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 Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains

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Hadhod Croix-de-Fer
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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyJeu 8 Fév 2024 - 18:58
Hadhod aurait pu rentrer en compagnie des Béornides du Val ou des Rohirrim lorsque ceux-ci effectueraient leur voyage de retour. Mais pressé de retrouver son propre bastion, ce fut en petit comité, si l'on peut dire, qu'il prit la route du sud. À vrai dire, ce fut l'état de Romo qui fixa le jour du départ. En plus du vétéran maintenant borgne et manchot, marchaient aux côtés de Hadhod les membres de sa propre Maison, et à leur suite les ressortissants de la Moria qui avaient été libérés des geôles des Gobelins – dont un certain Humlin qui avait été l'un des compagnons d'infortune du Seigneur de Khazad-dûm – ainsi que les survivants des troupes qui étaient montées au nord participer à cette Reconquête. Le voyage dura plusieurs semaines durant lesquelles Hadhod eut tout le loisir de parler avec ses proches.

Un soir, alors que le soleil se couchait par-delà les Monts Brumeux à leur droite et qu'ils n'allaient pas tarder à s'arrêter pour dresser leur campement, Hadhod se porta à hauteur de son ami Romo et marcha à côté de lui.

- Tu sais, lui dit-il avec un sourire bienveillant, il y a quelque chose dont je veux te parler depuis quelques jours. À vrai dire depuis ce jour où nous avons vaincu Baltog et cet infâme Zock-Dah, maudit soit-il... Et plus cette chose chemine dans ma tête et plus je me dis qu'il faut que je t'en parles. À vrai dire c'est plutôt une question. Si tu n'avais pas été là, j'y serais probablement resté. Non, pas probablement d'ailleurs, mais avec certitude. Je te dois la vie, et tu l'as payé chèrement, très chèrement... Aussi pour te remercier pour ton courage et ton dévouement, je voulais te demander si tu accepterais de faire partie de ma Maison et de devenir un Croix-de-Fer. Il n'y a ni fonction ni grade attachés à ce titre, qui est comme tu le sais purement honorifique, mais je n'échangerais aucun des membres de ma Maison contre tout un régiment. Tu t'es déjà couvert de gloire à Gundubanâd, et le petit honneur que je te propose fait pâle figure à côté de tes exploits, mais sache que ce serait pour moi un grand plaisir et un honneur de t'avoir à mes côtés.

Il fallut plusieurs semaines à la troupe pour descendre la vallée de l'Anduin sur sa rive occidentale, traversant à gué ou sur pont les rivières Langwell et Rimdath, passant sous les hauteurs habitées par les Grands Aigles puis au pays des Béornides, où Stybeorn serait sous peu rapatrié avec les honneurs et enterré non loin du vrombissement des abeilles et du bruissement de l'eau, suivant sa volonté. Ils croisèrent la Vieille Route de la Forêt puis traversèrent encore le Ninglor non loin des Champs aux Iris. Là, ils obliquèrent vers l'ouest en direction du lac du Miroir et arrivèrent avec des cris de joie – et même quelques larmes – en vue de la Porte de l'Est, où Hurdin, l'un des gardes, les accueillit avec une joie mêlée d'admiration et de respect. Ils étaient les vétérans du Nord, ceux qui avaient reconquis le berceau ancestral de leur peuple.

*
*  *
*

Entre les cheptels rohirrim repartis pour leur pays – Ólfr était parti avec eux –, le sujet épineux des artéfacts et bien d'autres choses à régler, Hadhod fut bien occupé à son retour, mais il fallait avouer que l'intendant Bahin avait bien tenu la barque. Pourtant le seigneur de la Moria, tout occupé qu'il fût, prit quand même le temps d'organiser une cérémonie d'hommage à ceux qui avaient trouvé la mort lors des combats de la Reconquête, cérémonie qui fut également l'occasion d'honorer les vivants, tous les combattants sans qui Gundubanâd ne s'appellerait encore que Gundabad et ne serait pas revenue aux Nains. Y étaient également conviés ceux qui avaient été prisonniers dans l'ex-cité gobeline, car, libérés, ils avaient combattu dans les entrailles de la terre pour faire la jonction avec leurs frères arrivés de l'extérieur. Mais le fils de Trehod se garda bien de rappeler quoi que ce soit sur les conditions de détention et sur les raisons pour lesquelles Baltog les avait gardés en vie.


Ce silence mit la puce à l'oreille de Botha, un seigneur nain résidant au Khazad-dûm et qui, à l'instar de feu Dalin Balrim et bien d'autres, faisait partie d'une famille qui n'appréciait guère les gens de la Croix-de-Fer. En outre il se trouvait avoir des idées assez différentes de Hadhod concernant les relations entre la Moria et Erebor : au contraire de Hadhod, qui prônait le rapprochement avec Erebor et une loyauté sans faille à Thorik, Botha ne voyait pas cela d'un bon œil, craignant une certaine vassalisation de la Moria et arguant qu'il valait mieux privilégier une indépendance – au moins relative – vis-à-vis du Royaume.

Or donc Botha, intrigué par ces prisonniers et par le fait que Hadhod ne dise rien à leur sujet, alla voir l'un d'entre eux après la cérémonie, un dénommé Humlin, dans le but d'en apprendre davantage...

- Excusez-moi, fit-il en rattrapant le fameux Humlin au détour d'un couloir. Puis-je vous parler quelques instants ?


- Bien sûr seigneur Botha, bien sûr... De quoi voulez-vous m'entretenir ?

Le brave Humlin ne se doutait guère de ce que le noble lui voulait, n'étant après tout qu'un modeste soldat.

- Eh bien, répondit Botha, vous n'êtes pas sans savoir que j'ai bien des choses à redire sur la politique et sur la conduite de notre seigneur, mais cette fois-ci je suis parfaitement stupéfait qu'il n'ait daigné parler des souffrances endurées par ceux qui ont été fait prisonniers par les séides de Baltog, comme il a dû les endurer également, je suppose. De valeureux Nains croupissant dans les geôles de Gundabad et qui contre toute attente rentrent au bercail mériteraient des honneurs bien plus grands, et en tout cas pas ce silence.

- Je... eh bien... oui, je vous remercie, bafouilla Humlin. Mais il est vrai, comme vous dites, que notre Seigneur Hadhod a enduré de grandes souffrances, dans sa chair et dans son honneur, et il ne veut sans doute pas remuer le couteau dans la plaie. Vous savez, on cherche tous à oublier.

- Je comprends oui. Mais tout de même un détail m'intrigue. Je suis surpris du nombre de prisonniers à être ressortis vivants de cet enfer, alors qu'on dit que les Gobelins, et en particulier ceux de Baltog, sont impitoyables. Comment se fait-il qu'autant des nôtres aient été maintenus vivants aussi longtemps ?

Humlin paraissait de plus en plus mal à l'aise, ne cessant de regarder de gauche et de droite pour éviter le regard inquisiteur de Botha.

- Vous savez, on nous maintenait en vie dans l'espoir de nous soutirer des informations. J'imagine que vous savez de quoi je parle, vous savez quelles sont les méthodes des Gobelins, n'est-ce pas ?

- Bien sûr, bien sûr, mon cher...

- Humlin.

- ... Mon cher Humlin. Mais il y a deux cas de figure dans ces cas-là. Soit on parle, soit on ne parle pas. Si l'on parle, on dit tout ce que l'on a à dire et ensuite les Gobelins vous tue. Si l'on ne parle pas, les Gobelins ne mettent pas longtemps, comme vous dites, à trouver les méthodes pour vous faire parler. Et ensuite ils vous tuent. Mais pourquoi diable s'embêteraient-ils à nourrir des prisonniers des mois durant ?

- Allez savoir, peut-être comme monnaie d'échange, j'imagine...

