qui semblait encore légèrement ensommeillé, quitta sa chemise pour passer une tunique plus présentable, non sans rougir légèrement. Il fallait dire que de son point de vue, l'Elfe était tout bonnement la créature la plus parfaite qu'il eût jamais vu, et une telle proximité entre les deux à une heure aussi tardive avait de quoi le mettre mal à l'aise. Il était pourtant plutôt bel homme, mais que valait la beauté humaine face à la perfection des Premiers Nés ? Sa musculature le rendait presque difforme et brutal face aux deux compagnons de son interlocutrice, qui se distinguaient par la finesse de leurs traits et de leur silhouette. Il se sentait monstrueux, maladroit. Inférieur.

Il ne fit pas part de son sentiment à Delaynna, et se contenta au contraire de lui présenter un visage affable. Il voulait sincèrement l'aider, conscient qu'en lui prêtant assistance, elle ferait de son mieux pour sauver les habitants d'Esgaroth du danger qui planait sur le lac. Il y avait une autre raison à sa sollicitude. Il n'aurait pas osé se l'avouer, mais il était positivement impressionné par l'Elfe, qui dégageait une aura envoûtante, à mi-chemin entre la séduction et l'intimidation. Elle dégageait une sérénité face au danger, et pourtant une forme de fragilité qui activait son esprit protecteur. Sitôt après avoir passé une tenue adaptée à l'occasion, il guida Delaynna à l'extérieur de sa chambre, et fit signe aux quelques soldats qui étaient encore debout, et montaient la garde :

- Messieurs, postez des hommes sur les rives du lac. Lorsque les compagnons de madame se présenteront, guidez-les ici.

Revenant à l'Elfe, il ajouta :

- Je suis sûr que tout se passera bien pour eux, ils reviendront rapidement.

Sur ces paroles qui se voulaient réconfortantes, ils se mirent en route en direction du Castel. Ce bâtiment défensif qui faisait office de bastion dans la cité lacustre se trouvait parfaitement en son centre, et abritait le comte ainsi que ses principaux officiers. A une heure aussi tardive, on aurait pu s'attendre à le trouver fermé et sous bonne garde, mais il était de notoriété publique que Dauert Saule entretenait une cour nombreuse qui se réunissait régulièrement jusque tard dans la nuit. Et même si cela n'avait pas été le cas, le Castel faisait figure de lieu ouvert au sein de la cité. Les gardes y patrouillaient avec attention, mais le bastion accueillait fréquemment des voyageurs et des dignitaires étrangers en voyage dans la cité, si bien qu'il était plus facile d'aborder le comte que les autres seigneurs dans des cités plus importantes.

Ils furent donc introduits sans la moindre difficulté à l'intérieur, tâche facilitée en grande partie par la présence de Hadden dont l'autorité sur la Milice lui permettait d'accélérer les contrôles et les procédures. Ils passèrent ainsi sous une épaisse arche de pierre, et se rendirent vers une grande salle de réception d'où se dégageait une douce chaleur. De nombreuses bougies y étaient allumées, dispensant une lumière agréable aux convives qui s'étaient réunis. En raison de la taille de la pièce, on aurait pu s'attendre à trouver davantage d'invités, mais Saule n'était entouré que d'une petite dizaine de personnes, hommes et femmes attablés et occupés à savourer un repas exquis, tandis qu'ils écoutaient attentivement le récit d'un homme qui tournait le dos à Hadden et Delaynna.

- … c'est pourquoi, faisait celui-ci, nous n'avons pas encore obtenu de résultats, mais nous y travaillons assidûment, sire.

Cette voix… Cela ne pouvait être que Syla, mais il n'y avait qu'un seul moyen d'en être certain. L'Elfe et son guide s'approchèrent dans la lumière, et attirèrent l'attention du comte, qui leva la main pour interrompre son interlocuteur.

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Il avait le teint froid et les yeux sombres, mais on décelait chez lui une grande intelligence, presque roublarde. Il n'avait pas le charisme des hommes de guerre, mais malgré sa taille modeste il dégageait quelque chose de séduisant, d'attirant, mais aussi de menaçant et d'inquiétant. On sentait chez lui une profonde ambivalence, que son apparence ne faisait que renforcer. Sa mine austère renvoyait l'image d'un homme strict et profond, mais sa tenue le présentait au contraire comme un homme superficiel et versé sur le luxe. Fasciné par la présence d'une immortelle à sa table, il fit signe à Hadden d'approcher, et déclara d'une voix où perçait sa très grande confiance en lui :

- Sergent Hadden, j'ignore quelles nouvelles vous m'apportez à une heure si tardive, mais elles paraissent sous la forme la plus agréable à contempler.

Son regard glissa impudiquement sur le corps de Delaynna. Contrairement à Hadden, il ne faisait pas preuve d'une gêne presque juvénile que l'on pouvait qualifier de touchante, mais il se délectait au contraire de cette apparition impromptue sans paraître vouloir s'en cacher. Son attitude n'était cependant pas dénuée d'un certain charme, et il poursuivit sur un ton particulièrement poli :

- Madame, j'ai eu vent de la présence d'Elfes dans ma noble cité, et je suis très heureux de faire votre connaissance. Laissez-moi me présenter, je suis le comte Saule, à votre service. A qui ai-je l'honneur ?

Il attendit patiemment sa réponse, jusqu'à constater que ce n'était pas lui que Delaynna observait. Elle avait le regard braqué sur l'homme qui se tenait devant le comte, et qui venait de se retourner vers elle. Plus de doute désormais, il s'agissait bel et bien de Syla, en chair et en os. Les mêmes traits, le même regard égaré, la même mine lasse. Nul autre qu'elle ne comprit pleinement les implications réelles de sa présence ici, maintenant. Cela signifiait que sa vision était erronée. Cela signifiait qu'elle s'était trompée, ou pire… qu'elle avait été trompée.

Et à cause d'elle, Sigvald et Achas se trouvaient désormais seuls sur le lac.

