4 résultats trouvés pour Achas

AuteurMessage
Sujet: Le venin dans nos veines
Learamn

Réponses: 46
Vues: 2593

Rechercher dans: Le Long Lac   Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le venin dans nos veines    Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 15 Juin 2021 - 15:58
Le discours de Sigvald avait eu son effet sur les hommes et les femmes sélectionnés par Hadden. L’elfe avait parlé peu mais ses mots avaient visé juste dans le cœur des guerriers. Il n’avait pourtant pas cherché à cacher le danger qu’il s’apprêtait à défier et avait évoqué crûment ce dont la bête était capable. Mais durant son intervention, nul ne pouvait être insensible à la détermination et à la bravoure dont leur nouveau leader faisait preuve. La présence d’un elfe pour les commander était déjà quelque chose d’unique, et quelque part de rassurant, pour nombre d’entre eux. Pour la première fois depuis de longs siècles, Sigvald embrassait sa destinée. Celle d’un leader, d’un guerrier mettant son talent au service du Bien, d’un commandant prêt à mener les siens vers une victoire inespérée. Il était un elfe nouveau. Achas n’était plus là pour être témoin de sa repentance, Delaynna manquait aussi à l’appel mais la Dame de l’Eau avait sans nul doute joué un rôle déterminant dans ce que Sigvald Lingwë était désormais devenu. Elle avait sondé son âme, vu en ce mécréant quelque chose qui méritait d’être sauvé. Quand tous ses frères lui jetaient l’opprobre, elle avait cherché à lui ouvrir les yeux et le guider vers la bonne voie.

Aujourd’hui, et après de nombreuses années passées à les combattre, Sigvald était sur le point de devenir un héros des Peuples Libres.

Une clameur s’éleva au sein de l’équipage et certains se mirent à scander le nom de leur nouveau chef en agitant leurs armes au-dessus de leurs têtes. Lames émoussées, fourches et javelots rouillés; les femmes et les hommes qui étaient prêts à tout risquer pour sauver leur cité n’étaient pas tous de grands guerriers ni même parfois aptes au combat. Mais ils étaient animés par une force bien supérieure que la simple dextérité au combat.




--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Le conseil de guerre fut tenu peu après dans une cabine du navire en présence des principaux leaders du groupe hétéroclite. Les hommes d’Esgaroth avaient leur représentant, tout comme les affranchis du Rhûn et au-dessus d’eux, Sigvald sur lequel retombait la lourde tâche de prendre les décisions finales et d’unir ces deux peuples si différents autour d’un but commun.

Le récit que leur fit Roksâna fut glaçant. Il était difficile de déterminer si cela était dû aux informations inquiétantes qu’elle leur présentait et par son comportement à la fois détaché et fascinant. Physiquement, elle ressemblait à une adolescente, mais tout dans ses faits et gestes renvoyait à une maturité que les plus âgés peinaient parfois à atteindre.

Sigvald proposa alors un plan détaillé et complexe impliquant l’intervention de plusieurs groupes, certains au sol et d’autres sur la rivière tout en faisant usage de machines de guerre depuis le rivage. Le plan était ambitieux et traduisait toute l’expérience militaire d’un elfe vieux de plusieurs siècles. Attirer la bête dans un traquenard pour l’immobiliser et la frapper là où sa carapace ne la protégeait pas semblait être la meilleure des solutions. Cependant, une telle approche nécessitait une discipline tactique digne des plus prestigieux des corps armées; un savoir-faire militaire dont ne disposaient ni les Affranchis, ni les hommes de Hadden.

Ce dernier fut le premier à réagir au plan de Sigvald:

“Maître Sigvald…”

Visiblement il avait toujours autant de mal à s’affranchir de ce titre quand il s’adressait à l’elfe. Pour un homme comme lui, la hiérarchie et les marques de respect qui l’accompagnaient étaient sacrées.

“ Votre plan est osé mais il pourrait bien se révéler efficace. Cependant permettez-moi de vous signaler que si la séparation de nos forces semble nécessaire pour surprendre le monstre, la coordination sera compliquée à mettre en place je le crains. La majeure partie d’entre eux ne sont pas des militaires et, malgré toute leur volonté, n’ont pas été formé à la stratégie militaire. De plus, la communication avec les Orientaux qui ne parlent pas la même langue risque d’être délicate. Enfin, je doute fort que les officiers du Comte Saule ou de Toras apprécient le fait qu’on leur emprunte leurs balistes, on peut se débrouiller mais il nous faudra ruser et convaincre, ou tromper, les gardes de la garnison.”