- Pourtant, les prisonniers n'ont pas été échangés contre quelque faveur que ce soit alors même que l'armée de la Coalition était aux portes de Gundabad, à ce qu'on raconte...

Le regard de Botha était perçant. Humlin ne savait trop quoi répondre, et un lourd silence tomba pendant quelques secondes. Un silence qui ne fut brisé que par l'écho de pas qui s'approchaient dans le couloir. Un instant plus tard, Botha et Humlin virent à la lueur d'une torche accrochée au mur qu'il s'agissait de celui qu'on appelait le Cœur d'Acier.
#Hadhod #Romo


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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptySam 10 Fév 2024 - 14:59
La guerre.

La compagnie de nains en route pour la Moria avait réussi à en réchapper. Et pourtant, ce voyage de retour fut une véritable bataille pour le Cœur-d'Acier. Jamais il n'aurait cru qu'un bras puisse être aussi utile pour marcher. Les endroits escarpés nécessitant de s'accrocher à des parois, un équilibre précaire près d'un précipice. Et chose pire encore, boire et manger. Le bras droit de Romo lui manquait affreusement. Si la douleur physique s'estompait peu à peu, la gêne et le handicap eux ne comptaient pas s'en aller de sitôt.

Et cela sans compter son œil.

C'est l'esprit tracassé et envahi par toute sorte de question -comme "allait-il pouvoir se servir une pinte correctement"- que Romo remarqua au crépuscule de l'une de leurs journées de marche son seigneur Hadhod approcher. Romo esquissa un sourire avant de se saisir d'une branche suffisamment solide trouvée sur leur chemin pour s'en servir de bâton de marche de fortune.

Les paroles de Hadhod touchèrent au plus profond de son être le nain. Après ses récents faits d'armes, Thorik lui avait généreusement offert une seigneurie. Seigneurie que Romo avait poliment refusée. Mais cette fois, l'offre était différente. Symbolique. Honorifique. Devenir un membre de la maison Croix-de-Fer. Romo sentit son coeur se serrer. Il avait payé le prix du sang pour défendre son seigneur. Et s'il n'attendait aucun geste en retour, cette proposition de son ami l'avait tout retourné. Il coinça son bâton sous son bras atrophié et de sa main valide donna une tape amicale sur l'épaule de Hadhod, accompagnée d'un sourire franc cette fois-ci. Ému, il répondit.

- C'est un véritable honneur que tu me fais là, Hadhod. Et j'accepte avec joie et respect. Je ne saurai t'être désormais d'un grand secours en cas de nouvelle guerre sur le champ-de-bataille. Mais crois-moi, je m'efforcerai de t'épauler dans tout ce qu'il te semblera bon de m'inclure.

La compagnie trouva finalement les portes du Khazâd-Dûm quelques jours plus tard. En chemin, ils aperçurent le Val et la terre des beornides. Romo eut une pensée pour le colosse qui l'avait suivi aveuglément sous la montagne pour y sacrifier sa vie. L'hostilité entre nains et beornides n'avait aujourd'hui plus lieu d'être et le nom de Styrbeorn résonnerait dans les mines et les royaumes nains comme l'un des héros de cette guerre.

* * *

Les jours passèrent depuis leur retour victorieux. La cérémonie d'hommage organisée fut courte et respectueuse. Encore un peu mieux remis de ses blessures, Romo fut invité par Hadhod à se tenir non loin de lui, à l'instar des autres membres de la Croix-de-Fer encore en vie et des autres vétérans de Gundubanâd, lors de son discours. Si Romo n'était guère à l'aise en public, le vieux nain avait pris sur lui, désireux d'honorer les victimes de la guerre.

S'en suivirent des festivités afin de célébrer les héros.

Romo fut bientôt acclamé et salué par nombre de frères nains, venus en masse autour du vétéran. Le Coeur-d'Acier remarqua que les plus jeunes de ses admirateurs restaient obnubilés par sa manche et son orbite vides. D'abord quelque peu agacé, Romo finit par accepter une réalité avec laquelle il allait devoir apprendre à vivre le restant de ses jours. Il enfila une chopine d'une traite avant de se retirer, prétextant la fatigue.

Il s'échappa par l'une des portes de la grande salle vers le corridor menant à ses appartements. Devant lui, à quelques dizaines de pas, Romo identifia l'un de ses compagnons de voyage : Humlin. Il était en pleine discussion avec le seigneur Botha. Romo s'immobilisa. Son instinct releva que quelque chose clochait dans leur discussion. Il eut ce sentiment qui nous traverse lorsque l'on comprend que des choses importantes se jouent devant nous. Un mauvais pressentiment.

Le plus discrètement possible, Romo s'avança vers eux. Longeant le mur comme pour mieux dissimuler son approche, le vétéran n'avait pourtant rien d'un espion. Sans s'en apercevoir, il porta sa main à sa ceinture pour agripper la garde de son couperet. En vain. Hadhod lui avait bien rappelé de laisser ses armes au placard durant la cérémonie. Sa barbe trembla d'agacement.

- ... Mon cher Humlin. Mais il y a deux cas de figure dans ces cas-là. Soit on parle, soit on ne parle pas...

Il était désormais à distance d'oreille.

- Allez savoir, peut-être comme monnaie d'échange, j'imagine...

Son ombre se projeta sur le mur près de lui à mesure qu'il s'approchait de la torche.

- Pourtant, les prisonniers n'ont pas été échangés contre quelque faveur que ce soit alors même que l'armée de la Coalition était aux portes de Gundabad, à ce qu'on raconte...

C'était donc cela. L'esprit de Romo ne fut pas long à deviner les raisons de cet échange obscur et discret.

Les deux nains sentirent bientôt la présence du vétéran. Et si Humlin accueillit l'arrivée du Coeur-d'Acier, le visage de Botha trahissait une certaine frustration.

- Humlin ! Je te cherche partout pour trinquer à notre retour ! fit Romo sur un ton faussement joyeux.

Tout en donnant une tape dans le dos de son camarade, Romo se tourna vers le seigneur Botha. Leurs regards se croisèrent. Tout était limpide.

- Seigneur Botha, cela fait bien longtemps. Je ne crois pas avoir eu le plaisir de boire un jour en votre compagnie...

Le sourire de Romo se voulait provocateur à travers sa barbe blanche. Si Botha était un noble, Romo pouvait s'enorgueillir de son statut de 'héros de guerre' -du moins quelque temps- et ainsi se permettre des familiarités. Ainsi qu'un zeste de provocation non verbale.

- Mes vieilles oreilles ne sont plus toutes jeunes, mais elles ont cru me rapporter vos interrogations au sujet de nos frères demeurés captifs au nord. Quel sort peu enviable, ajouta-t-il en jetant un regard amical à Humlin. Nul ne saurait imaginer les atrocités que vous avez dû vivre, mon ami. Et douter de cette réalité ne saurait être digne d'un frère nain.

Romo, consciemment ou non, fit un pas en direction de Botha. Si quiconque tentait de mettre à mal l'honneur et la réputation de ses frères d'armes, le Coeur-d'Acier s'y opposerait sans le moindre doute. Et qu'importaient la triste réalité ou les éventuels secrets émanant des geôles de Gundabad.

- N'ai-je pas raison, seigneur Botha ?
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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyDim 11 Fév 2024 - 15:15

Humlin fut effectivement soulagé par l'arrivée impromptue de Romo, et se serait volontiers exclamé « Oui, allons trinquer ensemble ! » si le respect dû au seigneur Botha ne l'en avait pas empêché. Car il sentait bien, même si le nouvel arrivant s'était adressé à lui en premier, que la discussion était surtout entre Botha et Romo, et qu'il n'avait que peu de place à y faire, à moins qu'on l'y invitât expressément. De nature plutôt discrète et modeste, il ne se voyait guère imposer son point de vue à un noble et à un proche de Hadhod. C'est pourquoi se fut Botha qui répondit en premier.