#Delaynna #Saule #Syla #Hadden
Sujet: Apprentis Chanteurs
Ryad Assad

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Rechercher dans: Esgaroth   Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Apprentis Chanteurs    Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 19 Fév 2018 - 12:19
- Le comte Saule !

Les convives se levèrent gracieusement, et s'inclinèrent respectueusement devant l'homme qui venait de faire son apparition en haut des marches. Saule était devenu un individu important depuis qu'il avait quitté Dale pour prendre la charge de comte d'Esgaroth, et il ne semblait jamais se lasser de voir le monde se prosterner à ses pieds. Il affichait son éternel petit sourire et sa mine flegmatique, mais ce fut d'un pas énergique qu'il vint rejoindre ses invités, bondissant presque d'une marche à l'autre comme s'il était sincèrement heureux de se retrouver drapé dans son prestige nouvellement acquis.

- Toras, mon ami, je suis content que vous ayez pu vous libérer.

- Tout le plaisir est pour moi, sire, répondit laconiquement l'intéressé.

C'était de toute évidence un homme de guerre, et les formules d'usage quittaient sa bouche sans qu'il parût faire le moindre effort pour rendre son propos chaleureux. Ce n'était de toute évidence pas un problème pour le comte, qui devait bien connaître cet homme un peu sec, et qui s'accommodait facilement de son caractère peu avenant. Il lui posa une main sur l'épaule avec affection, et se tourna vers le second :

- Martel, quel plaisir ! Votre présence ici signifie que nos rues sont sûres, et notre peuple heureux.

- C'est le cas, sire, grâce à votre exceptionnelle politique. La ville n'a jamais été aussi paisible.

Saule partit d'un rire léger, recevant les flatteries avec affection. Il donna une tape amicale à ce nouvel homme d'arme qui, contrairement au premier, paraissait un peu plus adroit avec les mots. De toute évidence, ces deux individus étaient ceux sur qui le comte se reposait pour maintenir l'ordre dans la ville. Esgaroth n'était pas une cité si grande qu'il avait besoin de deux armées pour cela, mais l'histoire récente avait laissé de profondes cicatrices dans la mémoire des gens d'ici, et alors que quelques années auparavant la cité avait pu se targuer de ne jamais avoir à entretenir elle-même d'hommes en armes, elle abritait désormais deux forces presque autonomes chargées de veiller à la sécurité. Pourtant, contrairement à ce qu'avançait le dénommé Martel, Esgaroth n'était guère en paix, et parmi le peuple on s'agitait, on discutait de l'inaction des dirigeants… Saule semblait imperméable à cette réalité et il poursuivit son tour de table, s'inclinant respectueusement devant la dernière silhouette qui lui faisait face :


- Madame la sénéchale, laissez-moi vous souhaiter la bienvenue au nom d'Esgaroth. C'est un plaisir que de vous recevoir à ma table.

Elle s'inclina respectueusement, et répondit poliment :

- Je vous remercie, comte Saule. Votre invitation m'a beaucoup touchée, et je déplore que mon époux ne puisse être présent à mes côtés pour vous adresser ses amitiés.

Le comte chassa ces excuses qu'il jugeait tout à fait inutiles d'un revers de la main, et répondit avec affabilité :

- Je comprends, naturellement. Le sénéchal Roderik est un homme très occupé, et je suppose qu'il doit être retenu par des affaires urgentes.

- C'est exact, répondit son épouse sans donner davantage de détails. Attendons-nous d'autres convives, comte ?

Saule jeta un regard autour de lui. Quatre autour d'une table comtale, c'était fort peu. A fortiori quand une femme de la haute noblesse de Dale était présente. Il était d'usage que les comtes dînassent avec leurs officiers lorsqu'ils voulaient s'entretenir de choses de la guerre, et discuter d'affaires d'État. A l'inverse, lorsqu'ils recevaient des éminences civiles, particulièrement des femmes, il était courant d'inviter plusieurs membres de l'aristocratie pour apporter un peu de légèreté dans l'assemblée. La sénéchale avait accepté l'invitation en pensant se trouver en présence de plusieurs autres dignitaires d'Esgaroth et des environs, mais elle dut dissimuler sa surprise lorsque Saule répondit :

- Nous ne serons que quatre ce soir, madame la sénéchale. J'espère que vous me pardonnerez la rudesse de vous imposer la compagnie de trois hommes à table sans vous faire accompagner, mais le conseiller Toras et le capitaine Martel DuGrand sont des hommes de qualité, et j'ai présumé que vous n'y verriez pas d'inconvénient.

Ravalant son étonnement, la femme se composa une mine décontractée et répondit simplement :

- Mon mariage m'a conforté dans l'idée que les hommes de guerre sont des gens d'honneur, et j'aurai plaisir à partager ce repas en votre compagnie à tous.

Ils s'assirent sans attendre, et se délectèrent des plats qui se succédèrent devant eux. Naturellement, la table du comte n'était pas aussi garnie que pouvait l'être celle du roi Gudmund, mais Saule avait de toute évidence un goût pour le raffinement, et il avait fait préparer des mets fins et délicats qui ravirent le palais de ses convives. Toras, qui paraissait austère, n'affichait pas son plaisir autant que DuGrand qui semblait savourer chaque bouchée. Il était évident qu'il n'avait pas grandi avec une cuillère en or dans la bouche, et son comportement ne manqua pas de tirer un sourire discret à la sénéchale. Ils discutèrent de choses et d'autres, abordant naturellement les nouvelles de leurs cités respectives. Dale et Esgaroth n'étaient point éloignées l'une de l'autre, mais il était toujours intéressant de connaître l'avis d'un comte, et de deux officiers de haut rang dans l'armée. En retour, leur invitée leur parla de l'ambiance à Dale, de l'angoisse qui montait face au statu quo étrange avec les Orientaux. Elle n'était pas femme à propager des rumeurs inutilement, mais elle jugea opportun d'en rapporter quelques unes aux oreilles d'un homme de pouvoir, afin qu'il sût quoi en faire le jour où il les apprendrait par la bouche de son propre peuple. Ils échangèrent ensuite sur l'état du monde, sur la situation préoccupante du Gondor, que l'on disait menacé par une grande force venue de l'Est. Le petit peuple n'était pas encore au courant de ces choses, mais le comte avait fait renforcer la surveillance le long de l'Anduin, afin de pouvoir défendre la cité si d'éventuels assaillants entendaient descendre le fleuve jusqu'à la cité lacustre. Il s'agissait d'un repas fort plaisant, et la sénéchale ne s'ennuyait guère, même si beaucoup de sujets concernaient la gestion politique quotidienne de la ville. Elle gardait son opinion pour elle la plupart du temps, mais tendait l'oreille, et répondait volontiers quand elle était interrogée. Toutefois, ces réjouissances n'étaient pas la raison principale de sa présence en ces lieux, et elle commença à le comprendre quand elle devint malgré elle le centre de toutes les attentions. Ses hôtes commencèrent en douceur, et ce fut Martel qui initia :