Nevä le coupa alors dans sa langue natale et Pantea s’empressa de traduire les dires de la meneuse des Affranchis.

“L’Âzâdî est un navire de guerre taillé pour parer à toutes les menaces, sa coque devrait résister à plusieurs assauts de la bête et ses cales sont équipées de plusieurs arbalètes à tour qui pourraient nous permettre de frapper de près. Quant à votre stratégie, Roksâna s’assurera que tous suivent les ordres correctement et organisera nos volontaires selon vos directives Sigvald.”


La guerrière du Rhûn, retournée dans son mutisme, acquiesça d’un simple mouvement de tête.

Sur un ton un peu plus hésitant, Hadden enchaîna:

“Sauf votre respect, Maître Sigvald. Si nous suivons votre plan, alors je crains qu’il nous manque une pièce maîtresse pour assurer la coordination entre les groupes. Je m’assurerai avec Lym du commandement des gens d’Esgaroth, quand les Orientaux suivront leur leader tandis que vous serez aux prises avec la bête, face au danger, près des profondeurs du lac. Cependant, le rôle du navire militaire sera prépondérant dans la réussite de notre mission. Tous les hommes d’Esgaroth ont le pied marin mais nous ne sommes pas tous de grands marins de combat. “

Sur ces mots, Nevä et Pantea échangèrent également quelques mots que cette dernière s’empressa de rapporter.

“Nous avons vogué sur des mers hostiles pour nous rendre ici mais ce navire nécessite un oeil expert et une main adroite pour être manoeuvré efficacement dans la tourmente. Le sergent Hadden a raison: il nous manque un capitaine pour tenir la barre.”


Le milicien d’Esgaroth, conforté dans sa proposition par les positions des Affranchis, se permit alors de s’avancer un peu plus près de son nouveau commandant.

“Avant que je ne la recrute, Venefica, la guérisseuse que je vous ai présenté, a mentionné la présence d’un homme qu’elle connaît dans la cité. Un capitaine, un marin aguerri, un ancien pirate en quête de rédemption…J’ignore ce qui le pousserait à se mettre ainsi en danger mais peut-être devrions nous chercher à le voir.”


Visiblement un peu gêné, Hadden se passa une main nerveuse dans les cheveux.

“Comprenez Maître Sigvald, je ne veux absolument pas défier votre autorité. Vous êtes notre meilleure chance pour vaincre ce … ce...dragon. Mais quand vous serez aux prises avec la bête, il nous faudra un homme capable de voguer sur le lac en furie. Quoiqu’il en soit la décision vous revient.”


#Hadden #Sigvald #Achas #Nevä #Roksâna #Pantea #Venefica
Sujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau
Ryad Assad

Réponses: 39
Vues: 2358

Rechercher dans: Esgaroth   Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau    Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 20 Avr 2018 - 18:25
Achas était perplexe.

Il avait observé attentivement Delaynna et Sigvald, et il ne pouvait toujours pas comprendre comment ces deux-là avaient pu s'associer dans ce qui lui paraissait une coopération contre nature. Une Dame de l'Eau pacifique, déterminée à utiliser son intellect avant ses muscles, qui cherchait constamment à retenir les élans guerriers d'un renégat asservi aux pouvoirs de Morgoth, davantage tête brûlée que cerveau réfléchi. Les dissensions entre eux étaient permanentes, tant leurs personnalités s'opposaient. Ils n'avaient ni la même façon d'approcher les problèmes, ni la même façon de les résoudre. La première était prudente, le second affreusement téméraire. Leurs visions du monde différaient, et les conflits entre eux étaient parfaitement inévitables. Surtout que Delaynna se comportait de manière très maternelle avec un Sigvald farouchement indépendant. Leur relation risquait de faire des étincelles, et Achas espérait sincèrement que cela ne compromettrait pas leur mission. Il se méfiait encore beaucoup du parjure, et il ignorait si les provocations de la Dame de l'Eau pouvaient réveiller ses sentiments les plus violents. Un individu capable de se vendre aux puissances maléfiques pouvait-il réellement revenir d'un tel voyage ? Angrod semblait le penser, mais la sentinelle préférait faire preuve de prudence et faire confiance à ce qu'il voyait.

Les mots n'avaient aucune valeur aux yeux de l'archer. Seuls les actes permettaient de juger du cœur d'un Elfe.