- Je ne crois pas en effet que nous ayons bu ensemble, cela me semble évident. Mais qui sait, les choses semblent changer, vous avez pris du galon, à ce que j'ai vu.

La nouvelle du titre honorifique gagné par le vétéran n'avait pas même attendu la cérémonie pour se répandre comme une traînée de poudre dans tout le Khazad-dûm : le seigneur Hadhod avait accepté une nouvelle personne, qui plus est roturière, dans son illustre Maison de la Croix-de-Fer, ce qu'il n'avait pas fait depuis des décennies.

- Quel sort peu enviable que celui de ces prisonniers, je suis d'accord avec vous, reprit-il. Et quelle joie de voir qu'ils ont pu regagner notre patrie après tous ces tourments endurés. Nous étions affectivement en train de parler de cela avant que vous n'arriviez, et je demandais à notre brave Humlin ici présent s'il avait une idée de la raison pour laquelle Baltog et ses sbires l'avaient gardé en vie aussi longtemps, au lieu de le tuer. La question peut sembler un peu abrupte mais il y a de quoi s'interroger... Qu'en pensez-vous, maître Coeur d'Acier ?

Le seigneur nain regarda Romo avec une politesse feinte.

- Humlin a mis en avant deux raisons qui ont pu faire que les Gobelins l'ont maintenu en vie : les interrogatoires et le statut de monnaie d'échange. Mais aucune des deux ne semble vraiment concorder avec la situation. Le temps de détention semble trop long pour que les interrogatoires aient duré aussi longtemps, et il n'y a pas eu de tractations impliquant des nains utilisés comme monnaie d'échange devant les portes de Gundubanâd. Détrompez-vous, Romo, je ne doute pas de la réalité des atrocités qu'Humlin a subies, mais je cherche simplement à établir la vérité sur ce pourquoi on l'a gardé en vie, ce sont deux choses différentes.

Pour la première fois depuis l'arrivée du vétéran dans la discussion, Humlin reprit la parole pour répondre à Botha.

- Qu'importe pourquoi ils nous ont gardés en vie, cela les regarde et je l'ignore, l'important c'est que cela s'est retourné contre eux et que nous avons pu participer à la libération de notre cité !

La gêne avait fait place à un certain agacement dans la voix de l'ex-prisonnier, ce que son vis-à-vis ne manqua pas de remarquer.

- Vous l'ignorez ? Tout à l'heure vous m'avez dit qu'ils vous avaient maintenus en vie dans le but de vous interroger...

- Non je... oh et puis zut, où est-ce que vous voulez en venir à la fin ?

Botha semblait prendre un malin plaisir à faire tourner Humlin en bourrique.

- J'y viens... j'y viens... Mais, oh, votre camarade vous a proposé d'aller trinquer avec lui, pourquoi n'y irions-nous pas tous les trois ? Ainsi nous pourrions convier d'autres personnes à notre petite discussion, c'est qu'il y a du monde là-bas pour les festivités !

Visiblement l'idée de retourner dans la salle où étaient présent, entre autres, les camarades d'infortune de Humlin, n'était pas vraiment au goût de ce dernier. Le seigneur Botha semblait être quelqu'un de très intelligent et perspicace, quelqu'un qu'on ne pouvait berner facilement.

- Que diable avez-vous donc fait, Humlin, qui vous cause tant de gêne pour en parler ?

- Je n'étais pas le seul ! se défendit l'accusé. Nous l'avons tous fait, sans quoi c'était la mort !

Ses paroles étaient de toute évidence sorties de sa bouche plus vite qu'il ne l'aurait voulu, et il regarda Romo avec l'air d'un enfant qui aurait été pris en faute. Botha, lui, semblait jubiler intérieurement.

- Vous n'êtes pas le seul... à avoir fait quoi ?

Un lourd silence tomba à nouveau, qui cette fois-ci ne fut interrompu par aucune arrivée impromptue. Humlin avait mis les deux pieds dans le plat, son vis-à-vis l'avait peu à peu poussé jusqu'à ses derniers retranchements et il était pris au piège, comme une bête acculée dans un buisson.

- À avoir travaillé pour les Gobelins, lâcha-t-il enfin d'un ton monocorde en regardant ses pieds.

Botha ne répondit pas tout de suite, comme pour laisser l'écho de ces derniers mots planer dans les couloirs du Khazad-dûm. Puis il reprit avec un air navré :

- Travaillé pour les Gobelins... je vois. Ceux qui ont refusé ne sont plus là pour en parler j'imagine. Et sont qui sont là... n'ont pas refusé... Même le seigneur Hadhod ?

Humlin regarda Romo avec des yeux implorants cette fois-ci. Cet interrogatoire était terrible pour lui, et devait toutes proportions gardées lui rappeler ceux qu'il avait dû subir, dans les premiers temps de sa captivité, à Gundabad. Il se mura soudainement dans un silence de plomb, que le seigneur en face de lui prit visiblement pour un oui.

- Tout compte fait, reprit le noble avec un hochement de tête, je vais aller me reprendre une petite bière là-bas, avec tout le monde. Et je vous ordonne de venir avec moi, Humlin. Quant à vous, Romo, eh bien... faites comme bon vous semble.


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Romo Coeur-d'Acier
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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyJeu 15 Fév 2024 - 15:27
Paltoquet de troll teigneux.

Ce cher Humlin s'était non seulement pris les pieds dans le tapis, mais il avait emmené dans sa chute la nappe, les couverts et toute la vaisselle !

Romo sentit très vite que la situation leur échappait. La fragilité de son compagnon l'avait conduit à en dire trop. Botha s'était engouffré dans la brèche. Le poing du Cœur-d'Acier se serra. Il y a quelques années, il aurait sans doute plaqué le seigneur Botha contre un mur, le fil de son couperet caressant la peau de son cou barbu et une menace bien sentie contre son silence. Mais le Romo téméraire -voire plutôt inconscient- avait laissé place à un nain davantage dans la retenue et la réflexion. En d'autres termes, Romo Cœur-d'Acier ne savait plus quoi faire.

Sans qu'il n'eut le temps de réagir, Botha s'empara du bras d'Humlin et le traina à sa suite en direction de la grande salle. Instinctivement, le manchot s'élança derrière eux. Romo se mit rapidement à suffoquer sous le poids de son échec. Sa poitrine sembla rétrécir et s'il était un Coeur d'Acier, le goût métallique dans sa bouche était bien celui de la honte.

Le nain était complètement perdu.

Botha allait-il faire un esclandre devant Hadhod et tout le gratin de Khazâd-Dûm ? Si oui, la réputation de Hadhod serait fortement compromise et avec elle, beaucoup d'autres choses. Ce triste secret éventé, l'équilibre en Moria risquait d'être brisé et cela, Romo n'était pas certain de l'accepter.

L'esprit bouillonnant, sa main effleura le pommeau de son couperet.

Botha et Humlin n'étaient qu'à quelques pas devant lui. La grande salle encore loin. Chacun de leurs pas résonnait dans la tête de Romo comme la trotteuse d'un temps imparti. Ses doigts s'enroulèrent autour de la garde. Une image apparut clairement devant ses yeux tandis qu'il s'efforçait de rattraper Botha et son précieux témoin. En l'espace de quelques secondes, Romo tenta d'imaginer toutes les solutions, tous les choix qui s'offraient à lui. Il devait tirer le meilleur de sa situation.

- BOTHA !

Le ton impérieux du nain trouva écho jusqu'aux oreilles du seigneur marchant à vive allure devant lui. L'interpellé arrêta net sa course, bloquant Humlin avec lui.

- Que vous faudrait-il pour ... ne plus avoir soif ?