- Madame la sénéchale, je prends soudainement conscience de mon ignorance… permettez-moi de vous demander ce qui vous amène à Esgaroth.

Ce n'était un secret pour personne, et elle ne jugea pas utile de cacher la vérité outre mesure :

- Je suis ici, sire, pour rencontrer un vieil ami. Len, de l'Académie des Ménestrels, vous le connaissez peut-être. Il avait obtenu de mon mari la promesse d'un soutien pour un projet initié par nos amis de l'Académie, il y a quelques temps de cela. Le sénéchal avait apporté une contribution financière pour une idée tout à fait enthousiasmante : construire un lieu destiné aux malades et aux indigents, où ils pourraient être soignés et nourris. Sans doute que le projet avait été mis en suspens pendant le terrible hiver qui nous a touché, faute de fonds et d'ouvriers capables de s'atteler au chantier. Len nous a envoyé une lettre en nous demandant si nous acceptions de lui renouveler notre soutien maintenant que les travaux entendent reprendre, et en l'absence de mon époux, j'ai jugé approprié de venir en personne pour rencontre les Ménestrels, et m'enquérir de l'avancée de leurs travaux. Cela me donne également la possibilité de visiter mon cousin, qui habite ici.

Sa réponse était peut-être un peu longue, mais elle avait le mérite d'être complète, et elle avait senti que personne n'était désireux de l'interrompre ou de la compléter d'une quelconque manière. C'était presque étrange. Saule intervint tranquillement :

- Votre cousin… Sire Orlov, si je ne m'abuse ? Saviez-vous qu'il était opposé au projet des Ménestrels ?

- Adrian ? S'étonna la sénéchale. Vous m'apprenez quelque chose, comte. Je… Mon cousin est un homme de bien, et je dois admettre ne pas bien comprendre ses motifs. Refuser son aide aux nécessiteux n'est pas dans son caractère.

Ce fut à Toras d'intervenir cette fois, de sa voix toujours aussi tranchante et implacable :

- C'est peut-être à cause des rumeurs.

La femme l'interrogea du regard, mais ce fut Martel qui répondit. Elle eut brusquement l'impression qu'ils avaient répété leur tour, et qu'ils s'arrangeaient pour que l'un d'entre eux pût toujours trouver le défaut dans sa garde pendant qu'elle regardait ailleurs. Le militaire avait conservé son masque avenant, mais ses yeux exprimaient tout autre chose :

- Il y a des rumeurs, en effet, madame. L'Académie des Ménestrels est un des lieux les plus importants d'Esgaroth, nous en avons conscience… Mais on raconte qu'il s'y passe des choses étranges, et que la loyauté de certains de ses membres pourrait être… mal placée ?

- A l'Académie ? C'est impensable, ce sont des artistes et des gens de bien, dont l'immense majorité se désintéresse totalement de toute question politique.

Elle avait eu l'occasion de les fréquenter pendant quelques temps, et elle appréciait de passer les saluer quand elle se rendait à Esgaroth. Erco Skaline, du temps où il était au pouvoir, avait fait rayonner cette Académie sur tout le royaume, et bien plus loin encore, au point que les lieux étaient devenus le point névralgique de tous les intellectuels et de tous les esprits créatifs des Peuples Libres. On y trouvait même des Elfes, attirés par le bouillonnement des esprits humains qui devaient leur sembler si étranges et si fragiles, mais paradoxalement si riches de vie. Il était difficile d'imaginer l'Académie comme un lieu où régnerait une quelconque malveillance, et elle ne pouvait pas concevoir que des traîtres se dissimulassent sous les atours de bardes, troubadours, poètes et autres génies. Ce fut le comte qui lui répondit :

- Il y a effectivement des gens de qualité au sein de ces lieux, et Esgaroth est très fière de ses artistes. Cependant, nous avons des raisons de croire que certains d'entre eux agissent en sous main, et servent en réalité les intérêts de l'ambassadeur Skaline.

Il était difficile de ne pas percevoir son mépris quand il prononça le titre d'Erco. « Ambassadeur ». Il avait bien insisté dessus, comme pour souligner que l'intéressé n'était désormais plus qu'un invité dans le royaume qu'il avait pourtant pu considérer comme sien pendant tant d'années. Homme de confiance du roi Gudmund, Erco était tombé en disgrâce, et avait tout perdu. Ses titres, son prestige, son honneur… il demeurait à Dale seulement parce que le roi Fendor avait eu la bonté de le maintenir à une dignité qu'il ne méritait sans doute pas.

- Erco Skaline a peut-être fait preuve d'incompétence, et il a sans doute laissé le chaos revenir à Esgaroth, mais je ne crois pas qu'il soit à compter parmi nos ennemis.

Le comte reprit, un peu plus froidement :

- Ma chère, vous n'ignorez sans doute pas que Skaline sert désormais les intérêts d'un autre royaume. Le Rohan… Pays curieux s'il en est… Êtes-vous au fait de ce qu'il s'est passé, lors du mariage royal ?