La journée du lendemain apporta une brève accalmie entre les deux compagnons de route légèrement froissés l'un par l'autre. Achas, entre eux deux, s'efforçait de ne pencher dans aucun camp. Il n'était pas là pour défendre les intérêts de Delaynna ou du renégat, et il se contentait de les regarder s'opposer, ce qui confortait ses idées pré-conçues les concernant. Il y avait chez lui une pointe de satisfaction à les voir incapables de travailler ensemble, qu'il balaya bien rapidement devant les impératifs de leur mission. Angrod ne l'avait pas envoyé ici pour s'amuser des échecs qu'ils pouvaient rencontrer, mais pour s'assurer qu'ils parviendraient à aider Esgaroth. La ville avait besoin d'eux pour affronter cette menace encore inconnue, et il devait se focaliser sur cet élément avant tout.

Sigvald semblait avoir une idée assez précise de la façon dont il allait aborder leurs interrogatoires, et il paraissait parfaitement détendu. Il y avait chez lui quelque chose de dérangeant, et Achas finit par mettre le doigt dessus. Cet Elfe avait passé tant de temps chez les humains qu'il s'était laissé influencer par leur insouciance permanente. Il n'avait aucune notion de retenue, de distance, et de cette hauteur que les Premiers Nés prenaient habituellement pour faire face au monde. Au contraire, il était direct, s'armait d'une franchise parfois déstabilisante, et il rompait toutes les barrières entre lui et son interlocuteur. Pour Achas, c'était là l'attitude d'un enfant des rues n'ayant jamais appris les bonnes manières, d'un esprit irrévérencieux et indomptable… un esprit dangereux. Il n'aimait pas cette attitude désinvolte, mais il fut bien contraint de constater que cette approche était susceptible de leur donner quelques résultats.

En s'approchant des pêcheurs, Sigvald avait réussi à s'introduire dans leur cercle sans se faire prier, étonnant tout le monde par la simplicité de son comportement. Il y eut d'abord un long silence, et des regards échangés parmi les hommes. Un Elfe ? A Esgaroth ? Travaillant auprès des simples pêcheurs qu'ils étaient ? C'était là une vision à nulle autre pareille ! Les immortels qui venaient dans la cité lacustre se rendaient habituellement au castel du comte, ou bien s'entretenaient avec les Ménestrels. Ils ne s'attardaient jamais auprès du petit peuple, qui en retour se méfiait beaucoup de ces créatures mystérieuses. On disait que les gens de Vertbois étaient des ensorceleurs dont les intentions n'étaient pas claires, et si on appréciait la présence de ces voisins qui payaient cher le bon vin venu de l'Est lointain, on se méfiait de leur arrivée en ville. Cela n'annonçait jamais rien de bon. Mais Sigvald ne ressemblait pas à ces Elfes éthérés et intouchables qui circulaient comme des spectres au milieu des rues. Il leur parlait à eux, hommes simples, et il sut trouver à les faire parler en leur offrant une outre de bon vin. Un des pêcheurs les plus âgés s'empara de l'outre, comme s'il voulait vérifier par lui-même que ses compagnons les plus jeunes pouvaient y goûter.

- Le meilleur vin d'la cité ? Ha, il est bon, mais vous z'avez pas encore goûté celui d'mon cousin Petrus. Un tout bon c'ui là !

Il eut un rire sec qui agita ses épaules maigres, et fit passer l'outre aux plus jeunes. De toute évidence, il était d'humeur loquace, et il était désireux de partager ce qu'il savait avec une personne qui disait vouloir aider.

- Alors comme ça vous êtes là à cause du lac, hein ? Bon sang de bois, c'est qu'y a de drôles de choses qui s'passent. Des bateaux qui s'font attaquer, des gens qui r'viennent jamais. Voyez, nous on a que l'lac pour vivre. On n'a pas…

Il fit un geste évasif de la main en direction d'un couple qui passait là. Ils étaient richement habillés, et appartenaient sans doute à la bonne société d'Esgaroth. Des gens qui avaient les ressources pour se retourner, et qui ne seraient pas les premiers à souffrir de la situation. Leurs assiettes seraient toujours bien garnies. Le vieil homme reprit :

- On n'est pas ces gens là, voyez… Si j'pouvais, j'irais voir l'comte moi-même. J'irais lui tirer les oreilles, et lui dire… lui dire… J'lui dirais « m'sieur le comte, avec tout l'respect que j'vous dois, vous êtes un gros imbécile ! Le lac s'fait attaquer par des magiciens de j'sais pas quoi, et vous… vous voulez pas envoyer vos gens d'armes ». J'lui dirais ça, ouais.