Tandis qu'il posait sa question, Romo en profita pour continuer d'avancer. Il devait trouver un moyen d'arrêter cela. Le moins de sang serait versé, le mieux ce serait.
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Hadhod Croix-de-Fer
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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyJeu 15 Fév 2024 - 22:54

Surpris par la question du Coeur-d'Acier, Botha resta muet quelques instants. Le courageux vétéran, celui qui avait perdu un bras et un œil pour défendre son seigneur, tentait-il vraiment d'acheter son silence ? Il semblait bien que oui. Il relâcha sa prise et laissa Humlin libre de ses mouvements.

- Vous pouvez vous en aller, lâcha-t-il, merci.

Humlin ne se fit pas prier, mais se retourna néanmoins une dernière fois pour porter un regard plein de regrets et de culpabilité en direction de Romo, qui était maintenant obligé, en quelque sorte, de réparer ses fautes. Après tout ce qu'il avait enduré dans les geôles des Gobelins, sa conscience allait maintenant le torturer à son tour pour un bon bout de temps. Sa silhouette disparut du champ de vision des deux autres nains, puis l'écho de ses bottes s'évanouit à son tour jusqu'à ce qu'ils ne l'entendent plus du tout. Ce fut seulement à ce moment-là que Botha reprit la parole.

- C'est que j'ai rudement soif... et il faudra que vous soyez très convaincant pour que j'accepte de ne pas aller l'étancher. Mais allons, vous êtes en bonne voie.

Il réfléchit un instant, comme s'il pesait bien les mots qu'il allait prononcer, puis reprit sur un ton plus bas en s'assurant par de brefs regards de côté que personne ne les observait ou n'arrivait dans leur direction.

- Vous êtes donc à présent un Croix-de-Fer, Romo. Un honneur qui ne correspond à aucune responsabilité particulière, Hadhod vous l'aura sûrement expliqué. Mais qui donne droit à un unique privilège, je ne sais pas s'il vous en a parlé ?

La question du seigneur nain, purement rhétorique, n'attendait aucune réponse puisqu'il enchaîna sans plus attendre :

- Il donne le droit de siéger au Conseil de Cavenain et d'y prendre la parole. Ainsi vous avez maintenant le droit, Romo, tout comme Hadhod, son intendant et ses vassaux, tout comme l'ambassadeur et le maître des runes, tout comme le général des armées et ses commandants, et tout comme vos camarades de la Croix-de-Fer, d'y prendre part. Comme vous le savez le Conseil n'est pas périodique et n'est qu'un organe consultatif, mais ceux qui y siègent peuvent y faire entendre leur voix sur les sujets à l'ordre du jour.

C'était là un joli cours d'instruction civique, et Romo ne savait sans doute pas où son interlocuteur voulait en venir. Mais ce dernier poursuivit :

- Or je me suis entretenu avec le seigneur Hadhod juste avant le début de la cérémonie, et j'ai réussi à obtenir de lui l'information selon laquelle le Conseil se réunit dans cinq jours à compter d'aujourd'hui, il ne va pas tarder à vous en parler vous verrez. Un conseil avec entre autres sujets importants, les répercutions de la reprise de Gundubanâd sur la situation géopolitique. Et vous y serez donc présent. Et ma demande en échange de mon silence est la suivante : lorsque je ferai part de mes doutes quant à la pertinence de notre allégeance envers Thorik, je veux que vous preniez la parole pour abonder dans mon sens. Soyez convaincant dans vos arguments, sans en faire trop pour ne pas éveiller les soupçons, et si votre prestation est bonne je ne divulguerai rien de ce que je viens d'entendre là, vous avez ma parole. Bien entendu, vous ne devrez en aucun cas parler à Hadhod, ni à qui que ce soit, de notre arrangement.

Il laissa à Romo le temps de digérer tout cela. Sans doute cela devait-il bouillonner dans l'esprit du Cœur-d'acier. En effet, tout juste entré dans la Croix-de-Fer et pour son premier Conseil, il devrait défendre une position contraire à celle de son ami et de ses six compagnons, créant l'incompréhension parmi ces derniers et un tollé parmi tous le Conseil : sans doute pour la première fois de l'Histoire un Croix-de-Fer irait diamétralement à l'encontre de la vision géopolitique de son seigneur.

- Bien le bonsoir, sieur Romo.

*
* *
*

Les jours passèrent, plein d'espoirs pour les uns et de tracas pour les autres, et le jour du Conseil de Cavenain finit par arriver. Celui-ci se déroulait dans une salle carrée entourée de gradins de pierre, où les conviés prirent place. Puisque le dernier conseil datait d'avant la guerre, les sujets de discussion furent nombreux, abordant notamment la question du gisement frauduleux de mithril et la mission d'Ólfr au Rohan. Mais le principal ordre du jour restait néanmoins la guerre du Nord et ses répercutions. Hadhod, Drár et un commandant de régiment relatèrent les péripéties de la Reconquête, puis on invita le nouvel arrivant, Romo, à faire le compte-rendu de sa mission à Gundabad et de la dernière bataille au cœur de la cité. Après quoi la parole fut donnée à ceux qui n'étaient pas présents là-haut afin qu'ils donnent leurs avis sur tout cela. Ce fut à cette occasion que le seigneur Botha se leva :

- Je souhaiterais féliciter toutes nos forces présentes lors de cette belle reconquête, dit-il, qu'ils soient de la Moria ou d'ailleurs. Nous n'aurions pas pu remporter la victoire sans l'union de nos bastions, je dois le reconnaître.

Il y eut dans l'assistance un murmure d'approbation.

- Néanmoins je ne partage pas votre euphorie pour ce qui est de notre royaume. Depuis la mort de Krohr j'entends Thorik le Jeune, Thorik le Conquérant, Thorik ceci, Thorik cela... Mais souvenez-vous que Krohr avait choisi la Moria pour son trône et que Thorik l'a quittée pour aller s'installer en Erebor, alors même qu'il avait été Maître des Runes sous votre direction, Hadhod, pendant de nombreuses années. Thorik a accepté avidement l'aide que nous lui avons envoyée, mais est-ce lui qui ramènera nos morts à la vie et rendra leur santé à nos estropiés ? J'aime la Moria, je l'ai toujours aimée, mais aujourd'hui j'ai peur pour elle et pour sa gloire. L'heure semble venue pour la domination d'Erebor au détriment de notre bastion, et je redoute que Thorik utilise les ressources de notre chère Moria au profit de son nouveau peuple, le peuple d'Erebor, bien qu'il parle du peuple Nain dans son ensemble. Aussi je suis d'avis, non pas de prendre nos distances avec nos frères nains, bien sûr, mais de défendre l'autonomie de la Moria face à la domination de Thorik et d'Erebor. La Moria est déjà, de fait, vassale de ce roi, prenons garde qu'elle ne devienne pas la vassale du Mont Solitaire, voire sa soumise. Je vous remercie.

Botha se rassit pendant que Hadhod hochait la tête de gauche à droite en signe de désapprobation. La parole était à présent à qui voudrait bien la prendre.


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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyMar 20 Fév 2024 - 15:52
¤¤¤ Je suis désolé ¤¤¤

La jambe de Romo trahissait une certaine tension. Le discours de Botha était le signal.

Romo n'arrivait pas à se sortir de la tête les paroles que le seigneur nain lui avait adressées quelques jours plus tôt. Botha était un nain rusé, n'hésitant pas à malmener les autres pour arriver à ses fins. Le marché qu'il avait conclu avec Romo -de façon unilatérale- avait donné des insomnies au vétéran. La petite semaine qui le séparait du Conseil de Cavenain fut aussi éprouvante qu'enrichissante pour le Cœur-d'Acier. Nul ne put dire à quoi Romo s'était affairé, mais les rares camarades venus jusqu'à ses appartements pour l'inviter à boire un coup trouvèrent porte close à chaque fois.