La sénéchale ne goûtait pas trop à ce ton docte, mais la question était si habilement tournée qu'elle ne pouvait pas répondre par l'affirmative. Il y avait simplement trop de possibilité, et en la faisant passer pour une idiote ingénue, Saule s'arrogeait le privilège de pouvoir lui donner une leçon de politique. La manœuvre était aussi désagréable qu'elle était efficace et, résignée, la femme fut contrainte de signifier son ignorance du sujet :

- Laissez-moi vous éclairer, madame. Durant les festivités, on a rapporté que le Vice-Roi aurait négocié en personne avec la reine Lyra de Rhûn. Ils se seraient entretenus au cours d'une audience privée. Qui sait de quoi ils ont pu parler ?

Ses accusations voilées ne trompaient personne, mais la sénéchale avait bel et bien entendu des rumeurs à ce sujet. Elle les avait écartées d'un revers de la main, les jugeant inconvenantes sinon infondées. Elle regrettait aujourd'hui d'avoir négligé cet élément, car elle ne savait que répondre à Saule, qui poursuivait inlassablement, non sans ajouter à son monologue une touche d'ironie mordante :

- On raconte aussi que Lyra aurait affecté un soldat de son armée à Mortensen. Peut-être pour s'assurer qu'il remplira sa part du marché, quel qu'il soit. Gallen Mortensen… le grand ami de ce cher Erco Skaline… en affaires avec le Rhûn. Ces mêmes Orientaux qui, quelques temps avant le mariage de notre princesse Dinael, ont implanté un avant-poste miliaire sur le fleuve qui nous sépare des Monts du Fer. Il s'agit là d'une coïncidence tout à fait fortuite, j'en suis persuadé. Et désormais, voilà des Orientaux qui attaquent le Gondor, et aucun signe de son allié Rohirrim d'après nos dernières informations. Très étonnant.

La femme ne savait plus que dire. Saule lui présentait un tableau à la fois très sombre, mais aussi très crédible. Elle voyait les pièces bouger, et s'imbriquer les unes dans les autres à la perfection, pourtant elle ne pouvait pas croire que tout cela était vrai. Il y avait quelque chose qui ne collait pas, elle avait forcément raté un élément. Mais le comte était maître du jeu désormais, et il abattait ses cartes une à une, tandis qu'elle avait la main vide :

- Aujourd'hui, des ménestrels que nous soupçonnons d'agir pour le compte d'Erco Skaline envisagent de porter assistance aux blessés et aux malades, en construisant un établissement de soin hors de la ville. Vous comprendrez que nous puissions nous inquiéter de la nature véritable de leurs desseins. Ces ménestrels ne jouent pas franc jeu avec nous, et j'ai bien peur qu'en suivant aveuglément l'ambassadeur Skaline ils agissent contre les intérêts de notre roi.

La sénéchale était soufflée :

- Pourquoi me dites-vous tout cela ?

- Votre loyauté va naturellement à notre souverain. Ne commettez pas l'erreur des Ménestrels en privilégiant l'amitié au devoir, les sentiments à la raison. Il serait affreusement dommageable pour votre époux que sa réputation soit entachée ainsi.

Les deux hommes à côté du comte ne cachaient pas leur sourire. Ils voyaient dans la mine déconfite de leur interlocutrice que leurs coups avaient fait mouche, et ils n'étaient pas peu fiers d'avoir réussi à la faire vaciller. Saule, qui se complaisait dans cette situation, ajouta :

- Vous reprendrez bien un peu de tarte, Aleksandra ?

Elle était si surprise qu'elle ne releva même pas le fait qu'il avait pris la peine de l'appeler par son prénom. Une familiarité dont il aurait pu se dispenser, et qu'elle aurait dû relever. Il n'était pas élégant de s'adresser ainsi à une femme mariée en l'absence de son époux. Elle ne trouva rien à répondre, cependant, et se contenta de se composer une mine de circonstance.

#Saule
Sujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Esgaroth   Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau    Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 23 Juil 2017 - 14:52


Au prix d'horribles toux rauques, Syla recracha l'eau que ses poumons avaient été contraints d'absorber. Tout tanguait autour de lui, mais il mit un certain temps à comprendre que cette sensation ne provenait pas seulement de son chamboulement physique et mental, mais également de l'endroit où il se trouvait : ce n'était pas le bois stable et immobile des pontons qu'il sentait sous lui, mais la coque chancelante d'une barque dont il n'avait pas même remarqué la présence quelques minutes plus tôt, alors qu'il  cheminait, hagard, à la recherche d'une corde. Tandis qu'il essayait de remettre ses idées en place et de comprendre pourquoi il ne se trouvait pas aux côtés de feu son épouse, mais toujours dans ce monde de souffrance et de désespoir, une voix claire et douce parvint à ses oreilles. Pas de doute possible, il savait qui lui entonnait cet air. Tout son corps se raidit. Oui, cela allait de soi, c'était sa tendre femme qui l'appelait depuis les profondeurs du lac où elle reposait depuis sa noyade. Cela ferait bientôt quatre ans et son absence lui pesait plus que toutes les pierres de schiste, de granite ou de tout autre minéral qu'il aurait pu s'attacher aux chevilles. Ses mots étaient à la fois beaux et tristes.. elle lui faisait savoir, dans une mélopée semblable au murmure des plus charmants ruisseaux qui confluaient vers le lac, qu'elle était toujours là, au fond des flots noirs. Elle lui intimait de ne pas l'oublier, de lui donner de ses nouvelles, de se manifester d'une manière ou d'une autre. Elle venait de le voir un bref instant plonger dans les eaux et cela avait suffi à raviver son amour...

Mais était-ce bien elle qu'il entendait ?