Son rire résonna de nouveau. Quelques hommes autour eurent des sourires narquois. De toute évidence, ils partageaient le même désamour pour le pouvoir du comte, qui ne faisait rien pour les aider véritablement. Un des pêcheurs, qui n'était pas tout à fait d'accord avec le premier, intervint dans la conversation :

- Bah, des magiciens… comme si ça existait ! Nan m'sieur l'Elfe, c'est pas des magiciens qui font tout ça. C'sont les gens de l'Est, faut pas chercher plus loin. J'connais un type qu'habite à Dale. I' paraîtrait que le Roi a envoyé un paquet de soldats pour pas qu'les Orientaux attaquent sa ville. Vous croyez qu'le comte a les moyens d'faire la même chose ? Sûr que non ! Alors i' nous attaquent nous. Bah oui ! J'sais pas comment qu'i' font, mais j'sais pourquoi. I' veulent nous envahir. M'sieur l'Elfe, voyez vous-même. Esgaroth c't'une belle ville, y a du travail et de belles choses. Les Orientaux i' z'ont pas tout ça, alors i' sont jaloux.

Il donna une claque sonore sur sa cuisse :

- Mais c'est que j'vais pas les laisser faire, moi ! J'suis pt'êt' que pêcheur, mais j'sais botter des culs, et j'en botterai tant qu'i' faudra jusqu'à c'qu'i s'rentrent chez eux. Qu'i' viennent donc ! On sait r'cevoir ici !

Sa tirade enflammée rencontra l'approbation d'une partie substantielle des hommes qui s'étaient rassemblés, attirés par la discussion. La fierté des gens du lac était grande, et ils savaient que leur cité avait connu plusieurs tourments au cours de l'histoire. Récemment, des bandits avaient ravagé le commerce à Esgaroth, et chacun avait pris conscience que devant l'absence des pouvoirs publics – le comte Skaline, à l'époque – il était nécessaire de s'armer, et de savoir se défendre. Les nobles protégeaient avant tout leurs intérêts, et après la menace terrible de l'Ordre de la Couronne de Fer, le Rude Hiver et les tourments qu'il avait apportés, le peuple d'Esgaroth craignait qu'une nouvelle plaie ne vînt s'abattre sur leur ville en la personne des redoutés Orientaux. Le vieux pêcheur n'était pas convaincu, toutefois, et il haussa les épaules :

- Bah, et comment t'expliques c'te drôle de brume alors ? C'est pas de la magie, ça ?


~ ~ ~ ~


Pendant que Sigvald prenait contact avec les pêcheurs d'Esgaroth, attirant autour de lui un groupe de plus en plus important qui venait tendre l'oreille et écouter, les deux autres Elfes s'éloignèrent légèrement, prenant le parti d'aller mener leur enquête ailleurs pour multiplier leurs chances d'apprendre quelque chose d'intéressant. Les bateliers étaient loquaces, mais rien ne pouvait garantir que leurs racontars avaient un fond de vérité. Ces gens étaient superstitieux, craintifs et, du point de vue d'Achas, pas particulièrement fiables. Le guerrier plissa les yeux en entendant la remarque moqueuse de Delaynna, et répondit sèchement, comme si sa fierté avait été atteinte :

- Je ne suis peut-être qu'un simple Elfe, je ne parle pas aux eaux des lacs et des rivières, mais j'aime mon royaume. Chacun d'entre nous protège ce en quoi il croit avec ses armes.

Il leva le menton, sans cacher qu'il était légèrement offusqué. Il n'était pas fier de cet épisode. Il avait essayé de jouer un mauvais tour à Delaynna, en la poussant face à un danger mortel, et il s'était fait moucher en découvrant par la même occasion les facultés incroyables de la Dame de l'Eau. Depuis lors, il n'avait pas été capable de se défaire d'un sentiment douloureux, cuisant, désagréable. Il était un Elfe, il était un des Premiers Nés, et le reste d'Arda le contemplait avec admiration et respect. Il marchait sur cette terre avec la conscience aiguë d'avoir un rôle à y jouer : celui de témoin des événements du monde, gardien de la mémoire de la Terre du Milieu face à ces races mortelles qui croissaient et déclinaient comme le blé dans les champs. Delaynna l'avait curieusement renvoyé à une forme d'infériorité, et il se sentait parfaitement impuissant face à elle. Naturellement, les Dames de l'Eau n'étaient pas des sorcières comme les humains les concevaient, et si elles pouvaient invoquer les eaux à leur secours, guérir et protéger, elles n'étaient pas des combattantes et ne pouvaient pas être qualifiées d'invincibles. Il le savait. Mais il savait aussi que face à cette femme qui respirait la confiance, son arc était une arme bien dérisoire. Il avait confiance dans la force de son bras, mais si elle avait menti à son seigneur Angrod… si elle était en réalité de mèche avec ce parjure… que pourrait-il faire pour l'arrêter ?