¤¤¤ Oui, tout ce que tu voudras ! ¤¤¤

D'aucuns prétendirent qu'il avait sans doute besoin de passer du temps seul après le traumatisme de la guerre. D'autres imaginèrent des allers retours à l'infirmerie pour le suivi de ses graves blessures. Mais nul ne fut en mesure d'étayer ses hypothèses. Un œil avisé, pourtant, aurait pu apercevoir Romo « Unbras » rendre une visite de courtoisie à son camarade Humlin durant cette semaine. Puis une seconde, plus furtive encore au beau milieu de la nuit.

¤¤¤ Tr-très bien. Si je peux me racheter... ¤¤¤

La jambe de Romo continuait de trembler. Sa botte martelant la pierre sur un rythme effréné.

- [...] Aussi je suis d'avis, non pas de prendre nos distances avec nos frères nains, bien sûr, mais de défendre l'autonomie de la Moria face à la domination de Thorik et d'Erebor. La Moria est déjà, de fait, vassale de ce roi, prenons garde qu'elle ne devienne pas la vassale du Mont Solitaire, voire sa soumise. Je vous remercie.

La voix de stentor de Botha eut bientôt fini de résonner entre les murs épais de la salle du Conseil. En regagnant son siège, Barek jeta un regard furtif en direction de Romo. Hadhod sembla, non pas déçu -car il connaissait déjà l'avis de Botha- mais plutôt agacé, d'avoir encore à entendre l'un de ses rivaux s'élever contre lui et Thorik sitôt la guerre achevée. Les nains avaient ce don si particulier de savoir toujours où creuser. Que ce soit pour trouver du minerai ou des ennuis.

¤¤¤ Je ne serai pas en retard, je te le jure ! ¤¤¤

Il était temps.

Romo empoigna son bâton et s'y cramponna pour se mettre sur ses jambes.

- Frères nains, j'aimerais reprendre la parole.

Les regards se tournèrent vers Romo « Unbras » Cœur-d'Acier, fils de Bomo Bras-de-Fer. Le nain scruta chacun des membres du Conseil tour à tour de son œil valide. Si la guerre lui avait pris un œil et un bras, elle lui avait indéniablement donné une aura toute particulière en retour. Un nouveau statut. Il était quelqu'un.

Et saurait user de cette position privilégiée.

- Il est vrai que la Moria ne saurait devenir la 'chose' d'Erebor. Notre peuple est fier et brave. Et nos ressources, autant que nos frères et sœurs, sont des maillons ô combien précieux pour la prospérité de Khazâd-Dûm. Le seigneur Botha sait de quoi il parle. Sa réputation n'est plus à faire. Car pendant que la guerre du roi Thorik faisait rage au nord, lui et les autres seigneurs ont tenu la Moria sur leurs épaules robustes. En ce sens ... je crois ... que ...

À moins qu'il ait déjà appris à en user.

La porte de la salle s'ouvrit dans un fracas.


- Le feu !

Le rapide Toïn, connu pour appartenir aux sapeurs de Khazâd-Dûm, semblait si paniqué qu'il en oublia le protocole.

- Seigneur Hadhod ! Le feu ! Il y a le feu au cheptel à la porte Est ! Des barricades ont cédé, des poneys ont fui vers la vallée !

Des voix s'élevèrent au sein du Conseil et très vite, le seigneur Botha réalisa que le dénommé Toïn faisait bien référence à son cheptel de poneys. Romo frappa le sol de son bâton, il échangea un regard avec Hadhod. Le vétéran se chargeait de ce problème.

- Qu'on envoie cinquante nains éteindre l'incendie et une patrouille d'éclaireurs à la poursuite des poneys ! Seigneur Botha, rejoignez donc vos gens afin de gérer au mieux cet incident. Je viens avec vous coordonner les secours.

* * *

Pris qu'il était par l'élan de tout le Conseil dans ce mouvement relatif de panique et de prises de décision rapide auquel il ne s'attendait sans doute pas, Botha fut entraîné par Romo et tous deux prirent le pas de Toïn. Rapidement, ils arrivèrent sur les lieux du drame. Un mur de flammes entourait l'écurie de la famille Botha, le hennissement des poneys terrorisés par le feu résonna jusqu'aux oreilles de Barek Botha et de Romo « Unbras ». Tandis que les sapeurs et les gardes réquisitionnés s'affairaient autour de l'incendie et que les premiers éclaireurs s'élançaient dans la vallée, les deux nains côte à côte se toisèrent.

- Fort heureusement, il semble qu'aucune perte naine ne soit à déplorer. Une chance que vos palefreniers n'aient pas été là quand le feu s'est déclaré...

Romo s'appuya sur son bâton. Botha fut comme hypnotisé par l'œil crevé de Romo. Comme si cette orbite sans vie le scrutait, au plus profond de son âme.

- Ou bien fut-ce une malchance ?

L'une des sections de l'écurie s'effondra sur elle-même. Romo tourna les talons. Puis chuchota à l'oreille de Botha.

- Il est des secrets qu'il vaut mieux emporter avec soi dans la tombe, Barek.

Pendant ce temps, dans un coin reculé, observant discrètement la scène, ce cher Humlin contemplait son œuvre. Et s'il n'était pas le cerveau de l'opération, il avait tout fait pour réparer ses erreurs commises quelques jours plus tôt. Il se rappela les derniers mots que le borgne lui avait dit. Il retourna à la hâte jusqu'à sa maison, enfila sa cape, prit son sac et se mit en marche pour quitter de manière définitive la Moria.
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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyJeu 22 Fév 2024 - 22:26
Le Conseil de Cavenain fut reporté à une date indéterminée.

Dans les jours qui suivirent, Botha eut fort à faire pour gérer le sinistre qui avait eu lieu dans ses chères écuries parties en fumée. La plupart de ses poneys avaient été retrouvés par les éclaireurs mais ils en étaient tout de même certains qui manquaient à l'appel. Etant donné que le Khazad-dûm avait ordonné à la plupart des éclaireurs envoyés à leur trousse de revenir après une journée et une nuit de recherche, le seigneur nain dut réquisitionner des gens de sa propre maison pour partir traquer les poneys encore en cavale. Il eut également à s'affairer à la construction d'un enclos provisoire pour que les bêtes retrouvées ne se fassent pas la malle une fois de plus. Enfin il dut coordonner le déblayage et le transport des gravas et des cendres, puis faire appel à un architecte et à son équipe pour s'atteler à la reconstruction.

Ce ne fut qu'après s'être occupé de toutes ces obligations qu'il put se remettre à l'autre affaire qui retenait son attention : faire éclater la polémique quant à la participation de Hadhod au travail chez les Gobelins. Plusieurs fois il alla toquer à la porte de Humlin, mais il n'obtint aucune réponse. Il crut tout d'abord que l'ex-prisonnier ne répondait à personne depuis leur conversation et cherchait à l'éviter, mais il ne tarda pas à apprendre que le bon Humlin était totalement introuvable et qu'il n'avait plus donné signe de vie depuis le jour de l'incendie. Les gardes l'avaient vu partir par la porte Est, et il n'était pas revenu depuis lors.

Alors Botha s'était mis en tête d'aller chercher d'autres Nains qui étaient passés par les geôles de Gundabad, et les soumit peu ou prou au même interrogatoire que pour le pauvre Humlin. Il alla voir Náli, il alla voir Loni. Il alla voir Flói et Bofor, et aussi Ubzek le marchand kidnappé il y a des années. Mais aucun, aucun d'entre eux n'en dit assez pour satisfaire les volontés du rusé seigneur. Aucun d'entre eux ne craqua ni ne commit l'erreur qu'avait faite Humlin. Ils s'attirèrent la colère de Botha mais cela resta lettre morte, tenus qu'ils étaient par un accord tacite qui voulait qu'aucun ne révèle ce qui s'était passé chez les Gobelins.