À vrai dire, plus il revenait à la réalité et recouvrait ses esprits, et plus il en doutait, à son grand regret. La voix de Nertha telle qu'il s'en souvenait était moins cristalline, moins parfaite... plus humaine pour ainsi dire. Et comment lui, le capitaine de la Milice, la cartésien, lui qui ne voulait pas entendre parler de mystères, lui que toute mention du surnaturel horripilait, comment pouvait-il croire à une émanation de l'esprit de sa défunte épouse ? Sa dépouille était remontée à la surface comme tous ceux qui étaient un jour morts sur le lac, et elle avait été repêchée. On lui avait enlevé la vase et les salissures, on l'avait revêtu d'habits décents et on l'avait placée sur une barque emplie de bûches et d'une paille imbibée de poix qu'on avait laissée dériver sur les courants du lac. Ses cendres étaient dissoutes depuis longtemps dans les eaux mais, objectivement, Syla savait au fond de lui que les cendres ne pouvaient parler, quelle qu'ait été la beauté de l'esprit qu'elles avaient un jour contenu. Plus sa raison lui revenait et plus il voyait la chose impossible.

Et il semblait qu'il eût raison, car en tournant la tête il s'aperçut que les derniers vers du poème étaient entonnés par une personne bien vivante qui se tenait à côté de lui dans la modeste embarcation. Elle était charmante, possédait beaucoup de grâce, mais ce n'était point sa regrettée Nertha. Le capitaine comprit bientôt pourquoi sa voix était si enchanteresse : la finesse de ses oreilles et la façon de son accoutrement ne laissaient guère de place au doute, elle appartenait au peuple elfique. Tentant de retrouver ses repaires entre deux quintes de toux, le pauvre homme vit qu'ils partageaient le modeste espace qu'offrait la barque avec un autre elfe, un elfe aux cheveux blonds trempé lui aussi de la tête aux pieds, et qu'un troisième elfe l'observait attentivement depuis le bord du ponton tout proche. Visiblement, ils l'avaient arrachés à la mort...

- Vous venez... parvint-il à articuler en reprenant son souffle. Vous venez de prolonger... encore un peu... mon existence.

On n'aurait su dire s'il était finalement soulagé d'avoir échappé de justesse à la mort atroce qu'il avait voulu se donner dans son élan suicidaire ou s'il leur en voulait de l'avoir obligé à rester dans le monde cruel et injuste qu'il s'était mis en tête de fuir à jamais. Sans doute y avait-il un peu des deux, mais dans quelles proportions ? Lui seul le savait pour l'instant. Les prochaines minutes ou les prochaines heures le diraient certainement. Le regard du miraculé se porta sur sa cheville que le frottement cruel de la corde avait teintée d'un collier rouge et sanguinolent, puis sur la cotte de mailles de l'elfe mâle qui était le plus près de lui. Incrédule, il se tourna enfin vers la femme-elfe, qui était de toute évidence la seule qui avait été complètement libre de ses mouvements dans toute cette manœuvre. Oh certes, celui qui se tenait sur le ponton semblait également ne pas être harnaché d'un équipement trop lourd, mais à en croire ses habits secs il n'avait pas eu le temps ou l'envie de plonger dans l'eau froide.

- Comment avec-vous... fait ? demanda-t-il à Delaynna. Un capitaine... minable et incapable... n'aurait pas été une grosse perte. Esgaroth s'en porterait bien mieux... croyez-moi... si je reposais au fond du lac... avec les débris et les trésors de ces bateaux coulés. Toute cette affaire... a causé... ma déchéance. Qu'ils en coulent encore mille... si ça les chante... qu'ils envoient par le fond... tous les bateliers de la ville... mais qu'on cesse de me tarabuster avec ça !

Mais comme il tendait la main pour essayer d'agripper le bord du ponton et de quitter cette coquille de noix, il se rendit compte qu'il n'en avait tout bonnement pas la force pour l'instant, et une nouvelle quinte de toux le plia en deux, déchirant le silence vespéral et emplissant de pitié les étoiles au-dessus de leur tête.


#Sigvald #Delaynna #Syla #Saule
Sujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Esgaroth   Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau    Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 1 Juil 2017 - 20:33
Le soleil de la fin d'après-midi illuminait de ses rayons obliques la surface du Long Lac, faisant miroiter sa lumière sur les milliers de petites vaguelettes qui ridaient l'étendue d'eau la plus célèbre du monde septentrional, tout au moins de ce côté-ci des Monts Brumeux. Il y avait bien, loin dans les terres de l'Ouest, un autre grand lac qui bordait la capitale du royaume d'Arnor mais, bien que celui d'Esgaroth fût moins large que son homologue d'au-delà des montagnes, il restait un symbole d'une puissance que l'autre n'atteindrait jamais. Car là où l'un avait une histoire aussi terrible que mouvementée, avec ses légendes, ses batailles, son folklore véhiculé par les bateliers et les pêcheurs, l'autre n'était qu'une curiosité du paysage, un ornement pour le seul plaisir des yeux. Dans l'un, il se racontait que les ossements et une partie du trésor du grand dragon de jadis s'y trouvaient, reposant sur le fond vaseux que nulle lumière n'éclairait jamais. Dans l'autre, on ne trouvait rien de plus exceptionnel que des tanches et des ombles. C'est en tout cas ce que disaient les gens d'ici, et en particulier ceux qui regrettaient que la princesse Dinael de Dale se soit exilée au pays de Tar-Aldarion ; on l'appelait à présent Reine des Deux Lacs, mais en réalité elle était toujours celle d'un seul lac, seulement ce n'était plus du même dont il s'agissait. Et puis, on parlait toujours d'Annúminas et du lac qui s'étendait à son pied, tandis qu'ici on parlait du Long Lac et de la ville qui était construite sur ses eaux ; et cela voulait tout dire.

Bien qu'on eût passé depuis longtemps les heures les plus torrides de cette journée d'été, les trois elfes pâtirent de la chaleur et de la pénible lourdeur de l'air. Ils avaient voyagé jusqu'alors sous le couvert rafraîchissant de la canopée et ce brusque changement d'atmosphère fit suer leurs corps comme un morceau de glace qui se transforme en eau sous l'assaut du rayonnement de l'astre du jour. Peut-être était-ce pour cette raison que Sigvald et Delaynna s'adonnèrent à quelques passes d'armes, afin de profiter quelques instants de plus de l'ombre des derniers arbres de la lisière orientale...