Delaynna lui avait rappelé malicieusement qu'en dépit de sa nature elfique, Achas n'était qu'un « petit », un Elfe insignifiant. Un de ces innombrables anonymes dont était faite l'histoire. Cette blessure le tiraillait bien plus qu'il voulait l'admettre, et il détourna le regard pour ne pas laisser à la Dame de l'Eau la possibilité de voir dans ses yeux la profondeur de son désarroi. Il fut tout heureux de la voir reprendre le chemin du sérieux et de l'efficacité. Il rebondit sans attendre sur sa proposition d'étudier les registres à l'entrée de la ville :

- Nous-mêmes n'avons pas signé de registre en arrivant à Esgaroth, mais il est probable qu'ils répertorient les navires. J'ignore si la consultation de ces registres est publique ou non, mais avec l'aide de Syla, nous pourrions peut-être obtenir ces informations. J'ignore ce que nous pourrions y trouver, mais en l'absence de piste probante pour le moment, nous ne perdrions rien à nous y intéresser.

La femme semblait particulièrement intéressée par le cas de Syla, et elle suivit les pensées de Achas qui doutait également de la sincérité du militaire. Il y avait quelque chose qu'il se refusait à leur dire, mais il n'était pas certain que cela avait un rapport avec leur affaire.

- Je suis d'accord, fit-il. Syla nous dissimule des choses. Mais qu'espérez-vous obtenir de lui en l'interrogeant davantage ? Vous pensez qu'il a quelque chose à voir avec les disparitions de navires ? Ou qu'il connaît la personne qui en est responsable ?

Achas avait du mal à y croire. Son intuition n'était peut-être pas particulièrement affûtée, mais il n'imaginait pas l'homme qu'ils avaient repêché capable de tuer quelqu'un de sang-froid. Il avait le regard perdu, comme celui d'un guerrier hanté par la première vie qu'il avait fauchée. Il ne correspondait pas au profil… Syla ne paraissait pas capable de s'en prendre à un navire rempli d'innocents, de les massacrer et de les faire disparaître simplement pour l'appât du gain. L'archer n'était pourtant pas tout à fait sûr de lui. Il ne connaissait pas bien les Hommes, et il se fiait uniquement à son instinct. Il espérait sincèrement ne pas se tromper…

Ce fut alors qu'ils firent une drôle de rencontre. Une vieille femme un peu étrange, qui prit sur elle de leur expliquer la nature du cortège funèbre qu'ils venaient de voir. Des veuves, des orphelines, des sœurs endeuillées qui transportaient des lanternes. Cela ne ressemblait pas à une coutume locale fortement ancrée dans la cité, à en juger par les regards étonnés de certains autres passants, mais plutôt à une forme de réponse à la menace du lac. La menace des « Dames de l'Eau ». Achas ne put retenir un sourire amusé, qui trahissait aussi en partie son inquiétude. Ils devraient se révéler beaucoup plus prudents concernant leur identité et leurs talents cachés, s'ils ne voulaient pas s'aliéner la population d'Esgaroth. Ils comprirent rapidement que la femme cherchait à leur extorquer quelques pièces pour des remèdes dont ils n'avaient nullement besoin. Achas haussa un sourcil devant ses insinuations. Lui et elle ? Mariés ? L'idée lui parut tellement ridicule qu'il haussa les épaules. Une femme telle que Delaynna n'était pas du même rang, et elle n'avait aucune affaire à entretenir avec une simple sentinelle. Cela aurait été aussi incongru que de voir une princesse s'abaisser à épouser un vulgaire soldat.