Alors Barek Botha joua une autre carte, il alla voir directement le seigneur de la Moria dans ses appartements privés en demandant une audience.

- Seigneur Hadhod, savez-vous ce que m'a révélé le dénommé Humlin, l'ex-prisonnier qui vient de disparaître du Khazad-dûm ?

Au nom de Humlin Hadhod frémit, mais il n'en fit rien paraître.

- Comment voulez-vous que je le sache, Botha ? répondit-il.

- Oh, vous pourriez avoir une idée sur la question que cela ne m'étonnerait pas... Voyons... Il m'a dit que les prisonniers à Gundubanâd avaient travaillé... pour les Gobelins ! Et il n'a pas démenti lorsque je lui ai demandé si vous étiez aussi concerné. Des Nains qui travaillent pour des Gobelins sous la contrainte, c'est une chose, mais le Seigneur de la Moria qui préfère cela à la mort, c'en est une autre...

- Seigneur Botha, il faut davantage que les divagations d'un esprit ravagé par les tortures pour m'incriminer, cette accusation est tout bonnement scandaleuse ! Je vous savais être mon opposant politique mais jamais je n'aurais imaginé que vous pourriez en venir à pareille calomnie pour...

- Seriez-vous prêt à le jurer ? coupa Botha.

- Pardon ?

- Seriez-vous prêt à jurer publiquement sur Mahal que vous n'avez pas travaillé pour les Gobelins, si par exemple, j'allais voir les autres seigneurs nains de Khazad-dûm pour leur faire part des révélations de Humlin ?

*
* *
*

On toqua à la porte des appartements de Romo. Mais contrairement aux jours précédents, il ne s'agissait pas de ses camarades qui souhaitaient l'inviter à venir boire un coup. Non, quand le Cœur-d'Acier ouvrit, il put voir la figure décomposée de Hadhod Croix-de-Fer.

- Romo, mon ami, j'ai un gros problème.

Après être entré à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes, Hadhod en vint au fait :

- Botha vient d'aller voir les autres seigneurs, il sait pour... pour...

Et il lui expliqua la situation et la mouise dans laquelle il se trouvait.


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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyVen 15 Mar 2024 - 11:39
Durant des jours.

Durant des jours et des nuits.

Des nuits sans répit. Et des jours sans fin.

Avant le conseil de Cavenain et l'incendie des écuries, Romo avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour préserver l'intégrité et l'honneur de son seigneur. Le camarade Toïn s'était révélé un habile infiltré et Humlin avait finalement su se rendre utile pour réparer sa bourde peregrinesque. Les flammes avaient emporté l'instant de la fâcheuse révélation et avaient offert à Hadhod -sans qu'il n'en soit conscient- un moment de répit.

Mais Botha était un chien. Un chien qui, une fois un os entre ses crocs, ne relâchait plus jamais la pression. Et lorsque le Cœur-d'Acier aperçut Hadhod sur le seuil de son humble demeure, il sut que cette histoire n'avait pas encore pris fin. Le seigneur de la Moria entra en panique. Romo prit soin d'examiner les environs, personne ne semblait l'avoir suivi ni remarqué. Un véritable exploit tant l'allure de Hadhod donnait matière à se faire remarquer. Romo avait beaucoup d'estime pour son seigneur et ami, mais s'il était un excellent guerrier et un dirigeant doué, il paraissait cette fois parfaitement démuni et impuissant.

Autour d'une bière brune, Hadhod raconta toute l'histoire à son vieux compagnon. Comment Botha était finalement venu le voir et comment il a en fin de compte décidé de poser sur la table l'as qu'il dissimulait dans sa manche depuis un moment. Romo se félicita d'avoir exhorté Humlin à quitter le Khazâd-Dûm. Barek Botha était un sournois mais du moins n'aurait-il pas de témoin sous la main pour appuyer ses accusations et la terrible révélation.

Confortablement assis dans son fauteuil fétiche, Romo ouvrit le petit coffret qui reposait sur la tablette près de l'accoudoir. Il en sortit une longue pipe et une sacoche de tabac. Il enfonça les feuilles émiettées de Longoulet dans la chambre avant d'allumer le foyer avant une dextérité étonnante pour un manchot. Il prit de bonnes bouffées. Le tabac se mua bientôt en braises et d'une douce odeur commença à envahir le petit salon où les deux amis étaient installés. Lorsque Hadhod eut terminé de raconter sa mésaventure et de partager ses angoisses, Romo se laissa le temps de la réflexion. Il avait fait tout ce qui était possible de faire en l'instant où les choses avaient dû être faites. Maintenant que Botha avait pris le taureau par les cornes en allant directement s'adresser à Hadhod et aux seigneurs, Romo n'avait plus vraiment les armes pour agir avec discrétion.

- Botha sait parce qu'il a été cuisiner Humlin après la cérémonie de notre retour. J'étais là. Il a tenté de me manipuler pour que je l'appuie au conseil face à toi contre son silence. Mal lui en a pris. Pauvres poneys...

Romo tira sur sa pipe.

- Mais le nain est coriace et surtout, il te voue une inimitié profonde. La nature de ta captivité et surtout de ta survie chez les gobelins est un don pour lui. Une opportunité telle qu'il ne saura jamais s'avouer vaincu. Si jamais tu venais à mentir -même devant Mahal- pour sauver ton fessier et ton honneur, il t'accuserait de parjure. Et à force, peut-être qu'un autre camarade nain finirait par avouer la terrible vérité sur votre séjour là-bas.

L'air rempli de tabac s'infiltra dans le tuyau, traversant la lentille et s'engouffrant dans la bouche de Romo. Et alors que le nain allait ajouter quelque chose, l'air passa dans le mauvais conduit, provoquant une toux brusque. Une fois calmé, Romo se saisit de sa chopine et engloutit le restant de sa bière. Le liquide brun avait ce pouvoir fascinant de revigorer tout nain en proie au mal. Le Cœur-d'Acier se redressa sur son siège, croisant le regard perdu de Hadhod.

- Il te reste deux options, mon ami. La première consiste à avouer les faits. Admettre ce pêché qui te ronge sans oublier d'embellir la vérité. Concéder l'aide apportée aux peaux-vertes mais ajouter que tu as fait cela non pas pour sauver ta vie mais aussi et surtout celle de tes congénères... en attendant l'opportunité de t'échapper et de les libérer. Ce que tu as fait, Hadhod. Ce que tu as fait.

Le nain se leva. Sa chopine vide dans sa main unique et sa pipe au bec. Il s'arrêta devant un petit tonneau tout droit sorti de sa réserve. Il posa le verre sous le robinet et relâcha le liquide sombre. La mousse était parfaite et les fragrances dégagées par la bière manquèrent d'enivrer le naugrim. Il n'y avait pas plus bel accomplissement dans la vie que celui de remplir une chope.

- La seconde option est ... différente, fit Romo en revenant s'asseoir.

Les yeux brillants sous l'effet de l'alcool et la fumée de sa pipe entourant son visage recouvert de cicatrices de guerre, Romo soigna son annonce.

- Elle revient à choisir l'exil.

Et d'un coup d'un seul, le goût de la bière gagna en amertume dans la bouche du seigneur de la Croix-de-Fer.
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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyVen 15 Mar 2024 - 20:08
- M'exiler ?

Hadhod reprit une gorgée de bière. Puis une autre. Et une autre encore. Il vida sa chope et alla se resservir. Mais ce manège n'avait rien de festif ; il était plutôt compulsif. L'air même de la pièce dans laquelle ils se trouvaient semblait lourd et pesant, et la fumée n'arrangeait rien à cela.

- Tu me prends pour la pire des ordures, ou quoi ?! M'exiler comme un malfrat, comme un délinquant, comme un criminel...