- Disons que vous avez d'autres pouvoirs que ceux des armes, chacun ses forces et ses faiblesses. Mais quand on a à défendre sa forêt un jour après l'autre et qu'on n'a pas la chance de faire sortir les ruisseaux de leurs lits, eh bien on se tourne vers des arts plus terre-à-terre, les arts de la lame et de la flèche.

Achas n'arrivait toujours pas à déterminer si la Dame de l'Eau lui avait fait sa remarque pour lui reprocher son attitude un peu bougonne et taciturne, ou bien si elle souhaitait sincèrement apprendre à mieux se battre en duel, à se dérouiller, comme elle l'aurait dit. C'est vrai, il n'était pas d'une joie exceptionnelle depuis qu'ils avaient quitté le palais d'Angrod, et il montrait rapidement des signes d'agacement ou de mauvaise humeur pour des petits aléas sans importance. En vérité, il était sous pression. La mission que son seigneur lui avait assignée, il trouvait bien difficile d'en appréhender la subtilité : comme si accompagner le duo dans une mission périlleuse ne suffisait pas, il s'était vu chargé des tâches paradoxales de les aider tout en surveillant Sigvald. Or il n'avait pas totalement confiance dans le repentir de ce dernier. Ainsi, chaque manœuvre un peu insolite lui apparaissait comme un subterfuge pour le tromper et lui fausser compagnie, et même une banale passe d'armes pouvait prendre des allures de haute trahison dans son esprit aux aguets. D'où son comportement.

- Pour ma part, continua-t-il, atteindre mes ennemis à distance ne me pose pas de problème de conscience, car il s'agit du meilleur moyen de protéger notre belle et grande forêt. Mais je manie fort bien la dague longue au besoin. Vous combattez, Madame, comme un chevalier armuré, mais sans armure lourde je trouve c'est une technique inappropriée. Plus de mouvements ! Plus de souplesse !

Achas fit sortir sa dague de sa ceinture et prit la place de Sigvald en face de la galadhrime. Après quelques secondes où ils se regardèrent l'un l'autre en silence, ils firent tous deux un pas en avant et les premiers tintements de l'acier se firent entendre. Comme à son habitude, les gestes de la sentinelle étaient vifs et précis, compensant la différence des longueurs de leurs lames par une rapidité d'exécution et une vélocité qui firent reculer Delaynna. Il ne parait pas les coups frontalement, mais les déviait plutôt pour envoyer la lame de la dame sur le côté et la déséquilibrer ; souvent même il chercha à esquiver les estocades adverses pour s'en mettre à l'abri sans trop s'épuiser, gardant toute son énergie pour sa propre attaque, qui visait les parties vitales, ou les aurait visées si le combat n'avait pas été factice. Ils s'exercèrent ainsi pendant un moment, et plus le temps passait, plus son adversaire retrouvait du réflexe et reprenait du poil de la bête, rendant la partie de plus en plus intéressante.

Et puis enfin le trio reprit sa route et descendit les pentes herbeuses en direction d'Esgaroth, qu'ils comptaient atteindre avant la tombée de la nuit. Le soleil venait de sombrer derrière Vertbois-le-Grand quand ils posèrent le pied sur la première solive du grand ponton qui reliait la bourgade lacustre à la terre ferme. Tandis que leurs pas résonnaient sinistrement sur le bois mouillé, Achas observait de droite et de gauche les eaux sombres du lac qui se couvraient comme d'une brume rampante dans l'obscurité grandissante. L'onde venait presque lécher le dessous des planches, ce qui ne manqua pas de le surprendre... comment des hommes rompus à l'art de la construction pouvaient avoir conçu le ponton de cette manière, au ras de l'eau, sans craindre un pourrissement prématuré du bois ?

Mais ses réflexions techniques furent interrompues tout net par un grand « plouf ». Il eut juste le temps de lever la tête pour apercevoir, à une centaine de mètres devant eux, une silouhette indistincte assise sur le bord du plancher, se laisser glisser dans l'eau à une vitesse surprenante, comme si une force l'avait tiré tout soudain vers les profondeurs du lac.


♦  ♦  ♦


- Pardon ? Pouvez-vous répéter capitaine Syla, je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu ?

Le chef des miliciens sentit une chappe de plomb s'abattre sur lui, comme si toute la toiture du donjon du castel venait de lui tomber soudainement sur la tête. Assis en face de lui, Dauert Saule avait les sourcils froncés, et sa main caressant machinalement le col de son pourpoint distingué ne faisait que trahir un peu plus sa contrariété.

- Je n'ai pas pu faire autrement que de renvoyer cette femme, monsieur le Comte, elle aurait nui à l'enquête. C'était une drôle d’hurluberlue... Elle avait commencé par parler d'intuition féminine, et puis petit à petit elle a dit avoir des prémonitions, des visions. Elle a parlé de... de causes surnaturelles. Elle a été jusqu'à prétendre que les naufrages...

- Peu m'importe que ce soit une excentrique ou une mystique, vous avez chassé la seule équipe qui se soit portée volontaire pour enquêter sur ces drames ! Vous savez que les natifs d'Esgaroth ont trop peur du lac pour s'y aventurer de nuit. Vous savez que les habitants se méfient de ma garde et de la milice : ceux qui n'ont pas pu payer l'impôt cette année pensent qu'on viennent le leur réclamer de force. C'est pour ça que nous avons besoin de volontaires étrangers. Une poignée vous tombent sous la main, et vous, vous les éconduisez...

Syla aurait voulu répliquer, argumenter, faire comprendre au Comte d'Esgaroth que tout homme né ici se méfiait de tout ce qui sortait de l'ordinaire, que les superstitions étaient profondément ancrées dans l'inconscient collectif et que cette femme ressemblait trop à une sorcière pour qu'il puisse tolérer sa collaboration, et même sa présence. Saule n'était pas né sur le Lac. Il était né à Dale, il ne pouvait pas comprendre...