Achas sut gré à Delaynna de ne pas revenir sur la conversation et de ne pas accentuer le malaise que la vieille femme avait instauré entre eux. Au lieu de quoi, elle s'éloigna vers une des veuves en espérant pouvoir l'interroger. Ce n'était peut-être pas le meilleur moment, mais une femme parlant à une autre femme pouvait peut-être obtenir des résultats, et le deuil était un moment où les gens s'ouvraient plus facilement. L'éplorée était encore secouée par la disparition de son époux, et elle laissa tomber la lanterne qu'elle tenait contre elle dans un moment de fébrilité. Son regard s'illumina quand elle vit que la silhouette gracieuse qui venait de l'aider à la récupérer était en réalité une Elfe.

- Ciel… Souffla-t-elle.

Elle fut prise d'une grande honte tout à coup. Son visage blême et les sillons creusés par les larmes le long de ses joues lui donnaient envie de cacher son visage. Elle se sentait écrasée par la beauté éthérée de ces deux immortels qui la regardaient, et qui penchaient sur son existence misérable un regard plein de bonté et de compassion. Pourquoi elle ? La question posée par la femme elfe la laissa totalement pantoise, et elle ne put que répondre maladroitement :

- Ou-oui… Robuste…

Elle bafouillait comme une enfant émerveillée. Pendant un temps elle oublia son deuil, subjuguée par cette vision surgie de ses rêves les plus fous.

- C'est pour le lac, fit-elle. Pour chasser les sirènes.

De toute évidence, elle se contentait de répéter ce qu'elle avait entendu dire. Elle ignorait tout bonnement ce qui avait tué son mari, et elle se raccrochait à ce que l'on pouvait raconter ici ou là, en espérant que cela changerait quelque chose.

- Vous croyez que cela va aider ? Demanda-t-elle au bord des larmes. Vous pensez que cela va nous protéger ?

#Achas
Sujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau
Sigvald Lingwë

Réponses: 39
Vues: 2358

Rechercher dans: Esgaroth   Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une mission qui ne tombera pas à l'eau    Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 26 Juin 2017 - 21:36
Esgaroth, j'y serais bientôt...

J'avais beaucoup entendu parler de cette ville sur l'eau.  Le talent de de la guilde des ménestrels d'Esgaroth et son renom m'étaient parvenus jusqu'aux oreilles un soir banal dans une taverne banale, mais les louanges sur leur art avaient toujours éveillé ma curiosité. Sans oublier le talent certain de leurs peintres, dont on dit qu'il n'y a pas mieux en Arda pour capturer et représenter l'essence même de la nature dont nous fîmes cadeau jadis les dieux. Même si pour moi la partie sur les "dieux" n'est qu'une excuse pour s'agenouiller et déclarer publiquement notre faiblesse à une chose que l'on considère supérieur.

Avant de prendre congé, Angrod demanda à Delaynna si elle souhaitait que Achas l'accompagne...nous accompagne. Elle hésita, me jeta un regard furtif, elle lut mon approbation qui dû la conforter dans la sienne et elle accepta. La sentinelle Achas faisait partie du voyage, même si au début son air hautain et le fait qu'il ne pouvait dominer ses rancœurs à mon égard et qu'il avait tous les atouts pour être quelqu'un de détestable ; au fur et à mesure j'avais fini par le trouver attachant. Rien que le fait de lui lancer des petits pics de tant à autres me comblait de joie. Je ne voyais que trois hypothèses quant à ce que Angrod lui intimes subtilement de le prendre avec nous, d'un pour nous surveiller moi et Delaynna, de deux me tuer en quand de "dérapage" ou manquement de la parole que j'avais donné et trois nous apporter un soutien à distance grâce à son arc.

L'entrevue avec mes parents terminée, l'on m'envoya aux armureries où l'on me répara rapidement ma cotte de mailles d'argent. Angrod avait tenu sa parole et m'autorisa à prendre une armure, ni celle d'un garde ni celle d'un soldat, mais d'ancienne armure qui se trouvait dans un sous-sol sec et poussiéreux. Des armures vestiges d'un autre âge, à l'instar des Noldor, nous les Nandor n'étions pas de très bon forgeron jadis, c'est l'arrivée des Sindar qui fit basculer la tendance. L'ensemble d'armures- un plastron favorisant la protection des organes vitaux, un jeu d'épaulières, ceinture et gants usés fait d'entrelacs d'un cuir sombre. Le métal composant ce nouvel équipement est d'un mélange d'acier et d'argent d'un léger reflet vert un peu patiné. Bien que les elfes armés de Vertbois portent aujourd'hui des armures plus lourdes et de meilleure qualité, celle-ci me suffisait amplement, une liberté de mouvement plus qu'acceptable et un minimum de protection. Je passerais sûrement pour un elfe sylvain qui ait loupé de nombreux siècles quant à la façon de s'équiper pour un combat, mais l'avis des autres ne m'importait aucunement. Je m'équipais alors rapidement, ceinturant avec joie cette nouvelle lame "Elenrùth", cadeau et prêt du Seigneur Angrod.