Les phrases étaient sorties toutes seules de sa bouche sans qu'il pût les retenir. Son ami avait-il perdu la raison ?

- Et abandonner le Khazad-dûm et tous ceux qui me font confiance ?

Pourtant, une petite voix dans sa tête lui demandait qui lui ferait encore confiance, si l'affaire était révélée. Cette petite voix plaidait pour l'avis de Romo. L'aide qu'il était venu chercher auprès de son ami se résumait, il l'entrevoyait maintenant de plus en plus clairement à mesure que les secondes passaient, à un dilemme affreux, un choix auquel nul nain n'aimerait être confronté, encore moins le Seigneur de la Moria. Avouer ou s'exiler, telles étaient les deux options que lui proposait Romo après avoir pesé toutes les possibilités, et il est vrai qu'il ne semblait y avoir d'autre alternative. Après avoir tant souffert dans les forges des Gobelins, voilà que sa perte était provoquée par des Nains, par un seul nain même, par un opposant politique opportuniste et malin. Quelle ironie...

Quelles seraient les conséquences de ces deux scénarios ?

Le fils de Trehod reprit encore quelques gorgées de bière et se mit à réfléchir à toute vitesse sous son crâne dégarni.

- Avouer la vérité tout en l'enjolivant semble être la meilleure option, réfléchit-il tout haut, ou tout du moins l'option qui pourrait sauver les meubles. Le scandale éclatera mais je pourrai me défendre avec les arguments que tu avances. Alors je serai en mesure, peut-être, de conserver mon trône, mais j'imagine qu'il y aura toujours une partie de l'opinion qui sera pour ma destitution. Une situation bien inconfortable pour le Khazad-dûm, et qui pourrait même finir par devenir dangereuse.

Son regard vagabonda au plafond tandis qu'il réfléchissait, comme s'il s'attendait à ce que les édifices et les soubassements de la Moria s'effondrent, comme ceux de Gundabad quelques semaines plus tôt.

- Mais enfin, au nom de Mahal, cria-t-il, ce n'est pas moi qui ai choisi d'être emprisonné et de moisir dans les antres des Gobelins !

Cette fois-ci, sa phrase n'était pas destinée à Romo, mais plutôt au mauvais sort qui semblait s'abattre sur lui, faisant fi des passants qui pourraient l'entendre à travers la porte. D'un revers de la main, il envoya valdinguer sa chope qui alla se briser avec une grande éclaboussure contre le mur de l'appartement.

- C'est moi qui suit allé guerroyer au fin fond du Nord pour reprendre cette maudite capitale, nom de dieu ! Pour des ingrâts, pour des gens qui se répandent en critique alors qu'ils sont restés bien au chaud ici, au Khazad-dûm !

Puis il se rassit en reprenant son souffle, essayant de calmer cette soudaine montée de colère. Il baissa la tête, se sentant soudain abattu et injustement incompris par le monde entier. Non, pas tout à fait par le monde entier.

- Pardonne-moi, mon ami... Tu n'y es pour rien, et tu fais même tout ce qui est en ton pouvoir pour m'aider. Mais on dirait qu'on ne peut gagner contre ce sort funeste... Si j'abdique mais que je reste au Khazad-dûm, il y aura toujours ceux qui seront pour mon retour sur le trône et ceux qui seront contre, et le risque sera le même que si je reste sur le trône, un risque de scission.

Un lourd silence tomba. Hadhod releva la tête et regarda Romo dans les yeux. Tous deux connaissaient l'alternative qui restait au Seigneur de la Moria. Mais ce dernier n'osait la dire, n'osait la mettre en mots de peur qu'elle soit trop irrémédiable, trop définitive.

- Il doit y avoir une autre solution...

Mais plus il y réfléchissait, et plus il se sentait coincé, comme pris dans l'étau implacable de la vérité brute. Il avait le choix, en définitive, entre prendre le risque de voir s'effondrer la cohésion, voire même la paix en Moria, et se mettre au ban de cette dernière.

- Non, il n'y a pas d'autre solution, finit-il par dire d'une voix morne. Mon devoir me l'impose... Pardonne-moi Romo, je vais devoir vous quitter... Tous vous quitter... Qui sait, peut-être un jour pourrai-je revenir, quand les roues du temps auront tourné...

Il prit une serviette qui pendait au mur et, après avoir ramassé les tessons de verre, essuya la bière qui avait ruisselé contre le mur et sur le sol. Après quoi il adressa un sourire triste à son ami et sortit de son appartement.

*
* *
*

On avait trouvé une nouvelle date pour terminer le Conseil de Cavenain qui avait été brutalement interrompu. Et Hadhod se doutait bien que Botha passerait à l'action à cette occasion pour mettre ses menaces à exécution, devant tous les hauts personnages de la Moria réunis. Mais il se jura qu'il n'attendrait pas que son adversaire le pousse dans ses retranchements pour faire son annonce : il prendrait les devants.

Les jours qui les séparaient de ce second Conseil s'égrenèrent les uns après les autres, jusqu'à ce qu'arrive le jour fatidique. Hadhod avait le visage grave lorsqu'il s'avança vers le centre de la salle carrée pour y prendre la parole.

- Monsieur l'Intendant, Messeigneurs, monsieur le Maître des Runes, monsieur le Général, messieurs les Commandants, et mes chers amis de la Croix-de-Fer, puisque que vous êtes tous réunis ici, je souhaiterais commencer ce Conseil en vous faisant une annonce.

Son ton grave et solennel capta aussitôt l'attention de l'ensemble des présents.

- Vous avez peut-être entendu, depuis mon retour des champs de bataille du Nord, des rumeurs. Des rumeurs concernant les conditions de détention des prisonniers à Gundabad, et plus particulièrement au sujet de ma personne. Je le dis devant vous aujourd'hui, les Gobelins m'ont fait travailler de force dans leurs forges souterraines, à faire des armures et des lames. Oh certes, j'aurais pu refuser et ne pas œuvrer, mais la contrepartie aurait été la mort immédiate de nombre de mes compagnons d'infortune. J'ai bien conscience que les armures que j'ai forgé ont pu sauver des vies gobelines, et que les cimeterres que j'ai confectionné ont pu prendre des vies naines. Mais j'avais au bout de mon marteau et de mes tenailles des vies de pauvres prisonniers, des vies qui auraient pu se terminer de façon immédiate en cas de refus de ma part. Parmi ces prisonniers, certains marchent aujourd'hui, libres et bien vivants, dans les couloirs du Khazad-dûm et des autres bastions de notre peuple ; demandez-leur ce qu'ils pensent de mon comportement. Mais je sais que certains parmi vous vont condamner mes agissements. C'est pourquoi j'ai décidé de me démettre de mes fonctions de Seigneur du Khazad-dûm et de m'exiler, afin de préserver l'unité de notre royaume. C'est l'Intendant Bahin ici présent qui assurera la période de transition, avant que vous ne proclamiez un nouveau seigneur, si toutefois vous le jugez bon. Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait à mon service, et sachez, mes frères, que je ne vous oublierai pas. Adieu, et que Mahal vous garde !


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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyMar 19 Mar 2024 - 16:06
Romo avait laissé son seigneur exorciser ses pensées et la colère qui bouillonnait sous son crâne dégarni. Il savait que ses paroles avaient sans doute touché Hadhod au plus profond de son être. Il était toujours douloureux de sentir son ego touché ainsi sans rien pouvoir y faire. Il demeura silencieux tandis qu'Hadhod traversait chaque étape de ce deuil. De cette petite mort.