- Cela fait un bout de temps que vous n'êtes plus dans votre assiette, Syla. Cette erreur était la dernière : vous serez déchu du grade de capitaine dès que je trouverai quelqu'un de plus compétent.

La descente des marches fut plus difficile encore que la montée. Le capitaine Syla – puisqu'il l'était encore pour un temps compté – ne parvenait pas à réaliser la dureté de ce qui venait de lui arriver. Après tous ces efforts, tous ces sacrifices pour acquérir une place respectable, voilà qu'on lui faisait dégringoler l'échelle pour incompétence. Et, pire que tout, les reproches qui venaient de lui être adressés par le Comte le transperçaient, rien que d'y repenser, comme s'il lui avait décoché des flèches en plein poitrail. Il venait de décevoir celui dont la considération était la motivation même de sa vie de soldat. À quoi rimait l’existence maintenant qu'il était déshonoré ? Il n'avait pas la force de supporter cette opprobre. Tout semblait s'écrouler autour de lui tandis qu'il errait, hagard et sonné, dans les travées du castel. Le choc avait été si terrible que rien, pas même la pensée de sa fille, ne put le sortir cette fois-ci de l'abîme de noirceur et de l'humeur morbide dans lesquels il était plongé.

Arrivé à l'extérieur de l'édifice, il aperçut une pierre qui s'était déchaussée des contreforts des murs et la ramassa de ses deux mains. Cette fois-ci, il le ferait.

Elle lui sembla peser un quintal tandis qu'il la portait péniblement, clopinant tel un spectre sur le ponton qui reliait le château aux autres quartiers. Rien n'était facile, décidément. Il continua son chemin dans l'obscurité grandissante sans rencontrer âme qui vive, et poursuivit dans le prolongement, sur le ponton qui quittait la ville et aboutissait à la rive occidentale du lac. À mi-chemin, il s'arrêta net et posa son bout de roc, avant de se diriger vers une portion du ponton qui s'était écroulée récemment. Là, il se pencha pour atteindre le pilotis fautif, qui penchait, inutile et désolidarisé du reste de la structure, et réussit à dénouer la corde qui avait autrefois maintenu tout cela en place. Après quoi il retourna vers sa pierre, en fit plusieurs fois le tour avec la corde qu'il noua solidement, et attacha l'autre extrémité à sa cheville droite. Et, le regard vide et l'âme à l'agonie, il fit glisser le lourd morceau de schiste dans les flots noirs. À peine entendit-il le « plouf » caractéristique qu'il se sentit happé par la gravité, plongeant à son tour dans le lac. Dans une dernière vision floue et mouvante, il crut discerner trois silhouettes sombres, là-bas, à quelque distance sur le ponton, qui couraient dans sa direction.

Et puis la froidure de l'eau l’oppressa de toutes parts.

#Syla #Saule
Sujet: Esgaroth
Ryad Assad

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Rechercher dans: Esgaroth   Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Esgaroth    Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 27 Mar 2017 - 1:54
Véritable prouesse de l'ingéniosité humaine, la ville d'Esgaroth fut bâtie sur le Lonc Lac en utilisant un complexe système de piliers destinés à supporter les constructions de bois et l'activité des Hommes. Un large ponton la reliait aux berges, par lequel elle pouvait s'approvisionner en vivres que ne lui fournissait pas déjà le lac lui-même. Au cours du Troisième Âge, la cité fut totalement anéantie par Smaug le dragon, dont le corps s'écrasa sur la ville avant de sombrer dans les profondeurs à tout jamais. Désespérés par l'anéantissement de leur demeure et par la présence du cadavre du dragon, les habitants d'Esgaroth décidèrent d'utiliser leur part du trésor d'Erebor pour rebâtir leur ville légèrement plus au Nord. Construite sur le même modèle, la nouvelle Esgaroth apparaît toutefois beaucoup plus développée que la cité ne pouvait l'être au Troisième Âge.

La pêche et la fabrication de tonneaux, de même que l'agriculture et la pisciculture, demeurent aujourd'hui des activités centrales. Toutefois, elles ne sont pas uniquement destinées à nourrir la population d'Esgaroth, et une très grande proportion de ce qui est produit est envoyée à Erebor ou à Vertbois. Le commerce anime la ville, qui profite de sa position géographique stratégique pour accueillir les marchandises venues de l'Est – du Rhûn ou des Monts du Fer. Les habitants de la ville n'ont pas oublié la malédiction du dragon tombé du ciel, et les ruines de l'ancienne cité du Lac sont là pour leur rappeler que le malheur est vite arrivé. Pour cette raison, ils se tiennent prêts à défendre leurs foyers, et entretiennent des hommes d'armes connus sous le nom de Chevaliers de la Flèche Noire. Bien que peu nombreux, ceux-ci sont particulièrement dévoués au maître de la ville. Hélas, les récents événements impliquant l'Ordre de la Couronne de Fer ont fragilisé l'autorité, laissant entrer la corruption et le banditisme à Esgaroth. Le nouveau Comte de la ville, un proche du Roi Gudmund, entend bien redorer le blason de la ville, et lui redonner son prestige.

~~ :diamonds: ~~

Personnages importants de la région

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- DAUERT SAULE -
Comte d'Esgaroth
#Saule

L'absence prolongée de l'ancien Comte Skaline a laissé un vide immense à Esgaroth, qui a vu la criminalité et l'insécurité augmenter dramatiquement. Dauert Saule a été nommé Comte par le Roi Gudmund de Dale, afin de restaurer l'autorité et le prestige de la couronne royale dans la ville lacustre. Choisi principalement parce qu'il avait grandi à Dale et qu'il serait donc moins sensible aux intrigues de la ville du Lac, Saule est un homme sobre, élégant et efficace, particulièrement dévoué à son souverain. Il n'en demeure pas moins avide de pouvoir. A seulement trente-cinq ans, après avoir longtemps voyagé, il entend profiter de son nouveau statut pour consolider son réseau personnel, et s'imposer comme l'homme fort d'Esgaroth.