* ~ ~ *~* ~ ~ *


L'on m'avait confié une mission, je demandai à mes compagnons de se préparer et de nous retrouver plus tard devant le pont du Palais avant de partir en direction de la cité du royaume de Dale. La Dame de l'Eau était arrivée la première, je ne savais pas où elle était allé, surement se promener dans les environs du palais près de la rivière. Quand Achas arriva nous partîmes, il me semble qu'il était avec sa famille... Le soleil montrait des signes de faiblesse à travers l'épais feuillage des arbres, nous perdîmes de vue le palais rapidement et quelques instants plus tard le soleil se couchait.

Nous fîmes une pause afin de nous reposer et ce juste avant de quitter le bois. Achas pris le tour de garde, jouant son rôle de sentinelle, mais il ne put s'empêcher de s'appuyer contre un arbre et fermer les yeux. La seule réelle menace ici, c'était nous et il le savait. Quand l'aurore vint nous reprîmes la route, et tout en marchant sous les râlements étouffés de Achas, Delaynna et moi faisions quelques passes d'armes histoire de réveiller les rouages du combat pour la mission à venir. Sa façon de combattre était un peu trop formelle à mon goût, la mienne était tout l'inverse, posture, façon d'attaquer, coup bas...

Puis, enfin le grand pont et les tumultes d'une ville humaine, Esgaroth !

#Sigvald #Achas #Delaynna
Sujet: De retour des morts
Hadhod Croix-de-Fer

Réponses: 25
Vues: 1521

Rechercher dans: Vertbois-le-Grand   Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: De retour des morts    Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 30 Mar 2017 - 18:15
Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! Achas10

Achas ne pouvait plus exprimer son ressentiment et son dédain envers le duo, pour la simple raison que l'un de ses membres venait de se disculper. En effet, bien qu'il possédât un penchant naturel prononcé pour la méfiance et la suspicion, il ne pouvait continuer de soupçonner Delaynna plus longtemps. Lui l'elfe attaché aux anciennes traditions, au prestige des institutions des Quendi de la Terre du Milieu, ne se permettait pas de mettre en doute la bonne foi d'une personne faisant partie d'un groupe aussi renommé et aussi respecté. Il se devait d’être honnête avec lui-même: pour lui, une Dame de l'Eau ne pouvait qu'avoir des intentions pures et être vierge de tout mal. Et si cela ne suffisait pas, elle avait aussi répondu de façon correcte à sa question-piège, laissant les sentinelles décider du sort à réserver au prisonnier. Mais sa haine à l'encontre de Sigvald ne fit que s’accroître, maintenant qu'il prenait conscience de la double trahison qu'il allait sans doute commettre. Il n'allait pas seulement faire du tort au royaume, mais également trahir la confiance d'une Dame de l'Eau, ce qui était presque pire.

Il le toisa d'un regard glacial, plus glacial encore que l'air des déserts du Nord qui, disait-on, s'étendaient au-delà des Montagnes Grises, sur le versant opposé à Vertbois.

Malgré la fatigue de sa longue marche le groupe dormit peu cette nuit-là. Sigvald avait décidé de s'ouvrir aux questions d'Achas et cela n'était pas pour déplaire à ce dernier. Le traître raconta longuement ses pérégrinations à travers les contrées lointaines, dont les noms aux sonorités étranges firent entrevoir à Achas un monde dont il avait depuis longtemps décidé de se couper. Un monde déchu, rongé par les guerres, détruit par l'ambition démesurée des Hommes. Si à Vertbois l'on était obligé de porter des arcs et de faire siffler les flèches, c'était par la faute de ces fous qui avaient fait du monde extérieur un champ de bataille, pour ne pas dire un champ de ruines. Ici la vigilance des elfes avait permis aux arbres de prospérer, de grandir, de vivre tout simplement. Tout étranger pénétrant à l'intérieur des limites du pays apportait avec lui une part du malheur du monde, c'est pourquoi le cordier devenu sentinelle les détestait tant. Et s'il prenait sur lui de tolérer les convois de marchands dalites qui passaient par les bois pour rejoindre leur ville, il n'avait pas la même retenue pour ceux qui, comme Sigvald, étaient passés du mauvais côté, preuves à l'appui.