Il ne broncha pas lorsque son ami brisa l'une de ses vieilles chopes, inondant la pierre de ce breuvage d'habitude si précieux pour leur race. Romo laissa passer l'orage. Car si la rage de Hadhod était bien là, il savait qu'il n'avait rien à craindre pour son intégrité physique. Bientôt, son seigneur se releva et s'appliqua à nettoyer ses bêtises. Romo n'avait toujours pas dit un mot et il se contenta de saluer le maître du Khazâd-Dûm lorsque ce dernier prit enfin congé. Ainsi donc, sa décision semblait prise.

Au fond de lui, le Cœur-d'Acier savait qu'il prenait la moins mauvaise décision. Car si cela devait lui coûter de partir, le manchot savait que l'esprit de Hadhod était capricieux et sensible -comme celui des grands seigneurs nains de jadis- à la folie et à la paranoïa. Vivre dans cette crainte et cette méfiance permanentes l'auraient peut-être conduit vers sa propre fin. Définitive et inéluctable. L'exil était pour ainsi dire une solution de repli qui ressemblait aussi à une échappatoire. Et à un moyen de le préserver contre lui-même. Peut-être.

Comme il pouvait l'imaginer, Romo fut convié à un nouveau conseil quelques jours plus tard. Durant ce laps de temps, ni lui ni personne en Moria n'eut la chance de croiser la route de Hadhod. Affairé à gérer les problèmes du royaume, à boire ou encore à se remettre dans sa captivité et de la guerre, les spéculations furent nombreuses. Mais préparer ses affaires pour un départ prochain et définitif n'en faisait certainement pas partie.

Or donc, Hadhod accueillit avec une mine grave et une allure des plus nobles ses proches et membres du conseil de Cavenain en ce jour que nul n'imaginait si important. À l'exception de Romo le Manchot, Cœur-d'Acier de la Maison de la Croix-de-Fer. Romo, lui, avait continué ses réflexions en attendant le jour du conseil et il n'attendait plus que l'annonce officielle de Hadhod. Annonce qui ne tarda pas. Romo croisa le regard de Botha. Le seigneur nain esquissa un sourire mêlé à de la surprise. Il dévisagea Romo, fier de sa victoire. Le vieux guerrier, lui, savait que nul nain en Moria ne sortirait véritablement grandi de cette histoire. L'orgueil et la vanité de certains avaient conduit au renoncement de Hadhod et si d'aucuns voyaient ce départ comme une opportunité, Romo était de ceux qui prieraient pour le royaume une fois son plus fervent défenseur exilé.

Le conseil d'habitude si cadré et mesuré se mua en un capharnaüm aussi dévastateur qu'une cohorte de mères naines venues à la taverne gronder leurs époux éméchés. Romo fut le seul à rester assis, vissé qu'il était sur son siège de pierre. Au milieu des conseillers en train de s'agiter, son regard croisa celui de Hadhod. Son ami semblait fatigué mais soulagé. Libéré qu'il était du poids de son secret. Il n'aurait plus ce fardeau sur les épaules et la révélation était venue de lui. C'était là un moindre mal qui lui servirait sans doute un jour. Un jour...

Le jour d'un potentiel retour.

Romo soupira et baissa les yeux vers son accoudoir droit. Son bras fantôme le démangeait. Il gloussa puis releva la tête. Le siège de Hadhod était vacant. Le seigneur s'était éclipsé. Romo attrapa sa canne et prit lui aussi la poudre d'escampette. Il ne devait pas le louper.
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Échapper aux Gobelins pour être rattrapé par les Nains EmptyLun 22 Avr 2024 - 20:16
Et voilà, l'annonce était faite. Cela rendait la décision plus inéluctable, en quelque sorte. Car si jusqu'à présent Hadhod avait encore le loisir de changer ses plans et de revenir sur sa décision, il ne le pouvait plus, désormais. C'était fini, il allait quitter la Moria. Cette Moria qu'il avait rejoint un siècle auparavant et dont il était le seigneur depuis huit ans. Cette Moria qu'il aimait tendrement et pour laquelle il avait bravé tant de tempêtes, il ne la verrait plus désormais que dans ses rêves et ses souvenirs. Sans compter ses fidèles compagnons de la Croix-de-Fer, avec qui il avait tant partagé et qui resteraient probablement ici ; car si Hadhod ne leur avait pas formellement interdit de le suivre, il les avait tout de même encouragé à rester, pour tenir la barque, pour ne pas livrer le Khazad-dûm à des individus tels que Botha.

Mais cela signifierait partir seul, ou avec très peu de compagnons. L'exil n'en serait que plus amer, Hadhod le savait. D'ailleurs, il était bien beau de s'exiler, mais pour partir où ? L'ex-seigneur de la Moria n'avait pas même réfléchi à la destination, tant son esprit avait été monopolisé par la décision même de partir. Car il devrait bien prendre une direction, et cela commencerait par le choix de la porte à franchir pour quitter les mines : celle de l'Est, vers la vallée de l'Anduin et le Rhovanion, ou celle de l'Ouest, moins souvent usitée, vers l'Eriador.

La grande question, celle qui déterminerait la destination, était la suivante : qu'allait-il faire pendant son exil ? Et à cette question, Hadhod n'avait guère de réponse non plus.

Il lui fallait néanmoins faire ses bagages et préparatifs pour le départ. Il n'emmenait pas grand-chose avec lui, seulement ses biens les plus précieux et le strict nécessaire. Sa broche de la Croix-de-Fer, en forme de croix, était le seul objet qu'il avait pu dissimuler alors qu'il était prisonnier dans les geôles des Gobelins, et si elle n'avait pas une grande valeur marchande, elle revêtait une grande importance sentimentale aux yeux de Hadhod. Elle tiendrait une cape de voyage rouge, qui lui serait bien utile pour le protéger du froid et des intempéries dans le vaste monde. Il emmenait également sa grande hache, Barazanthatûl, qu'il avait récupérée dans le trésor de Gundabad et qui pourrait lui servir si d'aventure il rencontrait quelque danger. Les brassards en acier bleuté et les outils à graver des runes secrètes, cadeaux de son roi, il les emportait également, ne pouvant les laisser derrière sans que cela lui crève le cœur. Il prit également sa pipe à long tuyau et sa blague d'herbe à pipe, comme tout bon voyageur qui se respecte. Enfin, il alla chercher Rhöc à la volière, son fidèle corbeau-messager. Entendait-il envoyer régulièrement des messages à ses compagnons restés en Moria, il l'ignorait, mais il ne souhaitait en tout cas pas quitter son cher volatile, qu'il lui serve ou non.

Il fit ensuite ses adieux à ses compagnons, ceux qui étaient encore en vie parmi les membres de la Croix-de-Fer. À Bahin, à qui il laissait les rênes de la Moria, au moins provisoirement pour assurer l'intérim. À Drár, qui conservait pour l'instant son poste de général. À Thörn, fidèle parmi les fidèles, qui proposa à Hadhod de l'accompagner dans son exil, mais à qui ce dernier enjoignit plutôt de rester pour veiller sur Fréor, qui venait de perdre son frère jumeau à Gundabad. À Murin, éclaireur de renom qui ne manquerait pas de prouver une nouvelle fois sa valeur si l'armée du Khazad-dûm parcourait à nouveau le monde extérieur. À Oin, qui conservait toujours la copie du livre de Mazarbul, dans lequel il continuerait de consigner les joies et les peines des seigneurs de la Moria, quels qu'ils soient.

Et enfin, en dernier, il alla voir Romo.

- Longue a été notre amitié, lui dit-il, mais courte notre collaboration au sein de la Croix-de-Fer. Je ne doute pas que tu te montreras fort utile en mon absence, comme tu l'as été pour moi ces derniers temps, même si la fin est plutôt amère. Comme tu le sais j'ai choisi ta seconde option, celle de l'exil. Je te dis adieu et bonne chance, du fond du cœur, ami à la loyauté sans faille.

[HRP : Toutes mes excuses pour le retard de ma réponse !]


The Half Cop
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