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- TORAS -
#Toras
Conseiller Martial

La nomination de Toras en tant que Conseiller Martial a été presque une évidence. Le Comte Saule cherchait un homme de guerre désintéressé, mais prodigieusement efficace pour mener la nouvelle force de l'ordre qu'il entendait mettre sur pied. Toras cumule toutes ces qualités, auxquelles viennent s'ajouter des dispositions naturelles à mener la troupe, et une compétence redoutable pour flairer les trahisons. Autoritaire, dur, souvent inflexible, Toras est un individu à la fois craint et respecté.
Sujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence
Erco Skaline

Réponses: 40
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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence    Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 20 Juin 2014 - 13:00
Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! Saule11Tag saule sur Bienvenue à Minas Tirith ! Emilio11
Délégation d'Esgaroth: Comte Dauert #Saule et le Conseil Martial #Toras

L'homme se présenta en tête de la délégation d'Esgaroth qui devait être la plus petite de toute celle présente. Le Comte Saule marchait, fièrement, la tête haute. Il était plus que content de sa promotion quelques mois en arrière. Accéder au pouvoir comme ça par presque pur hasard à trente-cinq ans c'était une aubaine. Installé depuis deux mois au chateau d'Esgaroth, il n'était pas beaucoup sorti prendre l'air et avait profité pleinement des plaisir d'être Comte. En parallèle on ne pouvait pas dire qu'il n'avait fait que profiter gratuitement, il avait du ré-organiser tous Esgaroth. Après tous les mois d'absence de l'ancien Comte, la ville du lac s'était déréglé et la remettre au goût du jour n'était pas de tous repos. L'une des premières action de Dauert fut mettre une limite au conseil de la ville qui à son arrivé décidait de tous sans en aviser personne. Ce n'était pas acceptable pour Dauert. Le vide fut fait et les nouvelles fonctions de ce conseil était clair à présent: S'occuper à faire passer des messages venant du peuple au Comte, pas décider pour le peuple. La seconde chose qu'il avait géré avait été d'instaurer un contingent spécial dirigée par le fidèle Toras. Cet homme là était incroyable, d'origine de Dale, il avait voyagé une grande partie de sa vie du côté de l'Arnor et était revenu changé du tous au tous. A présent il arborait des vêtements blanc et noir d'un style tous à lui. Etant le seul garde du corps de Dauert, il avait un fleuret qui pendait sur son flanc. Le Comte se rappelait de toute la discussion entre eux lorsque son Conseiller martial avait du abandonner son second fleuret et son arbalète de poing dans leur chambre. C'était un de ces hommes qui vivait pour combattre et servir. Chose que Dauert ne comprenait pas vraiment, il avait passé sa vie sans jamais tuer quelqu'un et en était quasiment fier. Mais il avait du en revanche montrer à ses opposants plus d'une fois qu'il n'était pas à prendre à la légère. Il portait du reste des vêtements assez sombre pour faire référence à sa poigne de fer. Sobriété, élégance et volonté. C'était ainsi qu'il se définissait.

Il regarda passer une demoiselle et ne pu empêcher ses yeux se balader le long de son dos et de descendre vers les jambes. A trente-cinq ans, il était encore célibataire, mais avait entendu parler de source sûr que le Seigneur de Dale lui réservait quelqu'un. Il espérait vraiment se voir offrir une petite fille de noble qui lui rapporterait une dote acceptable et un panier de plaisir.... Il sourit et continua d'avancé vers la queue pour parler au roi.

Lorsqu'il s'y plaça, il entrevu passer à bonne distance Erco Skaline qui partait d'un pas précipité. Dauert faillit vouloir aller saluer son prédécesseurs juste par politesse. Après tous ils allaient devoir travailler ces prochains mois. Il trouvait étrange que l'ancien Comte se retrouve ambassadeur du Rohan dans la même ville qu'il a dirigé pendant quelques années. Il savait aussi que l'histoire s'était terminé de manière difficile et que des arrangements avaient été passer entre le Roi Gudmund et Gallen Mortensen, grand ami d'Erco. Le nouveau Comte n'appréciait pas tellement le rohirrim Skaline. Du temps ou Saule était dans le conseil d'Esgaroth et Skaline encore Comte, les deux avaient eut des discutions houleuses. Le premier se considérait comme politicien et l'autre comme guerrier: C'était comme essayer se faire vivre un chien et un chat ensemble. En revanche, il savait que Toras avait un grand respect pour le noble Skaline. Les deux appartenaient au même monde de la guerre.

-Comte Saule, bonjour, comment était le voyage?

Il se retourna et se trouva face à Otarina Skaline. Il eut un sourire mi surpris, mi forcé et lui répondit d'un ton douceâtre:

-Mes hommages Dame Skaline. Long et fort ennuyeux. Enfin vous savez ce que c'est. Et votre mari a-t-il osé venir?  

C'était une petite pique facile et gratuite, mais Dauert voulait bien montrer qu'il était le Comte à présent que Erco devait être embarrassé. Il y avait une sorte de compétition entre les deux hommes.

-Oui oui, il est ici, et en fort bonne humeur... Il a une réunion d'une grande importance avec le vice-roi du Rohan... Vous savez ce que c'est les responsabilités...

-Ha une réunion, il a donc encore une importance après ces évènements tragiques... J'en suis un peu étonné, mais allons donc. Les amitiés persistent apparemment....

Il fit une pause le temps de regarder la réaction d'Otarina. Il se redit compte qu'il avait peut-être été trop loin. Il s'empressa alors d'ajouter:

-Je dois m'en aller. Le Roi m'attend aussi d'urgence.. Je vous souhaite une bonne journée et saluer votre mari de ma part.

Et ainsi  la délégation d'Esgaroth disparu de la vision d'Ocarina Skaline qui, elle, s'en-alla vers le reste de ses compatriotes de Dale positionné plus loin à parler à voix trop haute et à rigoler à une blague de mauvais goût.

#Ocarina #Erco #Skaline
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