Il se contenta d'écouter et d'enregistrer, analysant soigneusement tous les détails, autant ceux que le revenant mentionnait ouvertement que ceux qu'il ne disait pas et qu'Achas croyait deviner, ou soupçonner. Ses yeux vert-gris transpercèrent à nouveau Sigvald en silence. Il imaginait déjà le procès que le Seigneur Angrod tiendrait bientôt, et les sentences qui pourraient potentiellement lui être infligées. Au bout d'un bon moment de face-à-face les yeux dans les yeux, l'ancien cordier prit la parole :

- Ces marques que vous portez... la Dame Delaynna m'a affirmé tout à l'heure vouloir vous aider à vous en libérer. Je vais vous parler sans détour, à tous les deux : je suis convaincu que c'est là une chose impossible. On ne revient pas de ces allégeances-là. Seule la mort permet de s'en libérer. Et moi...

Il s'avança jusqu'à presque toucher le nez de Sigvald avec le sien. Les trois autres gardiens des bois se raidirent et portèrent leurs mains à leurs armes, interdits, ne sachant ce que leur camarade avait en tête de faire.

- Moi, continua ce dernier, j'essaierai de me libérer de mon service le temps du procès à venir, pour être témoin de votre condamnation.

Leur dernier jour de marche se passa dans un relatif silence, dû à la tension qui ne cessait de monter chez les personnes ici présentes, et en particulier chez les principaux intéressés. Le groupe suivit la Rivière Enchantée faute d'itinéraire plus rapide et atteignit bientôt l'endroit où elle se jette dans la Rivière de la Forêt, puis le pont qui permet de traverser cette dernière. De l'autre côté, les grandes portes de pierre qui gardaient l'entrée du Palais des Elfes. Elles s'ouvrirent lorsque le groupe arriva à leur hauteur, comme si la nouvelle de leur arrivée les avait devancés. À Vertbois-le-Grand, rien ne semblait pouvoir être caché. Les trois sentinelles partirent en direction des salles d'armes pour faire entretenir leurs arcs avant de prendre un repas bien mérité, au chaud. Achas fit descendre le duo dans les sous-sols caverneux, vers les geôles du palais. Il mena Sigvald à l'intérieur d'une cellule et dégaina sa dague, un sourire à peine perceptible sur le visage.

- Vous n'aurez plus besoin de ça.

Il trancha les liens qui enserraient les poignets du prisonnier et referma la porte qu'il verrouilla à double-tour.

- Quant à vous Dame Delaynna, vous serez l'invitée d'honneur du seigneur Angrod.


♦  ♦  ♦


Tag achas sur Bienvenue à Minas Tirith ! Angrod10

Là, debout devant un Trône sur lequel il semblait refuser obstinément de s'asseoir, se tenait Angrod. Cheveux d'ébène et diadème d'argent, peau de neige, yeux de saphir, le Seigneur de Vertbois observait, les traits impassibles, celui qui se tenait devant lui. Cela faisait plusieurs jours que Sigvald fils d'Eärodan attendait dans dans son cachot, plusieurs jours que Delaynna mangeait à la table du Seigneur de Vertbois sans qu'on lui en laisse le choix. Plusieurs jours qu'Angrod chargeait ses suivants de réunir toutes les informations possibles sur le passé de la famille du prisonnier, ceci afin de rassembler tous les éléments qu'il pouvait et par là même affiner la qualité du jugement qu'il devrait prononcer.

- Sigvald, fils d'Eärodan et d'Alhysia Enelyë, vous êtes entré sur mon territoire en mettant en avant un accord passé entre vous et le Roi Thranduil, paix à son fëa. Je ne suis pas Thranduil, pas plus que je ne suis Roi, mais en me parlant aujourd'hui vous pouvez me considérer comme tel si vous le désirez. Puisse-t-il vous entendre à travers moi, du lointain royaume où son esprit demeure, et puisse sa sagesse se manifester ici, dans le lieu où il trônait jadis, afin d'y répandre justice et raison.

La cour était assemblée tout autour d'eux, buvant chaque parole, ne perdant pas une miette du dialogue. Parmi eux se trouvait Delaynna, mais également Achas que le seigneur avait exceptionnellement autorisé à rester pour cette audience.

- Qu'avez-vous à dire à feu Notre Roi ? termina Angrod.

#Angrod #Achas #Delaynna #Sigvald
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Sauter vers: